- ArtEcoVert Pauline Leroux
Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast ArtEcoVert Aline Perdereau. Bonjour Aline.
- Aline Perdereau
Bonjour Pauline.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors Aline, pour ceux qui suivent Aréco Vert, on a eu la chance de te rencontrer pendant la deuxième quinzaine de l'agriculture tinctoriale. Mais pour ceux qui n'étaient pas là, qui ont raté quelque chose, j'aimerais que tu te présentes et que tu racontes un petit peu ton parcours qui t'a amené à nous parler aujourd'hui d'agriculture tinctoriale.
- Aline Perdereau
Oui, alors déjà bonjour à tous, merci d'être là et puis de nous écouter aujourd'hui. Donc moi, je me suis installée en 2023. Ça fait quasiment tout pile deux ans. Et je suis un petit peu le podcast de Pauline depuis le début. Et c'est vrai que quand je me suis installée, c'est aussi quelque chose qui m'a fait dire que c'était le bon moment et qu'il y avait des choses qui étaient en émulsion dans cette filière détectoriale. Donc 2023... Moi, avant de faire de l'agriculture, j'étais dans la médiation culturelle, de manière assez large, ça veut dire arts plastiques, ateliers pédagogiques, avec des enfants, avec des adultes, avec beaucoup de publics différents. J'avais quelque chose sur la transmission des arts en général, une grosse sensibilité là-dessus. J'ai fait aussi une formation en design de mode. Donc peut-être la partie textile est venue à ce moment-là, tu vois. Et puis après, voilà, vraiment une envie de me reconnecter à la terre et à mes racines. Et donc j'ai entamé tout un parcours de réflexion sur comment est-ce que j'allais me reconvertir. Voilà, ça je pense que ça parle à beaucoup d'auditeurs. et en fait ça s'est pas fait du jour au lendemain c'est aussi ça que j'apportais pendant la quinzaine agricole de l'agriculture tinctoriale c'est qu'en fait c'est un long cheminement et en fait si au départ on a une idée il faut essayer de bien tirer le fil et arriver à quelque chose de cohérent quand on arrive à l'état de projet, quand on arrive dans le champ je dirais Parce qu'en fait, entre le moment où on a l'idée et le moment où ça se concrétise, il y a tellement de choses qui bougent, il y a tellement de gens qui interviennent, et puis toi, dans ta tête, tu peaufines aussi, il y a des choses que tu supprimes et d'autres que tu confirmes. Et donc moi, j'ai passé au moins trois ans à redéfinir le projet, me former, donc la formation très très importante. Et puis bien construire ensuite tout ce qui est, on va dire, matériel. C'est-à-dire à partir du moment où on a l'idée, qu'est-ce que je choisis de faire ou de ne pas faire ? Quel impact ça va avoir sur mes débouchés ? Quels vont être mes clients ? Comment je vais travailler ? Est-ce que je vais être juste dans l'agriculture manuelle sur des petites surfaces et je vais beaucoup transformer ou pas ? Enfin voilà. Toutes ces questions-là, elles sont très importantes. Moi, c'est une formation qui s'appelle de l'idéoprojet qui m'a déjà permis de faire ce travail-là. C'est quelque chose sur une dizaine de semaines porté par les structures type... Là, c'est la coopérative d'installation agricole dans le 44, mais il y a plein de structures dans les départements qui font ce type de projet. Donc ça, ça permet d'être accompagné sur sa réflexion et d'avoir un moment de se dire... Ah oui, je ne vais peut-être pas pouvoir faire le tissage, plus la couleur, plus l'agriculture, plus... Donc ça remet un peu les choses en tête. Et puis là, on regarde si on a besoin de se former ou pas, sur quel partenaire on peut s'appuyer. C'est super important. Donc moi, j'ai fait un BPREA ensuite, pour être responsable d'exploitation agricole. et ça n'existe pas le BPREA tinctorial pas encore donc en fait l'idée la plus on va dire la plus commune c'est de faire le BPREA maraîchage parce que voilà ça montre pas mal de choses c'est une formation assez solide et puis voilà il y a si on arrive à faire de temps en temps des petits stages sur les aromatiques en gros on va dire La base de la structure de formation, elle est là. On a les notions de base. Donc ça, c'est sur la partie purement agricole. Et puis ensuite, bien sûr, je suis allée me former, faire des stages, donner des coups de main à droite à gauche. Et notamment, la première qui m'a reçue, c'est assez frais dans ma tête parce que c'était en plein Covid. C'était vraiment quelque chose d'assez compliqué. c'est Cécilia à la micro-ferme des Lilas donc là ça a été vraiment une super découverte voilà elle m'a appris plein de choses et puis son contact aussi fait que voilà elle est aussi pas mal dans la transmission donc c'était très intéressant pour moi et ça m'a ouvert pas mal de questionnements, de possibilités aussi par ailleurs donc ensuite j'ai continué à me former et puis j'ai eu C'est des stages, bien entendu, avec Michel Garcia. Je pense que c'est un peu... Un contentable. Oui, oui. Voilà, moi, je suis assez sensible à ces personnes-là qui sont comme le maître vénérable. Enfin, voilà, on est un maillon de la chaîne et je suis très contente et très reconnaissante d'avoir pu bénéficier de stages et de formations avec Michel. et même d'accompagnement et de soutien, je dirais, plus moral aussi dans mon projet quand j'ai commencé à lui parler de ce projet d'installation. Bon,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
top. Tu as eu d'autres formations, donc Michel, Cécilia, ton BPREA. Est-ce que tu as fait d'autres choses ou rentré dans d'autres organismes ? Tu avais mentionné, il me semble, une ASSO. pendant la quinzaine de l'agriculture tinctoriale, je ne me souviens plus, pour te former à la mécanique ou pour te former à tout ça ?
