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Bâ-Mbula

Être ainé(e) : privilège ou fardeau ? #27

Être ainé(e) : privilège ou fardeau ? #27

44min |14/09/2025
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Être ainé(e) : privilège ou fardeau ? #27

Être ainé(e) : privilège ou fardeau ? #27

44min |14/09/2025
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Description

Ainée d'une famille de 6 enfants, Tilda 👑 nous partage à cœur ouvert les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Exemplarité, charge mentale, inégalité et culpabilité, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille et encore aujourd'hui elle fait de son mieux pour être le support de sa famille tout en se préservant.

Il est vrai que souvent l'ainé se construit en fonction de la projection de ses parents et a tendance à être l'enfant modèle, qui obéit et accomplit les exigences des parents sans sourciller. Parfois 3ème parent, il a très tôt des responsabilités et sans s'en rendre compte, il quitte rapidement l'enfance et gagne en autonomie toutefois est-ce forcément toujours une bonne chose ?


Bonne écoute ! 🤩


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https://www.instagram.com/bambula_podcast?igsh=b3IwdTJ2dzhweTI2


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez Bamboula, le podcast qui va vous bouleverser. Si vous êtes en quête identitaire et souhaitez appréhender la vie différemment, sachez que vous êtes au bon endroit. Moi, c'est Joie, et ici, on parle d'histoire, d'éducation, d'entrepreneuriat, de santé et plein d'autres sujets encore. Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du rôle que l'on occupe dans une fratrie, et surtout celui des nés, eh oui. Personnellement, j'ai toujours vu le rôle d'aîné comme étant un privilège, on lui fait confiance, on lui confie des choses importantes. Puis, l'aîné est souvent le modèle à suivre ou bien la boussole de la fratrie. Mais bon, avec le temps, j'ai compris aussi que ce rôle n'est pas sans difficulté et malheureusement, beaucoup y perdent leur personnalité en voulant rendre fiers ses parents ou bien soutenir les cadets. Et oui, alors... pour cet épisode, j'ai le plaisir de le partager avec mon amie Tilda et je vais inviter l'assista à se présenter et je vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Tilda.

  • Speaker #1

    Bonjour Joanne, ça va ?

  • Speaker #0

    Oui, ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue, merci. Ça fait longtemps qu'on devait se caler, s'arranger mais bon, ça y est, aujourd'hui c'est le fameux jour.

  • Speaker #1

    Merci à toi, merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    plaisir. Est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Donc Tilda, j'ai 44 ans, mère de deux enfants et l'aînée d'une famille de six, avec un père en foyer et une mère en foyer.

  • Speaker #0

    Ok, wow. Avant de démarrer cet épisode, on va un peu aborder la partie Bamboula, rapidement.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Parce qu'en réalité, ça fait un petit moment qu'on a déjà fait le tour, on sait ce que ça veut dire maintenant. Mais comme tu es l'une des personnes à qui j'en ai parlé au début de ce projet, du coup, qu'est-ce que tu en as pensé quand je t'ai parlé de cette idée de podcast et surtout du mot Bamboula ?

  • Speaker #1

    Alors, quand tu m'as parlé de ce projet de podcast, j'ai trouvé que c'était une très belle idée pour pouvoir un peu éveiller les consciences et faire réfléchir aussi sur certains aspects. Et j'ai trouvé ça très, très bien. Franchement, bravo encore. C'est du bon boulot.

  • Speaker #0

    Ah, merci, c'est gentil. On essaye, on tient. Et par rapport au mot bamboula ?

  • Speaker #1

    Le mot bamboula, effectivement, c'est un mot pour lequel je n'avais jamais été chercher la signification et qui, pour moi, avait une connotation négative que j'ai découvert en arrivant ici en Hexagone, parce que de l'ordre je viens, on ne l'entendait pas forcément, donc la Guadeloupe. Et quand tu m'as parlé de ce mot-là, j'ai eu tout de suite le réflexe d'aller regarder sur Internet ce que je trouvais là-dessus. Et effectivement, on se rend compte que c'est un rapport avec la musique et la danse. Et qu'effectivement, on va dire que certaines personnes ont détourné de manière négative pour parler de nous, afro-descendants.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça. Voilà. Bah ouais, effectivement. Et tu t'es pas dit, c'est un peu trop audacieux d'utiliser. Est-ce que les gens vont comprendre ? Comment les gens vont réagir à cela ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai trouvé ça très, comment dire, culotté parce que je me suis dit, ah, elle va pousser la réflexion. Ils vont se dire, mais pourquoi ce mot-là, finalement, pour parler de conscientisation et tout ? Et non, c'est franchement... La démarche est très,

  • Speaker #0

    très,

  • Speaker #1

    très... J'ai bien adhéré.

  • Speaker #0

    Ok, écoute. De toute façon, maintenant, on connaît la définition. Bamboula veut dire se souvenir ou se rappeler. Ça évoque aussi le temps qui passe. Exactement. Et comme tu l'as bien dit, le mot a été détourné, a été transformé pour le rendre péjoratif.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que ce soit dirigé vers les afrodescendants. Voilà, donc comme je dis souvent dans cet épisode, enfin dans la plupart des épisodes d'ailleurs, c'est voilà, ne vous sentez pas offusqués à partir du moment où vous connaissez réellement la réelle signification. Voilà, finalement...

  • Speaker #1

    T'as pas de raison, on enlève toute la partie négative qui a pu lui être attribuée.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et franchement, ça c'est bien.

  • Speaker #0

    Parfait ! Bah écoute, continuons, poursuivons par rapport à ce qui nous réunit aujourd'hui. Alors déjà, est-ce que tu te souviens du moment où t'as compris ? Qu'être aînée rime avec le rôle du troisième parent ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'être l'aînée, c'est insidieux. Les choses ne sont pas forcément dites, mais là où je m'en suis rendue compte, c'est avec mes frères et sœurs, où j'ai dû... être le représentant de mes sœurs pour les réunions de parents, professeurs à l'école.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est moi qui ai dû y aller. Et voilà, c'est là qu'on se rend compte que... Ah oui, d'accord, ok.

  • Speaker #0

    Et attends, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je devais avoir peut-être 14 ans, peut-être. 14, 15 ans.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, tout ça ?

  • Speaker #1

    Et bien, effectivement, quand tu me le dis, je me dis... Les professeurs n'ont pas forcément vu à mal que je sois là et que je représente mes plus petits frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont pas posé des questions ? Pas du tout. Ils ne se sont pas dit « où sont tes parents ? » ? Pourquoi ce n'est pas tes parents qui sont là ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout. Parce que je pense que peut-être dans... Alors, je parle pour la Guadeloupe, mais peut-être que dans l'inconscient, comme c'est un fonctionnement, l'aîné, ça ne dérange pas que ce soit lui qui... qui représentent les plus petits, les plus jeunes.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, en réalité, même pour les maîtresses, etc., c'était normal.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Et ça ne les a pas plus interrogées que ça.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, c'était des Guadeloupéens ? Enfin, des locaux, majoritairement ?

  • Speaker #1

    Non, il y avait de tout.

  • Speaker #0

    D'accord. Oui. C'est spécial, hein ? Oui. Et comment tu l'as... Comment c'était perçu, du coup, par rapport aux autres membres de la famille ? Ton rôle d'aîné, est-ce que c'était bien perçu ?

  • Speaker #1

    Tu veux dire par rapport à mes plus jeunes frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je dirais que c'est compliqué parce qu'ils ne se rendent pas forcément compte que les parents nous transmettent une certaine autorité. Et du coup, pour eux, comme c'est les parents et les figures d'autorité, ils auront beaucoup plus de mal à écouter ce qu'on a à leur donner comme conseil ou pour la vie de tous les jours, par exemple.

  • Speaker #0

    Donc, c'est difficile, en fait, de t'imposer.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'as pas vraiment le rôle. Mais est-ce qu'en plus, tes parents, ils ont fait ce travail-là de dire... Justement. C'est l'aîné, donc s'il y a quoi que ce soit, vous appelez Tita.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand tu me dis, je n'ai pas le souvenir que mes parents leur aient dit clairement. C'est votre grande sœur, vous écoutez ce qu'elle vous dit. Ça, je n'ai pas ce souvenir. Mais je pense qu'il n'y a pas effectivement eu ce travail-là. de dire quand on n'est pas là vous devez écouter votre grand soeur et toi est-ce qu'on te l'a dit ?

  • Speaker #0

    est-ce qu'on te le fait comprendre ?

  • Speaker #1

    on te le fait comprendre, on te le dit pas clairement mais on te fait comprendre qu'on compte sur toi c'est une charge et comment tu le vis aujourd'hui ? j'ai pris beaucoup beaucoup de recul par rapport à ce rôle d'aînée effectivement je suis une aînée Mais j'ai lâché et j'ai laissé ce rôle-là. Je suis une aînée, mais je n'ai pas de décision à prendre. Chacun peut faire ce qu'il veut, peut prendre des décisions pour lui-même.

  • Speaker #0

    D'accord, mais ça, c'est quelque chose que tu as acté avec le temps.

  • Speaker #1

    Effectivement, avec le temps, oui, les expériences.

  • Speaker #0

    Quel a été le déclenchement qui a fait que tu t'es dit je vais lâcher prise et en fait... Comme je dis souvent, chacun se gère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je crois que j'ai un souvenir d'une discussion avec l'une de mes sœurs et je n'ai plus trop la teneur de la conversation, mais où elle me faisait clairement comprendre que ça y est, on peut se débrouiller toute seule. Donc, si on a besoin de toi, on te fait signe, mais sinon, ne t'inquiète pas.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as pris ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on a porté ce rôle-là depuis très très jeune, on peut le ressentir comme un petit peu de rejet. Mais après, il faut relativiser et justement, c'est à ce moment-là qu'il faut se dire, bon effectivement, c'est des personnes qui ont le libre-arbitre, qui peuvent décider pour eux-mêmes, donc qu'on laisse faire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu n'as pas ressenti du coup ce sentiment de te dire, mais en fait, elle n'a pas compris tout ce que j'ai pu faire depuis mon enfance, depuis ma pute tendre enfance et du coup, quelque part, elle efface mon rôle qui m'a été attribué depuis petite.

  • Speaker #1

    Effectivement, c'est une des phases par lesquelles je suis passée, où effectivement, je me suis dit, mais en fait... Est-ce qu'elles se souviennent encore de ce que j'ai pu faire ? J'ai été là à certains moments et tout. Et je ne suis pas sûre qu'elles aient le souvenir de tout. Je comprends. Et on fait avec.

  • Speaker #0

    Non mais je te pose la question parce que ce que tu viens de dire là par rapport à ta soeur, moi j'ai eu la même réflexion pareil par rapport à mon aîné, du coup ma grande soeur, qui à un moment donné en fait je me dis mais en fait en gros lâche prise, un peu comme ta soeur a pu te dire, mais parce que derrière moi l'idée c'était de lui dire en fait t'occupes pas de moi, bon je veux parler pour moi, t'occupes pas de moi. mais occupe-toi de toi quand toi tu seras à l'aise, je sais pas moi, installée là tu pourras peut-être aussi m'apporter de l'aide et en attendant je n'en ai pas besoin mais effectivement après des discussions bien sûr elle m'a fait comprendre que c'est blessant c'est minimisé et effacé toutes les actions qui ont pu être faites depuis longtemps Et lui dire comme ça, non mais en fait, c'est bon, on n'a pas besoin de toi en fait.

  • Speaker #1

    C'est ta vie. Voilà, c'est dans la façon d'amener la chose en fait du coup. Et c'est là que la communication est très importante.

  • Speaker #0

    Ouais, j'avoue que ça n'a pas été facile à comprendre. Ça a été, pour ma part, ça a été des discussions et des discussions. Bien sûr. Parce que je ne comprenais pas. Je me disais, mais attends, ok, t'es aînée, c'est vrai. Mais quand même, vit ta vie à un moment donné.

  • Speaker #1

    Et c'est là où le travail est important de lâcher prise et de se dire qu'on est juste aînés et finalement pas un troisième parent.

  • Speaker #0

    Oui, et comment tu as réussi à lâcher prise ? Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été un déclic ou c'est suite à ces paroles-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est suite à ces paroles-là et aussi avec l'éloignement. Puisque comme j'ai quitté le foyer, on va dire. La distance fait que forcément, on ne peut plus gérer certaines choses à distance et qu'il faut forcément laisser la main et laisser faire.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, ça veut dire peut-être que pour tes frères et sœurs, elles ont peut-être ressenti un sentiment d'abandon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je l'ai su avec l'une de mes sœurs très récemment. effectivement quand on part, on fait sa vie, on essaie de faire sa vie, on garde un oeil quand même à distance sur les frères et sœurs, mais on ne se rend pas forcément compte de comment eux, ils vivent la chose. et très récemment en discutant avec ma soeur elle m'a dit oui moi je l'ai senti j'ai senti comme si tu nous avais abandonné, que tu avais plus de regard sur ce qu'on faisait c'est ambigu parce que d'un côté on te dit T'inquiètes, on gère et à côté de ça, on te reproche limite de ne plus t'impliquer autant dans leur vie et dans les décisions qu'ils sont amenés à prendre.

  • Speaker #0

    Ouais, mais oui. Vous n'aviez pas vu la valeur quand la personne était là et maintenant que la personne n'est plus là.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    C'est là en fait que la personne commence à se rendre compte réellement de ton rôle et de ton impact et de l'importance que tu peux avoir au quotidien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    est-ce que ton rôle d'aînée ça t'a empêché de faire certaines choses ou d'aller au bout de certains projets que t'as pu à l'époque en tant qu'adolescente non j'ai pas ressenti si

  • Speaker #1

    peut-être en se disant bon j'aurais préféré faire autre chose que de m'occuper de mes frères et soeurs ou de profiter de mon insouciance un peu plus parce que du coup on grandit très très vite dans sa tête Merci. Et après, à l'âge adulte, non, je n'ai pas ce sentiment. Mais non, je...

  • Speaker #0

    Et tu as quitté à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis partie pour les études, comme pour la bonne majorité des personnes de ma génération. J'avais 18 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Et toi, tu ressens à quel moment ce rôle-là d'aînée ? À quel moment tu sens que là, on te donne une certaine responsabilité ? Quand tu es plus petite ?

  • Speaker #1

    Plus petite, je dirais à partir du moment où on participe aux tâches ménagères et qu'on aide à s'occuper des plus petits.

  • Speaker #0

    Et tu te situes à quel âge à peu près ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aurais mis à 7 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc de 7 à 18 ans.

  • Speaker #1

    L'âge de raison, en fait.

  • Speaker #0

    Et quand tu as participé, est-ce que tu faisais de toi-même les tâches ou alors tu sentais ça comme une obligation ?

  • Speaker #1

    Non, elles étaient imposées.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Les tâches étaient imposées. Et puis très tôt, on t'apprend à, voilà, tu fais la vaisselle, tu passes le balai, tu laves le linge. À l'époque, on avait pas de machine à laver, donc c'était la grande bassine bleue.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Référence. Ouais.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et souvent, bien sûr, puisque les jeunes, les plus petits, c'est toujours toi qu'on appelle, en fait, pour... Tu entends ton petit nom qui résonne, tu te dis bon, il faut que j'y aille. C'est pas facile. Non, c'est pas facile. C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu penses que ta famille ou tes frères et sœurs se rendent compte du rôle que tu as pu avoir ?

  • Speaker #1

    Je ne suis pas sûre. Auprès d'une de mes sœurs qui est en train de pousser une réflexion là-dessus, elle se rend compte, même si elle a oublié des choses, elle se rend compte malgré tout que, et parce qu'elle me pose des questions aussi, elle se rend compte que malgré tout, voilà.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    j'étais là, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et celle qui est juste après toi ?

  • Speaker #1

    On n'a que deux ans d'écart. Oui, voilà. Et alors, de ma conception des choses, ma vision des choses, c'est que mes parents n'ont pas été aussi durs avec elle qu'avec moi, alors qu'on n'avait que deux ans de différence.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est un...

  • Speaker #1

    Et elle était très maligne aussi, parce que... elle arrivait peut-être à suivre les choses donc quand les parents n'arrivaient pas à la voir,

  • Speaker #0

    on me rappelait moi du coup il y a des petites tâches qui qu'elle s'évitait en fait du coup elle a été malicieuse elle a été très maligne et du coup moi en écoutant un peu comme je disais tout à l'heure notamment par rapport à ma soeur et même en écoutant certains témoignages l'aîné porte souvent en lui une certaine culpabilité. Mais des fois, elle n'est pas dirigée en fait vers les parents. Et donc, ça finit aussi par se répercuter sur soi-même. Exactement. Et qu'en penses-tu de ça ?

  • Speaker #1

    La culpabilité, je pense, et dans mon cas, je l'ai peut-être ressenti un petit peu au moment de partir pour les études. Oui. Mais en soi... La culpabilité aussi vient du regard de l'autre quand il se sent abandonné. Quand il te le dit, tu te dis, c'est vrai, je suis partie, j'ai pensé à moi avant de penser aux autres. Alors qu'avant, je pensais aux autres d'abord et après à moi. Et après, la retourner contre moi, non, je n'ai pas ce sentiment-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu aurais pu très bien, en fait... rejeter tout ça sur les épaules de tes parents en disant que vous n'avez pas été des parents responsables.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Effectivement, quand j'y pense, je me dis qu'il y a beaucoup de choses qui leur incombaient et que j'ai dû faire. Mais en fait, on vit l'instant présent, donc on ne se pose pas tant de questions que ça. Avec le temps, peut-être à une certaine période de ma vie, on va dire dans la trentaine, oui, je me suis dit, oui, effectivement, quand même, ils se sont bien délestés de certaines choses. Mais est-ce qu'on peut leur en vouloir ? Est-ce que...

  • Speaker #0

    Non, ça s'est fait comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une façon pour eux de nous faire... prendre des responsabilités.

  • Speaker #0

    Donc, quelque part...

  • Speaker #1

    Malgré nous, mais en nous laissant des tâches d'adultes. Je pense.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu trouves quand même des choses positives dans ce rôle-là ?

  • Speaker #1

    Ah, bien sûr. Bien sûr. Ça permet... Effectivement, ça permet de grandir peut-être trop vite, mais ça permet de grandir quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça t'en... Tu te dis pas aussi peut-être que t'as pas profité de ton enfance comme tu l'aurais voulu ?

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte maintenant que j'ai des enfants. Certes, je me suis pas mal amusée, mais à partir des 7 ans, j'étais plus dans mon rôle d'enfant. J'étais dans un rôle d'aînée, on va dire de troisième parent. Et du coup, on perd un peu cette insouciance. J'estime ne pas avoir assez joué. Et du coup, comme je suis maman maintenant, je me rends compte que je ne joue pas avec mes enfants. Parce que j'ai pas ce... Comment dire ? On dit que les adultes doivent rester de grands enfants et en fait... Enfant... Je sais pas.

  • Speaker #0

    T'arrives plus à jouer l'enfant.

  • Speaker #1

    Je sais pas jouer et apprendre, voilà, plaisir à jouer.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Donc est-ce que ça a un lien avec ce que j'ai vécu plus jeune ?

  • Speaker #0

    Peut-être. À creuser.

  • Speaker #1

    À creuser, ouais.

  • Speaker #0

    Par exemple, ton aîné, est-ce que tu sens que lui, il a... Vous lui mettez les mêmes responsabilités ou au contraire, vous essayez justement de ne pas reproduire ce schéma-là ?

  • Speaker #1

    Alors, les enfants savent qu'on est d'une famille de six enfants. Je ne suis pas sûre qu'ils captent que je suis l'aînée. de cette famille-là. Et concernant mon fils, qui est l'aîné, du coup, de la fratrie, il sait qu'il est l'aîné, mais j'essaie de lui enlever cette notion d'exemple, parce que l'aîné, pour nous, c'est un exemple, en fait.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Pour nos générations, c'était des exemples à suivre. Et lui, je lui dis qu'il est l'aîné, donc il sait qu'il a cette part de responsabilité, mais je ne veux pas... lui enlever ce poids de l'exemple. Il est comme il est, il ne sera pas parfait et sa sœur est comme elle est mais je ne veux pas qu'elle se dise il faut que je fasse les choses parce que je suis l'aînée, parce que je représente quelque chose pour ma sœur en termes d'exemple. J'essaye de faire ça parce que je pense que c'est la partie qui est la plus lourde à porter en fait, être l'exemple des autres et des plus jeunes.

  • Speaker #0

    Oui, donc en plus, ça veut dire que tu n'as pas le droit à l'erreur.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Tu dois réussir.

  • Speaker #1

    Avoir une bonne image, montrer une bonne image de toi aux autres.

  • Speaker #0

    C'est une charge, ça aussi.

  • Speaker #1

    Ça, on ne s'en rend pas compte, mais oui, inconsciemment.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose que tu as gardé jusqu'à maintenant ? Ou tu arrives quand même à lâcher pris sur certaines choses, à te dire...

