- ArtEcoVert Pauline Leroux
Bonjour et bienvenue dans le podcast ARTECOVERT, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Aréco Vert. Je suis ravie aujourd'hui de recevoir Fabienne Cozic du laboratoire Isatis. On se demande bien de quoi on va parler. Bonjour Fabienne.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Bonjour Pauline.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors Fabienne, je voudrais que vous puissiez vous présenter pour nos auditeurs, raconter un petit peu votre parcours qui m'a personnellement passionnée, pour nous expliquer comment vous en êtes arrivée à la coloration capillaire végétale.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
D'accord. Alors effectivement, c'est un long parcours, mais c'est un parcours qui en fait a été ponctué de passions. En fait, ma première passion, c'est le cheveu. J'ai été coiffeuse de 15 à 25 ans, en même temps que j'étais sportive de haut niveau. et donc j'ai adoré ce métier et c'est un métier vraiment que j'ai choisi et que je continue d'aimer. Ensuite, j'ai parlé le jeu des passerelles du ministère de la Jeunesse et des Sports et de l'enseignement supérieur. J'ai fait un master de finance de marché à la Sorbonne à Paris et donc je suis rentrée en tant que trader junior par la petite porte à la Bourse de Paris quand elle existait encore. J'ai été embauchée par la Caisse Nationale du Crédit Agricole et je faisais du trading sur fonds propres en fait. Et j'ai travaillé dans la finance de marché toute ma vie jusqu'en 2006, où je me suis dit, j'ai quand même envie de faire autre chose. J'ai un petit système de valeur qui était vraiment plus en phase avec ce que j'avais envie d'être. Et donc, j'ai démissionné. Je suis partie faire un grand tour du monde qui a duré cinq ans. Donc, j'ai parcouru le monde pendant cinq ans. Tour du monde durant lequel j'ai travaillé pour des ONG en microcrédit en Afrique et en développement durable au Canada. Et je suis rentrée en 2011 en France pour des problèmes de santé. Et j'ai eu envie de continuer une aventure autour de choses qui me passionnaient, comme la nature, le développement durable, etc. Et j'ai eu la chance d'être interrogée par l'ancien incubateur de la région Poitou-Charentes. J'ai été appelée et on m'a proposé de rejoindre une société d'extraction de molécules colorantes dans les végétaux à côté de La Rochelle. J'ai rejoint cette société et j'ai eu tout de suite l'envie de comprendre un peu ce qui se passait dans ce monde-là. Nous avions comme client des grands noms de la cosmétique et notamment de la cosmétique capillaire qui faisait de la coloration un peu hybride. une coloration végétale, pas 100% végétale, etc. Puis là, je me suis dit, pour quelle raison on n'arrive pas à faire de la coloration 100% végétale avec tout le confort de la chimie ? Donc, je me suis interrogée, j'ai cherché, j'ai repris des études de chimie à l'école d'ingénieurs de Lyon, l'ITEC. Et voilà, à la faveur d'une publication, j'ai compris comment j'allais pouvoir fixer toutes ces belles molécules colorantes sur les cheveux. qui en fait, les molécules colorantes, les extraits colorants végétaux n'ont pas vocation à se poser durablement sur le cheveu. Ça ne se fixe pas. On le pose sur un cheveu, on rince et l'extrait colorant ne s'est pas déposé sur la fibre capillaire. Donc voilà, je me suis dit, tiens, je commence ça. J'ai déposé un brevet et puis j'ai commencé à chercher, chercher, avec un vrai bâton de pèlerin qui était de dire… Il n'y a pas que le henné et l'indigo dans la coloration végétale. Et puis surtout, on pourrait faire de la coloration végétale quelque chose d'aussi confortable avec les résultats de la coloration végétale qu'on aime, mais le confort de la chimie.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Top. Il y a la même problématique sur la fibre capillaire que par exemple dans la teinture textile. Teinture textile, c'est pareil. S'il n'y a pas de mordant, Ça glisse, à part si c'est des colorants substantifs, donc les colorants qui sont riches en tannin naturellement et qui n'ont pas besoin de ça. Et du coup, c'est hyper intéressant de faire le parallèle parce que finalement, la fibre capillaire, c'est une fibre. C'est une fibre. C'est une fibre animale, exactement.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors qu'il ne répond pas aux mêmes caractéristiques que la fibre animale textile que l'on teint. Le cheveu est très mystérieux. Et il demande beaucoup plus attention qu'une fibre textile. Quand on le comprend, moi ça fait maintenant 15 ans que je travaille sur le sujet, je crois que j'ai à peu près 600 extraits dans mon laboratoire. Donc je suis vraiment en capacité aujourd'hui de faire quasiment toutes les couleurs en une seule étape, avec des extraits que je produis moi-même.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ça, on va en reparler, Fabienne, parce qu'en fait, vous le savez, j'ai rencontré pas mal d'intervenants, d'acteurs de la coloration capillaire. Et une question qu'on retrouve dans chacune des échanges, c'est notamment les défis à relever demain. Donc il y a eu comment passer à une étape. comment réussir un blond, comment relocaliser en France la culture, comment... Bon bref, donc tout ça, on va y revenir. Pour poser le contexte, vous avez une place particulière, c'est-à-dire que vous êtes à la tête d'un laboratoire et j'aimerais que vous me présentiez rapidement votre laboratoire et que vous puissiez présenter derrière les services que vous proposez et aussi les produits que vous proposez, est-ce que vous faites un tout ? Et ensuite, on rentrera vraiment dans le... dans les questions qu'on a envie d'aborder toutes les deux. Mais posons déjà le laboratoire, parce que je trouve que c'est vraiment le truc hyper intéressant pour moi de voir la plus-value de votre témoignage.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Écoutez, là, on est dans mon laboratoire. Donc, je ne vais pas faire le tour parce qu'il y a des éléments un peu confidentiels. Mais il y a quelques petits outils qui vont parler à ceux qui connaissent un petit peu l'extraction. En fait, le cœur de métier du laboratoire, c'est de créer de la coloration végétale. uniquement pour le capillaire. Je ne travaille pas pour d'autres industries, je ne fais que de la coloration capillaire. Et l'idée, c'est que je vais prendre un végétal, je vais prendre une racine, une tige, une feuille, une fleur, une graine, un fruit, et je vais en extraire quelque chose ou en co-extraire quelque chose. Et à partir de là, donc là, on est vraiment dans un laboratoire de recherche, donc je fais de la recherche expérimentale. avec bien évidemment des cahiers de labo qui sont bien construits depuis maintenant 15 ans. Et donc je vais aller chercher dans un végétal quelque chose qui m'intéresse. Alors pour ça, on écrit une méthodologie d'extraction. Cette méthodologie d'extraction, elle a plusieurs paramètres et celle-ci va nous permettre d'aller chercher tel ou tel type de molécule qui va faire tel ou tel type de couleur. Je ne vais pas rentrer dans le détail puisqu'il s'agit de secrets de fabrication. Sur un bois, par exemple, un bois assez classique comme le campèche, à la manière dont on va le travailler, l'extraire, en durée, en température, etc., on peut en faire absolument toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, si tant est qu'on sache le travailler. Donc ça, c'est vraiment mon cœur de métier. Les gens qui viennent me voir, ils sont de plusieurs types. Il y a notre propre marque, Louise 14. Mais il y a aussi des marques de distribution avec parfois même des concurrents qui viennent me voir, puisque je travaille aujourd'hui pour un de mes concurrents. Et puis, il y a aussi des industriels qui sont des mastodontes qui viennent me voir et qui me demandent de contre-typer des produits qui sont 100% conventionnels et chimiques en 100% naturels. Alors, il faut savoir que la chimie du végétal a ceci d'extraordinaire, c'est que quand on sait vraiment travailler le végétal, et qu'on a à cœur de faire une solution 100% végétale, on a dans la nature absolument tout ce dont on a besoin. On a des gommes végétales qui sont magnifiques. On a des choses qui nous permettent vraiment d'avoir des produits quasiment aussi cosmétiques que la chimie pure. La chimie, ce n'est pas un mot péjoratif dans ma bouche. Je parle de chimie conventionnelle, je parle de produits conventionnels quand j'en parle. Moi, je fais de la chimie. Vous voyez, là, j'ai l'appareillage de chimiste. Donc, je fais la chimie du végétal. avec cette idée de faire toutes les couleurs d'un nuancier. Et ça, c'est un travail passionnant et qui demande énormément d'engagement. C'est le mien.