- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans le podcast Areco Vert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie de recevoir sur le podcast à récovert Aurore Pélisson. Bonjour Aurore.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Alors Aurore, tu as été citée dans les épisodes, donc je sais que certains te connaissent, mais du coup pour ceux qui ne te connaissent pas, est-ce que tu pourrais te présenter et nous raconter le parcours qui t'a guidée vers la couleur végétale ?
- Speaker #1
Oui, avec plaisir. Merci tout d'abord de m'avoir invitée, je suis très touchée. et c'est un peu stressé quand même que j'enregistre cet épisode voilà avec toi du coup moi je suis artiste teinturière alors maintenant je me définis comme ça j'ai souvent vacillé entre artisane artiste je me considère un peu des deux et teinturière parce que c'est ma C'est ma technique première que j'utilise vraiment. Je travaille le textile, la teinture végétale depuis maintenant, je ne sais pas, 15 ans, enfin depuis toujours, depuis la fin de mes études. Je travaille seule dans mon atelier majoritairement. Et alors, c'est pour un peu d'histoire. Moi je suis de famille d'agriculteurs, des deux côtés du Vaucluse, du sud-est de la France. Mes parents sont les deux seuls à ne pas être agriculteurs. ils ont plutôt choisi le chemin de la ville et d'être activistes, écologistes on dit activistes aujourd'hui donc voilà c'est là-dedans que j'ai grandi avec vraiment des parents très militants en fait on disait plutôt militants qu'activistes et très sensibilisés à un développement durable et soutenable pas forcément d'attrait particulier pour l'art qui met de grands attraits pour la nature, vraiment, très profondément. Et moi, en fait, je me suis tournée vers l'art petit à petit, de manière... C'est vraiment le hasard, il n'y a pas de hasard, qui a fait les choses. Mais au collège, une copine à moi me dit, son frère a fait arapliquer. C'est quoi ça ? Moi, j'étais partie pour faire scientifique, tout ça. Ah, mais c'est génial. En fait, je vais faire ça. Je ne vais pas m'embêter encore trois ans au lycée. C'est génial, j'adore. Boum, je suis allée en art appliqué, premier truc. Et là, on a rappelé qu'il y a tout un monde qui s'est ouvert à moi, parce que mes parents avaient beau être ouverts à tout, mais c'est vrai que l'art, pour eux, ils pouvaient mener dans des musées, mais c'était avec leur compréhension à eux. Et du coup, là, il y a tout un monde qui s'est ouvert. Alors, j'ai voulu être architecte, urbaniste, illustratrice pour enfants, beaucoup. Et finalement, je me suis retrouvée à faire un BTS design de mode. Et encore une fois, un peu une histoire de hasard, comme ça. Ça nous fait... Le BTS, je l'ai fait à Nîmes. Et en fait, c'était génial. J'ai découvert le textile. Et là, c'était vraiment amour total. Et j'ai découvert, moi qui voulais être illustratrice, qu'en fait, en plus, le textile, ça rajoutait la matière. Ce qui me manquait. Et du coup, là, j'ai une copine qui part à Lyon faire des études. aux Beaux-Arts de Lyon, au Diplôme National d'Art Technique en Textile, et qui me dit, Aurore, c'est pour toi. Après ton BTS, viens faire cette licence, c'est pour toi. Effectivement, je suis allée à Lyon, et c'était génial. Du coup, là, je l'ai vraiment approfondie, tout ce qui est sérigraphie, motifs, voilà. La teinture végétale a commencé du coup, juste avant, enfin, la première fois que j'ai fait de la teinture végétale, c'était pour mon diplôme de BTS Design de Mode, En BTS, on n'a jamais parlé de teinture végétale. Soyons bien d'accord, dans nos études à cette époque-là. C'était mon BTS, je l'ai passé en 2007. Donc, de moi-même, je pense que c'est par mon papa sûrement, qui m'a dit Il y a l'horice, il y a couleur garance qui existe. et là j'ai fait pour la première fois un stage de 3 jours à couleur garance je devais avoir 18-19 ans oh génial et donc là c'était génial, j'ai pris tous les carnets qui sont encore un peu à vendre à couleur garance, des carnets c'est des polycopes que Michel Garcia avait fait à l'époque, de compil d'écrits anciens des trucs, enfin c'est pas des livres, c'est des polycopes comme ça, j'en avais acheté plusieurs à partir de ça j'ai voulu faire une cuve d'indigo je ne suis jamais arrivée à cette époque là c'était catastrophique travailler dans ma cuisine donc voilà ça a été ma première tout mon diplôme de BTS a été en teinture végétale déjà avec des pâtes de mordant que je faisais en impression déjà du motif après ça à Lyon en fait, il y avait tellement de choses à découvrir pour moi. J'avais aussi fait un peu de la sérigraphie avant, mais du coup, je me suis vraiment beaucoup centrée sur le motif, la sérigraphie, tout ça. Je savais que j'allais revenir à la teinture végétale, mais pour l'instant, c'était plus, on va dire, le côté design. Enfin, voilà, j'ai fait ma licence, comme ça, voilà. Après cette licence à Lyon, je suis partie deux ans à Londres. Alors là, pourquoi ? Parce qu'en fait, j'estimais qu'une des grosses lacunes que j'avais, c'était de ne pas parler anglais. Du coup, je suis partie deux ans à Londres avec mon sac à dos. et un ami à rejoindre. Je suis restée deux ans, j'ai rencontré des gens de la Saint-Martin School of Art, donc une école que j'aurais rêvé de faire, mais une école payante, plutôt chère. Et en fait, je ne sais pas, vraiment, encore une fois, le hasard. J'ai rencontré ces filles qui étaient en études là-bas, donc moi, on avait le même profil, étudiante en art et en design. Je les ai aidées sur leur diplôme, j'ai fait des installations d'art avec elles, je me suis éclatée. Un projet un peu foireux devait faire que je parte en Grèce. Finalement, ça a raté. Du coup, je me suis retrouvée à choisir où il fallait que j'aille. J'étais là, ben Londres, non, trop grand, j'en ai marre de la grande ville. Bon, je suis revenue à Avignon, là où j'ai fait mon lycée, là où je connaissais mes paroles avec mes parents, là où je savais que j'allais être le moins perdue, on va dire. arrivé à Avignon tout de suite j'avais qu'une seule chose à faire, monter mon atelier donc là j'ai monté mon atelier j'ai parlé avec j'ai rencontré très vite plein de gens je pense qu'en 4 mois arrivé à Avignon je montais un atelier collectif qui s'appelait Atelier Collectif Avignonné AK je crois qu'il existe toujours d'ailleurs donc on a trouvé un grand lieu collectif avec un grand préau c'était génial pour la teinture d'ailleurs un jardin, un nouveau et là je me suis formée vraiment en teinture végétale donc à couleur garance c'était encore l'association avec Michel Garcia j'ai fait toutes mes formations avec Michel Garcia j'en faisais une à peu près deux ans, deux ans, parfois trois ans. La dernière que j'ai faite, c'était juste avant le Covid en 2019. Je suis montée en Bretagne, le voir. Mais bon, on a toujours de quoi apprendre. En fait, la dernière formation que j'ai faite, c'était avec Sandrine Rosier et Dominique Cardon, juste là au printemps. Je suis allée faire la formation sur Colgout. Ah,
- Speaker #0
génial !
