- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast Artecovert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert Philippe De Braeckelaer. Bonjour Philippe.
- Philippe De Braeckelaer
Bonjour Pauline.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Merci d'avoir répondu présent pour cet échange. Juste pour réintroduire un petit peu à nos auditeurs pourquoi j'avais très envie de parler avec vous et avec Extractis, c'est que je me suis rendu compte que dans la filière tinctoriale, j'avais zappé les acteurs de l'extraction. Et c'est quand même très important, donc j'étais ravie de pouvoir préparer et échanger avec vous. Avant de commencer, j'aimerais bien que vous puissiez vous présenter votre parcours, nous expliquer un petit peu comment vous êtes arrivés au végétal. votre formation et ensuite on échangera sur Extractis et la proposition de l'entreprise.
- Philippe De Braeckelaer
Ok, mon parcours est relativement simple. J'ai 59 ans. Comment je suis arrivé au végétal ? J'ai toujours été élevé à la campagne profonde Picardie. J'ai fait un début d'études universitaires à Amiens. l'Université des Sciences d'Amiens. J'ai poursuivi ce parcours universitaire à Paris, à Jussieu, Paris 6, dans une spécialisation botanique, physiologie végétale, et à l'époque ça s'appelait biologie et utilisation des plantes cultivées. J'ai terminé ce parcours à Paris, Et ne sachant pas trop quoi faire à l'époque, sauf une chose, je ne souhaitais pas me diriger dans l'enseignement. J'ai commencé, comme tout le monde, une recherche d'emploi. Et je suis tombé sur une structure qui venait de se créer à Amiens, qui s'appelait à l'époque le Centre de Valorisation des Glucides et Produits Naturels. j'y suis entré en en 1987, c'était au siècle dernier, comme chargé de mission et quelques années plus tard, j'en suis devenu le directeur général poste que j'occupe actuellement. J'ai eu un seul employeur dans toute ma carrière et donc mon dossier de retraite sera éminemment simple à constituer. Voilà. C'est clair.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc génial. Philippe, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que propose Extractis, le nouveau nom de l'entreprise ? Nous expliquez vraiment tout ce que vous faites, votre mission, ce que vous proposez. C'est créé depuis longtemps, j'entends, mais nous expliquez un peu qui travaille chez vous, quel type de profil et ce que vous proposez et ce que vous faites.
- Philippe De Braeckelaer
Alors Extractis, c'est une structure qui a quatre décennies d'existence. Petite structure, 32 personnes, très peu de turnover chez nos collègues, l'ancienneté moyenne est aux alentours de 20 ans maintenant. Nous travaillons exclusivement sur les biomasses végétales, j'insiste sur le pluriel, parce que le monde du végétal est divers et varié, avec deux métiers. Notre métier historique, c'est la recherche et développement pour le compte de tiers industriels, création de nouveaux produits, nouveaux procédés, tout secteur d'application du végétal, de l'alimentation humaine jusqu'aux produits techniques, en passant par la pharmacie, les produits cosmétiques, les compléments alimentaires. Ça, c'est le premier métier d'extractice. Le deuxième métier, qui est un métier qui s'inscrit dans la continuité de nos opérations de recherche et développement sous contrat, c'est pour le compte. bien souvent de ces mêmes clients industriels français et étrangers, la production à façon de leurs extraits, là encore divers et variés, plus ou moins purifiés, plus ou moins fonctionnalisés. Ça génère un chiffre d'affaires qui devrait approcher cette année les 5 millions d'euros pour une centaine de clients en France et à l'étranger. On a maintenant un chiffre d'affaires à l'export de 25%
- Pauline Leroux ArtEcoVert
pour l'instant. Ok, super. Est-ce que pour les auditeurs qui nous écoutent, vous pourriez déterminer ou illustrer les biomasse végétales que vous pouvez travailler pour que les gens se rendent bien compte de la variété de produits que vous pouvez accueillir dans votre entreprise ?
- Philippe De Braeckelaer
Alors, les biomasse végétales classiques et standards, je dirais que tout le monde connaît. les céréales, les fruits, les légumes, donc des plantes cultivées métropolitaines ou européennes. Ça, c'est, je dirais, le premier niveau d'accès. Tout ça, ce sont des végétaux terrestres. On travaille également, pour plus d'un tiers maintenant de nos activités, sur des végétaux marins et en particulier les macro-algues. énormément de travaux autour de cette ressource qui présente plein d'avantages. Et puis également des végétaux un peu plus exotiques qui peuvent aller jusqu'à des plantes dites de collecte. Donc, ce ne sont pas des plantes complètement domestiquées qui peuvent être récoltées dans le cadre bien souvent de fondations ou de partenariats. Et ça peut aller des plantes d'Amérique du Sud jusqu'à des lichens qui ne sont pas vraiment des végétaux, mais on ne va pas chipoter, qui peuvent provenir du Nord-Canada avec l'implication des peuples autochtones et de fondations de développement, créent de l'emploi sur place. Donc voilà, tout type de biomasse végétale. Sous toutes leurs formes, des farines, des écorces, des racines, du bois, des fleurs, des graines, tout ce que vous pouvez imaginer passe chez nous pour être étudié, décortiqué et éventuellement extrait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, top. Donc il y a deux grands métiers, l'AR&D et tout le reste, la production à façon. vous allez nous expliquer ce que c'est que purifier, fractionner, c'est des nouveaux mots de vocabulaire pour nous, mais j'aimerais vraiment qu'on s'attarde là-dessus. Alors, vous me voyez venir, je voudrais savoir si vous pouvez nous parler des moments où vous avez pu rencontrer, où vous avez eu l'occasion de travailler en lien avec la couleur végétale, même si c'est des brides de projets, un peu nous faire un 360 de quand est-ce qu'on vous a demandé ou quand est-ce que vous avez été confronté à la couleur végétale. nous donner quelques illustrations.
- Philippe De Braeckelaer
Alors, on est confronté aux couleurs végétales depuis quasiment la création d'extractis du CVG. Assez souvent, au début, dans des domaines d'application purement alimentaire, des colorants alimentaires, petits pots solubles. hydrosolubles, tout ce qu'on peut trouver de façon classique et qui sont étiquetés, entre guillemets, « eux » quelque chose, avec pour la plupart des colorants végétaux aucun souci de toxicité. Ensuite, on a également travaillé sur les plantes tinctoriales classiques, la garance, la web des tas de choses connues, mais avec une volonté de revisiter les procédés d'extraction. Je pense qu'on pourra en parler. Il y a beaucoup de ces procédés d'extraction de couleurs naturelles, végétales, que vous pouvez trouver dans des très vieux livres, presque des grimoires, avec des recettes de cuisine absolument infernales. Et c'est très... intéressant de relire ces vieux textes, parce qu'en fait, on s'aperçoit que tout ça, bien sûr, ça peut être revisité, mais les fondamentaux. de l'extraction et des propriétés de l'extraction restent les mêmes. Et puis ensuite, on a été questionnés, interrogés sur d'autres types de matières premières et d'autres types d'utilisation. On en reparlera peut-être avec des bois exotiques, comme le bois de campèche ou d'autres choses qui produisent des colorants, pigments. très spécifiques, parce que d'abord, ils sont issus de végétaux ligneux, et on a une grande différence entre les familles de molécules issues des végétaux ligneux et des plantes herbacées, avec des utilisations assez rigolotes. Moi, j'aime bien avoir des choses qui sortent un peu de l'ordinaire. Et puis, depuis quelques temps, je vous disais qu'on travaillait beaucoup beaucoup sur des végétaux d'origine marine. On a beaucoup travaillé sur les tannins issus d'algues brunes, ce qu'on appelle les florotannins. Pas vraiment pour leur pouvoir potentiel de coloration, mais pour d'autres applications. Et on travaille beaucoup en ce moment sur... Pour le grand public, ça s'appelle des micro-algues. botaniquement parlant, ce n'est pas très juste, mais c'est ce qu'on appelle des cyanobactéries. La spiruline, par exemple, c'est connu et reconnu. Dans les compléments alimentaires, nous, on a été questionnés et continuent à travailler en ce moment sur des procédés d'extraction de ce qui s'appelle la phycocyanine, donc le pigment bleu des cyanobactéries, qui est un pigment bizarre parce que c'est un pigment de... type protéique, c'est très rare dans la nature et en tout cas chez les plantes et je ne peux pas dévoiler pour qui ni pourquoi, mais ce pigment est utilisé pour colorer de façon totalement naturelle des soft drinks, des boissons gazeuses qui font en même temps valoir un effet nutritionnel dû à Au revoir. l'extrait provenant de la spiruline. Dans tout ça, il y a un peu de marketing. Mais ça veut dire qu'on a balayé, qu'on continue à balayer, je dirais à peu près l'intégralité des grandes familles de molécules colorantes issues des végétaux, et pas toujours forcément pour leur pouvoir colorant. C'est ça qui est intéressant, parce que vous connaissez l'immense famille des polyphénols végétaux. Oui, on peut colorer des choses avec les polyphénols. mais on peut aussi faire valoir leurs propriétés antioxydantes. Et c'est ça qui est fabuleux chez les plantes. C'est que c'est quand même, globalement, le monde végétal est une usine magnifique pour produire des molécules qui n'existent que chez certaines espèces ou certaines familles. Après, tout le truc. et tout le métier chez Extractis, les métiers chez Extractis, c'est l'extraction. La plante est un laboratoire fabuleux. Elle a une fâcheuse tendance à produire des molécules intéressantes qui sont nichées, cachées au cœur de toute une soupe d'autres molécules qui peuvent être super intéressantes également. Mais quand on veut aller chercher du principe actif colorant, il faut réussir à se débarrasser du reste tout en concentrant la substance colorante souhaitée. Quand je dis se débarrasser, ce n'est pas totalement innocent. Il y a presque bientôt 40 ans, quand j'ai commencé à travailler, Le terme « se débarrasser » , c'était le terme commun utilisé. Quand on cherchait à extraire quelque chose d'une plante, j'en sais rien, un principe actif pharmaceutique, des colorants, de l'amidon, tout ce que vous pouvez imaginer, on ne portait pas une très grande attention au reste du végétal qui entrait dans le processus. on ne portait pas une grande attention aux solvants utilisés, à leur toxicité pour