- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Mathieu Ebessendin. Bonjour Mathieu, est-ce que vous pouvez nous présenter votre parcours qui vous a amené à la filière du chanvre s'il vous plaît ?
- Mathieu Ebbesen Goudin
Pas du tout, du tout. Ni issu du milieu de l'école, ni issu d'une formation qui pourrait me pencher trop loin dans ces acteurs. Moi j'ai travaillé l'essentiel de ma vie dans l'action humanitaire d'urgence, comme ordinateur généraliste, et avec toujours cet équilibre entre le fait d'être entré sur ce territoire où j'ai grandi et le fait de travailler à l'international. Et puis à partir de J'ai eu des enfants, et avec ma compagne, on a décidé de revenir s'installer dans la maison qu'on a dans le Lot, parce que vivre à l'étranger avec des enfants, ça me fait vraiment plaisir. Et puis il y avait aussi cette envie quand même de s'impliquer sur le territoire qui nous a vendu, et qui potentiellement sera aussi le territoire sur lequel vendiraient nos enfants, et c'est le cas puisque c'est la ville de Paris. Donc en 2015, on a rencontré... Et avec des amis, on a décidé de se lancer sur cette idée un peu... dans l'air du temps, disons, de relancer la culture de chanvre sur le territoire anglote, qui est un territoire sur lequel il y avait beaucoup de chanvre, comme un peu partout d'ailleurs en France et en Europe, c'est pas spécifique. D'accord,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ça éteint.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Le chanvre comme une plante très intéressante dans le cadre de la transition écologique. À ce stade-là, si vous voulez, c'était juste le stade de dire, voilà, on va planter du chanvre parce que c'est une plante qui est facile à cultiver en agriculture biologique et qui peut s'épanouir localement et qu'il y a beaucoup d'usages. Mais les usages du champ sur lequel on allait se concentrer à ce moment-là n'étaient pas très clairs. En fait, il se trouve que parmi les fondateurs de Vierbocop, il y a un collègue qui s'appelle aussi Mathieu, qui est éco-constructeur, qui utilisait pas mal de champs dans la maison qu'il construit. Et donc, on a eu la possibilité de visiter des usines de transformation de champs en isolant. Là, on a mis le pied dans une grosse industrie, n'était pas du tout ni notre milieu, ni notre secteur d'activité, et ça nous a semblé très très honte à cette époque-là, et là on a dit non, c'est pas pour nous, et en plus c'était déjà un acteur qui était très bien positionné sur le sujet, et on a dit non, c'était hors de notre portée, et puis c'est pas vraiment là qu'on veut aller. Et puis, de manière générale, VirgoCop est un projet qui a été... beaucoup une question de rencontre, humaine, échange de savoirs. Et donc, on a rencontré des gens au long de notre parcours, qui ont été des gens déterminants pour la suite du projet, et notamment une personne qui s'appelle Pierre Amadieu, qui est une personne importante dans le chambre en France, qui est vraiment quelqu'un qui connaît très très bien ce sujet, et qui est dans le lot, et qui nous a en fait comment dire, nous a motivés pour plutôt nous intéresser à l'utilisation textile. Et là, il nous a dit, écoutez les gars, là-dessus, il n'y a vraiment pas grand-chose qui existe. C'est à faire. C'est un terrain qui est plus vierge. Et je pense qu'il y a quelque chose à faire. Donc, nous, on a un peu suivi cette voie. Et là on a rencontré, en fait, par le biais d'Université à Toulouse, de quelques acteurs qu'on a rencontrés, etc., dans la région anciennement Midi-Pyrénées et maintenant Occitanie, des acteurs d'ontextile qui ont travaillé notamment sur le chambre. Et en fait, on a très vite compris qu'on savait qu'il y avait du chambre. Une fois qu'on avait du fil, on savait faire du tissu ou de la maille, mais ce qu'on savait pas faire, c'est transformer le champ en fil.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Ça c'était donc le segment sur lequel il fallait travailler si on voulait pouvoir faire en sorte qu'il y ait une filière complète. Ça c'est des discussions qui remontent à 2016, etc. déjà quelques années. Donc on a décidé d'aller dans cette voie-là. La réalité était en tout cas qu'au moment où on s'est renseigné là-dedans, il n'était pas possible d'avoir des filles de chambre locale ou même française. Donc ce qu'on a décidé de faire, Pyrko Copte n'existait pas encore, on était vraiment dans la jeunesse. Donc ce qu'on a décidé de faire, c'était d'acheter du fil de chambre au plus proche qu'on puisse trouver. Et donc il se trouve que pour des raisons historiques, il y a un résidu industriel compétent en Europe de l'Est, notamment en Roumanie, qui est le seul pays européen On y reviendra, mais qui jusqu'à il y a peu était capable de produire du fil 100% chanvre en Europe. Et donc on a décidé d'acheter du fil de chanvre brut, enfin du fil de chanvre écrue, naturel comme on l'a dit, qu'on a donc fait venir dans notre région. On a fait teindre chez un des derniers teinturiers