- Speaker #1
C'était vraiment génial. On s'est trop éclatées. C'était génial d'être toutes ces teinturières ensemble. On m'a dit Quoi ? Il faut bouillir comme ça ? Mais non, on n'a jamais bouillé. comme ça c'est ce qui vient avec la peinture végétale c'est qu'en fait la technique on est en train de la remettre en question en permanence donc voilà ça vraiment je trouve que c'est très important mais je dirais peut-être après donc voilà pour mon parcours j'ai eu cet atelier-là à Avignon atelier collectif qui m'a grandement fait grandir moi bon tout de suite je suis allée faire des grandes pièces j'ai fait des grandes pièces en textile je dormais dans mon atelier j'avais pas d'argent voilà sauf que j'avais pas de réseau sauf que du coup des grandes pièces en textile ça t'apporte des très beaux articles sur les journaux locaux pas grand chose d'autre donc en fait je me suis très vite rapprochée des boutiques collectives d'artisans d'art locaux et c'est un peu ça qui m'a quand même bien formée à pouvoir vivre de mon travail vraiment de pouvoir présenter mon travail ok Aurore tu vas pas faire des grandes pièces monumentales tout de suite tu vas peut-être un peu attendre et du coup j'ai fait du vêtement parce qu'en fait moi j'ai une formation de design de designer tout le long de mes études, tous mes professeurs m'ont dit pourquoi t'es pas en art je suis là, apprends moi ce que j'ai à apprendre travaillons ensemble je suis en design et effectivement du coup j'ai toujours eu ce truc entre art et design et en fait artisanat d'art plutôt que design d'ailleurs parce qu'en fait cet atelier je l'ai monté à Avignon parce que j'ai eu un peu des expériences dans le freelance et faire des motifs qui soient imprimés à l'autre bout de la planète, dans je ne sais pas quelles conditions, enfin bref, ça, ça ne pouvait pas me correspondre en fait. C'est pour ça que j'ai décidé d'ouvrir mon atelier, de faire les pièces moi-même, de A à Z, plus ou moins. Je ne suis pas de cisforme, je ne suis pas agricultrice, mais je fais l'ennoblissement du textile. Je suis un peu flitrac. du coup voilà j'ai fait j'ai travaillé avec ces boutiques collectives que j'ai créé pas mal avec des amis à Avignon ensuite mon atelier collectif je l'ai quitté pour ouvrir une boutique atelier donc j'ai eu pendant 3 ans une boutique atelier à Avignon où j'invitais d'autres artistes et artisans d'art j'ai toujours travaillé avec des gens de plein de domaines en fait, pas mal de céramistes, de stylistes, mais bon, c'est vrai que pas forcément des teinturiers, enfin voilà, pas forcément de la teinture végétale, parce qu'autour de nous, à cette époque-là, c'était encore rare. Aujourd'hui, il y en a beaucoup plus, mais... voilà c'était quand même j'étais un peu seule dans mon coin heureusement il y avait Loris pas loin comme ça je pouvais j'avais toujours un peu les maintenant c'est devenu des amis mais sinon bon on n'a pas des teinturiers tous les deux mètres du coup j'ai fait mon petit chemin avec tout ce milieu d'artisanat d'art que j'aime beaucoup. Ensuite, par amour, je suis allée à Marseille. J'ai ouvert un atelier à Marseille, je ne me déplace jamais sans mon atelier, c'est je crois la base de notre métier. À Marseille, j'ai eu la chance d'être dans l'atelier collectif, c'est un très très grand atelier, le Couvent. Le Couvent Levas, tenu par l'association Juste à Pose, donc on était au cœur de Marseille avec deux hectares d'oliviers. c'était magnifique voilà alors j'en ai un peu profité mais pas trop parce qu'après je suis tombée enceinte il y a eu le Covid et là ça m'a fait ce que je voulais depuis longtemps en fait ça m'a fait aller vivre à la campagne là où je suis aujourd'hui donc maintenant j'ai mon atelier à Saint-Etienne-les-Orgues juste au-dessus de Fort-Calquier dans les Alpes de Haute-Provence mon atelier est le rez-de-chaussée de ma maison d'accord voilà et d'accord je suis toujours dans une boutique collective à la caravane des créateurs à Saint-Rémy nous sommes 15 à travailler en collectif vraiment cette idée de collectif moi elle me plaît beaucoup voilà je trouve ça éthiquement parlant ça me correspond et ensuite là depuis juillet j'ai ouvert avec deux amis une galerie à Ménherbe dans le Luberon où là nous sommes trois à collaborer à avoir ouvert ce lieu et ça me fait rêver ce lieu ça me fait encore rêver aujourd'hui j'ai la place de présenter des grands formats On est trois, donc c'est quand même beaucoup plus souple qu'un collectif à 15. On le crée, donc en fait, tout est nouveau, tout est à faire. Et voilà, on est plein d'envie, plein d'envie de faire des collaborations avec des gens. Voilà, c'est vraiment ça, ce lieu-là, pour l'instant, c'est le lieu qui est très, très important pour moi et dans lequel je donne beaucoup d'énergie. Après, j'ai toujours quelques dépôts par-ci, par-là, mais très peu, parce qu'en fait, j'ai une production qui est...
- Speaker #0
toutes petites et qu'est-ce que tu produis du coup Aurore, qu'est-ce qu'on peut retrouver comme pièce, qu'est-ce que tu travailles ?
- Speaker #1
alors je travaille alors je travaille des vêtements à porter ce qui me plaît beaucoup, que les gens portent et vivent avec avec mon travail, donc je travaille des chemises, bon là en ce moment c'est des chemises kimono, je pense que c'est une forme que je vais suivre Aurore que je suis déjà depuis 2-3 ans, que je vais suivre longtemps, et du foulard. Le foulard en soi... c'est vrai que la teinture végétale surtout il y a 10 ans nous a mené très vite vers la soie parce que c'est une matière la plus facile à teindre c'est celle là un peu qui nous parce que dans ma vie j'ai jamais trop travaillé avec la soie mes parents n'achètent pas de soie particulièrement c'est le milieu de la teinture végétale qui m'a amené vers cette matière que j'aime beaucoup voilà Et du coup, je fais bien sûr des grandes pièces textiles. Là, de plus en plus, j'achète des draps anciens. Et je fais des grandes pièces murales pour la maison ou des installations textiles. Voilà, c'est ce que je fais en ce moment. Je ne suis pas très forte en petites pièces, mais heureusement, j'ai des copines qui me... le hasard des rencontres aussi qui font que j'ai une copine qui s'amuse à faire des pochettes avec mes textiles. Alors j'ai des petites pochettes. J'ai une autre copine qui est céramiste et qui avait envie de faire des bracelets textiles céramiques. Alors du coup, c'est mes textiles. J'ai deux petits objets comme ça. Mais c'est vrai qu'à la base, ça ne trompe pas le petit objet.