- Aline Perdereau
Oui, alors après là il y a des choses assez techniques mais disons que je fais partie du groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan voilà, moi je suis en Bretagne Morbihan, ils ont plein plein de formations très techniques qui donnent à d'autres ... d'autres productions, sur l'irrigation, sur la taille des fruitiers, sur plein de choses. C'est hyper intéressant. Moi, je conseille aux gens qui s'installent de se rapprocher des groupements comme ça, qui proposent des formations. C'est entre producteurs, avec des gens professionnels. La dernière, c'était sur la cueillette sauvage des plantes aromatiques. En fait, voilà. Ces choses-là, on peut tout à fait en tirer parti quand on travaille l'étentorial. Carrément. C'est très, très précieux. Tu m'étonnes.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, donc top. Premier déjà super bon conseil que tu donnes, c'est d'aller se rapprocher des groupements, des organisations qu'il y a dans les régions. C'est la première question qu'on me pose. J'ai souvent des jeunes agriculteurs qui m'appellent en me disant « j'ai contacté ma chambre d'agriculture, ils n'ont pas de réponse à me donner, ils m'envoient vers toi » . Tu te rends compte ? Donc pour remettre dans le contexte des auditeurs, en mai 2024, j'étais allée présenter auprès de toutes les chambres d'agriculture nationale la filière tinctoriale en parlant de tous les acteurs, de Cécilia, de Stéphanie Hégare, du champ des couleurs, du bleu, de pastel, enfin bref tous les agriculteurs que j'avais reçus sur le podcast pour un peu expliquer aussi à certaines chambres d'agriculture pas tout ce qui existait. Et ce qui est génial Aline, c'est de dire qu'en fait, Il y a des organisations, mais qu'il va falloir, nous, être souples et s'adapter. Il va falloir jongler entre, comme tu dis, un BPREA maraîchage ou un BPREA plus tourné vers les pâmes, et venir un peu se mettre entre les deux. Ça, c'est hyper important de le préciser. J'ai une question, Aline. Comment tu es venue à te dire, je vais faire de la couleur végétale, je vais cultiver des plantes tinctoriales ? Parce qu'on ne va pas se mentir, c'est quand même un sujet qui n'est pas connu par tous, comment ça t'est venu, c'est quoi ton déclic ?
- Aline Perdereau
Moi, on va dire que c'est plutôt un faisceau d'indices. J'ai une formation en arts plastiques, déjà de base, donc je suis assez sensible à tout ce qui est encre, peinture, couleur, etc. Et dans mes différentes expériences professionnelles, notamment, j'ai travaillé avec un créateur de cerfs-volants qui, lui, a rencontré des soucis par rapport aux produits qu'il utilisait pour... pour peindre ces toiles volantes, puisque c'est comme s'ils mettaient ces tableaux dans le ciel. Voilà, une expérience super. Et toutes ces petites choses-là d'amis qui font de la peinture, mais qui ont les mains abîmées. Et en fait, tout ça, ça donne une sensibilité particulière. Et je pense que c'est en voyant un reportage sur... sur la fast fashion, les dessous de la mode à bas prix, je crois, de mémoire ça s'appelle comme ça, où là je me suis dit, ah oui, dans le textile en fait c'est fondamental, c'est pas parce qu'on a une robe à 15 euros que le coût environnemental est insignifiant, et je pense que là je me suis dit, il faut absolument... plutôt que de faire des tisanes ou de faire du maraîchage, j'ai envie de faire ça. D'accord. J'ai envie de faire ça. J'avais aussi fait, des gens connaissent aussi cette expérience-là, le cyanotype. Donc ça, en atelier, ça marche super bien. Il y a une espèce de magie, de révélation du bleu. Moi, le bleu, c'est aussi quelque chose qui m'attire beaucoup. Le bleu, la cuve indigo, tout ça, ça m'a un peu appréciée.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
à un moment et voilà j'étais enfin je me suis penché vraiment là dessus plus sérieusement en disant c'est ça que je veux faire top top donc du coup on a vu comment tu t'étais formé on a vu un petit peu les étapes de ton projet on y reviendra est ce que tu peux nous présenter car les vieux ce que tu y fais les la taille de ton exploitation les produits qui était Comment tu as réfléchi ton projet ? Nous raconter un petit peu cette aventure. Je le rappelle, il y a quand même beaucoup de gens qui nous écoutent qui s'installent soit en jardin plus plus tinctorial, soit en petite exploitation tinctoriale, soit il y a des agri qui se questionnent sur le sujet. Donc, quelle est toi ton approche et ton projet ?
- Aline Perdereau
Alors, déjà, Kerliviou, ça a pile poil deux ans. Je l'ai monté en février 2023. C'est la maison des couleurs en breton. Je voulais vraiment m'inscrire dans cette fibre locale, cette identité, ce patrimoine breton qui m'était assez cher, et familialement, et puis même dans les valeurs. Donc, 2023, on a... Moi, j'ai eu la chance de candidater pour un terrain à la SAFER. Voilà. Et donc, le fait d'avoir ce parcours BPREA, Chambre d'agri, est vraiment très, très important si on veut passer par là pour avoir du terrain. Donc, c'est arrivé comme ça. C'est arrivé un peu vite, un peu rapidement. Et du coup, moi, ce que je voulais, on a à peu près... 6 hectares voilà c'est ni petit ni grand il y a suffisamment de travail et donc ce que je fais il y a 5 ou 6 plantes principales j'en ai quelques unes ici donc là on a tu vas la reconnaître l'antémis des teinturiers voilà du cosmos sulfureux parce que le orange il est vraiment top j'ai le reseda reseda luteola qui finalement marche très très bien sur le terrain que j'ai et puis un peu d'autres plantes on va dire complémentaires ou qui peuvent s'utiliser sur plusieurs axes, notamment la tagette elle est utilisés aussi dans certains compléments alimentaires. Donc, elle peut avoir deux usages. Voilà, ça, c'est un domaine.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
La nutraceutique, on va en parler sur le podcast, parce que c'est un domaine qu'on n'avait pas perçu. Et en fait, il y a énormément de liens entre tinctorial et nutraceutique. Donc, top.
- Aline Perdereau
Et puis, on va dire le clou du spectacle. C'est le stylo. Voilà, pièce maîtresse. Donc là, c'est un petit contenant. On a 50 grammes. Indigo poudre pour la teinture textile avec la persilcaire indigo. Donc ça, c'est les plantes principales. Et puis, il y a des choses complémentaires. C'est une zone où il y a quand même pas mal de gens qui proposent des tisanes, des choses comme ça. Donc en fait, comme j'ai un séchoir qui fait une quarantaine de mètres carrés, disons qu'à certains moments de l'année, je peux récolter de l'ortie. de la menthe, sans entraver ma production de tinctoriale, et c'est un truc qui est un peu complémentaire. Top ! On fait quelques plantes aromatiques aussi. Génial. Voilà.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Génial. Et donc, tu transformes aussi sur l'exploitation, si j'ai bien compris. C'est toi qui fais ton propre indigo ?
