Chantal Guillon - Des grandes maisons de luxe au retour aux sources et à la teinture végétale avec Costa Flora cover
Chantal Guillon - Des grandes maisons de luxe au retour aux sources et à la teinture végétale avec Costa Flora cover
ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Chantal Guillon - Des grandes maisons de luxe au retour aux sources et à la teinture végétale avec Costa Flora

Chantal Guillon - Des grandes maisons de luxe au retour aux sources et à la teinture végétale avec Costa Flora

53min |14/09/2023
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ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Chantal Guillon - Des grandes maisons de luxe au retour aux sources et à la teinture végétale avec Costa Flora

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53min |14/09/2023
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Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, nous avons le plaisir d'accueillir Chantal Guillon, une experte passionnée de la teinture végétale et des plantes tinctoriales. Chantal nous entraîne dans son parcours fascinant, où la mode rencontre la nature. Enfant, elle grandit entourée de verdure et de couture, une dualité qui façonne son amour pour les couleurs végétales. Après avoir étudié à l'école de mode, elle a eu l'opportunité de travailler avec des maisons prestigieuses telles que Thierry Mugler, Chanel et Hermès, où elle a affûté son sens du style et de l'esthétique.


Chantal nous parle de son évolution vers la teinture végétale, un choix qui résonne avec son désir de respecter l'environnement et de promouvoir des pratiques durables. Elle partage avec nous son amour pour les plantes tinctoriales, telles que l'indigo et la garance, et l'importance cruciale de la cueillette dans le processus de création. À travers sa marque Costa Flora, Chantal transforme des matières naturelles comme la laine et la soie en véritables œuvres d'art colorées, tout en mettant en avant le lien indéfectible entre la couleur végétale et la durabilité.


« La couleur est un langage qui parle à nos émotions, et la teinture végétale nous permet de retrouver un lien authentique avec la nature », déclare Chantal. Cette citation résume parfaitement l'essence de notre discussion, où nous explorons les défis que représente l'intégration de la teinture végétale dans une industrie de la mode souvent encline à privilégier des pratiques moins durables.


Au fil de l'épisode, nous mettons en lumière l'importance de la sensibilisation et de l'éducation sur la teinture naturelle, ainsi que la nécessité d'un changement de perception au sein de l'industrie. Chantal aborde également la question des colorants biosourcés et des pigments végétaux, tout en partageant des anecdotes personnelles et des conseils pratiques pour ceux qui souhaitent s'initier à la coloration capillaire végétale ou à l'utilisation de colorants végétaux dans leurs créations.


Ne manquez pas cette belle opportunité d'apprendre des experts et de vous immerger dans le monde vibrant de la teinture végétale et des couleurs de plantes. Écoutez cet épisode d’ArtEcoVert et laissez-vous inspirer par la passion de Chantal pour l'agriculture tinctoriale et la beauté des fibres naturelles.


Pour plus d'informations et des liens utiles, n'hésitez pas à consulter notre site web. Belle écoute !


Pauline


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Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Chantal Guillon

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Chantal Guillon. Bonjour Chantal. Bonjour Pauline. Alors Chantal, est-ce que vous pouvez nous raconter votre super parcours, j'ai envie de dire, et comment vous êtes arrivée à la teinture végétale ? Alors, donc je suis Chantal Guillon, je suis née dans une famille franco-suisse où très tôt la nature faisait partie de la vie de famille. J'avais une grand-mère maternelle qui était fascinée par les chapeaux, qui en faisait chez elle, et une grand-mère paternelle qui nous emmenait cueillir plein de plantes pour faire des tisanes qui séchaient dans le grunier. et une maman qui faisait de la couture. Je l'ai toujours vue par terre, découpant des patrons. Avec plaisir, elle m'a amenée au marché Saint-Pierre-en-Paris. Et très tôt, elle m'a appris à couper des jupes. Il y avait la machine à coudre ainsi qu'une machine à tricoter. Et donc, j'ai baigné dans ces deux milieux, la mode et la nature, depuis toute petite. Je pense que ça m'a beaucoup influencée. Après, j'ai fait un petit parcours par la danse. J'ai fait une petite... C'était un petit détour parce que je voulais enseigner la danse. Et finalement, je me suis dirigée vers une école de mode qui était le Studio Berceau. Faisant une réelle phobie scolaire, j'ai très vite quitté le milieu d'apprentissage. classique, et je dois dire qu'au studio Berceau, c'était Marie Rucki, la directrice, qui est une école dans les années 80, et qui reste toujours très actuelle maintenant, qui était la seule école qui prenait en compte la personnalité des étudiants. Et donc, elle regardait ce qu'elle pouvait faire émerger de nous. et très vite on s'est rendu compte toutes les deux, elle et moi, que j'avais un sens des couleurs que pas grand monde avait autour de moi, et que les tissus je les connaissais instinctivement, et que c'était une force que n'avaient pas les autres, alors que dans mes dessins de croquis de mode, j'étais pas spécialement innovatrice. Donc autant aller dans là où j'étais très à l'aise. J'ai pu faire très vite un stage chez Thierry Mugler, qui dans les années 80 était la maison de mode dont tout le monde rêvait, parce que c'était quelqu'un qui avait un fort imaginaire très très important. et tout était possible au niveau des vêtements. C'est lui, dans cette époque, qui a déclenché les épaules très larges. Son univers, c'était les étoiles et l'argent, c'était la galaxie. Il était très inspiré par les bandes dessinées, alors que de l'autre côté, en haute couture, c'était toujours les mêmes choses. Voilà, donc c'était un univers très, très, très moderne. Et j'ai travaillé 13 ans chez lui. Je dois te dire que ça a été une formation extraordinaire. Chez lui, j'étais d'abord assistante de la personne responsable des matières et des tissus. Et après, au bout de deux ans, j'étais moi-même responsable des tissus. Alors, petite parenthèse, il faut savoir qu'une collection, ça se prépare au niveau du choix des matières au minimum trois mois avant la présentation. Il faut commander les tissus. qu'une collection, c'est au moins 40 à 50 tissus différents, que chaque tissu a sa propre gamme de couleurs, parce que dans les maisons de mode, c'est une unité, donc c'est une silhouette. Donc, il y a en même temps le haut, les pantalons, les vestes, les chemises, sans compter les accessoires, ça c'est un autre département qui s'en occupe. Donc, j'ai beaucoup joué avec les tissus. Comme j'étais quand même un petit peu autodidacte, on va dire, on apprend deux fois plus vite parce qu'on est obligé de regarder. Et déjà petite, je touchais. Et en fait, le secret pour connaître les tissus, c'est toucher, toucher, toucher en permanence. Se faire même des petits... acheter un tissu de coton, un tissu de soie, un tissu de laine, on les a sous les yeux, on a des petits échantillons, on ferme les yeux et on reconnaît en fermant les yeux. Tout passe par la main, le regard évidemment, parce qu'on voit assez rapidement quand on connaît à force de toucher, et les associations de couleurs, parce qu'effectivement il y a des couleurs qui sont plus belles en laine et en coton, et on le voyait même au niveau des teintures. industrielle donc voilà ça a été une formation et une découverte et Thierry je dois dire m'a appris à augmenter mon regard surtout pas le focaliser mais surtout regarder partout au niveau musique au niveau expositions, au niveau littérature, enfin à tous les niveaux. Alors lui, il avait son propre parcours aussi, c'était un ancien danseur, moi j'avais fait de la danse, donc il y a une rigueur aussi très importante qu'on a partagé tous les deux, et lui, il aimait faire la fête, donc lui, son inspiration, tu pouvais le trouver en boîte de nuit, il arrivait le lendemain, il dormait devant nous tellement il n'avait pas dormi de la nuit, mais une créativité fantastique. Et après, je suis allée travailler chez Chanel, au studio avec Karl Lagerfeld. Et là, c'était aussi complètement extraordinaire parce que c'était l'opposé. C'est une maison traditionnelle française, très, très, très ancrée dans Mademoiselle Chanel, Gabrielle Chanel, une femme qui, à l'époque, a poussé les portes, a créé... un nouveau rapport au vêtement par le jersey, où le corps était souple, ce qui à l'époque était complètement révolutionnaire. Et Karl Lagerfeld, qui est la personne la plus brillante et la plus intelligente, je dois te dire, avec qui j'ai travaillé. on s'amusait beaucoup au studio et en même temps, on travaillait énormément, sans horaire. Et là, j'avais un poste de coordination de studio dans le prêt-à-porter parce qu'il y avait deux départements, le prêt-à-porter et la haute structure. Et moi, j'étais vraiment prêt-à-porter. C'était un rôle passionnant parce que j'étais en lien avec les ateliers. Donc, il y avait l'atelier flou pour les robes et les chemisiers et l'atelier tailleur pour tout ce qui était veste, manteau, etc. Il se trouve que je suis restée même en relation avec la responsable de l'atelier tailleur qui est maintenant à la retraite. Mais on a gardé des liens tellement c'était fort et on préparait les essayages. Si vous voulez, Karl Lagerfeld dessinait tout, absolument tout. Il nous envoyait les croquis. ça passait aux ateliers on débriefait avec les ateliers les ateliers faisaient des toiles et après monsieur Lagorfel venait pour faire les essayages on avait commandé les tissus en amont il y avait déjà un peu les échantillons de tissus qui étaient là et à ce moment là on matchait quand ils voyaient le modèle, ils disaient Ah ben, Chantal, dans quel tissu on va faire ça ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Et comme un petit supermarché, on avait le choix de choisir tel tissu plutôt que tel autre, et on construisait la collection. En fait, une collection, ça se construit, c'est comme un puzzle. Et j'étais aussi en relation, ce rôle de coordination, avec le marketing, qui, eux, avaient étudié ce qui s'était vendu, pas vendu, quelles étaient les attentes des boutiques, et... et la production, parce que la production c'est aussi très en amont. Il faut que les patrons soient au point, donc il y a des petits ajustements entre ce qui est fait, ce qui est présenté au défilé et après dans les boutiques. Léger ajustement, mais pour que la vestibilité soit le mieux, et aussi les tailles. que ce soit aussi beau en 1938 qu'en 1944. Et après, on construisait la collection comme ça. C'était un moment assez extraordinaire parce que Karl pouvait arriver avec énormément de livres. et d'envie qui déchiraient les pages devant nous la première fois que je l'ai vu déchirer un livre en disant, mais enfin Chantal j'en ai trois, j'ai trois fois le même j'en ai un pour moi, il y en a un qui me déchire et il y en a un c'est pour les ateliers ou pour vous offrir, ou je garde chez moi et ils pouvaient s'inspirer aussi bien des bijoux étrusques qui transformaient en broderie sur des vêtements, c'était jamais tel quel c'était toujours travaillé c'est jamais je prends une image je fais la même chose et ça c'est une gymnastique assez extraordinaire et puis on écoutait de la musique en même temps qu'on travaillait c'était une très très bonne ambiance je suis restée 8 ans chez Chanel et puis il y a une nouvelle équipe qui est arrivée et je suis partie au moment où Karl commençait son régime à l'époque je l'ai connu il était comme on a pu voir certaines photos et donc il avait envie de changer aussi d'équipe ça correspondait à un tournant dans la maison et j'ai préféré partir et je suis allée chez Sonia Riquel et là c'était merveilleux de travailler avec une femme qui elle-même essayait les vêtements qui était en train elle-même de constituer une nouvelle équipe au niveau du studio, avec un directeur de studio, Tom Van Lingen, qui était un Hollandais. Et moi, je m'occupais des tissus de nouveau, et de la coordination avec la production. et le marketing, et on est restés tous très très amis. En fait, la mode peut être une famille. Si on arrive à comprendre les codes, qui sont assez obscurs, qui sont très présents, mais qui sont aussi très forts. Alors, ce sommaire Ikel, c'était assez extraordinaire, parce qu'on travaillait sur la moquette. à plat ventre. Elle adorait les imprimés. Donc, elles faisaient dessiner par des graphistes, des imprimés, ou par les usines aussi, qui avaient leur propre usine de graphique. Elles pouvaient donner des thèmes. On avait après les dessins et on faisait les couleurs sur les imprimés. Et ça, j'étais comme un poisson dans l'eau, mais c'est quand même assez compliqué. Parce que quand il y a un dessin avec... 20 couleurs, il faut que les 20 couleurs se parlent et se répondent entre elles et elles pouvaient dire ah bah non j'aime tout, mais sauf ce rose donc il faut changer ce rose, bon si on change le rose, il faut après adapter les autres couleurs donc, mais les imprimés c'était très fort donc pour ça j'allais très souvent dans les usines en Italie Oui, principalement en Italie, pour faire nos propres imprimés avec nos couleurs et aussi des tissages. On faisait faire des tissages très spécifiques et bien sûr, chaque maison fait sa propre gamme de couleurs. C'est la force de ces maisons parce que chaque maison raconte une histoire. et les histoires sont différentes. Voilà, je suis restée trois ans chez elle, et puis elle adorait lire, donc on partageait beaucoup en littérature ou en théâtre, elle était au courant de tout, et très famille. Donc il y avait sa fille Nathalie qui travaillait, qui s'occupait de la communication. Quand il y avait ses petites filles qui passaient, elle leur demandait, ça vous plaît cette robe ? Donc c'était très familial, et en même temps très ancré aussi dans la boutique. Elle habitait juste en face. le samedi on ne travaillait pas, elle allait à la boutique, voir, rencontrer les clientes, elle était vraiment très proche du produit. Après je suis allée chez Hermès, à l'époque de Jean-Paul Gaultier, alors là un monde luxe, luxe, luxe, avec une qualité… Avec mon bagage Chanel, je me disais, le luxe, je connais. Eh bien, non. Hermès, c'est encore un luxe encore plus performant, dans le sens où c'est d'abord des celliers. Donc, c'est d'abord une maison de cuir, qui sont beaucoup plus anciennes que Chanel. C'est une maison très masculine, je trouvais, où la mode a toujours été là, mais ce n'est pas leur cœur de métier. Leur cœur de métier, c'est vraiment le cuir. Et donc, la mentalité n'est pas tout à fait pareille, mais c'était extraordinaire de travailler. C'était à Pantin, où trois étages en dessous, on voyait les ouvriers. la poudre, le sac, une cantine incroyable, un environnement extraordinaire aussi au niveau, et une équipe très étonnante avec des parcours très différents et très ouverts. Là, j'étais directrice du studio. J'arrivais après à un passage très important où Martin Margiela avait travaillé huit ans et où arrivait Jean-Paul Gaultier. Et c'était de manière très différente de travailler. Donc, c'était un rôle de fusible avec... des tensions et en même temps des moments fantastiques. Pendant les essayages, Jean-Paul Gaultier est quelqu'un, c'est un arc-en-ciel d'idées. Donc, devant un vêtement, il peut se lever, prendre un bout de tissu, le draper et en faire un pantalon. Enfin, donc, en même temps, ça partait dans tous les sens, donc il fallait essayer de recadrer, et en même temps, une imagination débordante. donc c'était et il voulait bousculer les codes et donc j'avais mon mon rôle était aussi d'expliquer à la direction que c'était peut-être intéressant de faire de la dentelle chez Hermès et la direction me disait ah mais non, il n'en est pas question c'est pas possible de la dentelle chez Hermès et on a réussi à faire une dentelle avec les calèches avec l'univers Hermès mais il fallait convaincre des deux côtés donc c'était passionnant je suis restée 3 ans et après j'ai eu besoin de souffler un peu ça faisait plus de 35 ans que je travaillais dans ce milieu et j'ai commencé, il y avait 2 collections par an et chez Hermès il y avait 4 voire 6 collections par an donc on pourra parler de ce problème de la de réguler tout ça mais c'est on est en permanence à trouver de nouvelles idées, on est en permanence à acheter des tissus, on est en permanence à toujours courir pour proposer autre chose. Donc j'ai fait une petite pause et à ce moment-là je me suis installée en Corse, je dois dire, où j'ai commencé à m'installer provisoire, enfin pas tout le temps, une partie de l'année, où ça m'a bien posée au milieu de la nature et d'un endroit absolument magique. Et en Corse, j'ai été contactée par la Maison Dior, homme. et tout d'un coup je me suis dit ah bah oui j'ai jamais travaillé pour l'homme donc c'est génial et j'ai travaillé 5 ans chez Dior Homme avec un directeur artistique belge Chris Van Hache et ça a été extraordinaire aussi parce que j'ai appris encore des nouvelles choses la construction des vêtements hommes n'a rien à voir avec les femmes, et donc j'ai appris plein de choses. Et c'était, puis Maison Dior, LVMH, M. Arnault, c'était très important de présenter la collection à M. Arnault, deux fois par saison, avec un challenge. très fort et une équipe de studio fantastique avec des gens très créatifs et c'était génial voilà en grande ligne ce que j'ai fait et au bout de 40 ans j'ai dit ben voilà je suis très contente de m'arrêter j'ai mis 6 mois à récupérer physiquement j'ai dormi pendant 6 mois de ne plus avoir de rythme, de ne plus avoir d'horaire, c'était indispensable. Et là, j'avais déjà l'idée, grâce à la Corse, de faire une petite incursion à l'école du paysage de Versailles, parce que je trouvais que, d'abord, on avait un terrain tout à fait en pente, avec une pente très importante, 18%, et je ne voulais pas faire n'importe quoi. Ah. Et donc j'ai fait un premier module, la première année, en histoire des jardins. Et ça, je dois dire que c'était assez merveilleux, parce que c'était une historienne de l'art, Chiara Santini, une italienne, et elle nous a expliqué toute l'histoire des jardins du Moyen-Âge jusqu'au XIXe, pendant trois mois, et après c'est des intervenants qui nous ont fait l'histoire des jardins du monde. donc le Japon, la Chine, avec tout ce que ça comporte, c'était, je ne voulais que de la théorie. Et la deuxième année, par contre, c'était le deuxième module, c'était connaissance des végétaux et ses utilisations. Et là, c'est pareil, chaque semaine, c'était un intervenant différent, donc entre la palette méditerranéenne et au contraire, le jardin du désert, et avec les plantes, et c'était en formation continue, et on était mélangé aux étudiants. Donc ce mélange de personnes qui avaient un parcours professionnel et d'étudiants, c'était hyper tonique. Et même si c'était qu'une fois par semaine, c'est ce qu'il me fallait pour réintégrer tout ce qu'on avait appris. D'accord. Après quand je suis arrivée en Corse, toute cette nature, je connaissais principalement les oliviers. bien sûr, les chaînes, le maquis, mais pas vraiment précisément. Et j'ai trouvé une formation d'une semaine qui était géniale, qui s'appelait stage sauvage jaune médicinal et comestible. Et il y avait Cécile Billard qui nous apprenait comment reconnaître les plantes et les transformer pour les manger. il y avait une naturopathe et il y avait un ethnobotaniste Grégory Lemoyne qui nous montrait toutes les plantes et qui nous les détaillait et à cette occasion je lui ai posé la question s'il connaissait quelqu'un qui faisait de la teinture végétale parce que ça me trottait dans la tête depuis un moment effectivement moi dans les années 70 j'avais 15 ans et dans ma baignoire je faisais déjà des essais avec des teintures d'ilons de l'époque donc complètement polluantes mais il y a des essais de teinture je mélangeais déjà les couleurs je faisais déjà des essais de de forme, et je teignais mes draps. Donc, j'avais quand même ça déjà depuis longtemps. Et il m'a indiqué le nom de Marie-Marie, un nom magique. Surtout, elle est venue faire une formation en Corse six mois après, en novembre. où on était une dizaine, et c'était sur la laine. Et là, j'ai su que c'était... Voilà, c'était ce que j'allais faire maintenant. Parce que Marie est extrêmement pédagogue, extrêmement... synthétique dans ses explications. Donc, première chose, on a fait de la cueillette avec elle et c'est ce que je continue de faire. Moi, ce qui m'intéresse, c'est vraiment la cueillette. Ce n'est pas d'acheter sur Internet de la poudre de chlorophylle. Ça ne m'intéresse pas. voilà parce que j'ai besoin d'avoir ce lien de savoir où je l'ai trouvé et en même temps je rencontre des gens quand je cueille donc ça fait beaucoup d'interactions qui sont importantes et avec Marie on a fait ce stage sur de la laine alors j'étais un peu déçue parce que laine j'imaginais au départ mais c'était des échevaux de laine plus pour tricoter moi j'imaginais tout de suite tissu métrage et donc j'ai pu après transposer tout ce qu'elle nous avait appris sur des métrages Et là, j'ai rencontré des personnes très intéressantes, dont Alice et Marion. Et je dois dire qu'une fois le stage fini, c'est grâce à Marion qui m'a rappelé et qui m'a dit tu ne crois pas qu'on pourrait essayer à deux ? parce qu'on habitait pas loin l'une de l'autre et ça m'a permis de me jeter à l'eau je suis pas sûre que seule j'aurais fait le pas, j'hésitais je disais demain, demain, demain et quand on est deux pour mettre le pied en tout cas ça nous a permis, on faisait chacune de notre côté on se voyait de temps en temps on s'envoyait des photos ça a accéléré beaucoup le mouvement parce qu'en fait un an après avoir fait le stage de... Avec Marie, j'ai créé ma marque Costa Flora. Costa parce que j'habite à Costa, le village de Costa. Et Flora parce que c'est la flore en Corse. Et moi, je voulais faire toutes les matières, entre guillemets. C'est-à-dire, je voulais teindre la laine et la soie. Et je voulais teindre le coton et le lin. Et je voulais faire principalement des écharpes parce que j'en porte. presque une écharpe c'est autour du cou ça peut éclairer le visage on peut être en jean et en t-shirt et on met juste un petit foulard ou une écharpe autour du cou ça transforme complètement la personne et la manière dont on est perçu. Et voilà. Et j'ai commencé en achetant... Alors, je me suis fait trois axes, c'est-à-dire j'ai acheté chez Fibre Bio, adresse extraordinaire... des écharpes toutes faites, tissées en Inde, où il y a un grand respect, elles sont déjà prêtes pour la teinture, en laine. Et leurs écharpes en laine sont absolument superbes. La qualité, le toucher, le rendu, la dimension, il n'y a rien à dire. Celles en lin aussi. et la deuxième axe c'était je vais dans des endroits où il y a des stocks dormants c'est à dire c'est des maisons qui rachètent des stocks des maisons de couture parce qu'il y a des déchets gigantesques et il y a trois, quatre adresses à Paris où là soit c'est des ponts qui sont déjà préparés de trois mètres mais si on va au fond du magasin c'est des rouleaux et là on prend les métrages que l'on veut et le troisième axe c'est de la seconde main donc sur des sites spécialisés de seconde main j'achète des écharpes avec soit des carreaux des écossais, des tissés teints plutôt et que je surteins donc il y a toujours un peu de blanc dans ce que je commande et ça transforme complètement du noir et blanc je passe du beige au noir ou du rouge je ne fais pas vraiment de rouge mais il y a d'autres couleurs qui sortent et ça me fait mes trois axes super bon Chantal c'était comme je disais un super parcours donc je vous ai laissé vraiment tirer le fil c'est le cas de le dire de toutes ces maisons de mode et l'arrivée vers la couleur végétale moi ce qui me fascine et ce que je retire de tout ce parcours là et du lien avec la couleur végétale c'est votre rapport à la matière alors j'ai une question qui est euh Donc la teinture végétale ne se pratique que sur fibres naturelles. Et en fait, dans votre parcours dans les maisons de luxe, vous avez beaucoup travaillé des matières qui étaient plutôt quand même, enfin aussi des matières synthétiques. Est-ce que ce n'est pas frustrant quand on veut soi-même apposer de la couleur, être entre guillemets un peu plus restreinte dans le choix des fibres qu'on a à disposition ? Alors... Pour moi, non maintenant dans la teinture végétale, parce que de la viscose, teindre de la viscose on pourrait, puisque c'est une belle viscose, c'est cellulosique, donc si c'est vraiment tiré de la fibre du bois, on pourrait la teindre. Maintenant, trouver des belles viscoses, c'est très compliqué. voilà, mais c'est vrai qu'en faisant vos écouteurs rentrent très bien alors chez Thierry Mugler on avait une spécialité, on a été les premiers à utiliser le polyester c'est un terme qui fait fuir tout le monde mais pas chez nous parce que c'était un gage de modernité dans le sens où ça ne se froisse pas et surtout on avait trouvé des fabricants au Japon qui, à l'époque, dans les années 80, le polyester était aussi cher que la laine, j'allais dire, parce que c'était des fils extrêmement fins et très bien travaillés, et on faisait faire des crêpes de polyester. Et la crêpe de polyester, c'est un fibre qui est retordu plein, plein de fois, et ça donne une fluidité dans la matière, ce qui faisait que, quand on bougeait, la jupe bougeait autour de nous. Donc ça c'était fascinant, mais c'était effectivement un partenariat avec le Japon, où j'ai fait faire des tissus très spécifiques en polyester. Alors par contre en polyester, le noir par exemple, ça ne fait jamais un beau noir. ça sera toujours un noir un peu gris par contre les couleurs, oui les autres couleurs, oui, mais ça ne faisait pas un très beau noir ce qui nous arrangeait parce qu'on était dans des coloris plutôt vifs donc ça moi je garde un très beau souvenir des très beaux polyesters du reste, à la même époque Issey Miyake a lancé son concept Please Please avec des plissés C'était une ligne qui existe toujours et lui-même il a fait aussi faire son propre tissu parce que le polyester du coup reste plissé, ça ne se déplisse pas. Donc ça a donné une ouverture au niveau des formes. On peut avoir encore dans nos armoires des tissus plissés de Miyake, 40 ans après. Du reste, souvent les mères le redonnent à leurs filles, parce que c'est des vêtements qui vieillissent très bien quand le polyester est de très bonne qualité. Ce qui n'est plus le cas du tout maintenant. même dans les maisons de luxe le polyester c'est plus d'excellente qualité ? non maintenant ils n'en utilisent pas ils n'en utilisent plus ils n'en utilisent plus ils utiliseront encore un peu de viscose ou ils la mélangeront viscose coton ou viscose laine mais en polyester non parce que la connotation est devenue tellement mauvaise que voilà alors peut-être un peu encore au Japon mais plus en Europe

