#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor -  La filière laine en France ou plutôt les filières laines en France [couleur végétale] cover
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ArtEcoVert LE podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor - La filière laine en France ou plutôt les filières laines en France [couleur végétale]

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor - La filière laine en France ou plutôt les filières laines en France [couleur végétale]

1h10 |20/07/2023
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ArtEcoVert LE podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

#E37 - Pascal Gautrand - Le Collectif Tricolor - La filière laine en France ou plutôt les filières laines en France [couleur végétale]

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1h10 |20/07/2023
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Description

Dans cet épisode captivant du podcast "ArtEcoVert", Pauline Leroux reçoit Pascal Gontrand, un passionné de la laine et membre actif du collectif Tricolore. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant de la laine et examinent son impact sur l'industrie textile, un sujet crucial à l'heure où la durabilité et l'authenticité sont au cœur des préoccupations. "La laine est bien plus qu'un simple matériau ; elle est le reflet d'un savoir-faire ancestral et d'une culture que nous devons préserver", déclare Pascal, soulignant l'importance de réévaluer la filière laine en France.


Au fil de cette discussion enrichissante, Pascal partage son parcours en tant que designer textile, mettant en lumière son engagement envers le savoir-faire artisanal. Il aborde les défis actuels de la filière, notamment la collecte et la transformation de la laine, tout en insistant sur la nécessité de valoriser les races locales. En effet, la laine française a souffert de la délocalisation et de la perte de savoir-faire, et il est temps de redonner à ce matériau sa place dans le paysage textile.


L'épisode explore également le rôle essentiel du collectif Tricolore dans la structuration de la filière laine. En rassemblant éleveurs, transformateurs et distributeurs, Pascal et son équipe œuvrent à la création d'un écosystème durable qui valorise les fibres naturelles. Ils discutent des innovations en matière de lavage de la laine et de l'importance d'une approche numérique pour améliorer la traçabilité et la qualité. Ce dialogue met en lumière les enjeux environnementaux et sociaux liés à la production de laine, tout en soulignant l'importance de la collaboration au niveau européen pour renforcer cette filière.


En parallèle, cet épisode résonne avec les thèmes chers à "ArtEcoVert", tels que la teinture végétale et les plantes tinctoriales. La laine, lorsqu'elle est associée à des colorants biosourcés comme l'indigo ou la garance, ouvre la voie à des créations textiles respectueuses de l'environnement. Les colorants végétaux, les pigments végétaux et la coloration capillaire végétale prennent ici tout leur sens, illustrant la richesse des couleurs de plantes et l'importance de l'agriculture tinctoriale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Pascal Gautran du collectif Tricolore. Bonjour Pascal.

  • Pascal Gontrand

    Pauline, merci pour cette invitation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est un plaisir. Alors donc du coup Pascal, ce que je voulais vous demander d'abord, c'était est-ce que vous pouviez nous raconter votre parcours, vous présenter et nous dire comment vous êtes arrivé sur la laine ?

  • Pascal Gontrand

    Alors, un parcours qui a commencé hier. Pas mal de temps, je suis designer, j'ai une formation au départ en design textile et design de mode. J'ai toujours été passionné par ce secteur-là, sans trop savoir pourquoi au départ. C'est rapidement... j'ai découvert une attraction particulière pour la notion de savoir-faire. Finalement, plus que simplement le produit final, qui génère ce que sont les filières. Pourquoi ? Parce que sur ces dernières décennies, sur la fin du XXe siècle, on a probablement beaucoup valorisé la notion de création, de créativité, et ça s'est fait beaucoup au détriment de la notion de savoir-faire, de fabrication. Évidemment, on a beaucoup délocalisé aussi, puisque depuis les années 90, notre industrie textile française a perdu 90% de ses effectifs. mais en même temps on a perdu une certaine connaissance, une certaine culture qui s'est transférée sur d'autres éléments plutôt liés à l'image au style donc c'est intéressant aussi mais disons que j'ai petit à petit abordé mon rôle de designer comme le fait de pouvoir remettre du bien entre ces deux éléments là de l'autre côté la création et de l'autre côté les savoir-faire donc En 2008, j'ai d'ailleurs obtenu une résidence à la Ville de la Médicis à Rome, dans laquelle j'ai vraiment... Ça fait tout mon temps et approfondir cette réflexion-là. Et en 2009, quand je suis rentré en France à nouveau, j'ai lancé mon propre cabinet de conseil qui me permet d'accompagner... des acteurs assez variés, ça peut être des groupements professionnels autour d'un métier, je ne sais pas, la dentelle de Calais par exemple, ou bien des territoires. sur leur périmètre, ou bien des salons professionnels également. Et donc, avec nous, on commence en fait, je dirais, à croiser la notion de salontaire, évidemment, mais aussi de territoire, parce qu'on se rend compte que quel que soit où on se place sur la planète, finalement, le territoire est aussi une composante. importante de la promotion de fabrication parce que ça a plein d'impacts évidemment des impacts plus lésés, moins faciles à voir, qui sont des impacts culturels aussi des impacts du développement durable donc tout cela en fait c'est très difficile de détacher un savoir-faire d'un territoire Voilà, et donc c'est dans ce cadre qu'en 2018, déjà dès 2016, j'ai commencé... plusieurs projets avec des territoires d'agglomération de Castres-Mazamé, Mazamé étant une grande capitale textile et de la laine en particulier, la laine carlée. Et ensuite avec la région Occitanie, à Montpellier... Par exemple, pour le pouvoir économique, j'ai participé à la structuration d'événements qui mettaient en avant des acteurs de ces territoires respectifs. Et au fil de ces rencontres-là que j'ai commencé à prendre conscience des enjeux de la filière laine ou des filières lénières françaises, notamment au travers d'une personne qui est pour moi emblématique de cette filière aujourd'hui, qui s'appelle Éric Carlier, qui est le fondateur du Passe-Arme, un atelier de tissage situé justement à côté de ma vallée. à l'époque s'était lancé dans la transformation de différentes races qui ont des propriétés de couleurs naturelles alors on est sur un podcast dédié à couleur naturelle, celle-ci ne provient pas directement des plantes, même si j'imagine que l'alimentation du mouton joue sur sa pigmentation, mais c'est directement la race qui produit des toisons pigmentées, ça peut être le noir du velay, ça peut être l'orécampan, la solignote, autant de races qui ont des particularités temporielles. intéressante et qui du coup transformée par Eric Carlier donnait des tas de tissus sans teinture du tout qui est quand même une étape assez gourmande en eau, en énergie et donc ça permet de mettre en valeur ce patrimoine et on revient à la notion de territoire comme vous l'avez entendu dans le nom des races, elles ont souvent le nom des territoires qui font un peu leur bateau, donc c'est Cologne ou l'île de Puy-en-Velay par le nom de l'île, c'est encore une fois complètement lié, la notion de territoire est très présente. C'est grâce à Eric que j'ai réuni un peu là-dedans. J'ai trouvé à l'époque que sa démarche était très contemporaine. Elle était très confidentielle. C'est un petit atelier. C'est gagné sans doute par un public reconnu. Donc en 2018, il est proposé au salon Medi-France, qui se tient chaque année au carreau du temple, de... mettre en scène en fait cette filière en faisant connaître la problématique au plus grand nombre de marques et donc pendant quelques mois on a un peu battu le rappel on est allé à la rencontre de nombreuses marques de nombreux designers pour leur raconter un peu ce qu'était cette filière avec donc à l'époque c'est peu de valeur pour la laine puisqu'aujourd'hui, encore, la plupart de nos éleveurs tendent à perte, donc on préfère ne tendre que ce qu'on leur offre pour les poisons correspondantes, et ce parce qu'on a un peu laissé cette filière se désagréver. Il existait jusqu'à la fin des années 80, la profession qui régissait un peu le dialogue entre l'élevage en amont, l'industrie un peu plus en aval, et on a pu voir que les élevages étaient plus en aval, parce que à ce moment-là, on était en interne de la dégénéalisation, la santé éthique était bien plus pratique et bien moins ferme que l'ALN. On ne se posait pas encore les questions d'impact environnementaux que l'on se pose aujourd'hui. Donc on… on a laissé se désagréger cette interprofession et toute l'organisation qui existait à l'époque et qui permettait d'avoir notamment un paiement à la qualité qui est indissociable de l'amélioration qualité s'il n'y a pas de rémunération conséquente, suffisante pour... pour mieux travailler. Et bien, c'est vrai que la tombe aujourd'hui, c'est devenu très banal. Les éleveurs ont perdu la victime de la tombe depuis 7 ans. C'est très compliqué et chronophage, mais ça demande quand même un petit effort, une petite attention suivie, au long de l'année, sur la conduite du troupeau et en particulier le jour de la pompe, pour éviter qu'il se retrouve trop de paille dans les poisons. C'est le plus complexe à relever par la suite. A l'époque, en mars 2019, nous avons rassemblé sur le salon 68 marques, créateurs, designers, qui avaient travaillé sur plus de 130 prototypes ou produits déjà commercialisés exclusivement en le même concept. avec une petite dizaine de races différentes. Ces produits étaient sans teinture, en fait, on tirait un peu parti des... des... des diverses... des... Donc, voilà, ça, ça a été un peu un... Un moment fort pour moi parce que ça m'a permis de confronter l'idée ou l'intuition que j'avais, que j'avais l'intuition d'Éric Carrier, par exemple, mais pas seulement, parce qu'on est également les nature du parc, ça dans le Tarn s'était aussi engagé dans le développement d'une petite gamme de fields. pour le tricotage, ce qui nous permettait d'avoir un peu les deux aspects, c'est-à-dire la laine tissée, foulonnée ensuite sous forme de gras de laine par un carlier, et également des fils destinés au tricotage développé par une température de temps. Donc ça a permis de... vérifier cette intuition qui avait un intérêt pour le marché, que les marques pouvaient s'emparer un peu de cette matière première, faire des choses intéressantes, créatives avec, et également dépoussiérer un peu l'image de l'haleine, qui est souvent associée à un petit artisanat très local, en petite quantité. Donc là, l'idée, c'est que c'est c'est de pouvoir avoir un impact, puisqu'on a quand même 25 000 éleveurs en France, avec entre 10 et 12 000 tonnes de poison qui sont tombées chaque année, ce qui est une masse énorme et qui évidemment n'est pas absorbable uniquement par l'artisanat local, qui vous envoie... Je ne suis pas du tout à ces activités-là, mais disons que si on veut vraiment trouver une solution qui puisse convenir et surtout impacter le plus grand nombre d'éleveurs, il faut vraiment travailler à cette échelle. Donc voilà. Et du coup, l'année suivante, en plein Covid, j'ai profité de mon temps pour pouvoir un peu rassembler une partie des acteurs qui avaient joué le jeu, qui avaient sorti des collections qui avaient été mises sur le marché l'hiver suivant et rassembler des acteurs autour notamment de la Fédération Nationale Ovime. qui nous a accompagnés pour Bono pendant une année, le VNH également, et l'association Paris Good Fashion a fait un axe de travail sur les filières lénières françaises. Et c'est là que nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait construire quelque part un... un vaisseau pour cette profession en rassemblant trois grands univers. Donc en amont l'univers de l'éleveur, au centre l'univers des savoir-faire de transformation, et ils sont très nombreux, on en retrouve beaucoup, mais la laine en fait elle peut être utilisée dans beaucoup de... type de produits en passant par des types de transformations très variées on pense souvent au fil, au tricot On peut s'étrer, on peut l'éviter, on peut l'utiliser en vrac, on peut aussi la transformer, tirer parti de ses composés. notamment la kératine donc il y a énormément d'usages traditionnels puisque il faut quand même rappeler que cette matière elle accompagne l'humanité depuis 10 000 ans puisqu'on a une classe de textiles réalisés à base de laine il y a déjà 10 000 ans et aussi au travers d'usages complètement innovants avec des startups aujourd'hui ou même des plus grosses entreprises qui inventent une oeuvre pour mettre à profit avec la laine différemment voilà je pense que c'est un peu long mais c'est un peu ce qui vit le collectif sur les rails puisque en fin 2020 nous avons fait le lancement officiel du collectif tricolore sous forme d'association loi 1901 à l'époque nous avions une bonne trentaine de membres fondateurs qui se sont investis à tout niveau soit des fédérations professionnelles soit des institutions comme la Bergerie Nationale ou le Mobilité Nationale soit directement des entreprises les tentrices de savoir-faire ou qui développent la distribution de certains types de produits souhaiter en fait s'engager participer à une réflexion sur comment est-ce qu'on peut reconstruire je pense qu'à tout court un système vertueux, valorisant pour cette matière première aujourd'hui en France et avec nos partenaires européens puisque certains maillons sont très affaiblis sur notre territoire donc il faut réfléchir de manière plus large encore que les frontières de notre pays pour une chance de construire quelque chose de durable

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors vous avez dit fin 2020 la création du collectif Tricolore, vous avez parlé de trois univers, j'en ai loupé un, j'ai l'élevage, le savoir-faire de la transformation, et vous avez parlé, le troisième c'est quoi ? Le troisième univers du collectif Tricolore ?

  • Pascal Gontrand

    Le troisième univers du collectif Tricolore c'est la distribution. et c'est important d'emmener les marques, les metteurs sur le marché à réfléchir dès l'amont et à mieux connaître l'amont, ce qui se passe dans l'élevage. Donc une des grandes fiertés que je peux retirer de ce collectif, c'est cette mise en dialogue d'univers qui ne se connaissent plus. qui ne se connaissent plus, qui sont assez distants, qui ont des cultures très différentes, mais aussi très complémentaires, et qui, au travers de cette thématique de l'haleine, se retrouvent finalement avec un point commun, des projets communs, des idées communes, des valeurs communes. Donc c'est ce qui fait un peu l'énergie du collectif écolaire aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc vous avez dit qu'il y a une trentaine de membres à peu près. Vous êtes basé où exactement ?

  • Pascal Gontrand

    Alors l'association est domiciliée à la Maison Nationale des Éleveurs à Paris. Et nos membres, eux, sont partout en France, et un petit peu aussi dans certains pays limitrophes. Et aujourd'hui nous avons un peu plus d'une soixantaine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    métiers d'accord ok et donc c'est un système comme une fédération en fait il y a une contribution, une adhésion des personnes et des événements qui sont organisés des rassemblements des événements c'est un peu comme ça que ça fonctionne ?

  • Pascal Gontrand

    absolument tout au long de l'année on coordonne beaucoup en visio mais aussi Le travail selon les thématiques, on coordonne donc les rencontres, les questions pour pouvoir traduire des projets concrets. On travaille sur la mise en place d'outils et de méthodes communes. La première phase, c'est vraiment la rencontre, c'est-à-dire le dialogue entre chacun des membres, les aider. les étapes avant, les enjeux qui correspondent aux différents métiers, pour pouvoir réfléchir avec une vision plus large sur les métiers ou leurs segments. Et aujourd'hui, on a deux ans et demi de travail collectif sur la mise en place d'outils communs. notamment un outil digital de plus en plus long, qui va permettre de moderniser l'armée, de garantir une forme de traçabilité, mais aussi de permettre aux compagnons, aux compagnons de la ferme, jusqu'à leur transformation en produits finis, les accompagner en fait de données qui sont cruciales pour la qualité, pour une rémunération plus équitable, pour... On a aussi des questions de responsabilité, puisque comme je l'ai dit en introduction, aujourd'hui, nous sommes dans un moment historique, dans le sens où nos industries, notre consommation est en train d'évoluer. de manière très forte, avec beaucoup plus de conscience des impacts de cette consommation, de ces productions qui n'étaient pas mesurées jusqu'à présent, et qui aujourd'hui, chaque entreprise, chaque maillon de la filière a devoir... déjà connaître ses impacts pour pouvoir les maîtriser, les réduire si possible. Donc là, dans ce cadre-là, la filière laine française a vraiment un rôle à jouer. Je dirais même que son rôle est vaste parce qu'il s'inscrit dans une musique qui est la même pour tout l'élevage européen, qui est uniquement dédiée à la production de gendres ou de lait. et qui fait que la laine étant sous-produite, presque un déchet, et pourtant paradoxalement c'est ce qui lui confère déjà une valeur supérieure dans le sens où son impact sur la planète, du fait qu'elle n'a pas besoin, que ce n'est pas un élevage qui est élevé pour sa production fait qu'elle n'a qu'une petite partie des impacts de l'élevage ce qui fait que finalement c'est une matière qui en soi est déjà là qu'on n'a pas besoin de produire et qui donc est quelque part plus vertueuse que d'autres matières pour lesquelles il faut engendrer un livage ou une production donc là déjà on part d'un d'un point positif dès le départ

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et je voulais justement vous demander dans votre outil digital de filière c'est un genre de blockchain comme on a sur l'alimentaire avec chaque acteur ou chaque étape qui est renseignée avec des informations digitales disponibles pour toute la chaîne, c'est un peu ce genre d'outil là que vous aimeriez développer ?

  • Pascal Gontrand

    Oui c'est un peu sur le style sur le principe de la blockchain effectivement avec des informations qui sont qui sont transmises d'un maillon à l'autre. Alors, toutes les informations ne sont pas transmises parce qu'il y a aussi des questions de confidentialité sur certains types de données, sur certains maillons. Mais ça permet effectivement de pouvoir remonter la chaîne si besoin, si nécessaire, pour des questions d'amélioration de qualité, de traçabilité de courbe, de garantie de proclamations. pour un calcul des impacts responsables.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ouais, c'est ce que j'allais dire. Donc du coup, si je vois bien votre objectif, vu que pour avoir fait ça dans ma vie passée, sur des sujets comme ça, où il y avait des histoires de blockchain, et en fait, l'idée, c'est que grâce à ça, vous puissiez avoir une certaine réassurance sur la qualité des lèvres, la traçabilité, les origines pour les grandes marques qui en ont besoin. mais aussi que vous puissiez, par exemple, calculer un impact carbone ou un impact tout court de cette filière lame pour des marques qui ont les moyens de mettre en avant ces arguments-là, si je comprends bien. C'est un peu ça ?

  • Pascal Gontrand

    C'est ça, avec un paramètre supplémentaire qui est la gestion de la qualité, qui est intrinsèquement liée à la notion d'équité aussi, c'est-à-dire que si on veut... composer un paiement à la qualité, certes, on peut vérifier la qualité dès le départ, mais souvent, c'est plus tard que se fait la valorisation. Et si on n'est pas capable de pouvoir remonter l'achat, on ne sera pas non plus capable de pouvoir valoriser en fonction des niveaux de valorisation derrière, auprès des éleveurs.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et alors du coup, Pascal, une question toute bête. Comment ? Non, non, c'est qu'on a un petit décalage de réseau, mais c'est pas grave. Ah d'accord, j'entends pas le bruit autour de vous mais il y a un petit décalage dans notre conversation mais du coup je voulais vous poser la question et en fait ça fait la transition avec la question d'après c'est quelles sont toutes les étapes on va dire de l'élevage jusqu'à la tonte les différentes étapes qui suivent cette tonte ça c'était ma première question et la deuxième question c'était qu'est-ce qui définit une qualité de laine, parce que si vous souhaitez rémunérer vos partenaires par rapport à la qualité de la laine, je suppose que vous avez mis un cahier des charges, et ça doit être sûrement en lien avec, déjà, la race, je pense que les races, toutes les races ne se valent pas, et après vous aviez dit la présence d'impureté, j'ai vu qu'il y avait aussi une histoire de sioux dans la toison, des poils différents qui n'étaient pas valorisés par elle, etc. Est-ce que vous pouvez nous expliquer du coup les différentes étapes après la tonte et aussi ce qui fait la qualité d'une bonne laine ou d'une laine un peu moins qualitative alors beaucoup d'acteurs aiment bien dire que il n'y a pas de mauvaise laine mais

  • Pascal Gontrand

    il n'y a que des bons usages pour les bonnes laines donc c'est vrai que déjà il convient d'utiliser le pluriel tant pour la laine, on devrait dire les laines, parce qu'en réalité, d'une race de moutons à l'autre, d'un type d'élevage à l'autre, on peut avoir une très forte différence. Donc souvent, les paramètres sont le moutonnage, la longueur des fils, le baril, le normand. également les types de transformation et les types d'usages sont aussi très variés ce qui veut dire qu'une bonne laine pour faire un bon tapis, c'est pas forcément une bonne laine pour faire un bon fil donc ce dans quoi il faut arriver à remettre un peu d'ordre, c'est déjà comprendre quels usages pour quelle typologie de laine et ensuite c'est pas juste une race un usage c'est un peu plus complexe que ça puisque au sein d'une même toison on peut avoir des types de laine différents donc selon le niveau de valorisation possible il va falloir mettre en oeuvre des types de tris différents ça peut être un tri à la toison ou ça peut être un tri précis encore où on va découper une poison en plusieurs morceaux. Cela dépend évidemment du type d'usage et du cahier des charges. Là non plus, il n'y a pas un seul cahier des charges, il y a énormément de cahiers des charges. Le cahier des charges traditionnel, jusqu'à présent notre industrie ne s'appuie pas du tout sur des usages de laine locale ou très très peu. ce sont des laines qui sont réunies, standardisées d'une certaine manière, ce qui les rend plus faciles en fait de transformer, plus faciles à traiter. Nous aujourd'hui on part un peu de zéro avec la nécessité de devoir aussi inventer des catégories de laines inventer des systèmes pour pouvoir les catégoriser d'une part et ensuite faire suivre la logistique derrière. C'est là où, encore une fois, l'outil digital lui peut permettre en fait de gagner du temps, de pouvoir agglomérer des lots similaires plus vite sans avoir à systématiquement réouvrir des ballots pour etc. Donc l'idée c'est aussi de fournir au travers de cet outil de facilité, de fluidité dans le système logistique, qui aujourd'hui porte tout le poids, tout le coût de la laine finalement. Et la raison pour laquelle on offre très peu à l'éleveur, c'est que derrière ça coûte très cher d'aller chercher.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La collecte ?

  • Pascal Gontrand

    La collecte, ce sont des lots en moyenne de 500 kilos.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    par bergerie, puisqu'on est sur 250 têtes en moyenne par bergerie en France, en Europe de manière générale donc ça produit à peu près 2 kilos en fonction des races là encore, c'est variable dans les typologies de laine sur la laine elle-même mais effectivement vous avez mentionné le soin qui est la transpiration de montant qui se retrouve en vue, prise dans l'œuvre. Là aussi ça donne lieu à des types de valorisation possibles, notamment l'anoline, qui est un composé qui est inscrit historiquement dans la composition cosmétique, parce que l'anoline a de très bonnes caractéristiques de... il a de très bonnes caractéristiques d'hydratation c'est vraiment un avantage on peut valoriser certes la laine mais en réalité dans une poison on peut avoir aussi un ensemble de coproduits à explorer sur des usages qui peuvent être innovants aujourd'hui

  • Pascal Gontrand

    Donc votre principal, on va dire, concurrent, c'est en fait peut-être la laine d'Australie, le Mérinos qui vient complètement... Non, c'est pas ça ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    absolument pas absolument pas parce qu'on n'a pas du tout les mêmes caractéristiques donc il n'est absolument pas question que les laines françaises se mettent à concurrencer le merinos australien on est sur des micronages qui n'ont rien à voir on est sur une forme de standardisation en Australie qui n'a rien à voir et en termes d'impact on est aussi sur un ça va faire grincer mais on est sur un sur un je dirais, nous sommes sur un coproduit là où l'Australie, en fait, élève ses moutons pour de la laine. Que pour ça ? Oui, d'accord. Il est attribué à la laine à autre chose, ce qui fait que finalement, cette laine, elle est plus fine, elle est plus standard, je ne sais pas si c'est un avantage, mais en tout cas, elle a un impact environnemental qui est moins bon que l'impact théorique, qui aujourd'hui reste théorique, puisque l'impact de... français ou européen parce que je pense que c'est vers là qu'il faut aller, vers une conscience européenne ensemble parce que juste la laine française même au niveau national c'est très peu c'est finalement une micro goutte d'eau il faut quand même rappeler que la laine ça représente 1% seulement des fibres qui sont utilisées sur le marché aujourd'hui donc on se dit 1% c'est un coup toute la laine australienne qui représente les trois quarts de la baisse qui est produite dans le monde.

  • Pascal Gontrand

    Donc, plus on sera d'acteurs européens, ce serait d'ailleurs davantage massifié, un peu plus la production. D'accord, je comprends mieux. J'avais une question, du coup, je viens de la perdre. Ah, ça y est, ça a l'air que ça bug. Je ne sais plus ce que j'allais vous dire. J'avais une bonne question que j'avais perdue, c'est pas grave. continuons donc du coup on a parlé la laine représente 1% des fibres textiles mondiales l'idée c'est d'aller multiplier le nombre d'acteurs est-ce que avant qu'on passe sur la filière laine en France et plutôt en Europe et ouvrir est-ce qu'on pourrait parler des différentes étapes suite à la tonte donc on a bien compris vous votre particularité c'est que vous travaillez des laines qui sont en fait comme des déchets puisque les animaux sont élevés pour la viande ou pour le lait, vous, ce n'est pas le bon terme.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On va dire sous-produit.

  • Pascal Gontrand

    Vous avez dit déchet tout à l'heure, mais là, le but, c'est que ce soit un sous-produit, un coproduit, on va dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça serait le Graal.

  • Pascal Gontrand

    Bon, OK. Alors, je coupe parce que je me suis plantée. Donc, un coproduit. Comment vous faites ? Moi, j'ai beaucoup de questions parce qu'il y a plein d'exploitations. Donc les périodes de tonte sont à peu près quasi les mêmes ? C'est une fourchette commune au moins ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    6 mois à peu près.