- Aline Perdereau
Oui, tout à fait. Alors, c'est ça. C'est-à-dire là, quand on s'installe et qu'on travaille sur notre projet, il y a toujours la tentation de se dire je vais faire des lacs, je vais faire ... des savons, je vais faire tout un tas de choses. Et en fait, il faut savoir aussi bien faire ses choix en fonction des bâtiments qui sont à disposition. Moi, je suis arrivée, c'était un champ vierge. En fait, il n'y avait pas de bâtiment. Donc, par rapport à d'autres personnes qui reprennent des fermes, on ne part pas sur les mêmes bases. Donc, en fait... c'est un handicap, mais en même temps, c'est aussi une liberté parce que ça me pousse à essayer de travailler autrement. Donc voilà, j'ai toujours, et ça, mon entourage me soutient là-dessus, mes amis, ma famille, mon compagnon, ils poussent à l'autonomie et c'est quand même quelque chose de très important. Donc pas de bâtiment, ça veut dire qu'il faut monter une serre pour... qu'on puisse au moins faire les petits semis au printemps et puis utiliser cet espace pour d'autres usages, une fois que l'indigo est à maturité pour la transformation. Donc il y a une serre qui fait 160 mètres carrés, qu'on a monté à deux, donc physiquement c'est quand même une petite remise en forme, il faut être... il faut prendre soin de son corps, on va dire. Et puis, il y a la serre, il y a un séchoir qui est installé depuis l'année dernière dans un container maritime. Ce qui fait qu'avec la chaleur, en fait, je n'ai pas besoin d'avoir un système de chauffage à l'intérieur. C'est un peu basse consommation, si tu veux. Ouais, c'est top. Donc ça, c'est bien. Il y a des humidificateurs parce que c'est vrai que l'année dernière, ça a été particulièrement humide. Donc, voilà, il fallait donner un petit coup de pouce à tout ça. Et puis, depuis pas très longtemps, j'ai la chance de pouvoir occuper ponctuellement un labo. Alors, un labo d'une trentaine de mètres carrés pour faire de la transfo. Alors là, je pense que ça va être une série d'encre, d'encre végétale.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Génial, top !
- Aline Perdereau
Ouais, j'aime bien. C'est un peu sur les projets, tu vois, voilà.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, sur les projets. Top, le séchoir, alors tu as dit le container maritime, c'est marrant, tu n'es pas la première à utiliser ce système-là, qui, comme tu dis, c'est un peu low-tech, dans le sens où on sert du soleil, on sert des éléments pour accélérer le process, top. Donc, tu cultives, tu transformes et tu commercialises. J'invite les auditeurs à aller suivre ton compte Instagram, parce que moi, ton aventure avec ta serre, je l'ai vue en photo. Et je me suis dit, waouh, refaire tout ça. Comme tu dis, physiquement, j'imagine bien l'engagement que ça demande. On parle beaucoup dans les quinzaines tectoriales d'ergonomie, de faciliter un peu le travail, etc. Et quand tu étais intervenue, tu l'avais dit aussi. Donc oui, il y a le projet, oui, il y a les formations, mais il faut aussi penser à son corps parce que c'est son outil de travail, il a vraiment pour le coup. donc je suis contente que tu le redises donc tu fais tout globalement de A à Z mais tu t'éparpilles pas c'est à dire que j'ai trouvé dans ton témoignage que t'arrivais quand même à raisonner de manière tu as beaucoup dit pendant la quinzaine tectoriale il faut presque avoir son débouché avant de cultiver. Et ça, j'ai trouvé ça hyper intelligent et hyper intéressant. Est-ce que tu peux développer ce truc-là en disant comment tu réfléchis une mise en culture ? Est-ce que tu t'es dit je vais aller chercher les débouchés et je vais mettre en culture ? Ou est-ce que tu t'es dit je sais absolument que je veux proposer de l'indigo et je vais ensuite aller chercher les débouchés ? Dans quel ordre tu l'as fait ? Parce que j'ai l'impression que tu as une logique particulière.
- Aline Perdereau
Disons que... Je pense qu'il faut aussi commencer par se dire, si je fais telle plante, quel va être mon itinéraire ? En fait, dans le langage agricole, itinéraire technique, c'est du semis à la récolte, comment je fais pour entretenir la plante, pour la transformer, etc. Et en fait, si on a des choses, j'imagine, en plantes aromatiques, vous connaissez peut-être tous la camomille romaine. petites fleurs, des petits pompons très fastidieux à cueillir. Est-ce que... Est-ce qu'il y a le temps ? Est-ce qu'il y a la main d'oeuvre ? Est-ce qu'il y a l'envie aussi de passer trois heures pour cueillir 300 petits... Pompons. Enfin, voilà, tu vois. Comment est-ce que je gère mon système de récolte ? Donc, quelle est la taille des fleurs ? Combien je peux les vendre aussi après ? C'est aussi tout ça. C'est-à-dire, une fois que tu t'es dit « ça, je ne veux pas le faire, c'est trop fastidieux » ou bien « mon sol ne s'y prête pas » ou « le climat ne s'y prête pas » parce que, soyons honnêtes, il y a quand même des plantes. C'est aussi toute une observation du territoire. Est-ce que ton sol se ressuit rapidement ? Est-ce qu'il y a des zones qui restent humides ? Quelles plantes tu peux mettre ? Tiens, là, peut-être... On va essayer d'implanter de la reine des prés. C'est intéressant dans les zones humides. Là, telle et telle autre plante. Mais c'est vrai qu'on a des climats très différents. Moi, c'est un espace qui est très venteux. Donc, réfléchir aussi à des choses en agroforesterie, c'est hyper intéressant. Donc ça, ça va être quelque chose à réfléchir sur le long terme, à échelle 4-5 ans. comment est-ce qu'on gère les microclimats dans les parcelles. Et puis sur la partie débouchée, effectivement, quels sont les besoins ? Est-ce qu'on arrive à identifier les besoins des clients, des gens qui font de la petite transformation jusqu'aux grossistes ? Quels sont les besoins ? Je pense que l'étude de marché préalable est hyper importante. Et ça bouge très vite, ça bouge très vite ces choses-là. Moi, ce que j'ai fait il y a trois ans, je pense qu'aujourd'hui, c'est un peu daté. Il faudrait remettre les éléments à jour, effectivement. Donc oui, l'idéal, c'est d'avoir déjà des acheteurs, déjà des gens intéressés, avant même de cultiver. Ça, c'est l'idéal. Ça ne se passe pas toujours comme ça. De toute façon, il y a beaucoup d'imprévus. Et justement, je pense qu'il faut être aussi adapté à... réagir à l'urgence, à l'imprévu, quelque chose qui arrive. Il faut aussi essayer de rebondir vraiment.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Être agile.
- Aline Perdereau
Et ça, sans faire de stage, sans aller voir plein de modèles qui existent différents, on ne peut pas vraiment... Il faut se forger une expérience et puis aller essayer de voir plein de modèles un peu différents pour se dire, lui fait comme ça, moi j'ai envie de copier telle et telle chose. En revanche, ce qu'il fait comme ci ou comme ça, je ne le ferai pas pareil. Il faut essayer de s'écouter aussi sur ses envies, ses capacités. C'est la cuisson. Voilà.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Top. Donc ça, c'est hyper intéressant, toute ta réflexion. Donc, tu t'occupes aussi de faire tes SMI. Donc, si on reprend toutes les étapes, en gros, pour le démarrage, tu t'es procuré des graines quelque part.
