- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert, Denise Lambert de la société L'Atelier Bleu Pastel d'Occitanie. Bonjour Denise.
- Denise Lambert
Bonjour Pauline.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors Denise, on m'a parlé de vous sur d'autres entreprises, mais toujours en lien avec le bleu du pastel. Je voulais que vous puissiez vous présenter pour les auditeurs, raconter un petit peu le parcours qui vous a mené à la couleur végétale et à ce que vous faites aujourd'hui si vous voulez bien.
- Denise Lambert
Alors c'est assez particulier parce que mon époux était belge, moi je suis américaine élevée dans le Berry, c'est un peu le pays des sorcières d'ailleurs, parce qu'il faut être un peu sorcier pour travailler le pastel, et on a commencé il y a à peu près en 1993 grâce à quatre volets qui dataient du 14e. Ce qui est étonnant dans ces cuves de pastels à l'époque, c'est que quand elles étaient bleues, elles ne teignaient pas et on observait qu'il y avait très peu d'insectes et on avait dans ce bâtiment, dans le Gers, une ancienne chapelle qui avait quatre volets qui dataient du XIVe. Et c'est ce déclic de retrouver une couleur que personne ne connaissait depuis trois siècles et qu'on a fait le tour, évidemment, de l'âge d'or du pastel à Toulouse et qu'on n'a jamais vu de bleu, mais on a vu des bâtiments. Et puis, comme on aime bien les difficultés et on est curieux, on a passé à peu près cinq années de trouver des graines qui n'existaient plus au conservatoire de plantes à Milly-la-Forêt, de convaincre un agriculteur d'essayer de comprendre le travail qu'aurait pu faire un artisan à l'époque pour pouvoir comprendre pourquoi ça n'existait plus et l'améliorer au niveau récolte et l'améliorer au niveau extraction du pigment pur. Alors ces cinq années de correction erreur en travaillant avec quelques scientifiques de Toulouse, le CRIT agro-ressources, travailler avec une coopérative qui a permis d'agrandir et de comprendre, mais avec évidemment beaucoup de correction erreur d'humilité parce qu'on n'est ni scientifique, On n'a jamais travaillé dans les plantes tinctoriales ou les colorants végétaux et on était plutôt galerie d'art moderne en Belgique, mais c'est la passion qui a pris le dessus.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et alors, est-ce que vous, à ce moment-là, vous reprenez un sujet qui a été longtemps abandonné ? Où est-ce que vous trouvez les ressources ? Est-ce que vous lisez des bouquins ? Est-ce que vous allez vous renseigner auprès de personnes ? Est-ce que vous vous formez ? Est-ce que ça existe en 93, des gens qui sont compétents ? Comment vous faites ?
- Denise Lambert
C'est assez compliqué, parce que, un, il n'y a jamais eu d'écrit sur le travail. des maîtres teinturiers à l'époque, parce que c'est un savoir-faire assez étonnant et beaucoup plus diabolique parce qu'imaginez, vous êtes à la Renaissance et au Moyen-Âge, vous sortez un tissu d'une cuve qui sent mauvais, qui est jaune, qui passe de jaune au vert, de vert au bleu. Donc n'importe quelle population, à l'époque, en avait peur de ces teinturiers qui avaient un niveau presque aussi mal aimé que le bourreau, par exemple. Mais comme on faisait le bleu royal, c'était autre chose. Alors finalement, ça a été un peu de jugeote, un peu de curiosité, un peu de tomber sur des gens qui nous ont un peu raconté, mais l'histoire n'était pas tout à fait correcte, à notre avis, de faire le lien et de surtout persévérer. Parce qu'il y a beaucoup, ou il y a eu, et il y a encore, beaucoup, beaucoup de difficultés. beaucoup à comprendre quand vous n'êtes pas dans le milieu. On a trouvé des scientifiques qui étaient à l'écoute, parce que c'est compliqué aussi avec certains scientifiques qui veulent faire quelque chose, une formule, et ça c'est un savoir-faire. Et comme il y avait très peu ou quasiment personne qui pouvait nous renseigner sur vraiment les possibilités de le mettre un peu dans un monde plus moderne, on a tout fait nous-mêmes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Incroyable. Et alors, du coup, cette aventure, c'est ce qui a donné naissance à l'entreprise Bleu de Lectour,
- Denise Lambert
si je comprends bien. C'est ça, c'est ça.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu, point de vue, vous avez trouvé des terres, quelle surface que vous avez essayé de nous raconter un petit peu, comment ça a été la culture, parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés de ça, qui écoutent le podcast. Comment vous vous y êtes pris ? Qu'est-ce que vous avez tenté ? Est-ce que vous avez... noter vos essais pour qu'ils puissent être partagés ou pas ? Comment ça fonctionne ?
- Denise Lambert
On a commencé tout petit, un petit carré. On avait trouvé des graines dans ce musée de plantes territoriales à Mille et la Forêt et on a semé. Et puis, on a un petit peu... On a eu quelques... je dirais, suggestions, par exemple. On sait que ça doit être cultivé l'hiver, etc., que la feuille n'a le colorant ou la rosette que la première année. Mais c'était beaucoup nous-mêmes qui avions, avec un peu d'intelligence, t'es rien à la limite, travaillé petit, agrandir. Mais à chaque moment où on agrandissait, il fallait compter une transition de six mois. pour réajuster sur le sol, pour réajuster la quantité d'eau pour l'extraction, pour comprendre comment on peut le faire à une échelle beaucoup plus grande de nos jours en agriculture. Maintenant, on travaille avec des semoires, on a des machines qui récoltent les feuilles, donc c'est beaucoup plus évolutif à l'époque. Quand mon époux a trouvé quelques feuilles et a fait un peu une extraction empirique à la maison, on avait donné les mêmes feuilles au CRIT agro-ressources. ils n'ont jamais réussi à extraire un tout petit peu, parce qu'ils nous ont téléphoné pour nous dire, expliquez-nous. On a compris après, le professeur Villareme nous a dit, c'est qu'on n'a utilisé que de l'eau distillée, et ça n'a pas marché pour l'extraction. Donc ça a continuellement été que des corrections, erreurs, et beaucoup d'intelligence visuelle, et de rémémoriser et d'améliorer. dans le GERS. Donc, je continue à donner un avis et je travaille avec, vous devez connaître Patrick Brunac de Greening. C'est un ami qui, on s'entraide, il me donne des conseils, etc.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Génial. Et quand vous parlez du CRIT agro-ressources, vous parlez de quoi exactement ?
- Denise Lambert
C'est le département Toulouse qui était géré à l'époque par le professeur Villarema. De l'école de Rangueil. Voilà, c'était à Rangueil.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, sur le podcast, on a organisé une quinzaine de l'agriculture tanctorielle, justement, où on avait essayé d'avoir des gens qui pouvaient nous parler des ressources, des semences, où on les trouve, l'importance de les adapter, on va dire, aux terroirs, etc., dans lesquels on se trouve. On voit que c'est quand même un point critique, que ce soit... Alors, un peu moins pour le pastel, mais pour les autres couleurs, c'est assez critique la ressource en semences.
- Denise Lambert
Je vous dirais honnêtement que maintenant, c'est très critique pour deux raisons. Alors, il faut savoir que le pastel poussait partout en Europe. Ça poussait en Finlande, aux Açores, etc. Donc, il y avait une importance politique en France, bien sûr, mais il y avait au départ aussi des graines un peu ailleurs, même en Turquie. La problématique, c'est que... On avait suffisamment de graines parce qu'avec les agriculteurs, on travaillait sur la deuxième année, sur la récolte des graines en divisant les terres. La problématique qu'il y a actuellement, c'est que tout le monde n'a pas écouté les conseils de mon époux en disant que le pastel est une plante. Comme toutes les plantes et toutes les récoltes, on peut avoir des bonnes et des mauvaises années. Et on a eu des mauvaises années, après les très bonnes, où les graines ont pourri dans le sol. Il y a eu de la pluie trop tôt. Mais comme c'est arrivé au même moment où l'avantage de raccourcir le cycle végétatif pour obtenir de la floraison et donner des graines, et les graines étaient vendues pour l'huile de pastel, tout le monde a vendu ses graines. Mais quand la position pour l'obtention du pigment est arrivée, il n'y avait plus de graines. Et quand on sème, ce n'est pas 100 grammes de graines que nous travaillons, c'est des kilos de graines, des grandes quantités. Donc il y a eu, comme à l'époque du 15ème, un arrêt. de l'extraction en France, dont moi, je n'ai pas de problème à le dire, comme d'autres ont acheté le pigment en Italie. L'histoire fait pareil. Il ne faut pas croire que toutes les années… Donc, il y a eu… Le problème avec l'Italie, c'est qu'ils ont eu des problèmes. Ils ont aussi certaines situations compliquées. Donc, pour l'instant, il y a très peu de pigments pour les professionnels. Et là, on est en train de retravailler sur… réaméliorer avec le changement climatique, de semer à des moments sans être obligé de faire monter les fleurs la première année. C'est une gestion intelligente, mais complexe, parce qu'il y a des gens qui vous écoutent et puis il y a des gens qui ne vous écoutent pas.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, donc je rajoute ce que vous dites à cette histoire de problématique sur les graines, c'est attention, la culture du pastel n'est pas forcément régulière et on peut perdre des graines, ça je n'avais pas noté ça forcément. J'ai lu dans, donc je relis les traités anciens d'agronomie, j'essaye, ce n'est pas toujours évident, mais j'ai lu qu'il y avait un… un pastel de printemps, un pastel d'automne, en fonction de la période à laquelle on venait mettre les graines en terre. C'est un peu ce que vous dites, c'est-à-dire qu'il faut adapter la période à laquelle on le met en terre pour que son cycle soit un peu décalé. C'est ça que je comprends ?