  • Pascal Gontrand

    Ah oui d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Parfois fin décembre dans le sud de la France et vont se poursuivre jusqu'en juin, début juillet. D'accord. Voilà, le gros est concentré. Mais vous avez raison, une grande partie, plus de la moitié va se dérouler au printemps, dans le temps de Sabri en ce moment.

  • Pascal Gontrand

    D'accord,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    donc les animaux sont tondus,

  • Pascal Gontrand

    qu'est-ce qui se passe après en fait ? Comment c'est collecté ? Est-ce que c'est l'agriculteur qui envoie ça à un point particulier ? Est-ce que c'est un canon comme un canon de lait qui passe collecter les oiseaux ? Sachant que vous avez parlé de 500 kilos, il faut quand même être équipé, il faut avoir un système logistique. Comment ça fonctionne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là encore, il n'y a pas de standard, puisque selon les types de laine, selon l'accessibilité des laines, les exploitations agricoles, en fait, il peut y avoir vraiment des choses très... Les cas de figure sont incomparables. Donc, ce n'est pas l'éleveur qui se déplace. Généralement, on vient plutôt collecter sa laine, même si on a tendance aujourd'hui à voir que peut-être, comme en Grande-Bretagne, ça pourrait être une première étape. qui aiderait, que d'aller déposer sa laine dans des dépôts, mais ne le fait pas beaucoup. Donc c'est souvent soit des collecteurs privés. qui vont passer dans les fermes pour pouvoir ramasser le produit de la tente qui est stocké dans des curons, ce qu'on appelle des curons. C'est d'assez gros sacs avec 50-60 kg de laine à l'intérieur chaque fois. Donc ça fait à peu près une dizaine par bergerie. C'est assez volumineux parce qu'on ne la tasse pas beaucoup. On la tasse, on saute à pieds joints sur les... sur les sacs mais bon la laine c'est très expansif et les laines françaises sont reconnues pour ça justement elles ont beaucoup de gonflants ce qui leur confère notamment en literie des usages assez vertueux et ensuite ça peut être également collecté directement par des coopératives ovines par exemple qui vont rendre service à leurs éleveurs en allant chercher cette matière première chez eux pour les débarrasser un peu Il faut dire que notre système fonctionne très mal, parce que ces dernières années, ils sont très très très mal. Depuis que le marché s'est effondré, avec la désorganisation due au Covid. nos éleveurs stockent parfois trois années de comptes consécutives sans avoir d'acheteurs ou d'offres sérieuses en face. Donc, il y a un malfonctionnement, un dysfonctionnement de cette logistique qui est assurée par des collecteurs privés ou des coopératives. Grosso modo, c'est ça. On essaie de mutualiser, c'est-à-dire peut-être la coopérative vient livrer du grain et repart avec les toisons mais encore une fois il n'y a pas vraiment de logistique dans certains cas ce sont les tourbillons qui récupèrent la laine donc il y a vraiment des cas de figures très variés aujourd'hui Voilà, après les étapes suivantes, pour un usage, en fait, depuis quelques années, la laine est classée sous produit animal de catégorie 3, donc avec un risque sanitaire moyen, mais quand même présent. qui fait que si on veut l'utiliser que ce soit même pour faire du paillage sur sa propre exploitation il faut l'hygiéniser d'abord il y a plein de méthodes d'hygiénisation possibles mais le lavage c'est la méthode la plus conventionnelle et le lavage utilise pas mal d'eau pas mal d'énergie puisqu'il faut monter au moins à 60°C pendant une heure pour hygiéniser donc la laine contient pas mal de graisse donc il y a un système de saponification qui se met en place et elle génère son propre savon en fait une fois qu'on a lancé ce système mais il faut quand même pas mal de énergie pour la mécanique et pour ce panneau évidemment c'est un maillon très particulier en France parce qu'on a quasiment perdu les acteurs. En tout cas, tous les acteurs industriels ont disparu, ont fermé leurs portes au début des années 2000, en l'année dernière, au milieu des années 2000. Il en reste un, à l'avance, qui est l'avance des évodants, qui est un semi-industriel, on va dire, ou semi-artisanal, avec une capacité extrêmement réduite. On pourrait pas laver, on va se réaliser à quelques mois. En 3-8, pendant toute l'année, ils seraient capables de laver à peu près 2% de la veine française.

  • Pascal Gontrand

    Ouais, d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, ils ne travaillent pas en 3-8. Donc, on va se réaliser à peu près 2%. C'est un maillon qui peut être aussi intéressant si on se place de l'autre côté. C'est-à-dire si on se dit que le fait qu'ils aient tous disparu, et ils ont souvent disparu parce qu'il y avait des contraintes de retraitement des eaux très fortes. très coûteuse sur un maillon, sur une étape finalement qui, à part l'hygiénisation, n'apporte rien en termes de valorisation. Donc c'est ce qui a probablement signé le déclin de nos lavages industriels. Aujourd'hui, il en reste quelques-uns en Proche-Europe, donc en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, au Portugal. taille assez diverse aussi. Donc il y a quand même une petite capacité de lavage en local, on va dire. Mais c'est tout. et je disais donc que cette méthode qui est la méthode traditionnelle qui utilise beaucoup d'eau, qu'il faut retraiter après qui utilise beaucoup d'énergie si elle a disparu c'est peut-être aussi le moment opportun de la réinventer et donc ça c'est aussi un axe sur lequel le collectif tricolore s'est positionné il y a deux ans nous avons obtenu une aide de la part de France Provence pour nous aider dans cette... top dans cette recherche, avec une technologie un peu, alternative, qui est déjà une technologie qui s'appelle le CO2 supercritique, qui est déjà utilisée dans d'autres secteurs de l'industrie, mais pas dans le lavage de la laine, et qui... peut contribuer à ce lavage sans pour autant consommer autant d'eau, autant d'énergie. Donc là, on est en… les acteurs, nos adhérents qui sont impliqués dans ce développement-là sont en train d'étudier la fusibilité.

  • Pascal Gontrand

    C'est quoi le principe ? C'est quoi le principe du...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le CO2 supercritique, c'est que, en fait, on nous a souvent appris qu'il y avait trois états solides, liquides, gazeux. En réalité, il y en a quatre. Il y a aussi un état supercritique qui intervient sur les molécules à très forte pression. Donc là, il s'agit en fait de mettre sous CO2 une dimension. et de très forte pression pas forcément pas obligé de générer de la chaleur et ça va en fait permettre d'exprimer une grande partie des matières organiques qui sont dans le poison

  • Pascal Gontrand

    et ça n'abîme pas la laine ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, d'accord. C'est ce qu'il a fallu vérifier en laboratoire. Donc on a fait un peu toutes les recherches labo, et aujourd'hui on est en phase d'industrialisation, enfin les acteurs sont en phase d'industrialisation, donc on espère très fortement que d'ici peut-être deux ans, on pourrait avoir... un lavage qui serait d'un nouveau type avec des impacts environnementaux bien moindres ce qui nous ce qui nous permettrait d'être encore plus de s'inscrire encore mieux en fait dans cette transition environnementale qui est à l'oeuvre et pour laquelle la laine pourrait jouer un rôle intéressant

  • Pascal Gontrand

    alors du coup ce serait un pardon il y a un décalage,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    allez-y si je continue dans la filière les étapes qui suivent le lavage là elles sont diverses il ne faut pas imaginer la filière laine comme une filière très linéaire je préfère parler des filières laines parce que elles sont très variées très imbriquées les unes dans les autres avec des des étapes qui donnent lieu à des écarts je pense par exemple souvent l'étape suivante c'est le cardage peignage au cardage, on a des pertes, au peignage également, mais ce ne sont pas forcément des pertes, parce que les pertes d'une filière peuvent devenir les produits d'une autre. Donc là aussi, on a tout à gagner à reconstruire un écosystème complet, parce que plus on valorisera, moins il y aura de pertes, et parce qu'on valorisera mieux les coproduits à chaque stade de la transformation. on arrivera à valoriser la matière auprès des éleveurs. Donc c'est important de considérer cette pluralité des transformations. Et après, une fois qu'on a cardé, on peut peigner si on veut faire un film, on peut aiguïter si on veut faire des matelas par exemple, on peut feutrer si on veut faire du feutre pour des usages. plus technique ou même pour des usages un peu design en défaut. Après, sur les étapes de filature, si on reste sur le fil, il y a des filatures peignées ou des filatures cardées. C'est des types de filatures différentes qui donnent des résultats de fils différents pour des usages différents. Donc là, encore, il faut quelque part, presque parfois, réinventer l'usage de la laine dans ces métiers, parce qu'on a des entreprises en France qui... qui ont pu être spécialistes de la laine il y a 50 ans, mais qui se sont beaucoup tournés ces dernières décennies vers d'autres types de fibres, synthétiques en particulier, qui ne nécessitent pas autant d'excellence et de connaissances que les matières naturelles. Les matières naturelles, c'est complexe en fait, parce que... la météo, le taux d'hygrométrie, tout peut influer, en fait, c'est aussi vrai pour les colorants naturels, mais tout peut influer sur les réglages des machines, sur le résultat final. Donc, ça demande une connaissance très fine, en fait, des process de transformation, des machines, de la conduite des machines. Et là, c'est là où... Finalement, notre premier écueil, c'est la formation, c'est la transmission de certaines connaissances, de certains savoir-faire, parce que plusieurs décennies à se consacrer à la transformation d'autres fibres font que l'haleine est très méconnue. et quand je dis la laine la seule laine qui est connue c'est quelque part c'est la laine mérinoise standardisée qui arrive d'Australie là il faut apprendre à connaître des catégories de laine française qu'on n'avait jamais testé en fait que nos industriels ces dernières 50-100 ans n'ont jamais testé en fait donc il y a un vrai challenge aussi de collectif d'innovation, de R&D qui doit se faire et ça c'est aussi dans le dialogue parce qu'un certain type de lavage peut permettre un certain type de transformation un certain type de filature peut permettre un certain type de trottage ou de tissage donc ça demande aux acteurs de se syntoniser entre eux pour mettre au point des produits à chaque étape de la filière qui soient en route les utilisables possibles, les mieux possibles pour les maillons suivants. Donc, c'est là où on voit que cette chaîne est assez longue, qu'elle peut être assez complexe, parce qu'après, du foulateur, on va passer chez des tricoteurs ou des tisseurs. Il va falloir aussi inclure des étapes d'ennoblissement. Alors, ça peut être la teinture, bien sûr. Alors, la laine, elle est parfaite pour... elle se teint très facilement historiquement sur les colorants naturels on a des archives incroyables avec des coloris somptueux et très profonds mais elle se teint très bien également avec des procédés chimiques pétrochimiques actuels mais il y en a un qui est très bien Voilà, c'est encore une fois, il faut savoir maîtriser ces effets de teinture ou d'ennoblissement quels qu'ils soient. On peut foulonner la laine, on peut la faire fêtrer, on peut l'émériser, on peut faire plein de choses. Mais encore faut-il adapter les réglages des machines à ces laines françaises. C'est tout l'art que déploie actuellement une grande partie de nos adhérents.

  • Pascal Gontrand

    D'accord. Et justement, je voulais savoir, les utilisations principales de la laine aujourd'hui, c'est quoi avec le collectif tricolore ? C'est principalement une débouchée textile ou il y en a plusieurs ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, on a, bon alors en majorité, c'est vrai qu'on a beaucoup de marques inscrites qui vont utiliser les laines françaises dans un but de développer des produits d'habillement, des accessoires ou des vêtements, mais on sait par expérience, enfin on sait par analyse que ça va correspondre finalement à un pourcentage de... de notre gisement global qui est très faible peut-être 10, 15% dans le temps mais pas beaucoup plus on a aussi pas mal d'adhérents qui sont issus du monde de la literie ça a été d'Iber par exemple qui a développé un matelas qui utilise une grande partie de l'âne avec la marque Kepeda qui également a mis en place on a en place un sourcing tracé pour s'assurer que demain leur utilisation de fibres naturelles seront purement françaises quels qu'elles soient ils ont aussi le lin pour ne pas tomber dans leur stop donc c'est intéressant voilà après là on vient de lancer un groupe de travail sur les géotextiles avec plusieurs de nos adhérents qui s'intéressent à la question pour mettre à profit d'autres l'aspect notamment biodégradable de la laine le fait qu'elle contienne également beaucoup d'azote ce qui est enrichissant en fait pour les plantes donc c'est une sorte d'engrais naturel on va dire voilà donc il y a des choses et puis aussi j'ai parlé des coproduits des toisons aussi des startups qui nous rejoignent avec l'idée de tirer profit différemment en fait avec des usages très innovants en fait de l'haleine ou des toisons comme quoi par exemple ? l'usage de la kératine d'accord des azotes il y a plein de composés qu'on peut extraire en fait de laine ou d'étoison selon le cas ok c'est hyper intéressant du coup j'arrivais à la partie sur vos

  • Pascal Gontrand

    partenaires en France et ailleurs et venir sur comment se porte la filière laine en France, un petit peu sa place ses volumes et cette notion d'Europe qui est Plus importante, j'ai l'impression, sur les fibres naturelles, parce que, pareil, sur le chanvre, il y avait une notion de gagner une échelle supplémentaire, de mutualiser les outils, de mutualiser les... Et en fait, j'ai l'impression que c'est... Dans le discours, j'entends à peu près les mêmes problématiques. Donc voilà, ça m'intéresserait de savoir, vos partenaires en France et plus loin, on en a quand même cité pas mal d'acteurs, et comment se porte la filière laine en France et les avantages à avoir une vision plus globale européenne.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La filière française, nous au-delà de nos adhérents, donc une soixantaine d'adhérents, on a aussi quelques partenaires qui sont souvent des territoires, qui ont envie de s'engager pour accompagner les acteurs, faire partie de ces mouvements. Donc ça peut générer des emplois, ça peut générer une visibilité aussi pour un territoire. une résonance avec la culture locale, le météorisme. Donc, c'est vraiment... Les cuillères de noix sont très imbriquées finalement à l'économie culturelle, à la société de manière générale. Donc, c'est sous cet angle-là. Ensuite, on établit en ce moment pas mal de partenariats... Je pense avec nos homologues ailleurs en Europe, avec des pays comme l'Irlande, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Espagne, qui réfléchissent également. Alors, la Grande-Bretagne s'est bien avancée, parce qu'ils sont très bien structurés, mais justement, ils souhaiteraient que le reste de l'Europe se structure également, parce que... plus il y aura de l'aime qui sera mieux traité, mieux valorisé, de meilleure qualité. la rémunération sera conséquente les prix seront conséquents aujourd'hui le fait qu'il y ait pléthore de possibilités pour acheter de la laine à bas coût de mauvaise qualité ça tient le marché vers le bas donc c'est important de s'inscrire dans un mouvement plus vaste et d'être bien conscient que l'échelle nationale elle est toute petite, elle est minuscule et que si on veut avoir une vraie voix et un vrai impact. Peut-être à l'image, vous avez cité le chambre, mais je citerai le lin européen qui est très bien structuré aussi depuis les années 50. Ça fait que, du coup, ils ont une force qui est de structuration qui va créer des transformations pro-locaux. Donc l'union fait la force et je crois beaucoup que pour la laine, cette union doit être européenne parce qu'on est dans un cadre commun de valeurs, à la fois parce que tous nos éleveurs sont soumis aux aides de la PAC, la politique agricole commune, avec des cahiers des charges qu'ils doivent respecter. notamment d'un point de vue social ou même bien être animal donc on est déjà soumis à des règles qui ne sont pas valorisées pour la laine mais qui pourraient être et c'est ce que l'on souhaite faire parce que finalement c'est facile ça existe déjà, nos éleveurs font déjà des efforts pour la viande, pour le lait et ces efforts là ils sont aussi valables pour le coproduit de laine donc ça c'est un bon point et puis aussi pour les étapes de transformation parce que toutes nos entreprises sont également soumises à des traitements des os par exemple qui sont interdits dans le sur le périmètre de la oui

  • Pascal Gontrand

    riche par exemple mais il y a beaucoup tous les labels et toutes les certifications ouais d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc tout ça fait que plus aussi je dirais toute une démarche de décarbonation qui est entreprise aujourd'hui par le monde de l'élevage et par le monde de l'industrie aussi. Donc voilà, on voit bien que tout converge un peu et que dans un cercle européen, on partage ces valeurs-là, on va dans le même sens. Donc finalement… pourquoi pas réussir à labelliser ces laines européennes d'une certaine manière d'accord on sait que ça va être une façon de rajouter cette piste là si on ne veut pas que ce soit supporté par un petit nombre, il faut découper le coût en plus grand nombre. Donc, travailler ensemble de concert sur une vision européenne, ça serait sans doute ce qui pourrait nous arriver de mieux et de plus impactant à court terme.

  • Pascal Gontrand

    d'accord ok et sinon point de vue j'entends moi mais je sais pas ce que vous en pensez qu'il y a quand même un redémarrage ou en tout cas une réactivation sur la filière laine est-ce que ça vous le ressentez ou c'est juste ou

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas comment vous sentez un peu cette filière bah depuis 2018 je pense que on a commencé à le ressentir mais on y contribue également enfin dans une large mesure en étant présents sur les salons en étant présents à travers nos membres et chacun leur réseau ça permet vraiment de faire rayonner au maximum ce qui se fait les avancées individuelles de chacun et d'entreprendre des projets collectifs qui sont gagnants donc oui c'est sûr, je pense qu'on bénéficie comme je le disais tout à l'heure d'un réintérêt de la fabrication locale qui se double d'un réintérêt pour les biomatériaux quels qu'ils soient et donc la laine rentre finalement, là on cumule les deux donc c'est vrai qu'on coche pas mal de cases donc c'est vrai que ça attive pas mal d'intérêt après ce qui est complexe c'est de faire converger cet intérêt cette attraction avec la réalité du marché, les coûts la chaîne de transformation que je vous ai décrite elle est longue donc elle est coûteuse la mène c'est cette fois plus simple que le coton et en plus aujourd'hui c'est très facile de se fournir en fibre qui arrivent de l'autre bout de la planète, qui sont cultivées ou produites dans des conditions qui ne sont pas du tout celles de la communauté européenne, et qui, voilà, on a des scandales chaque semaine. Donc, c'est... mais pourtant, nous sommes en concurrence quand même avec toutes ces autres fibres, toutes ces autres sources possibles, et c'est souvent le prix qui est un souci. Même si on ne revalorise pas auprès des éleveurs, eh bien, toutes les étapes de logistique, de transformation sont en droit, vu qu'elles sont réalisées en local, qui bien sûr est bien plus supérieure à... d'autres filières organisées différemment ailleurs.

  • Pascal Gontrand

    D'accord, c'est hyper clair. Est-ce que vous auriez un... En gros, quels sont les prochains projets pour le collectif tricolore et qu'est-ce que vous, vous souhaitez personnellement à la filière laine pour les années à venir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, nos prochaines étapes, c'est... C'est en particulier de réussir un peu le lien avec nos partenaires européens et de pouvoir... implémenter au maximum les outils qu'on a développés, notamment l'outil digital, faire en sorte qu'il soit le mieux compris par l'ensemble des maillons, parce que ce n'est pas facile. Les Français adorent la nouveauté, mais ils détestent le changement. Donc, ça ne va pas forcément être très simple de... de faire la promotion de cet outil. C'est pour ça qu'on voudrait qu'il soit le plus gratuit possible, en tout cas pour les éleveurs, ça c'est certain, mais le moins coûteux possible, pour que ça ne soit pas un frein à son usage, et qu'on puisse enfin avoir une photographie de ce qu'est ce gisement. qui est méconnu. Aujourd'hui, les éleveurs ont le droit d'élever un peu les races qu'ils souhaitent. Ils déclarent le nombre de têtes, mais pas nécessairement les ronces. et pas les croisements donc ils ont tout à fait le choix de faire les croisements qu'ils veulent et en fait dans les races les croisements, les conduits de délevage ce sont que des paramètres qui ont une importance très forte sur la qualité de la laine la typologie de la laine qu'on va obtenir à la fin, une même race dans deux modes de délevage c'est pas la même laine donc tout ça en fait, toutes ces données tant qu'on les a pas en fait on est obligé de faire ce qu'on fait c'est à dire on mélange le pire et le meilleur parce que c'est connecté à proximité et ça tire tout vers le bas donc voilà, ça c'est vraiment un challenge pour les années à venir c'est à dire à quel point on va réussir à implanter l'usage d'un outil digital alors paradoxalement c'est pas tellement le monde de l'élevage qui m'inquiète parce qu'en fait le monde de l'élevage il est déjà pas mal digitalisé pour les produits lait et viande finalement c'est pas là où il y a la... à mon avis, où il y aurait le plus de freins. En revanche, sur la collecte, c'est là où, en fait, on passe dans une boîte noire aujourd'hui, où on perd la salarité parce que, voilà, c'est une maudité. Oui. Que ce soit, mais, en tout cas, ça génère, oui, plein d'inconnus, des mélanges qui sont bénéfiques sur un marché mondialisé à bas coût, de gros volumes à très bas coût, puisqu'aujourd'hui, si on regarde les chiffres des douanes, on exporte notre laine, les chiffres de l'an dernier montraient 75% de la laine exportée vers la Chine, à 1 euro à peu près. Il est payé en ce moment 10 centimes aux élevages. c'est un marché de gros, de volume, à très bas coût. Il faudrait rémunérer les éleveurs à 1 euro à peu près pour leur permettre d'arriver à couvrir les frais de compte dans la plupart des cas. Donc, 1 euro par kilo, ça veut dire 2 euros par brebis. puisqu'il y a à peu près 2 kilos sur une brebis. Donc, voilà, on est loin d'en être là. Et donc, voilà. Donc, c'est plutôt les maillons suivants, en fait, qui ne sont pas trop habitués à la sensibilité, à la sensibilité et à la digitalisation, parce que c'est incroyable. Ces ballots se transportent avec des petits papiers. agrafés, qui se détachent, remplis à la main. C'est quelque part très archaïque. Là aussi, il y a un vrai challenge, c'est de pouvoir moderniser cette collecte, moderniser les pratiques pour les rendre plus actuelles, pour les fluidifier, pour pouvoir faire des économies d'échelle aussi, qui seront bénéfiques à tout le monde. Un top. Voilà, je pense que c'est un peu les deux grands axes. la digitalisation de la filière et l'amélioration de la collecte. Et puis le lien à l'Europe avec une vision plus ample sur les questions de responsabilité. Je pense que c'est vraiment incontournable.

  • Pascal Gontrand

    c'était top ma dernière question du coup Pascal c'est si vous aviez quelqu'un que vous aimeriez que j'aille interroger sur cette filière laine à qui vous aimeriez passer le micro pour que j'aille pareil poser ce genre de questions et continuer à approfondir ou amener un regard différent ou une spécificité à qui vous aimeriez que j'aille voir

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai commencé par le citer.

  • Pascal Gontrand

    Éric Carlier ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La boucle de l'aile serait bouclée. Même s'il n'aime pas tellement donner des interviews, je dirais effectivement Éric Carlier parce que lui, la laine, il l'appréhende de manière directe. C'est un prix de connaissance qu'il s'est constitué. Voilà. C'est quelqu'un qui parle très bien de son métier avec beaucoup de passion. Je vous encouragerai effectivement à passer à un rencontre et pouvoir échanger avec lui sur ce qu'il doit être intéressé à cette matière. Il a beaucoup travaillé le mohair pendant longtemps, il travaille toujours, mais il doit avoir un grand but. son métier, ses tests, quelqu'un qui est vraiment férue de tester des choses. Ce qu'il déteste le plus, c'est de refaire deux fois la même chose. Donc tester une nouvelle race, une nouvelle... un nouveau mélange un nouveau type de tissage c'est un centre je pense pour lui de recherche et développement qui le passionne et le fait que ça parte du lien avec les éleveurs je crois ça le rend très concret, très humain mais il en parlera mieux que moi

  • Pascal Gontrand

    Ok, bon bah écoutez j'irai contacter Eric Carlier est-ce que vous avez un mot de la fin Pascal ou vous voulez qu'on s'arrête là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le mot de la fin, je n'ai pas réfléchi, alors vous me prenez un peu de cours. Ça peut être quoi le mot de la fin ? Non, il n'y a pas de fin, c'est une filière sans fin. Il ne faut surtout pas s'arrêter en fait, c'est ça que je dirais. Ce n'est pas facile, ça ne marche pas du premier coup l'haleine, parce qu'on la connaît mal, parce que c'est une matière vivante. mais il ne faut surtout pas s'arrêter il ne faut pas lâcher je pense que ce travail de structuration si on ne le pratique pas là maintenant 5 ans on en a perdu ils sont déjà souvent retraités comme ça peut être qui n'est pas à la retraite, mais qui est largement en âge d'y être. Et si on perd cette connaissance-là, sans passage de relais, parce qu'il n'y aurait pas d'intérêt de la part du marché, de la part des consommateurs, on va perdre une grande part de notre culture. Et surtout une grande part de potentiel économique, d'emploi, de biens au sein de la cuillère. c'est de faire un lien, un dialogue entre la population la plus rurale et la population la plus urbaine. C'est magique, ça fait la laine, ça fait société. C'est ça.

