- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur.
- Anne Kalunji
Mon but,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti,
- Anne Kalunji
bonne écoute !
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Anne Kalunji. Bonjour Anne. Alors Anne, je suis ravie de vous recevoir parce que je cherche depuis un moment... à recevoir une plume à cier et vous avez répondu présente. Je suis vraiment ravie, je vous en remercie. Est-ce que vous pouvez vous présenter pour les auditeurs, expliquer un petit peu votre parcours ?
- Anne Kalunji
Oui, bien sûr. Moi, c'est une reconversion. En fait, j'ai eu une première partie de ma carrière où j'étais assistante commerciale, donc rien à voir avec les métiers manuels. Suite à un gros burn-out, j'ai voulu me reconcentrer et je me suis dit, sur des choses essentielles, sur le travail de la main qui pour moi faisait sens. J'ai fait différentes formations et lors d'une formation, je me suis retrouvée avec un formateur qui était lui-même plume à scier et qui m'a dit que ça me conviendrait bien et que ça serait bien que j'essaye. Donc il m'a fait découvrir la plume, il m'a montré tout ce qu'on pouvait faire avec de la plume et j'ai dit on essaye et là je suis tombée dedans.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors du coup Anne qu'est-ce qu'on peut faire avec la plume c'est quoi les débouchés à quoi on peut l'employer ?
- Anne Kalunji
Alors on peut tout faire avec de la plume il suffit d'avoir un peu d'imagination alors tout d'abord on peut faire des bijoux des boucles d'oreilles, des plastons on peut faire tout ce qui est accessoire de la personne les bijoux de cheveux les broches mais on peut faire aussi des tableaux donc tout ce qui est décoration maison. On peut faire de la marqueterie, donc coller de la plume sur du bois ou tout autre support pour des meubles par exemple, pour faire des portes ou des miroirs par exemple. Qu'est ce qu'on peut faire ? On peut faire des habits. En haute couture on utilise énormément de plumes notamment pour imiter la fourrure mais aussi pour avoir un côté un peu vaporeux. On peut faire des costumes. Tout le monde connaît le Lido et les cabarets parisiens. Voilà, j'ai fait à peu près le tour. Donc, tout ce qui est haute couture, théâtre.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et une utilisation dont on ne pense pas, mais qui vient de m'arriver, c'est tout ce qui est aussi rembourrage. Mais là, ce n'est pas la même plume qu'on utilise.
- Anne Kalunji
Alors, c'est de la plume naturelle, tout ce qui est plume d'oie. Mais ce n'est pas les mêmes plumes qu'on utilise, bien évidemment.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Donc ça c'est top. Est-ce que vous pouvez nous expliquer votre activité, vous la pratiquez où, quand est-ce que vous vous êtes lancée et quel type de produit vous avez choisi de travailler ?
- Anne Kalunji
Alors moi j'exerce mon activité au Vaudreuil, c'est dans l'heure, entre Évreux et Rouen. J'ai mon atelier où je fabrique essentiellement des bijoux mais pas que, je fais aussi des tableaux. J'essaye aussi de lancer une collection capsule avec des vêtements qui sont décorés avec des plumes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Génial. Et est-ce que le métier de plumassier, déjà je ne savais pas l'orthographier correctement, mais est-ce que le métier de plumassier, il est encore fréquent en France ? Est-ce qu'il y a encore des formations ? Est-ce que vous êtes nombreux ?
- Anne Kalunji
Alors, c'est un métier qui était en perdition. Comme on était... 300 début du 20e siècle aujourd'hui on est entre 30 et 50 donc ça a été un métier en perte de vitesse dans les années en gros 60 70 avec l'arrivée du pétrole et puis du plastique et tout ça donc du coup il y avait moins d'attrait pour la plume Petit à petit, la mode est un éternel recommencement. On a réutilisé la plume dans les collections. L'arrêt de la fourrure a fait aussi que la plume a été intéressante pour la haute couture. Et parce qu'aussi, il y a un lycée à Paris, dans le 16e, qui s'appelle Lycée Octafelier, où c'est le seul lycée en France où on dispense un CAP de plumassier. Donc, ça, c'est pour les jeunes à partir de la troisième. Mais il y a aussi des formations adultes pour se former à la plumasserie.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Génial. Ça, c'est très bien, parce qu'on se rend compte dans… dans l'univers aux alentours des couleurs végétales, que ça manque cruellement dans les formations d'aborder le sujet de la couleur végétale, des teintures végétales, de tout l'emploi du végétal. C'est un peu zappé. Enfin, ce n'est pas un peu, c'est beaucoup zappé dans les programmes. Et donc, c'est important de parler de la formation. Donc, top. Donc, vous nous avez parlé des bijoux, des tableaux et des vêtements. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de comment ça s'organise tout ça ? Est-ce que c'est des... votre écosystème, qui sont vos partenaires, comment vous obtenez vos plumes, comment vous les choisissez, parce que je me doute que, donc j'ai vu sur vos sites, vous sélectionnez, ce n'est pas n'importe quelle plume, est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu tout ça ?
