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Au Bénéfice du Doute, le podcast où les victimes de violences sexuelles prennent la parole

Clara, guerrière des procédures judiciaires, jusqu'à la Cour Européenne des Droits de l'Homme

Clara, guerrière des procédures judiciaires, jusqu'à la Cour Européenne des Droits de l'Homme

54min |19/05/2023
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54min |19/05/2023
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Description

⚠️ Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Ecoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles.

Pour sauter les passages où sont évoquées les tentatives de suicide, sautez de 8:44 à 8:55 et de 41:09 à 41:26.


📢Dans cet épisode, Clara explique avec beaucoup de précisions la façon dont se déroulent les procédures judiciaires en cas de dépôt de plainte pour viol. Clara est allée jusqu'au bout de toutes les procédures possibles.


📌Vous pouvez suivre son compte, @surviv_hante, sur Instagram: https://www.instagram.com/surviv_hante/ et signer sa pétition pour faire entendre sa voix encore plus fort: https://www.change.org/p/recours-pour-clara 


🔥 Ceci est le 5ème épisode du podcast Au Bénéfice du Doute.

Si vous pensez qu’il peut être utile à d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager, vous abonner et mettre 5 étoiles. Cela aide les futures auditeurs et auditrices à y avoir accès facilement.


Ceci est un podcast à but non lucratif, entièrement auto-produit par Julie Dusserre


Musique originale : Sandra Fabbri 


Illustration : Camélia Blandeau 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Au bénéfice du doute, le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole. Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Écoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles, et si vous le souhaitez, n'hésitez pas à lire la description afin de sauter les passages concernés. Engager des procédures judiciaires est un vrai parcours de combattante, et c'est grâce à sa persévérance que Clara est allée jusqu'au bout de tous les recours possibles. Apparemment, Clara, tu as de l'humour.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup d'humour. C'est ce qui me caractérise, oui.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, tu n'es pas là pour nous parler de quelque chose de drôle, malheureusement.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est sur un sujet sérieux.

  • Speaker #0

    Ça se voit. Tu as changé de tête directement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai deux têtes. J'ai une tête sérieuse et une tête drôle. Eh bien, écoute, pour recontextualiser, moi, a priori, j'ai vécu des agressions dès très très très jeune. Je n'en ai pas forcément le souvenir et je pense que ça n'a pas été... Je sais peut-être, j'en sais rien, mais ça n'a pas été aussi traumatique que la dernière en date.

  • Speaker #0

    Pardon, mais quand tu dis très jeune, pour toi, c'est quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense moins de 5 ans. Mais quelque part, je dois avoir un système très très bon de déni. Donc il a fait son taf et c'est ressorti, je sais pas, il y a peut-être 2 ans. Mais ça n'a pas été non plus un bouleversement dans ma vie, dans le sens où quand même, je le savais un peu au fond de moi, ça se confirmait et j'étais bien entourée. En fait, c'est ressorti parce que mon suivi était super et que ça m'a permis de retrouver ces souvenirs-là. Mais le début de ma sexualité a été des agressions sexuelles et des viols. où en même temps je mettais pas ces mots là dessus pendant très longtemps jusqu'à... bah je saurais pas trop dire... je sais pas vers mes... vers mes 12-13 ans j'ai senti qu'il y avait un truc qui vraiment était pas normal j'ai essayé d'en parler aux gens de mon âge mais c'était un peu... on en parlait pas du tout et moi j'en parlais pas de façon grave je pense pour me protéger de leurs réactions éventuellement donc les réactions en face étaient pas non plus très sérieuses Je suis un peu passée au-dessus en me disant, on verra plus tard. Et ça a souvent été jusqu'à mes 15 ans, c'était des agressions qui étaient faites par des garçons desquels je pensais être amoureuse. En plus, quelque part, je recouvrais le tout de mon affection pour ces gens-là. Jusqu'à mes 17-18 ans, où j'étais en relation avec un garçon, où en fait on s'est mis ensemble sur un coup de tête. Enfin non, sur un malentendu, vraiment. Le fameux... En fait, il m'annonce presque qu'on est ensemble. Je me dis, merde, j'ai pas été assez claire. Et au lieu de lui dire, ah, il y a eu malentendu, j'étais genre, ah bah d'accord. Et donc, on a quand même relationné ensemble quelques mois, comme ça, sur cette base-là. Où, je sais pas trop si j'étais sa première copine ou quoi, mais c'était vraiment un peu l'excuse pour dire, oui, mais je me rends pas compte. Et à ce moment-là... On commençait à parler un peu dans les médias de manipulation, de violences conjugales. Et donc j'ai très très vite pu mettre les mots dessus quoi. Et je pense qu'en plus comme j'étais jeune, je vivais pas avec lui, j'ai pu partir vraiment assez vite. Donc quelque part ça m'a un peu sauvée. Je pense que là je me suis rendu compte que c'était vraiment partout. Et après ça il y a eu le viol pour lequel j'ai porté plainte. Où moi j'avais 19 ans à peine. Lui 18, 19, quelque chose comme ça. Et où ça, pour le coup, c'était fait par quelqu'un dont je n'étais pas attirée, je n'avais jamais été attirée, ni physiquement, ni émotionnellement. Enfin voilà, c'était vraiment un pote. Et ça avait été très marqué comme ça parce qu'on s'était rencontrés au collège, qu'il m'avait déjà agressée à cette époque-là. Il avait fait passer ça pour un malentendu, genre j'ai pas compris ce que tu voulais ou pas. Et l'année entière avait été des excuses et des « je regrette tellement » . De sa part, on s'est revus seulement 4-5 ans après. Et donc pour moi, c'était très clair que là, on recommençait éventuellement une amitié sur des bases nouvelles de confiance. Donc ça a eu lieu chez lui, après une soirée qu'il avait organisée. Et j'ai porté plainte le lendemain. Et même si ce n'était pas ma décision de porter plainte, quitte à porter plainte, c'était pas mal que ce soit le lendemain, parce que j'ai pu faire un passage aux urgences médicaux juridiques. Et là, il y a eu énormément de lésions qui ont été constatées, qui a priori, dans les quelques heures suivantes, allaient commencer à disparaître. Et quelque part, je pense que c'est le premier moment où je me suis dit, ok, je ne suis pas folle. Ou, tu sais, comme on minimise souvent nos douleurs. Oui. Bon, bah, oui, j'avais mal et voilà, mais j'avais déjà eu des cystites, j'avais déjà eu plein de choses très douloureuses qui n'étaient pas graves. Donc pour moi, c'était un peu une zone fragile, comme on pourrait se faire mal aux doigts quand on est gosse et se dire « Ah, c'est super mal » , et en fait, c'est pas si grave. Mais là, quelque part, ça légitimait vraiment ce que je ressentais. Après ça, j'ai eu la chance que ça aille très très vite. Tu me coupes si t'as envie que je creuse sur certains aspects.

  • Speaker #0

    Alors peut-être, oui, tout à l'heure t'as dit que c'était pas ta décision de porter plainte.

  • Speaker #1

    C'était la décision de qui du coup ? Ça a été une décision globale. En fait, moi j'étais déjà à ce moment-là en train de me renseigner sur tout ce qui était féminisme. Et j'avais déjà accompagné des personnes portées plainte pour viol. Et j'avais vu comment elles avaient été accueillies. Et j'avais aucune envie de subir ça moi aussi. Et en fait, j'en ai parlé d'abord à mon copain à l'époque. qui en a parlé à ses parents avec moi. Pareil, c'était pas ma décision, mais bon, je pense que lui, on était à peine majeurs, il savait pas non plus trop comment réagir. À partir de là, directement, son père a dit « Ok, je te ramène chez toi, je parle à ta mère et on va porter plainte, quoi. » Et j'avais pas mon mot à dire, en fait. Son père était assez autoritaire sur ce genre de décision, donc je me suis un peu laissée porter. Et seule avec ma mère, je lui ai dit « Non mais en fait, je peux pas porter plainte. » genre là je suis pas en état et tout et je lui ai dit enfin en plus ça va juste être de la violence ils vont refuser ma plainte et point et elle m'a dit non mais Clara c'est trop grave moi je peux pas te laisser comme ça te dire ok bah va te coucher et voilà quoi et je lui ai dit bon bah très bien tu vas voir et donc on y est allé et en fait ils ont pris ma plainte et en fait on y est allé en fin de journée un dimanche donc on est tombé et il restait plus que la capitaine de brigade je sais pas si on appelle ça comme ça et elle elle m'a pris stress au sérieux Parce que je pense qu'elle a vu aussi l'état dans lequel j'étais qui correspondait à mon avis à son idée de ce que c'est qu'une victime qui est encore en état de choc. Et donc très vite ça s'est enchaîné. Après ça, toute la nuit c'était déposition, urgence, je suis rentrée chez moi je sais pas vers 4h30-5h. Ah ouais d'accord. Ouais, ouais c'était long.

  • Speaker #0

    Et là-bas du coup t'as été prise en charge par quel membre du corps médical ?

  • Speaker #1

    Alors c'était une gynécologue qui s'appelle Céline Degette qui est super. Elle est à l'hôtel Dieu. Je ne sais pas si à toi tu es à l'Hôtel Dieu d'ailleurs. Mais en tout cas à l'Hôtel Dieu, elle est super, elle est très très pro. Et en même temps très humaine. Donc c'était... Enfin tu vois, elle s'est excusée de devoir me faire répéter à nouveau. En fait elle prenait en compte le fait que j'étais une victime. Et finalement le moment où j'étais le plus vulnérable physiquement parlant, c'était le moment où j'étais le plus écoutée. Pareil, l'infirmier était super mignon. Enfin, tout le monde était très gentil. Et je ne sais plus si j'ai vu une psychologue à ce moment-là ou pas. Mais en tout cas, rapidement après, j'en ai vu une dans le service. Qui était super aussi. Ok. Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu l'as vue juste une seule fois ou t'as été suivie ensuite ?

  • Speaker #1

    J'ai été suivie un petit peu. Mais en fait, ils doivent rediriger après parce qu'ils n'ont pas assez de créneaux, quoi. Mais ils m'ont redirigée ensuite. J'ai fini par aller chez la psy du commissariat. Et ça s'est très bien passé, donc je suis restée. et ensuite pendant toute la semaine qui a suivi tous les gens de la soirée ont été entendus par les policiers moi aussi à nouveau où ils m'ont fait un méga coup de pression en mode voilà ton témoignage tient pas on a toutes les preuves que tu mens et en fait c'est fait exprès pour pour que si par hasard je mentais que je retire ma plainte mais en fait déjà c'est du mensonge et puis en plus En plus, faut pas s'étonner après qu'il y a des plantes qui soient retirées, quoi. Ce genre de menace, c'est énorme. Et en fait, moi, j'ai su bien bien après que le policier qui m'avait prise en charge, c'était peut-être une de ses premières affaires. Il était hyper jeune, il avait genre 26 ans. Ah ouais. Et je me suis barrée, je lui ai dit, bon bah je vois que vous tenez à ce que je retire ma plante, donc retirez-la, quoi. Et je lui ai dit un truc, genre je suis partie et je lui ai dit, franchement, vous aurez ma mort sur la confiance, quoi. Et il m'a rattrapée, il a bien fait. Et il m'a rattrapée, il s'est excusée. Et on a fini l'entretien, mais ça a duré super longtemps en plus. C'est ça qui a été hyper éprouvant. Et donc à la fin, il m'a admis qu'en fait, il n'y avait rien contre mon témoignage. Et après ça, le lendemain, je crois, Hugo a été arrêté, mis en garde à vue. Et il y a eu la confrontation directement après. Et directement après la confrontation, il a été déféré au parquet. Donc ça allait vraiment très très très vite. D'accord.

  • Speaker #0

    La confrontation ça s'est passé comment pour toi ?

  • Speaker #1

    Ce qui était hyper rude c'est qu'ils m'ont appelée genre à 10h du matin pour me dire venez à 15h. Donc j'avais pas eu le temps de me préparer. Puis en plus moi j'avais en tête toutes les personnes que j'avais accompagnées qui avaient attendu des années avant d'avoir une confrontation. Donc quelque part je me disais bon bah j'ai déposé ma plainte, ils vont s'en foutre et moi je vais prendre le temps de me reconstruire. Donc c'était pas du tout ça. La confrontation, j'ai pu avoir un avocat à temps, donc ça m'a beaucoup rassurée. de pas être seule dans une pièce avec les flics qui m'avaient malmenée et mon douleur et en fait ça a été vraiment hyper salvateur en l'occurrence parce que il a essayé de mentir en fait et cet idiot il a essayé de mentir que sur des faits sur lesquels on avait des preuves D'accord. Donc que ce soit les témoignages de ses popes, qui disaient genre qu'il avait bu, enfin, il a un peu essayé de minimiser plein de choses, de dire que je mentais. Sauf que on avait les rapports des UMJ, il y avait les témoignages de ses amis, qui en plus, pour la plupart, ne me connaissaient pas, donc n'avaient aucun intérêt à mentir là-dessus. Et donc, il s'est retrouvé assez vite en galère à se rendre compte qu'il était en train de mettre les policiers contre lui, qu'il n'était pas pris au sérieux, et que... Sa meilleure stratégie, c'était plutôt d'essayer de rien dire. Son avocat était super naze, et en plus, il avait une tête de rat. Donc ça ne l'aidait pas.

  • Speaker #0

    J'aime bien l'image du coup.

  • Speaker #1

    Il était vraiment, tu sais, la peau grise. Enfin, on aurait presque dit qu'il avait passé sa vie en garde à vue. Ah ouais. Désolée pour lui. Je sais pas si un mec vient ou pas, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    Non mais c'est toujours rassurant de toute façon d'essayer de trouver tous les défauts et de la laideur en fait.

  • Speaker #1

    Ouais vraiment. Quand je l'ai vu arriver, j'ai eu peur que ce soit mon avocat. Et j'étais ravie que ce soit pas lui. Et à côté de lui, mon avocat était tout mignon, très pro, très clair. Donc ça m'a beaucoup rassurée.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as trouvé toi ton avocat ?

  • Speaker #1

    Eh ben on est passé par, je crois, pari à nos victimes. qui est l'association qui vient en aide aux personnes qui ont porté plainte et qui ont réussi à nous trouver quelqu'un très rapidement. Donc ouais, c'était vraiment chouette. Puis à ses réactions de personnes pro, je voyais aussi s'il était serein ou si pour lui il y avait des choses qui allaient être compliquées à expliquer. Parce que moi j'avais beaucoup de peur, j'avais la peur qu'on me reproche tout ce qu'on m'a reproché par la suite, mais comme on ne l'a pas reproché forcément en me disant voilà, ça peut exclure votre plainte. Bon ça allait. Et suite à ça je suis sortie vraiment en me disant ok en fait là on a gagné une étape quoi. Donc c'était bien. Et puis la façon dont c'était fait c'était très bien pensé quelque part. Il était devant moi mais assez loin quand même. La salle était petite mais donc il nous avait éloigné le plus possible. Lui ne pouvait pas me voir mais moi je pouvais le voir. Donc il n'y avait pas la peur de son regard qui pesait sur moi. Je le voyais un peu, donc je l'ai vu blanchir petit à petit. Ça m'a beaucoup rassurée aussi. Et puis, c'est lui qui commençait par expliquer des choses. Les policiers le coupaient. Ils me disaient à moi, est-ce que vous avez quelque chose à dire ? Et en fait, ils ne pouvaient pas, lui, essayer d'arranger son histoire en fonction de mon témoignage. Moi, ça m'a permis de prouver que mon témoignage ne bougeait pas en fonction de ce qu'il disait. Donc c'était bien. Franchement, c'était bien. C'était une épreuve quand même. Mais au vu du profil de mon agresseur... c'était bien parce que c'est pas un expert de la manipulation je pense que tu vois si j'avais été agressée par un adulte qui faisait ça depuis 20 ans à mon avis il aurait bien plus vite su mentir sur les bonnes choses alors que là en fait visiblement il a pas du tout réfléchi à la suite en agressant quoi donc pas mal bonne expérience la confrontation

  • Speaker #0

    Et du coup, ça c'était quelques semaines après la plainte ?

  • Speaker #1

    C'était trois jours après la plainte. Trois jours après la plainte,

  • Speaker #0

    ah oui d'accord. En termes de temporalité, je n'avais même pas capté que c'était si proche.

  • Speaker #1

    Oui, ça a été très très très rapide. En fait, en gros, moi j'ai porté plainte un dimanche. Donc le viol a eu lieu la nuit du samedi au dimanche. J'ai porté plainte dimanche. Du dimanche au jeudi, toutes les personnes présentes ont été entendues par la police. J'ai appris à cette occasion qu'il y avait une des personnes qui était présente à la soirée. qui avait déjà été agressé par ce mec-là, dans les mêmes circonstances. Donc en plus, quelque part, je me suis dit, ok, donc c'est pas moi non plus qui suis fautive. Et ensuite, il y a eu la confrontation. Et ensuite, le vendredi, il était déféré au parquet. Donc il n'y a même pas eu une semaine avant qu'il soit déféré au parquet. Et ensuite, il y a eu, pour plein de raisons personnelles, en plus j'étais épuisée, et puis le trauma, etc. Le mardi suivant, j'ai fait une tentative de suicide, chez moi. Ma mère m'a emmenée aux urgences. Et je sais qu'après ça, on a été entendus une fois par les policiers qui m'ont demandé les noms de mes ex. La liste. Donc j'ai réussi à ne pas donner tout le monde. Mais bon, c'était un peu compliqué, ils ont demandé à ma mère aussi.

  • Speaker #0

    Ils t'ont expliqué les raisons pour lesquelles ils te posaient cette question ?

  • Speaker #1

    Ouais, ils m'ont dit en gros que ça faisait partie de la procédure. Et en fait, moi j'ai lu l'ordre de mission parce qu'il fait partie des documents qui sont mis. D'accord. L'ordre de mission, ce n'était pas d'interroger mes anciens copains, c'était d'interroger mon entourage. Parce que le but, c'était de faire une sorte de dessin de ma personnalité. Et je me dis, s'il s'appuie sur les anciens compagnons, compagnes des gens, pour faire un résumé de la personnalité des gens, ça montre déjà à quel point c'est biaisé. Donc personne ne m'a demandé. Ma mère qui m'avait accompagnée, elle, elle a été entendue. On m'a demandé si j'avais un père, donc j'ai dit Mais on m'a pas du tout demandé quelles avaient été les autres figures parentales. Ou des personnes qui auraient été présentes plus ou moins tout au long de ma vie. Et il y en aurait eu quoi. Il y aurait vraiment eu des gens à interroger. Et donc tout l'été qui a suivi, ils ont interrogé mes ex. Et ça c'était hyper chaud. Parce que c'était pas forcément les premières personnes avec qui je voulais parler de ce qui s'était passé. Et puis en plus, on savait pas quelles questions ils allaient poser. Donc ils ont été très mimes, la plupart m'ont demandé est-ce qu'il y a des choses que tu veux que je dise, des choses que tu veux que je ne dise pas. Et je leur ai dit bah ce qui te semble pertinent quoi. Et donc c'est allé de quelle était ma position sexuelle favorite à est-ce que je mouillais beaucoup. Qui sont des questions en plus que j'aurais pu trouver éventuellement pertinentes, alors pas pour la position. Mais éventuellement, par rapport à est-ce que la victime mouille beaucoup, si jamais il s'était avéré qu'il n'y avait aucune lésion par exemple. Là, ça aurait pu être pertinent de se dire, est-ce que simplement ça a pu être aussi créé naturellement ? Et que du coup, on sait que ça peut cicatriser très vite, mais là, au vu de toutes les lésions trouvées, ça faisait aucun sens. Et puis du coup, trop bizarre quoi, la plupart à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois, de juste reparler de notre vie sexuelle. Un moment où en plus le sexe, je ne pouvais plus en parler. Et ils ont réinterrogé un de mes ex qui avait été violent avec moi. D'accord. Et ça, j'ai trouvé que c'était une mise en danger hyper grosse. Parce que j'avais été très explicite sur le fait que je ne voulais pas donner son contact. Déjà parce que ça me demandait de le rechercher, que je ne voulais pas me replonger dans nos messages. Qu'en plus, il avait été violent. Et que donc, voilà, moi j'avais peur des représailles. Et la juge a forcé le policier à l'appeler. Le policier avait fini par se calmer un peu. Je pense que ma petite tentative de suicide, une semaine après lui avoir dit que ça allait être de sa faute, ça a dû un peu remettre les idées en place. Et il l'interrogeait. Et j'étais terrifiée à cette idée-là de me dire, en plus, il sait où j'habite, il sait où je bosse et tout. Et puis on a des potes en commun et des contacts professionnels en commun. Et le policier m'a appelée. Il m'avait dit qu'il m'appellerait juste après l'avoir eue. Et il m'a dit... Oh là là, c'est un sacré connard. Et venant de ce mec-là, que je portais déjà pas dans mon cœur, je me suis dit, ok, on est donc sur vraiment un level 150 de connard. Et en fait, bien après, j'ai eu le dossier avec l'interrogatoire. Et c'est vrai que lui, pire que mon violeur, il s'est pas posé trois questions. Donc c'était très clair. Genre, non, j'ai jamais vraiment demandé le consentement. Mais bon, c'est vrai qu'elle me disait souvent qu'elle avait mal. Enfin... Vraiment une sorte d'aveu sur table. Et de sa part à lui, il m'a envoyé un message. J'avais peur qu'il soit très violent dans ce message. Et non. En fait, c'est vraiment un idiot. C'est-à-dire qu'il tombait un peu dénu à me dire « Je suis surpris. Je ne comprends pas. » Et donc là, je lui ai mis fait par fait « Comment ça a pu te passer par la tête de faire ça répétitivement ? » répétitivement à ce qu'on dit ça. Je sais pas,

  • Speaker #0

    ça m'a pas choquée.

  • Speaker #1

    À répétition. De forcer mon consentement, puisque, en fait, clairement, je lui disais que j'en avais pas envie, de se faire passer ensuite pour la victime, et de recommencer le lendemain. Et il m'a dit, oui, c'est vrai que, bah, je me posais pas trop de questions, bon. Je me dis, peut-être que ça fera son chemin de son côté, peut-être pas, mais, en tout cas, j'ai été assez rassurée sur le fait qu'il me menace pas ou quoi. Et après... Assez rapidement, il y a eu la fin de l'enquête où ça passe auprès de la juge. Donc c'est plus dans le commissariat que ça se passe, mais ça passe au tribunal. Et où il y a un ou une juge qui examine le truc et qui en général rencontre la victime et l'accusé. Et donc c'est ce qui s'est passé. Elle a demandé aussi une expertise psychologique et une expertise psychiatrique qui ont été affreuses. Où en fait, pour l'expertise psychologique, je suis tombée sur une femme qui était débordée. Qui n'avait pas lu mon dossier avant de me voir. Et qui a appelé Hugo, votre ami, pendant genre deux heures et demie d'entretien. Et en fait, ce qui est flagrant, c'est que j'ai complètement dissocié pendant cet entretien. Parce qu'elle m'a posé trois fois la même question. Et j'ai répondu trois fois la même chose. En redéveloppant à chaque fois. Donc j'avais vraiment la mémoire immédiate pas du tout en on. Et l'experte psychiatre qui était presque moqueuse. à me dire que j'étais trop jeune pour avoir des idées noires, que bon, bah quand même, enfin voilà, ça faisait quand même quelques mois maintenant, j'allais pas mieux, c'est bizarre. Et qui m'a demandé de lui montrer mes scarifications. Donc ça, c'était vraiment deux événements très très choquants pour moi. Et ensuite, j'ai vu la juge, qui était un peu une conne aussi, mais je m'y attendais, rien de hors dents. Et ensuite, il y a eu la confrontation devant la juge. Donc ça, ça nous amène, je crois, un an plus tard quand même, ça a pris quelque temps. Et là, nouvelle tactique de Hugo, il n'a rien répondu. En fait, là, elle ne nous a pas demandé d'expliquer, elle nous a posé des questions très concrètes. Genre de détails, de trucs comme ça, de choses qui pour elle avaient évolué dans nos témoignages, ou étaient en contradiction l'un avec l'autre. Et il n'a pas répondu. Il a dû répondre à quelques questions. J'aurais adoré avoir l'enregistrement de ça, parce qu'elle lui laisse le temps. Elle dit rien pendant de nombreuses minutes. Et lui non plus. En présence de son avocat, je sais pas, c'est lui qui lui a dit de faire ça. Mais en même temps, son avocat avait l'air de lui dire, de lui signifier qu'il fallait répondre à un truc. C'était des questions simples quand même. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles il a répondu, je me rappelle plus. Mais des questions, franchement je sais plus, mais des trucs assez simples. Où il s'agit pas de temporalité ou de détails. Et où il a rien répondu. Et donc bon, à l'écrit, ça se ressent pas tant, parce que juste, il y a marqué pas de réponse. Mais le silence de 3-4 minutes, c'est marquant, quoi. Et donc après ça, pareil, je me suis dit, ok, on a regagné une petite bataille. Par contre, après ça, il m'a suivi dans le métro. Et ça, ça m'a paralysée, quoi. Où vraiment, dans la queue, il était derrière moi. Enfin, j'étais vraiment prise au piège. Et je pense que ça m'a aussi confirmé qu'il avait fait ça en toute connaissance de cause. Et qu'il ne s'en voulait pas du tout. Et oui, et après, il y a eu la fin d'instruction. Donc ça veut dire qu'en gros, la juge considère qu'elle a ses réponses. Et elle a requis... C'est marrant, sur le papier, elle a marqué un truc comme quoi... Voilà, c'est évident, ça semble évident qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Que l'analyse gynécologique montre que, quoi qu'il en soit, j'ai forcément eu très mal et je n'ai pas pu le retenir. Enfin que même si je voulais le cacher c'était pas possible. Et que ça il aurait pas pu l'ignorer. Donc très clair. Et entre temps on avait appris que j'avais été droguée ce soir là. Parce qu'on avait retrouvé de la morphine dans mes urines. Et donc ça expliquait aussi un peu l'état apathique que j'avais eu toute la soirée même avant. Et ça finissait quand même par pour des raisons d'opportunité je crois. On propose une requalification. Et donc ça faisait... aucun sens, parce qu'il n'y avait aucun doute dans les trois pages de résumé, mais à la fin, pour des raisons d'opportunité. Et j'étais un peu genre, d'opportunité pour qui ? Et ça, c'était au début du premier confinement, j'ai appelé mon avocat, et il m'a dit, qu'est-ce que vous voulez faire ? Je lui ai dit, je refuse. Et il m'a dit, ok, j'appelle la juge.

  • Speaker #0

    Pour rappel, correctionnaliser un viol, c'est quand le ou la juge décide de requalifier le viol en délit, aux yeux de la loi, alors que c'est un crime. Cette procédure implique que le viol ne sera pas... plus juger en cour d'assise, là où on juge les crimes, mais au tribunal correctionnel, là où on juge les délits. Correctionnaliser un viol, c'est ne pas le juger à la hauteur de la gravité des faits. C'est effacer l'acte de pénétration qui est inhérent au viol. C'est sanctionner l'agresseur pour des faits moindres, c'est le sanctionner pour un délit alors qu'il a commis un crime. Le soi-disant intérêt pour la victime, c'est que l'affaire sera jugée plus vite, car il y a moins d'attentes en tribunal correctionnel. Mais l'intérêt réel pour la justice, c'est que les procès en correctionnel coûtent bien moins cher ... Et cela permet de désengorger les cours d'assises. La correctionnalisation, c'est donc ce qui a été proposé à Clara, mais qu'elle a refusé.

  • Speaker #1

    Et en fait là, ça s'est passé au téléphone, donc j'ai pas de marque écrite de la juge, mais elle lui a dit, soit votre cliente accepte, soit c'est un non-lieu. Donc en plus j'ai trouvé ça assez choquant de me dire, il y a de quoi faire un procès en correctionnel, mais elle, elle a le pouvoir de déclarer un non-lieu, alors qu'il y a ces éléments-là. Et j'ai quand même refusé. Parce que mon avocat aussi m'a dit que pour lui c'était du bluff. Et puis de toute façon en fait je me voyais pas du tout accepter ça. Même dans le cas où je gagnais un procès en correctionnel, je pense que j'aurais eu des regrets pendant longtemps. Et du coup ça a fini par marcher. Et ils ont fini par dire ok ce sera aux assises. Mais on a attendu deux ans après cette décision pour avoir un procès. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui le procès pour les assises pour le coup c'est encore plus long finalement.

  • Speaker #1

    Ouais je sais pas combien de temps j'aurais attendu pour le correctionnel mais...

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un peu la carotte pour essayer de faire basculer en correctionnel. Oui, c'est toujours ça. Se dire que ce sera plus rapide.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Et en plus, je sais même pas dans quelle mesure c'est vrai. J'ai un peu l'impression que c'est tellement aléatoire en plus que...

  • Speaker #0

    Le procès aux assises a eu lieu, c'était il y a un an, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'était en avril 2022. Et l'horreur. Vraiment, la catastrophe. Moi, en plus, j'étais très bien entourée. J'avais, je sais pas, une trentaine d'amis qui étaient venus. Qui avaient, certains, posé des jours de congés. qui avait séché les cours enfin J'ai vraiment eu un soutien énorme et je pensais que ça allait être très professionnel et que de ce fait ça allait être très froid. Mais en fait c'était pas ça, c'était plus une sorte d'énorme comédie. tragique. Et on aurait vraiment dit que j'étais face à des stagiaires, quoi. Enfin, ou à des mauvais acteurs. Donc ils avaient l'air perdus. L'avocat général a mis facilement un jour et demi à comprendre qu'on n'avait pas été en couple avant. Ah ouais, d'accord. Il y a eu beaucoup de... Alors je sais pas s'ils se sont mélangés les pédales entre d'autres dossiers ou quoi. Pour moi, un procès aux assises, c'était quelque chose de... Je sais pas, de très sérieux, quoi. Et là, mais le chaos, vraiment. L'avocat de la défense qui a décidé de ne pas parler dans son micro parce que, je sais pas, il était old fashion et que du coup il voulait parler à voix haute mais personne ne l'entendait. Vraiment, je sais pas, une sorte de très mauvaise pièce de théâtre mise en place par des adolescents qui ne voulaient pas faire cette pièce de théâtre. C'était ça. Pendant trois jours.

  • Speaker #0

    Et ouais, parce que c'est ça les procès durs.

