- Speaker #0
Bonjour à tous, vous écoutez Bamboula, le podcast qui va vous bouleverser. Si vous êtes en quête identitaire et souhaitez appréhender la vie différemment, sachez que vous êtes au bon endroit. Moi, c'est Joie. Ici, on parle d'histoire, d'éducation, d'entrepreneuriat, de santé et plein d'autres sujets encore. Alors, le sujet du jour sera axé sur la sexualité. Comme on le sait, ce thème est assez tabou dans notre communauté et pour ce faire, je suis avec Anaïs Alached. infirmière, sexologue et auteure du livre Impact des cultures des femmes aprodescendantes sur leur vie affective et sexuelle. Alors, sur la base de cette étude et de nos expériences personnelles, nous allons voir comment la société, la famille, l'environnement, la religion et la spiritualité peuvent avoir un impact sur nos comportements. Alors, bonjour Anaïs.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Comment vas-tu ?
- Speaker #1
Ça va et toi ?
- Speaker #0
Écoute, ça va. Tu es bien installée ? Tout va bien ? Oui, oui. On est bien accueillis, en tout cas là où on est, donc c'est assez agréable. Alors, est-ce que tu peux te présenter aux personnes qui vont te découvrir ?
- Speaker #1
Eh bien, bonjour. Comme Joala dit, je suis analyste, infirmière et sexologue. Et voilà. Je ne sais pas quoi dire de plus.
- Speaker #0
Non, c'est déjà pas mal. De toute façon, pendant l'interview, on va pouvoir un peu en savoir plus sur toi. Donc. Avant de rentrer dans le vif du sujet, moi, c'est une question que je pose à mes invités. Est-ce que tu connais la signification du terme bamboula ?
- Speaker #1
Non, pas vraiment.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as déjà entendu, est-ce qu'on t'a déjà qualifié de la sorte ?
- Speaker #1
On ne m'a pas qualifié, moi, de bamboula, mais quand j'étais petite, j'ai entendu ce terme et c'était plutôt à connotation négative.
- Speaker #0
C'est vrai. Et ça te parle, toi, le village de bamboula ? déjà vu des vidéos ou de la publicité là-dessus ?
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
pas du tout. Bon, écoute, c'est pas très grave. Moi, je vais te donner un peu la définition, parce qu'en réalité, on le sait que Bamboula, c'est un terme aujourd'hui à connotation, comme tu l'as dit, négative, donc négrophobe même, et qui qualifie les personnes noires, donc africaines ou afrodescendantes. Alors, Bamboula, je vais aller rapidement, a trois dimensions, en tout cas, trois significations selon moi. Alors la première c'est Laskoni qui la donne, c'est un chercheur historien Congo. Et donc le mot veut dire se souvenir ou se rappeler. Et en fait il fait référence à l'esclavage où les Africains déportés scandaient ce mot-là sur une place célèbre en Louisiane. Et c'était pour eux une façon de se rappeler qui ils sont et de ne pas oublier d'où ils venaient. Donc ensuite l'autre dimension, je l'ai dans... sociolinguiste expert des langues bantou qui s'appelle Mawete Kisosila. Et en fait, lui me décompose le mot en me disant que Bamboula signifie les pluies ou les années. Alors, moi, ça fait tilt immédiatement parce que dans ma langue, le Kianwanda, on dit aussi, pour désigner les pluies, Imvvura. Et en fait, c'est exactement la même noma clôture. Et je me dis, mais c'est incroyable. Donc, quand même, je vais sur Google pour un peu vérifier ça et pour voir si j'arrive à avoir des connotations aussi avec d'autres langues bantou. Et c'est le cas parce que dans le Zulu ou le Tchéwa, on a exactement la même nomenclature. On a Pula, on a Pula et ça veut dire aussi les pluies ou les années. Et donc l'autre signification qui est un peu aussi une continuité de l'épisode aujourd'hui qui sera liée à la sexualité, c'est en lingala et Bula veut dire l'appareil reproducteur féminin. Bon, ça... Peu de gens le savent, mais en tout cas, c'est ce que ça veut dire. Tu ne savais pas ?
- Speaker #1
Non, non.
- Speaker #0
Alors, pourquoi ça fait un sens pour moi ? Parce qu'à cet endroit-là, l'appareil reproducteur, il y a les os. Moi, j'imagine les os, les pluies, l'appareil génital. On peut y trouver la cyprine. Donc, c'est dans le langage, disons, courant, ce qui est produit à l'excitation féminine. Et tu as aussi l'éjaculation féminine. Et tu as aussi, si je vais plus loin dans la reproduction, le liquide amniotique. Donc, pour moi, en fait, c'est... C'est la source, en fait, c'est de là où on vient. Et c'est pour ça que pour moi, ça a vraiment eu un lien avec les eaux, la source et du coup, le souvenir. Parce que l'idée, vraiment, c'est de pouvoir revenir d'où on venait, en tout cas, de se reconnecter à notre origine, en fait. Et donc, voilà, comme on disait, ce mot, vraiment, il a une consonance négative. Alors qu'en réalité, comme je t'ai dit, il évoque le souvenir, la rétrospective. les années passées et par les pluies, les eaux d'où l'on vient biologiquement, donc la quête de soi-même en vrai. Voilà, qu'est-ce que tu en penses ? Qu'en penses-tu de ces trois dimensions ?
- Speaker #1
C'était assez large, je ne pensais pas que... Je ne connaissais pas en fait toute l'histoire attachée à ce mot et c'est intéressant à creuser.
- Speaker #0
Complètement. Ouais, c'était ça l'idée et moi je voulais vraiment redorer le sens originel de ce mot, qu'on l'utilise dorénavant d'une autre manière et éviter que ça soit identifié comme négatif. Voilà, bon alors pour en venir à toi, donc tu es infirmière et sexologue et... Est-ce que tu te souviens du moment où tu as décidé de devenir sexologue ?
- Speaker #1
Alors, il n'y a pas eu de moment. C'est plutôt... Autant comme toi, tu parlais de l'histoire d'un mot. Pareil pour moi, pour ma carrière professionnelle, pour ma trajectoire, c'est... Je dirais une succession d'événements comme simplement une évolution. Donc initialement j'ai fait une formation d'infirmière ici en France à l'IFSI. Puis je suis parti en mission humanitaire durant deux ans en Afrique, Tanzanie, Zambie et en Israël. Et surtout la mission en Afrique, en tant qu'infirmière, c'est là où j'ai travaillé spécialement en lien avec le paludisme, la tuberculose, en tout cas où j'ai commencé à avoir... et la lutte contre le VIH, un lien avec la sexualité, surtout en Zambie. C'était vraiment une mission autour de la prévention de tuberculose et IST, et du VIH. Et j'ai découvert par ce qu'on appelle les outreach, donc aller dans les villages auprès des gens, avec le matériel médical ou pour faire des vaccinations, et ne serait-ce que discuter avec la population pour connaître leurs besoins. j'ai découvert cette façon de faire de la prévention et du soin qu'on appelle l'aller-vers. Et finalement, quand on vient soigner des gens ou faire de la prévention autour du VIH, ça demande de parler de l'intimité des personnes. Et ça, c'est quelque chose auquel j'ai réalisé que je n'avais pas été formé. Et dans la formation d'infirmière, oui, on parle des IST, on en parle vraiment de façon médicale, des traitements, de la prévention. mais Les patients, en tout cas, que j'avais pu voir en stage, on ne parle pas de leur intimité directement. Puis, de retour en France, j'ai décidé de faire du coup un DU en maladies infectieuses et tropicales, un diplôme interuniversitaire à la Pitié-Salpêtrière, pour me spécialiser dans ces maladies. Et de là, j'en apprends un peu plus. et j'arrive après en 5, 5, 2, 1 de Nîmes, donc en Cégide. C'est des centres de dépistage gratuits où il y a possibilité de se dépister aussi de manière anonyme. C'est ouvert à tous et toutes. Et donc, forcément, même si en tant qu'infirmière, je vais faire la prise de sang, on demande à la personne pourquoi elle souhaite faire le dépistage uniquement lié aux infections sexuellement transmissibles. Et une discussion en amenant une autre, j'ai eu envie d'être sexologue pour pouvoir vraiment vraiment apprendre à comment aborder la sexualité avec les personnes, comment les aider dans leurs problématiques sexuelles ou intimes. Et on a une particularité, nous, dans notre service, c'est qu'on aborde beaucoup les violences. On fait vraiment de la prévention globale. On n'est pas, certes, tout le monde peut nous parler d'intimité, de sexualité, mais on fait attention aussi à la lutte, je ne sais pas, aux addictions, aux produits. de produits, aux violences que ce soit faites aux femmes ou pas, ou les violences de gens en général, ou les hommes victimes de violences. Donc voilà, encore une envie de pouvoir mieux répondre aux besoins des patients, patientes.