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    En fait, peu importe ce qu'elle pense.

  • Speaker #1

    J'ai toujours cette petite voix qui me dit, attention. fais attention à ce que tu fais c'est l'image de la famille c'est ça c'est pas simple non mais honnêtement il faut être l'exemple il faut grandir vite prendre des responsabilités je pense qu'à l'âge où on commence à se former, à savoir un peu qui on est on est un peu étouffé Parce qu'on met une charge, la charge de l'image sur l'aîné, la charge de l'exemple.

  • Speaker #0

    Et est-ce que pour toi, par rapport à ce que tu disais sur ton fils, est-ce que pour toi, l'aîné joue un rôle différent aujourd'hui par rapport aux générations passées ?

  • Speaker #1

    Après, je ne peux pas parler au nom de tout le monde, mais on garde encore quand même ces notions qu'on essaie d'inculquer, mais d'alléger. Après, je ne fais pas une généralité. Je ne pourrais pas m'avancer sur ce qui se passe dans les familles. Mais je pense qu'on a encore ces notions-là qu'on transmet malgré nous.

  • Speaker #0

    Après, je me dis aussi, je pense que l'aîné, c'est différent dans une famille, par exemple, de deux. Et dans une famille de peut-être quatre, cinq, six enfants. Parce que j'ai l'impression que le rôle, il est beaucoup plus important quand la famille est nombreuse. Alors que si vous êtes deux, peut-être trois. Ça sera peut-être moins, je ne sais pas, c'est ce que j'imagine. Enfin, toi, tu es ici d'une famille de six, moi cinq, et c'est vrai que la majorité des témoignages que j'ai pu entendre, c'était souvent des grosses familles. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que le fait d'être plus nombreux, effectivement, tu as plus de regards qui sont tournés vers toi, et peut-être qu'une famille plus petite... Je n'aurais pas dit, on garde quand même l'individualité de chacun.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Chacun peut s'exprimer comme il le sent et ne pas être tourné forcément sur le premier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Non, mais c'est vrai. Et est-ce que tu as eu l'occasion d'en parler un peu à tes parents ?

  • Speaker #1

    Avec mes parents, non.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    jamais. Ce ne sont pas des sujets, non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Et eux-mêmes, ils n'ont jamais ressenti ce besoin de te dire... Merci d'être reconnaissant.

  • Speaker #1

    Peut-être pas en ces termes, mais plutôt, et je note notamment par rapport à mon père, qu'il m'a dit « je suis fière de toi » .

  • Speaker #0

    C'est bien.

  • Speaker #1

    En même temps, il m'a éduquée pour, on va dire, rentrer dans les…

  • Speaker #0

    Rentrer dans les clous.

  • Speaker #1

    Rentrer dans les clous et avoir, on va dire, une vie rangée.

  • Speaker #0

    D'accord,

  • Speaker #1

    oui. Donc, je pense que c'est cet aspect-là qu'il garde en tête en se disant, bon, elle a réussi à construire quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    D'accord, ah oui.

  • Speaker #1

    Cette fierté de, voilà. Mais est-ce que par rapport à la fratrie, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, tu ne sais pas. Non. Et tu ne t'es jamais posé la question par rapport à eux, comment eux, ils ont vécu ? Si par exemple, est-ce que ton père, c'est un aîné, pareil pour ta mère, et du coup... Est-ce qu'ils ont conscience de ce rôle vraiment d'aînée qui est souvent assez difficile à porter quand tu es une aînée ?

  • Speaker #1

    Mon père était, si je ne me trompe pas, le dernier fils de la fratrie. Oui, c'est ça, dernier fils. Et ma mère était l'une des dernières aussi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, est-ce qu'ils ont reporté sur moi ce qu'ils ont vu par rapport à leurs aînés à eux ? Et du coup, se décharger sur le plus grand ? Et donc là, se décharger sur son plus grand, le plus grand de sa famille ?

  • Speaker #0

    C'est une idée.

  • Speaker #1

    C'est une idée. Parce qu'ils ont vu, ils ont vécu comme ça et du coup,

  • Speaker #0

    ils le reproduisent. Oui, et parce que c'est des choses qui, visiblement, ont l'air de marcher, même si on n'arrive pas à voir vraiment les conséquences en réalité. Parce qu'en réalité, il y a des conséquences. Maintenant, on voit qu'il y a beaucoup de personnes aînées qui racontent un peu leur parcours. Et tu vois, notamment toi, tes mamans. Mais je sais qu'il y a des femmes, des hommes d'ailleurs, mais plutôt des femmes, on va dire. qui, certaines, se refusent d'être mamans justement du fait d'avoir été déjà mamans de leurs grands frères et sœurs. Et qui ne veulent pas parce qu'ils se disent, non mais déjà.

  • Speaker #1

    Soit ils ont déjà fait, déjà donné, soit ils ne veulent pas reproduire certaines choses.

  • Speaker #0

    Potentiellement. Parce que quand tu as peut-être changé les couches, tu peux aller chercher les enfants à l'école. Bon, ce ne sont pas les mêmes charges qu'un parent, mais tout de même, ça reste...

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu en parles parce qu'effectivement ce sont des tâches que j'ai dû faire et sur le moment on le fait, mais on n'a pas la... comment dire, psychologiquement on ne se dit pas que ce sont les nôtres et que nous avons la responsabilité d'eux, même si effectivement tu le fais et tu le fais bien, tu essaies de le faire bien, mais tu n'as pas toute cette charge mentale certainement qu'un parent a et on oublie.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour celles qui se sont lancées dans l'aventure familiale, on oublie tout ça en fait. C'est bizarre et du coup, quand on le revient, on se dit « Ah, pourtant j'ai déjà aimé, je ne me rendais pas compte que c'était aussi prenant. »

  • Speaker #0

    Après, ça peut être aussi vu de façon positive en te disant… Bon, je sais déjà.

  • Speaker #1

    Je suis déjà entraînée, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, j'ai fait mes frères et sœurs. Donc en fait, ça va être facile. C'est juste qu'en plus de ça, j'aurai une autre charge, la charge de parent cette fois.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une anecdote durant laquelle tu as senti que tu perdais le contrôle au sein de ta famille ?

  • Speaker #1

    Pas de perdre le contrôle, mais de perdre ce statut de support.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    À partir du moment où on ne te demande plus ton avis, tu te dis... Bon, je ne suis plus le petit tuteur. Mais en anecdote, vraiment, je n'en ai pas qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #0

    En tant qu'aînée, avec le rôle que tu avais, tu te sentais avoir une mission. Et à partir du moment où tes frères et sœurs ne te demandent plus rien ou d'aide, là, tu te sens inutile.

  • Speaker #1

    Un peu seule, un peu inutile, effectivement.

  • Speaker #0

    Et ça, comment tu le vis ? Comment tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, c'est compliqué parce qu'on a du ressentiment, forcément. On se dit... Mais quand même ! Je vous ai changé les couches, je vous ai coiffé, je vous ai aidé pour les devoirs, je vous ai orienté sur les cursus parce que j'ai vu que vous aimiez les maths ou le français. et de se dire qu'en fait, ça n'existe plus. Oui, c'est un sentiment particulier.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu as fait beaucoup de choses là. Tout ce que tu viens de dire,

  • Speaker #1

    ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien,

  • Speaker #0

    vraiment.

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus déroutant qu'elles ne se rappellent de rien.

  • Speaker #0

    Non, après, peut-être qu'elles étaient petites et qu'elles se disaient que c'était normal aussi.

  • Speaker #1

    Peut-être. Peut-être. La communication est très importante et donc là, on fait un travail avec une de mes sœurs, donc je trouve ça très intéressant parce que du coup, j'ai sa vision de la période, de la chose.

  • Speaker #0

    à pousser avec les autres membres de la fratrie.

  • Speaker #1

    Oui, c'est super important, mais je suis sûre que tu fais ce qu'il y a à faire pour apaiser tout ça.

  • Speaker #0

    J'essaie, mais ce n'est pas toujours compris, la démarche.

  • Speaker #1

    Ça viendra avec le temps. Et puis, comme je dis souvent, si ce n'est pas compris, il y a un timing aussi. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, justement. Sur le coup, ce n'est pas compris parce que chaque personne a sa... à ces moments d'éveil et de conscience. Donc, on n'a pas tout seul la même rythme, comme tu le dis.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Et quelles sont les valeurs, du coup, que tu as pu apprendre, qui sont les plus importantes par rapport à tes parents ?

  • Speaker #0

    Alors, ce que je retiens de mes parents et que j'essaie d'appliquer dans ma vie actuellement, depuis, du coup... la notion de respect de soi, de respect des autres, la notion de responsabilité, c'est-à-dire assumer ses choix et ses actes, de l'humilité, beaucoup, et je dirais de la loyauté aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est des choses que tu t'appliques à faire au quotidien ?

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    Envers ton entourage, tes amis ?

  • Speaker #0

    exactement,

  • Speaker #1

    j'essaie de suivre au moins très sûr le respect des autres et le respect de soi est-ce que ta famille aurait peut-être voulu que tu reviennes en

  • Speaker #0

    Guadeloupe justement pour reprendre ce rôle que tu avais avant que tu partes en métropole quand je suis partie faire mes études ici Hum... Très vite, ma mère m'a rappelé, elle me disait, tu rentres, tu vas rentrer.

  • Speaker #1

    Donc en gros, finis tes études, mais après tu reviens.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça, elle voulait que je revienne. À un certain moment où il y a eu, on va dire, des choses un peu compliquées à vivre en Guadeloupe, notamment pour ma mère, mes soeurs auraient voulu que je sois là pour pouvoir soutenir et faire des choses. et d'ailleurs... Auprès de mon travail, j'avais fait des démarches aussi pour pouvoir être mutée, on va dire, en Guadeloupe directement. Bon, ça n'a pas abouti parce que, comme tout le monde sait, la mutation, c'est compliqué. J'ai eu à un moment donné envie de rentrer et prendre certaines choses en main. Et puis finalement, la vie fait que...

  • Speaker #1

    Et ta maman l'a compris ?

  • Speaker #0

    Elle ne savait pas que j'avais ce projet-là.

  • Speaker #1

    elle a pas su et comme ça n'a pas abouti donc je lui en ai jamais parlé mais peut-être que ça veut dire ils se sont dit que certainement tu partais et que finalement t'avais même pas le projet de revenir et que t'avais finalement acquis la paix que tu voulais depuis longtemps alors je rigole mais tu vois ce que je veux dire je comprends ce que tu veux dire

  • Speaker #0

    Je pense que beaucoup ont attendu que je revienne.

  • Speaker #1

    Le retour du messie. Non, je rigole.

  • Speaker #0

    Pas le messie, mais voilà, le retour du support, du tuto. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui. De, ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et je me rappelle encore, j'avais eu ma maman au téléphone et je lui avais dit clairement, je lui ai dit, maman, je suis partie, je fais ma vie, je ne suis pas sûre que je vais revenir.

  • Speaker #1

    Waouh. Ça n'a pas dû être facile.

  • Speaker #0

    Non, ce n'était pas facile et je ne sais pas si elle l'a vraiment compris.

  • Speaker #1

    Et quand tu reviens des fois en Guadeloupe, est-ce que c'est des sujets dont vous parlez ? Ou peut-être, est-ce qu'on te demande alors ? Vous ne revenez pas en Guadeloupe ?

  • Speaker #0

    De temps en temps, mais ça me demande est-ce que je n'ai pas le projet de revenir. C'est vrai que parfois, ça me tente. Et après, quand on réfléchit trop. on se dit bon il y a ça il y a ça machin donc on le fait pas et je pense que aussi le fait d'être resté longtemps ici et de s'ancrer dans une vie professionnelle,

  • Speaker #1

    familiale et tout c'est pas forcément évident de revenir aux sources ça demande beaucoup de modifications de changements et tes frères et soeurs est-ce qu'il y en a qui ont aussi tenté peut-être de venir en France et de travailler et de Merci. Peut-être suivre, te suivre finalement en tant que modèle ?

  • Speaker #0

    J'ai deux de mes sœurs qui se sont posées la question et qui finalement n'ont pas été plus loin dans l'idée. J'ai plus jeune frère. qui est venu aussi et qui est entre les deux. Il ne sait pas trop s'il reste plutôt ici ou s'il reste plutôt là-bas. Mais après, il est jeune, donc il a le temps de savoir ce qu'il veut faire.

  • Speaker #1

    Imaginons, tu as des amis autour de toi et tu vois les mêmes comportements que tes parents ont pu avoir envers toi. à travers un aîné justement, est-ce que tu as envie de le dire à ses amis-là en disant oui, faites attention, ce que vous faites là, je l'ai vécu, ça peut être très dur à l'avenir, il peut y avoir des répercussions, ou au contraire, chacun éduque son enfant comme il le veut ?

  • Speaker #0

    Moi je dirais effectivement, chacun éduque ses enfants comme il le veut, ça n'empêche pas non plus d'avoir... des idées par rapport à ce qu'on voit en face de soi. Alors, tout dépend de la relation qu'on a avec la personne, si c'est une relation très, comment dire, où on peut s'exprimer et parler de certains sujets. Mais effectivement, moi, si je vois des choses qui me rappellent ce que j'ai vécu, je leur dirais, attention, laissez-le être ce qu'il doit devenir. ne lui donnait pas cette charge, cette énorme charge, du moins allégée là, pour le laisser être lui-même. C'est vrai. Et ne pas représenter une image qu'on veut donner aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. C'est vrai qu'en plus, l'aîné, c'est aussi, comme tu disais tout à l'heure par rapport à ton père, c'est représentant de la famille. C'est ça. C'est la mascotte. Et si la mascotte flanche... Quelque part,

  • Speaker #0

    c'est l'image de la famille qui est entachée. C'est ça.

  • Speaker #1

    Waouh ! C'est un grand rôle, vraiment.

  • Speaker #0

    Mais quand on le vit, on ne se rend pas compte.

  • Speaker #1

    Non, tu ne te rends pas compte, clairement. Tu vis en fait toujours.

  • Speaker #0

    C'est après que tu te dis, ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Mais à quel moment tu as ressenti cette charge justement et de tout ce que tu avais pu vivre dans ton enfance ? À quel moment ça te saute aux yeux qu'en fait, c'était pas sain ?

  • Speaker #0

    Je pense à l'adolescence, entre 16 et 18 ans, un peu avant de partir.

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passait à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est plus apte à comprendre certaines choses, parce qu'avant, on les fait parce qu'il faut les faire, on ne se pose pas de questions dessus. Et avec la maturité, voilà... À 16, 16, entre 16 et 18 ans, on commence à réfléchir sur certaines choses, on se pose des questions.

  • Speaker #1

    Mais du coup, qu'est-ce qui a déclenché ton départ ? Est-ce que tu as eu une opportunité ou tu avais vraiment aussi peut-être un besoin de souffler finalement ?

  • Speaker #0

    Alors, mon départ, ça me fait sourire parce que moi, j'ai ressenti ma maison comme une prison. Et je savais, alors moi je suis très intéressée par tout ce qui était artistique et je savais que pour pouvoir poursuivre dans cette branche-là, j'étais obligée de quitter, de partir. Et c'était mon passeport en fait. Et j'ai tout fait pour y arriver, avoir mon bac et ne pas laisser le choix. à mes parents que de me laisser partir. C'était l'excuse, en fait. Je veux faire mes études, et comme je sais qu'ils veulent que j'aille plus loin, je fais ce qu'il faut pour... Alors, je n'ai pas choisi l'art pour ça, parce que c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup, mais vraiment, ça a été mon passeport de sortie, parce que, oui, je le vivais comme une prison, comme un étouffement.

  • Speaker #1

    Ouais, waouh. C'est...

  • Speaker #0

    La vie, hein ?

  • Speaker #1

    Ouais, mais t'as été audacieuse, parce que c'est pas tout le monde qui va aussi oser se dire...

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pars vers l'inconnu, je savais pas où j'allais. Mais j'ai pas vu tout ça. Moi, j'ai vu, il fallait que je parte et que je devienne qui j'ai envie d'être.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, alors, est-ce que tu es ce que t'as envie d'être ?

  • Speaker #0

    Oh, il y a encore plein de choses à... On va dire qu'on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus important.

  • Speaker #0

    Et je pense que toute la vie, on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    Et absolument. Oui. Ben oui, c'est tout un travail de tuer.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais du moins, t'as, disons, suivi ton cœur, ton instinct et la voie que tu voulais... emprunté. Oui, c'est ça. En réalité, c'est le plus important. Parce que c'est dommage aussi, par la suite, de vivre avec des regrets, de dire, ah, et si j'avais fait ci, et si j'avais fait ça, pourquoi j'ai pas fait ça ? Et tu tournes en boucle, et en fait, c'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Un cercle vicieux, oui.

  • Speaker #1

    Donc, ouais, c'est audacieux. Qu'est-ce que t'aimerais dire à, certainement, ta famille, qui vont écouter cet échange ?

  • Speaker #0

    hum Je leur dirais que je suis toujours là, qu'ils peuvent compter sur moi. Je serai toujours ouverte à toute discussion. Je suis là.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es là.

  • Speaker #0

    Je suis là, on va dire...

  • Speaker #1

    En support,

  • Speaker #0

    toujours. En support, toujours.

  • Speaker #1

    Avec tes moyens.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Avec le temps que tu pourras accorder. Mais tu es là.

  • Speaker #0

    Je suis là.

  • Speaker #1

    S'il y a besoin d'un conseil, d'une oreille.

  • Speaker #0

    S'il y a besoin d'un conseil, voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Et autre sujet, l'argent. L'argent, c'est un sujet aussi dans les familles et dans beaucoup de familles. L'aîné aussi, souvent, travaille. Et lorsqu'il y a un problème, c'est souvent l'aîné qui est sollicité en lui disant, écoute, il y a un tel qui a besoin d'argent parce qu'il a une galère. Des fois même, ça peut arriver sur les tontons. Il y a tonton un tel qui a besoin de voyager. Alors, est-ce que toi, tu as eu ce type de sollicitation ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas été sollicité pour l'argent. Par contre, j'ai dû me débrouiller toute seule ici. Alors, heureusement, à l'époque, moi, j'avais la bourse. Donc, je m'occupais, et ça fait grandir aussi, je m'occupais de payer parce que du coup, à l'époque, j'étais à l'internat. Donc, je m'occupais de l'internat, d'avoir à manger, de pouvoir m'habiller. Mais non, j'ai pas... Une fois après, dans le milieu professionnel, non, j'ai pas eu de demandes spécifiques par rapport à ça.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux. Et t'as... Une fois ici, est-ce que t'as eu à demander aussi à un moment donné à tes parents ?

  • Speaker #0

    Tant que j'étais étudiante, oui, si je voulais rentrer en Guadeloupe pour souffler un petit peu pendant les vacances, je demandais à mon père. Mais généralement, je m'arrangeais pour... et là, oui. Je m'arrangeais pour n'avoir jamais à leur demander parce que je sais que de leur côté, ce n'était pas forcément, on va dire, ce n'était pas Versailles.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    je me suis débrouillée comme une grande. Mais est-ce que tu t'es débrouillée comme une grande parce que peut-être tu avais peur qu'on te dise, « Ah, bah Tilda, si tu demandes tout le temps, c'est que c'est la galère là-bas, donc rentre. »

  • Speaker #0

    peut-être qu'il y a ce poids là aussi peur qu'on te dise rentre en fait si c'est pas possible très bien,

  • Speaker #1

    écoute on arrive à la fin de cet épisode t'as déjà dit ce que tu voulais partager donc comme tu disais que t'es toujours là en tant que support écoute, oreille attentive et ne pas hésiter J'espère que ceux qui connaissent Tilda ont entendu ce message. En tous les cas, si ce message, ce témoignage résonne en vous en tant qu'aînés ou en tant que sœur ou frère d'un ou d'une aînée, n'hésitez pas à partager à cette personne. Peut-être que ça ouvrira le dialogue, on ne sait pas. Donc voilà, en tout cas, merci à toi Tilda d'avoir...

  • Speaker #0

    Merci, je m'attends ce moment.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, vraiment, c'est un immense merci. Et puis, très vite, pour d'autres échanges, certainement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, avec plaisir.

  • Speaker #1

    Alors, que dire ? Déjà, comme d'habitude, vous notez l'épisode sur toutes les plateformes d'écoute, donc Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Amazon Music. Bref, vous connaissez déjà ce qu'il y a à faire. À laisser, bien sûr, des commentaires pour voir un peu ce que vous avez ressenti, les impressions que vous avez eues en écoutant le témoignage de Tilda. Et moi, honnêtement, j'ai encore découvert des choses parce que vraiment, le rôle d'Ainé, c'est quelque chose. Donc voilà, moi, je vous laisse sur cela et j'attends vos commentaires pour pouvoir interagir. Allez, c'était Joie pour le podcast Bamboula. À très vite. Bye !