l'environnement ou pour les êtres humains. Tout ça, très clairement, pour faire court, ça a changé. C'est-à-dire que l'extraction, maintenant, c'est devenu... Quelque chose qui nécessite de porter une immense attention à ce qui va rester après l'extraction. Comment on va pouvoir l'utiliser pour une autre filière ? Et pour faire simple, il ne faut pas « matraquer » le coproduit de l'extraction, parce que si on le matraque chimiquement, enzymatiquement, thermiquement, tout ce que vous... pouvez imaginer, on ne pourra plus l'utiliser pour une autre filière. Et ça, dans tout ce qui s'appelle maintenant l'économie circulaire, l'économie de carbone, les préoccupations globales environnementales, c'est extrêmement important. Et franchement, ce n'était pas le cas il y a 30 ans. Et puis, à l'autre bout de la chaîne, les plantes produisent des choses fabuleuses, mais ce n'est pas toujours soluble dans l'eau. il faut aller chercher un autre type de solvant, plus ou moins polaire ou apolaire, pour aller extraire. Si vous mettez des carottes dans l'eau, même si vous les faites cuire, le pigment orange des carottes va rester dans la carotte. Vous n'allez pas le retrouver dans la casserole d'eau qui boue. Par contre, si vous y mettez un peu d'huile ou un peu de beurre, et éventuellement un peu de bœuf pour faire du bœuf carotte, vous allez voir que ce pigment orange a plutôt tendance à se libérer. Ça veut dire que les caroténoïdes présents dans la carotte sont plutôt liposolubles. Bref, il y a 30 ou 40 ans, les solvants utilisés par les extracteurs n'étaient pas regardants sur la fiche de données de sécurité et leur toxicité. Tout ça, c'est terminé. Il faut pouvoir se débrouiller en utilisant soit des solvants alternatifs, soit des procédés alternatifs, à refaire la même typologie d'extraction sans utiliser des solvants ou des co-solvants qui soient nocifs et toxiques. Et vous avez vu à travers tout ça éclore des choses comme le CO2 supercritique, des technos un peu... un peu pointu, des solvants alternatifs comme le THF. Il y a maintenant des solutions technologiques pour pouvoir contourner ce qui ne se faisait pas il y a 30 ans. Donc voilà, le métier de l'extraction, c'est aller chercher ce dont on souhaite posséder la substantifique moelle sans mettre de côté ce qui va rester de la plante pour qu'on puisse le réutiliser dans d'autres filières.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc en fait, l'extraction n'a pas été... suit les tendances du moment, c'est-à-dire pas de gaspillage, on fait de l'éco-extraction, on fait attention à bien traiter les coproduits qui restent. et à mettre des produits qui sont non nocifs comme solvants. Pardon, je vais y arriver. C'est ce qui regroupe ce terme d'éco-extraction qu'on entend maintenant beaucoup. Ça regroupe tout ça, des pratiques plus vertueuses.
- Philippe De Braeckelaer
Oui, on a collaboré il y a 8 ou 10 ans à un bouquin français qui s'appelle « Techniques et principes d'éco-extraction » qui avait été édité à la par un prof regretté de Montpellier. C'est ça, l'éco-extraction, c'est extraire de façon plus propre, plus saine, plus durable. Et ce n'est pas toujours très simple, parce que les molécules chimiques ont leurs propriétés, et parfois c'est extrêmement compliqué. Et là, il faut faire appel à... à des technologies de pointe, qui existent depuis longtemps, mais dont les applications ne cessent de se diversifier, comme le CO2 supercritique. Maintenant, vous voyez éclore ce qu'on appelle les solvants ioniques, ou des choses comme ça, alors qu'ils restent à l'échelle un petit peu expérimentale. Mais je suis persuadé que des applications concrètes et réelles vont voir le jour incessamment sous peu. La chimie, ça reste de la chimie. Il faut contourner, mais les principes de solubilité d'une molécule sont immuables. Donc il faut trouver des parades.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, il y a, alors là, il faut que vous m'éclairiez, mais pour moi, il y a donc les solvants dans lesquels on va extraire les molécules d'intérêt. Il y a aussi les méthodes. Il y a différentes méthodes. Qu'est-ce qui différencie de l'extraction qu'on pourrait faire dans un laboratoire à petite échelle de l'extraction industrielle ? Bien sûr, il y a les volumes, mais est-ce qu'il y a d'autres ? C'est tout en plus grande pression, plus élevé, volume plus important ? Ou est-ce qu'il y a des choses qui sont ? similaire dans un labo, et en fait, c'est à plus grande échelle niveau industriel, c'est quoi vraiment la grosse différence ?
- Philippe De Braeckelaer
C'est une grosse partie de notre métier. Ça s'appelle en anglais le scaling up, et en bon français la mise à l'échelle.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
La montée en échelle.
- Philippe De Braeckelaer
La montée en échelle d'un procédé. Pour faire simple, au labo, vous pouvez réussir à peu près tout ce que vous voulez faire. Vous pouvez aller gratter un ballon avec une petite cuillère. tout récupérer, même si ça colle, même si ça gratine, enfin bon, je caricature, et vous aurez toujours à peu près des super rendements quantitatifs et qualitatifs, vous aurez une super pureté et un très bon ratio d'extraction. Et vous avez les principes de base de votre extraction. Ensuite, il faut la mettre à l'échelle. Il faut que votre dilution de base, que votre macérat de base soit pompable. Il faut que vous puissiez le passer dans des séparateurs sans que ça bloque au bout de 10 minutes. Il ne faut pas que votre produit mousse... Je prends des exemples très concrets. Pendant son évaporation et sa concentration, parce que la formation de mousse, ça perturbe le fonctionnement de l'évaporateur. Je ne vous fais pas... tout le champ des impossibles auxquels on est confronté. Mais ça se passe toujours comme ça. De la même façon que quand vous faites un essai agronomique, vous faites pousser une nouvelle plante, vous la chouchoutez dans une serre, vous éloignez les insectes à la main, et vous avez quelque chose de fabuleux. Puis après, vous en faites 10 hectares et vous rentrez dedans à la moissonneuse bateuse. Vous allez voir que vos rendements... et votre qualité de produit va s'écrouler. Et notre boulot, quand on parle de développement de procédés, c'est ça. C'est, attention, telle étape, telle étape, telle étape, et au final, qu'est-ce qu'on va avoir de réaliste par rapport à ce qui aurait pu être une publication scientifique ? Qu'est-ce qu'on va être en mesure de produire, à quelle quantité, à quel coût et avec quelle qualité ? Et c'est tout notre travail depuis 40 ans.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, c'est ça que vous m'expliquez quand on préparait. J'ai trouvé ça vraiment bien et j'aimerais bien qu'on revienne dessus. C'est en gros, j'ai appelé ça les règles à respecter, mais ce n'est pas ça le terme. En gros, c'est comment vous, vous savez identifier une extraction qui sera intéressante et quels sont vos critères pour dire que le travail va être intéressant pour qu'une extraction ne soit pas juste une envie d'essayer quelque chose, mais vraiment intéressante pour tous les acteurs.
- Philippe De Braeckelaer
Ce dont on avait parlé, et je pense qu'il faut le résumer comme ça, une extraction de plantes pour faire quelque chose pour un marché déterminé, il faut que tous les acteurs de la filière impliquée s'y retrouvent. Et ça commence par les producteurs. Et moi, j'insiste sur cette chose. Pour travailler de la biomasse, il faut de la biomasse. Ça a l'air stupide. comme affirmation. Mais il faut de la biomasse, il faut que cette biomasse soit disponible, il faut qu'elle soit rémunératrice pour le producteur de biomasse, parce que sinon, elle ne sera pas disponible parce qu'il ne va pas vouloir la planter, puisqu'il ne va pas gagner sa vie en la plantant. Il faut que l'extracteur, si c'est le même que le vendeur, il trouve son compte, c'est-à-dire qu'il faut que son procédé d'extraction Merci. soit suffisamment « sioux » pour ne pas faire de la surqualité. On n'a pas toujours les jours besoin de faire un extrait pur à 99%, sauf dans certains secteurs de la pharmacie. Il faut que les coproduits soient pris en compte, ce dont on parlait juste avant, parce que si vous allez extraire quelque chose qui représente 2% d'une... tonnes de feuilles, je ne sais pas ce que c'est, vous allez vous retrouver avec quasiment la tonne de feuilles en sortie. Elle a été humidifiée par de l'eau, donc ce n'est plus une tonne, mais c'est 10 tonnes. Vous n'allez vous retrouver qu'une masse de 10 tonnes de coproduits. Si vous ne savez pas quoi en faire et si vous n'avez pas de filière d'élimination, vous commencez à être pas bien. Il faut que ça corresponde à un prix d'acceptation sur le marché. Et chaque marché a son prix d'acceptation, sauf... dans des cas extrêmement rares. Je reparlais de la pharma, quand vous produisez des anticancéreux comme des vincamines ou des choses comme ça, je dirais que le prix sur le marché n'a pas énormément d'importance. Ce qui compte, c'est l'activité de la molécule et le fait que vous puissiez traiter soigner et faire que les gens qui aient à subir ce traitement soient en rémission après la cure. Mais tout ça, ça reste tout à fait exceptionnel. Donc le sourcing, une méthode d'extraction réfléchie, pas de surqualité et évidemment un prix qui correspond au prix d'acceptation sur le marché. Je dirais que la base, ça reste quand même le sourcing. Si, et ça nous arrive, si vous venez nous voir chez l'extractiste en disant « Voilà, j'ai une plante de collecte sur l'altiplano, dans les Andes, et je ne sais pas trop comment gérer les résidus de pesticides de la culture du quinoa à côté. » Moi, je vais tout de suite lever la main en disant « On se calme. » déjà, est-ce que vous respectez le principe de non-pillage des ressources ethnobotaniques du pays considéré ? C'est quoi votre filière d'approvisionnement ? Est-ce que vous pouvez garantir une traçabilité ? Si à l'ensemble de ces questions, il y a trop de non, ce n'est même pas la peine de se pencher sur un draft, sur un bout de papier de procédé d'extraction. Il faut arrêter tout de suite. Malheureusement… trop souvent, ça continue à apparaître ce genre de questions.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Est-ce que vous avez un volume minimum pour faire fonctionner tout un système d'extraction ? Parce que vous l'avez dit, en labo, tout est possible, mais après, quand vous voulez essayer d'industrialiser, est-ce qu'il y a un volume minimum ? Et en gros, déjà, c'est rédhibitoire de se dire s'il n'y a pas assez de ressources, ce n'est pas possible.