  • Speaker #1

    Ouais, aux assises, ça prend du temps parce qu'en fait, on réentend tout le monde. En fait, il n'y a que Deux personnes, il me semble, qui ont le dossier parmi les gens de la cour. Il y a l'avocat général qui représente la société. Et il y a la présidente de la cour qui a lu le dossier. Je ne sais plus si les deux juges qui sont avec elle ont lu le dossier ou pas. Mais en tout cas, il y a quand même six personnes qui sont tirées au sort qui n'ont pas lu le dossier. Donc pour ces personnes-là, il faut que tout soit redit à l'oral. Ils ne pourront pas s'appuyer sur autre chose que ce qu'ils ont entendu. Du coup, tout le monde est passé. Les témoins, donc les personnes présentes à la soirée. Enfin, tout le monde est passé. Toutes les personnes qui avaient été appelées par la cour. Et parmi ces personnes, ils n'ont pas appelé l'autre victime de ce même mec. Ils n'ont pas appelé l'une des... En gros, il y a deux personnes qui étaient présentes pendant la première agression sexuelle que j'avais subie. Ils n'en ont appelé qu'une seule, les deux. Alors que je l'adore, c'est un très très bon ami. Mais c'est peut-être celui qui se rappelait le moins bien de cet événement. Donc en fait je comprends pas pourquoi ils ont pas rappelé l'autre Et puis moi je pouvais pas la forcer à venir Elle commençait son stage Si y avait pas un truc très très concret C'était impossible quoi Et puis je pensais même pas que c'était possible de ramener quelqu'un en disant Bon bah vous allez l'écouter en fait Donc ouais pareil un peu un truc très cafouilleux Y a un témoin qui avait été appelé Qui a décidé de ne pas venir Ou je sais pas qui s'en est foutu Et du coup ils ont dû l'appeler Il habite à Bordeaux Il a dû venir en urgence le lendemain Et je comprends pas que ça avait pas été fait avant Parce que normalement, quand tu reçois ce papier-là, tu dois aller signer pour confirmer que tu seras bien présent. Et donc si ce gars, visiblement, n'a pas signé ce papier, pourquoi ils n'ont pas réagi plus tôt ? En plus, c'est un papier affreux, où il y a marqué... Enfin, affreux. Il y a marqué qu'en gros, si tu ne te pointes pas, ne serait-ce que pour signer, tu risques telle amende, tel nombre d'années de prison, entrave à la justice... En fait, c'est vraiment du blabla. Et l'experte toxicologique ne s'est pas pointée. Parce que... Apparemment, il y en a très peu. Pour tous les cas. Et donc en fait c'est des personnes qui doivent voyager dans toute la France, dans toute l'Europe tout le temps. Et pareil je me dis en fait pourquoi cette personne n'a pas été contactée plus tôt pour lui demander si elle était disponible. Et sinon si elle pouvait, je sais pas, enregistrer une vidéo peu importe. Ou un appel, ça durait 10 minutes éventuellement. Parce que c'est quand même beaucoup plus marquant d'avoir quelqu'un à qui on peut poser des questions. Qu'un pauvre papier qui dit des choses que personne ne comprend. Donc ça a été le cas. On a lu ce papier, mais très vite. Et on avait beaucoup de questions à lui poser à cette femme. Plein de choses, en fait, qui demanderaient... En fait, ça levait le doute sur certaines choses, genre mon comportement avant, pendant la soirée, où j'étais très apathique. Le fait que je me sois rendormie à plusieurs reprises, alors que j'étais en un tas de chocs, ça peut faire sens. Mais bon, ils n'étaient pas en mesure d'entendre tout ce qui n'était pas très moléculaire. Et donc, en fait, les gens ont oublié. Enfin, les questions qu'on m'a posées... C'était, est-ce que vous aviez pris des substances à part l'antidépresseur et le toliprane codéiné ? J'ai dit, mais j'ai pris aucun toliprane codéiné, en fait. Enfin, ils se sont fait leur propre idée. Et j'étais la seule personne en mesure de dire ça. Parce que mon avocat, s'il invoquait cet élément, il pouvait être stoppé pour, genre, en gros, interprétation, quoi. C'était vraiment galère, quoi, de signifier que là, j'avais été droguée, que c'était à mon insu. Et qu'a priori, au vu des éléments suivants, c'était bien probable que ce soit Hugo. Et je l'ai dit et redit devant la cour, mais ça n'a pas du tout pris.

  • Speaker #0

    Et oui, et donc dans tout le côté hyper pas pro, il y a eu invoqué l'attaque du pénis du goût tous les jours. Vraiment, ils étaient assez... Ouais, je sais pas, focalisé sur son pénis, qui n'est pourtant pas si incroyable, mais visiblement ça l'est.

  • Speaker #1

    Cet élément-là, qu'est-ce que ça a amené de plus ou de moins à l'enquête ?

  • Speaker #0

    Ça a amené l'explication aux lésions. Ok. Et ça a amené, attention, c'est très très très très tiré par les cheveux, mais... S'il avait un gros pénis, parce que c'était un peu ça le truc, il avait un gros cerveau et un gros pénis. Et donc son gros pénis le complexait au point qu'il était inexpérimenté sexuellement, puisque complexé, et que donc ça avait amené à ce viol. Très tiré par les cheveux comme explication. Mais ça a marché, c'est ça qui est incroyable. C'est que vraiment, ça a été dit une première fois qu'il avait un énorme pénis, et c'est devenu une sorte de vérité générale. Ça expliquait beaucoup de choses. Son pénis était visiblement responsable de plein de choses qui le déresponsabilisaient lui. Et pareil, alors son gros cerveau, ça a été émis, je pense, deux jours sur trois. Il a un énorme QI, il est très précoce. Et donc ça explique qu'il viole des gens sans s'en rendre compte. Pareil, un peu tiré par les cheveux, mais ça a quand même marché. C'est ça aussi qui est incroyable, c'est que je pense qu'à la limite, j'étais tombée sur une cour qui était très... je sais pas... qui voulait absolument laisser aucun doute. Et juste qui était en mode, oui, mais blablabla. J'aurais peut-être un peu compris. Mais là, ils admettaient des faits complètement subjectifs et pas vérifiés. Mais à côté, moi, mes éléments de genre les lésions, l'examen toxicologique, les témoignages en bon sens, rien. Donc c'était vraiment juste un biais sexiste de base. Et alors que lui, quand il est passé à la barre, pareil, il a baigrié, il est devenu tout blanc. Et pourtant il est blanc de base, donc vraiment c'était tout blanc, tout blanc. Et très marquant quoi, il a commencé par dire qu'il était désolé pour tout le mal qu'il avait fait, qu'il s'en rendait compte maintenant. Je trouve ça mignon, t'en rends compte au dernier moment quand tu restes à la prison, oui. Et en plus, je sais pas, c'était une sorte de mi-aveu. Et en fait j'ai compris pourquoi, je pense que c'est son avocat qui lui a dit. C'est que le viol n'est pas caractérisé par ce qui se passe dans les faits, c'est caractérisé par l'intention de l'agresseur. Donc lui ce qu'il essayait de dire c'est qu'à ce moment là il en avait pas l'intention mais qu'il l'a fait quand même. Et ça a marché. Parce que légalement c'est comme ça que ça se passe. Pour moi c'était un aveu de en fait il y a bien eu un viol à ce moment là. Il l'admet. Mais ça suffit pas. Et il a fini par je me sens coupable. Mais son avocat a bien rattrapé le truc derrière. Et l'avocat général a requis 5 ans avec sursis. 5 ans d'emprisonnement avec sursis. Ce qui est le maximum avec sursis qu'on peut requérir. Et il a bien précisé que c'était pas une façon d'être léger, mais au contraire qu'il pensait que c'était plus marquant pour lui d'avoir quelque chose un peu au-dessus de sa tête, enfin que ça permettrait d'empêcher qu'il recommence, et il a été acquitté. Et vraiment pareil, cette différence de traitement, je trouve que ça montre qu'il y a quelque chose qui est pas clair dans la façon d'envisager les lois et l'application des lois. Parce que comment on peut arriver avec une personne qui représente la justice, qui a des années d'expérience derrière, qui peut recueillir ça, et derrière avoir un acquittement ? C'est pas une différence de deux ans d'emprisonnement. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que là, du coup, la décision a été prise à l'issue des trois jours de procès. Et qui prend la décision exactement ?

  • Speaker #0

    C'est les six personnes du jury populaire, et les trois juges. donc la présidente et les deux juges qui la coupaient tout ça à partir de choses qui ont été dites pendant le procès donc tout le monde était là à prendre des petites notes sauf 2-3 personnes que j'ai vu ne pas prendre de notes et je me disais je sais plus ça a duré plusieurs heures les délibérations donc pareil je me disais mais qu'est-ce qu'ils doivent bien se dire pendant toutes ces heures et en fait j'ai appris après par plusieurs juges que maintenant il y a beaucoup de juges qui refusent les affaires de viol pour ne pas subir ces violences qu'il y a pendant les délibérations ah ouais Mais donc je me dis, en fait, s'il reste que les acharnées du slip...

  • Speaker #1

    On est mal barrés.

  • Speaker #0

    C'est ça. Franchement, je serais bien intéressée de savoir ce qui se dit dans ce genre de moment. Est-ce que chaque personne va s'appuyer sur ses notes en disant... Ou est-ce qu'en fait, c'est vraiment... Bon, maintenant qu'on a eu ces trois jours épuisants à moitié dormir et à entendre des horreurs, qu'est-ce qu'il en sort, quoi ?

  • Speaker #1

    Il y avait des trucs aussi sur lesquels je voulais revenir, dont tu m'avais parlé la première fois. c'est que tu m'avais dit qu'il y avait des éléments comme la première agression que t'avais eu avec lui qui ont été retournés contre toi alors en fait à la fin des délibérations il donne une feuille

  • Speaker #0

    qui explique les motivations. Et c'était hyper intéressant cette feuille parce que c'était de la grosse merde. C'est-à-dire que ça commençait par dire que la cour me croit honnête, quoi. Mais, et alors là, c'est parti. Mais que les examens gynécologiques présentent telle, telle, telle liaison, mais que ce n'est pas caractéristique d'un viol. Ils ont retourné les propos de la gynécologue à qui ils ont demandé est-ce que c'est caractéristique d'un viol ? Elle a répondu non, aucune lésion ne peut être caractéristique d'un viol, puisque en fait ce qui est caractéristique ça va être le consentement ou non. Mais qu'en revanche, ces lésions-là avaient forcément créé de la douleur, et que blabla je pouvais pas le cacher, qu'ils pouvaient pas l'ignorer. Donc ils ont coupé juste le nom, si ce n'est pas caractéristique, pour le garder. Donc déjà ça a enlevé les rapports médicaux, qui sont quand même la raison pour laquelle je suis allée jusqu'aux assises. Et alors là il y a eu une liste. C'est-à-dire que... qu'en gros j'avais déjà été agressée et moi je dis ça mais en fait ce qui est écrit c'est que j'avais déjà subi les assauts amoureux donc vraiment c'était parfait quoi en plus on est sur des termes scientifiques et c'est ça qui est chouette et que donc quelque part en fait je savais à quoi m'attendre que j'étais allée en sous-vêtements dormir avec lui point point point quoi c'est tellement évident pour eux que c'est même pas vraiment expliqué que j'avais déjà su dire non à un autre garçon dans les mêmes circonstances, donc à une soirée du go précédemment, que donc visiblement j'avais pas dit assez cette fois-là sauf qu'il s'avère que cet autre garçon, bah il avait fallu que, enfin, qu'il y ait des gars qui se cherchent de le virer tellement il était insistant donc bof pour le non aurait suffit quoi et quand bien même en fait c'est qu'en fait bah non non vraiment ça suffit pas c'est clair et puis il y avait l'un des points suivants qui disait que la psychiatre estimait que je n'étais pas en capacité de dire non Genre qu'en gros, je voulais tellement faire plaisir au monde entier que je ne savais pas dire non. Donc, rien que dans deux points d'un même papier, ça expliquait que quoi qu'il arrive, j'étais fautive. Il y avait aussi un élément qui disait que le psychiatre qui avait examiné Hugo disait que voilà, visiblement, il s'en voulait. Et que donc, il avait pu mésinterpréter. Alors, mésinterpréter quoi ? J'en sais rien. Parce que, a priori, pour mettre un truc de mon vers, c'est... Pas vraiment de la mésinterprétation. Et qu'il avait pu se tromper de bonne foi. Pareil, encore une fois, des termes très très réglo, quoi. Et très, enfin, je pense que ça existe dans la loi, de se tromper de bonne foi. Et que de mon côté, alors c'était quoi ? Oui, j'avais une personnalité complexe. Non, un trouble de la personnalité complexe. Et une personnalité mosaïque. Ce qui n'existe pas du tout, dans aucun jargon, en fait. On s'est renseignés.

  • Speaker #1

    Parce que j'allais dire, personnalité mosaïque,

  • Speaker #0

    c'est la première fois que je vois ça. Ça fait très artistique, salle de bain, mais à part ça, je vois pas quel est le lien. Et donc, je me suis retrouvée là, avec tous ces trucs, où après, avec mes amis, on a cherché, mais dans tous les pauvres petits articles et des recoins d'internet, on n'a rien trouvé. Ça ne veut rien dire. Ça n'existe pas. Eux, ils en ont fait leur bouillie en disant qu'en gros, j'étais une fille quand même bien compliquée. Donc voilà, c'est pas facile pour un garçon avec un gros zizi, un gros cerveau, de comprendre une fille très compliquée comme moi. Et voilà, c'est vraiment la fin.

  • Speaker #1

    Wow !

  • Speaker #0

    Donc, ouais.

  • Speaker #1

    Tu l'as eu tout de suite, le jour J, ce papier-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. Et ils disent aussi que des amis à lui ont entendu des émissements provenant de la chambre. Alors, tout ce que je t'ai dit là, ça concerne éventuellement des choses qui vont parler du moment précis. Mais en plus, dans les preuves, entre guillemets, de mon consentement, enfin, dans les choses, dans les faits qu'ils font, qu'ils auraient pu croire à mon consentement, il y a même des éléments après le viol. Donc, ils se sont appuyés sur des choses après le viol pour se dire, ah bah donc, elle devait être consentante avant. Mais rien ne parle vraiment de juste avant. Donc, du moment où normalement on a le consentement des gens. Donc après, ils disent des choses fausses. Genre, j'ai attendu d'avoir les examens médicaux pour porter plainte. Alors que c'est grâce à la plainte que j'ai pu avoir les examens médicaux. Que je n'étais pas vraiment sûre d'avoir été violée. Donc ça paraît, je ne sais pas où est-ce qu'ils l'ont entendu ou lu. parce que personne d'autre n'a entendu ça. Et que donc, des garçons avaient entendu des bruits provenant de la chambre. Et ça, c'était un argument qui me faisait vachement peur. Parce qu'en fait, en effet, je me suis dit « Mais s'il avait pris mes cris de douleur pour des cris de pas douleur, quoi. » Malgré le fait qu'il ait quand même explicitement dit qu'il avait eu l'impression que j'avais plusieurs fois émis des cris de douleur. Et la juge avait immédiatement dézingué cet argument en disant « Vous savez que si vous êtes dans la salle d'attente d'un dentiste, et que vous ne savez pas qu'il y a un dentiste à côté, vous prendrez les bruits pour des bruits de films porno Parce qu'en fait, juste notre cerveau va relier les choses comme il peut, quoi. Et que factuellement, bah oui, il y a leurs deux potes qui sont dans une chambre, ils entendent des bruits, étouffés, encore heureux qu'ils ne se soient pas demandé si tout allait bien. Enfin, moi je leur en veux pas pour ne pas s'être demandé. Parce qu'on était jeunes, c'est normal de pas s'imaginer qu'il y a une agression qui est en train de se passer à côté de nous, quoi. Mais par contre, prendre cet argument-là pour s'appuyer sur un consentement, c'est vraiment chaud. Parce que donc pareil, ça a enlevé... lui toutes les fois où il a dit oui je crois qu'elle a eu mal quand même à un moment je lui ai demandé si ça allait mais elle m'a pas répondu donc j'ai continué parce que ça je trouve ça beaucoup plus parlant c'est quand même la personne concernée qui en parle s'appuyer sur des bruits qui ont été entendus dehors et analysés par

  • Speaker #1

    des gens c'est déjà hyper biaisé et du coup une fois que t'as ce papier et que tu vois toutes ces incohérences et ces mensonges finalement tu peux rien faire

  • Speaker #0

    Ah ouais, non, en fait, c'est trop tard. C'est vraiment le moment où j'étais face à un truc où t'as aucun contrôle dessus. Quelque part, ce qui m'a rassurée, c'est que mon avocat m'a dit « plus je lis cette feuille et moins je la comprends » . Même lui, qui a pu être assez arrangeant par rapport à des choses qui ont pu plus me révolter, même lui, il y voyait aucun sens. Donc ça m'a beaucoup rassurée. En fait, après ça, donc, à l'annonce de l'acquittement, j'ai essayé de me suicider dans l'ensemble du tribunal. Et suite à ça, je suis allée... à l'hôpital et la docteure m'a laissé sortir pour que je rejoigne mes amis parce qu'en fait j'avais juste besoin de ça. Et ensuite pendant les quelques jours qui ont suivi j'ai été seulement avec mes potes enfin vraiment on était tout le temps ensemble avec mon copain et mes potes. Et ils ont été trop mignons je pense qu'eux aussi étaient bien traumatisés. Et en fait ils se sont renseignés sur les recours possibles. Parce que c'est là que j'ai appris qu'en tant que partie civile on peut pas faire appel aux assises et donc j'étais un peu là genre ok en fait je ne peux plus rien faire. et c'est une décision qui est complètement injuste un de mes potes qui est hyper calé par rapport aux lois et tout et qui s'est renseigné m'a dit il y a un recours auprès de la cour européenne que tu peux faire il a listé tous les articles que la France n'avait pas respecté donc j'ai vraiment rien eu à faire il m'a vraiment juste envoyé toute la liste en me disant genre voilà donc ça c'est pas ok ça c'est pas ok donc c'était juste hyper clair et après j'ai eu à remplir la requête et voilà en fait ce que t'as fait exactement c'est tu as saisi la cour européenne des droits de l'homme

  • Speaker #1

    en fait c'est pour accuser la France exactement,

  • Speaker #0

    en fait c'est une plante contre la France genre comme tu ferais une plante auprès de la police contre quelqu'un en disant il est dans l'illégalité pour ceci cela là c'est ça, c'est que la France a signé une convention européenne avec plein d'articles dedans et dont des articles alors moi ce qui me concerne ça va être le droit à un procès équitable dans le sens où il y a des témoins qui n'étaient pas là où l'expert toxicologique n'est pas venu le droit normalement en tant que victime de violences sexuelles j'aurais dû être particulièrement protégée chose qui n'a pas été faite, que ce soit par rapport à Hugo, où il y avait mon adresse partout dans tous les documents, par rapport à mon ex qui avait été violent et j'avais été explicite par rapport à ça. Il y a la victimisation secondaire, qui est vraiment un terme qui est utilisé dans la Convention, qui explique qu'on est au courant qu'il y a des biais sexistes dans tous les pays européens, qu'on est loin d'avoir déconstruit ça, et qu'il faut particulièrement faire attention, quand une personne a été victime de violences sexuelles, de ne pas répéter, reproduire ces schémas-là. Donc là, on est à fond dedans. tout ce qui va être par rapport à ma tenue, ma vie sexuelle, tout ce qui est hors sujet et qui est clairement sexiste, rentre en compte. Le fait que le délai, particulièrement pour les violences sexuelles, doit être raisonnable. Donc pareil, même si, par rapport à la France, en fait, mon délai a été particulièrement court, ça reste pas raisonnable. Je vais éternuer.

  • Speaker #1

    Vas-y, éternue autant que tu veux.

  • Speaker #0

    Ça vient pas. Quoi d'autre ? Je sais que j'oublie plein de trucs. Oui, que les motivations... doivent être cohérentes. Donc là, on est en plein dedans aussi. Et alors, ce qui est hyper intéressant, c'est que dans la loi française, on parle de l'intention de l'accusé pour caractériser l'infraction, en plus d'avoir soit violence, menace, surprise ou contrainte. Alors que dans la Convention européenne, les mots, c'est acte sexuel non consensuel. Donc on parle de consentement. Et les États ont l'obligation de punir tout acte non consensuel. Donc ça, c'est pas du tout fait. puisque ça a été admis que c'était non consensuel. Donc c'est un peu genre la loi française contre la loi européenne. Je sais pas comment ils vont résoudre ça, puis c'est pas nouveau. Franchement, c'est leur problème. Mais au moins, c'est très clair que la France est dans l'illégalité là-dessus. Mais bon, la France est dans l'illégalité aussi par rapport à la correctionnalisation. Même si j'en ai pas fait les frais, c'est illégal. Je sais pas trop dans quelle mesure ça va pouvoir bouger. Mais en tout cas, au moins, leurs lois sont claires. Mes revendications, c'était pas de dire il faut amener le consentement dans la loi alors que c'est pas le cas. Là, au moins, c'est déjà le cas. Donc je me suis vraiment appuyée que sur des choses que la France a signées. Et c'est pas mon problème si elle l'a signé et qu'elle le fait pas.

  • Speaker #1

    Trop bien. En plus, là, t'as eu la réponse...

  • Speaker #0

    Et j'ai eu la réponse ! Et donc, ouais, bah, depuis le 17 avril, j'ai mis la France en cause. Donc ça veut dire, en fait, mettre en examen, c'est quand il y a des preuves suffisantes pour engager une enquête. Là, c'est pas le cas, parce que pour l'instant, il y a pas vraiment de preuves à l'appui, il y a que mon témoignage. Et donc, la France va pouvoir s'expliquer à partir de mon témoignage. Elle va bien galérer, parce que franchement... Bon. Là c'est très très clair les questions qui sont posées, c'est avez-vous bien, en vertu de l'article machin machin, fait ceci cela ? Et bon bah non, donc je sais pas si elle va mentir ou pas mais en gros c'est assez clair. Et suite à ça moi je pourrais répondre aussi. Et en fait je pense que ça va être aussi un peu preuve à l'appui. Peut-être que du coup il va falloir fournir les documents qui précisent ceci cela, et où après il y aura procès, je sais pas trop sous quelle forme, et ensuite décision de justice.

  • Speaker #1

    bravo d'être allée jusque là parce que franchement je ne savais même pas avant de te connaître je ne savais même pas que c'était possible de faire ça moi non plus franchement je l'ai su vraiment c'était un peu step after step genre pendant tout le procès j'étais persuadée de pouvoir faire appel s'il y avait quoi que ce soit donc mais on est tellement mal informé en fait je ne savais pas non plus qu'on pouvait pas faire appel c'est un truc de dingue c'est honteux quoi et pareil je pense qu'en fait ça fait partie des trucs où on devrait le savoir

  • Speaker #0

    C'est quand même pas rien. C'est pour ça que souvent les gens qui me disent « mais porter plainte, pas porter plainte, blablabla » et où en fait la réponse c'est un peu… Il y a beaucoup de gens qui vont dire « fais-le pour toi, le fait est qu'on le fait jamais pour soi en fait. Comme on est considéré comme témoin, on le fait vraiment pour les autres. » Et est-ce qu'à ce moment-là, t'as l'énergie de le faire pour d'autres gens ? Ce qui te rendra pas non plus responsable si tu le fais pas. Enfin c'est un peu la culpabilité généralement qui arrive de se dire « oui mais s'il recommence… » Bah je serais fautive dans le sens où j'ai pas signalé le truc. Mais non, autant si tu signales et que la personne est condamnée, c'est grâce à toi qu'il y a des victimes qui ont été épargnées. Autant si tu le fais pas, c'est à cause de lui qu'il y a des gens qui sont violés. Enfin, la responsabilité est pas à double tranchant tout le temps quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as créé un compte Instagram.

  • Speaker #0

    Et oui, j'ai créé un compte Instagram ! Et bah j'ai créé ça genre un an après avoir porté plainte. Et initialement c'était un peu plus pour... pouvoir expliquer à mes proches comment ça s'était passé, ce qui s'était passé. Qu'ils aient aussi la possibilité de lire ça sans avoir à me répondre. Parce que je pense que c'était encore une période où on était jeunes, on en parlait encore assez peu. Avoir la bonne réaction, c'était un peu la peur de tout le monde d'être genre « Ah mais je vais jamais savoir comment réagir » , alors qu'en réalité, juste un petit « Merci pour ta confiance » , n'importe quel petit mot vraiment gentil, ça fait largement le taf. mais donc là ça permettait que je dise écoute si jamais tu as l'envie l'énergie tu peux regarder ce compte c'est important pour moi et ensuite les gens en fonction de leurs possibilités me répondait ou pas et petit à petit enfin je sais pas dans les trois mois qui ont suivi ça a pris vraiment de l'ampleur parce que j'avais été repartagé par deux trois comptes très très suivi moi j'avais je suis pas graphiste ou quoi donc j'ai vraiment opté pour une esthétique hyper simple et en fait je crois que ça a bien plu du coup le fait qu'il n'y ait pas trop de typos de trop d'informations en fait Et puis en plus j'avais beaucoup de choses à écrire parce que j'avais un an de retard par rapport aux événements. Donc quand j'écrivais c'était déjà passé et petit à petit j'ai fini par rattraper la ligne du temps actuel. Donc j'ai moins publié, je pensais publier pendant le procès et en fait c'était impossible quoi, il y avait tellement d'éléments. J'ai aussi essayé de pas mettre des choses trop choquantes dans mon témoignage, je voulais pas qu'il y ait des TW partout, je voulais que ça puisse être lisible. Et en plus, je trouvais ça important qu'il n'y ait pas forcément des détails de ce qui s'est passé, parce que c'est pas dans la question, enfin en matière vraiment de détails de quelle pénétration, quelle violence. Pour moi, c'était pas la question, mais plutôt dans quelles circonstances, qu'est-ce qui s'est dit, qu'est-ce qui s'est pas dit. Et je trouvais ça important du coup qu'il n'y ait peut-être que des choses essentielles au déroulé de l'histoire et pas tous les détails à tout prix. Mais pendant le procès, en fait, comme ça a été un peu l'essence du truc. de parler que de choses hyper violentes. Je me suis dit que ce n'était pas le bon média. Et en fait, je pense que ça m'a vraiment permis de garder la tête hors de l'eau, parce que ça a allégé beaucoup mes proches de ne pas devoir être présents tout le temps. Moi, je recevais du soutien au continu par des inconnus qui pouvaient peut-être m'envoyer un message dans leur vie, et moi, ça m'apportait beaucoup, et ça leur prenait peu. Et aussi, j'ai pu vraiment échanger avec des juristes, avec des personnes dans des assos, des personnes renseignées. Donc c'était un peu aussi une source d'informations. Et une sorte de communauté, quelque part, de soutien, quoi. Beaucoup de gens m'ont dit, j'hésite à faire une page et tout. Moi, j'ai toujours dit, un peu, en gros, tant que tu restes anonyme, d'une manière ou d'une autre, ta page, tu l'effaces quand tu veux. Tu bloques les gens que tu veux. Et, enfin, c'est vraiment... En fait, c'est ton espace, quoi. franchement go et par contre à l'instant où tu sens que ça t'apporte pas du bien t'es libre de faire tout ce que tu veux pour y remédier en tout cas moi c'est un peu comme ça que j'ai les tenues genre j'ai bloqué un nombre de mascus mais inimaginable et même des gens qui ont témoigné sur ma page qui avaient besoin qu'on bloque certaines personnes de leur entourage franchement avec grand plaisir et je me disais c'est bien si on a un petit lieu sur les réseaux sociaux où juste on peut papoter un peu et ouais c'était chouette Enfin, c'est toujours chouette. Oui,

  • Speaker #1

    parce que du coup, ça continue finalement.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément.

  • Speaker #1

    Tu informes, en fait, à chaque fois, à chaque étape.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment rendue compte que ça manquait, en fait, les témoignages. Il y a souvent peut-être des témoignages sur les violences en soi et comment on s'est rendu compte. Genre sur les levées d'amnésie traumatique, éventuellement. Et encore, c'est pas non plus hyper fréquent. Sur les personnes un peu connues, entre guillemets, qui ont pu participer à des MeToo et tout. Mais en fait, sur les détails de ce que c'est que de vivre une procédure, c'est pas encore acquis. J'ai l'impression que c'est quand même un besoin encore qui existe.

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. C'est en ça que du coup, en n'étant pas informée, on débarque un peu comme ça. Quand on arrive à un procès, on sait pas du tout comment ça se passe.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut faire après. Donc ouais, c'est super important ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Merci. Bravo.

  • Speaker #1

    C'est bien parce que du coup tu finis par ta tête positive. Est-ce que tu, parce que moi je suis arrivée à l'issue de toutes mes questions, mais est-ce que t'as des trucs à ajouter, des choses que t'aimerais dire, ou pas ?

  • Speaker #0

    Macron démission.

  • Speaker #1

    Ouais je crois que là on est tous d'accord.

  • Speaker #0

    Ouais je crois qu'on est... En vrai je suis assez optimiste sur la suite, pas forcément sur la mienne, pas forcément par rapport à la Cour européenne, etc. Mais quand même au fil des années là je me suis rendue compte que mine de rien, tout ce qui est fait sur les réseaux sociaux, les podcasts, les films, les séries qui en parlent, même s'il y a pu avoir des choses maladroites, parfois même carrément mal faites, quelque part, ça a vraiment amené le sujet sur la table, au point que moi, j'ai bossé dans plusieurs endroits qui sont des endroits précaires, avec des personnes de cultures très différentes, où les enfants ont aussi sur... je sais pas, grandissent dans des religions différentes, avec des vécus très différents, etc., dans des coins très reculés, où genre il y a 5 personnes dans leur patelin, mais où quelque part cette médiatisation globale, ça leur a permis quand même d'avoir des informations hyper cruciales. Que ce soit par rapport aux violences sexuelles comme à d'autres sujets, tu vois, mais j'ai entendu des propos tenus par des enfants de moins de 10 ans, qui étaient hyper clairs, genre sur le consentement notamment, j'entends de plus en plus Je sais pas, des petits dire non mais c'est pas drôle en fait. Là où moi je sais que j'ai été incapable de dire cette phrase quand j'étais enfant et je l'entendais jamais non plus. Ou alors si je l'entendais, c'était vraiment par la personne qui était réputée pour avoir un caractère déjà bien solide et bien construit et qui était sûre de ses idées. C'était pas tout le monde quoi. Et où là, même je vois mon petit cousin qui a une petite sœur. Quand lui, il avait je sais pas, 6 ans et elle 3 ans un truc comme ça. C'est arrivé, qui dit ça ? Des adultes ? Non, mais elle t'a dit non. Genre juste pour lui caresser les cheveux, tu vois. Mais où en fait, déjà, c'était sérieux. Dans le sens où en fait, mais qu'est-ce que tu fais ? Enfin, c'était quand même très clair, les instructions données. Et je trouve ça chouette de me dire que les biais, ils vont rester encore a priori longtemps. Ça ne met pas non plus 5 ans à partir. Je crois que maintenant, je vais donner plus de mon énergie vers les générations plus jeunes. Ouais, les générations qui commencent à se construire que vers celles... qui ont baigné là-dedans et qui sont bien, la culture du viol, ils partiront avec. Voilà. Allez voir des bébés. C'est rassurant.

  • Speaker #1

    Selon la Cour européenne des droits de l'homme, la France est dans l'illégalité, car la France protège les violeurs et les agresseurs. Mais même après un procès qui finit mal, le combat de Clara démontre que des recours alternatifs sont possibles. Vous pouvez d'ailleurs signer sa pétition pour faire porter sa voix encore plus loin et suivre son compte Instagram. Vous trouverez toutes ces informations dans la description. Merci à Clara pour la précision de son témoignage, son humour et surtout, sa ténacité. Vous venez d'écouter le cinquième épisode du podcast Au bénéfice du doute. Si vous pensez qu'il peut être utile à d'autres personnes, n'hésitez pas à le partager. Le podcast est entièrement autoproduit par Julie Dussert. La musique originale a été composée par Sandra Fabry et l'image a été dessinée par Camélia Blandeau. Au bénéfice du doute. Le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole.