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Je voulais savoir, Chantal, si vous aviez des astuces. Vous avez parlé de déguiser son œil, déguiser sa main au toucher des matières pour les reconnaître. Sur la teinture végétale, on est sur une gamme plus courte de matières naturelles. Pour autant, il y a beaucoup de différences de tissus finalement. Moi, naïvement, je commande de la soie. pour faire des essais. En fait, je reçois une soie épaisse, etc. En fait, il y a différents types. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu les différents types, vos petites astuces pour reconnaître des tissus ? Comment vous vous faites pour un tissu ? Il n'y a pas d'étiquette, il n'y a rien. Savoir quelle matière c'est, si vous avez des petites astuces à nous partager.

  • Chantal Guillon

    Moi, c'est l'expérience principalement qui maintenant, effectivement, quand je vois un tissu, je sais à peu près ce que c'est. Mais ce qui est très important, c'est le poids. Quand vous commandez un tissu, il faut absolument avoir le poids du tissu, qu'il soit en mètre linéaire ou en mètre carré. Ça donne une dimension. donc après il faut se faire je pense que sur internet on peut trouver des tableaux qui retranscrivent ce que c'est alors effectivement en soie on peut passer d'un plongé de soie pour doubler qui est très très fin à un crêpe de soie qui est très lourd ou à du taffeta et le taffeta ça ne va pas se teindre ça sera toujours raide c'est cassant ça va faire des cassures dans la teinture donc évitez de toute façon le taffeta effectivement il y a différents de soi moi c'est tellement quand je vois un tissu je vois tout de suite comment ça va devenir alors c'est difficile à partager au niveau de l'expérience mais le poids guide énormément ça c'est sûr il faut absolument toucher et il ne faut pas hésiter à faire tomber le tissu, le bouger le mettre un peu sur soi quand on est même dans une boutique on déroule un mètre de tissu et on le met vertical et on voit s'il tombe bien je pense qu'il faut jouer avec c'est pas figé c'est vivant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Après Chantal, il y a quand même quelques opérations. Je vois quand on reçoit son tissu et qu'on le prépare pour la teinture, donc si ce n'est pas du tissu prêt à teindre, il y a quand même des opérations. Moi, je vois mon mordansage rend parfois ma fibre, mon lin un peu plus effet cartonné. Alors, il y a des astuces pour enlever ça, mais je veux dire, c'est compliqué de… Enfin, vous, c'est votre expérience, mais je veux dire, c'est compliqué quand même de se dire, tiens, ce tissu-là, une fois teint, après tout ça, va avoir une souplesse et un… C'est vraiment la pratique qui va guider le choix.

  • Chantal Guillon

    c'est vrai mais le lin par exemple alors j'ai quelqu'un à côté de moi qui teint aussi et qui elle alors que c'est tout le monde dit sur ce que je vais jamais le faire par exemple elle le met dans sa machine à sécher à sécher le linge et elle trouve et je suis d'accord que ça l'assouplit donc à essayer la vapeur la chaleur, la chaleur change aussi beaucoup d'accord effectivement, il faut surtout... Ils sont tous apprêtés, les tissus. Donc moi, ils passent 2, 3, 4 jours dans la baignoire pour essayer d'enlever l'après. Et les lavages sont très importants. Mais la chaleur, la chaleur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors, moi, j'avais une question de pure débutante, parce que moi, le milieu de la mode et du textile, ce n'est pas du tout mon milieu. Et j'avoue, j'ai énormément de mal à trouver une source qui permettrait d'identifier les différentes matières. Donc, les matières, les grandes matières, le lin, on l'a dit, la soie, la laine et le chanvre, la fibre, je comprends. Ces différentes... ces différents tissus qui sont déclinés en dessous, j'ai énormément de mal à identifier. Parce que comme je vous disais l'exemple avec la soie, j'ai voulu faire des essais de teinture sur soie. J'imaginais moi une soie hyper légère, hyper… Et en fait, ils m'ont envoyé un truc super lourd, un peu presque cartonné. Alors oui, c'est de la soie, j'ai la preuve. Mais en fait, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et en fait, je cherche des ressources. Donc, j'ai regardé dans les bouquins. Je ne dois pas avoir les bons bouquins. J'ai regardé sur Internet. Est-ce que vous, vous avez une source ? qui permettraient d'identifier par type la soie, les différentes, je ne sais même pas comment ça s'appelle, les différentes matières issues de la soie ?

  • Chantal Guillon

    Alors, je crois, j'ai entendu parler d'un livre, qui est l'histoire des tissus, mais je n'ai pas du tout les références. D'accord. Je vais essayer de les avoir et je vous en ferai part. Parce qu'effectivement, il y a des livres qui expliquent, mais c'est très technique. Donc... voilà donc il faut les apprendre en fait oui ne pas hésiter quand vous êtes hors de, quand vous êtes en ville entre guillemets d'aller dans des boutiques ou même dans les magasins de vêtements et de toucher parce qu'il y a toujours la composition qui est notée donc c'est vraiment un apprentissage ça je trouve que c'est une ressource je trouve que c'est une ressource c'est vrai les soies il y a tellement de types de soies entre il y a le crêpe de Chine qui est la soie la plus facile autour du cou mais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je pense qu'il y a un dictionnaire des tissus d'accord je vais chercher ça et je prendrai aussi votre ressource en livre comme ça on essaiera de mettre dans le descriptif mais voilà moi dans tout ce que vous avez raconté je vois bien donc cet aspect connaissance de la fibre et vous avez parlé de votre rôle dans le choix couleur et votre oeil qui était vachement aiguisé un avantage quand même de la teinture végétale c'est que peu importe la couleur qu'on fait on est d'accord qu'elles vont toutes ensemble

  • Chantal Guillon

    absolument elles se répondent et c'est tout à fait étonnant il n'y en a jamais une qui va interférer sur les autres et c'est exact ce que vous dites, c'est tout à fait ça qui est fascinant alors moi au niveau expérience couleur 40 ans j'ai changé beaucoup je crois qu'il ne faut pas rester figé dans des schémas et il y a beaucoup de gens autour de moi qui disent ah mais moi je n'y connais rien en couleur on ne m'a pas appris ça s'apprend et ça s'apprend pas je crois qu'il faut se faire confiance il y a plein de gens qui disent mais moi choisir la couleur de mon rideau il faut que tu m'aides, je dis bah non tu regardes, tu vois tu essayes parce qu'il faut que ça vienne de toi et c'est vrai que dans la teinture végétale il n'y a pas ce rapport là parce que toutes les couleurs s'unifient c'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable c'est incroyable parce qu'on a beau moi je suis en phase d'expérimentation je rappelle ça vraiment comme ça je fais des tests absolument farfelus parfois ou plus structurés pour reproduire ce qui a été en formation etc mais en fait je trouve que c'est vraiment hallucinant parce que il n'y a aucune faute de goût aucune faute de goût possible. Et donc, je me dis, ça décomplexe les gens qui n'ont pas forcément un œil aiguisé sur la couleur. Et donc, c'était pour moi aussi un rebond par rapport à votre parcours quand vous parliez de la couleur. J'avais des questions, Chantal. Est-ce que vous pouvez nous citer les plantes que vous travaillez dès la cueillette ? J'ai bien compris que c'était des plantes issues, enfin, corses typiquement. Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-unes et les couleurs qu'elles vous donnent et puis vos préférées ? N'hésitez pas à nous les dire.

  • Chantal Guillon

    Alors, il y a l'immortelle qui vient en premier parce que d'abord, c'est une plante endémique encore. C'est qu'elles sont venues naturellement autour de la maison sans que je les ai plantées. Et c'est une plante que je peux cueillir toute l'année, entre guillemets. Je peux la cueillir en même temps en novembre. Et maintenant, là, elle va commencer à fleurir. Ça fait un jaune dans les fleurs magnifiques. Et après, en teinture, ça fait un coloris un peu curry. jaune, un jaune très très profond et la chose qui est extraordinaire avec l'immortelle c'est qu'elle a une odeur très forte et que ça reste dans les tissus comptins donc ce sont des tissus qui sentent bon donc il y a l'immortelle en priorité il y a le pistaché lentisque aussi qui pousse beaucoup ici et qui fait aussi un très beau jaune qui peut virer au vert si on met un peu de cuivre dedans Il y a la myrte, pareil, tout ça on est un peu dans les jaunes, dans les caquilles, un peu dans les beiges. Et il y a les cistes. Alors il y a le ciste de Montpellier qui a des feuilles blanches et l'autre, le ciste, je ne sais plus, qui a des feuilles violettes. Et là, autour de moi, c'est envahi. ça fait aussi dans les tons un peu jaunes il se trouve que j'ai un mimosa dans mon jardin dont une branche est tombée suite à la tempête et du coup avec l'écorce l'écorce de mimosa ça fait un beige rosé absolument extraordinaire un coloris très doux et très très beau il y a des eucalyptus autour de moi aussi alors ça fait plutôt des beiges chez moi il y a des jardins abandonnés avec des iris et des iris qui ont été plantées il y a très très longtemps donc c'est des iris bleues qu'on trouve pratiquement un bleu très très fort et là ça fait un peu de bleu vert des fois avec des taches, je dois dire, ce n'est pas facile à teindre l'iris. Et les oliviers aussi, il y a beaucoup d'oliviers, les feuilles d'oliviers, c'est un très beau jaune aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et pourquoi les iris font des taches plus que d'autres ?

  • Chantal Guillon

    Parce que moi, j'ai appris à le teindre avec la fleur fraîche. Donc, je mets et le tissu et la fleur en même temps.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah oui, d'accord.

  • Chantal Guillon

    Je peux remuer. Et j'ai des... Donc, je... je vais retourner faire un stage avec Marie Marquet j'ai besoin encore de me perfectionner et je vais lui poser la question avec mes échantillons et là qu'est-ce qu'il y a pu se passer

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Chantal en ce moment c'est le mois où Marie Marquet répond aux questions des auditeurs donc sur Instagram vous avez la possibilité d'écrire votre question donc je compte sur vous pour aller la mettre tout de suite après l'enregistrement parce que c'est Marie Marquet qui répond aux questions et botanique et fibre etc pour les trois mois du podcast j'attends votre question du coup ça c'est chouette ok donc on a fait un tour donc c'est vraiment des plantes locales etc vous votre volonté c'est vraiment de partir de la de la cueillette vous n'êtes pas pour les extraits c'est ce lien que vous voulez garder j'ai une question vraiment un peu hum qui bouscule un petit peu, c'est que vous avez été dans un monde de la mode très structurée, très tournée vers la qualité, les exigences, etc. Est-ce que vous pensez, Chantal, que les maisons de luxe telles que celles que vous avez expérimentées, on va dire, pourraient passer à la couleur végétale ou non ? demain ?

  • Chantal Guillon

    Alors, pour eux, leur principale manière de penser, c'est qu'est-ce que ça va me rapporter ? Quel est mon intérêt de le faire ? Alors, quel est l'intérêt de le faire ? Pour eux, pas grand-chose, en fait, à part être dans le mouvement général du changement climatique et autres, mais pour ça, ils ont du greenwashing, ils ont des communicants qui communiquent, et donc, derrière, c'est pas exactement la même chose. Par contre, je trouve qu'il y a une maison où ça aurait du sens de le faire, c'est la maison Chanel en haute couture. parce qu'il pourrait faire teindre des fils en teinture végétale et faire un tissage de tweed, qui est la base de la maison. Parce que Marcelle Chanel, figurez-vous, dans les années, je ne sais plus exactement, a été fascinée par les couleurs qu'elle trouvait en Écosse et en Irlande, qui n'étaient pas les mêmes couleurs qu'on trouvait en France, et elle allait faire faire ses tissus là-bas. et donc et elle avait raison c'est très intéressant les couleurs irlandaises et anglaises ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres et je trouve que là il faut que s'il y ait un lien avec l'histoire de la maison en même temps il suffit qu'il y en ait une qui commence pour que les autres commencent mais ils font 6 collections par an si c'est pour faire tout d'un coup une collection qu'en teinture végétale et puis après on passe à autre chose, on y aura perdu la teinture végétale finalement ce sera juste comme une capsule qui aura fait un effet de mode un effet de mode et c'est pas ça dont on a besoin je trouve avec la teinture végétale il faut que c'est un vrai changement profond mais ils y sont sensibles ils sont au courant il y en a certains qui sont plus sensibles que d'autres, Christophe Lemaire qui a été très longtemps chez Hermès qui a sa propre marque lui fait des gammes de couleurs à partir de teinture végétale pour une saison, il l'a fait et voilà, donc il y a quand même des gens que ça interroge après au niveau industriel que ça passe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    parce qu'il faut voir les processus en production par rapport au cahier des charges notamment dans le luxe qui sont plus exigeants ah oui oui oui c'est ça que la couleur puisse résister même

  • Chantal Guillon

    aux lumières en boutique en Chine, pour passer les douanes, c'est... Alors, bon, c'est des prétextes, mais en attendant, c'est là, c'est les lois. C'est terrible. Donc, l'ententeur végétal, alors là, on oublie tout de suite.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et ce que j'allais vous demander,

  • Chantal Guillon

    c'est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comment on va dire ? Ok, elles pourraient changer soit pour une histoire d'image, soit pour une histoire de lien avec, comme vous expliquez pour Chanel, de lien avec l'historique de leur maison. Est-ce que vous pensez que la réglementation... pourrait inciter ces grandes marques à bouger ou ce n'est pas un levier qui les perturberait vu les budgets qu'elles ont, etc. ?

  • Chantal Guillon

    Non, ce n'est pas un levier qui va les… Non, ce n'est pas la réglementation parce que… Qui va changer quoi que ce soit. Non, non. Ils ont besoin… Par contre, ils ont besoin d'être dans l'air du temps. Donc, ils ne veulent pas être à la traîne. Donc, il faut quand même qu'ils soient… dans la réalité de ce qui se passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc, c'est plutôt via les consommateurs que ça pourrait changer. Si leurs consommatrices, consommateurs sont plus sensibles à la couleur végétale ou sont intrigués par ça, ça pourrait bouger via les consommateurs.

  • Chantal Guillon

    Je pense que non, il faudrait que ça passe par la presse. Non, il faudrait que ça passe par la presse. Ah,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    la presse ! Ok, je n'avais pas pensé à ça. D'accord,

  • Chantal Guillon

    ok. Il n'y a aucun journaux de mode qui parle de la tente. végétales, à part peut-être l'EL, en été faites votre t-shirt en taille en verne, parce qu'il parle, c'est le but. J'ai jamais vu un article dans tous les journaux de mode qui parle de la teinture végétale. Et ça, il faut que ça passe par la presse, il faut que ça passe par la communication, que ce soit les réseaux sociaux ou autres, mais il y a un vrai travail à ce niveau-là, je pense, pour faire changer l'image.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah génial, ça c'est vraiment un axe que j'avais pas trouvé enfin un consommateur oui mais la presse c'est vrai qu'en fait pour les maisons de mode c'est quand même hyper important, j'avais pas pensé à ça j'avais une avant-dernière question pour vous Chantal si vous étiez une plante tinctoriale, laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Chantal Guillon

    Alors l'immortelle ça c'est sûr D'abord, c'est emblématique de la Corse. Il y a une odeur et l'odeur, je l'adore. Elle fait un coloris curie très profond, spécialement profond. Et je suis entourée autour de moi et elles sont venues naturellement autour de la maison. Donc, ça me touche beaucoup.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Est-ce que vous avez des personnes inspirantes que vous aimeriez nous citer, qui vous ont inspiré sur la couleur végétale ou dans votre parcours ?

  • Chantal Guillon

    Alors figurez-vous que moi, ce qui m'a inspirée, c'est Henri Matisse, parce que ce peintre a toujours mis des tissus en arrière-plan de ses peintures, que je suis allée au musée de Cato-Cambrésie. pas loin de chez moi et c'est extraordinaire sa collection de tissus il avait une collection de tissus et son rapport à la couleur m'a beaucoup beaucoup influencé pendant tout mon parcours d'accord ok voilà

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    autre question est-ce que vous auriez un ou plusieurs livres à recommander aux auditeurs

  • Chantal Guillon

    absolument alors moi d'abord il y a un roman que j'adore de Olivier Bles qui s'appelle Pastel qui est chez Gallimard qui est un roman merveilleux ça se passe au 15ème siècle du côté d'Albi comment un teinturier spécialiste du rouge découvre le bleu et donc c'est sur la teinture végétale au XVe siècle. C'est un roman, mais c'est un pur délice à lire. Après, moi j'ai beaucoup aimé un livre de l'histoire des couleurs. de Manlio Brusatin B-R-U-S-A-T-I-N qui est un italien qui est de la théorie mais c'est entre l'art et la science entre la physique et la psychologie et je trouve que c'est important de la voir il est historien de l'art et il est architecte et puis un livre beaucoup plus poétique de Darek Jarman J-A-R-M-A-N qui s'appelle Chroma un livre des couleurs Alors lui, il a fait du cinéma, il a fait un jardin incroyable, complètement minéral. Il était touche à tout et il parle des couleurs comme personne n'en parle.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord génial c'est top Chantal c'était trois bouquins qu'on n'a jamais abordé sur le podcast et en plus un roman donc c'est top comme c'est bientôt le moment de Farniente on va dire ça va faire du bien aux lectrices c'est génial est-ce que vous avez un mot de la fin Chantal avant qu'on ne se pose la dernière question qui est à qui vous passez le micro

  • Chantal Guillon

    Alors, à qui je passe le micro ? Moi, je pense que c'est très important d'interviewer Catherine Legrand, qui est une créatrice très textile et qui fait une collection de tissus, de costumes, de parures, d'accessoires, qui avait fait une très belle exposition Indigo. À la Bibliothèque Fornay à Paris il y a assez longtemps, elle a fait un livre Indigo et cette exposition avec tous les vêtements teints en indigo dans le monde entier a absolument été vraiment un coup de cœur. Elle a fait un autre livre aussi sur les vêtements du monde et je trouve qu'elle a un regard panoramique qui est important. Alice Lanzini qui a le compte Instagram que j'ai donc découvert au stage de Marie Marquet qui est à l'écorce travaille en Corse et fait la teinture végétale et essaye d'en vivre et puis un autre compte que j'aime beaucoup sur Instagram qui vient du Mali qui s'appelle Bakoji Voilà, c'est des gens qui m'inspirent. Et il y a certains contes au Japon aussi qui sont assez fascinants. Oui, j'ai juste une chose que je voudrais rajouter, que je trouve très importante, c'est l'image de la teinture végétale. Il faudrait qu'on sorte l'image de la teinture végétale des années 70, parce que ça colle à la peau. Et du coup, on ne pourra pas avancer à tous les niveaux si on ne sort pas de... du tie and die de voilà donc je trouve que il y a un gros travail à faire du bundle die, tout ça, ça existait déjà dans la mode quand quelque chose existait, on allait plus loin et là on a l'impression qu'on n'a pas avancé par rapport aux années 70 pas tout le monde, loin de là il y a plein de gens qui ont avancé, il y a une nouvelle génération qui arrive mais alors qu'ils y aillent

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ouais d'accord donc c'est aussi un des dans les leviers dont on a parlé tout au long du podcast c'est aussi un levier d'image qu'on n'avait pas du tout identifié qui est hyper intéressant et oui enfin comment dire une sorte de renouveau qu'il faudrait qu'il faudrait venir apporter pour montrer que voilà c'est plus comme il dit comme Michel Garcia dit et ça me fait bien rire un truc de hippie bobo c'est plus c'est plus ça ouais on est d'accord ah génial ça c'est très important mais dans la modernité dans la modernité et dans la sophistication oui on aura quelques exemples de créateurs de mode qui vont venir au micro et qui sont dans la dans la mode dans les codes de la mode mais avec la couleur végétale mais revisité et franchement je pense que ça va être hyper intéressant ces épisodes de podcast aussi non bah top bah écoutez merci beaucoup Chantal bah merci Pauline Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:36

  • Présentation de Chantal Guillon et son parcours

    00:43

  • Les débuts de Chantal dans la mode et la couture

    01:22

  • Expérience chez Thierry Mugler

    03:58

  • Travail avec Karl Lagerfeld chez Chanel

    07:26

  • Rôle chez Sonia Rykiel et Hermès

    10:33

  • Transition vers la teinture végétale en Corse

    17:56

  • Création de la marque Costa Flora

    23:11

  • Défis de la teinture végétale dans l'industrie

    25:55

  • L'avenir de la couleur végétale dans la mode

    41:24

  • Conclusion et recommandations de Chantal Guillon

    51:46

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, nous avons le plaisir d'accueillir Chantal Guillon, une experte passionnée de la teinture végétale et des plantes tinctoriales. Chantal nous entraîne dans son parcours fascinant, où la mode rencontre la nature. Enfant, elle grandit entourée de verdure et de couture, une dualité qui façonne son amour pour les couleurs végétales. Après avoir étudié à l'école de mode, elle a eu l'opportunité de travailler avec des maisons prestigieuses telles que Thierry Mugler, Chanel et Hermès, où elle a affûté son sens du style et de l'esthétique.