- Denise Lambert
Voilà, il ne faut jamais, je veux dire, les écrits sur, et il y en a très peu sur la culture au pastel, préciser aussi qu'on ne pouvait pas remettre le pastel sur le même terrain. Ce n'est pas tout à fait vrai. Quand on travaille, ou quand on a travaillé avec le… coopérative agricole de la plaine de l'Ariège, ont travaillé sur le sol. Donc, on a une appréhension plus moderne et une connaissance meilleure qu'à l'époque qui permet de dire que de toute manière, si on a une rosette, par exemple, au mois d'avril, il y aura haut énormément de soleil et la récolte peut s'allonger jusqu'à à peu près décembre, octobre même, en Occitanie. L'Occitanie a beaucoup plus de soleil. On sait que c'est le soleil qui donne la quantité et la qualité du bleu. Donc, on peut arriver à 5, 6, 7 récoltes parfois ici. Par exemple, mes amis du Nord vont diminuer au niveau récolte parce qu'il y a moins d'ensoleillement.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est ça que j'allais vous poser.
- Denise Lambert
Voilà. Ce qui est intéressant de comprendre, et j'ai du mal parfois à faire comprendre aux gens, c'est que le pastel a une logique. Il fait gris en Scandinavie, le bleu est gris, il y a moins de récoltes, mais ça correspond à la luminosité. Donc si le bleu occitan est beaucoup plus au roi de France que le bleu normand, c'est parce qu'il fallait que ce soit un bleu qui pète, comme en Italie, comme en nord de l'Espagne. Et moi je dirais honnêtement, et ça des gens vont certainement me critiquer, c'est que l'indigo pousse dans les pays tropicaux, il y a un soleil dur, c'est fait pour des fibres lisses comme le coton, c'est très beau, mais ayant ma fille qui est malienne, On a ramené parfois de l'indigo, du vrai teint là-bas, et c'est extrêmement dur en Europe parce que le soleil et la lumière n'est pas le même. Mais il y a une raison que l'appréciation de l'indigo a été longtemps privilégiée, c'est parce qu'on n'avait que ça. On n'avait pas le pastel. Donc il faut éduquer l'œil.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, c'est ça, il faut éduquer l'œil. C'est la question que j'allais vous poser. On a reçu sur le podcast Hélène et David Brunel du bleu d'Amiens. Et donc, il y a eu un lien avec effectivement la luminosité qui donnait le bleu. Et donc, vous venez de la résumer, donc parfait, vous devancez mes questions. On a parlé des graines à cette fameuse quinzaine de l'agriculture tinctoriale. On a parlé des machines, parce qu'en fait, on s'est rendu compte qu'au-delà d'une certaine surface de sol cultivée, ergonomiquement c'était compliqué etc et les personnes m'ont expliqué que comme en plus si c'est bon aussi pour vous on récolte que ce qu'on peut transformer dans la journée quasiment, il faut quand même avoir un outil qui aide à ça. Donc on avait reçu Terratec, qui est dans le nord à côté de chez moi, à l'étrême, qui travaillait une récolteuse jeune pousse. Et on a aussi d'autres touches, donc je pense que c'est l'atelier paysan qui retravaille aussi des engins pour les rendre, on va dire, adaptés à la culture des plantes tectorielles. Ce que je voulais voir avec vous, c'est que vous, vous parlez aussi de plantes, enfin de... de machines que vous avez qui vous aident, est-ce que, comment dire, ça donne quoi comme résultat selon vous ? Est-ce que vous avez fait de la culture ?
- Denise Lambert
Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'avec la CAPA, donc la Comparative Agricole de la Plaine de l'Ariège, on a débuté là-dedans. Et c'est parfois hilarant parce qu'on a récolté, on a mis des draps pour prendre des feuilles, on est passé par des phases, mais... Il existe des machines, ce n'est pas une raison pour inventer des machines qui coupent très bien, qui sont les machines qu'on utilise en maraîchage pour couper les feuilles d'épinards. Et ça, les Italiens l'utilisent, il y a des gens qui l'utilisent en France. Les agriculteurs sont des gens extrêmement polyvalents. bricoleurs et ils trouvent ce qui est toujours un peu à tort parfois, c'est qu'il ne faut pas nécessairement dépenser de l'argent à inventer des machines parce qu'il y en a qui existent et les Italiens l'utilisent. Et d'ailleurs, j'ai sur mon PowerPoint des photos de la machine qui cisaille les feuilles, qui les transporte sur une palette, qui les met dans un conteneur. Le travail qu'on a fait avec Patrick et... qui était judicieux, c'était maintenant sur chaque parcelle, je dirais, privée, c'est ça, c'était une coopérative à la CAPA, on peut trouver une solution d'avoir une machine, comme par exemple les agriculteurs dans le Gers, et avoir une petite unité d'extraction dans la ferme, et faire des plus petites récoltes, ce qui est assez malin aussi, parce qu'en Angleterre, il y a Ian Howard, qui a trouvé une machine où on peut même extraire dans le champ. Il a inventé ça. à base de vapeur. Patrick Brunac a beaucoup travaillé avec. Et vous savez, quand on est comme moi, je dirais international et je parle l'anglais, on a des rapports avec d'autres pays qui ont déjà développé des choses intéressantes. C'est ça qui est intéressant, d'être aussi ouvert à des rencontres. Donc, c'est vrai que là, par exemple, au sud du Gers, c'est une petite ferme. Ils ont fait des feuilles, enfin, ils ont fait un champ sublime, vraiment. donc bio en plus et là ils ont préféré cette année-ci laisser monter en graines pour avoir pour l'année prochaine le développement et on a extrait chez eux, il suffit d'avoir vraiment les plus basiques machines comme les récupérateurs d'eau pour mettre de l'eau parfois c'était agaçant c'est que les gens veulent avoir des choses clinquantes, il faut ajouter ce n'est pas toujours nécessaire c'est le savoir-faire qui est nécessaire Oui,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord Donc, j'essaie de reprendre le fil. Donc, semences, on a vu. Les machines, on a vu. Donc, vous parlez de l'extraction. C'est quand même... Enfin oui, comme vous dites, c'est le savoir-faire. C'est le nerf de la guerre, entre guillemets. Pas besoin forcément de choses sophistiquées pour faire une extraction.
- Denise Lambert
Non.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Par contre, il faut choisir les bonnes feuilles et... et au bon endroit, parce qu'on a vu que dans certains traités d'agronomie, ils ne parlaient pas des bonnes feuilles, et qu'il y a eu pendant quelques siècles, c'est Michel Garcia qui a expliqué ça, il y a eu des erreurs qui se sont réécrites de manuscrit en manuscrit. Ce que je voulais voir avec vous, une extraction de pastels, j'ai lu dans certains traités que des fois, ils faisaient sécher les feuilles avant pour les transporter, et ils étaient extraits sur le lieu, et qu'à un moment, Alors, j'ai lu ça et qu'à un moment, maintenant, on fait de l'extraction sur feuilles fraîches. Est-ce que vous pouvez préciser alors du coup ?
- Denise Lambert
Le problème de certains traités, dont les derniers étaient les traités de Napoléon, mais il n'a pas, par exemple, J. Aubert, quand j'ai le livre, il n'a pas mis beaucoup parce que c'était aussi un secret de savoir-faire. Par contre, avec les recherches que nous avons faites, et beaucoup de corrections et erreurs, nous, on extrait les feuilles après 15 jours minimum de soleil parce qu'on sait qu'il y aura... de l'indigotine dans les feuilles. Et plus il y a du soleil, plus il y a du bleu. Donc, c'est logique. Donc, quand on va récolter les feuilles par des machines, on récolte des grandes quantités. Donc, on va les traiter tout de suite parce qu'elles fermentent rapidement. Donc, il faut une unité à côté. Mais, vous savez, quand on les cueille, on lave les feuilles, on les met dans de l'eau avec parfois du lait de chaud pour servir à un péage. pour activer le dépôt, on oxyde et on a un pigment. Ce n'est pas si compliqué que ça avec des outils modernes. Le seul problème, c'est qu'il faut vérifier le pH parfois de l'eau. Il faut savoir monter avec beaucoup d'observation un bon lait de chaux parce que trop fort ou moins fort, on n'aura rien. Et ça, c'est des tests qu'on fait sur place et qu'on corrige sur place pour qu'on adapte à chaque terrain. à chaque terroir et à chaque eau. Il ne faut pas nécessairement de l'eau de pluie, parce que l'eau de pluie ou l'eau dans une source n'est pas toujours… Bon, et on ne peut pas exiger non plus que tout soit parfaitement, je dirais, libre de bactéries. Mais c'est les bactéries qui vont travailler, donc on vérifie tout. Une fois qu'on a établi ça, ça se passe très facilement. On les récolte, on extrait le piment, on le fait sécher. il faut trouver un endroit pour le broyer parce que c'est quand même assez dur. Donc, nous, on a utilisé avec une entreprise dans le Gers un concasseur à cailloux pour avoir un pigment à plusieurs microns de finesse. Mais nous, en tant que, je dirais, plouc, et j'adore dire que je suis plouc et mon époux aussi, c'est qu'on a joué avec ce qu'on trouvait sur place. Donc, et... Quand je travaille avec d'autres pays qui extraient comme l'Allemagne, l'Autriche ou même l'Angleterre, ils ont le même... ouverture d'esprit. Je vais être un peu direct, mais en France, c'est très compliqué parce qu'on pense que bien faire, il faut acheter. Et quand on réfléchit à les agriculteurs qui ont des systèmes extrêmement intéressants parce qu'ils trouvent toujours la solution, je trouve que la collaboration avec des gens qui sont simples et qui maîtrisent parce qu'ils ont passé des années à corriger et un agriculteur qui aussi, ça se passe toujours très bien. La problématique, c'est que quand on souhaite avoir des aides d'une région, il faut passer par la phase laboratoire, etc. Et là, parfois, et je travaille avec des scientifiques, parfois ça ne combine pas parce que les scientifiques ne sont pas assez souples de comprendre qu'il y a un énorme savoir-faire et que moi, parfois, je n'aime pas la façon dont ils veulent analyser pour arriver à une formule. Et le PASEL est un immense savoir-faire de correction erreur. Quand on pense historiquement, comment les gens l'ont découvert, comment ils ont trouvé l'idée de faire des cocaïnes, les déshydrater pour le transport, les réhydrater, les uriner les hommes, chapeau les mecs, on mettait des pommes pour la réduction. Chaque époque a évolué. Et quand les gens ne savaient pas nécessairement qu'à l'époque de Napoléon, il y a eu le pastel qui est ressorti, nous on l'a découvert, avec des sciences qui ont avancé, donc une meilleure compréhension. déjà, ils ont amélioré, mais très empiriquement aussi. Donc, on peut collaborer avec la science, mais il faut savoir arriver à mi-chemin. Donc, moi, je parle du pastel dans le monde entier. Ils sont scotchés, parce qu'ils adorent le French Blue comme on dit. Mais il y a un partage de savoir-faire intéressant entre les plantes qu'on peut trouver en Corée du Sud ou ailleurs et le pastel, et une collaboration. scientifique qui est vraiment très fascinante d'ailleurs. Même pour les propriétés répulsives d'insectes, traitements de bois et fongicides qu'on travaille en Autriche par exemple.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ça on en parlera, j'ai une question là-dessus à vous poser. Je voulais vous soumettre à une question. Lors de ces échanges autour de la culture du pastel ou d'autres plantes tectoriales, on a émis la réflexion de se dire, est-ce qu'une mise en place de logistique, par exemple chaque agriculteur récolte à son temps en fonction de son terroir, du soleil qu'il a eu, etc., ses feuilles, est-ce qu'il est possible d'envisager une... une logistique qui récolterait l'ensemble des feuilles et viendrait faire le processus d'extraction dans des plus grosses unités ? Ou est-ce que ça, c'est complètement absurde, vu que, comme vous l'avez dit, chaque déclenchement de récolte est lié à beaucoup de critères qu'on a abordés ? Est-ce que cette histoire de logistique, si on veut augmenter les quantités pour répondre à des gros industriels, est-ce que ça, c'est envisageable ou ça n'est pas logique ?