- Speaker #0
Franchement, c'est audacieux de pouvoir te dire, non, mais je vais faire une formation vraiment pour répondre au mieux aux personnes, parce que c'est important pour toi, parce que tu as ressenti en fait un besoin. Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Et c'est aussi une histoire aussi de rencontre, parce que j'avais dans le centre, il y a une collègue qui est psychosexologue, donc psychologue et sexologue. Et on travaillait, donc on travaille en équipe, comme on dit, pluridisciplinaire. Il y a différents types de métiers. Et son approche était très intéressante. Et c'est elle qui m'a dit, mais en fait, c'est ouvert à tous les professionnels de santé. Donc, toi aussi, tu peux. Et voilà.
- Speaker #0
Et l'a fait.
- Speaker #1
Oui, je travaillais déjà dans le service. Donc, c'était en plus un bénéfice pour mon service et pour moi-même. Et puis, ça valait le coup au moins d'essayer. Donc, c'est vrai que c'est un peu long. C'est trois ans. Mais je m'étais dit, voilà, il y a la première année qui donne le titre de conseiller. Et après, on peut pousser avec les deux ans supplémentaires pour devenir vraiment sexologue. Et en fait, ça m'a passionné. Donc, j'ai eu envie d'aller plus loin. Et comme en Seine-Saint-Denis, c'est un public multiculturel, moi, je suis aussi d'origine africaine, même si je suis née et grandie en France. Donc, je trouvais que la sexualité, c'est souvent tabou. Et même auprès de nos patients, même s'ils viennent se faire dépister. Donc, je me suis dit, tiens, voilà une nouvelle opportunité. et l'envie de peut-être être cette personne vers qui les gens de notre communauté ou autres pourront se tourner pour dire si j'avais des questions à poser sur la sexualité, vers qui je pourrais m'adresser.
- Speaker #0
Complètement. Je rebondis par rapport à ce centre. Quel type de problématiques ou questionnements les gens viennent vous voir en général, vous consulter ?
- Speaker #1
Alors, il faut se distinguer quand tu dis vous si c'est moi. un asexologue ou si c'est tout professionnel. Parce que, comme je t'ai dit, il y a des dermatos, des gynécos.
- Speaker #0
On va parler de toi parce qu'on parle de...
- Speaker #1
C'est ça. C'est juste moi en tant que sexologue. Alors, les problématiques sont très, très diverses. Moi, j'aime bien dire que les gens peuvent venir me voir pour parler d'intimité. Si on reste sur le basique, en France, les motifs de consultation majoritaires Chez les hommes, ça va être les dysfonctions érectiles, donc les troubles de l'érection, ce genre de choses. Et chez les femmes, les consultations pour une baisse de désir, un manque de désir. Voilà les deux diagnostics, les deux motifs de consultation majeurs. Donc voilà, ça déjà c'est dit. Donc je reçois des personnes pour ce type de consultation. Mais ce que j'ai beaucoup aussi... comme je disais, populations multiculturelles, c'est des personnes qui peuvent être en questionnement sur leur orientation sexuelle et qu'elles aient aussi des interrogations par rapport à leur religion et à leur culture. Et puis tout ça s'entrechoque un peu avec une envie d'en parler avec quelqu'un d'extérieur ou une professionnelle. J'ai aussi une consultation pour les mineurs. pour les plus jeunes, 13 jusqu'à 25 ans, à l'espace tête-à-tête à Rony 2. Donc là, je reçois aussi des jeunes qui n'ont pas eu d'activité sexuelle, comme on dit, mais qui s'interrogent peut-être sur le consentement, sur les violences, sur le lien avec les réseaux sociaux, donc le fait de recevoir des images à caractère pornographique ou comment relationner aujourd'hui qui se posent des questions. Alors après, je... Je peux recevoir aussi les personnes même avec porteuse de handicap, des auteurs, autrices de violences aussi. Je vais recevoir autant victimes qu'agresseurs. Et après, quel autre ? C'est bien pas mal. Oui, voilà, des couples aussi. Donc, ou en individuel ou en couple. Pour plein de motifs, c'est vraiment très varié. Il ne faut pas se dire que le sexologue, quand on le consulte, c'est... juste pour parler de sexualité pure et dure, ou qui me donne des conseils de quoi faire dans sa sexualité. Mais c'est vraiment apprendre à se connaître et être à l'aise avec son corps et son intimité en général, et dans la relation à l'autre. Comme là, on parlait il y a deux secondes d'endométriose. Ça peut être parce qu'on a une endométriose, une cause de douleur ou de difficulté dans sa sexualité. Donc, ça peut être un motif de consultation pour voir comment on peut faire. Donc, la douleur aussi est aussi un motif.
- Speaker #0
Et est-ce que, du coup, les gens qui viennent, il y a des personnes qui viennent assez régulièrement ? Il y a des consultations suivies ?
- Speaker #1
Alors oui, la sexo, c'est suivi. Ça peut être une seule consultation où on se rend compte que le problème peut être pris par un autre professionnel ou peut-être qu'il y a... d'abord des analyses ou une auscultation à faire par un autre médecin où on se dit ben non en fait c'est vraiment psychologique ce sera important de voir un ou une psychologue
- Speaker #0
C'est bien, c'est assez intéressant. Et alors, on va faire un focus un peu sur ton livre que tu as écrit à la suite de ton DU. Donc, c'était en fait le résultat de ton mémoire. Oui, c'est ça. Donc, dans l'intitulé, on sait qu'on parle des femmes afrodescendantes, donc de leur sexualité. Et alors, pourquoi avoir déjà décidé de choisir les femmes afrodescendantes ?