Description

Ainée d'une famille de 6 enfants, Tilda 👑 nous partage à cœur ouvert les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Exemplarité, charge mentale, inégalité et culpabilité, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille et encore aujourd'hui elle fait de son mieux pour être le support de sa famille tout en se préservant.

Il est vrai que souvent l'ainé se construit en fonction de la projection de ses parents et a tendance à être l'enfant modèle, qui obéit et accomplit les exigences des parents sans sourciller. Parfois 3ème parent, il a très tôt des responsabilités et sans s'en rendre compte, il quitte rapidement l'enfance et gagne en autonomie toutefois est-ce forcément toujours une bonne chose ?


Bonne écoute ! 🤩


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https://www.instagram.com/bambula_podcast?igsh=b3IwdTJ2dzhweTI2


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez Bamboula, le podcast qui va vous bouleverser. Si vous êtes en quête identitaire et souhaitez appréhender la vie différemment, sachez que vous êtes au bon endroit. Moi, c'est Joie, et ici, on parle d'histoire, d'éducation, d'entrepreneuriat, de santé et plein d'autres sujets encore. Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du rôle que l'on occupe dans une fratrie, et surtout celui des nés, eh oui. Personnellement, j'ai toujours vu le rôle d'aîné comme étant un privilège, on lui fait confiance, on lui confie des choses importantes. Puis, l'aîné est souvent le modèle à suivre ou bien la boussole de la fratrie. Mais bon, avec le temps, j'ai compris aussi que ce rôle n'est pas sans difficulté et malheureusement, beaucoup y perdent leur personnalité en voulant rendre fiers ses parents ou bien soutenir les cadets. Et oui, alors... pour cet épisode, j'ai le plaisir de le partager avec mon amie Tilda et je vais inviter l'assista à se présenter et je vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Tilda.

  • Speaker #1

    Bonjour Joanne, ça va ?

  • Speaker #0

    Oui, ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue, merci. Ça fait longtemps qu'on devait se caler, s'arranger mais bon, ça y est, aujourd'hui c'est le fameux jour.

  • Speaker #1

    Merci à toi, merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    plaisir. Est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Donc Tilda, j'ai 44 ans, mère de deux enfants et l'aînée d'une famille de six, avec un père en foyer et une mère en foyer.

  • Speaker #0

    Ok, wow. Avant de démarrer cet épisode, on va un peu aborder la partie Bamboula, rapidement.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Parce qu'en réalité, ça fait un petit moment qu'on a déjà fait le tour, on sait ce que ça veut dire maintenant. Mais comme tu es l'une des personnes à qui j'en ai parlé au début de ce projet, du coup, qu'est-ce que tu en as pensé quand je t'ai parlé de cette idée de podcast et surtout du mot Bamboula ?

  • Speaker #1

    Alors, quand tu m'as parlé de ce projet de podcast, j'ai trouvé que c'était une très belle idée pour pouvoir un peu éveiller les consciences et faire réfléchir aussi sur certains aspects. Et j'ai trouvé ça très, très bien. Franchement, bravo encore. C'est du bon boulot.

  • Speaker #0

    Ah, merci, c'est gentil. On essaye, on tient. Et par rapport au mot bamboula ?

  • Speaker #1

    Le mot bamboula, effectivement, c'est un mot pour lequel je n'avais jamais été chercher la signification et qui, pour moi, avait une connotation négative que j'ai découvert en arrivant ici en Hexagone, parce que de l'ordre je viens, on ne l'entendait pas forcément, donc la Guadeloupe. Et quand tu m'as parlé de ce mot-là, j'ai eu tout de suite le réflexe d'aller regarder sur Internet ce que je trouvais là-dessus. Et effectivement, on se rend compte que c'est un rapport avec la musique et la danse. Et qu'effectivement, on va dire que certaines personnes ont détourné de manière négative pour parler de nous, afro-descendants.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça. Voilà. Bah ouais, effectivement. Et tu t'es pas dit, c'est un peu trop audacieux d'utiliser. Est-ce que les gens vont comprendre ? Comment les gens vont réagir à cela ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai trouvé ça très, comment dire, culotté parce que je me suis dit, ah, elle va pousser la réflexion. Ils vont se dire, mais pourquoi ce mot-là, finalement, pour parler de conscientisation et tout ? Et non, c'est franchement... La démarche est très,

  • Speaker #0

    très,

  • Speaker #1

    très... J'ai bien adhéré.

  • Speaker #0

    Ok, écoute. De toute façon, maintenant, on connaît la définition. Bamboula veut dire se souvenir ou se rappeler. Ça évoque aussi le temps qui passe. Exactement. Et comme tu l'as bien dit, le mot a été détourné, a été transformé pour le rendre péjoratif.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que ce soit dirigé vers les afrodescendants. Voilà, donc comme je dis souvent dans cet épisode, enfin dans la plupart des épisodes d'ailleurs, c'est voilà, ne vous sentez pas offusqués à partir du moment où vous connaissez réellement la réelle signification. Voilà, finalement...

  • Speaker #1

    T'as pas de raison, on enlève toute la partie négative qui a pu lui être attribuée.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et franchement, ça c'est bien.

  • Speaker #0

    Parfait ! Bah écoute, continuons, poursuivons par rapport à ce qui nous réunit aujourd'hui. Alors déjà, est-ce que tu te souviens du moment où t'as compris ? Qu'être aînée rime avec le rôle du troisième parent ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'être l'aînée, c'est insidieux. Les choses ne sont pas forcément dites, mais là où je m'en suis rendue compte, c'est avec mes frères et sœurs, où j'ai dû... être le représentant de mes sœurs pour les réunions de parents, professeurs à l'école.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est moi qui ai dû y aller. Et voilà, c'est là qu'on se rend compte que... Ah oui, d'accord, ok.

  • Speaker #0

    Et attends, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je devais avoir peut-être 14 ans, peut-être. 14, 15 ans.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, tout ça ?

  • Speaker #1

    Et bien, effectivement, quand tu me le dis, je me dis... Les professeurs n'ont pas forcément vu à mal que je sois là et que je représente mes plus petits frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont pas posé des questions ? Pas du tout. Ils ne se sont pas dit « où sont tes parents ? » ? Pourquoi ce n'est pas tes parents qui sont là ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout. Parce que je pense que peut-être dans... Alors, je parle pour la Guadeloupe, mais peut-être que dans l'inconscient, comme c'est un fonctionnement, l'aîné, ça ne dérange pas que ce soit lui qui... qui représentent les plus petits, les plus jeunes.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, en réalité, même pour les maîtresses, etc., c'était normal.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Et ça ne les a pas plus interrogées que ça.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, c'était des Guadeloupéens ? Enfin, des locaux, majoritairement ?

  • Speaker #1

    Non, il y avait de tout.

  • Speaker #0

    D'accord. Oui. C'est spécial, hein ? Oui. Et comment tu l'as... Comment c'était perçu, du coup, par rapport aux autres membres de la famille ? Ton rôle d'aîné, est-ce que c'était bien perçu ?

  • Speaker #1

    Tu veux dire par rapport à mes plus jeunes frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je dirais que c'est compliqué parce qu'ils ne se rendent pas forcément compte que les parents nous transmettent une certaine autorité. Et du coup, pour eux, comme c'est les parents et les figures d'autorité, ils auront beaucoup plus de mal à écouter ce qu'on a à leur donner comme conseil ou pour la vie de tous les jours, par exemple.

  • Speaker #0

    Donc, c'est difficile, en fait, de t'imposer.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'as pas vraiment le rôle. Mais est-ce qu'en plus, tes parents, ils ont fait ce travail-là de dire... Justement. C'est l'aîné, donc s'il y a quoi que ce soit, vous appelez Tita.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand tu me dis, je n'ai pas le souvenir que mes parents leur aient dit clairement. C'est votre grande sœur, vous écoutez ce qu'elle vous dit. Ça, je n'ai pas ce souvenir. Mais je pense qu'il n'y a pas effectivement eu ce travail-là. de dire quand on n'est pas là vous devez écouter votre grand soeur et toi est-ce qu'on te l'a dit ?

  • Speaker #0

    est-ce qu'on te le fait comprendre ?

  • Speaker #1

    on te le fait comprendre, on te le dit pas clairement mais on te fait comprendre qu'on compte sur toi c'est une charge et comment tu le vis aujourd'hui ? j'ai pris beaucoup beaucoup de recul par rapport à ce rôle d'aînée effectivement je suis une aînée Mais j'ai lâché et j'ai laissé ce rôle-là. Je suis une aînée, mais je n'ai pas de décision à prendre. Chacun peut faire ce qu'il veut, peut prendre des décisions pour lui-même.

  • Speaker #0

    D'accord, mais ça, c'est quelque chose que tu as acté avec le temps.

  • Speaker #1

    Effectivement, avec le temps, oui, les expériences.

  • Speaker #0

    Quel a été le déclenchement qui a fait que tu t'es dit je vais lâcher prise et en fait... Comme je dis souvent, chacun se gère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je crois que j'ai un souvenir d'une discussion avec l'une de mes sœurs et je n'ai plus trop la teneur de la conversation, mais où elle me faisait clairement comprendre que ça y est, on peut se débrouiller toute seule. Donc, si on a besoin de toi, on te fait signe, mais sinon, ne t'inquiète pas.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as pris ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on a porté ce rôle-là depuis très très jeune, on peut le ressentir comme un petit peu de rejet. Mais après, il faut relativiser et justement, c'est à ce moment-là qu'il faut se dire, bon effectivement, c'est des personnes qui ont le libre-arbitre, qui peuvent décider pour eux-mêmes, donc qu'on laisse faire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu n'as pas ressenti du coup ce sentiment de te dire, mais en fait, elle n'a pas compris tout ce que j'ai pu faire depuis mon enfance, depuis ma pute tendre enfance et du coup, quelque part, elle efface mon rôle qui m'a été attribué depuis petite.

  • Speaker #1

    Effectivement, c'est une des phases par lesquelles je suis passée, où effectivement, je me suis dit, mais en fait... Est-ce qu'elles se souviennent encore de ce que j'ai pu faire ? J'ai été là à certains moments et tout. Et je ne suis pas sûre qu'elles aient le souvenir de tout. Je comprends. Et on fait avec.

  • Speaker #0

    Non mais je te pose la question parce que ce que tu viens de dire là par rapport à ta soeur, moi j'ai eu la même réflexion pareil par rapport à mon aîné, du coup ma grande soeur, qui à un moment donné en fait je me dis mais en fait en gros lâche prise, un peu comme ta soeur a pu te dire, mais parce que derrière moi l'idée c'était de lui dire en fait t'occupes pas de moi, bon je veux parler pour moi, t'occupes pas de moi. mais occupe-toi de toi quand toi tu seras à l'aise, je sais pas moi, installée là tu pourras peut-être aussi m'apporter de l'aide et en attendant je n'en ai pas besoin mais effectivement après des discussions bien sûr elle m'a fait comprendre que c'est blessant c'est minimisé et effacé toutes les actions qui ont pu être faites depuis longtemps Et lui dire comme ça, non mais en fait, c'est bon, on n'a pas besoin de toi en fait.

  • Speaker #1

    C'est ta vie. Voilà, c'est dans la façon d'amener la chose en fait du coup. Et c'est là que la communication est très importante.

  • Speaker #0

    Ouais, j'avoue que ça n'a pas été facile à comprendre. Ça a été, pour ma part, ça a été des discussions et des discussions. Bien sûr. Parce que je ne comprenais pas. Je me disais, mais attends, ok, t'es aînée, c'est vrai. Mais quand même, vit ta vie à un moment donné.

  • Speaker #1

    Et c'est là où le travail est important de lâcher prise et de se dire qu'on est juste aînés et finalement pas un troisième parent.

  • Speaker #0

    Oui, et comment tu as réussi à lâcher prise ? Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été un déclic ou c'est suite à ces paroles-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est suite à ces paroles-là et aussi avec l'éloignement. Puisque comme j'ai quitté le foyer, on va dire. La distance fait que forcément, on ne peut plus gérer certaines choses à distance et qu'il faut forcément laisser la main et laisser faire.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, ça veut dire peut-être que pour tes frères et sœurs, elles ont peut-être ressenti un sentiment d'abandon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je l'ai su avec l'une de mes sœurs très récemment. effectivement quand on part, on fait sa vie, on essaie de faire sa vie, on garde un oeil quand même à distance sur les frères et sœurs, mais on ne se rend pas forcément compte de comment eux, ils vivent la chose. et très récemment en discutant avec ma soeur elle m'a dit oui moi je l'ai senti j'ai senti comme si tu nous avais abandonné, que tu avais plus de regard sur ce qu'on faisait c'est ambigu parce que d'un côté on te dit T'inquiètes, on gère et à côté de ça, on te reproche limite de ne plus t'impliquer autant dans leur vie et dans les décisions qu'ils sont amenés à prendre.

  • Speaker #0

    Ouais, mais oui. Vous n'aviez pas vu la valeur quand la personne était là et maintenant que la personne n'est plus là.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    C'est là en fait que la personne commence à se rendre compte réellement de ton rôle et de ton impact et de l'importance que tu peux avoir au quotidien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    est-ce que ton rôle d'aînée ça t'a empêché de faire certaines choses ou d'aller au bout de certains projets que t'as pu à l'époque en tant qu'adolescente non j'ai pas ressenti si

  • Speaker #1

    peut-être en se disant bon j'aurais préféré faire autre chose que de m'occuper de mes frères et soeurs ou de profiter de mon insouciance un peu plus parce que du coup on grandit très très vite dans sa tête Merci. Et après, à l'âge adulte, non, je n'ai pas ce sentiment. Mais non, je...

  • Speaker #0

    Et tu as quitté à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis partie pour les études, comme pour la bonne majorité des personnes de ma génération. J'avais 18 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Et toi, tu ressens à quel moment ce rôle-là d'aînée ? À quel moment tu sens que là, on te donne une certaine responsabilité ? Quand tu es plus petite ?

  • Speaker #1

    Plus petite, je dirais à partir du moment où on participe aux tâches ménagères et qu'on aide à s'occuper des plus petits.

  • Speaker #0

    Et tu te situes à quel âge à peu près ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aurais mis à 7 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc de 7 à 18 ans.

  • Speaker #1

    L'âge de raison, en fait.

  • Speaker #0

    Et quand tu as participé, est-ce que tu faisais de toi-même les tâches ou alors tu sentais ça comme une obligation ?

  • Speaker #1

    Non, elles étaient imposées.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Les tâches étaient imposées. Et puis très tôt, on t'apprend à, voilà, tu fais la vaisselle, tu passes le balai, tu laves le linge. À l'époque, on avait pas de machine à laver, donc c'était la grande bassine bleue.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Référence. Ouais.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et souvent, bien sûr, puisque les jeunes, les plus petits, c'est toujours toi qu'on appelle, en fait, pour... Tu entends ton petit nom qui résonne, tu te dis bon, il faut que j'y aille. C'est pas facile. Non, c'est pas facile. C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu penses que ta famille ou tes frères et sœurs se rendent compte du rôle que tu as pu avoir ?

  • Speaker #1

    Je ne suis pas sûre. Auprès d'une de mes sœurs qui est en train de pousser une réflexion là-dessus, elle se rend compte, même si elle a oublié des choses, elle se rend compte malgré tout que, et parce qu'elle me pose des questions aussi, elle se rend compte que malgré tout, voilà.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    j'étais là, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et celle qui est juste après toi ?

  • Speaker #1

    On n'a que deux ans d'écart. Oui, voilà. Et alors, de ma conception des choses, ma vision des choses, c'est que mes parents n'ont pas été aussi durs avec elle qu'avec moi, alors qu'on n'avait que deux ans de différence.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est un...

  • Speaker #1

    Et elle était très maligne aussi, parce que... elle arrivait peut-être à suivre les choses donc quand les parents n'arrivaient pas à la voir,

  • Speaker #0

    on me rappelait moi du coup il y a des petites tâches qui qu'elle s'évitait en fait du coup elle a été malicieuse elle a été très maligne et du coup moi en écoutant un peu comme je disais tout à l'heure notamment par rapport à ma soeur et même en écoutant certains témoignages l'aîné porte souvent en lui une certaine culpabilité. Mais des fois, elle n'est pas dirigée en fait vers les parents. Et donc, ça finit aussi par se répercuter sur soi-même. Exactement. Et qu'en penses-tu de ça ?

  • Speaker #1

    La culpabilité, je pense, et dans mon cas, je l'ai peut-être ressenti un petit peu au moment de partir pour les études. Oui. Mais en soi... La culpabilité aussi vient du regard de l'autre quand il se sent abandonné. Quand il te le dit, tu te dis, c'est vrai, je suis partie, j'ai pensé à moi avant de penser aux autres. Alors qu'avant, je pensais aux autres d'abord et après à moi. Et après, la retourner contre moi, non, je n'ai pas ce sentiment-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu aurais pu très bien, en fait... rejeter tout ça sur les épaules de tes parents en disant que vous n'avez pas été des parents responsables.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Effectivement, quand j'y pense, je me dis qu'il y a beaucoup de choses qui leur incombaient et que j'ai dû faire. Mais en fait, on vit l'instant présent, donc on ne se pose pas tant de questions que ça. Avec le temps, peut-être à une certaine période de ma vie, on va dire dans la trentaine, oui, je me suis dit, oui, effectivement, quand même, ils se sont bien délestés de certaines choses. Mais est-ce qu'on peut leur en vouloir ? Est-ce que...

  • Speaker #0

    Non, ça s'est fait comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une façon pour eux de nous faire... prendre des responsabilités.

  • Speaker #0

    Donc, quelque part...

  • Speaker #1

    Malgré nous, mais en nous laissant des tâches d'adultes. Je pense.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu trouves quand même des choses positives dans ce rôle-là ?

  • Speaker #1

    Ah, bien sûr. Bien sûr. Ça permet... Effectivement, ça permet de grandir peut-être trop vite, mais ça permet de grandir quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça t'en... Tu te dis pas aussi peut-être que t'as pas profité de ton enfance comme tu l'aurais voulu ?

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte maintenant que j'ai des enfants. Certes, je me suis pas mal amusée, mais à partir des 7 ans, j'étais plus dans mon rôle d'enfant. J'étais dans un rôle d'aînée, on va dire de troisième parent. Et du coup, on perd un peu cette insouciance. J'estime ne pas avoir assez joué. Et du coup, comme je suis maman maintenant, je me rends compte que je ne joue pas avec mes enfants. Parce que j'ai pas ce... Comment dire ? On dit que les adultes doivent rester de grands enfants et en fait... Enfant... Je sais pas.

  • Speaker #0

    T'arrives plus à jouer l'enfant.

  • Speaker #1

    Je sais pas jouer et apprendre, voilà, plaisir à jouer.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Donc est-ce que ça a un lien avec ce que j'ai vécu plus jeune ?

  • Speaker #0

    Peut-être. À creuser.

  • Speaker #1

    À creuser, ouais.

  • Speaker #0

    Par exemple, ton aîné, est-ce que tu sens que lui, il a... Vous lui mettez les mêmes responsabilités ou au contraire, vous essayez justement de ne pas reproduire ce schéma-là ?

  • Speaker #1

    Alors, les enfants savent qu'on est d'une famille de six enfants. Je ne suis pas sûre qu'ils captent que je suis l'aînée. de cette famille-là. Et concernant mon fils, qui est l'aîné, du coup, de la fratrie, il sait qu'il est l'aîné, mais j'essaie de lui enlever cette notion d'exemple, parce que l'aîné, pour nous, c'est un exemple, en fait.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Pour nos générations, c'était des exemples à suivre. Et lui, je lui dis qu'il est l'aîné, donc il sait qu'il a cette part de responsabilité, mais je ne veux pas... lui enlever ce poids de l'exemple. Il est comme il est, il ne sera pas parfait et sa sœur est comme elle est mais je ne veux pas qu'elle se dise il faut que je fasse les choses parce que je suis l'aînée, parce que je représente quelque chose pour ma sœur en termes d'exemple. J'essaye de faire ça parce que je pense que c'est la partie qui est la plus lourde à porter en fait, être l'exemple des autres et des plus jeunes.

  • Speaker #0

    Oui, donc en plus, ça veut dire que tu n'as pas le droit à l'erreur.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Tu dois réussir.

  • Speaker #1

    Avoir une bonne image, montrer une bonne image de toi aux autres.

  • Speaker #0

    C'est une charge, ça aussi.

  • Speaker #1

    Ça, on ne s'en rend pas compte, mais oui, inconsciemment.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose que tu as gardé jusqu'à maintenant ? Ou tu arrives quand même à lâcher pris sur certaines choses, à te dire...

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    En fait, peu importe ce qu'elle pense.

  • Speaker #1

    J'ai toujours cette petite voix qui me dit, attention. fais attention à ce que tu fais c'est l'image de la famille c'est ça c'est pas simple non mais honnêtement il faut être l'exemple il faut grandir vite prendre des responsabilités je pense qu'à l'âge où on commence à se former, à savoir un peu qui on est on est un peu étouffé Parce qu'on met une charge, la charge de l'image sur l'aîné, la charge de l'exemple.