- Denise Lambert
C'est envisageable si, comme l'ACAPA avait fait, il y a une coopérative avec des agriculteurs autour et on fait une plus grande unité. Sauf qu'il faut que ce soit rentable pour tout le monde, on va être honnête, et que s'il y a des années de mauvaise récolte, l'agriculteur ne va pas continuer. Donc parfois, les plus petits agriculteurs peuvent faire une très grande quantité. Le vendre, et mon but c'est aussi remplacer des colorants chimiques par des colorants naturels et notamment le bleu. Quand on travaillait avec des récoltes qui étaient vraiment des années parfaites, on en exportait. Bon, il faut déjà établir les exportations, les lois, les codifications, parce qu'en France, vendre un pigment végétal, il faut rentrer dans un casque, il n'existe plus là. Maintenant, on l'a fait nous. parce qu'on ne peut pas exporter des pigments sans les gna gna gna gna gna pour les importations. Donc, il faut être intelligent. Mais les petits agriculteurs peuvent faire, je ne sais pas, il faut donc une tonne de feuilles pour deux kilos, mais avec deux kilos, on va très loin. Et puis, ils peuvent faire plusieurs récoltes et le vendre très bien. Mais je vais vous dire une chose qui est extrêmement compliquée en France, c'est que personne ne sait travailler ensemble. J'ai essayé de fédérer des gens. Et à part donc Aurore au Nord, Ici, c'est extrêmement compliqué. Chacun prêche pour sa paroisse. Quand on a mis le pastel au Savoir-faire et matériel de France qui va aller à l'UNESCO, on a dû réunir tout le monde, ça n'a pas été simple. Donc, moi, je suis directe, parce que je vois qu'il y a une possibilité énorme. même dans d'autres pays, parce que je trouve que la collaboration doit être aussi internationale, parce qu'il nous apporte beaucoup de choses. Mais si on veut agrandir, ce qui est mon but, c'est un, on partage le savoir-faire, deux, on se met ensemble, et là, c'est plus compliqué.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Alors, juste pour rebondir sur ce que vous dites, quand j'ai commencé le podcast il y a un an, plus d'un an et quelques mois, c'est effectivement ce qui ressortait à chaque fois, c'est qu'en fait, il y a du mal à mutualiser, à fédérer, etc. Donc, voilà, via le podcast, moi, j'essaye de recevoir tout le monde. Donc, j'essaye de faire ça. Et bon, pour l'instant, ça marche bien. Chacun peut s'exprimer. On entend tout le monde et les auditeurs se font leur... voilà, leur propre avis, recherchant les livres, ça, ça appartient à chacun. Mais par contre, c'est vrai que je trouve qu'on serait largement plus, même performant, même écouté si on était plus nombreux et plus forts. Et on l'a vu lors de cette quinzaine, en fait, il y a maintenant une vraie demande de, voilà, il faut se mutualiser parce qu'en fait, que ce soit les teinturiers qui travaillent les pigments... et les colorants, ou que ce soit les agriculteurs juste l'étape d'avant, ça manque de mutualisation, ça manque de partage, et en fait on se rend compte qu'il y a plein de choses qui pourraient être mutualisées, et qu'économiquement ce serait intéressant, et qu'on pourrait aller s'adresser à des plus grands acteurs. Donc voilà, je rebondis là-dessus, c'est vraiment quelque chose que j'ai constaté aussi. Donc cette histoire de logistique, elle serait possible, mais on va dire par zone, vraiment proche, bien réfléchie, etc. donc ça j'entends et je suis contente d'avoir votre retour je voulais vous poser une autre question il y a eu dans le process du pastel pendant cette quinzaine un débat sur la qualité de l'indigo qui était contenu dans le pastel versus par exemple la persiquaire ou d'autres, j'aimerais entendre votre avis là-dessus qu'est-ce que vous, avec votre travail avec votre époux, qu'est-ce que vous en ressortez qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus alors
- Denise Lambert
À cause du fait que la popularité du persiquaire ou de l'indigo a été plus valorisée, j'ai souvent entendu que le pastel, c'est par exemple la mauvaise fille, la mauvaise couleur ou la petite sœur de l'indigo. Ça, ça m'a chaque fois gavé, je vais être honnête. Nous, les anglo-saxons, les belges, on est très ouverts, mais le pastel a une capacité 1 de tenue. une beauté qui est inégalable et pour être honnête, la vraie teinture au pastel. on ne peut le faire que sur certaines laines. Il faut savoir qu'à l'époque, on teignait la laine qui était lavée dans les rivières léniées, qui était avec des moutons, qui était de l'herbe fraîche non polluée, et la soie était écrue. Quand on teint, par exemple, professionnellement en dehors, qu'on peut faire plein de choses avec au niveau industriel, on doit d'abord être tisseur. On doit comprendre les fibres, on doit comprendre énormément les textures, parce que les tissus d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes. Et si vous regardez un vieux drap en lin et un coton écru, vous verrez que tout est blanchi. Donc, il faut être logique dans la teinture. Ce qui m'agace énormément, c'est qu'on avait fait, et à l'époque, ils le faisaient, ce qu'on appelle la cuve 95% pastel, 5% d'indigo. qui est plus logique de nos jours, parce que toutes les fibres modernes, le lin, le coton, le bambou, le tencel, l'ortie, tout est blanchi parce que le public veut toujours un blanc qui est symbolique de la propreté. Or, si c'est blanchi, c'est qu'il y a des produits pour le blanchir qui rentrent dans les fibres. Donc, il y a une compréhension d'abord du tissu. mais tous les bleus qu'on a travaillé pour la haute couture, pour le théâtre, pour le cinéma, pour les festivals de Cannes sur du lin français ont toujours été de qualité parce qu'on sait comment on va travailler sur telle et telle fibre. Chaque coton est différent, chaque soie est différent et chaque choix a ses complications. Le pastel pour moi est beaucoup plus beau, plus lumineux. Moi je travaille avec des Japonais dont au Japon il y a le fameux Aizom, qui est une institution impériale qui préfère le pastel. Parce qu'il est lumineux. L'indigo est très beau sur certains tissus, pas sur d'autres.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
parce qu'il n'est pas fait pour d'autres. Il faut être logique avec le pastel. Le pastel est lumineux. Quand vous teignez une soie pour la haute couture et que vous le sortez dehors et il brille, il accroche la lumière, il est sublime. Et c'est cette qualité-là que les gens apprécient. Moi, par exemple, j'ai prévu créer... une académie, une école, on va regrouper justement toutes les colorants naturels pour pouvoir les travailler en collaboration avec les pastels en surteinture, travailler avec des professionnels dans leur domaine, des scientifiques, des agriculteurs, mais dans un lieu où on va regrouper parce qu'il y a une demande au niveau étranger pour ça, que ça ne s'est jamais fait et il faut le faire avant que je rejoigne mon époux, malheureusement, là-haut, mais je transmets déjà et c'est mon but, c'est de faire ça. Oui. j'ai des japonais, j'ai des américains, j'ai des universités qui veulent envoyer pour faire des internship, j'ai tout là, et j'ai des gens avec lesquels je travaille depuis des années, des scientifiques au Japon, des scientifiques ici, en France ou ailleurs, qui vont venir pour transmettre. Là, c'est le but final. C'est un peu compliqué, mais bon, je vais y arriver.