- Aline Perdereau
Oui, bien sûr. Donc la première année, en fait, si on veut faire ses graines et puis les avoir en grosse quantité, la première année, elle est dédiée quasiment à la culture pour la récolte de graines. Voilà,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
donc tu as commencé par cette étape-là, tu cultives pour récolter tes graines, donc on le réexplique, mais en gros, tu laisses des bandes. aller jusqu'à maturité de la graine et pas les couper trop vite. On voit souvent des photos sur Insta de graines qui ne sont pas mûres encore. Bref, tu fais tes graines, tu fais tes propres semis dans ta serre.
- Aline Perdereau
Oui, alors pas sur toutes les plantes. Il y a des choses que je sème en direct. en pleine terre, en plein champ. Je ne fais pas tout. C'est vrai que la persiquaire, c'est quand même mieux d'avoir les petits plants tout prêts à repiquer. L'année dernière, je l'ai fait. Je pense que cette année, je vais passer par un pépiniéris pour une partie parce que ça prend énormément de temps. Là, j'ai un peu d'autres chantiers, travaux à faire en même temps dans ce printemps. C'est aussi ça, c'est de se dire, là, j'ai mes graines, je les ai testées, je sais qu'elles ont un bon taux de germination. Je pense que ça, il faut aussi connaître ces produits, c'est-à-dire connaître ces graines, faire beaucoup de tests pour voir comment ça réagit. Et puis là, après ça, je vais le donner à un pépiniériste à côté de chez moi.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, top. C'est vrai que c'est une partie qui est souvent déléguée. plants de persiquaire, parce que tu y mets quand même, ça coûte cher les graines de persiquaire, t'as pas envie de louper tes plants, clairement, et donc, les pépiniéristes, les horticulteurs, etc., c'est vraiment leur domaine. D'accord, donc cette partie-là peut être déléguée, et puis comme tu dis, tu joues avec tes urgences, si t'as d'autres projets, il faut être agile. Une fois que c'est en terre, est-ce que tu es mécanisé, ou est-ce que tu fais tout à la main ? Je sais que je ne pose pas cette question de manière anodine, mais comment ça se passe, point de vue aide ? Parce qu'on l'a dit, le corps, OK, mais est-ce que tu te fais assister par des engins de l'aide ?
- Aline Perdereau
Alors, la réponse est oui, je suis mécanisée. Donc, à la fois pour le repiquage, j'ai une espèce de planteuse, en fait, avec... des petits godets qui tournent et qui viennent mettre le plant dans la terre. En revanche, pour ça, il faut une personne sur le tracteur et une ou deux personnes derrière qui alimentent la machine. Voilà.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, ok.
- Aline Perdereau
Et avec ça, on peut planter des choses, des grandes surfaces assez rapidement. Donc c'est aussi pour ça que c'est intéressant de faire des stages parce que moi, j'ai vu des choses chez des maraîchers qui plantaient 50 000 salades, tu vois, par exemple. ça donne une idée de la machine qu'il faut, du temps qu'on met, de tout ça. Donc en fait, ça ne s'apprend pas autrement qu'en le faisant. Je pense que l'expérience est quand même importante. Donc oui, un peu de mécanisation là-dessus. Un peu aussi sur le désherbage. En fait, comme j'ai un tracteur, j'ai une petite bineuse qui va derrière et qui va nous aider à... à maîtriser les adventices pour éviter de trop grande concurrence et puis pouvoir récolter un peu mieux. Mais alors ça, c'est sur le papier. Parce que, voilà, quand on a des années super humides, en fait, on ne peut pas vraiment passer cet outil-là quand on veut. Il faut quand même qu'il y ait plusieurs jours de beau et de sec après pour que ce soit bien efficace. Et à vrai dire, l'année dernière, ce n'était pas trop le cas. Donc, il y a des choses que j'ai voulu récolter mécaniquement que je n'ai pas pu utiliser. à cause de ces mauvaises herbes, on va dire. Et du coup, j'ai fait beaucoup de choses à la main. Alors, j'avais quand même de la chance parce que j'ai parlé stage chez Michel Garcia. Mais alors, c'est vraiment exceptionnel. On rencontre plein de gens super. Et notamment deux filles avec qui je me suis bien entendue et qui sont venues un peu en tant que stagiaires, apprenties. régulièrement m'assister, me donner coup de main. Et puis, c'était des échanges d'expérience et de compétences. Donc ça, c'était top. Vraiment, elles étaient super. Mathilde et Armel, l'été dernier, au top. Mon compagnon m'aide aussi beaucoup. Quand il y a besoin d'un chauffeur de tracteur ou d'autre chose, on tourne, on fait... On fait une petite équipe. Il a une activité qui lui permet de se libérer de temps en temps. Donc ça, c'est bien. Et puis, ma famille, quelques voisins, quand j'avais vraiment des coups de retard, des coups de chaud, qui sont venus m'aider. Il faut dire qu'il faut vraiment faire attention à son corps. Et quand on est tout manuel, la moindre faucille, le moindre sécateur, il faut faire vraiment attention à soi. S'écouter aussi quand on est fatigué, il ne faut pas trop tirer sur la corde.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Mais c'est sûr que c'est un métier qui est très saisonnier et qui, en saison, c'est du 7 jours sur 7 quasiment à 14 heures par jour. Ça, il faut l'entendre, il faut l'accepter. L'hiver, il y a beaucoup moins de stress et beaucoup moins de choses. Mais effectivement, l'indigo, c'est aussi ça qui fait qu'on a tout le temps quelque chose à faire. mouvement. Donc l'indigo, la transformation, il faut que ça se fasse en frais assez rapidement. Et c'est quelque chose qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu. Donc il faut être là. On ne peut pas lancer, appuyer sur un bouton et partir.
- Aline Perdereau
Et pour récolter tes feuilles de persil car est-ce que là tu es mécanisée qu'une récolteuse ou est-ce que tu fais tout à la main ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
J'ai tout fait à la main l'année dernière. Voilà. Mais cette année, on va essayer d'avoir des petits outils de mécanisation légers qui peuvent permettre d'avoir des choses un peu plus rapides.
- Aline Perdereau
Cette année, pour la quinzaine de l'agriculture tinctoriale, on va recevoir TerraTech et l'atelier Paysans pour proposer des solutions à tout type d'exploitation. L'idée, c'est qu'ils ont accepté d'être à deux. C'est les deux gros acteurs, on va dire, des tinctoriales en France. Et ils ont accepté de jouer le jeu, de bien comprendre qu'en fait, ils n'étaient pas... concurrent dans le sens où en fonction de ton budget, de ton sol de tes récoltes il y avait à adapter donc ça sera très intéressant aussi de voir vos retours par rapport à ça donc une fois que tu as tout récolté comme tu l'as dit l'inconvénient entre guillemets de la persiquaire c'est de récolter ce que tu peux transformer directement tout ça ça se passe chez toi dans la serre si j'ai bien compris pour la transformation ...