- Speaker #0
Pourtant, les grandes pièces, c'est plus compliqué. Du coup, si tu veux faire des unis, etc., c'est plus complexe.
- Speaker #1
ouais et ben moi l'uni c'est pas mon truc d'accord donc toi tu fais du tie and die ou du qu'est-ce que tu fais ? moi je fais des faux unis ouais je fais du tie and die je fais de la matière c'est là justement dans le motif que se situe toute ma recherche c'est à dire que C'est écrit plus loin dans mes notes, mais là où plein de teinturières que j'aime beaucoup, que j'admire, vont être dans la recherche de la plus grande gamme colorée, de découvrir des nouvelles plantes, de tester plein de nouvelles plantes. d'être vraiment dans des recherches techniques on va dire sur des couleurs, des grammages moi je suis je vais me situer vraiment plus dans un côté plus artistique on va dire ou je sais pas dans un côté intuitif je l'ai la technique mais bon ben voilà là par exemple quand ma balance tombe en panne c'est pas grave en fait tu fais un oeil tu fais je vais faire sans et puis en fait mes bains au final ils vont tous finir mélangés et puis en fait si d'un coup ce tissu il me plaît pas, vite je vais le sortir très très vite puis je vais le re-rentrer dans une autre casserole et puis les tissus pour moi ils peuvent vivre plein d'histoires parfois un tissu il a passé un mois avec moi et puis en fait il est toujours adolescent il ne peut toujours pas partir de l'atelier alors il reste encore un peu voilà je le... Je ne sais pas. J'ai une manière de travailler, je pense, qui est vraiment instinctive. Je travaille sur la matière même. Donc, oui, je fais de l'éco-print. Mais en fait, l'éco-print, je me rappelle, je crois que j'ai eu cette étincelle avant qu'Instagram existe ou quoi, ou que moi, je connaisse. Je faisais un stage avec Michel. On faisait des couleurs. Et puis, d'un coup, dans ma tête, je me disais, en fait, si je mets la plante... directement sur le tissu. Elle va donner sa couleur là où elle est. Tu vois, et des trucs comme ça.
- Speaker #0
Et après, j'ai vu qu'en fait,
- Speaker #1
on est liés à faire la même chose et à découvrir les mêmes techniques et tout ça, mais je ne sais pas, j'aime bien vivre la matière, toucher la matière, les plantes, j'aime bien les travailler brutes. donc plus la racine de l'agarance brute pas en poudre bon là en ce moment je fais des encres alors je me dis que peut-être ce serait plus pratique pour moi de partir des extraits mais sinon je pars toujours des plantes brutes encore maintenant et j'adore ça en fait c'est bon j'adore qu'il y a tout qui moisisse dans mon atelier à un moment donné ça me fait rire tu sais ce que je me suis dit avant qu'on en dise franchement faudrait quand même que je le vide ce bain là il commence à avoir une sacrée pellicule de moumoute mais bon c'est tout je peux pas être partout non plus ça me fait rire la pellicule de moumoute parfois on peut déjà elle est très belle parfois vraiment elle est magnifique et parfois on peut l'enlever et on peut continuer encore un peu ouais ouais parce que tu rechauffes ça marche ouais ouais j'ai le goût qu'est-ce que notre nez ne supporte pas oui voilà c'est ça c'est ça c'est vraiment ça c'est bon voilà parce qu'en fait la plante elle a à nous donner vraiment jusqu'au bout et ça moi j'aime bien l'utiliser jusqu'au bout c'est à dire que la plante après tu vas lui faire faire des bains puis à la fin en général elle va toujours partir en éco print quand même et c'est pour ça que moi l'éco print au début je l'ai vu pas forcément maintenant ce qui est recherché c'est de faire des feuilles parfaites alors quand je donne des stages tout le monde veut faire ses feuilles parfaites bon ok ouais ouais on peut faire on l'a fait la feuille parfaite c'est cool mais euh
- Speaker #0
c'est pas que ça donc toi tu utilises des plantes brutes que tu trouves où du coup, est-ce que tu as un jardin est-ce que tu as quelqu'un qui te livre les plantes, comment ça marche ?
- Speaker #1
alors les plantes je fais un peu de la cueillesse pour certains trucs je me suis d'ailleurs formée j'ai commencé à essayer de me former à la cueillette une fois en un petit stage et en fait ça m'a déculpabilisée parce qu'en fait c'est un métier à part entière être cueillesse et du coup voilà j'en fais un peu à ma hauteur mais en vrai j'achète des plantes j'achète des plantes j'ai pas trop d'argent sans les pousser pas trop de moyens alors j'achète des plantes en Allemagne j'achète des plantes dès que je peux chez les plantes à couleur les filles qui sont à la Roque d'Anteron si tu les as le champ des couleurs le champ des couleurs voilà donc ça c'est vraiment voilà ça c'est des initiatives que je soutiens que j'adore voilà mais effectivement je ne suis pas du tout à 100% sur ces réseaux là euh J'ai une copine, j'ai des copines qui payent pour moi parfois. J'ai des gens qui gardent les pures de melons, les piquots d'avocats, plus des choses que j'utilise en stage, en vrai. Mais bon, voilà, je multiplie les sources, en fait. Je multiplie les sources. Parfois, des agriculteurs me donnent leur compost pour les pots de grenade. Ça, je l'ai beaucoup fait. Donc, je suis allée pas mal glaner, enfin glaner, remplir des voitures sur des composts d'agriculteurs.