- Anne Kalunji
Alors d'abord, ce qui est très très important, c'est qu'on est régi par la Convention de Washington, la CITES, et en fait c'est la protection de la faune et la flore. Donc on n'a pas le droit d'utiliser n'importe quelle plume. On utilise, pour faire, que les plumes d'oiseaux comestibles donc tout ce qui est la chasse et tout ce qui est basse cour d'accord voilà donc moi j'utilise des principalement des oiseaux de chasse le faisant par exemple différents types de faisant qui ont énormément de couleurs sur leur peau donc avec une variété incroyable donc j'aime beaucoup travailler avec les faisans mais aussi avec les animaux de basse cour, tout ce qui est coq, poule, oie, dindon, pintade, et puis je vais en oublier, mais voilà, tous ces animaux-là. Donc voilà, moi je préfère travailler avec des animaux qui sont proches de chez nous, et auxquels je m'approvisionne auprès de chasseurs et de fermiers.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et donc, je vous ai posé une question. Avec le lien avec la couleur végétale, je m'interrogeais plusieurs questions. Des fois, on voit des plumes dans des sachets, dans des magasins colorés.
- Anne Kalunji
De loisirs créatifs.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
De loisirs créatifs, exactement. C'est le terme que je cherchais. Est-ce que déjà, ce sont des plumes naturelles ? Est-ce que ce sont des plumes qui viennent vraiment d'oiseaux ? Déjà, c'est ma première question. Parce que des fois, je me dis qu'on aurait peut-être pu inventer des fausses plumes. Et comment cette couleur arrive ? Quand je vois les... Les couleurs flashy, je me doute que ce n'est pas de la couleur végétale, mais est-ce que vous pouvez m'aiguiller un peu là-dessus, sur cette petite enquête ?
- Anne Kalunji
Alors, ce sont des plumes d'oiseaux. En général, c'est de l'oie ou de la dinde. Ce sont des plumes qui ne sont pas de très bonne qualité. Par contre, vous avez raison, ce ne sont pas des couleurs végétales. Ce sont des couleurs totalement de synthèse. Et donc, on peut... contre teindre la plume alors moi de mon fait je préfère utiliser la plume naturelle telle qu'elle parce qu'en fait il ya un érysée qui est quand même extraordinaire et que la nature est quand même bien fait donc je jongle avec les différentes couleurs que la nature nous donne par contre on peut teindre la plume c'est possible il ya les plumes acier teignent selon ceux qui veulent faire on teint en général pas forcément avec des teintures végétales car la teinture végétale est terne, elle a un rendu terne pour la plume donc on préfère la teinture de synthèse mais après c'est à chacun, chacun voit midi à sa porte et chacun peut le faire mais c'est faisable aussi, la teinture végétale peut être peut être mise sur les plumes sans souci.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Sans souci, d'accord. Comme c'est une fibre naturelle, elle peut être teinte végétalement. Ok, donc quand elles sont teintes, de manière synthétique on va dire, c'est à partir de plumes blanches. Donc le défi c'est quand même de trouver de la plume blanche. Est-ce que ça c'est fréquent ? Parce que je faisais un peu le tour dans ma tête, je me dis à part faire un élevage spécifique.
- Anne Kalunji
Ah si, vous avez la dinde, vous avez l'oie. elle n'est pas très blanche mais l'autruche on teint beaucoup l'autruche parce que l'autruche c'est Il n'y a pas une couleur vraiment très très belle. C'est soit blanc cassé, gris, noir, on ne sait pas trop. Donc l'autruche, l'autruche, pardon, des teintes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok.
- Anne Kalunji
Voilà.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et ils utilisent quoi comme type de teinture ?