- Speaker #1
J'ai choisi cette... Cette population, parce que c'est la population la plus proche de moi, c'était vraiment une histoire de temps et d'accessibilité. Parce que je sais très bien que faire un mémoire de sexologie, parler de sexualité, ce n'est pas évident. Et là, par les études, j'avais la possibilité de faire une enquête sur un sujet qui me tient à cœur. Et donc, dans les consignes que les profs me donnaient, ils disaient vraiment choisir un sujet qui vous... qui vous passionne, qui vous intéresse, et décider d'aller le questionner, confronter nos hypothèses. Et c'est vrai que moi, j'en fais partie de ces personnes ou dans la famille, dans l'entourage de la sexualité, et tabou. Donc j'ai beau en parler brièvement avec des amis, mes amis ne correspondent pas à la population générale. Donc je trouvais intéressant d'aller vérifier les différentes hypothèses. auprès d'autres femmes que je ne connais pas du tout pour voir d'autres femmes afrodescendantes quel peut être leur rapport à la sexualité, qu'est-ce qu'elles ont à dire dessus. Voilà, donc c'était dans ce but-là. Mais j'ai envie de préciser que ça peut toucher cette question toutes les communautés, en fait. Ce n'est pas exclusivement pour nous, mais moi, j'ai choisi le public qui était plus accessible pour avoir. Parce que quand tu fais un mémoire... et que tu veux faire une enquête, il faut avoir un certain nombre de personnes à interroger. Et si les gens n'ont pas toute ta communauté ou je ne les connais pas, le travail aurait été... On y sait beaucoup trop de temps, mais c'était dans un temps limité qu'il fallait faire ce mémoire.
- Speaker #0
J'imagine. Et comment tu as eu l'idée de te dire, je vais publier un livre ? Parce que tu aurais pu juste arrêter ton mémoire et avoir ton DU et on s'arrête là. Comment tu as eu l'impulsion ?
- Speaker #1
Ça, c'est hyper intéressant. Je dirais que ce n'est pas moi qui l'ai eue. C'était ma directrice de mémoire, les profs qui disaient, je pense que ça pourrait être publié. Et là, je me suis dit, oh, ah bon ? Donc, c'était une petite graine qui avait été mise. Et puis là, j'en parle à des amis pour qui ça fait écho. Et après, principalement un qui me disait, mais tu sais Anaïs, c'est donc un... psychologue aussi afro-descendant qui me dit, mais tu sais, c'est très très important en fait ce que tu fais et que si ça peut être publié, de le faire et d'aller au bout de la démarche parce que regarde, quand toi t'as commencé ton travail, et c'est vrai, dans mon mémoire je disais que j'ai eu beaucoup de mal à trouver des sources, à trouver des écrits, à trouver des choses des fiables ou scientifiques qui parlaient de la sexualité de femmes afro-descendante vivant ici en Europe. Et il me disait, en fait, quand tu publies aussi simple soit ton étude ou ce que tu as fait, tu permets à d'autres après de pouvoir se ressaisir de ça et pouvoir dire, et l'utiliser ton travail, que ce soit pour aller dans ton sens ou pas, mais d'avoir quand même des sources pour dire, voilà ce qui a été créé. Parce qu'en effet, quand je cherchais ... des choses pour parler de la vision des femmes noires dans la société française, j'ai trouvé beaucoup de comptes Instagram, des podcasts, des articles de femmes militantes, mais pas forcément de chercheurs et chercheuses. Et alors comme c'est un mémoire, c'est un travail universitaire, il faut ce genre de ressources. Et alors chez les Américains, il y en a plein. Mais chez les Français, en tout cas en littérature française, c'était compliqué de trouver ce genre d'études. Et donc là, je me suis dit, en effet, allons-y, faisons-le vraiment sérieusement et acceptons la publication. Et ce format livre que je trouvais intéressant, c'est maintenant la diffusion et l'accessibilité. et comme ça, ça veut dire qu'il y a un maximum de personnes qui peuvent se le procurer, j'ai même une personne qui m'a dit qu'elle l'a acheté du Canada, ça m'a beaucoup touchée quand j'ai reçu ce message en me disant waouh, ce livre va voyager et en dehors de ça, tu vois, c'est finalement, si j'avais jamais publié ce mémoire je ne serais pas là non plus avec toi tu ne m'aurais pas connu, tu ne m'aurais pas proposé de faire un podcast, donc je n'aurais pas pu ... Et finalement, au début, j'étais quand même assez stressé. Je ne voulais pas trop le faire. Et là, j'en comprends maintenant, un an plus tard, vraiment la portée.
- Speaker #0
Oui, l'impact, moi, je trouve ça puissant parce que non seulement, comme tu disais, il n'y a pas eu d'études. Peut-être que les personnes auparavant qui ont fait aussi, peut-être ces études-là, ont voulu le faire, mais n'ont pas osé. Donc là, tu as quand même eu l'audace de le faire. Et franchement, c'est une belle initiative que tu as eue. J'espère que beaucoup de personnes vont le lire comme moi, je l'ai lu. donc Et que ça va vraiment aider peut-être des personnes à s'ouvrir et même peut-être à consulter par la suite.
- Speaker #1
Oui, ça serait l'idéal.
- Speaker #0
Ça serait top, oui. Et donc finalement, le livre s'adresse un peu à tout le monde. En tout cas, toute personne qui s'interroge sur sa sexualité.
- Speaker #1
Oui, ou même, j'ai envie de dire, pas forcément qui s'interroge sur sa sexualité, mais pour moi, c'est même de donner envie de s'interroger. Parce que c'est des sujets, parfois, où on se dit... C'est naturel. C'est naturel de se mettre en couple, c'est naturel d'avoir une sexualité, c'est naturel de faire des enfants. C'est souvent des discours comme ça, c'est naturel. Mais en fait, non, moi je ne vois pas que tout ça, de mon point de vue à moi, c'est si naturel et si évident. Et ce que j'invite les gens, c'est d'essayer de faire pause et regarder en arrière, est-ce que ce que je vis dans mon intimité ou dans ma sexualité, déjà ce sont mes choix ou est-ce que ce sont les choix ? de ma famille, de la culture, de la société dans laquelle je vis ? Est-ce que je réponds juste à la pression extérieure ? Ou est-ce que c'est vraiment ce dont j'ai envie ? Moi, un sujet que j'aime beaucoup, c'est le désir. Et ce n'est pas quelque chose, je trouve, dont on parle forcément beaucoup. Mais tout le spectre, que ce soit du désir et aussi de la sexualité, de se dire... Parce que ce que je trouvais beaucoup, même étant jeune, c'est... Et dans les... Comment on appelle ça ? Les magazines ? Les magazines féminins. Il y a beaucoup d'incitations à avoir, je trouve, du côté des femmes, une sexualité, des conseils de lingerie, combien de fois par jour, par semaine, par mois, on est censé avoir une activité sexuelle. Il y a beaucoup d'injonctions.
- Speaker #0
Oui, l'apologie au sexe trans.
- Speaker #1
Mais ce n'est pas forcément autos, mais de se dire, mais on peut être, la sexualité, c'est beaucoup plus vaste. Et puis, on peut être aussi asexuel. et c'est un sujet qui, je trouve, peut évoquer. Et puis, dire, entre guillemets, hyper sexuel. Et chacun réfléchisse où on se trouve sur cette ligne de moi, finalement, je ne suis pas très intéressée par les activités sexuelles, mais je veux quand même relationner, ça n'empêche pas. Et d'autres pour qui la sexualité, c'est hyper important, voire capital dans leur relation. Et en fait, c'est ouvrir le champ des possibles. Et d'ailleurs... Pour moi, c'est ça la mission d'un sexologue. C'est qu'on essaye, on invite les gens à faire ce pas de côté et sortir de certains scripts tout prédéfinis ou de l'habitude dans laquelle on est. Essayer de voir un peu à côté ce qui se passe et est-ce que ça peut me plaire ou pas.
- Speaker #0
Mais alors comment... Ce que tu dis, c'est pour inviter les gens à se questionner. Mais comment la personne qui déjà ne se questionne pas va aller lire le livre et se dire...