  • Pascal Gontrand

    Ok, merci beaucoup Pascal. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Pascal Gautrand

    00:25

  • Le parcours de Pascal Gautrand et son intérêt pour la laine

    01:09

  • L'importance du savoir-faire et la valorisation de la filière laine

    01:33

  • Les enjeux de la collecte et de la transformation de la laine en France

    04:48

  • La création du collectif Tricolore et ses objectifs

    14:20

  • Les étapes de transformation de la laine et la qualité

    17:48

  • Les utilisations de la laine et les projets futurs du collectif

    50:17

  • Conclusion et perspectives pour l'avenir de la filière laine

    01:01:29

Description

Dans cet épisode captivant du podcast "ArtEcoVert", Pauline Leroux reçoit Pascal Gontrand, un passionné de la laine et membre actif du collectif Tricolore. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant de la laine et examinent son impact sur l'industrie textile, un sujet crucial à l'heure où la durabilité et l'authenticité sont au cœur des préoccupations. "La laine est bien plus qu'un simple matériau ; elle est le reflet d'un savoir-faire ancestral et d'une culture que nous devons préserver", déclare Pascal, soulignant l'importance de réévaluer la filière laine en France.


Au fil de cette discussion enrichissante, Pascal partage son parcours en tant que designer textile, mettant en lumière son engagement envers le savoir-faire artisanal. Il aborde les défis actuels de la filière, notamment la collecte et la transformation de la laine, tout en insistant sur la nécessité de valoriser les races locales. En effet, la laine française a souffert de la délocalisation et de la perte de savoir-faire, et il est temps de redonner à ce matériau sa place dans le paysage textile.


L'épisode explore également le rôle essentiel du collectif Tricolore dans la structuration de la filière laine. En rassemblant éleveurs, transformateurs et distributeurs, Pascal et son équipe œuvrent à la création d'un écosystème durable qui valorise les fibres naturelles. Ils discutent des innovations en matière de lavage de la laine et de l'importance d'une approche numérique pour améliorer la traçabilité et la qualité. Ce dialogue met en lumière les enjeux environnementaux et sociaux liés à la production de laine, tout en soulignant l'importance de la collaboration au niveau européen pour renforcer cette filière.


En parallèle, cet épisode résonne avec les thèmes chers à "ArtEcoVert", tels que la teinture végétale et les plantes tinctoriales. La laine, lorsqu'elle est associée à des colorants biosourcés comme l'indigo ou la garance, ouvre la voie à des créations textiles respectueuses de l'environnement. Les colorants végétaux, les pigments végétaux et la coloration capillaire végétale prennent ici tout leur sens, illustrant la richesse des couleurs de plantes et l'importance de l'agriculture tinctoriale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Pascal Gautran du collectif Tricolore. Bonjour Pascal.

  • Pascal Gontrand

    Pauline, merci pour cette invitation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est un plaisir. Alors donc du coup Pascal, ce que je voulais vous demander d'abord, c'était est-ce que vous pouviez nous raconter votre parcours, vous présenter et nous dire comment vous êtes arrivé sur la laine ?

  • Pascal Gontrand

    Alors, un parcours qui a commencé hier. Pas mal de temps, je suis designer, j'ai une formation au départ en design textile et design de mode. J'ai toujours été passionné par ce secteur-là, sans trop savoir pourquoi au départ. C'est rapidement... j'ai découvert une attraction particulière pour la notion de savoir-faire. Finalement, plus que simplement le produit final, qui génère ce que sont les filières. Pourquoi ? Parce que sur ces dernières décennies, sur la fin du XXe siècle, on a probablement beaucoup valorisé la notion de création, de créativité, et ça s'est fait beaucoup au détriment de la notion de savoir-faire, de fabrication. Évidemment, on a beaucoup délocalisé aussi, puisque depuis les années 90, notre industrie textile française a perdu 90% de ses effectifs. mais en même temps on a perdu une certaine connaissance, une certaine culture qui s'est transférée sur d'autres éléments plutôt liés à l'image au style donc c'est intéressant aussi mais disons que j'ai petit à petit abordé mon rôle de designer comme le fait de pouvoir remettre du bien entre ces deux éléments là de l'autre côté la création et de l'autre côté les savoir-faire donc En 2008, j'ai d'ailleurs obtenu une résidence à la Ville de la Médicis à Rome, dans laquelle j'ai vraiment... Ça fait tout mon temps et approfondir cette réflexion-là. Et en 2009, quand je suis rentré en France à nouveau, j'ai lancé mon propre cabinet de conseil qui me permet d'accompagner... des acteurs assez variés, ça peut être des groupements professionnels autour d'un métier, je ne sais pas, la dentelle de Calais par exemple, ou bien des territoires. sur leur périmètre, ou bien des salons professionnels également. Et donc, avec nous, on commence en fait, je dirais, à croiser la notion de salontaire, évidemment, mais aussi de territoire, parce qu'on se rend compte que quel que soit où on se place sur la planète, finalement, le territoire est aussi une composante. importante de la promotion de fabrication parce que ça a plein d'impacts évidemment des impacts plus lésés, moins faciles à voir, qui sont des impacts culturels aussi des impacts du développement durable donc tout cela en fait c'est très difficile de détacher un savoir-faire d'un territoire Voilà, et donc c'est dans ce cadre qu'en 2018, déjà dès 2016, j'ai commencé... plusieurs projets avec des territoires d'agglomération de Castres-Mazamé, Mazamé étant une grande capitale textile et de la laine en particulier, la laine carlée. Et ensuite avec la région Occitanie, à Montpellier... Par exemple, pour le pouvoir économique, j'ai participé à la structuration d'événements qui mettaient en avant des acteurs de ces territoires respectifs. Et au fil de ces rencontres-là que j'ai commencé à prendre conscience des enjeux de la filière laine ou des filières lénières françaises, notamment au travers d'une personne qui est pour moi emblématique de cette filière aujourd'hui, qui s'appelle Éric Carlier, qui est le fondateur du Passe-Arme, un atelier de tissage situé justement à côté de ma vallée. à l'époque s'était lancé dans la transformation de différentes races qui ont des propriétés de couleurs naturelles alors on est sur un podcast dédié à couleur naturelle, celle-ci ne provient pas directement des plantes, même si j'imagine que l'alimentation du mouton joue sur sa pigmentation, mais c'est directement la race qui produit des toisons pigmentées, ça peut être le noir du velay, ça peut être l'orécampan, la solignote, autant de races qui ont des particularités temporielles. intéressante et qui du coup transformée par Eric Carlier donnait des tas de tissus sans teinture du tout qui est quand même une étape assez gourmande en eau, en énergie et donc ça permet de mettre en valeur ce patrimoine et on revient à la notion de territoire comme vous l'avez entendu dans le nom des races, elles ont souvent le nom des territoires qui font un peu leur bateau, donc c'est Cologne ou l'île de Puy-en-Velay par le nom de l'île, c'est encore une fois complètement lié, la notion de territoire est très présente. C'est grâce à Eric que j'ai réuni un peu là-dedans. J'ai trouvé à l'époque que sa démarche était très contemporaine. Elle était très confidentielle. C'est un petit atelier. C'est gagné sans doute par un public reconnu. Donc en 2018, il est proposé au salon Medi-France, qui se tient chaque année au carreau du temple, de... mettre en scène en fait cette filière en faisant connaître la problématique au plus grand nombre de marques et donc pendant quelques mois on a un peu battu le rappel on est allé à la rencontre de nombreuses marques de nombreux designers pour leur raconter un peu ce qu'était cette filière avec donc à l'époque c'est peu de valeur pour la laine puisqu'aujourd'hui, encore, la plupart de nos éleveurs tendent à perte, donc on préfère ne tendre que ce qu'on leur offre pour les poisons correspondantes, et ce parce qu'on a un peu laissé cette filière se désagréver. Il existait jusqu'à la fin des années 80, la profession qui régissait un peu le dialogue entre l'élevage en amont, l'industrie un peu plus en aval, et on a pu voir que les élevages étaient plus en aval, parce que à ce moment-là, on était en interne de la dégénéalisation, la santé éthique était bien plus pratique et bien moins ferme que l'ALN. On ne se posait pas encore les questions d'impact environnementaux que l'on se pose aujourd'hui. Donc on… on a laissé se désagréger cette interprofession et toute l'organisation qui existait à l'époque et qui permettait d'avoir notamment un paiement à la qualité qui est indissociable de l'amélioration qualité s'il n'y a pas de rémunération conséquente, suffisante pour... pour mieux travailler. Et bien, c'est vrai que la tombe aujourd'hui, c'est devenu très banal. Les éleveurs ont perdu la victime de la tombe depuis 7 ans. C'est très compliqué et chronophage, mais ça demande quand même un petit effort, une petite attention suivie, au long de l'année, sur la conduite du troupeau et en particulier le jour de la pompe, pour éviter qu'il se retrouve trop de paille dans les poisons. C'est le plus complexe à relever par la suite. A l'époque, en mars 2019, nous avons rassemblé sur le salon 68 marques, créateurs, designers, qui avaient travaillé sur plus de 130 prototypes ou produits déjà commercialisés exclusivement en le même concept. avec une petite dizaine de races différentes. Ces produits étaient sans teinture, en fait, on tirait un peu parti des... des... des diverses... des... Donc, voilà, ça, ça a été un peu un... Un moment fort pour moi parce que ça m'a permis de confronter l'idée ou l'intuition que j'avais, que j'avais l'intuition d'Éric Carrier, par exemple, mais pas seulement, parce qu'on est également les nature du parc, ça dans le Tarn s'était aussi engagé dans le développement d'une petite gamme de fields. pour le tricotage, ce qui nous permettait d'avoir un peu les deux aspects, c'est-à-dire la laine tissée, foulonnée ensuite sous forme de gras de laine par un carlier, et également des fils destinés au tricotage développé par une température de temps. Donc ça a permis de... vérifier cette intuition qui avait un intérêt pour le marché, que les marques pouvaient s'emparer un peu de cette matière première, faire des choses intéressantes, créatives avec, et également dépoussiérer un peu l'image de l'haleine, qui est souvent associée à un petit artisanat très local, en petite quantité. Donc là, l'idée, c'est que c'est c'est de pouvoir avoir un impact, puisqu'on a quand même 25 000 éleveurs en France, avec entre 10 et 12 000 tonnes de poison qui sont tombées chaque année, ce qui est une masse énorme et qui évidemment n'est pas absorbable uniquement par l'artisanat local, qui vous envoie... Je ne suis pas du tout à ces activités-là, mais disons que si on veut vraiment trouver une solution qui puisse convenir et surtout impacter le plus grand nombre d'éleveurs, il faut vraiment travailler à cette échelle. Donc voilà. Et du coup, l'année suivante, en plein Covid, j'ai profité de mon temps pour pouvoir un peu rassembler une partie des acteurs qui avaient joué le jeu, qui avaient sorti des collections qui avaient été mises sur le marché l'hiver suivant et rassembler des acteurs autour notamment de la Fédération Nationale Ovime. qui nous a accompagnés pour Bono pendant une année, le VNH également, et l'association Paris Good Fashion a fait un axe de travail sur les filières lénières françaises. Et c'est là que nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait construire quelque part un... un vaisseau pour cette profession en rassemblant trois grands univers. Donc en amont l'univers de l'éleveur, au centre l'univers des savoir-faire de transformation, et ils sont très nombreux, on en retrouve beaucoup, mais la laine en fait elle peut être utilisée dans beaucoup de... type de produits en passant par des types de transformations très variées on pense souvent au fil, au tricot On peut s'étrer, on peut l'éviter, on peut l'utiliser en vrac, on peut aussi la transformer, tirer parti de ses composés. notamment la kératine donc il y a énormément d'usages traditionnels puisque il faut quand même rappeler que cette matière elle accompagne l'humanité depuis 10 000 ans puisqu'on a une classe de textiles réalisés à base de laine il y a déjà 10 000 ans et aussi au travers d'usages complètement innovants avec des startups aujourd'hui ou même des plus grosses entreprises qui inventent une oeuvre pour mettre à profit avec la laine différemment voilà je pense que c'est un peu long mais c'est un peu ce qui vit le collectif sur les rails puisque en fin 2020 nous avons fait le lancement officiel du collectif tricolore sous forme d'association loi 1901 à l'époque nous avions une bonne trentaine de membres fondateurs qui se sont investis à tout niveau soit des fédérations professionnelles soit des institutions comme la Bergerie Nationale ou le Mobilité Nationale soit directement des entreprises les tentrices de savoir-faire ou qui développent la distribution de certains types de produits souhaiter en fait s'engager participer à une réflexion sur comment est-ce qu'on peut reconstruire je pense qu'à tout court un système vertueux, valorisant pour cette matière première aujourd'hui en France et avec nos partenaires européens puisque certains maillons sont très affaiblis sur notre territoire donc il faut réfléchir de manière plus large encore que les frontières de notre pays pour une chance de construire quelque chose de durable

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors vous avez dit fin 2020 la création du collectif Tricolore, vous avez parlé de trois univers, j'en ai loupé un, j'ai l'élevage, le savoir-faire de la transformation, et vous avez parlé, le troisième c'est quoi ? Le troisième univers du collectif Tricolore ?

  • Pascal Gontrand

    Le troisième univers du collectif Tricolore c'est la distribution. et c'est important d'emmener les marques, les metteurs sur le marché à réfléchir dès l'amont et à mieux connaître l'amont, ce qui se passe dans l'élevage. Donc une des grandes fiertés que je peux retirer de ce collectif, c'est cette mise en dialogue d'univers qui ne se connaissent plus. qui ne se connaissent plus, qui sont assez distants, qui ont des cultures très différentes, mais aussi très complémentaires, et qui, au travers de cette thématique de l'haleine, se retrouvent finalement avec un point commun, des projets communs, des idées communes, des valeurs communes. Donc c'est ce qui fait un peu l'énergie du collectif écolaire aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc vous avez dit qu'il y a une trentaine de membres à peu près. Vous êtes basé où exactement ?

  • Pascal Gontrand

    Alors l'association est domiciliée à la Maison Nationale des Éleveurs à Paris. Et nos membres, eux, sont partout en France, et un petit peu aussi dans certains pays limitrophes. Et aujourd'hui nous avons un peu plus d'une soixantaine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    métiers d'accord ok et donc c'est un système comme une fédération en fait il y a une contribution, une adhésion des personnes et des événements qui sont organisés des rassemblements des événements c'est un peu comme ça que ça fonctionne ?

  • Pascal Gontrand

    absolument tout au long de l'année on coordonne beaucoup en visio mais aussi Le travail selon les thématiques, on coordonne donc les rencontres, les questions pour pouvoir traduire des projets concrets. On travaille sur la mise en place d'outils et de méthodes communes. La première phase, c'est vraiment la rencontre, c'est-à-dire le dialogue entre chacun des membres, les aider. les étapes avant, les enjeux qui correspondent aux différents métiers, pour pouvoir réfléchir avec une vision plus large sur les métiers ou leurs segments. Et aujourd'hui, on a deux ans et demi de travail collectif sur la mise en place d'outils communs. notamment un outil digital de plus en plus long, qui va permettre de moderniser l'armée, de garantir une forme de traçabilité, mais aussi de permettre aux compagnons, aux compagnons de la ferme, jusqu'à leur transformation en produits finis, les accompagner en fait de données qui sont cruciales pour la qualité, pour une rémunération plus équitable, pour... On a aussi des questions de responsabilité, puisque comme je l'ai dit en introduction, aujourd'hui, nous sommes dans un moment historique, dans le sens où nos industries, notre consommation est en train d'évoluer. de manière très forte, avec beaucoup plus de conscience des impacts de cette consommation, de ces productions qui n'étaient pas mesurées jusqu'à présent, et qui aujourd'hui, chaque entreprise, chaque maillon de la filière a devoir... déjà connaître ses impacts pour pouvoir les maîtriser, les réduire si possible. Donc là, dans ce cadre-là, la filière laine française a vraiment un rôle à jouer. Je dirais même que son rôle est vaste parce qu'il s'inscrit dans une musique qui est la même pour tout l'élevage européen, qui est uniquement dédiée à la production de gendres ou de lait. et qui fait que la laine étant sous-produite, presque un déchet, et pourtant paradoxalement c'est ce qui lui confère déjà une valeur supérieure dans le sens où son impact sur la planète, du fait qu'elle n'a pas besoin, que ce n'est pas un élevage qui est élevé pour sa production fait qu'elle n'a qu'une petite partie des impacts de l'élevage ce qui fait que finalement c'est une matière qui en soi est déjà là qu'on n'a pas besoin de produire et qui donc est quelque part plus vertueuse que d'autres matières pour lesquelles il faut engendrer un livage ou une production donc là déjà on part d'un d'un point positif dès le départ

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et je voulais justement vous demander dans votre outil digital de filière c'est un genre de blockchain comme on a sur l'alimentaire avec chaque acteur ou chaque étape qui est renseignée avec des informations digitales disponibles pour toute la chaîne, c'est un peu ce genre d'outil là que vous aimeriez développer ?

  • Pascal Gontrand

    Oui c'est un peu sur le style sur le principe de la blockchain effectivement avec des informations qui sont qui sont transmises d'un maillon à l'autre. Alors, toutes les informations ne sont pas transmises parce qu'il y a aussi des questions de confidentialité sur certains types de données, sur certains maillons. Mais ça permet effectivement de pouvoir remonter la chaîne si besoin, si nécessaire, pour des questions d'amélioration de qualité, de traçabilité de courbe, de garantie de proclamations. pour un calcul des impacts responsables.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ouais, c'est ce que j'allais dire. Donc du coup, si je vois bien votre objectif, vu que pour avoir fait ça dans ma vie passée, sur des sujets comme ça, où il y avait des histoires de blockchain, et en fait, l'idée, c'est que grâce à ça, vous puissiez avoir une certaine réassurance sur la qualité des lèvres, la traçabilité, les origines pour les grandes marques qui en ont besoin. mais aussi que vous puissiez, par exemple, calculer un impact carbone ou un impact tout court de cette filière lame pour des marques qui ont les moyens de mettre en avant ces arguments-là, si je comprends bien. C'est un peu ça ?

  • Pascal Gontrand

    C'est ça, avec un paramètre supplémentaire qui est la gestion de la qualité, qui est intrinsèquement liée à la notion d'équité aussi, c'est-à-dire que si on veut... composer un paiement à la qualité, certes, on peut vérifier la qualité dès le départ, mais souvent, c'est plus tard que se fait la valorisation. Et si on n'est pas capable de pouvoir remonter l'achat, on ne sera pas non plus capable de pouvoir valoriser en fonction des niveaux de valorisation derrière, auprès des éleveurs.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et alors du coup, Pascal, une question toute bête. Comment ? Non, non, c'est qu'on a un petit décalage de réseau, mais c'est pas grave. Ah d'accord, j'entends pas le bruit autour de vous mais il y a un petit décalage dans notre conversation mais du coup je voulais vous poser la question et en fait ça fait la transition avec la question d'après c'est quelles sont toutes les étapes on va dire de l'élevage jusqu'à la tonte les différentes étapes qui suivent cette tonte ça c'était ma première question et la deuxième question c'était qu'est-ce qui définit une qualité de laine, parce que si vous souhaitez rémunérer vos partenaires par rapport à la qualité de la laine, je suppose que vous avez mis un cahier des charges, et ça doit être sûrement en lien avec, déjà, la race, je pense que les races, toutes les races ne se valent pas, et après vous aviez dit la présence d'impureté, j'ai vu qu'il y avait aussi une histoire de sioux dans la toison, des poils différents qui n'étaient pas valorisés par elle, etc. Est-ce que vous pouvez nous expliquer du coup les différentes étapes après la tonte et aussi ce qui fait la qualité d'une bonne laine ou d'une laine un peu moins qualitative alors beaucoup d'acteurs aiment bien dire que il n'y a pas de mauvaise laine mais

  • Pascal Gontrand

    il n'y a que des bons usages pour les bonnes laines donc c'est vrai que déjà il convient d'utiliser le pluriel tant pour la laine, on devrait dire les laines, parce qu'en réalité, d'une race de moutons à l'autre, d'un type d'élevage à l'autre, on peut avoir une très forte différence. Donc souvent, les paramètres sont le moutonnage, la longueur des fils, le baril, le normand. également les types de transformation et les types d'usages sont aussi très variés ce qui veut dire qu'une bonne laine pour faire un bon tapis, c'est pas forcément une bonne laine pour faire un bon fil donc ce dans quoi il faut arriver à remettre un peu d'ordre, c'est déjà comprendre quels usages pour quelle typologie de laine et ensuite c'est pas juste une race un usage c'est un peu plus complexe que ça puisque au sein d'une même toison on peut avoir des types de laine différents donc selon le niveau de valorisation possible il va falloir mettre en oeuvre des types de tris différents ça peut être un tri à la toison ou ça peut être un tri précis encore où on va découper une poison en plusieurs morceaux. Cela dépend évidemment du type d'usage et du cahier des charges. Là non plus, il n'y a pas un seul cahier des charges, il y a énormément de cahiers des charges. Le cahier des charges traditionnel, jusqu'à présent notre industrie ne s'appuie pas du tout sur des usages de laine locale ou très très peu. ce sont des laines qui sont réunies, standardisées d'une certaine manière, ce qui les rend plus faciles en fait de transformer, plus faciles à traiter. Nous aujourd'hui on part un peu de zéro avec la nécessité de devoir aussi inventer des catégories de laines inventer des systèmes pour pouvoir les catégoriser d'une part et ensuite faire suivre la logistique derrière. C'est là où, encore une fois, l'outil digital lui peut permettre en fait de gagner du temps, de pouvoir agglomérer des lots similaires plus vite sans avoir à systématiquement réouvrir des ballots pour etc. Donc l'idée c'est aussi de fournir au travers de cet outil de facilité, de fluidité dans le système logistique, qui aujourd'hui porte tout le poids, tout le coût de la laine finalement. Et la raison pour laquelle on offre très peu à l'éleveur, c'est que derrière ça coûte très cher d'aller chercher.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La collecte ?

  • Pascal Gontrand

    La collecte, ce sont des lots en moyenne de 500 kilos.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    par bergerie, puisqu'on est sur 250 têtes en moyenne par bergerie en France, en Europe de manière générale donc ça produit à peu près 2 kilos en fonction des races là encore, c'est variable dans les typologies de laine sur la laine elle-même mais effectivement vous avez mentionné le soin qui est la transpiration de montant qui se retrouve en vue, prise dans l'œuvre. Là aussi ça donne lieu à des types de valorisation possibles, notamment l'anoline, qui est un composé qui est inscrit historiquement dans la composition cosmétique, parce que l'anoline a de très bonnes caractéristiques de... il a de très bonnes caractéristiques d'hydratation c'est vraiment un avantage on peut valoriser certes la laine mais en réalité dans une poison on peut avoir aussi un ensemble de coproduits à explorer sur des usages qui peuvent être innovants aujourd'hui

  • Pascal Gontrand

    Donc votre principal, on va dire, concurrent, c'est en fait peut-être la laine d'Australie, le Mérinos qui vient complètement... Non, c'est pas ça ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    absolument pas absolument pas parce qu'on n'a pas du tout les mêmes caractéristiques donc il n'est absolument pas question que les laines françaises se mettent à concurrencer le merinos australien on est sur des micronages qui n'ont rien à voir on est sur une forme de standardisation en Australie qui n'a rien à voir et en termes d'impact on est aussi sur un ça va faire grincer mais on est sur un sur un je dirais, nous sommes sur un coproduit là où l'Australie, en fait, élève ses moutons pour de la laine. Que pour ça ? Oui, d'accord. Il est attribué à la laine à autre chose, ce qui fait que finalement, cette laine, elle est plus fine, elle est plus standard, je ne sais pas si c'est un avantage, mais en tout cas, elle a un impact environnemental qui est moins bon que l'impact théorique, qui aujourd'hui reste théorique, puisque l'impact de... français ou européen parce que je pense que c'est vers là qu'il faut aller, vers une conscience européenne ensemble parce que juste la laine française même au niveau national c'est très peu c'est finalement une micro goutte d'eau il faut quand même rappeler que la laine ça représente 1% seulement des fibres qui sont utilisées sur le marché aujourd'hui donc on se dit 1% c'est un coup toute la laine australienne qui représente les trois quarts de la baisse qui est produite dans le monde.

  • Pascal Gontrand

    Donc, plus on sera d'acteurs européens, ce serait d'ailleurs davantage massifié, un peu plus la production. D'accord, je comprends mieux. J'avais une question, du coup, je viens de la perdre. Ah, ça y est, ça a l'air que ça bug. Je ne sais plus ce que j'allais vous dire. J'avais une bonne question que j'avais perdue, c'est pas grave. continuons donc du coup on a parlé la laine représente 1% des fibres textiles mondiales l'idée c'est d'aller multiplier le nombre d'acteurs est-ce que avant qu'on passe sur la filière laine en France et plutôt en Europe et ouvrir est-ce qu'on pourrait parler des différentes étapes suite à la tonte donc on a bien compris vous votre particularité c'est que vous travaillez des laines qui sont en fait comme des déchets puisque les animaux sont élevés pour la viande ou pour le lait, vous, ce n'est pas le bon terme.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On va dire sous-produit.

  • Pascal Gontrand

    Vous avez dit déchet tout à l'heure, mais là, le but, c'est que ce soit un sous-produit, un coproduit, on va dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça serait le Graal.

  • Pascal Gontrand

    Bon, OK. Alors, je coupe parce que je me suis plantée. Donc, un coproduit. Comment vous faites ? Moi, j'ai beaucoup de questions parce qu'il y a plein d'exploitations. Donc les périodes de tonte sont à peu près quasi les mêmes ? C'est une fourchette commune au moins ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    6 mois à peu près.