- Anne Kalunji
C'est des teintures style Dillon, les teintures Dillon qu'on trouve en grande surface, ou les teintures Ponsard.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok.
- Anne Kalunji
Spécifique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et est-ce qu'à votre connaissance, il existe des plumes acier qui se sont spécifiées, enfin rendues spécifiques ? Oh là là, spécialisées, je cherche mes mots. On va y arriver. Spécialisées dans la teinture de plumes végétales. Et est-ce que le côté terne, ce n'est pas juste une question de technique ?
- Anne Kalunji
Alors, je pense à Légeron, par exemple, qui a un grand tâturier qui... teint mais c'est de génération en génération donc en fait il n'est pas spécialisé dans la peinture dans la teinture pardon mais ils ont un savoir-faire qui date de deux dizaines et des dizaines d'années donc automatiquement où ils ont un savoir-faire exceptionnel d'accord
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok donc c'est possible c'est parce que vous vous pratiquez et globalement le ressenti c'est que c'est un peu terme donc du coup on se tombe plutôt vers du du synthétique Ok, alors j'ai vu, vous savez on voit des fois les tendances de la mode, les retours de la mode, etc. Et j'ai vu que la plume, alors je ne sais pas si c'est parce que j'allais avoir un épisode avec vous, mais il y en a partout, j'ai vu que ça revenait vraiment dans le luxe, que c'était vraiment en retour. Est-ce que vous avez aussi ce sentiment-là, qu'on retravaille ce support ? Vous le sentez vous aussi ?
- Anne Kalunji
Tout à fait. On peut dire qu'il y a 10-15 ans, il y avait encore... peu de gens qui s'intéressaient à la plume aujourd'hui de plus en plus on voit de la plume on voit dans les collections haute couture de plus en plus de plumes dans les dans le prêt à porter aussi on en voit de plus en plus donc
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est la plume est à la mode et tant mieux comme ça le le d'accord d'accord et donc quand vous avez enfin j'aimerais bien qu'on parle un petit peu de ce que vous apprenez en école de plume acier, parce que je suppose là, en y réfléchissant rapidement, qu'il y a différents types de plumes, même sur le même oiseau, on a l'eau duvet, on a les plumes plus longues, etc. Est-ce que c'est des choses que vous, vous apprenez ? Ou vous apprenez ça, et d'autres techniques, est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ?
- Anne Kalunji
En fait, en fonction de la plume, on fait ou on ne fait pas. C'est-à-dire que si on prend une plume d'aile, qui est plus costaud, plus... c'est logique puisque c'est elle qui va se poser sur l'air pour que l'oiseau puisse voler, on ne fera pas les mêmes choses qu'avec une plume de duvet, ou une plume de tête, ou des plumes de corps. Donc en fonction de la plume, on sait ce qu'on va faire, on nous apprend, voilà, tel bijou on va faire avec ces plumes, tel habit, ou par exemple les couronnes qu'on voit chez les indiens avec des plumes pleines. très dures, avec un rachis qui est très dur, automatiquement, on va les positionner sur la tête parce qu'elles tiennent droite. Voilà, c'est un exemple commun pour montrer qu'on est obligé de mettre les plumes en fonction de leur utilisation finale.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Quand vous dites rachis,
- Anne Kalunji
c'est le… C'est l'arrêt de centrale, on va dire.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok, c'est ça, l'arrêt de centrale. Ok, d'accord. Donc ça, top. Est-ce qu'il y a des traitements particuliers à mettre ou à appliquer sur des plumes naturelles pour tel ou tel usage ? Par exemple, quand vous faites vos bijoux, vos boucles d'oreilles, est-ce que vous appliquez quelque chose sur la plume ou en fait, la plume, il n'y a pas besoin de traitement, elle tient toute seule ?
- Anne Kalunji
Alors, quand on obtient des plumes, par exemple des chasseurs, d'abord on les lave parce que bon, elles sont… elles sont dans la nature donc automatiquement elles peuvent être salies donc on les lave ensuite on les fait sécher et ensuite on les met au congélateur donc moi je les mets au congélateur plusieurs jours plusieurs semaines en fonction de l'utilité que j'ai et comme ça par moins 18 en fait les petites bestioles tout le monde dort après donc il n'y a plus de soucis voilà Donc je n'utilise pas forcément des traitements, mais le congéateur va éviter que les mites, parce que c'est en particulier les mites qui mangent les plumes, viennent se régaler sur la kératine des plumes.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et on disait en préparant l'épisode que vous, vous utilisiez des plumes naturelles et que c'était un peu comme les laines de mouton. En fonction de ce que mangent les oiseaux, d'où ils viennent, etc., la qualité de la plume et la couleur de la plume n'est pas la même.
