Speaker #0Lorsque je parle de ma vision jumelée, j'ai déjà eu le retour que celle-ci était utopique. Le hic, c'est que cette vision est simplement le reflet de ma propre perception du monde. Utopie, c'est pour moi le mot qu'on donne à la muraille qu'on construit entre soi et le monde. Je m'appelle Garance et à travers ce podcast, je t'invite à te questionner sur ta propre perception de notre monde. Je te souhaite une bonne écoute. Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans ce nouvel épisode de podcast où nous allons aujourd'hui parler de ce qui nous définit et nous identifie. Quand je parle de ce qui nous identifie, je parle de genre, d'orientation sexuelle, de religion, de culture, de milieu social aussi peut-être, de toutes ces choses qui je pense nous permettent de nous identifier et qui permettent aux autres de nous identifier. C'est un phénomène que je vois qui s'amplifie beaucoup aujourd'hui, par exemple en termes d'orientation sexuelle ou de genre. J'ai le sentiment que pour retrouver de la liberté d'être et pour sortir des cases, on en a créé plein de nouvelles, pour que plus de personnes puissent se retrouver dedans. Ce qui en soi est une bonne chose, parce qu'effectivement ça permet la reconnaissance et l'accueil de nouvelles approches de... de nouvelles façons de voir les choses qui n'étaient pas le cas auparavant. Et en même temps, je trouve qu'à travers ça, on perdure le même système, le même procédé de mettre dans des cases. Et moi, il y a une question qui me taraude depuis plusieurs années, c'est de me demander qu'est-ce qui se passerait dans un monde où on n'a plus besoin de s'identifier par toutes ces choses-là. où en fait, on serait tous des êtres humains, et qu'en fait, on n'aurait pas besoin de le genre, notre orientation sexuelle, notre culture, notre religion. Ce seraient des choses dont on n'aurait pas besoin de connaître des autres. Ce seraient des choses dont on n'aurait pas besoin de le proclamer pour se sentir appartenir à quelque chose, pour savoir qui on est. Et vraiment, je me demande, parce que je crois que... C'est vraiment ce double aspect au niveau de ce à quoi on s'identifie et ce à quoi aussi on nous reconnaît. C'est qu'à la fois, c'est qui nous sommes et à qui ça nous fait appartenir. Et en même temps, comment les autres nous identifient et comment leurs rapports vont s'adapter par rapport à ça. Et je pense que dans un monde où on n'aurait plus besoin de... comment dire, de brandir toutes ces spécificités, où en fait on serait tous des êtres humains, avec une partie qu'on aurait en commun, une partie qu'on aurait de différente, et ça pour chaque personne qu'on rencontrerait. Et je me demande vraiment, qu'est-ce que ça pourrait donner ? Je pense qu'en tant que personne, ça offre une vraie liberté. Parce qu'on n'a plus besoin de se dire comme ci ou comme ça, et on se laisse un peu plus de marge de manœuvre pour se dire Ok, là, à l'instant T, moi je me sens plutôt comme ça, je suis attirée par ce genre de choses, mes croyances sont celles-ci. Et qu'en fait, on n'aurait pas besoin d'avoir une case attitrée qui nous suit toute notre vie. qui je pense du coup peut être enfermant, après ça c'est moi et mon rapport à la liberté, mais je pense vraiment que ça nous pousserait aussi à aller toucher au fond qu'est-ce qui est vraiment important pour nous. Parce que je pense que quand on a besoin de s'identifier à travers certaines choses, je pense que derrière parfois il y a des peurs qui s'expriment, qu'il y a d'autres choses qui s'expriment et... dont on ne peut pas forcément toucher, parce que le fait de rentrer dans une communauté ou de se sentir appartenir à un tel, alors oui, ça nous rassure parce qu'on a une différence qui est reconnue, mais je pense qu'il y a aussi certaines de nos spécificités qui potentiellement sont complètement délaissées parce qu'on veut rentrer dans un bloc, alors que je suis quasi sûre que toutes les personnes qui appartiennent à cette même sphère n'ont pas la même façon de le vivre, n'ont pas les mêmes façons de le croire, peu importe dans quelle sphère ça s'applique. Je pense que ce serait une vraie liberté et que ce serait un vrai pas d'arriver à se sortir de ces étiquettes qu'on se colle pour se rassurer, pour se sentir appartenir et pour quelque part diluer nos différences en rentrant dans une case qui s'en rapproche le plus. Et je pense que notre subjectivité c'est pas dans ce système là qu'elle peut le plus s'épanouir. Et encore une fois, c'est facile à dire, mais je pense vraiment qu'on gagnerait à justement ouvrir, ouvrir toutes ces cases, enlever toutes ces cases et d'accueillir plutôt de se dire, ok, il existe autant d'individus qu'il existe de façon de croire, qu'il existe de façon de penser, qu'il existe de façon de ressentir, qu'il existe de façon de... d'éprouver du désir, qu'il existe de... je sais même pas, mais vraiment de laisser un peu plus de place à la subjectivité. Et du coup, de l'autre côté, du fait d'être reconnu, je pense qu'en tant qu'être humain, on a ce besoin de... Quand