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors Fabienne, vous avez dit plein de trucs hyper intéressants. J'aimerais bien revenir sur plusieurs points que j'ai notés. Pourquoi le choix de faire uniquement du capillaire ? Parce que les autres applications sont trop complexes ou trop différentes ? Ou c'est vraiment un choix de traiter une verticale de A à Z ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors en fait, je l'ai dit en me présentant, je suis une ancienne sportive de haut niveau. Et dans les autres industries, les bioplastiques, le textile, tout a été fait. On a des grands ponts dans notre environnement industriel, comme Michel Garcia, Dominique Cardon, etc. qui sont des gens qui ont une maîtrise totale du sujet. En revanche, le sujet du capillaire reste entier parce que la coloration capillaire végétale est très compliquée. Aujourd'hui, quelqu'un qui fait une gamme classique va avoir dans 95% de sa gamme du henné et ou de l'indigo. Moi, je ne suis pas sur ce créneau-là. C'est-à-dire que je vais chercher d'autres plantes qui vont faire le travail de la chimie, le travail d'une coloration chimique. Avec ce site extraordinaire, ça demande énormément de travail, mais ça demande aussi beaucoup de passion. Et moi, j'ai la chance d'adorer ce métier-là. J'ai la chance d'adorer la fibre capillaire. Et puis, c'est un parcours semé d'embûches. Je suis quelqu'un de très persévérant. Je suis très résiliente. Donc, j'ai cette double passion du cheveu et de la couleur végétale.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Vous avez parlé d'extraire et de co-extraire. Donc extraction, on comprend. On a eu des invités qui nous ont expliqué. On vient sortir une molécule d'intérêt d'un végétal. Quel qu'il soit, vous avez rappelé toutes les parties de la plante qu'on peut exploiter. Et pour le coup, franchement, on est gâté point de vue toutes les ressources qui sont possibles. Ça veut dire une première extraction et de cette extraction, réextraire quelque chose ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Je ne vais pas rentrer dans le détail parce qu'il s'agit d'un savoir-faire très propre au laboratoire. Mais... Il s'agit juste de mettre en concurrence, en opposition, en complémentarité, deux types de molécules et en faire quelque chose. Alors, tu n'es pas forcément une molécule colorante. Moi, j'ai parfois des stagiaires qui me disent, mais Fabienne, ce qu'on vient de faire, ça ne fait pas de couleur. Ah, mais tant mieux si ça ne fait pas de couleur, parce que ça peut faire autre chose. Donc,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
ce n'est pas forcément que la couleur qui est recherchée.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Non, et puis c'est un métier dans lequel il faut être extrêmement curieux. Il faut comprendre le comportement. de certaines couleurs, de certaines plantes, avec le cheveu.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
La méthodologie des extractions, on en a parlé notamment, on avait reçu Itep May, notamment, qui nous a parlé, qui nous a expliqué vraiment ce qu'était la phytochimie, la chimie verte, et qui a dit comme vous, attention, le mot chimie ne veut pas dire, n'est pas un gros mot, au contraire, et ça c'est très bien de le rappeler pour les auditeurs, parce que des fois on fait des raccourcis, donc ça c'est top. Alors, vous avez dit que dans les gens qui venaient s'adresser au laboratoire et à votre expertise, il y avait notamment des marques de distributeurs. Moi, marque de distributeurs, pour moi qui viens de la grande distri, c'est des marques de grande distribution.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Non, pas du tout. La marque de distributeurs, c'est une marque blanche. Un industriel, un concurrent, un retailer qui vient me voir en me disant moi, j'ai envie d'avoir une gamme un petit peu innovante et qui vient chercher chez moi une solution innovante puisque on ne l'a pas encore… définit cette solution innovante, mais j'ai à cœur d'apporter véritablement quelque chose de différent à ce marché.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Et alors, un autre terme qu'on n'a jamais entendu sur le podcast et du coup, j'aimerais vraiment que vous puissiez l'expliquer. Vous avez dit, il y a des personnes qui viennent me voir pour faire du contre-typage. Vous avez expliqué vite fait qu'en gros, c'est on prend un produit qui est, on va dire, pas super clean et on en fait quelque chose de super clean. C'est ça,
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
le contre-typage ? En fait, on a comme mission et moi, j'adore ça, puisque ça arrive très souvent. Et puis la magie des rencontres a fait que je travaille maintenant depuis plusieurs mois pour quelqu'un, un énorme groupe qui est très challenger et qui me donne des tubes comme ça et me dit, vas-y, montre-moi ce que tu sais faire. Et ça, c'est génial parce que c'est un peu la porte ouverte à une créativité incroyable. Parce qu'en fait, quand on prend un produit chimie conventionnel capillaire, on s'intéresse à une couleur. Et donc, on me dit, par exemple, on va dire, fais-moi un petit cisse. un comme ça en 100% naturel. Et moi, j'ai déjà dans mon disque dur toutes les plantes qui sont en capacité de le faire. Mais en plus, rajouter à ça tout ce que l'on peut retrouver dans la nature comme actif absolument extraordinaire qui permet en plus de faire du soin.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'est ça.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Et ça, c'est génial. Et en plus, dans les végétaux que je travaille, comme je travaille tout au thème de la plante, parfois je vais travailler la racine pour avoir ça. Je vais travailler la graine pour avoir le soin. C'est extraordinaire. Après, il faut avoir construit un réseau de partenaires autour de soi qui sont capacités de faire autre chose. Parce que, par exemple, sur celui dont je parle, faire de l'huile, je ne sais pas faire et ce n'est pas mon cœur de métier. Je vais récupérer les graines et je demande à quelqu'un d'autre de me faire de l'huile. Ils ont fait des super produits.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Génial, c'est top. En plus, on valorise toute la plante ou au maximum la plante.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Exactement. Génial.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
On m'a souvent dit... Oui, mais qui dit végétal, qui dit naturel, dit forcément beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher. Donc si, Fabienne, vous êtes la magicienne du passage du conventionnel au végétal, est-ce que vous, vous avez une notion de... Est-ce que forcément, c'est vraiment beaucoup plus cher ou en fait, c'est un argument juste pour ne pas y aller et ne pas se remonter les manches ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors en fait, c'est un vrai sujet. La coloration végétale, en tout cas, telle que moi, je la pratique avec des extraits puisque je ne travaille quasiment qu'avec des extraits. Dans une composition, je dois avoir peut-être à peine 20-25% de plantes pures broyées, micronisées. Mais tout le reste, ce sont des extraits, des gommes, etc. Oui, c'est plus cher. Bien sûr que c'est plus cher. Un extrait, moi j'ai des extraits aujourd'hui qui sortent à 280-350 euros le kilo. Sauf qu'ils sont tellement plus concentrés. J'en mets beaucoup moins dans ma solution, dans mon produit fini. Mais j'ai un résultat qui est beaucoup plus joli. J'ai une application en une seule étape. Je n'abime pas mon cheveu. Et donc, la cliente, qu'est-ce qu'elle se dit ? Au bout de trois mois de coloration végétale, certes, elle va payer peut-être 70 euros chez son coiffeur. Mais au bout de trois mois, elle va toucher son cheveu. Elle va se dire, ouais, quand même, je ne mets plus d'après-shampooing. Je peux brosser mes cheveux. Ils ne sont plus abîmés. Ils sont vivants. Vous voyez, moi, je suis toute blanche. Je suis 100% blanche. Je fais de la coloration végétale, je me lave les cheveux, je les brosse et voilà, ça donne ça.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Donc, vous avez reprécisé qu'en plus, la question du prix, forcément, elle intervient et on sait l'expliquer. C'est ça qui est intéressant, c'est qu'avec le végétal, on sait l'expliquer. Ce qui est aussi génial avec la colocapillaire végétale, c'est que, vous l'avez rappelé, mais c'est hyper important de le dire, c'est qu'on met de la couleur, mais on protège et on soigne son cheveu. Donc, ça, c'était aussi intéressant de le... de le réexpliquer. Du coup, vous m'avez parlé de votre marque Louise 14. Du coup, je voulais voir avec vous, cette marque, elle a été créée quand ? Combien vous avez teinte ? C'est quoi sa promesse ? De nous poser un petit peu le contexte. Et ensuite, on rentrera dans les questions plus techniques qu'on voulait se poser toutes les deux.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