  • Pascal Gontrand

    Ah oui d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Parfois fin décembre dans le sud de la France et vont se poursuivre jusqu'en juin, début juillet. D'accord. Voilà, le gros est concentré. Mais vous avez raison, une grande partie, plus de la moitié va se dérouler au printemps, dans le temps de Sabri en ce moment.

  • Pascal Gontrand

    D'accord,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    donc les animaux sont tondus,

  • Pascal Gontrand

    qu'est-ce qui se passe après en fait ? Comment c'est collecté ? Est-ce que c'est l'agriculteur qui envoie ça à un point particulier ? Est-ce que c'est un canon comme un canon de lait qui passe collecter les oiseaux ? Sachant que vous avez parlé de 500 kilos, il faut quand même être équipé, il faut avoir un système logistique. Comment ça fonctionne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là encore, il n'y a pas de standard, puisque selon les types de laine, selon l'accessibilité des laines, les exploitations agricoles, en fait, il peut y avoir vraiment des choses très... Les cas de figure sont incomparables. Donc, ce n'est pas l'éleveur qui se déplace. Généralement, on vient plutôt collecter sa laine, même si on a tendance aujourd'hui à voir que peut-être, comme en Grande-Bretagne, ça pourrait être une première étape. qui aiderait, que d'aller déposer sa laine dans des dépôts, mais ne le fait pas beaucoup. Donc c'est souvent soit des collecteurs privés. qui vont passer dans les fermes pour pouvoir ramasser le produit de la tente qui est stocké dans des curons, ce qu'on appelle des curons. C'est d'assez gros sacs avec 50-60 kg de laine à l'intérieur chaque fois. Donc ça fait à peu près une dizaine par bergerie. C'est assez volumineux parce qu'on ne la tasse pas beaucoup. On la tasse, on saute à pieds joints sur les... sur les sacs mais bon la laine c'est très expansif et les laines françaises sont reconnues pour ça justement elles ont beaucoup de gonflants ce qui leur confère notamment en literie des usages assez vertueux et ensuite ça peut être également collecté directement par des coopératives ovines par exemple qui vont rendre service à leurs éleveurs en allant chercher cette matière première chez eux pour les débarrasser un peu Il faut dire que notre système fonctionne très mal, parce que ces dernières années, ils sont très très très mal. Depuis que le marché s'est effondré, avec la désorganisation due au Covid. nos éleveurs stockent parfois trois années de comptes consécutives sans avoir d'acheteurs ou d'offres sérieuses en face. Donc, il y a un malfonctionnement, un dysfonctionnement de cette logistique qui est assurée par des collecteurs privés ou des coopératives. Grosso modo, c'est ça. On essaie de mutualiser, c'est-à-dire peut-être la coopérative vient livrer du grain et repart avec les toisons mais encore une fois il n'y a pas vraiment de logistique dans certains cas ce sont les tourbillons qui récupèrent la laine donc il y a vraiment des cas de figures très variés aujourd'hui Voilà, après les étapes suivantes, pour un usage, en fait, depuis quelques années, la laine est classée sous produit animal de catégorie 3, donc avec un risque sanitaire moyen, mais quand même présent. qui fait que si on veut l'utiliser que ce soit même pour faire du paillage sur sa propre exploitation il faut l'hygiéniser d'abord il y a plein de méthodes d'hygiénisation possibles mais le lavage c'est la méthode la plus conventionnelle et le lavage utilise pas mal d'eau pas mal d'énergie puisqu'il faut monter au moins à 60°C pendant une heure pour hygiéniser donc la laine contient pas mal de graisse donc il y a un système de saponification qui se met en place et elle génère son propre savon en fait une fois qu'on a lancé ce système mais il faut quand même pas mal de énergie pour la mécanique et pour ce panneau évidemment c'est un maillon très particulier en France parce qu'on a quasiment perdu les acteurs. En tout cas, tous les acteurs industriels ont disparu, ont fermé leurs portes au début des années 2000, en l'année dernière, au milieu des années 2000. Il en reste un, à l'avance, qui est l'avance des évodants, qui est un semi-industriel, on va dire, ou semi-artisanal, avec une capacité extrêmement réduite. On pourrait pas laver, on va se réaliser à quelques mois. En 3-8, pendant toute l'année, ils seraient capables de laver à peu près 2% de la veine française.

  • Pascal Gontrand

    Ouais, d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, ils ne travaillent pas en 3-8. Donc, on va se réaliser à peu près 2%. C'est un maillon qui peut être aussi intéressant si on se place de l'autre côté. C'est-à-dire si on se dit que le fait qu'ils aient tous disparu, et ils ont souvent disparu parce qu'il y avait des contraintes de retraitement des eaux très fortes. très coûteuse sur un maillon, sur une étape finalement qui, à part l'hygiénisation, n'apporte rien en termes de valorisation. Donc c'est ce qui a probablement signé le déclin de nos lavages industriels. Aujourd'hui, il en reste quelques-uns en Proche-Europe, donc en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, au Portugal. taille assez diverse aussi. Donc il y a quand même une petite capacité de lavage en local, on va dire. Mais c'est tout. et je disais donc que cette méthode qui est la méthode traditionnelle qui utilise beaucoup d'eau, qu'il faut retraiter après qui utilise beaucoup d'énergie si elle a disparu c'est peut-être aussi le moment opportun de la réinventer et donc ça c'est aussi un axe sur lequel le collectif tricolore s'est positionné il y a deux ans nous avons obtenu une aide de la part de France Provence pour nous aider dans cette... top dans cette recherche, avec une technologie un peu, alternative, qui est déjà une technologie qui s'appelle le CO2 supercritique, qui est déjà utilisée dans d'autres secteurs de l'industrie, mais pas dans le lavage de la laine, et qui... peut contribuer à ce lavage sans pour autant consommer autant d'eau, autant d'énergie. Donc là, on est en… les acteurs, nos adhérents qui sont impliqués dans ce développement-là sont en train d'étudier la fusibilité.

  • Pascal Gontrand

    C'est quoi le principe ? C'est quoi le principe du...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le CO2 supercritique, c'est que, en fait, on nous a souvent appris qu'il y avait trois états solides, liquides, gazeux. En réalité, il y en a quatre. Il y a aussi un état supercritique qui intervient sur les molécules à très forte pression. Donc là, il s'agit en fait de mettre sous CO2 une dimension. et de très forte pression pas forcément pas obligé de générer de la chaleur et ça va en fait permettre d'exprimer une grande partie des matières organiques qui sont dans le poison

  • Pascal Gontrand

    et ça n'abîme pas la laine ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, d'accord. C'est ce qu'il a fallu vérifier en laboratoire. Donc on a fait un peu toutes les recherches labo, et aujourd'hui on est en phase d'industrialisation, enfin les acteurs sont en phase d'industrialisation, donc on espère très fortement que d'ici peut-être deux ans, on pourrait avoir... un lavage qui serait d'un nouveau type avec des impacts environnementaux bien moindres ce qui nous ce qui nous permettrait d'être encore plus de s'inscrire encore mieux en fait dans cette transition environnementale qui est à l'oeuvre et pour laquelle la laine pourrait jouer un rôle intéressant

  • Pascal Gontrand

    alors du coup ce serait un pardon il y a un décalage,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    allez-y si je continue dans la filière les étapes qui suivent le lavage là elles sont diverses il ne faut pas imaginer la filière laine comme une filière très linéaire je préfère parler des filières laines parce que elles sont très variées très imbriquées les unes dans les autres avec des des étapes qui donnent lieu à des écarts je pense par exemple souvent l'étape suivante c'est le cardage peignage au cardage, on a des pertes, au peignage également, mais ce ne sont pas forcément des pertes, parce que les pertes d'une filière peuvent devenir les produits d'une autre. Donc là aussi, on a tout à gagner à reconstruire un écosystème complet, parce que plus on valorisera, moins il y aura de pertes, et parce qu'on valorisera mieux les coproduits à chaque stade de la transformation. on arrivera à valoriser la matière auprès des éleveurs. Donc c'est important de considérer cette pluralité des transformations. Et après, une fois qu'on a cardé, on peut peigner si on veut faire un film, on peut aiguïter si on veut faire des matelas par exemple, on peut feutrer si on veut faire du feutre pour des usages. plus technique ou même pour des usages un peu design en défaut. Après, sur les étapes de filature, si on reste sur le fil, il y a des filatures peignées ou des filatures cardées. C'est des types de filatures différentes qui donnent des résultats de fils différents pour des usages différents. Donc là, encore, il faut quelque part, presque parfois, réinventer l'usage de la laine dans ces métiers, parce qu'on a des entreprises en France qui... qui ont pu être spécialistes de la laine il y a 50 ans, mais qui se sont beaucoup tournés ces dernières décennies vers d'autres types de fibres, synthétiques en particulier, qui ne nécessitent pas autant d'excellence et de connaissances que les matières naturelles. Les matières naturelles, c'est complexe en fait, parce que... la météo, le taux d'hygrométrie, tout peut influer, en fait, c'est aussi vrai pour les colorants naturels, mais tout peut influer sur les réglages des machines, sur le résultat final. Donc, ça demande une connaissance très fine, en fait, des process de transformation, des machines, de la conduite des machines. Et là, c'est là où... Finalement, notre premier écueil, c'est la formation, c'est la transmission de certaines connaissances, de certains savoir-faire, parce que plusieurs décennies à se consacrer à la transformation d'autres fibres font que l'haleine est très méconnue. et quand je dis la laine la seule laine qui est connue c'est quelque part c'est la laine mérinoise standardisée qui arrive d'Australie là il faut apprendre à connaître des catégories de laine française qu'on n'avait jamais testé en fait que nos industriels ces dernières 50-100 ans n'ont jamais testé en fait donc il y a un vrai challenge aussi de collectif d'innovation, de R&D qui doit se faire et ça c'est aussi dans le dialogue parce qu'un certain type de lavage peut permettre un certain type de transformation un certain type de filature peut permettre un certain type de trottage ou de tissage donc ça demande aux acteurs de se syntoniser entre eux pour mettre au point des produits à chaque étape de la filière qui soient en route les utilisables possibles, les mieux possibles pour les maillons suivants. Donc, c'est là où on voit que cette chaîne est assez longue, qu'elle peut être assez complexe, parce qu'après, du foulateur, on va passer chez des tricoteurs ou des tisseurs. Il va falloir aussi inclure des étapes d'ennoblissement. Alors, ça peut être la teinture, bien sûr. Alors, la laine, elle est parfaite pour... elle se teint très facilement historiquement sur les colorants naturels on a des archives incroyables avec des coloris somptueux et très profonds mais elle se teint très bien également avec des procédés chimiques pétrochimiques actuels mais il y en a un qui est très bien Voilà, c'est encore une fois, il faut savoir maîtriser ces effets de teinture ou d'ennoblissement quels qu'ils soient. On peut foulonner la laine, on peut la faire fêtrer, on peut l'émériser, on peut faire plein de choses. Mais encore faut-il adapter les réglages des machines à ces laines françaises. C'est tout l'art que déploie actuellement une grande partie de nos adhérents.

  • Pascal Gontrand

    D'accord. Et justement, je voulais savoir, les utilisations principales de la laine aujourd'hui, c'est quoi avec le collectif tricolore ? C'est principalement une débouchée textile ou il y en a plusieurs ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, on a, bon alors en majorité, c'est vrai qu'on a beaucoup de marques inscrites qui vont utiliser les laines françaises dans un but de développer des produits d'habillement, des accessoires ou des vêtements, mais on sait par expérience, enfin on sait par analyse que ça va correspondre finalement à un pourcentage de... de notre gisement global qui est très faible peut-être 10, 15% dans le temps mais pas beaucoup plus on a aussi pas mal d'adhérents qui sont issus du monde de la literie ça a été d'Iber par exemple qui a développé un matelas qui utilise une grande partie de l'âne avec la marque Kepeda qui également a mis en place on a en place un sourcing tracé pour s'assurer que demain leur utilisation de fibres naturelles seront purement françaises quels qu'elles soient ils ont aussi le lin pour ne pas tomber dans leur stop donc c'est intéressant voilà après là on vient de lancer un groupe de travail sur les géotextiles avec plusieurs de nos adhérents qui s'intéressent à la question pour mettre à profit d'autres l'aspect notamment biodégradable de la laine le fait qu'elle contienne également beaucoup d'azote ce qui est enrichissant en fait pour les plantes donc c'est une sorte d'engrais naturel on va dire voilà donc il y a des choses et puis aussi j'ai parlé des coproduits des toisons aussi des startups qui nous rejoignent avec l'idée de tirer profit différemment en fait avec des usages très innovants en fait de l'haleine ou des toisons comme quoi par exemple ? l'usage de la kératine d'accord des azotes il y a plein de composés qu'on peut extraire en fait de laine ou d'étoison selon le cas ok c'est hyper intéressant du coup j'arrivais à la partie sur vos

  • Pascal Gontrand

    partenaires en France et ailleurs et venir sur comment se porte la filière laine en France, un petit peu sa place ses volumes et cette notion d'Europe qui est Plus importante, j'ai l'impression, sur les fibres naturelles, parce que, pareil, sur le chanvre, il y avait une notion de gagner une échelle supplémentaire, de mutualiser les outils, de mutualiser les... Et en fait, j'ai l'impression que c'est... Dans le discours, j'entends à peu près les mêmes problématiques. Donc voilà, ça m'intéresserait de savoir, vos partenaires en France et plus loin, on en a quand même cité pas mal d'acteurs, et comment se porte la filière laine en France et les avantages à avoir une vision plus globale européenne.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La filière française, nous au-delà de nos adhérents, donc une soixantaine d'adhérents, on a aussi quelques partenaires qui sont souvent des territoires, qui ont envie de s'engager pour accompagner les acteurs, faire partie de ces mouvements. Donc ça peut générer des emplois, ça peut générer une visibilité aussi pour un territoire. une résonance avec la culture locale, le météorisme. Donc, c'est vraiment... Les cuillères de noix sont très imbriquées finalement à l'économie culturelle, à la société de manière générale. Donc, c'est sous cet angle-là. Ensuite, on établit en ce moment pas mal de partenariats... Je pense avec nos homologues ailleurs en Europe, avec des pays comme l'Irlande, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Espagne, qui réfléchissent également. Alors, la Grande-Bretagne s'est bien avancée, parce qu'ils sont très bien structurés, mais justement, ils souhaiteraient que le reste de l'Europe se structure également, parce que... plus il y aura de l'aime qui sera mieux traité, mieux valorisé, de meilleure qualité. la rémunération sera conséquente les prix seront conséquents aujourd'hui le fait qu'il y ait pléthore de possibilités pour acheter de la laine à bas coût de mauvaise qualité ça tient le marché vers le bas donc c'est important de s'inscrire dans un mouvement plus vaste et d'être bien conscient que l'échelle nationale elle est toute petite, elle est minuscule et que si on veut avoir une vraie voix et un vrai impact. Peut-être à l'image, vous avez cité le chambre, mais je citerai le lin européen qui est très bien structuré aussi depuis les années 50. Ça fait que, du coup, ils ont une force qui est de structuration qui va créer des transformations pro-locaux. Donc l'union fait la force et je crois beaucoup que pour la laine, cette union doit être européenne parce qu'on est dans un cadre commun de valeurs, à la fois parce que tous nos éleveurs sont soumis aux aides de la PAC, la politique agricole commune, avec des cahiers des charges qu'ils doivent respecter. notamment d'un point de vue social ou même bien être animal donc on est déjà soumis à des règles qui ne sont pas valorisées pour la laine mais qui pourraient être et c'est ce que l'on souhaite faire parce que finalement c'est facile ça existe déjà, nos éleveurs font déjà des efforts pour la viande, pour le lait et ces efforts là ils sont aussi valables pour le coproduit de laine donc ça c'est un bon point et puis aussi pour les étapes de transformation parce que toutes nos entreprises sont également soumises à des traitements des os par exemple qui sont interdits dans le sur le périmètre de la oui

  • Pascal Gontrand

    riche par exemple mais il y a beaucoup tous les labels et toutes les certifications ouais d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc tout ça fait que plus aussi je dirais toute une démarche de décarbonation qui est entreprise aujourd'hui par le monde de l'élevage et par le monde de l'industrie aussi. Donc voilà, on voit bien que tout converge un peu et que dans un cercle européen, on partage ces valeurs-là, on va dans le même sens. Donc finalement… pourquoi pas réussir à labelliser ces laines européennes d'une certaine manière d'accord on sait que ça va être une façon de rajouter cette piste là si on ne veut pas que ce soit supporté par un petit nombre, il faut découper le coût en plus grand nombre. Donc, travailler ensemble de concert sur une vision européenne, ça serait sans doute ce qui pourrait nous arriver de mieux et de plus impactant à court terme.

  • Pascal Gontrand

    d'accord ok et sinon point de vue j'entends moi mais je sais pas ce que vous en pensez qu'il y a quand même un redémarrage ou en tout cas une réactivation sur la filière laine est-ce que ça vous le ressentez ou c'est juste ou

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas comment vous sentez un peu cette filière bah depuis 2018 je pense que on a commencé à le ressentir mais on y contribue également enfin dans une large mesure en étant présents sur les salons en étant présents à travers nos membres et chacun leur réseau ça permet vraiment de faire rayonner au maximum ce qui se fait les avancées individuelles de chacun et d'entreprendre des projets collectifs qui sont gagnants donc oui c'est sûr, je pense qu'on bénéficie comme je le disais tout à l'heure d'un réintérêt de la fabrication locale qui se double d'un réintérêt pour les biomatériaux quels qu'ils soient et donc la laine rentre finalement, là on cumule les deux donc c'est vrai qu'on coche pas mal de cases donc c'est vrai que ça attive pas mal d'intérêt après ce qui est complexe c'est de faire converger cet intérêt cette attraction avec la réalité du marché, les coûts la chaîne de transformation que je vous ai décrite elle est longue donc elle est coûteuse la mène c'est cette fois plus simple que le coton et en plus aujourd'hui c'est très facile de se fournir en fibre qui arrivent de l'autre bout de la planète, qui sont cultivées ou produites dans des conditions qui ne sont pas du tout celles de la communauté européenne, et qui, voilà, on a des scandales chaque semaine. Donc, c'est... mais pourtant, nous sommes en concurrence quand même avec toutes ces autres fibres, toutes ces autres sources possibles, et c'est souvent le prix qui est un souci. Même si on ne revalorise pas auprès des éleveurs, eh bien, toutes les étapes de logistique, de transformation sont en droit, vu qu'elles sont réalisées en local, qui bien sûr est bien plus supérieure à... d'autres filières organisées différemment ailleurs.

  • Pascal Gontrand

    D'accord, c'est hyper clair. Est-ce que vous auriez un... En gros, quels sont les prochains projets pour le collectif tricolore et qu'est-ce que vous, vous souhaitez personnellement à la filière laine pour les années à venir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, nos prochaines étapes, c'est... C'est en particulier de réussir un peu le lien avec nos partenaires européens et de pouvoir... implémenter au maximum les outils qu'on a développés, notamment l'outil digital, faire en sorte qu'il soit le mieux compris par l'ensemble des maillons, parce que ce n'est pas facile. Les Français adorent la nouveauté, mais ils détestent le changement. Donc, ça ne va pas forcément être très simple de... de faire la promotion de cet outil. C'est pour ça qu'on voudrait qu'il soit le plus gratuit possible, en tout cas pour les éleveurs, ça c'est certain, mais le moins coûteux possible, pour que ça ne soit pas un frein à son usage, et qu'on puisse enfin avoir une photographie de ce qu'est ce gisement. qui est méconnu. Aujourd'hui, les éleveurs ont le droit d'élever un peu les races qu'ils souhaitent. Ils déclarent le nombre de têtes, mais pas nécessairement les ronces. et pas les croisements donc ils ont tout à fait le choix de faire les croisements qu'ils veulent et en fait dans les races les croisements, les conduits de délevage ce sont que des paramètres qui ont une importance très forte sur la qualité de la laine la typologie de la laine qu'on va obtenir à la fin, une même race dans deux modes de délevage c'est pas la même laine donc tout ça en fait, toutes ces données tant qu'on les a pas en fait on est obligé de faire ce qu'on fait c'est à dire on mélange le pire et le meilleur parce que c'est connecté à proximité et ça tire tout vers le bas donc voilà, ça c'est vraiment un challenge pour les années à venir c'est à dire à quel point on va réussir à implanter l'usage d'un outil digital alors paradoxalement c'est pas tellement le monde de l'élevage qui m'inquiète parce qu'en fait le monde de l'élevage il est déjà pas mal digitalisé pour les produits lait et viande finalement c'est pas là où il y a la... à mon avis, où il y aurait le plus de freins. En revanche, sur la collecte, c'est là où, en fait, on passe dans une boîte noire aujourd'hui, où on perd la salarité parce que, voilà, c'est une maudité. Oui. Que ce soit, mais, en tout cas, ça génère, oui, plein d'inconnus, des mélanges qui sont bénéfiques sur un marché mondialisé à bas coût, de gros volumes à très bas coût, puisqu'aujourd'hui, si on regarde les chiffres des douanes, on exporte notre laine, les chiffres de l'an dernier montraient 75% de la laine exportée vers la Chine, à 1 euro à peu près. Il est payé en ce moment 10 centimes aux élevages. c'est un marché de gros, de volume, à très bas coût. Il faudrait rémunérer les éleveurs à 1 euro à peu près pour leur permettre d'arriver à couvrir les frais de compte dans la plupart des cas. Donc, 1 euro par kilo, ça veut dire 2 euros par brebis. puisqu'il y a à peu près 2 kilos sur une brebis. Donc, voilà, on est loin d'en être là. Et donc, voilà. Donc, c'est plutôt les maillons suivants, en fait, qui ne sont pas trop habitués à la sensibilité, à la sensibilité et à la digitalisation, parce que c'est incroyable. Ces ballots se transportent avec des petits papiers. agrafés, qui se détachent, remplis à la main. C'est quelque part très archaïque. Là aussi, il y a un vrai challenge, c'est de pouvoir moderniser cette collecte, moderniser les pratiques pour les rendre plus actuelles, pour les fluidifier, pour pouvoir faire des économies d'échelle aussi, qui seront bénéfiques à tout le monde. Un top. Voilà, je pense que c'est un peu les deux grands axes. la digitalisation de la filière et l'amélioration de la collecte. Et puis le lien à l'Europe avec une vision plus ample sur les questions de responsabilité. Je pense que c'est vraiment incontournable.

  • Pascal Gontrand

    c'était top ma dernière question du coup Pascal c'est si vous aviez quelqu'un que vous aimeriez que j'aille interroger sur cette filière laine à qui vous aimeriez passer le micro pour que j'aille pareil poser ce genre de questions et continuer à approfondir ou amener un regard différent ou une spécificité à qui vous aimeriez que j'aille voir

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai commencé par le citer.

  • Pascal Gontrand

    Éric Carlier ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La boucle de l'aile serait bouclée. Même s'il n'aime pas tellement donner des interviews, je dirais effectivement Éric Carlier parce que lui, la laine, il l'appréhende de manière directe. C'est un prix de connaissance qu'il s'est constitué. Voilà. C'est quelqu'un qui parle très bien de son métier avec beaucoup de passion. Je vous encouragerai effectivement à passer à un rencontre et pouvoir échanger avec lui sur ce qu'il doit être intéressé à cette matière. Il a beaucoup travaillé le mohair pendant longtemps, il travaille toujours, mais il doit avoir un grand but. son métier, ses tests, quelqu'un qui est vraiment férue de tester des choses. Ce qu'il déteste le plus, c'est de refaire deux fois la même chose. Donc tester une nouvelle race, une nouvelle... un nouveau mélange un nouveau type de tissage c'est un centre je pense pour lui de recherche et développement qui le passionne et le fait que ça parte du lien avec les éleveurs je crois ça le rend très concret, très humain mais il en parlera mieux que moi

  • Pascal Gontrand

    Ok, bon bah écoutez j'irai contacter Eric Carlier est-ce que vous avez un mot de la fin Pascal ou vous voulez qu'on s'arrête là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le mot de la fin, je n'ai pas réfléchi, alors vous me prenez un peu de cours. Ça peut être quoi le mot de la fin ? Non, il n'y a pas de fin, c'est une filière sans fin. Il ne faut surtout pas s'arrêter en fait, c'est ça que je dirais. Ce n'est pas facile, ça ne marche pas du premier coup l'haleine, parce qu'on la connaît mal, parce que c'est une matière vivante. mais il ne faut surtout pas s'arrêter il ne faut pas lâcher je pense que ce travail de structuration si on ne le pratique pas là maintenant 5 ans on en a perdu ils sont déjà souvent retraités comme ça peut être qui n'est pas à la retraite, mais qui est largement en âge d'y être. Et si on perd cette connaissance-là, sans passage de relais, parce qu'il n'y aurait pas d'intérêt de la part du marché, de la part des consommateurs, on va perdre une grande part de notre culture. Et surtout une grande part de potentiel économique, d'emploi, de biens au sein de la cuillère. c'est de faire un lien, un dialogue entre la population la plus rurale et la population la plus urbaine. C'est magique, ça fait la laine, ça fait société. C'est ça.