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Sur le terrain, dans la serre et puis autour, oui.
- Aline Perdereau
D'accord. Donc déjà, tu n'as pas loin à faire entre ta récolte et ta transformation. Déjà, ça, c'est une bonne nouvelle. Et ensuite, tu as appris à extraire ton indigo. Donc, toutes les méthodes, il faut aller suivre une formation, il faut se former là-dessus. C'est quelque chose qu'on acquiert par le fer et par l'œil aussi. Tu aiguises ton œil. Oui. Ce que j'allais te demander, c'est une fois que tu as fait ta première récolte d'indigo, est-ce que tu as eu le réflexe de l'analyser ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
L'analyser, c'est-à-dire faire une chromato par exemple ?
- Aline Perdereau
Oui, ton taux d'indigotine, etc. Parce que c'est une question qu'on m'a posée pour les nouveaux, en me disant est-ce qu'il faut obligatoirement tester son indigo la première année pour voir si on s'améliore d'extraction en extraction ? Qu'est-ce que toi t'en penses ? Qu'est-ce que toi t'as fait ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, moi, effectivement, il faudrait le faire, je pense, au moins la première année et puis régulièrement pour être vraiment sûre de la qualité de nos produits. Pour moi, la qualité, elle est importante, vraiment, parce que ça justifie aussi le travail et le tarif qu'on annonce à tel ou tel client. Donc, faire des analyses, c'est important. Moi, je ne l'ai pas fait l'année dernière, mais parce qu'on était en train de peaufiner un procédé un peu particulier qui extrait l'indigo à température ambiante. Donc, on a tâtonné beaucoup l'été dernier. On a fait juste des analyses visuelles et puis des tests avec des produits réactifs pour voir. les taux d'impureté qu'il y avait dans l'indigo. Mais effectivement, ça dépend de ce qu'on vise. C'est-à-dire, si notre indigo, on le produit peut-être pour transformer, pour teindre, pour faire des stages avec d'autres... Ça dépend à qui on s'adresse. Quelles sont les exigences de notre client final ? Et puis après, le client, si c'est vraiment un grossiste qui veut des choses très précises, il fait les analyses complémentaires. Mais il faut quand même connaître son produit, c'est hyper important.
- Aline Perdereau
Alors, dans ce que tu dis, il y a plusieurs... J'invite les auditeurs à aller écouter les autres épisodes où on parle de la transformation de l'indigo, parce qu'il y en a plein et que je n'ai pas forcément envie de repasser là-dessus. Et c'est souvent des choses aussi... singulière à la personne. Tu as dit un truc important, c'est que tu essayais de faire de l'extraction indigo à température ambiante. C'est un peu, j'ai envie de dire, une tendance chez les agris en ce moment de réduire vraiment leur impact, déjà de réduire la facture énergétique très clairement pour eux aussi. donc c'est vraiment quelque chose qui est en train de se mettre en place. Donc il y a aussi des témoignages dans les épisodes de podcast sur la quinzaine de l'agriculture tinctoriale, donc si vous avez envie, il y aura des infos. Tu dis, l'analyse des pigments, ça peut aider, parce que notamment, je pense que vous notez tout globalement, la météo, les graines que vous avez mises par pot, j'ai remarqué que vous étiez quand même… globalement les agricultrices parce que c'est souvent des agricultrices que j'ai très consciencieuses très dans la noter la météo les actions, les dates etc donc faire une analyse de tes taux d'indigotine et d'indirubine, c'est hyper important parce qu'au moins ça te montre comme tu dis, je ne sais plus le terme Tu l'as employé la propreté, en fait, s'il n'y a pas trop de déchets.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il n'y a pas trop d'impureté, le taux d'impureté qu'il y a dedans. Voilà,
- Aline Perdereau
le taux d'impureté. Et ensuite, tu dis un truc hyper important, et c'est là où j'aimerais le souligner par rapport à la réflexion du projet, c'est qu'en fonction du client final et du débouché, ils n'ont pas les mêmes attentes des taux dans le produit final d'Indigo. Et du coup, ça peut nous épargner un peu de travail de savoir exactement le cahier des charges. pour adapter son travail et peut-être moins se mettre la rate au courbouillon, on va dire. Ou, tu vois, je ne sais pas si je suis claire, mais en gros... Oui,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
oui, oui. En fait, il ne faut pas non plus viser des choses inatteignables, si tu veux. On sait, on est quand même en France, sous des latitudes particulières, donc l'indigo équatorial, enfin voilà. Ça ne poussera pas, ça ne marchera pas. On n'aura jamais des taux comme ceux de Guadeloupe. Il faut aussi être raisonnable et raisonner, se dire, moi, je veux un produit bon pour tel ou tel usage. On n'aura peut-être pas les mêmes attentes pour un produit qui est dédié à la fabrication de pigments. Après, ça, je te dis, c'est aussi chacun dans la définition de son projet, jusqu'où il veut aller en transformation. Dans quelle gamme on se situe ? Est-ce que c'est un produit haut de gamme ? Est-ce que c'est un produit correct qui puisse être accessible à tous ? Enfin, voilà. Chacun voit midi à sa porte et puis en fonction de ses capacités et puis de ses envies et des attentes du client final, on arrive à déterminer un protocole particulier.
- Aline Perdereau
Top. Est-ce que dans les grandes lignes de ce que tu peux dire, bien sûr, tu peux nous dire un petit peu, toi, les pôles de débouchés que tu vises, soit qui sont venus à toi, soit que toi, tu as ciblé au début de ton projet ? C'est qui, en gros, ton client final, sans donner de détails, s'il y a des accords de confidentialité ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, en fait, moi, comme j'ai une surface qui est suffisamment grande pour faire de la quantité, pour... Pour des plantes sèches, par exemple, j'ai l'habitude de dire que finalement, on peut aller du gramme à la tonne. Parce qu'au final, il y a des possibilités de séchage au gros volume autour de moi que je peux solliciter. Donc, je peux sur certaines parties atteindre des gens qui demandent vraiment des grosses quantités. Donc là, c'est des grossistes ou semi-grossistes. Et puis en général, on va dire qu'il y a 40% des clients qui sont des petits transformateurs ou des clients particuliers. Donc quelqu'un qui veut de l'indigo pour teindre sa laine, ses petits échevaux de laine pour broder, des petits artisans, c'est aussi une partie des clients. Donc moi, je ne me suis pas fermée sur... une seule catégorie de clients. Je suis équipée pour pouvoir répondre à pas mal de commandes un peu différentes.
