- Speaker #0
Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufactures de proximité, fabriques de territoire, tiers-lieux ressources,
- Speaker #1
circuits courts,
- Speaker #0
tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.
- Speaker #2
Salut, je suis Richard et dans ce nouvel épisode d'Au cœur des tiers-lieux, nous allons à Cercoût, en Charente-Maritime, à une heure de Bordeaux et deux heures de La Rouchelle, pour visiter le Moulin Solidaire, tiers-lieu rural à la fois ressourcerie, épicerie, café solidaire et bien d'autres choses encore. Et j'ai rendez-vous avec Maëlys, la coordinatrice de ce lieu foisonnant.
- Speaker #1
Je suis Maëlys Badi, je suis coordinatrice du Moulin Solidaire depuis à peu près un an. Le Moulin Solidaire a été créé en 2017. C'était en fait la création d'un lieu qui avait germé dans l'esprit de plusieurs habitants depuis plusieurs années et qui ont décidé finalement de se rassembler en une association pour finalement être un véritable acteur de la transition sur le territoire. Au départ, l'idée principale et le besoin fondamental, c'était de créer du lien social. En fait, ça, c'était le vrai besoin identifié sur le territoire. Et autour de ça, pour pouvoir développer ce lien social, il y a une recyclerie qui a été créée dans un premier temps. Et ensuite, très rapidement derrière, une épicerie coopérative aussi, autour de l'alimentation biologique et locale sur des circuits courts. Et enfin, dernière activité qui a... La prinescence aussi, c'est tout ce qui était lié au socio-culturel. Donc créer des activités, des ateliers, des moments où les gens se réunissaient et apprenaient et réfléchissaient et créaient leur lieu de vie finalement sur le territoire. Donc là, on est sur une ancienne triche industrielle, c'était une ancienne charcuterie. Donc là, ici, tu as toute la partie habitation et ici, la partie qui était opérationnelle de la charcuterie. et qu'on occupe, donc c'est un espace qui fait à peu près 960 m² habitable, et puis il y a encore un hectare supplémentaire de terrain et d'espace vert. Là, il y a plusieurs bénévoles qui viennent très régulièrement justement, trier ce qu'est, et donc là c'est 1 euro le kilo, sur l'ensemble de la vie.
- Speaker #2
Ah, c'est au plus vite.
- Speaker #1
Oui, c'est au kilo. Salut Magdalise, salut Victor, ça va ?
- Speaker #2
Bonjour.
- Speaker #1
Et donc je vous présente Christa, et donc Betty qui est bénévole active et également administratrice au Moulin. Donc il y a six administrateurs et administratrices qui composent le conseil d'administration de l'association et donc Betty en fait partie. Et donc c'est une de nos bénévoles très active notamment sur la partie jouer sur laquelle elle a grandi.
- Speaker #0
Une grande enfant encore. J'adore jouer. J'adore jouer.
- Speaker #1
parce que c'est beaucoup de temps temps à réparer, trier tous les jeux.
- Speaker #0
Souvent, avec trois jeux, j'arrive à en tirer quelques fois.
- Speaker #1
Et parfois, elle est aidée. En fait, on est en partenariat avec la Maison des Bâtelaires, qui est une association située à Montandre. Donc, il est un peu plus haut. Et donc, il y a des jeunes internationaux. Donc, l'année dernière, on avait...
- Speaker #0
J'avais trois Russes. J'avais un Ukrainien, je crois, avec un Turc, un Espagnol. Je ne sais plus.
- Speaker #1
Cette année, pareil, il y aura pas mal de jeunes étrangers qui viennent et donnent une demi-journée de leur temps dans une association. Ils sont soit au jeu, soit après ils vont animer des ateliers avec les plus jeunes, les ateliers intergénérationnels qu'il y aura demain, justement.
- Speaker #0
Ce qui est bizarre, ou bien, je ne sais pas comment on pourrait dire ça, mais justement ce matin, j'en parlais encore à quelqu'un, la barrière de la langue. Moi, je ne parle pas. pas du tout anglais. Alors encore moins le russe ou l'ukrainien, forcément. Et en fait, c'est super, ça passe, on arrive à se comprendre.