  • Pascal Gontrand

    Ok, merci beaucoup Pascal. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Pascal Gautrand

    00:25

  • Le parcours de Pascal Gautrand et son intérêt pour la laine

    01:09

  • L'importance du savoir-faire et la valorisation de la filière laine

    01:33

  • Les enjeux de la collecte et de la transformation de la laine en France

    04:48

  • La création du collectif Tricolore et ses objectifs

    14:20

  • Les étapes de transformation de la laine et la qualité

    17:48

  • Les utilisations de la laine et les projets futurs du collectif

    50:17

  • Conclusion et perspectives pour l'avenir de la filière laine

    01:01:29

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Description

Dans cet épisode captivant du podcast "ArtEcoVert", Pauline Leroux reçoit Pascal Gontrand, un passionné de la laine et membre actif du collectif Tricolore. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant de la laine et examinent son impact sur l'industrie textile, un sujet crucial à l'heure où la durabilité et l'authenticité sont au cœur des préoccupations. "La laine est bien plus qu'un simple matériau ; elle est le reflet d'un savoir-faire ancestral et d'une culture que nous devons préserver", déclare Pascal, soulignant l'importance de réévaluer la filière laine en France.


Au fil de cette discussion enrichissante, Pascal partage son parcours en tant que designer textile, mettant en lumière son engagement envers le savoir-faire artisanal. Il aborde les défis actuels de la filière, notamment la collecte et la transformation de la laine, tout en insistant sur la nécessité de valoriser les races locales. En effet, la laine française a souffert de la délocalisation et de la perte de savoir-faire, et il est temps de redonner à ce matériau sa place dans le paysage textile.


L'épisode explore également le rôle essentiel du collectif Tricolore dans la structuration de la filière laine. En rassemblant éleveurs, transformateurs et distributeurs, Pascal et son équipe œuvrent à la création d'un écosystème durable qui valorise les fibres naturelles. Ils discutent des innovations en matière de lavage de la laine et de l'importance d'une approche numérique pour améliorer la traçabilité et la qualité. Ce dialogue met en lumière les enjeux environnementaux et sociaux liés à la production de laine, tout en soulignant l'importance de la collaboration au niveau européen pour renforcer cette filière.


En parallèle, cet épisode résonne avec les thèmes chers à "ArtEcoVert", tels que la teinture végétale et les plantes tinctoriales. La laine, lorsqu'elle est associée à des colorants biosourcés comme l'indigo ou la garance, ouvre la voie à des créations textiles respectueuses de l'environnement. Les colorants végétaux, les pigments végétaux et la coloration capillaire végétale prennent ici tout leur sens, illustrant la richesse des couleurs de plantes et l'importance de l'agriculture tinctoriale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Pascal Gautran du collectif Tricolore. Bonjour Pascal.

  • Pascal Gontrand

    Pauline, merci pour cette invitation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est un plaisir. Alors donc du coup Pascal, ce que je voulais vous demander d'abord, c'était est-ce que vous pouviez nous raconter votre parcours, vous présenter et nous dire comment vous êtes arrivé sur la laine ?

  • Pascal Gontrand

    Alors, un parcours qui a commencé hier. Pas mal de temps, je suis designer, j'ai une formation au départ en design textile et design de mode. J'ai toujours été passionné par ce secteur-là, sans trop savoir pourquoi au départ. C'est rapidement... j'ai découvert une attraction particulière pour la notion de savoir-faire. Finalement, plus que simplement le produit final, qui génère ce que sont les filières. Pourquoi ? Parce que sur ces dernières décennies, sur la fin du XXe siècle, on a probablement beaucoup valorisé la notion de création, de créativité, et ça s'est fait beaucoup au détriment de la notion de savoir-faire, de fabrication. Évidemment, on a beaucoup délocalisé aussi, puisque depuis les années 90, notre industrie textile française a perdu 90% de ses effectifs. mais en même temps on a perdu une certaine connaissance, une certaine culture qui s'est transférée sur d'autres éléments plutôt liés à l'image au style donc c'est intéressant aussi mais disons que j'ai petit à petit abordé mon rôle de designer comme le fait de pouvoir remettre du bien entre ces deux éléments là de l'autre côté la création et de l'autre côté les savoir-faire donc En 2008, j'ai d'ailleurs obtenu une résidence à la Ville de la Médicis à Rome, dans laquelle j'ai vraiment... Ça fait tout mon temps et approfondir cette réflexion-là. Et en 2009, quand je suis rentré en France à nouveau, j'ai lancé mon propre cabinet de conseil qui me permet d'accompagner... des acteurs assez variés, ça peut être des groupements professionnels autour d'un métier, je ne sais pas, la dentelle de Calais par exemple, ou bien des territoires. sur leur périmètre, ou bien des salons professionnels également. Et donc, avec nous, on commence en fait, je dirais, à croiser la notion de salontaire, évidemment, mais aussi de territoire, parce qu'on se rend compte que quel que soit où on se place sur la planète, finalement, le territoire est aussi une composante. importante de la promotion de fabrication parce que ça a plein d'impacts évidemment des impacts plus lésés, moins faciles à voir, qui sont des impacts culturels aussi des impacts du développement durable donc tout cela en fait c'est très difficile de détacher un savoir-faire d'un territoire Voilà, et donc c'est dans ce cadre qu'en 2018, déjà dès 2016, j'ai commencé... plusieurs projets avec des territoires d'agglomération de Castres-Mazamé, Mazamé étant une grande capitale textile et de la laine en particulier, la laine carlée. Et ensuite avec la région Occitanie, à Montpellier... Par exemple, pour le pouvoir économique, j'ai participé à la structuration d'événements qui mettaient en avant des acteurs de ces territoires respectifs. Et au fil de ces rencontres-là que j'ai commencé à prendre conscience des enjeux de la filière laine ou des filières lénières françaises, notamment au travers d'une personne qui est pour moi emblématique de cette filière aujourd'hui, qui s'appelle Éric Carlier, qui est le fondateur du Passe-Arme, un atelier de tissage situé justement à côté de ma vallée. à l'époque s'était lancé dans la transformation de différentes races qui ont des propriétés de couleurs naturelles alors on est sur un podcast dédié à couleur naturelle, celle-ci ne provient pas directement des plantes, même si j'imagine que l'alimentation du mouton joue sur sa pigmentation, mais c'est directement la race qui produit des toisons pigmentées, ça peut être le noir du velay, ça peut être l'orécampan, la solignote, autant de races qui ont des particularités temporielles. intéressante et qui du coup transformée par Eric Carlier donnait des tas de tissus sans teinture du tout qui est quand même une étape assez gourmande en eau, en énergie et donc ça permet de mettre en valeur ce patrimoine et on revient à la notion de territoire comme vous l'avez entendu dans le nom des races, elles ont souvent le nom des territoires qui font un peu leur bateau, donc c'est Cologne ou l'île de Puy-en-Velay par le nom de l'île, c'est encore une fois complètement lié, la notion de territoire est très présente. C'est grâce à Eric que j'ai réuni un peu là-dedans. J'ai trouvé à l'époque que sa démarche était très contemporaine. Elle était très confidentielle. C'est un petit atelier. C'est gagné sans doute par un public reconnu. Donc en 2018, il est proposé au salon Medi-France, qui se tient chaque année au carreau du temple, de... mettre en scène en fait cette filière en faisant connaître la problématique au plus grand nombre de marques et donc pendant quelques mois on a un peu battu le rappel on est allé à la rencontre de nombreuses marques de nombreux designers pour leur raconter un peu ce qu'était cette filière avec donc à l'époque c'est peu de valeur pour la laine puisqu'aujourd'hui, encore, la plupart de nos éleveurs tendent à perte, donc on préfère ne tendre que ce qu'on leur offre pour les poisons correspondantes, et ce parce qu'on a un peu laissé cette filière se désagréver. Il existait jusqu'à la fin des années 80, la profession qui régissait un peu le dialogue entre l'élevage en amont, l'industrie un peu plus en aval, et on a pu voir que les élevages étaient plus en aval, parce que à ce moment-là, on était en interne de la dégénéalisation, la santé éthique était bien plus pratique et bien moins ferme que l'ALN. On ne se posait pas encore les questions d'impact environnementaux que l'on se pose aujourd'hui. Donc on… on a laissé se désagréger cette interprofession et toute l'organisation qui existait à l'époque et qui permettait d'avoir notamment un paiement à la qualité qui est indissociable de l'amélioration qualité s'il n'y a pas de rémunération conséquente, suffisante pour... pour mieux travailler. Et bien, c'est vrai que la tombe aujourd'hui, c'est devenu très banal. Les éleveurs ont perdu la victime de la tombe depuis 7 ans. C'est très compliqué et chronophage, mais ça demande quand même un petit effort, une petite attention suivie, au long de l'année, sur la conduite du troupeau et en particulier le jour de la pompe, pour éviter qu'il se retrouve trop de paille dans les poisons. C'est le plus complexe à relever par la suite. A l'époque, en mars 2019, nous avons rassemblé sur le salon 68 marques, créateurs, designers, qui avaient travaillé sur plus de 130 prototypes ou produits déjà commercialisés exclusivement en le même concept. avec une petite dizaine de races différentes. Ces produits étaient sans teinture, en fait, on tirait un peu parti des... des... des diverses... des... Donc, voilà, ça, ça a été un peu un... Un moment fort pour moi parce que ça m'a permis de confronter l'idée ou l'intuition que j'avais, que j'avais l'intuition d'Éric Carrier, par exemple, mais pas seulement, parce qu'on est également les nature du parc, ça dans le Tarn s'était aussi engagé dans le développement d'une petite gamme de fields. pour le tricotage, ce qui nous permettait d'avoir un peu les deux aspects, c'est-à-dire la laine tissée, foulonnée ensuite sous forme de gras de laine par un carlier, et également des fils destinés au tricotage développé par une température de temps. Donc ça a permis de... vérifier cette intuition qui avait un intérêt pour le marché, que les marques pouvaient s'emparer un peu de cette matière première, faire des choses intéressantes, créatives avec, et également dépoussiérer un peu l'image de l'haleine, qui est souvent associée à un petit artisanat très local, en petite quantité. Donc là, l'idée, c'est que c'est c'est de pouvoir avoir un impact, puisqu'on a quand même 25 000 éleveurs en France, avec entre 10 et 12 000 tonnes de poison qui sont tombées chaque année, ce qui est une masse énorme et qui évidemment n'est pas absorbable uniquement par l'artisanat local, qui vous envoie... Je ne suis pas du tout à ces activités-là, mais disons que si on veut vraiment trouver une solution qui puisse convenir et surtout impacter le plus grand nombre d'éleveurs, il faut vraiment travailler à cette échelle. Donc voilà. Et du coup, l'année suivante, en plein Covid, j'ai profité de mon temps pour pouvoir un peu rassembler une partie des acteurs qui avaient joué le jeu, qui avaient sorti des collections qui avaient été mises sur le marché l'hiver suivant et rassembler des acteurs autour notamment de la Fédération Nationale Ovime. qui nous a accompagnés pour Bono pendant une année, le VNH également, et l'association Paris Good Fashion a fait un axe de travail sur les filières lénières françaises. Et c'est là que nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait construire quelque part un... un vaisseau pour cette profession en rassemblant trois grands univers. Donc en amont l'univers de l'éleveur, au centre l'univers des savoir-faire de transformation, et ils sont très nombreux, on en retrouve beaucoup, mais la laine en fait elle peut être utilisée dans beaucoup de... type de produits en passant par des types de transformations très variées on pense souvent au fil, au tricot On peut s'étrer, on peut l'éviter, on peut l'utiliser en vrac, on peut aussi la transformer, tirer parti de ses composés. notamment la kératine donc il y a énormément d'usages traditionnels puisque il faut quand même rappeler que cette matière elle accompagne l'humanité depuis 10 000 ans puisqu'on a une classe de textiles réalisés à base de laine il y a déjà 10 000 ans et aussi au travers d'usages complètement innovants avec des startups aujourd'hui ou même des plus grosses entreprises qui inventent une oeuvre pour mettre à profit avec la laine différemment voilà je pense que c'est un peu long mais c'est un peu ce qui vit le collectif sur les rails puisque en fin 2020 nous avons fait le lancement officiel du collectif tricolore sous forme d'association loi 1901 à l'époque nous avions une bonne trentaine de membres fondateurs qui se sont investis à tout niveau soit des fédérations professionnelles soit des institutions comme la Bergerie Nationale ou le Mobilité Nationale soit directement des entreprises les tentrices de savoir-faire ou qui développent la distribution de certains types de produits souhaiter en fait s'engager participer à une réflexion sur comment est-ce qu'on peut reconstruire je pense qu'à tout court un système vertueux, valorisant pour cette matière première aujourd'hui en France et avec nos partenaires européens puisque certains maillons sont très affaiblis sur notre territoire donc il faut réfléchir de manière plus large encore que les frontières de notre pays pour une chance de construire quelque chose de durable

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors vous avez dit fin 2020 la création du collectif Tricolore, vous avez parlé de trois univers, j'en ai loupé un, j'ai l'élevage, le savoir-faire de la transformation, et vous avez parlé, le troisième c'est quoi ? Le troisième univers du collectif Tricolore ?

  • Pascal Gontrand

    Le troisième univers du collectif Tricolore c'est la distribution. et c'est important d'emmener les marques, les metteurs sur le marché à réfléchir dès l'amont et à mieux connaître l'amont, ce qui se passe dans l'élevage. Donc une des grandes fiertés que je peux retirer de ce collectif, c'est cette mise en dialogue d'univers qui ne se connaissent plus. qui ne se connaissent plus, qui sont assez distants, qui ont des cultures très différentes, mais aussi très complémentaires, et qui, au travers de cette thématique de l'haleine, se retrouvent finalement avec un point commun, des projets communs, des idées communes, des valeurs communes. Donc c'est ce qui fait un peu l'énergie du collectif écolaire aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc vous avez dit qu'il y a une trentaine de membres à peu près. Vous êtes basé où exactement ?

  • Pascal Gontrand

    Alors l'association est domiciliée à la Maison Nationale des Éleveurs à Paris. Et nos membres, eux, sont partout en France, et un petit peu aussi dans certains pays limitrophes. Et aujourd'hui nous avons un peu plus d'une soixantaine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    métiers d'accord ok et donc c'est un système comme une fédération en fait il y a une contribution, une adhésion des personnes et des événements qui sont organisés des rassemblements des événements c'est un peu comme ça que ça fonctionne ?

  • Pascal Gontrand

    absolument tout au long de l'année on coordonne beaucoup en visio mais aussi Le travail selon les thématiques, on coordonne donc les rencontres, les questions pour pouvoir traduire des projets concrets. On travaille sur la mise en place d'outils et de méthodes communes. La première phase, c'est vraiment la rencontre, c'est-à-dire le dialogue entre chacun des membres, les aider. les étapes avant, les enjeux qui correspondent aux différents métiers, pour pouvoir réfléchir avec une vision plus large sur les métiers ou leurs segments. Et aujourd'hui, on a deux ans et demi de travail collectif sur la mise en place d'outils communs. notamment un outil digital de plus en plus long, qui va permettre de moderniser l'armée, de garantir une forme de traçabilité, mais aussi de permettre aux compagnons, aux compagnons de la ferme, jusqu'à leur transformation en produits finis, les accompagner en fait de données qui sont cruciales pour la qualité, pour une rémunération plus équitable, pour... On a aussi des questions de responsabilité, puisque comme je l'ai dit en introduction, aujourd'hui, nous sommes dans un moment historique, dans le sens où nos industries, notre consommation est en train d'évoluer. de manière très forte, avec beaucoup plus de conscience des impacts de cette consommation, de ces productions qui n'étaient pas mesurées jusqu'à présent, et qui aujourd'hui, chaque entreprise, chaque maillon de la filière a devoir... déjà connaître ses impacts pour pouvoir les maîtriser, les réduire si possible. Donc là, dans ce cadre-là, la filière laine française a vraiment un rôle à jouer. Je dirais même que son rôle est vaste parce qu'il s'inscrit dans une musique qui est la même pour tout l'élevage européen, qui est uniquement dédiée à la production de gendres ou de lait. et qui fait que la laine étant sous-produite, presque un déchet, et pourtant paradoxalement c'est ce qui lui confère déjà une valeur supérieure dans le sens où son impact sur la planète, du fait qu'elle n'a pas besoin, que ce n'est pas un élevage qui est élevé pour sa production fait qu'elle n'a qu'une petite partie des impacts de l'élevage ce qui fait que finalement c'est une matière qui en soi est déjà là qu'on n'a pas besoin de produire et qui donc est quelque part plus vertueuse que d'autres matières pour lesquelles il faut engendrer un livage ou une production donc là déjà on part d'un d'un point positif dès le départ

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et je voulais justement vous demander dans votre outil digital de filière c'est un genre de blockchain comme on a sur l'alimentaire avec chaque acteur ou chaque étape qui est renseignée avec des informations digitales disponibles pour toute la chaîne, c'est un peu ce genre d'outil là que vous aimeriez développer ?

  • Pascal Gontrand

    Oui c'est un peu sur le style sur le principe de la blockchain effectivement avec des informations qui sont qui sont transmises d'un maillon à l'autre. Alors, toutes les informations ne sont pas transmises parce qu'il y a aussi des questions de confidentialité sur certains types de données, sur certains maillons. Mais ça permet effectivement de pouvoir remonter la chaîne si besoin, si nécessaire, pour des questions d'amélioration de qualité, de traçabilité de courbe, de garantie de proclamations. pour un calcul des impacts responsables.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ouais, c'est ce que j'allais dire. Donc du coup, si je vois bien votre objectif, vu que pour avoir fait ça dans ma vie passée, sur des sujets comme ça, où il y avait des histoires de blockchain, et en fait, l'idée, c'est que grâce à ça, vous puissiez avoir une certaine réassurance sur la qualité des lèvres, la traçabilité, les origines pour les grandes marques qui en ont besoin. mais aussi que vous puissiez, par exemple, calculer un impact carbone ou un impact tout court de cette filière lame pour des marques qui ont les moyens de mettre en avant ces arguments-là, si je comprends bien. C'est un peu ça ?

  • Pascal Gontrand

    C'est ça, avec un paramètre supplémentaire qui est la gestion de la qualité, qui est intrinsèquement liée à la notion d'équité aussi, c'est-à-dire que si on veut... composer un paiement à la qualité, certes, on peut vérifier la qualité dès le départ, mais souvent, c'est plus tard que se fait la valorisation. Et si on n'est pas capable de pouvoir remonter l'achat, on ne sera pas non plus capable de pouvoir valoriser en fonction des niveaux de valorisation derrière, auprès des éleveurs.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et alors du coup, Pascal, une question toute bête. Comment ? Non, non, c'est qu'on a un petit décalage de réseau, mais c'est pas grave. Ah d'accord, j'entends pas le bruit autour de vous mais il y a un petit décalage dans notre conversation mais du coup je voulais vous poser la question et en fait ça fait la transition avec la question d'après c'est quelles sont toutes les étapes on va dire de l'élevage jusqu'à la tonte les différentes étapes qui suivent cette tonte ça c'était ma première question et la deuxième question c'était qu'est-ce qui définit une qualité de laine, parce que si vous souhaitez rémunérer vos partenaires par rapport à la qualité de la laine, je suppose que vous avez mis un cahier des charges, et ça doit être sûrement en lien avec, déjà, la race, je pense que les races, toutes les races ne se valent pas, et après vous aviez dit la présence d'impureté, j'ai vu qu'il y avait aussi une histoire de sioux dans la toison, des poils différents qui n'étaient pas valorisés par elle, etc. Est-ce que vous pouvez nous expliquer du coup les différentes étapes après la tonte et aussi ce qui fait la qualité d'une bonne laine ou d'une laine un peu moins qualitative alors beaucoup d'acteurs aiment bien dire que il n'y a pas de mauvaise laine mais

  • Pascal Gontrand

    il n'y a que des bons usages pour les bonnes laines donc c'est vrai que déjà il convient d'utiliser le pluriel tant pour la laine, on devrait dire les laines, parce qu'en réalité, d'une race de moutons à l'autre, d'un type d'élevage à l'autre, on peut avoir une très forte différence. Donc souvent, les paramètres sont le moutonnage, la longueur des fils, le baril, le normand. également les types de transformation et les types d'usages sont aussi très variés ce qui veut dire qu'une bonne laine pour faire un bon tapis, c'est pas forcément une bonne laine pour faire un bon fil donc ce dans quoi il faut arriver à remettre un peu d'ordre, c'est déjà comprendre quels usages pour quelle typologie de laine et ensuite c'est pas juste une race un usage c'est un peu plus complexe que ça puisque au sein d'une même toison on peut avoir des types de laine différents donc selon le niveau de valorisation possible il va falloir mettre en oeuvre des types de tris différents ça peut être un tri à la toison ou ça peut être un tri précis encore où on va découper une poison en plusieurs morceaux. Cela dépend évidemment du type d'usage et du cahier des charges. Là non plus, il n'y a pas un seul cahier des charges, il y a énormément de cahiers des charges. Le cahier des charges traditionnel, jusqu'à présent notre industrie ne s'appuie pas du tout sur des usages de laine locale ou très très peu. ce sont des laines qui sont réunies, standardisées d'une certaine manière, ce qui les rend plus faciles en fait de transformer, plus faciles à traiter. Nous aujourd'hui on part un peu de zéro avec la nécessité de devoir aussi inventer des catégories de laines inventer des systèmes pour pouvoir les catégoriser d'une part et ensuite faire suivre la logistique derrière. C'est là où, encore une fois, l'outil digital lui peut permettre en fait de gagner du temps, de pouvoir agglomérer des lots similaires plus vite sans avoir à systématiquement réouvrir des ballots pour etc. Donc l'idée c'est aussi de fournir au travers de cet outil de facilité, de fluidité dans le système logistique, qui aujourd'hui porte tout le poids, tout le coût de la laine finalement. Et la raison pour laquelle on offre très peu à l'éleveur, c'est que derrière ça coûte très cher d'aller chercher.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La collecte ?

  • Pascal Gontrand

    La collecte, ce sont des lots en moyenne de 500 kilos.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    par bergerie, puisqu'on est sur 250 têtes en moyenne par bergerie en France, en Europe de manière générale donc ça produit à peu près 2 kilos en fonction des races là encore, c'est variable dans les typologies de laine sur la laine elle-même mais effectivement vous avez mentionné le soin qui est la transpiration de montant qui se retrouve en vue, prise dans l'œuvre. Là aussi ça donne lieu à des types de valorisation possibles, notamment l'anoline, qui est un composé qui est inscrit historiquement dans la composition cosmétique, parce que l'anoline a de très bonnes caractéristiques de... il a de très bonnes caractéristiques d'hydratation c'est vraiment un avantage on peut valoriser certes la laine mais en réalité dans une poison on peut avoir aussi un ensemble de coproduits à explorer sur des usages qui peuvent être innovants aujourd'hui

  • Pascal Gontrand

    Donc votre principal, on va dire, concurrent, c'est en fait peut-être la laine d'Australie, le Mérinos qui vient complètement... Non, c'est pas ça ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    absolument pas absolument pas parce qu'on n'a pas du tout les mêmes caractéristiques donc il n'est absolument pas question que les laines françaises se mettent à concurrencer le merinos australien on est sur des micronages qui n'ont rien à voir on est sur une forme de standardisation en Australie qui n'a rien à voir et en termes d'impact on est aussi sur un ça va faire grincer mais on est sur un sur un je dirais, nous sommes sur un coproduit là où l'Australie, en fait, élève ses moutons pour de la laine. Que pour ça ? Oui, d'accord. Il est attribué à la laine à autre chose, ce qui fait que finalement, cette laine, elle est plus fine, elle est plus standard, je ne sais pas si c'est un avantage, mais en tout cas, elle a un impact environnemental qui est moins bon que l'impact théorique, qui aujourd'hui reste théorique, puisque l'impact de... français ou européen parce que je pense que c'est vers là qu'il faut aller, vers une conscience européenne ensemble parce que juste la laine française même au niveau national c'est très peu c'est finalement une micro goutte d'eau il faut quand même rappeler que la laine ça représente 1% seulement des fibres qui sont utilisées sur le marché aujourd'hui donc on se dit 1% c'est un coup toute la laine australienne qui représente les trois quarts de la baisse qui est produite dans le monde.

  • Pascal Gontrand

    Donc, plus on sera d'acteurs européens, ce serait d'ailleurs davantage massifié, un peu plus la production. D'accord, je comprends mieux. J'avais une question, du coup, je viens de la perdre. Ah, ça y est, ça a l'air que ça bug. Je ne sais plus ce que j'allais vous dire. J'avais une bonne question que j'avais perdue, c'est pas grave. continuons donc du coup on a parlé la laine représente 1% des fibres textiles mondiales l'idée c'est d'aller multiplier le nombre d'acteurs est-ce que avant qu'on passe sur la filière laine en France et plutôt en Europe et ouvrir est-ce qu'on pourrait parler des différentes étapes suite à la tonte donc on a bien compris vous votre particularité c'est que vous travaillez des laines qui sont en fait comme des déchets puisque les animaux sont élevés pour la viande ou pour le lait, vous, ce n'est pas le bon terme.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On va dire sous-produit.

  • Pascal Gontrand

    Vous avez dit déchet tout à l'heure, mais là, le but, c'est que ce soit un sous-produit, un coproduit, on va dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça serait le Graal.

  • Pascal Gontrand

    Bon, OK. Alors, je coupe parce que je me suis plantée. Donc, un coproduit. Comment vous faites ? Moi, j'ai beaucoup de questions parce qu'il y a plein d'exploitations. Donc les périodes de tonte sont à peu près quasi les mêmes ? C'est une fourchette commune au moins ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    6 mois à peu près.

  • Pascal Gontrand

    Ah oui d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Parfois fin décembre dans le sud de la France et vont se poursuivre jusqu'en juin, début juillet. D'accord. Voilà, le gros est concentré. Mais vous avez raison, une grande partie, plus de la moitié va se dérouler au printemps, dans le temps de Sabri en ce moment.