Description

⚠️ Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Ecoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles.

Pour sauter les passages où sont évoquées les tentatives de suicide, sautez de 8:44 à 8:55 et de 41:09 à 41:26.


📢Dans cet épisode, Clara explique avec beaucoup de précisions la façon dont se déroulent les procédures judiciaires en cas de dépôt de plainte pour viol. Clara est allée jusqu'au bout de toutes les procédures possibles.


📌Vous pouvez suivre son compte, @surviv_hante, sur Instagram: https://www.instagram.com/surviv_hante/ et signer sa pétition pour faire entendre sa voix encore plus fort: https://www.change.org/p/recours-pour-clara 


🔥 Ceci est le 5ème épisode du podcast Au Bénéfice du Doute.

Si vous pensez qu’il peut être utile à d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager, vous abonner et mettre 5 étoiles. Cela aide les futures auditeurs et auditrices à y avoir accès facilement.


Ceci est un podcast à but non lucratif, entièrement auto-produit par Julie Dusserre


Musique originale : Sandra Fabbri 


Illustration : Camélia Blandeau 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Au bénéfice du doute, le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole. Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Écoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles, et si vous le souhaitez, n'hésitez pas à lire la description afin de sauter les passages concernés. Engager des procédures judiciaires est un vrai parcours de combattante, et c'est grâce à sa persévérance que Clara est allée jusqu'au bout de tous les recours possibles. Apparemment, Clara, tu as de l'humour.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup d'humour. C'est ce qui me caractérise, oui.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, tu n'es pas là pour nous parler de quelque chose de drôle, malheureusement.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est sur un sujet sérieux.

  • Speaker #0

    Ça se voit. Tu as changé de tête directement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai deux têtes. J'ai une tête sérieuse et une tête drôle. Eh bien, écoute, pour recontextualiser, moi, a priori, j'ai vécu des agressions dès très très très jeune. Je n'en ai pas forcément le souvenir et je pense que ça n'a pas été... Je sais peut-être, j'en sais rien, mais ça n'a pas été aussi traumatique que la dernière en date.

  • Speaker #0

    Pardon, mais quand tu dis très jeune, pour toi, c'est quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense moins de 5 ans. Mais quelque part, je dois avoir un système très très bon de déni. Donc il a fait son taf et c'est ressorti, je sais pas, il y a peut-être 2 ans. Mais ça n'a pas été non plus un bouleversement dans ma vie, dans le sens où quand même, je le savais un peu au fond de moi, ça se confirmait et j'étais bien entourée. En fait, c'est ressorti parce que mon suivi était super et que ça m'a permis de retrouver ces souvenirs-là. Mais le début de ma sexualité a été des agressions sexuelles et des viols. où en même temps je mettais pas ces mots là dessus pendant très longtemps jusqu'à... bah je saurais pas trop dire... je sais pas vers mes... vers mes 12-13 ans j'ai senti qu'il y avait un truc qui vraiment était pas normal j'ai essayé d'en parler aux gens de mon âge mais c'était un peu... on en parlait pas du tout et moi j'en parlais pas de façon grave je pense pour me protéger de leurs réactions éventuellement donc les réactions en face étaient pas non plus très sérieuses Je suis un peu passée au-dessus en me disant, on verra plus tard. Et ça a souvent été jusqu'à mes 15 ans, c'était des agressions qui étaient faites par des garçons desquels je pensais être amoureuse. En plus, quelque part, je recouvrais le tout de mon affection pour ces gens-là. Jusqu'à mes 17-18 ans, où j'étais en relation avec un garçon, où en fait on s'est mis ensemble sur un coup de tête. Enfin non, sur un malentendu, vraiment. Le fameux... En fait, il m'annonce presque qu'on est ensemble. Je me dis, merde, j'ai pas été assez claire. Et au lieu de lui dire, ah, il y a eu malentendu, j'étais genre, ah bah d'accord. Et donc, on a quand même relationné ensemble quelques mois, comme ça, sur cette base-là. Où, je sais pas trop si j'étais sa première copine ou quoi, mais c'était vraiment un peu l'excuse pour dire, oui, mais je me rends pas compte. Et à ce moment-là... On commençait à parler un peu dans les médias de manipulation, de violences conjugales. Et donc j'ai très très vite pu mettre les mots dessus quoi. Et je pense qu'en plus comme j'étais jeune, je vivais pas avec lui, j'ai pu partir vraiment assez vite. Donc quelque part ça m'a un peu sauvée. Je pense que là je me suis rendu compte que c'était vraiment partout. Et après ça il y a eu le viol pour lequel j'ai porté plainte. Où moi j'avais 19 ans à peine. Lui 18, 19, quelque chose comme ça. Et où ça, pour le coup, c'était fait par quelqu'un dont je n'étais pas attirée, je n'avais jamais été attirée, ni physiquement, ni émotionnellement. Enfin voilà, c'était vraiment un pote. Et ça avait été très marqué comme ça parce qu'on s'était rencontrés au collège, qu'il m'avait déjà agressée à cette époque-là. Il avait fait passer ça pour un malentendu, genre j'ai pas compris ce que tu voulais ou pas. Et l'année entière avait été des excuses et des « je regrette tellement » . De sa part, on s'est revus seulement 4-5 ans après. Et donc pour moi, c'était très clair que là, on recommençait éventuellement une amitié sur des bases nouvelles de confiance. Donc ça a eu lieu chez lui, après une soirée qu'il avait organisée. Et j'ai porté plainte le lendemain. Et même si ce n'était pas ma décision de porter plainte, quitte à porter plainte, c'était pas mal que ce soit le lendemain, parce que j'ai pu faire un passage aux urgences médicaux juridiques. Et là, il y a eu énormément de lésions qui ont été constatées, qui a priori, dans les quelques heures suivantes, allaient commencer à disparaître. Et quelque part, je pense que c'est le premier moment où je me suis dit, ok, je ne suis pas folle. Ou, tu sais, comme on minimise souvent nos douleurs. Oui. Bon, bah, oui, j'avais mal et voilà, mais j'avais déjà eu des cystites, j'avais déjà eu plein de choses très douloureuses qui n'étaient pas graves. Donc pour moi, c'était un peu une zone fragile, comme on pourrait se faire mal aux doigts quand on est gosse et se dire « Ah, c'est super mal » , et en fait, c'est pas si grave. Mais là, quelque part, ça légitimait vraiment ce que je ressentais. Après ça, j'ai eu la chance que ça aille très très vite. Tu me coupes si t'as envie que je creuse sur certains aspects.

  • Speaker #0

    Alors peut-être, oui, tout à l'heure t'as dit que c'était pas ta décision de porter plainte.

  • Speaker #1

    C'était la décision de qui du coup ? Ça a été une décision globale. En fait, moi j'étais déjà à ce moment-là en train de me renseigner sur tout ce qui était féminisme. Et j'avais déjà accompagné des personnes portées plainte pour viol. Et j'avais vu comment elles avaient été accueillies. Et j'avais aucune envie de subir ça moi aussi. Et en fait, j'en ai parlé d'abord à mon copain à l'époque. qui en a parlé à ses parents avec moi. Pareil, c'était pas ma décision, mais bon, je pense que lui, on était à peine majeurs, il savait pas non plus trop comment réagir. À partir de là, directement, son père a dit « Ok, je te ramène chez toi, je parle à ta mère et on va porter plainte, quoi. » Et j'avais pas mon mot à dire, en fait. Son père était assez autoritaire sur ce genre de décision, donc je me suis un peu laissée porter. Et seule avec ma mère, je lui ai dit « Non mais en fait, je peux pas porter plainte. » genre là je suis pas en état et tout et je lui ai dit enfin en plus ça va juste être de la violence ils vont refuser ma plainte et point et elle m'a dit non mais Clara c'est trop grave moi je peux pas te laisser comme ça te dire ok bah va te coucher et voilà quoi et je lui ai dit bon bah très bien tu vas voir et donc on y est allé et en fait ils ont pris ma plainte et en fait on y est allé en fin de journée un dimanche donc on est tombé et il restait plus que la capitaine de brigade je sais pas si on appelle ça comme ça et elle elle m'a pris stress au sérieux Parce que je pense qu'elle a vu aussi l'état dans lequel j'étais qui correspondait à mon avis à son idée de ce que c'est qu'une victime qui est encore en état de choc. Et donc très vite ça s'est enchaîné. Après ça, toute la nuit c'était déposition, urgence, je suis rentrée chez moi je sais pas vers 4h30-5h. Ah ouais d'accord. Ouais, ouais c'était long.

  • Speaker #0

    Et là-bas du coup t'as été prise en charge par quel membre du corps médical ?

  • Speaker #1

    Alors c'était une gynécologue qui s'appelle Céline Degette qui est super. Elle est à l'hôtel Dieu. Je ne sais pas si à toi tu es à l'Hôtel Dieu d'ailleurs. Mais en tout cas à l'Hôtel Dieu, elle est super, elle est très très pro. Et en même temps très humaine. Donc c'était... Enfin tu vois, elle s'est excusée de devoir me faire répéter à nouveau. En fait elle prenait en compte le fait que j'étais une victime. Et finalement le moment où j'étais le plus vulnérable physiquement parlant, c'était le moment où j'étais le plus écoutée. Pareil, l'infirmier était super mignon. Enfin, tout le monde était très gentil. Et je ne sais plus si j'ai vu une psychologue à ce moment-là ou pas. Mais en tout cas, rapidement après, j'en ai vu une dans le service. Qui était super aussi. Ok. Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu l'as vue juste une seule fois ou t'as été suivie ensuite ?

  • Speaker #1

    J'ai été suivie un petit peu. Mais en fait, ils doivent rediriger après parce qu'ils n'ont pas assez de créneaux, quoi. Mais ils m'ont redirigée ensuite. J'ai fini par aller chez la psy du commissariat. Et ça s'est très bien passé, donc je suis restée. et ensuite pendant toute la semaine qui a suivi tous les gens de la soirée ont été entendus par les policiers moi aussi à nouveau où ils m'ont fait un méga coup de pression en mode voilà ton témoignage tient pas on a toutes les preuves que tu mens et en fait c'est fait exprès pour pour que si par hasard je mentais que je retire ma plainte mais en fait déjà c'est du mensonge et puis en plus En plus, faut pas s'étonner après qu'il y a des plantes qui soient retirées, quoi. Ce genre de menace, c'est énorme. Et en fait, moi, j'ai su bien bien après que le policier qui m'avait prise en charge, c'était peut-être une de ses premières affaires. Il était hyper jeune, il avait genre 26 ans. Ah ouais. Et je me suis barrée, je lui ai dit, bon bah je vois que vous tenez à ce que je retire ma plante, donc retirez-la, quoi. Et je lui ai dit un truc, genre je suis partie et je lui ai dit, franchement, vous aurez ma mort sur la confiance, quoi. Et il m'a rattrapée, il a bien fait. Et il m'a rattrapée, il s'est excusée. Et on a fini l'entretien, mais ça a duré super longtemps en plus. C'est ça qui a été hyper éprouvant. Et donc à la fin, il m'a admis qu'en fait, il n'y avait rien contre mon témoignage. Et après ça, le lendemain, je crois, Hugo a été arrêté, mis en garde à vue. Et il y a eu la confrontation directement après. Et directement après la confrontation, il a été déféré au parquet. Donc ça allait vraiment très très très vite. D'accord.

  • Speaker #0

    La confrontation ça s'est passé comment pour toi ?

  • Speaker #1

    Ce qui était hyper rude c'est qu'ils m'ont appelée genre à 10h du matin pour me dire venez à 15h. Donc j'avais pas eu le temps de me préparer. Puis en plus moi j'avais en tête toutes les personnes que j'avais accompagnées qui avaient attendu des années avant d'avoir une confrontation. Donc quelque part je me disais bon bah j'ai déposé ma plainte, ils vont s'en foutre et moi je vais prendre le temps de me reconstruire. Donc c'était pas du tout ça. La confrontation, j'ai pu avoir un avocat à temps, donc ça m'a beaucoup rassurée. de pas être seule dans une pièce avec les flics qui m'avaient malmenée et mon douleur et en fait ça a été vraiment hyper salvateur en l'occurrence parce que il a essayé de mentir en fait et cet idiot il a essayé de mentir que sur des faits sur lesquels on avait des preuves D'accord. Donc que ce soit les témoignages de ses popes, qui disaient genre qu'il avait bu, enfin, il a un peu essayé de minimiser plein de choses, de dire que je mentais. Sauf que on avait les rapports des UMJ, il y avait les témoignages de ses amis, qui en plus, pour la plupart, ne me connaissaient pas, donc n'avaient aucun intérêt à mentir là-dessus. Et donc, il s'est retrouvé assez vite en galère à se rendre compte qu'il était en train de mettre les policiers contre lui, qu'il n'était pas pris au sérieux, et que... Sa meilleure stratégie, c'était plutôt d'essayer de rien dire. Son avocat était super naze, et en plus, il avait une tête de rat. Donc ça ne l'aidait pas.

  • Speaker #0

    J'aime bien l'image du coup.

  • Speaker #1

    Il était vraiment, tu sais, la peau grise. Enfin, on aurait presque dit qu'il avait passé sa vie en garde à vue. Ah ouais. Désolée pour lui. Je sais pas si un mec vient ou pas, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    Non mais c'est toujours rassurant de toute façon d'essayer de trouver tous les défauts et de la laideur en fait.

  • Speaker #1

    Ouais vraiment. Quand je l'ai vu arriver, j'ai eu peur que ce soit mon avocat. Et j'étais ravie que ce soit pas lui. Et à côté de lui, mon avocat était tout mignon, très pro, très clair. Donc ça m'a beaucoup rassurée.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as trouvé toi ton avocat ?

  • Speaker #1

    Eh ben on est passé par, je crois, pari à nos victimes. qui est l'association qui vient en aide aux personnes qui ont porté plainte et qui ont réussi à nous trouver quelqu'un très rapidement. Donc ouais, c'était vraiment chouette. Puis à ses réactions de personnes pro, je voyais aussi s'il était serein ou si pour lui il y avait des choses qui allaient être compliquées à expliquer. Parce que moi j'avais beaucoup de peur, j'avais la peur qu'on me reproche tout ce qu'on m'a reproché par la suite, mais comme on ne l'a pas reproché forcément en me disant voilà, ça peut exclure votre plainte. Bon ça allait. Et suite à ça je suis sortie vraiment en me disant ok en fait là on a gagné une étape quoi. Donc c'était bien. Et puis la façon dont c'était fait c'était très bien pensé quelque part. Il était devant moi mais assez loin quand même. La salle était petite mais donc il nous avait éloigné le plus possible. Lui ne pouvait pas me voir mais moi je pouvais le voir. Donc il n'y avait pas la peur de son regard qui pesait sur moi. Je le voyais un peu, donc je l'ai vu blanchir petit à petit. Ça m'a beaucoup rassurée aussi. Et puis, c'est lui qui commençait par expliquer des choses. Les policiers le coupaient. Ils me disaient à moi, est-ce que vous avez quelque chose à dire ? Et en fait, ils ne pouvaient pas, lui, essayer d'arranger son histoire en fonction de mon témoignage. Moi, ça m'a permis de prouver que mon témoignage ne bougeait pas en fonction de ce qu'il disait. Donc c'était bien. Franchement, c'était bien. C'était une épreuve quand même. Mais au vu du profil de mon agresseur... c'était bien parce que c'est pas un expert de la manipulation je pense que tu vois si j'avais été agressée par un adulte qui faisait ça depuis 20 ans à mon avis il aurait bien plus vite su mentir sur les bonnes choses alors que là en fait visiblement il a pas du tout réfléchi à la suite en agressant quoi donc pas mal bonne expérience la confrontation

  • Speaker #0

    Et du coup, ça c'était quelques semaines après la plainte ?

  • Speaker #1

    C'était trois jours après la plainte. Trois jours après la plainte,

  • Speaker #0

    ah oui d'accord. En termes de temporalité, je n'avais même pas capté que c'était si proche.

  • Speaker #1

    Oui, ça a été très très très rapide. En fait, en gros, moi j'ai porté plainte un dimanche. Donc le viol a eu lieu la nuit du samedi au dimanche. J'ai porté plainte dimanche. Du dimanche au jeudi, toutes les personnes présentes ont été entendues par la police. J'ai appris à cette occasion qu'il y avait une des personnes qui était présente à la soirée. qui avait déjà été agressé par ce mec-là, dans les mêmes circonstances. Donc en plus, quelque part, je me suis dit, ok, donc c'est pas moi non plus qui suis fautive. Et ensuite, il y a eu la confrontation. Et ensuite, le vendredi, il était déféré au parquet. Donc il n'y a même pas eu une semaine avant qu'il soit déféré au parquet. Et ensuite, il y a eu, pour plein de raisons personnelles, en plus j'étais épuisée, et puis le trauma, etc. Le mardi suivant, j'ai fait une tentative de suicide, chez moi. Ma mère m'a emmenée aux urgences. Et je sais qu'après ça, on a été entendus une fois par les policiers qui m'ont demandé les noms de mes ex. La liste. Donc j'ai réussi à ne pas donner tout le monde. Mais bon, c'était un peu compliqué, ils ont demandé à ma mère aussi.

  • Speaker #0

    Ils t'ont expliqué les raisons pour lesquelles ils te posaient cette question ?

  • Speaker #1

    Ouais, ils m'ont dit en gros que ça faisait partie de la procédure. Et en fait, moi j'ai lu l'ordre de mission parce qu'il fait partie des documents qui sont mis. D'accord. L'ordre de mission, ce n'était pas d'interroger mes anciens copains, c'était d'interroger mon entourage. Parce que le but, c'était de faire une sorte de dessin de ma personnalité. Et je me dis, s'il s'appuie sur les anciens compagnons, compagnes des gens, pour faire un résumé de la personnalité des gens, ça montre déjà à quel point c'est biaisé. Donc personne ne m'a demandé. Ma mère qui m'avait accompagnée, elle, elle a été entendue. On m'a demandé si j'avais un père, donc j'ai dit Mais on m'a pas du tout demandé quelles avaient été les autres figures parentales. Ou des personnes qui auraient été présentes plus ou moins tout au long de ma vie. Et il y en aurait eu quoi. Il y aurait vraiment eu des gens à interroger. Et donc tout l'été qui a suivi, ils ont interrogé mes ex. Et ça c'était hyper chaud. Parce que c'était pas forcément les premières personnes avec qui je voulais parler de ce qui s'était passé. Et puis en plus, on savait pas quelles questions ils allaient poser. Donc ils ont été très mimes, la plupart m'ont demandé est-ce qu'il y a des choses que tu veux que je dise, des choses que tu veux que je ne dise pas. Et je leur ai dit bah ce qui te semble pertinent quoi. Et donc c'est allé de quelle était ma position sexuelle favorite à est-ce que je mouillais beaucoup. Qui sont des questions en plus que j'aurais pu trouver éventuellement pertinentes, alors pas pour la position. Mais éventuellement, par rapport à est-ce que la victime mouille beaucoup, si jamais il s'était avéré qu'il n'y avait aucune lésion par exemple. Là, ça aurait pu être pertinent de se dire, est-ce que simplement ça a pu être aussi créé naturellement ? Et que du coup, on sait que ça peut cicatriser très vite, mais là, au vu de toutes les lésions trouvées, ça faisait aucun sens. Et puis du coup, trop bizarre quoi, la plupart à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois, de juste reparler de notre vie sexuelle. Un moment où en plus le sexe, je ne pouvais plus en parler. Et ils ont réinterrogé un de mes ex qui avait été violent avec moi. D'accord. Et ça, j'ai trouvé que c'était une mise en danger hyper grosse. Parce que j'avais été très explicite sur le fait que je ne voulais pas donner son contact. Déjà parce que ça me demandait de le rechercher, que je ne voulais pas me replonger dans nos messages. Qu'en plus, il avait été violent. Et que donc, voilà, moi j'avais peur des représailles. Et la juge a forcé le policier à l'appeler. Le policier avait fini par se calmer un peu. Je pense que ma petite tentative de suicide, une semaine après lui avoir dit que ça allait être de sa faute, ça a dû un peu remettre les idées en place. Et il l'interrogeait. Et j'étais terrifiée à cette idée-là de me dire, en plus, il sait où j'habite, il sait où je bosse et tout. Et puis on a des potes en commun et des contacts professionnels en commun. Et le policier m'a appelée. Il m'avait dit qu'il m'appellerait juste après l'avoir eue. Et il m'a dit... Oh là là, c'est un sacré connard. Et venant de ce mec-là, que je portais déjà pas dans mon cœur, je me suis dit, ok, on est donc sur vraiment un level 150 de connard. Et en fait, bien après, j'ai eu le dossier avec l'interrogatoire. Et c'est vrai que lui, pire que mon violeur, il s'est pas posé trois questions. Donc c'était très clair. Genre, non, j'ai jamais vraiment demandé le consentement. Mais bon, c'est vrai qu'elle me disait souvent qu'elle avait mal. Enfin... Vraiment une sorte d'aveu sur table. Et de sa part à lui, il m'a envoyé un message. J'avais peur qu'il soit très violent dans ce message. Et non. En fait, c'est vraiment un idiot. C'est-à-dire qu'il tombait un peu dénu à me dire « Je suis surpris. Je ne comprends pas. » Et donc là, je lui ai mis fait par fait « Comment ça a pu te passer par la tête de faire ça répétitivement ? » répétitivement à ce qu'on dit ça. Je sais pas,

  • Speaker #0

    ça m'a pas choquée.

  • Speaker #1

    À répétition. De forcer mon consentement, puisque, en fait, clairement, je lui disais que j'en avais pas envie, de se faire passer ensuite pour la victime, et de recommencer le lendemain. Et il m'a dit, oui, c'est vrai que, bah, je me posais pas trop de questions, bon. Je me dis, peut-être que ça fera son chemin de son côté, peut-être pas, mais, en tout cas, j'ai été assez rassurée sur le fait qu'il me menace pas ou quoi. Et après... Assez rapidement, il y a eu la fin de l'enquête où ça passe auprès de la juge. Donc c'est plus dans le commissariat que ça se passe, mais ça passe au tribunal. Et où il y a un ou une juge qui examine le truc et qui en général rencontre la victime et l'accusé. Et donc c'est ce qui s'est passé. Elle a demandé aussi une expertise psychologique et une expertise psychiatrique qui ont été affreuses. Où en fait, pour l'expertise psychologique, je suis tombée sur une femme qui était débordée. Qui n'avait pas lu mon dossier avant de me voir. Et qui a appelé Hugo, votre ami, pendant genre deux heures et demie d'entretien. Et en fait, ce qui est flagrant, c'est que j'ai complètement dissocié pendant cet entretien. Parce qu'elle m'a posé trois fois la même question. Et j'ai répondu trois fois la même chose. En redéveloppant à chaque fois. Donc j'avais vraiment la mémoire immédiate pas du tout en on. Et l'experte psychiatre qui était presque moqueuse. à me dire que j'étais trop jeune pour avoir des idées noires, que bon, bah quand même, enfin voilà, ça faisait quand même quelques mois maintenant, j'allais pas mieux, c'est bizarre. Et qui m'a demandé de lui montrer mes scarifications. Donc ça, c'était vraiment deux événements très très choquants pour moi. Et ensuite, j'ai vu la juge, qui était un peu une conne aussi, mais je m'y attendais, rien de hors dents. Et ensuite, il y a eu la confrontation devant la juge. Donc ça, ça nous amène, je crois, un an plus tard quand même, ça a pris quelque temps. Et là, nouvelle tactique de Hugo, il n'a rien répondu. En fait, là, elle ne nous a pas demandé d'expliquer, elle nous a posé des questions très concrètes. Genre de détails, de trucs comme ça, de choses qui pour elle avaient évolué dans nos témoignages, ou étaient en contradiction l'un avec l'autre. Et il n'a pas répondu. Il a dû répondre à quelques questions. J'aurais adoré avoir l'enregistrement de ça, parce qu'elle lui laisse le temps. Elle dit rien pendant de nombreuses minutes. Et lui non plus. En présence de son avocat, je sais pas, c'est lui qui lui a dit de faire ça. Mais en même temps, son avocat avait l'air de lui dire, de lui signifier qu'il fallait répondre à un truc. C'était des questions simples quand même. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles il a répondu, je me rappelle plus. Mais des questions, franchement je sais plus, mais des trucs assez simples. Où il s'agit pas de temporalité ou de détails. Et où il a rien répondu. Et donc bon, à l'écrit, ça se ressent pas tant, parce que juste, il y a marqué pas de réponse. Mais le silence de 3-4 minutes, c'est marquant, quoi. Et donc après ça, pareil, je me suis dit, ok, on a regagné une petite bataille. Par contre, après ça, il m'a suivi dans le métro. Et ça, ça m'a paralysée, quoi. Où vraiment, dans la queue, il était derrière moi. Enfin, j'étais vraiment prise au piège. Et je pense que ça m'a aussi confirmé qu'il avait fait ça en toute connaissance de cause. Et qu'il ne s'en voulait pas du tout. Et oui, et après, il y a eu la fin d'instruction. Donc ça veut dire qu'en gros, la juge considère qu'elle a ses réponses. Et elle a requis... C'est marrant, sur le papier, elle a marqué un truc comme quoi... Voilà, c'est évident, ça semble évident qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Que l'analyse gynécologique montre que, quoi qu'il en soit, j'ai forcément eu très mal et je n'ai pas pu le retenir. Enfin que même si je voulais le cacher c'était pas possible. Et que ça il aurait pas pu l'ignorer. Donc très clair. Et entre temps on avait appris que j'avais été droguée ce soir là. Parce qu'on avait retrouvé de la morphine dans mes urines. Et donc ça expliquait aussi un peu l'état apathique que j'avais eu toute la soirée même avant. Et ça finissait quand même par pour des raisons d'opportunité je crois. On propose une requalification. Et donc ça faisait... aucun sens, parce qu'il n'y avait aucun doute dans les trois pages de résumé, mais à la fin, pour des raisons d'opportunité. Et j'étais un peu genre, d'opportunité pour qui ? Et ça, c'était au début du premier confinement, j'ai appelé mon avocat, et il m'a dit, qu'est-ce que vous voulez faire ? Je lui ai dit, je refuse. Et il m'a dit, ok, j'appelle la juge.

  • Speaker #0

    Pour rappel, correctionnaliser un viol, c'est quand le ou la juge décide de requalifier le viol en délit, aux yeux de la loi, alors que c'est un crime. Cette procédure implique que le viol ne sera pas... plus juger en cour d'assise, là où on juge les crimes, mais au tribunal correctionnel, là où on juge les délits. Correctionnaliser un viol, c'est ne pas le juger à la hauteur de la gravité des faits. C'est effacer l'acte de pénétration qui est inhérent au viol. C'est sanctionner l'agresseur pour des faits moindres, c'est le sanctionner pour un délit alors qu'il a commis un crime. Le soi-disant intérêt pour la victime, c'est que l'affaire sera jugée plus vite, car il y a moins d'attentes en tribunal correctionnel. Mais l'intérêt réel pour la justice, c'est que les procès en correctionnel coûtent bien moins cher ... Et cela permet de désengorger les cours d'assises. La correctionnalisation, c'est donc ce qui a été proposé à Clara, mais qu'elle a refusé.

  • Speaker #1

    Et en fait là, ça s'est passé au téléphone, donc j'ai pas de marque écrite de la juge, mais elle lui a dit, soit votre cliente accepte, soit c'est un non-lieu. Donc en plus j'ai trouvé ça assez choquant de me dire, il y a de quoi faire un procès en correctionnel, mais elle, elle a le pouvoir de déclarer un non-lieu, alors qu'il y a ces éléments-là. Et j'ai quand même refusé. Parce que mon avocat aussi m'a dit que pour lui c'était du bluff. Et puis de toute façon en fait je me voyais pas du tout accepter ça. Même dans le cas où je gagnais un procès en correctionnel, je pense que j'aurais eu des regrets pendant longtemps. Et du coup ça a fini par marcher. Et ils ont fini par dire ok ce sera aux assises. Mais on a attendu deux ans après cette décision pour avoir un procès. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui le procès pour les assises pour le coup c'est encore plus long finalement.

  • Speaker #1

    Ouais je sais pas combien de temps j'aurais attendu pour le correctionnel mais...

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un peu la carotte pour essayer de faire basculer en correctionnel. Oui, c'est toujours ça. Se dire que ce sera plus rapide.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Et en plus, je sais même pas dans quelle mesure c'est vrai. J'ai un peu l'impression que c'est tellement aléatoire en plus que...

  • Speaker #0

    Le procès aux assises a eu lieu, c'était il y a un an, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'était en avril 2022. Et l'horreur. Vraiment, la catastrophe. Moi, en plus, j'étais très bien entourée. J'avais, je sais pas, une trentaine d'amis qui étaient venus. Qui avaient, certains, posé des jours de congés. qui avait séché les cours enfin J'ai vraiment eu un soutien énorme et je pensais que ça allait être très professionnel et que de ce fait ça allait être très froid. Mais en fait c'était pas ça, c'était plus une sorte d'énorme comédie. tragique. Et on aurait vraiment dit que j'étais face à des stagiaires, quoi. Enfin, ou à des mauvais acteurs. Donc ils avaient l'air perdus. L'avocat général a mis facilement un jour et demi à comprendre qu'on n'avait pas été en couple avant. Ah ouais, d'accord. Il y a eu beaucoup de... Alors je sais pas s'ils se sont mélangés les pédales entre d'autres dossiers ou quoi. Pour moi, un procès aux assises, c'était quelque chose de... Je sais pas, de très sérieux, quoi. Et là, mais le chaos, vraiment. L'avocat de la défense qui a décidé de ne pas parler dans son micro parce que, je sais pas, il était old fashion et que du coup il voulait parler à voix haute mais personne ne l'entendait. Vraiment, je sais pas, une sorte de très mauvaise pièce de théâtre mise en place par des adolescents qui ne voulaient pas faire cette pièce de théâtre. C'était ça. Pendant trois jours.

  • Speaker #0

    Et ouais, parce que c'est ça les procès durs.

