- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de planches, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Alors bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast à récovers Suzy Gallo. Bonjour Suzy.
- Suzy Gallo
Bonjour Pauline.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors Suzy, je voudrais que tu puisses nous partager ton parcours, nous expliquer comment tu en es arrivée à la couleur végétale.
- Suzy Gallo
Alors, je pense que c'est quelque chose qui revient, qui vient de l'enfance. Moi, j'ai vécu avec une maman herboriste et une grand-mère passionnée de jardin et de cuisine. Donc, dans la famille, il y a une passion pour tout ce qu'on fait avec les mains, mais avec les plantes, avec la cuisine aussi, avec la peinture. Donc, je pense qu'il y a un petit fond quand même qui vient de la famille, un héritage familial. Et puis après, j'ai toujours aimé l'approche de la couleur, surface, matière, les savoir-faire. Je me suis d'abord formée à la fabrication de costumes. et en fait j'en suis venue très vite à faire de la couleur, de la teinture d'abord avec des pigments de synthèse, des colorants de synthèse et puis après à la teinture naturelle je pense que mes premières expériences de couleur naturelle sans le savoir évidemment ça remonte vraiment à la petite enfance tout simplement par le jeu en fait quand on commence à à faire des batailles de framboises dans le jardin, ce qui paraît complètement délirant quand on est plus grand, mais voilà, ce genre de choses, quand on est gamin, où on allie le goût, la couleur, les textures, le jeu. Et puis après, en tant que costumière, en tant que professionnelle, tout simplement s'interroger. Moi, je me suis interrogée pas mal sur l'histoire des couleurs, la symbolique des couleurs, et puis c'est vrai que... le colorant de synthèse il offre pas trop ce genre de réflexion, enfin moins quand même, mais moins pour moi en tout cas qui étais vraiment passionnée d'histoire du costume et à l'époque en sortant de mon diplôme j'ai eu la chance de rencontrer une artiste plasticienne qui s'appelle Betty de Paris et qui m'a pris sous son aile pendant un an donc j'ai été son assistante et pour faire de la teinture naturelle avec elle. Spécialement, c'était plus spécialement de la teinture à l'indigo par fermentation. et pendant un an j'ai fait de la teinture avec elle et j'ai appris plein de choses je pense que c'est là que j'ai compris vraiment la grandeur, la profondeur de la chose et tout ce qui s'ouvrait devant moi et c'est comme ça grâce à Betty que j'ai commencé et que j'ai découvert les premières teintures végétales d'accord
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok alors est-ce que tu peux m'expliquer du coup le lien entre toi et Colore ton monde et me présenter Colore ton monde
- Suzy Gallo
Oui, bien sûr. Alors Colors ton monde, maintenant, c'est une association qui existe depuis 2011. À l'époque, en 2011, je me rappelle très bien, moi j'étais encore costumière, mais j'avais vraiment envie de faire que de la teinture, en fait. C'était un peu, vous savez, quand on tombe dans le chaudron, on ne peut plus faire autre chose. C'est viscéral, quoi. Et donc je faisais de plus en plus de teintures, de recherches pour moi, mais bon il me manquait encore plein de connaissances, plein de choses et je sais pas pourquoi en 2011 j'ai rencontré beaucoup de gens qui faisaient de la teinture végétale tout seul dans leur coin, un peu comme moi, enfin même si j'avais Betty, mais c'était pas non plus, voilà c'était pas un groupe. et avec ces gens on a créé Colors ton monde et voilà dans l'idée de d'échanger le premier but de Colors ton monde ça a été d'échanger entre nous mais en fait ça nous a dépassé tout de suite ça nous a dépassé et on n'a pas échangé qu'entre nous Voilà, le lien avec Colors au Monde, pour moi, c'est vraiment la transmission. Et ça l'est toujours, d'ailleurs. Donc, dans l'association, je peux vous présenter, enfin, te présenter les membres actifs de Colors au Monde aujourd'hui. Donc à la base, on était une dizaine de personnes, et sur ces dix personnes, aujourd'hui, on est deux êtres restés, les autres ont continué leur vie et leur projet, et puis il y a d'autres personnes maintenant évidemment qui viennent compléter l'équipe, et les adhérents, les bénévoles, mais j'en parlerai plus tard. Donc il y a Cécilia Aguirre. que j'ai rencontré vraiment mais tout est une rencontre tout est une rencontre dans Color of the World tout est une histoire de rencontre c'est assez chouette Color of the World c'est ça l'âme de Color of the World c'est la rencontre et la transmission et Cécilia qui est restauratrice de textiles anciens notamment parce qu'elle a plusieurs casquettes un peu comme nous toutes j'ai l'impression je l'ai rencontrée via son blog de teinture en fait moi je préparais un voyage en Inde à l'époque où j'ai été par la suite et je sais pas je tapais blog teinture naturelle, voyage autour du monde vraiment c'est le pur hasard je suis tombée sur son blog je la connaissais pas du tout et quand je l'ai contactée je lui ai dit mais il faut absolument qu'on se rencontre c'est super un voyage comme ça moi je prépare un voyage en Inde on va vraiment avoir plein de choses à échanger mais tu es où géographiquement ? tu es où ? parce que j'aimerais vraiment te voir elle me dit oh je suis à Bourg-la-Reine ah bon mais je suis à Sceaux en fait c'est la ville à côté c'est génial on va vraiment pouvoir se voir très vite ça c'était une super rencontre et après ça s'est enchaîné c'est pareil pour Marie Longhi qui est designer textile et scénographe on s'est rencontré sur un salon et en échangeant nos valeurs, notre façon de voir les choses, on s'est dit, bon, allez, collaborons ! Donc, c'est comme ça pour toutes, en fait. Après, on a aussi Anne-Sylvie Godot, qui est spécialisée dans les pigments, qui est en Belgique, qui fait des choses sublimes, qui boucle vraiment toute la chaîne de ce qu'on peut faire avec les plantes, enfin, à mes yeux, en tout cas, avec le pigment et les lacs. Et là aussi, c'est une rencontre géniale, de quelqu'un qui est amoureuse des plantes, de la terre, du terroir, du fémin. Après, on a aussi Marianne Aubry, qui est feutrière et écoprinteuse, et qui a travaillé longtemps chez Couleur Garance. Et qui est aussi maintenant formatrice chez Couleur Ton Monde. J'espère que je n'oublie personne, non ? Puis il y a moi, évidemment. C'est une belle aventure. Couleur Ton Monde, c'est une association créé en 2011 suite au symposium un colloque sur les teintures végétales qui a eu lieu à La Rochelle en 2011 l'objet de l'association c'est la préservation de la biodiversité par la promotion et le développement des teintures naturelles donc on est designer spécialisé en éco-conception on est artisan teinturier on est expert en couleurs, formateur Donc on a trois personnes dans notre bureau, toutes engagées dans le secteur textile ou de la