Speaker #0Salut, c'est Hachoum, le podcast des allergies qui répond à tes souhaits. Je m'appelle Philippe, je suis médecin allergologue et je t'emmène avec moi dans le blog passionnant des allergies. Aujourd'hui, nous allons parler de l'asthme allergique. l'asthme est une maladie mortelle en pleine expansion dans le monde elle fait peur de nombreux patients demandent avec inquiétude lors de la consultation ce n'est pas de l'asthme quand même tandis que d'autres asthmatiques depuis des dizaines d'années ne cherchent même plus à améliorer leur prise en charge blasée mais l'asthme c'est quoi Ça pourrait être simple, mais c'est un peu compliqué. L'asthme est une maladie inflammatoire chronique des petites bronches avec des symptômes tels qu'une respiration sifflante, un essoufflement, une oppression thoracique et une toux, qui varient dans le temps et en intensité, ainsi qu'une limitation variable du débit expiratoire. Chez l'asthmatique, il y a souvent une hyperréactivité bronchique, mais celle-ci n'est ni nécessaire ni suffisante pour diagnostiquer un asthme. Il y a différents types de personnes asthmatiques qu'on appelle les phénotypes cliniques de l'asthme. En résumé, c'est de l'inflammation chronique des petites bronches, au bout de l'arbre bronchique, qui est de différentes natures selon les différents mécanismes qui la génèrent, et parfois elle ne s'exprime qu'à travers une sensation d'oppressions respiratoires ou des épisodes sifflants. L'asthmatique allergique a une inflammation chronique de type allergique, que l'on appelle T2, à cause des lymphocytes T et de son inflammation éosinophilique. C'est de cet asthme-là que nous allons parler ici. Avant d'être médecin allergologue, j'étais médecin urgentiste, et une de mes premières rencontres avec un asthme sévère, c'était un jeune gars d'une vingtaine d'années décédé chez lui, la ventoline à la main. J'étais sidéré. À l'époque, une polémique existait. Les gens qui meurent la ventoline à la main meurent d'avoir pris trop de ventoline. Belle stupidité quand même que cette peur-là. Genre, les noyés meurent d'avoir reçu trop de bouée qu'on leur a jetée. Le problème, c'est pas la prise de ventoline, non. C'est le fait d'avoir besoin de cette ventoline de plus en plus fréquemment. Si vous prenez de la ventoline tous les jours, c'est que vos bronches souffrent en permanence. Votre traitement doit être revu en urgence. Actuellement, en France, la prévalence de l'asthme est de 10 à 15% chez les enfants, moitié moins chez les adultes. Ça fait 10 millions de Français asthmatiques quand même. Toujours en France, environ 1500 personnes meurent d'asthme chaque année et la moitié à moins de 20 ans. C'était 2500 morts dans les années 2000, avec moitié moins d'asthmatiques. On pourrait se dire qu'on est meilleur, mais quand même, plus d'un millier de morts, pour la plupart évitables, c'est pas fameux. Alors, où pourrait-on être meilleur ? D'abord, le diagnostic. Les formes modérées et sévères d'asthme s'accompagnent de modifications du fonctionnement respiratoire. Il y a des machines pas très compliquées pour le mesurer, les plétismographes. Une mesure en cabine permet de voir si de l'air reste bloqué dans votre poumon. On parle de syndrome restrictif. Une autre mesure, les débits de vos tuyaux bronchiques. S'ils sont diminués, on parle de syndrome obstructif. Si ce débit est amélioré par la prise de ventoline ou équivalent, on parle de réversibilité. Enfin, on peut estimer l'hyperréactivité, soit avec un test à la métacoline, c'est compliqué et dangereux, soit avec des mesures de résistance des voies aériennes, c'est simple et sans danger. Pour les claustrophobes, il y a même un appareil récent qui fait ces mesures sans cabine. Bref, il faut mesurer, Pour ne pas passer à côté d'un faux asthme, il est nécessaire de réaliser une radiographie pulmonaire avant de conclure un asthme. Si votre médecin est un peu moderne, il vous fera plutôt une échographie pulmonaire, plus rapide, non irradiante, plus fiable. Ensuite, dans le phénotypage, l'asthme allergique, c'est un type d'inflammation particulier, dit de type 2. Quand le patient est allergique, c'est très probablement ce type d'inflammation qui est présente. Un appareil simple, non remboursé en France, le NO-EXALE, permet de mesurer l'intensité de cette inflammation. S'il était remboursé, nous serions certainement meilleurs dans la prise en charge de l'inflammation allergique. Dans le traitement, nous avons énormément progressé. Les traitements ont eu une prise par jour, ont amélioré l'assiduité. Les dispositifs d'inhalation sont meilleurs, plus efficaces. Les médecins les prescrivent mieux. Il manque souvent un bon apprentissage de la technique de prise, mais si chaque médecin pense à chaque prescription à montrer la technique de prise, Enfin, dans la prévention, si nous arrêtions de considérer que ce n'est pas grave d'avoir le nez bouché toute l'année depuis des années, nous pourrions diminuer considérablement le nombre d'asthmatiques de type T2 et le nombre de morts qui leur sont liées. C'est