- Denise Lambert
Non mais génial, c'est un super projet en tout cas, franchement c'est top parce que oui effectivement ça manque et de mutualiser tout au même endroit, ça se passerait à quel endroit du coup ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ça va dépendre du lieu que je vais trouver, parce qu'il faut un lieu qui soit assez grand pour accueillir aussi les professeurs etc, ça peut être n'importe où parce que le pastel peut se cultiver et je peux continuer à travailler avec le bleu occitan, mais je vais bien rester en Occitanie. Donc, je visite, je vois des mairies, j'essaie de rencontrer des lieux qui pourraient servir à ça parce qu'après, il faut monter, comme vous savez, les dossiers, etc., etc. Mais enfin, je suis optimiste. Ce qu'on a fait, nous, avec mon époux, c'est déjà compliqué au départ. On ne nous a jamais cru, on ne nous a jamais aidé et on n'a jamais demandé de l'aide. Donc, quand on veut, on peut. Et c'est ça qui est dynamique. Ma fille aussi et tous les gens à qui je donne des stages, ils sont ravis parce qu'ils partent avec un savoir-faire.
- Denise Lambert
Bon, génial. Alors, ce que je voulais aussi vous demander, c'est pourquoi aujourd'hui, si on est jeune agriculteur, pourquoi c'est intéressant de cultiver le pastel par rapport à la persiquaire ? Quels arguments on peut donner ? Dans la culture, est-ce qu'elle est plus facile ? On a dit qu'elle était peut-être des années capricieuses dans les récoltes. Qu'est-ce qu'on peut donner comme argument positif sur la culture du pastel chez nous en France ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Le pastel est une mauvaise herbe. Ça peut pousser n'importe où, dans les cailloux, tout ce qu'on veut. C'est une longue racine pivotante et la culture n'est pas si compliquée que ça. c'est mauvais de dire n'importe quoi quand nous on a travaillé des grandes échelles par exemple parce que c'est facile à récolter quand on sait structurer tout ça et elle a une qualité qui n'appauvrit pas le sol on peut, et si on est intelligent le travailler sur trois années en divisant les parcelles et c'est ce qui l'intéresse aussi parce que c'est aussi une culture de substitution on peut, on a eu à un moment un accès à des terres en jachère, donc c'est aussi intéressant dans le sens que ça demande très peu d'appoint et que sur la première année, si on a une hectare, on divise, on resserre et on garde l'autre moitié pour les graines. Et en troisième année, si on garde le pied, elle reforme une rosette qui n'a pas de colorant, mais qui a des propriétés répulsives d'insectes, traitement de bois et fongicides. C'est pour ça que je travaille avec les Autrichiens. Donc, on peut travailler sur trois années. C'est une plante qui peut être excessivement rentable parce que si on le gère bien, ça nécessite… Très peu. Le persiquaire, je connais moins, mais le persiquaire ne va pas donner le même bleu. Donc, le persiquaire aussi peut se cultiver dans des endroits peut-être un peu plus secs, mais au nord, ou partout, on peut travailler le pastel. Si ça se pousse, et ça se travaille en Finlande à petite échelle, c'est que ça peut pousser partout. Et comme je suis très curieuse, je travaille en collaboration avec les autres pays européens, parce qu'ils m'ont beaucoup apporté au niveau aussi culture. intérêts historiques et des choses qu'on ne trouvait pas en France. La France, au niveau histoire, a balayé tout par les différentes guerres, les révolutions, etc. C'est vrai qu'il y a des rapports en Angleterre avec les universités que je reste en contact, ou en Allemagne ou ailleurs, parce qu'eux m'ont apporté des connaissances qui pouvaient être similaires à ce que on pouvait se faire en France. C'est extrêmement intéressant d'être ouvert. Quand on est invité au symposium international comme moi pour représenter le pastel, on conjugue avec d'autres scientifiques, c'est fascinant. Je n'ai pas la même réponse en France, donc c'est un peu plus complexe et compliqué.
- Denise Lambert
D'accord, ok. Bon, alors, j'en arrive aussi à cette conclusion, c'est que c'est bien de mettre en avant les acteurs français, mais c'est intéressant d'aller voir ce qui se passe ailleurs. Donc, voilà, j'ouvre. C'est-à-dire que là, on est parti au Canada, on a eu des Mexicains, on va faire les premières interviews en anglais. J'ai des gens en Europe qui ont levé les mains en disant S'il te plaît, j'ai des choses à raconter Donc, voilà, ça commence à s'ouvrir et je trouve que c'est hyper intéressant ce que vous dites, c'est que... effectivement, on a eu un historien, un jeune historien, un jeune étudiant qui disait que c'est très compliqué de trouver des sources parce qu'avec toutes les guerres, on a beaucoup de trous dans la raquette et il dit qu'on est obligé de se tourner vers l'extérieur pour apprendre aussi ce qui se passait chez nous. Je trouve que c'est hyper cohérent ce que vous dites. J'ai juste une question, c'est hyper intéressant pour moi, cette histoire de troisième année de récolte, de troisième année de la rosette qui donne des propriétés, donc vous avez dit répulsive à insectes, traitement du bois, c'est-à-dire protection du bois.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Voilà, c'est fongicide, voilà, voilà, un répulsif d'insectes. Et vous avez les parties non appréciées encore en France, qui est la partie médicinale, dont d'autres pays travaillent aussi. Donc, il y a une étendue extrêmement importante que nous, chez moi, j'ai toutes les recherches faites avec d'autres pays qui me le renvoient. Il y a un Japonais qui travaille sur l'huile de pastel. C'est extrêmement important d'être ouvert à tout. On a travaillé avec l'Amérique centrale pour faire le bleu maya et on a fait le bleu maya avec le pastel. Donc, on a des possibilités même sur la porcelaine. Et donc, il y a un potentiel énorme, mais il faut être curieux, il faut aussi s'ouvrir à d'autres pays qui permettent de connaître mieux le pastel dans son propre pays aussi.
- Denise Lambert
Alors, on a reçu pour le Bleu Maya, je pense que vous connaissez, Azéret Robles, qui est une Mexicaine qui a travaillé là-dessus. On a reçu des historiens sur le pastel et donc ça recoupe avec ce que vous dites, qu'il manque des infos, il faut aller chercher ailleurs. On a reçu aussi, on a parlé du Bleu Maya avec Azéret. Robles, on a reçu le bleu de l'Ectour, donc la nouvelle équipe, on va dire, le nouveau binôme qui nous a parlé aussi de la valorisation de l'huile dans les cosmétiques, etc. Là, j'ai vu récemment passer une bière au pastel, apparemment avec du miel de pastel.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Non, là, je vais me censurer, mais parce que ça, c'est des trucs mercantiles qui ne sont pas tout à fait corrects. Donc, il faut éliminer des choses qui sont un peu rigolos, mais vous imaginez les hectares qu'il faudrait pour faire du miel de pastel. Donc, ce n'est pas… C'est compliqué. Le problème, c'est que nous, on est… Moi, mon époux et moi, on était les premiers. Et dans tous les gens qui sont venus après, je les connais toutes. avec les défauts, avec le côté un peu trop mercantile et moins passionné, parce qu'il faut une passion pour faire ce qu'on a fait nous et continuer. Donc, c'est vrai que c'est un peu particulier. Par contre, je travaille avec une jeune agricultrice qui s'appelle Sophie Thilaé, qui fait l'huile pure de pastel et que je conseille à tous les gens de prendre que l'huile pure de pastel parce que ses propriétés… C'est extraordinaire. Et elle, elle fait les plantes médicinales, elle cultive le pastel, elle n'est pas très loin de Toulouse. C'est une jeune agricultrice passionnante et passionnée que je cautionne parce qu'elle fait des choses pas pour les mercantilismes. C'est-à-dire, elle fait du pastel pur, pas mélangé à des mélanges parfois un peu trop, je dirais, synthétiques dans les laboratoires. Le pastel est une plante qui demande de... prendre du temps. Et que s'il y a un problème, il faut trouver la solution. On le trouve. Mais si on se bloque aux premières problématiques avec le pastel, on n'avancera jamais. Et ce qui a permis, nous, de monter au niveau de teinture et de faire plein de choses qui, au départ, étaient impossibles. Une peinture de carrosserie automobile, par exemple. Plein de choses comme ça. Ah oui, sur mon PowerPoint, on a fait ça en Allemagne. Donc, il y a plein de choses qu'on a faites qui étaient trop tôt, si vous voulez, pour les facteurs ou les gens d'ici. Mais... OK. c'est prometteur quand je fais des conférences et je montre tout ce qu'on peut faire. Ce n'est pas que la teinture, ce n'est pas rentable en teinture. Plus on multiplie, c'est meilleur. Donc, il y a cette ouverture d'esprit qu'il faut avoir. Et ça, c'est très important parce qu'on est bloqué parfois en France à vouloir faire trop. en pensant que oui, ça ne se limite qu'à ça. Et Michel, il a été mandaté pour faire une encre Garcia pour Hermès. Il est allé les voir, il a fait cette encre, et les scientifiques du labo l'ont gentiment remercié. Et quand eux, ils ont essayé de le faire, ils n'ont jamais réussi. Et Michel m'a souvent dit, s'il m'avait rappelé, j'aurais pu trouver la solution. C'est ça, la problématique. Il faut savoir que nous, on teint avec un teinturier sur fil en bobine. Donc on a tissé des tissus avec l'entreprise Plot, on a travaillé avec plein d'industriels parce qu'on sait... les possibilités et puis il faut être ouvert à tout et puis il faut être persévérant évidemment c'est ça,