culture de plantes. Moi qui suis salariée, teinturière et formatrice. On a environ, alors les adhérents ça change d'année en année, on va dire entre 100 et 300 adhérents, ça dépend des années. voilà donc 5 formatrices toutes spécialisées dans leur domaine la sérigraphie avec Marie la teinture naturelle ça va être Cécilia et moi les pigments avec Anne-Sylvie les éco-prints avec Marianne et l'indigo aussi avec Cécilia et moi voilà donc notre atelier aujourd'hui il est installé à Sceaux dans les Hauts-de-Seine, donc c'est vraiment à 30 minutes de Châtelet le centre de Verri on est dans une petite maison dédiée aux couleurs avec le soutien de la mairie de Sceaux on développe des ateliers pédagogiques et ludiques des formations on essaye en tout cas qu'elles soient innovantes qui permettent de découvrir et d'appliquer les teintures naturelles à différents domaines comme le textile, la peinture ce genre de choses et plus récemment on a mis en place un projet de création d'objets textiles, mode et décoration en lien avec différents corps de métier je suis passionnée par les différents savoir-faire et donc on a développé, on a commencé à développer un partenariat avec des tricoteuses, des tisserandes voilà donc on a un objectif L'objectif dans cette association, c'est promouvoir la diversité biologique, notamment les espèces végétales locales pour mettre en avant le patrimoine vivant, puis aussi tous les petits producteurs de plantes, valoriser les savoir-faire textiles liés aux plantes, et valoriser ces ressources cultivées ou sauvages par la mise en place de projets, on essaye, le plus socialement engagés.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
voilà en gros d'accord ok génial ah oui d'accord tu vois c'est un aspect que j'avais pas les accès biodiversité j'avais pas saisi tout de suite cet aspect là du coup tu dis entre 100 et 300 adhérents c'est énorme c'est génial combien coûte l'adhésion est-ce qu'elle est fonction du statut de la personne par exemple est-ce que tu payes différemment si t'es un artisan ou si t'es une grosse entreprise comment ça fonctionne
- Suzy Gallo
Oui, alors on a un système d'adhésion qui est quand même assez doux. Pour un particulier, ça va être 10 euros l'année. Pour les entreprises, je crois que c'est 50 euros. Et pour les associations, il me semble que c'est 20 euros ou quelque chose comme ça. Je crois que c'est ça, oui.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Et donc, vous êtes centre de formation. donc centre de formation est-ce que vous proposez d'autres ressources à mise à disposition de vos adhérents
- Suzy Gallo
Alors, oui. Donc, par exemple, c'est vrai qu'on est labellisé Calliope, et ça, c'est un peu une fierté. Donc, je crois que c'est quand même un gros travail, et ça nous met un cadre et tout ça. Donc, c'est chouette, on est contentes. Ça permet aux gens d'avoir une prise en charge professionnelle, dans certains cas, pas tous, malheureusement, la loi est assez compliquée là-dessus. mais oui bien sûr l'atelier il est ce qu'il est il n'est pas parfait évidemment mais il est accessible aux adhérents c'est à dire que pas tout le temps parce qu'on travaille aussi et qu'on fait aussi des choses dedans et les formations etc mais il est accessible aux adhérents s'ils nous appellent et il faut qu'ils soient formés aussi parce que c'est pas des cours c'est vraiment la mise à disposition d'un local de casserole, de machine à laver, enfin vous voyez ce genre de choses pour qu'ils puissent après produire, rechercher et faire ce qu'ils ont envie et donc ça c'est chouette après ce qu'on met à disposition aussi c'est la bibliothèque sur place des ouvrages qu'on a réussi à collecter au fur et à mesure des années et en termes de réseau aussi on a mis en place après chaque stage des groupes sur WhatsApp pour que les gens puissent continuer à échanger ça paraît pas grand chose comme ça mais au final c'est quand même génial de voir deux ans après trois ans après encore des nouvelles de quelqu'un qui a fait une formation Alors ça marche pas pour tout le monde, il y a des gens qui lâchent l'affaire après et font autre chose, mais c'est pas mal quand même. Et en fait, nous, à notre niveau de formatrice, puisqu'on est aussi un centre de formation, on échange beaucoup entre nous pour faire des formations qui soient équilibrées, qui aient du sens, qui résonnent les unes avec les autres. Et pour ça, il faut qu'on échange entre nous. Donc régulièrement, on se rencontre. Ce n'est pas évident. Marie est à Pau, dans le sud. Marianne, elle est en Bretagne. Anne-Sylvie, elle est en Belgique. mais on arrive à se rencontrer et là on l'a fait en mars pendant deux jours on a échangé sur notre pédagogie, sur le contenu de notre cours voir ce qu'on pouvait mettre à jour parce qu'en fait on est praticienne avant tout et du coup le cours il faut qu'il évolue et c'est génial c'est une rencontre fantastique, on a fait plein de recettes pour essayer de faire des nouvelles choses c'était super et comme ça a très bien marché et qu'on était ravis là on va proposer la même chose mais pour les adhérents de l'association, alors je pense pas qu'on pourra accueillir 100 personnes d'un seul coup c'est impossible dans notre petit local en tout cas mais je pense que ça peut être chouette là la semaine prochaine on se réunit avec différents membres de l'association pour faire des recherches colorées avec des plantes qu'on a récoltées. Donc voilà, ça c'est des choses qui font vivre aussi l'association. C'est une vie avec les adhérents. bénévole ou pas. L'année dernière, on a fait aussi nos portes ouvertes. Donc c'était chouette. On n'a pas eu énormément de monde sur ces premières éditions, mais c'était génial. On a plein de créateurs qui se sont formés chez Colort au Monde et qui sont venus exposer leur travail, qui ont parlé des formations. On a fait des petits ateliers gratuits. Donc c'était super intéressant de pouvoir rencontrer du monde. Et puis pour les créateurs de montrer ce qu'ils avaient fait aussi.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord.
- Suzy Gallo
Voilà. Par exemple, la vie de la sienne.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
c'est riche c'est riche entre les ressources les animations les formations et là comme tu dis la mise en réseau qui est primordiale parce que rapidement on se sent isolé un peu oui seul dans son atelier donc non je vois bien de quoi tu parles j'ai les retours dans ce sens donc je comprends complètement donc ok j'ai bien compris du coup la formation j'ai une question du coup qui me vient en tête c'est comment quelle est la différence entre les formations que vous pouvez proposer, par exemple la Colore ton monde, et tu sais par exemple le Greta qui a été créé, qui est aussi, alors je ne sais pas si c'est un centre de formation, je ne sais pas si c'est une formation diplômante, en fait ça pourrait être quoi la différence entre ces deux propositions ?