pas compliqué, direction l'allergologue pour toutes les rhinites chroniques. Quels sont les traitements de l'asthme allergique ? D'abord, c'est de traiter sa rhinite allergique. S'il n'y a pas d'inflammation du nez, vous pourrez respirer par votre nez. Les sinus joueront pleinement leur rôle de filtre à poussière et de conditionneur d'air qui devient plus chaud et humide. Ensuite, c'est de prendre le traitement adapté à votre niveau d'asthme. Votre médecin allergologue l'évaluera et vous prescrira, selon vos symptômes, un lavage de néosérum physiologique pour diminuer le contact avec l'allergène. des antihistaminiques dans le nez ou par la bouche qui empêchent l'allergie de créer de l'inflammation T2, des sprays anti-inflammatoires pour le nez qui soignent l'inflammation qui est en place malgré tous vos efforts, un antileucotriène qui diminue l'inflammation de type T2, des anti-inflammatoires inhalés pour soigner l'inflammation des bronches présentes malgré vous, des bronchodilatateurs de courte durée d'action type Ventoline pour stopper la crise d'asthme ou de longue durée d'action pour maintenir les bronches ouvertes si le spasme est durable. Enfin, des biothérapies si ces traitements sont insuffisants. Anti-GE, anti-L5, etc. Bref, aujourd'hui, un asthme, on sait le traiter. Plus de 1000 morts par an, c'est pas possible. Avec quoi je ne traite pas mon asthme ? Alors, les œufs de caille, ça n'a aucun intérêt, vous vous en doutiez. Les techniques de gourou, vous en trouverez plein en médecine parallèle qui vont, je suis sérieux, de l'imposition des mains sur la maman pour guérir le bébé. à l'hypnose, en passant par la manipulation du crâne. Depuis quand soignez-vous l'inflammation des bronches comme ça ? Soyons sérieux. Les inhalations exotiques aussi. Des huiles essentielles qui sont de puissants allergènes et irritants qui ne vont certainement pas vous aider. Des préparations d'herbes à inhaler riches en dérivés terpéniques qui sont eux aussi de puissants allergènes et irritants. Non mais de toute façon, l'asthme c'est psychologique. Ma fille en fait chaque fois qu'elle fait du sport ou quand elle est contrariée. Ouais, là vous êtes complètement à côté de la plaque, désolé. L'asthme frappe davantage les filles que les garçons à partir de l'adolescence. Le rôle des hormones est net, c'est pas psychologie. Respirer par la bouche évite la respiration nasale qui conditionne votre air. En respirant par la bouche, l'air qui arrive sur les bronches est non réchauffé, non humidifié, non filtré. Il est irritant. Quand vous faites du sport, quand vous pleurez, quand vous riez, vous respirez par la bouche. C'est pas psychologique, mais physiologique. Comment devient-on asthmatique ? D'abord, il y a une prédisposition génétique. Les familles d'asthmatiques existent sans nécessairement avoir d'allergie préalable. Ensuite, il y a les inflammations virales de la petite enfance, bronchiolites, pneumopathies, qui peuvent laisser un terrain d'asthme. Bien sûr, il y a aussi les irritants des habitats. Huile essentielle, encens, bougies parfumées, sprays de parfum, déodorants, insecticides, produits ménagers, tabac ou vapotage. Chacun amène sa part dans l'inflammation chronique des voies respiratoires. Enfin, il y a l'allergie. La crise ponctuelle d'éternuement devient un ébouché permanent qui, vous faisant respirer bouche ouverte, permet aux irritants et aux allergènes de rentrer directement dans vos bronches et votre asthme s'installe tranquillement, petit à petit. Mais alors, ça veut dire qu'on peut guérir de son asthme ? Bien sûr, puisqu'il y a tous les types d'asthmes. Certains d'entre eux, légers, modérés, liés à des causes bien identifiées comme les allergies, ont toutes les chances de guérir si le diagnostic est précoce, bien porté, les traitements prescrits bien pris et l'environnement amélioré. Il restera malheureusement les asthmes sévères, anciens, génétiques, séquellaires d'infections pulmonaires ou mixtes, avec le rôle des irritants, qui vont léser durablement vos bronches. Quand la maladie est chronique, les nombreuses écoles de l'asthme sont là pour vous aider à mieux comprendre votre maladie et à mieux vivre avec. Les 1000 morts ne sont en rien une fatalité. Ensemble, nous devrions être bien meilleurs. En résumé, l'asthme est une maladie d'inflammation chronique des petites bronches. Avec 10 millions d'asthmatiques en France, nous avons plus d'un millier de morts chaque année, dont la moitié à moins de 20 ans. L'asthme allergique est lié à un type précis d'inflammation qu'on appelle T2. L'asthme se diagnostique par des mesures de fonction respiratoire simples et non agressives. L'asthme n'est pas psychologique. Les techniques parallèles qui prétendent soigner l'asthme sont inutiles et dangereuses. Les traitements médicamenteux aujourd'hui disponibles sont très efficaces. Un asthme allergique pris en charge quand il est léger ou modéré a toutes les chances de guérir. Dans le prochain épisode, nous parlerons de l'environnement intérieur. Merci à vous les amis, prenez soin de vous.