- Philippe De Braeckelaer
On a eu le cas, alors on a trois tailles d'atelier chez Extractis, un labo, alors le labo, tout est beau et tout est permis, le micro-pilote c'est quelques centaines de litres, ça met en œuvre quelques kilos de matière première, et puis ensuite on passe à l'extrapolation industrielle et au test de robustesse de procédés, ça s'appelle comme ça dans le jargon, où là il faut mettre en œuvre plusieurs tonnes de matière première. Et ça nous est arrivé, travaillé il y a quelques années, sur une huile essentielle. C'était une huile essentielle, la composition elle-même, il n'y avait pas de poids à se relever la nuit, c'était une huile essentielle. Par contre, elle était bleue, avec un composé qui s'appelle le chamazulène, et ça accordait à cette huile essentielle, en tout cas sur le marché. des vertus marketing extrêmement intéressantes. Elle était naturellement colorée en bleu, le pigment bleu n'est pas très répandu dans la nature. Par contre, c'était une plante de collecte. Il en fallait 200 grammes pour faire les essais au labo, c'était déjà compliqué. Et puis après les débuts de l'extrapolation, il en fallait une dizaine de kilos. Et à partir de là, ça a coincé. si vous voulez lancer la domestication entre guillemets de cette plante il va vous falloir 5 ans au minimum pour faire 2-3 champs d'essai ça veut dire que votre filière je reviens à ce mot de filière elle n'existe pas et elle ne sera pas créable vous voyez c'est ça et moi j'insiste toujours sur la plante, la plante, la plante on a un tel panel de technologies maintenant à disposition Merci. qu'on va toujours y arriver, à extraire, à purifier, à faire ce qu'on veut. Si on n'a pas la ressource, ou si c'est une ressource fluctuante, dont on ne peut pas tracer la qualité.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors justement, j'ai une question à vous poser par rapport, donc deux secondes, on revient à la couleur végétale, mais par exemple, la persiquaire indigo, qui est une des plantes qui donne le bleu, qui est cultivée par pas mal d'agriculteurs, enfin ça revient, c'est vraiment très peu d'agriculteurs, on est moins que les pâmes, plantes à parfum et médicinales, qui sont à 1% sur le territoire, on est encore moins, mais ce que je veux dire, c'est que la persiquaire indigo, elle est collectée fraîche et transformée tout de suite pour extraire le bleu. Est-ce que vous avez des cas comme ça, où en gros, il y a même une logistique à penser, c'est-à-dire au moment où les agriculteurs déclenchent une récolte, il faut récolter et rassembler tout au même endroit pour une extraction ? Est-ce que ça s'est déjà arrivé ? Parce que j'ai un peu l'impression que c'est un peu notre problème, la filière tinctoriale, cette histoire de travailler la feuille fraîche.
- Philippe De Braeckelaer
C'est le problème, pas uniquement sur les plantes tinctoriales. dès que vous travaillez du végétal frais, qui est produit de façon dispersée, atomisée, par plusieurs petits bioproducteurs, et quand je dis petits, ce n'est pas péjoratif, mais ça peut être des cultures de diversification à côté, donc ils ont, je n'en sais rien, un demi-hectare, un hectare, par-ci, par-là, que vous avez des soucis de stabilisation, parce que... les bactéries lactiques, elles aiment bien les feuilles, et donc ça va se mettre à fermenter extrêmement rapidement. Vous êtes confronté à ce problème, je reviens toujours à la même chose, de sourcing, de collecte et de mobilisation de la matière première végétale. C'est le cas dans d'autres filières. Je ne sais pas si vous consommez des épinards surgelés ou en conserve, grande marque française qui fait des tas de boîtes de conserve. il faut qu'entre la coupe et l'arrivée à l'usine pour le blanchiment et la surgélation ou la mise en conserve il y a deux filières il faut qu'il y ait moins de deux heures il faut que ça droppe parce que sinon la fermentation démarre et le goût consommateur ne mangera plus vos produits le problème de la plante euh Vous ne l'avez pas sur les graines, vous ne l'avez pas sur les plantes séchées, des choses comme ça. Dès que vous travaillez de la matière première fraîche, vous êtes confronté à ce problème. Nous, quand on travaille certaines macro-algues ou cyanobactéries, on est obligé de les recevoir en congelé, d'avoir des cycles de décongélation optimisés. Et c'est jouable, pourquoi ? Parce que le marché de sortie, qui est dans ce cas le complément alimentaire, la marge générée par ce marché de sortie permet de payer ces coûts de stabilisation, de congélation. Si vous êtes sur des produits à faible valeur ajoutée, ça ne fonctionne pas.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc la logistique, sourcing, la collecte et la mobilisation de la ressource, c'est une des problématiques dès qu'on travaille sur le frais.
- Philippe De Braeckelaer
Oui. Ok.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, je voulais vous poser une autre question. J'ai reçu un acteur de la chimie, le groupe Berkham.
- Philippe De Braeckelaer
Oui.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et en fait, ils m'ont expliqué, alors rapidement, je vous la fais hyper courte, mais qu'en gros, pour eux, la couleur pouvait être gênante. Et qu'en gros, eux, enlever la couleur dans certains procédés. C'est ce que je vous ai livré quand on a préparé cet épisode. En gros, moi, j'aimerais comprendre pourquoi on enlève du coup la couleur. Est-ce que ça rajoute une étape supplémentaire ? Est-ce que ça ne peut pas être intégré dès le début dans le cahier des charges en se disant, voilà, on veut telle couleur ? Donc, s'il y a présence dans les molécules et dans l'extraction, cette couleur qui apparaît, on la laisse. En fait, pourquoi on enlèverait cette couleur ?
- Philippe De Braeckelaer
Vaste question à laquelle je vais essayer de répondre. Quand vous travaillez dans certains secteurs d'application, et en particulier... mais pas que. Dans le secteur de la cosmétique, ou dans certains secteurs ou sous-secteurs des ingrédients alimentaires, vous voulez avoir un produit qui ait par exemple des propriétés fonctionnelles, je ne sais pas, il est texturant, il est foisonnant, et vous souhaitez, si vous travaillez dans l'alimentaire par exemple, ou dans la cosmétique, vous souhaitez gérer vous-même, comme vous le voulez, le goût. la couleur, l'odeur éventuelle. Et donc, vous ne souhaitez pas être perturbé par des composés présents et résiduels après extraction qui vont venir perturber votre système de vente. Vous fabriquez un rouge à lèvres, vous souhaitez vous-même gérer le rouge directement avec tout un tas de choses, des pigments minéraux ou autre. ou végétaux, mais vous souhaitez partir d'une base neutre, la plus neutre possible. Idem, par exemple, sur les protéines végétales, alors ça n'a rien à voir, il y a de la couleur, il y a des off-flavors, il y a des arrière-goûts, comme disons bon français, et vous souhaitez vendre, j'en sais rien, un équivalent chair de crabe ou surimi végétal, et vous souhaitez l'aromatiser vous-même. ne pas être perturbé. Donc, il faut se débarrasser. Alors là, pour le coup, c'est de l'élimination de composés indésirables. Pour certains secteurs, c'est des composés désirables et pour d'autres secteurs, ils deviennent indésirables. Et le principe de base, c'est la cosmétique. Il faut que ça soit blanc ou off-white, comme c'est indiqué dans les fiches techniques, colorless, odorless, point.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Et du coup, est-ce qu'on a déjà essayé d'évaluer dans tout ce process ? Par exemple, on extrait, on enlève la couleur pour que le produit soit neutre et derrière, les marques rajoutent une couleur ou des choses. Est-ce qu'on a évalué ? Est-ce que des fois, les couleurs sont les mêmes ? On va enlever, par exemple, je ne sais pas, un pigment orange et rouge, finalement, pour que les industriels remettent du orange et rouge. Est-ce que là, il n'y a pas une histoire de bon sens et de se dire, est-ce qu'on ne l'intégrerait pas au début ?