français en grand place, qui sont les établissements Plot à Mazamec, et qui est aujourd'hui un... partenaire important dans notre atelier de tissage, on en a acheté depuis. Donc on a fait teindre une partie de ce fil en bleu et là on est allé voir quelqu'un qui va aussi beaucoup compter dans le reste du projet qui s'appelle Eric Carlier qui est donc tisseur à Castres, à côté de Mazamé, à Castres-Mazamé et à qui on a dit bah écoute Eric est ce que tu penses que c'est possible de tisser un tissu de jean avec ce fil ? Et donc Eric qui est assez plus de masse et qui n'a pas peur de masquerner, comme on dit par ici, il a donc pris ce fil et il a réussi à faire un tissu de jeans. Ce qui n'a pas été une mince affaire, certainement que plus d'un tisseur aurait abandonné parce que le fil était cassant, que le chambre peut être un fil ingrat, que ce n'était pas forcément un fil de top qualité, etc. Toujours est-il qu'il a réussi à produire le tissu de jeans. et donc on s'est retrouvé avec ça pour faire du jean voilà avec ce que l'on s'en va sans chambre donc ça ça devait être en 2016 à peu près et un jour au détour d'un voyage personnel de tourisme quoi j'avais entendu parler d'ateliers tu ferris à ce moment là julien tu ferris et myriam sa femme venez d'autres faits l'atelier des pères et des oncles de Julien. J'avais entendu parler d'eux dans la presse locale, sur les réseaux sociaux. Je me suis arrêté un peu par hasard, je suis passé à la boutique, et j'ai dit, voilà, on a fait ça, est-ce que ça vous intéresse ? Julien et Myriam, je pense, avaient très tôt compris dans leur projet qu'il fallait qu'ils travaillent sur des alternatives au coton. Et en fait ça les a beaucoup intéressés, ils ont fait quelques essais de confection avec ce tissu, ils sont revenus vers nous en nous disant, écoutez en fait c'est super, on aimerait bien en avoir plus. On s'est retrouvé dans la situation de demander d'un côté de produire plus de tissu, mais en même temps nous notre objectif c'est pas de faire du tissu avec du fil qu'on importe, c'est de faire du tissu avec du fil produit localement. Donc c'est là que tout s'est précipité puisqu'il fallait qu'on ait une structure pour pouvoir faire tout ça. Et donc là on a une troisième personne qui est aujourd'hui une des pièces maîtresses de la coopérative, qui s'appelle Johan Bacandar, qui est issu du monde de l'économie sociale et solidaire, globalement du monde des coopératives citoyennes. dont on est très proche, et qui nous a dit, écoutez les gars, cette aventure, elle est super, je pense qu'on peut faire de grandes choses, mais moi je me pose de le faire dans le cadre d'une coopérative citoyenne, d'une vraie structure de l'économie sociale et solidaire, évidemment des valeurs qui correspondent tout à fait à ce que nous on voulait, donc on a dit, ok, on fait ça, on monte une coopérative. Donc on a monté une coopérative, ça date d'octobre 2018, le statut. Donc cette coopérative avait initialement l'objectif d'une, si vous voulez, la stratégie c'était ça, c'est-à-dire on va d'un côté produire du tissu pour stimuler le marché, fournir atuféries, au départ c'était que ça, fournir atuféries, etc. et on va travailler en amont, à la fois avec les agriculteurs, pour relancer de la culture de champs à destination textile. et travailler avec les intermédiaires industriels pour que les machines permettent les transformations successives du genre jusqu'à la fin du film. Étape dans laquelle nous sommes toujours, j'y reviendrai après. C'est comme ça que VirgoCop, notamment, s'est situé à la fondation de la société Pierre-André Dieu, Impact. dont l'objectif est de fabriquer des machines pour la transformation du champ en vue d'une utilisation dans le textile. Et voilà la genèse de VirgoCorp. On était quatre fondateurs au début, puisque ce sera joué face à une quatrième personne, qui s'appelle Clémence. Et puis, ça c'est le tout départ, mais VirgoCorp c'est une coopérative. Tout le monde peut, a priori, même si ça passe par la validation d'un conseil de gestion, devenir sociétaire. Au jour où on parle, il y a un peu plus de 60 sociétaires qui sont soit des personnes morales, soit des personnes physiques. Et pour un capital social qui avait démarré à 400 euros, qui est aujourd'hui presque à 400 000. On n'est plus du tout sur les mêmes échelles et en fait c'est un outil assez puissant de développement de projet, de levée de fonds et ça nous a aussi attiré la confiance dans la région de Citanie notamment qui nous a beaucoup aidé et dans un certain nombre d'autres partenaires du même acabit qu'à Togliaccio Fieri qui a vraiment été notre partenaire historique dans tout ce développement mais je pense notamment à des marques comme Wilding Shoes qui est en Allemagne. a fini par devenir en tout cas visible dans le domaine du chambre textil.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Donc là, aujourd'hui, en France, il y a d'autres acteurs comme vous qui remontent des filières ou vous êtes la seule en France ?