- Speaker #1
Peut-être par curiosité, je ne sais pas comment le livre arriverait entre ses mains, mais ce que je voulais dire surtout, c'est que si la personne commence à lire, puisque ce sont beaucoup des témoignages, ce sont des questions avec des témoignages de plein de personnes différentes, d'âges et de situations différentes, c'est de se rendre compte de la diversité des parcours. Et c'est ça qui, pour moi, va entraîner un questionnement, j'espère, parce que la personne ou une remise en question... ou une confirmation de « Ah, je suis sur le bon chemin, ou ce que je vis me plaît et je suis complètement alignée. » Mais au moins, cette ouverture de se dire « Ok, tout le monde ne vit pas la même chose que moi. » Parce que j'ai l'impression que dans notre société actuelle, je ne sais pas pour toi ou moi-même, on fréquente parfois des gens qui pensent souvent un peu comme nous. Donc chacun est un peu dans sa petite bulle et se dit « C'est la norme. Ce qu'on vit, en élargissant, c'est ce que tout le monde vit, c'est notre norme. Tout le monde pense comme ça. » Mais non, de se rendre compte qu'il y a plein de gens qui... qui vivent et pensent autrement. Mais après, oui, si la personne n'a aucun intérêt pour les livres, la lecture, c'est peut-être pas moi qui vais le pousser. Mais tu sais, qu'il soit sous format livre, ça permet à un professionnel de le conseiller à un ou une patiente. C'est déjà arrivé. Ça permet à moi aussi, une personne qui m'avait écrit et qui m'avait dit sur Insta, oui, moi, votre livre, je l'ai donné à... Je ne sais plus si c'était à sa nièce ou à sa tante, en disant... Une amie qui l'avait laissé traîner chez elle, et sa sœur l'a vue et l'a pris.
- Speaker #0
C'est trop bien.
- Speaker #1
On ne sait pas. Et du coup, c'est un objet.
- Speaker #0
On verra, mais je pense que ça aura quand même de l'impact, quoi qu'il arrive. Et quel type de préjugés tu cherches à mettre en lumière à travers ce livre ? Parce que c'est vrai qu'en plus, tout à l'heure, tu disais, il y a quand même 27 personnes qui ont témoigné de façon anonyme. Et donc c'est vrai qu'on a différentes façons de voir la sexualité, culture, religieux, l'environnement. Et du coup, quel type de préjugés tu cherches toi à mettre en lumière à travers ? Ce livre ?
- Speaker #1
Alors, en fait, je ne cherchais pas à mettre en lumière des préjugés. Le travail, c'était d'étudier, en tout cas d'essayer d'évaluer si les femmes afrodescendantes vivant ici en France, Belgique ou Luxembourg savaient qu'il existait des préjugés, et qu'est-ce qu'elles faisaient, comment elles dealaient avec ça. Ça répond aussi autant pour les personnes qui ne savent pas que ça existe. Bon, je crois que quand j'avais posé la question, la majorité avait entendu parler des stéréotypes, des préjugés sur la femme noire. Mais sans en connaître vraiment l'impact ou une définition exacte et sans parfois avoir réfléchi, mais est-ce que moi j'ai été victime de ça ou pas ? Et est-ce que moi finalement j'ai développé des stratégies pour lutter contre ça ou pas ? Voilà, donc je n'avais pas du tout comme idée de présenter... c'était pas trop dans cette démarche-là de présenter les stéréotypes et de dire voilà le message que je veux faire passer. C'est vraiment tout le temps des questionnements parce que c'était de vérifier les connaissances des personnes, la conscience et pouvoir donner des informations qui sont plus fiables.
- Speaker #0
Je comprends totalement. Et comment tu as fait pour recueillir ces témoignages ? De quelle manière tu as procédé ? Parce que comme c'était anonyme. Comment t'as fait ?
- Speaker #1
Je ne sais pas si j'ai bien compris, mais pour sélectionner les 27 personnes...
- Speaker #0
Alors, tu as les 27 personnes, et comme du coup c'est anonyme, est-ce que tu les as en visio ? Est-ce que tu les as au téléphone ? Est-ce que les personnes disent leur nom ?
- Speaker #1
En fait, tu sais, comme c'est une recherche, j'ai pas eu 27 personnes d'un coup. J'ai pas sélectionné les personnes, puis j'ai fait les entretiens. C'est pas comme ça que ça s'est passé. Alors j'ai fait appel à deux personnes que je ne connaissais pas encore mais que je suivais sur les réseaux. Donc Kyria du compte souffle.be et Roger Duchimé et aussi une amie Zetoun. Et j'avais fait un questionnaire et j'avais demandé qu'ils postent dans leur story est-ce qu'il y a des personnes de leur communauté qui seraient intéressées pour répondre à des... à une recherche, une étude sur la sexualité des femmes afro-descendantes, des femmes noires. Voilà, déjà procédé comme ça. Et en fait, tu sais, une étude, tu arrives au bout, je ne savais pas combien d'entretiens j'allais faire. Et en fait, à un moment, tu arrives à une saturation des questions. Donc, il y a eu tout un travail avant de lecture, de littératie, de réflexion. Et après, j'ai créé un questionnaire pour bien évaluer, donc avec ma directrice de mémoire, qu'est-ce que je devais évaluer, comment je devais l'évaluer. le profil des personnes que je voulais interroger. Donc là, j'ai choisi aussi des personnes pour ne pas biaiser l'étude qui sont, comment dire, leur contenu n'a pas de lien avec mon thème. Roger, c'est la cuisine. Mme Izetoun, c'est sa vie. Et puis, pour Kyria, c'est les vêtements. Bien sûr, dedans, il y a peut-être des personnes qui sont déjà hyper engagées ou hyper informées. sur la sexualité ou qui ont déjà réfléchi elles-mêmes. Mais ce qui est intéressant de l'étude, c'est d'interroger tout le monde, des gens de tout âge, de toute société, de tout milieu, et un peu, pour moi, par surprise, pour voir qu'est-ce qui répondrait spontanément à ces questions. Et après, j'en interroge une, deux, trois, quatre, et après je vois les thèmes qui reviennent tout le temps, et les choses auxquelles elles pensent, elles ne pensent pas. Et après, au moment où tu te rends compte que c'est un peu toujours les mêmes réponses et que tu as déjà eu tout le panel de réponses nécessaires, j'arrête. Donc, c'est comme ça que je me suis arrêté à 27. Et c'était en visio, par téléphone. Mais oui, sinon, après, moi, j'ai les identités exactes des personnes.
- Speaker #0
Oui, oui, bien sûr. Et là, tu parlais des différentes thématiques. Est-ce que tu peux nous donner un peu peut-être les sujets ou les histoires qui t'ont marqué ? Une ou deux, pour ne pas tout dire parce que j'en lise quand même le livre.
- Speaker #1
Oui, alors les thèmes, ce que je peux rappeler des thèmes, c'était que c'était à peu près en cinq grosses parties. Donc partir de la connaissance de la personne, donc des questions sur un peu dans quel type de famille vous avez grandi, c'était quoi votre vision de l'amour dans la famille, dans la fratrie, puis décliner progressivement à... Avant d'entrer dans une... d'avoir votre première relation, c'était quoi votre vision du couple ? Comment vous projetiez sur des relations futures ? Puis parler de la première fois, des règles, ce genre de choses. Et aborder les violences, s'il y a eu des troubles, parler du rapport au corps et tout ça. Donc ça, c'était un peu la trame générale et qui concluait sur... Surtout sur si vous avez eu une éducation à la vie affective ou non. Aujourd'hui, avec votre recul et votre âge, comment vous aurez aimé que les choses vous soient enseignées. Parce que le but, c'est que j'arrive à en tirer de la matière pour vous. moi en tant que professionnel pour mieux aborder ces questions et aussi de savoir qu'est-ce qui peuvent être les freins ou les leviers pour consulter en sexo et quel type de professionnel, si vous consultez, vous iriez voir. Après, sur l'autre partie de ta question...