on voit un autre individu, on a besoin d'informations, on a ce besoin d'avoir des informations et d'avoir... Une idée préconçue de qui est cette personne, par sa culture, par ses habits, par sa façon de parler, par ce qu'elle dégage, peu importe, par sa coupe de cheveux, par son discours. Et qu'en fait c'est une façon de nous rassurer et de nous dire ok avec cette personne a priori je vais avoir ça en commun et je vais avoir ça différent. Et qu'en fait ça nous permet quelque part de nous positionner avant même d'avoir rencontré la personne. Et c'est comme si on avait tous quelque part des masques, des masques qui disaient quelque chose de nous et que ces masques-là, on les portait aussi, peut-être pour se protéger de certains types de personnes, peut-être pour attirer d'autres types de personnes. Et qu'en fait, quelque part, nos relations, elles étaient complètement biaisées parce qu'on ne voyait pas ce qu'il y avait derrière ces masques. On ne voyait pas... Notre subjectivité, ce qui fait qu'on est spécial, qu'on est spéciaux. Et vraiment, c'est rigolo parce que pour le coup, c'est vraiment une vision que j'ai du mal à voir. Mais j'ai le sentiment que si on sortait de ces étiquettes, de ces cases, et qu'on acceptait de, un, d'avoir un peu plus de subtilité, dans ce qui nous identifie, dans toutes ces notions qui sont très binaires parfois, je trouve, ou du moins catégoriques, et que du coup, on cherchait encore plus profond en nous, et qu'encore une fois, on mettait ça un petit peu dans un contexte où voilà qui je suis à cet instant T, ça ne veut pas dire que ça va me définir toute ma vie, mais voilà, en ce moment, je ressens ça, je crois ça. Et aussi dans nos relations, dans ce qu'on percevait des autres. Si on essayait d'enlever tous ces masques et du coup de prendre conscience des informations qu'on se donne avec des raccourcis. très rapide, c'est le principe d'un raccourci. Mais du coup, je pense que ça va aussi avec toutes ces notions de stéréotypes, de préjugés. Parce que quand on a une personne en face, on pense déjà savoir des choses sur elle, alors qu'en fait on n'en sait rien du tout. Je pense que, comme on dit, l'habit ne fait pas le moine. Mais je pense qu'il faut beaucoup plus que voir quelqu'un pour le cerner, sinon ce sera un petit peu triste. Et se dire que ce qu'on voit... C'est ce que la personne a choisi de montrer et qu'en fait on n'a pas accès à qui elle est, à ce qu'elle pense, à comment elle se sent. Et vraiment d'essayer de voir plus loin, mais déjà d'accepter, parce que je pense que ce n'est pas évident, d'accepter ce mécanisme qui je pense est vraiment humain. Je pense que ça doit avoir avec... Ça doit vraiment avoir un lien avec notre besoin d'appartenance, notre besoin de reconnaître les siens, de se sentir en communauté, de se sentir dans une sphère sociale. Mais de le voir, de voir que oui, il y a des personnes vers qui, juste quand on les voit... On va plus avoir envie de se diriger que d'autres, que d'autres personnes nous renvoient à autre chose. Et de se dire, ok, là je suis en capacité de voir qu'effectivement ces comportements-là, je les ai auprès d'autres personnes. Ok. Comment je peux faire, par exemple, dès que je rencontre une nouvelle personne, où je me fais déjà une idée de qui elle est ? Ça peut être juste de me faire ce rappel, de me dire, là tu es en train de construire toute une... Tout un schéma de pensée avec juste une image, une image qui en fait ne représente, allez quoi, 1% de la personne qu'il y a derrière. Et de voir plutôt un masque et de se dire voilà ce que la personne a accepté de montrer d'elle, et de peut-être laisser un peu plus la place à ce qu'il y a derrière le masque. Et je pense que le faire pour les autres, c'est le meilleur moyen de le faire pour soi, et de s'autoriser aussi à enlever son masque en se disant ok. Pourquoi est-ce que j'ai autant besoin de m'identifier à travers ce masque-là, que je sois reconnue à travers ce masque-là ? Et qu'est-ce qui, au fond de moi, j'ai peut-être peur de montrer ? Qu'est-ce qui, au fond de moi, j'ai peur d'exprimer ? Et vraiment, tout simplement, ce mécanisme d'enlever nos masques pour pouvoir se voir les uns les autres et s'accueillir les uns les autres, créer des relations qui seraient différentes, qui seraient peut-être... plus sincères, qui seraient en tout cas différentes de ce qu'elles peuvent être aujourd'hui. Et je peux pas m'empêcher de croire, au fond de moi, que ce serait un énorme pas d'en arriver là. Alors c'était un épisode assez abstrait, encore. Je serais comme d'habitude assez curieuse de savoir à quoi ça vous a renvoyé. Est-ce que ça a résonné en vous ? Est-ce que cette histoire de masque, ça... Ça fait sens pour vous ? Est-ce que ça vous fait penser peut-être à d'autres personnes, à une relation ou à un jugement que vous avez pu avoir récemment ? N'hésitez pas à me partager tout ça dans les commentaires. Je vous invite à vous abonner au podcast si ce n'est pas encore fait pour ne pas rater les prochains épisodes. Et je vous dis à très vite.