- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure.
- Laura Chantebel
Je suis Pauline Leroux,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ingénieure agronome passionnée de plantes et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat,
- Laura Chantebel
la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur.
- Laura Chantebel
Mon but,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti,
- Laura Chantebel
bonne écoute !
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Laura Chantebelle de Fibre Bio. Bonjour Laura.
- Laura Chantebel
Bonjour, merci Pauline.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors du coup je vous précise aux auditeurs qu'on enregistre entre la France et l'Inde, donc il peut y avoir des bruits indiens on va dire, et il peut y avoir un décalage dans l'audio, donc on vous demande d'emblée de nous pardonner, mais on voulait vraiment avoir le témoignage de Laura. Donc ma première question Laura c'est est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs, raconter ton parcours et comment t'en es arrivé aujourd'hui là où tu es chez Fibre Bio ?
- Laura Chantebel
Oui, avec plaisir. Alors moi, j'ai fait des études dans le marketing, la communication. Il y a déjà un petit peu de temps. Et en fait, après mes études, je ne savais vraiment pas où est-ce que j'allais aller, ce vers quoi j'allais me tourner. Et je suis partie voyager pendant pas mal de temps. J'ai travaillé plutôt dans le domaine associatif au Cambodge. notamment et dans d'autres endroits. Et puis je suis rentrée en France, et assez rapidement je suis repartie travailler, mais du coup en Inde, pour une ONG française, qui, donc ça n'a rien à voir avec la teinture végétale, à l'époque je suis partie en Inde, à Calcutta, pour aller travailler dans un atelier de pâtisserie d'insertion pour des jeunes adultes handicapés. Donc vraiment rien à voir, mais c'est vraiment le début de... L'aventure avec la teinture végétale parce que c'est là-bas que j'ai découvert la teinture végétale. ça s'est vraiment fait par hasard j'ai retrouvé un prospectus c'était vraiment quelques jours avant mon départ d'un où je rentrais en France après ma mission pendant un certain moment de plus d'un an à Calcutta et au final j'ai décidé, je faisais de la couture donc je me suis dit bon je vais aller voir cette dame qui a l'air de faire des tissus super en coton bio je ne savais pas à l'époque que c'était de la teinture végétale aussi et en discutant avec elle Elle m'a parlé de la teinture végétale, j'ai trouvé ça tout de suite extrêmement incroyable, parce que du coup je ne savais pas qu'il était possible de teindre avec des plantes. Et je suis repartie avec pas mal de tissus, il me restait encore un peu de kilos dans ma valise de disponible, donc j'ai emmené les tissus en France. Je me suis dit, on verra bien ce qu'on va faire avec tout ça. Entre temps, je suis tombée amoureuse de mon mari maintenant, mais à l'époque, de Mayank, qui est indien. Et puis, on se disait aussi, mais qu'est-ce qu'on va faire, nous ? Comment on va continuer tout ça ? On s'est un peu lancé dans tout ça sans avoir aucune idée de où est-ce qu'on allait, qu'est-ce qu'on allait faire, sans rien connaître au textile. On s'est dit bon, ok, on a envie de se revoir. La teinture végétale, c'est quand même quelque chose de très intéressant. Donc on a continué, je suis retournée en Inde, quelques mois après ça, et je suis allée rencontrer les fournisseurs, donc les teinturiers de cette dame, de cette personne qu'on a rencontrée qui s'appelle Namrata. et on est allé du côté de Hamdabad pour aller rencontrer Haroun, qui depuis est vraiment un gros fournisseur à nous, mais on en a d'autres aussi avec qui on travaille, mais c'est lui qui a ouvert la voie en fait, et donc qui nous a ouvert son atelier. Et donc voilà, ça a commencé comme ça, ça a vraiment commencé comme ça. Et puis après, je suis rentrée en France et j'ai eu la chance, je suis allée à l'ORIS parce que forcément, il y avait couleur garance. Donc je me suis dit, bon, là, on va continuer nos recherches. Et j'ai eu la chance de rencontrer Michel Garciot. très rapidement dans mes recherches. Et donc, forcément, quand on rencontre Michel, on est encore un plus grand pied dedans. Ça passionne encore plus. Et je me rappelle à l'époque que Michel me disait, c'est bien, le tissu teint et tout, mais... mais ça serait bien de penser aussi aux teinturiers, si t'as moyen de regarder du côté des tissus non teints. C'est lui qui, à l'époque, m'avait mis cette idée en tête que oui, OK, le tissu teint, mais pas que, parce qu'en France, les teinturiers, ils ont aussi besoin de tissus. Voilà comment ça a commencé. Ça a duré un peu de temps. Il y a eu les années de recherche sur qu'est-ce qu'on allait faire, comment on allait créer Fibre Bio. Ça a duré deux ans. On était entre l'Inde et la France, à pas du tout savoir. Comment on allait commencer, sous quelle forme et tout ça, et puis après d'année en année. Au début on a commencé à commercialiser nos tissus teintes, qui sont en teinture végétale et en coton bio en Inde. et en même temps on proposait des tissus non teints. Et donc petit à petit on a vraiment deux façons de travailler différentes. La première c'est travailler avec des plus jeunes marques, on a eu plusieurs marques pour enfants etc. qui veulent faire de la teinture végétale mais qui ne savent pas où trouver les tissus. Donc nous on va s'occuper de trouver le tissu pour eux, le faire teindre. et après ils s'occupent de toute la partie confection, etc. Et de plus en plus, au fur et à mesure des années, on s'est mis à aussi sourcer beaucoup de matières différentes pour aider les teinturiers, alors c'est plutôt en France, nos clients teinturiers qui recherchent des matières de qualité, qui savent qu'ils vont toujours avoir la même matière parce que développer des protocoles de teinture il y a vraiment tout à prendre en compte et le tissu est très important aussi il y a les techniques de mordantage de teinture mais le tissu est très important et donc développer des protocoles et ensuite changer de tissu ça peut aussi faire varier les couleurs donc finalement on s'est de plus en plus concentré sur aller trouver des tissus à destination des teinturiers Alors Mayank, lui, il passait quand même la moitié de l'année en Inde. Donc on avait une personne de la famille, un ami, on va dire plutôt un ami, qui nous aidait beaucoup sur la partie, on va dire, exportation, rassemblage de nos commandes en Inde pour pouvoir les exporter ensuite en France et tout ça. Mais voilà, là on est très content, on est parti fin d'année dernière pour vivre. complètement en monde et on est très très contents ça change beaucoup pour nous d'être vraiment sur place on allait toujours les voir une fois par an voire plus pour Mayank mais là on est sur place donc c'est vraiment différent
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord donc deux activités la première c'est les fibres que tu proposes teint avec les plantes donc c'est je pense ce que tu m'avais envoyé donc avec le nuancier de couleur et une autre partie des tissus prêts à teindre et là tu m'as pareil envoyé des échantillons de tissus et de fibres moi j'aimerais bien et tu es aussi d'accord de d'approfondir ce sujet là parce qu'il y a beaucoup de questions sur les différentes fibres et sur les différents tissus, comment on peut apprécier une matière, quelles sont les choses qu'on doit regarder, etc. Est-ce que là-dessus, tu peux nous apporter ton expertise ?