- Aline Perdereau
Est-ce qu'avec tes plus gros clients, vous mettez en place des types de contrats pluriannuels pour te laisser de la sécurité si jamais il y a une année où c'est un peu la catastrophe ? Comment tu sécurises un revenu qui... Tu travailles du vivant, tu travailles en Bretagne. Comment tu te sécurises toi en tant qu'agricultrice ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ça c'est assez compliqué, c'est aussi pour ça que je n'ai pas lâché trop la partie plantes aromatiques. parce qu'en fait là-dessus je peux travailler avec des laboratoires locaux qui ont des petits besoins et qui me permettent toute l'année d'avoir quelque chose d'assez régulé voilà donc pas mettre ceux-là dans le même panier quoi ouais ouais ouais bah essayez parce que effectivement et puis bah après c'est une question de confiance avec les clients, les grossistes voilà c'est de se dire Cette année, par exemple, si une super année, j'en fais un peu plus. Comme ça, si l'année prochaine, ça ne va pas trop, j'aurai un petit peu de stock. Et puis, on pourra repartir sur une quantité. Enfin, voilà, c'est aussi, si ton produit est plaisant, c'est aussi avoir une espèce de relation de confiance avec la personne en face.
- Aline Perdereau
Top. Est-ce que tu as, dans les inspirations, J'aimerais te demander où tu vas trouver un peu de soutien sur l'agriculture tinctoriale. Où est-ce que tu as du soutien, des échanges ? Où ça t'alimente ? Qu'est-ce qui t'aide ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ce qu'on n'a pas dit au tout début, c'est que j'ai pu bénéficier de la formation CFPPA de Nyonce, qui était une formation spécifique sur... La culture et la transformation des tinctoriales, alors c'est Marie Marquet et Magali Bontou qui étaient aux manettes à ce moment-là, et c'est vrai que ça a été super. Je pense qu'elle n'a pas forcément été renouvelée, cette formation, mais pour moi, elle a été vraiment top. Quinze jours, quinze jours vraiment sur toutes les choses importantes, et du coup, Marie, Marie Marquet, c'est aussi quelqu'un qui a... qui est très inspirante et très active dans cette partie-là. Moi, je voudrais dire que j'ai toujours sous la main. Le livre, oui. Pratiquement toujours, en fait. Il est super pratique, il est très complet. Quand je vais en balade et tout, vraiment, il est toujours tout le temps dans mon sac. Parce que ça, c'est une petite bible très sympa à ressortir au fur et à mesure. Il y a ça, il y a les collègues que j'ai rencontrés dans la formation de Michel Garcia, les stages chez Michel Garcia, il y a des affinités qui se créent et du coup, on est resté en contact. Et puis, à côté de chez moi, il y a quelqu'un qui est installé depuis plus longtemps, qui m'a aussi donné pas mal d'indices sur les fournisseurs, les machines. Et lui, il est paysan distillateur, il fait des huiles essentielles à base de plantes. Et voilà, on a un peu la même approche, un peu le même système. Et du coup, on échange régulièrement, même si on n'a pas les mêmes débouchés, la même production. Voilà, on échange pas mal là-dessus. Top.
- Aline Perdereau
Donc du soutien de tes pairs, ça c'est chouette. Alors, tu sais que c'est un sujet qui me tient fort à cœur, les agriculteurs et l'agriculture panctoriale. J'aimerais savoir, toi, quels sont tes souhaits pour cette filière ? tinctorial pour les agriculteurs en tinctorial, qu'est-ce qu'il faudrait qu'est-ce qu'il manque, qu'est-ce que tu recommandes pour qu'on soit plus nombreux, mieux organisés avec des débouchés identifiés et donc des filières résistantes c'est quoi ta vision de cette filière tinctorial demain ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
ça c'est une bonne question, ça nous préoccupe tous C'est vrai que ce que tu as fait avec le podcast depuis deux ans, c'est vraiment un travail de défrichage assez important et puis de mise en lumière auprès du grand public. Pour moi, c'est primordial. Ce qui manque, je vois comment les gens qui font des plantes aromatiques se sont mis en syndicat ou en assaut de producteurs. On est un peu tous... qu'un de notre côté, un peu la tête dans le guidon. Et peut-être, il faudrait des moments où on échange entre nous, où on se retrouve. On a déjà essayé d'instaurer ça avec ma collègue Stéphanie de Livaden, à l'échelle de la Bretagne, pour voir entre nous comment est-ce qu'on peut mieux travailler ensemble. faire des propositions et puis structurer de notre côté aussi cette filière bretonne qui nous tient à cœur. Il y avait un truc que je voulais dire aussi, c'est qu'il existe des dispositifs qui sont super intéressants. Il y en a un qui s'appelle le stage paysan créatif. Il faudra regarder les liens, mais dans tous les départements, c'est proposé par les ADR. Et ce stage paysan créatif, en fait, c'est un peu tout ce que moi, je n'ai pas pu avoir avant de m'installer, parce qu'on a fait un peu les choses rapidement à cause de l'opportunité foncière. Mais moi, je conseille, si vous avez le temps de faire ce truc-là, c'est un genre de compagnonnage sur une année. avec des référents locaux et des référents techniques. Et ça vous permet de tester votre projet. Mais tester, c'est-à-dire vraiment mettre les mains dans la terre, faire des choses. Et vous êtes prise en charge comme stagiaire de la formation professionnelle pendant ce temps-là. Stage paysan créatif, vous tapez ça dans n'importe quel département, vous avez des contacts. Franchement, voilà.
- Aline Perdereau
Top, on va le mettre.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Je pense qu'il faut passer par là pour avoir une idée et puis confronter ces idées reçues aussi, parce que parfois on peut tomber d'eau sur telle ou telle plante qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas, ou qui met un temps fou à germer. Pour moi, c'est des choses qui sont assez importantes à voir en amont. Donc, cette Ausha. Et puis, pour la filière, peut-être se rapprocher des gens qui travaillent aussi sur les filières textiles, le renouveau des filières textiles. Genre,
- Aline Perdereau
chanvrelin ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Chanvrelin et la laine aussi, je pense. D'accord. Sur un... sur une échelle un peu plus petite. Ici, en Bretagne, on a quelque chose qui s'appelle la petite filature bretonne. Et c'est un peu eux qui, à un moment, m'ont donné certains contacts pour des soutiens financiers. Donc, la petite filature bretonne, eux, ils travaillent la laine des producteurs. Donc, ça, c'est chouette. Ils ne font pas la partie couleur, bien sûr, mais on est sur des choses très importantes. à mon point de vue, parce que ça maintient aussi les races locales sur le territoire. Juste sur les partenaires, je fais un petit aparté. Il faut que je parle des cigales. Peut-être que tu connais ce mouvement de citoyens financeurs. Et ça, c'est hyper important aussi. plein de manières de soutenir des projets soit écologiques, soit dans l'économie sociale et solidaire. Et voilà, ça fait partie d'un soutien financier qui n'est pas énorme, mais qui à un moment au démarrage peut vraiment donner un coup de pouce. Donc il y a des clubs cigales dans beaucoup de villes ou beaucoup de régions que vous pouvez contacter. Souvent, ils cherchent des projets innovants à soutenir. Voilà.