  • Speaker #0

    Et est-ce que pour toi, par rapport à ce que tu disais sur ton fils, est-ce que pour toi, l'aîné joue un rôle différent aujourd'hui par rapport aux générations passées ?

  • Speaker #1

    Après, je ne peux pas parler au nom de tout le monde, mais on garde encore quand même ces notions qu'on essaie d'inculquer, mais d'alléger. Après, je ne fais pas une généralité. Je ne pourrais pas m'avancer sur ce qui se passe dans les familles. Mais je pense qu'on a encore ces notions-là qu'on transmet malgré nous.

  • Speaker #0

    Après, je me dis aussi, je pense que l'aîné, c'est différent dans une famille, par exemple, de deux. Et dans une famille de peut-être quatre, cinq, six enfants. Parce que j'ai l'impression que le rôle, il est beaucoup plus important quand la famille est nombreuse. Alors que si vous êtes deux, peut-être trois. Ça sera peut-être moins, je ne sais pas, c'est ce que j'imagine. Enfin, toi, tu es ici d'une famille de six, moi cinq, et c'est vrai que la majorité des témoignages que j'ai pu entendre, c'était souvent des grosses familles. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que le fait d'être plus nombreux, effectivement, tu as plus de regards qui sont tournés vers toi, et peut-être qu'une famille plus petite... Je n'aurais pas dit, on garde quand même l'individualité de chacun.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Chacun peut s'exprimer comme il le sent et ne pas être tourné forcément sur le premier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Non, mais c'est vrai. Et est-ce que tu as eu l'occasion d'en parler un peu à tes parents ?

  • Speaker #1

    Avec mes parents, non.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    jamais. Ce ne sont pas des sujets, non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Et eux-mêmes, ils n'ont jamais ressenti ce besoin de te dire... Merci d'être reconnaissant.

  • Speaker #1

    Peut-être pas en ces termes, mais plutôt, et je note notamment par rapport à mon père, qu'il m'a dit « je suis fière de toi » .

  • Speaker #0

    C'est bien.

  • Speaker #1

    En même temps, il m'a éduquée pour, on va dire, rentrer dans les…

  • Speaker #0

    Rentrer dans les clous.

  • Speaker #1

    Rentrer dans les clous et avoir, on va dire, une vie rangée.

  • Speaker #0

    D'accord,

  • Speaker #1

    oui. Donc, je pense que c'est cet aspect-là qu'il garde en tête en se disant, bon, elle a réussi à construire quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    D'accord, ah oui.

  • Speaker #1

    Cette fierté de, voilà. Mais est-ce que par rapport à la fratrie, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, tu ne sais pas. Non. Et tu ne t'es jamais posé la question par rapport à eux, comment eux, ils ont vécu ? Si par exemple, est-ce que ton père, c'est un aîné, pareil pour ta mère, et du coup... Est-ce qu'ils ont conscience de ce rôle vraiment d'aînée qui est souvent assez difficile à porter quand tu es une aînée ?

  • Speaker #1

    Mon père était, si je ne me trompe pas, le dernier fils de la fratrie. Oui, c'est ça, dernier fils. Et ma mère était l'une des dernières aussi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, est-ce qu'ils ont reporté sur moi ce qu'ils ont vu par rapport à leurs aînés à eux ? Et du coup, se décharger sur le plus grand ? Et donc là, se décharger sur son plus grand, le plus grand de sa famille ?

  • Speaker #0

    C'est une idée.

  • Speaker #1

    C'est une idée. Parce qu'ils ont vu, ils ont vécu comme ça et du coup,

  • Speaker #0

    ils le reproduisent. Oui, et parce que c'est des choses qui, visiblement, ont l'air de marcher, même si on n'arrive pas à voir vraiment les conséquences en réalité. Parce qu'en réalité, il y a des conséquences. Maintenant, on voit qu'il y a beaucoup de personnes aînées qui racontent un peu leur parcours. Et tu vois, notamment toi, tes mamans. Mais je sais qu'il y a des femmes, des hommes d'ailleurs, mais plutôt des femmes, on va dire. qui, certaines, se refusent d'être mamans justement du fait d'avoir été déjà mamans de leurs grands frères et sœurs. Et qui ne veulent pas parce qu'ils se disent, non mais déjà.

  • Speaker #1

    Soit ils ont déjà fait, déjà donné, soit ils ne veulent pas reproduire certaines choses.

  • Speaker #0

    Potentiellement. Parce que quand tu as peut-être changé les couches, tu peux aller chercher les enfants à l'école. Bon, ce ne sont pas les mêmes charges qu'un parent, mais tout de même, ça reste...

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu en parles parce qu'effectivement ce sont des tâches que j'ai dû faire et sur le moment on le fait, mais on n'a pas la... comment dire, psychologiquement on ne se dit pas que ce sont les nôtres et que nous avons la responsabilité d'eux, même si effectivement tu le fais et tu le fais bien, tu essaies de le faire bien, mais tu n'as pas toute cette charge mentale certainement qu'un parent a et on oublie.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour celles qui se sont lancées dans l'aventure familiale, on oublie tout ça en fait. C'est bizarre et du coup, quand on le revient, on se dit « Ah, pourtant j'ai déjà aimé, je ne me rendais pas compte que c'était aussi prenant. »

  • Speaker #0

    Après, ça peut être aussi vu de façon positive en te disant… Bon, je sais déjà.

  • Speaker #1

    Je suis déjà entraînée, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, j'ai fait mes frères et sœurs. Donc en fait, ça va être facile. C'est juste qu'en plus de ça, j'aurai une autre charge, la charge de parent cette fois.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une anecdote durant laquelle tu as senti que tu perdais le contrôle au sein de ta famille ?

  • Speaker #1

    Pas de perdre le contrôle, mais de perdre ce statut de support.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    À partir du moment où on ne te demande plus ton avis, tu te dis... Bon, je ne suis plus le petit tuteur. Mais en anecdote, vraiment, je n'en ai pas qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #0

    En tant qu'aînée, avec le rôle que tu avais, tu te sentais avoir une mission. Et à partir du moment où tes frères et sœurs ne te demandent plus rien ou d'aide, là, tu te sens inutile.

  • Speaker #1

    Un peu seule, un peu inutile, effectivement.

  • Speaker #0

    Et ça, comment tu le vis ? Comment tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, c'est compliqué parce qu'on a du ressentiment, forcément. On se dit... Mais quand même ! Je vous ai changé les couches, je vous ai coiffé, je vous ai aidé pour les devoirs, je vous ai orienté sur les cursus parce que j'ai vu que vous aimiez les maths ou le français. et de se dire qu'en fait, ça n'existe plus. Oui, c'est un sentiment particulier.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu as fait beaucoup de choses là. Tout ce que tu viens de dire,

  • Speaker #1

    ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien,

  • Speaker #0

    vraiment.

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus déroutant qu'elles ne se rappellent de rien.

  • Speaker #0

    Non, après, peut-être qu'elles étaient petites et qu'elles se disaient que c'était normal aussi.

  • Speaker #1

    Peut-être. Peut-être. La communication est très importante et donc là, on fait un travail avec une de mes sœurs, donc je trouve ça très intéressant parce que du coup, j'ai sa vision de la période, de la chose.

  • Speaker #0

    à pousser avec les autres membres de la fratrie.

  • Speaker #1

    Oui, c'est super important, mais je suis sûre que tu fais ce qu'il y a à faire pour apaiser tout ça.

  • Speaker #0

    J'essaie, mais ce n'est pas toujours compris, la démarche.

  • Speaker #1

    Ça viendra avec le temps. Et puis, comme je dis souvent, si ce n'est pas compris, il y a un timing aussi. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, justement. Sur le coup, ce n'est pas compris parce que chaque personne a sa... à ces moments d'éveil et de conscience. Donc, on n'a pas tout seul la même rythme, comme tu le dis.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Et quelles sont les valeurs, du coup, que tu as pu apprendre, qui sont les plus importantes par rapport à tes parents ?

  • Speaker #0

    Alors, ce que je retiens de mes parents et que j'essaie d'appliquer dans ma vie actuellement, depuis, du coup... la notion de respect de soi, de respect des autres, la notion de responsabilité, c'est-à-dire assumer ses choix et ses actes, de l'humilité, beaucoup, et je dirais de la loyauté aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est des choses que tu t'appliques à faire au quotidien ?

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    Envers ton entourage, tes amis ?

  • Speaker #0

    exactement,

  • Speaker #1

    j'essaie de suivre au moins très sûr le respect des autres et le respect de soi est-ce que ta famille aurait peut-être voulu que tu reviennes en

  • Speaker #0

    Guadeloupe justement pour reprendre ce rôle que tu avais avant que tu partes en métropole quand je suis partie faire mes études ici Hum... Très vite, ma mère m'a rappelé, elle me disait, tu rentres, tu vas rentrer.

  • Speaker #1

    Donc en gros, finis tes études, mais après tu reviens.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça, elle voulait que je revienne. À un certain moment où il y a eu, on va dire, des choses un peu compliquées à vivre en Guadeloupe, notamment pour ma mère, mes soeurs auraient voulu que je sois là pour pouvoir soutenir et faire des choses. et d'ailleurs... Auprès de mon travail, j'avais fait des démarches aussi pour pouvoir être mutée, on va dire, en Guadeloupe directement. Bon, ça n'a pas abouti parce que, comme tout le monde sait, la mutation, c'est compliqué. J'ai eu à un moment donné envie de rentrer et prendre certaines choses en main. Et puis finalement, la vie fait que...

  • Speaker #1

    Et ta maman l'a compris ?

  • Speaker #0

    Elle ne savait pas que j'avais ce projet-là.

  • Speaker #1

    elle a pas su et comme ça n'a pas abouti donc je lui en ai jamais parlé mais peut-être que ça veut dire ils se sont dit que certainement tu partais et que finalement t'avais même pas le projet de revenir et que t'avais finalement acquis la paix que tu voulais depuis longtemps alors je rigole mais tu vois ce que je veux dire je comprends ce que tu veux dire

  • Speaker #0

    Je pense que beaucoup ont attendu que je revienne.

  • Speaker #1

    Le retour du messie. Non, je rigole.

  • Speaker #0

    Pas le messie, mais voilà, le retour du support, du tuto. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui. De, ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et je me rappelle encore, j'avais eu ma maman au téléphone et je lui avais dit clairement, je lui ai dit, maman, je suis partie, je fais ma vie, je ne suis pas sûre que je vais revenir.

  • Speaker #1

    Waouh. Ça n'a pas dû être facile.

  • Speaker #0

    Non, ce n'était pas facile et je ne sais pas si elle l'a vraiment compris.

  • Speaker #1

    Et quand tu reviens des fois en Guadeloupe, est-ce que c'est des sujets dont vous parlez ? Ou peut-être, est-ce qu'on te demande alors ? Vous ne revenez pas en Guadeloupe ?

  • Speaker #0

    De temps en temps, mais ça me demande est-ce que je n'ai pas le projet de revenir. C'est vrai que parfois, ça me tente. Et après, quand on réfléchit trop. on se dit bon il y a ça il y a ça machin donc on le fait pas et je pense que aussi le fait d'être resté longtemps ici et de s'ancrer dans une vie professionnelle,

  • Speaker #1

    familiale et tout c'est pas forcément évident de revenir aux sources ça demande beaucoup de modifications de changements et tes frères et soeurs est-ce qu'il y en a qui ont aussi tenté peut-être de venir en France et de travailler et de Merci. Peut-être suivre, te suivre finalement en tant que modèle ?

  • Speaker #0

    J'ai deux de mes sœurs qui se sont posées la question et qui finalement n'ont pas été plus loin dans l'idée. J'ai plus jeune frère. qui est venu aussi et qui est entre les deux. Il ne sait pas trop s'il reste plutôt ici ou s'il reste plutôt là-bas. Mais après, il est jeune, donc il a le temps de savoir ce qu'il veut faire.

  • Speaker #1

    Imaginons, tu as des amis autour de toi et tu vois les mêmes comportements que tes parents ont pu avoir envers toi. à travers un aîné justement, est-ce que tu as envie de le dire à ses amis-là en disant oui, faites attention, ce que vous faites là, je l'ai vécu, ça peut être très dur à l'avenir, il peut y avoir des répercussions, ou au contraire, chacun éduque son enfant comme il le veut ?

  • Speaker #0

    Moi je dirais effectivement, chacun éduque ses enfants comme il le veut, ça n'empêche pas non plus d'avoir... des idées par rapport à ce qu'on voit en face de soi. Alors, tout dépend de la relation qu'on a avec la personne, si c'est une relation très, comment dire, où on peut s'exprimer et parler de certains sujets. Mais effectivement, moi, si je vois des choses qui me rappellent ce que j'ai vécu, je leur dirais, attention, laissez-le être ce qu'il doit devenir. ne lui donnait pas cette charge, cette énorme charge, du moins allégée là, pour le laisser être lui-même. C'est vrai. Et ne pas représenter une image qu'on veut donner aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. C'est vrai qu'en plus, l'aîné, c'est aussi, comme tu disais tout à l'heure par rapport à ton père, c'est représentant de la famille. C'est ça. C'est la mascotte. Et si la mascotte flanche... Quelque part,

  • Speaker #0

    c'est l'image de la famille qui est entachée. C'est ça.

  • Speaker #1

    Waouh ! C'est un grand rôle, vraiment.

  • Speaker #0

    Mais quand on le vit, on ne se rend pas compte.

  • Speaker #1

    Non, tu ne te rends pas compte, clairement. Tu vis en fait toujours.

  • Speaker #0

    C'est après que tu te dis, ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Mais à quel moment tu as ressenti cette charge justement et de tout ce que tu avais pu vivre dans ton enfance ? À quel moment ça te saute aux yeux qu'en fait, c'était pas sain ?

  • Speaker #0

    Je pense à l'adolescence, entre 16 et 18 ans, un peu avant de partir.

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passait à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est plus apte à comprendre certaines choses, parce qu'avant, on les fait parce qu'il faut les faire, on ne se pose pas de questions dessus. Et avec la maturité, voilà... À 16, 16, entre 16 et 18 ans, on commence à réfléchir sur certaines choses, on se pose des questions.

  • Speaker #1

    Mais du coup, qu'est-ce qui a déclenché ton départ ? Est-ce que tu as eu une opportunité ou tu avais vraiment aussi peut-être un besoin de souffler finalement ?

  • Speaker #0

    Alors, mon départ, ça me fait sourire parce que moi, j'ai ressenti ma maison comme une prison. Et je savais, alors moi je suis très intéressée par tout ce qui était artistique et je savais que pour pouvoir poursuivre dans cette branche-là, j'étais obligée de quitter, de partir. Et c'était mon passeport en fait. Et j'ai tout fait pour y arriver, avoir mon bac et ne pas laisser le choix. à mes parents que de me laisser partir. C'était l'excuse, en fait. Je veux faire mes études, et comme je sais qu'ils veulent que j'aille plus loin, je fais ce qu'il faut pour... Alors, je n'ai pas choisi l'art pour ça, parce que c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup, mais vraiment, ça a été mon passeport de sortie, parce que, oui, je le vivais comme une prison, comme un étouffement.

  • Speaker #1

    Ouais, waouh. C'est...

  • Speaker #0

    La vie, hein ?

  • Speaker #1

    Ouais, mais t'as été audacieuse, parce que c'est pas tout le monde qui va aussi oser se dire...

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pars vers l'inconnu, je savais pas où j'allais. Mais j'ai pas vu tout ça. Moi, j'ai vu, il fallait que je parte et que je devienne qui j'ai envie d'être.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, alors, est-ce que tu es ce que t'as envie d'être ?

  • Speaker #0

    Oh, il y a encore plein de choses à... On va dire qu'on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus important.

  • Speaker #0

    Et je pense que toute la vie, on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    Et absolument. Oui. Ben oui, c'est tout un travail de tuer.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais du moins, t'as, disons, suivi ton cœur, ton instinct et la voie que tu voulais... emprunté. Oui, c'est ça. En réalité, c'est le plus important. Parce que c'est dommage aussi, par la suite, de vivre avec des regrets, de dire, ah, et si j'avais fait ci, et si j'avais fait ça, pourquoi j'ai pas fait ça ? Et tu tournes en boucle, et en fait, c'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Un cercle vicieux, oui.

  • Speaker #1

    Donc, ouais, c'est audacieux. Qu'est-ce que t'aimerais dire à, certainement, ta famille, qui vont écouter cet échange ?

  • Speaker #0

    hum Je leur dirais que je suis toujours là, qu'ils peuvent compter sur moi. Je serai toujours ouverte à toute discussion. Je suis là.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es là.

  • Speaker #0

    Je suis là, on va dire...

  • Speaker #1

    En support,

  • Speaker #0

    toujours. En support, toujours.

  • Speaker #1

    Avec tes moyens.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Avec le temps que tu pourras accorder. Mais tu es là.

  • Speaker #0

    Je suis là.

  • Speaker #1

    S'il y a besoin d'un conseil, d'une oreille.

  • Speaker #0

    S'il y a besoin d'un conseil, voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Et autre sujet, l'argent. L'argent, c'est un sujet aussi dans les familles et dans beaucoup de familles. L'aîné aussi, souvent, travaille. Et lorsqu'il y a un problème, c'est souvent l'aîné qui est sollicité en lui disant, écoute, il y a un tel qui a besoin d'argent parce qu'il a une galère. Des fois même, ça peut arriver sur les tontons. Il y a tonton un tel qui a besoin de voyager. Alors, est-ce que toi, tu as eu ce type de sollicitation ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas été sollicité pour l'argent. Par contre, j'ai dû me débrouiller toute seule ici. Alors, heureusement, à l'époque, moi, j'avais la bourse. Donc, je m'occupais, et ça fait grandir aussi, je m'occupais de payer parce que du coup, à l'époque, j'étais à l'internat. Donc, je m'occupais de l'internat, d'avoir à manger, de pouvoir m'habiller. Mais non, j'ai pas... Une fois après, dans le milieu professionnel, non, j'ai pas eu de demandes spécifiques par rapport à ça.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux. Et t'as... Une fois ici, est-ce que t'as eu à demander aussi à un moment donné à tes parents ?

  • Speaker #0

    Tant que j'étais étudiante, oui, si je voulais rentrer en Guadeloupe pour souffler un petit peu pendant les vacances, je demandais à mon père. Mais généralement, je m'arrangeais pour... et là, oui. Je m'arrangeais pour n'avoir jamais à leur demander parce que je sais que de leur côté, ce n'était pas forcément, on va dire, ce n'était pas Versailles.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    je me suis débrouillée comme une grande. Mais est-ce que tu t'es débrouillée comme une grande parce que peut-être tu avais peur qu'on te dise, « Ah, bah Tilda, si tu demandes tout le temps, c'est que c'est la galère là-bas, donc rentre. »

  • Speaker #0

    peut-être qu'il y a ce poids là aussi peur qu'on te dise rentre en fait si c'est pas possible très bien,

  • Speaker #1

    écoute on arrive à la fin de cet épisode t'as déjà dit ce que tu voulais partager donc comme tu disais que t'es toujours là en tant que support écoute, oreille attentive et ne pas hésiter J'espère que ceux qui connaissent Tilda ont entendu ce message. En tous les cas, si ce message, ce témoignage résonne en vous en tant qu'aînés ou en tant que sœur ou frère d'un ou d'une aînée, n'hésitez pas à partager à cette personne. Peut-être que ça ouvrira le dialogue, on ne sait pas. Donc voilà, en tout cas, merci à toi Tilda d'avoir...

  • Speaker #0

    Merci, je m'attends ce moment.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, vraiment, c'est un immense merci. Et puis, très vite, pour d'autres échanges, certainement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, avec plaisir.

  • Speaker #1

    Alors, que dire ? Déjà, comme d'habitude, vous notez l'épisode sur toutes les plateformes d'écoute, donc Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Amazon Music. Bref, vous connaissez déjà ce qu'il y a à faire. À laisser, bien sûr, des commentaires pour voir un peu ce que vous avez ressenti, les impressions que vous avez eues en écoutant le témoignage de Tilda. Et moi, honnêtement, j'ai encore découvert des choses parce que vraiment, le rôle d'Ainé, c'est quelque chose. Donc voilà, moi, je vous laisse sur cela et j'attends vos commentaires pour pouvoir interagir. Allez, c'était Joie pour le podcast Bamboula. À très vite. Bye !

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Description

Ainée d'une famille de 6 enfants, Tilda 👑 nous partage à cœur ouvert les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Exemplarité, charge mentale, inégalité et culpabilité, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille et encore aujourd'hui elle fait de son mieux pour être le support de sa famille tout en se préservant.

Il est vrai que souvent l'ainé se construit en fonction de la projection de ses parents et a tendance à être l'enfant modèle, qui obéit et accomplit les exigences des parents sans sourciller. Parfois 3ème parent, il a très tôt des responsabilités et sans s'en rendre compte, il quitte rapidement l'enfance et gagne en autonomie toutefois est-ce forcément toujours une bonne chose ?