  • Pascal Gontrand

    D'accord,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    donc les animaux sont tondus,

  • Pascal Gontrand

    qu'est-ce qui se passe après en fait ? Comment c'est collecté ? Est-ce que c'est l'agriculteur qui envoie ça à un point particulier ? Est-ce que c'est un canon comme un canon de lait qui passe collecter les oiseaux ? Sachant que vous avez parlé de 500 kilos, il faut quand même être équipé, il faut avoir un système logistique. Comment ça fonctionne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là encore, il n'y a pas de standard, puisque selon les types de laine, selon l'accessibilité des laines, les exploitations agricoles, en fait, il peut y avoir vraiment des choses très... Les cas de figure sont incomparables. Donc, ce n'est pas l'éleveur qui se déplace. Généralement, on vient plutôt collecter sa laine, même si on a tendance aujourd'hui à voir que peut-être, comme en Grande-Bretagne, ça pourrait être une première étape. qui aiderait, que d'aller déposer sa laine dans des dépôts, mais ne le fait pas beaucoup. Donc c'est souvent soit des collecteurs privés. qui vont passer dans les fermes pour pouvoir ramasser le produit de la tente qui est stocké dans des curons, ce qu'on appelle des curons. C'est d'assez gros sacs avec 50-60 kg de laine à l'intérieur chaque fois. Donc ça fait à peu près une dizaine par bergerie. C'est assez volumineux parce qu'on ne la tasse pas beaucoup. On la tasse, on saute à pieds joints sur les... sur les sacs mais bon la laine c'est très expansif et les laines françaises sont reconnues pour ça justement elles ont beaucoup de gonflants ce qui leur confère notamment en literie des usages assez vertueux et ensuite ça peut être également collecté directement par des coopératives ovines par exemple qui vont rendre service à leurs éleveurs en allant chercher cette matière première chez eux pour les débarrasser un peu Il faut dire que notre système fonctionne très mal, parce que ces dernières années, ils sont très très très mal. Depuis que le marché s'est effondré, avec la désorganisation due au Covid. nos éleveurs stockent parfois trois années de comptes consécutives sans avoir d'acheteurs ou d'offres sérieuses en face. Donc, il y a un malfonctionnement, un dysfonctionnement de cette logistique qui est assurée par des collecteurs privés ou des coopératives. Grosso modo, c'est ça. On essaie de mutualiser, c'est-à-dire peut-être la coopérative vient livrer du grain et repart avec les toisons mais encore une fois il n'y a pas vraiment de logistique dans certains cas ce sont les tourbillons qui récupèrent la laine donc il y a vraiment des cas de figures très variés aujourd'hui Voilà, après les étapes suivantes, pour un usage, en fait, depuis quelques années, la laine est classée sous produit animal de catégorie 3, donc avec un risque sanitaire moyen, mais quand même présent. qui fait que si on veut l'utiliser que ce soit même pour faire du paillage sur sa propre exploitation il faut l'hygiéniser d'abord il y a plein de méthodes d'hygiénisation possibles mais le lavage c'est la méthode la plus conventionnelle et le lavage utilise pas mal d'eau pas mal d'énergie puisqu'il faut monter au moins à 60°C pendant une heure pour hygiéniser donc la laine contient pas mal de graisse donc il y a un système de saponification qui se met en place et elle génère son propre savon en fait une fois qu'on a lancé ce système mais il faut quand même pas mal de énergie pour la mécanique et pour ce panneau évidemment c'est un maillon très particulier en France parce qu'on a quasiment perdu les acteurs. En tout cas, tous les acteurs industriels ont disparu, ont fermé leurs portes au début des années 2000, en l'année dernière, au milieu des années 2000. Il en reste un, à l'avance, qui est l'avance des évodants, qui est un semi-industriel, on va dire, ou semi-artisanal, avec une capacité extrêmement réduite. On pourrait pas laver, on va se réaliser à quelques mois. En 3-8, pendant toute l'année, ils seraient capables de laver à peu près 2% de la veine française.

  • Pascal Gontrand

    Ouais, d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, ils ne travaillent pas en 3-8. Donc, on va se réaliser à peu près 2%. C'est un maillon qui peut être aussi intéressant si on se place de l'autre côté. C'est-à-dire si on se dit que le fait qu'ils aient tous disparu, et ils ont souvent disparu parce qu'il y avait des contraintes de retraitement des eaux très fortes. très coûteuse sur un maillon, sur une étape finalement qui, à part l'hygiénisation, n'apporte rien en termes de valorisation. Donc c'est ce qui a probablement signé le déclin de nos lavages industriels. Aujourd'hui, il en reste quelques-uns en Proche-Europe, donc en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, au Portugal. taille assez diverse aussi. Donc il y a quand même une petite capacité de lavage en local, on va dire. Mais c'est tout. et je disais donc que cette méthode qui est la méthode traditionnelle qui utilise beaucoup d'eau, qu'il faut retraiter après qui utilise beaucoup d'énergie si elle a disparu c'est peut-être aussi le moment opportun de la réinventer et donc ça c'est aussi un axe sur lequel le collectif tricolore s'est positionné il y a deux ans nous avons obtenu une aide de la part de France Provence pour nous aider dans cette... top dans cette recherche, avec une technologie un peu, alternative, qui est déjà une technologie qui s'appelle le CO2 supercritique, qui est déjà utilisée dans d'autres secteurs de l'industrie, mais pas dans le lavage de la laine, et qui... peut contribuer à ce lavage sans pour autant consommer autant d'eau, autant d'énergie. Donc là, on est en… les acteurs, nos adhérents qui sont impliqués dans ce développement-là sont en train d'étudier la fusibilité.

  • Pascal Gontrand

    C'est quoi le principe ? C'est quoi le principe du...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le CO2 supercritique, c'est que, en fait, on nous a souvent appris qu'il y avait trois états solides, liquides, gazeux. En réalité, il y en a quatre. Il y a aussi un état supercritique qui intervient sur les molécules à très forte pression. Donc là, il s'agit en fait de mettre sous CO2 une dimension. et de très forte pression pas forcément pas obligé de générer de la chaleur et ça va en fait permettre d'exprimer une grande partie des matières organiques qui sont dans le poison

  • Pascal Gontrand

    et ça n'abîme pas la laine ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, d'accord. C'est ce qu'il a fallu vérifier en laboratoire. Donc on a fait un peu toutes les recherches labo, et aujourd'hui on est en phase d'industrialisation, enfin les acteurs sont en phase d'industrialisation, donc on espère très fortement que d'ici peut-être deux ans, on pourrait avoir... un lavage qui serait d'un nouveau type avec des impacts environnementaux bien moindres ce qui nous ce qui nous permettrait d'être encore plus de s'inscrire encore mieux en fait dans cette transition environnementale qui est à l'oeuvre et pour laquelle la laine pourrait jouer un rôle intéressant

  • Pascal Gontrand

    alors du coup ce serait un pardon il y a un décalage,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    allez-y si je continue dans la filière les étapes qui suivent le lavage là elles sont diverses il ne faut pas imaginer la filière laine comme une filière très linéaire je préfère parler des filières laines parce que elles sont très variées très imbriquées les unes dans les autres avec des des étapes qui donnent lieu à des écarts je pense par exemple souvent l'étape suivante c'est le cardage peignage au cardage, on a des pertes, au peignage également, mais ce ne sont pas forcément des pertes, parce que les pertes d'une filière peuvent devenir les produits d'une autre. Donc là aussi, on a tout à gagner à reconstruire un écosystème complet, parce que plus on valorisera, moins il y aura de pertes, et parce qu'on valorisera mieux les coproduits à chaque stade de la transformation. on arrivera à valoriser la matière auprès des éleveurs. Donc c'est important de considérer cette pluralité des transformations. Et après, une fois qu'on a cardé, on peut peigner si on veut faire un film, on peut aiguïter si on veut faire des matelas par exemple, on peut feutrer si on veut faire du feutre pour des usages. plus technique ou même pour des usages un peu design en défaut. Après, sur les étapes de filature, si on reste sur le fil, il y a des filatures peignées ou des filatures cardées. C'est des types de filatures différentes qui donnent des résultats de fils différents pour des usages différents. Donc là, encore, il faut quelque part, presque parfois, réinventer l'usage de la laine dans ces métiers, parce qu'on a des entreprises en France qui... qui ont pu être spécialistes de la laine il y a 50 ans, mais qui se sont beaucoup tournés ces dernières décennies vers d'autres types de fibres, synthétiques en particulier, qui ne nécessitent pas autant d'excellence et de connaissances que les matières naturelles. Les matières naturelles, c'est complexe en fait, parce que... la météo, le taux d'hygrométrie, tout peut influer, en fait, c'est aussi vrai pour les colorants naturels, mais tout peut influer sur les réglages des machines, sur le résultat final. Donc, ça demande une connaissance très fine, en fait, des process de transformation, des machines, de la conduite des machines. Et là, c'est là où... Finalement, notre premier écueil, c'est la formation, c'est la transmission de certaines connaissances, de certains savoir-faire, parce que plusieurs décennies à se consacrer à la transformation d'autres fibres font que l'haleine est très méconnue. et quand je dis la laine la seule laine qui est connue c'est quelque part c'est la laine mérinoise standardisée qui arrive d'Australie là il faut apprendre à connaître des catégories de laine française qu'on n'avait jamais testé en fait que nos industriels ces dernières 50-100 ans n'ont jamais testé en fait donc il y a un vrai challenge aussi de collectif d'innovation, de R&D qui doit se faire et ça c'est aussi dans le dialogue parce qu'un certain type de lavage peut permettre un certain type de transformation un certain type de filature peut permettre un certain type de trottage ou de tissage donc ça demande aux acteurs de se syntoniser entre eux pour mettre au point des produits à chaque étape de la filière qui soient en route les utilisables possibles, les mieux possibles pour les maillons suivants. Donc, c'est là où on voit que cette chaîne est assez longue, qu'elle peut être assez complexe, parce qu'après, du foulateur, on va passer chez des tricoteurs ou des tisseurs. Il va falloir aussi inclure des étapes d'ennoblissement. Alors, ça peut être la teinture, bien sûr. Alors, la laine, elle est parfaite pour... elle se teint très facilement historiquement sur les colorants naturels on a des archives incroyables avec des coloris somptueux et très profonds mais elle se teint très bien également avec des procédés chimiques pétrochimiques actuels mais il y en a un qui est très bien Voilà, c'est encore une fois, il faut savoir maîtriser ces effets de teinture ou d'ennoblissement quels qu'ils soient. On peut foulonner la laine, on peut la faire fêtrer, on peut l'émériser, on peut faire plein de choses. Mais encore faut-il adapter les réglages des machines à ces laines françaises. C'est tout l'art que déploie actuellement une grande partie de nos adhérents.

  • Pascal Gontrand

    D'accord. Et justement, je voulais savoir, les utilisations principales de la laine aujourd'hui, c'est quoi avec le collectif tricolore ? C'est principalement une débouchée textile ou il y en a plusieurs ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, on a, bon alors en majorité, c'est vrai qu'on a beaucoup de marques inscrites qui vont utiliser les laines françaises dans un but de développer des produits d'habillement, des accessoires ou des vêtements, mais on sait par expérience, enfin on sait par analyse que ça va correspondre finalement à un pourcentage de... de notre gisement global qui est très faible peut-être 10, 15% dans le temps mais pas beaucoup plus on a aussi pas mal d'adhérents qui sont issus du monde de la literie ça a été d'Iber par exemple qui a développé un matelas qui utilise une grande partie de l'âne avec la marque Kepeda qui également a mis en place on a en place un sourcing tracé pour s'assurer que demain leur utilisation de fibres naturelles seront purement françaises quels qu'elles soient ils ont aussi le lin pour ne pas tomber dans leur stop donc c'est intéressant voilà après là on vient de lancer un groupe de travail sur les géotextiles avec plusieurs de nos adhérents qui s'intéressent à la question pour mettre à profit d'autres l'aspect notamment biodégradable de la laine le fait qu'elle contienne également beaucoup d'azote ce qui est enrichissant en fait pour les plantes donc c'est une sorte d'engrais naturel on va dire voilà donc il y a des choses et puis aussi j'ai parlé des coproduits des toisons aussi des startups qui nous rejoignent avec l'idée de tirer profit différemment en fait avec des usages très innovants en fait de l'haleine ou des toisons comme quoi par exemple ? l'usage de la kératine d'accord des azotes il y a plein de composés qu'on peut extraire en fait de laine ou d'étoison selon le cas ok c'est hyper intéressant du coup j'arrivais à la partie sur vos

  • Pascal Gontrand

    partenaires en France et ailleurs et venir sur comment se porte la filière laine en France, un petit peu sa place ses volumes et cette notion d'Europe qui est Plus importante, j'ai l'impression, sur les fibres naturelles, parce que, pareil, sur le chanvre, il y avait une notion de gagner une échelle supplémentaire, de mutualiser les outils, de mutualiser les... Et en fait, j'ai l'impression que c'est... Dans le discours, j'entends à peu près les mêmes problématiques. Donc voilà, ça m'intéresserait de savoir, vos partenaires en France et plus loin, on en a quand même cité pas mal d'acteurs, et comment se porte la filière laine en France et les avantages à avoir une vision plus globale européenne.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La filière française, nous au-delà de nos adhérents, donc une soixantaine d'adhérents, on a aussi quelques partenaires qui sont souvent des territoires, qui ont envie de s'engager pour accompagner les acteurs, faire partie de ces mouvements. Donc ça peut générer des emplois, ça peut générer une visibilité aussi pour un territoire. une résonance avec la culture locale, le météorisme. Donc, c'est vraiment... Les cuillères de noix sont très imbriquées finalement à l'économie culturelle, à la société de manière générale. Donc, c'est sous cet angle-là. Ensuite, on établit en ce moment pas mal de partenariats... Je pense avec nos homologues ailleurs en Europe, avec des pays comme l'Irlande, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Espagne, qui réfléchissent également. Alors, la Grande-Bretagne s'est bien avancée, parce qu'ils sont très bien structurés, mais justement, ils souhaiteraient que le reste de l'Europe se structure également, parce que... plus il y aura de l'aime qui sera mieux traité, mieux valorisé, de meilleure qualité. la rémunération sera conséquente les prix seront conséquents aujourd'hui le fait qu'il y ait pléthore de possibilités pour acheter de la laine à bas coût de mauvaise qualité ça tient le marché vers le bas donc c'est important de s'inscrire dans un mouvement plus vaste et d'être bien conscient que l'échelle nationale elle est toute petite, elle est minuscule et que si on veut avoir une vraie voix et un vrai impact. Peut-être à l'image, vous avez cité le chambre, mais je citerai le lin européen qui est très bien structuré aussi depuis les années 50. Ça fait que, du coup, ils ont une force qui est de structuration qui va créer des transformations pro-locaux. Donc l'union fait la force et je crois beaucoup que pour la laine, cette union doit être européenne parce qu'on est dans un cadre commun de valeurs, à la fois parce que tous nos éleveurs sont soumis aux aides de la PAC, la politique agricole commune, avec des cahiers des charges qu'ils doivent respecter. notamment d'un point de vue social ou même bien être animal donc on est déjà soumis à des règles qui ne sont pas valorisées pour la laine mais qui pourraient être et c'est ce que l'on souhaite faire parce que finalement c'est facile ça existe déjà, nos éleveurs font déjà des efforts pour la viande, pour le lait et ces efforts là ils sont aussi valables pour le coproduit de laine donc ça c'est un bon point et puis aussi pour les étapes de transformation parce que toutes nos entreprises sont également soumises à des traitements des os par exemple qui sont interdits dans le sur le périmètre de la oui

  • Pascal Gontrand

    riche par exemple mais il y a beaucoup tous les labels et toutes les certifications ouais d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc tout ça fait que plus aussi je dirais toute une démarche de décarbonation qui est entreprise aujourd'hui par le monde de l'élevage et par le monde de l'industrie aussi. Donc voilà, on voit bien que tout converge un peu et que dans un cercle européen, on partage ces valeurs-là, on va dans le même sens. Donc finalement… pourquoi pas réussir à labelliser ces laines européennes d'une certaine manière d'accord on sait que ça va être une façon de rajouter cette piste là si on ne veut pas que ce soit supporté par un petit nombre, il faut découper le coût en plus grand nombre. Donc, travailler ensemble de concert sur une vision européenne, ça serait sans doute ce qui pourrait nous arriver de mieux et de plus impactant à court terme.

  • Pascal Gontrand

    d'accord ok et sinon point de vue j'entends moi mais je sais pas ce que vous en pensez qu'il y a quand même un redémarrage ou en tout cas une réactivation sur la filière laine est-ce que ça vous le ressentez ou c'est juste ou

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas comment vous sentez un peu cette filière bah depuis 2018 je pense que on a commencé à le ressentir mais on y contribue également enfin dans une large mesure en étant présents sur les salons en étant présents à travers nos membres et chacun leur réseau ça permet vraiment de faire rayonner au maximum ce qui se fait les avancées individuelles de chacun et d'entreprendre des projets collectifs qui sont gagnants donc oui c'est sûr, je pense qu'on bénéficie comme je le disais tout à l'heure d'un réintérêt de la fabrication locale qui se double d'un réintérêt pour les biomatériaux quels qu'ils soient et donc la laine rentre finalement, là on cumule les deux donc c'est vrai qu'on coche pas mal de cases donc c'est vrai que ça attive pas mal d'intérêt après ce qui est complexe c'est de faire converger cet intérêt cette attraction avec la réalité du marché, les coûts la chaîne de transformation que je vous ai décrite elle est longue donc elle est coûteuse la mène c'est cette fois plus simple que le coton et en plus aujourd'hui c'est très facile de se fournir en fibre qui arrivent de l'autre bout de la planète, qui sont cultivées ou produites dans des conditions qui ne sont pas du tout celles de la communauté européenne, et qui, voilà, on a des scandales chaque semaine. Donc, c'est... mais pourtant, nous sommes en concurrence quand même avec toutes ces autres fibres, toutes ces autres sources possibles, et c'est souvent le prix qui est un souci. Même si on ne revalorise pas auprès des éleveurs, eh bien, toutes les étapes de logistique, de transformation sont en droit, vu qu'elles sont réalisées en local, qui bien sûr est bien plus supérieure à... d'autres filières organisées différemment ailleurs.

  • Pascal Gontrand

    D'accord, c'est hyper clair. Est-ce que vous auriez un... En gros, quels sont les prochains projets pour le collectif tricolore et qu'est-ce que vous, vous souhaitez personnellement à la filière laine pour les années à venir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, nos prochaines étapes, c'est... C'est en particulier de réussir un peu le lien avec nos partenaires européens et de pouvoir... implémenter au maximum les outils qu'on a développés, notamment l'outil digital, faire en sorte qu'il soit le mieux compris par l'ensemble des maillons, parce que ce n'est pas facile. Les Français adorent la nouveauté, mais ils détestent le changement. Donc, ça ne va pas forcément être très simple de... de faire la promotion de cet outil. C'est pour ça qu'on voudrait qu'il soit le plus gratuit possible, en tout cas pour les éleveurs, ça c'est certain, mais le moins coûteux possible, pour que ça ne soit pas un frein à son usage, et qu'on puisse enfin avoir une photographie de ce qu'est ce gisement. qui est méconnu. Aujourd'hui, les éleveurs ont le droit d'élever un peu les races qu'ils souhaitent. Ils déclarent le nombre de têtes, mais pas nécessairement les ronces. et pas les croisements donc ils ont tout à fait le choix de faire les croisements qu'ils veulent et en fait dans les races les croisements, les conduits de délevage ce sont que des paramètres qui ont une importance très forte sur la qualité de la laine la typologie de la laine qu'on va obtenir à la fin, une même race dans deux modes de délevage c'est pas la même laine donc tout ça en fait, toutes ces données tant qu'on les a pas en fait on est obligé de faire ce qu'on fait c'est à dire on mélange le pire et le meilleur parce que c'est connecté à proximité et ça tire tout vers le bas donc voilà, ça c'est vraiment un challenge pour les années à venir c'est à dire à quel point on va réussir à implanter l'usage d'un outil digital alors paradoxalement c'est pas tellement le monde de l'élevage qui m'inquiète parce qu'en fait le monde de l'élevage il est déjà pas mal digitalisé pour les produits lait et viande finalement c'est pas là où il y a la... à mon avis, où il y aurait le plus de freins. En revanche, sur la collecte, c'est là où, en fait, on passe dans une boîte noire aujourd'hui, où on perd la salarité parce que, voilà, c'est une maudité. Oui. Que ce soit, mais, en tout cas, ça génère, oui, plein d'inconnus, des mélanges qui sont bénéfiques sur un marché mondialisé à bas coût, de gros volumes à très bas coût, puisqu'aujourd'hui, si on regarde les chiffres des douanes, on exporte notre laine, les chiffres de l'an dernier montraient 75% de la laine exportée vers la Chine, à 1 euro à peu près. Il est payé en ce moment 10 centimes aux élevages. c'est un marché de gros, de volume, à très bas coût. Il faudrait rémunérer les éleveurs à 1 euro à peu près pour leur permettre d'arriver à couvrir les frais de compte dans la plupart des cas. Donc, 1 euro par kilo, ça veut dire 2 euros par brebis. puisqu'il y a à peu près 2 kilos sur une brebis. Donc, voilà, on est loin d'en être là. Et donc, voilà. Donc, c'est plutôt les maillons suivants, en fait, qui ne sont pas trop habitués à la sensibilité, à la sensibilité et à la digitalisation, parce que c'est incroyable. Ces ballots se transportent avec des petits papiers. agrafés, qui se détachent, remplis à la main. C'est quelque part très archaïque. Là aussi, il y a un vrai challenge, c'est de pouvoir moderniser cette collecte, moderniser les pratiques pour les rendre plus actuelles, pour les fluidifier, pour pouvoir faire des économies d'échelle aussi, qui seront bénéfiques à tout le monde. Un top. Voilà, je pense que c'est un peu les deux grands axes. la digitalisation de la filière et l'amélioration de la collecte. Et puis le lien à l'Europe avec une vision plus ample sur les questions de responsabilité. Je pense que c'est vraiment incontournable.

  • Pascal Gontrand

    c'était top ma dernière question du coup Pascal c'est si vous aviez quelqu'un que vous aimeriez que j'aille interroger sur cette filière laine à qui vous aimeriez passer le micro pour que j'aille pareil poser ce genre de questions et continuer à approfondir ou amener un regard différent ou une spécificité à qui vous aimeriez que j'aille voir

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai commencé par le citer.

  • Pascal Gontrand

    Éric Carlier ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La boucle de l'aile serait bouclée. Même s'il n'aime pas tellement donner des interviews, je dirais effectivement Éric Carlier parce que lui, la laine, il l'appréhende de manière directe. C'est un prix de connaissance qu'il s'est constitué. Voilà. C'est quelqu'un qui parle très bien de son métier avec beaucoup de passion. Je vous encouragerai effectivement à passer à un rencontre et pouvoir échanger avec lui sur ce qu'il doit être intéressé à cette matière. Il a beaucoup travaillé le mohair pendant longtemps, il travaille toujours, mais il doit avoir un grand but. son métier, ses tests, quelqu'un qui est vraiment férue de tester des choses. Ce qu'il déteste le plus, c'est de refaire deux fois la même chose. Donc tester une nouvelle race, une nouvelle... un nouveau mélange un nouveau type de tissage c'est un centre je pense pour lui de recherche et développement qui le passionne et le fait que ça parte du lien avec les éleveurs je crois ça le rend très concret, très humain mais il en parlera mieux que moi

  • Pascal Gontrand

    Ok, bon bah écoutez j'irai contacter Eric Carlier est-ce que vous avez un mot de la fin Pascal ou vous voulez qu'on s'arrête là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le mot de la fin, je n'ai pas réfléchi, alors vous me prenez un peu de cours. Ça peut être quoi le mot de la fin ? Non, il n'y a pas de fin, c'est une filière sans fin. Il ne faut surtout pas s'arrêter en fait, c'est ça que je dirais. Ce n'est pas facile, ça ne marche pas du premier coup l'haleine, parce qu'on la connaît mal, parce que c'est une matière vivante. mais il ne faut surtout pas s'arrêter il ne faut pas lâcher je pense que ce travail de structuration si on ne le pratique pas là maintenant 5 ans on en a perdu ils sont déjà souvent retraités comme ça peut être qui n'est pas à la retraite, mais qui est largement en âge d'y être. Et si on perd cette connaissance-là, sans passage de relais, parce qu'il n'y aurait pas d'intérêt de la part du marché, de la part des consommateurs, on va perdre une grande part de notre culture. Et surtout une grande part de potentiel économique, d'emploi, de biens au sein de la cuillère. c'est de faire un lien, un dialogue entre la population la plus rurale et la population la plus urbaine. C'est magique, ça fait la laine, ça fait société. C'est ça.

