Speaker #0Et si on tirait un fil ? Celui qui relie ce qu'on vit, ce qu'on ressent et ce qu'on peut encore transformer. Un fil discret mais solide. Bonjour et bienvenue dans Au fil des enjeux, un podcast qui prend le temps. Le temps d'écouter, de réfléchir, sans donner de leçons, sans tout simplifier. Moi c'est Manuel et dans ce podcast on continue à parler de changements climatiques mais à notre manière. Dans l'épisode précédent je vous parlais de cette impression qu'on a parfois, qu'on entend parler de climat partout mais sans vraiment savoir ce que ça recouvre. Aujourd'hui, j'aimerais qu'on fasse un petit pas en arrière, qu'on prenne le temps de définir ce qu'est vraiment le changement climatique. Et surtout, j'aimerais insister sur un point important. Le changement climatique, ce n'est pas un événement, c'est un processus. Quelque chose de progressif, de lent parfois, mais qui avance. Et qui transforme notre monde petit à petit. Alors, quand on parle de changement climatique, on parle de quoi exactement ? En fait, c'est assez simple, en apparence en tout cas. C'est une modification durable des paramètres du climat. comme les températures, les précipitations, les vents, etc. Mais le mot important ici, c'est durable. On ne parle pas d'une canicule de trois jours, ni d'un hiver un peu plus doux. On parle de tendances longues, sur des décennies. Le climat, c'est une moyenne, une espèce de toile de fond météorologique qui évolue très lentement, sauf que là, elle évolue vite, et surtout, c'est nous qui l'accélérons. Les scientifiques, notamment ceux travaillant sur les rapports du GIEC, ont bien démontré que cette accélération est liée aux activités humaines. Industries, transports, agriculture intensive, tout ça libère des gaz à effet de serre comme le CO2 qui piègent la chaleur dans l'atmosphère. Et donc le climat se dérègle. Mais voilà, ce dérèglement ne se passe pas d'un coup. Il n'y a pas eu un matin où on s'est réveillé en disant « ah tiens, voilà on est dans le changement climatique » . Non, c'est quelque chose de progressif, gradueux et parfois presque invisible. Ce sont quelques millimètres de montée des Ausha année, ce sont des vagues de chaleur un peu plus longues, des saisons qui se décalent doucement, des forêts qui deviennent plus vulnérable aux incendies. Et surtout, c'est local, les manifestations ne sont pas les mêmes partout. Ici, ce seront des pluies plus intenses, là-bas des sécheresses interminables, et ailleurs, une fonte des glaces ou des tempêtes plus violentes. Mais le point commun dans tout ça, c'est que plus aucune région n'est vraiment à l'abri, et que ces changements, même s'ils semblent lents, transforment en profondeur nos sociétés, et que ces changements, même s'ils semblent lents, transforment en profondeur nos sociétés, nos écosystèmes, nos manières de vivre ensemble. Et il faut comprendre une chose essentielle, il n'y aura pas de retour en arrière. Pas de normal vers lequel on pourrait revenir. Parce que ce fameux état stable, équilibré, celui d'avant le changement climatique, il est derrière nous, il appartient au passé. La nouvelle norme du climat, c'est celle qu'on est en train de construire aujourd'hui, sous nos yeux. Et même si on arrêtait toutes les émissions demain matin, les températures continueraient de grimper, et certaines hausses de température sont déjà là pour plusieurs générations. Alors voilà, le défi maintenant, ce n'est pas de retrouver l'ancien climat au plus vite. C'est d'apprendre à vivre avec celui qui vient, et de préparer le terrain pour que les générations futures aient peut-être... la possibilité d'assister à une stabilisation du climat, voire à une amélioration des conditions de vie sur Terre. Mais le climat ne fonctionne pas en vase clos. Il faut le voir comme un système global, un immense réseau d'interconnexions invisibles en mouvement. Ce qui se passe dans une région peut déclencher des effets en chaîne à des milliers de kilomètres. Une sécheresse prolongée en Afrique de l'Est, ça ne touche pas uniquement les populations locales. Ça peut faire grimper les prix des denrées agricoles à l'échelle régionale, désorganiser les marchés, accroître les dépendances à l'aide humanitaire, etc. etc. Cette pression peut se répercuter jusqu'en Europe, à travers les flux migratoires ou dans les rayons de nos supermarchés. Un cyclone qui touche l'Asie du Sud-Est peut aussi mettre à l'arrêt des usines ou des ports stratégiques. Et soudain, une pièce électronique, un vêtement ou un médicament qu'on attend ici, en France, met des semaines à arriver. La pandémie nous l'a montré d'ailleurs, nos chaînes d'approvisionnement sont vulnérables, et le changement climatique accentue ces vulnérabilités. Et ce n'est pas seulement une question de logistique ou d'économie. Les tensions climatiques peuvent aussi amplifier des conflits existants ou en créer de nouveaux. Quand une ressource vitale comme les terres arables devient rare, elle devient source de compétition. Et ce qui commence par une crise écologique peut vite devenir une crise politique, sociale ou même sécuritaire. C'est pour ça que l'action climatique ne doit pas être seulement locale, elle doit être pensée à toutes les échelles de nos sociétés. Alors pourquoi je prends le temps de définir tout ça ? Parce que comprendre que le changement climatique est graduel, c'est aussi comprendre pourquoi il est parfois difficile à percevoir. Et ça explique aussi pourquoi certains s'en détachent, parce que tant qu'il n'y a pas de catastrophes visibles, on pense que ce n'est pas si grave. Mais en réalité, ce sont ces petits glissements continus qui construisent les grandes crises de demain. Et surtout, en comprenant mieux ce que c'est, on peut mieux agir. On peut mieux s'adapter et on peut mieux réfléchir à des solutions à tous les niveaux. Alors merci d'avoir suivi ce fil avec moi. Dans le prochain épisode, on parlera de CO2. Parce qu'au final, le changement climatique est juste une affaire de CO2. Ou est-ce qu'il y a quelque chose de bien plus profond qui rentre en jeu ? D'ici là, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à m'envoyer vos retours, vos remarques, vos questions. A bientôt pour tirer ensemble un nouveau fil. Si ce podcast vous parle et que vous voulez le soutenir, vous pouvez le faire sur Ko-Fi. Le lien est dans la description. Merci.