- Mathieu Ebbesen Goudin
Non, non, on n'est pas les seuls. Pas du tout. Il y en a plusieurs. En fait, là, ça, ça implique de rentrer tout de suite dans les détails techniques, en fait, de comment on transforme le chambre. Parce que... Il y a une initiative qui est très importante, qui a été portée par l'association de l'un et chambre bio, qui est en Normandie, dont on fait partie. On est membre de l'association depuis que la coopérative existe. Et c'est très intéressant parce que je me souviens d'aller aux réunions de l'un et chambre bio, aux journées de l'un et chambre bio en 2017. Je ne sais plus, je crois que la première où j'ai dû aller, c'était en 2017. On a été... on était peut-être une trentaine à partager le café et à discuter champs et voilà et aujourd'hui on est 100-500, un millier de presse, etc. donc ça a vraiment explosé et si vous voulez l'un des champs Gros-Bure en fait comme ils sont en Normandie et que c'est quand même une association qui a été à l'initiative de gens qui sont plutôt du milieu du Glein qui sont en tout cas au sein du bassin Gros-Bure du Glein ils ont travaillé sur la transformation du chanvre en utilisant les outils du vin, ce qui fonctionne très bien pour nous en fait. Ils ont trouvé des solutions qui vont permettre à très court terme, là, d'avoir vraiment du fil de chanvre à partir de chanvre en français. Donc là, c'est certainement 2023, l'année où on va commencer à avoir une quantité un peu substantielle de fil de chanvre d'origine française. On est au démarrage de quelque chose de très très très intéressant, très précieux. Et là on peut remercier le travail de l'association de lin et chou-en-breu bio et notamment de Nathalie Revoil qui a aménagé sa pelle pour développer tout ça. Mais si vous voulez, le truc c'est que les outils que les ligniers ont pour transformer le lin, ils sont les seuls à avoir ces outils. Alors évidemment on peut imaginer d'installer ces outils partout sur le territoire. Sauf que ça implique beaucoup de choses en amont, ça implique des outils agricoles pour les agriculteurs, ça implique des surpasses de production, ça implique un sabre-cerf etc. qui n'est présent que dans certains endroits. Nous on a considéré jusqu'à maintenant que c'était une marche trop haute, trop complexe par rapport à la réalité du territoire. Peut-être que c'est une erreur, je ne sais pas, peut-être que ça changera à l'avenir, mais pour l'instant, nous on était plutôt partis, notamment avec la perspective qui nous était donnée par Pierre-Emmanuel Dieu, sur d'autres types de récoltes du champ, plus simples au niveau de l'agriculteur, qui ne demandent pas d'investissement dans de nouvelles machines, etc. Et qui vient en fait... traiter le chanvre de manière un petit peu différente que lorsqu'il est traité sur les téliosales qui sont déjà présentes sur le territoire en Angleterre. ça permet pas d'avoir des fibres et aussi bien triées qu'elles le sont quand elles sont traitées sur des teilleuses à lin mais ça permet quand même d'avoir des fibres intéressantes, ça dépend un peu de ce qu'on veut faire après, une fois qu'on a ce fil il est clair que aujourd'hui avec les fibres de la même sorte, il y a un moment on va réussir à sortir des fibres fins qui vont permettre d'envisager de la maille, de la chaise, etc. Et nous, dans les filières qu'on a en place, ce sera certainement sur des tissus plus grossiers, qui conduiront à des tissus plus lourds, qui iront peut-être vers des fils plus techniques, voire de la fibre en remplacement de fibres synthétiques dans différents alliages. Là, ce sont peut-être des textiles, on va plutôt dans le monde de la proposite. Mais il y a une grosse demande. Et de toute façon quand on travaille sur le champ, c'est comme quand on travaille sur le lin, nous notre locomotive et notre ligne d'horizon c'est le textile, mais vous avez toujours des contenus qui vont vers d'autres sites, notamment vers le bâtiment. Vous ne pouvez pas dire que vous ne faites que du textile, il y a forcément une partie des produits qui vont y aller.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Et alors, dans tout ce process, donc, du coup, il y a la culture en champ. Le chanvre, donc, qu'est-ce qu'il nécessite, en gros, même si vous allez... Peut-être que je vais réussir à avoir une chanvrière, mais est-ce que vous pouvez nous expliquer rapidement les étapes en champ et les étapes qui suivent, globalement, jusqu'à l'arrivée d'un tissu, donc, soit pour le jean, soit... Est-ce que vous pouvez expliquer les différentes étapes, s'il vous plaît ?
- Mathieu Ebbesen Goudin
Pour nous on est une chandrière. Cette chandrière va sur son produit d'entrée, c'est un produit brut, soit que la chandrière a cultivé elle-même, soit qu'elle a contractualisé avec des agriculteurs, c'est notre cas, je contracte les agriculteurs. du chanvre brut, qui sont des balles de chanvre qui a été cultivé à destination textile. Ce chanvre, nous on le passe dans une machine qui s'appelle une défibrose, qui est la première concentration du chanvre, qui va permettre de séparer les différents coproduits issus de ce chanvre brut. Vous allez avoir la chenvotte, qui est le coeur de la plante. qui représente 60% du bois et qui va être essentiellement destiné au bâtiment. Vous allez avoir 30% de fibres, dont une partie va pouvoir partir dans le textile et une partie certainement qui ne sera pas suffisamment bonne pour partir dans le textile, qui va plutôt partir dans des usages dits techniques. Et puis vous avez 10% de poussière qui peut être valorisée différemment. Une fois que vous avez ces fibres sorties du défibrage, en fonction de la qualité des fibres, elle va pouvoir être utilisée dans différentes lignes de transformation textile. Quand vous avez des fibres très longues, qui vont partir vers les filateurs, qui sont historiquement les filateurs du lin, qui eux vont être capables de produire des fils en 100% chanvre, fin, qui est un petit peu la Rolls Royce disons, soit vous allez avoir des fibres semi-longues, que vous allez pouvoir orienter vers ces mêmes filateurs, mais pour produire des fils toujours au 100% chanvre, mais plus grossiers, qui peuvent être très intéressants pour faire de l'amablement, de l'habillement nouveau, peut-être du jean, peut-être de la veste, etc. Et sinon, vous avez la troisième option, qui est une