- Speaker #0
voilà je fais comme je peux d'accord et ton stage en cueillette tu l'as fait avec qui du coup parce qu'il y a sûrement des gens qui seraient intéressés je les adore j'avais envie de parler avec eux à la fin au début au milieu et bien ouais si tu peux une
- Speaker #1
fois allez c'est bonus du jour c'est vieilles racines et jeunes pousses ah je connais ils organisent des conférences donc Thierry Tevenin génial et du coup c'est là aussi c'est eux qui ont organisé le stage avec Dominique Cardon et Sandrine Grosier c'est et j'avais juste avant un an avant fait une formation je cherchais une formation de cueilleur et je pense une formation c'est vraiment une initiation trois jours juste pour me décapabiliser et voilà mais en tout cas c'était cool et c'était avec Laurence Chabert et comme de par hasard où le centre de vieilles racines et jeunes pousses est dans la creuse mais cette formation là c'est avec Laurence Chabert dans mon village à Saint-Etienne-les-Orgues parce qu'elle vit aussi dans mon village du coup c'était génial pour ça c'était à domicile Laurence Chabert c'est une ethnobotaniste je trouvais intéressant aussi d'aller aussi un peu vers là parce qu'en fait même si même si moi je sais que je fais pas plein de cueillettes je suis pas dans la recherche de la plante mais en fait c'est tellement important et dans toutes mes balades quand même j'essaye d'exercer mon oeil à reconnaître les plantes même si je les cueille pas c'est pas grave en fait même si voilà mais au moins m'exercer à connaître au mieux le vivant autour de moi. C'est très important pour moi. Je ne pourrais pas arriver un peu plus à s'accueillir. Après, il faut trouver la bonne station, tout ça. Le cueilleur, c'est un métier. Et comme l'on le disait, le cueilleur, pour être le meilleur des cueilleurs, il met aussi en culture, en fait. Il ne peut pas être juste cueilleur. Ce n'est pas juste du glamour, être cueilleur. Et aujourd'hui, encore plus dans la situation actuelle. Je pense.
- Speaker #0
du coup tu vois Aurore c'est hyper intéressant cet échange parce que je te partage c'était pas prévu mais je te partage mes réflexions c'est que je me suis dit moi j'ai commencé la teinture végétale avec Michel Garcia et il m'a fait avoir tu sais un espèce de tu sais, comme un éclair, comme de la magie, comme je ne sais pas comment dire, où d'un coup, je me suis dit, non mais attends, c'est ça qu'il faut que tu creuses, Pauline. Tu vois, j'ai eu ce... Bon, bref. Et moi, j'adore les plantes. Mais j'adore les plantes d'horticulture, en fait. Je m'y connais très bien, les plantes que tu as dans le jardin, les plantes paysagères, etc. Et en fait, quand j'avais des non-hards sur Instagram ou d'autres qui cueillaient des plantes sauvages, déjà, j'avais du mal à les identifier. Je me trouvais vraiment nulle. et en fait moi quand je me trouve nulle dans un truc et que ça m'intéresse, j'essaye de me former et donc j'ai démarré début octobre la formation cueilleur des chemins de la nature. Je ne sais pas si ça te parle, avec Christophe Dehoury.
- Speaker #1
Bon, bref.
- Speaker #0
Et c'est une formation en ligne. Donc, 135 heures de termes botaniques, de photos, de vidéos. C'est génial. Vraiment, c'est génial. Et du coup, ça me fait un bien fou parce que, tu vois, ils t'expliquent comment recueillir, reconnaître des familles de plantes, comment sécher. il te parle d'un séchoir il te parle que si t'as pas les moyens tu peux te pendre avec un cintre comment tu dois écarter tes branches et j'ai l'impression de me sentir moins complètement larguée il te donne les meilleurs moments de la journée donc apparemment c'est après la rosée en fin de matinée et je suis d'accord avec toi je suis contente d'entendre le fait que tu dises j'avais besoin de me déculpabiliser en fait c'est exactement ça je suis touchée par ce que tu dis parce que je vis la même chose en ce moment
- Speaker #1
sauf que moi la formation n'est pas du tout finie ça vient de démarrer mais bon c'est hyper intéressant c'est une grande formation parce que moi c'était 3 jours bah mais en gestion
- Speaker #0
lui c'est vraiment des vidéos mais il est tout le temps dans la nature donc on a tout le temps des vues des plantes et tout et en fait moi je me rends compte que j'ai une grosse lacune sur les plantes sauvages on peut pas être parfait on peut pas être partout petit
- Speaker #1
à petit en fait c'est long, c'est un travail de longue haleine parce que même des formations à part apprendre des listes par coeur de plantes on peut balader dans la nature avec le sport il faut pratiquer c'est le seul truc qui vraiment fera que ce sera efficient,
- Speaker #0
valable et on peut pas tout faire dans la vie donc du coup toi tu parles de plantes brutes donc on a compris, tu multiplies les sources d'approvisionnement donc tu travailles des déchets alimentaires j'aime pas le terme déchets mais tu travailles des restes alimentaires on va dire tu fais la cueillette tu travailles du coup les plantes donc tu fais tes bains,
- Speaker #1
tu prépares tes bains de teinture après il y a un truc intéressant là c'est que justement là où en fait moi dans mon atelier j'ai pas tant de plantes que ça c'est à dire que c'est vrai que vu que vraiment on Mon axe premier de recherche est plus de l'ordre graphique, on va dire. Moi, j'essaie d'exprimer de la matière par le visuel, en fait, même si après, c'est sur des belles matières, sur des soies, sur des laines, les matières sont bien choisies aussi. mais en fait moi mon truc c'est de faire rêver les gens de faire rêver les gens par du visuel par l'œil c'est quelque chose de très très important pour moi du coup en fait il y a des milliers je sais pas combien de plantes qui pourraient faire du jaune par exemple toutes les plantes se font du jaune donc voilà moi selon en ce moment j'utilise beaucoup du Reseda pour faire du jaune mais il y a quelques temps j'étais plus sur du Sophora et puis il y a quelques années j'étais clairement sur de la grenade donc Parfois, je course, bien sûr, j'en ai plusieurs, parfois, mais je ne multiplie pas trop les plantes. C'est-à-dire que, par exemple, déjà, dans mon travail... je prends que des plantes grandes déjà c'est la base parce que parce que on vit dans le monde dans lequel on est les gens ils sont pas habitués à acheter des petits et ils sont pas prêts enfin ils sont pas prêts à ça ils sont pas allés donc voilà donc par contre en stage ça je l'explique bien et en stage je vais faire je vais faire aussi un peu des pelures d'oignon par exemple qui pour un temps ne vont pas être tant stables que ça mais voilà moi dans mon travail professionnel je reste sur des plantes de grand teint j'ai ma garance ma source de jaune mon indigo le brou de noix c'est genre ma grosse base après je me fais plaisir avec d'autres feuillettes j'ai toujours de la noix de galle que je cueille en masse ici et puis Quand j'ai des cueillettes, là, le printemps, la vergette du Canada, il y en a plein. Alors, c'est clair que je m'éclate à faire des éco-primes là-dessus. Ma grand-mère, elle a un...
- Speaker #0
le nez filier du Japon bon ben voilà je me suis amusée avec ça aussi au printemps voilà il y a des trucs qui viennent comme ça mais quand même ma base est très solide sur un peu les couleurs primaires de la teinture végétale on va dire comme
- Speaker #1
ça t'es sûre de pas créer de la déception pour les personnes à qui tu vends qui sont pas encore prêtes à savoir qu'une couleur naturelle peut évoluer dans le temps etc c'est ça et puis dans ma tête au moins c'est...