- Philippe De Braeckelaer
Oui, il pourrait y avoir du bon sens, mais le consommateur final veut une stabilité parfaite de son produit lors des opérations d'achat et de réachat. Si vous laissez du orange... qui vient de je ne sais quoi et qui en a un peu trop et que vous n'arrivez pas à compenser avec la formule et puis il faudrait adapter votre formule de post-coloration sans arrêt ça n'intéresse personne et si vous avez un produit je ne suis pas obsédé par les rouges à lèvres mais dont le rouge fluctue tous les 6 mois au final la consommatrice ou consommateur, je ne sais rien, au final, va dire « Non, mais j'achète plus ce produit-là, ça ne va pas du tout. Moi, je veux tel rouge dans la gamme. » Et le seul moyen de s'en sortir, c'est de recolorer toujours de la même façon.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok. Donc, soit c'est un changement des mentalités et l'acceptation que les « lots » ne soient pas toujours les mêmes, mais il y a encore un chemin important à faire qui a l'air très long et peut-être jamais ça n'arrivera. Ou sinon, comme vous l'avez dit, on repart de zéro et cette couleur, on l'élimine. Alors, ma question aussi, c'est est-ce que cette couleur qui est éliminée, elle pourrait être récupérée ? C'est-à-dire, est-ce que vous, vous pourriez avoir des big tanks avec du orange, du vert que vous avez viré, du brun ? Est-ce que ça, c'est envisageable ou je suis complètement perché, bisounours ?
- Philippe De Braeckelaer
C'est technologiquement envisageable, sauf que ça va être... tellement diluée que c'est économiquement pas envisageable. Vous voyez ? On en revient toujours à des basses réalités matérielles. Combien ça coûte et combien je peux le valoriser. Parce que tout ça, ça vient aussi de quelque chose d'extrêmement important à mentionner. Toutes ces molécules dont on parle, les molécules colorantes, sont ce qu'on appelle en physio végétal des métabolites secondaires. Ils sont présents en très petite quantité. Alors, ils peuvent avoir un pouvoir colorant extrêmement puissant, mais ils ne représentent qu'une fraction minime du reste de la matrice végétale. Et pour les extraire, il faut les diluer. Tout ça, ça se termine par un calcul de kilowatts nécessaires pour la concentration et une possibilité de marcher. ou pas, face à des pigments minéraux, à des pigments de synthèse, à des colorants de synthèse, qui sont là depuis longtemps. Je crois que la première synthèse chimique industrielle, l'une des premières, c'est l'aniline. C'est un colorant violet. Je crois que c'est carrément fin 19e. C'est très, très vieux. Et c'est là qu'on a arrêté de... de tremper des fragments d'étoffes dans des bacs avec des résultats fluctuants et qu'on a commencé à standardiser et la standardisation allait dans un rayon de fruits et légumes les tomates elles sont toutes magnifiques bien temperées alors maintenant il y a les légumes moches mais ça n'a qu'un succès d'estime oui c'est marketing mais pas loin ouais
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Alors, j'avais une question. J'ai lu, alors, moi, je suis des Hauts-de-France, j'ai lu, en remontant dans la région de France, le fait qu'on avait un avantage en France, justement, sur tout ce qui était chimie verte, extraction, etc. Il y a beaucoup d'acteurs extracteurs en France, où c'est des métiers assez rares, et ça se passe plutôt à l'étranger, ou il y a quand même...
- Philippe De Braeckelaer
Alors, il y a une activité historique d'extraction. parfums et de plantes à parfum, on va dire plutôt au sud de la Loire. On va faire simple et couper la France en deux. Il y a des extracteurs qui travaillent depuis très très longtemps sur des principes pharmaceutiques issus des plantes. Il y a des boîtes importantes et performantes comme Pierre Fabre, qui font ça depuis des années avec des technologies éprouvées. Il y a des extracteurs qui, depuis 20 ans maintenant, ont commencé à surfer et à étendre leur gamme sur des produits cosmétiques dérivés du vin et de la vigne. Je ne citerai pas de marque. mais qui sont là encore, tout ça c'est basé sur le sourcing on est passé deuxième on est le deuxième pays européen producteur de vin ah bon ? on est passé deuxième ? on est passé derrière l'Italie en PIB par tête d'habitant aussi on est passé derrière l'Italie mais c'est parce qu'ils ont des natalités encore plus connues j'en reviens toujours à la même chose le sourcing les plantes aromatiques et médicinales. Il y a une tradition séculaire, d'Angers jusqu'à Grasse, sur ces productions-là. Et donc, évidemment, il y a des sociétés qui se sont créées, qui se sont spécialisées et qui ont développé un vrai savoir-faire autour de ces filières. Malheureusement, j'en reviens aussi à la biomasse, la collecte. Il y a la belle lurette que l'ensemble des distillats de pétales de rose ne se fait plus vraiment en France métropolitaine, parce que le SMIC horaire n'est pas génial, mais il est encore moins élevé dans certains pays. On en revient toujours au champ. En fait, je m'aperçois que je dis toujours la même chose.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Non, non, mais c'est hyper éclairant. D'accord, donc est-ce que... Par rapport aux autres pays, la France a un avantage sur la partie extraction. C'est-à-dire, comme vous le disiez, c'est un peu une tradition, les plantes à parfum aromatiques et médicinales. Est-ce que vous diriez que c'est un avantage un peu compétitif qu'à la France, ou pas, où je m'emballe ?
- Philippe De Braeckelaer
Plus maintenant, parce que la collecte qui implique de la main-d'œuvre, pas toutes les collectes, va évidemment se déplacer dans des pays où, socialement, l'accès à la manœuvre est facilité. Je ne dis pas que je cautionne ça, mais c'est un constat. Les technologies, elles sont largement diffusées partout. Les plus grandes unités de CO2 supercritiques dans le monde, sauf erreur de ma part, elles sont en Inde. un parce que L'Inde est un pays de contraste avec une pauvreté immense d'un côté et des ingénieurs extrêmement bien formés de l'autre côté. Un pays traduit... traditionnellement producteurs d'épices, la route des Indes, ils ont été les premiers à intégrer une technologie pointue qui a une trentaine d'années, simplement c'est jeune pour une techno, qui s'appelle l'extraction par CO2 supercritique, donc au dioxyde de carbone.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Si vous pouvez l'expliquer pour les auditeurs, expliquer un petit peu le principe général,
- Philippe De Braeckelaer
pour que tout le monde suive. Le CO2, c'est le gaz carbonique, Merci. on en expire quand on respire, en tant qu'animal vivant, les plantes l'absorbent, c'est aussi un des principaux gaz à effet de serre, mais enfin c'est un gaz commun, et ce gaz, comme si vous le comprimez, comme dans des bouteilles de butane, que vous avez peut-être encore chez vous, ou certains auditeurs ruraux. peut-être encore des bouteilles bleues ou des bouteilles vertes, propane, butane, ce gaz devient liquide, vous pouvez l'utiliser comme solvant, il a des propriétés de solvant extrêmement intéressantes, et ça vous permet d'extraire tout un tas d'huiles essentielles, de pigments, de poivre, de houblon pour faire de la bière. Les extraits de houblon, maintenant, ils sont faits au CO2 supercritique. Et ça vous permet, éventuellement, si vous souhaitez, de décaféiner du café. Il y a 50 ou 60 ans, c'était fait au trichloroéthylène. Oui,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
j'avais appris ça.
- Philippe De Braeckelaer
C'était sympa comme relevant. Donc voilà. Et quand ça se détend, ça devient du gaz, c'est du CO2 absolument pas toxique aux quantités normales présentes dans l'atmosphère. C'est du CO2 que vous aviez capté dans l'atmosphère, vous l'avez comprimé, vous l'avez utilisé comme solvant, et vous le relâchez, donc c'est en bilan, en économie carbone, c'est pas mal. Et surtout, c'est zéro résidu, zéro tox. Donc ça a plein d'avantages. C'est une technologie claire. et qui s'applique donc à des produits, ça n'a rien, si vous prenez de l'huile essentielle de clous de girofle ou de poivre, ça coûtait extrêmement cher, et donc vous pouvez utiliser une technologie un peu up-to-date, un peu Rolls-Royce, mais qui a plein d'avantages.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, ok.
- Philippe De Braeckelaer
Ça s'est déplacé en Inde, par exemple, parce que c'est un grand pays de tradition de production d'épices. Ils ont des super universités, centres de recherche, et ils ont implanté ce type de technologie. Donc voilà, il n'y a plus vraiment, je dirais, d'avantages concurrentiels sur le territoire métropolitain. Tout le monde est au même niveau technologique. Et nous, en plus, on a un souci, et c'est dû à notre excellent système social, on a un souci de coup de main-d'œuvre pour récolter des trucs à la main.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est ça, on l'a bien illustré. En fait, on a relu des traités agronomiques où on voyait qu'il y avait énormément de personnes dans les champs qui venaient récolter la garance ou qui venaient récolter toutes les plantes panctoriales avant. Les plantes qu'on disait industrielles, mais il y avait une quantité de main-d'œuvre incroyable. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Il faut se réinventer, il faut revoir une réalité.