option sur laquelle on travaille beaucoup, et on n'est pas les seuls, il y a d'autres projets. Et vous avez une autre voie qui permet de… de faire ce qu'on appelle la cotonictation du champ, où en fait on va encore défibrer davantage le champ pour réduire la taille de la fibre et pour l'amener à la taille d'une fibre de coton, c'est-à-dire en gros 30-40 mm, et qui va permettre en fait de passer cette fibre dans des systèmes de filatoire qui sont notamment... qui sont... qui va permettre de passer la fibre dans des équipements de filature qui sont prévus pour le coton ou pour la laine. Mais quand on fait ça, on ne peut pas faire du 100% chambre parce qu'il y a une question de tenue technique, la fibre est trop courte pour se tenir sur elle-même, donc il faut mélanger avec une autre matière pour que le fil ait de la tenue, avec du coton ou avec de la laine. Quand on parle de chambre, par exemple, dernièrement, vous avez mis des jeans Davis. en coton de chanvre, c'est exactement ça. En fait, vous avez un mélange intime du coton et du chanvre dans le même fil. Et en général, c'est aujourd'hui, en tout cas, les connaissances et les moyens de déploiement qu'on a se situent en général à 30% de chanvre, 70% de coton. Ce qu'il y a d'intéressant avec le séphère en région, c'est que la région Occitanie est historiquement une région lénière. Donc les outils du textile qu'il y avait localement, et notamment dans le bassin textile de Castre-Mazan, étaient des outils prévus pour la laine. Et donc en fait nous ce qu'on sait faire aujourd'hui c'est prendre ce chambre là, le mélanger avec de la laine, à peu près 50% de chaque, et on passe ça sur les cartes au carbet, qui sont donc les filatures de la laine locale. Et on obtient un fil, 50% chanvre, 50% neige, qu'on appelle le mesclat, qui est un mélange en occitan, et qui est un fil local. C'est sûr, je ne ferai pas un t-shirt avec. Mais par contre, on fait des tas de choses très intéressantes. Je prie de la chaussure. Il y a des marques de chaussures qui nous ont pris de ce tissu-là. Je n'en dirai pas davantage pour l'instant, mais ils feront leur truc quand ils se moquent de la fête. Ils vont se fricter ce tissu-là. Vous avez une variété d'utilisation, de champs, de filatures, qui permet aussi de faire des usages différents. Et là, ça va vous intéresser, parce que sur la question des teintures, c'est assez rimeux. Mais comme le champ est une matière végétale, et donc la laine est une matière animale, les teintures ne sont pas les mêmes. Donc, vous devez tenir compte. Si tu changes 50% de l'aide, vous avez une des deux matières qui prend l'attente et pas l'autre. et donc du coup ça crée des effets etc Ah génial,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
parce que les fibres protéiques et fibres cellulosiques c'est pas les mêmes procédés même pour les mordansages la préparation du tissu donc j'imagine que oui le rendu doit pas être uniforme et du coup ça crée des effets c'est top donc si je comprends bien parce que moi ça c'était une de mes réflexions en fait ce que vous êtes en train de dire c'est que peu importe la taille des des plans de chanvre et la longueur des fibres, vous arrivez à trouver à chaque fois des débouchés plus ou moins, comme vous avez dit, très nobles ou d'autres usages. Donc, en fait, tout est valorisé. Parce que moi, j'avais cru entendre, alors c'était plutôt dans le nord et peut-être que dans le nord, ils ne sont pas équipés, mais j'avais entendu qu'il y avait des agriculteurs qui avaient dû retourner leur champ de chanvre parce qu'en fait, la hauteur n'avait pas été assez intéressante et que ça n'allait pas pouvoir être valorisé. Ça, c'est parce qu'ils n'étaient pas équipés ou en fait,
- Mathieu Ebbesen Goudin
vous ? Oui, oui. Est-ce qu'ils n'étaient pas occupés ? Je ne peux pas vous répondre spécifiquement sur cette question-là, je ne sais pas ce qui s'est passé. Après, le fait que là, au moment où on enregistre cette émission, vous et moi, on est vraiment au moment où tout est en train de se déconstruire.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah, génial.
- Mathieu Ebbesen Goudin
ça fait 10 ans que les gens travaillent dessus, nous ça fait 5 ans, l'arche en bio ça fait depuis 16 ans, Pendant cette période-là, il y a eu des tas d'essais où effectivement les gens n'avaient pas facilement les machines, ils ne savaient pas forcément comment faire. Vous savez, sur le chanvre, il y a aussi une étape qui est très importante, qui est la même que celle du lin, qui est ce qu'on appelle le ruissage. Lorsqu'on veut utiliser du chanvre à destination textile, On doit laisser la plante bouillir, c'est-à-dire qu'on laisse des micro-organismes se développer sur la plante pour commencer à consommer les pectines et les lignines qui plient la fibre presse de la tige. historiquement ce ruissage se faisait à l'eau c'est à dire on plongeait les plantes et ça c'est formellement interdit dans l'univers et pour cause parce que ça pollue les couches d'eau parce que c'est pas bon c'est pas du tout une bonne chose pour nous maintenant ce qu'on fait c'est qu'on laisse bouillir au sol et c'est l'action de la chaleur, de l'humidité résiduelle du sol des pluies qui tombent à la fin de l'été le ruissage s'engage et la maîtrise du ruissage a un impact direct sur la qualité du fil et donc du tissu derrière. Et l'apprentissage de ce ruissage, c'est quelque chose qui est vraiment un work in progress, c'est-à-dire que tout le monde est en train d'expérimenter ça. Il y a aussi des recherches sur le sujet, parce qu'on ne sait pas vraiment quelle est la durée optimale, quel est le degré d'humidité optimal, etc. Les lignées, c'est très bien de faire pour le lin, mais ils sont en train d'apprendre pour le genre. Alors évidemment, leur expérience du lin les aide, mais ce n'est pas non plus exactement la même plante. Il y a des choses particulières au chanvre que tout le monde est en train d'expérimenter.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Écoutez, c'est passionnant. Franchement, je découvre plein de choses. Donc, on a fait les différentes étapes, on a fait le processus. J'avais plutôt une question sur les avantages de la matière. Alors, par exemple, si on parle de la matière textile, c'est quoi les avantages du chanvre ou les inconvénients ? Quelles sont ses propriétés ?