Chantal nous parle de son évolution vers la teinture végétale, un choix qui résonne avec son désir de respecter l'environnement et de promouvoir des pratiques durables. Elle partage avec nous son amour pour les plantes tinctoriales, telles que l'indigo et la garance, et l'importance cruciale de la cueillette dans le processus de création. À travers sa marque Costa Flora, Chantal transforme des matières naturelles comme la laine et la soie en véritables œuvres d'art colorées, tout en mettant en avant le lien indéfectible entre la couleur végétale et la durabilité.


« La couleur est un langage qui parle à nos émotions, et la teinture végétale nous permet de retrouver un lien authentique avec la nature », déclare Chantal. Cette citation résume parfaitement l'essence de notre discussion, où nous explorons les défis que représente l'intégration de la teinture végétale dans une industrie de la mode souvent encline à privilégier des pratiques moins durables.


Au fil de l'épisode, nous mettons en lumière l'importance de la sensibilisation et de l'éducation sur la teinture naturelle, ainsi que la nécessité d'un changement de perception au sein de l'industrie. Chantal aborde également la question des colorants biosourcés et des pigments végétaux, tout en partageant des anecdotes personnelles et des conseils pratiques pour ceux qui souhaitent s'initier à la coloration capillaire végétale ou à l'utilisation de colorants végétaux dans leurs créations.


Ne manquez pas cette belle opportunité d'apprendre des experts et de vous immerger dans le monde vibrant de la teinture végétale et des couleurs de plantes. Écoutez cet épisode d’ArtEcoVert et laissez-vous inspirer par la passion de Chantal pour l'agriculture tinctoriale et la beauté des fibres naturelles.


Pour plus d'informations et des liens utiles, n'hésitez pas à consulter notre site web. Belle écoute !


Pauline


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Chantal Guillon

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Chantal Guillon. Bonjour Chantal. Bonjour Pauline. Alors Chantal, est-ce que vous pouvez nous raconter votre super parcours, j'ai envie de dire, et comment vous êtes arrivée à la teinture végétale ? Alors, donc je suis Chantal Guillon, je suis née dans une famille franco-suisse où très tôt la nature faisait partie de la vie de famille. J'avais une grand-mère maternelle qui était fascinée par les chapeaux, qui en faisait chez elle, et une grand-mère paternelle qui nous emmenait cueillir plein de plantes pour faire des tisanes qui séchaient dans le grunier. et une maman qui faisait de la couture. Je l'ai toujours vue par terre, découpant des patrons. Avec plaisir, elle m'a amenée au marché Saint-Pierre-en-Paris. Et très tôt, elle m'a appris à couper des jupes. Il y avait la machine à coudre ainsi qu'une machine à tricoter. Et donc, j'ai baigné dans ces deux milieux, la mode et la nature, depuis toute petite. Je pense que ça m'a beaucoup influencée. Après, j'ai fait un petit parcours par la danse. J'ai fait une petite... C'était un petit détour parce que je voulais enseigner la danse. Et finalement, je me suis dirigée vers une école de mode qui était le Studio Berceau. Faisant une réelle phobie scolaire, j'ai très vite quitté le milieu d'apprentissage. classique, et je dois dire qu'au studio Berceau, c'était Marie Rucki, la directrice, qui est une école dans les années 80, et qui reste toujours très actuelle maintenant, qui était la seule école qui prenait en compte la personnalité des étudiants. Et donc, elle regardait ce qu'elle pouvait faire émerger de nous. et très vite on s'est rendu compte toutes les deux, elle et moi, que j'avais un sens des couleurs que pas grand monde avait autour de moi, et que les tissus je les connaissais instinctivement, et que c'était une force que n'avaient pas les autres, alors que dans mes dessins de croquis de mode, j'étais pas spécialement innovatrice. Donc autant aller dans là où j'étais très à l'aise. J'ai pu faire très vite un stage chez Thierry Mugler, qui dans les années 80 était la maison de mode dont tout le monde rêvait, parce que c'était quelqu'un qui avait un fort imaginaire très très important. et tout était possible au niveau des vêtements. C'est lui, dans cette époque, qui a déclenché les épaules très larges. Son univers, c'était les étoiles et l'argent, c'était la galaxie. Il était très inspiré par les bandes dessinées, alors que de l'autre côté, en haute couture, c'était toujours les mêmes choses. Voilà, donc c'était un univers très, très, très moderne. Et j'ai travaillé 13 ans chez lui. Je dois te dire que ça a été une formation extraordinaire. Chez lui, j'étais d'abord assistante de la personne responsable des matières et des tissus. Et après, au bout de deux ans, j'étais moi-même responsable des tissus. Alors, petite parenthèse, il faut savoir qu'une collection, ça se prépare au niveau du choix des matières au minimum trois mois avant la présentation. Il faut commander les tissus. qu'une collection, c'est au moins 40 à 50 tissus différents, que chaque tissu a sa propre gamme de couleurs, parce que dans les maisons de mode, c'est une unité, donc c'est une silhouette. Donc, il y a en même temps le haut, les pantalons, les vestes, les chemises, sans compter les accessoires, ça c'est un autre département qui s'en occupe. Donc, j'ai beaucoup joué avec les tissus. Comme j'étais quand même un petit peu autodidacte, on va dire, on apprend deux fois plus vite parce qu'on est obligé de regarder. Et déjà petite, je touchais. Et en fait, le secret pour connaître les tissus, c'est toucher, toucher, toucher en permanence. Se faire même des petits... acheter un tissu de coton, un tissu de soie, un tissu de laine, on les a sous les yeux, on a des petits échantillons, on ferme les yeux et on reconnaît en fermant les yeux. Tout passe par la main, le regard évidemment, parce qu'on voit assez rapidement quand on connaît à force de toucher, et les associations de couleurs, parce qu'effectivement il y a des couleurs qui sont plus belles en laine et en coton, et on le voyait même au niveau des teintures. industrielle donc voilà ça a été une formation et une découverte et Thierry je dois dire m'a appris à augmenter mon regard surtout pas le focaliser mais surtout regarder partout au niveau musique au niveau expositions, au niveau littérature, enfin à tous les niveaux. Alors lui, il avait son propre parcours aussi, c'était un ancien danseur, moi j'avais fait de la danse, donc il y a une rigueur aussi très importante qu'on a partagé tous les deux, et lui, il aimait faire la fête, donc lui, son inspiration, tu pouvais le trouver en boîte de nuit, il arrivait le lendemain, il dormait devant nous tellement il n'avait pas dormi de la nuit, mais une créativité fantastique. Et après, je suis allée travailler chez Chanel, au studio avec Karl Lagerfeld. Et là, c'était aussi complètement extraordinaire parce que c'était l'opposé. C'est une maison traditionnelle française, très, très, très ancrée dans Mademoiselle Chanel, Gabrielle Chanel, une femme qui, à l'époque, a poussé les portes, a créé... un nouveau rapport au vêtement par le jersey, où le corps était souple, ce qui à l'époque était complètement révolutionnaire. Et Karl Lagerfeld, qui est la personne la plus brillante et la plus intelligente, je dois te dire, avec qui j'ai travaillé. on s'amusait beaucoup au studio et en même temps, on travaillait énormément, sans horaire. Et là, j'avais un poste de coordination de studio dans le prêt-à-porter parce qu'il y avait deux départements, le prêt-à-porter et la haute structure. Et moi, j'étais vraiment prêt-à-porter. C'était un rôle passionnant parce que j'étais en lien avec les ateliers. Donc, il y avait l'atelier flou pour les robes et les chemisiers et l'atelier tailleur pour tout ce qui était veste, manteau, etc. Il se trouve que je suis restée même en relation avec la responsable de l'atelier tailleur qui est maintenant à la retraite. Mais on a gardé des liens tellement c'était fort et on préparait les essayages. Si vous voulez, Karl Lagerfeld dessinait tout, absolument tout. Il nous envoyait les croquis. ça passait aux ateliers on débriefait avec les ateliers les ateliers faisaient des toiles et après monsieur Lagorfel venait pour faire les essayages on avait commandé les tissus en amont il y avait déjà un peu les échantillons de tissus qui étaient là et à ce moment là on matchait quand ils voyaient le modèle, ils disaient Ah ben, Chantal, dans quel tissu on va faire ça ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Et comme un petit supermarché, on avait le choix de choisir tel tissu plutôt que tel autre, et on construisait la collection. En fait, une collection, ça se construit, c'est comme un puzzle. Et j'étais aussi en relation, ce rôle de coordination, avec le marketing, qui, eux, avaient étudié ce qui s'était vendu, pas vendu, quelles étaient les attentes des boutiques, et... et la production, parce que la production c'est aussi très en amont. Il faut que les patrons soient au point, donc il y a des petits ajustements entre ce qui est fait, ce qui est présenté au défilé et après dans les boutiques. Léger ajustement, mais pour que la vestibilité soit le mieux, et aussi les tailles. que ce soit aussi beau en 1938 qu'en 1944. Et après, on construisait la collection comme ça. C'était un moment assez extraordinaire parce que Karl pouvait arriver avec énormément de livres. et d'envie qui déchiraient les pages devant nous la première fois que je l'ai vu déchirer un livre en disant, mais enfin Chantal j'en ai trois, j'ai trois fois le même j'en ai un pour moi, il y en a un qui me déchire et il y en a un c'est pour les ateliers ou pour vous offrir, ou je garde chez moi et ils pouvaient s'inspirer aussi bien des bijoux étrusques qui transformaient en broderie sur des vêtements, c'était jamais tel quel c'était toujours travaillé c'est jamais je prends une image je fais la même chose et ça c'est une gymnastique assez extraordinaire et puis on écoutait de la musique en même temps qu'on travaillait c'était une très très bonne ambiance je suis restée 8 ans chez Chanel et puis il y a une nouvelle équipe qui est arrivée et je suis partie au moment où Karl commençait son régime à l'époque je l'ai connu il était comme on a pu voir certaines photos et donc il avait envie de changer aussi d'équipe ça correspondait à un tournant dans la maison et j'ai préféré partir et je suis allée chez Sonia Riquel et là c'était merveilleux de travailler avec une femme qui elle-même essayait les vêtements qui était en train elle-même de constituer une nouvelle équipe au niveau du studio, avec un directeur de studio, Tom Van Lingen, qui était un Hollandais. Et moi, je m'occupais des tissus de nouveau, et de la coordination avec la production. et le marketing, et on est restés tous très très amis. En fait, la mode peut être une famille. Si on arrive à comprendre les codes, qui sont assez obscurs, qui sont très présents, mais qui sont aussi très forts. Alors, ce sommaire Ikel, c'était assez extraordinaire, parce qu'on travaillait sur la moquette. à plat ventre. Elle adorait les imprimés. Donc, elles faisaient dessiner par des graphistes, des imprimés, ou par les usines aussi, qui avaient leur propre usine de graphique. Elles pouvaient donner des thèmes. On avait après les dessins et on faisait les couleurs sur les imprimés. Et ça, j'étais comme un poisson dans l'eau, mais c'est quand même assez compliqué. Parce que quand il y a un dessin avec... 20 couleurs, il faut que les 20 couleurs se parlent et se répondent entre elles et elles pouvaient dire ah bah non j'aime tout, mais sauf ce rose donc il faut changer ce rose, bon si on change le rose, il faut après adapter les autres couleurs donc, mais les imprimés c'était très fort donc pour ça j'allais très souvent dans les usines en Italie Oui, principalement en Italie, pour faire nos propres imprimés avec nos couleurs et aussi des tissages. On faisait faire des tissages très spécifiques et bien sûr, chaque maison fait sa propre gamme de couleurs. C'est la force de ces maisons parce que chaque maison raconte une histoire. et les histoires sont différentes. Voilà, je suis restée trois ans chez elle, et puis elle adorait lire, donc on partageait beaucoup en littérature ou en théâtre, elle était au courant de tout, et très famille. Donc il y avait sa fille Nathalie qui travaillait, qui s'occupait de la communication. Quand il y avait ses petites filles qui passaient, elle leur demandait, ça vous plaît cette robe ? Donc c'était très familial, et en même temps très ancré aussi dans la boutique. Elle habitait juste en face. le samedi on ne travaillait pas, elle allait à la boutique, voir, rencontrer les clientes, elle était vraiment très proche du produit. Après je suis allée chez Hermès, à l'époque de Jean-Paul Gaultier, alors là un monde luxe, luxe, luxe, avec une qualité… Avec mon bagage Chanel, je me disais, le luxe, je connais. Eh bien, non. Hermès, c'est encore un luxe encore plus performant, dans le sens où c'est d'abord des celliers. Donc, c'est d'abord une maison de cuir, qui sont beaucoup plus anciennes que Chanel. C'est une maison très masculine, je trouvais, où la mode a toujours été là, mais ce n'est pas leur cœur de métier. Leur cœur de métier, c'est vraiment le cuir. Et donc, la mentalité n'est pas tout à fait pareille, mais c'était extraordinaire de travailler. C'était à Pantin, où trois étages en dessous, on voyait les ouvriers. la poudre, le sac, une cantine incroyable, un environnement extraordinaire aussi au niveau, et une équipe très étonnante avec des parcours très différents et très ouverts. Là, j'étais directrice du studio. J'arrivais après à un passage très important où Martin Margiela avait travaillé huit ans et où arrivait Jean-Paul Gaultier. Et c'était de manière très différente de travailler. Donc, c'était un rôle de fusible avec... des tensions et en même temps des moments fantastiques. Pendant les essayages, Jean-Paul Gaultier est quelqu'un, c'est un arc-en-ciel d'idées. Donc, devant un vêtement, il peut se lever, prendre un bout de tissu, le draper et en faire un pantalon. Enfin, donc, en même temps, ça partait dans tous les sens, donc il fallait essayer de recadrer, et en même temps, une imagination débordante. donc c'était et il voulait bousculer les codes et donc j'avais mon mon rôle était aussi d'expliquer à la direction que c'était peut-être intéressant de faire de la dentelle chez Hermès et la direction me disait ah mais non, il n'en est pas question c'est pas possible de la dentelle chez Hermès et on a réussi à faire une dentelle avec les calèches avec l'univers Hermès mais il fallait convaincre des deux côtés donc c'était passionnant je suis restée 3 ans et après j'ai eu besoin de souffler un peu ça faisait plus de 35 ans que je travaillais dans ce milieu et j'ai commencé, il y avait 2 collections par an et chez Hermès il y avait 4 voire 6 collections par an donc on pourra parler de ce problème de la de réguler tout ça mais c'est on est en permanence à trouver de nouvelles idées, on est en permanence à acheter des tissus, on est en permanence à toujours courir pour proposer autre chose. Donc j'ai fait une petite pause et à ce moment-là je me suis installée en Corse, je dois dire, où j'ai commencé à m'installer provisoire, enfin pas tout le temps, une partie de l'année, où ça m'a bien posée au milieu de la nature et d'un endroit absolument magique. Et en Corse, j'ai été contactée par la Maison Dior, homme. et tout d'un coup je me suis dit ah bah oui j'ai jamais travaillé pour l'homme donc c'est génial et j'ai travaillé 5 ans chez Dior Homme avec un directeur artistique belge Chris Van Hache et ça a été extraordinaire aussi parce que j'ai appris encore des nouvelles choses la construction des vêtements hommes n'a rien à voir avec les femmes, et donc j'ai appris plein de choses. Et c'était, puis Maison Dior, LVMH, M. Arnault, c'était très important de présenter la collection à M. Arnault, deux fois par saison, avec un challenge. très fort et une équipe de studio fantastique avec des gens très créatifs et c'était génial voilà en grande ligne ce que j'ai fait et au bout de 40 ans j'ai dit ben voilà je suis très contente de m'arrêter j'ai mis 6 mois à récupérer physiquement j'ai dormi pendant 6 mois de ne plus avoir de rythme, de ne plus avoir d'horaire, c'était indispensable. Et là, j'avais déjà l'idée, grâce à la Corse, de faire une petite incursion à l'école du paysage de Versailles, parce que je trouvais que, d'abord, on avait un terrain tout à fait en pente, avec une pente très importante, 18%, et je ne voulais pas faire n'importe quoi. Ah. Et donc j'ai fait un premier module, la première année, en histoire des jardins. Et ça, je dois dire que c'était assez merveilleux, parce que c'était une historienne de l'art, Chiara Santini, une italienne, et elle nous a expliqué toute l'histoire des jardins du Moyen-Âge jusqu'au XIXe, pendant trois mois, et après c'est des intervenants qui nous ont fait l'histoire des jardins du monde. donc le Japon, la Chine, avec tout ce que ça comporte, c'était, je ne voulais que de la théorie. Et la deuxième année, par contre, c'était le deuxième module, c'était connaissance des végétaux et ses utilisations. Et là, c'est pareil, chaque semaine, c'était un intervenant différent, donc entre la palette méditerranéenne et au contraire, le jardin du désert, et avec les plantes, et c'était en formation continue, et on était mélangé aux étudiants. Donc ce mélange de personnes qui avaient un parcours professionnel et d'étudiants, c'était hyper tonique. Et même si c'était qu'une fois par semaine, c'est ce qu'il me fallait pour réintégrer tout ce qu'on avait appris. D'accord. Après quand je suis arrivée en Corse, toute cette nature, je connaissais principalement les oliviers. bien sûr, les chaînes, le maquis, mais pas vraiment précisément. Et j'ai trouvé une formation d'une semaine qui était géniale, qui s'appelait stage sauvage jaune médicinal et comestible. Et il y avait Cécile Billard qui nous apprenait comment reconnaître les plantes et les transformer pour les manger. il y avait une naturopathe et il y avait un ethnobotaniste Grégory Lemoyne qui nous montrait toutes les plantes et qui nous les détaillait et à cette occasion je lui ai posé la question s'il connaissait quelqu'un qui faisait de la teinture végétale parce que ça me trottait dans la tête depuis un moment effectivement moi dans les années 70 j'avais 15 ans et dans ma baignoire je faisais déjà des essais avec des teintures d'ilons de l'époque donc complètement polluantes mais il y a des essais de teinture je mélangeais déjà les couleurs je faisais déjà des essais de de forme, et je teignais mes draps. Donc, j'avais quand même ça déjà depuis longtemps. Et il m'a indiqué le nom de Marie-Marie, un nom magique. Surtout, elle est venue faire une formation en Corse six mois après, en novembre. où on était une dizaine, et c'était sur la laine. Et là, j'ai su que c'était... Voilà, c'était ce que j'allais faire maintenant. Parce que Marie est extrêmement pédagogue, extrêmement... synthétique dans ses explications. Donc, première chose, on a fait de la cueillette avec elle et c'est ce que je continue de faire. Moi, ce qui m'intéresse, c'est vraiment la cueillette. Ce n'est pas d'acheter sur Internet de la poudre de chlorophylle. Ça ne m'intéresse pas. voilà parce que j'ai besoin d'avoir ce lien de savoir où je l'ai trouvé et en même temps je rencontre des gens quand je cueille donc ça fait beaucoup d'interactions qui sont importantes et avec Marie on a fait ce stage sur de la laine alors j'étais un peu déçue parce que laine j'imaginais au départ mais c'était des échevaux de laine plus pour tricoter moi j'imaginais tout de suite tissu métrage et donc j'ai pu après transposer tout ce qu'elle nous avait appris sur des métrages Et là, j'ai rencontré des personnes très intéressantes, dont Alice et Marion. Et je dois dire qu'une fois le stage fini, c'est grâce à Marion qui m'a rappelé et qui m'a dit tu ne crois pas qu'on pourrait essayer à deux ? parce qu'on habitait pas loin l'une de l'autre et ça m'a permis de me jeter à l'eau je suis pas sûre que seule j'aurais fait le pas, j'hésitais je disais demain, demain, demain et quand on est deux pour mettre le pied en tout cas ça nous a permis, on faisait chacune de notre côté on se voyait de temps en temps on s'envoyait des photos ça a accéléré beaucoup le mouvement parce qu'en fait un an après avoir fait le stage de... Avec Marie, j'ai créé ma marque Costa Flora. Costa parce que j'habite à Costa, le village de Costa. Et Flora parce que c'est la flore en Corse. Et moi, je voulais faire toutes les matières, entre guillemets. C'est-à-dire, je voulais teindre la laine et la soie. Et je voulais teindre le coton et le lin. Et je voulais faire principalement des écharpes parce que j'en porte. presque une écharpe c'est autour du cou ça peut éclairer le visage on peut être en jean et en t-shirt et on met juste un petit foulard ou une écharpe autour du cou ça transforme complètement la personne et la manière dont on est perçu. Et voilà. Et j'ai commencé en achetant... Alors, je me suis fait trois axes, c'est-à-dire j'ai acheté chez Fibre Bio, adresse extraordinaire... des écharpes toutes faites, tissées en Inde, où il y a un grand respect, elles sont déjà prêtes pour la teinture, en laine. Et leurs écharpes en laine sont absolument superbes. La qualité, le toucher, le rendu, la dimension, il n'y a rien à dire. Celles en lin aussi. et la deuxième axe c'était je vais dans des endroits où il y a des stocks dormants c'est à dire c'est des maisons qui rachètent des stocks des maisons de couture parce qu'il y a des déchets gigantesques et il y a trois, quatre adresses à Paris où là soit c'est des ponts qui sont déjà préparés de trois mètres mais si on va au fond du magasin c'est des rouleaux et là on prend les métrages que l'on veut et le troisième axe c'est de la seconde main donc sur des sites spécialisés de seconde main j'achète des écharpes avec soit des carreaux des écossais, des tissés teints plutôt et que je surteins donc il y a toujours un peu de blanc dans ce que je commande et ça transforme complètement du noir et blanc je passe du beige au noir ou du rouge je ne fais pas vraiment de rouge mais il y a d'autres couleurs qui sortent et ça me fait mes trois axes super bon Chantal c'était comme je disais un super parcours donc je vous ai laissé vraiment tirer le fil c'est le cas de le dire de toutes ces maisons de mode et l'arrivée vers la couleur végétale moi ce qui me fascine et ce que je retire de tout ce parcours là et du lien avec la couleur végétale c'est votre rapport à la matière alors j'ai une question qui est euh Donc la teinture végétale ne se pratique que sur fibres naturelles. Et en fait, dans votre parcours dans les maisons de luxe, vous avez beaucoup travaillé des matières qui étaient plutôt quand même, enfin aussi des matières synthétiques. Est-ce que ce n'est pas frustrant quand on veut soi-même apposer de la couleur, être entre guillemets un peu plus restreinte dans le choix des fibres qu'on a à disposition ? Alors... Pour moi, non maintenant dans la teinture végétale, parce que de la viscose, teindre de la viscose on pourrait, puisque c'est une belle viscose, c'est cellulosique, donc si c'est vraiment tiré de la fibre du bois, on pourrait la teindre. Maintenant, trouver des belles viscoses, c'est très compliqué. voilà, mais c'est vrai qu'en faisant vos écouteurs rentrent très bien alors chez Thierry Mugler on avait une spécialité, on a été les premiers à utiliser le polyester c'est un terme qui fait fuir tout le monde mais pas chez nous parce que c'était un gage de modernité dans le sens où ça ne se froisse pas et surtout on avait trouvé des fabricants au Japon qui, à l'époque, dans les années 80, le polyester était aussi cher que la laine, j'allais dire, parce que c'était des fils extrêmement fins et très bien travaillés, et on faisait faire des crêpes de polyester. Et la crêpe de polyester, c'est un fibre qui est retordu plein, plein de fois, et ça donne une fluidité dans la matière, ce qui faisait que, quand on bougeait, la jupe bougeait autour de nous. Donc ça c'était fascinant, mais c'était effectivement un partenariat avec le Japon, où j'ai fait faire des tissus très spécifiques en polyester. Alors par contre en polyester, le noir par exemple, ça ne fait jamais un beau noir. ça sera toujours un noir un peu gris par contre les couleurs, oui les autres couleurs, oui, mais ça ne faisait pas un très beau noir ce qui nous arrangeait parce qu'on était dans des coloris plutôt vifs donc ça moi je garde un très beau souvenir des très beaux polyesters du reste, à la même époque Issey Miyake a lancé son concept Please Please avec des plissés C'était une ligne qui existe toujours et lui-même il a fait aussi faire son propre tissu parce que le polyester du coup reste plissé, ça ne se déplisse pas. Donc ça a donné une ouverture au niveau des formes. On peut avoir encore dans nos armoires des tissus plissés de Miyake, 40 ans après. Du reste, souvent les mères le redonnent à leurs filles, parce que c'est des vêtements qui vieillissent très bien quand le polyester est de très bonne qualité. Ce qui n'est plus le cas du tout maintenant. même dans les maisons de luxe le polyester c'est plus d'excellente qualité ? non maintenant ils n'en utilisent pas ils n'en utilisent plus ils n'en utilisent plus ils utiliseront encore un peu de viscose ou ils la mélangeront viscose coton ou viscose laine mais en polyester non parce que la connotation est devenue tellement mauvaise que voilà alors peut-être un peu encore au Japon mais plus en Europe