- Philippe De Braeckelaer
C'est plus envisageable.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, c'est plus envisageable. Alors, ça se mécanise, ça se structure, mais il y a encore du boulot. Mais c'est hyper intéressant ce que vous m'avez abordé sur le sourcing, la collecte et la mobilisation de la ressource. Et je me dis même, peut-être que par exemple, pour reparler de la persiquaire à indigo qui donne le bleu, peut-être même qu'il faut l'envisager de la travailler autrement que fraîche pour peut-être limiter ces contraintes de logistique. Mais bon, bref, il y a encore plein de choses à creuser. J'avais des questions d'illustration, parce que vous m'aviez parlé de bleuillir les armes des canons. Vous êtes le premier à avoir raconté ça, et je pense que ça va intéresser certains auditeurs. Est-ce que vous pouvez nous raconter cette…
- Philippe De Braeckelaer
C'est une très, très vieille recette, et je pense qu'en fin de podcast, vous m'avez éventuellement… tendu la perche pour qui d'autre a interviewé sur le sujet je pense que je citerais pour une fois le nom d'une société française c'est une illustration d'une utilisation quasi ancestrales et traditionnelles sur les armes de prestige. Alors, ce n'est pas, je suppose, pour les fusils militaires et pour les canons du roi soleil, mais pour les armes de duel, certainement. Et donc, ça ne remonte pas à avant-hier. Il y a tout un processus de pré-oxydation des canons, des choses comme ça. de ponçage, de lissage, et si vous voulez avoir un rendu à l'œil qui se termine par un bleu-violet extrêmement profond, qui fasse riche, je suppose, avec des ornementations en argent ou en acre sur la crosse de votre pistolet de duel, que vous allez utiliser le lendemain en espérant ne pas être le dernier à tirer. il y a des vieilles recettes avec de l'extrait de bois de campèche qui est un bois exotique qui va vous donner un fini absolument bleuté, profond, brillant. Ça devait très certainement être réservé à des armes de luxe mais je sais que c'est toujours utilisé par les collectionneurs dans des... des trucs et astuces de bleuissement. Et il paraît, j'ai lu à l'époque, que c'était la seule façon d'avoir ce bleu profond qui attirait. C'est génial.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Je pense que ça va passionner pas mal d'historiens, parce qu'on a beaucoup d'historiens aussi dans les auditeurs, et je pense que vous êtes le premier à m'en avoir parlé. Vous êtes aussi le premier, enfin l'un des premiers, à m'avoir un peu ouvert les yeux sur les tannins et leur emploi actuel. Alors j'aimerais qu'on en parle un petit peu. On avait en préparant parlé de plusieurs bois qui étaient utilisés, des avantages de ces tannins. Est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu sur les tannins, comment c'est utilisé aujourd'hui, le gain de temps que ça fait, etc.
- Philippe De Braeckelaer
Alors là, on va sortir un peu du simple pouvoir de coloration pour... couplé un pouvoir de coloration avec un profil organoleptique gustatif. Les alcools vins et spiritueux, depuis des siècles et des siècles, sont plus conservés dans des amphores, mais dans des tonneaux. Parce que, je ne sais pas pourquoi, c'est peut-être plus simple à fabriquer et les contenances sont plus importantes. Je suppose également que les premiers viticulteurs, fabricants d'alcool et spiritueux, ont découvert qu'il y avait de la migration de composer des bois, des tonneaux dans leurs produits et qu'en travaillant correctement dans des conditions contrôlées, en gérant la provenance des bois, leur stockage, tout ça, ça s'est mis en place. On s'est rendu compte que... C'est pas... je ne suis pas très expert en vin ou en whisky, telle chaîne stockée dans telle condition va conférer au whisky un goût, une couleur, une rondeur qui fait que c'est quand même beaucoup mieux que de le laisser dans des bonbonnes en verre, par exemple. Idem pour le vin, les tonneaux de vin peuvent servir aussi après... plusieurs années pour stocker du single malt ou du bourbon et serre. Tout ça, je suppose que ça a été découvert de façon très empirique, comme beaucoup de choses. C'est passé depuis quelques dizaines d'années dans la moulinette des machines de laboratoire qui analysent et décryptent toutes les molécules et qui peuvent, je dirais, rendre ça très tangible en termes de quantité, qualité, durée et autres. Et depuis, je pense que ça dure depuis quand même, là aussi, plusieurs décennies, les tannins issus de certains bois, en oenologie ou dans certains secteurs des boissons spiritueuses, on préfère Au lieu de confier tout ça à la nature dans une cave et dans un tonneau, en ne gérant pas forcément tous les paramètres qui fait que d'une année sur l'autre, vous allez voir des crues qui sont bonnes, d'autres moins bonnes, on préfère extraire les tannins de ces bois. en mettre une quantité judicieusement mesurée et avoir un effet qui soit stable. Alors, ce n'est pas autorisé dans les appellations d'origine contrôlée, c'est largement utilisé dans tout un tas de continents qui font du vin encore plus industriel que le nôtre. Le vin, c'est très technologique aussi. Vous choisissez votre bois, vous choisissez la taille de vos copeaux pour avoir un coefficient de diffusion différent. Vous choisissez votre solvant d'extraction avec de l'eau et plus ou moins d'éthanol. Vous avez aussi torréfié plus ou moins votre bois au début, parce que ça confère d'autres goûts, plus vanillés, plus brûlés. Vous faites votre extrait, vous le concentrez, vous le séchez, vous en mettez quelques grammes par hectolite. Et vous avez un vin rouge absolument standardisé et magnifique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
On y revient.
- Philippe De Braeckelaer
Est-ce que tout ça est très moral ? Je n'en sais rien. En tout cas, tout ça, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, tout ça vous produit un produit sans surprise. Vous savez qu'il est stable et l'année suivante, ce sera le même produit. Est-ce bien ? Est-ce bien raisonnable ? J'en sais rien. En tout cas, c'est une industrie qui est très importante et ça travaille avec trois bois essentiellement, enfin trois essences, le chêne. Certains chênes issus de certaines régions, il y a aussi un effet terroir, du châtaignier, donc des bois plutôt nobles, et un bois d'Amérique du Sud qui s'appelle le quebracho. qui est un bois extrêmement tannique, extrêmement dur. C'est vraiment totalement indestructible comme matrice végétale. Quebracho, en espagnol, ça veut dire brise hache. Donc, le bois sur lequel votre hache se brise. Et ça, c'est, je dirais, un exemple de l'application des technologies et surtout des technologies analytiques modernes à un savoir-faire ancestral empirique. Et ça, moi, je trouve ça super intéressant. C'est bien maîtrisé, ça peut être quelque chose de vraiment bien. Il faut que ça reste maîtrisé, que ça soit autorisé dans tel et tel secteur ou pas. En tout cas, je trouve, j'aime beaucoup cette idée de... C'est presque de l'ethno-botanique. Tiens, on a découvert ça. Pourquoi ? C'est quoi les composés chimiques qui sont impliqués dans ce processus ? Comment on peut les extraire ? Comment on peut les marier ensemble pour faire ce qu'on souhaite obtenir ? Et on le fait. Et ça, ce n'est pas possible jusqu'avant les années 50, l'invention de l'HPLC, des chromatogaz divers et variés.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Après, le truc le plus important, selon moi, c'est que ce soit bien indiqué aux consommateurs et qu'ils ne se sentent pas lésés de découvrir qu'en fait, c'est comme si on épissait son vin. Vraiment de la transparence.
- Philippe De Braeckelaer
Bien sûr, bien sûr. Mais il faudrait reprendre, je ne sais pas si c'est une réglementation ou un code des usages. Je sais que ce n'est pas autorisé partout. Alors en France, évidemment, ce n'est pas autorisé partout. dans des tas d'autres pays du monde. Ne vous inquiétez pas, c'est autorisé. Mais moi, ce que j'aime bien, j'aime bien ce transfert de connaissances, de savoir-faire ancestral à quelque chose de plus moderne. Est-ce que la modernité, c'est bien ou pas ? C'est un autre débat. Mais j'aime beaucoup cette explication. Après l'utilisation qui en est faite, c'est un autre débat. Mais je trouve ça absolument génial et c'est un impact remarquable de l'évolution des technologies.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Top. Moi, ça m'avait passionné quand vous m'avez raconté ça, donc je voulais vraiment qu'on puisse en reparler. Bon, j'ai plusieurs sujets encore à voir avec vous. Je voudrais d'abord qu'on revoie un peu les termes qu'on avait employés au début, qui sont typiques de l'extraction. Vous m'avez parlé plusieurs fois de fractionner, de purifier. Est-ce que vous pourriez nous décrire en mots compréhensibles, en gros, quand on fractionne ? Bon, ça va aller. En mots simples. pour les auditeurs, pour que l'extraction soit beaucoup plus claire pour eux, parce que j'avoue, depuis le début, je ne l'ai pas beaucoup abordé sur le podcast, et je me rends compte que c'est quand même le nerf de la guerre qui va quand même nous aider à retravailler notre sourcing, nos matières premières, envisager une logistique. Donc voilà, sur ces mots de vocabulaire-là, fractionner, purifier, des mots simples, en quoi ça consiste ?
- Philippe De Braeckelaer
Fractionner une matrice végétale, Allez, le matin, je verse du café moulu dans un filtre, je mets de l'eau chaude sur ce filtre, et j'obtiens ce que moi j'appelle du café. C'est une première étape de fractionnement, c'est-à-dire que je suis allé chercher dans une matrice végétale une famille de composés. une grande famille de composés qui sont solubles dans l'eau chaude. Et mon café, c'est une grande famille, il y a tout un tas de trucs dedans. Pardon, si je veux aller récupérer la caféine présente dans ma tasse de café, je vais devoir la purifier. C'est-à-dire que dans ma grande famille qui compose ma tasse de café, il y a des tanins, il y a... des acides chlorogéniques, plus ou moins polymophates. Bref, il y a des centaines de composés là-dedans. Ce qui m'intéresse, parce que je veux en faire une molécule plus ou moins pure pour l'introduire dans des médicaments ou des boissons énergisantes, je vais aller récupérer la caféine. Ce n'est pas fait comme ça industriellement, je prends la caféine, du café, des caféines, c'est plus sûr que ça. et je la purifie. Mais si je veux aller purifier la caféine dans mon café, ça s'appelle une étape de purification. En fait, c'est une étape de post-traitement qui va vous permettre d'affiner votre recherche. Je ne sais pas, vous tapez une requête sur Google, la première grosse requête sur Google ou ailleurs, je ne suis pas marié avec eux, la première grosse requête, c'est vous fractionner. Vous faites à gros bords quelque chose. Et puis ensuite, vous allez essayer de travailler en entonnoir de plus en plus près de ce que vous souhaitez faire. Alors, si vous êtes dans les couleurs végétales, vous n'avez pas forcément besoin de molécules pures à 99%. Si vous êtes dans la pharma, là, vous voulez du 99,9%. sans traces de métaux lourds, sans quoi que ce soit, parce que l'utilisation, c'est de l'injectable dans le corps humain, par exemple, et là, on ne rigole pas. Si vous voulez faire des extraits de carottes pour l'alimentation, vous êtes peut-être pur à 30 ou 40 %. Vous avez une famille de composés plus ou moins pourpre et rouge. Point.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord.