- Speaker #0
Oui, c'était les...
- Speaker #1
Ah oui, les anecdotes, les témoignages qui t'ont marqué.
- Speaker #0
Des histoires qui étaient assez bouleversantes et peut-être qui t'ont parlé à toi par rapport à ton vécu.
- Speaker #1
Toutes raisonnaient d'une manière ou d'une autre. Mais déjà j'en profite du coup pour encore toutes les remercier d'avoir osé une première parole avec une inconnue, parler de leur intimité. comme ça il ya trop d'histoires qui me viennent mais je vais te donner juste des impressions générales oui une qui m'a tout quelque chose qui m'a touché c'était de se rendre compte la qualité des des personnes interrogées et puis la la multiculturalité, je sais pas si c'est comme ça que je dois le dire, certaines avaient 3, 4, 5 origines différentes, leurs parents étaient de différentes origines et j'ai pas d'exemple là mais... Je ne sais pas même si c'était Guadeloupe, Martinique, mais peut-être aussi Togo. Il y avait pas mal de mélanges au sein des familles. Même au niveau de la religion, il y en a où les deux religions pouvaient être pratiquées. Et c'est quelque chose que j'ai trouvé assez... intéressant parce que ça cassait déjà sans que j'ai fait quelque chose l'idée qu'on se fait d'une femme africaine qui serait d'un seul type femme noire ou afro-descendante qui serait d'un seul type elle est très diverse elle peut être antillaise, elle peut être guyanaise mais ayant grandi au Botswana c'est trop varié, c'est pas le cas des femmes là dans mon étude mais c'était une manière de dire il y avait cette grande... en fait, elles ont toutes baigné dans différentes cultures, et donc il y a toute une part, tu parlais de ton podcast qui était dit au tout début sur l'identité, de tout un travail à faire aussi sur l'identité, pour chacune. Ce que j'ai apprécié aussi, ou qui a pu me toucher, c'était de voir dans leurs yeux, dans leur expression, ou dans les prises de conscience, les interroger Interrogation, parfois c'était douloureux, comme une qui disait, qui se rendait compte qu'en effet, elle n'avait pas vu tout de suite, mais elle a été fétichisée plusieurs fois. Et elle l'avait acceptée, et qu'elle l'acceptait au départ, on trouvait que c'était flatteur. Jusqu'au moment aujourd'hui de comprendre, mais non, en fait, cette personne, elle m'avait plutôt déshumanisé et mis dans une certaine case. et puis bon bien sûr la part partie la séquence sur la violence ou quand je pose des questions si les femmes ont été victimes de violences ou pas là c'était assez triste de se rendre compte que c'était quand même 20 sur 27 qui ont vécu des violences qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles et là tu te rends compte que ça veut dire que c'est quand même une grosse problématique puisque c'était un panel au hasard de personnes de milieux sociaux différents et
- Speaker #0
20 c'est beaucoup c'est beaucoup C'est énorme. Et du coup, je rebondis. Est-ce que ces femmes-là, ces 20 femmes-là, ou ces 27, elles ont eu la possibilité d'exprimer justement ce qu'elles ont pu vivre ? Par la suite, peut-être, après même les...
- Speaker #1
Après, je n'ai pas forcément de contact avec les personnes, donc je ne sais pas ce qu'elles en ont fait.
- Speaker #0
Est-ce que peut-être elles se sont interrogées en se disant à travers les questions que tu me poses, je devrais peut-être consulter et je devrais peut-être faire un travail pour peut-être éviter aussi que ça se reproduise dans les générations... future.
- Speaker #1
Ouais, je pense que c'était un peu trop à chaud. certaines avaient déjà cette réflexion, celles qui avaient déjà un peu conscientisé des choses, qui étaient un peu plus en avant et qui étaient mamans aussi, elles-mêmes, la plupart, je vais dire, des mamans, elles, elles avaient quand même questionné parce que la maternité les ont mises dans des postures parfois de vulnérabilité et d'avoir un enfant de 5, 6, 7 ans qui pose des questions. Sur la sexualité, il y a eu tout un sujet de la transmission, comment je vais faire ou comment je fais concrètement. Donc certaines ont dit que la maternité a engendré de commencer à consulter, de faire un travail sur soi. Donc ça, c'était super intéressant. Mais pour répondre à ta question, ce qui s'est passé pour la majorité, c'est qu'elles n'avaient pas questionné. Donc si tu veux, comme moi, j'étais juste la première à venir les bousculer, je pense que c'est après que... L'entretien, c'était environ une heure. Et c'est tout. Je n'ai pas eu de retour après. D'autres sont venus me témoigner. Mais si, j'ai été consultée. Je sais avec d'autres avec qui j'ai pu échanger. Elle le disait, on a pu faire des pauses dans les entretiens. De dire, attends, il faut que je réfléchisse. Il faut que je digère. Je sais que je suis venue toucher à des points auxquels elle n'y avait pas pensé. Et moi, ce que j'espère, c'est que oui, en effet, ça a donné une impulsion. même si c'est pas aujourd'hui ou demain, ou dans 5 ans, dans 10 ans, de dire, ah mais, oui, il faut que j'aille questionner cet aspect. Il y en a d'autres, malheureusement, qui étaient dans des situations de violence encore actuelles. Et là, oui, j'ai conseillé en off, on coupe la caméra, on éteint les micros, et je n'ai pas donné de consultation, mais j'ai vraiment fait de la relation d'aide, du soutien, et dit, mais là, je te sens quand même en danger, affaibli, il faut que tu consultes maintenant, maintenant. Parce que malheureusement, après, je n'ai pas de prise. Je ne sais pas si la personne a été ou pas. Mais par contre, d'autres aussi qui ont été interrogés par moi disaient, et c'est ça qui est un peu dommage, le constat, malheureusement, la femme afro-descendante, elle va consulter quand elle est au bout. Quand elle souffre déjà trop ou quand c'est une injonction médicale. C'est à ce moment-là, en fait, qu'elles vont consulter quand elles sont en grosse dépression, en burn-out et quand, je ne sais pas, moi, t'es quittée. quelque chose de grave qui s'est passé, ou tu as une maladie qui te met à terre à l'hôpital, et là tu es obligé de questionner.
- Speaker #0
Et tu crois que le questionnement il doit se faire systématiquement par un sexologue ? Parce qu'en réalité je pense qu'il y a des gens qui peuvent aussi, tu vois, via tes questions, peut-être se dire attends je vais demander à ma mère pourquoi elle m'a pas expliqué telle chose, pourquoi elle m'a pas raconté elle sa sexualité, enfin voilà, Voilà, c'est le long de choses.
- Speaker #1
Moi, je ne sais pas forcément vers ce genre de questions que je voudrais que les gens s'orientent. Parce que aller demander à sa maman pourquoi elle m'a rien dit, c'est un peu délicat.
- Speaker #0
Ça, c'est la finalité, mais du moins...