- Aline Perdereau
Top. Je peux faire juste un parallèle avec, l'année dernière, j'ai lancé un financement participatif avec Mimosa, qui soutient les projets d'agriculture durable. Alors, c'est vrai que ça peut sembler être une montagne de faire tout ça, mais c'est quand même, comme tu dis, c'est des aides qui viennent te mettre un coup de boost à des moments où tu ne peux pas aller défendre une grosse enveloppe ou aller chercher des fonds européens ou je ne sais quoi, on en avait déjà parlé toutes les deux. Donc, c'est important de le préciser qu'on peut compter sur des gens qui investissent dans des projets comme les nôtres, parce qu'on a la chance de travailler sur des projets qui ont du sens et de la valeur et un impact environnemental non négligeable, si on va jusqu'au bout. Donc, top, tu as bien fait de préciser ça. Je voulais savoir, Aline, ça fait deux ans, tu es dedans, tu es vraiment… Quels sont tes projets ? Donc, tu as parlé de là, aujourd'hui, tu es sur 5-6 plantes, tu fais la transformation, tu as trouvé des débouchés. Qu'est-ce que tu voudrais mettre en place dans les années qui viennent ? C'est quoi ton projet demain pour Kerliviou?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Oui, alors moi, ce serait plutôt sur la partie lien avec mes collègues. au niveau du territoire. Essayer de faire quelque chose qui soit cohérent, avec des échanges, avec... Et puis, sur l'entreprise en elle-même, je te dis, développer cette petite gamme d'encre végétale, pour moi, c'est important. Je pense que je ne ferai pas 50 000 transformations différentes, mais j'ai envie que mes copains et copines qui font des œuvres d'art et qui sont très intéressés au niveau des couleurs puissent les utiliser, par exemple. D'accord,
- Aline Perdereau
ok. Dans ce que tu dis sur le lien du territoire, la Bretagne, comme tu le dis, et moi je le souligne, vous êtes un territoire hyperactif sur les plantes tinctoriales. J'ai souvent des coups de fil de projets qui se montent, de réinsertions, d'agriculteurs, d'artisanes. Vraiment, c'est une région hyperactive sur le domaine des tinctoriales. Et je suis très intéressée par ta réflexion, parce qu'en fait, tu vois, moi avec la quinzaine de l'agriculture tinctoriale, l'objectif c'était de vous réunir. mais vous réunir au niveau national, même européen. Tu as vu, on a des Belges, des Suisses, on a des Espagnols. L'idée, c'était de créer un rendez-vous qui permet des échanges, qui permet de se tenir à jour, d'accueillir les nouveaux. C'est ce que tu avais fait en octobre. Il y avait trois nouveaux qui venaient présenter leurs projets. Ce qui est hyper important dans ce que tu dis, c'est que ça ne se fera pas comme ça à part… Une personne qui gère au national, c'est vraiment un ancrage territorial. C'est des gens qui se mobilisent et qui prennent du temps. Comme tu dis, vous êtes à fond les ballons dans votre exploitation. C'est un boulot de titan, on le sait. Donc, ça demande vraiment beaucoup d'organisation, de vous libérer pour vous mettre en lien. Mais je suis complètement convaincue que ce sera par le territoire que ça va bouger. Ce que je voulais dire aussi, c'est que tu as souligné de s'inspirer d'autres filières. Tu m'as parlé... des filières laine, on peut parler du chanvre, du lin. Cécilia, justement, disait pendant la quinzaine, il faudrait s'inspirer aussi de la filière PAM, Plante à Parfum Aromatique et Médicinale, qui s'est structurée en syndicats, en assos, etc. Et donc, tout ça, j'écoute à chaque fois vos remarques. Et dans la quinzaine qui va arriver cette année, on va avoir Denise Lambert, qui a travaillé le pastel depuis, j'ai envie de dire, 30 ou 40 ans, je pense, qui avait monté une capa. une coopérative pour les plantes tinctoriales et en fait je lui ai demandé de venir nous faire un retour d'expérience qu'en gros on s'inspire de ce qui a marché et ce qui n'a pas forcément marché ou ce qui est perfectible mais oui la suite logique de tout ce mouvement c'est que c'est très bien d'accueillir les nouveaux agriculteurs, c'est très bien d'avoir des moments d'échange, c'est très bien d'avoir quelqu'un qui vous met en avant par un podcast, le magazine qui vient de sortir d'ailleurs où tu as un très bel article sur ton indigo ... mais ce qu'il faut, c'est s'activer, en fait. Il va falloir passer l'étape d'après, quoi. Parce qu'on ne sera pas entendus ni... Je pense, on ne sera pas entendus si on n'est pas regroupés, s'il n'y a pas des structures qui se créent et s'il n'y a pas un territoire ou plusieurs territoires qui transforment. Bon, voilà, je dis ça, je dis rien, mais en tout cas, tous les Bretons, si vous voulez vous mobiliser avec Aline et Stéphanie et il y a Besté aussi, Besté Bonnard, c'est une... En Bretagne, il y a Michel Garcia, c'est quand même un atout de choix, pas de marque. Donc voilà, en gros, si je peux moi aussi faire un appel, c'est vraiment qu'il y ait un territoire qui se mobilise et qui nous dise comment on peut l'aider, l'accompagner, qu'il soit le pionnier et qu'on s'en inspire pour d'autres territoires en France.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ouais, c'est clair. Il y a aussi, tu le disais, sur la filière, c'est effectivement de mettre un peu en adéquation ou en relation l'offre et la demande. Et ça, je pense que c'est aussi quelque chose, quand on est dans un monde agricole, c'est une marche à franchir. Et effectivement, à travers ton podcast, on voit des gens qui transforment et des industriels qui ont des... des process un peu différents, mais du coup ça nous ouvre un petit peu sur nos débouchés possibles futurs. Donc ça c'est quand même hyper important de penser bioplastique, de penser autre que textile, même si c'est le débouché, on va dire, le plus important. Pour les plus identifiés,
- Aline Perdereau