- Laura Chantebel
Oui, bien sûr. C'est vrai que, voilà, ça, on le sait. Tu as plein d'épisodes, d'ailleurs, intéressants qui parlent de ça dans ton podcast. Chaque fibre, il va y avoir les fibres cellulosiques, les fibres animales, chaque fibre étant différente, on peut appliquer le même bain de teinture, les couleurs ne vont pas être les mêmes d'une fibre à l'autre. Pour moi, c'était vraiment important de me concentrer sur les fibres, parce que du coup, c'est cette partie-là. Disons qu'il y a l'art du teinturier, qui lui, son travail, c'est vraiment d'aller développer des recettes de teintures différentes, aller chercher, faire des recherches de couleurs, etc. Mais il y a aussi tout le travail de la fibre, et de pouvoir proposer des fibres différentes et de qualité. ça permet d'avoir un choix plus large de créer des nuanciers aussi grand en fait, avec beaucoup plus de variété et la partie des fibres est vraiment aussi importante effectivement et le fait de permettre à nos clients d'avoir un choix pour moi c'était important parce que c'est pas toujours facile ça veut dire avoir des stocks, beaucoup de stocks différents mais mais ça leur permet de ne pas avoir à perdre énormément de temps à chercher partout. J'ai besoin de coton, j'ai besoin de soie, j'ai besoin de lin, je veux faire des tests. Ils peuvent trouver globalement pas mal de références pour ensuite se concentrer sur leur travail, qui sont développées, leurs recettes de teinture, leurs techniques, etc.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et donc alors aujourd'hui tu as dans le nuancé que tu m'as envoyé enfin c'est pas le nuancé, dans les échantillons que tu m'as envoyé j'ai vu qu'il y avait différentes fibres je sais pas si on dit des alliages de différentes fibres il y a aussi du recyclé il y a du bio bref il y a plein de choses est-ce que tu peux faire un peu le tri est-ce que de travailler des fibres bio ça apporte quelque chose à la qualité de la fibre ou c'est juste par rapport aux pesticides et à ce mode on va dire d'être plus responsable ou est-ce que ça apporte quelque chose à la fibre est-ce que tu peux nous parler du recyclé et des différents types de fibres que tu travailles pour que ça donne une idée aux gens qui nous écoutent de ce qui peut être présent dans ton catalogue parce que c'est vrai que c'est pas facile tous ces alliages qui existent
- Laura Chantebel
Alors, pour commencer avec ta question sur le coton bio, on ne va pas spécialement, quand on va prendre deux tissus, un coton bio et un coton non bio, s'il est prêt à teindre, enfin voilà, les deux sont prêts à teindre, on ne va pas spécialement voir dans un même bain de teinture la différence, puisque c'est des fibres cellulosiques, ça ne va pas spécialement changer. Le bio va jouer sur la douceur du tissu, et effectivement après sur surtout la façon dont il est produit, mais ça ne va pas avoir un impact très marquant, on ne va pas avoir de différence aussi importante entre le bio et le non-bio. C'est vraiment plus par rapport au toucher du tissu, je pense, je dirais. D'accord. Et puis après, du coup, en fonction de ce qu'on recherche comme fibre, on a commencé vraiment qu'avec le coton bio. On a commencé qu'avec le coton bio certifié GOTS. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on s'appelle Fibre Bio. Et puis, en fait, après vraiment des années, petit à petit, comme notre travail a évolué vers le fait d'aller proposer de la variété à nos clients, Il y a des choses sur lesquelles on propose beaucoup d'écharpes, par exemple, à teindre, dans différentes matières, et il y a des choses sur lesquelles je n'arrive pas toujours à avoir du bio. Ou même du lin, on me l'a souvent demandé, du lin bio, et en fait, c'est très compliqué pour moi d'obtenir du lin bio d'Inde, parce qu'on me demande des quantités extravagantes en termes de minimum de commandes, et on ne m'a pas du tout... les épaules pour pouvoir prendre ce genre de stock. Donc petit à petit, on est allé vers d'autres matières, et toutes ne sont pas bio, ça c'est vrai. D'ailleurs, je ne sais pas quand est-ce qu'on va passer ce podcast, mais je vais demander à mes clients de l'aide pour essayer de probablement changer le nom d'ici la fin de l'année, pour qu'il n'y ait pas de confusion avec le mot fibre bio. Pour revenir à ta question sur le coton bio, le coton, on ne va pas spécialement voir la différence. On travaille des fibres recyclées, effectivement. Ça fait quelques années qu'on a introduit le coton recyclé. Donc, c'est pas... que du recyclé, parce qu'avec les fibres recyclées, c'est quasiment pas possible de faire du 100% recyclé pour une bonne tenue de la matière. Donc là, on est sur du 70% de coton recyclé, 30% de coton bio, par exemple, sur notre référence, qui est... La certification, c'est DURES. Désolée, j'ai les certifications en anglais, mais c'est une certification importante qui assure qu'on est bien sur des fibres recyclées. On va travailler aussi du... différents tissus artisanaux. Ça, ça fait quelques années que je voulais vraiment les développer parce que l'Inde, c'est le caddie. Ça s'appelle le caddie, par exemple. Donc, c'est du coton tissé à la main. C'est vraiment des villages entiers. Il y en a encore énormément en Inde. Il y a encore énormément d'artisans qui produisent ces matières. Et donc, là, c'était vraiment mes matières coup de cœur de pouvoir les proposer. parce qu'elles sont très belles, elles sont uniques, elles vont parfois avoir des petits défauts de tissage, mais c'était vraiment très... Très agréable comme tissu je trouve. Et puis c'est l'essence de l'Inde pour moi je trouve au niveau du textile. On va proposer de la soie sauvage depuis pas mal de temps déjà. La soie sauvage c'est aussi un tissage uniquement artisanal. La soie sauvage c'est de la soie, on appelle ça piste silk aussi, qui n'est pas produite avec... une production uniquement avec le verre à soie qui est dans une ferme de soie, enfin ça c'est pas une soirée, mais dans une ferme de soie pour juste produire du tissu, là c'est vraiment, on récupère les cocons une fois que le papillon... s'en est allé pour vivre sa vie. Et donc, c'est du cocon récupéré dans les forêts, dans les jungles, souvent, la nuit. C'est assez particulier comme technique pour récupérer. Et là, on est vraiment sur... Enfin, c'est des techniques extrêmement artisanales puisqu'il n'y a pas de machine qui peut faire de la soie sauvage. Tout est filé à la main. On est allé dans des villages des fois. Ça, c'est assez