OK. Louise 14 a été... Alors moi, j'ai créé le laboratoire en 2017. J'ai commencé les travaux de recherche en 2012. Le laboratoire Isatis a été créé en 2017. J'ai déposé le premier brevet en 2017, qui était un brevet France avec une extension à l'international. On parlera du brevet derrière un petit peu plus tard. Et donc, j'ai commencé la commercialisation de Louise 14 en avril 2018. Mais initialement, Louise 14, c'était 6 gels, puisque la promesse, c'était d'apporter du confort avec une galénique gel et 3 poudres. Et puis, au fur et à mesure, j'ai complété la gamme avec… Des poudres, des gels, des blushs, des coulages. Aujourd'hui, on a neuf poudres qui vont du châtain foncé au blond en passant sur des tonalités neutres. On est sur un blond foncé neutre, un blond foncé doré. On a toutes les hauteurs de ton. Par exemple, un coiffeur aujourd'hui vous dit mais moi, je n'ai aucune marque en végétal qui sache faire des hauteurs de 6, 7, 8 Eh bien, nous, on sait faire. On sait faire du 6, du 7 et du 8. Tout ça en une étape avec des tonalités neutres. avec des choses qui permettent vraiment d'avoir un résultat quasi hauteur de chimie. Ce qui est très compliqué depuis toujours en végétal, ces hauteurs de ton sont très difficiles. Donc on a ces 9 poudres, on a 3 gels. Aujourd'hui, j'ai réduit volontairement le nombre de gels puisqu'on n'en utilise quasiment que 3. Et avec ces 3 gels et ces 9 poudres, on fait pas loin de 25 couleurs, toutes en une étape.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ce que je vous demande tout de suite, Fabienne, c'est que c'est la première fois qu'on parle en coloration capillaire végétale de gel. Et j'avoue, je sèche un peu, je voudrais que vous puissiez illustrer. Le gel, il a fonction de quoi ? De préparer la poudre ? Pour la pose ? Pour le cataplasme ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors, le gel, c'est ça. Vous voyez là, c'est une structure galénique un petit peu épaisse. Et en fait, le gel, il vient apporter du confort, vraiment. Il vient donner une tonalité, c'est un reflet. Il a plusieurs fonctions. Selon le gel que nous utilisons, donc il y a un blond, un cuivré, un marron, un rouge. Selon ce que l'on veut faire en termes de hauteur de ton ou de tonalité, on vient utiliser ou pas du gel dans les mélanges de poudre.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, donc ça se met dans la poudre.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Toutes les gouttes se mélangent entre elles et tous les gels se mélangent entre eux. D'accord. Donc, on a un cercle chromatique qui représente à peu près 23 couleurs. Mais c'est ce que nous, on a validé. Mais on a des partenaires et des ambassadeurs qui créent encore des mélanges. Je pense qu'on aurait une vie entière à créer des mélanges. On pourrait tous les tester. Et donc, en fait, ces gels, ça apporte vraiment du confort. C'est-à-dire qu'on vient mettre une poudre dans un bol, on y rajoute de l'eau. Et derrière, on rapporte un petit peu de gel à notre mélange pour avoir vraiment une consistance. quasi aussi confortable que la chimie. Ça ne coule pas, ça ne dégorge pas. Pour certaines marques, j'ai vu souvent des femmes qui s'épongent comme ça pendant le temps de pause, sous chaleur. Chez nous, ça ne coule pas, jamais. Et en fait, ces gels, ils ont une vraie plus-value sur le marché. Et c'est d'ailleurs ce qui a fait l'objet du brevet.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Le gel, comme j'ai vu la texture, donc j'inviterai les auditeurs à aller voir la vidéo en replay ou les passages qu'on mettra. Du coup, je comprends mieux. Donc, ça s'intègre dans les poudres. Et alors, est-ce que les poudres, elles sont toutes prêtes ? Est-ce que, par exemple, vous avez une poudre standard pour un blond ou c'est le coiffeur qui vient faire ce mélange de poudre et son mélange de gel ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors, moi qui ai été coiffeuse, la première des choses que je me suis dite quand j'ai créé cette gamme, c'est ne faisons pas quelque chose de prêt à l'emploi. C'est-à-dire qu'un coiffeur, il adore faire des mélanges. Et sa plus-value dans son métier et auprès de sa clientèle, c'est justement de créer des mélanges et de faire en sorte que la cliente, elle sorte avec un résultat unique. Donc là, on est vraiment dans une solution qui permet soit le coiffeur dit La somptueuse, c'est l'un 6-1, j'ai envie de faire du 6-1, il prend la somptueuse. Mais s'il veut un 6-1 avec un petit 6-13, il va aller chercher la lumineuse, il va rajouter un petit peu de lumineuse et il va avoir un 6-13. Et en fait, c'est ça qui est magique, c'est que toutes les hauteurs de ton, donc du 3, du 4, 5, 6, 7, 8, 9, donnent chacune une tonalité et un reflet. Et à ça, le coiffeur peut s'amuser, et avec les gels. et avec les autres poudres, à créer un panel de couleurs incroyables.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord, donc on redonne avec ces produits la signature du coiffeur, son vrai métier de coloriste qui des fois peut être oublié.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
En fait, c'est une gamme. Je ne sais pas si vous avez suivi nos réseaux sociaux récemment, mais à peu près une fois par mois, je reçois nos ambassadeurs. Donc on a un réseau d'ambassadeurs. On a plus de 300 coiffeurs aujourd'hui avec lesquels on travaille et on a un réseau d'ambassadeurs. Et à peu près une fois par mois, j'en reçois un dans mon labo et je lui demande de participer. Donc là, hier, c'était un soin, ça peut être une couleur, ça peut être… Et cette personne m'a dit mais tu sais que je ne fais quasiment plus de chimie Elle ne fait quasiment plus de chimie dans son salon avec Louise 14. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quelqu'un qui est… Alors, il faut être ambitieux et persévérant quand on fait de la coloration végétale, parce qu'on ne passe pas de la chimie au végétal en un dixième de seconde. Mais donc, il faut être persévérant, il faut se tromper, il faut comprendre. Et puis nous, on est un peu à part en termes de structure de gamme et de produits par rapport à ce que font nos concurrents. Donc, ça demande beaucoup plus d'apprentissage. Et le nombre de personnes que j'ai entendues au bout d'un mois en disant mais ça ne marche pas, je ne comprends pas Mais oui, mais c'est parce que vous n'appliquez pas ce qu'on vous apprend. Respectez les protocoles, tenez bon et vous verrez, vous allez vous éclater. Et dans la plupart des cas, les gens nous appellent derrière en disant ah ouais, mais tu avais raison Mais vraiment, là, je m'éclate.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, ce que j'ai vu, Fabienne, vous vous souvenez, quand on a préparé notre échange, vous m'avez fait un petit tour du labo, etc. Et j'ai vu que chez vous, en plus de l'usine, du labo, vous aviez un endroit pour la formation, un vrai mini salon de coiffure pour les personnes. Alors ça, je trouve génial parce qu'un des points qui a été hyper remonté par toutes les personnes qu'on a reçues en coloration capillaire... C'est le besoin d'expérimenter, de, comme vous dites, pas baisser les bras. Il faut pratiquer, il faut essayer, il faut tester. Ce que je comprends, c'est que vous, vous avez donc travaillé essentiellement avec des plantes, on va dire celles que vous trouvez en France ou sinon approvisionnement mondiaux, parce que c'est aussi le terrain de jeu. Vous les transformez dans votre labo, vous faites des produits et vous pouvez les faire tester directement sur place et former les gens directement sur place.