  • Speaker #1

    Ouais, aux assises, ça prend du temps parce qu'en fait, on réentend tout le monde. En fait, il n'y a que Deux personnes, il me semble, qui ont le dossier parmi les gens de la cour. Il y a l'avocat général qui représente la société. Et il y a la présidente de la cour qui a lu le dossier. Je ne sais plus si les deux juges qui sont avec elle ont lu le dossier ou pas. Mais en tout cas, il y a quand même six personnes qui sont tirées au sort qui n'ont pas lu le dossier. Donc pour ces personnes-là, il faut que tout soit redit à l'oral. Ils ne pourront pas s'appuyer sur autre chose que ce qu'ils ont entendu. Du coup, tout le monde est passé. Les témoins, donc les personnes présentes à la soirée. Enfin, tout le monde est passé. Toutes les personnes qui avaient été appelées par la cour. Et parmi ces personnes, ils n'ont pas appelé l'autre victime de ce même mec. Ils n'ont pas appelé l'une des... En gros, il y a deux personnes qui étaient présentes pendant la première agression sexuelle que j'avais subie. Ils n'en ont appelé qu'une seule, les deux. Alors que je l'adore, c'est un très très bon ami. Mais c'est peut-être celui qui se rappelait le moins bien de cet événement. Donc en fait je comprends pas pourquoi ils ont pas rappelé l'autre Et puis moi je pouvais pas la forcer à venir Elle commençait son stage Si y avait pas un truc très très concret C'était impossible quoi Et puis je pensais même pas que c'était possible de ramener quelqu'un en disant Bon bah vous allez l'écouter en fait Donc ouais pareil un peu un truc très cafouilleux Y a un témoin qui avait été appelé Qui a décidé de ne pas venir Ou je sais pas qui s'en est foutu Et du coup ils ont dû l'appeler Il habite à Bordeaux Il a dû venir en urgence le lendemain Et je comprends pas que ça avait pas été fait avant Parce que normalement, quand tu reçois ce papier-là, tu dois aller signer pour confirmer que tu seras bien présent. Et donc si ce gars, visiblement, n'a pas signé ce papier, pourquoi ils n'ont pas réagi plus tôt ? En plus, c'est un papier affreux, où il y a marqué... Enfin, affreux. Il y a marqué qu'en gros, si tu ne te pointes pas, ne serait-ce que pour signer, tu risques telle amende, tel nombre d'années de prison, entrave à la justice... En fait, c'est vraiment du blabla. Et l'experte toxicologique ne s'est pas pointée. Parce que... Apparemment, il y en a très peu. Pour tous les cas. Et donc en fait c'est des personnes qui doivent voyager dans toute la France, dans toute l'Europe tout le temps. Et pareil je me dis en fait pourquoi cette personne n'a pas été contactée plus tôt pour lui demander si elle était disponible. Et sinon si elle pouvait, je sais pas, enregistrer une vidéo peu importe. Ou un appel, ça durait 10 minutes éventuellement. Parce que c'est quand même beaucoup plus marquant d'avoir quelqu'un à qui on peut poser des questions. Qu'un pauvre papier qui dit des choses que personne ne comprend. Donc ça a été le cas. On a lu ce papier, mais très vite. Et on avait beaucoup de questions à lui poser à cette femme. Plein de choses, en fait, qui demanderaient... En fait, ça levait le doute sur certaines choses, genre mon comportement avant, pendant la soirée, où j'étais très apathique. Le fait que je me sois rendormie à plusieurs reprises, alors que j'étais en un tas de chocs, ça peut faire sens. Mais bon, ils n'étaient pas en mesure d'entendre tout ce qui n'était pas très moléculaire. Et donc, en fait, les gens ont oublié. Enfin, les questions qu'on m'a posées... C'était, est-ce que vous aviez pris des substances à part l'antidépresseur et le toliprane codéiné ? J'ai dit, mais j'ai pris aucun toliprane codéiné, en fait. Enfin, ils se sont fait leur propre idée. Et j'étais la seule personne en mesure de dire ça. Parce que mon avocat, s'il invoquait cet élément, il pouvait être stoppé pour, genre, en gros, interprétation, quoi. C'était vraiment galère, quoi, de signifier que là, j'avais été droguée, que c'était à mon insu. Et qu'a priori, au vu des éléments suivants, c'était bien probable que ce soit Hugo. Et je l'ai dit et redit devant la cour, mais ça n'a pas du tout pris.

  • Speaker #0

    Et oui, et donc dans tout le côté hyper pas pro, il y a eu invoqué l'attaque du pénis du goût tous les jours. Vraiment, ils étaient assez... Ouais, je sais pas, focalisé sur son pénis, qui n'est pourtant pas si incroyable, mais visiblement ça l'est.

  • Speaker #1

    Cet élément-là, qu'est-ce que ça a amené de plus ou de moins à l'enquête ?

  • Speaker #0

    Ça a amené l'explication aux lésions. Ok. Et ça a amené, attention, c'est très très très très tiré par les cheveux, mais... S'il avait un gros pénis, parce que c'était un peu ça le truc, il avait un gros cerveau et un gros pénis. Et donc son gros pénis le complexait au point qu'il était inexpérimenté sexuellement, puisque complexé, et que donc ça avait amené à ce viol. Très tiré par les cheveux comme explication. Mais ça a marché, c'est ça qui est incroyable. C'est que vraiment, ça a été dit une première fois qu'il avait un énorme pénis, et c'est devenu une sorte de vérité générale. Ça expliquait beaucoup de choses. Son pénis était visiblement responsable de plein de choses qui le déresponsabilisaient lui. Et pareil, alors son gros cerveau, ça a été émis, je pense, deux jours sur trois. Il a un énorme QI, il est très précoce. Et donc ça explique qu'il viole des gens sans s'en rendre compte. Pareil, un peu tiré par les cheveux, mais ça a quand même marché. C'est ça aussi qui est incroyable, c'est que je pense qu'à la limite, j'étais tombée sur une cour qui était très... je sais pas... qui voulait absolument laisser aucun doute. Et juste qui était en mode, oui, mais blablabla. J'aurais peut-être un peu compris. Mais là, ils admettaient des faits complètement subjectifs et pas vérifiés. Mais à côté, moi, mes éléments de genre les lésions, l'examen toxicologique, les témoignages en bon sens, rien. Donc c'était vraiment juste un biais sexiste de base. Et alors que lui, quand il est passé à la barre, pareil, il a baigrié, il est devenu tout blanc. Et pourtant il est blanc de base, donc vraiment c'était tout blanc, tout blanc. Et très marquant quoi, il a commencé par dire qu'il était désolé pour tout le mal qu'il avait fait, qu'il s'en rendait compte maintenant. Je trouve ça mignon, t'en rends compte au dernier moment quand tu restes à la prison, oui. Et en plus, je sais pas, c'était une sorte de mi-aveu. Et en fait j'ai compris pourquoi, je pense que c'est son avocat qui lui a dit. C'est que le viol n'est pas caractérisé par ce qui se passe dans les faits, c'est caractérisé par l'intention de l'agresseur. Donc lui ce qu'il essayait de dire c'est qu'à ce moment là il en avait pas l'intention mais qu'il l'a fait quand même. Et ça a marché. Parce que légalement c'est comme ça que ça se passe. Pour moi c'était un aveu de en fait il y a bien eu un viol à ce moment là. Il l'admet. Mais ça suffit pas. Et il a fini par je me sens coupable. Mais son avocat a bien rattrapé le truc derrière. Et l'avocat général a requis 5 ans avec sursis. 5 ans d'emprisonnement avec sursis. Ce qui est le maximum avec sursis qu'on peut requérir. Et il a bien précisé que c'était pas une façon d'être léger, mais au contraire qu'il pensait que c'était plus marquant pour lui d'avoir quelque chose un peu au-dessus de sa tête, enfin que ça permettrait d'empêcher qu'il recommence, et il a été acquitté. Et vraiment pareil, cette différence de traitement, je trouve que ça montre qu'il y a quelque chose qui est pas clair dans la façon d'envisager les lois et l'application des lois. Parce que comment on peut arriver avec une personne qui représente la justice, qui a des années d'expérience derrière, qui peut recueillir ça, et derrière avoir un acquittement ? C'est pas une différence de deux ans d'emprisonnement. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que là, du coup, la décision a été prise à l'issue des trois jours de procès. Et qui prend la décision exactement ?

  • Speaker #0

    C'est les six personnes du jury populaire, et les trois juges. donc la présidente et les deux juges qui la coupaient tout ça à partir de choses qui ont été dites pendant le procès donc tout le monde était là à prendre des petites notes sauf 2-3 personnes que j'ai vu ne pas prendre de notes et je me disais je sais plus ça a duré plusieurs heures les délibérations donc pareil je me disais mais qu'est-ce qu'ils doivent bien se dire pendant toutes ces heures et en fait j'ai appris après par plusieurs juges que maintenant il y a beaucoup de juges qui refusent les affaires de viol pour ne pas subir ces violences qu'il y a pendant les délibérations ah ouais Mais donc je me dis, en fait, s'il reste que les acharnées du slip...

  • Speaker #1

    On est mal barrés.

  • Speaker #0

    C'est ça. Franchement, je serais bien intéressée de savoir ce qui se dit dans ce genre de moment. Est-ce que chaque personne va s'appuyer sur ses notes en disant... Ou est-ce qu'en fait, c'est vraiment... Bon, maintenant qu'on a eu ces trois jours épuisants à moitié dormir et à entendre des horreurs, qu'est-ce qu'il en sort, quoi ?

  • Speaker #1

    Il y avait des trucs aussi sur lesquels je voulais revenir, dont tu m'avais parlé la première fois. c'est que tu m'avais dit qu'il y avait des éléments comme la première agression que t'avais eu avec lui qui ont été retournés contre toi alors en fait à la fin des délibérations il donne une feuille

  • Speaker #0

    qui explique les motivations. Et c'était hyper intéressant cette feuille parce que c'était de la grosse merde. C'est-à-dire que ça commençait par dire que la cour me croit honnête, quoi. Mais, et alors là, c'est parti. Mais que les examens gynécologiques présentent telle, telle, telle liaison, mais que ce n'est pas caractéristique d'un viol. Ils ont retourné les propos de la gynécologue à qui ils ont demandé est-ce que c'est caractéristique d'un viol ? Elle a répondu non, aucune lésion ne peut être caractéristique d'un viol, puisque en fait ce qui est caractéristique ça va être le consentement ou non. Mais qu'en revanche, ces lésions-là avaient forcément créé de la douleur, et que blabla je pouvais pas le cacher, qu'ils pouvaient pas l'ignorer. Donc ils ont coupé juste le nom, si ce n'est pas caractéristique, pour le garder. Donc déjà ça a enlevé les rapports médicaux, qui sont quand même la raison pour laquelle je suis allée jusqu'aux assises. Et alors là il y a eu une liste. C'est-à-dire que... qu'en gros j'avais déjà été agressée et moi je dis ça mais en fait ce qui est écrit c'est que j'avais déjà subi les assauts amoureux donc vraiment c'était parfait quoi en plus on est sur des termes scientifiques et c'est ça qui est chouette et que donc quelque part en fait je savais à quoi m'attendre que j'étais allée en sous-vêtements dormir avec lui point point point quoi c'est tellement évident pour eux que c'est même pas vraiment expliqué que j'avais déjà su dire non à un autre garçon dans les mêmes circonstances, donc à une soirée du go précédemment, que donc visiblement j'avais pas dit assez cette fois-là sauf qu'il s'avère que cet autre garçon, bah il avait fallu que, enfin, qu'il y ait des gars qui se cherchent de le virer tellement il était insistant donc bof pour le non aurait suffit quoi et quand bien même en fait c'est qu'en fait bah non non vraiment ça suffit pas c'est clair et puis il y avait l'un des points suivants qui disait que la psychiatre estimait que je n'étais pas en capacité de dire non Genre qu'en gros, je voulais tellement faire plaisir au monde entier que je ne savais pas dire non. Donc, rien que dans deux points d'un même papier, ça expliquait que quoi qu'il arrive, j'étais fautive. Il y avait aussi un élément qui disait que le psychiatre qui avait examiné Hugo disait que voilà, visiblement, il s'en voulait. Et que donc, il avait pu mésinterpréter. Alors, mésinterpréter quoi ? J'en sais rien. Parce que, a priori, pour mettre un truc de mon vers, c'est... Pas vraiment de la mésinterprétation. Et qu'il avait pu se tromper de bonne foi. Pareil, encore une fois, des termes très très réglo, quoi. Et très, enfin, je pense que ça existe dans la loi, de se tromper de bonne foi. Et que de mon côté, alors c'était quoi ? Oui, j'avais une personnalité complexe. Non, un trouble de la personnalité complexe. Et une personnalité mosaïque. Ce qui n'existe pas du tout, dans aucun jargon, en fait. On s'est renseignés.

  • Speaker #1

    Parce que j'allais dire, personnalité mosaïque,

  • Speaker #0

    c'est la première fois que je vois ça. Ça fait très artistique, salle de bain, mais à part ça, je vois pas quel est le lien. Et donc, je me suis retrouvée là, avec tous ces trucs, où après, avec mes amis, on a cherché, mais dans tous les pauvres petits articles et des recoins d'internet, on n'a rien trouvé. Ça ne veut rien dire. Ça n'existe pas. Eux, ils en ont fait leur bouillie en disant qu'en gros, j'étais une fille quand même bien compliquée. Donc voilà, c'est pas facile pour un garçon avec un gros zizi, un gros cerveau, de comprendre une fille très compliquée comme moi. Et voilà, c'est vraiment la fin.

  • Speaker #1

    Wow !

  • Speaker #0

    Donc, ouais.

  • Speaker #1

    Tu l'as eu tout de suite, le jour J, ce papier-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. Et ils disent aussi que des amis à lui ont entendu des émissements provenant de la chambre. Alors, tout ce que je t'ai dit là, ça concerne éventuellement des choses qui vont parler du moment précis. Mais en plus, dans les preuves, entre guillemets, de mon consentement, enfin, dans les choses, dans les faits qu'ils font, qu'ils auraient pu croire à mon consentement, il y a même des éléments après le viol. Donc, ils se sont appuyés sur des choses après le viol pour se dire, ah bah donc, elle devait être consentante avant. Mais rien ne parle vraiment de juste avant. Donc, du moment où normalement on a le consentement des gens. Donc après, ils disent des choses fausses. Genre, j'ai attendu d'avoir les examens médicaux pour porter plainte. Alors que c'est grâce à la plainte que j'ai pu avoir les examens médicaux. Que je n'étais pas vraiment sûre d'avoir été violée. Donc ça paraît, je ne sais pas où est-ce qu'ils l'ont entendu ou lu. parce que personne d'autre n'a entendu ça. Et que donc, des garçons avaient entendu des bruits provenant de la chambre. Et ça, c'était un argument qui me faisait vachement peur. Parce qu'en fait, en effet, je me suis dit « Mais s'il avait pris mes cris de douleur pour des cris de pas douleur, quoi. » Malgré le fait qu'il ait quand même explicitement dit qu'il avait eu l'impression que j'avais plusieurs fois émis des cris de douleur. Et la juge avait immédiatement dézingué cet argument en disant « Vous savez que si vous êtes dans la salle d'attente d'un dentiste, et que vous ne savez pas qu'il y a un dentiste à côté, vous prendrez les bruits pour des bruits de films porno Parce qu'en fait, juste notre cerveau va relier les choses comme il peut, quoi. Et que factuellement, bah oui, il y a leurs deux potes qui sont dans une chambre, ils entendent des bruits, étouffés, encore heureux qu'ils ne se soient pas demandé si tout allait bien. Enfin, moi je leur en veux pas pour ne pas s'être demandé. Parce qu'on était jeunes, c'est normal de pas s'imaginer qu'il y a une agression qui est en train de se passer à côté de nous, quoi. Mais par contre, prendre cet argument-là pour s'appuyer sur un consentement, c'est vraiment chaud. Parce que donc pareil, ça a enlevé... lui toutes les fois où il a dit oui je crois qu'elle a eu mal quand même à un moment je lui ai demandé si ça allait mais elle m'a pas répondu donc j'ai continué parce que ça je trouve ça beaucoup plus parlant c'est quand même la personne concernée qui en parle s'appuyer sur des bruits qui ont été entendus dehors et analysés par

  • Speaker #1

    des gens c'est déjà hyper biaisé et du coup une fois que t'as ce papier et que tu vois toutes ces incohérences et ces mensonges finalement tu peux rien faire

  • Speaker #0

    Ah ouais, non, en fait, c'est trop tard. C'est vraiment le moment où j'étais face à un truc où t'as aucun contrôle dessus. Quelque part, ce qui m'a rassurée, c'est que mon avocat m'a dit « plus je lis cette feuille et moins je la comprends » . Même lui, qui a pu être assez arrangeant par rapport à des choses qui ont pu plus me révolter, même lui, il y voyait aucun sens. Donc ça m'a beaucoup rassurée. En fait, après ça, donc, à l'annonce de l'acquittement, j'ai essayé de me suicider dans l'ensemble du tribunal. Et suite à ça, je suis allée... à l'hôpital et la docteure m'a laissé sortir pour que je rejoigne mes amis parce qu'en fait j'avais juste besoin de ça. Et ensuite pendant les quelques jours qui ont suivi j'ai été seulement avec mes potes enfin vraiment on était tout le temps ensemble avec mon copain et mes potes. Et ils ont été trop mignons je pense qu'eux aussi étaient bien traumatisés. Et en fait ils se sont renseignés sur les recours possibles. Parce que c'est là que j'ai appris qu'en tant que partie civile on peut pas faire appel aux assises et donc j'étais un peu là genre ok en fait je ne peux plus rien faire. et c'est une décision qui est complètement injuste un de mes potes qui est hyper calé par rapport aux lois et tout et qui s'est renseigné m'a dit il y a un recours auprès de la cour européenne que tu peux faire il a listé tous les articles que la France n'avait pas respecté donc j'ai vraiment rien eu à faire il m'a vraiment juste envoyé toute la liste en me disant genre voilà donc ça c'est pas ok ça c'est pas ok donc c'était juste hyper clair et après j'ai eu à remplir la requête et voilà en fait ce que t'as fait exactement c'est tu as saisi la cour européenne des droits de l'homme

  • Speaker #1

    en fait c'est pour accuser la France exactement,

  • Speaker #0

    en fait c'est une plante contre la France genre comme tu ferais une plante auprès de la police contre quelqu'un en disant il est dans l'illégalité pour ceci cela là c'est ça, c'est que la France a signé une convention européenne avec plein d'articles dedans et dont des articles alors moi ce qui me concerne ça va être le droit à un procès équitable dans le sens où il y a des témoins qui n'étaient pas là où l'expert toxicologique n'est pas venu le droit normalement en tant que victime de violences sexuelles j'aurais dû être particulièrement protégée chose qui n'a pas été faite, que ce soit par rapport à Hugo, où il y avait mon adresse partout dans tous les documents, par rapport à mon ex qui avait été violent et j'avais été explicite par rapport à ça. Il y a la victimisation secondaire, qui est vraiment un terme qui est utilisé dans la Convention, qui explique qu'on est au courant qu'il y a des biais sexistes dans tous les pays européens, qu'on est loin d'avoir déconstruit ça, et qu'il faut particulièrement faire attention, quand une personne a été victime de violences sexuelles, de ne pas répéter, reproduire ces schémas-là. Donc là, on est à fond dedans. tout ce qui va être par rapport à ma tenue, ma vie sexuelle, tout ce qui est hors sujet et qui est clairement sexiste, rentre en compte. Le fait que le délai, particulièrement pour les violences sexuelles, doit être raisonnable. Donc pareil, même si, par rapport à la France, en fait, mon délai a été particulièrement court, ça reste pas raisonnable. Je vais éternuer.

  • Speaker #1

    Vas-y, éternue autant que tu veux.

  • Speaker #0

    Ça vient pas. Quoi d'autre ? Je sais que j'oublie plein de trucs. Oui, que les motivations... doivent être cohérentes. Donc là, on est en plein dedans aussi. Et alors, ce qui est hyper intéressant, c'est que dans la loi française, on parle de l'intention de l'accusé pour caractériser l'infraction, en plus d'avoir soit violence, menace, surprise ou contrainte. Alors que dans la Convention européenne, les mots, c'est acte sexuel non consensuel. Donc on parle de consentement. Et les États ont l'obligation de punir tout acte non consensuel. Donc ça, c'est pas du tout fait. puisque ça a été admis que c'était non consensuel. Donc c'est un peu genre la loi française contre la loi européenne. Je sais pas comment ils vont résoudre ça, puis c'est pas nouveau. Franchement, c'est leur problème. Mais au moins, c'est très clair que la France est dans l'illégalité là-dessus. Mais bon, la France est dans l'illégalité aussi par rapport à la correctionnalisation. Même si j'en ai pas fait les frais, c'est illégal. Je sais pas trop dans quelle mesure ça va pouvoir bouger. Mais en tout cas, au moins, leurs lois sont claires. Mes revendications, c'était pas de dire il faut amener le consentement dans la loi alors que c'est pas le cas. Là, au moins, c'est déjà le cas. Donc je me suis vraiment appuyée que sur des choses que la France a signées. Et c'est pas mon problème si elle l'a signé et qu'elle le fait pas.

  • Speaker #1

    Trop bien. En plus, là, t'as eu la réponse...

  • Speaker #0

    Et j'ai eu la réponse ! Et donc, ouais, bah, depuis le 17 avril, j'ai mis la France en cause. Donc ça veut dire, en fait, mettre en examen, c'est quand il y a des preuves suffisantes pour engager une enquête. Là, c'est pas le cas, parce que pour l'instant, il y a pas vraiment de preuves à l'appui, il y a que mon témoignage. Et donc, la France va pouvoir s'expliquer à partir de mon témoignage. Elle va bien galérer, parce que franchement... Bon. Là c'est très très clair les questions qui sont posées, c'est avez-vous bien, en vertu de l'article machin machin, fait ceci cela ? Et bon bah non, donc je sais pas si elle va mentir ou pas mais en gros c'est assez clair. Et suite à ça moi je pourrais répondre aussi. Et en fait je pense que ça va être aussi un peu preuve à l'appui. Peut-être que du coup il va falloir fournir les documents qui précisent ceci cela, et où après il y aura procès, je sais pas trop sous quelle forme, et ensuite décision de justice.

  • Speaker #1

    bravo d'être allée jusque là parce que franchement je ne savais même pas avant de te connaître je ne savais même pas que c'était possible de faire ça moi non plus franchement je l'ai su vraiment c'était un peu step after step genre pendant tout le procès j'étais persuadée de pouvoir faire appel s'il y avait quoi que ce soit donc mais on est tellement mal informé en fait je ne savais pas non plus qu'on pouvait pas faire appel c'est un truc de dingue c'est honteux quoi et pareil je pense qu'en fait ça fait partie des trucs où on devrait le savoir

  • Speaker #0

    C'est quand même pas rien. C'est pour ça que souvent les gens qui me disent « mais porter plainte, pas porter plainte, blablabla » et où en fait la réponse c'est un peu… Il y a beaucoup de gens qui vont dire « fais-le pour toi, le fait est qu'on le fait jamais pour soi en fait. Comme on est considéré comme témoin, on le fait vraiment pour les autres. » Et est-ce qu'à ce moment-là, t'as l'énergie de le faire pour d'autres gens ? Ce qui te rendra pas non plus responsable si tu le fais pas. Enfin c'est un peu la culpabilité généralement qui arrive de se dire « oui mais s'il recommence… » Bah je serais fautive dans le sens où j'ai pas signalé le truc. Mais non, autant si tu signales et que la personne est condamnée, c'est grâce à toi qu'il y a des victimes qui ont été épargnées. Autant si tu le fais pas, c'est à cause de lui qu'il y a des gens qui sont violés. Enfin, la responsabilité est pas à double tranchant tout le temps quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as créé un compte Instagram.

  • Speaker #0

    Et oui, j'ai créé un compte Instagram ! Et bah j'ai créé ça genre un an après avoir porté plainte. Et initialement c'était un peu plus pour... pouvoir expliquer à mes proches comment ça s'était passé, ce qui s'était passé. Qu'ils aient aussi la possibilité de lire ça sans avoir à me répondre. Parce que je pense que c'était encore une période où on était jeunes, on en parlait encore assez peu. Avoir la bonne réaction, c'était un peu la peur de tout le monde d'être genre « Ah mais je vais jamais savoir comment réagir » , alors qu'en réalité, juste un petit « Merci pour ta confiance » , n'importe quel petit mot vraiment gentil, ça fait largement le taf. mais donc là ça permettait que je dise écoute si jamais tu as l'envie l'énergie tu peux regarder ce compte c'est important pour moi et ensuite les gens en fonction de leurs possibilités me répondait ou pas et petit à petit enfin je sais pas dans les trois mois qui ont suivi ça a pris vraiment de l'ampleur parce que j'avais été repartagé par deux trois comptes très très suivi moi j'avais je suis pas graphiste ou quoi donc j'ai vraiment opté pour une esthétique hyper simple et en fait je crois que ça a bien plu du coup le fait qu'il n'y ait pas trop de typos de trop d'informations en fait Et puis en plus j'avais beaucoup de choses à écrire parce que j'avais un an de retard par rapport aux événements. Donc quand j'écrivais c'était déjà passé et petit à petit j'ai fini par rattraper la ligne du temps actuel. Donc j'ai moins publié, je pensais publier pendant le procès et en fait c'était impossible quoi, il y avait tellement d'éléments. J'ai aussi essayé de pas mettre des choses trop choquantes dans mon témoignage, je voulais pas qu'il y ait des TW partout, je voulais que ça puisse être lisible. Et en plus, je trouvais ça important qu'il n'y ait pas forcément des détails de ce qui s'est passé, parce que c'est pas dans la question, enfin en matière vraiment de détails de quelle pénétration, quelle violence. Pour moi, c'était pas la question, mais plutôt dans quelles circonstances, qu'est-ce qui s'est dit, qu'est-ce qui s'est pas dit. Et je trouvais ça important du coup qu'il n'y ait peut-être que des choses essentielles au déroulé de l'histoire et pas tous les détails à tout prix. Mais pendant le procès, en fait, comme ça a été un peu l'essence du truc. de parler que de choses hyper violentes. Je me suis dit que ce n'était pas le bon média. Et en fait, je pense que ça m'a vraiment permis de garder la tête hors de l'eau, parce que ça a allégé beaucoup mes proches de ne pas devoir être présents tout le temps. Moi, je recevais du soutien au continu par des inconnus qui pouvaient peut-être m'envoyer un message dans leur vie, et moi, ça m'apportait beaucoup, et ça leur prenait peu. Et aussi, j'ai pu vraiment échanger avec des juristes, avec des personnes dans des assos, des personnes renseignées. Donc c'était un peu aussi une source d'informations. Et une sorte de communauté, quelque part, de soutien, quoi. Beaucoup de gens m'ont dit, j'hésite à faire une page et tout. Moi, j'ai toujours dit, un peu, en gros, tant que tu restes anonyme, d'une manière ou d'une autre, ta page, tu l'effaces quand tu veux. Tu bloques les gens que tu veux. Et, enfin, c'est vraiment... En fait, c'est ton espace, quoi. franchement go et par contre à l'instant où tu sens que ça t'apporte pas du bien t'es libre de faire tout ce que tu veux pour y remédier en tout cas moi c'est un peu comme ça que j'ai les tenues genre j'ai bloqué un nombre de mascus mais inimaginable et même des gens qui ont témoigné sur ma page qui avaient besoin qu'on bloque certaines personnes de leur entourage franchement avec grand plaisir et je me disais c'est bien si on a un petit lieu sur les réseaux sociaux où juste on peut papoter un peu et ouais c'était chouette Enfin, c'est toujours chouette. Oui,

  • Speaker #1

    parce que du coup, ça continue finalement.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément.

  • Speaker #1

    Tu informes, en fait, à chaque fois, à chaque étape.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment rendue compte que ça manquait, en fait, les témoignages. Il y a souvent peut-être des témoignages sur les violences en soi et comment on s'est rendu compte. Genre sur les levées d'amnésie traumatique, éventuellement. Et encore, c'est pas non plus hyper fréquent. Sur les personnes un peu connues, entre guillemets, qui ont pu participer à des MeToo et tout. Mais en fait, sur les détails de ce que c'est que de vivre une procédure, c'est pas encore acquis. J'ai l'impression que c'est quand même un besoin encore qui existe.

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. C'est en ça que du coup, en n'étant pas informée, on débarque un peu comme ça. Quand on arrive à un procès, on sait pas du tout comment ça se passe.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut faire après. Donc ouais, c'est super important ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Merci. Bravo.

  • Speaker #1

    C'est bien parce que du coup tu finis par ta tête positive. Est-ce que tu, parce que moi je suis arrivée à l'issue de toutes mes questions, mais est-ce que t'as des trucs à ajouter, des choses que t'aimerais dire, ou pas ?

  • Speaker #0

    Macron démission.

  • Speaker #1

    Ouais je crois que là on est tous d'accord.

  • Speaker #0

    Ouais je crois qu'on est... En vrai je suis assez optimiste sur la suite, pas forcément sur la mienne, pas forcément par rapport à la Cour européenne, etc. Mais quand même au fil des années là je me suis rendue compte que mine de rien, tout ce qui est fait sur les réseaux sociaux, les podcasts, les films, les séries qui en parlent, même s'il y a pu avoir des choses maladroites, parfois même carrément mal faites, quelque part, ça a vraiment amené le sujet sur la table, au point que moi, j'ai bossé dans plusieurs endroits qui sont des endroits précaires, avec des personnes de cultures très différentes, où les enfants ont aussi sur... je sais pas, grandissent dans des religions différentes, avec des vécus très différents, etc., dans des coins très reculés, où genre il y a 5 personnes dans leur patelin, mais où quelque part cette médiatisation globale, ça leur a permis quand même d'avoir des informations hyper cruciales. Que ce soit par rapport aux violences sexuelles comme à d'autres sujets, tu vois, mais j'ai entendu des propos tenus par des enfants de moins de 10 ans, qui étaient hyper clairs, genre sur le consentement notamment, j'entends de plus en plus Je sais pas, des petits dire non mais c'est pas drôle en fait. Là où moi je sais que j'ai été incapable de dire cette phrase quand j'étais enfant et je l'entendais jamais non plus. Ou alors si je l'entendais, c'était vraiment par la personne qui était réputée pour avoir un caractère déjà bien solide et bien construit et qui était sûre de ses idées. C'était pas tout le monde quoi. Et où là, même je vois mon petit cousin qui a une petite sœur. Quand lui, il avait je sais pas, 6 ans et elle 3 ans un truc comme ça. C'est arrivé, qui dit ça ? Des adultes ? Non, mais elle t'a dit non. Genre juste pour lui caresser les cheveux, tu vois. Mais où en fait, déjà, c'était sérieux. Dans le sens où en fait, mais qu'est-ce que tu fais ? Enfin, c'était quand même très clair, les instructions données. Et je trouve ça chouette de me dire que les biais, ils vont rester encore a priori longtemps. Ça ne met pas non plus 5 ans à partir. Je crois que maintenant, je vais donner plus de mon énergie vers les générations plus jeunes. Ouais, les générations qui commencent à se construire que vers celles... qui ont baigné là-dedans et qui sont bien, la culture du viol, ils partiront avec. Voilà. Allez voir des bébés. C'est rassurant.

  • Speaker #1

    Selon la Cour européenne des droits de l'homme, la France est dans l'illégalité, car la France protège les violeurs et les agresseurs. Mais même après un procès qui finit mal, le combat de Clara démontre que des recours alternatifs sont possibles. Vous pouvez d'ailleurs signer sa pétition pour faire porter sa voix encore plus loin et suivre son compte Instagram. Vous trouverez toutes ces informations dans la description. Merci à Clara pour la précision de son témoignage, son humour et surtout, sa ténacité. Vous venez d'écouter le cinquième épisode du podcast Au bénéfice du doute. Si vous pensez qu'il peut être utile à d'autres personnes, n'hésitez pas à le partager. Le podcast est entièrement autoproduit par Julie Dussert. La musique originale a été composée par Sandra Fabry et l'image a été dessinée par Camélia Blandeau. Au bénéfice du doute. Le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole.

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Description

⚠️ Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Ecoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles.