impressionnant. Ou Les femmes, elles sont là avec de l'huile à filer le fil sur leurs genoux. C'est vraiment des techniques qu'elles ont de génération en génération. Et ensuite, c'est plutôt les hommes qui vont être du côté du tissage. Ils ont un métier à tisser ou deux métiers à tesser dans leur maison, dans leur fanon. C'est vraiment très ancestral comme technique. Et donc, ça c'est pour la soie sauvage. On va avoir du coton de câlin. Le coton kala, c'est un coton endémique d'Inde. Vraiment, ça n'existe que dans une seule région de l'Inde, qui s'appelle, ça c'est dans le Gujarat, mais ce coin particulier s'appelle Kutch. C'est, on connaît le désert de sel en Bolivie, mais il y en a un aussi en Inde. Et donc en fait, la terre est très salée. Et donc, du fait de cette terre salée, il n'y a pas, quasiment pas d'insectes, parce que du coup, ils ne survivent pas. Et donc, on a un coton qui a réussi à rester là, une plante de coton qui a réussi à... comment dirais-je, le dernier guerrier, qui a réussi à faire son chemin dans une région extrêmement désertique. Donc, il n'y a pas d'eau, presque pas. Il y a un petit peu, mais vraiment pas beaucoup. Et pour autant, là où le coton demande énormément d'eau dans sa culture, là, il n'y a pas besoin d'irriguer. C'est vraiment que les eaux pluviales qui viennent apporter l'eau à la plante. Pas d'insecticides, pas de pesticides. Donc, c'est vraiment un thermon naturellement organique, un naturellement biologique. et donc là encore c'est pareil pour le coton cala c'est pas possible de le faire produire en industriel, c'est que artisanal donc voilà ça c'est vraiment mes petits mes matières coup de coeur moi sur toutes nos matières même si il y en a beaucoup que j'adore c'est mes petites matières coup de coeur j'avais une question tu vois moi je t'en avais parlé des difficultés par
- Pauline Leroux ArtEcoVert
matière par exemple je cherchais de la soie pour faire des essais de teinture et en fait je m'attendais à tu sais un rendu spécifique assez souple, assez vaporeux etc et en fait j'ai commandé sur un site à distance et j'ai pas obtenu la soie que je voulais, j'ai eu un truc plutôt rigide j'étais déçue et je me suis dit comment ne plus me tromper dans mes commandes de tissu et donc j'ai eu quelques conseils d'invité de faire une tissu tech d'identifier et avec l'échantillon que tu m'as envoyé Je me suis dit, en fait, il y a des termes à connaître, genre la gaze de coton, etc. Et ça, est-ce que tu peux nous, je ne sais pas, en balayer quelques-uns pour donner un peu des différences, des poids, donner des conseils, ce que tu donnes à tes clients, quand il y en a qui te disent, en fait, je suppose qu'il y en a aussi qui tâtonnent dans leurs commandes à dire, cherche tel type de tissu, est-ce que c'est ça, le rendu,
- Laura Chantebel
le fini ? Oui, tout à fait. En fait, déjà, il faut vraiment partir de ce qu'on veut faire avec le tissu. C'est-à-dire que si on veut faire un joli vêtement, assez fin, on va pouvoir utiliser des soies. Alors c'est plutôt pour les soies qui sont vraiment douces, ça s'appelle de la soie à beau taille, ça c'est plutôt les soies justement pour le coup industrielles, qui sont vraiment très douces, très soyeuses, très fines, etc. On va avoir du coton, mais des cotons fins. Moi je conseille de vraiment regarder, parce qu'il y a les noms, la bâtisse, la popeline, le canevas. le velours côtelé, etc. Mais ça, c'est un vocabulaire déjà... On n'a pas spécialement besoin de le connaître. Ce qu'il faut, c'est vraiment regarder le grammage par mètre carré. et ça, ça va vraiment aider à savoir quelle est l'épaisseur du tissu déjà potentiellement ça aide à savoir, à faire le calcul du poids du tissu, donc ça c'est pour les recettes de teinture ensuite c'est très utile, c'est nécessaire mais voilà de partir de son projet, de se dire est-ce que j'ai besoin d'un tissu un peu plus épais, un peu plus fin parce que si on veut sur des tissus un peu plus épais. Moi, dans mes références, ça va être du canevas en coton bio, ça va être du canevas, ça va être du velours côtelé. Ma soie sauvage, elle est assez épaisse aussi. On peut faire un peu de déco d'intérieur, des housses de coussins avec ce genre de tissu, par exemple, ou faire des vestes, ce genre de choses. Enfin voilà, il y a vraiment plein de choses différentes. Par exemple, ce n'est pas facile de se retrouver quand on va dans mes tissus artisanaux, j'ai différents caddies, on va se dire, déjà un, c'est mieux de les toucher, ça c'est sûr, par internet, sans les toucher, c'est compliqué. Mais le grammage, ça donne une bonne idée, en fonction de ce qu'on veut faire. Par exemple, une bâtisse de coton, c'est 90 grammes par mètre carré. Une popeline, c'est 110-120 grammes par mètre carré. Une soie, ça peut être 60 grammes par mètre carré, 70 grammes. Même voile de coton, par exemple, c'est 70 grammes. La soie, ça peut même être encore plus fin. Et il peut y en avoir des plus épaisses. Là, j'ai un velours de soie qu'on vient de trouver chez un fournisseur indien. Je suis vraiment contente de pouvoir... de pouvoir le mettre en avant ce tissu. Là, c'est un tissu de soie, mais qui est plus épais. On va avoir... Et puis après, on peut monter en 180, 200 grammes par mètre carré, 220 grammes. Ça, c'est plus pour des vestes, pour des couvertures, des housses de coussins. j'ai pas de extrêmement épais, de tissus extrêmement épais j'en ai pas beaucoup mais déjà c'est pas si facile à atteindre, plus on va dans des tissus lourds plus ça va être un challenge à atteindre ça se fait, ça dépend si on en fait en grande quantité en grande quantité et tout ça
- Pauline Leroux ArtEcoVert
et justement sur la partie tissu est-ce que tu peux nous parler sans révéler les noms pour des secrets que je comprends bien mais est-ce que tu peux nous parler des destinations est-ce que tes clients destinent leur tissu à de l'accessoire tu vois je pense au je sais pas en ce moment je vois beaucoup de bananes passer sur les réseaux sociaux avec du velours teint, est-ce que c'est plutôt du vêtement, est-ce que c'est de l'ameublement toi tu as quoi comme répartition est-ce que tu sais à quoi est destiné les tissus que tu vends à tes clients
- Laura Chantebel