- Anne Kalunji
C'est un exemple que tout le monde connaît, le flamant rose. En fait, les plumes, elles sont roses parce qu'en fait, ils mangent des pigments, des crevettes qui sont roses. Donc, ça devient, leurs plumes deviennent teinties. D'accord. Il y a des articles sur, alors moi je ne suis pas forcément scientifique, mais il y a des articles sur Wikipédia qui sont très très intéressants sur justement la teinture de la plume, la teinte, pas la teinture, la teinte de la plume des oiseaux.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Alors. Du coup, donc pas forcément de traitement, vous passez par le froid qui est naturel pour enlever, on va dire, toutes les petites parasites, etc. Et quand vous travaillez vos œuvres, est-ce que vous avez besoin de fixer d'une certaine manière la plume ? Ou en fait, comme la plume, elle subit toutes les intempéries chez les oiseaux, en fait, il n'y a pas besoin de…
- Anne Kalunji
Je ne sais pas, la plume est naturelle. Quand je la mets sur une boucle ou sur un plastron, mis à part la colle… qui sert à tenir la plume sur le support, il n'y a rien d'autre.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Plastron, c'est ce genre de truc-là ? C'est un truc autour du cou ? D'accord.
- Anne Kalunji
Voilà. Vous, vous avez un collier, le plastron, il va être 4-5 fois plus...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Voilà. D'accord, ok. En fait,
- Anne Kalunji
c'est quelque chose qui vient sur le haut du buste.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Est-ce qu'il y a des civilisations ou des peuples qui ont plus utilisé la plume que d'autres ? Parce que... J'ai pas l'impression que nous c'était très... Alors après, j'ai pas forcément la culture là-dessus, mais est-ce qu'on avait cette culture en France ?
- Anne Kalunji
Alors pas forcément. Les plus beaux plastrons qu'on peut avoir, c'est les Amérindiens et tout ce qui est Amérique du Sud, avec tous les plastrons qu'il y a en Amérique du Sud qui sont encore visibles dans les musées et qui, malgré des centaines d'années sans protection, sont aujourd'hui... bien conservé et magnifique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de vos partenariats ? Comment ça se fait ? Est-ce que c'est des acteurs qui viennent vous chercher pour des projets spécifiques ? Ou est-ce que vous proposez des services ? Comment ça fonctionne ?
- Anne Kalunji
Alors, je n'ai pas forcément... Alors, moi, je suis artisane. Je travaille pour mon compte. Je ne travaille pas forcément pour quelqu'un. Par contre, j'ai des partenariats avec d'autres artisanes. Par exemple, Juliette-la-Ville, où on a fait un partenariat qui est plisseuse. Elle plisse du tissu. Et on a fait des tables gigognes, donc entre le plissage et la plume. Donc, il y a toute une petite histoire entre l'araignée qui vient tisser sa toile et qui vient manger les insectes qui sont en plume. Voilà, donc on avait fait une petite histoire comme ça. Et on a fait... On est en train aussi de faire un mécanisme pour une exposition aux châteaux. Ah ben j'ai oublié, je ne m'en rappelle plus. Ça va revenir. Et voilà, donc avec Juliette, on aime bien faire des projets comme ça tous les deux, trois ans pour s'amuser en fait, tout simplement. Sinon, j'ai fait aussi des bijoux avec une bijoutière qui s'appelle Émie Héloi. où elle façonnait son bijou et moi je mettais de la plume sur ses bijoux.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et est-ce que vous avez été contactée par des maisons de luxe ou de la haute couture, etc. ? Ou ce n'est pas des choses qui vous intéressent, vous êtes plus sur les bijoux ?
- Anne Kalunji
Alors moi ça ne m'intéresse pas forcément parce que tout ce qui est haute couture, en fait le directeur artistique propose quelque chose. impose quelque chose et on doit exécuter en fait ce qu'il pense et moi je ne sais pas reproduire quelque chose donc je me sentirai pas forcément à l'aise pour travailler avec ce genre de personnes sachant qu'il faut il faut faire vraiment les choses qu'ils proposent il n'y a pas de côté artistique donc c'est vrai que pour moi c'est difficile de recréer quelque chose qu'on impose
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Est-ce que vous avez des actions de transmission de votre savoir ? Parce que, comme vous dites, vous n'êtes plus qu'une petite cinquantaine aujourd'hui. Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui pour transmettre ce métier et votre connaissance ?