Pour sauter les passages où sont évoquées les tentatives de suicide, sautez de 8:44 à 8:55 et de 41:09 à 41:26.


📢Dans cet épisode, Clara explique avec beaucoup de précisions la façon dont se déroulent les procédures judiciaires en cas de dépôt de plainte pour viol. Clara est allée jusqu'au bout de toutes les procédures possibles.


📌Vous pouvez suivre son compte, @surviv_hante, sur Instagram: https://www.instagram.com/surviv_hante/ et signer sa pétition pour faire entendre sa voix encore plus fort: https://www.change.org/p/recours-pour-clara 


🔥 Ceci est le 5ème épisode du podcast Au Bénéfice du Doute.

Si vous pensez qu’il peut être utile à d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager, vous abonner et mettre 5 étoiles. Cela aide les futures auditeurs et auditrices à y avoir accès facilement.


Ceci est un podcast à but non lucratif, entièrement auto-produit par Julie Dusserre


Musique originale : Sandra Fabbri 


Illustration : Camélia Blandeau 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Au bénéfice du doute, le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole. Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Écoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles, et si vous le souhaitez, n'hésitez pas à lire la description afin de sauter les passages concernés. Engager des procédures judiciaires est un vrai parcours de combattante, et c'est grâce à sa persévérance que Clara est allée jusqu'au bout de tous les recours possibles. Apparemment, Clara, tu as de l'humour.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup d'humour. C'est ce qui me caractérise, oui.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, tu n'es pas là pour nous parler de quelque chose de drôle, malheureusement.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est sur un sujet sérieux.

  • Speaker #0

    Ça se voit. Tu as changé de tête directement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai deux têtes. J'ai une tête sérieuse et une tête drôle. Eh bien, écoute, pour recontextualiser, moi, a priori, j'ai vécu des agressions dès très très très jeune. Je n'en ai pas forcément le souvenir et je pense que ça n'a pas été... Je sais peut-être, j'en sais rien, mais ça n'a pas été aussi traumatique que la dernière en date.

  • Speaker #0

    Pardon, mais quand tu dis très jeune, pour toi, c'est quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense moins de 5 ans. Mais quelque part, je dois avoir un système très très bon de déni. Donc il a fait son taf et c'est ressorti, je sais pas, il y a peut-être 2 ans. Mais ça n'a pas été non plus un bouleversement dans ma vie, dans le sens où quand même, je le savais un peu au fond de moi, ça se confirmait et j'étais bien entourée. En fait, c'est ressorti parce que mon suivi était super et que ça m'a permis de retrouver ces souvenirs-là. Mais le début de ma sexualité a été des agressions sexuelles et des viols. où en même temps je mettais pas ces mots là dessus pendant très longtemps jusqu'à... bah je saurais pas trop dire... je sais pas vers mes... vers mes 12-13 ans j'ai senti qu'il y avait un truc qui vraiment était pas normal j'ai essayé d'en parler aux gens de mon âge mais c'était un peu... on en parlait pas du tout et moi j'en parlais pas de façon grave je pense pour me protéger de leurs réactions éventuellement donc les réactions en face étaient pas non plus très sérieuses Je suis un peu passée au-dessus en me disant, on verra plus tard. Et ça a souvent été jusqu'à mes 15 ans, c'était des agressions qui étaient faites par des garçons desquels je pensais être amoureuse. En plus, quelque part, je recouvrais le tout de mon affection pour ces gens-là. Jusqu'à mes 17-18 ans, où j'étais en relation avec un garçon, où en fait on s'est mis ensemble sur un coup de tête. Enfin non, sur un malentendu, vraiment. Le fameux... En fait, il m'annonce presque qu'on est ensemble. Je me dis, merde, j'ai pas été assez claire. Et au lieu de lui dire, ah, il y a eu malentendu, j'étais genre, ah bah d'accord. Et donc, on a quand même relationné ensemble quelques mois, comme ça, sur cette base-là. Où, je sais pas trop si j'étais sa première copine ou quoi, mais c'était vraiment un peu l'excuse pour dire, oui, mais je me rends pas compte. Et à ce moment-là... On commençait à parler un peu dans les médias de manipulation, de violences conjugales. Et donc j'ai très très vite pu mettre les mots dessus quoi. Et je pense qu'en plus comme j'étais jeune, je vivais pas avec lui, j'ai pu partir vraiment assez vite. Donc quelque part ça m'a un peu sauvée. Je pense que là je me suis rendu compte que c'était vraiment partout. Et après ça il y a eu le viol pour lequel j'ai porté plainte. Où moi j'avais 19 ans à peine. Lui 18, 19, quelque chose comme ça. Et où ça, pour le coup, c'était fait par quelqu'un dont je n'étais pas attirée, je n'avais jamais été attirée, ni physiquement, ni émotionnellement. Enfin voilà, c'était vraiment un pote. Et ça avait été très marqué comme ça parce qu'on s'était rencontrés au collège, qu'il m'avait déjà agressée à cette époque-là. Il avait fait passer ça pour un malentendu, genre j'ai pas compris ce que tu voulais ou pas. Et l'année entière avait été des excuses et des « je regrette tellement » . De sa part, on s'est revus seulement 4-5 ans après. Et donc pour moi, c'était très clair que là, on recommençait éventuellement une amitié sur des bases nouvelles de confiance. Donc ça a eu lieu chez lui, après une soirée qu'il avait organisée. Et j'ai porté plainte le lendemain. Et même si ce n'était pas ma décision de porter plainte, quitte à porter plainte, c'était pas mal que ce soit le lendemain, parce que j'ai pu faire un passage aux urgences médicaux juridiques. Et là, il y a eu énormément de lésions qui ont été constatées, qui a priori, dans les quelques heures suivantes, allaient commencer à disparaître. Et quelque part, je pense que c'est le premier moment où je me suis dit, ok, je ne suis pas folle. Ou, tu sais, comme on minimise souvent nos douleurs. Oui. Bon, bah, oui, j'avais mal et voilà, mais j'avais déjà eu des cystites, j'avais déjà eu plein de choses très douloureuses qui n'étaient pas graves. Donc pour moi, c'était un peu une zone fragile, comme on pourrait se faire mal aux doigts quand on est gosse et se dire « Ah, c'est super mal » , et en fait, c'est pas si grave. Mais là, quelque part, ça légitimait vraiment ce que je ressentais. Après ça, j'ai eu la chance que ça aille très très vite. Tu me coupes si t'as envie que je creuse sur certains aspects.

  • Speaker #0

    Alors peut-être, oui, tout à l'heure t'as dit que c'était pas ta décision de porter plainte.

  • Speaker #1

    C'était la décision de qui du coup ? Ça a été une décision globale. En fait, moi j'étais déjà à ce moment-là en train de me renseigner sur tout ce qui était féminisme. Et j'avais déjà accompagné des personnes portées plainte pour viol. Et j'avais vu comment elles avaient été accueillies. Et j'avais aucune envie de subir ça moi aussi. Et en fait, j'en ai parlé d'abord à mon copain à l'époque. qui en a parlé à ses parents avec moi. Pareil, c'était pas ma décision, mais bon, je pense que lui, on était à peine majeurs, il savait pas non plus trop comment réagir. À partir de là, directement, son père a dit « Ok, je te ramène chez toi, je parle à ta mère et on va porter plainte, quoi. » Et j'avais pas mon mot à dire, en fait. Son père était assez autoritaire sur ce genre de décision, donc je me suis un peu laissée porter. Et seule avec ma mère, je lui ai dit « Non mais en fait, je peux pas porter plainte. » genre là je suis pas en état et tout et je lui ai dit enfin en plus ça va juste être de la violence ils vont refuser ma plainte et point et elle m'a dit non mais Clara c'est trop grave moi je peux pas te laisser comme ça te dire ok bah va te coucher et voilà quoi et je lui ai dit bon bah très bien tu vas voir et donc on y est allé et en fait ils ont pris ma plainte et en fait on y est allé en fin de journée un dimanche donc on est tombé et il restait plus que la capitaine de brigade je sais pas si on appelle ça comme ça et elle elle m'a pris stress au sérieux Parce que je pense qu'elle a vu aussi l'état dans lequel j'étais qui correspondait à mon avis à son idée de ce que c'est qu'une victime qui est encore en état de choc. Et donc très vite ça s'est enchaîné. Après ça, toute la nuit c'était déposition, urgence, je suis rentrée chez moi je sais pas vers 4h30-5h. Ah ouais d'accord. Ouais, ouais c'était long.

  • Speaker #0

    Et là-bas du coup t'as été prise en charge par quel membre du corps médical ?

  • Speaker #1

    Alors c'était une gynécologue qui s'appelle Céline Degette qui est super. Elle est à l'hôtel Dieu. Je ne sais pas si à toi tu es à l'Hôtel Dieu d'ailleurs. Mais en tout cas à l'Hôtel Dieu, elle est super, elle est très très pro. Et en même temps très humaine. Donc c'était... Enfin tu vois, elle s'est excusée de devoir me faire répéter à nouveau. En fait elle prenait en compte le fait que j'étais une victime. Et finalement le moment où j'étais le plus vulnérable physiquement parlant, c'était le moment où j'étais le plus écoutée. Pareil, l'infirmier était super mignon. Enfin, tout le monde était très gentil. Et je ne sais plus si j'ai vu une psychologue à ce moment-là ou pas. Mais en tout cas, rapidement après, j'en ai vu une dans le service. Qui était super aussi. Ok. Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu l'as vue juste une seule fois ou t'as été suivie ensuite ?

  • Speaker #1

    J'ai été suivie un petit peu. Mais en fait, ils doivent rediriger après parce qu'ils n'ont pas assez de créneaux, quoi. Mais ils m'ont redirigée ensuite. J'ai fini par aller chez la psy du commissariat. Et ça s'est très bien passé, donc je suis restée. et ensuite pendant toute la semaine qui a suivi tous les gens de la soirée ont été entendus par les policiers moi aussi à nouveau où ils m'ont fait un méga coup de pression en mode voilà ton témoignage tient pas on a toutes les preuves que tu mens et en fait c'est fait exprès pour pour que si par hasard je mentais que je retire ma plainte mais en fait déjà c'est du mensonge et puis en plus En plus, faut pas s'étonner après qu'il y a des plantes qui soient retirées, quoi. Ce genre de menace, c'est énorme. Et en fait, moi, j'ai su bien bien après que le policier qui m'avait prise en charge, c'était peut-être une de ses premières affaires. Il était hyper jeune, il avait genre 26 ans. Ah ouais. Et je me suis barrée, je lui ai dit, bon bah je vois que vous tenez à ce que je retire ma plante, donc retirez-la, quoi. Et je lui ai dit un truc, genre je suis partie et je lui ai dit, franchement, vous aurez ma mort sur la confiance, quoi. Et il m'a rattrapée, il a bien fait. Et il m'a rattrapée, il s'est excusée. Et on a fini l'entretien, mais ça a duré super longtemps en plus. C'est ça qui a été hyper éprouvant. Et donc à la fin, il m'a admis qu'en fait, il n'y avait rien contre mon témoignage. Et après ça, le lendemain, je crois, Hugo a été arrêté, mis en garde à vue. Et il y a eu la confrontation directement après. Et directement après la confrontation, il a été déféré au parquet. Donc ça allait vraiment très très très vite. D'accord.

  • Speaker #0

    La confrontation ça s'est passé comment pour toi ?

  • Speaker #1

    Ce qui était hyper rude c'est qu'ils m'ont appelée genre à 10h du matin pour me dire venez à 15h. Donc j'avais pas eu le temps de me préparer. Puis en plus moi j'avais en tête toutes les personnes que j'avais accompagnées qui avaient attendu des années avant d'avoir une confrontation. Donc quelque part je me disais bon bah j'ai déposé ma plainte, ils vont s'en foutre et moi je vais prendre le temps de me reconstruire. Donc c'était pas du tout ça. La confrontation, j'ai pu avoir un avocat à temps, donc ça m'a beaucoup rassurée. de pas être seule dans une pièce avec les flics qui m'avaient malmenée et mon douleur et en fait ça a été vraiment hyper salvateur en l'occurrence parce que il a essayé de mentir en fait et cet idiot il a essayé de mentir que sur des faits sur lesquels on avait des preuves D'accord. Donc que ce soit les témoignages de ses popes, qui disaient genre qu'il avait bu, enfin, il a un peu essayé de minimiser plein de choses, de dire que je mentais. Sauf que on avait les rapports des UMJ, il y avait les témoignages de ses amis, qui en plus, pour la plupart, ne me connaissaient pas, donc n'avaient aucun intérêt à mentir là-dessus. Et donc, il s'est retrouvé assez vite en galère à se rendre compte qu'il était en train de mettre les policiers contre lui, qu'il n'était pas pris au sérieux, et que... Sa meilleure stratégie, c'était plutôt d'essayer de rien dire. Son avocat était super naze, et en plus, il avait une tête de rat. Donc ça ne l'aidait pas.

  • Speaker #0

    J'aime bien l'image du coup.

  • Speaker #1

    Il était vraiment, tu sais, la peau grise. Enfin, on aurait presque dit qu'il avait passé sa vie en garde à vue. Ah ouais. Désolée pour lui. Je sais pas si un mec vient ou pas, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    Non mais c'est toujours rassurant de toute façon d'essayer de trouver tous les défauts et de la laideur en fait.

  • Speaker #1

    Ouais vraiment. Quand je l'ai vu arriver, j'ai eu peur que ce soit mon avocat. Et j'étais ravie que ce soit pas lui. Et à côté de lui, mon avocat était tout mignon, très pro, très clair. Donc ça m'a beaucoup rassurée.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as trouvé toi ton avocat ?

  • Speaker #1

    Eh ben on est passé par, je crois, pari à nos victimes. qui est l'association qui vient en aide aux personnes qui ont porté plainte et qui ont réussi à nous trouver quelqu'un très rapidement. Donc ouais, c'était vraiment chouette. Puis à ses réactions de personnes pro, je voyais aussi s'il était serein ou si pour lui il y avait des choses qui allaient être compliquées à expliquer. Parce que moi j'avais beaucoup de peur, j'avais la peur qu'on me reproche tout ce qu'on m'a reproché par la suite, mais comme on ne l'a pas reproché forcément en me disant voilà, ça peut exclure votre plainte. Bon ça allait. Et suite à ça je suis sortie vraiment en me disant ok en fait là on a gagné une étape quoi. Donc c'était bien. Et puis la façon dont c'était fait c'était très bien pensé quelque part. Il était devant moi mais assez loin quand même. La salle était petite mais donc il nous avait éloigné le plus possible. Lui ne pouvait pas me voir mais moi je pouvais le voir. Donc il n'y avait pas la peur de son regard qui pesait sur moi. Je le voyais un peu, donc je l'ai vu blanchir petit à petit. Ça m'a beaucoup rassurée aussi. Et puis, c'est lui qui commençait par expliquer des choses. Les policiers le coupaient. Ils me disaient à moi, est-ce que vous avez quelque chose à dire ? Et en fait, ils ne pouvaient pas, lui, essayer d'arranger son histoire en fonction de mon témoignage. Moi, ça m'a permis de prouver que mon témoignage ne bougeait pas en fonction de ce qu'il disait. Donc c'était bien. Franchement, c'était bien. C'était une épreuve quand même. Mais au vu du profil de mon agresseur... c'était bien parce que c'est pas un expert de la manipulation je pense que tu vois si j'avais été agressée par un adulte qui faisait ça depuis 20 ans à mon avis il aurait bien plus vite su mentir sur les bonnes choses alors que là en fait visiblement il a pas du tout réfléchi à la suite en agressant quoi donc pas mal bonne expérience la confrontation

  • Speaker #0

    Et du coup, ça c'était quelques semaines après la plainte ?

  • Speaker #1

    C'était trois jours après la plainte. Trois jours après la plainte,

  • Speaker #0

    ah oui d'accord. En termes de temporalité, je n'avais même pas capté que c'était si proche.

  • Speaker #1

    Oui, ça a été très très très rapide. En fait, en gros, moi j'ai porté plainte un dimanche. Donc le viol a eu lieu la nuit du samedi au dimanche. J'ai porté plainte dimanche. Du dimanche au jeudi, toutes les personnes présentes ont été entendues par la police. J'ai appris à cette occasion qu'il y avait une des personnes qui était présente à la soirée. qui avait déjà été agressé par ce mec-là, dans les mêmes circonstances. Donc en plus, quelque part, je me suis dit, ok, donc c'est pas moi non plus qui suis fautive. Et ensuite, il y a eu la confrontation. Et ensuite, le vendredi, il était déféré au parquet. Donc il n'y a même pas eu une semaine avant qu'il soit déféré au parquet. Et ensuite, il y a eu, pour plein de raisons personnelles, en plus j'étais épuisée, et puis le trauma, etc. Le mardi suivant, j'ai fait une tentative de suicide, chez moi. Ma mère m'a emmenée aux urgences. Et je sais qu'après ça, on a été entendus une fois par les policiers qui m'ont demandé les noms de mes ex. La liste. Donc j'ai réussi à ne pas donner tout le monde. Mais bon, c'était un peu compliqué, ils ont demandé à ma mère aussi.

  • Speaker #0

    Ils t'ont expliqué les raisons pour lesquelles ils te posaient cette question ?

  • Speaker #1

    Ouais, ils m'ont dit en gros que ça faisait partie de la procédure. Et en fait, moi j'ai lu l'ordre de mission parce qu'il fait partie des documents qui sont mis. D'accord. L'ordre de mission, ce n'était pas d'interroger mes anciens copains, c'était d'interroger mon entourage. Parce que le but, c'était de faire une sorte de dessin de ma personnalité. Et je me dis, s'il s'appuie sur les anciens compagnons, compagnes des gens, pour faire un résumé de la personnalité des gens, ça montre déjà à quel point c'est biaisé. Donc personne ne m'a demandé. Ma mère qui m'avait accompagnée, elle, elle a été entendue. On m'a demandé si j'avais un père, donc j'ai dit Mais on m'a pas du tout demandé quelles avaient été les autres figures parentales. Ou des personnes qui auraient été présentes plus ou moins tout au long de ma vie. Et il y en aurait eu quoi. Il y aurait vraiment eu des gens à interroger. Et donc tout l'été qui a suivi, ils ont interrogé mes ex. Et ça c'était hyper chaud. Parce que c'était pas forcément les premières personnes avec qui je voulais parler de ce qui s'était passé. Et puis en plus, on savait pas quelles questions ils allaient poser. Donc ils ont été très mimes, la plupart m'ont demandé est-ce qu'il y a des choses que tu veux que je dise, des choses que tu veux que je ne dise pas. Et je leur ai dit bah ce qui te semble pertinent quoi. Et donc c'est allé de quelle était ma position sexuelle favorite à est-ce que je mouillais beaucoup. Qui sont des questions en plus que j'aurais pu trouver éventuellement pertinentes, alors pas pour la position. Mais éventuellement, par rapport à est-ce que la victime mouille beaucoup, si jamais il s'était avéré qu'il n'y avait aucune lésion par exemple. Là, ça aurait pu être pertinent de se dire, est-ce que simplement ça a pu être aussi créé naturellement ? Et que du coup, on sait que ça peut cicatriser très vite, mais là, au vu de toutes les lésions trouvées, ça faisait aucun sens. Et puis du coup, trop bizarre quoi, la plupart à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois, de juste reparler de notre vie sexuelle. Un moment où en plus le sexe, je ne pouvais plus en parler. Et ils ont réinterrogé un de mes ex qui avait été violent avec moi. D'accord. Et ça, j'ai trouvé que c'était une mise en danger hyper grosse. Parce que j'avais été très explicite sur le fait que je ne voulais pas donner son contact. Déjà parce que ça me demandait de le rechercher, que je ne voulais pas me replonger dans nos messages. Qu'en plus, il avait été violent. Et que donc, voilà, moi j'avais peur des représailles. Et la juge a forcé le policier à l'appeler. Le policier avait fini par se calmer un peu. Je pense que ma petite tentative de suicide, une semaine après lui avoir dit que ça allait être de sa faute, ça a dû un peu remettre les idées en place. Et il l'interrogeait. Et j'étais terrifiée à cette idée-là de me dire, en plus, il sait où j'habite, il sait où je bosse et tout. Et puis on a des potes en commun et des contacts professionnels en commun. Et le policier m'a appelée. Il m'avait dit qu'il m'appellerait juste après l'avoir eue. Et il m'a dit... Oh là là, c'est un sacré connard. Et venant de ce mec-là, que je portais déjà pas dans mon cœur, je me suis dit, ok, on est donc sur vraiment un level 150 de connard. Et en fait, bien après, j'ai eu le dossier avec l'interrogatoire. Et c'est vrai que lui, pire que mon violeur, il s'est pas posé trois questions. Donc c'était très clair. Genre, non, j'ai jamais vraiment demandé le consentement. Mais bon, c'est vrai qu'elle me disait souvent qu'elle avait mal. Enfin... Vraiment une sorte d'aveu sur table. Et de sa part à lui, il m'a envoyé un message. J'avais peur qu'il soit très violent dans ce message. Et non. En fait, c'est vraiment un idiot. C'est-à-dire qu'il tombait un peu dénu à me dire « Je suis surpris. Je ne comprends pas. » Et donc là, je lui ai mis fait par fait « Comment ça a pu te passer par la tête de faire ça répétitivement ? » répétitivement à ce qu'on dit ça. Je sais pas,

  • Speaker #0

    ça m'a pas choquée.

  • Speaker #1

    À répétition. De forcer mon consentement, puisque, en fait, clairement, je lui disais que j'en avais pas envie, de se faire passer ensuite pour la victime, et de recommencer le lendemain. Et il m'a dit, oui, c'est vrai que, bah, je me posais pas trop de questions, bon. Je me dis, peut-être que ça fera son chemin de son côté, peut-être pas, mais, en tout cas, j'ai été assez rassurée sur le fait qu'il me menace pas ou quoi. Et après... Assez rapidement, il y a eu la fin de l'enquête où ça passe auprès de la juge. Donc c'est plus dans le commissariat que ça se passe, mais ça passe au tribunal. Et où il y a un ou une juge qui examine le truc et qui en général rencontre la victime et l'accusé. Et donc c'est ce qui s'est passé. Elle a demandé aussi une expertise psychologique et une expertise psychiatrique qui ont été affreuses. Où en fait, pour l'expertise psychologique, je suis tombée sur une femme qui était débordée. Qui n'avait pas lu mon dossier avant de me voir. Et qui a appelé Hugo, votre ami, pendant genre deux heures et demie d'entretien. Et en fait, ce qui est flagrant, c'est que j'ai complètement dissocié pendant cet entretien. Parce qu'elle m'a posé trois fois la même question. Et j'ai répondu trois fois la même chose. En redéveloppant à chaque fois. Donc j'avais vraiment la mémoire immédiate pas du tout en on. Et l'experte psychiatre qui était presque moqueuse. à me dire que j'étais trop jeune pour avoir des idées noires, que bon, bah quand même, enfin voilà, ça faisait quand même quelques mois maintenant, j'allais pas mieux, c'est bizarre. Et qui m'a demandé de lui montrer mes scarifications. Donc ça, c'était vraiment deux événements très très choquants pour moi. Et ensuite, j'ai vu la juge, qui était un peu une conne aussi, mais je m'y attendais, rien de hors dents. Et ensuite, il y a eu la confrontation devant la juge. Donc ça, ça nous amène, je crois, un an plus tard quand même, ça a pris quelque temps. Et là, nouvelle tactique de Hugo, il n'a rien répondu. En fait, là, elle ne nous a pas demandé d'expliquer, elle nous a posé des questions très concrètes. Genre de détails, de trucs comme ça, de choses qui pour elle avaient évolué dans nos témoignages, ou étaient en contradiction l'un avec l'autre. Et il n'a pas répondu. Il a dû répondre à quelques questions. J'aurais adoré avoir l'enregistrement de ça, parce qu'elle lui laisse le temps. Elle dit rien pendant de nombreuses minutes. Et lui non plus. En présence de son avocat, je sais pas, c'est lui qui lui a dit de faire ça. Mais en même temps, son avocat avait l'air de lui dire, de lui signifier qu'il fallait répondre à un truc. C'était des questions simples quand même. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles il a répondu, je me rappelle plus. Mais des questions, franchement je sais plus, mais des trucs assez simples. Où il s'agit pas de temporalité ou de détails. Et où il a rien répondu. Et donc bon, à l'écrit, ça se ressent pas tant, parce que juste, il y a marqué pas de réponse. Mais le silence de 3-4 minutes, c'est marquant, quoi. Et donc après ça, pareil, je me suis dit, ok, on a regagné une petite bataille. Par contre, après ça, il m'a suivi dans le métro. Et ça, ça m'a paralysée, quoi. Où vraiment, dans la queue, il était derrière moi. Enfin, j'étais vraiment prise au piège. Et je pense que ça m'a aussi confirmé qu'il avait fait ça en toute connaissance de cause. Et qu'il ne s'en voulait pas du tout. Et oui, et après, il y a eu la fin d'instruction. Donc ça veut dire qu'en gros, la juge considère qu'elle a ses réponses. Et elle a requis... C'est marrant, sur le papier, elle a marqué un truc comme quoi... Voilà, c'est évident, ça semble évident qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Que l'analyse gynécologique montre que, quoi qu'il en soit, j'ai forcément eu très mal et je n'ai pas pu le retenir. Enfin que même si je voulais le cacher c'était pas possible. Et que ça il aurait pas pu l'ignorer. Donc très clair. Et entre temps on avait appris que j'avais été droguée ce soir là. Parce qu'on avait retrouvé de la morphine dans mes urines. Et donc ça expliquait aussi un peu l'état apathique que j'avais eu toute la soirée même avant. Et ça finissait quand même par pour des raisons d'opportunité je crois. On propose une requalification. Et donc ça faisait... aucun sens, parce qu'il n'y avait aucun doute dans les trois pages de résumé, mais à la fin, pour des raisons d'opportunité. Et j'étais un peu genre, d'opportunité pour qui ? Et ça, c'était au début du premier confinement, j'ai appelé mon avocat, et il m'a dit, qu'est-ce que vous voulez faire ? Je lui ai dit, je refuse. Et il m'a dit, ok, j'appelle la juge.

  • Speaker #0

    Pour rappel, correctionnaliser un viol, c'est quand le ou la juge décide de requalifier le viol en délit, aux yeux de la loi, alors que c'est un crime. Cette procédure implique que le viol ne sera pas... plus juger en cour d'assise, là où on juge les crimes, mais au tribunal correctionnel, là où on juge les délits. Correctionnaliser un viol, c'est ne pas le juger à la hauteur de la gravité des faits. C'est effacer l'acte de pénétration qui est inhérent au viol. C'est sanctionner l'agresseur pour des faits moindres, c'est le sanctionner pour un délit alors qu'il a commis un crime. Le soi-disant intérêt pour la victime, c'est que l'affaire sera jugée plus vite, car il y a moins d'attentes en tribunal correctionnel. Mais l'intérêt réel pour la justice, c'est que les procès en correctionnel coûtent bien moins cher ... Et cela permet de désengorger les cours d'assises. La correctionnalisation, c'est donc ce qui a été proposé à Clara, mais qu'elle a refusé.

  • Speaker #1

    Et en fait là, ça s'est passé au téléphone, donc j'ai pas de marque écrite de la juge, mais elle lui a dit, soit votre cliente accepte, soit c'est un non-lieu. Donc en plus j'ai trouvé ça assez choquant de me dire, il y a de quoi faire un procès en correctionnel, mais elle, elle a le pouvoir de déclarer un non-lieu, alors qu'il y a ces éléments-là. Et j'ai quand même refusé. Parce que mon avocat aussi m'a dit que pour lui c'était du bluff. Et puis de toute façon en fait je me voyais pas du tout accepter ça. Même dans le cas où je gagnais un procès en correctionnel, je pense que j'aurais eu des regrets pendant longtemps. Et du coup ça a fini par marcher. Et ils ont fini par dire ok ce sera aux assises. Mais on a attendu deux ans après cette décision pour avoir un procès. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui le procès pour les assises pour le coup c'est encore plus long finalement.

  • Speaker #1

    Ouais je sais pas combien de temps j'aurais attendu pour le correctionnel mais...

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un peu la carotte pour essayer de faire basculer en correctionnel. Oui, c'est toujours ça. Se dire que ce sera plus rapide.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Et en plus, je sais même pas dans quelle mesure c'est vrai. J'ai un peu l'impression que c'est tellement aléatoire en plus que...

  • Speaker #0

    Le procès aux assises a eu lieu, c'était il y a un an, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'était en avril 2022. Et l'horreur. Vraiment, la catastrophe. Moi, en plus, j'étais très bien entourée. J'avais, je sais pas, une trentaine d'amis qui étaient venus. Qui avaient, certains, posé des jours de congés. qui avait séché les cours enfin J'ai vraiment eu un soutien énorme et je pensais que ça allait être très professionnel et que de ce fait ça allait être très froid. Mais en fait c'était pas ça, c'était plus une sorte d'énorme comédie. tragique. Et on aurait vraiment dit que j'étais face à des stagiaires, quoi. Enfin, ou à des mauvais acteurs. Donc ils avaient l'air perdus. L'avocat général a mis facilement un jour et demi à comprendre qu'on n'avait pas été en couple avant. Ah ouais, d'accord. Il y a eu beaucoup de... Alors je sais pas s'ils se sont mélangés les pédales entre d'autres dossiers ou quoi. Pour moi, un procès aux assises, c'était quelque chose de... Je sais pas, de très sérieux, quoi. Et là, mais le chaos, vraiment. L'avocat de la défense qui a décidé de ne pas parler dans son micro parce que, je sais pas, il était old fashion et que du coup il voulait parler à voix haute mais personne ne l'entendait. Vraiment, je sais pas, une sorte de très mauvaise pièce de théâtre mise en place par des adolescents qui ne voulaient pas faire cette pièce de théâtre. C'était ça. Pendant trois jours.

  • Speaker #0

    Et ouais, parce que c'est ça les procès durs.