- Speaker #1
Après une casse-les-barrières au ciel, les accueillent tous les matins quand ils viennent avec un chocolat chaud et des gâteaux. Ça doit aider. La recyclerie, c'est un lieu où les gens peuvent venir déposer, plutôt que de jeter, les objets dont ils ne se servent plus. Donc ça peut passer de l'ameublement, enfin de les gros meubles aux chaussures, aux petites maroquineries. Et nous, nous les nettoyons, retapons et les remettons en vente à des prix solidaires. Pour ça, on a deux types d'objets collectés, enfin deux types de collectes en fait. Les dépôts des particuliers, mais on a également une convention avec les déchetteries locales qui nous mettent de côté certains articles qu'on récupère également pour les remettre en vente, sur le même principe. Chaque article est collecté, pesé, étiqueté selon un prix qui est déterminé par les bénévoles, par au moins trois bénévoles, et ensuite remis en circulation. Sur l'année 2023, il y a 38 tonnes qui ont été collectées. sur toute l'année et 36 tonnes qui ont été remises en circulation. Remise en circulation, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'ils ne rentrent pas finalement dans le classique d'enfouissement ou d'incinération. Donc on redonne une vie à l'objet. Sur la recyclerie, on peut retrouver des articles comme des meubles, mais également du petit équipement électronique, des équipements informatiques, des vêtements, pour les enfants, pour les adultes. De la petite maroquinerie, des chaussures également, des matelas et des saumiers, mais également des jeux. Et enfin, des livres et de la vaisselle. La plupart sont vendus au kilo. Et voilà, donc on peut retrouver de la vaisselle à 1 euro le kilo, des vêtements à 4 euros le kilo. Et naturellement, des vélos pour lesquels on propose aussi une possibilité de réparation. Et notre souhait de développement, justement, c'est de pouvoir réhabiliter des espaces. pour créer des vrais espaces de réparation, pour pouvoir justement donner une autre vie. Parce qu'aujourd'hui, lorsque c'est cassé, soit on a les pièces détachées sur place, soit malheureusement, on doit nous aussi se séparer de l'objet. Et donc là, l'idée, c'est de pouvoir davantage réparer, pour pouvoir remettre en circulation, mais également d'accompagner tous nos adhérents vers la réparation. Parce qu'on a tous chez nous l'aspirateur qui ne fonctionne plus, un lave-linge pareil. Ça repose sur peu de choses, c'est-à-dire parfois sur le remplacement d'une pièce. Et quand on n'a pas le savoir-faire... Nous, on a envie, dans notre développement futur, de créer des ateliers où on va pouvoir accompagner chacun des usagers vers la réparation, vers le fait de redonner une seconde vie, voire plusieurs vies à ces objets et ne plus changer son comportement face à la consommation. Et ne plus avoir à acheter neuf à chaque fois et s'en prolonger. Les durées de vie, c'est créer une économie circulaire plus forte, une vraie transition écologique qui, à mon avis, me semble nécessaire et obligatoire pour les années à venir.
- Speaker #2
Allons à la rencontre des personnes qui viennent dans ce lieu et voyons ce qu'elles y trouvent.
- Speaker #1
Bonjour. Je m'appelle Philippe et je suis retraité gendarmerie depuis
- Speaker #3
15 ans maintenant. Et depuis une dizaine d'années, je suis brocanteur. Donc j'ai trouvé ici un lieu où je pouvais m'approvisionner éventuellement, mais ce n'est pas tous les jours,
- Speaker #1
ce n'est pas tous les jours fait.
- Speaker #3
Mais il y a une ambiance, il y a un collectif qui me plaît beaucoup, et je viens ici tous les jours ouverts pour boire mon café,
- Speaker #1
discuter, éventuellement chercher l'objet qui peut me convenir,
- Speaker #3
l'objet ou le meuble, donc j'ai joint l'utile à l'agréable.