- Anne Kalunji
Alors, je fais partie d'une association qui me tient vraiment à cœur, qui s'appelle De l'or dans les mains, une association qui a trois ans, qui intervient dans les collèges, dans les niveaux de sixième et cinquième, et qui, avec les professeurs, font intervenir des artisans trois fois l'année, où, alors, dans un premier temps, on explique pourquoi on est artisan, pourquoi… on fait ce métier, mais il y a aussi toute une partie où les enfants, les jeunes ados, travaillent, par exemple, pour ma part, travaillent la plume. Donc je leur fais faire un objet pendant 50 minutes, alors c'est vite fait, parce qu'en 50 minutes, on n'a pas le temps de faire grand-chose, mais au moins ils touchent la matière. Donc que ce soit moi la plume, ou ça peut être le bijou, ça peut être la couture, ça peut être la poterie, ça peut être le bâtiment, ça peut être tout et n'importe quoi. du moment que l'enfant travaille avec ses mains. Et ça permet, avec les professeurs, d'aborder le travail manuel, le travail de l'artisanat, qui aujourd'hui n'est pas du tout abordé à l'éducation nationale. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur, parce que c'est une association qui remplace, en fait, tout ce qu'on savait faire il y a quelques années, ou qu'on apprenait en travaux manuels il y a peut-être 20 ans et qui n'est plus aujourd'hui. Donc, ça ouvre l'esprit à certains jeunes qui ont envie d'aller vers le manuel et qui ne connaissent pas forcément les filières.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, l'artisanat. D'accord, super. Est-ce que dans votre domaine, il y a des personnes inspirantes ? Est-ce que vous avez des sources d'inspiration, des gens que vous allez régulièrement regarder, consulter, dans le domaine de la plume, ou qui vous inspirent ?
- Anne Kalunji
Je fais beaucoup d'expositions sur Paris, dans les musées, et donc c'est mon inspiration première. Dès qu'il y a une nouvelle exposition, que ce soit les arts déco, que ce soit... les galeries Dior Saint-Laurent, Galiera, et j'en passe. C'est vrai que j'essaye d'aller dans ces expositions, car c'est les meilleurs ambassadeurs, donc ça donne des idées. Mais la nature aussi, tout simplement. C'est vrai que quand j'observe, quand je me balade dans la forêt, dans les campagnes, c'est vrai que j'ai aussi des inspirations qui viennent de la nature.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Si vous deviez choisir une plume ? laquelle vous seriez, pourquoi ? Et quelle est celle que vous aimez travailler ?
- Anne Kalunji
Alors, celle que j'aimerais avoir chez moi et que je n'ai pas parce qu'elle est rare et chère, c'est le faisant Argus. Je trouve que c'est une des plus belles plumes parce qu'elle a la couleur un peu… Alors, elle a des ronds violets. On a l'impression qu'ils sont en relief tellement que le violet est profond. Mais aussi, elle a des tâches un peu… un peu, je dirais pas de léopard, mais presque, avec plein de petits points, c'est vraiment extraordinaire, c'est une plume qui est sensationnelle. Et puis la plume que j'aime travailler, ça dépend ce que je fais en fait, c'est vrai que j'aime travailler par exemple des toutes petites plumes de tête de faisan, parce que j'aime tout ce qui est minutieux, j'aime travailler aussi les plumes par exemple de pente, parce qu'elles ont un irisé et qu'on peut jouer avec cet irisé-là. Mais ça peut être aussi des plumes de corps ou d'autres faisans et jouer avec les formes et les couleurs en même temps. Donc en fait, tout dépend du projet.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et c'est quoi les outils d'une plumassière ? Vous, vous servez de quoi en fait ?
- Anne Kalunji
On se sert de ce qu'on appelle une pince fourreur. D'un côté, c'est une pince... comme une pince à épiler et de l'autre côté c'est une pointe donc en fait avec la pointe on prend la colle et avec la pince on prend la plume simplement, une paire de ciseaux pour couper, un ciseau à parer c'est à dire pour enlever de l'épaisseur sur la plume une pince, oui pas une pince, un couteau à friser aussi donc il nous faut très très peu de joutes Avec 3-4 côtis, on peut se balader et faire notre métier.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et est-ce que vous utilisez à chaque fois la plume entière ? Est-ce que vous pouvez découper, je pense à la plume de faisan, est-ce que vous pouvez découper des petites parties, pas forcément prendre tout le rachis ? Oui, ça vous fait ?