- Speaker #0
temps de cerveau disponible non non c'est vrai tu vois effectivement les filles qui testent plein de plantes et tout ça c'est génial et tout ça mais du coup c'est du temps de cerveau qu'elles mettent pas ailleurs et on fait toutes des choix et moi c'est vrai que mon choix il est sur voilà en ce moment même ça fait des années je rêve je crois d'être peintre alors du coup tu vois je veux exprimer en grand format faire peindre faire des effets, faire de la matière donner de la matière aux gens
- Speaker #1
C'est vrai que tu vois dans les teinturières les artisanes je vous appelle comme ça les artisanes j'ai beaucoup de profils différents il y a des profils un peu comme toi intuitif il y a les profils qui aiment bien s'aérer avec de la recherche donc elles vont tester des trucs et c'est passionnant parce qu'en fait elles expriment bien qu'elles ont besoin de tester des nouvelles plans, de tester des nouvelles applications etc et j'ai des personnes qui ont envie de faire des nouvelles applications, c'est-à-dire après le textile, de faire les encres, après les encres, de faire des craies grasses, après les craies grasses, tu vois, et en fait, c'est marrant, mais je pense que chacun s'inspire, et puis j'avoue que des fois, franchement, tu vois des... moi j'étais pas très réseau social à la base mais quand tu vois sur Instagram et que tu as un fil où t'as que des gens qui font des trucs magnifiques qui sont hyper créatifs etc t'es forcément nourrie et t'as envie de faire plein de trucs sauf que des fois faut savoir prioriser
- Speaker #0
et se concentrer mais c'est ça en fait ce qui est beau c'est qu'en fait la teinture végétale ça avait complètement disparu ça avait complètement disparu c'était genre personne ne connaissait ça là ça fait depuis que moi je commençais depuis 15 ans il y avait Michel c'était Ypsilon il n'y avait personne en fait c'était très très peu de personnes qui étaient vues un peu comme des hippies ou comme des uluberlus donc en fait là le monde de la teinture végétale est en train de s'ouvrir mais c'est qu'une technique c'est à dire que comme avec l'acrylique comme avec plein de choses en fait c'est une technique c'est à dire que ça peut être utilisé dans un rayon d'action immense donc on peut être des gens complètement différents je pense qu'actuellement encore aujourd'hui en 2023 ce qui nous rassemble vraiment c'est je crois qu'on a un peu tout un fond d'activité 2018 en tout cas clairement il y a 15 ans 10 ans clairement c'était ça tu ne fais pas de la teinture végétale par hasard c'est parce que tu as envie de vivre en harmonie avec ton environnement avec ton travail tu as envie de vivre en harmonie sur la planète sur laquelle on est peut-être que dans plusieurs années ce sera différent ce sera une technique qui sera plus vraiment commune en tout cas je l'espère mais c'est vrai que
- Speaker #1
là aujourd'hui bon voilà c'est ce qui nous rapproche je pense tous c'est vraiment l'amour l'amour des plantes l'amour des plantes de la nature la naturalité la santé aussi il y en a pas mal qui me disent moi j'avais envie de porter des choses plus respectueuses etc mais oui oui mais de toute façon je pense que oui il y a forcément des points communs et il y a forcément des c'est ça qui est hyper intéressant c'est que vu le panel d'applications de techniques de recettes personnelles, de tout ce qu'on veut. En fait, c'est infini. Il y a plein de choses à découvrir. C'est ça qui est vraiment fou. Donc, du coup, tu nous as parlé de tes vêtements. Donc, tu parles des plantes brutes. Tu fais des bains. Quand tu dis que tu te sers à la fin des plantes en éco-print, c'est-à-dire... Donc, du coup, tu ne broies pas tes plantes.
- Speaker #0
tu les coupes pas tu les gardes entières tu fais tes bains entiers ça dépend ça peut être des par exemple les racines de garance elles sont vendues en petits bouts parfois en blanc parfois en petit enfin voilà moi je pense que j'ai dû passer je sais pas 7-8 ans à faire un écoprime de garance pour avoir pour avoir des femmes de petites fleurs rouges partout là tout tout tout tout voilà bon voilà maintenant je je je le fais moins je suis passée à autre chose mais c'est vrai qu'il y a des choses comme ça que j'ai beaucoup appréhendé, j'ai fait du métrage en éco-prime de garance voilà on me l'a demandé en commande c'était d'ailleurs un des seuls trucs pratiquement que je pouvais faire en commande et en format parce que la commande c'est pas trop mon truc voilà on me dit pas trop ce que je dois faire mais mais oui oui voilà en fait quand on finit notre bain de teinture s'il y a nos plantes au fond, en fait, nos plantes, il y a de fortes chances qu'elles aient encore de la couleur dedans. Donc, on peut les passer en écoprime, on peut les rouler dans du tissu.
- Speaker #1
Oui, tu vois, je n'ai jamais entendu ça. C'est génial. Oui, c'est bien.
- Speaker #0
dans de l'eau blanche, de l'eau claire, ou dans un autre bain de peinture, pourquoi pas. Moi, vu que je suis beaucoup en recherche de ça, j'ai plutôt tendance à un peu tout mixer. Je mélange tout et puis j'essaye de trouver l'ordre logique qui fasse que je n'ai pas besoin de répéter 40 fois certaines étapes.
- Speaker #1
voilà d'accord en tout cas je je savais pas du tout qu'on pouvait réutiliser des plantes après ça va être servi pour 20 teintures en écoprint c'est une super bonne ça va ouvrir les chakras de certaines c'est très bien donc tu nous as dit vêtements des accessoires avec les foulards de soie donc on a parlé un peu de ton écosystème t'es beaucoup dans le collaboratif est-ce que tu as des partenaires ou des personnes que tu veux citer avec qui tu travailles pour tes fibres par exemple ou où est le fibre ?