- Speaker #4
Bonjour, je me présente, Farah. Je viens au Moulin Solidaire, c'est surtout parce qu'il y a des bonnes affaires et des bonnes occasions, surtout pour les enfants. Je viens souvent parce que c'est aussi une passion pour moi, tout ce qui est ancien, j'adore. Et j'adore aussi faire les vides greniers, les brocantes, tout ce qui est vieillerie, c'est vraiment mon truc. Et je viens souvent parce que je sais qu'ici je trouve beaucoup de choses, comme par exemple des jouets, des puzzles pour les gosses, des cafières, je suis un peu accro. à tout ce qui est un peu ancien, donc c'est pour ça que je viens souvent, puis voilà, on trouve des bonnes affaires. Je viens d'une distance de 20 kilomètres à peu près, et je viens tous les mercredis, et tous pratiquement les samedis, mais plus souvent le mercredi. Ah oui, pour moi, oui, c'est une occasion d'acheter, d'occasion que de neuf, quoi, parce que ça revient pratiquement au même, parce qu'on trouve des bonnes affaires. On trouve, oui, de bons trucs, des fois on trouve pratiquement des trucs neufs. Oui, il y a des bonnes affaires à faire. Je pense qu'il n'y a pas tout le monde qui connaisse les vides greniers comme les brocantes, les démaïus et tout ça. Je pense qu'il faudrait faire connaître parce qu'il y a des bonnes affaires comme la vie devient dure et chère. Je pense que ce serait pas mal que pas mal de gens connaissent le Moulin de Solidaire.
- Speaker #2
Quel est le profil des bénévoles qui viennent donner un coup de main ? Parce que là j'ai rencontré pas mal de bénévoles, mais c'est quoi leur profil ? Est-ce que c'est des gens que tu allais voir ou c'est plutôt des gens qui sont venus en disant je propose mon aide ?
- Speaker #1
Au Moulin Solidaire, il y a à peu près 35 bénévoles actifs, dont plus d'une vingtaine sont coopérateurs. Pour être coopérateur, il faut donner deux heures de son temps chaque semaine. Donc on a un fort noyau en fait, malgré tout, de bénévoles. qui viennent sur toutes les activités, donc donner de leur temps pour trier, collecter, ranger aussi, parce qu'il y a une belle partie de rangement sur la partie recyclerie. Mais on va retrouver aussi des bénévoles sur les pistes rico-opératives qui viennent donner de leur temps, soit pour aller chercher des produits, soit pour être là pour la tenue de caisse. Et on va retrouver également des bénévoles qui seront là pour aider sur les ateliers, qui vont proposer leurs services. Donc on a des bénévoles qui proposent par exemple leurs services pour des ateliers numériques. pour des ateliers d'éducation financière. Les profils des bénévoles aujourd'hui sont très variés. On a quand même une forte population qui sont de personnes retraitées qui, en fin de carrière, se disent « j'ai envie de donner de mon temps » et beaucoup se retrouvent au Moulin Solidaire. Ça recrée aussi une vie sociale de se retrouver sur cet espace. La plupart sont tous venus très volontairement. beaucoup en venant finalement faire des achats à la recyclerie ou participer à un atelier. Et quand ils ont découvert le projet du Moulin Solidaire, qui était bien plus qu'une recyclerie, la plupart du temps, ils ont eu envie de s'engager, faire quelque chose en tout cas sur le territoire, dans une équipe. Parce qu'on retrouve aussi une ambiance, on a une vie associative qu'on essaye de développer au maximum, avec beaucoup d'apéros, des goûters aussi obligatoires à chaque... régulièrement, qui sont soit réalisées par les bénévoles, et proposées ensuite. Donc ça a du sens, ça crée du lien social, c'est donné du sens. Donc on n'a pas un profil type, finalement, quand même, de bénévole. Chacun se retrouve, en fait, dans ce lieu, en tout cas, et se réunissent autour du projet, d'un projet social, en fait, finalement, qui a du sens.