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Je voulais savoir, Chantal, si vous aviez des astuces. Vous avez parlé de déguiser son œil, déguiser sa main au toucher des matières pour les reconnaître. Sur la teinture végétale, on est sur une gamme plus courte de matières naturelles. Pour autant, il y a beaucoup de différences de tissus finalement. Moi, naïvement, je commande de la soie. pour faire des essais. En fait, je reçois une soie épaisse, etc. En fait, il y a différents types. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu les différents types, vos petites astuces pour reconnaître des tissus ? Comment vous vous faites pour un tissu ? Il n'y a pas d'étiquette, il n'y a rien. Savoir quelle matière c'est, si vous avez des petites astuces à nous partager.

  • Chantal Guillon

    Moi, c'est l'expérience principalement qui maintenant, effectivement, quand je vois un tissu, je sais à peu près ce que c'est. Mais ce qui est très important, c'est le poids. Quand vous commandez un tissu, il faut absolument avoir le poids du tissu, qu'il soit en mètre linéaire ou en mètre carré. Ça donne une dimension. donc après il faut se faire je pense que sur internet on peut trouver des tableaux qui retranscrivent ce que c'est alors effectivement en soie on peut passer d'un plongé de soie pour doubler qui est très très fin à un crêpe de soie qui est très lourd ou à du taffeta et le taffeta ça ne va pas se teindre ça sera toujours raide c'est cassant ça va faire des cassures dans la teinture donc évitez de toute façon le taffeta effectivement il y a différents de soi moi c'est tellement quand je vois un tissu je vois tout de suite comment ça va devenir alors c'est difficile à partager au niveau de l'expérience mais le poids guide énormément ça c'est sûr il faut absolument toucher et il ne faut pas hésiter à faire tomber le tissu, le bouger le mettre un peu sur soi quand on est même dans une boutique on déroule un mètre de tissu et on le met vertical et on voit s'il tombe bien je pense qu'il faut jouer avec c'est pas figé c'est vivant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Après Chantal, il y a quand même quelques opérations. Je vois quand on reçoit son tissu et qu'on le prépare pour la teinture, donc si ce n'est pas du tissu prêt à teindre, il y a quand même des opérations. Moi, je vois mon mordansage rend parfois ma fibre, mon lin un peu plus effet cartonné. Alors, il y a des astuces pour enlever ça, mais je veux dire, c'est compliqué de… Enfin, vous, c'est votre expérience, mais je veux dire, c'est compliqué quand même de se dire, tiens, ce tissu-là, une fois teint, après tout ça, va avoir une souplesse et un… C'est vraiment la pratique qui va guider le choix.

  • Chantal Guillon

    c'est vrai mais le lin par exemple alors j'ai quelqu'un à côté de moi qui teint aussi et qui elle alors que c'est tout le monde dit sur ce que je vais jamais le faire par exemple elle le met dans sa machine à sécher à sécher le linge et elle trouve et je suis d'accord que ça l'assouplit donc à essayer la vapeur la chaleur, la chaleur change aussi beaucoup d'accord effectivement, il faut surtout... Ils sont tous apprêtés, les tissus. Donc moi, ils passent 2, 3, 4 jours dans la baignoire pour essayer d'enlever l'après. Et les lavages sont très importants. Mais la chaleur, la chaleur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors, moi, j'avais une question de pure débutante, parce que moi, le milieu de la mode et du textile, ce n'est pas du tout mon milieu. Et j'avoue, j'ai énormément de mal à trouver une source qui permettrait d'identifier les différentes matières. Donc, les matières, les grandes matières, le lin, on l'a dit, la soie, la laine et le chanvre, la fibre, je comprends. Ces différentes... ces différents tissus qui sont déclinés en dessous, j'ai énormément de mal à identifier. Parce que comme je vous disais l'exemple avec la soie, j'ai voulu faire des essais de teinture sur soie. J'imaginais moi une soie hyper légère, hyper… Et en fait, ils m'ont envoyé un truc super lourd, un peu presque cartonné. Alors oui, c'est de la soie, j'ai la preuve. Mais en fait, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et en fait, je cherche des ressources. Donc, j'ai regardé dans les bouquins. Je ne dois pas avoir les bons bouquins. J'ai regardé sur Internet. Est-ce que vous, vous avez une source ? qui permettraient d'identifier par type la soie, les différentes, je ne sais même pas comment ça s'appelle, les différentes matières issues de la soie ?

  • Chantal Guillon

    Alors, je crois, j'ai entendu parler d'un livre, qui est l'histoire des tissus, mais je n'ai pas du tout les références. D'accord. Je vais essayer de les avoir et je vous en ferai part. Parce qu'effectivement, il y a des livres qui expliquent, mais c'est très technique. Donc... voilà donc il faut les apprendre en fait oui ne pas hésiter quand vous êtes hors de, quand vous êtes en ville entre guillemets d'aller dans des boutiques ou même dans les magasins de vêtements et de toucher parce qu'il y a toujours la composition qui est notée donc c'est vraiment un apprentissage ça je trouve que c'est une ressource je trouve que c'est une ressource c'est vrai les soies il y a tellement de types de soies entre il y a le crêpe de Chine qui est la soie la plus facile autour du cou mais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je pense qu'il y a un dictionnaire des tissus d'accord je vais chercher ça et je prendrai aussi votre ressource en livre comme ça on essaiera de mettre dans le descriptif mais voilà moi dans tout ce que vous avez raconté je vois bien donc cet aspect connaissance de la fibre et vous avez parlé de votre rôle dans le choix couleur et votre oeil qui était vachement aiguisé un avantage quand même de la teinture végétale c'est que peu importe la couleur qu'on fait on est d'accord qu'elles vont toutes ensemble

  • Chantal Guillon

    absolument elles se répondent et c'est tout à fait étonnant il n'y en a jamais une qui va interférer sur les autres et c'est exact ce que vous dites, c'est tout à fait ça qui est fascinant alors moi au niveau expérience couleur 40 ans j'ai changé beaucoup je crois qu'il ne faut pas rester figé dans des schémas et il y a beaucoup de gens autour de moi qui disent ah mais moi je n'y connais rien en couleur on ne m'a pas appris ça s'apprend et ça s'apprend pas je crois qu'il faut se faire confiance il y a plein de gens qui disent mais moi choisir la couleur de mon rideau il faut que tu m'aides, je dis bah non tu regardes, tu vois tu essayes parce qu'il faut que ça vienne de toi et c'est vrai que dans la teinture végétale il n'y a pas ce rapport là parce que toutes les couleurs s'unifient c'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable c'est incroyable parce qu'on a beau moi je suis en phase d'expérimentation je rappelle ça vraiment comme ça je fais des tests absolument farfelus parfois ou plus structurés pour reproduire ce qui a été en formation etc mais en fait je trouve que c'est vraiment hallucinant parce que il n'y a aucune faute de goût aucune faute de goût possible. Et donc, je me dis, ça décomplexe les gens qui n'ont pas forcément un œil aiguisé sur la couleur. Et donc, c'était pour moi aussi un rebond par rapport à votre parcours quand vous parliez de la couleur. J'avais des questions, Chantal. Est-ce que vous pouvez nous citer les plantes que vous travaillez dès la cueillette ? J'ai bien compris que c'était des plantes issues, enfin, corses typiquement. Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-unes et les couleurs qu'elles vous donnent et puis vos préférées ? N'hésitez pas à nous les dire.

  • Chantal Guillon

    Alors, il y a l'immortelle qui vient en premier parce que d'abord, c'est une plante endémique encore. C'est qu'elles sont venues naturellement autour de la maison sans que je les ai plantées. Et c'est une plante que je peux cueillir toute l'année, entre guillemets. Je peux la cueillir en même temps en novembre. Et maintenant, là, elle va commencer à fleurir. Ça fait un jaune dans les fleurs magnifiques. Et après, en teinture, ça fait un coloris un peu curry. jaune, un jaune très très profond et la chose qui est extraordinaire avec l'immortelle c'est qu'elle a une odeur très forte et que ça reste dans les tissus comptins donc ce sont des tissus qui sentent bon donc il y a l'immortelle en priorité il y a le pistaché lentisque aussi qui pousse beaucoup ici et qui fait aussi un très beau jaune qui peut virer au vert si on met un peu de cuivre dedans Il y a la myrte, pareil, tout ça on est un peu dans les jaunes, dans les caquilles, un peu dans les beiges. Et il y a les cistes. Alors il y a le ciste de Montpellier qui a des feuilles blanches et l'autre, le ciste, je ne sais plus, qui a des feuilles violettes. Et là, autour de moi, c'est envahi. ça fait aussi dans les tons un peu jaunes il se trouve que j'ai un mimosa dans mon jardin dont une branche est tombée suite à la tempête et du coup avec l'écorce l'écorce de mimosa ça fait un beige rosé absolument extraordinaire un coloris très doux et très très beau il y a des eucalyptus autour de moi aussi alors ça fait plutôt des beiges chez moi il y a des jardins abandonnés avec des iris et des iris qui ont été plantées il y a très très longtemps donc c'est des iris bleues qu'on trouve pratiquement un bleu très très fort et là ça fait un peu de bleu vert des fois avec des taches, je dois dire, ce n'est pas facile à teindre l'iris. Et les oliviers aussi, il y a beaucoup d'oliviers, les feuilles d'oliviers, c'est un très beau jaune aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et pourquoi les iris font des taches plus que d'autres ?

  • Chantal Guillon

    Parce que moi, j'ai appris à le teindre avec la fleur fraîche. Donc, je mets et le tissu et la fleur en même temps.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah oui, d'accord.

  • Chantal Guillon

    Je peux remuer. Et j'ai des... Donc, je... je vais retourner faire un stage avec Marie Marquet j'ai besoin encore de me perfectionner et je vais lui poser la question avec mes échantillons et là qu'est-ce qu'il y a pu se passer

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Chantal en ce moment c'est le mois où Marie Marquet répond aux questions des auditeurs donc sur Instagram vous avez la possibilité d'écrire votre question donc je compte sur vous pour aller la mettre tout de suite après l'enregistrement parce que c'est Marie Marquet qui répond aux questions et botanique et fibre etc pour les trois mois du podcast j'attends votre question du coup ça c'est chouette ok donc on a fait un tour donc c'est vraiment des plantes locales etc vous votre volonté c'est vraiment de partir de la de la cueillette vous n'êtes pas pour les extraits c'est ce lien que vous voulez garder j'ai une question vraiment un peu hum qui bouscule un petit peu, c'est que vous avez été dans un monde de la mode très structurée, très tournée vers la qualité, les exigences, etc. Est-ce que vous pensez, Chantal, que les maisons de luxe telles que celles que vous avez expérimentées, on va dire, pourraient passer à la couleur végétale ou non ? demain ?

  • Chantal Guillon

    Alors, pour eux, leur principale manière de penser, c'est qu'est-ce que ça va me rapporter ? Quel est mon intérêt de le faire ? Alors, quel est l'intérêt de le faire ? Pour eux, pas grand-chose, en fait, à part être dans le mouvement général du changement climatique et autres, mais pour ça, ils ont du greenwashing, ils ont des communicants qui communiquent, et donc, derrière, c'est pas exactement la même chose. Par contre, je trouve qu'il y a une maison où ça aurait du sens de le faire, c'est la maison Chanel en haute couture. parce qu'il pourrait faire teindre des fils en teinture végétale et faire un tissage de tweed, qui est la base de la maison. Parce que Marcelle Chanel, figurez-vous, dans les années, je ne sais plus exactement, a été fascinée par les couleurs qu'elle trouvait en Écosse et en Irlande, qui n'étaient pas les mêmes couleurs qu'on trouvait en France, et elle allait faire faire ses tissus là-bas. et donc et elle avait raison c'est très intéressant les couleurs irlandaises et anglaises ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres et je trouve que là il faut que s'il y ait un lien avec l'histoire de la maison en même temps il suffit qu'il y en ait une qui commence pour que les autres commencent mais ils font 6 collections par an si c'est pour faire tout d'un coup une collection qu'en teinture végétale et puis après on passe à autre chose, on y aura perdu la teinture végétale finalement ce sera juste comme une capsule qui aura fait un effet de mode un effet de mode et c'est pas ça dont on a besoin je trouve avec la teinture végétale il faut que c'est un vrai changement profond mais ils y sont sensibles ils sont au courant il y en a certains qui sont plus sensibles que d'autres, Christophe Lemaire qui a été très longtemps chez Hermès qui a sa propre marque lui fait des gammes de couleurs à partir de teinture végétale pour une saison, il l'a fait et voilà, donc il y a quand même des gens que ça interroge après au niveau industriel que ça passe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    parce qu'il faut voir les processus en production par rapport au cahier des charges notamment dans le luxe qui sont plus exigeants ah oui oui oui c'est ça que la couleur puisse résister même

  • Chantal Guillon

    aux lumières en boutique en Chine, pour passer les douanes, c'est... Alors, bon, c'est des prétextes, mais en attendant, c'est là, c'est les lois. C'est terrible. Donc, l'ententeur végétal, alors là, on oublie tout de suite.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et ce que j'allais vous demander,

  • Chantal Guillon

    c'est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comment on va dire ? Ok, elles pourraient changer soit pour une histoire d'image, soit pour une histoire de lien avec, comme vous expliquez pour Chanel, de lien avec l'historique de leur maison. Est-ce que vous pensez que la réglementation... pourrait inciter ces grandes marques à bouger ou ce n'est pas un levier qui les perturberait vu les budgets qu'elles ont, etc. ?

  • Chantal Guillon

    Non, ce n'est pas un levier qui va les… Non, ce n'est pas la réglementation parce que… Qui va changer quoi que ce soit. Non, non. Ils ont besoin… Par contre, ils ont besoin d'être dans l'air du temps. Donc, ils ne veulent pas être à la traîne. Donc, il faut quand même qu'ils soient… dans la réalité de ce qui se passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc, c'est plutôt via les consommateurs que ça pourrait changer. Si leurs consommatrices, consommateurs sont plus sensibles à la couleur végétale ou sont intrigués par ça, ça pourrait bouger via les consommateurs.

  • Chantal Guillon

    Je pense que non, il faudrait que ça passe par la presse. Non, il faudrait que ça passe par la presse. Ah,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    la presse ! Ok, je n'avais pas pensé à ça. D'accord,

  • Chantal Guillon

    ok. Il n'y a aucun journaux de mode qui parle de la tente. végétales, à part peut-être l'EL, en été faites votre t-shirt en taille en verne, parce qu'il parle, c'est le but. J'ai jamais vu un article dans tous les journaux de mode qui parle de la teinture végétale. Et ça, il faut que ça passe par la presse, il faut que ça passe par la communication, que ce soit les réseaux sociaux ou autres, mais il y a un vrai travail à ce niveau-là, je pense, pour faire changer l'image.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah génial, ça c'est vraiment un axe que j'avais pas trouvé enfin un consommateur oui mais la presse c'est vrai qu'en fait pour les maisons de mode c'est quand même hyper important, j'avais pas pensé à ça j'avais une avant-dernière question pour vous Chantal si vous étiez une plante tinctoriale, laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Chantal Guillon

    Alors l'immortelle ça c'est sûr D'abord, c'est emblématique de la Corse. Il y a une odeur et l'odeur, je l'adore. Elle fait un coloris curie très profond, spécialement profond. Et je suis entourée autour de moi et elles sont venues naturellement autour de la maison. Donc, ça me touche beaucoup.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Est-ce que vous avez des personnes inspirantes que vous aimeriez nous citer, qui vous ont inspiré sur la couleur végétale ou dans votre parcours ?

  • Chantal Guillon

    Alors figurez-vous que moi, ce qui m'a inspirée, c'est Henri Matisse, parce que ce peintre a toujours mis des tissus en arrière-plan de ses peintures, que je suis allée au musée de Cato-Cambrésie. pas loin de chez moi et c'est extraordinaire sa collection de tissus il avait une collection de tissus et son rapport à la couleur m'a beaucoup beaucoup influencé pendant tout mon parcours d'accord ok voilà

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    autre question est-ce que vous auriez un ou plusieurs livres à recommander aux auditeurs

  • Chantal Guillon

    absolument alors moi d'abord il y a un roman que j'adore de Olivier Bles qui s'appelle Pastel qui est chez Gallimard qui est un roman merveilleux ça se passe au 15ème siècle du côté d'Albi comment un teinturier spécialiste du rouge découvre le bleu et donc c'est sur la teinture végétale au XVe siècle. C'est un roman, mais c'est un pur délice à lire. Après, moi j'ai beaucoup aimé un livre de l'histoire des couleurs. de Manlio Brusatin B-R-U-S-A-T-I-N qui est un italien qui est de la théorie mais c'est entre l'art et la science entre la physique et la psychologie et je trouve que c'est important de la voir il est historien de l'art et il est architecte et puis un livre beaucoup plus poétique de Darek Jarman J-A-R-M-A-N qui s'appelle Chroma un livre des couleurs Alors lui, il a fait du cinéma, il a fait un jardin incroyable, complètement minéral. Il était touche à tout et il parle des couleurs comme personne n'en parle.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord génial c'est top Chantal c'était trois bouquins qu'on n'a jamais abordé sur le podcast et en plus un roman donc c'est top comme c'est bientôt le moment de Farniente on va dire ça va faire du bien aux lectrices c'est génial est-ce que vous avez un mot de la fin Chantal avant qu'on ne se pose la dernière question qui est à qui vous passez le micro

  • Chantal Guillon

    Alors, à qui je passe le micro ? Moi, je pense que c'est très important d'interviewer Catherine Legrand, qui est une créatrice très textile et qui fait une collection de tissus, de costumes, de parures, d'accessoires, qui avait fait une très belle exposition Indigo. À la Bibliothèque Fornay à Paris il y a assez longtemps, elle a fait un livre Indigo et cette exposition avec tous les vêtements teints en indigo dans le monde entier a absolument été vraiment un coup de cœur. Elle a fait un autre livre aussi sur les vêtements du monde et je trouve qu'elle a un regard panoramique qui est important. Alice Lanzini qui a le compte Instagram que j'ai donc découvert au stage de Marie Marquet qui est à l'écorce travaille en Corse et fait la teinture végétale et essaye d'en vivre et puis un autre compte que j'aime beaucoup sur Instagram qui vient du Mali qui s'appelle Bakoji Voilà, c'est des gens qui m'inspirent. Et il y a certains contes au Japon aussi qui sont assez fascinants. Oui, j'ai juste une chose que je voudrais rajouter, que je trouve très importante, c'est l'image de la teinture végétale. Il faudrait qu'on sorte l'image de la teinture végétale des années 70, parce que ça colle à la peau. Et du coup, on ne pourra pas avancer à tous les niveaux si on ne sort pas de... du tie and die de voilà donc je trouve que il y a un gros travail à faire du bundle die, tout ça, ça existait déjà dans la mode quand quelque chose existait, on allait plus loin et là on a l'impression qu'on n'a pas avancé par rapport aux années 70 pas tout le monde, loin de là il y a plein de gens qui ont avancé, il y a une nouvelle génération qui arrive mais alors qu'ils y aillent

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ouais d'accord donc c'est aussi un des dans les leviers dont on a parlé tout au long du podcast c'est aussi un levier d'image qu'on n'avait pas du tout identifié qui est hyper intéressant et oui enfin comment dire une sorte de renouveau qu'il faudrait qu'il faudrait venir apporter pour montrer que voilà c'est plus comme il dit comme Michel Garcia dit et ça me fait bien rire un truc de hippie bobo c'est plus c'est plus ça ouais on est d'accord ah génial ça c'est très important mais dans la modernité dans la modernité et dans la sophistication oui on aura quelques exemples de créateurs de mode qui vont venir au micro et qui sont dans la dans la mode dans les codes de la mode mais avec la couleur végétale mais revisité et franchement je pense que ça va être hyper intéressant ces épisodes de podcast aussi non bah top bah écoutez merci beaucoup Chantal bah merci Pauline Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:36

  • Présentation de Chantal Guillon et son parcours

    00:43

  • Les débuts de Chantal dans la mode et la couture

    01:22

  • Expérience chez Thierry Mugler

    03:58

  • Travail avec Karl Lagerfeld chez Chanel

    07:26

  • Rôle chez Sonia Rykiel et Hermès

    10:33

  • Transition vers la teinture végétale en Corse

    17:56

  • Création de la marque Costa Flora

    23:11

  • Défis de la teinture végétale dans l'industrie

    25:55

  • L'avenir de la couleur végétale dans la mode

    41:24

  • Conclusion et recommandations de Chantal Guillon

    51:46

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Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, nous avons le plaisir d'accueillir Chantal Guillon, une experte passionnée de la teinture végétale et des plantes tinctoriales. Chantal nous entraîne dans son parcours fascinant, où la mode rencontre la nature. Enfant, elle grandit entourée de verdure et de couture, une dualité qui façonne son amour pour les couleurs végétales. Après avoir étudié à l'école de mode, elle a eu l'opportunité de travailler avec des maisons prestigieuses telles que Thierry Mugler, Chanel et Hermès, où elle a affûté son sens du style et de l'esthétique.