- Mathieu Ebbesen Goudin
Alors les avantages, je dirais que le premier avantage, c'est en amont du textile, c'est que c'est quand même une matière qu'on peut produire facilement et abondamment. C'est une plante qui demande peu de ressources pour pousser, qui représente à zéro difficulté technique pour l'agriculteur. Globalement, on n'est pas sur quelque chose d'extrêmement compliqué. et ça pousse alors c'est plutôt une culture de plaine et de vallée c'est pas une culture de plateau calcaire mais globalement elle fait pousser un peu partout elle grimpe la sécheresse donc elle a des belles propriétés agronomiques même pour les sols je crois que c'est un très bon précédent pour les autres cultures parce qu'elle est très couvrante donc elle va éviter le développement des adventices et donc on dit que toute chose étant égale par ailleurs c'est réel derrière un chanvre produit 10% de plus que derrière une autre plante. C'est très intéressant et ça les agriculteurs, en tout cas ceux avec lesquels on travaille, sont vraiment en train de s'en rendre compte. Et il y en a plein qui nous disent, moi, derrière le chanvre, je n'aime même pas la bourrée. Parce que la plante, le sol était tellement ouvert, accueillant pour la culture suivante que je n'ai pas eu besoin de la bourrée.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah génial !
- Mathieu Ebbesen Goudin
Après, il faut quand même préciser, c'est quelque chose sur lequel j'insiste beaucoup, c'est-à-dire que de la même manière qu'on peut faire du coton très bien, On peut faire du chanvre très mal. Le chanvre c'est une super plante, mais si on commence à faire du chanvre sans respecter par exemple la rotation des cultures, et qu'on va faire le chanvre en année 1, le chanvre en année 2, le chanvre en année 3, on va faire ce qui se passe pour toutes les plantes, c'est-à-dire qu'on va épuiser le sol, on va favoriser le développement de maladies, etc. Après, c'est une plante qui, vous le savez, qu'elle soit cultivée en agriculture biologique ou conventionnelle, elle a le même rendement. D'ailleurs, nous, la plupart des agriculteurs avec lesquels on travaille sont dans cette démarche. Ce sont des agriculteurs qui sont soit déjà en agriculture biologique, soit en conversion vers l'agriculture biologique. Et en fait, le Chambre les intéresse parce que justement, c'est une plante très intéressante en rotation et qui est entre guillemets... pas compliqué à produire en agriculture biologique. Pour eux, c'est un bon débouché. Donc,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ça, c'est ses avantages dans la production et les avantages derrière. Donc, ça peut être sur le tissu, ça peut être sur le bâtiment. Quels autres avantages à le changer ?
- Mathieu Ebbesen Goudin
Au niveau textile, le change, il est intéressant parce qu'un peu de la même manière que la laine, c'est un très bon thermorégulateur. Donc, en gros, il va vous... Il va vous tenir au frais l'été et vous tenir au chaud l'hiver. C'est quelque chose qu'on retrouve dans le matignon, la chambre régule très bien le niveau d'hygrométrie. Du coup l'humidité va être plus ou moins directe sur la sensation de chaud. Donc ça c'est très intéressant. C'est une fibre quand même assez robuste et solide. Maintenant, la solidité du tissu est intimement liée à la solidité du fil, qui lui-même est intimement liée à la qualité de la fibre au départ. Et donc, si vous avez un bon champ, enfin, avec des fibres fines, longues, etc., qui vous permettent d'avoir un refil, alors derrière, vous avez un tissu très solide. Si vous êtes parti avec des fibres de qualité moyenne, etc., vous n'allez pas forcément avoir un tissu qui va être exceptionnel en termes de solidité. Tout ça c'est justement un travail sur lequel on va tous se concentrer, c'est la qualité du champ et de l'ensemble de la transformation. Après je dirais que d'un point de vue textile, c'est probablement des propriétés assez similaires à celles du lin. Alors après, oui ça pose quelques contentistes, bah oui c'est plus capricieux que leurs contentistes du polyester, ça y'a pas de doute. C'est des matières naturelles, donc bah oui, il y a des années c'est mieux, il y a des années c'est moins bien. peut-être qu'on tisse moins vite, peut-être que ça va être plus compliqué d'utiliser des métiers à GDR, peut-être à pas de 10 minutes, on va peut-être revenir à des métiers qui travaillent moins vite, il y a un certain nombre de choses comme ça. Mais cela dit, moi ça me permet quand même de glisser là-dedans, ce qui est mon avis. notamment après toutes ces années passées sur le sujet, c'est que le chanvre, c'est très intéressant pour le textile et pour la transition écologique, mais tout ne reposera pas sur le chanvre. Moi, je crois que la solution, si tant est qu'il y en ait une, à la transition écologique du secteur textile, ça va venir d'un bouquet de solutions, un peu comme dans la question énergétique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Le coton continuera à remplir des fonctions, le lin continuera à remplir des fonctions, le chanvre remplira certaines fonctions, les viscoses en remplir en fonction de la quantité de recyclage. La clé de voûte de tout, c'est de bien produire. et donc ça dépendra un peu ce qu'on veut faire avec. Le chambre sera certainement un super plan en tant que la haublement, les tissus lourds, etc. Est-ce que c'est la bonne fibre pour faire du t-shirt ? Je ne sais pas, je me pose la question.