c'est clair. C'est hyper intéressant ce que tu dis, parce que c'est un peu, si moi je parle des projets de la suite, c'était pas prévu du tout au programme, mais en gros, c'est ça l'idée, c'est que tu vois, il y a beaucoup d'agri. qui me disent « Nous, on a la tête dans le champ et on n'est pas des bons commerciaux. » C'est-à-dire qu'on ne sait pas forcément défendre notre travail dans le sens où ils font des produits de qualité et ils ne les vendent pas forcément au prix que ça nécessiterait. Et d'un autre côté, moi j'ai des industriels, des gens qui sont, on va dire, dans la partie débouchée, qui eux cherchent de la matière, cherchent de l'approvisionnement. et sont parfois rebutés par le fait que ça veut dire qu'il va falloir contacter plein de monde, ça veut dire qu'il va falloir analyser plein d'échantillons, ça veut dire qu'il va falloir prendre contact avec des agris différents qui n'ont pas les mêmes prix, qui n'ont pas les mêmes envies, qui n'ont pas les mêmes projets, bref. Et donc se joue la question, comme tu disais, de comment vous faire vous rencontrer les débouchés avec l'amont-laval, clairement. Et ça, clairement, c'est dans les idées de la suite. C'est-à-dire que je n'ai pas envie de garder pour moi les débouchés qui sont sortis du bois récemment. Et j'ai envie de soutenir les agriculteurs. Et du coup, c'est pour ça que j'ai pu me permettre de demander à certains agriculteurs un peu comment ils étaient, s'ils avaient du stock, si ceux-ci, si ceux-là répondaient ceux qui avaient envie de répondre. Mais c'était pour voir un petit peu s'il y avait l'occasion de réunir ces deux. de l'amont et l'aval autour d'un rendez-vous. Alors, on fait la quinzaine de l'agriculture tinctoriale, ça peut être autre chose, mais en gros, faire que ça émerge, parce que je serais vraiment dégoûtée qu'en fait, ils aient cherché leurs ressources ailleurs, tu vois, ça me rendrait trop folle. Donc oui, l'idée, c'est bien ça, de se faire rencontrer l'amont, l'aval, mais de vous protéger aussi pour les années où c'est plus compliqué, et il faut le dire quand même, c'est pas une super... position. C'est un peu précaire quand même l'agriculture dans le sens où t'as un pépin de santé où il fait moche. Tu vois ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Le pépin de santé, c'est quand même plus compliqué. Je l'ai expérimenté au mois de septembre avec une légère coupure à la main. C'est très compliqué. Après, s'il fait moche... On a peut-être moins de choses, il faut plus s'organiser pour la récolte, mais on aura toujours moyen de trouver des choses à récolter et à transformer, ça c'est sûr. Sur la partie commercialisation et création de l'eau, par exemple, ça c'est vraiment un sujet important parce que... On n'a pas encore de coopérative entre agriculteurs, ni à l'échelle de la Bretagne, ni ailleurs à ma connaissance. Donc c'est ces structures-là un peu intermédiaires qui pourraient nous permettre d'avoir quelque chose qui soit un peu plus linéaire sur plusieurs années, des lots un peu plus importants, et que les gens s'y retrouvent et d'un côté et de l'autre. Donc effectivement, on a encore beaucoup de travail.
- Aline Perdereau
mais c'est passionnant non non c'est passionnant et c'est vraiment tu vois clairement dans ma vie passée j'ai travaillé sur les filières agricoles mais pour l'alimentaire donc pas grand chose à voir mais quand même et en fait c'est ça c'est comment comment accompagner les agriculteurs et leur permettre une certaine comme tu dis stabilité vision long terme mise en culture culture garantie tu vois même des corridors de prix pour être sûr de ne pas être donc tous ces trucs là et de l'autre côté répondre au cahier des charges des industriels la quantité qui est importante les qualités, il faut toujours se rappeler que pour eux ils ont besoin de quelque chose de stable dans le temps, un approvisionnement régulier et on ne peut pas se permettre de dire tiens il a fait moche, on n'a plus rien à te donner donc tout ça, ça s'organise en tout cas ça commence à se dessiner plus que très clairement et j'espère pouvoir l'aborder à la quinzaine et qu'on se mette ensemble et qu'on se mobilise et j'avoue Je compte sur deux territoires en particulier, l'Occitanie et la Bretagne. Parce que franchement, vous avez tout pour transformer. Et j'aimerais vraiment que vous soyez les moteurs de cette structure qui serait géniale à relayer, à appuyer. Moi, c'est simple. Si j'ai un vœu, je ne le fais jamais dans les podcasts, mais si ce serait ça, tu vois, ça me ferait trop plaisir. Oui,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
c'est clair. Bon, Aline ?
- Aline Perdereau
J'ai une dernière question à te poser. Est-ce qu'on a oublié des choses dans tout ce qu'on s'est raconté ? Est-ce qu'il y a des sujets que toi, tu veux aborder qui te tiennent à cœur ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
écoute je pense que j'ai à peu près fait le tour là si tu parlais de l'atelier paysan je reviens sur cette question d'autonomie parce que pour moi c'est aussi très important ça va être là dans quelques jours ça va être mon deuxième stage soudure avec l'atelier paysan et voilà je ne peux que encourager mes semblables à faire cette démarche parce que c'est toujours bien de savoir réparer, concevoir, transformer un outil qui soit manuel ou tracté avec le tracteur, on a toujours besoin de choses pour nous aider dans le champ. Pensez à l'autonomie, beaucoup, la débrouillardise, pas mal, et puis la qualité, la qualité, la qualité. Voilà.
- Aline Perdereau
Bon, top. Bon bah écoute Aline, je suis ravie en tout cas qu'ils viennent à cette quinzaine pour justement présenter un plus grand nombre comment se débrouiller et être en mode MacGyver dans son champ. Je voudrais te remercier énormément parce que ton témoignage à la quinzaine de l'agriculture tinctoriale avait marqué les esprits. J'ai eu plusieurs messages et tu avais vraiment fait une présentation hyper structurée et je te remercie pour ça parce que c'était vraiment très intéressant. Et je suis hyper contente qu'on ait réussi à se caler un épisode. Et puis, je renvoie les gens sur ton site Internet, sur le magazine en ligne où on parle de ton indigo. Et je serais ravie de continuer à suivre tes aventures. En tout cas, un grand merci, Aline, d'être venue et de nous partager tout ça, toute ton aventure en Bretagne.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Merci beaucoup, Pauline. Bonne continuation pour le podcast et puis tout ce que tu entreprends pour la filière. Je trouve ça... exceptionnel, il faut vraiment un courage et une hargne depuis le début bravo quoi merci Aline je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram Artecovert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour
- Speaker #2
y découvrir le nom des prochains invités je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale indigo tendance innovation nuances indigo