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Moi, mon ADN, c'est du champs produits finis, Pauline. D'abord, je suis une baroudeuse et j'aime voyager, donc je peux parcourir le monde pour aller chercher des plantes. Je vais les identifier. Parfois, je ne sais pas ce que je vais trouver. Je suis partie il n'y a pas très longtemps. Je suis arrivée quelque part, j'ai trouvé une plante, je l'ai ramenée, je l'ai broyée, j'en ai fait quelque chose. Et franchement, ça a du résultat. Et donc, j'expérimente dans mon laboratoire. Alors, je n'ai pas encore d'unité d'extraction à proprement parler. Ça va venir. Et j'ai donc un partenaire qui travaille sur l'extraction, le sièchage, le broyage, etc. Et derrière, tous les produits et matières premières rentrent ici et c'est nous qui faisons les mélanges. J'ai eu un accident industriel en 2023 qui a été la... pire histoire professionnelle de ma vie. J'avais confié un mélange à un industriel à l'autre bout du monde. Il y a eu une matière non conforme qui est rentrée à l'intérieur de ce mélange. Je peux vous dire que ça m'a servi sacrément de leçon. Et j'ai dit plus jamais personne ne touche un produit fini qui sort de mon usine. Plus jamais. Donc aujourd'hui, tout est maîtrisé ici.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Maîtrisé ici. On a parlé du coup de Louise 14, la marque. Du coup, elle est destinée maintenant, je le comprends, qu'aux coiffeurs.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Au coiffeur.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il n'y a pas de marque pour la coloration à domicile ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors si, on a restauré et rénové le site internet Louis XIV. On a uniquement des poudres qui sont destinées aux particuliers. On réserve vraiment la gamme complète poudre et gel aux professionnels de la coiffure. Et les particuliers peuvent acheter des petites doses de 100 grammes pour faire leur couleur. Alors évidemment, ils n'ont pas les mélanges du coiffeur. Donc vraiment, on a souhaité vraiment orienter la gamme auprès des professionnels. Et le particulier, malheureusement, il y a des gens qui n'ont pas de salon de coiffure à côté de chez eux qui fassent Louis XIV. Donc, on n'a pas voulu priver ces gens-là de la gamme. Et franchement, on est assez ravis. Alors,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
ça se passe comme ce que je m'imagine, c'est-à-dire qu'on fait ce fameux mélange qui s'appelle toujours un cataplasme, même s'il y a du gel dedans ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors, on peut l'appeler encore un cataplasme, mais c'est beaucoup plus confortable parce que le gel apporte vraiment… Donc, on récupère quelque chose de très fluide, un peu yaourt, vous voyez ? Et la cliente, elle l'utilise réparée, elle la pique comme ça et puis elle le laisse poser une heure, une heure et quart, une heure et demie, selon son souhait.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
D'accord. La particularité, c'est cette histoire d'une seule pause qui fait que du coup, ça limite les étapes. La durée, elle est quand même plus longue que la chimique, mais en végétal. Il y a plusieurs défis sur la coloration capillaire. Il y en a plein. Il faudrait que j'arrive à me ressouvenir de tout ce qu'on avait dit, mais notamment un qui m'avait marqué, c'est l'histoire du blond. C'est vrai qu'il y a beaucoup de femmes qui vont se faire décolorer les cheveux pour avoir des blonds. Alors, je n'ai pas les termes, mais du blond. Et c'est quand même un peu complexe, a priori, de décolorer un cheveu. Qu'est-ce que vous proposez, vous ? Est-ce que pour vous, c'est un défi ? Le sujet déjà sur le blond. On va essayer de faire tous les points un par un.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Commençons par le blond. Déjà, le blond, on va être très clair tout de suite. On ne décolore pas en végétal. Donc, c'est clair. Quelqu'un qui est blond foncé ne deviendra jamais blond comme je suis. En revanche, la magie de la maturité, notamment chez une femme, c'est le cheveu blanc. Oui. peut tellement jouer avec le cheveu. Moi, je vous dis, je suis toute blanche. Je suis 100% blanche. On peut tellement jouer avec le cheveu blanc à partir du moment où on colore en végétal. Et moi, je dis souvent, il y a plein de gens qui me disent, ah mais il est beau ton blond. Je dis, mais t'imagines, dans les années 80, on allait chez Jacques de Sang, j'en faisais des balayages comme ça, ça nous coûtait 300 francs et ça nous coûtait extrêmement cher. Et aujourd'hui, on a la chance d'avoir des cheveux blancs et d'avoir de la coloration végétale et ça nous permet d'avoir des blonds superbes. Donc le blond, On peut l'appliquer sur cheveux blancs ou sur cheveux déjà très clairs, blonds, et pour en faire quelque chose d'un tout petit peu plus foncé. Mais le blond, ça restera l'incontournable de la coloration végétale, c'est-à-dire qu'on ne pourra jamais, jamais décolorer en végétal. Pauline, si j'avais trouvé la plante pour décolorer en végétal, on ne serait pas en train de se parler.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors ensuite, sur les foncés, j'avais justement entendu cette histoire de plusieurs pauses. Donc là, vous avez expliqué qu'avec vos produits, vous arriviez à faire une pause. J'avais entendu la problématique du rouge naturel. Je crois que c'était du picramate qui est rajouté pour la tenue de la couleur.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Le picramate sodium, en fait, est rajouté pour effectivement donner une tonalité plus rouge aux aînés, notamment. Ce n'est pas un gros mot, le picramate sodium. C'est un sel. Alors, c'est utilisé par certaines marques. C'est un parti pris. Moi, je dis, pourquoi pas ? Ça ne pose aucune problématique toxicologique. Ça donne un pigment. cuivré un peu plus rouge au hainé. Moi, ce n'est pas mon parti parce que je travaille sur des bois qui permettent d'avoir des vrais rouges. Encore une fois, je pense qu'on peut vraiment tout faire en végétal. Vraiment, je pense vraiment qu'on peut tout faire en végétal, y compris avec des plantes françaises, si tant est qu'on sache les travailler.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Dans tous les domaines de la couleur végétale que je couvre, chaque domaine a ses préjugés. Et sur la coloration capillaire, c'est ce fameux cheveu blanc où tout le monde pense qu'en fait... ça ne va pas marcher sur le cheveu blanc, il n'y aura pas de couvrance, etc. Là-dessus, vous nous avez un peu rassuré sur le fait que c'est le premier cheveu qui va prendre la couleur. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire d'autre sur le cheveu blanc ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Il y a quelque chose qu'il faut comprendre de manière très simple. J'ai par exemple un cheveu, je suis naturellement châtain foncé. Là, je suis sur un 4-3. Et puis à côté, j'ai un cheveu blanc. Alors, je n'en ai pas là sous la main, mais j'ai un cheveu blanc. Donc, si je viens apporter une couleur cuivrée sur l'ensemble de ma chevelure, lui va être forcément cuivré et lui va être un tout petit peu plus cuivré. Ça, c'est le jeu de la nature. C'est-à-dire que si j'apporte une couleur claire à mon cheveu blanc, il va être forcément plus clair que mon cheveu châtain qui est à côté. Maintenant, si j'ai 100% de cheveux blancs et que je veux devenir, je vais couvrir l'intégralité de ma chevelure et je nourris dans ce cas-là. Pas de nuance.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Maintenant, le résultat nuancé de la coloration végétale, moi je le revendique parce que franchement, les colorations végétales avec du cheveu blanc, ça donne un effet de balayage et c'est ça qu'on aime. Ça donne un cheveu vivant. Je ne vais pas citer de marque de la chimie conventionnelle, un blond 931 de chez X, ce n'est pas beau. Maman, elle faisait ça dans les années 80, c'est moche. Aujourd'hui, elle a des cheveux blancs, je lui applique de la coloration végétale et ça fait un magnifique blond. C'est ça qui est joli. Donc, il faut jouer avec ses cheveux blancs. Maintenant, si vous êtes 100% blanche et que vous voulez un cuivré, un châtain, un blond foncé, neutre, etc., vous l'aurez. Mais vous aurez quelque chose de nuancé si vous avez 50% de cheveux blancs ou 20% de cheveux blancs.