Chantal nous parle de son évolution vers la teinture végétale, un choix qui résonne avec son désir de respecter l'environnement et de promouvoir des pratiques durables. Elle partage avec nous son amour pour les plantes tinctoriales, telles que l'indigo et la garance, et l'importance cruciale de la cueillette dans le processus de création. À travers sa marque Costa Flora, Chantal transforme des matières naturelles comme la laine et la soie en véritables œuvres d'art colorées, tout en mettant en avant le lien indéfectible entre la couleur végétale et la durabilité.


« La couleur est un langage qui parle à nos émotions, et la teinture végétale nous permet de retrouver un lien authentique avec la nature », déclare Chantal. Cette citation résume parfaitement l'essence de notre discussion, où nous explorons les défis que représente l'intégration de la teinture végétale dans une industrie de la mode souvent encline à privilégier des pratiques moins durables.


Au fil de l'épisode, nous mettons en lumière l'importance de la sensibilisation et de l'éducation sur la teinture naturelle, ainsi que la nécessité d'un changement de perception au sein de l'industrie. Chantal aborde également la question des colorants biosourcés et des pigments végétaux, tout en partageant des anecdotes personnelles et des conseils pratiques pour ceux qui souhaitent s'initier à la coloration capillaire végétale ou à l'utilisation de colorants végétaux dans leurs créations.


Ne manquez pas cette belle opportunité d'apprendre des experts et de vous immerger dans le monde vibrant de la teinture végétale et des couleurs de plantes. Écoutez cet épisode d’ArtEcoVert et laissez-vous inspirer par la passion de Chantal pour l'agriculture tinctoriale et la beauté des fibres naturelles.


Pour plus d'informations et des liens utiles, n'hésitez pas à consulter notre site web. Belle écoute !


Pauline


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Chantal Guillon

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Chantal Guillon. Bonjour Chantal. Bonjour Pauline. Alors Chantal, est-ce que vous pouvez nous raconter votre super parcours, j'ai envie de dire, et comment vous êtes arrivée à la teinture végétale ? Alors, donc je suis Chantal Guillon, je suis née dans une famille franco-suisse où très tôt la nature faisait partie de la vie de famille. J'avais une grand-mère maternelle qui était fascinée par les chapeaux, qui en faisait chez elle, et une grand-mère paternelle qui nous emmenait cueillir plein de plantes pour faire des tisanes qui séchaient dans le grunier. et une maman qui faisait de la couture. Je l'ai toujours vue par terre, découpant des patrons. Avec plaisir, elle m'a amenée au marché Saint-Pierre-en-Paris. Et très tôt, elle m'a appris à couper des jupes. Il y avait la machine à coudre ainsi qu'une machine à tricoter. Et donc, j'ai baigné dans ces deux milieux, la mode et la nature, depuis toute petite. Je pense que ça m'a beaucoup influencée. Après, j'ai fait un petit parcours par la danse. J'ai fait une petite... C'était un petit détour parce que je voulais enseigner la danse. Et finalement, je me suis dirigée vers une école de mode qui était le Studio Berceau. Faisant une réelle phobie scolaire, j'ai très vite quitté le milieu d'apprentissage. classique, et je dois dire qu'au studio Berceau, c'était Marie Rucki, la directrice, qui est une école dans les années 80, et qui reste toujours très actuelle maintenant, qui était la seule école qui prenait en compte la personnalité des étudiants. Et donc, elle regardait ce qu'elle pouvait faire émerger de nous. et très vite on s'est rendu compte toutes les deux, elle et moi, que j'avais un sens des couleurs que pas grand monde avait autour de moi, et que les tissus je les connaissais instinctivement, et que c'était une force que n'avaient pas les autres, alors que dans mes dessins de croquis de mode, j'étais pas spécialement innovatrice. Donc autant aller dans là où j'étais très à l'aise. J'ai pu faire très vite un stage chez Thierry Mugler, qui dans les années 80 était la maison de mode dont tout le monde rêvait, parce que c'était quelqu'un qui avait un fort imaginaire très très important. et tout était possible au niveau des vêtements. C'est lui, dans cette époque, qui a déclenché les épaules très larges. Son univers, c'était les étoiles et l'argent, c'était la galaxie. Il était très inspiré par les bandes dessinées, alors que de l'autre côté, en haute couture, c'était toujours les mêmes choses. Voilà, donc c'était un univers très, très, très moderne. Et j'ai travaillé 13 ans chez lui. Je dois te dire que ça a été une formation extraordinaire. Chez lui, j'étais d'abord assistante de la personne responsable des matières et des tissus. Et après, au bout de deux ans, j'étais moi-même responsable des tissus. Alors, petite parenthèse, il faut savoir qu'une collection, ça se prépare au niveau du choix des matières au minimum trois mois avant la présentation. Il faut commander les tissus. qu'une collection, c'est au moins 40 à 50 tissus différents, que chaque tissu a sa propre gamme de couleurs, parce que dans les maisons de mode, c'est une unité, donc c'est une silhouette. Donc, il y a en même temps le haut, les pantalons, les vestes, les chemises, sans compter les accessoires, ça c'est un autre département qui s'en occupe. Donc, j'ai beaucoup joué avec les tissus. Comme j'étais quand même un petit peu autodidacte, on va dire, on apprend deux fois plus vite parce qu'on est obligé de regarder. Et déjà petite, je touchais. Et en fait, le secret pour connaître les tissus, c'est toucher, toucher, toucher en permanence. Se faire même des petits... acheter un tissu de coton, un tissu de soie, un tissu de laine, on les a sous les yeux, on a des petits échantillons, on ferme les yeux et on reconnaît en fermant les yeux. Tout passe par la main, le regard évidemment, parce qu'on voit assez rapidement quand on connaît à force de toucher, et les associations de couleurs, parce qu'effectivement il y a des couleurs qui sont plus belles en laine et en coton, et on le voyait même au niveau des teintures. industrielle donc voilà ça a été une formation et une découverte et Thierry je dois dire m'a appris à augmenter mon regard surtout pas le focaliser mais surtout regarder partout au niveau musique au niveau expositions, au niveau littérature, enfin à tous les niveaux. Alors lui, il avait son propre parcours aussi, c'était un ancien danseur, moi j'avais fait de la danse, donc il y a une rigueur aussi très importante qu'on a partagé tous les deux, et lui, il aimait faire la fête, donc lui, son inspiration, tu pouvais le trouver en boîte de nuit, il arrivait le lendemain, il dormait devant nous tellement il n'avait pas dormi de la nuit, mais une créativité fantastique. Et après, je suis allée travailler chez Chanel, au studio avec Karl Lagerfeld. Et là, c'était aussi complètement extraordinaire parce que c'était l'opposé. C'est une maison traditionnelle française, très, très, très ancrée dans Mademoiselle Chanel, Gabrielle Chanel, une femme qui, à l'époque, a poussé les portes, a créé... un nouveau rapport au vêtement par le jersey, où le corps était souple, ce qui à l'époque était complètement révolutionnaire. Et Karl Lagerfeld, qui est la personne la plus brillante et la plus intelligente, je dois te dire, avec qui j'ai travaillé. on s'amusait beaucoup au studio et en même temps, on travaillait énormément, sans horaire. Et là, j'avais un poste de coordination de studio dans le prêt-à-porter parce qu'il y avait deux départements, le prêt-à-porter et la haute structure. Et moi, j'étais vraiment prêt-à-porter. C'était un rôle passionnant parce que j'étais en lien avec les ateliers. Donc, il y avait l'atelier flou pour les robes et les chemisiers et l'atelier tailleur pour tout ce qui était veste, manteau, etc. Il se trouve que je suis restée même en relation avec la responsable de l'atelier tailleur qui est maintenant à la retraite. Mais on a gardé des liens tellement c'était fort et on préparait les essayages. Si vous voulez, Karl Lagerfeld dessinait tout, absolument tout. Il nous envoyait les croquis. ça passait aux ateliers on débriefait avec les ateliers les ateliers faisaient des toiles et après monsieur Lagorfel venait pour faire les essayages on avait commandé les tissus en amont il y avait déjà un peu les échantillons de tissus qui étaient là et à ce moment là on matchait quand ils voyaient le modèle, ils disaient Ah ben, Chantal, dans quel tissu on va faire ça ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Et comme un petit supermarché, on avait le choix de choisir tel tissu plutôt que tel autre, et on construisait la collection. En fait, une collection, ça se construit, c'est comme un puzzle. Et j'étais aussi en relation, ce rôle de coordination, avec le marketing, qui, eux, avaient étudié ce qui s'était vendu, pas vendu, quelles étaient les attentes des boutiques, et... et la production, parce que la production c'est aussi très en amont. Il faut que les patrons soient au point, donc il y a des petits ajustements entre ce qui est fait, ce qui est présenté au défilé et après dans les boutiques. Léger ajustement, mais pour que la vestibilité soit le mieux, et aussi les tailles. que ce soit aussi beau en 1938 qu'en 1944. Et après, on construisait la collection comme ça. C'était un moment assez extraordinaire parce que Karl pouvait arriver avec énormément de livres. et d'envie qui déchiraient les pages devant nous la première fois que je l'ai vu déchirer un livre en disant, mais enfin Chantal j'en ai trois, j'ai trois fois le même j'en ai un pour moi, il y en a un qui me déchire et il y en a un c'est pour les ateliers ou pour vous offrir, ou je garde chez moi et ils pouvaient s'inspirer aussi bien des bijoux étrusques qui transformaient en broderie sur des vêtements, c'était jamais tel quel c'était toujours travaillé c'est jamais je prends une image je fais la même chose et ça c'est une gymnastique assez extraordinaire et puis on écoutait de la musique en même temps qu'on travaillait c'était une très très bonne ambiance je suis restée 8 ans chez Chanel et puis il y a une nouvelle équipe qui est arrivée et je suis partie au moment où Karl commençait son régime à l'époque je l'ai connu il était comme on a pu voir certaines photos et donc il avait envie de changer aussi d'équipe ça correspondait à un tournant dans la maison et j'ai préféré partir et je suis allée chez Sonia Riquel et là c'était merveilleux de travailler avec une femme qui elle-même essayait les vêtements qui était en train elle-même de constituer une nouvelle équipe au niveau du studio, avec un directeur de studio, Tom Van Lingen, qui était un Hollandais. Et moi, je m'occupais des tissus de nouveau, et de la coordination avec la production. et le marketing, et on est restés tous très très amis. En fait, la mode peut être une famille. Si on arrive à comprendre les codes, qui sont assez obscurs, qui sont très présents, mais qui sont aussi très forts. Alors, ce sommaire Ikel, c'était assez extraordinaire, parce qu'on travaillait sur la moquette. à plat ventre. Elle adorait les imprimés. Donc, elles faisaient dessiner par des graphistes, des imprimés, ou par les usines aussi, qui avaient leur propre usine de graphique. Elles pouvaient donner des thèmes. On avait après les dessins et on faisait les couleurs sur les imprimés. Et ça, j'étais comme un poisson dans l'eau, mais c'est quand même assez compliqué. Parce que quand il y a un dessin avec... 20 couleurs, il faut que les 20 couleurs se parlent et se répondent entre elles et elles pouvaient dire ah bah non j'aime tout, mais sauf ce rose donc il faut changer ce rose, bon si on change le rose, il faut après adapter les autres couleurs donc, mais les imprimés c'était très fort donc pour ça j'allais très souvent dans les usines en Italie Oui, principalement en Italie, pour faire nos propres imprimés avec nos couleurs et aussi des tissages. On faisait faire des tissages très spécifiques et bien sûr, chaque maison fait sa propre gamme de couleurs. C'est la force de ces maisons parce que chaque maison raconte une histoire. et les histoires sont différentes. Voilà, je suis restée trois ans chez elle, et puis elle adorait lire, donc on partageait beaucoup en littérature ou en théâtre, elle était au courant de tout, et très famille. Donc il y avait sa fille Nathalie qui travaillait, qui s'occupait de la communication. Quand il y avait ses petites filles qui passaient, elle leur demandait, ça vous plaît cette robe ? Donc c'était très familial, et en même temps très ancré aussi dans la boutique. Elle habitait juste en face. le samedi on ne travaillait pas, elle allait à la boutique, voir, rencontrer les clientes, elle était vraiment très proche du produit. Après je suis allée chez Hermès, à l'époque de Jean-Paul Gaultier, alors là un monde luxe, luxe, luxe, avec une qualité… Avec mon bagage Chanel, je me disais, le luxe, je connais. Eh bien, non. Hermès, c'est encore un luxe encore plus performant, dans le sens où c'est d'abord des celliers. Donc, c'est d'abord une maison de cuir, qui sont beaucoup plus anciennes que Chanel. C'est une maison très masculine, je trouvais, où la mode a toujours été là, mais ce n'est pas leur cœur de métier. Leur cœur de métier, c'est vraiment le cuir. Et donc, la mentalité n'est pas tout à fait pareille, mais c'était extraordinaire de travailler. C'était à Pantin, où trois étages en dessous, on voyait les ouvriers. la poudre, le sac, une cantine incroyable, un environnement extraordinaire aussi au niveau, et une équipe très étonnante avec des parcours très différents et très ouverts. Là, j'étais directrice du studio. J'arrivais après à un passage très important où Martin Margiela avait travaillé huit ans et où arrivait Jean-Paul Gaultier. Et c'était de manière très différente de travailler. Donc, c'était un rôle de fusible avec... des tensions et en même temps des moments fantastiques. Pendant les essayages, Jean-Paul Gaultier est quelqu'un, c'est un arc-en-ciel d'idées. Donc, devant un vêtement, il peut se lever, prendre un bout de tissu, le draper et en faire un pantalon. Enfin, donc, en même temps, ça partait dans tous les sens, donc il fallait essayer de recadrer, et en même temps, une imagination débordante. donc c'était et il voulait bousculer les codes et donc j'avais mon mon rôle était aussi d'expliquer à la direction que c'était peut-être intéressant de faire de la dentelle chez Hermès et la direction me disait ah mais non, il n'en est pas question c'est pas possible de la dentelle chez Hermès et on a réussi à faire une dentelle avec les calèches avec l'univers Hermès mais il fallait convaincre des deux côtés donc c'était passionnant je suis restée 3 ans et après j'ai eu besoin de souffler un peu ça faisait plus de 35 ans que je travaillais dans ce milieu et j'ai commencé, il y avait 2 collections par an et chez Hermès il y avait 4 voire 6 collections par an donc on pourra parler de ce problème de la de réguler tout ça mais c'est on est en permanence à trouver de nouvelles idées, on est en permanence à acheter des tissus, on est en permanence à toujours courir pour proposer autre chose. Donc j'ai fait une petite pause et à ce moment-là je me suis installée en Corse, je dois dire, où j'ai commencé à m'installer provisoire, enfin pas tout le temps, une partie de l'année, où ça m'a bien posée au milieu de la nature et d'un endroit absolument magique. Et en Corse, j'ai été contactée par la Maison Dior, homme. et tout d'un coup je me suis dit ah bah oui j'ai jamais travaillé pour l'homme donc c'est génial et j'ai travaillé 5 ans chez Dior Homme avec un directeur artistique belge Chris Van Hache et ça a été extraordinaire aussi parce que j'ai appris encore des nouvelles choses la construction des vêtements hommes n'a rien à voir avec les femmes, et donc j'ai appris plein de choses. Et c'était, puis Maison Dior, LVMH, M. Arnault, c'était très important de présenter la collection à M. Arnault, deux fois par saison, avec un challenge. très fort et une équipe de studio fantastique avec des gens très créatifs et c'était génial voilà en grande ligne ce que j'ai fait et au bout de 40 ans j'ai dit ben voilà je suis très contente de m'arrêter j'ai mis 6 mois à récupérer physiquement j'ai dormi pendant 6 mois de ne plus avoir de rythme, de ne plus avoir d'horaire, c'était indispensable. Et là, j'avais déjà l'idée, grâce à la Corse, de faire une petite incursion à l'école du paysage de Versailles, parce que je trouvais que, d'abord, on avait un terrain tout à fait en pente, avec une pente très importante, 18%, et je ne voulais pas faire n'importe quoi. Ah. Et donc j'ai fait un premier module, la première année, en histoire des jardins. Et ça, je dois dire que c'était assez merveilleux, parce que c'était une historienne de l'art, Chiara Santini, une italienne, et elle nous a expliqué toute l'histoire des jardins du Moyen-Âge jusqu'au XIXe, pendant trois mois, et après c'est des intervenants qui nous ont fait l'histoire des jardins du monde. donc le Japon, la Chine, avec tout ce que ça comporte, c'était, je ne voulais que de la théorie. Et la deuxième année, par contre, c'était le deuxième module, c'était connaissance des végétaux et ses utilisations. Et là, c'est pareil, chaque semaine, c'était un intervenant différent, donc entre la palette méditerranéenne et au contraire, le jardin du désert, et avec les plantes, et c'était en formation continue, et on était mélangé aux étudiants. Donc ce mélange de personnes qui avaient un parcours professionnel et d'étudiants, c'était hyper tonique. Et même si c'était qu'une fois par semaine, c'est ce qu'il me fallait pour réintégrer tout ce qu'on avait appris. D'accord. Après quand je suis arrivée en Corse, toute cette nature, je connaissais principalement les oliviers. bien sûr, les chaînes, le maquis, mais pas vraiment précisément. Et j'ai trouvé une formation d'une semaine qui était géniale, qui s'appelait stage sauvage jaune médicinal et comestible. Et il y avait Cécile Billard qui nous apprenait comment reconnaître les plantes et les transformer pour les manger. il y avait une naturopathe et il y avait un ethnobotaniste Grégory Lemoyne qui nous montrait toutes les plantes et qui nous les détaillait et à cette occasion je lui ai posé la question s'il connaissait quelqu'un qui faisait de la teinture végétale parce que ça me trottait dans la tête depuis un moment effectivement moi dans les années 70 j'avais 15 ans et dans ma baignoire je faisais déjà des essais avec des teintures d'ilons de l'époque donc complètement polluantes mais il y a des essais de teinture je mélangeais déjà les couleurs je faisais déjà des essais de de forme, et je teignais mes draps. Donc, j'avais quand même ça déjà depuis longtemps. Et il m'a indiqué le nom de Marie-Marie, un nom magique. Surtout, elle est venue faire une formation en Corse six mois après, en novembre. où on était une dizaine, et c'était sur la laine. Et là, j'ai su que c'était... Voilà, c'était ce que j'allais faire maintenant. Parce que Marie est extrêmement pédagogue, extrêmement... synthétique dans ses explications. Donc, première chose, on a fait de la cueillette avec elle et c'est ce que je continue de faire. Moi, ce qui m'intéresse, c'est vraiment la cueillette. Ce n'est pas d'acheter sur Internet de la poudre de chlorophylle. Ça ne m'intéresse pas. voilà parce que j'ai besoin d'avoir ce lien de savoir où je l'ai trouvé et en même temps je rencontre des gens quand je cueille donc ça fait beaucoup d'interactions qui sont importantes et avec Marie on a fait ce stage sur de la laine alors j'étais un peu déçue parce que laine j'imaginais au départ mais c'était des échevaux de laine plus pour tricoter moi j'imaginais tout de suite tissu métrage et donc j'ai pu après transposer tout ce qu'elle nous avait appris sur des métrages Et là, j'ai rencontré des personnes très intéressantes, dont Alice et Marion. Et je dois dire qu'une fois le stage fini, c'est grâce à Marion qui m'a rappelé et qui m'a dit tu ne crois pas qu'on pourrait essayer à deux ? parce qu'on habitait pas loin l'une de l'autre et ça m'a permis de me jeter à l'eau je suis pas sûre que seule j'aurais fait le pas, j'hésitais je disais demain, demain, demain et quand on est deux pour mettre le pied en tout cas ça nous a permis, on faisait chacune de notre côté on se voyait de temps en temps on s'envoyait des photos ça a accéléré beaucoup le mouvement parce qu'en fait un an après avoir fait le stage de... Avec Marie, j'ai créé ma marque Costa Flora. Costa parce que j'habite à Costa, le village de Costa. Et Flora parce que c'est la flore en Corse. Et moi, je voulais faire toutes les matières, entre guillemets. C'est-à-dire, je voulais teindre la laine et la soie. Et je voulais teindre le coton et le lin. Et je voulais faire principalement des écharpes parce que j'en porte. presque une écharpe c'est autour du cou ça peut éclairer le visage on peut être en jean et en t-shirt et on met juste un petit foulard ou une écharpe autour du cou ça transforme complètement la personne et la manière dont on est perçu. Et voilà. Et j'ai commencé en achetant... Alors, je me suis fait trois axes, c'est-à-dire j'ai acheté chez Fibre Bio, adresse extraordinaire... des écharpes toutes faites, tissées en Inde, où il y a un grand respect, elles sont déjà prêtes pour la teinture, en laine. Et leurs écharpes en laine sont absolument superbes. La qualité, le toucher, le rendu, la dimension, il n'y a rien à dire. Celles en lin aussi. et la deuxième axe c'était je vais dans des endroits où il y a des stocks dormants c'est à dire c'est des maisons qui rachètent des stocks des maisons de couture parce qu'il y a des déchets gigantesques et il y a trois, quatre adresses à Paris où là soit c'est des ponts qui sont déjà préparés de trois mètres mais si on va au fond du magasin c'est des rouleaux et là on prend les métrages que l'on veut et le troisième axe c'est de la seconde main donc sur des sites spécialisés de seconde main j'achète des écharpes avec soit des carreaux des écossais, des tissés teints plutôt et que je surteins donc il y a toujours un peu de blanc dans ce que je commande et ça transforme complètement du noir et blanc je passe du beige au noir ou du rouge je ne fais pas vraiment de rouge mais il y a d'autres couleurs qui sortent et ça me fait mes trois axes super bon Chantal c'était comme je disais un super parcours donc je vous ai laissé vraiment tirer le fil c'est le cas de le dire de toutes ces maisons de mode et l'arrivée vers la couleur végétale moi ce qui me fascine et ce que je retire de tout ce parcours là et du lien avec la couleur végétale c'est votre rapport à la matière alors j'ai une question qui est euh Donc la teinture végétale ne se pratique que sur fibres naturelles. Et en fait, dans votre parcours dans les maisons de luxe, vous avez beaucoup travaillé des matières qui étaient plutôt quand même, enfin aussi des matières synthétiques. Est-ce que ce n'est pas frustrant quand on veut soi-même apposer de la couleur, être entre guillemets un peu plus restreinte dans le choix des fibres qu'on a à disposition ? Alors... Pour moi, non maintenant dans la teinture végétale, parce que de la viscose, teindre de la viscose on pourrait, puisque c'est une belle viscose, c'est cellulosique, donc si c'est vraiment tiré de la fibre du bois, on pourrait la teindre. Maintenant, trouver des belles viscoses, c'est très compliqué. voilà, mais c'est vrai qu'en faisant vos écouteurs rentrent très bien alors chez Thierry Mugler on avait une spécialité, on a été les premiers à utiliser le polyester c'est un terme qui fait fuir tout le monde mais pas chez nous parce que c'était un gage de modernité dans le sens où ça ne se froisse pas et surtout on avait trouvé des fabricants au Japon qui, à l'époque, dans les années 80, le polyester était aussi cher que la laine, j'allais dire, parce que c'était des fils extrêmement fins et très bien travaillés, et on faisait faire des crêpes de polyester. Et la crêpe de polyester, c'est un fibre qui est retordu plein, plein de fois, et ça donne une fluidité dans la matière, ce qui faisait que, quand on bougeait, la jupe bougeait autour de nous. Donc ça c'était fascinant, mais c'était effectivement un partenariat avec le Japon, où j'ai fait faire des tissus très spécifiques en polyester. Alors par contre en polyester, le noir par exemple, ça ne fait jamais un beau noir. ça sera toujours un noir un peu gris par contre les couleurs, oui les autres couleurs, oui, mais ça ne faisait pas un très beau noir ce qui nous arrangeait parce qu'on était dans des coloris plutôt vifs donc ça moi je garde un très beau souvenir des très beaux polyesters du reste, à la même époque Issey Miyake a lancé son concept Please Please avec des plissés C'était une ligne qui existe toujours et lui-même il a fait aussi faire son propre tissu parce que le polyester du coup reste plissé, ça ne se déplisse pas. Donc ça a donné une ouverture au niveau des formes. On peut avoir encore dans nos armoires des tissus plissés de Miyake, 40 ans après. Du reste, souvent les mères le redonnent à leurs filles, parce que c'est des vêtements qui vieillissent très bien quand le polyester est de très bonne qualité. Ce qui n'est plus le cas du tout maintenant. même dans les maisons de luxe le polyester c'est plus d'excellente qualité ? non maintenant ils n'en utilisent pas ils n'en utilisent plus ils n'en utilisent plus ils utiliseront encore un peu de viscose ou ils la mélangeront viscose coton ou viscose laine mais en polyester non parce que la connotation est devenue tellement mauvaise que voilà alors peut-être un peu encore au Japon mais plus en Europe

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Je voulais savoir, Chantal, si vous aviez des astuces. Vous avez parlé de déguiser son œil, déguiser sa main au toucher des matières pour les reconnaître. Sur la teinture végétale, on est sur une gamme plus courte de matières naturelles. Pour autant, il y a beaucoup de différences de tissus finalement. Moi, naïvement, je commande de la soie. pour faire des essais. En fait, je reçois une soie épaisse, etc. En fait, il y a différents types. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu les différents types, vos petites astuces pour reconnaître des tissus ? Comment vous vous faites pour un tissu ? Il n'y a pas d'étiquette, il n'y a rien. Savoir quelle matière c'est, si vous avez des petites astuces à nous partager.