  • Speaker #1

    Ouais, aux assises, ça prend du temps parce qu'en fait, on réentend tout le monde. En fait, il n'y a que Deux personnes, il me semble, qui ont le dossier parmi les gens de la cour. Il y a l'avocat général qui représente la société. Et il y a la présidente de la cour qui a lu le dossier. Je ne sais plus si les deux juges qui sont avec elle ont lu le dossier ou pas. Mais en tout cas, il y a quand même six personnes qui sont tirées au sort qui n'ont pas lu le dossier. Donc pour ces personnes-là, il faut que tout soit redit à l'oral. Ils ne pourront pas s'appuyer sur autre chose que ce qu'ils ont entendu. Du coup, tout le monde est passé. Les témoins, donc les personnes présentes à la soirée. Enfin, tout le monde est passé. Toutes les personnes qui avaient été appelées par la cour. Et parmi ces personnes, ils n'ont pas appelé l'autre victime de ce même mec. Ils n'ont pas appelé l'une des... En gros, il y a deux personnes qui étaient présentes pendant la première agression sexuelle que j'avais subie. Ils n'en ont appelé qu'une seule, les deux. Alors que je l'adore, c'est un très très bon ami. Mais c'est peut-être celui qui se rappelait le moins bien de cet événement. Donc en fait je comprends pas pourquoi ils ont pas rappelé l'autre Et puis moi je pouvais pas la forcer à venir Elle commençait son stage Si y avait pas un truc très très concret C'était impossible quoi Et puis je pensais même pas que c'était possible de ramener quelqu'un en disant Bon bah vous allez l'écouter en fait Donc ouais pareil un peu un truc très cafouilleux Y a un témoin qui avait été appelé Qui a décidé de ne pas venir Ou je sais pas qui s'en est foutu Et du coup ils ont dû l'appeler Il habite à Bordeaux Il a dû venir en urgence le lendemain Et je comprends pas que ça avait pas été fait avant Parce que normalement, quand tu reçois ce papier-là, tu dois aller signer pour confirmer que tu seras bien présent. Et donc si ce gars, visiblement, n'a pas signé ce papier, pourquoi ils n'ont pas réagi plus tôt ? En plus, c'est un papier affreux, où il y a marqué... Enfin, affreux. Il y a marqué qu'en gros, si tu ne te pointes pas, ne serait-ce que pour signer, tu risques telle amende, tel nombre d'années de prison, entrave à la justice... En fait, c'est vraiment du blabla. Et l'experte toxicologique ne s'est pas pointée. Parce que... Apparemment, il y en a très peu. Pour tous les cas. Et donc en fait c'est des personnes qui doivent voyager dans toute la France, dans toute l'Europe tout le temps. Et pareil je me dis en fait pourquoi cette personne n'a pas été contactée plus tôt pour lui demander si elle était disponible. Et sinon si elle pouvait, je sais pas, enregistrer une vidéo peu importe. Ou un appel, ça durait 10 minutes éventuellement. Parce que c'est quand même beaucoup plus marquant d'avoir quelqu'un à qui on peut poser des questions. Qu'un pauvre papier qui dit des choses que personne ne comprend. Donc ça a été le cas. On a lu ce papier, mais très vite. Et on avait beaucoup de questions à lui poser à cette femme. Plein de choses, en fait, qui demanderaient... En fait, ça levait le doute sur certaines choses, genre mon comportement avant, pendant la soirée, où j'étais très apathique. Le fait que je me sois rendormie à plusieurs reprises, alors que j'étais en un tas de chocs, ça peut faire sens. Mais bon, ils n'étaient pas en mesure d'entendre tout ce qui n'était pas très moléculaire. Et donc, en fait, les gens ont oublié. Enfin, les questions qu'on m'a posées... C'était, est-ce que vous aviez pris des substances à part l'antidépresseur et le toliprane codéiné ? J'ai dit, mais j'ai pris aucun toliprane codéiné, en fait. Enfin, ils se sont fait leur propre idée. Et j'étais la seule personne en mesure de dire ça. Parce que mon avocat, s'il invoquait cet élément, il pouvait être stoppé pour, genre, en gros, interprétation, quoi. C'était vraiment galère, quoi, de signifier que là, j'avais été droguée, que c'était à mon insu. Et qu'a priori, au vu des éléments suivants, c'était bien probable que ce soit Hugo. Et je l'ai dit et redit devant la cour, mais ça n'a pas du tout pris.

  • Speaker #0

    Et oui, et donc dans tout le côté hyper pas pro, il y a eu invoqué l'attaque du pénis du goût tous les jours. Vraiment, ils étaient assez... Ouais, je sais pas, focalisé sur son pénis, qui n'est pourtant pas si incroyable, mais visiblement ça l'est.

  • Speaker #1

    Cet élément-là, qu'est-ce que ça a amené de plus ou de moins à l'enquête ?

  • Speaker #0

    Ça a amené l'explication aux lésions. Ok. Et ça a amené, attention, c'est très très très très tiré par les cheveux, mais... S'il avait un gros pénis, parce que c'était un peu ça le truc, il avait un gros cerveau et un gros pénis. Et donc son gros pénis le complexait au point qu'il était inexpérimenté sexuellement, puisque complexé, et que donc ça avait amené à ce viol. Très tiré par les cheveux comme explication. Mais ça a marché, c'est ça qui est incroyable. C'est que vraiment, ça a été dit une première fois qu'il avait un énorme pénis, et c'est devenu une sorte de vérité générale. Ça expliquait beaucoup de choses. Son pénis était visiblement responsable de plein de choses qui le déresponsabilisaient lui. Et pareil, alors son gros cerveau, ça a été émis, je pense, deux jours sur trois. Il a un énorme QI, il est très précoce. Et donc ça explique qu'il viole des gens sans s'en rendre compte. Pareil, un peu tiré par les cheveux, mais ça a quand même marché. C'est ça aussi qui est incroyable, c'est que je pense qu'à la limite, j'étais tombée sur une cour qui était très... je sais pas... qui voulait absolument laisser aucun doute. Et juste qui était en mode, oui, mais blablabla. J'aurais peut-être un peu compris. Mais là, ils admettaient des faits complètement subjectifs et pas vérifiés. Mais à côté, moi, mes éléments de genre les lésions, l'examen toxicologique, les témoignages en bon sens, rien. Donc c'était vraiment juste un biais sexiste de base. Et alors que lui, quand il est passé à la barre, pareil, il a baigrié, il est devenu tout blanc. Et pourtant il est blanc de base, donc vraiment c'était tout blanc, tout blanc. Et très marquant quoi, il a commencé par dire qu'il était désolé pour tout le mal qu'il avait fait, qu'il s'en rendait compte maintenant. Je trouve ça mignon, t'en rends compte au dernier moment quand tu restes à la prison, oui. Et en plus, je sais pas, c'était une sorte de mi-aveu. Et en fait j'ai compris pourquoi, je pense que c'est son avocat qui lui a dit. C'est que le viol n'est pas caractérisé par ce qui se passe dans les faits, c'est caractérisé par l'intention de l'agresseur. Donc lui ce qu'il essayait de dire c'est qu'à ce moment là il en avait pas l'intention mais qu'il l'a fait quand même. Et ça a marché. Parce que légalement c'est comme ça que ça se passe. Pour moi c'était un aveu de en fait il y a bien eu un viol à ce moment là. Il l'admet. Mais ça suffit pas. Et il a fini par je me sens coupable. Mais son avocat a bien rattrapé le truc derrière. Et l'avocat général a requis 5 ans avec sursis. 5 ans d'emprisonnement avec sursis. Ce qui est le maximum avec sursis qu'on peut requérir. Et il a bien précisé que c'était pas une façon d'être léger, mais au contraire qu'il pensait que c'était plus marquant pour lui d'avoir quelque chose un peu au-dessus de sa tête, enfin que ça permettrait d'empêcher qu'il recommence, et il a été acquitté. Et vraiment pareil, cette différence de traitement, je trouve que ça montre qu'il y a quelque chose qui est pas clair dans la façon d'envisager les lois et l'application des lois. Parce que comment on peut arriver avec une personne qui représente la justice, qui a des années d'expérience derrière, qui peut recueillir ça, et derrière avoir un acquittement ? C'est pas une différence de deux ans d'emprisonnement. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que là, du coup, la décision a été prise à l'issue des trois jours de procès. Et qui prend la décision exactement ?

  • Speaker #0

    C'est les six personnes du jury populaire, et les trois juges. donc la présidente et les deux juges qui la coupaient tout ça à partir de choses qui ont été dites pendant le procès donc tout le monde était là à prendre des petites notes sauf 2-3 personnes que j'ai vu ne pas prendre de notes et je me disais je sais plus ça a duré plusieurs heures les délibérations donc pareil je me disais mais qu'est-ce qu'ils doivent bien se dire pendant toutes ces heures et en fait j'ai appris après par plusieurs juges que maintenant il y a beaucoup de juges qui refusent les affaires de viol pour ne pas subir ces violences qu'il y a pendant les délibérations ah ouais Mais donc je me dis, en fait, s'il reste que les acharnées du slip...

  • Speaker #1

    On est mal barrés.

  • Speaker #0

    C'est ça. Franchement, je serais bien intéressée de savoir ce qui se dit dans ce genre de moment. Est-ce que chaque personne va s'appuyer sur ses notes en disant... Ou est-ce qu'en fait, c'est vraiment... Bon, maintenant qu'on a eu ces trois jours épuisants à moitié dormir et à entendre des horreurs, qu'est-ce qu'il en sort, quoi ?

  • Speaker #1

    Il y avait des trucs aussi sur lesquels je voulais revenir, dont tu m'avais parlé la première fois. c'est que tu m'avais dit qu'il y avait des éléments comme la première agression que t'avais eu avec lui qui ont été retournés contre toi alors en fait à la fin des délibérations il donne une feuille

  • Speaker #0

    qui explique les motivations. Et c'était hyper intéressant cette feuille parce que c'était de la grosse merde. C'est-à-dire que ça commençait par dire que la cour me croit honnête, quoi. Mais, et alors là, c'est parti. Mais que les examens gynécologiques présentent telle, telle, telle liaison, mais que ce n'est pas caractéristique d'un viol. Ils ont retourné les propos de la gynécologue à qui ils ont demandé est-ce que c'est caractéristique d'un viol ? Elle a répondu non, aucune lésion ne peut être caractéristique d'un viol, puisque en fait ce qui est caractéristique ça va être le consentement ou non. Mais qu'en revanche, ces lésions-là avaient forcément créé de la douleur, et que blabla je pouvais pas le cacher, qu'ils pouvaient pas l'ignorer. Donc ils ont coupé juste le nom, si ce n'est pas caractéristique, pour le garder. Donc déjà ça a enlevé les rapports médicaux, qui sont quand même la raison pour laquelle je suis allée jusqu'aux assises. Et alors là il y a eu une liste. C'est-à-dire que... qu'en gros j'avais déjà été agressée et moi je dis ça mais en fait ce qui est écrit c'est que j'avais déjà subi les assauts amoureux donc vraiment c'était parfait quoi en plus on est sur des termes scientifiques et c'est ça qui est chouette et que donc quelque part en fait je savais à quoi m'attendre que j'étais allée en sous-vêtements dormir avec lui point point point quoi c'est tellement évident pour eux que c'est même pas vraiment expliqué que j'avais déjà su dire non à un autre garçon dans les mêmes circonstances, donc à une soirée du go précédemment, que donc visiblement j'avais pas dit assez cette fois-là sauf qu'il s'avère que cet autre garçon, bah il avait fallu que, enfin, qu'il y ait des gars qui se cherchent de le virer tellement il était insistant donc bof pour le non aurait suffit quoi et quand bien même en fait c'est qu'en fait bah non non vraiment ça suffit pas c'est clair et puis il y avait l'un des points suivants qui disait que la psychiatre estimait que je n'étais pas en capacité de dire non Genre qu'en gros, je voulais tellement faire plaisir au monde entier que je ne savais pas dire non. Donc, rien que dans deux points d'un même papier, ça expliquait que quoi qu'il arrive, j'étais fautive. Il y avait aussi un élément qui disait que le psychiatre qui avait examiné Hugo disait que voilà, visiblement, il s'en voulait. Et que donc, il avait pu mésinterpréter. Alors, mésinterpréter quoi ? J'en sais rien. Parce que, a priori, pour mettre un truc de mon vers, c'est... Pas vraiment de la mésinterprétation. Et qu'il avait pu se tromper de bonne foi. Pareil, encore une fois, des termes très très réglo, quoi. Et très, enfin, je pense que ça existe dans la loi, de se tromper de bonne foi. Et que de mon côté, alors c'était quoi ? Oui, j'avais une personnalité complexe. Non, un trouble de la personnalité complexe. Et une personnalité mosaïque. Ce qui n'existe pas du tout, dans aucun jargon, en fait. On s'est renseignés.

  • Speaker #1

    Parce que j'allais dire, personnalité mosaïque,

  • Speaker #0

    c'est la première fois que je vois ça. Ça fait très artistique, salle de bain, mais à part ça, je vois pas quel est le lien. Et donc, je me suis retrouvée là, avec tous ces trucs, où après, avec mes amis, on a cherché, mais dans tous les pauvres petits articles et des recoins d'internet, on n'a rien trouvé. Ça ne veut rien dire. Ça n'existe pas. Eux, ils en ont fait leur bouillie en disant qu'en gros, j'étais une fille quand même bien compliquée. Donc voilà, c'est pas facile pour un garçon avec un gros zizi, un gros cerveau, de comprendre une fille très compliquée comme moi. Et voilà, c'est vraiment la fin.

  • Speaker #1

    Wow !

  • Speaker #0

    Donc, ouais.

  • Speaker #1

    Tu l'as eu tout de suite, le jour J, ce papier-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. Et ils disent aussi que des amis à lui ont entendu des émissements provenant de la chambre. Alors, tout ce que je t'ai dit là, ça concerne éventuellement des choses qui vont parler du moment précis. Mais en plus, dans les preuves, entre guillemets, de mon consentement, enfin, dans les choses, dans les faits qu'ils font, qu'ils auraient pu croire à mon consentement, il y a même des éléments après le viol. Donc, ils se sont appuyés sur des choses après le viol pour se dire, ah bah donc, elle devait être consentante avant. Mais rien ne parle vraiment de juste avant. Donc, du moment où normalement on a le consentement des gens. Donc après, ils disent des choses fausses. Genre, j'ai attendu d'avoir les examens médicaux pour porter plainte. Alors que c'est grâce à la plainte que j'ai pu avoir les examens médicaux. Que je n'étais pas vraiment sûre d'avoir été violée. Donc ça paraît, je ne sais pas où est-ce qu'ils l'ont entendu ou lu. parce que personne d'autre n'a entendu ça. Et que donc, des garçons avaient entendu des bruits provenant de la chambre. Et ça, c'était un argument qui me faisait vachement peur. Parce qu'en fait, en effet, je me suis dit « Mais s'il avait pris mes cris de douleur pour des cris de pas douleur, quoi. » Malgré le fait qu'il ait quand même explicitement dit qu'il avait eu l'impression que j'avais plusieurs fois émis des cris de douleur. Et la juge avait immédiatement dézingué cet argument en disant « Vous savez que si vous êtes dans la salle d'attente d'un dentiste, et que vous ne savez pas qu'il y a un dentiste à côté, vous prendrez les bruits pour des bruits de films porno Parce qu'en fait, juste notre cerveau va relier les choses comme il peut, quoi. Et que factuellement, bah oui, il y a leurs deux potes qui sont dans une chambre, ils entendent des bruits, étouffés, encore heureux qu'ils ne se soient pas demandé si tout allait bien. Enfin, moi je leur en veux pas pour ne pas s'être demandé. Parce qu'on était jeunes, c'est normal de pas s'imaginer qu'il y a une agression qui est en train de se passer à côté de nous, quoi. Mais par contre, prendre cet argument-là pour s'appuyer sur un consentement, c'est vraiment chaud. Parce que donc pareil, ça a enlevé... lui toutes les fois où il a dit oui je crois qu'elle a eu mal quand même à un moment je lui ai demandé si ça allait mais elle m'a pas répondu donc j'ai continué parce que ça je trouve ça beaucoup plus parlant c'est quand même la personne concernée qui en parle s'appuyer sur des bruits qui ont été entendus dehors et analysés par

  • Speaker #1

    des gens c'est déjà hyper biaisé et du coup une fois que t'as ce papier et que tu vois toutes ces incohérences et ces mensonges finalement tu peux rien faire

  • Speaker #0

    Ah ouais, non, en fait, c'est trop tard. C'est vraiment le moment où j'étais face à un truc où t'as aucun contrôle dessus. Quelque part, ce qui m'a rassurée, c'est que mon avocat m'a dit « plus je lis cette feuille et moins je la comprends » . Même lui, qui a pu être assez arrangeant par rapport à des choses qui ont pu plus me révolter, même lui, il y voyait aucun sens. Donc ça m'a beaucoup rassurée. En fait, après ça, donc, à l'annonce de l'acquittement, j'ai essayé de me suicider dans l'ensemble du tribunal. Et suite à ça, je suis allée... à l'hôpital et la docteure m'a laissé sortir pour que je rejoigne mes amis parce qu'en fait j'avais juste besoin de ça. Et ensuite pendant les quelques jours qui ont suivi j'ai été seulement avec mes potes enfin vraiment on était tout le temps ensemble avec mon copain et mes potes. Et ils ont été trop mignons je pense qu'eux aussi étaient bien traumatisés. Et en fait ils se sont renseignés sur les recours possibles. Parce que c'est là que j'ai appris qu'en tant que partie civile on peut pas faire appel aux assises et donc j'étais un peu là genre ok en fait je ne peux plus rien faire. et c'est une décision qui est complètement injuste un de mes potes qui est hyper calé par rapport aux lois et tout et qui s'est renseigné m'a dit il y a un recours auprès de la cour européenne que tu peux faire il a listé tous les articles que la France n'avait pas respecté donc j'ai vraiment rien eu à faire il m'a vraiment juste envoyé toute la liste en me disant genre voilà donc ça c'est pas ok ça c'est pas ok donc c'était juste hyper clair et après j'ai eu à remplir la requête et voilà en fait ce que t'as fait exactement c'est tu as saisi la cour européenne des droits de l'homme

  • Speaker #1

    en fait c'est pour accuser la France exactement,

  • Speaker #0

    en fait c'est une plante contre la France genre comme tu ferais une plante auprès de la police contre quelqu'un en disant il est dans l'illégalité pour ceci cela là c'est ça, c'est que la France a signé une convention européenne avec plein d'articles dedans et dont des articles alors moi ce qui me concerne ça va être le droit à un procès équitable dans le sens où il y a des témoins qui n'étaient pas là où l'expert toxicologique n'est pas venu le droit normalement en tant que victime de violences sexuelles j'aurais dû être particulièrement protégée chose qui n'a pas été faite, que ce soit par rapport à Hugo, où il y avait mon adresse partout dans tous les documents, par rapport à mon ex qui avait été violent et j'avais été explicite par rapport à ça. Il y a la victimisation secondaire, qui est vraiment un terme qui est utilisé dans la Convention, qui explique qu'on est au courant qu'il y a des biais sexistes dans tous les pays européens, qu'on est loin d'avoir déconstruit ça, et qu'il faut particulièrement faire attention, quand une personne a été victime de violences sexuelles, de ne pas répéter, reproduire ces schémas-là. Donc là, on est à fond dedans. tout ce qui va être par rapport à ma tenue, ma vie sexuelle, tout ce qui est hors sujet et qui est clairement sexiste, rentre en compte. Le fait que le délai, particulièrement pour les violences sexuelles, doit être raisonnable. Donc pareil, même si, par rapport à la France, en fait, mon délai a été particulièrement court, ça reste pas raisonnable. Je vais éternuer.

  • Speaker #1

    Vas-y, éternue autant que tu veux.

  • Speaker #0

    Ça vient pas. Quoi d'autre ? Je sais que j'oublie plein de trucs. Oui, que les motivations... doivent être cohérentes. Donc là, on est en plein dedans aussi. Et alors, ce qui est hyper intéressant, c'est que dans la loi française, on parle de l'intention de l'accusé pour caractériser l'infraction, en plus d'avoir soit violence, menace, surprise ou contrainte. Alors que dans la Convention européenne, les mots, c'est acte sexuel non consensuel. Donc on parle de consentement. Et les États ont l'obligation de punir tout acte non consensuel. Donc ça, c'est pas du tout fait. puisque ça a été admis que c'était non consensuel. Donc c'est un peu genre la loi française contre la loi européenne. Je sais pas comment ils vont résoudre ça, puis c'est pas nouveau. Franchement, c'est leur problème. Mais au moins, c'est très clair que la France est dans l'illégalité là-dessus. Mais bon, la France est dans l'illégalité aussi par rapport à la correctionnalisation. Même si j'en ai pas fait les frais, c'est illégal. Je sais pas trop dans quelle mesure ça va pouvoir bouger. Mais en tout cas, au moins, leurs lois sont claires. Mes revendications, c'était pas de dire il faut amener le consentement dans la loi alors que c'est pas le cas. Là, au moins, c'est déjà le cas. Donc je me suis vraiment appuyée que sur des choses que la France a signées. Et c'est pas mon problème si elle l'a signé et qu'elle le fait pas.

  • Speaker #1

    Trop bien. En plus, là, t'as eu la réponse...

  • Speaker #0

    Et j'ai eu la réponse ! Et donc, ouais, bah, depuis le 17 avril, j'ai mis la France en cause. Donc ça veut dire, en fait, mettre en examen, c'est quand il y a des preuves suffisantes pour engager une enquête. Là, c'est pas le cas, parce que pour l'instant, il y a pas vraiment de preuves à l'appui, il y a que mon témoignage. Et donc, la France va pouvoir s'expliquer à partir de mon témoignage. Elle va bien galérer, parce que franchement... Bon. Là c'est très très clair les questions qui sont posées, c'est avez-vous bien, en vertu de l'article machin machin, fait ceci cela ? Et bon bah non, donc je sais pas si elle va mentir ou pas mais en gros c'est assez clair. Et suite à ça moi je pourrais répondre aussi. Et en fait je pense que ça va être aussi un peu preuve à l'appui. Peut-être que du coup il va falloir fournir les documents qui précisent ceci cela, et où après il y aura procès, je sais pas trop sous quelle forme, et ensuite décision de justice.

  • Speaker #1

    bravo d'être allée jusque là parce que franchement je ne savais même pas avant de te connaître je ne savais même pas que c'était possible de faire ça moi non plus franchement je l'ai su vraiment c'était un peu step after step genre pendant tout le procès j'étais persuadée de pouvoir faire appel s'il y avait quoi que ce soit donc mais on est tellement mal informé en fait je ne savais pas non plus qu'on pouvait pas faire appel c'est un truc de dingue c'est honteux quoi et pareil je pense qu'en fait ça fait partie des trucs où on devrait le savoir

  • Speaker #0

    C'est quand même pas rien. C'est pour ça que souvent les gens qui me disent « mais porter plainte, pas porter plainte, blablabla » et où en fait la réponse c'est un peu… Il y a beaucoup de gens qui vont dire « fais-le pour toi, le fait est qu'on le fait jamais pour soi en fait. Comme on est considéré comme témoin, on le fait vraiment pour les autres. » Et est-ce qu'à ce moment-là, t'as l'énergie de le faire pour d'autres gens ? Ce qui te rendra pas non plus responsable si tu le fais pas. Enfin c'est un peu la culpabilité généralement qui arrive de se dire « oui mais s'il recommence… » Bah je serais fautive dans le sens où j'ai pas signalé le truc. Mais non, autant si tu signales et que la personne est condamnée, c'est grâce à toi qu'il y a des victimes qui ont été épargnées. Autant si tu le fais pas, c'est à cause de lui qu'il y a des gens qui sont violés. Enfin, la responsabilité est pas à double tranchant tout le temps quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as créé un compte Instagram.

  • Speaker #0

    Et oui, j'ai créé un compte Instagram ! Et bah j'ai créé ça genre un an après avoir porté plainte. Et initialement c'était un peu plus pour... pouvoir expliquer à mes proches comment ça s'était passé, ce qui s'était passé. Qu'ils aient aussi la possibilité de lire ça sans avoir à me répondre. Parce que je pense que c'était encore une période où on était jeunes, on en parlait encore assez peu. Avoir la bonne réaction, c'était un peu la peur de tout le monde d'être genre « Ah mais je vais jamais savoir comment réagir » , alors qu'en réalité, juste un petit « Merci pour ta confiance » , n'importe quel petit mot vraiment gentil, ça fait largement le taf. mais donc là ça permettait que je dise écoute si jamais tu as l'envie l'énergie tu peux regarder ce compte c'est important pour moi et ensuite les gens en fonction de leurs possibilités me répondait ou pas et petit à petit enfin je sais pas dans les trois mois qui ont suivi ça a pris vraiment de l'ampleur parce que j'avais été repartagé par deux trois comptes très très suivi moi j'avais je suis pas graphiste ou quoi donc j'ai vraiment opté pour une esthétique hyper simple et en fait je crois que ça a bien plu du coup le fait qu'il n'y ait pas trop de typos de trop d'informations en fait Et puis en plus j'avais beaucoup de choses à écrire parce que j'avais un an de retard par rapport aux événements. Donc quand j'écrivais c'était déjà passé et petit à petit j'ai fini par rattraper la ligne du temps actuel. Donc j'ai moins publié, je pensais publier pendant le procès et en fait c'était impossible quoi, il y avait tellement d'éléments. J'ai aussi essayé de pas mettre des choses trop choquantes dans mon témoignage, je voulais pas qu'il y ait des TW partout, je voulais que ça puisse être lisible. Et en plus, je trouvais ça important qu'il n'y ait pas forcément des détails de ce qui s'est passé, parce que c'est pas dans la question, enfin en matière vraiment de détails de quelle pénétration, quelle violence. Pour moi, c'était pas la question, mais plutôt dans quelles circonstances, qu'est-ce qui s'est dit, qu'est-ce qui s'est pas dit. Et je trouvais ça important du coup qu'il n'y ait peut-être que des choses essentielles au déroulé de l'histoire et pas tous les détails à tout prix. Mais pendant le procès, en fait, comme ça a été un peu l'essence du truc. de parler que de choses hyper violentes. Je me suis dit que ce n'était pas le bon média. Et en fait, je pense que ça m'a vraiment permis de garder la tête hors de l'eau, parce que ça a allégé beaucoup mes proches de ne pas devoir être présents tout le temps. Moi, je recevais du soutien au continu par des inconnus qui pouvaient peut-être m'envoyer un message dans leur vie, et moi, ça m'apportait beaucoup, et ça leur prenait peu. Et aussi, j'ai pu vraiment échanger avec des juristes, avec des personnes dans des assos, des personnes renseignées. Donc c'était un peu aussi une source d'informations. Et une sorte de communauté, quelque part, de soutien, quoi. Beaucoup de gens m'ont dit, j'hésite à faire une page et tout. Moi, j'ai toujours dit, un peu, en gros, tant que tu restes anonyme, d'une manière ou d'une autre, ta page, tu l'effaces quand tu veux. Tu bloques les gens que tu veux. Et, enfin, c'est vraiment... En fait, c'est ton espace, quoi. franchement go et par contre à l'instant où tu sens que ça t'apporte pas du bien t'es libre de faire tout ce que tu veux pour y remédier en tout cas moi c'est un peu comme ça que j'ai les tenues genre j'ai bloqué un nombre de mascus mais inimaginable et même des gens qui ont témoigné sur ma page qui avaient besoin qu'on bloque certaines personnes de leur entourage franchement avec grand plaisir et je me disais c'est bien si on a un petit lieu sur les réseaux sociaux où juste on peut papoter un peu et ouais c'était chouette Enfin, c'est toujours chouette. Oui,

  • Speaker #1

    parce que du coup, ça continue finalement.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément.

  • Speaker #1

    Tu informes, en fait, à chaque fois, à chaque étape.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment rendue compte que ça manquait, en fait, les témoignages. Il y a souvent peut-être des témoignages sur les violences en soi et comment on s'est rendu compte. Genre sur les levées d'amnésie traumatique, éventuellement. Et encore, c'est pas non plus hyper fréquent. Sur les personnes un peu connues, entre guillemets, qui ont pu participer à des MeToo et tout. Mais en fait, sur les détails de ce que c'est que de vivre une procédure, c'est pas encore acquis. J'ai l'impression que c'est quand même un besoin encore qui existe.

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. C'est en ça que du coup, en n'étant pas informée, on débarque un peu comme ça. Quand on arrive à un procès, on sait pas du tout comment ça se passe.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut faire après. Donc ouais, c'est super important ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Merci. Bravo.

  • Speaker #1

    C'est bien parce que du coup tu finis par ta tête positive. Est-ce que tu, parce que moi je suis arrivée à l'issue de toutes mes questions, mais est-ce que t'as des trucs à ajouter, des choses que t'aimerais dire, ou pas ?

  • Speaker #0

    Macron démission.

  • Speaker #1

    Ouais je crois que là on est tous d'accord.

  • Speaker #0

    Ouais je crois qu'on est... En vrai je suis assez optimiste sur la suite, pas forcément sur la mienne, pas forcément par rapport à la Cour européenne, etc. Mais quand même au fil des années là je me suis rendue compte que mine de rien, tout ce qui est fait sur les réseaux sociaux, les podcasts, les films, les séries qui en parlent, même s'il y a pu avoir des choses maladroites, parfois même carrément mal faites, quelque part, ça a vraiment amené le sujet sur la table, au point que moi, j'ai bossé dans plusieurs endroits qui sont des endroits précaires, avec des personnes de cultures très différentes, où les enfants ont aussi sur... je sais pas, grandissent dans des religions différentes, avec des vécus très différents, etc., dans des coins très reculés, où genre il y a 5 personnes dans leur patelin, mais où quelque part cette médiatisation globale, ça leur a permis quand même d'avoir des informations hyper cruciales. Que ce soit par rapport aux violences sexuelles comme à d'autres sujets, tu vois, mais j'ai entendu des propos tenus par des enfants de moins de 10 ans, qui étaient hyper clairs, genre sur le consentement notamment, j'entends de plus en plus Je sais pas, des petits dire non mais c'est pas drôle en fait. Là où moi je sais que j'ai été incapable de dire cette phrase quand j'étais enfant et je l'entendais jamais non plus. Ou alors si je l'entendais, c'était vraiment par la personne qui était réputée pour avoir un caractère déjà bien solide et bien construit et qui était sûre de ses idées. C'était pas tout le monde quoi. Et où là, même je vois mon petit cousin qui a une petite sœur. Quand lui, il avait je sais pas, 6 ans et elle 3 ans un truc comme ça. C'est arrivé, qui dit ça ? Des adultes ? Non, mais elle t'a dit non. Genre juste pour lui caresser les cheveux, tu vois. Mais où en fait, déjà, c'était sérieux. Dans le sens où en fait, mais qu'est-ce que tu fais ? Enfin, c'était quand même très clair, les instructions données. Et je trouve ça chouette de me dire que les biais, ils vont rester encore a priori longtemps. Ça ne met pas non plus 5 ans à partir. Je crois que maintenant, je vais donner plus de mon énergie vers les générations plus jeunes. Ouais, les générations qui commencent à se construire que vers celles... qui ont baigné là-dedans et qui sont bien, la culture du viol, ils partiront avec. Voilà. Allez voir des bébés. C'est rassurant.

  • Speaker #1

    Selon la Cour européenne des droits de l'homme, la France est dans l'illégalité, car la France protège les violeurs et les agresseurs. Mais même après un procès qui finit mal, le combat de Clara démontre que des recours alternatifs sont possibles. Vous pouvez d'ailleurs signer sa pétition pour faire porter sa voix encore plus loin et suivre son compte Instagram. Vous trouverez toutes ces informations dans la description. Merci à Clara pour la précision de son témoignage, son humour et surtout, sa ténacité. Vous venez d'écouter le cinquième épisode du podcast Au bénéfice du doute. Si vous pensez qu'il peut être utile à d'autres personnes, n'hésitez pas à le partager. Le podcast est entièrement autoproduit par Julie Dussert. La musique originale a été composée par Sandra Fabry et l'image a été dessinée par Camélia Blandeau. Au bénéfice du doute. Le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole.

Description

⚠️ Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Ecoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles.

Pour sauter les passages où sont évoquées les tentatives de suicide, sautez de 8:44 à 8:55 et de 41:09 à 41:26.