- Speaker #3
Je m'appelle Dominique Barraud. Je suis un habitant de Cercoût et je suis bénévole à la recyclerie notamment, au Moulin Solidaire en général, depuis 2017. Alors moi, au début, je m'occupais particulièrement de la réparation des vélos. Et donc je suis depuis six mois à la caisse de la recyclerie. En 2017, quand l'association s'est créée, on a cherché un lieu. parce que la mairie nous prêtait un tout petit local où on vendait 2 ou 3 livres, enfin des petites choses comme ça. Et puis sur la commune de Cerco, pas très loin d'ici, il y avait un moulin à vendre, un moulin à eau, qui ne fonctionnait plus depuis des années et des années. Et on s'était porté acquéreur. Malheureusement, les propriétaires ont trouvé quelqu'un qui donnait un peu plus. Donc il nous est passé sous le nez. Mais le logo avait été fait, le nom avait été déposé, le moulin solidaire. Et donc voilà, on a cherché autre chose, on a trouvé cette friche industrielle, c'était une ancienne charcuterie ici, et on a gardé le nom, le Moulin Solidaire. Dans un moulin, dans celui-là, on mouline, c'est une ruche, il se passe beaucoup de choses. Le mot solidaire, évidemment, a une connotation très importante. C'est pour ça que je suis là aussi, pour la solidarité, pour l'apporter, pour la recevoir. Moi, j'en tire déjà la satisfaction de donner mon temps. J'ai l'impression d'être à la retraite, mais de ne pas perdre mon temps. Donner mon temps aux autres, c'est le plus important. J'étais enseignant, j'étais professeur des écoles. C'est vrai que se retrouver à la retraite, tout d'un coup, après avoir bossé une quarantaine d'années, rester assis dans son fauteuil à regarder la télé, ce n'était pas trop mon truc. Donc voilà, ça s'est très bien tombé. Le hasard fait qu'on a déménagé à Cercoo et qu'à Cercoo, il s'est passé tout ce qui s'est passé, le Moulin Solidaire notamment. Et donc après, ça s'enchaîne.
- Speaker #2
Alors, Dominique et Maëlys me disent qu'il faut que je rencontre une personne à l'origine du projet, Jeanne, la maire de la commune de Cercoo. Ça tombe bien, ce soir, il y a le conseil municipal et on va la rencontrer juste avant dans son bureau à la mairie.
- Speaker #5
Je suis Jeanne Blanc, je suis maire de la commune de Sercou depuis 2014. En 2016, nous nous sommes retrouvées avec une amie, Mireille Fontan, et nous avons eu l'envie de créer un lieu qui ne soit pas à la maison, ni au travail, mais pour se retrouver. Et c'est comme ça qu'est né le projet du Moulin Solidaire. Donc j'ai été, oui, effectivement fondatrice, et je suis toujours bénévole active. Parce que, personnellement, ça me nourrit, cet engagement citoyen. Ça me permet de garder les pieds sur terre et ça permet de toujours connecter l'engagement politique et le besoin de créer des projets, le besoin de mener un mandat politique avec la réalité du terrain, du territoire, des habitants. Donc personnellement, ça me nourrit d'avoir encore un engagement bénévole. Et j'ai toujours eu des engagements bénévoles, mais de l'avoir encore avec le Moulin Solidaire malgré mes mandats à côté. Le projet du Moulin Solidaire et l'envie de faire ce projet, c'est vraiment la première envie. Et ensuite, effectivement, on s'est dit, finalement, c'est interlieu. Après, on met dans le tiers-lieu ce qu'on veut comme activité, mais notre volonté, c'était ça à la base. Même si moi, à l'époque, je ne mettais pas le mot tiers-lieu sur ce lieu, mais c'était déjà ça. C'était de se retrouver en dehors de la maison et du travail. Donc, c'est la définition d'interlieu. Au départ, c'est un projet qui est un peu innovant sur le territoire. On a peu l'habitude de voir des tiers-lieux. Surtout en 2016-2017, on en parle peu. Donc au départ, il y a eu une certaine appréhension de ce type de projet. Donc en fait, il faut y aller en douceur, il faut amener petit à petit des choses, il faut exister, petit à petit exister de plus en plus dans le quotidien des habitants, que les habitants trouvent un intérêt à ce projet, qu'ils le comprennent. Donc on a fait des réunions publiques pour présenter le projet. On a fait aussi des questionnaires au départ pour voir ce qu'ils attendaient eux-mêmes du projet. Et puis petit à petit, on voit que les gens, ils adhèrent. pour une raison ou pour une autre. C'est toute la richesse du Moulin solidaire, c'est qu'il y a de nombreuses activités et chacun y trouve son intérêt à un moment donné, soit pour une activité, soit pour un atelier, soit parce qu'il a envie de partager du temps avec d'autres personnes. Chacun y trouve son propre intérêt. On n'est pas dans l'intérêt économique, qu'on soit bien d'accord, on est dans l'intérêt social, l'intérêt du cœur. Qu'est-ce qui me rendra heureux demain ? Qu'est-ce qui me permettra de m'épanouir ? Qu'est-ce qui me fera du bien ? C'est ce qui me fera du plaisir.