- Speaker #0
Pour les fibres, j'avais juste envie de citer historiquement, parce qu'il y en a d'autres qui vont dire Oh oui ! C'est un monsieur qui est décédé, mais c'est un petit sœur. Il s'appelait M. Auriol, il était à Pellucin, et on était beaucoup, beaucoup, beaucoup de teinturières en vegetal. Elle lui achetait sa soie qui tissait à côté de Lyon et sa laine. Donc le jour où il est parti, ça a été très compliqué de trouver de la soie, c'est toujours très compliqué de trouver de la soie. donc j'ai une partie que je me fournis encore chez un fournisseur lyonnais mais c'est de la soie chinoise donc je le traque, à chaque fois que je lui fais une commande je lui envoie un mot et alors ? vous avez pu avoir des labels et alors ? et sinon j'essaye de faire de plus en plus de commandes à Fibre Bio je les admire ils sont géniales je les connais depuis longtemps et merci je les ai rencontrées au symposium qui existait à l'époque à couleur garance mais je ne les connais pas trop personnellement on s'est parlé de tout quelque part mais bon, je les aime beaucoup et du coup j'essaye de leur commander de plus en plus à elles je me fournis aussi depuis quelques années de plus en plus en seconde main je travaille beaucoup des draps anciens ceux que Michel n'aime pas trop ou ceux que les scientifiques n'aiment pas trop parce que c'est quand même une source inconnue, un drap ancien on ne sait pas s'il a vécu moi pour ma technique qui est très matière et tout ça qui est très dans l'instinct je cherche pas de couleur précise ça marche totalement, après voilà c'est vrai que c'est des draps, on sait pas ce qu'ils ont vécu autant ils ont vécu de la javel l'horreur, la javel du coup il faut quand même bien bien les laver comme nos autres matières mais bon voilà, j'utilise vraiment beaucoup de lin, coton et chanvre ancien j'ai envie de plus en plus de ne utiliser que du seconde main et de dire au revoir à mon fournisseur lyonnais et de ne passer que sur fibres bio et du seconde main c'est
- Speaker #1
ça t'as parlé tout à l'heure d'encre textile que t'étais en train de travailler tu pratiques ça sur tes vêtements ? tu peux nous raconter un petit peu ?
- Speaker #0
Déjà ça fait... Depuis toujours je fais de la scénographie. Au début je faisais de la scénographie avec des engrammeaux. C'est des acryliques. Très vite... très vite. Dès le début, je fournissais les pâtes de mordant. Très vite, j'ai arrêté les encralos. Très vite, je n'ai fait que de la pâte de mordant.
- Speaker #1
Tu peux nous expliquer pâte de mordant pour remettre tout le monde au même niveau ?
- Speaker #0
Je fais des pâtes à partir de sulfate de fer ou de sulfate d'alumine. C'est tout ce qu'on peut faire en mordant pour préparer nos tissus avant. quand on est un turien en végétal on parle de mordant, on prépare le tissu avant on parle pas de fixatif c'est les plantes qui ont les pouvoirs d'être grandin ou petitin mais du coup ces mordants là on peut les faire en pâte et à la place de les appliquer avant en bain, on peut les appliquer en pâte, en rajoutant une gomme, on peut les appliquer au pinceau, en sérigraphie au block print c'est ça avec les mains,
- Speaker #1
les pieds d'accord en stage avec Michel on avait parlé de la gomme de goire on a Clément Bautier gomme arabique et Clément Bautier nous a parlé d'une autre gomme à dragante exactement à dragante est-ce qu'il y a je lui ai posé une question d'ailleurs que je vais te poser question bonus j'ai une liste qu'à moi qui avait fait un post sur une technique de pâte de riz est-ce que tu connais ce truc là ?
- Speaker #0
non, techniquement je ne connais pas mais je ne l'ai jamais pratiqué je sais que ça existe c'est comme le mordant au lait de soja je ne l'ai jamais fait je sais que ça animale la foule la pâte de riz ça... ça fait des réserves en fait c'est différent c'est différent moi je fais des réserves réserves à l'argile pour les bains d'indigo d'accord et alors du coup toi tu utilises quoi gomme de goire,
- Speaker #1
gomme arabique, tu fais quoi ?
- Speaker #0
j'utilise de la gomme abragante et de la gomme goire et parfois de la gomme arabique selon si là en ce moment j'utilise de la gomme goire mais ça va dépendre je sais pas trop pourquoi je suis pas trop calée en gomme
- Speaker #1
D'accord, donc en fait il n'y a pas une gomme pour une utilisation ?
- Speaker #0
Si, je pense qu'il y a certaines...
- Speaker #1
D'accord, je me note à creuser ça. Ok, d'accord. Et donc du coup, toi tu fais tes pâtes de mordant, donc c'est...
- Speaker #0
Jusqu'à présent, ça fait très longtemps que je fais ça. Toutes mes pâtes de mordant, ou sinon la pâte de réserve, voilà. Je ne faisais plus que ça en fait. Tous mes motifs, du coup, ils n'étaient que comme ça. Et là, depuis... 2019 non j'ai quand même fait la formation avec Michel Garcia des encres il y a longtemps pour fibres animales donc je pouvais faire des encres sur fibres animales mais je sais pas trop pourquoi je l'avais pas trop mis en place alors que c'était vraiment il y a longtemps mais par contre je m'étais déjà fabriqué mon étude à la Michèle avec ce que tu trouves elle est très grande et maintenant je la fais tourner à bloc tout le temps mais du coup j'étais retournée en Bretagne le voir pour justement ces histoires d'encre j'avais fait une formation d'une semaine sur les lacs et sur les encres c'était aussi sur papier c'était plus la sérigraphie textile qui m'intéressait le truc c'est que c'était que j'étais enceinte et que du coup je ne le savais pas que j'étais enceinte du coup je crois que mon cerveau n'était pas tout à fait là donc j'ai mis longtemps à le mettre en place mais depuis quand même je le fais, je le teste je fais mes erreurs, je le reteste là j'ai plein d'encre qui sont encore dans l'atelier, le lac que je redissourne après pour la sérigraphie et alors je fais à la fois ces lacs là et à la fois je fais des condensés aussi des jus très très concentrés que j'applique au pinceau sur des tissus déjà mordancés grosso modo je fais un peu les deux en parallèle en plus sachant que je fais ça majoritairement en ce moment sur des linges anciens du coup parfois je crois que je me plante mais en fait je me plante pas c'est juste que mon linge ancien il est merdique donc en fait c'est ça aussi le linge ancien moi ça fait 4 ans que je fais des encres et des lacs et tout ça sauf que majoritairement je les fais sur linge ancien donc t'es un peu biaisée clairement biaisée et ça bah c'est en faisant qu'on apprend
- Speaker #1
non mais c'est ça de toute façon il n'y a pas il faut se planter en fait c'est vraiment ça j'ai remarqué alors moi je ne fais pas tout ce que tu fais bien sûr et moi je n'ai pas mais ce qui me plaît c'est de te dire qu'en fait tu retiens la leçon quand tu t'es plantée une fois non mais c'est ça donc non c'est passionnant donc du coup là tu travailles les pattes de mordant ok du coup j'aimerais bien qu'on arrive aux petites questions rapides sur toi Aurore quelles sont les personnes qui t'inspirent tes sources d'inspiration aujourd'hui, comment tu fais pour trouver à chaque fois l'envie d'aller creuser une nouvelle technique, de tester ton intuition, etc. Comment ça fonctionne ?