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Mais ça fait partie d'une des solutions. ça fait partie d'une des solutions du coup maintenant j'aimerais bien parler de vos partenaires donc vous avez un peu glissé les noms etc ma question c'est, donc je vois bien qu'il y a un vrai réseau via le fait d'avoir fait une coopérative du coup il y a un vrai réseau, il y a un vrai maillage Ça se passe comment avec les autres bassins de culture du lin du Chambre ? Est-ce qu'il y a justement aussi une cohésion un peu plus via l'association lin et chambre ? Est-ce que vous avez des usines ou des industries qui sont plus à vous ouvrir les portes et du coup ça fait naturellement des débouchés ? Comment ça se passe avec les autres acteurs de toute la chaîne de valeur ? Qui sont-ils ? Est-ce qu'ils font ? Est-ce que vous pouvez raconter un petit peu cette partie un peu partenaire ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors bon c'est vrai que comme souvent dans tous les secteurs c'est un petit monde, donc tout le monde peut se croiser, se rencontrer, se connaître. Moi je dirais que ça dépend un peu, il y a des acteurs qui sont très ouverts, très coopératifs et d'autres qui le sont beaucoup moins. Evidemment je n'aime pas personne ici. Ce qui est sûr c'est qu'il y a des initiatives comme celle de l'un des chambres bio qui sont vraiment pour le coup extrêmement ouvertes, extrêmement coopératives et qui ont permis de... donner un coup d'accélérateur très fort à l'émergence du chambre textile, principalement en Normandie, mais plus globalement, comme il y a des acteurs de toute la France qui s'y retrouvent en France de manière générale. Nous, c'est aussi l'ambition qu'on se donne en région. Procop, c'est un projet très ouvert et on partage volontiers les informations qu'on a à n'importe quel niveau. Après, il y a des interprofessionnels en France qui travaillent aussi de plus en plus sur le sujet, notamment l'interchambre, dont on est membre de l'interchambre de facto pour les substances de chambre. en France. D'accord. Et un de nos... Voilà, un autre personnage important de la coopérative, Julien Bonnet, qui s'occupe notamment de toute la partie chambrière et notamment du conseil scientifique d'Interchambre, donc à partager, en fait, avec les autres collègues des grandes chambrières françaises. Mais là-dessus, je dirais que en fait, la France a la particularité d'être le pays du chambre en Europe.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Ah génial, ça je ne savais pas.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ça c'est un héritage historique qui date de décisions politiques fortes qui ont été prises à la sortie de la Seconde Guerre mondiale par les gouvernements français. Et aujourd'hui, en Europe, c'est vraiment la voix de la France qui compte sur le champ. Ce qui est paradoxal parce que ça nous rend à la fois forts sur la question et en même temps parfois un peu conservateurs. Et je pense que pendant très longtemps, il y avait des acteurs historiques en France. Et il faut... remercié d'avoir été présent, d'avoir maintenu cette culture, etc. Et qui ont commencé à avoir émergé tout un tas d'autres acteurs qui avaient plein d'idées innovantes sur le sujet. Et ça, je pense que ça a un petit peu perturbé un petit secteur dans lequel il y avait que, je vais compter les acteurs sur les volumes, ça a un peu bousculé les acteurs qui étaient déjà présents. Et je pense que ça c'est intéressant parce que c'est ce qui est en train de se passer, il y a des nouveaux acteurs qui échangent avec les anciens, alors parfois il y a un peu des choses de la culture, parfois on ne s'entend pas toujours, mais tout ça me semble très fécond. Et le fait qu'une coopérative comme VirgoCox est quand même un acteur nouveau, et puis voilà, semble-t-être un petit peu un ovni même dans le monde, dans un monde qui a été occupé le plus par des coopératives agricoles plus classiques. le fait qu'on est au niveau au chapitre, qu'on soit à la table, qu'on discute avec l'ensemble de ces gens, etc. Et aussi, il y a une ouverture, il y a une possibilité de coopération, et tout ça.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Oui, et puis il y a une nouvelle vague qui arrive.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Voilà, c'est ça. Et puis, comme on a l'habitude de dire dans ce secteur, si vous voulez, c'est le champ. On n'est même pas capable de mesurer ce que ça représente dans le monde du textile, tellement c'est infinitésimal. Pas 0,1% du textile mondial. Enfin, je veux dire, c'est absolument... C'est inchiffrable, tellement c'est petit. Donc on ne peut pas dire qu'il y a vraiment de concurrence, c'est-à-dire qu'en fait il y a de la place. Il y a de la place pour beaucoup d'acteurs. Et donc je pense qu'on n'en est pas du tout, au moment où on parle, à se tirer la boue. Pour l'instant, en tout cas, j'ai envie de dire qu'on est plutôt dans quelque chose d'assez… assez bienveillante, assez ouverte, assez coopérative. Des fois, il ne peut pas non plus dépendre d'un monde angélique. Il y a des choses, il y a des désaccords.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Comme dans tous les milieux, comme dans toutes les filières. Moi, pour être plutôt sur les filières agricoles, c'est la même chose. Et comme vous dites, ce qui est en train d'arriver, c'est qu'il y a un renouveau avec une nouvelle génération. Il y a des nouvelles... des nouvelles entreprises qui arrivent et du coup forcément il y a un choc des pratiques ou même des objectifs et ce qui est intéressant dans ce que vous dites et j'en fais un micro parallèle avec la couleur végétale, c'est que en fait ce que j'entends, que ce soit des acteurs de la laine, que ce soit des acteurs du lin le chanvre, vous aujourd'hui et même sur tout ce qui est hum comment on va dire, la teinture végétale, j'ai vraiment l'impression que, déjà, un, tout est intimement lié, c'est sûr, mais qu'il y a vraiment une... Comme vous dites, vous m'avez dit, 2023, c'est la nuit où on va avoir les premières sorties de tel produit. C'est ce qu'on me dit partout. On me dit que là, ça y est, c'est en train, il y a de la demande, des