Bonne écoute ! 🤩


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⭐⭐⭐⭐⭐Laissez un commentaire 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify ainsi que toutes les autres plateformes d'écoute puis partagez pour qu'on puisse continuer l'aventure ensemble.


https://www.instagram.com/bambula_podcast?igsh=b3IwdTJ2dzhweTI2


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez Bamboula, le podcast qui va vous bouleverser. Si vous êtes en quête identitaire et souhaitez appréhender la vie différemment, sachez que vous êtes au bon endroit. Moi, c'est Joie, et ici, on parle d'histoire, d'éducation, d'entrepreneuriat, de santé et plein d'autres sujets encore. Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du rôle que l'on occupe dans une fratrie, et surtout celui des nés, eh oui. Personnellement, j'ai toujours vu le rôle d'aîné comme étant un privilège, on lui fait confiance, on lui confie des choses importantes. Puis, l'aîné est souvent le modèle à suivre ou bien la boussole de la fratrie. Mais bon, avec le temps, j'ai compris aussi que ce rôle n'est pas sans difficulté et malheureusement, beaucoup y perdent leur personnalité en voulant rendre fiers ses parents ou bien soutenir les cadets. Et oui, alors... pour cet épisode, j'ai le plaisir de le partager avec mon amie Tilda et je vais inviter l'assista à se présenter et je vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Tilda.

  • Speaker #1

    Bonjour Joanne, ça va ?

  • Speaker #0

    Oui, ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue, merci. Ça fait longtemps qu'on devait se caler, s'arranger mais bon, ça y est, aujourd'hui c'est le fameux jour.

  • Speaker #1

    Merci à toi, merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    plaisir. Est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Donc Tilda, j'ai 44 ans, mère de deux enfants et l'aînée d'une famille de six, avec un père en foyer et une mère en foyer.

  • Speaker #0

    Ok, wow. Avant de démarrer cet épisode, on va un peu aborder la partie Bamboula, rapidement.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Parce qu'en réalité, ça fait un petit moment qu'on a déjà fait le tour, on sait ce que ça veut dire maintenant. Mais comme tu es l'une des personnes à qui j'en ai parlé au début de ce projet, du coup, qu'est-ce que tu en as pensé quand je t'ai parlé de cette idée de podcast et surtout du mot Bamboula ?

  • Speaker #1

    Alors, quand tu m'as parlé de ce projet de podcast, j'ai trouvé que c'était une très belle idée pour pouvoir un peu éveiller les consciences et faire réfléchir aussi sur certains aspects. Et j'ai trouvé ça très, très bien. Franchement, bravo encore. C'est du bon boulot.

  • Speaker #0

    Ah, merci, c'est gentil. On essaye, on tient. Et par rapport au mot bamboula ?

  • Speaker #1

    Le mot bamboula, effectivement, c'est un mot pour lequel je n'avais jamais été chercher la signification et qui, pour moi, avait une connotation négative que j'ai découvert en arrivant ici en Hexagone, parce que de l'ordre je viens, on ne l'entendait pas forcément, donc la Guadeloupe. Et quand tu m'as parlé de ce mot-là, j'ai eu tout de suite le réflexe d'aller regarder sur Internet ce que je trouvais là-dessus. Et effectivement, on se rend compte que c'est un rapport avec la musique et la danse. Et qu'effectivement, on va dire que certaines personnes ont détourné de manière négative pour parler de nous, afro-descendants.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça. Voilà. Bah ouais, effectivement. Et tu t'es pas dit, c'est un peu trop audacieux d'utiliser. Est-ce que les gens vont comprendre ? Comment les gens vont réagir à cela ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai trouvé ça très, comment dire, culotté parce que je me suis dit, ah, elle va pousser la réflexion. Ils vont se dire, mais pourquoi ce mot-là, finalement, pour parler de conscientisation et tout ? Et non, c'est franchement... La démarche est très,

  • Speaker #0

    très,

  • Speaker #1

    très... J'ai bien adhéré.

  • Speaker #0

    Ok, écoute. De toute façon, maintenant, on connaît la définition. Bamboula veut dire se souvenir ou se rappeler. Ça évoque aussi le temps qui passe. Exactement. Et comme tu l'as bien dit, le mot a été détourné, a été transformé pour le rendre péjoratif.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que ce soit dirigé vers les afrodescendants. Voilà, donc comme je dis souvent dans cet épisode, enfin dans la plupart des épisodes d'ailleurs, c'est voilà, ne vous sentez pas offusqués à partir du moment où vous connaissez réellement la réelle signification. Voilà, finalement...

  • Speaker #1

    T'as pas de raison, on enlève toute la partie négative qui a pu lui être attribuée.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et franchement, ça c'est bien.

  • Speaker #0

    Parfait ! Bah écoute, continuons, poursuivons par rapport à ce qui nous réunit aujourd'hui. Alors déjà, est-ce que tu te souviens du moment où t'as compris ? Qu'être aînée rime avec le rôle du troisième parent ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'être l'aînée, c'est insidieux. Les choses ne sont pas forcément dites, mais là où je m'en suis rendue compte, c'est avec mes frères et sœurs, où j'ai dû... être le représentant de mes sœurs pour les réunions de parents, professeurs à l'école.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est moi qui ai dû y aller. Et voilà, c'est là qu'on se rend compte que... Ah oui, d'accord, ok.

  • Speaker #0

    Et attends, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je devais avoir peut-être 14 ans, peut-être. 14, 15 ans.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, tout ça ?

  • Speaker #1

    Et bien, effectivement, quand tu me le dis, je me dis... Les professeurs n'ont pas forcément vu à mal que je sois là et que je représente mes plus petits frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont pas posé des questions ? Pas du tout. Ils ne se sont pas dit « où sont tes parents ? » ? Pourquoi ce n'est pas tes parents qui sont là ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout. Parce que je pense que peut-être dans... Alors, je parle pour la Guadeloupe, mais peut-être que dans l'inconscient, comme c'est un fonctionnement, l'aîné, ça ne dérange pas que ce soit lui qui... qui représentent les plus petits, les plus jeunes.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, en réalité, même pour les maîtresses, etc., c'était normal.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Et ça ne les a pas plus interrogées que ça.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, c'était des Guadeloupéens ? Enfin, des locaux, majoritairement ?

  • Speaker #1

    Non, il y avait de tout.

  • Speaker #0

    D'accord. Oui. C'est spécial, hein ? Oui. Et comment tu l'as... Comment c'était perçu, du coup, par rapport aux autres membres de la famille ? Ton rôle d'aîné, est-ce que c'était bien perçu ?

  • Speaker #1

    Tu veux dire par rapport à mes plus jeunes frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je dirais que c'est compliqué parce qu'ils ne se rendent pas forcément compte que les parents nous transmettent une certaine autorité. Et du coup, pour eux, comme c'est les parents et les figures d'autorité, ils auront beaucoup plus de mal à écouter ce qu'on a à leur donner comme conseil ou pour la vie de tous les jours, par exemple.

  • Speaker #0

    Donc, c'est difficile, en fait, de t'imposer.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'as pas vraiment le rôle. Mais est-ce qu'en plus, tes parents, ils ont fait ce travail-là de dire... Justement. C'est l'aîné, donc s'il y a quoi que ce soit, vous appelez Tita.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand tu me dis, je n'ai pas le souvenir que mes parents leur aient dit clairement. C'est votre grande sœur, vous écoutez ce qu'elle vous dit. Ça, je n'ai pas ce souvenir. Mais je pense qu'il n'y a pas effectivement eu ce travail-là. de dire quand on n'est pas là vous devez écouter votre grand soeur et toi est-ce qu'on te l'a dit ?

  • Speaker #0

    est-ce qu'on te le fait comprendre ?

  • Speaker #1

    on te le fait comprendre, on te le dit pas clairement mais on te fait comprendre qu'on compte sur toi c'est une charge et comment tu le vis aujourd'hui ? j'ai pris beaucoup beaucoup de recul par rapport à ce rôle d'aînée effectivement je suis une aînée Mais j'ai lâché et j'ai laissé ce rôle-là. Je suis une aînée, mais je n'ai pas de décision à prendre. Chacun peut faire ce qu'il veut, peut prendre des décisions pour lui-même.

  • Speaker #0

    D'accord, mais ça, c'est quelque chose que tu as acté avec le temps.

  • Speaker #1

    Effectivement, avec le temps, oui, les expériences.

  • Speaker #0

    Quel a été le déclenchement qui a fait que tu t'es dit je vais lâcher prise et en fait... Comme je dis souvent, chacun se gère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je crois que j'ai un souvenir d'une discussion avec l'une de mes sœurs et je n'ai plus trop la teneur de la conversation, mais où elle me faisait clairement comprendre que ça y est, on peut se débrouiller toute seule. Donc, si on a besoin de toi, on te fait signe, mais sinon, ne t'inquiète pas.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as pris ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on a porté ce rôle-là depuis très très jeune, on peut le ressentir comme un petit peu de rejet. Mais après, il faut relativiser et justement, c'est à ce moment-là qu'il faut se dire, bon effectivement, c'est des personnes qui ont le libre-arbitre, qui peuvent décider pour eux-mêmes, donc qu'on laisse faire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu n'as pas ressenti du coup ce sentiment de te dire, mais en fait, elle n'a pas compris tout ce que j'ai pu faire depuis mon enfance, depuis ma pute tendre enfance et du coup, quelque part, elle efface mon rôle qui m'a été attribué depuis petite.

  • Speaker #1

    Effectivement, c'est une des phases par lesquelles je suis passée, où effectivement, je me suis dit, mais en fait... Est-ce qu'elles se souviennent encore de ce que j'ai pu faire ? J'ai été là à certains moments et tout. Et je ne suis pas sûre qu'elles aient le souvenir de tout. Je comprends. Et on fait avec.

  • Speaker #0

    Non mais je te pose la question parce que ce que tu viens de dire là par rapport à ta soeur, moi j'ai eu la même réflexion pareil par rapport à mon aîné, du coup ma grande soeur, qui à un moment donné en fait je me dis mais en fait en gros lâche prise, un peu comme ta soeur a pu te dire, mais parce que derrière moi l'idée c'était de lui dire en fait t'occupes pas de moi, bon je veux parler pour moi, t'occupes pas de moi. mais occupe-toi de toi quand toi tu seras à l'aise, je sais pas moi, installée là tu pourras peut-être aussi m'apporter de l'aide et en attendant je n'en ai pas besoin mais effectivement après des discussions bien sûr elle m'a fait comprendre que c'est blessant c'est minimisé et effacé toutes les actions qui ont pu être faites depuis longtemps Et lui dire comme ça, non mais en fait, c'est bon, on n'a pas besoin de toi en fait.

  • Speaker #1

    C'est ta vie. Voilà, c'est dans la façon d'amener la chose en fait du coup. Et c'est là que la communication est très importante.

  • Speaker #0

    Ouais, j'avoue que ça n'a pas été facile à comprendre. Ça a été, pour ma part, ça a été des discussions et des discussions. Bien sûr. Parce que je ne comprenais pas. Je me disais, mais attends, ok, t'es aînée, c'est vrai. Mais quand même, vit ta vie à un moment donné.

  • Speaker #1

    Et c'est là où le travail est important de lâcher prise et de se dire qu'on est juste aînés et finalement pas un troisième parent.

  • Speaker #0

    Oui, et comment tu as réussi à lâcher prise ? Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été un déclic ou c'est suite à ces paroles-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est suite à ces paroles-là et aussi avec l'éloignement. Puisque comme j'ai quitté le foyer, on va dire. La distance fait que forcément, on ne peut plus gérer certaines choses à distance et qu'il faut forcément laisser la main et laisser faire.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, ça veut dire peut-être que pour tes frères et sœurs, elles ont peut-être ressenti un sentiment d'abandon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je l'ai su avec l'une de mes sœurs très récemment. effectivement quand on part, on fait sa vie, on essaie de faire sa vie, on garde un oeil quand même à distance sur les frères et sœurs, mais on ne se rend pas forcément compte de comment eux, ils vivent la chose. et très récemment en discutant avec ma soeur elle m'a dit oui moi je l'ai senti j'ai senti comme si tu nous avais abandonné, que tu avais plus de regard sur ce qu'on faisait c'est ambigu parce que d'un côté on te dit T'inquiètes, on gère et à côté de ça, on te reproche limite de ne plus t'impliquer autant dans leur vie et dans les décisions qu'ils sont amenés à prendre.

  • Speaker #0

    Ouais, mais oui. Vous n'aviez pas vu la valeur quand la personne était là et maintenant que la personne n'est plus là.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    C'est là en fait que la personne commence à se rendre compte réellement de ton rôle et de ton impact et de l'importance que tu peux avoir au quotidien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    est-ce que ton rôle d'aînée ça t'a empêché de faire certaines choses ou d'aller au bout de certains projets que t'as pu à l'époque en tant qu'adolescente non j'ai pas ressenti si

  • Speaker #1

    peut-être en se disant bon j'aurais préféré faire autre chose que de m'occuper de mes frères et soeurs ou de profiter de mon insouciance un peu plus parce que du coup on grandit très très vite dans sa tête Merci. Et après, à l'âge adulte, non, je n'ai pas ce sentiment. Mais non, je...

  • Speaker #0

    Et tu as quitté à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis partie pour les études, comme pour la bonne majorité des personnes de ma génération. J'avais 18 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Et toi, tu ressens à quel moment ce rôle-là d'aînée ? À quel moment tu sens que là, on te donne une certaine responsabilité ? Quand tu es plus petite ?

  • Speaker #1

    Plus petite, je dirais à partir du moment où on participe aux tâches ménagères et qu'on aide à s'occuper des plus petits.

  • Speaker #0

    Et tu te situes à quel âge à peu près ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aurais mis à 7 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc de 7 à 18 ans.

  • Speaker #1

    L'âge de raison, en fait.

  • Speaker #0

    Et quand tu as participé, est-ce que tu faisais de toi-même les tâches ou alors tu sentais ça comme une obligation ?

  • Speaker #1

    Non, elles étaient imposées.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Les tâches étaient imposées. Et puis très tôt, on t'apprend à, voilà, tu fais la vaisselle, tu passes le balai, tu laves le linge. À l'époque, on avait pas de machine à laver, donc c'était la grande bassine bleue.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Référence. Ouais.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et souvent, bien sûr, puisque les jeunes, les plus petits, c'est toujours toi qu'on appelle, en fait, pour... Tu entends ton petit nom qui résonne, tu te dis bon, il faut que j'y aille. C'est pas facile. Non, c'est pas facile. C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu penses que ta famille ou tes frères et sœurs se rendent compte du rôle que tu as pu avoir ?

  • Speaker #1

    Je ne suis pas sûre. Auprès d'une de mes sœurs qui est en train de pousser une réflexion là-dessus, elle se rend compte, même si elle a oublié des choses, elle se rend compte malgré tout que, et parce qu'elle me pose des questions aussi, elle se rend compte que malgré tout, voilà.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    j'étais là, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et celle qui est juste après toi ?

  • Speaker #1

    On n'a que deux ans d'écart. Oui, voilà. Et alors, de ma conception des choses, ma vision des choses, c'est que mes parents n'ont pas été aussi durs avec elle qu'avec moi, alors qu'on n'avait que deux ans de différence.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est un...

  • Speaker #1

    Et elle était très maligne aussi, parce que... elle arrivait peut-être à suivre les choses donc quand les parents n'arrivaient pas à la voir,

  • Speaker #0

    on me rappelait moi du coup il y a des petites tâches qui qu'elle s'évitait en fait du coup elle a été malicieuse elle a été très maligne et du coup moi en écoutant un peu comme je disais tout à l'heure notamment par rapport à ma soeur et même en écoutant certains témoignages l'aîné porte souvent en lui une certaine culpabilité. Mais des fois, elle n'est pas dirigée en fait vers les parents. Et donc, ça finit aussi par se répercuter sur soi-même. Exactement. Et qu'en penses-tu de ça ?

  • Speaker #1

    La culpabilité, je pense, et dans mon cas, je l'ai peut-être ressenti un petit peu au moment de partir pour les études. Oui. Mais en soi... La culpabilité aussi vient du regard de l'autre quand il se sent abandonné. Quand il te le dit, tu te dis, c'est vrai, je suis partie, j'ai pensé à moi avant de penser aux autres. Alors qu'avant, je pensais aux autres d'abord et après à moi. Et après, la retourner contre moi, non, je n'ai pas ce sentiment-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu aurais pu très bien, en fait... rejeter tout ça sur les épaules de tes parents en disant que vous n'avez pas été des parents responsables.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Effectivement, quand j'y pense, je me dis qu'il y a beaucoup de choses qui leur incombaient et que j'ai dû faire. Mais en fait, on vit l'instant présent, donc on ne se pose pas tant de questions que ça. Avec le temps, peut-être à une certaine période de ma vie, on va dire dans la trentaine, oui, je me suis dit, oui, effectivement, quand même, ils se sont bien délestés de certaines choses. Mais est-ce qu'on peut leur en vouloir ? Est-ce que...

  • Speaker #0

    Non, ça s'est fait comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une façon pour eux de nous faire... prendre des responsabilités.

  • Speaker #0

    Donc, quelque part...

  • Speaker #1

    Malgré nous, mais en nous laissant des tâches d'adultes. Je pense.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu trouves quand même des choses positives dans ce rôle-là ?

  • Speaker #1

    Ah, bien sûr. Bien sûr. Ça permet... Effectivement, ça permet de grandir peut-être trop vite, mais ça permet de grandir quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça t'en... Tu te dis pas aussi peut-être que t'as pas profité de ton enfance comme tu l'aurais voulu ?

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte maintenant que j'ai des enfants. Certes, je me suis pas mal amusée, mais à partir des 7 ans, j'étais plus dans mon rôle d'enfant. J'étais dans un rôle d'aînée, on va dire de troisième parent. Et du coup, on perd un peu cette insouciance. J'estime ne pas avoir assez joué. Et du coup, comme je suis maman maintenant, je me rends compte que je ne joue pas avec mes enfants. Parce que j'ai pas ce... Comment dire ? On dit que les adultes doivent rester de grands enfants et en fait... Enfant... Je sais pas.

  • Speaker #0

    T'arrives plus à jouer l'enfant.

  • Speaker #1

    Je sais pas jouer et apprendre, voilà, plaisir à jouer.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Donc est-ce que ça a un lien avec ce que j'ai vécu plus jeune ?

  • Speaker #0

    Peut-être. À creuser.

  • Speaker #1

    À creuser, ouais.

  • Speaker #0

    Par exemple, ton aîné, est-ce que tu sens que lui, il a... Vous lui mettez les mêmes responsabilités ou au contraire, vous essayez justement de ne pas reproduire ce schéma-là ?

  • Speaker #1

    Alors, les enfants savent qu'on est d'une famille de six enfants. Je ne suis pas sûre qu'ils captent que je suis l'aînée. de cette famille-là. Et concernant mon fils, qui est l'aîné, du coup, de la fratrie, il sait qu'il est l'aîné, mais j'essaie de lui enlever cette notion d'exemple, parce que l'aîné, pour nous, c'est un exemple, en fait.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Pour nos générations, c'était des exemples à suivre. Et lui, je lui dis qu'il est l'aîné, donc il sait qu'il a cette part de responsabilité, mais je ne veux pas... lui enlever ce poids de l'exemple. Il est comme il est, il ne sera pas parfait et sa sœur est comme elle est mais je ne veux pas qu'elle se dise il faut que je fasse les choses parce que je suis l'aînée, parce que je représente quelque chose pour ma sœur en termes d'exemple. J'essaye de faire ça parce que je pense que c'est la partie qui est la plus lourde à porter en fait, être l'exemple des autres et des plus jeunes.

  • Speaker #0

    Oui, donc en plus, ça veut dire que tu n'as pas le droit à l'erreur.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Tu dois réussir.

  • Speaker #1

    Avoir une bonne image, montrer une bonne image de toi aux autres.

  • Speaker #0

    C'est une charge, ça aussi.

  • Speaker #1

    Ça, on ne s'en rend pas compte, mais oui, inconsciemment.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose que tu as gardé jusqu'à maintenant ? Ou tu arrives quand même à lâcher pris sur certaines choses, à te dire...

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    En fait, peu importe ce qu'elle pense.

  • Speaker #1

    J'ai toujours cette petite voix qui me dit, attention. fais attention à ce que tu fais c'est l'image de la famille c'est ça c'est pas simple non mais honnêtement il faut être l'exemple il faut grandir vite prendre des responsabilités je pense qu'à l'âge où on commence à se former, à savoir un peu qui on est on est un peu étouffé Parce qu'on met une charge, la charge de l'image sur l'aîné, la charge de l'exemple.

  • Speaker #0

    Et est-ce que pour toi, par rapport à ce que tu disais sur ton fils, est-ce que pour toi, l'aîné joue un rôle différent aujourd'hui par rapport aux générations passées ?