- Speaker #0
Alors, il passait un temps, je faisais un cadre de sérigraphie tous les six mois. Ce cadre de sérigraphie, je l'utilisais en long, en large, en travers et dès que j'apprenais une nouvelle technique, pendant six mois, je faisais que ça. En fait, c'est mon métier. Je ne fais que ça, que ça dans mon atelier. Et du coup, six mois après, j'ai effacé mon cadre et je repassais à autre chose. Et en général, je vais au fond. de ce que je peux faire, pouvoir le roder vraiment jusqu'au fond, et après, je passe à autre chose. La teinture végétale, depuis tout à l'heure, on a bien compris, c'est infini. Donc là, par exemple, je m'attaque aux encres depuis 4 ans. C'est génial, j'attendais que ça, en fait. Parce que moi, ça fait 15 ans que je fais de la teinture. Les casseroles, j'adore. Je dessine. L'écran de sérigraphie, j'adore. mais pour faire un écran de sérigraphie c'est quand même des produits chimiques en fait pour faire l'écran, du coup moi je ne peux plus les utiliser
- Speaker #1
Tu peux expliquer ça justement, comment tu montes ton cadre de sérigraphie parce que ça j'avoue que on en a parlé un petit peu avec Isabelle Rodier tout au début et j'avoue que j'ai besoin d'être rafraîchie sur la question
- Speaker #0
Alors peut-être que maintenant, petit à petit, il y a des techniques, peut-être avec des pâtes de réserve de rire, justement, des trucs comme ça, petit à petit qui sont mis en place, qui existent, et qui sont non toxiques. Mais en fait, le cadre de la scénographie, c'est pour avoir des motifs très précis. Moi, j'ai toujours fait des motifs extrêmement précis. J'ai dessiné à la plume, j'allais dans la nature. dessiner mes dessins à la plume, à l'encre, sur des A3 que je transférais. C'était la seule manique que je faisais par Photoshop. Sur Photoshop, que je nettoyais, que après on l'imprime sur Rodoïd, papier transparent. Et après, c'est une... La technique de la scénographie, c'est une émulsion qui est photosensible. On met des deux côtés du cadre, ce cadre on le laisse dans le noir. Une fois que c'est sec à la main, on colle notre petit rhodoïd transparent avec notre motif en noir. On le flash très très fort. Selon la performance de notre lampe, on le flash une minute ou on peut aller jusqu'à 30 minutes au soleil. Une fois que c'est flashé, toute l'émulsion est stabilisée imperméable. mais là où elle n'est pas stabilisée on l'enlève avec un peu d'eau du coup ça nous fait un pochoir sur une toile tendue avant cette toile tendue était en soie maintenant elle est en polyester Cette étape-là, c'est des produits chimiques, cette émulsion qui est photosensible, quand on doit dégraver le cadre, c'est aussi. Et le plus chimique, c'est surtout au fur et à mesure d'avoir fait plein de cadres, plein de fois des images, notre cadre a plein d'images fantômes, et là, ce produit-là est très toxique, on doit vraiment le nettoyer. Donc en fait, je ne supporte plus d'utiliser ces produits. Du coup, en ce moment, j'utilise mes cadres vierges de cellographie. Donc, je... dessine plus donc le dessin me manque, c'est pour ça que les encres me servent, comme ça je peux dessiner directement sur le tissu Et du coup en sérigraphie, là pour le coup moi j'utilise le cadre vierge et ça c'est une pratique que j'ai depuis l'école en fait,
- Speaker #1
depuis toujours.
- Speaker #0
Et que j'ai mis de côté, que j'ai repris, j'ai sérigraphié sur corps humain, j'ai sérigraphié sur en ce moment le projet de terre. Tu me disais, c'est à même le sol, donc je vais dehors et je mets mes tissus que j'ai préparés au préalable au sol. et je sérigraphie avec les pattes de mordant ou avec maintenant mes encres je sérigraphie sur mes cadres au sol sur l'herbe en fait et du coup le motif c'est les creux et les bosses du sol en fait voilà et ça j'adore cette crème avec mon histoire de famille paysan je ne sais pas, je me rends compte que la terre est basse c'est bien de ne pas repartir de ça on se rend compte donc voilà, il y a cette technique de sérigraphie là, en ce moment c'est ça que je travaille en sérigraphie je vais refaire des motifs précis mais j'ai eu besoin un peu d'arrêter de faire ces émulsions toxiques et peut-être effectivement de rechercher des techniques qui doivent exister tu
- Speaker #1
as raison, je vais creuser ça parce que du coup, j'avoue je ne suis pas... Je vais me le noter d'essayer de trouver pour la sériographie, pour l'impression textile, des techniques plus propres.
- Speaker #0
plus naturel j'en suis sûre et sinon moi en fait j'avais vraiment la frustration de la casserole j'avais envie de faire je fais un grand geste avec le bras j'avais envie de geste du peintre vraiment et du coup grâce aux encres ça m'amène ça je fais plaisir dans mes grands formats en fait j'ai toujours été très nue en échantillons moi mes échantillons ils ont toujours fait 5 mètres toi c'est je ouais c'est voilà après je sais pas c'est comme ça je en fait mes échantillons c'est pas des échantillons en fait c'est des pièces quoi c'est des pièces et puis si elle est ratée c'est pas grave on continue quoi on continue d'accord voilà
- Speaker #1
ok donc maintenant je voulais savoir pour toi qui fédère autour de la teinture végétale qui rassemble et oui alors déjà que j'ai pas bien répondu aux autres questions là je vais bien dire donc qui fédère donc
- Speaker #0
qui fédère et ben heureusement qu'il y a Michel Garcia Dominique Cardon, Sandrine Rosier Lise Camoin, Marie Marquet Greening, Laura, Des Champs des Couleurs, les centres de formation, tous ces centres de formation qu'on a la chance d'avoir. Il y a Couleur Garance qui est encore aujourd'hui un centre de formation. Il y en a que je ne connais pas trop, mais il y a Instagram qui nous connecte vachement. En fait, la teinture végétale, ça existe. pas longtemps Instagram c'est un outil qui en fait m'a fait découvrir Isina Isina, voilà, qui est à Pau elle qui a un travail que j'admire beaucoup bonjour, je te connais pas mais je t'aime Marie-Louise Beste Bonnard, voilà on se fait des coucous mais on se connait pas on est en visu voilà, on se connait un color tournonde à Paris ou le concept aussi Voilà, et aussi je voulais citer Léna Mac dans La Creuse en centre de formation, Vieilles Racines Jeunes Pouces, voilà c'est tous ces gens-là en fait qui donnent de la formation c'est des gens qui rassemblent c'est clairement des gens qui rassemblent, qui donnent qui donnent à toutes les échelles parce qu'il y a des gens qui viennent les voir qui viennent parfois me voir aussi, mais moi je suis petite dans mon coin, mais qui viennent me voir pour faire à la fois des gros projets d'envergure, parce que je sais qu'il y a des grosses marques qui se rapprochent de ces centres de formation. Voilà, c'est des centres qui marchent pour toutes les échelles. Donc c'est chouette.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Je pense qu'eux, ils fédèrent tout ce genre.