marques s'intéressent, etc. Et cette effervescence, je pense qu'en fait, il faut continuer à en parler et surtout à bien faire le lien. Et moi, c'est pour ça que je voulais absolument ouvrir le podcast. à des fibres, que ce soit les fibres végétales ou les fibres animales, mais pour montrer qu'en fait, si le chanvre, comme vous dites, c'est insignifiant par rapport au textile mondial, c'est pareil pour la couleur naturelle aujourd'hui. Mais en fait, les deux sont intimement liés parce que la couleur naturelle prend essentiellement sur les fibres naturelles. Et donc, en fait, moi, ce que je veux vraiment accentuer aujourd'hui, c'est le fait que... c'est intimement lié et que votre progression et l'effervescence qui se passe sur le chambre, en fait, elle bénéficiera également à la couleur végétale et ça, je trouve ça top et c'est pour ça que je suis contente de ce que vous êtes en train de... Ça se sent dans vos propos que c'est vraiment en train de démarrer et ça fait hyper plaisir. Juste, vous avez parlé d'Interchambres, l'association L'Ain et Chambres, est-ce qu'il y a d'autres acteurs qui mobilisent un peu aussi sur le chanvre, le lin, les fibres ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je dirais que peut-être dans la foulée de ce que vous avez dit, c'est clair qu'il se passe quelque chose. on est tous debout sur des épaules de géants et même si à un moment on a peut-être eu le culot de monter une structure et de se lancer dans des projets etc on l'a fait aussi parce qu'avant nous il y a des gens qui là où il y a un contexte qui est favorable et on sent bien qu'il est favorable donc je pense qu'aujourd'hui tout cet engouement pour le Made in France, la relocalisation industrielle le fait de rendre le secteur textile plus vertueux, et aujourd'hui en plus toute la réglementation qui va s'appliquer, parce que c'est plus seulement une question de société, c'est aussi une question de réglementation, la loi APEC qui va s'appliquer au secteur textile est assez drastique, du coup il va bien falloir qu'il y ait des solutions. Et donc d'une certaine manière tout cet écosystème est une forme d'écosystème partenaire. Je parlais de la Toulouse, c'est notre partenaire historique dans cet écosystème du Made in France, mais on discute avec plein d'autres gens, je veux dire que ce soit... Je ne sais pas, toutes les marques emblématiques du Made in France, du renouveau textile en France, qui ont fait beaucoup pour vulgariser l'utilisation du lin, l'utilisation du chanvre, l'utilisation des matières recyclées, de mettre en avant le savoir-faire local, de mettre en avant la nécessité d'avoir des industries en local. Il y a plein de marques, je les cite spécifiquement. tous ces gens-là sont des partenaires, ce sont des gens qui nous croisent régulièrement sur les salons, qui s'intéressent à ce qu'on fait, certains sont sociétaires, certains nous achètent du tissu, puisque maintenant, nous, on a aussi racheté un atelier de tissage qui allait fermer. Il s'agissait aussi de s'impliquer sur le maintien des outils sur le territoire et sur le fait de pouvoir former des gens à utiliser ce type d'outils. Et donc, tout ça, ce sont des partenaires, des partenaires avec qui on a des relations plus ou moins proches, Moi je veux croire peut-être de manière un peu candide que c'est vraiment tout ça qui se passe. Ça va fonctionner. Moi je pense qu'il faut vraiment appuyer sur cette question de la coopération. Et on est à un moment porteur. Peut-être que là-dedans, là où on est un peu au milieu du guet, et où effectivement il y a des questions qui s'imposent à nous, des questions assez de fond, c'est la question du coût. Parce que forcément, quand on produit en France, quand on veut à la fois correctement rémunérer l'ensemble des acteurs de la chaîne, les agriculteurs, les salariés dans les industries, etc. C'est bien sorti, on a des tissus, des tissus plus chers. Donc c'est parfois difficile pour les marques parce que ça les oblige à vendre des vêtements plus chers au consommateur final. Donc qui est le consommateur final ? Est-ce qu'on va pouvoir réussir à réduire les coûts de manière à ce qu'il y ait plus de gens qui puissent acheter ces produits ? Ou est-ce que la question c'est plutôt acheter moins mais acheter mieux ? Est-ce que c'est possible pour tout le monde ? Certainement pas. Donc comment on fait pour… pour rédiger et résoudre collectivement cette équation. Ce n'est pas Pierre Gouffre qui va résoudre cette équation. C'est une équation globale, mais on est clairement au milieu du guet. On est dans un monde plus schizophrène. Vous avez ce flux pour le Reggae de France avec un salon qui ne désemplit pas chaque année. et en même temps les boîtes comme Shane n'a jamais fait autant de chiffre d'affaires je pense que maintenant c'est totalement schizophrénique en fait pour cette filière chambre qu'est-ce que vous vous espérez dans
- Mathieu Ebbesen Goudin
les années à venir sur cette filière moi ce que j'espère c'est que
- Pauline Leroux ArtEcoVert
soit capable en France et en Europe de... Quand je dis en Europe, je le dis de manière un peu volontaire parce que je me suis rendu compte au fil du temps que je pense qu'il est beaucoup plus... Il me semble beaucoup plus juste et judicieux de penser les filières plutôt à l'échelle européenne qu'à l'échelle française, parce qu'il y a des savoir-faire qui sont présents. sur certains territoires, je ne sais pas, nous on est proche de la Catalogne par exemple, où vous avez un très gros bassin textile, où il y a des savoir-faire, ce sont nos voisins avec lesquels on peut travailler et qui font des choses très bien. Donc après la question, à mon avis, c'est que je ne pense pas aujourd'hui sur des process industriels où on soit en mesure de reproduire tous les savoir-faire sur tous les territoires.