- Philippe De Braeckelaer
Mais surtout... Il ne faut pas aller se casser la tête à purifier ça à 90%. Parce que votre fabricant de steak végétaux, il ne va pas vous l'acheter au prix auquel vous aurez pu le produire. C'est toujours la même chose.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord. Donc, ne pas faire de la surqualité, on en parlait au début. C'est ça, c'est extraire que ce dont on a besoin, enfin purifier au niveau où on a besoin et selon l'application. Ok.
- Philippe De Braeckelaer
Tout à fait.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc, fractionner, c'est... Moi, j'aurais cru bêtement... couper, enfin, venir... Mais avec l'exemple du café, j'avoue que là, je suis un peu perdue. Fractionner, dans ce cadre-là, c'est enlever une partie, en fait. Oui, c'est ça,
- Philippe De Braeckelaer
enlever une partie. Commencer à découper, à déconstruire. Au lieu de fractionner, on pourrait dire déconstruire la matrice végétale. Si vous voulez extraire des caroténoïdes d'une carotte, Voilà, vous allez devoir la blanchir déjà pour la stabiliser, pas que les systèmes enzymatiques commencent à dégrader votre matrice et ce que vous souhaitez en retirer. Vous allez ensuite la découper en morceaux. d'un certain rapport surface, longueur, largeur, parce que tout ça, ça compte. Et ça, c'est des maths. C'est juste un coefficient de diffusion. C'est des maths pures et dures. Ensuite, vous allez mettre le solvant adéquat. Tout ça, c'est du fractionnement. Et vous allez avoir une soupe de bêta-carotène avec tout un tas d'autres caroténoïdes. Si vous voulez du bêta carotène pur, il va falloir aller le purifier. Et là, c'est une autre paire de manches. Et vous avez intérêt à ce que votre marché soit prêt à payer.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, donc on comprend la différence entre fractionner et purifier. C'est beaucoup plus clair, c'est top. J'avais une question que je voulais aborder aussi avec vous. C'est sur les biotechnologies, sur cellules végétales. En fait, il y a peu de temps, on nous a un peu... Comment dire ? On a un peu voulu opposer les biotechnologies végétales avec la couleur végétale, en disant que l'un était mieux que l'autre ou pas. Pour moi, on répond tous les deux à la même chose, c'est-à-dire proposer une couleur plutôt durable avec chacun ses problèmes. On va dire que la couleur végétale, on en a parlé, l'histoire de la stabilité, le sourcing, on a notre lot de défis à relever, mais voilà. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ce que vous savez, ce que vous percevez sur les biotechnologies, sur cellules végétales, un peu ce qui se passe ? Et bien sûr, si vous avez des idées sur les liens avec la couleur, je prends bien sûr.
- Philippe De Braeckelaer
Alors, quand j'étais dans mon labo à Paris 6, il y a très très longtemps, on passait notre temps à faire de la culture in vitro et donc de la biotech, et donc de la culture de cellules végétales indifférenciées. pour tester tout un tas de modèles. Et j'ose le dire, à l'époque, on faisait des OGM et des machins, des trucs comme ça. Bon, à titre de recherche, et puis c'était le début, en Europe, de cette technologie. Donc on sait faire, et on pourrait le faire à échelle tout à fait industrielle, on sait cultiver des cellules végétales, indifférenciées, faire ce qu'on appelle du cal, du cal végétal.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah ouais,
- Philippe De Braeckelaer
je me souviens. Voilà, on pourrait imaginer produire tout un tas de trucs avec ça, soit sans y introduire de gènes étrangers, soit en cultivant des cellules ou du chevelu racinaire. J'avais vu ça à l'époque chez une grande marque de boissons anisées qui cultivait du chevelu racinaire de gentillane pour faire de l'anéthole. Et avec l'anéthole, on fait du... Pastis. Donc, c'est vieux. La techno existe. La techno existe. Là encore, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Dans quel cas le jeu en vaut la chandelle ? Peut-être, je suppose, pour produire, j'en sais rien, des antioxydants ou des anticancéreux spécifiques ou des choses comme ça. À mon humble avis, ça va rester cantonné à... des produits extrêmement spécifiques, à très haute valeur ajoutée, où on a besoin de cultures en milieu contrôlé pour vraiment tout bloquer et serrer les boulons dans tous les sens. Je n'ai pas d'exemple à vous citer de choses comme ça sur des échelles importantes. Je sais qu'aux États-Unis, il y a de la culture de... de chevelure racinaire, de plantes transgéniques pour produire des molécules pharmaceutiques. Mais là encore, c'est une techno chère. Et il faut que le jeu envahit la chandelle, c'est-à-dire que ça soit dédié à des choses de très haute valeur ajoutée. Si vous me dites qu'il me faut du... Je n'en sais rien, moi. La couleur orange pour renforcer la couleur du beurre ou des préparations d'origine végétale. à tartiner, vous prenez de la tagette.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, voilà.
- Philippe De Braeckelaer
Voilà. Et parce qu'il vous en faut 12 wagons-citernes par an pour votre usine. Vous voyez, ça n'a rien à voir.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et sur, par exemple, la garance qui est donc issue de racines et qui est quand même coûteuse, est-ce que ce serait envisageable de faire ça du chevelu, mais du chevelu qui doit avoir minimum 3 ans ? Enfin, en tout cas, en terre, c'est comme ça, on attend 3 ans. Est-ce que ce serait...
- Philippe De Braeckelaer
Alors nous, on a travaillé en partenariat il y a... 4-5 ans avec l'ITEP-MAI, sur des cultures en aéroponie. Il n'y a plus de substrats, il n'y a plus de terre, il y a de la racine nue, à l'ombre, à l'abri des rayons UV, et des pulvérisations espacées de solutions nutritives. Et vous pouvez récolter, faire 3 ou 4 coupes, de racines, vous ne tuez pas la plante.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est les plantes à traire, c'était pas ça ?
- Philippe De Braeckelaer
Les plantes à traire, c'est en hydroponie. Le PAT, ça baigne dans une préparation. Là, avec le TEPMAI, on a été jusqu'au bout des essais, on avait pris un modèle expérimental, on avait pris la GIMOV comme plante. Ça semblait présenter, en tout cas, ça poussait tout aussi bien qu'une plante en terre, sauf qu'on pouvait faire trois coupes racinaires par an, et la plante continuait à se développer sans montrer aucun signe de faiblesse. Donc pour certains types de molécules, peut-être que oui, alors on n'a pas poursuivi l'expérimentation, c'était une collaboration entre eux et nous. Technologiquement, je pense qu'il y a tout un tas de choses qui sont faisables, là encore. Pourquoi faire ? Et pour quel type de marché ? Si vous mettez en place un champ en aéroponie, enfin une serre, pardon, en aéroponie pour faire de la garance, je ne suis pas sûr que le prix de vente de votre extrait de garance va payer les amortissements de vos serres et du chauffage et de la pulvée. C'est malheureux, mais il n'y a qu'une chose qui compte pour un producteur, c'est le compte de résultat.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Le reste, c'est de la thérapie. Si demain, moi j'en ai vu quand je bossais en alimentaire, les scandales sanitaires où d'un coup, on fait une braquée radicale en se disant, j'en sais rien, mais moi je me dis si demain, malgré tous les invités qu'on a eus qui alertent, notamment sur les colorants synthétiques, les maladies que ça crée, les allergies, etc. Si demain, il y a un vrai scandale sur la couleur et que du jour au lendemain, il faut se bouger et que, en gros, je ne sais pas... on est pénalisé par la loi, on a des sanctions, on a des trucs. Là, je sais que nous, les Français très créatifs, on trouvera des idées. Là, je comprends que dans notre contexte aujourd'hui, et vous avez raison de le rappeler, c'est quand même, la finalité, c'est le portefeuille, surtout qu'on n'est pas en super posture en ce moment. Mais je me dis, en fait, j'aimerais quand même envisager... Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. J'essaye d'être nuancée, mais l'idée, c'est de se dire est-ce que si demain, il y avait vraiment un changement radical, est-ce que ce genre de situation, ce soul... Ce genre de solution serait envisageable ? Encore une fois, il faut pouvoir le payer, il faut pouvoir le tester,
- Philippe De Braeckelaer
etc. Ce dont je suis sûr, en vous répondant ça, c'est que les technologies existent. Les technologies existent, elles sont connues, que ce soit en technologie de production, de fractionnement, de purification. La caisse à outils, elle est pleine d'outils.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Elle est là. Ah, c'est génial.
- Philippe De Braeckelaer
il y a plus grand chose à développer. Franchement, je pense pour le moment, et moi ça va faire 40 ans que je fais ce boulot-là, on a globalement fait le tour. On peaufine, il y a des nouvelles choses qui arrivent comme les liquides ioniques et autres ou les deep tactic solvents et des tas de choses comme ça qui arrivent sur le marché. Il faut que ça trouve sa place, ça trouvera un complément dans certains marchés de sortie. La caisse à outils, elle est vraiment pleine. Et vous avez raison. Donc, on vous... On ne pourra réagir rapidement qu'en cas de contraintes réglementaires. Pour le moment, malheureusement, et surtout, je rebondis sur ce que vous venez de dire, dans l'état global économique de la nation et d'Europe, du monde en général... Au final, la maille du tamis, ça reste les euros, les dollars, les francs suisses.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Oui, oui.