- Denise Lambert
alors ça c'est super bien de le rappeler parce que quand j'ai lancé le podcast j'ai jamais voulu me mettre que sur la teinture, je garde l'histoire de couleur végétale au sens large parce que chaque Bon, pas chaque jour, je ne vais pas exagérer, mais j'en trouve vraiment beaucoup des applications. Là, je suis en train de creuser le domaine médical et je me dis, mais c'est incroyable, je n'aurais jamais cru retrouver de la couleur végétale à cet endroit-là. Donc, moi, j'essaye de rester vraiment ouverte sur l'alimentaire, la teinture, les encres, les plastiques, les bioplastiques, les biomatériaux. Là, vous avez suscité énormément de questions de ma part. La carrosserie automobile, vous avez parlé de carrosserie automobile et vous avez parlé de porcelaine. Est-ce que vous pouvez développer un petit peu ou est-ce que vous… Vous, dans vos recherches, vous avez trouvé d'autres applications et essayez de nous en citer quelques-unes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est un peu compliqué parce que c'est dans les écrits de mon époux, mais comme on a voulu faire ça, on a fait faire en Allemagne, parce qu'on peut faire des peintures de carrosserie à l'eau, mais il a fallu quand même un petit peu proposer. On a fait une peinture intérieure pour avion. Donc, on a fait des choses comme ça qui étaient trop tôt pour la France. Là, on a réalisé que, vous savez, quand… vous partez à l'étranger et que vous avez des… J'étais invitée en Corée du Sud avec Michel Garcia pour la Régérence. On a déliré avec des scientifiques sur place en disant que si… 1. L'implantation tectoriale et médicinale, on peut porter un vêtement comme un patch pour se guérir sur certains problèmes. C'est des choses que je n'aurais jamais pu faire en France. Parce qu'on n'a pas l'ouverture d'esprit pour comprendre un savoir-faire qui vaut parfois des années d'études et un savoir-faire médical ou scientifique qui peut se combiner les deux si on s'écoute. c'est pour ça que Michel aussi aime bien aller au Canada, c'est qu'il y a une plus grande ouverture d'esprit parce que c'est des choses comme ça qu'on peut faire. Nous, on n'a pas eu, c'est trop tôt, on n'a pas eu des comment dire, des ventes d'automobiles peintes au pastel mais on a peint, j'ai une photo de la voiture de mon époux, deux voitures qu'on a repeint parce qu'on est trop tôt et en plus, il faut être honnête, il faut les autres couleurs et les autres couleurs ça traîne c'est ça le problème
- Denise Lambert
D'accord, les autres couleurs à un niveau plus… Ah oui,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
beaucoup plus industriel. C'est une couleur territoriale. Voilà, c'est ça le problème. C'est que dans beaucoup de pays, et je vais encore le dire en France, il y a beaucoup de gens qui teignent partout en France, qui sont chacun dans leur coin. Ils font beaucoup de teintures. Mais à l'époque, par Édith Royal, on n'était obligé de faire qu'une seule couleur et le faire bien. Et déjà, je trouve qu'il faudrait revenir à ça. et il ne faudra pas se multiplier, mais il ne faut aussi pas s'arrêter à la teinture. Il faut aussi voir les autres possibilités. Et c'est compliqué, je vais être polie, c'est très compliqué d'inciter aux gens de réfléchir à ça et aller plus loin dans leur motivation.
- Denise Lambert
D'accord, ok. Donc, j'essaye de reprendre, c'est passionnant ce que vous me racontez. Donc voilà, là je voudrais arriver à votre entreprise, donc l'Atelier Bleu de Pastel d'Occitanie. Quand est-ce que vous l'avez créé ? Où ça se trouve ? Et qu'est-ce que vous proposez du coup pour que les auditeurs… sache ce que propose.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Nous, j'ai dû quitter le Gers parce que mon époux était décédé, la maison était trop grande et puis à un moment, on a déposé le bilan parce qu'il n'y avait plus de pastels. On est venu dans un petit atelier à côté de Toulouse, dans un petit village qui s'appelle Roumins. Et là, on a recréé avec ma fille une petite atelier qui paraît très petit parce que les gens rentrent et ils se demandent comment vous teniez là. Mais on atteint 7000 pièces. pour Base Range, qui est un magasin suédois dont il y a un point à Toulouse, et on atteint, pour les plus grands stylistes du monde entier, dans un tout petit atelier avec des récupérateurs d'eau au niveau cuve de teinture, des poubelles, des barres accrochées. Donc, ce n'est pas le lieu, c'est le savoir-faire. Et on accueille le public les après-midi, parce que je suis ouverte 7 jours sur 7 pour le public, sur réservation. On ne ferme jamais parce qu'on ne sait jamais quand on va avoir des arrivées de tissus, des couturiers ou des stylistes français ou ailleurs. Et on partage avec un plus grand plaisir. Et c'est ça qui est important, c'est de rééduquer le public et aussi savoir transmettre un savoir-faire adaptable à tout âge. Pour les enfants, c'est des schtroumpfs. Pour les plus grands, c'est qu'ils deviennent souffleurs de bleu. Pour les adultes, on adapte selon scientifique, historien ou artiste. Donc... c'est un peu se mettre à la place des gens, comme nous on a été, mais on n'a jamais eu quelqu'un pour nous l'expliquer.
- Denise Lambert
Ah, top. Et donc d'accord, donc l'entreprise, comme ça les gens pourront aller regarder. Maintenant, je voudrais parler un peu de votre écosystème, de vos partenaires, des gens pour qui vous avez travaillé. que vous avez le droit de mentionner, bien sûr, mais nous donner un peu d'exemples, de collaborations, justement, pour cette ouverture d'esprit que vous apportez, de ne pas être que sur la teinture, mais ouvert à tout. Est-ce que vous pouvez nous citer des exemples de collaborations qui vous ont appris et qui ont été bénéfiques pour cette histoire de faire parler, faire connaître cette couleur végétale au sens large ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Le problème, c'est qu'il y en a beaucoup. C'est ça, le problème. On a travaillé avec le musée de Helsinki pour une robe d'une princesse viking. On a aidé le montage d'un musée de pastels aux Açores, parce que les Açores faisaient du pastel pour la France. J'ai appris plus tard aussi. À Bruges, ils ont trouvé un atelier de teinture avec des cocagnes. Donc, on a aidé à monter un musée là-bas. On a travaillé avec le Festival de Cannes grâce au directeur du GC, donc les cinématographies. On a fait les plumes. Du roi Arthur pour Walt Disney, on teint tout, les plumes, le corail, le nacre. On a travaillé avec des jeunes stylistes à Lyon, par exemple, arpenteurs. On a travaillé pour la haute couture, pour Lapidus. On a travaillé même pour des stylistes étrangers dont je ne peux pas citer le nom, mais on travaille. à une échelle de qualité, à une échelle avec des soies parfois à 3 000, 5 000 euros le mètre. Donc, oui, oui, et le passé ne le pardonne pas quand on fait une erreur. Donc, on est très connu pour la qualité de ce qu'on fait. pour aussi, parce qu'on n'est jamais satisfait comme tout bon artisan, on essaye de faire mieux, et parce qu'on a aussi la possibilité de toucher des tissus fabuleux. Et quand vous pouvez faire les plumes, des chapeaux, des d'Artagnan, ou même la cape que j'ai faite pour les mousquetaires à loupiacs où il est né, dans un bleu plus ou moins colbert, c'est parfait. Quand j'entends les gens me dire, oui, mais le pastel, ça donne des bleus clairs, non, il y a 13 nuances à l'époque, bleu blanc, bleu noir. Donc, il faut savoir les gérer. Et ça, c'est très important parce que nous, on a cette opportunité, parce qu'on fait des projets d'être intéressés par la presse, on a eu les animaux de la 8, parce qu'ils ont vu, parce qu'on a fait un défilé, parce qu'on fait un défilé avec les écoles de mode, on participe à beaucoup de choses, parfois gracieusement, parce que c'est passionnant, le résultat, la passion des gens, et on est ouvert à tout, on ne ferme jamais nos portes.
- Denise Lambert
C'est génial, je suis vraiment ravie d'échanger avec vous, je vous jure je bois vos paroles.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est pourquoi d'ailleurs que moi je suis maître artisan en oblisseur, alors j'explique aux gens la différence entre teinture et en oblisseur, parce que ce n'est pas la même notion, le pastel va rendre beau, si je teins sur des motifs, les motifs vont changer, ça fixe les colorants chimiques, ça les rend anti-allergisants, c'est baby proof pour les enfants, pour les grenouillères. Les enfants adorent ce bleu très chaud. Il y a des choses extraordinaires. On peut inventer des bleus à l'infini. Parce que teindre sur du blanc, c'est lassant. Mais teindre sur des motifs rouges, verts ou bruns, vous avez le pastel qui couvre et qui donne un très beau bleu, mais on voit la couleur en dessous. Par la haute couture, on atteint des robes en garance. Et sur teint avec le pastel, on voyait la tussue devenir moirée, selon la lumière. Si on avait fait ça avec l'indigo, on n'aurait jamais vu le rouge en dessous. C'est ça la subtilité du pastel. C'est pour ça qu'elle montre ce qui est beau, mais ne cache pas les tâches.