Si on parle de mes tissus qui sont teints, là on est plutôt sur des plus petites marques en général, on est sur des marques qui grandissent, qui commencent à grandir doucement. On va être surtout sur de l'enfant, beaucoup, en majorité. J'ai quelques clients qui font un peu des chemises haut de gamme, etc. Mais on a plus du vêtement enfant, des accessoires pour les bébés, etc. J'ai une cliente, on en parlera peut-être un peu plus tard aussi, qui fait des rebozos. C'est vraiment dans le soin de la femme, de la personne, tout ce qui va toucher au corps, etc., aux peaux fragiles. Ça, c'est pour une partie. Et après, du côté des teinturiers, on va avoir différentes choses. Je ne sais pas pour tous. Pour mes clients teinturiers, je ne sais pas toujours. Alors des fois, on m'envoie des photos, des résultats de ce qui est fait et tout. Donc j'aime bien, c'est chouette de voir. Et on va avoir des personnes qui vont faire eux-mêmes leurs produits après, les coudre, etc. Donc voilà, c'est pas mal de l'accessoire quand même, plus de l'accessoire que du vêtement. Après, je vends aussi beaucoup, enfin pas mal d'écharpes. non teintes du coup et ça, ça s'est fait progressivement ça fait déjà pas mal d'années maintenant qu'on a commencé on a commencé avec des petites étoiles en lin etc et puis petit à petit on a rajouté des étoiles des écharpons en laine et tout et ça c'est vraiment parce que nos clients teinturiers ils avaient un vrai besoin de pouvoir avoir des pièces déjà prêtes à teindre parce que voilà il y a plusieurs façons de gagner sa vie dans la teinture végétale quand on veut en faire son métier Il y a la formation. il y a la teinture et donc du coup vendre ses produits mais du coup teindre le tissu le coudre, le vendre c'est énormément d'étapes donc il y en a qui le font et franchement un chapeau bas parce que c'est énormément de boulot mais ça aide d'avoir des pièces assez faciles à teindre pour se faire des marchés de Noël ou plein d'autres espaces pour pouvoir montrer son travail sublimer les pièces et qu'on propose, mais de pouvoir avoir des produits. et puis de pouvoir reproduire les mêmes choses je sais pas moi si c'est quelqu'un qui va prendre en se disant je fais 10 écharpes j'en fais plus d'ailleurs d'une même couleur ou d'un même motif, ce genre de choses quand même c'est plus facile ensuite à vendre et puis après il y a les personnes qui font de la teinture à façon et ça qui vont teindre sur des plus grandes pièces et là c'est des personnes qui vont acheter du tissu par exemple d'accord
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Comment tu sens l'évolution de tes ventes sur les tissus prêts à teindre ? Est-ce que ta perception, c'est que ça s'amplifie ? Qu'est-ce que tu vois sur l'évolution de la teinture végétale,
- Laura Chantebel
de ton point de vue ? Ah, bonne question. Ça fait sept ans qu'on a commencé Fibre Bio. Donc, au début, j'étais... Je le suis encore, mais c'était vraiment beaucoup d'enthousiasme en me disant, c'est tellement génial. Enfin, un peu vraiment très utopiste. Il faut vraiment que tout le monde découvre la teinture végétale et tout ça dans cette idée-là. Au final, je pense qu'il y a eu une belle avancée, une belle progression. Et puis... il y a eu les années Covid. Et puis là, maintenant, il y a encore tous les prix qui augmentent, etc. Donc, c'est beaucoup de freins quand on fait de la teinture végétale parce que les gens, ils vont d'abord vouloir manger, se nourrir, etc. Les vêtements dévastés, c'est moins important que le reste. Mais alors, les vêtements en teinture végétale, quand on a moins de budget, c'est plus compliqué de... de se garder imbué pour ça. Mais je me reste persuadée qu'il y a un avenir, évidemment, pour ces pratiques, qu'il y a une nécessité aussi d'en parler plus. C'est pour ça que c'est très important, même de ton podcast et tout, ça fait du bien, ça remotive de pouvoir avoir d'autres personnes qui font ce genre de choses. Moi, aujourd'hui, j'ai vu une baisse de mes ventes de tissu teint. J'ai vu, enfin voilà, ça a été, ça a monté, c'est redescendu, mais parce que du coup, franchement, c'était des années difficiles, les années Covid, etc. Pour mes clients qui se lançaient, qui étaient là depuis quelques années avec leurs marques et tout, même sans être dans la teinture végétale, il y a plein de marques qui n'arrivent pas à tenir aujourd'hui à cause de l'augmentation des coûts. Donc je pense que ça va faire un peu des vagues, mais aujourd'hui j'ai quand même vraiment vu un ralentissement de la part de marques qui veulent acheter du titutin de mon côté. D'accord. Pour autant, après, je pense que c'est vraiment plutôt lié au fait que ça fasse déjà 7 ans maintenant. Donc, c'est pour ça qu'au début, c'est difficile de se faire connaître et tout. Maintenant, on se fait un petit peu plus connaître au niveau des teinturiers français. Et donc, voilà, nos clients qui sont contents, ils en parlent. On a créé un système de commandes groupées qui permet à nos clients teinturiers d'acheter tous en groupe, deux fois par an, pour permettre de faire réduire vraiment. les prix, etc., de nos produits. Et du coup, ça, d'année en année, ça aide à se faire connaître. Et moi, je suis assez contente, finalement, parce que ça me va bien de me concentrer aussi sur une clientèle qui est plutôt des teinturiers. Donc, ça ne me dérange pas. Je suis très contente avec le contrat. Donc, du coup,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ta commande groupée pour en parler aux auditeurs, c'est plutôt... Donc, ça serait près à cette période-là que tu fais ta commande groupée début d'année ?
- Laura Chantebel
ouais c'est ça c'est cette période là pour une raison mi-avril mi-fin avril
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. C'est marrant ton témoignage parce que j'ai interrogé Filature Fonty il n'y a pas longtemps et on a parlé que pareil, eux, les laines teintes en teinture végétale avaient chuté quasiment, ils arrêtaient en fait. Et par contre, les laines prêtes à teindre, c'était vraiment en train de progresser et donc en fait, il a vraiment fait ce constat et du coup, je trouve ça intéressant d'avoir le même écho. sur la partie fibre, enfin, tu je trouve ça intéressant de recouper les avis des experts. OK, donc ça, c'était la partie, on va dire, tissus prêts à teindre. Moi, j'ai plein de questions sur la partie où tu teins tes tissus. Tu m'as fait un magnifique nuancier avec,
- Laura Chantebel
ben voilà,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
essentiellement, donc j'avais repéré mirobolant, grenade, garance, indigo, etc. Bon voilà, j'ai plein de questions sur cette partie-là. Où tu fais teindre ? Est-ce que tu utilises des plantes indiennes ? Comment ça se passe ? Que tu nous racontes un petit peu cette partie.