- Speaker #1
Mais pas, pour moi, ce n'est pas la finalité. Non, non, non, parce que c'est quand même difficile de demander à son parent d'aller s'ouvrir sur ce qu'il a vécu. C'est privé.
- Speaker #0
Non, pas sur le privé, sur l'éducation.
- Speaker #1
Ah oui, pourquoi je n'ai pas reçu d'éducation ? Ah oui, oui, bien sûr, ça c'est quelque chose. Mais bon, après, ça demande beaucoup, beaucoup de courage. Il faut que la relation avec les parents soit assez fluide. Et puis, comme tu sais, dans notre culture, et puis c'était répété souvent par les filles, il y a beaucoup de pudeur. Donc, aller demander... ça à un aîné, c'est un peu... Mais bon, si on peut, pourquoi pas ? Mince, j'ai perdu le fil. Non,
- Speaker #0
c'est pas grave, mais je te disais, est-ce que tu penses qu'on peut consulter...
- Speaker #1
Ah oui, d'autres professionnels. Pas forcément des professionnels. Bien sûr. Oui. pour moi, ce n'est même pas... En fait, ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas forcément, si on se pose les questions des fois assez tôt, il n'y a pas forcément besoin de consulter un professionnel. Mais, juste, tu parlais tout à l'heure du livre, lire, aller écouter des podcasts, s'instruire, regarder des émissions sur le thème, des documentaires. Et en fait, c'est un questionnement qu'on se fait à soi-même. J'ai envie de dire un peu, là, dans l'ère actuelle, où on parle patriarcat et autres, beaucoup de femmes réfléchissent un peu plus sur la répartition des rôles quand elles vont se marier exemple comment on va élever nos enfants ben voilà que la sexualité aussi deviennent une question de dire ok est ce que je vais l'aborder ou pas comment je vais l'aborder au lieu de se retrouver de manière un peu violente sur le fait accompli en anticiper ça et se dire mais en fait finalement je veux que ça ait une place mais voilà alors après je voudrais juste corriger parce que je trouve même si je suis complètement d'accord avec ça et que pour moi il n'y a pas que la thérapie avec un professionnel avec un sexologue qui va soigner ou qui va guérir, ou un psychologue, mais je voudrais pas... Donner un mauvais message parce que je connais notre communauté. C'est pour aller s'engouffrer dans cette brèche là pour dire bon plus besoin d'aller consulter non non c'est pas le message que je veux donner aujourd'hui. C'est que oui, vous pouvez lire, mais si vous voyez que vous avez des difficultés dans la communication, à exprimer ce que vous ressentez, ne pas hésiter à pousser la porte d'un cabinet. Et c'est vrai que c'est difficile pour beaucoup d'entre nous. Il y a les centres de services publics qui sont là pour ça. Donc, CIGI, de PMI, des centres de santé sexuelle, communautaire ou non. Il y a plein de choses gratuites possibles ici en France, mais aussi aller payer un psychologue. Et c'est pas réservé un truc de blanc, comme ça, tellement on dit. C'est pas un truc de blanc. Et ça serait bien que, voilà, quand ça va pas et qu'on n'est pas entouré de personnes qui peuvent nous comprendre ou avec qui on est à l'aise pour parler de nos soucis, c'est à ça que ça sert les psychologues, les sexologues, pour parler d'intimité de manière confidentielle à un professionnel qui ne va pas du tout nous juger et qui sera là pour nous écouter. Je sais qu'il y a aussi encore l'enjeu de trouver le bon professionnel. avec avec qui on s'entend, tout ça. Mais ne vous découragez pas, persévérez. Et voilà, il y a des groupes de parole aussi qui existent. Ce n'est pas forcément si ça vous effraie trop tout de suite le one-to-one, les consultations individuelles. Peut-être commencez à aller dans des conférences, aller dans des événements, mais par pitié, par pitié. Parce que le milieu de la santé mentale et de la thérapie, à J.G. Greeny. mais c'est un peu trop fort, mais composé aussi de beaucoup de personnes avec les réseaux sociaux qui ne sont pas du tout finalement professionnels, qui n'ont aucune formation et qui dispensent des conseils parfois un peu limites. Renseignez-vous sur les diplômes, sur la formation de la personne que vous allez consulter pour ne pas vous faire arnaquer et influencer parce que c'est à la mode. Donc... Il y a plein... Je suis sûr qu'on va pouvoir trouver un truc de yoga, de thérapie sexuelle, de je ne sais quoi. À mon avis, il y a... Non,
- Speaker #0
il ne faut pas déviser.
- Speaker #1
Non, il ne faut pas déviser. Mais je suis sûre qu'il existe tellement de choses là. Donc, bien regarder où vous allez, consulter si vous ne vous sentez pas en sécurité et autres. laissez changer de thérapeute.
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Non, mais bon, j'espère que tout le monde a bien entendu. Renseignez-vous sur les personnes, sur le parcours.
- Speaker #1
Et si la personne bégaye un peu trop ou a du mal à être honnête sur son parcours, c'est qu'il ne faut pas y aller.
- Speaker #0
Oui, oui, complètement. Et je rebondis par rapport à l'éducation. Est-ce que quand tu étais en Zambie, dans tes voyages en Afrique, en Zambie, en Tanzanie, est-ce que tu as vu justement peut-être cette éducation qui était faite dans certains villages, dans certains endroits où tu as pu aller ?
- Speaker #1
Tu vois, moi, là, ça fait dix ans. Oui,
- Speaker #0
je sais.
- Speaker #1
Je vais essayer de me... Nous, professionnels, on donnait des conseils aux adultes. Mais je n'ai pas souvenir... Je sais que ça se fait. Des mamans aux enfants, elles transmettaient. Mais à l'époque, j'étais déjà quand même bien dans ma mission. Je n'ai pas trop questionné les familles.
- Speaker #0
Ça aurait été intéressant de comprendre un peu.
- Speaker #1
Mais je n'étais pas du tout, tu vois, moi aussi, je n'étais pas du tout dans l'idée d'un jour, je deviendrai sexologue. Donc, je n'étais pas du tout sur ça. J'étais sur lutte contre le VIH, le palud, les IST, la tuberculose.
- Speaker #0
Le combat était surtout.