- Denise Lambert
D'accord, ok. Je voudrais votre avis, Denise, sur la situation aujourd'hui de l'évolution de la couleur végétale au sens large. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que ça revient ? Est-ce qu'il y a un regain d'intérêt des entreprises, quelles qu'elles soient alimentaires, textiles, cosmétiques, etc. ? Qu'est-ce que vous percevez, vous, parce que vous êtes là depuis un très long moment ? Qu'est-ce que vous voyez, vous, dans cette évolution ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
La problématique de pas mal d'entreprises, c'est qu'ils ont peur de la manque de rentabilité ou les différentes choses. Je vous donne un exemple. On a fait un tissage d'onyme avec le dernier tisseur d'onyme. On était trop tôt parce que quand on a démarché un petit peu, les gens qui font du jeans, ils m'ont sorti. Je préfère acheter en Chine. a un coût beaucoup moins cher que de faire travailler en France. On a fait des chaussures, des espadrilles, ils nous ont envoyé les textiles, les cotons qu'on mettait sur place. Donc tout ça, je pense qu'on était trop tôt. Maintenant qu'on prouve qu'on peut tarnir dans une usine avec des machines industrielles, avec d'autres colorants, parce que Xavier Plot fait d'autres colorants, on a été en première vision. Ça démarre très lentement en France, parce qu'il y a toujours... Cette frein de couleur végétale, ça ne tient pas. Le pastel, moi je peux l'ébouillanter, ça ne part pas, donc il n'y a pas de souci. Mais je vois une évolution du public. qui va amener probablement le reste. Parce qu'on revient, quand on faisait faire des chemises en France avec une petite usine, ils nous envoyaient la chemise finie, on teignait, on avait des boutons en bois de corseau qu'on teignait aussi, une chemise agréable, ça s'est vendu à 60 euros, qui n'est pas cher. Eh bien, au départ, j'entendais, ah oui, c'est cher. Puis après, ah oui, non, c'est pas cher parce que ça dure longtemps. Et après, des gens qui me disent oui, j'ai gardé votre chemise 5 ans, mais le col est usé, vous les faites ? Je ne peux plus les refaire parce que les usines ont déposé de bilan, parce que tous les savoir-faire français, petit à petit… partent ou terminent, il manque deux. On était, et c'est malheureux de dire, trop tôt. On était trop développeurs trop tôt. Maintenant, on voit des gens qui m'amènent des choses à teindre, en disant, ouais, et qui gardent, et qui disent, c'est formidable, pour les mariages, pour ci, pour les vieux draps en lin, pour faire tout. Je vois un regain qui réalise, ben oui, c'est quand même pas mal. Mon bébé est allergique, mais avec la gruillonnaire que vous avez teinte, ah, c'est génial. C'est donc... je vois l'évolution qui est positive, beaucoup plus lent peut-être en France, mais c'est pour ça que je travaille à l'étranger, parce qu'ils sont en avance sur l'écologie aussi. Et parce que faire sur place... On atteint pour une petite entreprise de sous-vêtements hommes, avec une entreprise qui était à Bordeaux, qui faisait des choses parce qu'ils vendaient ça avec une couleur qu'ils faisaient en France, avec un coton qui est certes pas très loin mais qui arrive, et ils vendaient ce côté écologique. Nous, on a fait des écharpes avec des laines de Pyrénées, avec le pastel, tricotées en machine parce qu'il faut être moderne, et on les vendait à 60-70 euros. Je n'aime pas les gens qui additionnent. parce que c'est du pastel, on peut baisser les prix quand on fait beaucoup. Mais c'est compliqué parfois d'expliquer une logique pour nous qui paraît simple, parce que les autres personnes ne l'acceptent pas de la même manière. d'accord moi je suis convaincue que cette génération qui arrive c'est l'avenir je travaille avec la fédération des cultivateurs de lin en Normandie avec Aurore je travaille avec des jeunes artisans parce que les gens pensent que teinture mais on peut faire du bois avec on a fait un lac pour un violon on peut faire plein de choses pour ouvrir c'est fabuleux je travaille avec un plumassier donc on va faire et je vais organiser une exposition qui va voyager dans le monde, j'espère, parce qu'il n'y a jamais eu d'exposition. avec les choses au pastel, que ce soit du mobilier, que ce soit du papier, que ce soit une robe en plume, que ce soit pour montrer la qualité. Je travaille avec le centre de feutrage international à Montbrun. Là, ils sont scotchés avec le pastel. Elle va me faire une robe en pastel avec du soie incorporée dans le feutre. C'est quand vous êtes passionné et vous discutez avec des artisans, vous découvrez un monde qui… parfois se travaillent ensemble. Mais c'est ça, c'est un peu s'ouvrir, être humble et surtout rencontrer l'autre.
- Denise Lambert
C'est génial. En tout cas, vous me dites, si vous faites une expo, je relairai à fond parce que je trouve ça génial. C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de preuves de tout ce qu'on peut faire avec la couleur végétale, donc c'est génial. J'ai beaucoup de questions à vous poser aussi sur ce retour. ce qui me... Je vais y arriver à faire ma phrase. Ce qui me touche, c'est que vous dites que ça vient aussi du public, l'intérêt du public. Et on sait que c'est les consommateurs qui changent les marques et les entreprises. Ça, on le sait. Donc, c'est un très bon signe. Ce que je voulais voir avec vous, c'est si cette couleur végétale revient davantage... et donc au devant de la scène, il va falloir quand même s'organiser, se mutualiser, travailler ensemble et faire avancer les couleurs en même temps. Parce que globalement, ce que je comprends, par exemple, si on prend la cosmétique et la coloration capillaire, ils ont besoin des trois couleurs aussi. Sauf qu'aujourd'hui, ils ne savent pas forcément qu'on cultive les plantes tinctoriales en France, qu'au lieu d'acheter en Inde, ils pourraient venir les chercher chez nous. mais on n'a pas forcément les volumes, on ne sait pas forcément faire la logistique pour rassembler les lots, etc. Bref, donc ma question, c'est, si ça repart, Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est une question compliquée, dans le sens que, comme une couleur touche à tout, moi j'ai fait une encre de tatouage que j'ai testée sur moi, qui marche très bien. Donc tous les domaines sont ouverts. La France est un pays de couleurs. Il y a les ocreries qui se sont ouvertes aussi, qui sont aussi miscibles dans les beaux-arts, etc. Il manque toujours le bleu, parce que le pastel n'est quand même pas soluble. Pour les cheveux, c'est l'indigo, parce que le pastel, il faut le travailler différemment. Jamais dire que rien n'est impossible. Il suffit de travailler. Parfois, on a travaillé jour et nuit. Je prends l'exemple de la teinture de cuir. La haute couture nous a envoyé un vison qu'on a descendu dans une cuve pour textile. C'est sorti comme un rat écrasé par un camion de 42 tonnes. Bon, ça a été un peu un choc. Mais on a travaillé jour et nuit en faisant des tests. Et on a aperçu que les produits chimiques de tannage altéraient le pH de l'eau. Après, il fallait trouver, mais il faut bosser pour ça. Donc là, à l'ère où on veut tout tout de suite, il y a une génération qu'il faut un peu recasser, dans le sens que les jeunes artisans qui veulent, ils ont voyagé déjà, ils ont compris, ils sont plus ouverts. Donc il y a des collaborations qui vont permettre que l'agriculture commence aussi à se dire, on peut vendre notre pigment et chouette, on peut gagner notre vie. Moi, si je n'ai pas importé, et à l'époque où je travaillais avec la France à la Capa, on importait. J'ai envoyé des kilos de pigments purs aux États-Unis pour des bougies, des savons. Si moi je n'ouvre pas plus que ça, c'est que je sais que le pigment ne peut pas suivre encore. Mais moi, je peux vous garantir en tant qu'Américaine qu'aux États-Unis, j'ai donné des stages là-bas. Alors, le pastel, parce qu'ils ont tellement vu l'indigo de l'Amérique centrale, ça, c'est quelque chose qui leur touche vraiment. Ça leur parle. Il y a des Américaines qui viennent en France et qui font des stages rien que pour le pastel. Donc, je sais que le public américain, quand ils aiment, alors là, il faut les grandes quantités. Et je travaille en collaboration avec l'indigo. du sud des États-Unis qu'on replante aussi et on refait le coton et on va faire une exposition entre le bleu du nouveau continent et le bleu de l'ancien continent. Donc, c'est fascinant comment on peut exporter, mais il faut être un ouvert, parler l'anglais et accepter qu'on puisse vous ou critiquer positivement, mais qu'on peut travailler ensemble. Ça, c'est un peu plus compliqué. en France.