- Laura Chantebel
Alors, du coup, ce n'est pas moi qui teins. Du coup, ça, c'est vraiment important de le redéfinir. On travaille avec des teinturiers et c'est vraiment le métier de nos fournisseurs. Moi, j'adore faire de la teinture végétale pour mon plaisir, pour tester mes matières. Mais vraiment, ce n'est pas mon métier, la teinture végétale. Mais par contre en Inde, on a plusieurs endroits où on fait teindre, on fait teindre un peu à Amdabad, enfin Pamala du côté de Amdabad c'est dans le Gujarat, on fait teindre aussi dans le Kerala. dans le sud de l'Inde pardon pour l'information parce que j'allais dire de voir les Indiens aussi travailler dans le Kerala qui est dans le sud de l'Inde c'est intéressant de voir la différence entre effectivement les Français qui teignent, les Indiens qui teignent parce que du coup ce ne sont pas les mêmes plantes qui sont utilisées en... En Inde, il y a plein de plantes endémiques qui viennent d'Inde, qui sont utilisées. Tu as parlé du mirobolant, c'est vrai. Moi, j'ai des teinturiers qui teignent énormément avec. avec effectivement de l'écorce de grenade, on a de l'acacia, alors le bleu, c'est pas la persiquaire, c'est indigo, féa. J'ai un teinturier qui tient beaucoup avec du saponide aussi, le curcuma, on dit que c'est pas... Enfin voilà, en France, on l'utilise un peu moins, mais quand même, ils l'utilisent encore beaucoup en Inde. Enfin, il y a vraiment... Il y a plein de plantes différentes qui sont utilisées, et c'est intéressant parce que c'est des plantes qui sont aussi énormément utilisées en ayurveda, en médecine ayurvédique. Je n'ai jamais eu l'occasion de pouvoir vraiment faire... grosses recherches sur pourquoi, enfin parce que de toute façon les plantes médicinales ce sont des plantes qui du coup permettent de faire aussi de la peinture végétale mais c'est intéressant parce qu'elles ont beaucoup de de vertu ces plantes que les indiens connaissent encore par exemple j'avais fait un petit peu mes devoirs mais il y a plein de plantes, l'écorce de grenade c'est anti-oxydant c'est anti-oxydant le curcuma c'est anti-inflammatoire l'agarance c'est astringent il y a vraiment plein de choses dans ces plantes indiennes qu'on peut utiliser alliés à la médecine ayurvédique. Maintenant, moi, je ne suis pas du tout... experte pour en parler. Et c'est pour ça que j'en parle pas beaucoup, d'ailleurs, sur mes réseaux sociaux et tout ça, parce que je veux pas aller vers des choses que je ne connais pas. C'est-à-dire expliquer pourquoi telle ou telle plante serait bénéfique parce qu'on la porte sur sa peau. Mais... Mais en Inde, ancestralement, la teinture végétale, c'était vraiment vu sous cet aspect-là, en fait. C'était vraiment... porter ces vêtements qui sont teints avec telle ou telle plante, parce qu'au contact de la peau, ça a des bénéfices.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
On va recevoir une invitée prochainement qui, justement, travaille sur ce sujet-là.
- Laura Chantebel
En fait,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
on établit les plantes médicinales ou les plantes ayurvédiques, etc., le lien avec la teinture. Et donc, on aura quelqu'un sur ce sujet parce que c'est vrai que c'est curieux de se dire qu'elles ont des activités biologiques, elles font des choses, elles ont des pouvoirs, et c'est écolorant et aussi... médicales, on va dire, donc on aura quelqu'un sur ce sujet-là. Dans tes plantes indiennes, tu as les plantes indiennes endémiques, tu as celles un peu utilisées aussi ailleurs, tu fais teindre à différents endroits, comment tu t'assures que, déjà, un, ce soit des pigments naturels ? ou des colorants naturels et qu'il n'y ait pas des extraits qui soient synthétiques et deuxième question comment tu t'assures des méthodes de teinture qu'elles soient respectueuses et non polluantes question
- Laura Chantebel
intéressante parce que c'est un sujet qui revient souvent avec l'Inde justement il faut toujours bien vérifier parce que c'est important de bien tester déjà un, moi je teste tous mes tissus aussi, on les envoie en test laboratoire etc pour assurer que quand on dit que c'est de la laine c'est bien 100% laine etc par exemple le coton etc et pour les couleurs on a fait des tests laboratoires le problème c'est que Donc beaucoup de laboratoires vont faire des tests qu'eux ont l'habitude de faire, c'est-à-dire vérifier qu'il n'y a pas de colorant azuïque, donc c'est tous les colorants qui sont bannis, même en Europe, qui viennent quand même. parce que c'est pas toujours bien testé enfin voilà donc il va être certifié, moi j'ai mon plus gros teinturier il est certifié GOTS aussi mais en soi ça a pas trop d'importance par rapport à la teinture végétale on en a déjà beaucoup parlé avec les personnes de chez GOTS en France et en Inde GOTS aussi ils ont pas une branche qui définit tiens ça c'est du végétal donc en fait on compare du synthétique avec du Végétal, on n'arrive pas à dire, ça c'est 100% végétal pour les certifications, je veux dire. Donc comment on fait ? On fait quand même pour vérifier qu'il n'y a pas les produits chimiques les plus importants. A plusieurs reprises, j'ai essayé des fois d'aller taper aux portes de laboratoire pour dire allez, regardez s'il n'y a pas de l'hydrosulfite par exemple ou ce genre de choses. Après, le problème, c'est que c'est des tests qui coûtent extrêmement cher, parce qu'ils appellent ça de la R&D, mais parce que du coup, ça ne fait pas partie de leur protocole de recherche dans les tissus. Donc du coup, c'est des tests qui coûtent très cher, donc en fait, il faut passer du temps avec ces tenteries. C'est passer du temps, les voir faire, être là à côté, voir comment ils font sur leur process, etc. Nous, on avait un bureau à Ahmedabad, donc quand on venait pendant plusieurs mois, chaque année, Mayank il y passait plus de temps que moi, mais moi j'y passais au moins quand même facilement deux mois, minimum deux mois l'année, on est avec eux, on est là, on a du temps à tout regarder, on y passe la journée, deux jours. on le voit comment ils le font, on voit qu'il n'y a pas de produits chimiques, on peut le sentir, on voit qu'ils utilisent leurs plantes, comment ils font, etc. Donc même s'ils restent... C'est vraiment pas défini, les recettes par exemple. Il ne faudrait pas me demander exactement leurs recettes, parce que c'est quelque chose qu'ils ne veulent pas divulguer, pas toujours. Ou ils vont être un peu vagues sur le pourcentage de combien ils mettent. Mais bon, ça c'est parce que c'est des protocoles qu'ils développent, donc ils ne veulent pas spécialement les partager. Ils utilisent des... des machines de teinture que j'ai pas vu en France, enfin ça qui existe bien sûr dans tout ce qui est teinture synthétique, j'ai pas vu de teinturier en France, mais bon, j'ai pas du tout rencontré tous les teinturiers, ça c'est sûr, qui utilisent ce genre de machines, c'est ce qui aide en tout cas nous dans notre cas à augmenter les quantités de teinture, ça s'appelle des Jigger Machine. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de ce type de machine. Non, je m'éloigne un peu du sujet. Je peux revenir juste pour définir que le but, c'est... Alors, il y a des tests à faire. Il y a des tests pour voir s'il n'y a pas les produits les pires, etc. Ce qu'on peut faire, on les a faits. Maintenant, après, il y a des tests aussi, parce qu'il y a des couleurs qui, quand même, sont sensibles à tout ce qui est acidité, le citron, etc. Donc, le test du citron, on l'a beaucoup fait. On les porte beaucoup, quand on est habitué à connaître un peu la teinture végétale, moi je les maltraite énormément, c'est-à-dire que je vais les laver avec des super produits naturels pour voir combien de temps ça va tenir, mais il faut les laver, les relaver, et je vais les laver avec des produits moins naturels, des lessives. bien plus chimiques pour tester. Enfin, voilà. Ouais, des détergents beaucoup plus importants pour voir, ben voilà, comment ça évolue. Donc ça, c'est notre façon de tester. Et après, c'est ça, c'est passer du temps aussi avec les teinturiers pour s'assurer de la qualité de leur travail.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Et alors, j'avais des questions. Est-ce que dans les termes que tu as employés, les Jigger Machine, est-ce que tu peux la décrire ? Parce que comme on est à l'audio, ça va être compliqué. Est-ce que tu peux décrire un peu ce que c'est et pourquoi ça augmente du coup la capacité de teinture ?