- Speaker #1
Le Moulin Solidaire a un rayonnement d'une soixantaine de kilomètres. On a des adhérents qui sont à peu près sur ce rayonnement-là. Et en fait, c'est clairement un besoin identifié d'avoir aussi une recyclerie, puisqu'il n'y en a que deux sur notre bassin de vie. Donc, vu les enjeux environnementaux actuels, ça semble vraiment très peu. Et pourtant, ces lieux, justement, ces tiers-lieux qui mènent vers la transition écologique, ils ont quand même en plus un caractère assez curatif, finalement. et donc voilà, on a développé énormément de partenariats notamment avec le tissu associatif local forcément mais également beaucoup avec la commune donc aujourd'hui on développe des actions avec l'école de Cerco la crèche de Cerco également le CCAS dans nos ateliers intergénérationnels les EHPAD qu'on va retrouver dans les communes alentours et puis naturellement dans notre PCI le CDCHS, la communauté de communes Merci. avec lequel on développe aussi des partenariats liés plutôt sur la partie déchets. Donc on est aujourd'hui devenu un acteur un peu référent, finalement sur les sujets environnementaux, sur les sujets déchets, mais également sur toute la partie socio-culturelle, pour la mise en place d'ateliers, d'animations. On est les référents, la commune par exemple, elle fait appel à nous pour mettre en place une animation et un atelier autour des violences intrafamiliales. Donc ça, ça crée en fait une animation locale, puisque Notre agrément espace de vie sociale nous permet justement de mettre en place des actions pour les habitants et sur le territoire. On est quand même particulièrement éloigné, on n'a donc pas de gare et on est très éloigné de La Rochelle puisqu'on a plus de deux heures. Donc on est vraiment sur un milieu très rural où les problèmes de mobilité sont fortes. Donc ce type d'association, ça permet aussi de générer de l'entraide. On va ensemble à un atelier, on se crée, on se... Parce que sinon, c'est vrai que c'est compliqué. Il y a quand même beaucoup de savoir-faire aussi, malgré tout, et même dans les campagnes.
- Speaker #6
Bonjour, je suis Tina Evans, nouvelle directrice pariscolaire et extrascolaire à Sarkoum. Aujourd'hui, on est à Macaudie, on a une activité en partenariat avec le CCAS, avec les bénévoles des personnes âgées, avec la crèche, donc six petits-enfants qui viennent aider, et aussi le Moulin solidaire, une association locale qui fait plein d'activités avec les enfants sur... La cuisine, le ramassage du déchet, plein de choses créatives.
- Speaker #2
Et quel est le but pédagogique de ce matin avec le goûter ?
- Speaker #6
Le goûter, c'est un goûter sans déchet. Donc déjà, les choses n'arrivent pas dans un petit sac plastique, avec plein de choses. Mais aussi, quand on ne jette pas le pain dur qui reste du repas la veille, on peut l'utiliser. C'est pareil pour les fruits. C'est pas parce que les fruits... On n'a pas mangé hier, on ne peut pas faire autre chose, un dessert avec. Voilà, rien part à la poubelle.
- Speaker #2
Ça fait quoi de faire des ateliers avec des enfants ?
- Speaker #0
Moi, j'adore. Ça nous ramène, je ne vais pas dire à notre enfance, mais un peu quand même.
- Speaker #2
C'est important aussi pour le Moulin solidaire de sortir hors les murs. Là, on est dans la cantine de l'école.
- Speaker #0
Oui, bien sûr que c'est important et puis bon ce qui est un peu dommage aujourd'hui c'est qu'on n'a pas d'autres personnes adultes du troisième âge je veux dire, mais c'est super important de pouvoir mixer tous ces gens.
- Speaker #7
Je suis Laetitia, je travaille à l'Épicope, ça fait partie du Moulin Solidaire, c'est une épicerie qu'on appelle coopérative, car tous les bénévoles qui font plus de deux heures de leur temps par semaine bénéficient de 15% sur tous nos produits qu'on vend à l'épicerie. Et là je vais mettre en place l'épicerie pour l'ouverture de cet après-midi à 16h. Et j'attends aussi une livraison de légumes locales d'un maraîcher de Cercoo, qui nous livre toutes les semaines des légumes qu'il cultive en permaculture. En fait, je m'occupe aussi de l'animation du moulin. Donc ce matin, effectivement, on est allé au péri-scolaire de Cercoo pour faire découvrir aux enfants des recettes de pain perdu et de compote de pommes. Et après, je fais aussi des activités au sein du moulin, comme un atelier couture, par exemple. Et j'anime aussi des ateliers ponctuels en fonction des demandes et en fonction de mes envies aussi.