- Denise Lambert
C'est bien de le dire, ça mettra un petit coup de pied aux fesses, c'est pas mal des fois ce... se bouger là-dessus. Donc ça, je ne savais pas que... Alors, vous avez dit plein de trucs que je ne savais pas. Je ne savais pas qu'on ne pouvait pas utiliser le pastel pour la coloration capillaire. Moi, je pensais que c'était l'indigo, peu importe l'indigo, mais non, apparemment, ça, c'est intéressant. L'encre de tatouage, ça me passionne parce que j'ai, vous ne savez même pas le nombre de questions que je reçois sur Instagram pour savoir, Pauline, est-ce qu'on fait des tatouages à l'encre végétale ? Alors, j'avais trouvé juste un fruit. d'Amérique du Sud, je n'ai perdu le nom, l'Iowa ou je ne sais plus. Bref, un fruit qui permet de faire une encre, machin. Je n'avais jamais eu d'info. Donc, encre de tatouage au pastel.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, oui. Mais j'ai dû signer une décharge, évidemment. Mais bon, ça, ce n'est pas grave. Mais bon. Mais tout est possible quand on sait comment le maîtriser. La raison pour laquelle ce n'est pas bien pour les cheveux, c'est que ce n'est pas aussi fort que l'indigo, dans le sens, ce n'est pas aussi miscible. Et que, je dois expliquer aux gens, que chaque cheveu n'est pas, je dirais, entièrement non toxique, dans le sens qu'on a des shampoings, on a la pollution, on prend des médicaments. Nous, mon époux avait une mèche grise, les cheveux gris sont des cheveux entre guillemets morts, ça prend très bien, donc il teignait sa mèche, voilà. Mais c'est vrai qu'il faut comprendre aussi ce que le pastel peut aller dessus, tellement il est... il est enoblissant, mais il est pointilleux et exigeant. Donc, on a ce côté simple et facile. Mais moi, j'adore, et mon époux aussi, tout ce qui est compliqué, parce que ça vous oblige à passer outre la première déception et de trouver la solution. Le passé, il faut toujours trouver. Rien n'est simple. Dans une cuve de teinture, pas celle comme nous le faisons, on change notre manière de teindre même pendant la journée, en regardant le tissu, en regardant les réactions, parce que c'est ça L'important d'être quelqu'un qui est un non-noblisseur, c'est d'abord comprendre sa cuve. Et on parle, comme à l'époque, on l'engueule, ça soulage, mais on observe, quand le temps ou la pression bouge, on voit tout de suite que la cuve… elle est fatiguée, elle est faible, mais tout ça permet de gérer des cuves qui sont au départ extrêmement difficiles. Vous pouvez avoir un tissu très cher, par exemple de la laine, qui rentre dans une cuve qui ne prend pas une seule goutte de bleu. Et si vous ne cherchez pas pourquoi, et ça peut remonter jusqu'à l'alimentation du mouton, ou dans quelle manière ça a été lavé, vous n'arriverez jamais à trouver la solution. Personne ne fait ça, sauf nous. c'est vraiment la cause racine ok d'accord je comprends alors ce que je voulais vous demander aujourd'hui c'est donc comme vous avez été les premiers en France j'entends bien quelles sont aujourd'hui vos sources d'inspiration vous allez donc les chercher souvent à l'étranger mais est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-unes des gens qui vous donnent toujours envie de continuer à chercher ou d'explorer des nouvelles choses, vous trouvez qu'il y a quoi comme source d'inspiration aujourd'hui ?
- Denise Lambert
Je prendrai les carrelages portugaises. Au départ, c'était peinte avec du pastel. On a fait des essais. Oui, oui. Il faut savoir deux choses avec le pastel. C'est comme avec la tapulgite qui incorpore l'indigo, on l'a fait aussi avec le pastel. À l'époque, on faisait les carrelages, on les cuisait, et puis on repeignait, et on cuisait à basse température pour ne pas dépasser et brûler le pigment végétal. Donc, il y a des compréhensions à faire. On a fait des essais, mais vous imaginez, avec tout ce qu'on a fait comme essais, on ne pouvait pas s'orienter dans tout. Donc... Il n'y a pas un déclencheur, il y a une ouverture d'esprit qui est passionnante. Si on teint des plumes d'autruche, il fallait essayer. Il y a des plumes d'oie, par exemple, qu'on ne peut pas parce qu'il faut déjà les laver. C'est une plume d'eau. Donc, on faisait des plumes d'oie avec la technique, je dirais, hollandaise pour durcir la pointe. On met les plumes dans du sable, on laisse cuire à basse température pendant un certain temps et le gras descend et la pointe est très dure. Nous, on a découvert ça par passion. C'est cette passion de curiosité qui fait que quand on voit un truc, on pose la question. Quand on voit un monsieur qui fait un bol en bois, je dis tiens, ce serait bien en bleu. Les Japonais, il y a un sculpteur japonais qui m'a envoyé du bois du Japon pour teindre, pour colorer. Bon, ça flottait, c'était un peu compliqué, mais tous les bois ne se prennent pas parce qu'il y a le tannin. Et là, il a trouvé ça génial parce que le bois va donner des images différentes selon la texture du bois. C'est alimentaire, on peut manger avec, ce n'est pas un problème, mais on ne peut pas colorer avec le pastel en alimentaire. La couleur bleue n'est pas une couleur à part les bonbons, que c'est souvent les fruits et autres. Et manger les feuilles, ce n'est aucun apport nutritif. On a essayé, puis bon, on a fait étudier. Il faut savoir que chaque fois qu'on a découvert un truc, on vérifie l'authenticité. Parfois on ne nous croit jamais, mais on la vérifie toujours. Quand je fais des démonstrations de teinture, Je n'utilise pas les pisseurs. Il faut être complètement ridicule de pisser dans sa cuve quand on sait que ce qu'on buvait à l'époque était beaucoup plus fort et qu'avec les médicaments et tout ce qu'on mange, ce n'est pas pareil. Donc, c'est complètement débile. Je mets une petite capsule d'ammonia diluée qui s'évapore et je peux verser ma cuve. Quand je fais des démonstrations costumées dans l'herbe, l'herbe n'est pas bleue, les vers de terre non plus, il n'y a pas un rond jaune. Ça fait pousser mieux l'herbe. Donc, on a tout vérifié parce qu'on sait très bien qu'on est aussi respectueux. de la nature, mais on vérifie tout et quand ça ne marche pas, on le sait. Quand je dis aux gens, vous pouvez le mettre en machine à laver, c'est que pendant je ne sais pas combien d'années, on a martyrisé tout pour tester. Donc il y a des choses comme ça que je... que parfois on ne nous croit pas. C'est un peu ridicule parce qu'on est quand même là à dire ce qu'on pense mais qu'on a vérifié. Et c'est l'ouverture d'esprit qui fait qu'on attire des gens intéressants comme nous on rencontre des gens intéressants parce qu'on a une ouverture d'esprit, parce que je parle aux gens. Et quand on parle aux gens, à une personne lambda, on ne sait jamais d'où il vient. Vous connaissez Axel Kahn par exemple, c'était un philosophe. Il a fait le chemin d'un Saint-Jacques, il est passé chez nous, il a eu tellement aimé la visite qu'il a fait un billet d'honneur sur RTL et on a cinq pages dans son livre. On n'a rien demandé. Donc les gens sont jaloux parce qu'on a la presse, on a les... on a plein de choses. Mais ils viennent parce qu'on est curieux, parce qu'il y a une passion, parce qu'on a une ouverture d'esprit à aider les gens et parce que pour nous, c'est le pastel, c'est pas le magasin. Quand vous avez quelqu'un qui a un concert, qui a fait le Saint-Jacques, qui montre l'échappe que je lui ai donnée à l'arrivée, c'est des moments de grâce. quand je vends une écharpe à un monsieur qui revient en me disant ce bleu, ma femme, on la voit partout, elle est belle c'est pas parce qu'elle était moche avant mais parce qu'elle rayonne, on a tous pleuré c'est des détails comme ça quand il y a un bébé qui adore ce bleu et sa mère lui dit, écoute j'ai perdu ton doudou bleu, elle revient paniquée c'est des moments de grâce quand vous faites rêver un enfant qui est ici maintenant qui côtoie tout ce qu'on veut sur Internet, qui vient et qui vous dit, Madame, vous êtes un gentil sorcière. C'est des moments de grâce, parce qu'ils ont soufflé sur le tissu pour devenir des souffleurs de bleu. Tous ces petits détails font que ça nous permet d'être humbles, mais curieux. Et on va vers les gens. Et c'est comme ça qu'on a des choses fabuleuses à faire, parce qu'on a cette capacité de, je ne sais pas, mais c'est surtout une passion.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Qu'est-ce qui, pour vous, fédère autour de la couleur végétale aujourd'hui dans le monde, vu que vous êtes à l'international ? Quelles sont les zones que vous avez repérées qui fédèrent et qui aident à ce regroupement, cette mutualisation dont on parlait ?
- Denise Lambert
Quasiment tous les pays européens commencent à… Ils sont beaucoup plus en avance. L'Angleterre, ils m'ont contactée parce qu'ils ont une région en Angleterre où ils ont eu le bleu charrette, le fameux bleu charrette. Ils travaillent sur les propriétés répulsives d'insectes. Donc, il y a… Quasiment tous les pays européens, même l'Italie, un peu plus lentement en France, malheureusement. Mais quand on sait que l'écologie, c'est beaucoup plus facilement en Suisse. J'ai été invitée pour la fête de l'ortie. J'ai trouvé d'ailleurs passionnant ce qu'ils ont fait sur l'ortie, parce qu'il faut être ouvert aussi sur tout. Mais ils sont déjà en avance sur les adaptations de ci, de ça. L'Autriche aussi. Mais ça, je galère pour qu'en France, on accepte ça. Et c'est difficile même en tant que femme. Maintenant, mon époux n'est plus là. Vous devez deux fois plus vous... je dirais vous battre pour qu'on vous écoute parce que là on ne prend pas au sérieux je n'ai pas mes entrées dans les laboratoires en France même pas au Louvre j'ai mes entrées dans tous les musées du monde entier dans tous les laboratoires mais sauf en France et je me bats pour y aller mais voilà c'est comme ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Est-ce que, je pense, je ne suis pas sûre, mais est-ce que c'est vous qui avez écrit un livre il n'y a pas longtemps ?