  • Chantal Guillon

    Moi, c'est l'expérience principalement qui maintenant, effectivement, quand je vois un tissu, je sais à peu près ce que c'est. Mais ce qui est très important, c'est le poids. Quand vous commandez un tissu, il faut absolument avoir le poids du tissu, qu'il soit en mètre linéaire ou en mètre carré. Ça donne une dimension. donc après il faut se faire je pense que sur internet on peut trouver des tableaux qui retranscrivent ce que c'est alors effectivement en soie on peut passer d'un plongé de soie pour doubler qui est très très fin à un crêpe de soie qui est très lourd ou à du taffeta et le taffeta ça ne va pas se teindre ça sera toujours raide c'est cassant ça va faire des cassures dans la teinture donc évitez de toute façon le taffeta effectivement il y a différents de soi moi c'est tellement quand je vois un tissu je vois tout de suite comment ça va devenir alors c'est difficile à partager au niveau de l'expérience mais le poids guide énormément ça c'est sûr il faut absolument toucher et il ne faut pas hésiter à faire tomber le tissu, le bouger le mettre un peu sur soi quand on est même dans une boutique on déroule un mètre de tissu et on le met vertical et on voit s'il tombe bien je pense qu'il faut jouer avec c'est pas figé c'est vivant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Après Chantal, il y a quand même quelques opérations. Je vois quand on reçoit son tissu et qu'on le prépare pour la teinture, donc si ce n'est pas du tissu prêt à teindre, il y a quand même des opérations. Moi, je vois mon mordansage rend parfois ma fibre, mon lin un peu plus effet cartonné. Alors, il y a des astuces pour enlever ça, mais je veux dire, c'est compliqué de… Enfin, vous, c'est votre expérience, mais je veux dire, c'est compliqué quand même de se dire, tiens, ce tissu-là, une fois teint, après tout ça, va avoir une souplesse et un… C'est vraiment la pratique qui va guider le choix.

  • Chantal Guillon

    c'est vrai mais le lin par exemple alors j'ai quelqu'un à côté de moi qui teint aussi et qui elle alors que c'est tout le monde dit sur ce que je vais jamais le faire par exemple elle le met dans sa machine à sécher à sécher le linge et elle trouve et je suis d'accord que ça l'assouplit donc à essayer la vapeur la chaleur, la chaleur change aussi beaucoup d'accord effectivement, il faut surtout... Ils sont tous apprêtés, les tissus. Donc moi, ils passent 2, 3, 4 jours dans la baignoire pour essayer d'enlever l'après. Et les lavages sont très importants. Mais la chaleur, la chaleur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors, moi, j'avais une question de pure débutante, parce que moi, le milieu de la mode et du textile, ce n'est pas du tout mon milieu. Et j'avoue, j'ai énormément de mal à trouver une source qui permettrait d'identifier les différentes matières. Donc, les matières, les grandes matières, le lin, on l'a dit, la soie, la laine et le chanvre, la fibre, je comprends. Ces différentes... ces différents tissus qui sont déclinés en dessous, j'ai énormément de mal à identifier. Parce que comme je vous disais l'exemple avec la soie, j'ai voulu faire des essais de teinture sur soie. J'imaginais moi une soie hyper légère, hyper… Et en fait, ils m'ont envoyé un truc super lourd, un peu presque cartonné. Alors oui, c'est de la soie, j'ai la preuve. Mais en fait, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et en fait, je cherche des ressources. Donc, j'ai regardé dans les bouquins. Je ne dois pas avoir les bons bouquins. J'ai regardé sur Internet. Est-ce que vous, vous avez une source ? qui permettraient d'identifier par type la soie, les différentes, je ne sais même pas comment ça s'appelle, les différentes matières issues de la soie ?

  • Chantal Guillon

    Alors, je crois, j'ai entendu parler d'un livre, qui est l'histoire des tissus, mais je n'ai pas du tout les références. D'accord. Je vais essayer de les avoir et je vous en ferai part. Parce qu'effectivement, il y a des livres qui expliquent, mais c'est très technique. Donc... voilà donc il faut les apprendre en fait oui ne pas hésiter quand vous êtes hors de, quand vous êtes en ville entre guillemets d'aller dans des boutiques ou même dans les magasins de vêtements et de toucher parce qu'il y a toujours la composition qui est notée donc c'est vraiment un apprentissage ça je trouve que c'est une ressource je trouve que c'est une ressource c'est vrai les soies il y a tellement de types de soies entre il y a le crêpe de Chine qui est la soie la plus facile autour du cou mais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je pense qu'il y a un dictionnaire des tissus d'accord je vais chercher ça et je prendrai aussi votre ressource en livre comme ça on essaiera de mettre dans le descriptif mais voilà moi dans tout ce que vous avez raconté je vois bien donc cet aspect connaissance de la fibre et vous avez parlé de votre rôle dans le choix couleur et votre oeil qui était vachement aiguisé un avantage quand même de la teinture végétale c'est que peu importe la couleur qu'on fait on est d'accord qu'elles vont toutes ensemble

  • Chantal Guillon

    absolument elles se répondent et c'est tout à fait étonnant il n'y en a jamais une qui va interférer sur les autres et c'est exact ce que vous dites, c'est tout à fait ça qui est fascinant alors moi au niveau expérience couleur 40 ans j'ai changé beaucoup je crois qu'il ne faut pas rester figé dans des schémas et il y a beaucoup de gens autour de moi qui disent ah mais moi je n'y connais rien en couleur on ne m'a pas appris ça s'apprend et ça s'apprend pas je crois qu'il faut se faire confiance il y a plein de gens qui disent mais moi choisir la couleur de mon rideau il faut que tu m'aides, je dis bah non tu regardes, tu vois tu essayes parce qu'il faut que ça vienne de toi et c'est vrai que dans la teinture végétale il n'y a pas ce rapport là parce que toutes les couleurs s'unifient c'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable c'est incroyable parce qu'on a beau moi je suis en phase d'expérimentation je rappelle ça vraiment comme ça je fais des tests absolument farfelus parfois ou plus structurés pour reproduire ce qui a été en formation etc mais en fait je trouve que c'est vraiment hallucinant parce que il n'y a aucune faute de goût aucune faute de goût possible. Et donc, je me dis, ça décomplexe les gens qui n'ont pas forcément un œil aiguisé sur la couleur. Et donc, c'était pour moi aussi un rebond par rapport à votre parcours quand vous parliez de la couleur. J'avais des questions, Chantal. Est-ce que vous pouvez nous citer les plantes que vous travaillez dès la cueillette ? J'ai bien compris que c'était des plantes issues, enfin, corses typiquement. Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-unes et les couleurs qu'elles vous donnent et puis vos préférées ? N'hésitez pas à nous les dire.

  • Chantal Guillon

    Alors, il y a l'immortelle qui vient en premier parce que d'abord, c'est une plante endémique encore. C'est qu'elles sont venues naturellement autour de la maison sans que je les ai plantées. Et c'est une plante que je peux cueillir toute l'année, entre guillemets. Je peux la cueillir en même temps en novembre. Et maintenant, là, elle va commencer à fleurir. Ça fait un jaune dans les fleurs magnifiques. Et après, en teinture, ça fait un coloris un peu curry. jaune, un jaune très très profond et la chose qui est extraordinaire avec l'immortelle c'est qu'elle a une odeur très forte et que ça reste dans les tissus comptins donc ce sont des tissus qui sentent bon donc il y a l'immortelle en priorité il y a le pistaché lentisque aussi qui pousse beaucoup ici et qui fait aussi un très beau jaune qui peut virer au vert si on met un peu de cuivre dedans Il y a la myrte, pareil, tout ça on est un peu dans les jaunes, dans les caquilles, un peu dans les beiges. Et il y a les cistes. Alors il y a le ciste de Montpellier qui a des feuilles blanches et l'autre, le ciste, je ne sais plus, qui a des feuilles violettes. Et là, autour de moi, c'est envahi. ça fait aussi dans les tons un peu jaunes il se trouve que j'ai un mimosa dans mon jardin dont une branche est tombée suite à la tempête et du coup avec l'écorce l'écorce de mimosa ça fait un beige rosé absolument extraordinaire un coloris très doux et très très beau il y a des eucalyptus autour de moi aussi alors ça fait plutôt des beiges chez moi il y a des jardins abandonnés avec des iris et des iris qui ont été plantées il y a très très longtemps donc c'est des iris bleues qu'on trouve pratiquement un bleu très très fort et là ça fait un peu de bleu vert des fois avec des taches, je dois dire, ce n'est pas facile à teindre l'iris. Et les oliviers aussi, il y a beaucoup d'oliviers, les feuilles d'oliviers, c'est un très beau jaune aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et pourquoi les iris font des taches plus que d'autres ?

  • Chantal Guillon

    Parce que moi, j'ai appris à le teindre avec la fleur fraîche. Donc, je mets et le tissu et la fleur en même temps.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah oui, d'accord.

  • Chantal Guillon

    Je peux remuer. Et j'ai des... Donc, je... je vais retourner faire un stage avec Marie Marquet j'ai besoin encore de me perfectionner et je vais lui poser la question avec mes échantillons et là qu'est-ce qu'il y a pu se passer

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Chantal en ce moment c'est le mois où Marie Marquet répond aux questions des auditeurs donc sur Instagram vous avez la possibilité d'écrire votre question donc je compte sur vous pour aller la mettre tout de suite après l'enregistrement parce que c'est Marie Marquet qui répond aux questions et botanique et fibre etc pour les trois mois du podcast j'attends votre question du coup ça c'est chouette ok donc on a fait un tour donc c'est vraiment des plantes locales etc vous votre volonté c'est vraiment de partir de la de la cueillette vous n'êtes pas pour les extraits c'est ce lien que vous voulez garder j'ai une question vraiment un peu hum qui bouscule un petit peu, c'est que vous avez été dans un monde de la mode très structurée, très tournée vers la qualité, les exigences, etc. Est-ce que vous pensez, Chantal, que les maisons de luxe telles que celles que vous avez expérimentées, on va dire, pourraient passer à la couleur végétale ou non ? demain ?

  • Chantal Guillon

    Alors, pour eux, leur principale manière de penser, c'est qu'est-ce que ça va me rapporter ? Quel est mon intérêt de le faire ? Alors, quel est l'intérêt de le faire ? Pour eux, pas grand-chose, en fait, à part être dans le mouvement général du changement climatique et autres, mais pour ça, ils ont du greenwashing, ils ont des communicants qui communiquent, et donc, derrière, c'est pas exactement la même chose. Par contre, je trouve qu'il y a une maison où ça aurait du sens de le faire, c'est la maison Chanel en haute couture. parce qu'il pourrait faire teindre des fils en teinture végétale et faire un tissage de tweed, qui est la base de la maison. Parce que Marcelle Chanel, figurez-vous, dans les années, je ne sais plus exactement, a été fascinée par les couleurs qu'elle trouvait en Écosse et en Irlande, qui n'étaient pas les mêmes couleurs qu'on trouvait en France, et elle allait faire faire ses tissus là-bas. et donc et elle avait raison c'est très intéressant les couleurs irlandaises et anglaises ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres et je trouve que là il faut que s'il y ait un lien avec l'histoire de la maison en même temps il suffit qu'il y en ait une qui commence pour que les autres commencent mais ils font 6 collections par an si c'est pour faire tout d'un coup une collection qu'en teinture végétale et puis après on passe à autre chose, on y aura perdu la teinture végétale finalement ce sera juste comme une capsule qui aura fait un effet de mode un effet de mode et c'est pas ça dont on a besoin je trouve avec la teinture végétale il faut que c'est un vrai changement profond mais ils y sont sensibles ils sont au courant il y en a certains qui sont plus sensibles que d'autres, Christophe Lemaire qui a été très longtemps chez Hermès qui a sa propre marque lui fait des gammes de couleurs à partir de teinture végétale pour une saison, il l'a fait et voilà, donc il y a quand même des gens que ça interroge après au niveau industriel que ça passe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    parce qu'il faut voir les processus en production par rapport au cahier des charges notamment dans le luxe qui sont plus exigeants ah oui oui oui c'est ça que la couleur puisse résister même

  • Chantal Guillon

    aux lumières en boutique en Chine, pour passer les douanes, c'est... Alors, bon, c'est des prétextes, mais en attendant, c'est là, c'est les lois. C'est terrible. Donc, l'ententeur végétal, alors là, on oublie tout de suite.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et ce que j'allais vous demander,

  • Chantal Guillon

    c'est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comment on va dire ? Ok, elles pourraient changer soit pour une histoire d'image, soit pour une histoire de lien avec, comme vous expliquez pour Chanel, de lien avec l'historique de leur maison. Est-ce que vous pensez que la réglementation... pourrait inciter ces grandes marques à bouger ou ce n'est pas un levier qui les perturberait vu les budgets qu'elles ont, etc. ?

  • Chantal Guillon

    Non, ce n'est pas un levier qui va les… Non, ce n'est pas la réglementation parce que… Qui va changer quoi que ce soit. Non, non. Ils ont besoin… Par contre, ils ont besoin d'être dans l'air du temps. Donc, ils ne veulent pas être à la traîne. Donc, il faut quand même qu'ils soient… dans la réalité de ce qui se passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc, c'est plutôt via les consommateurs que ça pourrait changer. Si leurs consommatrices, consommateurs sont plus sensibles à la couleur végétale ou sont intrigués par ça, ça pourrait bouger via les consommateurs.

  • Chantal Guillon

    Je pense que non, il faudrait que ça passe par la presse. Non, il faudrait que ça passe par la presse. Ah,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    la presse ! Ok, je n'avais pas pensé à ça. D'accord,

  • Chantal Guillon

    ok. Il n'y a aucun journaux de mode qui parle de la tente. végétales, à part peut-être l'EL, en été faites votre t-shirt en taille en verne, parce qu'il parle, c'est le but. J'ai jamais vu un article dans tous les journaux de mode qui parle de la teinture végétale. Et ça, il faut que ça passe par la presse, il faut que ça passe par la communication, que ce soit les réseaux sociaux ou autres, mais il y a un vrai travail à ce niveau-là, je pense, pour faire changer l'image.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah génial, ça c'est vraiment un axe que j'avais pas trouvé enfin un consommateur oui mais la presse c'est vrai qu'en fait pour les maisons de mode c'est quand même hyper important, j'avais pas pensé à ça j'avais une avant-dernière question pour vous Chantal si vous étiez une plante tinctoriale, laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Chantal Guillon

    Alors l'immortelle ça c'est sûr D'abord, c'est emblématique de la Corse. Il y a une odeur et l'odeur, je l'adore. Elle fait un coloris curie très profond, spécialement profond. Et je suis entourée autour de moi et elles sont venues naturellement autour de la maison. Donc, ça me touche beaucoup.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Est-ce que vous avez des personnes inspirantes que vous aimeriez nous citer, qui vous ont inspiré sur la couleur végétale ou dans votre parcours ?

  • Chantal Guillon

    Alors figurez-vous que moi, ce qui m'a inspirée, c'est Henri Matisse, parce que ce peintre a toujours mis des tissus en arrière-plan de ses peintures, que je suis allée au musée de Cato-Cambrésie. pas loin de chez moi et c'est extraordinaire sa collection de tissus il avait une collection de tissus et son rapport à la couleur m'a beaucoup beaucoup influencé pendant tout mon parcours d'accord ok voilà

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    autre question est-ce que vous auriez un ou plusieurs livres à recommander aux auditeurs

  • Chantal Guillon

    absolument alors moi d'abord il y a un roman que j'adore de Olivier Bles qui s'appelle Pastel qui est chez Gallimard qui est un roman merveilleux ça se passe au 15ème siècle du côté d'Albi comment un teinturier spécialiste du rouge découvre le bleu et donc c'est sur la teinture végétale au XVe siècle. C'est un roman, mais c'est un pur délice à lire. Après, moi j'ai beaucoup aimé un livre de l'histoire des couleurs. de Manlio Brusatin B-R-U-S-A-T-I-N qui est un italien qui est de la théorie mais c'est entre l'art et la science entre la physique et la psychologie et je trouve que c'est important de la voir il est historien de l'art et il est architecte et puis un livre beaucoup plus poétique de Darek Jarman J-A-R-M-A-N qui s'appelle Chroma un livre des couleurs Alors lui, il a fait du cinéma, il a fait un jardin incroyable, complètement minéral. Il était touche à tout et il parle des couleurs comme personne n'en parle.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord génial c'est top Chantal c'était trois bouquins qu'on n'a jamais abordé sur le podcast et en plus un roman donc c'est top comme c'est bientôt le moment de Farniente on va dire ça va faire du bien aux lectrices c'est génial est-ce que vous avez un mot de la fin Chantal avant qu'on ne se pose la dernière question qui est à qui vous passez le micro

  • Chantal Guillon

    Alors, à qui je passe le micro ? Moi, je pense que c'est très important d'interviewer Catherine Legrand, qui est une créatrice très textile et qui fait une collection de tissus, de costumes, de parures, d'accessoires, qui avait fait une très belle exposition Indigo. À la Bibliothèque Fornay à Paris il y a assez longtemps, elle a fait un livre Indigo et cette exposition avec tous les vêtements teints en indigo dans le monde entier a absolument été vraiment un coup de cœur. Elle a fait un autre livre aussi sur les vêtements du monde et je trouve qu'elle a un regard panoramique qui est important. Alice Lanzini qui a le compte Instagram que j'ai donc découvert au stage de Marie Marquet qui est à l'écorce travaille en Corse et fait la teinture végétale et essaye d'en vivre et puis un autre compte que j'aime beaucoup sur Instagram qui vient du Mali qui s'appelle Bakoji Voilà, c'est des gens qui m'inspirent. Et il y a certains contes au Japon aussi qui sont assez fascinants. Oui, j'ai juste une chose que je voudrais rajouter, que je trouve très importante, c'est l'image de la teinture végétale. Il faudrait qu'on sorte l'image de la teinture végétale des années 70, parce que ça colle à la peau. Et du coup, on ne pourra pas avancer à tous les niveaux si on ne sort pas de... du tie and die de voilà donc je trouve que il y a un gros travail à faire du bundle die, tout ça, ça existait déjà dans la mode quand quelque chose existait, on allait plus loin et là on a l'impression qu'on n'a pas avancé par rapport aux années 70 pas tout le monde, loin de là il y a plein de gens qui ont avancé, il y a une nouvelle génération qui arrive mais alors qu'ils y aillent

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ouais d'accord donc c'est aussi un des dans les leviers dont on a parlé tout au long du podcast c'est aussi un levier d'image qu'on n'avait pas du tout identifié qui est hyper intéressant et oui enfin comment dire une sorte de renouveau qu'il faudrait qu'il faudrait venir apporter pour montrer que voilà c'est plus comme il dit comme Michel Garcia dit et ça me fait bien rire un truc de hippie bobo c'est plus c'est plus ça ouais on est d'accord ah génial ça c'est très important mais dans la modernité dans la modernité et dans la sophistication oui on aura quelques exemples de créateurs de mode qui vont venir au micro et qui sont dans la dans la mode dans les codes de la mode mais avec la couleur végétale mais revisité et franchement je pense que ça va être hyper intéressant ces épisodes de podcast aussi non bah top bah écoutez merci beaucoup Chantal bah merci Pauline Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:36

  • Présentation de Chantal Guillon et son parcours

    00:43

  • Les débuts de Chantal dans la mode et la couture

    01:22

  • Expérience chez Thierry Mugler

    03:58

  • Travail avec Karl Lagerfeld chez Chanel

    07:26

  • Rôle chez Sonia Rykiel et Hermès

    10:33

  • Transition vers la teinture végétale en Corse

    17:56

  • Création de la marque Costa Flora

    23:11

  • Défis de la teinture végétale dans l'industrie

    25:55

  • L'avenir de la couleur végétale dans la mode

    41:24

  • Conclusion et recommandations de Chantal Guillon

    51:46

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, nous avons le plaisir d'accueillir Chantal Guillon, une experte passionnée de la teinture végétale et des plantes tinctoriales. Chantal nous entraîne dans son parcours fascinant, où la mode rencontre la nature. Enfant, elle grandit entourée de verdure et de couture, une dualité qui façonne son amour pour les couleurs végétales. Après avoir étudié à l'école de mode, elle a eu l'opportunité de travailler avec des maisons prestigieuses telles que Thierry Mugler, Chanel et Hermès, où elle a affûté son sens du style et de l'esthétique.