- Suzy Gallo
Alors, chez Colortomonde, on a des formations qui sont toute l'année. Moi, c'est la différence que je vois, parce que le contenu, il n'y a rien à dire, mais c'est plutôt sur le format, je pense, sur le fait que le Greta, c'est tout d'un bloc. je pense, il me semble, j'espère ne pas dire de plus.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Non, non, c'est ça, c'est un bloc, oui.
- Suzy Gallo
Nous, on ne fait pas tout d'un bloc. On préfère proposer. Il y a des gens, je sais que leur tourmente, qui font toutes les formations, mais ils ne font pas tout d'un bloc. C'est-à-dire que ça fait beaucoup d'un coup quand même à gérer quand on commence. Et ça permet de pratiquer entre les dates. C'est-à-dire de se poser des questions, d'avancer, et puis de voir aussi ce qu'on préfère, ce qu'on préfère faire ou pas faire. voilà après je pense qu'ils sont labellisés Calliope comme nous donc il n'y a pas trop de différence là dessus donc en fait la différence principale c'est le fait que
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Greta c'est un bloc d'un coup dans une année avec sûrement des intervenants différents et vous vous proposez tout au long de l'année en mode chacun peut faire son parcours en fait plus adapté avec son rythme de vie éventuellement. D'accord, ok. Bon, bah, super.
- Suzy Gallo
Ça aussi, le rythme de vie, c'est vrai que c'est important. Oui, oui, oui. Oui, oui, très important.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bon, super. Donc ça, parce que, désolé, mais ça me venait comme ça. Je me disais, bon, il faut que je pose cette question. Il y a une coutume maintenant dans le podcast, c'est de parler un petit peu de son écosystème, de ses partenaires, de ses fournisseurs, etc. Est-ce que vous, au sein de Color Ton Monde, vous avez justement des partenaires réguliers pour que ce soit les choix décolorants ou les fibres sur lesquelles vous allez teindre pendant les ateliers ? Est-ce que vous avez un petit... comme un rituel ou un écosystème régulier dont tu peux nous parler ?
- Suzy Gallo
Oui, Willing, bien sûr. Alors, je pense que là, au niveau plantes, on est pas mal… Moi, j'ai découvert pas mal de choses grâce à toi, Pauline, en fait, donc d'autres fournisseurs, donc on va pas mal évoluer peut-être. Oui, alors sinon, bien sûr, on travaille avec Willing. on travaille aussi avec la micro-ferme d'Alila c'est Cécilia Aguirre qui cultive des plantes juste à côté de l'atelier donc ça serait dommage de s'en priver de s'en priver carrément oui quand même et après donc avec la map des Cévennes aussi un petit peu et après il y a pas mal de choses qu'on cueille aussi qu'on récolte pour voir des choses locales, des choses qui sont de saison et qu'on ne va pas pouvoir forcément acheter. Au niveau plantes, c'est à peu près ça. Au niveau textile, je travaille beaucoup avec deux fournisseurs de textile parce qu'elles font tisser en France, c'est bio, c'est plutôt du coton pour les stages. ça va plutôt être du coton ça peut être du lin aussi donc là je pensais au coton avec les trouvailles d'amandine et isop tissu isop comme la plante je trouve que leurs tissus se prennent très bien la teinture et s'adaptent très bien aux formations et après pendant les formations les gens ramènent aussi un peu leur tissu parce que leur support va être différent donc c'est important qu'ils puissent travailler comme ça d'accord ok je savais pas c'est cool ça qu'ils puissent ramener justement la matière et leur projet au sein de la formation c'est cool et après on travaille d'autres matières on travaille le chanvre aussi bon là j'ai pas beaucoup de choses à fournir je travaille avec naturellement chanvre Et pour la laine, en stage, on n'a pas une laine, on va dire, tissée. Alors, on travaille surtout avec du tissage, de la laine tissée. Mais justement, c'est une formation qu'on est en train de mettre en place, dédiée juste à la laine, parce que c'est un peu différent. La laine en fil et la laine déjà tissée, on ne va pas la manipuler de la même façon. Voilà, et sinon, oui, on a une très belle laine, très très belle laine qu'on est en train de travailler, mais dans un tout autre cadre, c'est du mohair, enfin c'est pas de la laine, plutôt du poil de mohair, pardon, de la ferme des petits bergers. Et donc là, oui, c'est un très beau poil, magnifique, qui prend la teinture super bien.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord ok génial tu m'apprends quelque chose je pensais qu'on disait de la laine de mohair on en apprend à chaque fois est-ce que tu vends des produits à côté de tes formations parce que j'ai bien compris il y a les ateliers etc est-ce que du coup tu en profites pour proposer aussi des produits à la vente à tes stagiaires je ne sais pas comment on dit à tes apprenants à tes apprentis merci
- Suzy Gallo
on a développé deux kits on a un kit dédié à l'indigo on a un kit aussi qu'on a appelé le 3 ans parce qu'en fait on peut faire plein de choses dans ce kit on peut teindre on peut faire des chiboris, des écoprints et on peut imprimer aussi avec un pochoir qu'on a créé et donc en fin de stage on propose toujours plus ou moins toujours, aux apprenants de pouvoir repartir avec des plantes qu'ils auraient achetées chez nous. Mais on vend. Par contre, ça ne vend pas de plantes par Internet. C'est juste à nos apprenants en fin de cours qu'ils puissent après...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, sur place. D'accord.
- Suzy Gallo
Commencer.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
qui puisse se lancer dès la fin de la formation et la mettre en pratique. D'accord, génial. Alors, j'aimerais te poser des questions un peu en mode, tu sais, à l'air tour sur les préjugés qui touchent la teinture végétale avec le nombre d'épisodes maintenant enregistrés. Comme je te disais en préparant, il y en a des nouveaux. C'est dingue d'ailleurs qu'une discipline... et autant de préjugés collés à la peau et donc je voulais voir avec toi je vais te donner un préjugé tu essayes de soit me le déconstruire, soit me le nuancer, soit si vraiment pour toi, oui, effectivement, il est véridique, on se le garde et on fait le tri en fait de ce qu'on peut enlever ou pas. J'espère que c'était clair. Alors, du coup, le premier préjugé, c'est le nombre de couleurs proposées en teinture végétale versus teinture synthétique. Bon, apparemment, la palette de couleurs serait beaucoup plus terne, beaucoup plus pâle et moins nombreuse. Est-ce que là, tu peux nous apporter ton éclairage ?