  • Speaker #1

    Après, je ne peux pas parler au nom de tout le monde, mais on garde encore quand même ces notions qu'on essaie d'inculquer, mais d'alléger. Après, je ne fais pas une généralité. Je ne pourrais pas m'avancer sur ce qui se passe dans les familles. Mais je pense qu'on a encore ces notions-là qu'on transmet malgré nous.

  • Speaker #0

    Après, je me dis aussi, je pense que l'aîné, c'est différent dans une famille, par exemple, de deux. Et dans une famille de peut-être quatre, cinq, six enfants. Parce que j'ai l'impression que le rôle, il est beaucoup plus important quand la famille est nombreuse. Alors que si vous êtes deux, peut-être trois. Ça sera peut-être moins, je ne sais pas, c'est ce que j'imagine. Enfin, toi, tu es ici d'une famille de six, moi cinq, et c'est vrai que la majorité des témoignages que j'ai pu entendre, c'était souvent des grosses familles. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que le fait d'être plus nombreux, effectivement, tu as plus de regards qui sont tournés vers toi, et peut-être qu'une famille plus petite... Je n'aurais pas dit, on garde quand même l'individualité de chacun.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Chacun peut s'exprimer comme il le sent et ne pas être tourné forcément sur le premier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Non, mais c'est vrai. Et est-ce que tu as eu l'occasion d'en parler un peu à tes parents ?

  • Speaker #1

    Avec mes parents, non.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    jamais. Ce ne sont pas des sujets, non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Et eux-mêmes, ils n'ont jamais ressenti ce besoin de te dire... Merci d'être reconnaissant.

  • Speaker #1

    Peut-être pas en ces termes, mais plutôt, et je note notamment par rapport à mon père, qu'il m'a dit « je suis fière de toi » .

  • Speaker #0

    C'est bien.

  • Speaker #1

    En même temps, il m'a éduquée pour, on va dire, rentrer dans les…

  • Speaker #0

    Rentrer dans les clous.

  • Speaker #1

    Rentrer dans les clous et avoir, on va dire, une vie rangée.

  • Speaker #0

    D'accord,

  • Speaker #1

    oui. Donc, je pense que c'est cet aspect-là qu'il garde en tête en se disant, bon, elle a réussi à construire quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    D'accord, ah oui.

  • Speaker #1

    Cette fierté de, voilà. Mais est-ce que par rapport à la fratrie, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, tu ne sais pas. Non. Et tu ne t'es jamais posé la question par rapport à eux, comment eux, ils ont vécu ? Si par exemple, est-ce que ton père, c'est un aîné, pareil pour ta mère, et du coup... Est-ce qu'ils ont conscience de ce rôle vraiment d'aînée qui est souvent assez difficile à porter quand tu es une aînée ?

  • Speaker #1

    Mon père était, si je ne me trompe pas, le dernier fils de la fratrie. Oui, c'est ça, dernier fils. Et ma mère était l'une des dernières aussi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, est-ce qu'ils ont reporté sur moi ce qu'ils ont vu par rapport à leurs aînés à eux ? Et du coup, se décharger sur le plus grand ? Et donc là, se décharger sur son plus grand, le plus grand de sa famille ?

  • Speaker #0

    C'est une idée.

  • Speaker #1

    C'est une idée. Parce qu'ils ont vu, ils ont vécu comme ça et du coup,

  • Speaker #0

    ils le reproduisent. Oui, et parce que c'est des choses qui, visiblement, ont l'air de marcher, même si on n'arrive pas à voir vraiment les conséquences en réalité. Parce qu'en réalité, il y a des conséquences. Maintenant, on voit qu'il y a beaucoup de personnes aînées qui racontent un peu leur parcours. Et tu vois, notamment toi, tes mamans. Mais je sais qu'il y a des femmes, des hommes d'ailleurs, mais plutôt des femmes, on va dire. qui, certaines, se refusent d'être mamans justement du fait d'avoir été déjà mamans de leurs grands frères et sœurs. Et qui ne veulent pas parce qu'ils se disent, non mais déjà.

  • Speaker #1

    Soit ils ont déjà fait, déjà donné, soit ils ne veulent pas reproduire certaines choses.

  • Speaker #0

    Potentiellement. Parce que quand tu as peut-être changé les couches, tu peux aller chercher les enfants à l'école. Bon, ce ne sont pas les mêmes charges qu'un parent, mais tout de même, ça reste...

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu en parles parce qu'effectivement ce sont des tâches que j'ai dû faire et sur le moment on le fait, mais on n'a pas la... comment dire, psychologiquement on ne se dit pas que ce sont les nôtres et que nous avons la responsabilité d'eux, même si effectivement tu le fais et tu le fais bien, tu essaies de le faire bien, mais tu n'as pas toute cette charge mentale certainement qu'un parent a et on oublie.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour celles qui se sont lancées dans l'aventure familiale, on oublie tout ça en fait. C'est bizarre et du coup, quand on le revient, on se dit « Ah, pourtant j'ai déjà aimé, je ne me rendais pas compte que c'était aussi prenant. »

  • Speaker #0

    Après, ça peut être aussi vu de façon positive en te disant… Bon, je sais déjà.

  • Speaker #1

    Je suis déjà entraînée, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, j'ai fait mes frères et sœurs. Donc en fait, ça va être facile. C'est juste qu'en plus de ça, j'aurai une autre charge, la charge de parent cette fois.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une anecdote durant laquelle tu as senti que tu perdais le contrôle au sein de ta famille ?

  • Speaker #1

    Pas de perdre le contrôle, mais de perdre ce statut de support.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    À partir du moment où on ne te demande plus ton avis, tu te dis... Bon, je ne suis plus le petit tuteur. Mais en anecdote, vraiment, je n'en ai pas qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #0

    En tant qu'aînée, avec le rôle que tu avais, tu te sentais avoir une mission. Et à partir du moment où tes frères et sœurs ne te demandent plus rien ou d'aide, là, tu te sens inutile.

  • Speaker #1

    Un peu seule, un peu inutile, effectivement.

  • Speaker #0

    Et ça, comment tu le vis ? Comment tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, c'est compliqué parce qu'on a du ressentiment, forcément. On se dit... Mais quand même ! Je vous ai changé les couches, je vous ai coiffé, je vous ai aidé pour les devoirs, je vous ai orienté sur les cursus parce que j'ai vu que vous aimiez les maths ou le français. et de se dire qu'en fait, ça n'existe plus. Oui, c'est un sentiment particulier.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu as fait beaucoup de choses là. Tout ce que tu viens de dire,

  • Speaker #1

    ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien,

  • Speaker #0

    vraiment.

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus déroutant qu'elles ne se rappellent de rien.

  • Speaker #0

    Non, après, peut-être qu'elles étaient petites et qu'elles se disaient que c'était normal aussi.

  • Speaker #1

    Peut-être. Peut-être. La communication est très importante et donc là, on fait un travail avec une de mes sœurs, donc je trouve ça très intéressant parce que du coup, j'ai sa vision de la période, de la chose.

  • Speaker #0

    à pousser avec les autres membres de la fratrie.

  • Speaker #1

    Oui, c'est super important, mais je suis sûre que tu fais ce qu'il y a à faire pour apaiser tout ça.

  • Speaker #0

    J'essaie, mais ce n'est pas toujours compris, la démarche.

  • Speaker #1

    Ça viendra avec le temps. Et puis, comme je dis souvent, si ce n'est pas compris, il y a un timing aussi. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, justement. Sur le coup, ce n'est pas compris parce que chaque personne a sa... à ces moments d'éveil et de conscience. Donc, on n'a pas tout seul la même rythme, comme tu le dis.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Et quelles sont les valeurs, du coup, que tu as pu apprendre, qui sont les plus importantes par rapport à tes parents ?

  • Speaker #0

    Alors, ce que je retiens de mes parents et que j'essaie d'appliquer dans ma vie actuellement, depuis, du coup... la notion de respect de soi, de respect des autres, la notion de responsabilité, c'est-à-dire assumer ses choix et ses actes, de l'humilité, beaucoup, et je dirais de la loyauté aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est des choses que tu t'appliques à faire au quotidien ?

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    Envers ton entourage, tes amis ?

  • Speaker #0

    exactement,

  • Speaker #1

    j'essaie de suivre au moins très sûr le respect des autres et le respect de soi est-ce que ta famille aurait peut-être voulu que tu reviennes en

  • Speaker #0

    Guadeloupe justement pour reprendre ce rôle que tu avais avant que tu partes en métropole quand je suis partie faire mes études ici Hum... Très vite, ma mère m'a rappelé, elle me disait, tu rentres, tu vas rentrer.

  • Speaker #1

    Donc en gros, finis tes études, mais après tu reviens.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça, elle voulait que je revienne. À un certain moment où il y a eu, on va dire, des choses un peu compliquées à vivre en Guadeloupe, notamment pour ma mère, mes soeurs auraient voulu que je sois là pour pouvoir soutenir et faire des choses. et d'ailleurs... Auprès de mon travail, j'avais fait des démarches aussi pour pouvoir être mutée, on va dire, en Guadeloupe directement. Bon, ça n'a pas abouti parce que, comme tout le monde sait, la mutation, c'est compliqué. J'ai eu à un moment donné envie de rentrer et prendre certaines choses en main. Et puis finalement, la vie fait que...

  • Speaker #1

    Et ta maman l'a compris ?

  • Speaker #0

    Elle ne savait pas que j'avais ce projet-là.

  • Speaker #1

    elle a pas su et comme ça n'a pas abouti donc je lui en ai jamais parlé mais peut-être que ça veut dire ils se sont dit que certainement tu partais et que finalement t'avais même pas le projet de revenir et que t'avais finalement acquis la paix que tu voulais depuis longtemps alors je rigole mais tu vois ce que je veux dire je comprends ce que tu veux dire

  • Speaker #0

    Je pense que beaucoup ont attendu que je revienne.

  • Speaker #1

    Le retour du messie. Non, je rigole.

  • Speaker #0

    Pas le messie, mais voilà, le retour du support, du tuto. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui. De, ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et je me rappelle encore, j'avais eu ma maman au téléphone et je lui avais dit clairement, je lui ai dit, maman, je suis partie, je fais ma vie, je ne suis pas sûre que je vais revenir.

  • Speaker #1

    Waouh. Ça n'a pas dû être facile.

  • Speaker #0

    Non, ce n'était pas facile et je ne sais pas si elle l'a vraiment compris.

  • Speaker #1

    Et quand tu reviens des fois en Guadeloupe, est-ce que c'est des sujets dont vous parlez ? Ou peut-être, est-ce qu'on te demande alors ? Vous ne revenez pas en Guadeloupe ?

  • Speaker #0

    De temps en temps, mais ça me demande est-ce que je n'ai pas le projet de revenir. C'est vrai que parfois, ça me tente. Et après, quand on réfléchit trop. on se dit bon il y a ça il y a ça machin donc on le fait pas et je pense que aussi le fait d'être resté longtemps ici et de s'ancrer dans une vie professionnelle,

  • Speaker #1

    familiale et tout c'est pas forcément évident de revenir aux sources ça demande beaucoup de modifications de changements et tes frères et soeurs est-ce qu'il y en a qui ont aussi tenté peut-être de venir en France et de travailler et de Merci. Peut-être suivre, te suivre finalement en tant que modèle ?

  • Speaker #0

    J'ai deux de mes sœurs qui se sont posées la question et qui finalement n'ont pas été plus loin dans l'idée. J'ai plus jeune frère. qui est venu aussi et qui est entre les deux. Il ne sait pas trop s'il reste plutôt ici ou s'il reste plutôt là-bas. Mais après, il est jeune, donc il a le temps de savoir ce qu'il veut faire.

  • Speaker #1

    Imaginons, tu as des amis autour de toi et tu vois les mêmes comportements que tes parents ont pu avoir envers toi. à travers un aîné justement, est-ce que tu as envie de le dire à ses amis-là en disant oui, faites attention, ce que vous faites là, je l'ai vécu, ça peut être très dur à l'avenir, il peut y avoir des répercussions, ou au contraire, chacun éduque son enfant comme il le veut ?

  • Speaker #0

    Moi je dirais effectivement, chacun éduque ses enfants comme il le veut, ça n'empêche pas non plus d'avoir... des idées par rapport à ce qu'on voit en face de soi. Alors, tout dépend de la relation qu'on a avec la personne, si c'est une relation très, comment dire, où on peut s'exprimer et parler de certains sujets. Mais effectivement, moi, si je vois des choses qui me rappellent ce que j'ai vécu, je leur dirais, attention, laissez-le être ce qu'il doit devenir. ne lui donnait pas cette charge, cette énorme charge, du moins allégée là, pour le laisser être lui-même. C'est vrai. Et ne pas représenter une image qu'on veut donner aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. C'est vrai qu'en plus, l'aîné, c'est aussi, comme tu disais tout à l'heure par rapport à ton père, c'est représentant de la famille. C'est ça. C'est la mascotte. Et si la mascotte flanche... Quelque part,

  • Speaker #0

    c'est l'image de la famille qui est entachée. C'est ça.

  • Speaker #1

    Waouh ! C'est un grand rôle, vraiment.

  • Speaker #0

    Mais quand on le vit, on ne se rend pas compte.

  • Speaker #1

    Non, tu ne te rends pas compte, clairement. Tu vis en fait toujours.

  • Speaker #0

    C'est après que tu te dis, ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Mais à quel moment tu as ressenti cette charge justement et de tout ce que tu avais pu vivre dans ton enfance ? À quel moment ça te saute aux yeux qu'en fait, c'était pas sain ?

  • Speaker #0

    Je pense à l'adolescence, entre 16 et 18 ans, un peu avant de partir.

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passait à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est plus apte à comprendre certaines choses, parce qu'avant, on les fait parce qu'il faut les faire, on ne se pose pas de questions dessus. Et avec la maturité, voilà... À 16, 16, entre 16 et 18 ans, on commence à réfléchir sur certaines choses, on se pose des questions.

  • Speaker #1

    Mais du coup, qu'est-ce qui a déclenché ton départ ? Est-ce que tu as eu une opportunité ou tu avais vraiment aussi peut-être un besoin de souffler finalement ?

  • Speaker #0

    Alors, mon départ, ça me fait sourire parce que moi, j'ai ressenti ma maison comme une prison. Et je savais, alors moi je suis très intéressée par tout ce qui était artistique et je savais que pour pouvoir poursuivre dans cette branche-là, j'étais obligée de quitter, de partir. Et c'était mon passeport en fait. Et j'ai tout fait pour y arriver, avoir mon bac et ne pas laisser le choix. à mes parents que de me laisser partir. C'était l'excuse, en fait. Je veux faire mes études, et comme je sais qu'ils veulent que j'aille plus loin, je fais ce qu'il faut pour... Alors, je n'ai pas choisi l'art pour ça, parce que c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup, mais vraiment, ça a été mon passeport de sortie, parce que, oui, je le vivais comme une prison, comme un étouffement.

  • Speaker #1

    Ouais, waouh. C'est...

  • Speaker #0

    La vie, hein ?

  • Speaker #1

    Ouais, mais t'as été audacieuse, parce que c'est pas tout le monde qui va aussi oser se dire...

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pars vers l'inconnu, je savais pas où j'allais. Mais j'ai pas vu tout ça. Moi, j'ai vu, il fallait que je parte et que je devienne qui j'ai envie d'être.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, alors, est-ce que tu es ce que t'as envie d'être ?

  • Speaker #0

    Oh, il y a encore plein de choses à... On va dire qu'on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus important.

  • Speaker #0

    Et je pense que toute la vie, on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    Et absolument. Oui. Ben oui, c'est tout un travail de tuer.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais du moins, t'as, disons, suivi ton cœur, ton instinct et la voie que tu voulais... emprunté. Oui, c'est ça. En réalité, c'est le plus important. Parce que c'est dommage aussi, par la suite, de vivre avec des regrets, de dire, ah, et si j'avais fait ci, et si j'avais fait ça, pourquoi j'ai pas fait ça ? Et tu tournes en boucle, et en fait, c'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Un cercle vicieux, oui.

  • Speaker #1

    Donc, ouais, c'est audacieux. Qu'est-ce que t'aimerais dire à, certainement, ta famille, qui vont écouter cet échange ?

  • Speaker #0

    hum Je leur dirais que je suis toujours là, qu'ils peuvent compter sur moi. Je serai toujours ouverte à toute discussion. Je suis là.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es là.

  • Speaker #0

    Je suis là, on va dire...

  • Speaker #1

    En support,

  • Speaker #0

    toujours. En support, toujours.

  • Speaker #1

    Avec tes moyens.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Avec le temps que tu pourras accorder. Mais tu es là.

  • Speaker #0

    Je suis là.

  • Speaker #1

    S'il y a besoin d'un conseil, d'une oreille.

  • Speaker #0

    S'il y a besoin d'un conseil, voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Et autre sujet, l'argent. L'argent, c'est un sujet aussi dans les familles et dans beaucoup de familles. L'aîné aussi, souvent, travaille. Et lorsqu'il y a un problème, c'est souvent l'aîné qui est sollicité en lui disant, écoute, il y a un tel qui a besoin d'argent parce qu'il a une galère. Des fois même, ça peut arriver sur les tontons. Il y a tonton un tel qui a besoin de voyager. Alors, est-ce que toi, tu as eu ce type de sollicitation ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas été sollicité pour l'argent. Par contre, j'ai dû me débrouiller toute seule ici. Alors, heureusement, à l'époque, moi, j'avais la bourse. Donc, je m'occupais, et ça fait grandir aussi, je m'occupais de payer parce que du coup, à l'époque, j'étais à l'internat. Donc, je m'occupais de l'internat, d'avoir à manger, de pouvoir m'habiller. Mais non, j'ai pas... Une fois après, dans le milieu professionnel, non, j'ai pas eu de demandes spécifiques par rapport à ça.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux. Et t'as... Une fois ici, est-ce que t'as eu à demander aussi à un moment donné à tes parents ?

  • Speaker #0

    Tant que j'étais étudiante, oui, si je voulais rentrer en Guadeloupe pour souffler un petit peu pendant les vacances, je demandais à mon père. Mais généralement, je m'arrangeais pour... et là, oui. Je m'arrangeais pour n'avoir jamais à leur demander parce que je sais que de leur côté, ce n'était pas forcément, on va dire, ce n'était pas Versailles.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    je me suis débrouillée comme une grande. Mais est-ce que tu t'es débrouillée comme une grande parce que peut-être tu avais peur qu'on te dise, « Ah, bah Tilda, si tu demandes tout le temps, c'est que c'est la galère là-bas, donc rentre. »

  • Speaker #0

    peut-être qu'il y a ce poids là aussi peur qu'on te dise rentre en fait si c'est pas possible très bien,

  • Speaker #1

    écoute on arrive à la fin de cet épisode t'as déjà dit ce que tu voulais partager donc comme tu disais que t'es toujours là en tant que support écoute, oreille attentive et ne pas hésiter J'espère que ceux qui connaissent Tilda ont entendu ce message. En tous les cas, si ce message, ce témoignage résonne en vous en tant qu'aînés ou en tant que sœur ou frère d'un ou d'une aînée, n'hésitez pas à partager à cette personne. Peut-être que ça ouvrira le dialogue, on ne sait pas. Donc voilà, en tout cas, merci à toi Tilda d'avoir...

  • Speaker #0

    Merci, je m'attends ce moment.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, vraiment, c'est un immense merci. Et puis, très vite, pour d'autres échanges, certainement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, avec plaisir.

  • Speaker #1

    Alors, que dire ? Déjà, comme d'habitude, vous notez l'épisode sur toutes les plateformes d'écoute, donc Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Amazon Music. Bref, vous connaissez déjà ce qu'il y a à faire. À laisser, bien sûr, des commentaires pour voir un peu ce que vous avez ressenti, les impressions que vous avez eues en écoutant le témoignage de Tilda. Et moi, honnêtement, j'ai encore découvert des choses parce que vraiment, le rôle d'Ainé, c'est quelque chose. Donc voilà, moi, je vous laisse sur cela et j'attends vos commentaires pour pouvoir interagir. Allez, c'était Joie pour le podcast Bamboula. À très vite. Bye !

Description

Ainée d'une famille de 6 enfants, Tilda 👑 nous partage à cœur ouvert les difficultés auxquelles elle a dû faire face. Exemplarité, charge mentale, inégalité et culpabilité, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille et encore aujourd'hui elle fait de son mieux pour être le support de sa famille tout en se préservant.

Il est vrai que souvent l'ainé se construit en fonction de la projection de ses parents et a tendance à être l'enfant modèle, qui obéit et accomplit les exigences des parents sans sourciller. Parfois 3ème parent, il a très tôt des responsabilités et sans s'en rendre compte, il quitte rapidement l'enfance et gagne en autonomie toutefois est-ce forcément toujours une bonne chose ?