- Denise Lambert
C'est moi et Chantal Armaniac. On a écrit un livre sur notre parcours qui explique surtout ce qu'on a fait en Belgique, qui est assez étonnant aussi, et ce qu'on a fait en France avec les acteurs, avec les sciences scientifiques. Moi, je ne sais pas parler de moi. Je suis passionnée, mais je suis trop humble pour parler de ce qu'on a fait parce que pour nous, c'est notre vie quotidienne. Ma fille le dit souvent. elle, elle a pu décortiquer parce que j'ai des armoires de presse, de scie, de coupure, de trucs. J'ai appris qu'on avait travaillé avec une école inuit, j'avais complètement zappé ça, en Alaska. Donc, s'il y a des choses comme ça qui, pour nous, est au quotidien. Quand je vais aux fêtes de la Roi de l'Oiseau au Puy-en-Velay costumé, je suis la seule à avoir des foules autour parce que les gens sont passionnés. Ils m'amènent des choses à teindre, etc. Donc, il y a ce côté passion et adaptée à toute une population. Le problème avec certains visites, c'est trop catégorique, trop rigide. Les scientifiques sont parfois trop rigides. Et quand je vais à une conférence où je n'ai jamais peur, j'improvise parce que je mets de l'humour, je ne lis pas un PowerPoint, les gens apprécient. et à ce côté il y a le côté magique qu'il faut faire avec le pastel pour attirer les gens et c'est passionnant ça crée des jalousies mais je ne fais pas exprès, c'est ma passion, c'est ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et alors quand vous dites que vous n'avez enfin quand vous dites qu'on n'est pas cru j'ai cette même sensation parce qu'en fait ça fait plus d'un an que je suis sur le podcast j'ai essayé de déconstruire tous les préjugés qui collent à la peau des couleurs végétales en général la résistance au duvet au lavage, à la sueur, vous les connaissez tous je ne vais pas les refaire donc j'ai interviewé des chercheurs on a mis des tests, etc. Et en fait, je me dis, ce qui manque et ce qui nous aiderait globalement, c'est d'avoir des analyses de cycle de vie pour montrer que teindre avec les plantes ou colorer avec la couleur végétale, c'est mieux ou en tout cas moins polluant, moins impactant. En fait, j'ai l'impression que maintenant, il faut passer, s'adapter aux réticences, c'est-à-dire passer du dire, même si c'est des gens très importants qui le disent, aux preuves scientifiques, quasiment à montrer des preuves de labo
- Denise Lambert
plusieurs laboratoires qui... C'est très français ça, je suis désolée de le dire, mais c'est très français. Le problème avec les labos, c'est qu'ils vont vous sortir des trucs incompréhensibles à lire et que le public ou les industriels vont cautionner tout en ne laissant pas ce côté de savoir-faire. Quand on fait une cuisine ou quand on fait de la bière ou quand on fait du pain, ça bouge avec la pression. mes cuves de pastels buvent avec la pression. Mais quand vous avez une cuisinière, on lui demande scientifiquement, jamais scientifiquement, est-ce qu'on va analyser votre soupe, etc. Et le pastel est un savoir-faire. Et c'est très compliqué parce que moi, quand je discute avec le public, et parce que j'ai beaucoup de public, je vois qu'ils sont figés. Pour eux, vieux, c'est 1800, début de siècle. Et quand je leur dis, vous savez, les peintres... impressionnés, c'est des tubes de colorant chimique. Là, ils sont scotchés. Il y a toute une éducation. Moi, je vais dans les écoles éduquées. On me demande de faire des démonstrations, de discuter avec les élèves. Et les enfants sont extrêmement réceptifs à tout ce qui est écologique. Ils comprennent mieux que les adultes parfois. Mais c'est vrai que la France... va arriver avec une jeune génération de chefs d'entreprise, des gens qui vont... Mais ceux qui sont, personnellement, j'appelle ça des vieux croutons qui restent en haut, qui ne vous écoutent même pas parce qu'en plus vous êtes une nana et qui veulent des preuves scientifiques, le public, ce n'est pas ça qui va les intéresser. Les industries vont y arriver. Je suis convaincue que les industries vont y arriver. Parce que si les publics demandent, ça va venir de là. C'est comme le label bio. moi j'ai des gens qui me demandent vous êtes dans la belle bio ? non parce qu'il faut mettre une capsule sur l'eau rien n'est bio je suis d'une culture raisonnée c'est tout parce qu'on ne peut pas empêcher et c'est ça le problème
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, j'entends bien. Alors, j'allais vous poser la question que je pose à tout le monde, si vous étiez une plante tinctoriale, laquelle vous serez ? Mais là, je pense qu'on n'a pas trop de doutes, donc on va passer. Est-ce que vous avez des livres, Denise, à recommander ? Donc le vôtre, j'aimerais bien avoir le titre du coup pour qu'on en parle.
- Denise Lambert
Ça s'appelle L'œuvre au bleu
- Pauline Leroux ArtEcoVert
l'œuvre au bleu. comptez-vous au parcours avec Chantal Armaniacs si j'ai C'est ça,
- Denise Lambert
c'est elle qui a déjà écrit un premier livre sur le pastel et on a collaboré parce que elle est, moi je sais, moi je suis trop passionnée pour écrire, voilà, il y a trop de choses à dire. Donc, elle a cadré ça. C'est vendu sur Amazon, sur tous les grands trucs, voilà. Donc ça, ce n'est pas un souci. Il y a beaucoup plus de livres en anglais qu'en français. Il y a très peu de livres.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Vous pouvez en citer en anglais, ce n'est pas grave,
- Denise Lambert
il y a des gens qui sont… Là, je suis en train de regarder, il y a des… par exemple, il y a un livre qui s'appelle Indigo, de Jenny Barfoot-Port, mais elle parle du pastel, parce que techniquement, le pastel est un indigo, comme beaucoup de gens le disent. Moi, j'aime bien séparer le nom parce que les gens confondent tout. Donc, ça s'appelle Indigo, je n'ai pas entendu. Il y a l'italien oro bleu, je ne sais pas, j'ai que ça très loin, donc je ne vois pas. Bon, il y a toujours… C'est vrai qu'en France, il n'y a pas grand-chose. à part Dominique Cardon qui est très scientifique sur les colorants naturels, mais il n'y a pas grand-chose qui soit intéressant. Michel m'a avoué qu'il faudrait qu'il réécrive tous ses livres aussi parce qu'il a beaucoup appris, c'était intéressant au début, mais il n'y a que très peu finalement, surtout sur ce qu'on va faire dans le futur. Donc j'incite les gens, voilà, il faut qu'ils écrivent.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Donc, c'est super. J'entends. Donc, je voulais juste, avant de vous demander à qui vous voulez passer le micro, votre prochain projet, si j'ai bien compris, c'est cette création d'école sur ce savoir-faire autour du pastel.
- Denise Lambert
Qui va amener le savoir-faire autour de tous les autres plantes tinctoriales, parce que pour faire du vert, il faut du jaune. Pour faire du violet, il faut du rouge. Donc, avoir un atelier de teinture végétale avec les sels d'Alain et un atelier de pastel où on va… Faire travailler les élèves pour surteindre. Parce que je travaille avec Ecological Colors en Hollande, où on atteint des voiles de laine sublimes et on a surteint sur du jaune pour avoir un vert, etc. Donc, je ne suis pas raciste pour avoir que le pastel. Le pastel est le plus compliqué, pour moi le plus passionnant. Je ne fais que ça. Mais c'est pour travailler en collaboration et trouver des techniques beaucoup plus, je dirais, moins artisanales pour ces colorants. de synthèse avec des colorants naturels comme fait Xavier parce qu'il tient aussi ses fils avec de la garance et travailler avec des extraits comme vend d'ailleurs Patrick Brenac pour valoriser les trois couleurs grand teint qui sont lavables en machine à laver même si on peut tarnir avec autre chose mais qui tiennent moins bien parce que le public veut aussi avoir des choses qu'on va mettre en machine à laver. C'est normal. On ne va pas refaire le lavage à la lavandière. j'aimerais aller à Toulouse en calèche mais c'est trop long est-ce que
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Denise vous pensez à quelqu'un pour continuer cette chaîne de podcast est-ce que vous pensez à des personnes sur la couleur végétale qui pour vous sont nécessaires à entendre des gens à qui vous voudriez passer ce micro vous les avez tous presque interviewés donc c'est vrai que c'est
- Denise Lambert
difficile, vous avez tous interviewés donc c'est compliqué moi j'ai des... plutôt des anglophones, mais en France, à part Anne Etatouin, qui est allemande, à Toulouse, qui fait aussi le pastel à qui j'ai enseigné, qui a une vision très internationale aussi, elle est comme moi, c'est difficile parce qu'il y a des gens passionnés, mais dans la couleur, c'est vraiment complexe en France, malheureusement.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et si vous pouviez citer des acteurs anglophones, moi je prends aussi, ça nous donnera un petit défi d'aller faire des interviews en anglais.
- Denise Lambert
Alors il y a Jenny Balfour Paul, donc Paul c'est son nom, B-A-L-F-O-R, Jenny Balfour Paul. Il y a... Maintenant que tu me demandes, il y a tellement de choses dans ma tête. C'est elle qui travaille, elle est professeure aussi, elle a fait beaucoup de choses sur le pastel, j'ai travaillé beaucoup avec elle. mais en tête comme ça c'est très compliqué je travaille avec beaucoup de gens que c'est compliqué parfois est-ce que Denise il y a quelque chose que je n'ai pas demandé que vous aviez envie d'aborder que vous vouliez dire
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est maintenant ou est-ce que vous trouvez qu'on a fait le tour qu'est-ce qui manquerait selon vous
- Denise Lambert
Je vais simplement dire pour tout savoir-faire, que ce soit en teinture pastel qui est le plus complexe, à mon avis, beaucoup plus complexe que l'indigo, il faut développer ses sens. C'est-à-dire que quand on commence à regarder les couleurs différemment, entraîner son œil, savoir toucher un tissu pour l'apprécier au niveau qualité, savoir observer la nature et combiner l'ensemble, on peut être des bons teinturiers quand on prend le temps et jamais, jamais dire qu'on ne peut pas le faire parce qu'il y a une solution à tout.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
il faut être passionné génial en tout cas Denise votre passion elle m'a mis la banane ce matin franchement j'ai la paix je suis ravie de vous avoir eu merci énormément d'être venue d'avoir partagé tout ça je vous remercie je vous dis à bientôt à bientôt et si vous descendez en Occitanie venez nous voir avec grand plaisir je vais faire un tour de France avec les acteurs parce que je trouve ça passionnant mais avec plaisir ok merci beaucoup alors Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
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