- Suzy Gallo
Là, je pense que c'est vraiment une méconnaissance du sujet. évidemment que les gens qui font de la teinture naturelle végétale ou pas connaissent l'étendue des couleurs et du spectre coloré et non, non, bien sûr on peut avoir toutes les couleurs qu'on veut en teinture végétale on peut développer plein de couleurs toutes les plantes qu'on a nous permettent on a du bleu, du jaune, du rouge, du rose, du marron plein d'autres variantes, des nuances. Donc, on peut vraiment tout faire. On peut faire toutes les couleurs.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Est-ce qu'on peut préciser, par exemple, Suzy, dans les couleurs ? Par exemple, il y a une couleur à base, par exemple, d'une plante fraîche, d'une plante sèche et d'un extrait. Mais on peut aussi combiner les couleurs ensemble, les nuancer. Est-ce que tu vois d'autres techniques qui font qu'on arrive à étendre la palette de couleurs ?
- Suzy Gallo
Oui, bien sûr. Oui, c'est vrai qu'on peut faire un bain de plantes pures, c'est-à-dire, on prend son tissu, on va peser le tissu en fonction du poids de celui-ci, tissu ou fibre, fibre, enfin, quelque chose à teindre. On va décider de la nuance et de la profondeur de ton qu'on va vouloir donner au tissu. Et déjà, en jouant sur le pourcentage de la plante, on va pouvoir jouer sur la nuance. C'est la base, on va dire. Après, il y a plein de livres passionnants que je pourrais te donner. Notamment un auquel je pense, dans lequel on joue beaucoup sur les mordants. Moi, je ne préfère pas jouer trop sur le mordant, c'est-à-dire l'étape avant la teinture, où on va permettre de créer une passerelle entre le colorant et le tissu. Moi, je suis adepte de la bonne vieille noix de gale. Vraiment, c'est ce que j'aime, la noix de gale, avec la lin. Mais il y a plein d'autres façons de mordancer. Et ce mordançage-là, il va aussi permettre de jouer sur la couleur, de jouer sur la nuance. Mais comme moi, je vois toujours l'aspect financier aussi de ma teinture, il y a certains mordançages que j'ai vraiment mis de côté. pas parce qu'ils ne me plaisent pas en termes de beauté ou qu'ils ne sont pas comment dire efficaces mais tout simplement parce qu'ils coûtent plus cher et tu penses auquel par exemple de mordant sage qui coûte plus cher ? par exemple je pense à une technique c'est pas que ça coûte plus cher si en certains sens c'est une technique pour la laine notamment qui consiste à Alors, une technique super technique, intéressante, mais pas pour tout. Voilà, je pense au mélange du tamin et d'acide citrique pour pousser le colorant dans la laine. et en fait on se rend compte si on compare avec un nuancier fait avec ce mordant singe là et un autre nuancier fait avec la laine tout simplement qu'après si on teint avec la garance par exemple forcément on va avoir une gamme de couleurs beaucoup plus pâles avec celle avec le tissu qui a été mordancé avec le tannin et l'acide citrique. J'espère que c'est clair ce que je raconte, que je ne m'en bats pas trop. Mais en tout cas, ça veut dire que ça mange de la matière colorante, c'est-à-dire qu'à 20% de cohérence avec la lin, on va avoir un rouge. Je parle de l'extrait, l'extrait de plantes. Peut-être avec des plantes, on aura 100%. On aura un rouge écarlate et avec l'acide citrique et le tannin, on va avoir un orangé. mais pourquoi pas c'est pour ça que j'aime bien baser plutôt mes recherches de couleurs sur le mélange des couleurs et pas sur le mordant mais c'est une façon de travailler qui est super intéressante aussi mais moi personnellement
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, donc on peut utiliser la plante, comme on a dit, sèche, non sèche, en extrait, on peut jouer sur les mordants, est-ce qu'on peut mélanger des extraits ensemble et jusqu'à quel… Enfin, en gros, est-ce qu'on peut mélanger… Moi, j'ai déjà essayé avec deux, par exemple, mélanger deux extraits ensemble avant de commencer la teinture. Est-ce qu'on peut le faire avec plusieurs extraits, genre, je ne sais pas, jusqu'à quatre, ou c'est complètement stupide ?
- Suzy Gallo
Alors… moi j'en mélange deux, trois, grand max voilà je pense qu'après ça a plus vraiment d'intérêt d'intérêt oui mais oui on peut les mélanger et après comme c'est quelque chose qui est vraiment vivant, une matière vivante si on change l'ordre des teintures c'est à dire qu'on peut mélanger dans le même bain mais on peut aussi faire d'abord une teinture, superposer une autre on n'aura peut-être pas le même résultat si on change l'ordre de teinture.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Est-ce que tu as des astuces pour modifier la couleur une fois la teinture faite ? Donc avec le nuançage, mais est-ce qu'il y a encore d'autres techniques pour avoir d'autres couleurs et augmenter le nuancier ?
- Suzy Gallo
Alors, oui. On va parler de post-mordantage avec l'alun et le fer, notamment. va convenir parfaitement pour faire des post-mordansages.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc du coup, tu disais le post-mordansage avec la lin et le fer, est-ce que c'est un peu aussi ce qu'on peut appeler le nuançage ou ça n'a aucun rapport ?
- Suzy Gallo
Oui, c'est le nuançage. C'est ce qui va permettre vraiment à la couleur de virer, de passer. Donc la lin, ça va nous permettre d'avoir des couleurs lumineuses, le fer plutôt sombre.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et de faire vraiment virer par exemple un jaune de Reseda au kaki un rose cochini, un violet de la grenade qui va faire un jaune mais un jaune un peu sale un peu beige un noir donc oui ça c'est très intéressant et il y a d'autres mordant d'autres choses qu'on peut utiliser. Moi, je ne les utilise pas. Mais ce que j'avais vu en Inde, évidemment, on ne va pas faire ça ici. Et ce qui m'avait un peu choquée quand même, c'est le travail d'impression au mordant, c'est-à-dire imprimer les mordants avant et teinture et après teindre dans un bain de plantes. Et leur mordant, c'était l'étain et le chrome. Ouais, je me suis dit là, waouh, c'est pas terrible quand même.
- Suzy Gallo
il manque un petit comment on appelle ça une petite charte de conduite ou un petit guide de bonne pratique pour respecter quand même tu vois comme tu dis à minima l'environnement et les produits qu'on utilise je trouve que ça m'étonne que tu vois ça n'existe pas je trouve que ce serait intéressant de mettre ça en place mais bon on dévie est-ce qu'on a estimé est-ce que quelqu'un a estimé le nombre de nuances possibles en couleur végétale
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonne question, je ne sais pas. Mais il y en a beaucoup. Il y en a beaucoup, ça c'est sûr. Oui, oui, sûrement quelqu'un l'a fait, mais je ne sais pas trop. Il y en a énormément. C'est sûr.