Bonne écoute ! 🤩


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⭐⭐⭐⭐⭐Laissez un commentaire 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify ainsi que toutes les autres plateformes d'écoute puis partagez pour qu'on puisse continuer l'aventure ensemble.


https://www.instagram.com/bambula_podcast?igsh=b3IwdTJ2dzhweTI2


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez Bamboula, le podcast qui va vous bouleverser. Si vous êtes en quête identitaire et souhaitez appréhender la vie différemment, sachez que vous êtes au bon endroit. Moi, c'est Joie, et ici, on parle d'histoire, d'éducation, d'entrepreneuriat, de santé et plein d'autres sujets encore. Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du rôle que l'on occupe dans une fratrie, et surtout celui des nés, eh oui. Personnellement, j'ai toujours vu le rôle d'aîné comme étant un privilège, on lui fait confiance, on lui confie des choses importantes. Puis, l'aîné est souvent le modèle à suivre ou bien la boussole de la fratrie. Mais bon, avec le temps, j'ai compris aussi que ce rôle n'est pas sans difficulté et malheureusement, beaucoup y perdent leur personnalité en voulant rendre fiers ses parents ou bien soutenir les cadets. Et oui, alors... pour cet épisode, j'ai le plaisir de le partager avec mon amie Tilda et je vais inviter l'assista à se présenter et je vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Tilda.

  • Speaker #1

    Bonjour Joanne, ça va ?

  • Speaker #0

    Oui, ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Donc bienvenue, merci. Ça fait longtemps qu'on devait se caler, s'arranger mais bon, ça y est, aujourd'hui c'est le fameux jour.

  • Speaker #1

    Merci à toi, merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    plaisir. Est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Donc Tilda, j'ai 44 ans, mère de deux enfants et l'aînée d'une famille de six, avec un père en foyer et une mère en foyer.

  • Speaker #0

    Ok, wow. Avant de démarrer cet épisode, on va un peu aborder la partie Bamboula, rapidement.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Parce qu'en réalité, ça fait un petit moment qu'on a déjà fait le tour, on sait ce que ça veut dire maintenant. Mais comme tu es l'une des personnes à qui j'en ai parlé au début de ce projet, du coup, qu'est-ce que tu en as pensé quand je t'ai parlé de cette idée de podcast et surtout du mot Bamboula ?

  • Speaker #1

    Alors, quand tu m'as parlé de ce projet de podcast, j'ai trouvé que c'était une très belle idée pour pouvoir un peu éveiller les consciences et faire réfléchir aussi sur certains aspects. Et j'ai trouvé ça très, très bien. Franchement, bravo encore. C'est du bon boulot.

  • Speaker #0

    Ah, merci, c'est gentil. On essaye, on tient. Et par rapport au mot bamboula ?

  • Speaker #1

    Le mot bamboula, effectivement, c'est un mot pour lequel je n'avais jamais été chercher la signification et qui, pour moi, avait une connotation négative que j'ai découvert en arrivant ici en Hexagone, parce que de l'ordre je viens, on ne l'entendait pas forcément, donc la Guadeloupe. Et quand tu m'as parlé de ce mot-là, j'ai eu tout de suite le réflexe d'aller regarder sur Internet ce que je trouvais là-dessus. Et effectivement, on se rend compte que c'est un rapport avec la musique et la danse. Et qu'effectivement, on va dire que certaines personnes ont détourné de manière négative pour parler de nous, afro-descendants.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça. Voilà. Bah ouais, effectivement. Et tu t'es pas dit, c'est un peu trop audacieux d'utiliser. Est-ce que les gens vont comprendre ? Comment les gens vont réagir à cela ?

  • Speaker #1

    Non, j'ai trouvé ça très, comment dire, culotté parce que je me suis dit, ah, elle va pousser la réflexion. Ils vont se dire, mais pourquoi ce mot-là, finalement, pour parler de conscientisation et tout ? Et non, c'est franchement... La démarche est très,

  • Speaker #0

    très,

  • Speaker #1

    très... J'ai bien adhéré.

  • Speaker #0

    Ok, écoute. De toute façon, maintenant, on connaît la définition. Bamboula veut dire se souvenir ou se rappeler. Ça évoque aussi le temps qui passe. Exactement. Et comme tu l'as bien dit, le mot a été détourné, a été transformé pour le rendre péjoratif.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que ce soit dirigé vers les afrodescendants. Voilà, donc comme je dis souvent dans cet épisode, enfin dans la plupart des épisodes d'ailleurs, c'est voilà, ne vous sentez pas offusqués à partir du moment où vous connaissez réellement la réelle signification. Voilà, finalement...

  • Speaker #1

    T'as pas de raison, on enlève toute la partie négative qui a pu lui être attribuée.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et franchement, ça c'est bien.

  • Speaker #0

    Parfait ! Bah écoute, continuons, poursuivons par rapport à ce qui nous réunit aujourd'hui. Alors déjà, est-ce que tu te souviens du moment où t'as compris ? Qu'être aînée rime avec le rôle du troisième parent ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'être l'aînée, c'est insidieux. Les choses ne sont pas forcément dites, mais là où je m'en suis rendue compte, c'est avec mes frères et sœurs, où j'ai dû... être le représentant de mes sœurs pour les réunions de parents, professeurs à l'école.

  • Speaker #0

    Ah ouais ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est moi qui ai dû y aller. Et voilà, c'est là qu'on se rend compte que... Ah oui, d'accord, ok.

  • Speaker #0

    Et attends, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #1

    Je devais avoir peut-être 14 ans, peut-être. 14, 15 ans.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, tout ça ?

  • Speaker #1

    Et bien, effectivement, quand tu me le dis, je me dis... Les professeurs n'ont pas forcément vu à mal que je sois là et que je représente mes plus petits frères et sœurs.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont pas posé des questions ? Pas du tout. Ils ne se sont pas dit « où sont tes parents ? » ? Pourquoi ce n'est pas tes parents qui sont là ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout. Parce que je pense que peut-être dans... Alors, je parle pour la Guadeloupe, mais peut-être que dans l'inconscient, comme c'est un fonctionnement, l'aîné, ça ne dérange pas que ce soit lui qui... qui représentent les plus petits, les plus jeunes.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, en réalité, même pour les maîtresses, etc., c'était normal.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Et ça ne les a pas plus interrogées que ça.

  • Speaker #0

    Et les maîtresses, c'était des Guadeloupéens ? Enfin, des locaux, majoritairement ?

  • Speaker #1

    Non, il y avait de tout.

  • Speaker #0

    D'accord. Oui. C'est spécial, hein ? Oui. Et comment tu l'as... Comment c'était perçu, du coup, par rapport aux autres membres de la famille ? Ton rôle d'aîné, est-ce que c'était bien perçu ?

  • Speaker #1

    Tu veux dire par rapport à mes plus jeunes frères et sœurs ?

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Je dirais que c'est compliqué parce qu'ils ne se rendent pas forcément compte que les parents nous transmettent une certaine autorité. Et du coup, pour eux, comme c'est les parents et les figures d'autorité, ils auront beaucoup plus de mal à écouter ce qu'on a à leur donner comme conseil ou pour la vie de tous les jours, par exemple.

  • Speaker #0

    Donc, c'est difficile, en fait, de t'imposer.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Parce que tu n'as pas vraiment le rôle. Mais est-ce qu'en plus, tes parents, ils ont fait ce travail-là de dire... Justement. C'est l'aîné, donc s'il y a quoi que ce soit, vous appelez Tita.

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand tu me dis, je n'ai pas le souvenir que mes parents leur aient dit clairement. C'est votre grande sœur, vous écoutez ce qu'elle vous dit. Ça, je n'ai pas ce souvenir. Mais je pense qu'il n'y a pas effectivement eu ce travail-là. de dire quand on n'est pas là vous devez écouter votre grand soeur et toi est-ce qu'on te l'a dit ?

  • Speaker #0

    est-ce qu'on te le fait comprendre ?

  • Speaker #1

    on te le fait comprendre, on te le dit pas clairement mais on te fait comprendre qu'on compte sur toi c'est une charge et comment tu le vis aujourd'hui ? j'ai pris beaucoup beaucoup de recul par rapport à ce rôle d'aînée effectivement je suis une aînée Mais j'ai lâché et j'ai laissé ce rôle-là. Je suis une aînée, mais je n'ai pas de décision à prendre. Chacun peut faire ce qu'il veut, peut prendre des décisions pour lui-même.

  • Speaker #0

    D'accord, mais ça, c'est quelque chose que tu as acté avec le temps.

  • Speaker #1

    Effectivement, avec le temps, oui, les expériences.

  • Speaker #0

    Quel a été le déclenchement qui a fait que tu t'es dit je vais lâcher prise et en fait... Comme je dis souvent, chacun se gère.

  • Speaker #1

    C'est ça. Je crois que j'ai un souvenir d'une discussion avec l'une de mes sœurs et je n'ai plus trop la teneur de la conversation, mais où elle me faisait clairement comprendre que ça y est, on peut se débrouiller toute seule. Donc, si on a besoin de toi, on te fait signe, mais sinon, ne t'inquiète pas.

  • Speaker #0

    Comment tu l'as pris ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que quand on a porté ce rôle-là depuis très très jeune, on peut le ressentir comme un petit peu de rejet. Mais après, il faut relativiser et justement, c'est à ce moment-là qu'il faut se dire, bon effectivement, c'est des personnes qui ont le libre-arbitre, qui peuvent décider pour eux-mêmes, donc qu'on laisse faire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu n'as pas ressenti du coup ce sentiment de te dire, mais en fait, elle n'a pas compris tout ce que j'ai pu faire depuis mon enfance, depuis ma pute tendre enfance et du coup, quelque part, elle efface mon rôle qui m'a été attribué depuis petite.

  • Speaker #1

    Effectivement, c'est une des phases par lesquelles je suis passée, où effectivement, je me suis dit, mais en fait... Est-ce qu'elles se souviennent encore de ce que j'ai pu faire ? J'ai été là à certains moments et tout. Et je ne suis pas sûre qu'elles aient le souvenir de tout. Je comprends. Et on fait avec.

  • Speaker #0

    Non mais je te pose la question parce que ce que tu viens de dire là par rapport à ta soeur, moi j'ai eu la même réflexion pareil par rapport à mon aîné, du coup ma grande soeur, qui à un moment donné en fait je me dis mais en fait en gros lâche prise, un peu comme ta soeur a pu te dire, mais parce que derrière moi l'idée c'était de lui dire en fait t'occupes pas de moi, bon je veux parler pour moi, t'occupes pas de moi. mais occupe-toi de toi quand toi tu seras à l'aise, je sais pas moi, installée là tu pourras peut-être aussi m'apporter de l'aide et en attendant je n'en ai pas besoin mais effectivement après des discussions bien sûr elle m'a fait comprendre que c'est blessant c'est minimisé et effacé toutes les actions qui ont pu être faites depuis longtemps Et lui dire comme ça, non mais en fait, c'est bon, on n'a pas besoin de toi en fait.

  • Speaker #1

    C'est ta vie. Voilà, c'est dans la façon d'amener la chose en fait du coup. Et c'est là que la communication est très importante.

  • Speaker #0

    Ouais, j'avoue que ça n'a pas été facile à comprendre. Ça a été, pour ma part, ça a été des discussions et des discussions. Bien sûr. Parce que je ne comprenais pas. Je me disais, mais attends, ok, t'es aînée, c'est vrai. Mais quand même, vit ta vie à un moment donné.

  • Speaker #1

    Et c'est là où le travail est important de lâcher prise et de se dire qu'on est juste aînés et finalement pas un troisième parent.

  • Speaker #0

    Oui, et comment tu as réussi à lâcher prise ? Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas facile.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a été un déclic ou c'est suite à ces paroles-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est suite à ces paroles-là et aussi avec l'éloignement. Puisque comme j'ai quitté le foyer, on va dire. La distance fait que forcément, on ne peut plus gérer certaines choses à distance et qu'il faut forcément laisser la main et laisser faire.

  • Speaker #0

    Et est-ce que du coup, ça veut dire peut-être que pour tes frères et sœurs, elles ont peut-être ressenti un sentiment d'abandon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Effectivement, je l'ai su avec l'une de mes sœurs très récemment. effectivement quand on part, on fait sa vie, on essaie de faire sa vie, on garde un oeil quand même à distance sur les frères et sœurs, mais on ne se rend pas forcément compte de comment eux, ils vivent la chose. et très récemment en discutant avec ma soeur elle m'a dit oui moi je l'ai senti j'ai senti comme si tu nous avais abandonné, que tu avais plus de regard sur ce qu'on faisait c'est ambigu parce que d'un côté on te dit T'inquiètes, on gère et à côté de ça, on te reproche limite de ne plus t'impliquer autant dans leur vie et dans les décisions qu'ils sont amenés à prendre.

  • Speaker #0

    Ouais, mais oui. Vous n'aviez pas vu la valeur quand la personne était là et maintenant que la personne n'est plus là.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    C'est là en fait que la personne commence à se rendre compte réellement de ton rôle et de ton impact et de l'importance que tu peux avoir au quotidien.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    est-ce que ton rôle d'aînée ça t'a empêché de faire certaines choses ou d'aller au bout de certains projets que t'as pu à l'époque en tant qu'adolescente non j'ai pas ressenti si

  • Speaker #1

    peut-être en se disant bon j'aurais préféré faire autre chose que de m'occuper de mes frères et soeurs ou de profiter de mon insouciance un peu plus parce que du coup on grandit très très vite dans sa tête Merci. Et après, à l'âge adulte, non, je n'ai pas ce sentiment. Mais non, je...

  • Speaker #0

    Et tu as quitté à quel âge ?

  • Speaker #1

    Je suis partie pour les études, comme pour la bonne majorité des personnes de ma génération. J'avais 18 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Et toi, tu ressens à quel moment ce rôle-là d'aînée ? À quel moment tu sens que là, on te donne une certaine responsabilité ? Quand tu es plus petite ?

  • Speaker #1

    Plus petite, je dirais à partir du moment où on participe aux tâches ménagères et qu'on aide à s'occuper des plus petits.

  • Speaker #0

    Et tu te situes à quel âge à peu près ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aurais mis à 7 ans.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc de 7 à 18 ans.

  • Speaker #1

    L'âge de raison, en fait.

  • Speaker #0

    Et quand tu as participé, est-ce que tu faisais de toi-même les tâches ou alors tu sentais ça comme une obligation ?

  • Speaker #1

    Non, elles étaient imposées.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Les tâches étaient imposées. Et puis très tôt, on t'apprend à, voilà, tu fais la vaisselle, tu passes le balai, tu laves le linge. À l'époque, on avait pas de machine à laver, donc c'était la grande bassine bleue.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Référence. Ouais.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et souvent, bien sûr, puisque les jeunes, les plus petits, c'est toujours toi qu'on appelle, en fait, pour... Tu entends ton petit nom qui résonne, tu te dis bon, il faut que j'y aille. C'est pas facile. Non, c'est pas facile. C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu penses que ta famille ou tes frères et sœurs se rendent compte du rôle que tu as pu avoir ?

  • Speaker #1

    Je ne suis pas sûre. Auprès d'une de mes sœurs qui est en train de pousser une réflexion là-dessus, elle se rend compte, même si elle a oublié des choses, elle se rend compte malgré tout que, et parce qu'elle me pose des questions aussi, elle se rend compte que malgré tout, voilà.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    j'étais là, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et celle qui est juste après toi ?

  • Speaker #1

    On n'a que deux ans d'écart. Oui, voilà. Et alors, de ma conception des choses, ma vision des choses, c'est que mes parents n'ont pas été aussi durs avec elle qu'avec moi, alors qu'on n'avait que deux ans de différence.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est un...

  • Speaker #1

    Et elle était très maligne aussi, parce que... elle arrivait peut-être à suivre les choses donc quand les parents n'arrivaient pas à la voir,

  • Speaker #0

    on me rappelait moi du coup il y a des petites tâches qui qu'elle s'évitait en fait du coup elle a été malicieuse elle a été très maligne et du coup moi en écoutant un peu comme je disais tout à l'heure notamment par rapport à ma soeur et même en écoutant certains témoignages l'aîné porte souvent en lui une certaine culpabilité. Mais des fois, elle n'est pas dirigée en fait vers les parents. Et donc, ça finit aussi par se répercuter sur soi-même. Exactement. Et qu'en penses-tu de ça ?

  • Speaker #1

    La culpabilité, je pense, et dans mon cas, je l'ai peut-être ressenti un petit peu au moment de partir pour les études. Oui. Mais en soi... La culpabilité aussi vient du regard de l'autre quand il se sent abandonné. Quand il te le dit, tu te dis, c'est vrai, je suis partie, j'ai pensé à moi avant de penser aux autres. Alors qu'avant, je pensais aux autres d'abord et après à moi. Et après, la retourner contre moi, non, je n'ai pas ce sentiment-là.

  • Speaker #0

    Parce que tu aurais pu très bien, en fait... rejeter tout ça sur les épaules de tes parents en disant que vous n'avez pas été des parents responsables.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Effectivement, quand j'y pense, je me dis qu'il y a beaucoup de choses qui leur incombaient et que j'ai dû faire. Mais en fait, on vit l'instant présent, donc on ne se pose pas tant de questions que ça. Avec le temps, peut-être à une certaine période de ma vie, on va dire dans la trentaine, oui, je me suis dit, oui, effectivement, quand même, ils se sont bien délestés de certaines choses. Mais est-ce qu'on peut leur en vouloir ? Est-ce que...

  • Speaker #0

    Non, ça s'est fait comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une façon pour eux de nous faire... prendre des responsabilités.

  • Speaker #0

    Donc, quelque part...

  • Speaker #1

    Malgré nous, mais en nous laissant des tâches d'adultes. Je pense.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu trouves quand même des choses positives dans ce rôle-là ?

  • Speaker #1

    Ah, bien sûr. Bien sûr. Ça permet... Effectivement, ça permet de grandir peut-être trop vite, mais ça permet de grandir quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça t'en... Tu te dis pas aussi peut-être que t'as pas profité de ton enfance comme tu l'aurais voulu ?

  • Speaker #1

    Je m'en rends compte maintenant que j'ai des enfants. Certes, je me suis pas mal amusée, mais à partir des 7 ans, j'étais plus dans mon rôle d'enfant. J'étais dans un rôle d'aînée, on va dire de troisième parent. Et du coup, on perd un peu cette insouciance. J'estime ne pas avoir assez joué. Et du coup, comme je suis maman maintenant, je me rends compte que je ne joue pas avec mes enfants. Parce que j'ai pas ce... Comment dire ? On dit que les adultes doivent rester de grands enfants et en fait... Enfant... Je sais pas.

  • Speaker #0

    T'arrives plus à jouer l'enfant.

  • Speaker #1

    Je sais pas jouer et apprendre, voilà, plaisir à jouer.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Donc est-ce que ça a un lien avec ce que j'ai vécu plus jeune ?

  • Speaker #0

    Peut-être. À creuser.

  • Speaker #1

    À creuser, ouais.

  • Speaker #0

    Par exemple, ton aîné, est-ce que tu sens que lui, il a... Vous lui mettez les mêmes responsabilités ou au contraire, vous essayez justement de ne pas reproduire ce schéma-là ?

  • Speaker #1

    Alors, les enfants savent qu'on est d'une famille de six enfants. Je ne suis pas sûre qu'ils captent que je suis l'aînée. de cette famille-là. Et concernant mon fils, qui est l'aîné, du coup, de la fratrie, il sait qu'il est l'aîné, mais j'essaie de lui enlever cette notion d'exemple, parce que l'aîné, pour nous, c'est un exemple, en fait.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Pour nos générations, c'était des exemples à suivre. Et lui, je lui dis qu'il est l'aîné, donc il sait qu'il a cette part de responsabilité, mais je ne veux pas... lui enlever ce poids de l'exemple. Il est comme il est, il ne sera pas parfait et sa sœur est comme elle est mais je ne veux pas qu'elle se dise il faut que je fasse les choses parce que je suis l'aînée, parce que je représente quelque chose pour ma sœur en termes d'exemple. J'essaye de faire ça parce que je pense que c'est la partie qui est la plus lourde à porter en fait, être l'exemple des autres et des plus jeunes.

  • Speaker #0

    Oui, donc en plus, ça veut dire que tu n'as pas le droit à l'erreur.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Tu dois réussir.

  • Speaker #1

    Avoir une bonne image, montrer une bonne image de toi aux autres.

  • Speaker #0

    C'est une charge, ça aussi.

  • Speaker #1

    Ça, on ne s'en rend pas compte, mais oui, inconsciemment.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose que tu as gardé jusqu'à maintenant ? Ou tu arrives quand même à lâcher pris sur certaines choses, à te dire...

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    En fait, peu importe ce qu'elle pense.

  • Speaker #1

    J'ai toujours cette petite voix qui me dit, attention. fais attention à ce que tu fais c'est l'image de la famille c'est ça c'est pas simple non mais honnêtement il faut être l'exemple il faut grandir vite prendre des responsabilités je pense qu'à l'âge où on commence à se former, à savoir un peu qui on est on est un peu étouffé Parce qu'on met une charge, la charge de l'image sur l'aîné, la charge de l'exemple.