- Laura Chantebel
Ouais, alors j'ai pas le vocabulaire technique pour l'expliquer, mais en gros, on va faire simple, c'est une machine qui a du coup trois gros cylindres, trois cylindres, donc c'est de la largeur, on va dire, du tissu. Et donc, on va... Et ensuite, il y a un gros bassin en bas de la machine, c'est-à-dire qu'il va y avoir un cylindre dans le bassin et deux cylindres à l'extérieur. Et donc, on va accrocher le tissu. sur un cylindre, et le tissu va être en mouvement perpétuel grâce à ces trois cylindres pour passer dans l'eau, ressortir, repasser dans l'eau, ressortir, repasser dans l'eau. Ce bassin, il est chauffé. Alors nous, on est avec des machines qui datent un peu. On n'est pas sûr de la technologie de pointe. Donc il y a du feu en dessous. ça chauffe le bain mais c'est des gros bains quand même du coup c'est important, c'est pour ça que souvent on me dit est-ce que tu peux faire des petites quantités mais moi mon fournisseur il peut pas faire 10 mètres ou 20 mètres par exemple ça c'est de la teinture à la main donc ils peuvent le faire s'ils font la teinture à la main mais s'ils font leur pratique avec leur recette c'est vraiment dans des machines ça s'appelle des jiggers machines et donc ça veut dire qu'il faut une certaine quantité d'eau Il faut les ingrédients en fonction du nombre de mètres qu'on veut faire, mais ça peut teindre et ça teint de manière uniforme parce que vraiment, ça fait tourner le tissu de manière uniforme. Ça va tourner pendant des heures et des heures. Ensuite, c'est comme ça. Ils utilisent cette même machine, ces mêmes types de machines pour laver le tissu, pour le mordre danser. Vraiment, c'est les mêmes machines.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, donc c'est le bain qui change, mais au moins ça permet que la teinte sur le tissu soit homogène.
- Laura Chantebel
C'est ça. c'est le bain qui change. Enfin, le bain, oui, tu veux dire par rapport à chaque recette, chaque couleur, c'est ça que tu veux dire ? Oui,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
oui. Oui, puis même ton mordant sage, même s'il se sert des trois cylindres, il mordance le bain, c'est plus de la teinture, c'est du mordant sage.
- Laura Chantebel
Ah oui, oui, oui, bien sûr. Oui, ça c'est sûr. Il faut bien laver les machines. Après, ils ont une machine plutôt pour le mordant sage, une machine plutôt pour la teinture, parce que sinon, voilà. Mais dans tous les cas, il faut très bien la laver entre chaque bain. Et voilà. Et après, Il y a plein de techniques, mais par exemple dans le Boudjarat il fait très chaud, mais même dans le Kerala il fait beau, il y a beaucoup de soleil et tout ça, donc après c'est accroché très en hauteur sur des grands manches de bambou, et là on peut mettre vraiment des centaines de, 50 plutôt par 50 mètres quand même, des 50 mètres à sécher en plein soleil, ça c'est plutôt pour au niveau du lavage, pour mettre ce qu'on appelle le prêt-à-teindre pour que le tissu, voilà, il blanchisse un peu plus naturellement etc. plein de façons de faire qui sont intéressantes. Après, il faut de l'espace quand même. Ce n'est pas adapté. Ce n'est pas toujours facile à appliquer en France.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ouais, d'accord. Est-ce que tu fais imprimer tes tissus avec des motifs ?
- Laura Chantebel
Oui, on peut le faire. En ce moment, j'ai un peu moins de demandes, mais on l'a fait, on l'a fait pas mal. On peut, c'est donc en Inde, enfin en tout cas nous avec nos fournisseurs, mais de toute façon pour la teinture végétale, c'est cette technique qui est appliquée, c'est de la scérographie. et là ils ont des grandes tables de 10 mètres à peu près avec des gros cadres de scénographie on fait faire les cadres et du coup ils appliquent les encres tentorielles
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord ok donc c'est possible aussi de faire des motifs c'est possible est-ce que tu peux nous parler dans ton écosystème donc on a parlé de tes partenaires teinturiers en Inde on a parlé de tes fournisseurs sur les fibres d'ailleurs j'ai une question, tu sais j'avais demandé aux auditeurs s'ils avaient des questions pour toi il y a une personne qui m'a dit est-ce que tout le travail qu'on fait de Laura en Inde pourrait être fait en France, c'est-à-dire fournir des fibres 100% françaises, etc., prêtes à atteindre, etc. Est-ce que tu sais si ça existe ? Est-ce que tu sais si c'est possible ? Toi, on a bien compris, ton cœur de business, c'est vraiment des tissus typiques de l'Inde, on va dire. Donc, je ne sais pas si c'est toi qui feras ça, mais est-ce que c'est possible et est-ce que tu penses que...