- Suzy Gallo
Voilà, donc pour répondre à ce préjugé-là, non, il y a énormément de couleurs et elles ne sont pas que ternes et pastelles. Est-ce que... Donc le préjugé numéro 2, c'est qu'il n'y a aucun colorant qui tient aux UV.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
bon là il faut se retourner vers le passé il faut être un peu clairvoyant et regarder les oeuvres passées et les étudier et ça c'est précieux pour moi d'avoir rencontré Cécilia c'est que son regard de restauratrice de texte élancien nous a permis à toutes d'avoir vraiment ce recul sur la solidité lumière je pense qu'elle en avait parlé dans son entretien avec toi Merci et non non ça tient évidemment tout passe je veux dire dans la vie tout passe c'est pas nouveau même nous on passe un jour on trépasse même mais la teinture elle se patine avec le temps et voilà mais après il faut bien choisir ses plantes il faut là aussi regarder vers les anciens et à regarder ce qui s'est fait. Désolée, mais personne ne teignait avec le chou rouge et la betterave. Alors, ça se voit énormément sur les réseaux sociaux, et pour ça, c'est à faire, parce qu'il y a des milliards de gens qui, après, essayent. Et justement, ça ne tient pas. Donc, ils se disent, ça ne tient pas à la teinture végétale. C'est comme si j'essayais de faire du vin, si vous voulez, et que je me disais, c'est dégueulasse le vin, parce que je ne sais pas le faire. Enfin, bref. Là, en tout cas, bien regarder, bien sélectionner ses plantes, des plantes grandins qui tiennent bien, et puis aussi sélectionner un bon processus pour fixer. D'accord.
- Suzy Gallo
Ok. Préjugé numéro 3, la teinture végétale pollue et utilise des métaux lourds. C'est exactement ce que tu décriais juste avant. Est-ce que tu peux nuancer ce propos, ce préjugé ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
alors c'est vrai que aujourd'hui on pourrait très bien se dire je vais faire une cuve d'indigo et puis pour solubiliser mon pigment je vais utiliser de l'hydrosulfite de soude bah non ça c'est polluant donc là on fait de la teinture végétale et là ça pollue mais on n'en est plus là je pense pas, en France en tout cas on a bien pris conscience, tout le monde tous les gens qui font de la teinture végétale ont ces valeurs justement de faire les choses jusqu'au bout et de les faire bien et c'est vrai que là je parlais avec un monsieur qui voulait teindre des grandes pièces et qui m'a dit mais moi mon teinturier il est pas sûr parce que il m'a dit que c'était des métaux lourds l'alun et le fer et puis il avait peur que ça fasse des trous dans ses cuves donc non non il va falloir il faut encore un petit peu en parler et redonner le sens au bout terme il n'y a pas de métaux lourds il faut nuancer comme tout et bien faire les choses il y a pas mal de gens qui me demandent si je fais un bain d'Alain est-ce que je peux rejeter l'eau dans mon jardin ? ça ça revient pas mal en fait et du coup ce qu'on avait essayé et qui marche bien c'est dans le bain d'Alain de mettre un oeuf casser un oeuf et la protéine fait coaguler l'alain et après on peut filtrer on enlève toute la partie oeuf et alain ça
- Suzy Gallo
avait bien marché génial super astuce préjugé numéro 4 la teinture végétale ne tient pas au lavage
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bon, le lavage comme la transpiration, pareil, il faut sélectionner des bonnes plantes, des bons process. Pareil, c'est toujours pareil. Mais oui, ça tient au lavage. On a de très bons résultats au lavage. Il faut juste faire un bon processus de A à Z, bien le faire à fond. Mais oui, ça prend temps.
- Suzy Gallo
Ok. Préjugé numéro 5. Donc, si on... Alors, elle est compliquée celle-là, je vais essayer d'être claire. Si on basculait la teinture de tous nos vêtements à la teinture végétale, on occuperait tous les sols qui nous permettent de nous nourrir.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, alors évidemment, si on reste sur un modèle économique, on va faire un peu de mélanchonisme, je rigole, mais si on reste sur un modèle économique qui est celui de la surconsommation de tout, y compris du textile, évidemment, ça n'irait pas. il y a un changement de paradigme je pense qui est déjà un peu lancé mais il faut continuer à faire et aussi pousser les techniques de coloration c'est à dire que on va peut-être aussi se diriger plus vers de la teinture de fil dans des autoclaves je l'espère, dans l'impression aussi la teinture végétale, c'est super. Il y a plein de choses à faire, la récupération des bains, mais il y a aussi les encres.
- Suzy Gallo
On en parle beaucoup,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
mais les encres, elles peuvent s'appliquer sur le textile. Et là, on a besoin de moins d'eau, de moins d'énergie. Donc, il y a plein de choses à faire, oui, et évidemment... être intelligents, marcher avec des produits qui sont issus de l'élagage, des plantes qui sont issues de l'élagage, et de plein d'autres colorants sûrement qui seront trouvés, parce qu'il y a pas mal de bio. La planète, c'est quand même une ressource, pas infinie, mais incroyable, on ne connaît pas encore certaines choses. et donc peut-être qu'il y aura d'autres choses trouvées mais oui oui non, si on reste sur le même modèle c'est sûr que ça ne pourra pas marcher il faut que...
- Suzy Gallo
préjugé numéro 6 la teinture végétale c'est cher
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, alors c'est cher, ben oui, c'est cher dans le sens, oui, je suis un peu d'accord quand même là, parce qu'on est sur, c'est cher, c'est cher dans le sens où, sur le coup, ben oui, il faut faire pousser des plantes, ou bien il faut aller les récolter, ou bien il faut aller les tailler. ce qui coûterait le moins cher, c'est peut-être du coup, en tout cas au niveau de la matière première, de récupérer des résidus alimentaires. On pense beaucoup à la peau d'avocat, mais finalement, c'est quoi le coût d'une peau d'avocat ? La production des avocats. Bref, on part un peu loin dans le... l'origine des plantes, mais en fait, il faut quand même penser à tout. Après, ça coûte cher aussi, parce que, oui, il faut de la connaissance, il faut un savoir-faire et du temps, mais le temps, il s'optimise. Et moi, je pense aussi aux coups à plus longue durée, parce qu'on voit souvent juste devant soi et pas plus loin. Et qu'est-ce qui va coûter cher aussi ? C'est les pollutions des sols, les maladies aussi que les gens développent parce qu'ils travaillent avec des produits polluants. ça, ça coûte pour moi encore plus cher. Mais après, oui, il faut penser à tout. Je n'ai pas la réponse la parfaite. Je n'ai pas la solution idéale.