  • Pascal Gontrand

    Ok, merci beaucoup Pascal. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Pascal Gautrand

    00:25

  • Le parcours de Pascal Gautrand et son intérêt pour la laine

    01:09

  • L'importance du savoir-faire et la valorisation de la filière laine

    01:33

  • Les enjeux de la collecte et de la transformation de la laine en France

    04:48

  • La création du collectif Tricolore et ses objectifs

    14:20

  • Les étapes de transformation de la laine et la qualité

    17:48

  • Les utilisations de la laine et les projets futurs du collectif

    50:17

  • Conclusion et perspectives pour l'avenir de la filière laine

    01:01:29

Description

Dans cet épisode captivant du podcast "ArtEcoVert", Pauline Leroux reçoit Pascal Gontrand, un passionné de la laine et membre actif du collectif Tricolore. Ensemble, ils plongent dans le monde fascinant de la laine et examinent son impact sur l'industrie textile, un sujet crucial à l'heure où la durabilité et l'authenticité sont au cœur des préoccupations. "La laine est bien plus qu'un simple matériau ; elle est le reflet d'un savoir-faire ancestral et d'une culture que nous devons préserver", déclare Pascal, soulignant l'importance de réévaluer la filière laine en France.


Au fil de cette discussion enrichissante, Pascal partage son parcours en tant que designer textile, mettant en lumière son engagement envers le savoir-faire artisanal. Il aborde les défis actuels de la filière, notamment la collecte et la transformation de la laine, tout en insistant sur la nécessité de valoriser les races locales. En effet, la laine française a souffert de la délocalisation et de la perte de savoir-faire, et il est temps de redonner à ce matériau sa place dans le paysage textile.


L'épisode explore également le rôle essentiel du collectif Tricolore dans la structuration de la filière laine. En rassemblant éleveurs, transformateurs et distributeurs, Pascal et son équipe œuvrent à la création d'un écosystème durable qui valorise les fibres naturelles. Ils discutent des innovations en matière de lavage de la laine et de l'importance d'une approche numérique pour améliorer la traçabilité et la qualité. Ce dialogue met en lumière les enjeux environnementaux et sociaux liés à la production de laine, tout en soulignant l'importance de la collaboration au niveau européen pour renforcer cette filière.


En parallèle, cet épisode résonne avec les thèmes chers à "ArtEcoVert", tels que la teinture végétale et les plantes tinctoriales. La laine, lorsqu'elle est associée à des colorants biosourcés comme l'indigo ou la garance, ouvre la voie à des créations textiles respectueuses de l'environnement. Les colorants végétaux, les pigments végétaux et la coloration capillaire végétale prennent ici tout leur sens, illustrant la richesse des couleurs de plantes et l'importance de l'agriculture tinctoriale.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Pascal Gautran du collectif Tricolore. Bonjour Pascal.

  • Pascal Gontrand

    Pauline, merci pour cette invitation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est un plaisir. Alors donc du coup Pascal, ce que je voulais vous demander d'abord, c'était est-ce que vous pouviez nous raconter votre parcours, vous présenter et nous dire comment vous êtes arrivé sur la laine ?

  • Pascal Gontrand

    Alors, un parcours qui a commencé hier. Pas mal de temps, je suis designer, j'ai une formation au départ en design textile et design de mode. J'ai toujours été passionné par ce secteur-là, sans trop savoir pourquoi au départ. C'est rapidement... j'ai découvert une attraction particulière pour la notion de savoir-faire. Finalement, plus que simplement le produit final, qui génère ce que sont les filières. Pourquoi ? Parce que sur ces dernières décennies, sur la fin du XXe siècle, on a probablement beaucoup valorisé la notion de création, de créativité, et ça s'est fait beaucoup au détriment de la notion de savoir-faire, de fabrication. Évidemment, on a beaucoup délocalisé aussi, puisque depuis les années 90, notre industrie textile française a perdu 90% de ses effectifs. mais en même temps on a perdu une certaine connaissance, une certaine culture qui s'est transférée sur d'autres éléments plutôt liés à l'image au style donc c'est intéressant aussi mais disons que j'ai petit à petit abordé mon rôle de designer comme le fait de pouvoir remettre du bien entre ces deux éléments là de l'autre côté la création et de l'autre côté les savoir-faire donc En 2008, j'ai d'ailleurs obtenu une résidence à la Ville de la Médicis à Rome, dans laquelle j'ai vraiment... Ça fait tout mon temps et approfondir cette réflexion-là. Et en 2009, quand je suis rentré en France à nouveau, j'ai lancé mon propre cabinet de conseil qui me permet d'accompagner... des acteurs assez variés, ça peut être des groupements professionnels autour d'un métier, je ne sais pas, la dentelle de Calais par exemple, ou bien des territoires. sur leur périmètre, ou bien des salons professionnels également. Et donc, avec nous, on commence en fait, je dirais, à croiser la notion de salontaire, évidemment, mais aussi de territoire, parce qu'on se rend compte que quel que soit où on se place sur la planète, finalement, le territoire est aussi une composante. importante de la promotion de fabrication parce que ça a plein d'impacts évidemment des impacts plus lésés, moins faciles à voir, qui sont des impacts culturels aussi des impacts du développement durable donc tout cela en fait c'est très difficile de détacher un savoir-faire d'un territoire Voilà, et donc c'est dans ce cadre qu'en 2018, déjà dès 2016, j'ai commencé... plusieurs projets avec des territoires d'agglomération de Castres-Mazamé, Mazamé étant une grande capitale textile et de la laine en particulier, la laine carlée. Et ensuite avec la région Occitanie, à Montpellier... Par exemple, pour le pouvoir économique, j'ai participé à la structuration d'événements qui mettaient en avant des acteurs de ces territoires respectifs. Et au fil de ces rencontres-là que j'ai commencé à prendre conscience des enjeux de la filière laine ou des filières lénières françaises, notamment au travers d'une personne qui est pour moi emblématique de cette filière aujourd'hui, qui s'appelle Éric Carlier, qui est le fondateur du Passe-Arme, un atelier de tissage situé justement à côté de ma vallée. à l'époque s'était lancé dans la transformation de différentes races qui ont des propriétés de couleurs naturelles alors on est sur un podcast dédié à couleur naturelle, celle-ci ne provient pas directement des plantes, même si j'imagine que l'alimentation du mouton joue sur sa pigmentation, mais c'est directement la race qui produit des toisons pigmentées, ça peut être le noir du velay, ça peut être l'orécampan, la solignote, autant de races qui ont des particularités temporielles. intéressante et qui du coup transformée par Eric Carlier donnait des tas de tissus sans teinture du tout qui est quand même une étape assez gourmande en eau, en énergie et donc ça permet de mettre en valeur ce patrimoine et on revient à la notion de territoire comme vous l'avez entendu dans le nom des races, elles ont souvent le nom des territoires qui font un peu leur bateau, donc c'est Cologne ou l'île de Puy-en-Velay par le nom de l'île, c'est encore une fois complètement lié, la notion de territoire est très présente. C'est grâce à Eric que j'ai réuni un peu là-dedans. J'ai trouvé à l'époque que sa démarche était très contemporaine. Elle était très confidentielle. C'est un petit atelier. C'est gagné sans doute par un public reconnu. Donc en 2018, il est proposé au salon Medi-France, qui se tient chaque année au carreau du temple, de... mettre en scène en fait cette filière en faisant connaître la problématique au plus grand nombre de marques et donc pendant quelques mois on a un peu battu le rappel on est allé à la rencontre de nombreuses marques de nombreux designers pour leur raconter un peu ce qu'était cette filière avec donc à l'époque c'est peu de valeur pour la laine puisqu'aujourd'hui, encore, la plupart de nos éleveurs tendent à perte, donc on préfère ne tendre que ce qu'on leur offre pour les poisons correspondantes, et ce parce qu'on a un peu laissé cette filière se désagréver. Il existait jusqu'à la fin des années 80, la profession qui régissait un peu le dialogue entre l'élevage en amont, l'industrie un peu plus en aval, et on a pu voir que les élevages étaient plus en aval, parce que à ce moment-là, on était en interne de la dégénéalisation, la santé éthique était bien plus pratique et bien moins ferme que l'ALN. On ne se posait pas encore les questions d'impact environnementaux que l'on se pose aujourd'hui. Donc on… on a laissé se désagréger cette interprofession et toute l'organisation qui existait à l'époque et qui permettait d'avoir notamment un paiement à la qualité qui est indissociable de l'amélioration qualité s'il n'y a pas de rémunération conséquente, suffisante pour... pour mieux travailler. Et bien, c'est vrai que la tombe aujourd'hui, c'est devenu très banal. Les éleveurs ont perdu la victime de la tombe depuis 7 ans. C'est très compliqué et chronophage, mais ça demande quand même un petit effort, une petite attention suivie, au long de l'année, sur la conduite du troupeau et en particulier le jour de la pompe, pour éviter qu'il se retrouve trop de paille dans les poisons. C'est le plus complexe à relever par la suite. A l'époque, en mars 2019, nous avons rassemblé sur le salon 68 marques, créateurs, designers, qui avaient travaillé sur plus de 130 prototypes ou produits déjà commercialisés exclusivement en le même concept. avec une petite dizaine de races différentes. Ces produits étaient sans teinture, en fait, on tirait un peu parti des... des... des diverses... des... Donc, voilà, ça, ça a été un peu un... Un moment fort pour moi parce que ça m'a permis de confronter l'idée ou l'intuition que j'avais, que j'avais l'intuition d'Éric Carrier, par exemple, mais pas seulement, parce qu'on est également les nature du parc, ça dans le Tarn s'était aussi engagé dans le développement d'une petite gamme de fields. pour le tricotage, ce qui nous permettait d'avoir un peu les deux aspects, c'est-à-dire la laine tissée, foulonnée ensuite sous forme de gras de laine par un carlier, et également des fils destinés au tricotage développé par une température de temps. Donc ça a permis de... vérifier cette intuition qui avait un intérêt pour le marché, que les marques pouvaient s'emparer un peu de cette matière première, faire des choses intéressantes, créatives avec, et également dépoussiérer un peu l'image de l'haleine, qui est souvent associée à un petit artisanat très local, en petite quantité. Donc là, l'idée, c'est que c'est c'est de pouvoir avoir un impact, puisqu'on a quand même 25 000 éleveurs en France, avec entre 10 et 12 000 tonnes de poison qui sont tombées chaque année, ce qui est une masse énorme et qui évidemment n'est pas absorbable uniquement par l'artisanat local, qui vous envoie... Je ne suis pas du tout à ces activités-là, mais disons que si on veut vraiment trouver une solution qui puisse convenir et surtout impacter le plus grand nombre d'éleveurs, il faut vraiment travailler à cette échelle. Donc voilà. Et du coup, l'année suivante, en plein Covid, j'ai profité de mon temps pour pouvoir un peu rassembler une partie des acteurs qui avaient joué le jeu, qui avaient sorti des collections qui avaient été mises sur le marché l'hiver suivant et rassembler des acteurs autour notamment de la Fédération Nationale Ovime. qui nous a accompagnés pour Bono pendant une année, le VNH également, et l'association Paris Good Fashion a fait un axe de travail sur les filières lénières françaises. Et c'est là que nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait construire quelque part un... un vaisseau pour cette profession en rassemblant trois grands univers. Donc en amont l'univers de l'éleveur, au centre l'univers des savoir-faire de transformation, et ils sont très nombreux, on en retrouve beaucoup, mais la laine en fait elle peut être utilisée dans beaucoup de... type de produits en passant par des types de transformations très variées on pense souvent au fil, au tricot On peut s'étrer, on peut l'éviter, on peut l'utiliser en vrac, on peut aussi la transformer, tirer parti de ses composés. notamment la kératine donc il y a énormément d'usages traditionnels puisque il faut quand même rappeler que cette matière elle accompagne l'humanité depuis 10 000 ans puisqu'on a une classe de textiles réalisés à base de laine il y a déjà 10 000 ans et aussi au travers d'usages complètement innovants avec des startups aujourd'hui ou même des plus grosses entreprises qui inventent une oeuvre pour mettre à profit avec la laine différemment voilà je pense que c'est un peu long mais c'est un peu ce qui vit le collectif sur les rails puisque en fin 2020 nous avons fait le lancement officiel du collectif tricolore sous forme d'association loi 1901 à l'époque nous avions une bonne trentaine de membres fondateurs qui se sont investis à tout niveau soit des fédérations professionnelles soit des institutions comme la Bergerie Nationale ou le Mobilité Nationale soit directement des entreprises les tentrices de savoir-faire ou qui développent la distribution de certains types de produits souhaiter en fait s'engager participer à une réflexion sur comment est-ce qu'on peut reconstruire je pense qu'à tout court un système vertueux, valorisant pour cette matière première aujourd'hui en France et avec nos partenaires européens puisque certains maillons sont très affaiblis sur notre territoire donc il faut réfléchir de manière plus large encore que les frontières de notre pays pour une chance de construire quelque chose de durable

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, alors vous avez dit fin 2020 la création du collectif Tricolore, vous avez parlé de trois univers, j'en ai loupé un, j'ai l'élevage, le savoir-faire de la transformation, et vous avez parlé, le troisième c'est quoi ? Le troisième univers du collectif Tricolore ?

  • Pascal Gontrand

    Le troisième univers du collectif Tricolore c'est la distribution. et c'est important d'emmener les marques, les metteurs sur le marché à réfléchir dès l'amont et à mieux connaître l'amont, ce qui se passe dans l'élevage. Donc une des grandes fiertés que je peux retirer de ce collectif, c'est cette mise en dialogue d'univers qui ne se connaissent plus. qui ne se connaissent plus, qui sont assez distants, qui ont des cultures très différentes, mais aussi très complémentaires, et qui, au travers de cette thématique de l'haleine, se retrouvent finalement avec un point commun, des projets communs, des idées communes, des valeurs communes. Donc c'est ce qui fait un peu l'énergie du collectif écolaire aujourd'hui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc vous avez dit qu'il y a une trentaine de membres à peu près. Vous êtes basé où exactement ?

  • Pascal Gontrand

    Alors l'association est domiciliée à la Maison Nationale des Éleveurs à Paris. Et nos membres, eux, sont partout en France, et un petit peu aussi dans certains pays limitrophes. Et aujourd'hui nous avons un peu plus d'une soixantaine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    métiers d'accord ok et donc c'est un système comme une fédération en fait il y a une contribution, une adhésion des personnes et des événements qui sont organisés des rassemblements des événements c'est un peu comme ça que ça fonctionne ?

  • Pascal Gontrand

    absolument tout au long de l'année on coordonne beaucoup en visio mais aussi Le travail selon les thématiques, on coordonne donc les rencontres, les questions pour pouvoir traduire des projets concrets. On travaille sur la mise en place d'outils et de méthodes communes. La première phase, c'est vraiment la rencontre, c'est-à-dire le dialogue entre chacun des membres, les aider. les étapes avant, les enjeux qui correspondent aux différents métiers, pour pouvoir réfléchir avec une vision plus large sur les métiers ou leurs segments. Et aujourd'hui, on a deux ans et demi de travail collectif sur la mise en place d'outils communs. notamment un outil digital de plus en plus long, qui va permettre de moderniser l'armée, de garantir une forme de traçabilité, mais aussi de permettre aux compagnons, aux compagnons de la ferme, jusqu'à leur transformation en produits finis, les accompagner en fait de données qui sont cruciales pour la qualité, pour une rémunération plus équitable, pour... On a aussi des questions de responsabilité, puisque comme je l'ai dit en introduction, aujourd'hui, nous sommes dans un moment historique, dans le sens où nos industries, notre consommation est en train d'évoluer. de manière très forte, avec beaucoup plus de conscience des impacts de cette consommation, de ces productions qui n'étaient pas mesurées jusqu'à présent, et qui aujourd'hui, chaque entreprise, chaque maillon de la filière a devoir... déjà connaître ses impacts pour pouvoir les maîtriser, les réduire si possible. Donc là, dans ce cadre-là, la filière laine française a vraiment un rôle à jouer. Je dirais même que son rôle est vaste parce qu'il s'inscrit dans une musique qui est la même pour tout l'élevage européen, qui est uniquement dédiée à la production de gendres ou de lait. et qui fait que la laine étant sous-produite, presque un déchet, et pourtant paradoxalement c'est ce qui lui confère déjà une valeur supérieure dans le sens où son impact sur la planète, du fait qu'elle n'a pas besoin, que ce n'est pas un élevage qui est élevé pour sa production fait qu'elle n'a qu'une petite partie des impacts de l'élevage ce qui fait que finalement c'est une matière qui en soi est déjà là qu'on n'a pas besoin de produire et qui donc est quelque part plus vertueuse que d'autres matières pour lesquelles il faut engendrer un livage ou une production donc là déjà on part d'un d'un point positif dès le départ

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et je voulais justement vous demander dans votre outil digital de filière c'est un genre de blockchain comme on a sur l'alimentaire avec chaque acteur ou chaque étape qui est renseignée avec des informations digitales disponibles pour toute la chaîne, c'est un peu ce genre d'outil là que vous aimeriez développer ?

  • Pascal Gontrand

    Oui c'est un peu sur le style sur le principe de la blockchain effectivement avec des informations qui sont qui sont transmises d'un maillon à l'autre. Alors, toutes les informations ne sont pas transmises parce qu'il y a aussi des questions de confidentialité sur certains types de données, sur certains maillons. Mais ça permet effectivement de pouvoir remonter la chaîne si besoin, si nécessaire, pour des questions d'amélioration de qualité, de traçabilité de courbe, de garantie de proclamations. pour un calcul des impacts responsables.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ouais, c'est ce que j'allais dire. Donc du coup, si je vois bien votre objectif, vu que pour avoir fait ça dans ma vie passée, sur des sujets comme ça, où il y avait des histoires de blockchain, et en fait, l'idée, c'est que grâce à ça, vous puissiez avoir une certaine réassurance sur la qualité des lèvres, la traçabilité, les origines pour les grandes marques qui en ont besoin. mais aussi que vous puissiez, par exemple, calculer un impact carbone ou un impact tout court de cette filière lame pour des marques qui ont les moyens de mettre en avant ces arguments-là, si je comprends bien. C'est un peu ça ?

  • Pascal Gontrand

    C'est ça, avec un paramètre supplémentaire qui est la gestion de la qualité, qui est intrinsèquement liée à la notion d'équité aussi, c'est-à-dire que si on veut... composer un paiement à la qualité, certes, on peut vérifier la qualité dès le départ, mais souvent, c'est plus tard que se fait la valorisation. Et si on n'est pas capable de pouvoir remonter l'achat, on ne sera pas non plus capable de pouvoir valoriser en fonction des niveaux de valorisation derrière, auprès des éleveurs.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et alors du coup, Pascal, une question toute bête. Comment ? Non, non, c'est qu'on a un petit décalage de réseau, mais c'est pas grave. Ah d'accord, j'entends pas le bruit autour de vous mais il y a un petit décalage dans notre conversation mais du coup je voulais vous poser la question et en fait ça fait la transition avec la question d'après c'est quelles sont toutes les étapes on va dire de l'élevage jusqu'à la tonte les différentes étapes qui suivent cette tonte ça c'était ma première question et la deuxième question c'était qu'est-ce qui définit une qualité de laine, parce que si vous souhaitez rémunérer vos partenaires par rapport à la qualité de la laine, je suppose que vous avez mis un cahier des charges, et ça doit être sûrement en lien avec, déjà, la race, je pense que les races, toutes les races ne se valent pas, et après vous aviez dit la présence d'impureté, j'ai vu qu'il y avait aussi une histoire de sioux dans la toison, des poils différents qui n'étaient pas valorisés par elle, etc. Est-ce que vous pouvez nous expliquer du coup les différentes étapes après la tonte et aussi ce qui fait la qualité d'une bonne laine ou d'une laine un peu moins qualitative alors beaucoup d'acteurs aiment bien dire que il n'y a pas de mauvaise laine mais

  • Pascal Gontrand

    il n'y a que des bons usages pour les bonnes laines donc c'est vrai que déjà il convient d'utiliser le pluriel tant pour la laine, on devrait dire les laines, parce qu'en réalité, d'une race de moutons à l'autre, d'un type d'élevage à l'autre, on peut avoir une très forte différence. Donc souvent, les paramètres sont le moutonnage, la longueur des fils, le baril, le normand. également les types de transformation et les types d'usages sont aussi très variés ce qui veut dire qu'une bonne laine pour faire un bon tapis, c'est pas forcément une bonne laine pour faire un bon fil donc ce dans quoi il faut arriver à remettre un peu d'ordre, c'est déjà comprendre quels usages pour quelle typologie de laine et ensuite c'est pas juste une race un usage c'est un peu plus complexe que ça puisque au sein d'une même toison on peut avoir des types de laine différents donc selon le niveau de valorisation possible il va falloir mettre en oeuvre des types de tris différents ça peut être un tri à la toison ou ça peut être un tri précis encore où on va découper une poison en plusieurs morceaux. Cela dépend évidemment du type d'usage et du cahier des charges. Là non plus, il n'y a pas un seul cahier des charges, il y a énormément de cahiers des charges. Le cahier des charges traditionnel, jusqu'à présent notre industrie ne s'appuie pas du tout sur des usages de laine locale ou très très peu. ce sont des laines qui sont réunies, standardisées d'une certaine manière, ce qui les rend plus faciles en fait de transformer, plus faciles à traiter. Nous aujourd'hui on part un peu de zéro avec la nécessité de devoir aussi inventer des catégories de laines inventer des systèmes pour pouvoir les catégoriser d'une part et ensuite faire suivre la logistique derrière. C'est là où, encore une fois, l'outil digital lui peut permettre en fait de gagner du temps, de pouvoir agglomérer des lots similaires plus vite sans avoir à systématiquement réouvrir des ballots pour etc. Donc l'idée c'est aussi de fournir au travers de cet outil de facilité, de fluidité dans le système logistique, qui aujourd'hui porte tout le poids, tout le coût de la laine finalement. Et la raison pour laquelle on offre très peu à l'éleveur, c'est que derrière ça coûte très cher d'aller chercher.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La collecte ?

  • Pascal Gontrand

    La collecte, ce sont des lots en moyenne de 500 kilos.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    par bergerie, puisqu'on est sur 250 têtes en moyenne par bergerie en France, en Europe de manière générale donc ça produit à peu près 2 kilos en fonction des races là encore, c'est variable dans les typologies de laine sur la laine elle-même mais effectivement vous avez mentionné le soin qui est la transpiration de montant qui se retrouve en vue, prise dans l'œuvre. Là aussi ça donne lieu à des types de valorisation possibles, notamment l'anoline, qui est un composé qui est inscrit historiquement dans la composition cosmétique, parce que l'anoline a de très bonnes caractéristiques de... il a de très bonnes caractéristiques d'hydratation c'est vraiment un avantage on peut valoriser certes la laine mais en réalité dans une poison on peut avoir aussi un ensemble de coproduits à explorer sur des usages qui peuvent être innovants aujourd'hui

  • Pascal Gontrand

    Donc votre principal, on va dire, concurrent, c'est en fait peut-être la laine d'Australie, le Mérinos qui vient complètement... Non, c'est pas ça ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    absolument pas absolument pas parce qu'on n'a pas du tout les mêmes caractéristiques donc il n'est absolument pas question que les laines françaises se mettent à concurrencer le merinos australien on est sur des micronages qui n'ont rien à voir on est sur une forme de standardisation en Australie qui n'a rien à voir et en termes d'impact on est aussi sur un ça va faire grincer mais on est sur un sur un je dirais, nous sommes sur un coproduit là où l'Australie, en fait, élève ses moutons pour de la laine. Que pour ça ? Oui, d'accord. Il est attribué à la laine à autre chose, ce qui fait que finalement, cette laine, elle est plus fine, elle est plus standard, je ne sais pas si c'est un avantage, mais en tout cas, elle a un impact environnemental qui est moins bon que l'impact théorique, qui aujourd'hui reste théorique, puisque l'impact de... français ou européen parce que je pense que c'est vers là qu'il faut aller, vers une conscience européenne ensemble parce que juste la laine française même au niveau national c'est très peu c'est finalement une micro goutte d'eau il faut quand même rappeler que la laine ça représente 1% seulement des fibres qui sont utilisées sur le marché aujourd'hui donc on se dit 1% c'est un coup toute la laine australienne qui représente les trois quarts de la baisse qui est produite dans le monde.

  • Pascal Gontrand

    Donc, plus on sera d'acteurs européens, ce serait d'ailleurs davantage massifié, un peu plus la production. D'accord, je comprends mieux. J'avais une question, du coup, je viens de la perdre. Ah, ça y est, ça a l'air que ça bug. Je ne sais plus ce que j'allais vous dire. J'avais une bonne question que j'avais perdue, c'est pas grave. continuons donc du coup on a parlé la laine représente 1% des fibres textiles mondiales l'idée c'est d'aller multiplier le nombre d'acteurs est-ce que avant qu'on passe sur la filière laine en France et plutôt en Europe et ouvrir est-ce qu'on pourrait parler des différentes étapes suite à la tonte donc on a bien compris vous votre particularité c'est que vous travaillez des laines qui sont en fait comme des déchets puisque les animaux sont élevés pour la viande ou pour le lait, vous, ce n'est pas le bon terme.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On va dire sous-produit.

  • Pascal Gontrand

    Vous avez dit déchet tout à l'heure, mais là, le but, c'est que ce soit un sous-produit, un coproduit, on va dire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça serait le Graal.

  • Pascal Gontrand

    Bon, OK. Alors, je coupe parce que je me suis plantée. Donc, un coproduit. Comment vous faites ? Moi, j'ai beaucoup de questions parce qu'il y a plein d'exploitations. Donc les périodes de tonte sont à peu près quasi les mêmes ? C'est une fourchette commune au moins ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    6 mois à peu près.

  • Pascal Gontrand

    Ah oui d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Parfois fin décembre dans le sud de la France et vont se poursuivre jusqu'en juin, début juillet. D'accord. Voilà, le gros est concentré. Mais vous avez raison, une grande partie, plus de la moitié va se dérouler au printemps, dans le temps de Sabri en ce moment.