Chantal nous parle de son évolution vers la teinture végétale, un choix qui résonne avec son désir de respecter l'environnement et de promouvoir des pratiques durables. Elle partage avec nous son amour pour les plantes tinctoriales, telles que l'indigo et la garance, et l'importance cruciale de la cueillette dans le processus de création. À travers sa marque Costa Flora, Chantal transforme des matières naturelles comme la laine et la soie en véritables œuvres d'art colorées, tout en mettant en avant le lien indéfectible entre la couleur végétale et la durabilité.


« La couleur est un langage qui parle à nos émotions, et la teinture végétale nous permet de retrouver un lien authentique avec la nature », déclare Chantal. Cette citation résume parfaitement l'essence de notre discussion, où nous explorons les défis que représente l'intégration de la teinture végétale dans une industrie de la mode souvent encline à privilégier des pratiques moins durables.


Au fil de l'épisode, nous mettons en lumière l'importance de la sensibilisation et de l'éducation sur la teinture naturelle, ainsi que la nécessité d'un changement de perception au sein de l'industrie. Chantal aborde également la question des colorants biosourcés et des pigments végétaux, tout en partageant des anecdotes personnelles et des conseils pratiques pour ceux qui souhaitent s'initier à la coloration capillaire végétale ou à l'utilisation de colorants végétaux dans leurs créations.


Ne manquez pas cette belle opportunité d'apprendre des experts et de vous immerger dans le monde vibrant de la teinture végétale et des couleurs de plantes. Écoutez cet épisode d’ArtEcoVert et laissez-vous inspirer par la passion de Chantal pour l'agriculture tinctoriale et la beauté des fibres naturelles.


Pour plus d'informations et des liens utiles, n'hésitez pas à consulter notre site web. Belle écoute !


Pauline


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Bonne écoute


Pauline



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Transcription

  • Chantal Guillon

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Chantal Guillon. Bonjour Chantal. Bonjour Pauline. Alors Chantal, est-ce que vous pouvez nous raconter votre super parcours, j'ai envie de dire, et comment vous êtes arrivée à la teinture végétale ? Alors, donc je suis Chantal Guillon, je suis née dans une famille franco-suisse où très tôt la nature faisait partie de la vie de famille. J'avais une grand-mère maternelle qui était fascinée par les chapeaux, qui en faisait chez elle, et une grand-mère paternelle qui nous emmenait cueillir plein de plantes pour faire des tisanes qui séchaient dans le grunier. et une maman qui faisait de la couture. Je l'ai toujours vue par terre, découpant des patrons. Avec plaisir, elle m'a amenée au marché Saint-Pierre-en-Paris. Et très tôt, elle m'a appris à couper des jupes. Il y avait la machine à coudre ainsi qu'une machine à tricoter. Et donc, j'ai baigné dans ces deux milieux, la mode et la nature, depuis toute petite. Je pense que ça m'a beaucoup influencée. Après, j'ai fait un petit parcours par la danse. J'ai fait une petite... C'était un petit détour parce que je voulais enseigner la danse. Et finalement, je me suis dirigée vers une école de mode qui était le Studio Berceau. Faisant une réelle phobie scolaire, j'ai très vite quitté le milieu d'apprentissage. classique, et je dois dire qu'au studio Berceau, c'était Marie Rucki, la directrice, qui est une école dans les années 80, et qui reste toujours très actuelle maintenant, qui était la seule école qui prenait en compte la personnalité des étudiants. Et donc, elle regardait ce qu'elle pouvait faire émerger de nous. et très vite on s'est rendu compte toutes les deux, elle et moi, que j'avais un sens des couleurs que pas grand monde avait autour de moi, et que les tissus je les connaissais instinctivement, et que c'était une force que n'avaient pas les autres, alors que dans mes dessins de croquis de mode, j'étais pas spécialement innovatrice. Donc autant aller dans là où j'étais très à l'aise. J'ai pu faire très vite un stage chez Thierry Mugler, qui dans les années 80 était la maison de mode dont tout le monde rêvait, parce que c'était quelqu'un qui avait un fort imaginaire très très important. et tout était possible au niveau des vêtements. C'est lui, dans cette époque, qui a déclenché les épaules très larges. Son univers, c'était les étoiles et l'argent, c'était la galaxie. Il était très inspiré par les bandes dessinées, alors que de l'autre côté, en haute couture, c'était toujours les mêmes choses. Voilà, donc c'était un univers très, très, très moderne. Et j'ai travaillé 13 ans chez lui. Je dois te dire que ça a été une formation extraordinaire. Chez lui, j'étais d'abord assistante de la personne responsable des matières et des tissus. Et après, au bout de deux ans, j'étais moi-même responsable des tissus. Alors, petite parenthèse, il faut savoir qu'une collection, ça se prépare au niveau du choix des matières au minimum trois mois avant la présentation. Il faut commander les tissus. qu'une collection, c'est au moins 40 à 50 tissus différents, que chaque tissu a sa propre gamme de couleurs, parce que dans les maisons de mode, c'est une unité, donc c'est une silhouette. Donc, il y a en même temps le haut, les pantalons, les vestes, les chemises, sans compter les accessoires, ça c'est un autre département qui s'en occupe. Donc, j'ai beaucoup joué avec les tissus. Comme j'étais quand même un petit peu autodidacte, on va dire, on apprend deux fois plus vite parce qu'on est obligé de regarder. Et déjà petite, je touchais. Et en fait, le secret pour connaître les tissus, c'est toucher, toucher, toucher en permanence. Se faire même des petits... acheter un tissu de coton, un tissu de soie, un tissu de laine, on les a sous les yeux, on a des petits échantillons, on ferme les yeux et on reconnaît en fermant les yeux. Tout passe par la main, le regard évidemment, parce qu'on voit assez rapidement quand on connaît à force de toucher, et les associations de couleurs, parce qu'effectivement il y a des couleurs qui sont plus belles en laine et en coton, et on le voyait même au niveau des teintures. industrielle donc voilà ça a été une formation et une découverte et Thierry je dois dire m'a appris à augmenter mon regard surtout pas le focaliser mais surtout regarder partout au niveau musique au niveau expositions, au niveau littérature, enfin à tous les niveaux. Alors lui, il avait son propre parcours aussi, c'était un ancien danseur, moi j'avais fait de la danse, donc il y a une rigueur aussi très importante qu'on a partagé tous les deux, et lui, il aimait faire la fête, donc lui, son inspiration, tu pouvais le trouver en boîte de nuit, il arrivait le lendemain, il dormait devant nous tellement il n'avait pas dormi de la nuit, mais une créativité fantastique. Et après, je suis allée travailler chez Chanel, au studio avec Karl Lagerfeld. Et là, c'était aussi complètement extraordinaire parce que c'était l'opposé. C'est une maison traditionnelle française, très, très, très ancrée dans Mademoiselle Chanel, Gabrielle Chanel, une femme qui, à l'époque, a poussé les portes, a créé... un nouveau rapport au vêtement par le jersey, où le corps était souple, ce qui à l'époque était complètement révolutionnaire. Et Karl Lagerfeld, qui est la personne la plus brillante et la plus intelligente, je dois te dire, avec qui j'ai travaillé. on s'amusait beaucoup au studio et en même temps, on travaillait énormément, sans horaire. Et là, j'avais un poste de coordination de studio dans le prêt-à-porter parce qu'il y avait deux départements, le prêt-à-porter et la haute structure. Et moi, j'étais vraiment prêt-à-porter. C'était un rôle passionnant parce que j'étais en lien avec les ateliers. Donc, il y avait l'atelier flou pour les robes et les chemisiers et l'atelier tailleur pour tout ce qui était veste, manteau, etc. Il se trouve que je suis restée même en relation avec la responsable de l'atelier tailleur qui est maintenant à la retraite. Mais on a gardé des liens tellement c'était fort et on préparait les essayages. Si vous voulez, Karl Lagerfeld dessinait tout, absolument tout. Il nous envoyait les croquis. ça passait aux ateliers on débriefait avec les ateliers les ateliers faisaient des toiles et après monsieur Lagorfel venait pour faire les essayages on avait commandé les tissus en amont il y avait déjà un peu les échantillons de tissus qui étaient là et à ce moment là on matchait quand ils voyaient le modèle, ils disaient Ah ben, Chantal, dans quel tissu on va faire ça ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Et comme un petit supermarché, on avait le choix de choisir tel tissu plutôt que tel autre, et on construisait la collection. En fait, une collection, ça se construit, c'est comme un puzzle. Et j'étais aussi en relation, ce rôle de coordination, avec le marketing, qui, eux, avaient étudié ce qui s'était vendu, pas vendu, quelles étaient les attentes des boutiques, et... et la production, parce que la production c'est aussi très en amont. Il faut que les patrons soient au point, donc il y a des petits ajustements entre ce qui est fait, ce qui est présenté au défilé et après dans les boutiques. Léger ajustement, mais pour que la vestibilité soit le mieux, et aussi les tailles. que ce soit aussi beau en 1938 qu'en 1944. Et après, on construisait la collection comme ça. C'était un moment assez extraordinaire parce que Karl pouvait arriver avec énormément de livres. et d'envie qui déchiraient les pages devant nous la première fois que je l'ai vu déchirer un livre en disant, mais enfin Chantal j'en ai trois, j'ai trois fois le même j'en ai un pour moi, il y en a un qui me déchire et il y en a un c'est pour les ateliers ou pour vous offrir, ou je garde chez moi et ils pouvaient s'inspirer aussi bien des bijoux étrusques qui transformaient en broderie sur des vêtements, c'était jamais tel quel c'était toujours travaillé c'est jamais je prends une image je fais la même chose et ça c'est une gymnastique assez extraordinaire et puis on écoutait de la musique en même temps qu'on travaillait c'était une très très bonne ambiance je suis restée 8 ans chez Chanel et puis il y a une nouvelle équipe qui est arrivée et je suis partie au moment où Karl commençait son régime à l'époque je l'ai connu il était comme on a pu voir certaines photos et donc il avait envie de changer aussi d'équipe ça correspondait à un tournant dans la maison et j'ai préféré partir et je suis allée chez Sonia Riquel et là c'était merveilleux de travailler avec une femme qui elle-même essayait les vêtements qui était en train elle-même de constituer une nouvelle équipe au niveau du studio, avec un directeur de studio, Tom Van Lingen, qui était un Hollandais. Et moi, je m'occupais des tissus de nouveau, et de la coordination avec la production. et le marketing, et on est restés tous très très amis. En fait, la mode peut être une famille. Si on arrive à comprendre les codes, qui sont assez obscurs, qui sont très présents, mais qui sont aussi très forts. Alors, ce sommaire Ikel, c'était assez extraordinaire, parce qu'on travaillait sur la moquette. à plat ventre. Elle adorait les imprimés. Donc, elles faisaient dessiner par des graphistes, des imprimés, ou par les usines aussi, qui avaient leur propre usine de graphique. Elles pouvaient donner des thèmes. On avait après les dessins et on faisait les couleurs sur les imprimés. Et ça, j'étais comme un poisson dans l'eau, mais c'est quand même assez compliqué. Parce que quand il y a un dessin avec... 20 couleurs, il faut que les 20 couleurs se parlent et se répondent entre elles et elles pouvaient dire ah bah non j'aime tout, mais sauf ce rose donc il faut changer ce rose, bon si on change le rose, il faut après adapter les autres couleurs donc, mais les imprimés c'était très fort donc pour ça j'allais très souvent dans les usines en Italie Oui, principalement en Italie, pour faire nos propres imprimés avec nos couleurs et aussi des tissages. On faisait faire des tissages très spécifiques et bien sûr, chaque maison fait sa propre gamme de couleurs. C'est la force de ces maisons parce que chaque maison raconte une histoire. et les histoires sont différentes. Voilà, je suis restée trois ans chez elle, et puis elle adorait lire, donc on partageait beaucoup en littérature ou en théâtre, elle était au courant de tout, et très famille. Donc il y avait sa fille Nathalie qui travaillait, qui s'occupait de la communication. Quand il y avait ses petites filles qui passaient, elle leur demandait, ça vous plaît cette robe ? Donc c'était très familial, et en même temps très ancré aussi dans la boutique. Elle habitait juste en face. le samedi on ne travaillait pas, elle allait à la boutique, voir, rencontrer les clientes, elle était vraiment très proche du produit. Après je suis allée chez Hermès, à l'époque de Jean-Paul Gaultier, alors là un monde luxe, luxe, luxe, avec une qualité… Avec mon bagage Chanel, je me disais, le luxe, je connais. Eh bien, non. Hermès, c'est encore un luxe encore plus performant, dans le sens où c'est d'abord des celliers. Donc, c'est d'abord une maison de cuir, qui sont beaucoup plus anciennes que Chanel. C'est une maison très masculine, je trouvais, où la mode a toujours été là, mais ce n'est pas leur cœur de métier. Leur cœur de métier, c'est vraiment le cuir. Et donc, la mentalité n'est pas tout à fait pareille, mais c'était extraordinaire de travailler. C'était à Pantin, où trois étages en dessous, on voyait les ouvriers. la poudre, le sac, une cantine incroyable, un environnement extraordinaire aussi au niveau, et une équipe très étonnante avec des parcours très différents et très ouverts. Là, j'étais directrice du studio. J'arrivais après à un passage très important où Martin Margiela avait travaillé huit ans et où arrivait Jean-Paul Gaultier. Et c'était de manière très différente de travailler. Donc, c'était un rôle de fusible avec... des tensions et en même temps des moments fantastiques. Pendant les essayages, Jean-Paul Gaultier est quelqu'un, c'est un arc-en-ciel d'idées. Donc, devant un vêtement, il peut se lever, prendre un bout de tissu, le draper et en faire un pantalon. Enfin, donc, en même temps, ça partait dans tous les sens, donc il fallait essayer de recadrer, et en même temps, une imagination débordante. donc c'était et il voulait bousculer les codes et donc j'avais mon mon rôle était aussi d'expliquer à la direction que c'était peut-être intéressant de faire de la dentelle chez Hermès et la direction me disait ah mais non, il n'en est pas question c'est pas possible de la dentelle chez Hermès et on a réussi à faire une dentelle avec les calèches avec l'univers Hermès mais il fallait convaincre des deux côtés donc c'était passionnant je suis restée 3 ans et après j'ai eu besoin de souffler un peu ça faisait plus de 35 ans que je travaillais dans ce milieu et j'ai commencé, il y avait 2 collections par an et chez Hermès il y avait 4 voire 6 collections par an donc on pourra parler de ce problème de la de réguler tout ça mais c'est on est en permanence à trouver de nouvelles idées, on est en permanence à acheter des tissus, on est en permanence à toujours courir pour proposer autre chose. Donc j'ai fait une petite pause et à ce moment-là je me suis installée en Corse, je dois dire, où j'ai commencé à m'installer provisoire, enfin pas tout le temps, une partie de l'année, où ça m'a bien posée au milieu de la nature et d'un endroit absolument magique. Et en Corse, j'ai été contactée par la Maison Dior, homme. et tout d'un coup je me suis dit ah bah oui j'ai jamais travaillé pour l'homme donc c'est génial et j'ai travaillé 5 ans chez Dior Homme avec un directeur artistique belge Chris Van Hache et ça a été extraordinaire aussi parce que j'ai appris encore des nouvelles choses la construction des vêtements hommes n'a rien à voir avec les femmes, et donc j'ai appris plein de choses. Et c'était, puis Maison Dior, LVMH, M. Arnault, c'était très important de présenter la collection à M. Arnault, deux fois par saison, avec un challenge. très fort et une équipe de studio fantastique avec des gens très créatifs et c'était génial voilà en grande ligne ce que j'ai fait et au bout de 40 ans j'ai dit ben voilà je suis très contente de m'arrêter j'ai mis 6 mois à récupérer physiquement j'ai dormi pendant 6 mois de ne plus avoir de rythme, de ne plus avoir d'horaire, c'était indispensable. Et là, j'avais déjà l'idée, grâce à la Corse, de faire une petite incursion à l'école du paysage de Versailles, parce que je trouvais que, d'abord, on avait un terrain tout à fait en pente, avec une pente très importante, 18%, et je ne voulais pas faire n'importe quoi. Ah. Et donc j'ai fait un premier module, la première année, en histoire des jardins. Et ça, je dois dire que c'était assez merveilleux, parce que c'était une historienne de l'art, Chiara Santini, une italienne, et elle nous a expliqué toute l'histoire des jardins du Moyen-Âge jusqu'au XIXe, pendant trois mois, et après c'est des intervenants qui nous ont fait l'histoire des jardins du monde. donc le Japon, la Chine, avec tout ce que ça comporte, c'était, je ne voulais que de la théorie. Et la deuxième année, par contre, c'était le deuxième module, c'était connaissance des végétaux et ses utilisations. Et là, c'est pareil, chaque semaine, c'était un intervenant différent, donc entre la palette méditerranéenne et au contraire, le jardin du désert, et avec les plantes, et c'était en formation continue, et on était mélangé aux étudiants. Donc ce mélange de personnes qui avaient un parcours professionnel et d'étudiants, c'était hyper tonique. Et même si c'était qu'une fois par semaine, c'est ce qu'il me fallait pour réintégrer tout ce qu'on avait appris. D'accord. Après quand je suis arrivée en Corse, toute cette nature, je connaissais principalement les oliviers. bien sûr, les chaînes, le maquis, mais pas vraiment précisément. Et j'ai trouvé une formation d'une semaine qui était géniale, qui s'appelait stage sauvage jaune médicinal et comestible. Et il y avait Cécile Billard qui nous apprenait comment reconnaître les plantes et les transformer pour les manger. il y avait une naturopathe et il y avait un ethnobotaniste Grégory Lemoyne qui nous montrait toutes les plantes et qui nous les détaillait et à cette occasion je lui ai posé la question s'il connaissait quelqu'un qui faisait de la teinture végétale parce que ça me trottait dans la tête depuis un moment effectivement moi dans les années 70 j'avais 15 ans et dans ma baignoire je faisais déjà des essais avec des teintures d'ilons de l'époque donc complètement polluantes mais il y a des essais de teinture je mélangeais déjà les couleurs je faisais déjà des essais de de forme, et je teignais mes draps. Donc, j'avais quand même ça déjà depuis longtemps. Et il m'a indiqué le nom de Marie-Marie, un nom magique. Surtout, elle est venue faire une formation en Corse six mois après, en novembre. où on était une dizaine, et c'était sur la laine. Et là, j'ai su que c'était... Voilà, c'était ce que j'allais faire maintenant. Parce que Marie est extrêmement pédagogue, extrêmement... synthétique dans ses explications. Donc, première chose, on a fait de la cueillette avec elle et c'est ce que je continue de faire. Moi, ce qui m'intéresse, c'est vraiment la cueillette. Ce n'est pas d'acheter sur Internet de la poudre de chlorophylle. Ça ne m'intéresse pas. voilà parce que j'ai besoin d'avoir ce lien de savoir où je l'ai trouvé et en même temps je rencontre des gens quand je cueille donc ça fait beaucoup d'interactions qui sont importantes et avec Marie on a fait ce stage sur de la laine alors j'étais un peu déçue parce que laine j'imaginais au départ mais c'était des échevaux de laine plus pour tricoter moi j'imaginais tout de suite tissu métrage et donc j'ai pu après transposer tout ce qu'elle nous avait appris sur des métrages Et là, j'ai rencontré des personnes très intéressantes, dont Alice et Marion. Et je dois dire qu'une fois le stage fini, c'est grâce à Marion qui m'a rappelé et qui m'a dit tu ne crois pas qu'on pourrait essayer à deux ? parce qu'on habitait pas loin l'une de l'autre et ça m'a permis de me jeter à l'eau je suis pas sûre que seule j'aurais fait le pas, j'hésitais je disais demain, demain, demain et quand on est deux pour mettre le pied en tout cas ça nous a permis, on faisait chacune de notre côté on se voyait de temps en temps on s'envoyait des photos ça a accéléré beaucoup le mouvement parce qu'en fait un an après avoir fait le stage de... Avec Marie, j'ai créé ma marque Costa Flora. Costa parce que j'habite à Costa, le village de Costa. Et Flora parce que c'est la flore en Corse. Et moi, je voulais faire toutes les matières, entre guillemets. C'est-à-dire, je voulais teindre la laine et la soie. Et je voulais teindre le coton et le lin. Et je voulais faire principalement des écharpes parce que j'en porte. presque une écharpe c'est autour du cou ça peut éclairer le visage on peut être en jean et en t-shirt et on met juste un petit foulard ou une écharpe autour du cou ça transforme complètement la personne et la manière dont on est perçu. Et voilà. Et j'ai commencé en achetant... Alors, je me suis fait trois axes, c'est-à-dire j'ai acheté chez Fibre Bio, adresse extraordinaire... des écharpes toutes faites, tissées en Inde, où il y a un grand respect, elles sont déjà prêtes pour la teinture, en laine. Et leurs écharpes en laine sont absolument superbes. La qualité, le toucher, le rendu, la dimension, il n'y a rien à dire. Celles en lin aussi. et la deuxième axe c'était je vais dans des endroits où il y a des stocks dormants c'est à dire c'est des maisons qui rachètent des stocks des maisons de couture parce qu'il y a des déchets gigantesques et il y a trois, quatre adresses à Paris où là soit c'est des ponts qui sont déjà préparés de trois mètres mais si on va au fond du magasin c'est des rouleaux et là on prend les métrages que l'on veut et le troisième axe c'est de la seconde main donc sur des sites spécialisés de seconde main j'achète des écharpes avec soit des carreaux des écossais, des tissés teints plutôt et que je surteins donc il y a toujours un peu de blanc dans ce que je commande et ça transforme complètement du noir et blanc je passe du beige au noir ou du rouge je ne fais pas vraiment de rouge mais il y a d'autres couleurs qui sortent et ça me fait mes trois axes super bon Chantal c'était comme je disais un super parcours donc je vous ai laissé vraiment tirer le fil c'est le cas de le dire de toutes ces maisons de mode et l'arrivée vers la couleur végétale moi ce qui me fascine et ce que je retire de tout ce parcours là et du lien avec la couleur végétale c'est votre rapport à la matière alors j'ai une question qui est euh Donc la teinture végétale ne se pratique que sur fibres naturelles. Et en fait, dans votre parcours dans les maisons de luxe, vous avez beaucoup travaillé des matières qui étaient plutôt quand même, enfin aussi des matières synthétiques. Est-ce que ce n'est pas frustrant quand on veut soi-même apposer de la couleur, être entre guillemets un peu plus restreinte dans le choix des fibres qu'on a à disposition ? Alors... Pour moi, non maintenant dans la teinture végétale, parce que de la viscose, teindre de la viscose on pourrait, puisque c'est une belle viscose, c'est cellulosique, donc si c'est vraiment tiré de la fibre du bois, on pourrait la teindre. Maintenant, trouver des belles viscoses, c'est très compliqué. voilà, mais c'est vrai qu'en faisant vos écouteurs rentrent très bien alors chez Thierry Mugler on avait une spécialité, on a été les premiers à utiliser le polyester c'est un terme qui fait fuir tout le monde mais pas chez nous parce que c'était un gage de modernité dans le sens où ça ne se froisse pas et surtout on avait trouvé des fabricants au Japon qui, à l'époque, dans les années 80, le polyester était aussi cher que la laine, j'allais dire, parce que c'était des fils extrêmement fins et très bien travaillés, et on faisait faire des crêpes de polyester. Et la crêpe de polyester, c'est un fibre qui est retordu plein, plein de fois, et ça donne une fluidité dans la matière, ce qui faisait que, quand on bougeait, la jupe bougeait autour de nous. Donc ça c'était fascinant, mais c'était effectivement un partenariat avec le Japon, où j'ai fait faire des tissus très spécifiques en polyester. Alors par contre en polyester, le noir par exemple, ça ne fait jamais un beau noir. ça sera toujours un noir un peu gris par contre les couleurs, oui les autres couleurs, oui, mais ça ne faisait pas un très beau noir ce qui nous arrangeait parce qu'on était dans des coloris plutôt vifs donc ça moi je garde un très beau souvenir des très beaux polyesters du reste, à la même époque Issey Miyake a lancé son concept Please Please avec des plissés C'était une ligne qui existe toujours et lui-même il a fait aussi faire son propre tissu parce que le polyester du coup reste plissé, ça ne se déplisse pas. Donc ça a donné une ouverture au niveau des formes. On peut avoir encore dans nos armoires des tissus plissés de Miyake, 40 ans après. Du reste, souvent les mères le redonnent à leurs filles, parce que c'est des vêtements qui vieillissent très bien quand le polyester est de très bonne qualité. Ce qui n'est plus le cas du tout maintenant. même dans les maisons de luxe le polyester c'est plus d'excellente qualité ? non maintenant ils n'en utilisent pas ils n'en utilisent plus ils n'en utilisent plus ils utiliseront encore un peu de viscose ou ils la mélangeront viscose coton ou viscose laine mais en polyester non parce que la connotation est devenue tellement mauvaise que voilà alors peut-être un peu encore au Japon mais plus en Europe

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Je voulais savoir, Chantal, si vous aviez des astuces. Vous avez parlé de déguiser son œil, déguiser sa main au toucher des matières pour les reconnaître. Sur la teinture végétale, on est sur une gamme plus courte de matières naturelles. Pour autant, il y a beaucoup de différences de tissus finalement. Moi, naïvement, je commande de la soie. pour faire des essais. En fait, je reçois une soie épaisse, etc. En fait, il y a différents types. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu les différents types, vos petites astuces pour reconnaître des tissus ? Comment vous vous faites pour un tissu ? Il n'y a pas d'étiquette, il n'y a rien. Savoir quelle matière c'est, si vous avez des petites astuces à nous partager.