- Suzy Gallo
Tu nuances le préjugé. Ok. Tu as parlé des résidus alimentaires. Est-ce que... Donc, on a parlé, par exemple, du chou, de la betterave, qui n'était pas solide dans le temps et qui pouvait avoir une connotation négative sur la pratique de la teinture végétale. Est-ce que tu as des exemples de résidus alimentaires ? qui sont solides et qui tiennent, que tu as éprouvées, et si tu peux nous en citer quelques-uns.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, de résidus alimentaires, j'en utilise pas tant que ça. Moi, j'y ai la peau d'avocat, évidemment, qu'on va utiliser beaucoup. Après, tout ce qui est pelure d'oignon. les fans, à tout ce qui est fan de carottes. Je trouve ça très intéressant pour apporter un regard à des gens qui sont un peu déconnectés de la nature et qui ont besoin de connaître la chose avec laquelle on va atteindre avant de pouvoir se lancer. C'est-à-dire qu'il faut que ça soit quelque chose de proche. Je trouve ça chouette pour faire de l'éducation. En termes de solidité, oui. Alors, je trouve que c'est des plantes qui marchent bien. Après, ce n'est pas non plus... Ce sont des plantes, des couleurs qui vont s'oxyder un peu quand même dans le temps qu'elles ne vont pas lire. Peut-être un peu plus vite que d'autres, je trouve. D'accord. Après, il y en a plein d'autres. Il y a les artichauts, les feuilles de rhubarbe. Je ne sais pas. Il y aurait plein d'autres choses à trouver. d'accord ok du curcuma tout ça non ça il faut oublier vraiment ça ne tient pas du tout d'accord ok c'est la cause ok un autre préjugé donc le numéro 7 les
- Suzy Gallo
industriels ne sont pas prêts à passer à une teinture végétale à plus grande échelle J'entends bien pas grande échelle dans le sens on fait tout ce qui a été fait dans le synthétique, on fait la même chose et les mêmes erreurs dans le végétal. Non, je parle dans monter à une plus grande échelle, c'est-à-dire se mécaniser, faire quand même un peu plus de quantité, mais pas non plus partir dans les désastres qu'on connaît aujourd'hui. Est-ce que ces industriels-là sont prêts ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bon, moi, je n'ai pas un lien très poussé avec les industriels, j'avoue, mais j'en ai quand même côtoyé quelques-uns dernièrement, et je pense que oui, il y a une volonté de s'aligner sur une demande aussi, une demande de clients, tout simplement. Et après, oui, alors il y a différents niveaux. J'avais visité une usine en Inde qui fait de la teinture végétale, et... et ça, ça n'allait pas du tout parce que ça n'allait pas du tout dans le sens où finalement leur machine qui était génialissime ils n'étaient pas adaptés vraiment au process de teinture végétale ce qui fait que la teinture ne marchait pas ne tenait pas très très bien, ne teignait pas le fil n'était pas teint au cœur donc ça c'est un peu problématique mais c'était quand même il y a 10 ans que j'ai visité cette usine donc je pense que ça a changé, il faudrait retourner Voilà et en France on a d'autres façons de faire encore donc je pense que les gens ils ont envie en fait au niveau industriel de faire bouger de faire bouger les lignes
- Suzy Gallo
je sais pas mais non mais c'est déjà de sentir qu'il y a quelque chose et de voir que ça bouge c'est déjà de nuancer ce propos qui a pour intérêt de dire qu'en fait ça n'intéresse pas les industriels c'est pas vrai et on le voit dans ce podcast un avant dernier préjugé je vais y arriver la teinture végétale serait plus coûteuse en énergie que la teinture synthétique ouais alors hum
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Là, c'est pareil. À mon niveau, c'est-à-dire très artisanal, je ne vois pas en quoi l'énergie dépensée est plus importante pour une teinture naturelle.
- Suzy Gallo
Il faudrait faire des calculs approfondis.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Il faudrait faire des calculs très précis, effectivement. Mais je ne vois pas. L'eau, on la récupère. Nos bains, on les récupère. Nos plantes, on extrait la couleur plusieurs fois.
- Suzy Gallo
oui peut-être l'extraction plusieurs fois enfin bon c'est pas non plus il faudrait calculer ça précisément ça serait bien à faire et j'ai un préjugé qui est tout frais que j'ai eu ce matin qui en fait je trouve que c'est un vrai une vraie image qui colle à la peau de la teinture végétale donc je l'ai mis là-dedans et préjugé c'est c'est L'idée, c'est qu'il faudrait sortir de cette image des années 70, baba cool, bobo, de la teinture végétale. Est-ce que tu partages ce préjugé qui dessert un peu la teinture végétale et cette nouvelle vague d'acteurs qui arrive ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Il y a pas mal de façons de voir la teinture végétale. Je reçois beaucoup de gens très différents à l'atelier, donc je vois bien qu'il y a différents styles, on va dire. Mais... Pour moi, la teinture végétale, c'est de la couleur qui a une histoire, qui va raconter une histoire, et les gens qui se l'approprient, je suis désolée, mais non, je ne vois pas du tout le côté 68 arts et hippie. Et en fait... et en fait non moi je ne vois pas cette image là je pourrais citer plusieurs créateurs après et des artistes qui sont pas du tout là dedans après oui j'imagine que selon là où on se place, comment on se place ce qu'on voit autour de soi, on peut recevoir cette image là, mais moi je ne l'ai pas du tout en tout cas, je ne l'ai vraiment pas
- Suzy Gallo
d'accord ok alors du coup si t'es ok Suzy on va passer sur des questions d'inspiration j'aimerais que tu me parles de personnes qui t'ont inspiré qui t'inspirent toujours et de tes sources d'inspiration
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, il y a plein de choses, vraiment plein de choses. Moi, j'aime beaucoup la musique, il y a beaucoup de musique. La musique, pour moi, c'est des couleurs, donc il y a beaucoup d'artistes que je vais écouter et qui me donnent des idées. Après, ça, c'est vraiment pour la partie plus créative, ou plus recherche de couleurs. mais sinon tout simplement dans la vie de tous les jours c'est vraiment l'équipe de Colortomonde qui m'inspire toute quoi c'est à dire qu'on a vraiment on a la chance d'avoir tous les domaines on va dire de l'extraction de la plante jusqu'au jus de coloré, jusqu'à la teinture l'encre, le pigment on a tout, donc c'est une source inépuisable d'inspiration toutes les autres femmes qui forment l'équipe de Colors ton monde ou qui formeront plus tard Colors ton monde et après tout ce qui est inspiration ça va être vraiment selon le moment ça peut être des expos j'ai été voir l'exposition sur l'artiste algérienne Baïa il y a quelques semaines et c'était super de voir comment elle mélange les couleurs comment elle se juxtapose moi je suis vraiment passionnée par la couleur matière donc ça me parle ça me parle beaucoup Bon, après, voilà, c'est plein de choses. Tout simplement, tout ce qui est végétal aussi, le végétal autour de moi, l'océan, il y a plein de trucs, quoi.