  • Speaker #0

    Et est-ce que pour toi, par rapport à ce que tu disais sur ton fils, est-ce que pour toi, l'aîné joue un rôle différent aujourd'hui par rapport aux générations passées ?

  • Speaker #1

    Après, je ne peux pas parler au nom de tout le monde, mais on garde encore quand même ces notions qu'on essaie d'inculquer, mais d'alléger. Après, je ne fais pas une généralité. Je ne pourrais pas m'avancer sur ce qui se passe dans les familles. Mais je pense qu'on a encore ces notions-là qu'on transmet malgré nous.

  • Speaker #0

    Après, je me dis aussi, je pense que l'aîné, c'est différent dans une famille, par exemple, de deux. Et dans une famille de peut-être quatre, cinq, six enfants. Parce que j'ai l'impression que le rôle, il est beaucoup plus important quand la famille est nombreuse. Alors que si vous êtes deux, peut-être trois. Ça sera peut-être moins, je ne sais pas, c'est ce que j'imagine. Enfin, toi, tu es ici d'une famille de six, moi cinq, et c'est vrai que la majorité des témoignages que j'ai pu entendre, c'était souvent des grosses familles. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que le fait d'être plus nombreux, effectivement, tu as plus de regards qui sont tournés vers toi, et peut-être qu'une famille plus petite... Je n'aurais pas dit, on garde quand même l'individualité de chacun.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Chacun peut s'exprimer comme il le sent et ne pas être tourné forcément sur le premier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Non, mais c'est vrai. Et est-ce que tu as eu l'occasion d'en parler un peu à tes parents ?

  • Speaker #1

    Avec mes parents, non.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    jamais. Ce ne sont pas des sujets, non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Et eux-mêmes, ils n'ont jamais ressenti ce besoin de te dire... Merci d'être reconnaissant.

  • Speaker #1

    Peut-être pas en ces termes, mais plutôt, et je note notamment par rapport à mon père, qu'il m'a dit « je suis fière de toi » .

  • Speaker #0

    C'est bien.

  • Speaker #1

    En même temps, il m'a éduquée pour, on va dire, rentrer dans les…

  • Speaker #0

    Rentrer dans les clous.

  • Speaker #1

    Rentrer dans les clous et avoir, on va dire, une vie rangée.

  • Speaker #0

    D'accord,

  • Speaker #1

    oui. Donc, je pense que c'est cet aspect-là qu'il garde en tête en se disant, bon, elle a réussi à construire quand même quelque chose.

  • Speaker #0

    D'accord, ah oui.

  • Speaker #1

    Cette fierté de, voilà. Mais est-ce que par rapport à la fratrie, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, tu ne sais pas. Non. Et tu ne t'es jamais posé la question par rapport à eux, comment eux, ils ont vécu ? Si par exemple, est-ce que ton père, c'est un aîné, pareil pour ta mère, et du coup... Est-ce qu'ils ont conscience de ce rôle vraiment d'aînée qui est souvent assez difficile à porter quand tu es une aînée ?

  • Speaker #1

    Mon père était, si je ne me trompe pas, le dernier fils de la fratrie. Oui, c'est ça, dernier fils. Et ma mère était l'une des dernières aussi.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, est-ce qu'ils ont reporté sur moi ce qu'ils ont vu par rapport à leurs aînés à eux ? Et du coup, se décharger sur le plus grand ? Et donc là, se décharger sur son plus grand, le plus grand de sa famille ?

  • Speaker #0

    C'est une idée.

  • Speaker #1

    C'est une idée. Parce qu'ils ont vu, ils ont vécu comme ça et du coup,

  • Speaker #0

    ils le reproduisent. Oui, et parce que c'est des choses qui, visiblement, ont l'air de marcher, même si on n'arrive pas à voir vraiment les conséquences en réalité. Parce qu'en réalité, il y a des conséquences. Maintenant, on voit qu'il y a beaucoup de personnes aînées qui racontent un peu leur parcours. Et tu vois, notamment toi, tes mamans. Mais je sais qu'il y a des femmes, des hommes d'ailleurs, mais plutôt des femmes, on va dire. qui, certaines, se refusent d'être mamans justement du fait d'avoir été déjà mamans de leurs grands frères et sœurs. Et qui ne veulent pas parce qu'ils se disent, non mais déjà.

  • Speaker #1

    Soit ils ont déjà fait, déjà donné, soit ils ne veulent pas reproduire certaines choses.

  • Speaker #0

    Potentiellement. Parce que quand tu as peut-être changé les couches, tu peux aller chercher les enfants à l'école. Bon, ce ne sont pas les mêmes charges qu'un parent, mais tout de même, ça reste...

  • Speaker #1

    C'est marrant que tu en parles parce qu'effectivement ce sont des tâches que j'ai dû faire et sur le moment on le fait, mais on n'a pas la... comment dire, psychologiquement on ne se dit pas que ce sont les nôtres et que nous avons la responsabilité d'eux, même si effectivement tu le fais et tu le fais bien, tu essaies de le faire bien, mais tu n'as pas toute cette charge mentale certainement qu'un parent a et on oublie.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour celles qui se sont lancées dans l'aventure familiale, on oublie tout ça en fait. C'est bizarre et du coup, quand on le revient, on se dit « Ah, pourtant j'ai déjà aimé, je ne me rendais pas compte que c'était aussi prenant. »

  • Speaker #0

    Après, ça peut être aussi vu de façon positive en te disant… Bon, je sais déjà.

  • Speaker #1

    Je suis déjà entraînée, c'est ça ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, j'ai fait mes frères et sœurs. Donc en fait, ça va être facile. C'est juste qu'en plus de ça, j'aurai une autre charge, la charge de parent cette fois.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une anecdote durant laquelle tu as senti que tu perdais le contrôle au sein de ta famille ?

  • Speaker #1

    Pas de perdre le contrôle, mais de perdre ce statut de support.

  • Speaker #0

    Ah oui.

  • Speaker #1

    À partir du moment où on ne te demande plus ton avis, tu te dis... Bon, je ne suis plus le petit tuteur. Mais en anecdote, vraiment, je n'en ai pas qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #0

    En tant qu'aînée, avec le rôle que tu avais, tu te sentais avoir une mission. Et à partir du moment où tes frères et sœurs ne te demandent plus rien ou d'aide, là, tu te sens inutile.

  • Speaker #1

    Un peu seule, un peu inutile, effectivement.

  • Speaker #0

    Et ça, comment tu le vis ? Comment tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Sur le moment, c'est compliqué parce qu'on a du ressentiment, forcément. On se dit... Mais quand même ! Je vous ai changé les couches, je vous ai coiffé, je vous ai aidé pour les devoirs, je vous ai orienté sur les cursus parce que j'ai vu que vous aimiez les maths ou le français. et de se dire qu'en fait, ça n'existe plus. Oui, c'est un sentiment particulier.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu as fait beaucoup de choses là. Tout ce que tu viens de dire,

  • Speaker #1

    ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien,

  • Speaker #0

    vraiment.

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus déroutant qu'elles ne se rappellent de rien.

  • Speaker #0

    Non, après, peut-être qu'elles étaient petites et qu'elles se disaient que c'était normal aussi.

  • Speaker #1

    Peut-être. Peut-être. La communication est très importante et donc là, on fait un travail avec une de mes sœurs, donc je trouve ça très intéressant parce que du coup, j'ai sa vision de la période, de la chose.

  • Speaker #0

    à pousser avec les autres membres de la fratrie.

  • Speaker #1

    Oui, c'est super important, mais je suis sûre que tu fais ce qu'il y a à faire pour apaiser tout ça.

  • Speaker #0

    J'essaie, mais ce n'est pas toujours compris, la démarche.

  • Speaker #1

    Ça viendra avec le temps. Et puis, comme je dis souvent, si ce n'est pas compris, il y a un timing aussi. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça, justement. Sur le coup, ce n'est pas compris parce que chaque personne a sa... à ces moments d'éveil et de conscience. Donc, on n'a pas tout seul la même rythme, comme tu le dis.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Et quelles sont les valeurs, du coup, que tu as pu apprendre, qui sont les plus importantes par rapport à tes parents ?

  • Speaker #0

    Alors, ce que je retiens de mes parents et que j'essaie d'appliquer dans ma vie actuellement, depuis, du coup... la notion de respect de soi, de respect des autres, la notion de responsabilité, c'est-à-dire assumer ses choix et ses actes, de l'humilité, beaucoup, et je dirais de la loyauté aussi.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est des choses que tu t'appliques à faire au quotidien ?

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    Envers ton entourage, tes amis ?

  • Speaker #0

    exactement,

  • Speaker #1

    j'essaie de suivre au moins très sûr le respect des autres et le respect de soi est-ce que ta famille aurait peut-être voulu que tu reviennes en

  • Speaker #0

    Guadeloupe justement pour reprendre ce rôle que tu avais avant que tu partes en métropole quand je suis partie faire mes études ici Hum... Très vite, ma mère m'a rappelé, elle me disait, tu rentres, tu vas rentrer.

  • Speaker #1

    Donc en gros, finis tes études, mais après tu reviens.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça, elle voulait que je revienne. À un certain moment où il y a eu, on va dire, des choses un peu compliquées à vivre en Guadeloupe, notamment pour ma mère, mes soeurs auraient voulu que je sois là pour pouvoir soutenir et faire des choses. et d'ailleurs... Auprès de mon travail, j'avais fait des démarches aussi pour pouvoir être mutée, on va dire, en Guadeloupe directement. Bon, ça n'a pas abouti parce que, comme tout le monde sait, la mutation, c'est compliqué. J'ai eu à un moment donné envie de rentrer et prendre certaines choses en main. Et puis finalement, la vie fait que...

  • Speaker #1

    Et ta maman l'a compris ?

  • Speaker #0

    Elle ne savait pas que j'avais ce projet-là.

  • Speaker #1

    elle a pas su et comme ça n'a pas abouti donc je lui en ai jamais parlé mais peut-être que ça veut dire ils se sont dit que certainement tu partais et que finalement t'avais même pas le projet de revenir et que t'avais finalement acquis la paix que tu voulais depuis longtemps alors je rigole mais tu vois ce que je veux dire je comprends ce que tu veux dire

  • Speaker #0

    Je pense que beaucoup ont attendu que je revienne.

  • Speaker #1

    Le retour du messie. Non, je rigole.

  • Speaker #0

    Pas le messie, mais voilà, le retour du support, du tuto. Oui, oui,

  • Speaker #1

    oui. De, ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et je me rappelle encore, j'avais eu ma maman au téléphone et je lui avais dit clairement, je lui ai dit, maman, je suis partie, je fais ma vie, je ne suis pas sûre que je vais revenir.

  • Speaker #1

    Waouh. Ça n'a pas dû être facile.

  • Speaker #0

    Non, ce n'était pas facile et je ne sais pas si elle l'a vraiment compris.

  • Speaker #1

    Et quand tu reviens des fois en Guadeloupe, est-ce que c'est des sujets dont vous parlez ? Ou peut-être, est-ce qu'on te demande alors ? Vous ne revenez pas en Guadeloupe ?

  • Speaker #0

    De temps en temps, mais ça me demande est-ce que je n'ai pas le projet de revenir. C'est vrai que parfois, ça me tente. Et après, quand on réfléchit trop. on se dit bon il y a ça il y a ça machin donc on le fait pas et je pense que aussi le fait d'être resté longtemps ici et de s'ancrer dans une vie professionnelle,

  • Speaker #1

    familiale et tout c'est pas forcément évident de revenir aux sources ça demande beaucoup de modifications de changements et tes frères et soeurs est-ce qu'il y en a qui ont aussi tenté peut-être de venir en France et de travailler et de Merci. Peut-être suivre, te suivre finalement en tant que modèle ?

  • Speaker #0

    J'ai deux de mes sœurs qui se sont posées la question et qui finalement n'ont pas été plus loin dans l'idée. J'ai plus jeune frère. qui est venu aussi et qui est entre les deux. Il ne sait pas trop s'il reste plutôt ici ou s'il reste plutôt là-bas. Mais après, il est jeune, donc il a le temps de savoir ce qu'il veut faire.

  • Speaker #1

    Imaginons, tu as des amis autour de toi et tu vois les mêmes comportements que tes parents ont pu avoir envers toi. à travers un aîné justement, est-ce que tu as envie de le dire à ses amis-là en disant oui, faites attention, ce que vous faites là, je l'ai vécu, ça peut être très dur à l'avenir, il peut y avoir des répercussions, ou au contraire, chacun éduque son enfant comme il le veut ?

  • Speaker #0

    Moi je dirais effectivement, chacun éduque ses enfants comme il le veut, ça n'empêche pas non plus d'avoir... des idées par rapport à ce qu'on voit en face de soi. Alors, tout dépend de la relation qu'on a avec la personne, si c'est une relation très, comment dire, où on peut s'exprimer et parler de certains sujets. Mais effectivement, moi, si je vois des choses qui me rappellent ce que j'ai vécu, je leur dirais, attention, laissez-le être ce qu'il doit devenir. ne lui donnait pas cette charge, cette énorme charge, du moins allégée là, pour le laisser être lui-même. C'est vrai. Et ne pas représenter une image qu'on veut donner aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. C'est vrai qu'en plus, l'aîné, c'est aussi, comme tu disais tout à l'heure par rapport à ton père, c'est représentant de la famille. C'est ça. C'est la mascotte. Et si la mascotte flanche... Quelque part,

  • Speaker #0

    c'est l'image de la famille qui est entachée. C'est ça.

  • Speaker #1

    Waouh ! C'est un grand rôle, vraiment.

  • Speaker #0

    Mais quand on le vit, on ne se rend pas compte.

  • Speaker #1

    Non, tu ne te rends pas compte, clairement. Tu vis en fait toujours.

  • Speaker #0

    C'est après que tu te dis, ah ouais, quand même.

  • Speaker #1

    Mais à quel moment tu as ressenti cette charge justement et de tout ce que tu avais pu vivre dans ton enfance ? À quel moment ça te saute aux yeux qu'en fait, c'était pas sain ?

  • Speaker #0

    Je pense à l'adolescence, entre 16 et 18 ans, un peu avant de partir.

  • Speaker #1

    Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passait à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est plus apte à comprendre certaines choses, parce qu'avant, on les fait parce qu'il faut les faire, on ne se pose pas de questions dessus. Et avec la maturité, voilà... À 16, 16, entre 16 et 18 ans, on commence à réfléchir sur certaines choses, on se pose des questions.

  • Speaker #1

    Mais du coup, qu'est-ce qui a déclenché ton départ ? Est-ce que tu as eu une opportunité ou tu avais vraiment aussi peut-être un besoin de souffler finalement ?

  • Speaker #0

    Alors, mon départ, ça me fait sourire parce que moi, j'ai ressenti ma maison comme une prison. Et je savais, alors moi je suis très intéressée par tout ce qui était artistique et je savais que pour pouvoir poursuivre dans cette branche-là, j'étais obligée de quitter, de partir. Et c'était mon passeport en fait. Et j'ai tout fait pour y arriver, avoir mon bac et ne pas laisser le choix. à mes parents que de me laisser partir. C'était l'excuse, en fait. Je veux faire mes études, et comme je sais qu'ils veulent que j'aille plus loin, je fais ce qu'il faut pour... Alors, je n'ai pas choisi l'art pour ça, parce que c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup, mais vraiment, ça a été mon passeport de sortie, parce que, oui, je le vivais comme une prison, comme un étouffement.

  • Speaker #1

    Ouais, waouh. C'est...

  • Speaker #0

    La vie, hein ?

  • Speaker #1

    Ouais, mais t'as été audacieuse, parce que c'est pas tout le monde qui va aussi oser se dire...

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pars vers l'inconnu, je savais pas où j'allais. Mais j'ai pas vu tout ça. Moi, j'ai vu, il fallait que je parte et que je devienne qui j'ai envie d'être.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, alors, est-ce que tu es ce que t'as envie d'être ?

  • Speaker #0

    Oh, il y a encore plein de choses à... On va dire qu'on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    C'est le plus important.

  • Speaker #0

    Et je pense que toute la vie, on chemine vers ça.

  • Speaker #1

    Et absolument. Oui. Ben oui, c'est tout un travail de tuer.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais du moins, t'as, disons, suivi ton cœur, ton instinct et la voie que tu voulais... emprunté. Oui, c'est ça. En réalité, c'est le plus important. Parce que c'est dommage aussi, par la suite, de vivre avec des regrets, de dire, ah, et si j'avais fait ci, et si j'avais fait ça, pourquoi j'ai pas fait ça ? Et tu tournes en boucle, et en fait, c'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Un cercle vicieux, oui.

  • Speaker #1

    Donc, ouais, c'est audacieux. Qu'est-ce que t'aimerais dire à, certainement, ta famille, qui vont écouter cet échange ?

  • Speaker #0

    hum Je leur dirais que je suis toujours là, qu'ils peuvent compter sur moi. Je serai toujours ouverte à toute discussion. Je suis là.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es là.

  • Speaker #0

    Je suis là, on va dire...

  • Speaker #1

    En support,

  • Speaker #0

    toujours. En support, toujours.

  • Speaker #1

    Avec tes moyens.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Avec le temps que tu pourras accorder. Mais tu es là.

  • Speaker #0

    Je suis là.

  • Speaker #1

    S'il y a besoin d'un conseil, d'une oreille.

  • Speaker #0

    S'il y a besoin d'un conseil, voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Et autre sujet, l'argent. L'argent, c'est un sujet aussi dans les familles et dans beaucoup de familles. L'aîné aussi, souvent, travaille. Et lorsqu'il y a un problème, c'est souvent l'aîné qui est sollicité en lui disant, écoute, il y a un tel qui a besoin d'argent parce qu'il a une galère. Des fois même, ça peut arriver sur les tontons. Il y a tonton un tel qui a besoin de voyager. Alors, est-ce que toi, tu as eu ce type de sollicitation ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas été sollicité pour l'argent. Par contre, j'ai dû me débrouiller toute seule ici. Alors, heureusement, à l'époque, moi, j'avais la bourse. Donc, je m'occupais, et ça fait grandir aussi, je m'occupais de payer parce que du coup, à l'époque, j'étais à l'internat. Donc, je m'occupais de l'internat, d'avoir à manger, de pouvoir m'habiller. Mais non, j'ai pas... Une fois après, dans le milieu professionnel, non, j'ai pas eu de demandes spécifiques par rapport à ça.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux. Et t'as... Une fois ici, est-ce que t'as eu à demander aussi à un moment donné à tes parents ?

  • Speaker #0

    Tant que j'étais étudiante, oui, si je voulais rentrer en Guadeloupe pour souffler un petit peu pendant les vacances, je demandais à mon père. Mais généralement, je m'arrangeais pour... et là, oui. Je m'arrangeais pour n'avoir jamais à leur demander parce que je sais que de leur côté, ce n'était pas forcément, on va dire, ce n'était pas Versailles.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    je me suis débrouillée comme une grande. Mais est-ce que tu t'es débrouillée comme une grande parce que peut-être tu avais peur qu'on te dise, « Ah, bah Tilda, si tu demandes tout le temps, c'est que c'est la galère là-bas, donc rentre. »

  • Speaker #0

    peut-être qu'il y a ce poids là aussi peur qu'on te dise rentre en fait si c'est pas possible très bien,

  • Speaker #1

    écoute on arrive à la fin de cet épisode t'as déjà dit ce que tu voulais partager donc comme tu disais que t'es toujours là en tant que support écoute, oreille attentive et ne pas hésiter J'espère que ceux qui connaissent Tilda ont entendu ce message. En tous les cas, si ce message, ce témoignage résonne en vous en tant qu'aînés ou en tant que sœur ou frère d'un ou d'une aînée, n'hésitez pas à partager à cette personne. Peut-être que ça ouvrira le dialogue, on ne sait pas. Donc voilà, en tout cas, merci à toi Tilda d'avoir...

  • Speaker #0

    Merci, je m'attends ce moment.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, vraiment, c'est un immense merci. Et puis, très vite, pour d'autres échanges, certainement.

  • Speaker #0

    Bien sûr, avec plaisir.

  • Speaker #1

    Alors, que dire ? Déjà, comme d'habitude, vous notez l'épisode sur toutes les plateformes d'écoute, donc Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Amazon Music. Bref, vous connaissez déjà ce qu'il y a à faire. À laisser, bien sûr, des commentaires pour voir un peu ce que vous avez ressenti, les impressions que vous avez eues en écoutant le témoignage de Tilda. Et moi, honnêtement, j'ai encore découvert des choses parce que vraiment, le rôle d'Ainé, c'est quelque chose. Donc voilà, moi, je vous laisse sur cela et j'attends vos commentaires pour pouvoir interagir. Allez, c'était Joie pour le podcast Bamboula. À très vite. Bye !

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