  • Chantal Guillon

    Moi, c'est l'expérience principalement qui maintenant, effectivement, quand je vois un tissu, je sais à peu près ce que c'est. Mais ce qui est très important, c'est le poids. Quand vous commandez un tissu, il faut absolument avoir le poids du tissu, qu'il soit en mètre linéaire ou en mètre carré. Ça donne une dimension. donc après il faut se faire je pense que sur internet on peut trouver des tableaux qui retranscrivent ce que c'est alors effectivement en soie on peut passer d'un plongé de soie pour doubler qui est très très fin à un crêpe de soie qui est très lourd ou à du taffeta et le taffeta ça ne va pas se teindre ça sera toujours raide c'est cassant ça va faire des cassures dans la teinture donc évitez de toute façon le taffeta effectivement il y a différents de soi moi c'est tellement quand je vois un tissu je vois tout de suite comment ça va devenir alors c'est difficile à partager au niveau de l'expérience mais le poids guide énormément ça c'est sûr il faut absolument toucher et il ne faut pas hésiter à faire tomber le tissu, le bouger le mettre un peu sur soi quand on est même dans une boutique on déroule un mètre de tissu et on le met vertical et on voit s'il tombe bien je pense qu'il faut jouer avec c'est pas figé c'est vivant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Après Chantal, il y a quand même quelques opérations. Je vois quand on reçoit son tissu et qu'on le prépare pour la teinture, donc si ce n'est pas du tissu prêt à teindre, il y a quand même des opérations. Moi, je vois mon mordansage rend parfois ma fibre, mon lin un peu plus effet cartonné. Alors, il y a des astuces pour enlever ça, mais je veux dire, c'est compliqué de… Enfin, vous, c'est votre expérience, mais je veux dire, c'est compliqué quand même de se dire, tiens, ce tissu-là, une fois teint, après tout ça, va avoir une souplesse et un… C'est vraiment la pratique qui va guider le choix.

  • Chantal Guillon

    c'est vrai mais le lin par exemple alors j'ai quelqu'un à côté de moi qui teint aussi et qui elle alors que c'est tout le monde dit sur ce que je vais jamais le faire par exemple elle le met dans sa machine à sécher à sécher le linge et elle trouve et je suis d'accord que ça l'assouplit donc à essayer la vapeur la chaleur, la chaleur change aussi beaucoup d'accord effectivement, il faut surtout... Ils sont tous apprêtés, les tissus. Donc moi, ils passent 2, 3, 4 jours dans la baignoire pour essayer d'enlever l'après. Et les lavages sont très importants. Mais la chaleur, la chaleur.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors, moi, j'avais une question de pure débutante, parce que moi, le milieu de la mode et du textile, ce n'est pas du tout mon milieu. Et j'avoue, j'ai énormément de mal à trouver une source qui permettrait d'identifier les différentes matières. Donc, les matières, les grandes matières, le lin, on l'a dit, la soie, la laine et le chanvre, la fibre, je comprends. Ces différentes... ces différents tissus qui sont déclinés en dessous, j'ai énormément de mal à identifier. Parce que comme je vous disais l'exemple avec la soie, j'ai voulu faire des essais de teinture sur soie. J'imaginais moi une soie hyper légère, hyper… Et en fait, ils m'ont envoyé un truc super lourd, un peu presque cartonné. Alors oui, c'est de la soie, j'ai la preuve. Mais en fait, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et en fait, je cherche des ressources. Donc, j'ai regardé dans les bouquins. Je ne dois pas avoir les bons bouquins. J'ai regardé sur Internet. Est-ce que vous, vous avez une source ? qui permettraient d'identifier par type la soie, les différentes, je ne sais même pas comment ça s'appelle, les différentes matières issues de la soie ?

  • Chantal Guillon

    Alors, je crois, j'ai entendu parler d'un livre, qui est l'histoire des tissus, mais je n'ai pas du tout les références. D'accord. Je vais essayer de les avoir et je vous en ferai part. Parce qu'effectivement, il y a des livres qui expliquent, mais c'est très technique. Donc... voilà donc il faut les apprendre en fait oui ne pas hésiter quand vous êtes hors de, quand vous êtes en ville entre guillemets d'aller dans des boutiques ou même dans les magasins de vêtements et de toucher parce qu'il y a toujours la composition qui est notée donc c'est vraiment un apprentissage ça je trouve que c'est une ressource je trouve que c'est une ressource c'est vrai les soies il y a tellement de types de soies entre il y a le crêpe de Chine qui est la soie la plus facile autour du cou mais

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je pense qu'il y a un dictionnaire des tissus d'accord je vais chercher ça et je prendrai aussi votre ressource en livre comme ça on essaiera de mettre dans le descriptif mais voilà moi dans tout ce que vous avez raconté je vois bien donc cet aspect connaissance de la fibre et vous avez parlé de votre rôle dans le choix couleur et votre oeil qui était vachement aiguisé un avantage quand même de la teinture végétale c'est que peu importe la couleur qu'on fait on est d'accord qu'elles vont toutes ensemble

  • Chantal Guillon

    absolument elles se répondent et c'est tout à fait étonnant il n'y en a jamais une qui va interférer sur les autres et c'est exact ce que vous dites, c'est tout à fait ça qui est fascinant alors moi au niveau expérience couleur 40 ans j'ai changé beaucoup je crois qu'il ne faut pas rester figé dans des schémas et il y a beaucoup de gens autour de moi qui disent ah mais moi je n'y connais rien en couleur on ne m'a pas appris ça s'apprend et ça s'apprend pas je crois qu'il faut se faire confiance il y a plein de gens qui disent mais moi choisir la couleur de mon rideau il faut que tu m'aides, je dis bah non tu regardes, tu vois tu essayes parce qu'il faut que ça vienne de toi et c'est vrai que dans la teinture végétale il n'y a pas ce rapport là parce que toutes les couleurs s'unifient c'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    incroyable c'est incroyable parce qu'on a beau moi je suis en phase d'expérimentation je rappelle ça vraiment comme ça je fais des tests absolument farfelus parfois ou plus structurés pour reproduire ce qui a été en formation etc mais en fait je trouve que c'est vraiment hallucinant parce que il n'y a aucune faute de goût aucune faute de goût possible. Et donc, je me dis, ça décomplexe les gens qui n'ont pas forcément un œil aiguisé sur la couleur. Et donc, c'était pour moi aussi un rebond par rapport à votre parcours quand vous parliez de la couleur. J'avais des questions, Chantal. Est-ce que vous pouvez nous citer les plantes que vous travaillez dès la cueillette ? J'ai bien compris que c'était des plantes issues, enfin, corses typiquement. Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-unes et les couleurs qu'elles vous donnent et puis vos préférées ? N'hésitez pas à nous les dire.

  • Chantal Guillon

    Alors, il y a l'immortelle qui vient en premier parce que d'abord, c'est une plante endémique encore. C'est qu'elles sont venues naturellement autour de la maison sans que je les ai plantées. Et c'est une plante que je peux cueillir toute l'année, entre guillemets. Je peux la cueillir en même temps en novembre. Et maintenant, là, elle va commencer à fleurir. Ça fait un jaune dans les fleurs magnifiques. Et après, en teinture, ça fait un coloris un peu curry. jaune, un jaune très très profond et la chose qui est extraordinaire avec l'immortelle c'est qu'elle a une odeur très forte et que ça reste dans les tissus comptins donc ce sont des tissus qui sentent bon donc il y a l'immortelle en priorité il y a le pistaché lentisque aussi qui pousse beaucoup ici et qui fait aussi un très beau jaune qui peut virer au vert si on met un peu de cuivre dedans Il y a la myrte, pareil, tout ça on est un peu dans les jaunes, dans les caquilles, un peu dans les beiges. Et il y a les cistes. Alors il y a le ciste de Montpellier qui a des feuilles blanches et l'autre, le ciste, je ne sais plus, qui a des feuilles violettes. Et là, autour de moi, c'est envahi. ça fait aussi dans les tons un peu jaunes il se trouve que j'ai un mimosa dans mon jardin dont une branche est tombée suite à la tempête et du coup avec l'écorce l'écorce de mimosa ça fait un beige rosé absolument extraordinaire un coloris très doux et très très beau il y a des eucalyptus autour de moi aussi alors ça fait plutôt des beiges chez moi il y a des jardins abandonnés avec des iris et des iris qui ont été plantées il y a très très longtemps donc c'est des iris bleues qu'on trouve pratiquement un bleu très très fort et là ça fait un peu de bleu vert des fois avec des taches, je dois dire, ce n'est pas facile à teindre l'iris. Et les oliviers aussi, il y a beaucoup d'oliviers, les feuilles d'oliviers, c'est un très beau jaune aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et pourquoi les iris font des taches plus que d'autres ?

  • Chantal Guillon

    Parce que moi, j'ai appris à le teindre avec la fleur fraîche. Donc, je mets et le tissu et la fleur en même temps.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah oui, d'accord.

  • Chantal Guillon

    Je peux remuer. Et j'ai des... Donc, je... je vais retourner faire un stage avec Marie Marquet j'ai besoin encore de me perfectionner et je vais lui poser la question avec mes échantillons et là qu'est-ce qu'il y a pu se passer

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Chantal en ce moment c'est le mois où Marie Marquet répond aux questions des auditeurs donc sur Instagram vous avez la possibilité d'écrire votre question donc je compte sur vous pour aller la mettre tout de suite après l'enregistrement parce que c'est Marie Marquet qui répond aux questions et botanique et fibre etc pour les trois mois du podcast j'attends votre question du coup ça c'est chouette ok donc on a fait un tour donc c'est vraiment des plantes locales etc vous votre volonté c'est vraiment de partir de la de la cueillette vous n'êtes pas pour les extraits c'est ce lien que vous voulez garder j'ai une question vraiment un peu hum qui bouscule un petit peu, c'est que vous avez été dans un monde de la mode très structurée, très tournée vers la qualité, les exigences, etc. Est-ce que vous pensez, Chantal, que les maisons de luxe telles que celles que vous avez expérimentées, on va dire, pourraient passer à la couleur végétale ou non ? demain ?

  • Chantal Guillon

    Alors, pour eux, leur principale manière de penser, c'est qu'est-ce que ça va me rapporter ? Quel est mon intérêt de le faire ? Alors, quel est l'intérêt de le faire ? Pour eux, pas grand-chose, en fait, à part être dans le mouvement général du changement climatique et autres, mais pour ça, ils ont du greenwashing, ils ont des communicants qui communiquent, et donc, derrière, c'est pas exactement la même chose. Par contre, je trouve qu'il y a une maison où ça aurait du sens de le faire, c'est la maison Chanel en haute couture. parce qu'il pourrait faire teindre des fils en teinture végétale et faire un tissage de tweed, qui est la base de la maison. Parce que Marcelle Chanel, figurez-vous, dans les années, je ne sais plus exactement, a été fascinée par les couleurs qu'elle trouvait en Écosse et en Irlande, qui n'étaient pas les mêmes couleurs qu'on trouvait en France, et elle allait faire faire ses tissus là-bas. et donc et elle avait raison c'est très intéressant les couleurs irlandaises et anglaises ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres et je trouve que là il faut que s'il y ait un lien avec l'histoire de la maison en même temps il suffit qu'il y en ait une qui commence pour que les autres commencent mais ils font 6 collections par an si c'est pour faire tout d'un coup une collection qu'en teinture végétale et puis après on passe à autre chose, on y aura perdu la teinture végétale finalement ce sera juste comme une capsule qui aura fait un effet de mode un effet de mode et c'est pas ça dont on a besoin je trouve avec la teinture végétale il faut que c'est un vrai changement profond mais ils y sont sensibles ils sont au courant il y en a certains qui sont plus sensibles que d'autres, Christophe Lemaire qui a été très longtemps chez Hermès qui a sa propre marque lui fait des gammes de couleurs à partir de teinture végétale pour une saison, il l'a fait et voilà, donc il y a quand même des gens que ça interroge après au niveau industriel que ça passe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    parce qu'il faut voir les processus en production par rapport au cahier des charges notamment dans le luxe qui sont plus exigeants ah oui oui oui c'est ça que la couleur puisse résister même

  • Chantal Guillon

    aux lumières en boutique en Chine, pour passer les douanes, c'est... Alors, bon, c'est des prétextes, mais en attendant, c'est là, c'est les lois. C'est terrible. Donc, l'ententeur végétal, alors là, on oublie tout de suite.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et ce que j'allais vous demander,

  • Chantal Guillon

    c'est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Comment on va dire ? Ok, elles pourraient changer soit pour une histoire d'image, soit pour une histoire de lien avec, comme vous expliquez pour Chanel, de lien avec l'historique de leur maison. Est-ce que vous pensez que la réglementation... pourrait inciter ces grandes marques à bouger ou ce n'est pas un levier qui les perturberait vu les budgets qu'elles ont, etc. ?

  • Chantal Guillon

    Non, ce n'est pas un levier qui va les… Non, ce n'est pas la réglementation parce que… Qui va changer quoi que ce soit. Non, non. Ils ont besoin… Par contre, ils ont besoin d'être dans l'air du temps. Donc, ils ne veulent pas être à la traîne. Donc, il faut quand même qu'ils soient… dans la réalité de ce qui se passe.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc, c'est plutôt via les consommateurs que ça pourrait changer. Si leurs consommatrices, consommateurs sont plus sensibles à la couleur végétale ou sont intrigués par ça, ça pourrait bouger via les consommateurs.

  • Chantal Guillon

    Je pense que non, il faudrait que ça passe par la presse. Non, il faudrait que ça passe par la presse. Ah,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    la presse ! Ok, je n'avais pas pensé à ça. D'accord,

  • Chantal Guillon

    ok. Il n'y a aucun journaux de mode qui parle de la tente. végétales, à part peut-être l'EL, en été faites votre t-shirt en taille en verne, parce qu'il parle, c'est le but. J'ai jamais vu un article dans tous les journaux de mode qui parle de la teinture végétale. Et ça, il faut que ça passe par la presse, il faut que ça passe par la communication, que ce soit les réseaux sociaux ou autres, mais il y a un vrai travail à ce niveau-là, je pense, pour faire changer l'image.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah génial, ça c'est vraiment un axe que j'avais pas trouvé enfin un consommateur oui mais la presse c'est vrai qu'en fait pour les maisons de mode c'est quand même hyper important, j'avais pas pensé à ça j'avais une avant-dernière question pour vous Chantal si vous étiez une plante tinctoriale, laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Chantal Guillon

    Alors l'immortelle ça c'est sûr D'abord, c'est emblématique de la Corse. Il y a une odeur et l'odeur, je l'adore. Elle fait un coloris curie très profond, spécialement profond. Et je suis entourée autour de moi et elles sont venues naturellement autour de la maison. Donc, ça me touche beaucoup.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Est-ce que vous avez des personnes inspirantes que vous aimeriez nous citer, qui vous ont inspiré sur la couleur végétale ou dans votre parcours ?

  • Chantal Guillon

    Alors figurez-vous que moi, ce qui m'a inspirée, c'est Henri Matisse, parce que ce peintre a toujours mis des tissus en arrière-plan de ses peintures, que je suis allée au musée de Cato-Cambrésie. pas loin de chez moi et c'est extraordinaire sa collection de tissus il avait une collection de tissus et son rapport à la couleur m'a beaucoup beaucoup influencé pendant tout mon parcours d'accord ok voilà

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    autre question est-ce que vous auriez un ou plusieurs livres à recommander aux auditeurs

  • Chantal Guillon

    absolument alors moi d'abord il y a un roman que j'adore de Olivier Bles qui s'appelle Pastel qui est chez Gallimard qui est un roman merveilleux ça se passe au 15ème siècle du côté d'Albi comment un teinturier spécialiste du rouge découvre le bleu et donc c'est sur la teinture végétale au XVe siècle. C'est un roman, mais c'est un pur délice à lire. Après, moi j'ai beaucoup aimé un livre de l'histoire des couleurs. de Manlio Brusatin B-R-U-S-A-T-I-N qui est un italien qui est de la théorie mais c'est entre l'art et la science entre la physique et la psychologie et je trouve que c'est important de la voir il est historien de l'art et il est architecte et puis un livre beaucoup plus poétique de Darek Jarman J-A-R-M-A-N qui s'appelle Chroma un livre des couleurs Alors lui, il a fait du cinéma, il a fait un jardin incroyable, complètement minéral. Il était touche à tout et il parle des couleurs comme personne n'en parle.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord génial c'est top Chantal c'était trois bouquins qu'on n'a jamais abordé sur le podcast et en plus un roman donc c'est top comme c'est bientôt le moment de Farniente on va dire ça va faire du bien aux lectrices c'est génial est-ce que vous avez un mot de la fin Chantal avant qu'on ne se pose la dernière question qui est à qui vous passez le micro

  • Chantal Guillon

    Alors, à qui je passe le micro ? Moi, je pense que c'est très important d'interviewer Catherine Legrand, qui est une créatrice très textile et qui fait une collection de tissus, de costumes, de parures, d'accessoires, qui avait fait une très belle exposition Indigo. À la Bibliothèque Fornay à Paris il y a assez longtemps, elle a fait un livre Indigo et cette exposition avec tous les vêtements teints en indigo dans le monde entier a absolument été vraiment un coup de cœur. Elle a fait un autre livre aussi sur les vêtements du monde et je trouve qu'elle a un regard panoramique qui est important. Alice Lanzini qui a le compte Instagram que j'ai donc découvert au stage de Marie Marquet qui est à l'écorce travaille en Corse et fait la teinture végétale et essaye d'en vivre et puis un autre compte que j'aime beaucoup sur Instagram qui vient du Mali qui s'appelle Bakoji Voilà, c'est des gens qui m'inspirent. Et il y a certains contes au Japon aussi qui sont assez fascinants. Oui, j'ai juste une chose que je voudrais rajouter, que je trouve très importante, c'est l'image de la teinture végétale. Il faudrait qu'on sorte l'image de la teinture végétale des années 70, parce que ça colle à la peau. Et du coup, on ne pourra pas avancer à tous les niveaux si on ne sort pas de... du tie and die de voilà donc je trouve que il y a un gros travail à faire du bundle die, tout ça, ça existait déjà dans la mode quand quelque chose existait, on allait plus loin et là on a l'impression qu'on n'a pas avancé par rapport aux années 70 pas tout le monde, loin de là il y a plein de gens qui ont avancé, il y a une nouvelle génération qui arrive mais alors qu'ils y aillent

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ouais d'accord donc c'est aussi un des dans les leviers dont on a parlé tout au long du podcast c'est aussi un levier d'image qu'on n'avait pas du tout identifié qui est hyper intéressant et oui enfin comment dire une sorte de renouveau qu'il faudrait qu'il faudrait venir apporter pour montrer que voilà c'est plus comme il dit comme Michel Garcia dit et ça me fait bien rire un truc de hippie bobo c'est plus c'est plus ça ouais on est d'accord ah génial ça c'est très important mais dans la modernité dans la modernité et dans la sophistication oui on aura quelques exemples de créateurs de mode qui vont venir au micro et qui sont dans la dans la mode dans les codes de la mode mais avec la couleur végétale mais revisité et franchement je pense que ça va être hyper intéressant ces épisodes de podcast aussi non bah top bah écoutez merci beaucoup Chantal bah merci Pauline Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:36

  • Présentation de Chantal Guillon et son parcours

    00:43

  • Les débuts de Chantal dans la mode et la couture

    01:22

  • Expérience chez Thierry Mugler

    03:58

  • Travail avec Karl Lagerfeld chez Chanel

    07:26

  • Rôle chez Sonia Rykiel et Hermès

    10:33

  • Transition vers la teinture végétale en Corse

    17:56

  • Création de la marque Costa Flora

    23:11

  • Défis de la teinture végétale dans l'industrie

    25:55

  • L'avenir de la couleur végétale dans la mode

    41:24

  • Conclusion et recommandations de Chantal Guillon

    51:46

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