- Suzy Gallo
Ok. Qui fédère pour toi aujourd'hui autour de la teinture végétale ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, il y a plusieurs personnes. Après, pour moi, la fédération, déjà, c'est un boulot à plein temps. C'est clair qu'il faudrait quelqu'un, il faudrait une fédération à plein temps, vraiment quelqu'un qui soit embauché rien que pour faire ça. Vraiment, pour vraiment fédérer à fond. Mais sinon, on est plusieurs à fédérer au sein de Colors au Monde ou pas. Donc il y a Marie Languille qui fédère pas mal de gens autour des solutions d'impression des plantes vers peau, enfin à peau d'ailleurs. Après, au sein de Colortement, on essaye de fédérer le plus possible, on essaye d'organiser des retrouvailles, des choses. Après, c'est sûrement pas assez, ce qui est compliqué je pense de... peut-être c'est vraiment de ne pas avoir quelqu'un qui fasse ça à plein temps mais le podcast il participe pleinement,
- Suzy Gallo
c'est vraiment super aussi ok donc toi tu penses à une quand même un manque de cette fédération qui pourrait regrouper... Parce qu'il y a plusieurs associations, quand même. Tu vois, moi, dans mes recherches, j'ai vu Colore ton monde, j'ai vu Isina, j'ai vu l'Étang Torial, aussi, à Lille, que je n'arrive pas à joindre. Est-ce que tu as d'autres associations, d'ailleurs, que tu...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, c'est vrai qu'il y a l'Étang Torial à Lille. Il y a aussi une autre association vers Nantes, mais j'ai oublié son nom. je pourrais retrouver ils sont à Nantes ça c'est sûr et ils font des ateliers ils proposent au public de venir pour découvrir vraiment les couleurs naturelles oui si
- Suzy Gallo
tu retrouves le nom je suis preneuse dans mes recherches donc toi tu vois quand même la nécessité d'avoir quelqu'un qui pourrait fédérer qui pourrait fédérer l'ensemble, parce que c'est vrai que par rapport à d'autres professions ou d'autres domaines de l'artisanat, c'est vrai que ça peut éventuellement manquer et du coup perdre en force de frappe et force de parole et poids dans les médias, etc. Moi, c'est ce retour-là que je perçois. Est-ce que tu peux nous parler des événements qui sont à ne pas louper sur la teinture végétale ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, je n'en connais pas vraiment, en fait. À part, voilà, le colloque, les symposiums sur la teinture végétale, je ne sais pas quand il aura lieu le prochain. Je sais que cet été, enfin l'été dernier, il y a eu quelque chose, mais qui était absolument hors de prix, donc c'était impossible de participer, malheureusement. Il n'y avait pas grand monde, je crois, d'ailleurs. voilà et après il manque une énergie je pense de groupe aussi sur le long terme donc c'est pour ça salarier quelqu'un c'est pas mal aussi pour avoir une fédération qui dure qui se délite pas dans le temps après non je pense au festival créé par Marie Languille, donc Isina pardon j'ai pas dit tout à l'heure à Pau qui aura lieu je pense à l'automne prochain avec des conférences tout ça et des ateliers et alors ça c'est plutôt pour nos adhérents nous on va faire un événement participatif où les gens pourront venir échanger à l'automne prochain aussi échanger entre eux se retrouver etc et puis après j'ai pas un événement clé comme ça à donner ok,
- Suzy Gallo
si t'étais une plante panctoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
alors j'ai réfléchi à cette question assez longuement je dois dire sans vraiment prendre une réponse très logique je pense que ce serait le chêne ah j'aime beaucoup cet arbre je trouve déjà super je sais pas il me fait rêver quand je m'allonge en dessous j'adore regarder les branches après il est complet d'accord la noix de gale et juste magique pour moi c'est vraiment un phénomène extraordinaire cette mouche qui pond son oeuf le chêne qui développe cette gale autour et qui s'en sert pour se protéger et le teinturier qui va venir récupérer ça je trouve ça juste magnifique j'avais vu un je ne sais plus sur internet un alchimiste je crois il y a très longtemps, je ne saurais plus dire quand qui avait passé toute sa vie à étudier la noix de galle je trouvais ça génial bref, la noix de galle et puis en teinture ça peut faire des roses des marrons, oranges des bruns donc voilà le chêne me plaît bien quelle est ta fibre de prédilection pour la teinture ? Je crois que j'aime bien toutes les fures, en fait, du moment qu'elles sont belles et brutes. Cet aspect un peu brut me plaît bien, moi. Je trouve qu'il y a des reflets, que la teinture elle prend plutôt bien. Je n'ai pas envie de choisir, en fait.