- Speaker #1
Et oui, je n'étais pas encore... D'ailleurs, j'étais plutôt spectatrice dans les outreach, quand les, je l'appelle les mamans, mais les infirmières plus âgées Venez parler sensibilité autour de la sexualité, des problématiques, tout ça, j'étais vraiment de côté. Pour moi-même, tout ça, c'était nouveau. Je pense que moi-même, dans ma propre réflexion, je n'étais pas encore à ce niveau-là. Je me questionnais pour moi, mais pas encore la curiosité de se demander comment ça se passe pour les gens. J'étais vraiment juste dans le discours basique avant d'avoir des rapports sexuels non protégés, il faut se dépister, regarder s'il y a des IST. Je... Juste ça. Je n'étais pas allée plus loin. Et puis après, il ne faut pas oublier qu'il y avait la barrière de la langue. C'est un pays anglophone, mais j'étais dans le sud. Donc, c'était chez les Tonga. Et je ne parle pas leur langue. Donc, j'étais quand même très, très limitée. Mais en effet, je n'ai pas vu. Et avec mes collègues, beaucoup de pudeur. On ne parlait pas de... En plus, là, j'étais vraiment en Afrique. Donc, on parle encore moins. En tout cas, avec mes collègues, on ne parlait pas de sexualité. Mais il y avait petites allusions. de manière indirecte, il y a des choses choses qui peuvent être dites et les violences quand même parce que malheureusement il y a des personnes qui pouvaient être hospitalisées des jeunes filles pour suite à des viols, des agressions, donc ça allait être... abordé tu vois, mais pas plus que ça. Je n'avais pas la réflexion que j'ai aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui je comprends. Non mais je te pose la question parce que moi justement je me suis intéressée à moi comment la sexualité était transmise et je sais que c'était notamment par des tentes, souvent c'était des tentes paternelles qui transmettait en fait non seulement la connaissance du corps, enfin des différentes étapes de la vie de l'enfant, de la jeune fille par exemple à 7 ans on essaie de sensibiliser mais via Par exemple des histoires, des mythes, on te raconte un peu comment ça se passe, comment la relation entre un homme et une femme peut se faire, mais via vraiment des histoires assez ludiques. Et après c'est plus tard, peut-être autour de 13-14 ans, quand tu commences à avoir tes règles, etc., que là on essaie un peu plus d'aller dans le détail et de t'expliquer comment ton corps fonctionne biologiquement et comment en fait, qu'est-ce qui peut se passer entre un homme et toi. Et voilà, on te sensibilise vraiment sur cet aspect-là.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant. Et là, dans ce que tu dis, tu parles des tentes paternelles. Est-ce que c'est quelque chose dans la culture rwandaise qui est vraiment prédéfinie ou est-ce que c'est parce que c'est dans ta famille que ça se passe ? Non,
- Speaker #0
c'est culturellement et je suis presque certaine que c'est dans plusieurs pays d'Afrique. Malheureusement, je ne peux pas le dire, le confirmer comme ça, mais j'en suis sûre qu'il y a en tout cas le côté. paternelle, je ne dis pas forcément les tentes, parce qu'il peut ne pas y avoir de tente, mais du moins la partie paternelle, où les cousines qui peuvent te montrer comment on fonctionne en fait. Et du coup, t'inviter toi, en tant que femme, à aller te découvrir. C'est-à-dire, c'est via les mythes que tu vas te découvrir, avoir connaissance de ton corps, que t'as des parties intimes, que ça sert à ça, que plus tard, si tu ressens telle sensation, voilà, tu ne te sens pas bizarre, c'est normal.
- Speaker #1
Moi, je pense que c'est très différent d'une... Je n'ai jamais été au Rwanda, mais d'un pays à l'autre. Et ça, c'est vrai que l'Afrique, souvent, on la voit comme un bloc. Mais en fonction de ton ethnie et de l'histoire du pays et de la religion, ce ne sont pas les mêmes histoires. Parce que, par exemple, tu vois, là, je trouve ça intéressant parce que tu me parles de ça. Mais pour moi qui suis béninoise et centrafricaine, quand j'ai été au Bénin... Nous, on nous a expliqué ces rites de passage. Donc, ce n'est pas ma famille. Ce n'est pas les parents qui vont... Oui, mais ce n'est même pas ma famille qui va initier. En fait, ma famille, en ce moment, nous, on est de Savalou, mais elle est aussi du nord du Bénin. Et ce qu'on appelle la Tata Samba, elle expliquait ces rituels, en fait, donc on ne fait pas l'excision, mais d'être dans une case. Et on initie les filles, mais par groupe. Donc, ce n'est pas du tout fait de la même manière de ce que tu es en train de décrire. Par contre, pour ma mère qui est centrafricaine et l'éducation qu'elle a pu nous donner, je sais que de très petite, c'est plutôt axé sur l'hygiène. On t'explique comment prendre soin de ton corps et des parties intimes, comment les laver, au moment des règles, on te donne des certaines. Mais ça, c'est ta propre mère qui peut te le faire, pas forcément une tante.
- Speaker #0
alors que là toi c'est c'est très différent après je pense qu'il y a des spécificités mais disons que j'imagine en tout cas qu'il y a une éducation qui est faite, bon après moi personnellement j'ai eu la chance aussi d'avoir une mère qui nous nous sensibilisait sur ces choses là qui nous disait, puis même du fait de l'exil au bout d'un moment t'as pas les temps t'as personne, t'as pas de cousine pour t'expliquer donc en tant que mère, ayant que des filles t'as pas d'autre choix que d'expliquer à tes enfants, voilà, fais attention tu peux avoir ça, tu peux avoir ci, voilà. On t'explique, quoi. Mais bon, passons cet aparté un peu, disons, culture africaine, on va dire ça comme ça. Comme tu l'as dit aussi, les afro-descendants ont certaines spécificités de part la culture, la tradition et la religion. Est-ce que tu penses qu'il serait judicieux de prendre un ethno-sexologue ? Je ne sais pas si ça se dit.
- Speaker #1
Non, ça n'existe pas.
- Speaker #0
Ou un ethno...
- Speaker #1
Non, en fait, ça n'existe pas. Ce qui existe, c'est l'ethnopsychiatrie.
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #1
Et en effet, c'était un des questionnements de mon travail, de ce mémoire, c'était de questionner les femmes, de savoir est-ce que, selon elles, les femmes noires mériteraient d'être accompagnées par des professionnels, enfin, de manière différente que les femmes blanches, parce qu'on prend dans le contexte ici, en France, dans ces sociétés, parce que... Si c'est en Afrique, ça n'a pas du tout le même intérêt ou même zéro intérêt. Donc ici, étant une femme noire qui évolue en France, est-ce qu'il faudrait que je sois pris en charge par un sexologue noir ou pas ? En gros, c'est un peu la question. Et là, les réponses ont été assez diverses. Et ce qui est plutôt ressorti, c'est de se dire que ce qui est important, c'est que la personne soit ouverte et connaisse un minimum sur les autres cultures. Et donc aussi, en sous-jacent, il y avait quand même toujours cette question du racisme. Au tout début, comme on revient au début de l'émission du Vodcast, où tu m'as posé une question sur les stéréotypes, ce qui est important, c'est que le thérapeute ou la thérapeute qui est en face de nous soit très au fait des stéréotypes qu'on peut vivre. et à cette expérience, entre guillemets, minoritaire dans ce pays, pour pouvoir apporter une réponse aussi adaptée, et puis avoir une formation peut-être interculturelle ou transculturelle, pour pouvoir aussi entendre les différences de vision de l'amour, de la relation, du couple de la personne en face. Vraiment, ce que j'insiste beaucoup et ce que je donne aussi comme conclusion, c'est de dire ne pas regarder, pour les professionnels en tout cas, juste une femme noire, afrodescendante, certes française, qui a grandi ici, en disant c'est juste une comme une autre et exclure toute question d'identité. Parce qu'on peut avoir l'air, entre guillemets, extérieurement, parce qu'on est sur les réseaux, parce qu'on est maquillé, parce qu'on s'habille moderne ou je ne sais pas quoi. L'air super ouverte. Et en fait, vivre des trucs hyper graves et ne pas être... ou peut-être vivre, souffrir de vaginisme ou d'autres choses. Et aussi, ne pas hésiter à questionner quel est le rapport à la culture d'origine de la personne. Parce que vraiment, je crois que tant qu'on ne l'a pas vraiment questionné ou à la religion, on ne se rend pas compte. Ce n'est pas la personne qui va porter un voile ou pas. Ce n'est pas parce que la personne a des signes religieux extérieurs que sa pratique est hyper intense.
- Speaker #0
C'est exact.