  • Pascal Gontrand

    D'accord,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    donc les animaux sont tondus,

  • Pascal Gontrand

    qu'est-ce qui se passe après en fait ? Comment c'est collecté ? Est-ce que c'est l'agriculteur qui envoie ça à un point particulier ? Est-ce que c'est un canon comme un canon de lait qui passe collecter les oiseaux ? Sachant que vous avez parlé de 500 kilos, il faut quand même être équipé, il faut avoir un système logistique. Comment ça fonctionne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors là encore, il n'y a pas de standard, puisque selon les types de laine, selon l'accessibilité des laines, les exploitations agricoles, en fait, il peut y avoir vraiment des choses très... Les cas de figure sont incomparables. Donc, ce n'est pas l'éleveur qui se déplace. Généralement, on vient plutôt collecter sa laine, même si on a tendance aujourd'hui à voir que peut-être, comme en Grande-Bretagne, ça pourrait être une première étape. qui aiderait, que d'aller déposer sa laine dans des dépôts, mais ne le fait pas beaucoup. Donc c'est souvent soit des collecteurs privés. qui vont passer dans les fermes pour pouvoir ramasser le produit de la tente qui est stocké dans des curons, ce qu'on appelle des curons. C'est d'assez gros sacs avec 50-60 kg de laine à l'intérieur chaque fois. Donc ça fait à peu près une dizaine par bergerie. C'est assez volumineux parce qu'on ne la tasse pas beaucoup. On la tasse, on saute à pieds joints sur les... sur les sacs mais bon la laine c'est très expansif et les laines françaises sont reconnues pour ça justement elles ont beaucoup de gonflants ce qui leur confère notamment en literie des usages assez vertueux et ensuite ça peut être également collecté directement par des coopératives ovines par exemple qui vont rendre service à leurs éleveurs en allant chercher cette matière première chez eux pour les débarrasser un peu Il faut dire que notre système fonctionne très mal, parce que ces dernières années, ils sont très très très mal. Depuis que le marché s'est effondré, avec la désorganisation due au Covid. nos éleveurs stockent parfois trois années de comptes consécutives sans avoir d'acheteurs ou d'offres sérieuses en face. Donc, il y a un malfonctionnement, un dysfonctionnement de cette logistique qui est assurée par des collecteurs privés ou des coopératives. Grosso modo, c'est ça. On essaie de mutualiser, c'est-à-dire peut-être la coopérative vient livrer du grain et repart avec les toisons mais encore une fois il n'y a pas vraiment de logistique dans certains cas ce sont les tourbillons qui récupèrent la laine donc il y a vraiment des cas de figures très variés aujourd'hui Voilà, après les étapes suivantes, pour un usage, en fait, depuis quelques années, la laine est classée sous produit animal de catégorie 3, donc avec un risque sanitaire moyen, mais quand même présent. qui fait que si on veut l'utiliser que ce soit même pour faire du paillage sur sa propre exploitation il faut l'hygiéniser d'abord il y a plein de méthodes d'hygiénisation possibles mais le lavage c'est la méthode la plus conventionnelle et le lavage utilise pas mal d'eau pas mal d'énergie puisqu'il faut monter au moins à 60°C pendant une heure pour hygiéniser donc la laine contient pas mal de graisse donc il y a un système de saponification qui se met en place et elle génère son propre savon en fait une fois qu'on a lancé ce système mais il faut quand même pas mal de énergie pour la mécanique et pour ce panneau évidemment c'est un maillon très particulier en France parce qu'on a quasiment perdu les acteurs. En tout cas, tous les acteurs industriels ont disparu, ont fermé leurs portes au début des années 2000, en l'année dernière, au milieu des années 2000. Il en reste un, à l'avance, qui est l'avance des évodants, qui est un semi-industriel, on va dire, ou semi-artisanal, avec une capacité extrêmement réduite. On pourrait pas laver, on va se réaliser à quelques mois. En 3-8, pendant toute l'année, ils seraient capables de laver à peu près 2% de la veine française.

  • Pascal Gontrand

    Ouais, d'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, ils ne travaillent pas en 3-8. Donc, on va se réaliser à peu près 2%. C'est un maillon qui peut être aussi intéressant si on se place de l'autre côté. C'est-à-dire si on se dit que le fait qu'ils aient tous disparu, et ils ont souvent disparu parce qu'il y avait des contraintes de retraitement des eaux très fortes. très coûteuse sur un maillon, sur une étape finalement qui, à part l'hygiénisation, n'apporte rien en termes de valorisation. Donc c'est ce qui a probablement signé le déclin de nos lavages industriels. Aujourd'hui, il en reste quelques-uns en Proche-Europe, donc en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, au Portugal. taille assez diverse aussi. Donc il y a quand même une petite capacité de lavage en local, on va dire. Mais c'est tout. et je disais donc que cette méthode qui est la méthode traditionnelle qui utilise beaucoup d'eau, qu'il faut retraiter après qui utilise beaucoup d'énergie si elle a disparu c'est peut-être aussi le moment opportun de la réinventer et donc ça c'est aussi un axe sur lequel le collectif tricolore s'est positionné il y a deux ans nous avons obtenu une aide de la part de France Provence pour nous aider dans cette... top dans cette recherche, avec une technologie un peu, alternative, qui est déjà une technologie qui s'appelle le CO2 supercritique, qui est déjà utilisée dans d'autres secteurs de l'industrie, mais pas dans le lavage de la laine, et qui... peut contribuer à ce lavage sans pour autant consommer autant d'eau, autant d'énergie. Donc là, on est en… les acteurs, nos adhérents qui sont impliqués dans ce développement-là sont en train d'étudier la fusibilité.

  • Pascal Gontrand

    C'est quoi le principe ? C'est quoi le principe du...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le CO2 supercritique, c'est que, en fait, on nous a souvent appris qu'il y avait trois états solides, liquides, gazeux. En réalité, il y en a quatre. Il y a aussi un état supercritique qui intervient sur les molécules à très forte pression. Donc là, il s'agit en fait de mettre sous CO2 une dimension. et de très forte pression pas forcément pas obligé de générer de la chaleur et ça va en fait permettre d'exprimer une grande partie des matières organiques qui sont dans le poison

  • Pascal Gontrand

    et ça n'abîme pas la laine ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, d'accord. C'est ce qu'il a fallu vérifier en laboratoire. Donc on a fait un peu toutes les recherches labo, et aujourd'hui on est en phase d'industrialisation, enfin les acteurs sont en phase d'industrialisation, donc on espère très fortement que d'ici peut-être deux ans, on pourrait avoir... un lavage qui serait d'un nouveau type avec des impacts environnementaux bien moindres ce qui nous ce qui nous permettrait d'être encore plus de s'inscrire encore mieux en fait dans cette transition environnementale qui est à l'oeuvre et pour laquelle la laine pourrait jouer un rôle intéressant

  • Pascal Gontrand

    alors du coup ce serait un pardon il y a un décalage,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    allez-y si je continue dans la filière les étapes qui suivent le lavage là elles sont diverses il ne faut pas imaginer la filière laine comme une filière très linéaire je préfère parler des filières laines parce que elles sont très variées très imbriquées les unes dans les autres avec des des étapes qui donnent lieu à des écarts je pense par exemple souvent l'étape suivante c'est le cardage peignage au cardage, on a des pertes, au peignage également, mais ce ne sont pas forcément des pertes, parce que les pertes d'une filière peuvent devenir les produits d'une autre. Donc là aussi, on a tout à gagner à reconstruire un écosystème complet, parce que plus on valorisera, moins il y aura de pertes, et parce qu'on valorisera mieux les coproduits à chaque stade de la transformation. on arrivera à valoriser la matière auprès des éleveurs. Donc c'est important de considérer cette pluralité des transformations. Et après, une fois qu'on a cardé, on peut peigner si on veut faire un film, on peut aiguïter si on veut faire des matelas par exemple, on peut feutrer si on veut faire du feutre pour des usages. plus technique ou même pour des usages un peu design en défaut. Après, sur les étapes de filature, si on reste sur le fil, il y a des filatures peignées ou des filatures cardées. C'est des types de filatures différentes qui donnent des résultats de fils différents pour des usages différents. Donc là, encore, il faut quelque part, presque parfois, réinventer l'usage de la laine dans ces métiers, parce qu'on a des entreprises en France qui... qui ont pu être spécialistes de la laine il y a 50 ans, mais qui se sont beaucoup tournés ces dernières décennies vers d'autres types de fibres, synthétiques en particulier, qui ne nécessitent pas autant d'excellence et de connaissances que les matières naturelles. Les matières naturelles, c'est complexe en fait, parce que... la météo, le taux d'hygrométrie, tout peut influer, en fait, c'est aussi vrai pour les colorants naturels, mais tout peut influer sur les réglages des machines, sur le résultat final. Donc, ça demande une connaissance très fine, en fait, des process de transformation, des machines, de la conduite des machines. Et là, c'est là où... Finalement, notre premier écueil, c'est la formation, c'est la transmission de certaines connaissances, de certains savoir-faire, parce que plusieurs décennies à se consacrer à la transformation d'autres fibres font que l'haleine est très méconnue. et quand je dis la laine la seule laine qui est connue c'est quelque part c'est la laine mérinoise standardisée qui arrive d'Australie là il faut apprendre à connaître des catégories de laine française qu'on n'avait jamais testé en fait que nos industriels ces dernières 50-100 ans n'ont jamais testé en fait donc il y a un vrai challenge aussi de collectif d'innovation, de R&D qui doit se faire et ça c'est aussi dans le dialogue parce qu'un certain type de lavage peut permettre un certain type de transformation un certain type de filature peut permettre un certain type de trottage ou de tissage donc ça demande aux acteurs de se syntoniser entre eux pour mettre au point des produits à chaque étape de la filière qui soient en route les utilisables possibles, les mieux possibles pour les maillons suivants. Donc, c'est là où on voit que cette chaîne est assez longue, qu'elle peut être assez complexe, parce qu'après, du foulateur, on va passer chez des tricoteurs ou des tisseurs. Il va falloir aussi inclure des étapes d'ennoblissement. Alors, ça peut être la teinture, bien sûr. Alors, la laine, elle est parfaite pour... elle se teint très facilement historiquement sur les colorants naturels on a des archives incroyables avec des coloris somptueux et très profonds mais elle se teint très bien également avec des procédés chimiques pétrochimiques actuels mais il y en a un qui est très bien Voilà, c'est encore une fois, il faut savoir maîtriser ces effets de teinture ou d'ennoblissement quels qu'ils soient. On peut foulonner la laine, on peut la faire fêtrer, on peut l'émériser, on peut faire plein de choses. Mais encore faut-il adapter les réglages des machines à ces laines françaises. C'est tout l'art que déploie actuellement une grande partie de nos adhérents.

  • Pascal Gontrand

    D'accord. Et justement, je voulais savoir, les utilisations principales de la laine aujourd'hui, c'est quoi avec le collectif tricolore ? C'est principalement une débouchée textile ou il y en a plusieurs ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, on a, bon alors en majorité, c'est vrai qu'on a beaucoup de marques inscrites qui vont utiliser les laines françaises dans un but de développer des produits d'habillement, des accessoires ou des vêtements, mais on sait par expérience, enfin on sait par analyse que ça va correspondre finalement à un pourcentage de... de notre gisement global qui est très faible peut-être 10, 15% dans le temps mais pas beaucoup plus on a aussi pas mal d'adhérents qui sont issus du monde de la literie ça a été d'Iber par exemple qui a développé un matelas qui utilise une grande partie de l'âne avec la marque Kepeda qui également a mis en place on a en place un sourcing tracé pour s'assurer que demain leur utilisation de fibres naturelles seront purement françaises quels qu'elles soient ils ont aussi le lin pour ne pas tomber dans leur stop donc c'est intéressant voilà après là on vient de lancer un groupe de travail sur les géotextiles avec plusieurs de nos adhérents qui s'intéressent à la question pour mettre à profit d'autres l'aspect notamment biodégradable de la laine le fait qu'elle contienne également beaucoup d'azote ce qui est enrichissant en fait pour les plantes donc c'est une sorte d'engrais naturel on va dire voilà donc il y a des choses et puis aussi j'ai parlé des coproduits des toisons aussi des startups qui nous rejoignent avec l'idée de tirer profit différemment en fait avec des usages très innovants en fait de l'haleine ou des toisons comme quoi par exemple ? l'usage de la kératine d'accord des azotes il y a plein de composés qu'on peut extraire en fait de laine ou d'étoison selon le cas ok c'est hyper intéressant du coup j'arrivais à la partie sur vos

  • Pascal Gontrand

    partenaires en France et ailleurs et venir sur comment se porte la filière laine en France, un petit peu sa place ses volumes et cette notion d'Europe qui est Plus importante, j'ai l'impression, sur les fibres naturelles, parce que, pareil, sur le chanvre, il y avait une notion de gagner une échelle supplémentaire, de mutualiser les outils, de mutualiser les... Et en fait, j'ai l'impression que c'est... Dans le discours, j'entends à peu près les mêmes problématiques. Donc voilà, ça m'intéresserait de savoir, vos partenaires en France et plus loin, on en a quand même cité pas mal d'acteurs, et comment se porte la filière laine en France et les avantages à avoir une vision plus globale européenne.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La filière française, nous au-delà de nos adhérents, donc une soixantaine d'adhérents, on a aussi quelques partenaires qui sont souvent des territoires, qui ont envie de s'engager pour accompagner les acteurs, faire partie de ces mouvements. Donc ça peut générer des emplois, ça peut générer une visibilité aussi pour un territoire. une résonance avec la culture locale, le météorisme. Donc, c'est vraiment... Les cuillères de noix sont très imbriquées finalement à l'économie culturelle, à la société de manière générale. Donc, c'est sous cet angle-là. Ensuite, on établit en ce moment pas mal de partenariats... Je pense avec nos homologues ailleurs en Europe, avec des pays comme l'Irlande, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Espagne, qui réfléchissent également. Alors, la Grande-Bretagne s'est bien avancée, parce qu'ils sont très bien structurés, mais justement, ils souhaiteraient que le reste de l'Europe se structure également, parce que... plus il y aura de l'aime qui sera mieux traité, mieux valorisé, de meilleure qualité. la rémunération sera conséquente les prix seront conséquents aujourd'hui le fait qu'il y ait pléthore de possibilités pour acheter de la laine à bas coût de mauvaise qualité ça tient le marché vers le bas donc c'est important de s'inscrire dans un mouvement plus vaste et d'être bien conscient que l'échelle nationale elle est toute petite, elle est minuscule et que si on veut avoir une vraie voix et un vrai impact. Peut-être à l'image, vous avez cité le chambre, mais je citerai le lin européen qui est très bien structuré aussi depuis les années 50. Ça fait que, du coup, ils ont une force qui est de structuration qui va créer des transformations pro-locaux. Donc l'union fait la force et je crois beaucoup que pour la laine, cette union doit être européenne parce qu'on est dans un cadre commun de valeurs, à la fois parce que tous nos éleveurs sont soumis aux aides de la PAC, la politique agricole commune, avec des cahiers des charges qu'ils doivent respecter. notamment d'un point de vue social ou même bien être animal donc on est déjà soumis à des règles qui ne sont pas valorisées pour la laine mais qui pourraient être et c'est ce que l'on souhaite faire parce que finalement c'est facile ça existe déjà, nos éleveurs font déjà des efforts pour la viande, pour le lait et ces efforts là ils sont aussi valables pour le coproduit de laine donc ça c'est un bon point et puis aussi pour les étapes de transformation parce que toutes nos entreprises sont également soumises à des traitements des os par exemple qui sont interdits dans le sur le périmètre de la oui

  • Pascal Gontrand

    riche par exemple mais il y a beaucoup tous les labels et toutes les certifications ouais d'accord

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc tout ça fait que plus aussi je dirais toute une démarche de décarbonation qui est entreprise aujourd'hui par le monde de l'élevage et par le monde de l'industrie aussi. Donc voilà, on voit bien que tout converge un peu et que dans un cercle européen, on partage ces valeurs-là, on va dans le même sens. Donc finalement… pourquoi pas réussir à labelliser ces laines européennes d'une certaine manière d'accord on sait que ça va être une façon de rajouter cette piste là si on ne veut pas que ce soit supporté par un petit nombre, il faut découper le coût en plus grand nombre. Donc, travailler ensemble de concert sur une vision européenne, ça serait sans doute ce qui pourrait nous arriver de mieux et de plus impactant à court terme.

  • Pascal Gontrand

    d'accord ok et sinon point de vue j'entends moi mais je sais pas ce que vous en pensez qu'il y a quand même un redémarrage ou en tout cas une réactivation sur la filière laine est-ce que ça vous le ressentez ou c'est juste ou

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pas comment vous sentez un peu cette filière bah depuis 2018 je pense que on a commencé à le ressentir mais on y contribue également enfin dans une large mesure en étant présents sur les salons en étant présents à travers nos membres et chacun leur réseau ça permet vraiment de faire rayonner au maximum ce qui se fait les avancées individuelles de chacun et d'entreprendre des projets collectifs qui sont gagnants donc oui c'est sûr, je pense qu'on bénéficie comme je le disais tout à l'heure d'un réintérêt de la fabrication locale qui se double d'un réintérêt pour les biomatériaux quels qu'ils soient et donc la laine rentre finalement, là on cumule les deux donc c'est vrai qu'on coche pas mal de cases donc c'est vrai que ça attive pas mal d'intérêt après ce qui est complexe c'est de faire converger cet intérêt cette attraction avec la réalité du marché, les coûts la chaîne de transformation que je vous ai décrite elle est longue donc elle est coûteuse la mène c'est cette fois plus simple que le coton et en plus aujourd'hui c'est très facile de se fournir en fibre qui arrivent de l'autre bout de la planète, qui sont cultivées ou produites dans des conditions qui ne sont pas du tout celles de la communauté européenne, et qui, voilà, on a des scandales chaque semaine. Donc, c'est... mais pourtant, nous sommes en concurrence quand même avec toutes ces autres fibres, toutes ces autres sources possibles, et c'est souvent le prix qui est un souci. Même si on ne revalorise pas auprès des éleveurs, eh bien, toutes les étapes de logistique, de transformation sont en droit, vu qu'elles sont réalisées en local, qui bien sûr est bien plus supérieure à... d'autres filières organisées différemment ailleurs.

  • Pascal Gontrand

    D'accord, c'est hyper clair. Est-ce que vous auriez un... En gros, quels sont les prochains projets pour le collectif tricolore et qu'est-ce que vous, vous souhaitez personnellement à la filière laine pour les années à venir ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, nos prochaines étapes, c'est... C'est en particulier de réussir un peu le lien avec nos partenaires européens et de pouvoir... implémenter au maximum les outils qu'on a développés, notamment l'outil digital, faire en sorte qu'il soit le mieux compris par l'ensemble des maillons, parce que ce n'est pas facile. Les Français adorent la nouveauté, mais ils détestent le changement. Donc, ça ne va pas forcément être très simple de... de faire la promotion de cet outil. C'est pour ça qu'on voudrait qu'il soit le plus gratuit possible, en tout cas pour les éleveurs, ça c'est certain, mais le moins coûteux possible, pour que ça ne soit pas un frein à son usage, et qu'on puisse enfin avoir une photographie de ce qu'est ce gisement. qui est méconnu. Aujourd'hui, les éleveurs ont le droit d'élever un peu les races qu'ils souhaitent. Ils déclarent le nombre de têtes, mais pas nécessairement les ronces. et pas les croisements donc ils ont tout à fait le choix de faire les croisements qu'ils veulent et en fait dans les races les croisements, les conduits de délevage ce sont que des paramètres qui ont une importance très forte sur la qualité de la laine la typologie de la laine qu'on va obtenir à la fin, une même race dans deux modes de délevage c'est pas la même laine donc tout ça en fait, toutes ces données tant qu'on les a pas en fait on est obligé de faire ce qu'on fait c'est à dire on mélange le pire et le meilleur parce que c'est connecté à proximité et ça tire tout vers le bas donc voilà, ça c'est vraiment un challenge pour les années à venir c'est à dire à quel point on va réussir à implanter l'usage d'un outil digital alors paradoxalement c'est pas tellement le monde de l'élevage qui m'inquiète parce qu'en fait le monde de l'élevage il est déjà pas mal digitalisé pour les produits lait et viande finalement c'est pas là où il y a la... à mon avis, où il y aurait le plus de freins. En revanche, sur la collecte, c'est là où, en fait, on passe dans une boîte noire aujourd'hui, où on perd la salarité parce que, voilà, c'est une maudité. Oui. Que ce soit, mais, en tout cas, ça génère, oui, plein d'inconnus, des mélanges qui sont bénéfiques sur un marché mondialisé à bas coût, de gros volumes à très bas coût, puisqu'aujourd'hui, si on regarde les chiffres des douanes, on exporte notre laine, les chiffres de l'an dernier montraient 75% de la laine exportée vers la Chine, à 1 euro à peu près. Il est payé en ce moment 10 centimes aux élevages. c'est un marché de gros, de volume, à très bas coût. Il faudrait rémunérer les éleveurs à 1 euro à peu près pour leur permettre d'arriver à couvrir les frais de compte dans la plupart des cas. Donc, 1 euro par kilo, ça veut dire 2 euros par brebis. puisqu'il y a à peu près 2 kilos sur une brebis. Donc, voilà, on est loin d'en être là. Et donc, voilà. Donc, c'est plutôt les maillons suivants, en fait, qui ne sont pas trop habitués à la sensibilité, à la sensibilité et à la digitalisation, parce que c'est incroyable. Ces ballots se transportent avec des petits papiers. agrafés, qui se détachent, remplis à la main. C'est quelque part très archaïque. Là aussi, il y a un vrai challenge, c'est de pouvoir moderniser cette collecte, moderniser les pratiques pour les rendre plus actuelles, pour les fluidifier, pour pouvoir faire des économies d'échelle aussi, qui seront bénéfiques à tout le monde. Un top. Voilà, je pense que c'est un peu les deux grands axes. la digitalisation de la filière et l'amélioration de la collecte. Et puis le lien à l'Europe avec une vision plus ample sur les questions de responsabilité. Je pense que c'est vraiment incontournable.

  • Pascal Gontrand

    c'était top ma dernière question du coup Pascal c'est si vous aviez quelqu'un que vous aimeriez que j'aille interroger sur cette filière laine à qui vous aimeriez passer le micro pour que j'aille pareil poser ce genre de questions et continuer à approfondir ou amener un regard différent ou une spécificité à qui vous aimeriez que j'aille voir

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    J'ai commencé par le citer.

  • Pascal Gontrand

    Éric Carlier ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    La boucle de l'aile serait bouclée. Même s'il n'aime pas tellement donner des interviews, je dirais effectivement Éric Carlier parce que lui, la laine, il l'appréhende de manière directe. C'est un prix de connaissance qu'il s'est constitué. Voilà. C'est quelqu'un qui parle très bien de son métier avec beaucoup de passion. Je vous encouragerai effectivement à passer à un rencontre et pouvoir échanger avec lui sur ce qu'il doit être intéressé à cette matière. Il a beaucoup travaillé le mohair pendant longtemps, il travaille toujours, mais il doit avoir un grand but. son métier, ses tests, quelqu'un qui est vraiment férue de tester des choses. Ce qu'il déteste le plus, c'est de refaire deux fois la même chose. Donc tester une nouvelle race, une nouvelle... un nouveau mélange un nouveau type de tissage c'est un centre je pense pour lui de recherche et développement qui le passionne et le fait que ça parte du lien avec les éleveurs je crois ça le rend très concret, très humain mais il en parlera mieux que moi

  • Pascal Gontrand

    Ok, bon bah écoutez j'irai contacter Eric Carlier est-ce que vous avez un mot de la fin Pascal ou vous voulez qu'on s'arrête là ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Le mot de la fin, je n'ai pas réfléchi, alors vous me prenez un peu de cours. Ça peut être quoi le mot de la fin ? Non, il n'y a pas de fin, c'est une filière sans fin. Il ne faut surtout pas s'arrêter en fait, c'est ça que je dirais. Ce n'est pas facile, ça ne marche pas du premier coup l'haleine, parce qu'on la connaît mal, parce que c'est une matière vivante. mais il ne faut surtout pas s'arrêter il ne faut pas lâcher je pense que ce travail de structuration si on ne le pratique pas là maintenant 5 ans on en a perdu ils sont déjà souvent retraités comme ça peut être qui n'est pas à la retraite, mais qui est largement en âge d'y être. Et si on perd cette connaissance-là, sans passage de relais, parce qu'il n'y aurait pas d'intérêt de la part du marché, de la part des consommateurs, on va perdre une grande part de notre culture. Et surtout une grande part de potentiel économique, d'emploi, de biens au sein de la cuillère. c'est de faire un lien, un dialogue entre la population la plus rurale et la population la plus urbaine. C'est magique, ça fait la laine, ça fait société. C'est ça.

  • Pascal Gontrand

    Ok, merci beaucoup Pascal. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et présentation de Pascal Gautrand

    00:25

  • Le parcours de Pascal Gautrand et son intérêt pour la laine

    01:09

  • L'importance du savoir-faire et la valorisation de la filière laine

    01:33

  • Les enjeux de la collecte et de la transformation de la laine en France

    04:48

  • La création du collectif Tricolore et ses objectifs

    14:20

  • Les étapes de transformation de la laine et la qualité

    17:48

  • Les utilisations de la laine et les projets futurs du collectif

    50:17

  • Conclusion et perspectives pour l'avenir de la filière laine

    01:01:29

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