- Speaker #5
Alors déjà très localement, il est un éclaireur de la transformation écologique parce qu'il n'y avait rien qui existait. En fait, rien. Et je dis bien rien. Donc quand on traite aujourd'hui de certains sujets sur le zéro déchet, sur là en ce moment la gestion des biodéchets, c'est un gros sujet. Tous les sujets environnementaux, en fait c'est très innovant parce que déjà les gens ici, ils n'avaient aucun référent. À part ceux qui étaient convaincus et qui allaient chercher de manière autodidacte de l'information au niveau national ou auprès des organisations. spécialisées dans ces domaines-là, sinon localement on n'avait rien. Grâce au Moulin solidaire, on traite de ces sujets. Et on traite de ces sujets de manière pragmatique, avec du bon sens. On parle aux habitants du territoire du sujet de la transition écologique. Et moi c'est comme ça que je porte aussi mon mandat. Si on parle écologie telle qu'ils en parlent au niveau national, ici on est tout de suite blacklisté, on n'est plus entendu en fait, on n'est plus écouté. Et donc tout le travail... Et c'est vraiment de l'écologie de bon sens, l'écologie paysanne, moi c'est comme ça que je l'appelle. C'est-à-dire comment j'oeuvre avec ce regard-là et cette ambition-là, mais en même temps de manière adaptée aux habitants et aux territoires. Le but, ce n'est pas de révolutionner les choses, parce qu'on n'y arrivera pas tout de suite là maintenant. Le but, c'est de rassembler. Et de rassembler pour que demain, on arrive effectivement à avoir des comportements, à faire des choix qui soient plus respectueux de l'environnement.
- Speaker #2
Effectivement. C'est ce que j'ai constaté. J'ai pas l'impression que le Moulin solidaire en parle d'écologie. On est plutôt dans le concret, dans le faire.
- Speaker #5
C'est exactement ça. Et ça, c'est une ambition qu'on a, nous, conseil municipal, sur la commune, parce que je pense que quand on donne des grands protocoles, des grandes façons de faire, et surtout quand c'est très descendant du national au local, on peut pas y arriver. Et que les gens, ils ont un quotidien, surtout chez nous, où il y a beaucoup de potentiels fiscaux qui sont très bas. ... Les gens, ils n'ont que les moyens qu'ils ont. Et donc quand on leur parle d'une certaine façon, un certain langage avec des certains mots, ils ne peuvent pas l'entendre, ils ne peuvent pas l'intégrer à leur quotidien. C'est pas possible. Donc voilà, être mère c'est être un peu pédagogue. Donc il faut arriver à faire ça, cette transition. Nous on a fait quelque chose qui est très important pour moi, c'est l'Atlas de la biodiversité communale. Il y a très peu de communes rurales qui ont lancé cette initiative. Et on l'a fait nous en partenariat avec le Moulin Solidaire, les écoles et plein de partenaires. Et j'ai trouvé ça génial parce qu'on parlait d'écologie, on parlait d'environnement et on parlait du besoin de respecter cet environnement, mais chez nous. On parlait des animaux qu'on a chez nous, on parlait des zones humides qu'on a chez nous, on parlait vraiment d'écologie de bon sens, d'écologie paysanne.
- Speaker #2
Et pas les ours sur la banquise.
- Speaker #5
Et pas les ours polaires sur la banquise. Je ne dis pas que ça n'a pas d'importance et d'intérêt, mais chacun ses combats. chacun son niveau de responsabilité. Quant au niveau national ou auprès des grandes associations ou des grands représentants écologiques qui font du lobbying, c'est leur travail, c'est leur responsabilité, leur mission. La mienne, elle n'est pas là.
- Speaker #2
Ok, une élu engagée pour son territoire suffit-il à faire vivre un tiers-lieu ? Comment fonctionne le Moulin Solidaire ? Avec quel financement ? Quel modèle économique ? Explication par Maëlys.