- Mathieu Ebbesen Goudin
D'accord.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je pense à la chaussure par exemple, aujourd'hui les gens qui ferment leur chaussure au Portugal, voilà. Donc effectivement les coûts de production sont moindres en Portugal mais quand même on reste au sein de l'Union Européenne qui avec, je l'espère en tout cas, un certain nombre de protections sans doute à améliorer mais qui sont existantes pour les travailleurs et ils ont un vrai savoir-faire, ce n'est pas juste une question de coûts, ils savent faire. Est-ce que demain on va créer un bassin de production de la chaussure qui permet d'avoir un tel niveau d'excellence que celui du Portugal ? Peut-être, tout est possible mais je dois dire qu'aujourd'hui moi je crois beaucoup à ces champs européens. surtout qu'on se rend compte que le transport, c'est de bien l'organiser, c'est pas là qu'il y a le plus d'impact écologique, même sur le textile. C'est pas le transport. Donc ça va être plutôt les sources d'énergie, les usines de transformation, voilà, donc si on va faire des efforts, c'est pas tellement... Il faut voir où on fait les efforts.
- Mathieu Ebbesen Goudin
Donc pas vouloir forcément faire du Made in France pour faire du Made in France. C'est plutôt réfléchir à ce qui est déjà... présents, les savoir-faire, les équipements et profiter en fait des pays voisins pour organiser un réseau un peu plus large en fait, c'est ça ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, je pense que ça, le métier de vertu ça permet aussi de mettre la lumière sur nos centaines, c'est très bien mais disons que mon souhait c'est plutôt qu'on travaille justement sur ces filières européennes vertueuses Moi je suis personnel assez européen, évidemment ça vient aussi... Je ne suis pas très subjectif sur la question. Le souhait pour le chambre, c'est justement qu'on a la chance peut-être avec le chambre, comme c'est une filière en renaissance, de faire en sorte que cette filière ne tombe pas dans les écueils d'autres filières tactiles qui se sont retrouvées très vite mondialisées et soumises au marché mondial. C'est le cas du coton, c'est le cas du lin aussi dans une certaine mesure. Ça a été le cas de la laine, c'est bien pour ça que la laine c'est totalement exprimé en France et qu'elle n'a plus aucune valeur. Et avec le chanvre on a la possibilité d'essayer d'échapper à ça. Est-ce que c'est possible ? Est-ce que c'est un vœu pieux ? Le problème, c'est que chasser le naturel, il revient en galop. C'est-à-dire que, oui, on va faire nos chambres. Et puis, dès qu'il y a des marchands qui vont dire le bout du monde et qui vont dire, mais moi, je vous l'achète 20% plus cher que votre voisin, est-ce qu'on dira oui ? Est-ce qu'on dira non ? Bon, ça, on verra bien comment les acteurs se comportent. Moi je pense que c'est ça que je souhaite pour le chanvre aujourd'hui, c'est que de nouveau on peut faire du chanvre et exploiter son prochain. Moi je souhaite qu'effectivement on fasse du chanvre et qu'on en profite pour ne pas exploiter son prochain. que ce soit une chambre, que ce soit une vente qui nous permette de faire les choses bien et pour la nature et pour les hommes.
- Mathieu Ebbesen Goudin
À qui vous aimeriez que j'aille proposer le micro sachant que je vais essayer, comme je fais pour la couleur naturelle, de partir de la terre jusqu'au produit fini ? Est-ce que vous avez des idées et des contacts que vous pensez sympa de me proposer ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
L'association d'un échange audio, c'est un très bon interlocuteur, notamment Nathalie Revol, qui a fait un travail assez exceptionnel, carrément exceptionnel au sein de l'association, pour porter l'ensemble de la filière chambre textile. L'interprofessionnelle, la directrice d'interchambre, Nathalie Fichaud, qui a beaucoup de choses à dire sur le sujet aussi. Le président d'Interchamps, Angoub Barnier, qui est aussi à la tête du Chambrières, qui s'appelle Planets de Chambres, qui est en région parisienne, qui a notamment fourni du chanvre cotonisé, qui a été utilisé dans certains produits marqués.
- Mathieu Ebbesen Goudin
ça je pense que c'est des gens intéressants avec qui échanger ça c'est sûr je vous invite à me rejoindre sur ma page instagram artecovert A R T E C O V E R T pour y découvrir le nom des prochains invités je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale Merci à tous !
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