- Laura Chantebel
déjà est-ce que ça existe est-ce que c'est possible qu'est-ce que t'en penses oui c'est tout à fait possible moi j'y avais beaucoup pensé parce que du coup je me disais bon bah on le fait avec l'Inde pourquoi pas le faire avec la France et puis ben il y avait déjà des fournisseurs qui faisaient alors maintenant l'entreprise elle est plus là mais par exemple il y avait Biotissus les trouvailles d'Amandine aussi mais je pense que je crois que c'est des entreprises qui qui qui tourne, je crois que les trouvailles d'Amandine peut-être a été rachetées ou ce genre de choses je sais pas toutes les informations donc c'est pas facile parce que, mais il y a encore plein de fournisseurs et en fait pourquoi moi je me suis pas mise du côté de je propose des tissus français c'était que ben il y a déjà des gens qui le proposaient et je ne pouvais pas avoir autant de stocks une variété si large de stocks et acheter tous mes stocks, enfin voilà, continuer à avoir d'autres fournisseurs en France, acheter des stocks, c'est énormément de trésorerie qui est bloquée, et malheureusement ça c'était compliqué, ça pourrait fonctionner en commandes groupées, maintenant que ça se développe les commandes groupées, ça c'est vrai. Et de toute façon, il peut, il y a de la place pour des personnes qui voudraient le faire sur la France, au contraire de rassembler différents fournisseurs qui font différentes matières, etc. C'est juste que moi, j'ai pas pu le faire, j'avais envie de le faire, mais j'ai pas la capacité de tout gérer le sewing en Inde, en France, etc et on est vraiment concentré sur l'Inde, effectivement parce que voilà mon mari et ma fille qui sont indiens parce que du coup c'est notre coeur de métier de fournir ces tissus là mais je sais qu'il y a beaucoup de clients qui me l'ont demandé. J'ai des clients, enfin, il y a aussi plein de teinturiers en France qui, du coup, évidemment, ne passent pas par mes tissus parce qu'ils préfèrent du local. Mais souvent, ils arrivent à les trouver eux-mêmes, en fait, parce que, du coup, dans le local, ils peuvent aller contacter les entreprises, etc. Donc, mon rôle à moi, il est moins... Enfin, il a moins de sens, en fait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord ok bon en tout cas comme ça la question est posée et donc ça existe mais il faut chercher et toi on a bien compris ton coeur de métier c'est de valoriser aussi les tissus typiques indiens, les plantes aussi les plantes locales alors sinon j'avais des questions sur tes autres partenaires ou plutôt tes collaborations est-ce que t'as eu tu parlais tout à l'heure de chemise haut de gamme etc est-ce que tu comment on va dire, est-ce que tu as des marques de mode qui te contactent ou qui se renseignent ou est-ce que tu vois des plus gros acteurs qui s'interrogent sur la teinture végétale ou de ton côté, de ton avis, c'est souvent des petits artisans au sens, c'est très bien aussi, mais quel est le type et de taille d'entreprise qui te contactent ?
- Laura Chantebel
Plutôt des plus petites. Franchement, c'est quand même plutôt des plus petites marques qui peuvent se permettre, on va dire, de faire de la teinture végétale. Parce que quand on est une plus grosse marque, c'est prendre beaucoup de risques de partir sur de la teinture végétale quand on a toute une clientèle qui est habituée à des produits qui ne soient pas teints en végétal. Ça veut dire apprendre à réexpliquer à ses clients comment prendre soin d'un vêtement en teinture végétale, etc. Il y a vraiment pas mal de sujets à aborder avec ces clients quand on fait de la teinture végétale. Moi, je me suis rendue compte que les marques qui allaient plus au bout de la démarche, c'est celles qui se créent en ne faisant que du végétal dès le début. Oui, d'accord. Oui.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
est-ce que toi tu pourrais nous donner selon toi selon ton expertise sur les fibres et qu'est-ce qui motiverait les entreprises à aller vers la teinture végétale qu'est-ce qui ferait qu'une entreprise de textile elle basculerait et comment ça pourrait s'activer s'accélérer
- Laura Chantebel
J'essaie de trouver, de formuler la bonne réponse, mais à mon avis, déjà, si l'entreprise a vraiment une volonté de développer une gamme entièrement naturelle, alors ça vaut vraiment le coup d'aller s'intéresser à la teinture végétale. C'est possible de faire du végétal, de la teinture végétale en plus grande quantité. Il faut vraiment trouver les... les bonnes personnes. Il faut bien étudier ses coûts, il faut bien maîtriser son produit, il faut bien l'avoir testé je pense vraiment avant de se lancer. C'est-à-dire que pour pouvoir en parler le mieux, c'est vraiment important qu'il ait testé. C'est pas juste on va faire une collection en teinture végétale et ça va être super, ça va super bien marcher. Ça pour moi, personnellement, je pense pas que ça fonctionne aussi bien que ça parce que du coup Il faut avoir en tête que quand on part avec le végétal, c'est... beaucoup plus de contraintes que du synthétique, ça c'est évident. Et donc, il peut y avoir des clients qui vont parfois être en disant c'est génial, c'est génial, j'adore la teinture végétale, en plus ça tient parce que oui, ça tient la teinture végétale. Enfin voilà. Mais il y en a d'autres qui vont dire, attendez, moi je n'ai pas réussi à détacher mon vêtement que j'ai payé je ne sais pas quel prix, parce que je suis allée avec un coup de détergent. celui que j'utilise d'habitude pour enlever les taches, ça a tout détaché. Ah bah oui, forcément, ça c'est un vrai sujet. Et donc, il faut vraiment éduquer ses clients. mais si on a la volonté de le faire dans ce sens là,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
de les accompagner alors c'est possible alors maintenant on arrive sur les parties plutôt, les questions plutôt rapides tu sais en mode ping pong je voulais savoir pour toi qui étaient les personnes aspirantes en couleur végétale ou en fibre pour toi vu que c'est ta partie
- Laura Chantebel
Alors, déjà, il y a forcément, comme beaucoup l'ont dit, Michel Garcia, parce que j'ai l'impression qu'il a vraiment lancé beaucoup de personnes quand même dans ce domaine. Voilà. Après... C'est mes copines aussi, Laura et Amandine Rossier. On s'est créées quasiment en même temps. Et on s'est énormément suivies depuis nos débuts. Elles m'inspirent énormément. Tout le travail qu'elles font, incroyable. Et je trouve que c'est génial parce qu'elles valorisent énormément. les plantes locales en France, pour toute personne qui voudrait faire du made in France entièrement, elles sont au top et c'est beau de voir qu'elles peuvent autant donner que leur entreprise se développe donc voilà, ça c'est une copie très inspirante après, il y a plein de monde on a fait une collaboration avec Aurélia et puis on a discuté on s'est rencontré plusieurs fois Moi je trouve qu'elle est aussi très inspirante et qu'elle... elle apporte beaucoup de beauté dans tout ce qu'elle produit autour de la teinture végétale, etc. Après, il y a vraiment beaucoup de monde inspirant, ça c'est sûr, dans le monde de la teinture végétale, il y en a énormément. Moi, j'aime bien aussi regarder un peu du côté d'autres pays. Moi, dans les personnes qui m'inspirent en Inde, c'est Harun Bede, Namrata et tout, les personnes avec qui je travaille en Inde et qui sont mes personnes inspirantes. Je... je suis récemment discutée avec elle et je l'adore enfin je trouve son travail génial mais aux Etats-Unis The Dogwood d'ailleurs ouais enfin ouais voilà enfin voilà une fois en Angleterre Rebecca Desnos il y a plein il y a plein de gens inspirants franchement c'est trop chouette moi je ne regarde plus mon Instagram perso quasiment j'adore juste voilà regarder les comptes de mon Instagram fibre du fond
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, alors qui fédère aujourd'hui autour de la couleur végétale selon toi ?