- Speaker #1
On a trois activités, une activité de recyclerie, une activité d'épicerie coopérative et des ateliers socioculturels, dont certains sont gratuits. Après, on a des ateliers récurrents avec notre école de musique, nos ateliers de théâtre, même si c'est à des prix solidaires. L'année dans un cours de musique en fait c'est 150 euros donc ça représente à peu près 5 euros le cours même si ça reste quand même des actions qui sont tarifées et donc toutes ces activités nous permettent d'avoir un autofinancement qui est assez conséquent puisque c'est quand même plus de 50% de nos ressources associatives c'est même 60 et quelques pourcents. Alors on a un budget d'un petit peu moins de 200 000 euros à l'année et donc 60% en autofinancement. Et l'autre partie avec des subventions. Donc subventions de communes, essentiellement la commune de Cercoo. Des subventions également du CDCHS, donc de la communauté de communes. Et après, on répond à pas mal d'appels à projets. Et ces appels à projets nous permettent justement de construire et de développer finalement nos activités au Moulin. Puis on a nos adhésions aussi, malgré tout. Donc nos adhérents, les adhésions, c'est des adhésions. Donc à prix libre à partir de 2 euros. Les défis clairement pour pouvoir maintenir justement tous nos ateliers, garder des prix solidaires, être vraiment accompagnateur et pas rentrer dans un modèle socio-économique qui ne serait pas en phase avec les valeurs finalement du Moulin Solidaire et de la charte associative du projet social. on répond à des appels à projets qui sont en phase avec nos projets. Donc la suite, ce serait pouvoir créer... et développer des ateliers de réparation, réutilisation, pour justement accélérer le réemploi, la remise en circulation des objets, accompagner les gens dans les changements de comportement face à la transition écologique. Et donc pour ça, oui, en effet, on a besoin de l'aide de la région, on a besoin de l'aide du département pour nos actions, tout comme sur la partie socioculturelle, pour faire venir la culture dans le territoire, en milieu rural. Parfois, ça nous demande aussi des besoins de subventions un peu plus importants pour pouvoir correctement rémunérer. Alors ce sont souvent des acteurs locaux, des partenaires locaux qui interviennent, mais malgré tout pour correctement les rémunérer et pouvoir faire des prix solidaires à l'ensemble des habitants, ça nécessite pas mal de subventions. Or, le nerf de la guerre aujourd'hui, on le sait, c'est que les subventions ne sont pas amenées à augmenter. Le risque, en fait, c'est de devoir créer un modèle socio-économique proche du secteur marchand. Et là, ce n'est pas du tout ce que nous recherchons, parce que ce n'est pas le sens, finalement, de cette création d'associations. Et puis garder ce côté associatif, ce côté collectif, finalement, solidaire. Alors actuellement, nous sommes quatre salariés, donc trois à temps plein. et une à 25 heures. Et puis également, on est accompagné de deux services civiques et régulièrement, on accueille aussi des SNU, donc les Services Nationaux Universitaires, qui viennent, qui donnent du temps bénévolat, plus des stagiaires. On a quand même une masse salariale qui commence à être importante pour le secteur. Donc on est créateur d'emplois, très clairement. Le réemploi, de toute façon, crée davantage d'emplois. que si on enfouissait ou si on mettait aussi un incinéré. Ça, c'est une évidence. On est créateur d'emplois aussi pour pouvoir animer le territoire, pour pouvoir accompagner les habitants dans les enjeux écologiques. Donc, il y a un vrai sens à cette association. Il y a un vrai sens, en tout cas, à ce type de projet qui pourrait être développé encore plus sur le territoire. On s'attaque à tous les sujets parce qu'il y a... peu d'acteurs en fait. Ça va en effet du réemploi jusqu'à les accompagnements sur les violences intrafamiliales. Donc on est vraiment sur tous les secteurs puisque l'enjeu c'est d'accompagner les habitants.
- Speaker #2
Et c'est déjà la fin de la visite au Moulin solidaire que j'espère que vous avez apprécié tout en tant que moi. Il faudrait des Moulins solidaires dans chaque commune de France, n'est-ce pas ? Sur ce, je vous dis à bientôt pour aller voir un autre lieu dans un autre territoire.
- Speaker #1
Au cœur des tiers-lieux,
- Speaker #0
les éclaireurs de la transformation écologique.