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Je vous ai rapidement proposé de venir sur le podcast parce que votre témoignage me captivait et que je trouvais que ce que vous proposiez était très intéressant. allait redonner de l'espoir à pas mal d'agriculteurs que j'ai beaucoup en lien. Et puis, votre témoignage va ouvrir pour moi le champ des possibles sur la coloration capillaire. Vous m'avez dit, attention Pauline, moi, je n'ai pas envie de divulguer certaines informations, etc. Alors, en toute transparence, j'ai respecté ce choix. Je vous ai dit, Fabienne, OK, on va se dire de quoi on parle ou pas. Ce que j'aimerais, c'est qu'on puisse se dire, et aux auditeurs pour qu'ils comprennent, Il y a une non-divulgation d'éléments, il y a plusieurs raisons, et j'aimerais bien qu'on comprenne, sans rentrer dans le détail des histoires, et qu'on comprenne pourquoi il y a souvent du silence dans les acteurs de la coloration végétale au sens large. Quels sont les sujets que vous ne voulez pas divulguer, et pourquoi on s'était dit toutes les deux, parler des plantes spécifiquement, parler des méthodes d'extraction, parler du travail spécifique et des partenaires. Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi, en fait, vous faites ce choix-là et vous êtes transparente avec les auditeurs de le dire, mais en fait, globalement, pourquoi sur le sujet de la couleur végétale, des fois, on peut se dire, mince, c'est bizarre, on ne trouve pas d'info ou certains ont l'info, mais ne la partagent pas. On respecte, mais ça nous permettrait de comprendre.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ok, alors je vais être très directe avec vous. On est dans un monde extrêmement concurrentiel. On est dans un monde qui est, pour certains acteurs, de la cache-machine. C'est vraiment un monde qui fait beaucoup d'argent. Ce qui n'est pas notre cas. Nous, on est une petite PME tranquille. On n'est aussi pas forcément dans un monde bienveillant. J'ai eu la maladresse de parler à certains. Ça m'a coûté des déconvenues. Et puis, j'ai aussi eu la maladresse de publier un brevet. Et ce brevet, l'essence même d'un brevet, c'est… Il faut que l'information décrite dans ce brevet soit suffisante pour qu'un homme de l'art puisse le reproduire. Or, ce brevet, de manière volontaire, je n'ai pas du tout introduit d'informations qui permettaient justement de le reproduire. Et puis, je n'ai pas forcément envie d'avoir de qualificatif. Quelqu'un qui s'est emparé de mon sujet depuis très longtemps, puisque c'est quelqu'un que je connais assez bien, un gros industriel, et ils ont commencé à travailler sur mon sujet et ils ont copié mon brevet. J'ai refusé de donner davantage d'informations sur le savoir-faire en termes de brevet, donc j'ai retiré mon brevet français et j'ai conservé mon brevet européen. Ça, ça résume toute l'industrie dans laquelle nous sommes, Pauline. C'est-à-dire qu'on est face à une typologie d'industriel qui n'a pas tout à fait nos valeurs. Et pour ces raisons, j'ai décidé de manière… définitive de ne plus jamais communiquer quoi que ce soit. Alors maintenant, je communique avec ceux qui sont venus me voir et qui m'ont fait des propositions économiques certaines, mais pour les autres, c'est fini. Je ne donne plus aucune information. Maintenant, concernant les plantes, vous savez qu'on a des listes in-key sur les produits. On est tenu de donner la composition de nos produits. Donc, toutes les listes in-key sont divulguées par tous les industriels, à commencer par moi. Tous mes produits qui sortent sur le marché ont une listing key. Chacun peut tourner un élément, un produit et en voir sa composition. Sauf que tout ça ne dit pas comment c'est fait.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
C'est ça.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Voilà. Ni c'est cultivé où, ni par qui, ni comment, ni comment c'est extrait, ni comment c'est composé, ni comment c'est travaillé, etc. Et donc ça, personne ne le saura. C'est dans mes cahiers de labo, c'est sur des disques durs, c'est dans des coffres et je ne le divulguerai pas.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors Fabienne, merci pour cette transparence. Alors, je ne suis pas non plus née de la dernière pluie, je ne suis pas bisounours, mais ce qui m'intéresse de comprendre, c'est... comment dire ? Est-ce que ces acteurs, ces gros acteurs, qui sont sur un domaine de la coloration capillaire végétale, qui n'est pas si connu que ça quand même, parce que je ne sais pas le poids... Coloration hybride. Ou coloration hybride. Je ne sais pas le poids de la coloration végétale ou de la coloration hybride versus la coloration conventionnelle, mais franchement, je ne pense pas que ce soit énorme. Donc, on n'est pas encore au top.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'est un enjeu colossal.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Voilà, ça, je comprends bien. Il y a un enjeu énorme, colossal. Par contre, ma question, c'est, ces acteurs de la coloration capillaire, est-ce qu'ils ont quand même intérêt à parler entre eux ? Est-ce qu'ils ont quand même intérêt ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il faut savoir que sur les mêmes niveaux de typologie d'entreprise, on n'a pas du tout intérêt à se parler. Pas du tout. En revanche, ceux qui sont là, ils ont intérêt à venir nous voir. Parce qu'eux, ils ont les moyens économiques d'absorber des entreprises comme nous, d'acheter le savoir-faire et de s'offrir la possibilité justement de venir rompre un petit peu. peu ce marché et donner des solutions différentes à ce marché. Et c'est pour ça que moi, j'accueille ces gens-là. Ils ne sont pas nombreux, ils sont au nombre de deux, mais les mastodontes, il n'y en a pas 50 non plus. Je veux bien accueillir ces gens-là et on est bardé de couvertures juridiques, avec des accords qui sont bien ficelés, des sommes qui sont versées, etc. Donc là, je veux bien leur parler. Pour les autres, hélas, ils n'ont pas les moyens. d'acheter des entreprises. Nous, on est une start-up, Pauline. On est une start-up, Crédit Impôt Recherche. Ça fait maintenant 12 ans que je travaille sur ce programme de recherche. Je pourrais encore travailler 30 ans sur ce programme de recherche et on en découvrira encore. Donc, il faut raison garder et il faut surtout être d'une extrême prudence. Hélas.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Donc, il n'y a pas d'intérêt à faire parler les gens de même équivalence entre eux parce qu'il y aura du copiage pour avancer plus vite, pour se distinguer. Par contre, de proposer au gros, de venir verdir leur composition, de venir naturaliser leur composition, là, il y a un intérêt.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
En plus, il faut savoir que ce sont ceux qui ont les moyens, Pauline.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Voilà, alors ça, c'est la deuxième question.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Dans une parcelle expérimentale sur laquelle on passe de 2 à 150 hectares, il faut quand même des moyens.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Voilà, donc en gros, là, la question que j'allais vous poser, c'est, à votre avis, pourquoi aujourd'hui, il n'y a pas plus déjà de… coloration capillaire végétale sachant tous les avantages qu'elle procure. Même si elle vient, même si les plantes viennent de loin, même si c'est des colorations hybrides, des compositions hybrides versus la conventionnelle, on voit quand même les avantages et on a passé dans plein d'épisodes à expliquer les avantages. Pourquoi il n'y en a pas plus aujourd'hui ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