- Philippe De Braeckelaer
Je ne sais pas quoi. Mais la caisse à outils, franchement, quand vous faites le tour des technologies disponibles et de leurs agencements avec un S possible, c'est énorme. Vous pouvez faire tout un tas de choses. C'est pour ça qu'on continue dans notre métier chez Extractis à s'amuser. Alors on ne s'amuse pas, on a toujours, en l'occurrence, la satisfaction du client et le procédé qui tient la route techniquement et économiquement parlant. Mais en même temps, la caisse à outils, il y a un tel Lego à monter dans tous les sens, tous les jours, toutes les semaines, que c'est super intéressant.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Top. Est-ce que sur les biotechnologies cellules végétales, on a fait le tour de dire qu'en gros, en France, c'est interdit de travailler avec les OGM, donc du coup, on se prive d'un champ des possibles ?
- Philippe De Braeckelaer
Ce n'est pas le marteau qui est dangereux, c'est celui qui tient le marteau.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Voilà, c'est très bien de le rappeler. Comme on ne peut pas faire d'OGM, enfin, c'est pas entre guillemets, mais c'est réglementaire, la biotechnologie sur cellules végétales, c'est un peu moins envisagé. Et encore une fois, c'est une question de rendement et de produits finales et du prix. Donc, en gros, pour vous, les biotechnologies sur cellules végétales, même sur la couleur végétale, aucun intérêt. Enfin, aucun... Je ne sais pas comment dire. aucun...
- Philippe De Braeckelaer
Un intérêt extrêmement extrêmement restreint et à mon humble avis, limité à des secteurs d'application très pointus à très haute valeur ajoutée.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
D'accord, et sur les biotechnologies en général, là, sur le podcast, on traite couleur végétale plutôt terrestre, mais on ouvre aux algues, et cet été, il y aura une série sur les biotechnologies un peu différentes. Pour vous, sur le sujet spécifique de la couleur ? vous parieriez sur quelles sources ?
- Philippe De Braeckelaer
Sur les biomasses en général ? Alors, les algues, il n'y a pas une grande diversité de couleurs et de pigments. Chez les algues, chez les rhodophycées, il y a un peu de rouge. Le reste, c'est des tannins plus ou moins valants. jaune à marron très foncé, bleu chez les cyanobactéries, mais waouh, il faut pouvoir trouver des secteurs d'application spécifiques. Non, moi je parierais sur de la plante terrestre tout à fait classique, il y a des tas de choses qui sont, à mon avis, sous-exploitées, il y a une variabilité génétique naturelle chez les sorghos, les maïs, où il y a tout un tas de... Il faut aller voir chez nos amis sud-américains. J'ai travaillé un peu là-bas il y a des années. Il y a des cultivars maïs incroyables avec des couleurs absolument géniales. C'est polyphénolique et ça peut s'extraire. Il y a du maïs bleu absolument magnifique.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et vous avez vu cet épi de maïs de toutes les couleurs, où chaque grain est d'une couleur différente ? C'est une variété de maïs qui pousse aussi en France. J'ai des auditrices qui m'ont envoyé des photos. C'est un maïs où, voilà, sur certains...
- Philippe De Braeckelaer
Ah, c'est fou, ça, je me suis dit.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
J'ai cru que c'était une intelligence artificielle. Je me suis dit, non, c'est pas un délire.
- Philippe De Braeckelaer
Si vous voulez extraire, il vaut mieux avoir qu'une seule couleur dans un seul épi, parce que sinon, s'il faut faire le trick des grains de maïs sur l'épi, on n'est pas sortis. Mais, Non, je pense qu'il reste suffisamment à exploiter sur les plans terrestres, sans bidouiller avec les OGM, de toute façon on n'a pas le droit. Je ne vais pas dire ça dans le podcast, c'est privé d'un outil qui, bien utilisé, aurait pu avoir des retombées positives. Mais bon, c'est comme ça et ce n'est pas moi le législateur, donc je ne m'exprimerai plus sur le sujet. Mais non, il y a suffisamment de variabilité naturelle pour qu'on aille taper dedans, à côté des plantes tectorielles classiques qui sont connues et reprises.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ah, à côté des plantes tectorielles classiques. Donc là, on entre dans plutôt tout ce que moi, je classe dans bioéconomie, c'est-à-dire les coproduits agricoles, les déchets industriels. Vous n'aimez pas le mot déchets ? Non, les coproduits industriels. Les déchets,
- Philippe De Braeckelaer
c'est péjoratif.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
C'est plutôt aussi ces sources-là. Entretien des forêts aussi ?
- Philippe De Braeckelaer
Oui, il y a tout un tas de choses qui restent à valoriser avec je pense des filières je redis ce que je disais au début de notre entretien, des filières qui pourraient être profitables pour chacun des acteurs qu'on ne soit pas besoin. qu'on ne soit pas obligé de subventionner telle ou telle partie de la filière pour qu'elle tienne debout. Parce que sinon, l'aventure commence mal. Donc voilà, moi je pense qu'il faut être pragmatique. il y a à côté des plantes de grande culture et des plantes ancestrales locales, métropolitaines il y a tout un tas de choses qui existent je sais qu'on avait bossé il y a des années sur des sorbots rouges avec des procédés de percolation hyper simples ça sortait un pigment absolument rouge profond 1 super stable à la chaleur. Mais le sorgho n'est pas une plante traditionnellement cultivée. Un petit peu pour du sorgho fourragé.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Mais là, ils en mettent.
- Philippe De Braeckelaer
Mais voilà, c'est africain et puis on n'est pas habitué à cultiver ça. Mais la variabilité chez les plantes, il y a ce qu'il faut. Et en technologie, il y a ce qu'il faut.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Il y a ce qu'il faut aussi. mon top Alors, les questions rapides, c'est plutôt savoir, pour vous, est-ce que vous avez un ou deux projets inspirants qui, vous, personnellement, vous stimulent dans tout ce qui est chimie verte, extraction des choses que vous suivez avec passion parce que ça ouvrirait des nouvelles portes ? Est-ce que vous pourriez nous citer un ou deux projets là-dessus ?
- Philippe De Braeckelaer
Alors, je ne pourrais pas citer de projet confidentiel. Moi, je crois énormément. Alors, moi, j'approche doucement de ma fin de carrière. je crois énormément pour beaucoup de secteurs d'application je crois énormément au secteur des macro-algues et à ce qu'on peut tirer des macro-algues avec un souci majeur et on en revient toujours à la même chose c'est que on a un super littoral en France je sais pas combien ça fait de dizaines ou de milliers de kilomètres il y a une tradition de collecte d'algues ancestrales de Goémon ou d'autres choses il n'y a quasiment aucune tradition de culture d'algues contrairement à bon nombre de pays asiatiques Japon, Chine, Vietnam qui cultivent ça depuis des millénaires parce que chez eux ça fait partie des productions Ouuuuh ! agricole, enfin aquacole en tout cas, local, connu. L'algue a énormément d'avantages par rapport aux plantes terrestres. Le premier, qui a l'air stupide, c'est que vous n'avez pas besoin d'irriguer, forcément, ça pousse dans l'eau. L'eau est une ressource qui va commencer à être scrutée de très près et il serait temps. Ça, c'est une première chose. Deuxièmement, oui, il y a un cycle de... croissance, ça pousse moins vite en hiver, mais en gros, vous pouvez en récolter à peu près toute l'année. Et troisièmement, vous n'êtes pas limité en apport en carbone, parce que, contrairement aux plantes terrestres qui absorbent du gaz carbonique qui est dans l'air, là, les algues absorbent du gaz carbonique qui est dissous dans l'eau. Et vous pouvez dissoudre beaucoup plus de gaz carbonique dans l'eau que dans l'air. Vous avez des rendements qui sont extrêmement importants. Je ne vous citerai ni l'algue ni l'application, mais on a travaillé pendant des années pour un partenaire industriel qui va produire et utiliser de l'amidon algal. Vous stressez les algues en azote, elles se mettent à croire. que les conditions sont dures et se mettent à produire de l'amidon pour se défendre et préparer des jours meilleurs. Sur un hectare de bassin de cette algue spécifique, qui est une algue tout à fait commune, vous pouvez produire 12 fois plus d'amidon qu'avec un hectare de maïs.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Donc ça résoudrait en plus notre histoire de terres disponibles pour l'agriculture. Ça a plein d'avantages.
- Philippe De Braeckelaer
Après, il y a un autre problème qui peut se poser et qui ne manquera pas, à mon avis, de se poser. C'est le littoral, les côtes, ne sont pas utilisées que par d'éventuels producteurs d'elques. Il y a des touristes, il y a des plaisanciers, il y a des pêcheurs. Le milieu maritime, il est déjà, très largement et depuis très longtemps... utilisé de façon traditionnelle. Regarder les combats, pas contre les moulins à vent, mais contre les éoliennes marines. et les soucis de partage de territoire alors si en plus vous allez commencer à dire ouais mais là moi je vais créer un parc je ne sais rien, 12 hectares pour produire des laminaires les pêcheurs vont vous dire moi je vais commenter la pêche bref, je caricature et je t'implique Mets. L'algue a énormément, énormément d'avantages. La production de biomasse est énorme. C'est un puits à CO2 génial. Par définition, vous ne pouvez pas, si vous cultivez en pleine mer, il n'y a pas d'intrant. Vous voyez, ça ne va pas tout résoudre, mais ça pourrait apporter un bout de petite pierre à l'édifice du comment produire. Mieux, plus propre, plus durable.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, donc les macro-algues. Je vais essayer d'avoir des gens cet été là-dessus. J'ai des gens, enfin, j'essaye de couvrir un peu les autres sources que végétales pures terrestres. Ce serait intéressant d'y avoir.