- Suzy Gallo
d'accord ok est-ce que tu aurais des livres à recommander aux auditeurs pour approfondir le sujet de la couleur végétale, de la teinture végétale enfin ou du végétal qu'est-ce que tu pourrais nous conseiller comme lecture ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ah oui alors j'ai oublié ma liste mais j'essayais de m'en rappeler il y avait le livre d'Anne Varichon je crois qu'elle va en sortir un autre bientôt j'ai cru voir ça sur les réseaux sociaux son livre c'est Pigments et teinture dans les mains des peuples aux éditions Seuil C'est toute la symbolique des couleurs, avec plein d'histoires, plein de légendes. J'adore lire ça. Et sinon, au niveau technique, j'aime beaucoup le livre, c'est le carnet de recettes de Karine Delonnet-Delphes. Et je trouve que c'est génial d'avoir ce carnet de recettes avec plein de choses dedans. C'est vraiment très très riche. Très très riche, oui. et puis il y avait un autre livre moi j'ai mis sur ma liste j'ai oublié pour l'indigo bon je je ne me rappelle pas le livre le nom du livre après il y a tous les livres aussi de comment il s'appelle cet historien Michel Pastoureau que je trouve génial sur la couleur parce qu'on voit vraiment la couleur différemment avec l'aspect culturel mon livre préféré je crois que ça avait été sur le noir
- Suzy Gallo
mais il y en a d'autres il y en a plein d'autres donc ça ouais je trouve super aussi d'accord j'ai une question un peu un peu bizarre c'est quelle est ta plus grande fierté soit à toi Suzy soit au sein de Color ton monde soit de Color ton monde quelle grande fierté tu retires de cette aventure
- Pauline Leroux ArtEcoVert
déjà de pouvoir vivre de ma passion je crois que ça c'est une sacrée vénarde ça je te le dis même si c'est pas facile tous les jours et que parfois il y a des jours où on se dit mais mince j'arrive pas à faire ça voilà comment je vais faire puis le lendemain ça marche donc on est content donc on est quand même avec du naturel donc il y a pas mal de, c'est du vivant donc il faut s'adapter quoi ça change tout le temps. Donc ça, c'est une grande fierté, une grande joie, surtout. Et d'avoir réussi aussi, ensemble, avec plusieurs personnes, à se regrouper et à transmettre notre savoir-faire, c'est quand même génial. Oui, c'est quand même génial. Et là, ça s'étend encore plus. C'est-à-dire que moi, pendant toute l'année, j'accueille une… Je n'en ai pas parlé, mais j'accueille une jeune tisserande qui s'appelle Lucie Carrière, qui est designer textile et spécialisée dans le tissage. je l'accueille pendant une année pour lui apprendre la teinture végétale parce qu'il n'y a pas de cursus scolaire sur la teinture moi ça m'arrive d'être écolier en école par-ci par-là mais sinon c'est tout et donc Lucie elle avait envie d'apprendre donc elle est à l'atelier elle tisse, j'apprends plein de choses sur le tissage ça me permet aussi de voir la couleur différemment parce que quand on tisse des fils colorés ça change la couleur visuellement ça change notre perception c'est génial et du coup on est en train de faire pas mal de petites recherches sur comment on peut percevoir la couleur sur du fil c'est très expérimental on fait pas mal d'expérimentations sur justement est-ce qu'on peint les fils avec des encres végétales on les ligature on les torture dans tous les sens on écoprint les fils donc ça pour moi c'est vraiment c'est bien cette partie recherche c'est pas que je ne l'ai pas d'habitude c'est à dire que là je suis obligée de l'avoir et de me consacrer du temps à ça ce qui est juste un luxe ultime parce que la recherche c'est super mais ça ne fait pas gagner donc donc ça c'est super et je suis très contente d'avoir Lucie avec moi, on fait plein plein de choses et j'espère que ça aboutira sur un projet de création d'objets à vendre sur le site de CoeurTourMonde ou autre part, on verra bien
- Suzy Gallo
ok et du coup j'avais des questions à te poser c'est l'avant-dernière quels sont les projets futurs de Colors ton monde vers quoi vous vous tendez vers quoi vous voulez vous développer est-ce que c'est des nouvelles formations est-ce que c'est à
- Pauline Leroux ArtEcoVert
quoi vous pensez pour la suite alors je pense qu'on a toutes à coeur de continuer la transmission de nos savoir-faire parce que c'est quelque chose de magique, j'ai envie de dire, de transmettre, de partager, de voir les gens, ils rayonnent. Quand ils sortent du stage, ils rayonnent. Je ne sais pas, mais ils ont envie de continuer, ils se sentent portés, ils ont les bases pour commencer ou pour continuer leur projet. Donc ça, c'est super. après je pense qu'il y aura toute une partie création qui va se mettre petit à petit en place mais lentement mais sûrement lentement mais sûrement et puis peut-être encore plus développer des techniques on parle beaucoup du changement climatique en ce moment donc peut-être utiliser moins d'eau rechercher des choses pour teindre avec moins d'eau après ça ça serait une piste aussi mettre en lien plus les industriels avec les artisans voilà
- Suzy Gallo
c'est ce que j'essaye de faire dans le podcast, c'est de faire le grand écart entre l'artisan et la R&D de l'industrie textile ou autre sur la couleur végétale et de réussir à faire émerger parfois des idées d'un côté ou de l'autre mais oui je suis complètement d'accord avec toi il faut se mobiliser parce que les défis de demain ils sont énormes et plus on sera nombreux à réfléchir plus on arrivera à trouver des solutions pertinentes je suis carrément d'accord ma dernière question Suzy c'est à qui tu aimerais passer ton micro tu penses que je peux aller interviewer pour compléter pour nuancer pour apporter un oeil neuf quelque chose voilà quelqu'un à qui tu penses il y a plein de gens je
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ne sais pas si je peux tous les citer mais bon il y en a plein tu peux y aller je pense à Juliette Vergne qui est sérégraphe et aussi formatrice je pense à des artistes je pense à Anne Breton qui fait de la sculpture, de l'indigo qui est vraiment pluridisciplinaire je pense aussi à Valentin Merle qui est un artiste vraiment exceptionnel qui travaille aussi beaucoup l'impression végétale il y a Mathieu Ruiz aussi qui est designer et qui du coup lui a vraiment un regard de designer et très intéressant je pense aussi à
- Suzy Gallo
évidemment Anne-Sylvie Godot Marianne Aubry alors je vais je suis en contact avec pas mal d'entre elles pour les recevoir j'ai déjà eu Cécilia Aguirre c'est l'épisode 19 Marie Longhi je me souviens plus de son épisode mais elle va passer aussi cet été Anne-Sylvie on est en train de se caler une date et toi je t'ai là donc je pense qu'on aura fait pas mal le tour c'est chouette après il y a une autre personne euh
- Pauline Leroux ArtEcoVert
qui fait vraiment des broches en fleurs sublimes qui est en Belgique, qui s'appelle Dorothée Catry. Et du coup, oui, alors là, tous ces gens-là vont complètement à l'encontre de la vision bobo et hippie. Ah, je suis prête. Il y a une autre personne aussi qui... Alors, je ne connais pas son famille, mais elle s'appelle Claire. Et son Instagram s'appelle Wool and Nature. C'est de l'impression aussi. C'est de l'impression au mordant et teinture.
- Suzy Gallo
D'accord. pas mal ok super bon bah écoute j'ai de quoi faire et de quoi m'occuper ok bah écoute merci beaucoup Suzy est-ce que tu as un mot de la fin ou est-ce qu'on se laisse est-ce que tu as un petit mot à dire avant qu'on se quitte
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Non, moi ce qui me tient à cœur vraiment dans la teinture végétale c'est vraiment de faire du beau donc j'ai envie de dire aux gens de continuer à faire des belles choses c'est-à-dire de les faire bien vraiment de rester dans quelque chose d'écologimique et de vertueux vraiment de garder ça à la tête et ça fera bouger aussi certainement les choses si on reste vraiment sur cette longueur d'onde d'accord
- Suzy Gallo
ok et bien écoute merci beaucoup Suzy merci je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ArtEcoVert A R T E C O V E R T pour y découvrir le nom des prochains invités je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale merci à tous Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Merci.