En fait, Pauline, il y a quoi ? Il y a 80% des femmes qui se colorent les cheveux aujourd'hui. Ces femmes-là qui font de la coloration conventionnelle veulent une couverture de cheveux blancs, elles veulent de la rapidité et elles veulent quelque chose d'homogène en termes de résultat. Aujourd'hui, quand vous avez 100% de cheveux blancs et que vous voulez passer à la coloration végétale et que vous êtes par exemple châtain foncé, vous passez entre 2 et 3 heures chez le coiffeur ou chez vous à faire une première application, puis une seconde. Et puis derrière, vous avez un vieillissement de la couleur qui n'est pas forcément optimum. vous avez une couverture qui n'est pas forcément optimisée, vous ne sortez pas avec un résultat immédiat, etc. Donc c'est compliqué. Je ne sais pas, peut-être qu'il n'y a que 5% de femmes qui se colorent en végétal aujourd'hui sur le territoire français. Parce qu'en fait, c'est compliqué, c'est long, c'est pas forcément, en termes de résultats, c'est pas forcément optimisé. Et puis il y a ce sacro-saint discours et encadrement de la beauté féminine selon laquelle on doit couvrir nos cheveux blancs. avoir des colorations de ce type-là, du marron, on veut du marron, on veut du marron, on veut du marron. Il faudrait réinventer la beauté capillaire, c'est ça qu'il faudrait faire. Alors ça, c'est éventuellement le combat que de petites entreprises comme les nôtres pouvant porter, mais le plus gros combat à venir, il sera quand même porté par des gros industriels qui vont comprendre qu'enfin, on peut faire autre chose que du henné et de l'indigo. dans les colorations et qu'on peut enfin avoir des colorations qui sont différentes aujourd'hui, en une étape, avec des tonalités neutres, avec aussi tous les avantages de la coloration végétale, un cheveu brillant, gainé, voilà. En forme, oui. Donc, c'est un gros travail et on n'en est qu'au début. Et pourquoi ces gros ne s'y mettent pas ? Et moi, ça m'a été dit très récemment par mes partenaires, mais parce que tout simplement, ça coûte beaucoup d'argent la recherche. Et que ces gens-là ne font que du développement. Et ce qu'ils viennent faire, c'est acheter des petites startups comme nous pour dire, OK, vous, vous avez super bien bossé pendant 15 ans, vous avez bien ramé, vous avez bien fait tous vos cahiers de labo. Je ne sais pas, je dois en avoir 150 aujourd'hui. Écoutez, on rachète tout ça et puis on le met dans notre petit baluchon et puis vous allez nous accompagner pendant 5 ans et puis vous allez nous raconter comment on fait. Et c'est comme ça que ça va changer.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Est-ce qu'une réglementation plus stricte, est-ce que si demain, je ne sais pas, l'Europe... qui impose un taux de produits en colorant végétaux ou quelque chose comme ça, ça pourrait aider ? Est-ce que ça peut aussi accélérer la réglementation ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Ce dont on va parler tout à l'heure, rien n'est figé, rien n'est écrit. Il y a la date de 2026 qui est dite dans l'industrie. En tout cas, moi, je travaille là-dessus avec mes partenaires. Et ça, si véritablement ça arrive, ça va être la mort de la coloration végétale. Et il va falloir qu'on descende dans la rue tous en se disant, voilà. Nous, on a de la chance, on ne travaille pas sur ces deux plantes qui sont citées. C'est une opinion qui a été édictée et publiée. Maintenant, ce n'est pas une réglementation à proprement parler. Maintenant, est-ce qu'on va aller jusqu'à l'interdiction d'une certaine concentration de ces deux plantes ? Je n'en sais rien. Si toutefois c'est le cas, ça veut dire, Pauline, que c'est une super mauvaise nouvelle pour nous tous. Il y a deux opinions qui ont été… publié par le Comité scientifique de la sécurité des consommateurs, avec des études qui ont été menées sur l'ENE et la concentration du taux de Lawson dans l'ENE, avec une concentration maximale de 1,4%. C'est-à-dire que dans 100 grammes de poudre d'ENE, si on y trouve 1,4% de taux de Lawson, à ce moment-là, on considère que la coloration est sûre pour le consommateur. Ça, c'est une publication. Ce n'est pas inventé, c'est publié. Il suffit d'aller sur le comité scientifique de la sécurité des consommateurs et de le lire. Ça, c'est le premier sujet du AINÉ. On parle d'opinion, on ne parle pas de réglementation. C'est-à-dire que pour l'instant, on dit probablement en 2026, on va considérer que le AINÉ dont la concentration de leucène est inférieure ou égale à 1,4 est sûr pour le consommateur. Si au-delà, ça n'est pas sûr, que fait-on ? Personne ne le sait à ce stade.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
D'accord.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
La deuxième opinion qui a été, donc là, la première, c'était 2013 de mémoire, et là, je crois que la deuxième, on était sur, je crois que c'est 2021 ou quelque chose comme ça. On parle de l'indigo. L'indigo est allergisant et il y a de nombreuses personnes aujourd'hui qui se plaignent de bonnes têtes, de nausées, etc. Donc, il y a un rapport qui a été édicté encore par le Comité scientifique de la sécurité des consommateurs qui dit qu'au-delà de 25 on peut considérer que l'indigo n'est pas bon. Alors, on parle de l'indigo dans des solutions non-oxydatives, c'est-à-dire qu'on peut avoir d'autres typologies d'indigo dans des solutions oxydatives, dans des colorants d'oxydation. Mais là, en l'occurrence, si on parle d'indigo pur dans des solutions non-oxydatives, au-delà de 25%, on peut considérer qu'on est dans quelque chose de toxique
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Voilà. Ce que j'avais entendu, c'était que l'indigo, il pouvait avoir des réactions un peu de gêne, que ça grattait la patiente, mais qu'après un shampoing, c'était un effet qui disparaissait. Mais il y a quand même certaines personnes qui réagissent à l'indigo.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Qui réagissent même. Alors, vous savez, le problème de l'allergie, ce n'est pas forcément la rencontre de la plante elle-même, c'est la superposition. C'est-à-dire que si une femme a 100% de cheveux blancs, et qu'elle fait sa couleur toutes les trois semaines, et qu'elle est châtain foncé. Je ne vous raconte pas les superpositions d'indigo qu'elle a sur son cuir chevelu. Quand bien même la repousse sépare l'indigo du cuir chevelu, à un moment donné, elle a encore à nouveau la rencontre de son cuir chevelu avec l'indigo. Et c'est bien de ça dont il s'agit. C'est-à-dire qu'on est véritablement sur quelque chose qui est allergisant. Et du coup, on peut considérer... Maintenant, comme on n'est pas dans une réglementation et qu'on est vraiment dans une opinion qui a été publiée, est-ce qu'à un moment donné, l'Europe va dire qu'on considère qu'au-delà de 25%, toute solution de coloration capillaire est interdite, puisque nocive ?
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
En fait, de tous les invités, tous les acteurs de la coloration capillaire, qui m'ont fait la chance de venir au podcast parler de leurs produits, de leurs défis, etc. On parle essentiellement de henné et d'indigo. Donc là, c'est vraiment l'énorme caillou dans la chaussure. Ma question, Fabienne, c'est est-ce que ça ne serait pas intentionnel de ces opinions qui sont émises, que ce ne sont pas des choses qui avantagent, par exemple, la coloration conventionnelle, qui ne voient peut-être pas d'un bon oeil ? L'arrivée ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il ne faut pas être complotiste, Pauline. C'est une question. Mais je vous avoue que quand, avec mes partenaires, on a étudié cette solution, alors moi, j'ai de la chance de ne pas utiliser d'indigo, et très peu de hainé, et j'utilise des extraits de hainé. Donc, j'ai des concentrations inférieures à 1,4. Mais c'est vrai que quand on s'est posé cette question avec mes partenaires, qui sont des mastodontes, sur le moment, je me suis dit, mais c'est un lobbying, en fait. C'est un lobbying des plus grands. Ils veulent tuer la coloration végétale. Je n'ose pas y penser. Je ne voudrais même pas que ça arrive. Mais vous savez, pour avoir été confronté à des grands, je sais qu'il n'y a pas toujours de morale dans ces environnements-là. Mais bon.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
En tout cas, rassurons tout le monde, si jamais ça passe par la réglementation, il y a des solutions qui existent. Vous, vous savez très bien travailler sans indigo et sans hainé. Vous avez trouvé d'autres plantes, etc. Donc, on n'est pas non plus mort à 100%.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Après, on a aussi la problématique du sourcing, puisque moi, je travaille sur d'autres plantes qui sont des plantes cultivées en France par des agriculteurs avec lesquels je travaille depuis très longtemps. Et je dis souvent à mes partenaires, ne me demandez pas des volumes colossaux, parce que je ne saurais pas faire.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors là, Fabienne, vous me tendez la perche pour la suite. Quand on a échangé toutes les deux, il y a deux choses que j'ai retenues de notre échange. Vous apportez pour moi deux messages d'espoir. Le premier, c'est celui dont on vient de parler. Si réglementation il y a... il existe une solution alternative. Premier message. Ça, c'est génial. En plus, Aîné et Indigo, globalement, ça vient beaucoup de loin. Et si on veut redevenir autonome dans nos couleurs, retravailler, faire vivre la France et l'Europe...