- Speaker #1
Si tu devais choisir une plante teintoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?
- Speaker #0
la garance c'est pas très original mais vas-y et donc pourquoi historiquement c'est la folie elle vient de ma région en plus elle était cultivée dans ma région moi mon atelier boutique à Avignon je l'avais déteinturier donc voilà toute l'histoire de la garance c'est quelque chose qui est très fort des garances sauvages ici il y en a partout c'est une plante qui tire toute sa force de sa racine alors c'est génial il y a quelque chose de très beau de très profond dans cette plante il faut lui laisser le temps aussi de venir c'est minimum 2-3 ans voire 10 ans il faut attendre, ça c'est bien c'est une notion de temps j'aime beaucoup aujourd'hui parce que la notion de temps on n'en a pas parlé mais dans notre métier dans notre vie c'est très important après il y a quelque chose aussi qui est très dur c'est que du coup dans la vie
- Speaker #1
quand on la ramasse on la tue aussi en même temps donc il y a cette ambivalence qui est complexe mais voilà c'est la complexité du monde végétal que j'admire d'accord ok moi j'aime surtout les explications du choix des plantes panctoriales tu vois quand je te pose cette question aux invités j'aime beaucoup comment, pourquoi ils ont choisi tel ou tel plant est-ce que tu as une fibre de prédilection ?
- Speaker #0
j'ai envie de dire le lin je je suis encore toute ouverte à la découvrir mais voilà d'accord est-ce que tu as des livres à recommander ? ouais alors j'ai fait le tour moi c'est Marie Marquet c'est toujours avec moi toujours merci je ne connais pas non plus Marie Marquet mais ton ouvrage est vraiment génial pour tous avec ces tableaux de solidité lavage, solidité lumière, c'est d'une practicité de savoir quelle région tout ça, je l'ai lu, relu toutes les saisons, à toutes les époques pour me dire et c'est une sorte de bible c'est un peu comme une flore enfin vraiment c'est une flore pour les teinturiers et comme ça je les ressais maintenant petit à petit grâce à ce livre que j'ai lu
- Speaker #1
maintenant je les reconnais les plantes il a été souvent cité comme livre référent pour son côté pratique à emmener en cueillette voilà
- Speaker #0
les livres de Dominique Cardon et de Michel Garcia bien sûr sans hésiter tout le travail de Dominique Cardon qu'elle fait avec Jeannot et Paul Gould c'est extraordinaire aujourd'hui moi est-ce que tu as un épisode préféré du podcast est-ce qu'il y en a un qui t'a marqué alors je pense que je les ai tous écoutés en juin et après je me suis arrêtée j'ai écouté j'en ai dit non non pas je me suis arrêtée en juin mais en juin j'avais pas encore écouté un et puis je les ai tous fait d'un coup je crois voilà et j'ai fait beaucoup de voitures aussi et en plus j'allais à des formations où je donnais des formations c'était génial du coup il fallait que je m'en souvienne mais effectivement les épisodes que j'ai beaucoup aimé c'était
- Speaker #1
écouter Dominique Cardon écouter Greenlink alors Michel Garcia c'était dur parce que j'avais du mal à l'entendre il faut que je le retravaille cet épisode il me faut du budget il faut du budget pour le retravailler et oui il faudrait que
- Speaker #0
Michel revienne carrément mais ouais en tout cas je vous dis
- Speaker #1
donc c'est un plaisir à les écouter bon top est-ce que tu peux me citer quelqu'un à qui tu aimerais passer le micro si possible que je n'ai pas eu mais bon là tu ne peux pas savoir tous ceux que j'ai eu puisqu'il y a pas mal d'épisodes qui ne sont pas sortis ouais mais t'en as eu plein et
- Speaker #0
on m'a dit parce que du coup je vais citer Juliette Verne on m'a dit que tu l'avais contactée et en fait Juliette Verne on a fait toutes nos formations ensemble notre BTS design de mode notre licence textile à Lyon a une année d'intervalle donc on était toujours dans le même établissement mais pas dans la même classe et après toutes les formations avec Michel Garcia on les a fait ensemble sérieux ? toujours même si elle est à Mulhouse donc voilà on est des grandes copines on a un travail complètement différent mais toutes nos connaissances de base pratiquement on les a eu ensemble et c'est rigolo parce que si on donne un stage ensemble on va pas dire la même chose et ça je trouve ça exceptionnel ça je trouve ça exceptionnel donc voilà, Juliette je sais que tu l'as déjà contactée mais je le redis après je me dis que j'aimerais bien que tu contactes Thierry Thévenin de Vieilles Rationnées Jeunes Plus parce que je pense qu'il a plein de choses à dire et des gens justement, des ethnobotanistes Laurence Chabert par exemple cet ethnobotaniste qui est dans mon village je suis arrivée dans ce village au pied de la montagne de Lure, c'est un village qui est historiquement connu pour les cueilleurs de plantes médicinales dans ce village où j'habite il y a un groupe de femmes qui font de la teinture végétale pour leur loisir, comme ça, dans la salle municipale. Et Laurence, je sais qu'elle en a fait partie, toutes les semaines, elle se regroupait, là je crois que c'est un peu en sandal, mais pour m'ordoncer ensemble et tout ça. Et du coup, j'ai halluciné d'arriver ici, et je trouvais ça vraiment très beau. Et Laurence, voilà, elle a tout son côté professionnel, être non-botaniste, mais aussi elle s'y connaît en teinture végétale. Après, il y a Atelier Simone, Laetitia, qui a ex qui fait exclusivement de l'indigo en 2023
- Speaker #1
que j'aime beaucoup que je viens juste de découvrir et avec qui je viens de rentrer en contact donc c'est génial écoute franchement Aurore c'était un épisode riche et encore hyper créatif hyper dans l'intuition la collaboration, le collectif bref ça va faire du bien à plein de gens je pense ça met une bonne dose de positif j'essaye souvent de penser à quoi vont
- Speaker #0
comment vont être les auditeurs après avoir écouté je pense que là tu vas leur donner la banane juste peut-être pour finir la teinture végétale en fait on peut commencer avec rien c'est ça qui est bien en fait il nous suffit d'une casserole vraiment d'une casserole et d'une cuillère donc voilà il n'y a pas besoin d'investissement le faire dans sa cuisine c'est embêtant effectivement voilà moi j'ai été atelier collectif voilà j'ai dormi dans mon atelier tout ça maintenant bah maintenant j'en vis j'en vis voilà je sais pas c'est cool c'est quelque chose on peut commencer avec rien et ça nous fait sortir du système je sais pas industriel comme ça et on apprend les choses on touche la matière et je trouve que c'est le plus important touchons la matière voilà
- Speaker #1
Merci beaucoup, Aurore.
- Speaker #0
Merci à toi. Merci, Pauline.
- Speaker #1
Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram à Récovert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous.
- Speaker #0
Merci