- Anne Kalunji
En fait, tout dépend. En fait, quand on trie, on va définir la hauteur de la plume et tout ce qui ne nous intéresse pas, en fait, on va le couper et on va le jeter.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Ok, top. Est-ce que vous avez dans votre domaine des livres que vous pourriez recommander pour les gens qui s'intéressent à ce domaine-là et qui aimeraient bien creuser un petit peu le sujet de la plumasserie ?
- Anne Kalunji
Non, parce qu'en fait, il n'y a pas de livre sur la plumasserie. C'est un métier qui se transmet à l'oral. Il n'y a pas d'écriture.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est incroyable, c'est incroyable ça.
- Anne Kalunji
Et en fait, on transmet les gestes. Mais les gestes, c'est vrai qu'ils sont difficilement explicables. Donc, en fait, c'est du bouche à oreille.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Donc, encore plus précieux de former des gens et de… Oui, carrément. D'accord, OK. Est-ce que vous avez des projets ? Quels sont vos prochains projets qui arrivent ? Ou vos défis ? Ou les sujets que vous avez envie d'approfondir sur la plume dans les prochains mois ?
- Anne Kalunji
Défi et puis projet, c'est de développer… la plume et le vêtement parce que c'est vrai que ça me plaît bien je suis à la base moi j'ai toujours cousu mais j'ai un CAP de couturière en fait voilà c'est mixer la couture avec la plume ça m'intéresse énormément maintenant comment pourquoi j'ai ça dans moi et j'ai envie de le faire après je sais pas si ça aboutira mais voilà j'ai envie de m'amuser aussi à j'ai mis un parce que Pour moi, aujourd'hui, mon travail est plus un plaisir qu'autre chose. C'est vrai que chaque jour, j'ai envie de créer. Chaque jour, j'ai envie de faire quelque chose de nouveau. Dès que je fais un nouveau plastron, j'ai envie après que découle une collection derrière. Donc, voilà, c'est des défis, je dirais, permanents, en fait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Génial. Du coup, c'est intéressant parce que sur le podcast, on a quand même pas mal de personnes qui travaillent les vêtements, la teinture végétale. etc. Ça peut être un super bon lien. Donc, on peut penser...
- Anne Kalunji
Tout à fait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, carrément. Moi, j'aime bien faire du lien et mettre les gens en relation.
- Anne Kalunji
C'est naturel, en plus. Donc, c'est vrai que...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, ça peut très bien s'allier. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ou un sujet que vous vouliez aborder particulier avant qu'on ne se quitte ?
- Anne Kalunji
Non, pas particulièrement, mais à part... qu'il faut être curieux. Moi, sans ma curiosité, je n'aurais jamais été plumassière. Je suis aussi parurière florale. Et donc, voilà. Mais c'est un autre sujet. Et je pense qu'avec la curiosité, on peut avoir différentes formations. On peut faire différentes choses et justement s'éclater et ne pas vivre comment dire, pour s'éclater dans son travail, tout simplement, en fait. C'est mon principal souhait aujourd'hui, c'est de travailler en m'éclatant, et c'est ce que je fais tous les jours, et je le souhaite à bon nombre de personnes qui écouteront ce podcast.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah, c'est chouette. Bon, ben, merci beaucoup, Anne, pour toutes ces infos et la découverte de ce métier, qu'on orthographie bien avec deux S, parce que j'ai fait quelques erreurs. et merci beaucoup de cette ouverture j'espère que ça aboutira sur des petits ponts entre toutes ces artisanes qui travaillent les fibres naturelles, pourquoi pas l'intégration de plumes,
- Anne Kalunji
enfin bref je laisse les gens qui sont très créatifs autour du micro et pourquoi pas c'est vrai que ça peut être aussi une idée et moi c'est ce que j'aime dans ces échanges c'est que une idée en amène une autre et c'est génial
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est ça, c'est génial. Bon, écoutez, merci beaucoup, Anne.
- Anne Kalunji
Merci à vous.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je coupe là, mais on reste ensemble si ça ne vous dérange pas. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram, ARTECOVERT, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix. de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
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