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Et nos agriculteurs.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Et nos agriculteurs. Et deuxième sujet qui est très important pour moi, et je vous en ai parlé, c'est trouver des débouchés à nos agriculteurs en France qui s'installent en territorial, soit à 100%. soit en complément, soit en inter-rang, etc., en rotation de culture. Et là, vous m'avez dit, moi, je travaille avec des agriculteurs français. C'est ça l'espoir que j'aimerais qu'on puisse partager. C'est que oui, il y a des débouchés à la culture de plantes tinctoriales en France. Par contre, ça nécessite des aménagements. Est-ce qu'on peut, sans divulguer, bien sûr, d'informations, mais ça a quand même un cadre en fait. Vous demandez quand même des choses cadrées.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Bien sûr que ça demande un cadre. Moi, par exemple, je ne travaille qu'avec des agriculteurs bio, mais on a une problématique de semences, puisque certaines semences sont introuvables en bio. Notamment, moi, je travaille sur un végétal qu'on a historiquement cultivé en France et j'ai la chance d'avoir un agriculteur dont le papa avait cultivé cette plante, donc il avait le parcours cultural et agronomique. dans ces tablettes. On peut le faire. On peut le faire. Ça demande beaucoup d'accompagnement. Ça demande de mettre en place un réseau d'agriculteurs qui se parlent entre eux. Parce que si même moi, je n'ai pas envie de dire ce que je fais de cette plante, et je ne le dirai évidemment jamais, je n'exclus pas, et vous le savez Pauline, puisqu'on a déjà évoqué ce sujet, je n'exclus pas l'idée de dire à mon agriculteur, dis donc, tu peux passer un coup de fil à un tel, toi tu n'as plus de parcelle pour moi, mais lui, il en a pour moi. tu peux l'aider à cultiver.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Génial.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
En sachant que moi, on ne l'a peut-être pas dit encore jusqu'à maintenant, mais je travaille sur tout le totem de la plante. C'est-à-dire que je travaille sur de la racine à la fleur, aux fruits, etc. Donc, le premier agriculteur, il sait déjà comment faire. Si on a besoin d'un... Et c'est le cas, puisqu'on a parlé, les volumes ont été multipliés par deux l'année dernière. Je pense que cette année, on va. encore faire x2. Donc, il va falloir forcément qu'on trouve d'autres parcelles et d'autres agriculteurs. Mais je sais qu'il y a des gens engagés. Je sais qu'il y a des gens qui savent très bien faire. C'est une industrie qui, au niveau du textile, est très imprégnée en France. Je sais qu'il y a des gens qui savent faire. Je n'ai pas de difficulté à aller les voir. Maintenant, je ne dirai pas comment je fais, ni avec qui.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors, ce qui est génial, Fabienne, quand on a échangé, je vous ai dit que moi, je suis de formation ingénieur agronome. Et donc, franchement, l'agriculture, c'est le sujet qui me fait vibrer. Et je me dis vraiment, tout ce qu'apporte la culture de plantes tectoriales pour le sol, la biodiversité, les agriculteurs qui y travaillent et puis tout ce petit monde, leur santé. Et puis, franchement… Il y a vraiment beaucoup, beaucoup d'avantages et puis même de diversité pour nous. Je suis ravie d'entendre cette solution. Moi, un des sujets qui revient le plus avec les agriculteurs, c'est OK, Pauline, on veut bien cultiver, on veut bien augmenter les parcelles, on veut bien former des nouveaux, on veut bien intervenir à la quinzaine de l'agriculture tinctoriale. Trouve-nous des débouchés, trouve-nous de la logistique pour qu'on puisse massifier nos volumes, pouvoir les traiter. Alors, on sait qu'il y a certaines cultures qui se... récoltes et qui se transforment fraîches, donc il y a cette histoire de logistique, etc. Et donc, quand vous m'avez dit ça, franchement, vous avez vu, j'ai mes yeux qui ont brillé, et je me suis dit, c'est hyper important de pouvoir relayer ce message de positif et d'espoir. Donc, on est OK de ne pas transmettre ce que vous allez en faire, mais on est ravis de se dire que oui, il y a un besoin de plantes tinctoriales en France, que les volumes augmente et que s'il y a de plus en plus de gens qui rejoignent la coloration capillaire végétale ou qui rejoignent la couleur végétale au sens large, il y a quand même un avenir pour nos agriculteurs, si ce n'est qu'ils doivent suivre un cahier des charges.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il y a une vraie problématique, Pauline, c'est que, notamment, pour le monde du textile, tout le monde sait travailler la plante tectoriale. Est-ce qu'on est d'accord, Pauline ? On a... On a quand même des grands pontes dans cette industrie, notamment, je les ai cités tout à l'heure, Michel Garcia et Dominique Cardon, ils ont tout à nous apprendre sur ce sujet-là. La problématique de la plante tinctoriale en France, c'est de savoir faire de la couleur que l'on peut utiliser dans le monde du capillaire. Parce que faire de la garance, tout le monde sait en faire. Faire de la garance, le mettre dans du henné, tout le monde sait le faire. Mais faire de la garance et l'appliquer sur la tête et en faire quelque chose de différent qu'avec du henné, pas grand monde ne savent le faire. Et la problématique, elle est là. C'est-à-dire que moi, je dis souvent aux agriculteurs que je rencontre, c'est beau de faire une belle couleur, c'est génial. Mais si l'industrie du capillaire ne sait pas s'en servir, ça ne sert à rien. Moi, je viens faire le maillon dans cette industrie pour dire ce que nous pensions impossible avec cette plante dans le monde du capillaire. Moi, je sais faire et j'en fais quelque chose dans la coloration capillaire 100% française.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Donc ça, c'est top parce que je pense que… C'est beaucoup de travail,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Pauline.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Ah non, mais ça, je me doute.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'est une vie de travail.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Mais ça, je me doute et je pense qu'on n'est pas… Franchement, je pense qu'on n'a pas fini de rechercher. Par contre, les investissements dans la recherche, les budgets, tout ça, ça ne fait que… Mais j'ai beaucoup d'espoir parce que je vous en parlais aussi. On a reçu, juste avant vous, j'ai reçu Romain Vauclin, qui est docteur en chimie, qui présentait sa thèse sur l'isathystinctoria, donc à Béthune, dans le nord de la France. J'ai vu qu'il y avait beaucoup de jeunes maintenant qui se remettaient sur ces sujets, etc. Donc, j'ai beaucoup d'espoir en me disant que oui, c'est quand même des sujets qui intéressent, du moment qu'on ne brise pas le rêve en disant non, ce n'est pas possible en fait Si c'est possible, mais c'est du boulot, il faut s'organiser, etc. Mais franchement, ce passage où vous... où vous exprimez ce côté positif aux agriculteurs, je le repasserai à la quinzaine tinctoriale devant eux pour leur dire s'il y a moyen. Par contre, il faut qu'on se parle, il faut qu'on travaille encore les méthodes optimisées, etc. Et il y a ces fameux indicateurs agronomiques pour aussi gérer comment on donne tout ce qu'il faut à la plante. Il y a un chemin.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors, attention à ça, Pauline, parce que moi, j'ai un de mes agriculteurs dans une des molécules d'intérêt que je recherche. Elle me dit je ne suis pas content, j'ai que ça Eh, cool ! C'est mon boulot de formélatrice derrière, de faire en sorte que ce que la plante me donne, ce que le sol me donne, je sois en capacité de transformer dans quelque chose de standardisé. Parce que si on parle de certaines plantes qu'il faut extraire fraîches, ça c'est une croyance Pauline, c'est une croyance. Du coup, qu'est-ce qu'on fait ? On met le sol en stress, on met l'agriculteur en stress. Vite, vite, vite, il faut que je récolte. Lui,
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
il est en stress.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Vite, vite, vite, il faut que j'extraise. Mais non, on peut cultiver, récolter, sécher et faire les choses de manière beaucoup plus tranquille, si tenté que l'on sache le faire. C'est bien de ça dont il s'agit. Il ne suffit pas de dire… Parce que si on parle de l'isatistinctoria, on a effectivement des parcelles en France. Mais pour récolter des… tonnes et des centaines de tonnes, il faut que nous ayons suffisamment de parcelles et des unités d'extraction qui soient suffisamment grandes et donc coûteuses pour l'extraire au moment où la feuille est encore fraîche. Or, si on le sèche, on peut faire quelque chose de très bien et on peut faire quelque chose de très performant.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Ce qui était fait avant, c'est ce que j'ai lu dans les magazines, dans les traités d'agronomie, ils travaillaient aussi la substance sèche. En fait, ce que j'entends, c'est que... par ces méthodes, par la magie, on va dire, de l'ingénieur chimiste derrière, on pourrait simplifier aussi la contrainte de l'agriculteur.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Bien sûr. Et ça,
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
c'est hyper intéressant. Ça, c'est vraiment hyper intéressant. Je ne pense pas que le sol soit stressé. Je pense que l'agri est stressé pour cette histoire d'extraction. Moi,
- ArtEcoVert Pauline Leroux