- Philippe De Braeckelaer
Nos collègues du CEVA, Centre d'études et de valorisation des algues à pleubian.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ok, super. Pour qu'eux qui maîtrisent nous racontent tout ça. Est-ce qu'il y a un événement à ne pas louper dans le monde de l'extraction ? Est-ce que vous avez une rencontre annuelle où on vient parler des technologies, où les gens ouvrent un peu leurs portes, où il n'y a pas de grand amphore ?
- Philippe De Braeckelaer
Non, il n'y a pas de salon spécifique. Il y a des salons pour les marchés de sortie. On avait un stand à Vita Foods à Barcelone. On avait un stand à Incosmetics à Amsterdam récemment. Il n'y a pas de salon techno. Il y a le CFIA à Rennes, qui est un salon de grande renommée depuis des années, mais c'est tout secteur d'applications confondues. Donc, c'est un salon sur les technologies des industries agroalimentaires. Alors, ça recoupe une partie de nos activités, mais non,
- Pauline Leroux ArtEcoVert
pas de salon spécifique. Ok. Est-ce qu'il y a un livre ? Alors, vous avez parlé tout à l'heure de techniques et principes d'éco-extraction, ce livre-là. Mais est-ce qu'il y a un livre que vous recommanderiez aux auditeurs qui ont envie de se renseigner ou de comprendre un peu l'extraction, les enjeux ?
- Philippe De Braeckelaer
Alors, pas spécifique. Il y a ce bouquin sur les techniques d'éco-extraction, mais comment dire ? C'est un peu touffu. C'est un peu technique et technologique et compliqué. Moi, dans ma bibliothèque, j'ai un livre de quelqu'un qui a failli être témoin orateur aux 30 ans d'Extractis, il y a 10 ans, mais ça ne s'est pas fait pour des raisons diverses et variées. Et puis ensuite, il a quitté ce bas monde. C'est un bouquin qui s'appelle « La plus belle histoire des plantes » , sous-titre « Les racines de notre vie » . du regretté Jean-Marie Pelt. Je ne sais pas si ça vous dit quelque chose. Non. Il faut aller faire un tour sur Wikipédia, vous verrez. C'était quelqu'un vraiment éminemment respectable, avec quelques prises de position un peu extrémistes par moment. Et puis, un lien direct avec mon parcours et l'industrie traditionnelle dont on parlait à Grasse et ailleurs. J'étais en fac avec eux, et ça fait quand même 20 ans qu'on ne s'est pas revus, un livre qui s'appelle « Le parfum des roses » .
- Pauline Leroux ArtEcoVert
qui reprend de façon très documentée toute l'historique de la rose, des roses, des parfums, des roses à parfum, et de la différenciation qui s'est faite entre les roses ornementales d'un côté et les roses à parfum d'autre côté. Tout ça, c'est de la sélection variétale de la génétique et de la technologie. Et ces deux anciens copains de fac, Merci. on était dans le même labo à Jussieu donc le parfum des roses de Jean-Claude Kessar CAI 2S ARD et Sylvie Baudino B A U D I
- Philippe De Braeckelaer
N O si un jour ils écoutent ce podcast je leur fais je vais les taguer sur LinkedIn en disant qu'ils sont mentionnés ouais
- Pauline Leroux ArtEcoVert
On était ensemble dans ce labo de physio-végétal, de culture in vitro, et où on travaillait essentiellement sur une chose, on boucle la boucle avec les couleurs des plantes, sur les grandes familles des métabolites secondaires. Des petits machins qui traînent dans la plante, qui ne sont pas des protéines de réserve, qui ne sont pas de l'amidon, qui ne sont pas de la chlorophylle, ou des trucs comme ça. les petites molécules qui servent à autre chose. Et le labo, où on était, travaillait essentiellement là-dessus pour tout un tas d'utilisations. Moi, ce que je dirais simplement, c'est qu'il faut se rappeler d'une chose, c'est qu'il faut de la plante. Il faut que la plante soit disponible. Et toute l'histoire derrière, toutes les technologies derrière, c'est que de la caisse à outils. C'est globalement, c'est pas très compliqué, compte tenu de la grande diversité des outils dont on dispose maintenant, d'aboutir à quelque chose. Ensuite, il faut regarder si le jeu en vaut la chandelle ou pas. Mais voilà, moi je pense que c'est un bonheur de travailler sur les plantes, parce qu'on finira jamais de faire le listing. de ce qu'il y a à l'intérieur. Et donc, ça peut laisser de la place à toute la jeune génération qui doit pouvoir s'intéresser à ça. Je pense que la jeune génération, elle s'intéresse surtout à l'IA et à la finance. Mais ça, c'est d'autres problèmes.
- Philippe De Braeckelaer
Pas tout le monde, pas tout le monde.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
J'espère, j'espère également.
- Philippe De Braeckelaer
Et si l'IA était un outil, moi, je le vois de plus en plus en me disant, l'IA qui pourrait prédire un peu les... Les nombreux protocoles et les résultats et nous aider dans certains trucs, moi, je ne le vois pas comme un problème. Je le vois comme un outil. C'est comme on disait tout à l'heure. C'est un outil. Il faut savoir bien l'utiliser. Il faut continuer à réfléchir par soi-même. Mais c'est comme si on avait dit, bon, internet, on est contre internet.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
En fait,
- Philippe De Braeckelaer
ça arrive fort.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Ce n'est pas le marteau qui est dangereux, c'est le forgeron.
- Philippe De Braeckelaer
C'est ça. Philippe, j'ai une dernière question pour vous, c'est à qui vous aimeriez passer le relais pour que le podcast continue ? Vous nous avez donné quelques indications tout à l'heure, mais à qui vous aimeriez qu'on...
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Alors, il faudrait pouvoir contacter, je m'engage à les contacter avant pour que ce soit éventuellement facilité. Alors, accessoirement, ils sont adhérents et partenaires d'Extractis, mais peu importe. Je pense qu'ils sont très représentatifs de ce continuum sourcing, technologie, marché de sortie. C'est une société qui s'appelle SCRD, qui, si je ne dis pas de bêtises, est sur un grand port français, parce que depuis le XIXe siècle... ils importent de façon très spécifique des bois exotiques en toute transparence et avec toute précaution de biodiversité pour faire des extraits principalement colorants pour une variété d'applications. Allez faire un tour sur leur site, vous n'en croirez pas vos yeux. Génial. des applications alimentaires classiques jusqu'aux applications de coloration. dans des kits de diagnostics, des fils de sutures chirurgicaux pour qu'on puisse les opérer. C'est une société qui a été créée sur des bases de sourcing, un savoir-faire spécifique, une grande technicité et une multiplication d'applications incroyables, du petit jusqu'à des trucs plus grands. Alors, je n'ai pas d'action chez eux, je ne fais pas de pub et je ne fais pas de placement de produits, mais je pense que si vous avez un témoin industriel, alors il faut qu'ils acceptent de s'exprimer, mais je pense qu'ils seront OK. c'est vraiment pour moi une société exemplaire dans le domaine de votre podcast. et des gens qui sont abonnés et qui découvriront d'autres choses.
- Philippe De Braeckelaer
Génial.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Là, c'est du bois, des bois, des feuilles lues, essentiellement, des technologies d'extraction spécifiques, et des marchés de sortie dingues. Génial. Trop bien.
- Philippe De Braeckelaer
Bon, super. Je vous laisse les contacter d'abord, que j'arrive pas en mode cheveux sur la soupe. Est-ce que, Philippe, vous avez un sujet qu'on n'a pas abordé ou quelque chose que vous voulez préciser avant qu'on ne se quitte ?
- Pauline Leroux ArtEcoVert
J'ai été suffisamment bavard comme ça et j'espère ne pas avoir été trop indigeste. Le monde des plantes est absolument fabuleux. C'est pour ça que quand je citais le bouquin de Jean-Marie Pelt, C'est un peu plus profond, ce n'est pas simplement de la technologie, son bouquin est loin de là. C'est d'où on vient, les plantes étaient là avant nous, qu'est-ce qu'elles ont contribué à faire de la planète. S'il n'y avait pas eu les plantes, on ne serait pas là. Il fallait de l'oxygène. Il y a tout un tas de choses à faire et ça permet de prendre un peu de recul sur... les problèmes actuels de pollution, de mal-être généralisé mondial, et de respirer un peu, si j'ose m'exprimer ainsi. J'ai insisté lourdement pendant tout notre entretien sur des soucis économiques, des choses comme ça. Je m'en excuse, il n'y a pas que l'économie dans la vie. Même s'il faut nourrir tout le monde tous les jours et se déplacer, on peut de temps en temps prendre un peu de recul. Et ce bouquin-là, c'est un bon bouquin pour prendre du recul. Voilà.
- Philippe De Braeckelaer
Génial. La plus belle histoire des plantes Jean-Marie Pelt. Bon, super. Philippe, moi, je voudrais vous remercier parce que j'ai appris énormément de choses avec vous. Déjà quand on avait eu notre échange téléphonique. Et là, encore plus. donc franchement je vous remercie et d'avoir rendu facile, concret votre métier qui pouvait pour moi ou pour d'autres être un peu flou, on voit ce que vous faites, on voit l'intérêt et moi je voulais vraiment vous remercier pour même le bon sens que vous avez mis avant de se lancer, réfléchissons si ça a vraiment un intérêt et ça je trouve que c'est bien de remettre tout ça dans la tête de tout le monde. Donc Philippe, un grand merci j'arrête ici l'enregistrement.
- Pauline Leroux ArtEcoVert
Et merci pour votre invitation surtout et longue vie à votre podcast.
- Philippe De Braeckelaer
podcast, merci. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous.
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