📢Dans cet épisode, Clara explique avec beaucoup de précisions la façon dont se déroulent les procédures judiciaires en cas de dépôt de plainte pour viol. Clara est allée jusqu'au bout de toutes les procédures possibles.


📌Vous pouvez suivre son compte, @surviv_hante, sur Instagram: https://www.instagram.com/surviv_hante/ et signer sa pétition pour faire entendre sa voix encore plus fort: https://www.change.org/p/recours-pour-clara 


🔥 Ceci est le 5ème épisode du podcast Au Bénéfice du Doute.

Si vous pensez qu’il peut être utile à d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager, vous abonner et mettre 5 étoiles. Cela aide les futures auditeurs et auditrices à y avoir accès facilement.


Ceci est un podcast à but non lucratif, entièrement auto-produit par Julie Dusserre


Musique originale : Sandra Fabbri 


Illustration : Camélia Blandeau 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Au bénéfice du doute, le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole. Cet épisode évoque des faits de violences sexuelles et de tentatives de suicide. Écoutez-le uniquement si vous êtes dans de bonnes conditions émotionnelles, et si vous le souhaitez, n'hésitez pas à lire la description afin de sauter les passages concernés. Engager des procédures judiciaires est un vrai parcours de combattante, et c'est grâce à sa persévérance que Clara est allée jusqu'au bout de tous les recours possibles. Apparemment, Clara, tu as de l'humour.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup d'humour. C'est ce qui me caractérise, oui.

  • Speaker #0

    Mais aujourd'hui, tu n'es pas là pour nous parler de quelque chose de drôle, malheureusement.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est sur un sujet sérieux.

  • Speaker #0

    Ça se voit. Tu as changé de tête directement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai deux têtes. J'ai une tête sérieuse et une tête drôle. Eh bien, écoute, pour recontextualiser, moi, a priori, j'ai vécu des agressions dès très très très jeune. Je n'en ai pas forcément le souvenir et je pense que ça n'a pas été... Je sais peut-être, j'en sais rien, mais ça n'a pas été aussi traumatique que la dernière en date.

  • Speaker #0

    Pardon, mais quand tu dis très jeune, pour toi, c'est quel âge ?

  • Speaker #1

    Je pense moins de 5 ans. Mais quelque part, je dois avoir un système très très bon de déni. Donc il a fait son taf et c'est ressorti, je sais pas, il y a peut-être 2 ans. Mais ça n'a pas été non plus un bouleversement dans ma vie, dans le sens où quand même, je le savais un peu au fond de moi, ça se confirmait et j'étais bien entourée. En fait, c'est ressorti parce que mon suivi était super et que ça m'a permis de retrouver ces souvenirs-là. Mais le début de ma sexualité a été des agressions sexuelles et des viols. où en même temps je mettais pas ces mots là dessus pendant très longtemps jusqu'à... bah je saurais pas trop dire... je sais pas vers mes... vers mes 12-13 ans j'ai senti qu'il y avait un truc qui vraiment était pas normal j'ai essayé d'en parler aux gens de mon âge mais c'était un peu... on en parlait pas du tout et moi j'en parlais pas de façon grave je pense pour me protéger de leurs réactions éventuellement donc les réactions en face étaient pas non plus très sérieuses Je suis un peu passée au-dessus en me disant, on verra plus tard. Et ça a souvent été jusqu'à mes 15 ans, c'était des agressions qui étaient faites par des garçons desquels je pensais être amoureuse. En plus, quelque part, je recouvrais le tout de mon affection pour ces gens-là. Jusqu'à mes 17-18 ans, où j'étais en relation avec un garçon, où en fait on s'est mis ensemble sur un coup de tête. Enfin non, sur un malentendu, vraiment. Le fameux... En fait, il m'annonce presque qu'on est ensemble. Je me dis, merde, j'ai pas été assez claire. Et au lieu de lui dire, ah, il y a eu malentendu, j'étais genre, ah bah d'accord. Et donc, on a quand même relationné ensemble quelques mois, comme ça, sur cette base-là. Où, je sais pas trop si j'étais sa première copine ou quoi, mais c'était vraiment un peu l'excuse pour dire, oui, mais je me rends pas compte. Et à ce moment-là... On commençait à parler un peu dans les médias de manipulation, de violences conjugales. Et donc j'ai très très vite pu mettre les mots dessus quoi. Et je pense qu'en plus comme j'étais jeune, je vivais pas avec lui, j'ai pu partir vraiment assez vite. Donc quelque part ça m'a un peu sauvée. Je pense que là je me suis rendu compte que c'était vraiment partout. Et après ça il y a eu le viol pour lequel j'ai porté plainte. Où moi j'avais 19 ans à peine. Lui 18, 19, quelque chose comme ça. Et où ça, pour le coup, c'était fait par quelqu'un dont je n'étais pas attirée, je n'avais jamais été attirée, ni physiquement, ni émotionnellement. Enfin voilà, c'était vraiment un pote. Et ça avait été très marqué comme ça parce qu'on s'était rencontrés au collège, qu'il m'avait déjà agressée à cette époque-là. Il avait fait passer ça pour un malentendu, genre j'ai pas compris ce que tu voulais ou pas. Et l'année entière avait été des excuses et des « je regrette tellement » . De sa part, on s'est revus seulement 4-5 ans après. Et donc pour moi, c'était très clair que là, on recommençait éventuellement une amitié sur des bases nouvelles de confiance. Donc ça a eu lieu chez lui, après une soirée qu'il avait organisée. Et j'ai porté plainte le lendemain. Et même si ce n'était pas ma décision de porter plainte, quitte à porter plainte, c'était pas mal que ce soit le lendemain, parce que j'ai pu faire un passage aux urgences médicaux juridiques. Et là, il y a eu énormément de lésions qui ont été constatées, qui a priori, dans les quelques heures suivantes, allaient commencer à disparaître. Et quelque part, je pense que c'est le premier moment où je me suis dit, ok, je ne suis pas folle. Ou, tu sais, comme on minimise souvent nos douleurs. Oui. Bon, bah, oui, j'avais mal et voilà, mais j'avais déjà eu des cystites, j'avais déjà eu plein de choses très douloureuses qui n'étaient pas graves. Donc pour moi, c'était un peu une zone fragile, comme on pourrait se faire mal aux doigts quand on est gosse et se dire « Ah, c'est super mal » , et en fait, c'est pas si grave. Mais là, quelque part, ça légitimait vraiment ce que je ressentais. Après ça, j'ai eu la chance que ça aille très très vite. Tu me coupes si t'as envie que je creuse sur certains aspects.

  • Speaker #0

    Alors peut-être, oui, tout à l'heure t'as dit que c'était pas ta décision de porter plainte.

  • Speaker #1

    C'était la décision de qui du coup ? Ça a été une décision globale. En fait, moi j'étais déjà à ce moment-là en train de me renseigner sur tout ce qui était féminisme. Et j'avais déjà accompagné des personnes portées plainte pour viol. Et j'avais vu comment elles avaient été accueillies. Et j'avais aucune envie de subir ça moi aussi. Et en fait, j'en ai parlé d'abord à mon copain à l'époque. qui en a parlé à ses parents avec moi. Pareil, c'était pas ma décision, mais bon, je pense que lui, on était à peine majeurs, il savait pas non plus trop comment réagir. À partir de là, directement, son père a dit « Ok, je te ramène chez toi, je parle à ta mère et on va porter plainte, quoi. » Et j'avais pas mon mot à dire, en fait. Son père était assez autoritaire sur ce genre de décision, donc je me suis un peu laissée porter. Et seule avec ma mère, je lui ai dit « Non mais en fait, je peux pas porter plainte. » genre là je suis pas en état et tout et je lui ai dit enfin en plus ça va juste être de la violence ils vont refuser ma plainte et point et elle m'a dit non mais Clara c'est trop grave moi je peux pas te laisser comme ça te dire ok bah va te coucher et voilà quoi et je lui ai dit bon bah très bien tu vas voir et donc on y est allé et en fait ils ont pris ma plainte et en fait on y est allé en fin de journée un dimanche donc on est tombé et il restait plus que la capitaine de brigade je sais pas si on appelle ça comme ça et elle elle m'a pris stress au sérieux Parce que je pense qu'elle a vu aussi l'état dans lequel j'étais qui correspondait à mon avis à son idée de ce que c'est qu'une victime qui est encore en état de choc. Et donc très vite ça s'est enchaîné. Après ça, toute la nuit c'était déposition, urgence, je suis rentrée chez moi je sais pas vers 4h30-5h. Ah ouais d'accord. Ouais, ouais c'était long.

  • Speaker #0

    Et là-bas du coup t'as été prise en charge par quel membre du corps médical ?

  • Speaker #1

    Alors c'était une gynécologue qui s'appelle Céline Degette qui est super. Elle est à l'hôtel Dieu. Je ne sais pas si à toi tu es à l'Hôtel Dieu d'ailleurs. Mais en tout cas à l'Hôtel Dieu, elle est super, elle est très très pro. Et en même temps très humaine. Donc c'était... Enfin tu vois, elle s'est excusée de devoir me faire répéter à nouveau. En fait elle prenait en compte le fait que j'étais une victime. Et finalement le moment où j'étais le plus vulnérable physiquement parlant, c'était le moment où j'étais le plus écoutée. Pareil, l'infirmier était super mignon. Enfin, tout le monde était très gentil. Et je ne sais plus si j'ai vu une psychologue à ce moment-là ou pas. Mais en tout cas, rapidement après, j'en ai vu une dans le service. Qui était super aussi. Ok. Ouais.

  • Speaker #0

    Et tu l'as vue juste une seule fois ou t'as été suivie ensuite ?

  • Speaker #1

    J'ai été suivie un petit peu. Mais en fait, ils doivent rediriger après parce qu'ils n'ont pas assez de créneaux, quoi. Mais ils m'ont redirigée ensuite. J'ai fini par aller chez la psy du commissariat. Et ça s'est très bien passé, donc je suis restée. et ensuite pendant toute la semaine qui a suivi tous les gens de la soirée ont été entendus par les policiers moi aussi à nouveau où ils m'ont fait un méga coup de pression en mode voilà ton témoignage tient pas on a toutes les preuves que tu mens et en fait c'est fait exprès pour pour que si par hasard je mentais que je retire ma plainte mais en fait déjà c'est du mensonge et puis en plus En plus, faut pas s'étonner après qu'il y a des plantes qui soient retirées, quoi. Ce genre de menace, c'est énorme. Et en fait, moi, j'ai su bien bien après que le policier qui m'avait prise en charge, c'était peut-être une de ses premières affaires. Il était hyper jeune, il avait genre 26 ans. Ah ouais. Et je me suis barrée, je lui ai dit, bon bah je vois que vous tenez à ce que je retire ma plante, donc retirez-la, quoi. Et je lui ai dit un truc, genre je suis partie et je lui ai dit, franchement, vous aurez ma mort sur la confiance, quoi. Et il m'a rattrapée, il a bien fait. Et il m'a rattrapée, il s'est excusée. Et on a fini l'entretien, mais ça a duré super longtemps en plus. C'est ça qui a été hyper éprouvant. Et donc à la fin, il m'a admis qu'en fait, il n'y avait rien contre mon témoignage. Et après ça, le lendemain, je crois, Hugo a été arrêté, mis en garde à vue. Et il y a eu la confrontation directement après. Et directement après la confrontation, il a été déféré au parquet. Donc ça allait vraiment très très très vite. D'accord.

  • Speaker #0

    La confrontation ça s'est passé comment pour toi ?

  • Speaker #1

    Ce qui était hyper rude c'est qu'ils m'ont appelée genre à 10h du matin pour me dire venez à 15h. Donc j'avais pas eu le temps de me préparer. Puis en plus moi j'avais en tête toutes les personnes que j'avais accompagnées qui avaient attendu des années avant d'avoir une confrontation. Donc quelque part je me disais bon bah j'ai déposé ma plainte, ils vont s'en foutre et moi je vais prendre le temps de me reconstruire. Donc c'était pas du tout ça. La confrontation, j'ai pu avoir un avocat à temps, donc ça m'a beaucoup rassurée. de pas être seule dans une pièce avec les flics qui m'avaient malmenée et mon douleur et en fait ça a été vraiment hyper salvateur en l'occurrence parce que il a essayé de mentir en fait et cet idiot il a essayé de mentir que sur des faits sur lesquels on avait des preuves D'accord. Donc que ce soit les témoignages de ses popes, qui disaient genre qu'il avait bu, enfin, il a un peu essayé de minimiser plein de choses, de dire que je mentais. Sauf que on avait les rapports des UMJ, il y avait les témoignages de ses amis, qui en plus, pour la plupart, ne me connaissaient pas, donc n'avaient aucun intérêt à mentir là-dessus. Et donc, il s'est retrouvé assez vite en galère à se rendre compte qu'il était en train de mettre les policiers contre lui, qu'il n'était pas pris au sérieux, et que... Sa meilleure stratégie, c'était plutôt d'essayer de rien dire. Son avocat était super naze, et en plus, il avait une tête de rat. Donc ça ne l'aidait pas.

  • Speaker #0

    J'aime bien l'image du coup.

  • Speaker #1

    Il était vraiment, tu sais, la peau grise. Enfin, on aurait presque dit qu'il avait passé sa vie en garde à vue. Ah ouais. Désolée pour lui. Je sais pas si un mec vient ou pas, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    Non mais c'est toujours rassurant de toute façon d'essayer de trouver tous les défauts et de la laideur en fait.

  • Speaker #1

    Ouais vraiment. Quand je l'ai vu arriver, j'ai eu peur que ce soit mon avocat. Et j'étais ravie que ce soit pas lui. Et à côté de lui, mon avocat était tout mignon, très pro, très clair. Donc ça m'a beaucoup rassurée.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as trouvé toi ton avocat ?

  • Speaker #1

    Eh ben on est passé par, je crois, pari à nos victimes. qui est l'association qui vient en aide aux personnes qui ont porté plainte et qui ont réussi à nous trouver quelqu'un très rapidement. Donc ouais, c'était vraiment chouette. Puis à ses réactions de personnes pro, je voyais aussi s'il était serein ou si pour lui il y avait des choses qui allaient être compliquées à expliquer. Parce que moi j'avais beaucoup de peur, j'avais la peur qu'on me reproche tout ce qu'on m'a reproché par la suite, mais comme on ne l'a pas reproché forcément en me disant voilà, ça peut exclure votre plainte. Bon ça allait. Et suite à ça je suis sortie vraiment en me disant ok en fait là on a gagné une étape quoi. Donc c'était bien. Et puis la façon dont c'était fait c'était très bien pensé quelque part. Il était devant moi mais assez loin quand même. La salle était petite mais donc il nous avait éloigné le plus possible. Lui ne pouvait pas me voir mais moi je pouvais le voir. Donc il n'y avait pas la peur de son regard qui pesait sur moi. Je le voyais un peu, donc je l'ai vu blanchir petit à petit. Ça m'a beaucoup rassurée aussi. Et puis, c'est lui qui commençait par expliquer des choses. Les policiers le coupaient. Ils me disaient à moi, est-ce que vous avez quelque chose à dire ? Et en fait, ils ne pouvaient pas, lui, essayer d'arranger son histoire en fonction de mon témoignage. Moi, ça m'a permis de prouver que mon témoignage ne bougeait pas en fonction de ce qu'il disait. Donc c'était bien. Franchement, c'était bien. C'était une épreuve quand même. Mais au vu du profil de mon agresseur... c'était bien parce que c'est pas un expert de la manipulation je pense que tu vois si j'avais été agressée par un adulte qui faisait ça depuis 20 ans à mon avis il aurait bien plus vite su mentir sur les bonnes choses alors que là en fait visiblement il a pas du tout réfléchi à la suite en agressant quoi donc pas mal bonne expérience la confrontation

  • Speaker #0

    Et du coup, ça c'était quelques semaines après la plainte ?

  • Speaker #1

    C'était trois jours après la plainte. Trois jours après la plainte,

  • Speaker #0

    ah oui d'accord. En termes de temporalité, je n'avais même pas capté que c'était si proche.

  • Speaker #1

    Oui, ça a été très très très rapide. En fait, en gros, moi j'ai porté plainte un dimanche. Donc le viol a eu lieu la nuit du samedi au dimanche. J'ai porté plainte dimanche. Du dimanche au jeudi, toutes les personnes présentes ont été entendues par la police. J'ai appris à cette occasion qu'il y avait une des personnes qui était présente à la soirée. qui avait déjà été agressé par ce mec-là, dans les mêmes circonstances. Donc en plus, quelque part, je me suis dit, ok, donc c'est pas moi non plus qui suis fautive. Et ensuite, il y a eu la confrontation. Et ensuite, le vendredi, il était déféré au parquet. Donc il n'y a même pas eu une semaine avant qu'il soit déféré au parquet. Et ensuite, il y a eu, pour plein de raisons personnelles, en plus j'étais épuisée, et puis le trauma, etc. Le mardi suivant, j'ai fait une tentative de suicide, chez moi. Ma mère m'a emmenée aux urgences. Et je sais qu'après ça, on a été entendus une fois par les policiers qui m'ont demandé les noms de mes ex. La liste. Donc j'ai réussi à ne pas donner tout le monde. Mais bon, c'était un peu compliqué, ils ont demandé à ma mère aussi.

  • Speaker #0

    Ils t'ont expliqué les raisons pour lesquelles ils te posaient cette question ?

  • Speaker #1

    Ouais, ils m'ont dit en gros que ça faisait partie de la procédure. Et en fait, moi j'ai lu l'ordre de mission parce qu'il fait partie des documents qui sont mis. D'accord. L'ordre de mission, ce n'était pas d'interroger mes anciens copains, c'était d'interroger mon entourage. Parce que le but, c'était de faire une sorte de dessin de ma personnalité. Et je me dis, s'il s'appuie sur les anciens compagnons, compagnes des gens, pour faire un résumé de la personnalité des gens, ça montre déjà à quel point c'est biaisé. Donc personne ne m'a demandé. Ma mère qui m'avait accompagnée, elle, elle a été entendue. On m'a demandé si j'avais un père, donc j'ai dit Mais on m'a pas du tout demandé quelles avaient été les autres figures parentales. Ou des personnes qui auraient été présentes plus ou moins tout au long de ma vie. Et il y en aurait eu quoi. Il y aurait vraiment eu des gens à interroger. Et donc tout l'été qui a suivi, ils ont interrogé mes ex. Et ça c'était hyper chaud. Parce que c'était pas forcément les premières personnes avec qui je voulais parler de ce qui s'était passé. Et puis en plus, on savait pas quelles questions ils allaient poser. Donc ils ont été très mimes, la plupart m'ont demandé est-ce qu'il y a des choses que tu veux que je dise, des choses que tu veux que je ne dise pas. Et je leur ai dit bah ce qui te semble pertinent quoi. Et donc c'est allé de quelle était ma position sexuelle favorite à est-ce que je mouillais beaucoup. Qui sont des questions en plus que j'aurais pu trouver éventuellement pertinentes, alors pas pour la position. Mais éventuellement, par rapport à est-ce que la victime mouille beaucoup, si jamais il s'était avéré qu'il n'y avait aucune lésion par exemple. Là, ça aurait pu être pertinent de se dire, est-ce que simplement ça a pu être aussi créé naturellement ? Et que du coup, on sait que ça peut cicatriser très vite, mais là, au vu de toutes les lésions trouvées, ça faisait aucun sens. Et puis du coup, trop bizarre quoi, la plupart à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois, de juste reparler de notre vie sexuelle. Un moment où en plus le sexe, je ne pouvais plus en parler. Et ils ont réinterrogé un de mes ex qui avait été violent avec moi. D'accord. Et ça, j'ai trouvé que c'était une mise en danger hyper grosse. Parce que j'avais été très explicite sur le fait que je ne voulais pas donner son contact. Déjà parce que ça me demandait de le rechercher, que je ne voulais pas me replonger dans nos messages. Qu'en plus, il avait été violent. Et que donc, voilà, moi j'avais peur des représailles. Et la juge a forcé le policier à l'appeler. Le policier avait fini par se calmer un peu. Je pense que ma petite tentative de suicide, une semaine après lui avoir dit que ça allait être de sa faute, ça a dû un peu remettre les idées en place. Et il l'interrogeait. Et j'étais terrifiée à cette idée-là de me dire, en plus, il sait où j'habite, il sait où je bosse et tout. Et puis on a des potes en commun et des contacts professionnels en commun. Et le policier m'a appelée. Il m'avait dit qu'il m'appellerait juste après l'avoir eue. Et il m'a dit... Oh là là, c'est un sacré connard. Et venant de ce mec-là, que je portais déjà pas dans mon cœur, je me suis dit, ok, on est donc sur vraiment un level 150 de connard. Et en fait, bien après, j'ai eu le dossier avec l'interrogatoire. Et c'est vrai que lui, pire que mon violeur, il s'est pas posé trois questions. Donc c'était très clair. Genre, non, j'ai jamais vraiment demandé le consentement. Mais bon, c'est vrai qu'elle me disait souvent qu'elle avait mal. Enfin... Vraiment une sorte d'aveu sur table. Et de sa part à lui, il m'a envoyé un message. J'avais peur qu'il soit très violent dans ce message. Et non. En fait, c'est vraiment un idiot. C'est-à-dire qu'il tombait un peu dénu à me dire « Je suis surpris. Je ne comprends pas. » Et donc là, je lui ai mis fait par fait « Comment ça a pu te passer par la tête de faire ça répétitivement ? » répétitivement à ce qu'on dit ça. Je sais pas,

  • Speaker #0

    ça m'a pas choquée.

  • Speaker #1

    À répétition. De forcer mon consentement, puisque, en fait, clairement, je lui disais que j'en avais pas envie, de se faire passer ensuite pour la victime, et de recommencer le lendemain. Et il m'a dit, oui, c'est vrai que, bah, je me posais pas trop de questions, bon. Je me dis, peut-être que ça fera son chemin de son côté, peut-être pas, mais, en tout cas, j'ai été assez rassurée sur le fait qu'il me menace pas ou quoi. Et après... Assez rapidement, il y a eu la fin de l'enquête où ça passe auprès de la juge. Donc c'est plus dans le commissariat que ça se passe, mais ça passe au tribunal. Et où il y a un ou une juge qui examine le truc et qui en général rencontre la victime et l'accusé. Et donc c'est ce qui s'est passé. Elle a demandé aussi une expertise psychologique et une expertise psychiatrique qui ont été affreuses. Où en fait, pour l'expertise psychologique, je suis tombée sur une femme qui était débordée. Qui n'avait pas lu mon dossier avant de me voir. Et qui a appelé Hugo, votre ami, pendant genre deux heures et demie d'entretien. Et en fait, ce qui est flagrant, c'est que j'ai complètement dissocié pendant cet entretien. Parce qu'elle m'a posé trois fois la même question. Et j'ai répondu trois fois la même chose. En redéveloppant à chaque fois. Donc j'avais vraiment la mémoire immédiate pas du tout en on. Et l'experte psychiatre qui était presque moqueuse. à me dire que j'étais trop jeune pour avoir des idées noires, que bon, bah quand même, enfin voilà, ça faisait quand même quelques mois maintenant, j'allais pas mieux, c'est bizarre. Et qui m'a demandé de lui montrer mes scarifications. Donc ça, c'était vraiment deux événements très très choquants pour moi. Et ensuite, j'ai vu la juge, qui était un peu une conne aussi, mais je m'y attendais, rien de hors dents. Et ensuite, il y a eu la confrontation devant la juge. Donc ça, ça nous amène, je crois, un an plus tard quand même, ça a pris quelque temps. Et là, nouvelle tactique de Hugo, il n'a rien répondu. En fait, là, elle ne nous a pas demandé d'expliquer, elle nous a posé des questions très concrètes. Genre de détails, de trucs comme ça, de choses qui pour elle avaient évolué dans nos témoignages, ou étaient en contradiction l'un avec l'autre. Et il n'a pas répondu. Il a dû répondre à quelques questions. J'aurais adoré avoir l'enregistrement de ça, parce qu'elle lui laisse le temps. Elle dit rien pendant de nombreuses minutes. Et lui non plus. En présence de son avocat, je sais pas, c'est lui qui lui a dit de faire ça. Mais en même temps, son avocat avait l'air de lui dire, de lui signifier qu'il fallait répondre à un truc. C'était des questions simples quand même. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles il a répondu, je me rappelle plus. Mais des questions, franchement je sais plus, mais des trucs assez simples. Où il s'agit pas de temporalité ou de détails. Et où il a rien répondu. Et donc bon, à l'écrit, ça se ressent pas tant, parce que juste, il y a marqué pas de réponse. Mais le silence de 3-4 minutes, c'est marquant, quoi. Et donc après ça, pareil, je me suis dit, ok, on a regagné une petite bataille. Par contre, après ça, il m'a suivi dans le métro. Et ça, ça m'a paralysée, quoi. Où vraiment, dans la queue, il était derrière moi. Enfin, j'étais vraiment prise au piège. Et je pense que ça m'a aussi confirmé qu'il avait fait ça en toute connaissance de cause. Et qu'il ne s'en voulait pas du tout. Et oui, et après, il y a eu la fin d'instruction. Donc ça veut dire qu'en gros, la juge considère qu'elle a ses réponses. Et elle a requis... C'est marrant, sur le papier, elle a marqué un truc comme quoi... Voilà, c'est évident, ça semble évident qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Que l'analyse gynécologique montre que, quoi qu'il en soit, j'ai forcément eu très mal et je n'ai pas pu le retenir. Enfin que même si je voulais le cacher c'était pas possible. Et que ça il aurait pas pu l'ignorer. Donc très clair. Et entre temps on avait appris que j'avais été droguée ce soir là. Parce qu'on avait retrouvé de la morphine dans mes urines. Et donc ça expliquait aussi un peu l'état apathique que j'avais eu toute la soirée même avant. Et ça finissait quand même par pour des raisons d'opportunité je crois. On propose une requalification. Et donc ça faisait... aucun sens, parce qu'il n'y avait aucun doute dans les trois pages de résumé, mais à la fin, pour des raisons d'opportunité. Et j'étais un peu genre, d'opportunité pour qui ? Et ça, c'était au début du premier confinement, j'ai appelé mon avocat, et il m'a dit, qu'est-ce que vous voulez faire ? Je lui ai dit, je refuse. Et il m'a dit, ok, j'appelle la juge.

  • Speaker #0

    Pour rappel, correctionnaliser un viol, c'est quand le ou la juge décide de requalifier le viol en délit, aux yeux de la loi, alors que c'est un crime. Cette procédure implique que le viol ne sera pas... plus juger en cour d'assise, là où on juge les crimes, mais au tribunal correctionnel, là où on juge les délits. Correctionnaliser un viol, c'est ne pas le juger à la hauteur de la gravité des faits. C'est effacer l'acte de pénétration qui est inhérent au viol. C'est sanctionner l'agresseur pour des faits moindres, c'est le sanctionner pour un délit alors qu'il a commis un crime. Le soi-disant intérêt pour la victime, c'est que l'affaire sera jugée plus vite, car il y a moins d'attentes en tribunal correctionnel. Mais l'intérêt réel pour la justice, c'est que les procès en correctionnel coûtent bien moins cher ... Et cela permet de désengorger les cours d'assises. La correctionnalisation, c'est donc ce qui a été proposé à Clara, mais qu'elle a refusé.

  • Speaker #1

    Et en fait là, ça s'est passé au téléphone, donc j'ai pas de marque écrite de la juge, mais elle lui a dit, soit votre cliente accepte, soit c'est un non-lieu. Donc en plus j'ai trouvé ça assez choquant de me dire, il y a de quoi faire un procès en correctionnel, mais elle, elle a le pouvoir de déclarer un non-lieu, alors qu'il y a ces éléments-là. Et j'ai quand même refusé. Parce que mon avocat aussi m'a dit que pour lui c'était du bluff. Et puis de toute façon en fait je me voyais pas du tout accepter ça. Même dans le cas où je gagnais un procès en correctionnel, je pense que j'aurais eu des regrets pendant longtemps. Et du coup ça a fini par marcher. Et ils ont fini par dire ok ce sera aux assises. Mais on a attendu deux ans après cette décision pour avoir un procès. Voilà.

  • Speaker #0

    Oui le procès pour les assises pour le coup c'est encore plus long finalement.

  • Speaker #1

    Ouais je sais pas combien de temps j'aurais attendu pour le correctionnel mais...

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un peu la carotte pour essayer de faire basculer en correctionnel. Oui, c'est toujours ça. Se dire que ce sera plus rapide.

  • Speaker #1

    Ouais, ouais. Et en plus, je sais même pas dans quelle mesure c'est vrai. J'ai un peu l'impression que c'est tellement aléatoire en plus que...

  • Speaker #0

    Le procès aux assises a eu lieu, c'était il y a un an, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'était en avril 2022. Et l'horreur. Vraiment, la catastrophe. Moi, en plus, j'étais très bien entourée. J'avais, je sais pas, une trentaine d'amis qui étaient venus. Qui avaient, certains, posé des jours de congés. qui avait séché les cours enfin J'ai vraiment eu un soutien énorme et je pensais que ça allait être très professionnel et que de ce fait ça allait être très froid. Mais en fait c'était pas ça, c'était plus une sorte d'énorme comédie. tragique. Et on aurait vraiment dit que j'étais face à des stagiaires, quoi. Enfin, ou à des mauvais acteurs. Donc ils avaient l'air perdus. L'avocat général a mis facilement un jour et demi à comprendre qu'on n'avait pas été en couple avant. Ah ouais, d'accord. Il y a eu beaucoup de... Alors je sais pas s'ils se sont mélangés les pédales entre d'autres dossiers ou quoi. Pour moi, un procès aux assises, c'était quelque chose de... Je sais pas, de très sérieux, quoi. Et là, mais le chaos, vraiment. L'avocat de la défense qui a décidé de ne pas parler dans son micro parce que, je sais pas, il était old fashion et que du coup il voulait parler à voix haute mais personne ne l'entendait. Vraiment, je sais pas, une sorte de très mauvaise pièce de théâtre mise en place par des adolescents qui ne voulaient pas faire cette pièce de théâtre. C'était ça. Pendant trois jours.

  • Speaker #0

    Et ouais, parce que c'est ça les procès durs.