- Laura Chantebel
Là, c'est difficile pour moi de dire une ou deux personnes qui fédèrent. Il y en a plein autour de leur communauté, etc. Donc pareil, si en association, il va y avoir Couleur Garance, Couleur Tourmonde, qui sont quand même des associations importantes dans la couleur végétale. Et puis, il y a plein de teinturiers qui fédèrent à leur façon, dans leur communauté. Donc, j'ai du mal à choisir, on va dire.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Quelle est ta plante teintoriale ? Si tu étais une plante teintoriale, Laura, tu serais laquelle et pourquoi ?
- Laura Chantebel
J'ai réfléchi à cette question je t'avoue et il y a une plante qui m'est venue on peut faire beaucoup de choses avec elle en anglais ça s'appelle marigold le yé d'Inde ça s'appelle aussi french marigold en Inde c'est la petite anecdote mais ça me fait beaucoup rire on appelle ça le yé d'Inde et ça s'appelle la french marigold ça te fait le lien moi j'adore moi J'adore cette plante, j'adore son magnifique jaune quand on le teint, j'aime bien faire de l'éco print avec. Et puis c'est tout particulier parce qu'il y en a beaucoup dans le jardin de ma belle famille en Inde, et surtout il y en a énormément dans les temples en Inde. Et voilà, c'est des fleurs que je vais une fois, souvent, récupérer. Mais ça c'est vraiment pour mes petites teintures à moi, mes petits bains de teinture à moi, mais je vais les récupérer en fin de journée. dans un temple à côté de chez moi et j'aime bien. Voilà, c'est vraiment la petite écho.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok est-ce que tu aurais des livres à recommander donc sur la couleur végétale ou aussi sur les fibres qu'est-ce que tu pourrais recommander comme bouquin à nos auditeurs sur ces sujets là sur la teinture végétale c'est
- Laura Chantebel
un gros basique que j'avais qui est un de mes premiers livres qui est le monde des teintures naturelles de Dominique Cardon ça c'est vraiment un niveau extrêmement intéressant sur les textiles il y a un livre que j'aime beaucoup que je trouve vraiment beau que je me suis offert il y a quelques temps déjà qui s'appelle Textiles je vais mal peut-être prononcer son nom de Marie Choisin et c'est sur l'histoire de tissus du monde entier il y a plein de magnifiques photos sur vraiment différents textiles techniques d'impression, techniques de tissage j'adore ce livre il y en a un autre très beau aussi et qui m'avait été offert par ma maman au début que j'adore qui s'appelle Indigo périple périple bleu d'une créatrice textile de Catherine Le Grand que j'aime beaucoup qui est dans ma bibliothèque ok super
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Quel était ton épisode de podcast préféré de ceux que tu as pu entendre ? Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu plus que les autres ?
- Laura Chantebel
Il y en a plein de très chouettes. Ça, c'est sûr. Ça, c'est vraiment chouette, tes podcasts. J'aime beaucoup les tout premiers de Michel, avec toute son histoire et tout. C'est intéressant. J'ai adoré écouter Denis Cardon. C'était extrêmement intéressant. Après, franchement, tu as plein d'épisodes intéressants. Donc, je ne saurais pas trop choisir. Et si, allez, mon petit préféré, c'est celui de Laura et Amandie.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
d'accord l'épisode 29 je le rappelle pour ceux qui nous suivent donc l'épisode 29 du champ des couleurs Laura et Amandine Roussier ok super est-ce que Laura tu aurais quelqu'un à me recommander pour la suite du podcast quelqu'un qui pourrait continuer à nous permettre d'explorer les sujets de creuser différents thèmes sur la teinture végétale les fibres etc à qui tu penses
- Laura Chantebel
alors j'ai pensé à quelques personnes mais je crois que tu as déjà enregistré avec elles et que ça va venir du coup si je dois choisir une personne que je ne connais pas mais que j'aime beaucoup suivre c'est Céline Philippe et Teinture Sauvage ouais
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ça m'intéresserait d'écouter un podcast on va enregistrer prochainement on va enregistrer prochainement toutes les deux parce que ça a été fortement demandé ouais puis elle a dit que ses photos sont magnifiques ouais ouais carrément les photos sont magnifiques et puis elle est sur les biomordants sur les plantes les plantes sauvages elle essaie de trouver des alternatives à l'Alain donc non ça va être intéressant d'accord c'est l'invitation merci
- Laura Chantebel
j'ai eu une cliente à moi qui est intéressante aussi qui s'appelle Alice Jolin et qui fait donc sa marque c'est So Rebozo et qui fait donc du coup avec qui on fait des Rebozo entièrement en teinture végétale et là on a travaillé vraiment toutes les étapes c'est une recherche un peu particulière mais
- Pauline Leroux ArtEcoVert
voilà est-ce que tu peux expliquer ce que c'est qu'un Rebozo parce que je suis peut-être la seule mais je ne sais pas ce que c'est
- Laura Chantebel
Non, non, c'est vrai. Un rebozo, c'est une écharpe qui, à la base, c'était une écharpe mexicaine qui est utilisée pour faire des soins, donc des soins d'emmaillotage, etc. Et c'est beaucoup, beaucoup utilisé pour, normalement, les femmes enceintes, pour après accouchement, pour aider à resserrer le bassin, etc. Enfin, maintenant, il y a vraiment plein de soins avec cette écharpe. On va vraiment l'utiliser avec de l'huile par exemple, etc. C'est chouette et c'est intéressant. Et du coup, son produit est intéressant à teinture vis-à-vis de taille.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
ok super bah écoute super je garde tes deux contacts parfait est-ce qu'il y a une question Laura que je ne t'ai pas posée que tu aurais aimé que je te pose un sujet que tu aurais aimé aborder sur lequel je ne t'ai pas lancé je pense qu'on a fait le tour voilà
- Laura Chantebel
écoute non je pense que ça a été enfin voilà on a parlé de beaucoup de choses je ne sais pas si ouais ouais c'est bon je pense
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bon ok écoute Laura moi je voulais te remercier parce que t'enregistres quand même d'Inde etc on espère que le son sera bon je te remercie vraiment beaucoup pour ta participation et je te souhaite une bonne journée je te dis à bientôt Merci.