j'ai vu un agriculteur il n'y a pas très longtemps, sur la plante que je travaille depuis très longtemps, on devait avoir 2 tonnes, on a 3 tonnes 7. Donc, sur performance. On me dit, mais je ne sais pas. pas au niveau de la molécule d'intérêt, je ne sais pas si c'est bien sec, tu supportes combien de taux d'humidité ? Eh, calme ! Ça, c'est génial. Moi, je sais faire derrière.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Bon, ça, c'est cool. Ça, c'est vraiment chouette. Franchement, Fabienne, il faut que vous veniez à la quinzaine de l'agriculture territorial, remettre un petit coup de boost en début de quinzaine à nos agris. Non, franchement, c'est top. Moi, ça me fait hyper plaisir parce que j'étais un peu à saouler tout le monde avec mon 100% made in France pour les plantes de la coloration capillaire. Donc, ça nourrit un peu ce rêve que j'avais à avoir. Ce que je voulais savoir, c'est pour vous, Sans nous révéler les travaux que vous allez faire, les défis pour la coloration capillaire végétale qui reste encore à mener, ce serait quoi ? Qu'est-ce qu'il faudrait ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Moi, j'ai un doux rêve, Pauline, que je travaille avec un de mes partenaires. C'est de pouvoir créer une gamme aussi complète que la chimie, qui permette, en 100% naturel, en 100% français, qui permette, on va dire, 80% des coiffeurs. de dire, ma cliente, j'avais un tube de 6.1 de telle marque en coloration d'oxydation, je vais prendre un 6.1 du laboratoire Isatis et je vais faire mon 6.1 sur la tête de ma cliente. Ça, c'est mon douret. Je n'y arriverai pas, Pauline, parce que je n'ai pas énormément de temps encore à travailler. Et comme j'ai plein de passion, à un moment donné, il va falloir quand même que je m'arrête. Et franchement, d'ailleurs, je le vois aujourd'hui, certains de mes partenaires me disent, mais Fabienne, moi, j'ai... 80% de mes clients qui font plus que du Louis XIV. 4 ans, ils étaient à 10% ou 20%. Ça, c'est vraiment le défi. Et pour ça, il faut que je continue à travailler, à sortir des couleurs, à innover. Ce matin, je cherchais un beige rosé. J'ai sorti ça. Et comme je suis une grosse travailleuse, comme vous le savez, j'étais là 6h du matin et j'étais très inspirée. Donc, j'ai sorti des trucs. Alors, des fois, je sors des trucs qui sont pourris.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Est-ce que j'ai une question qui me vient parce que c'est un sujet qu'on avait abordé avec Michel Garcia dans sa formation que j'ai suivie. J'ai entendu plusieurs marques, on a reçu Elodie Carpentier du Rouge Français, donc dans le make-up, rien à voir, mais on a reçu des acteurs de la coloration capillaire, on a reçu des acteurs qui travaillaient la couleur sur le podcast. Certains recherchent dans telle ou telle flore et se disent, tiens, en France, etc., on a fait à peu près le tour. Allons voir ailleurs, on me parle énormément des flores tropicales, on me parle énormément de la Guyane, de la Guadeloupe, etc. en ce moment. Est-ce que dans ces recherches de nouvelles flores, vous faites un système de filtre quand même ? Parce que ce que m'avait expliqué Michel Garcia, c'est que la couleur, elle se cache quand même dans certaines familles botaniques. Les tannins sont présents dans certaines familles botaniques. Et lui, ce qu'il dit, c'est ne passez pas votre vie à... comment il disait ça, pas à traire, mais à extraire le végétal en ayant des résultats médiocres parce que vous n'avez pas filtré et pas recherché de manière ciblée. Est-ce que vous, dans votre approche, c'est un peu ce que vous faites en vous disant quand je pars en voyage, quand je pars en exploration, je sais déjà un peu les familles botaniques ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Il faut savoir, moi, Pauline, que je vis de la bibliographie, c'est-à-dire que je lis énormément. Je ne pourrais pas vous dire combien j'ai de bibliographies en cours aujourd'hui. Et je vais chercher dans de la bibliographie parfois très ancienne. Et on va dire que 80% de ce que je recherche est déjà documenté. Donc, parfois même des choses que je ne recherche pas dans une bibliographie, je peux me dire, tiens, ça, je ne l'ai pas exploré. J'arrive au labo, il n'y a pas très longtemps, une racine d'un légume. Je dis, tiens, ça, je l'ai. pas exploré, c'est pas de la carotte, c'est tout à fait autre chose. Je dis tiens, je ne l'ai pas exploré. Et puis en fait, en l'explorant, en faisant un extrait de ça, je suis tombée sur une couleur qui est venue se compléter à une autre et j'en ai fait quelque chose. Et en fait, certes, il y a une famille botanique et donc une famille coloristique, mais pas que. Et c'est pour ça qu'il faut… Et c'est pour ça qu'il faut être très curieux, et c'est pour ça qu'il faut avoir de la passion, et c'est pour ça qu'il faut prendre du temps. Vous savez, dans mon parcours, j'ai eu des gens très techniques dans mon entourage. La technique, ça ne règle rien. Ce qui règle tout et ce qui permet vraiment d'innover, c'est la curiosité, l'ingéniosité et le travail. C'est comprendre, aller chercher des informations, mais très très loin. J'ai une bibliographie de 1894, qui est une source incroyable, que j'ai dû relire trois fois sur une plante. Et à chaque fois, je me dis, mais mince, je ne l'ai pas explorée. Il faut être extrêmement curieux. Et puis en plus, non seulement il faut être très curieux, il y a de la bibliographie. Et puis on a, je vous le dis, on a quand même des grands ponts dans notre industrie. Dominique Cardon, elle a tout écrit. Moi, j'ai tous ses livres. Voilà, c'est quelqu'un avec qui j'ai travaillé précédemment. Michel Garcia, il est hyper ingénieux. Moi, je passe mon temps à regarder ses vidéos. Ben ouais, mais parce qu'en fait, en ayant tout savoir depuis 15 ans, parfois je revois des trucs et je me dis, mais c'est vrai, il a raison. On n'a jamais tout appris.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
On n'a jamais tout appris. Et encore moins en couleur. C'est la variation végétale, je trouve. C'est vraiment...
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Vous savez, en plus, Pauline, il y a un truc que j'aime, dont je travaille beaucoup, vous l'avez compris, je suis souvent très, très, très tôt au labo. Parfois, je passe des journées entières à faire des trucs à peu près bien. Et puis, j'ai des collègues qui rentrent dans le labo le soir et qui me disent, c'est bien ce que tu as fait. Mais non ! En fait, quand c'est bien, ce n'est pas concluant. C'est-à-dire qu'on n'a rien appris. Il faut se tromper. comprendre et apprendre et dénouer et essayer de se dire tiens, elle, avec elle, je croyais que ça allait faire ça mais pas du tout. Il y a le poids moléculaire de l'extrait, il y a la plante elle-même, est-ce qu'elle est tannique, elle n'est pas tannique ? Voilà, donc c'est beaucoup de travail. C'est passionnant.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Et alors l'avantage aussi de la couleur végétale, c'est que c'est des cocktails de molécules et les réactions entre elles et toutes les conduites sont infinies. Bon, alors Fabienne, on a parlé de tous les sujets que j'avais envie de voir avec vous. Franchement, je suis ravie. Est-ce qu'il y a un sujet qu'on a oublié d'aborder ou quelque chose qui est important pour vous dans votre témoignage que vous voudriez ajouter ici avant le passage de micro ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
C'est plutôt un message que j'aurais envie de passer. J'aurais envie de dire que le monde de la coloration végétale, en tout cas le monde de la coloration capillaire végétale, est un monde très étroit dans notre pays. Il y a deux gros acteurs, trois gros acteurs, et puis il y a les autres. Il y a ceux qui font quelque chose de conventionnel, et puis il y a les autres, notamment nous. Et en fait, on vient... un peu bouger les curseurs, déplacer un petit peu les exigences, etc. Et en fait, ce que j'ai envie de dire, c'est continuer de faire ce que vous faites. Nous, on avance. On va continuer d'avancer. Et ça, c'est certain, parce qu'en plus, maintenant, on est staffé, on a une belle usine, etc. Et puis, on peut se donner rendez-vous un jour, peut-être. Et peut-être qu'un jour, on pourrait faire des choses chouettes ensemble. Mais pour l'instant, je vais rester dans mon petit coin. et puis il y a des gens avec qui je parle déjà donc voilà, il ne faut pas m'en vouloir je reste dans mon petit coin, je sais qu'il y a des choses qui se disent et qui ne se disent pas mais ce n'est pas grave, moi mon chemin je le connais je sais où je vais et peut-être qu'un jour on sera tous suffisamment grands pour se parler et changer cette industrie ensemble Fabienne,
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
dans le podcast on passe le relais à quelqu'un donc on passe le micro clairement à quelqu'un d'accord C'est un peu une tradition, c'est ce qui permet de continuer à faire le lien. Est-ce que vous pensez à quelqu'un qui pourrait être intéressant que je reçoive sur le podcast ?
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Alors moi, je pense à quelqu'un, mais je ne suis pas sûre de pouvoir en parler.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors, soit vous ne le dites pas, vous lui demandez et on se reparle après.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Je pense à quelqu'un qui fait du très, très bon boulot depuis de nombreuses années et qui, malheureusement, comme nous tous, a traversé la crise avec difficulté et se relève difficilement. Et je pense que c'est quelqu'un qui fait du très, très bon travail, qui a vraiment monté un outil génial, mais qui en bave. Voilà. Et je pense que ça lui ferait du bien de pouvoir s'exprimer.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
OK, bon, donc on se réserve.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
J'ai du temps mort et je lui en parle.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
OK, top. Bon, Fabienne, je voulais vraiment vous remercier énormément parce qu'on a posé le cadre ensemble de ce qui allait être abordable, non abordable, sans être pieds et poings liés. On a pu parler quand même de pas mal de sujets. Franchement, j'ai trouvé ça génial. Donc, je vous remercie. d'avoir joué le jeu et d'être venue sur le podcast.
- ArtEcoVert Pauline Leroux
Merci beaucoup Pauline, à bientôt.
- Fabienne Cozic Laboratoire Isatis
Alors j'étais injuste ici.
- Speaker #2
Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram Artecovert A-R-T-E-C-O-V-E-R-T pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix. de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
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