  • Speaker #1

    Ouais, aux assises, ça prend du temps parce qu'en fait, on réentend tout le monde. En fait, il n'y a que Deux personnes, il me semble, qui ont le dossier parmi les gens de la cour. Il y a l'avocat général qui représente la société. Et il y a la présidente de la cour qui a lu le dossier. Je ne sais plus si les deux juges qui sont avec elle ont lu le dossier ou pas. Mais en tout cas, il y a quand même six personnes qui sont tirées au sort qui n'ont pas lu le dossier. Donc pour ces personnes-là, il faut que tout soit redit à l'oral. Ils ne pourront pas s'appuyer sur autre chose que ce qu'ils ont entendu. Du coup, tout le monde est passé. Les témoins, donc les personnes présentes à la soirée. Enfin, tout le monde est passé. Toutes les personnes qui avaient été appelées par la cour. Et parmi ces personnes, ils n'ont pas appelé l'autre victime de ce même mec. Ils n'ont pas appelé l'une des... En gros, il y a deux personnes qui étaient présentes pendant la première agression sexuelle que j'avais subie. Ils n'en ont appelé qu'une seule, les deux. Alors que je l'adore, c'est un très très bon ami. Mais c'est peut-être celui qui se rappelait le moins bien de cet événement. Donc en fait je comprends pas pourquoi ils ont pas rappelé l'autre Et puis moi je pouvais pas la forcer à venir Elle commençait son stage Si y avait pas un truc très très concret C'était impossible quoi Et puis je pensais même pas que c'était possible de ramener quelqu'un en disant Bon bah vous allez l'écouter en fait Donc ouais pareil un peu un truc très cafouilleux Y a un témoin qui avait été appelé Qui a décidé de ne pas venir Ou je sais pas qui s'en est foutu Et du coup ils ont dû l'appeler Il habite à Bordeaux Il a dû venir en urgence le lendemain Et je comprends pas que ça avait pas été fait avant Parce que normalement, quand tu reçois ce papier-là, tu dois aller signer pour confirmer que tu seras bien présent. Et donc si ce gars, visiblement, n'a pas signé ce papier, pourquoi ils n'ont pas réagi plus tôt ? En plus, c'est un papier affreux, où il y a marqué... Enfin, affreux. Il y a marqué qu'en gros, si tu ne te pointes pas, ne serait-ce que pour signer, tu risques telle amende, tel nombre d'années de prison, entrave à la justice... En fait, c'est vraiment du blabla. Et l'experte toxicologique ne s'est pas pointée. Parce que... Apparemment, il y en a très peu. Pour tous les cas. Et donc en fait c'est des personnes qui doivent voyager dans toute la France, dans toute l'Europe tout le temps. Et pareil je me dis en fait pourquoi cette personne n'a pas été contactée plus tôt pour lui demander si elle était disponible. Et sinon si elle pouvait, je sais pas, enregistrer une vidéo peu importe. Ou un appel, ça durait 10 minutes éventuellement. Parce que c'est quand même beaucoup plus marquant d'avoir quelqu'un à qui on peut poser des questions. Qu'un pauvre papier qui dit des choses que personne ne comprend. Donc ça a été le cas. On a lu ce papier, mais très vite. Et on avait beaucoup de questions à lui poser à cette femme. Plein de choses, en fait, qui demanderaient... En fait, ça levait le doute sur certaines choses, genre mon comportement avant, pendant la soirée, où j'étais très apathique. Le fait que je me sois rendormie à plusieurs reprises, alors que j'étais en un tas de chocs, ça peut faire sens. Mais bon, ils n'étaient pas en mesure d'entendre tout ce qui n'était pas très moléculaire. Et donc, en fait, les gens ont oublié. Enfin, les questions qu'on m'a posées... C'était, est-ce que vous aviez pris des substances à part l'antidépresseur et le toliprane codéiné ? J'ai dit, mais j'ai pris aucun toliprane codéiné, en fait. Enfin, ils se sont fait leur propre idée. Et j'étais la seule personne en mesure de dire ça. Parce que mon avocat, s'il invoquait cet élément, il pouvait être stoppé pour, genre, en gros, interprétation, quoi. C'était vraiment galère, quoi, de signifier que là, j'avais été droguée, que c'était à mon insu. Et qu'a priori, au vu des éléments suivants, c'était bien probable que ce soit Hugo. Et je l'ai dit et redit devant la cour, mais ça n'a pas du tout pris.

  • Speaker #0

    Et oui, et donc dans tout le côté hyper pas pro, il y a eu invoqué l'attaque du pénis du goût tous les jours. Vraiment, ils étaient assez... Ouais, je sais pas, focalisé sur son pénis, qui n'est pourtant pas si incroyable, mais visiblement ça l'est.

  • Speaker #1

    Cet élément-là, qu'est-ce que ça a amené de plus ou de moins à l'enquête ?

  • Speaker #0

    Ça a amené l'explication aux lésions. Ok. Et ça a amené, attention, c'est très très très très tiré par les cheveux, mais... S'il avait un gros pénis, parce que c'était un peu ça le truc, il avait un gros cerveau et un gros pénis. Et donc son gros pénis le complexait au point qu'il était inexpérimenté sexuellement, puisque complexé, et que donc ça avait amené à ce viol. Très tiré par les cheveux comme explication. Mais ça a marché, c'est ça qui est incroyable. C'est que vraiment, ça a été dit une première fois qu'il avait un énorme pénis, et c'est devenu une sorte de vérité générale. Ça expliquait beaucoup de choses. Son pénis était visiblement responsable de plein de choses qui le déresponsabilisaient lui. Et pareil, alors son gros cerveau, ça a été émis, je pense, deux jours sur trois. Il a un énorme QI, il est très précoce. Et donc ça explique qu'il viole des gens sans s'en rendre compte. Pareil, un peu tiré par les cheveux, mais ça a quand même marché. C'est ça aussi qui est incroyable, c'est que je pense qu'à la limite, j'étais tombée sur une cour qui était très... je sais pas... qui voulait absolument laisser aucun doute. Et juste qui était en mode, oui, mais blablabla. J'aurais peut-être un peu compris. Mais là, ils admettaient des faits complètement subjectifs et pas vérifiés. Mais à côté, moi, mes éléments de genre les lésions, l'examen toxicologique, les témoignages en bon sens, rien. Donc c'était vraiment juste un biais sexiste de base. Et alors que lui, quand il est passé à la barre, pareil, il a baigrié, il est devenu tout blanc. Et pourtant il est blanc de base, donc vraiment c'était tout blanc, tout blanc. Et très marquant quoi, il a commencé par dire qu'il était désolé pour tout le mal qu'il avait fait, qu'il s'en rendait compte maintenant. Je trouve ça mignon, t'en rends compte au dernier moment quand tu restes à la prison, oui. Et en plus, je sais pas, c'était une sorte de mi-aveu. Et en fait j'ai compris pourquoi, je pense que c'est son avocat qui lui a dit. C'est que le viol n'est pas caractérisé par ce qui se passe dans les faits, c'est caractérisé par l'intention de l'agresseur. Donc lui ce qu'il essayait de dire c'est qu'à ce moment là il en avait pas l'intention mais qu'il l'a fait quand même. Et ça a marché. Parce que légalement c'est comme ça que ça se passe. Pour moi c'était un aveu de en fait il y a bien eu un viol à ce moment là. Il l'admet. Mais ça suffit pas. Et il a fini par je me sens coupable. Mais son avocat a bien rattrapé le truc derrière. Et l'avocat général a requis 5 ans avec sursis. 5 ans d'emprisonnement avec sursis. Ce qui est le maximum avec sursis qu'on peut requérir. Et il a bien précisé que c'était pas une façon d'être léger, mais au contraire qu'il pensait que c'était plus marquant pour lui d'avoir quelque chose un peu au-dessus de sa tête, enfin que ça permettrait d'empêcher qu'il recommence, et il a été acquitté. Et vraiment pareil, cette différence de traitement, je trouve que ça montre qu'il y a quelque chose qui est pas clair dans la façon d'envisager les lois et l'application des lois. Parce que comment on peut arriver avec une personne qui représente la justice, qui a des années d'expérience derrière, qui peut recueillir ça, et derrière avoir un acquittement ? C'est pas une différence de deux ans d'emprisonnement. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Parce que là, du coup, la décision a été prise à l'issue des trois jours de procès. Et qui prend la décision exactement ?

  • Speaker #0

    C'est les six personnes du jury populaire, et les trois juges. donc la présidente et les deux juges qui la coupaient tout ça à partir de choses qui ont été dites pendant le procès donc tout le monde était là à prendre des petites notes sauf 2-3 personnes que j'ai vu ne pas prendre de notes et je me disais je sais plus ça a duré plusieurs heures les délibérations donc pareil je me disais mais qu'est-ce qu'ils doivent bien se dire pendant toutes ces heures et en fait j'ai appris après par plusieurs juges que maintenant il y a beaucoup de juges qui refusent les affaires de viol pour ne pas subir ces violences qu'il y a pendant les délibérations ah ouais Mais donc je me dis, en fait, s'il reste que les acharnées du slip...

  • Speaker #1

    On est mal barrés.

  • Speaker #0

    C'est ça. Franchement, je serais bien intéressée de savoir ce qui se dit dans ce genre de moment. Est-ce que chaque personne va s'appuyer sur ses notes en disant... Ou est-ce qu'en fait, c'est vraiment... Bon, maintenant qu'on a eu ces trois jours épuisants à moitié dormir et à entendre des horreurs, qu'est-ce qu'il en sort, quoi ?

  • Speaker #1

    Il y avait des trucs aussi sur lesquels je voulais revenir, dont tu m'avais parlé la première fois. c'est que tu m'avais dit qu'il y avait des éléments comme la première agression que t'avais eu avec lui qui ont été retournés contre toi alors en fait à la fin des délibérations il donne une feuille

  • Speaker #0

    qui explique les motivations. Et c'était hyper intéressant cette feuille parce que c'était de la grosse merde. C'est-à-dire que ça commençait par dire que la cour me croit honnête, quoi. Mais, et alors là, c'est parti. Mais que les examens gynécologiques présentent telle, telle, telle liaison, mais que ce n'est pas caractéristique d'un viol. Ils ont retourné les propos de la gynécologue à qui ils ont demandé est-ce que c'est caractéristique d'un viol ? Elle a répondu non, aucune lésion ne peut être caractéristique d'un viol, puisque en fait ce qui est caractéristique ça va être le consentement ou non. Mais qu'en revanche, ces lésions-là avaient forcément créé de la douleur, et que blabla je pouvais pas le cacher, qu'ils pouvaient pas l'ignorer. Donc ils ont coupé juste le nom, si ce n'est pas caractéristique, pour le garder. Donc déjà ça a enlevé les rapports médicaux, qui sont quand même la raison pour laquelle je suis allée jusqu'aux assises. Et alors là il y a eu une liste. C'est-à-dire que... qu'en gros j'avais déjà été agressée et moi je dis ça mais en fait ce qui est écrit c'est que j'avais déjà subi les assauts amoureux donc vraiment c'était parfait quoi en plus on est sur des termes scientifiques et c'est ça qui est chouette et que donc quelque part en fait je savais à quoi m'attendre que j'étais allée en sous-vêtements dormir avec lui point point point quoi c'est tellement évident pour eux que c'est même pas vraiment expliqué que j'avais déjà su dire non à un autre garçon dans les mêmes circonstances, donc à une soirée du go précédemment, que donc visiblement j'avais pas dit assez cette fois-là sauf qu'il s'avère que cet autre garçon, bah il avait fallu que, enfin, qu'il y ait des gars qui se cherchent de le virer tellement il était insistant donc bof pour le non aurait suffit quoi et quand bien même en fait c'est qu'en fait bah non non vraiment ça suffit pas c'est clair et puis il y avait l'un des points suivants qui disait que la psychiatre estimait que je n'étais pas en capacité de dire non Genre qu'en gros, je voulais tellement faire plaisir au monde entier que je ne savais pas dire non. Donc, rien que dans deux points d'un même papier, ça expliquait que quoi qu'il arrive, j'étais fautive. Il y avait aussi un élément qui disait que le psychiatre qui avait examiné Hugo disait que voilà, visiblement, il s'en voulait. Et que donc, il avait pu mésinterpréter. Alors, mésinterpréter quoi ? J'en sais rien. Parce que, a priori, pour mettre un truc de mon vers, c'est... Pas vraiment de la mésinterprétation. Et qu'il avait pu se tromper de bonne foi. Pareil, encore une fois, des termes très très réglo, quoi. Et très, enfin, je pense que ça existe dans la loi, de se tromper de bonne foi. Et que de mon côté, alors c'était quoi ? Oui, j'avais une personnalité complexe. Non, un trouble de la personnalité complexe. Et une personnalité mosaïque. Ce qui n'existe pas du tout, dans aucun jargon, en fait. On s'est renseignés.

  • Speaker #1

    Parce que j'allais dire, personnalité mosaïque,

  • Speaker #0

    c'est la première fois que je vois ça. Ça fait très artistique, salle de bain, mais à part ça, je vois pas quel est le lien. Et donc, je me suis retrouvée là, avec tous ces trucs, où après, avec mes amis, on a cherché, mais dans tous les pauvres petits articles et des recoins d'internet, on n'a rien trouvé. Ça ne veut rien dire. Ça n'existe pas. Eux, ils en ont fait leur bouillie en disant qu'en gros, j'étais une fille quand même bien compliquée. Donc voilà, c'est pas facile pour un garçon avec un gros zizi, un gros cerveau, de comprendre une fille très compliquée comme moi. Et voilà, c'est vraiment la fin.

  • Speaker #1

    Wow !

  • Speaker #0

    Donc, ouais.

  • Speaker #1

    Tu l'as eu tout de suite, le jour J, ce papier-là.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais. Et ils disent aussi que des amis à lui ont entendu des émissements provenant de la chambre. Alors, tout ce que je t'ai dit là, ça concerne éventuellement des choses qui vont parler du moment précis. Mais en plus, dans les preuves, entre guillemets, de mon consentement, enfin, dans les choses, dans les faits qu'ils font, qu'ils auraient pu croire à mon consentement, il y a même des éléments après le viol. Donc, ils se sont appuyés sur des choses après le viol pour se dire, ah bah donc, elle devait être consentante avant. Mais rien ne parle vraiment de juste avant. Donc, du moment où normalement on a le consentement des gens. Donc après, ils disent des choses fausses. Genre, j'ai attendu d'avoir les examens médicaux pour porter plainte. Alors que c'est grâce à la plainte que j'ai pu avoir les examens médicaux. Que je n'étais pas vraiment sûre d'avoir été violée. Donc ça paraît, je ne sais pas où est-ce qu'ils l'ont entendu ou lu. parce que personne d'autre n'a entendu ça. Et que donc, des garçons avaient entendu des bruits provenant de la chambre. Et ça, c'était un argument qui me faisait vachement peur. Parce qu'en fait, en effet, je me suis dit « Mais s'il avait pris mes cris de douleur pour des cris de pas douleur, quoi. » Malgré le fait qu'il ait quand même explicitement dit qu'il avait eu l'impression que j'avais plusieurs fois émis des cris de douleur. Et la juge avait immédiatement dézingué cet argument en disant « Vous savez que si vous êtes dans la salle d'attente d'un dentiste, et que vous ne savez pas qu'il y a un dentiste à côté, vous prendrez les bruits pour des bruits de films porno Parce qu'en fait, juste notre cerveau va relier les choses comme il peut, quoi. Et que factuellement, bah oui, il y a leurs deux potes qui sont dans une chambre, ils entendent des bruits, étouffés, encore heureux qu'ils ne se soient pas demandé si tout allait bien. Enfin, moi je leur en veux pas pour ne pas s'être demandé. Parce qu'on était jeunes, c'est normal de pas s'imaginer qu'il y a une agression qui est en train de se passer à côté de nous, quoi. Mais par contre, prendre cet argument-là pour s'appuyer sur un consentement, c'est vraiment chaud. Parce que donc pareil, ça a enlevé... lui toutes les fois où il a dit oui je crois qu'elle a eu mal quand même à un moment je lui ai demandé si ça allait mais elle m'a pas répondu donc j'ai continué parce que ça je trouve ça beaucoup plus parlant c'est quand même la personne concernée qui en parle s'appuyer sur des bruits qui ont été entendus dehors et analysés par

  • Speaker #1

    des gens c'est déjà hyper biaisé et du coup une fois que t'as ce papier et que tu vois toutes ces incohérences et ces mensonges finalement tu peux rien faire

  • Speaker #0

    Ah ouais, non, en fait, c'est trop tard. C'est vraiment le moment où j'étais face à un truc où t'as aucun contrôle dessus. Quelque part, ce qui m'a rassurée, c'est que mon avocat m'a dit « plus je lis cette feuille et moins je la comprends » . Même lui, qui a pu être assez arrangeant par rapport à des choses qui ont pu plus me révolter, même lui, il y voyait aucun sens. Donc ça m'a beaucoup rassurée. En fait, après ça, donc, à l'annonce de l'acquittement, j'ai essayé de me suicider dans l'ensemble du tribunal. Et suite à ça, je suis allée... à l'hôpital et la docteure m'a laissé sortir pour que je rejoigne mes amis parce qu'en fait j'avais juste besoin de ça. Et ensuite pendant les quelques jours qui ont suivi j'ai été seulement avec mes potes enfin vraiment on était tout le temps ensemble avec mon copain et mes potes. Et ils ont été trop mignons je pense qu'eux aussi étaient bien traumatisés. Et en fait ils se sont renseignés sur les recours possibles. Parce que c'est là que j'ai appris qu'en tant que partie civile on peut pas faire appel aux assises et donc j'étais un peu là genre ok en fait je ne peux plus rien faire. et c'est une décision qui est complètement injuste un de mes potes qui est hyper calé par rapport aux lois et tout et qui s'est renseigné m'a dit il y a un recours auprès de la cour européenne que tu peux faire il a listé tous les articles que la France n'avait pas respecté donc j'ai vraiment rien eu à faire il m'a vraiment juste envoyé toute la liste en me disant genre voilà donc ça c'est pas ok ça c'est pas ok donc c'était juste hyper clair et après j'ai eu à remplir la requête et voilà en fait ce que t'as fait exactement c'est tu as saisi la cour européenne des droits de l'homme

  • Speaker #1

    en fait c'est pour accuser la France exactement,

  • Speaker #0

    en fait c'est une plante contre la France genre comme tu ferais une plante auprès de la police contre quelqu'un en disant il est dans l'illégalité pour ceci cela là c'est ça, c'est que la France a signé une convention européenne avec plein d'articles dedans et dont des articles alors moi ce qui me concerne ça va être le droit à un procès équitable dans le sens où il y a des témoins qui n'étaient pas là où l'expert toxicologique n'est pas venu le droit normalement en tant que victime de violences sexuelles j'aurais dû être particulièrement protégée chose qui n'a pas été faite, que ce soit par rapport à Hugo, où il y avait mon adresse partout dans tous les documents, par rapport à mon ex qui avait été violent et j'avais été explicite par rapport à ça. Il y a la victimisation secondaire, qui est vraiment un terme qui est utilisé dans la Convention, qui explique qu'on est au courant qu'il y a des biais sexistes dans tous les pays européens, qu'on est loin d'avoir déconstruit ça, et qu'il faut particulièrement faire attention, quand une personne a été victime de violences sexuelles, de ne pas répéter, reproduire ces schémas-là. Donc là, on est à fond dedans. tout ce qui va être par rapport à ma tenue, ma vie sexuelle, tout ce qui est hors sujet et qui est clairement sexiste, rentre en compte. Le fait que le délai, particulièrement pour les violences sexuelles, doit être raisonnable. Donc pareil, même si, par rapport à la France, en fait, mon délai a été particulièrement court, ça reste pas raisonnable. Je vais éternuer.

  • Speaker #1

    Vas-y, éternue autant que tu veux.

  • Speaker #0

    Ça vient pas. Quoi d'autre ? Je sais que j'oublie plein de trucs. Oui, que les motivations... doivent être cohérentes. Donc là, on est en plein dedans aussi. Et alors, ce qui est hyper intéressant, c'est que dans la loi française, on parle de l'intention de l'accusé pour caractériser l'infraction, en plus d'avoir soit violence, menace, surprise ou contrainte. Alors que dans la Convention européenne, les mots, c'est acte sexuel non consensuel. Donc on parle de consentement. Et les États ont l'obligation de punir tout acte non consensuel. Donc ça, c'est pas du tout fait. puisque ça a été admis que c'était non consensuel. Donc c'est un peu genre la loi française contre la loi européenne. Je sais pas comment ils vont résoudre ça, puis c'est pas nouveau. Franchement, c'est leur problème. Mais au moins, c'est très clair que la France est dans l'illégalité là-dessus. Mais bon, la France est dans l'illégalité aussi par rapport à la correctionnalisation. Même si j'en ai pas fait les frais, c'est illégal. Je sais pas trop dans quelle mesure ça va pouvoir bouger. Mais en tout cas, au moins, leurs lois sont claires. Mes revendications, c'était pas de dire il faut amener le consentement dans la loi alors que c'est pas le cas. Là, au moins, c'est déjà le cas. Donc je me suis vraiment appuyée que sur des choses que la France a signées. Et c'est pas mon problème si elle l'a signé et qu'elle le fait pas.

  • Speaker #1

    Trop bien. En plus, là, t'as eu la réponse...

  • Speaker #0

    Et j'ai eu la réponse ! Et donc, ouais, bah, depuis le 17 avril, j'ai mis la France en cause. Donc ça veut dire, en fait, mettre en examen, c'est quand il y a des preuves suffisantes pour engager une enquête. Là, c'est pas le cas, parce que pour l'instant, il y a pas vraiment de preuves à l'appui, il y a que mon témoignage. Et donc, la France va pouvoir s'expliquer à partir de mon témoignage. Elle va bien galérer, parce que franchement... Bon. Là c'est très très clair les questions qui sont posées, c'est avez-vous bien, en vertu de l'article machin machin, fait ceci cela ? Et bon bah non, donc je sais pas si elle va mentir ou pas mais en gros c'est assez clair. Et suite à ça moi je pourrais répondre aussi. Et en fait je pense que ça va être aussi un peu preuve à l'appui. Peut-être que du coup il va falloir fournir les documents qui précisent ceci cela, et où après il y aura procès, je sais pas trop sous quelle forme, et ensuite décision de justice.

  • Speaker #1

    bravo d'être allée jusque là parce que franchement je ne savais même pas avant de te connaître je ne savais même pas que c'était possible de faire ça moi non plus franchement je l'ai su vraiment c'était un peu step after step genre pendant tout le procès j'étais persuadée de pouvoir faire appel s'il y avait quoi que ce soit donc mais on est tellement mal informé en fait je ne savais pas non plus qu'on pouvait pas faire appel c'est un truc de dingue c'est honteux quoi et pareil je pense qu'en fait ça fait partie des trucs où on devrait le savoir

  • Speaker #0

    C'est quand même pas rien. C'est pour ça que souvent les gens qui me disent « mais porter plainte, pas porter plainte, blablabla » et où en fait la réponse c'est un peu… Il y a beaucoup de gens qui vont dire « fais-le pour toi, le fait est qu'on le fait jamais pour soi en fait. Comme on est considéré comme témoin, on le fait vraiment pour les autres. » Et est-ce qu'à ce moment-là, t'as l'énergie de le faire pour d'autres gens ? Ce qui te rendra pas non plus responsable si tu le fais pas. Enfin c'est un peu la culpabilité généralement qui arrive de se dire « oui mais s'il recommence… » Bah je serais fautive dans le sens où j'ai pas signalé le truc. Mais non, autant si tu signales et que la personne est condamnée, c'est grâce à toi qu'il y a des victimes qui ont été épargnées. Autant si tu le fais pas, c'est à cause de lui qu'il y a des gens qui sont violés. Enfin, la responsabilité est pas à double tranchant tout le temps quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup t'as créé un compte Instagram.

  • Speaker #0

    Et oui, j'ai créé un compte Instagram ! Et bah j'ai créé ça genre un an après avoir porté plainte. Et initialement c'était un peu plus pour... pouvoir expliquer à mes proches comment ça s'était passé, ce qui s'était passé. Qu'ils aient aussi la possibilité de lire ça sans avoir à me répondre. Parce que je pense que c'était encore une période où on était jeunes, on en parlait encore assez peu. Avoir la bonne réaction, c'était un peu la peur de tout le monde d'être genre « Ah mais je vais jamais savoir comment réagir » , alors qu'en réalité, juste un petit « Merci pour ta confiance » , n'importe quel petit mot vraiment gentil, ça fait largement le taf. mais donc là ça permettait que je dise écoute si jamais tu as l'envie l'énergie tu peux regarder ce compte c'est important pour moi et ensuite les gens en fonction de leurs possibilités me répondait ou pas et petit à petit enfin je sais pas dans les trois mois qui ont suivi ça a pris vraiment de l'ampleur parce que j'avais été repartagé par deux trois comptes très très suivi moi j'avais je suis pas graphiste ou quoi donc j'ai vraiment opté pour une esthétique hyper simple et en fait je crois que ça a bien plu du coup le fait qu'il n'y ait pas trop de typos de trop d'informations en fait Et puis en plus j'avais beaucoup de choses à écrire parce que j'avais un an de retard par rapport aux événements. Donc quand j'écrivais c'était déjà passé et petit à petit j'ai fini par rattraper la ligne du temps actuel. Donc j'ai moins publié, je pensais publier pendant le procès et en fait c'était impossible quoi, il y avait tellement d'éléments. J'ai aussi essayé de pas mettre des choses trop choquantes dans mon témoignage, je voulais pas qu'il y ait des TW partout, je voulais que ça puisse être lisible. Et en plus, je trouvais ça important qu'il n'y ait pas forcément des détails de ce qui s'est passé, parce que c'est pas dans la question, enfin en matière vraiment de détails de quelle pénétration, quelle violence. Pour moi, c'était pas la question, mais plutôt dans quelles circonstances, qu'est-ce qui s'est dit, qu'est-ce qui s'est pas dit. Et je trouvais ça important du coup qu'il n'y ait peut-être que des choses essentielles au déroulé de l'histoire et pas tous les détails à tout prix. Mais pendant le procès, en fait, comme ça a été un peu l'essence du truc. de parler que de choses hyper violentes. Je me suis dit que ce n'était pas le bon média. Et en fait, je pense que ça m'a vraiment permis de garder la tête hors de l'eau, parce que ça a allégé beaucoup mes proches de ne pas devoir être présents tout le temps. Moi, je recevais du soutien au continu par des inconnus qui pouvaient peut-être m'envoyer un message dans leur vie, et moi, ça m'apportait beaucoup, et ça leur prenait peu. Et aussi, j'ai pu vraiment échanger avec des juristes, avec des personnes dans des assos, des personnes renseignées. Donc c'était un peu aussi une source d'informations. Et une sorte de communauté, quelque part, de soutien, quoi. Beaucoup de gens m'ont dit, j'hésite à faire une page et tout. Moi, j'ai toujours dit, un peu, en gros, tant que tu restes anonyme, d'une manière ou d'une autre, ta page, tu l'effaces quand tu veux. Tu bloques les gens que tu veux. Et, enfin, c'est vraiment... En fait, c'est ton espace, quoi. franchement go et par contre à l'instant où tu sens que ça t'apporte pas du bien t'es libre de faire tout ce que tu veux pour y remédier en tout cas moi c'est un peu comme ça que j'ai les tenues genre j'ai bloqué un nombre de mascus mais inimaginable et même des gens qui ont témoigné sur ma page qui avaient besoin qu'on bloque certaines personnes de leur entourage franchement avec grand plaisir et je me disais c'est bien si on a un petit lieu sur les réseaux sociaux où juste on peut papoter un peu et ouais c'était chouette Enfin, c'est toujours chouette. Oui,

  • Speaker #1

    parce que du coup, ça continue finalement.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément.

  • Speaker #1

    Tu informes, en fait, à chaque fois, à chaque étape.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis vraiment rendue compte que ça manquait, en fait, les témoignages. Il y a souvent peut-être des témoignages sur les violences en soi et comment on s'est rendu compte. Genre sur les levées d'amnésie traumatique, éventuellement. Et encore, c'est pas non plus hyper fréquent. Sur les personnes un peu connues, entre guillemets, qui ont pu participer à des MeToo et tout. Mais en fait, sur les détails de ce que c'est que de vivre une procédure, c'est pas encore acquis. J'ai l'impression que c'est quand même un besoin encore qui existe.

  • Speaker #1

    Ouais, complètement. C'est en ça que du coup, en n'étant pas informée, on débarque un peu comme ça. Quand on arrive à un procès, on sait pas du tout comment ça se passe.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut faire après. Donc ouais, c'est super important ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Merci. Bravo.

  • Speaker #1

    C'est bien parce que du coup tu finis par ta tête positive. Est-ce que tu, parce que moi je suis arrivée à l'issue de toutes mes questions, mais est-ce que t'as des trucs à ajouter, des choses que t'aimerais dire, ou pas ?

  • Speaker #0

    Macron démission.

  • Speaker #1

    Ouais je crois que là on est tous d'accord.

  • Speaker #0

    Ouais je crois qu'on est... En vrai je suis assez optimiste sur la suite, pas forcément sur la mienne, pas forcément par rapport à la Cour européenne, etc. Mais quand même au fil des années là je me suis rendue compte que mine de rien, tout ce qui est fait sur les réseaux sociaux, les podcasts, les films, les séries qui en parlent, même s'il y a pu avoir des choses maladroites, parfois même carrément mal faites, quelque part, ça a vraiment amené le sujet sur la table, au point que moi, j'ai bossé dans plusieurs endroits qui sont des endroits précaires, avec des personnes de cultures très différentes, où les enfants ont aussi sur... je sais pas, grandissent dans des religions différentes, avec des vécus très différents, etc., dans des coins très reculés, où genre il y a 5 personnes dans leur patelin, mais où quelque part cette médiatisation globale, ça leur a permis quand même d'avoir des informations hyper cruciales. Que ce soit par rapport aux violences sexuelles comme à d'autres sujets, tu vois, mais j'ai entendu des propos tenus par des enfants de moins de 10 ans, qui étaient hyper clairs, genre sur le consentement notamment, j'entends de plus en plus Je sais pas, des petits dire non mais c'est pas drôle en fait. Là où moi je sais que j'ai été incapable de dire cette phrase quand j'étais enfant et je l'entendais jamais non plus. Ou alors si je l'entendais, c'était vraiment par la personne qui était réputée pour avoir un caractère déjà bien solide et bien construit et qui était sûre de ses idées. C'était pas tout le monde quoi. Et où là, même je vois mon petit cousin qui a une petite sœur. Quand lui, il avait je sais pas, 6 ans et elle 3 ans un truc comme ça. C'est arrivé, qui dit ça ? Des adultes ? Non, mais elle t'a dit non. Genre juste pour lui caresser les cheveux, tu vois. Mais où en fait, déjà, c'était sérieux. Dans le sens où en fait, mais qu'est-ce que tu fais ? Enfin, c'était quand même très clair, les instructions données. Et je trouve ça chouette de me dire que les biais, ils vont rester encore a priori longtemps. Ça ne met pas non plus 5 ans à partir. Je crois que maintenant, je vais donner plus de mon énergie vers les générations plus jeunes. Ouais, les générations qui commencent à se construire que vers celles... qui ont baigné là-dedans et qui sont bien, la culture du viol, ils partiront avec. Voilà. Allez voir des bébés. C'est rassurant.

  • Speaker #1

    Selon la Cour européenne des droits de l'homme, la France est dans l'illégalité, car la France protège les violeurs et les agresseurs. Mais même après un procès qui finit mal, le combat de Clara démontre que des recours alternatifs sont possibles. Vous pouvez d'ailleurs signer sa pétition pour faire porter sa voix encore plus loin et suivre son compte Instagram. Vous trouverez toutes ces informations dans la description. Merci à Clara pour la précision de son témoignage, son humour et surtout, sa ténacité. Vous venez d'écouter le cinquième épisode du podcast Au bénéfice du doute. Si vous pensez qu'il peut être utile à d'autres personnes, n'hésitez pas à le partager. Le podcast est entièrement autoproduit par Julie Dussert. La musique originale a été composée par Sandra Fabry et l'image a été dessinée par Camélia Blandeau. Au bénéfice du doute. Le podcast où les personnes victimes de violences sexuelles prennent la parole.

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