- Speaker #1
Ce n'est pas du tout lié. Et ça, des fois, les gens ont du mal à le comprendre. J'ai pu le voir de la part de professionnels en disant, mais oui, mais j'ai pu une collègue qui m'avait dit que nous, on était libérés parce qu'on danse en tournant le bassin. Il ne faut pas voir ça. Ce n'est pas parce que la fille, elle sait super bien danser ou twerker ou qu'elle est à l'aise avec son corps que la sexualité se passe bien. Et donc, c'est beaucoup de... Ce n'est pas facile.
- Speaker #0
Voilà,
- Speaker #1
dépasser du coup les préjugés. Donc, comme je dirais, chacun fait comme il veut. mais peut-être peu importe que vous consultez un thérapeute de la même culture que vous, que vous pensiez qu'il va vous comprendre ou pas, assurez-vous bien aussi que cette personne, elle soit au fait aussi des questions raciales. Parce que toutes et toutes, on peut avoir aussi du racisme intériorisé, de pas être... On sait pas, hein, quelle est la vie du thérapeute en face ou quel est son positionnement. Nous, pour les personnes, admettons, LGBT, c'est souvent écrit LGBT friendly, ou il y a des signes, ou il y a des centres communautaires, où du coup, tu sais que tu vas être bien accueilli, peu importe ton ton genre, ton origine, ta religion, ta culture, tout ça.
- Speaker #0
Ouais. Alors, autre sujet, à la rentrée 2025, on veut faire l'éducation affective et sexuelle, je crois qu'à partir du primaire. Qu'en penses-tu ? Qu'est-ce que t'en penses ?
- Speaker #1
C'est un sujet qui est souvent abordé aussi au travail. en tout cas moi ce qui me semble important, c'est en effet de parler de la vie affective et sexuelle. Mais comme tu l'as très bien dit en donnant l'exemple là, de ce qui se passait pour toi en fonction de l'âge, voilà, et à tout le monde, que ce soit les jeunes filles ou les garçons, parce que malheureusement, en fait, l'idée de ce programme, c'est à cause des violences que ça engendre et de l'inceste.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
À chaque fois, mince, c'est ça, j'ai oublié le chiffre, mais je crois que c'est ce... dans une classe de 20, c'est au moins deux enfants qui sont victimes. Donc, c'est quand même beaucoup. Quand on se déplace dans une classe, on sait qu'on parle. Donc, je comprends que certains parents puissent être effrayés, inquiétés, mais ce qu'il faut savoir, c'est plus, comme tu disais, apprendre aux enfants, comme tu as dit, qu'il y a des parties intimes, à quoi ça sert, mais bien sûr, toujours en fonction de l'âge. Et très petits, regarder les programmes, après... Après, je ne suis pas du tout responsable de qui va faire ça, comment on va le faire. Bien sûr, malheureusement, il y a toujours des dérives, il y a toujours des débordements. Il y en a qui vont le faire bien, d'autres moins bien. Ça, ce n'est pas moi, en tout cas. Mais dans l'éducation, puisque ce que les parents sont censés faire, beaucoup ne le font pas à cause du tabou. Et ça amène après à des catastrophes. C'est ça. Donc d'où l'intérêt. d'apprendre à l'enfant que personne ne doit te toucher, personne n'a le droit de faire ci ou ça. Toi-même, tu n'as pas le droit de forcer à aller faire des bisous à quelqu'un qui n'en veut pas. Même quand tu es à 4 ans.
- Speaker #0
Pas faire des jeux sexuels, mais des jeux secrets sur les parties intimes.
- Speaker #1
Tu n'as pas le droit non plus d'aller te déshabiller devant tout le monde dans la cour, par exemple, de récré. Ce ne sont pas des choses qui se font On ne peut pas monter. après c'est parti un team n'importe comment et ça c'est des choses en fait faut pas voir On dit éduquer sur la vie affective et sexuelle, mais il ne faut pas oublier la partie... Donc voilà, vie, c'est même relationnel, je crois, affective et sexuelle. Il ne faut pas oublier ça, relationnel. Un petit, c'est ça. Même moi, en consultation, alors que j'ai des adultes, je ne sais pas ce qu'ils font exactement. Et je ne suis pas là pour parler de position et de choses comme ça. Donc on fait vraiment en fonction des adultes. Il faut se mettre en tête surtout que l'objectif premier... C'est protéger les enfants.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
c'est ça le but c'est de protéger les enfants malheureusement d'un autre adulte ou d'une autre personne qui serait malveillante et si l'enfant il a jamais eu les codes il sait pas qu'on a pas le droit de faire ça parce que malheureusement dans les cas de viol d'inceste sur les mineurs ils font passer ça pour du jeu exactement c'est pour ça que je dis pas de jeu où on dit des petits secrets un peu étranges non non non pas de jeu sur les parties Sur les parties intimes
- Speaker #0
c'est ce que j'ai dit aux enfants t'es parti c'est parti, si quelqu'un veut faire un jeu il n'y a pas de jeu, si tu veux jouer on va dehors on va jouer aux cartes mais ça s'arrête là donc c'est très important et donc c'est ce que tu disais ça doit commencer par les parents en réalité même si je sais qu'aujourd'hui comme tu disais ça fait polémique et que le fait que ça soit à l'école, mais c'est parce qu'il y a des parents en fait qui ne le font pas et donc à un moment donné voilà j'imagine que l'état se dit on va quand même essayer de faire du travail là par exemple pour moi j'avais fait en premier
- Speaker #1
première année, mon mort sur la prostitution des mineurs, les chiffres explosent. Et c'est dès 11 ans. Des enfants qui sont prostitués très tôt. Et il faut réaliser qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, il y a des... Comme moi, je vois ma consultation ado, là, 13-25, comme je te dis. Il y en a qui ont déjà une sexualité active, qui ont déjà été abusées. Des personnes avec... Comment c'est le réseau ? Surtout Snapchat, je crois. Moi, je ne maîtrise pas bien, mais tu sais, en fait, tu peux envoyer les messages éphémère tout s'efface tout de suite donc sur ces plateformes là des adultes qui se font passer pour des enfants comme eux leur demande des photos de se dénuder de prendre des pauses et ça j'ai des petits qui viennent me parler de ça en disant en fait ça me gêne un peu qu'est ce que vous en pensez
- Speaker #0
Parce qu'ils ne savent pas trop s'ils peuvent le dire aux parents, comment le dire aux parents. Et oui, ça, il faut prévenir que non, non, non. Et parce que les enfants, ils ne comprennent pas, ils n'arrivent pas trop. Donc, ça m'a fait de la peine de devoir expliquer à cette jeune fille que c'était sûrement un adulte qui te parlait. Ce n'était pas un enfant de mon âge.
- Speaker #1
Elle a réagi ?
- Speaker #0
Non, elle a compris parce que je crois que l'école avait été alertée et tout ça. Mais malheureusement, cette personne lui a fait du chantage et détient tout. Mais elle a eu le courage d'aller en parler à sa maman. Et sa mère, elle est allée... Mais tu vois, même la maman, tu vois en quoi c'est important, elle n'était pas assez bien formée. Et du coup, sa maman n'avait pas compris que c'était un adulte. Et elle avait répondu à cette personne sur les réseaux en disant, ça ne se fait pas, mais en lui parlant comme si c'était un enfant. Sa maman n'a pas non plus su dépister que c'est probablement un adulte qui est derrière cet écran. Mais elle est très bien suivie et accompagnée par des professionnels. Il y a eu tout un travail fait avec les parents aussi pour les sensibiliser parce que c'est des écarts de génération aussi. Tu donnes un téléphone à ton enfant, mais sa maman, elle ne connaît pas les réseaux sociaux. Elle ne savait pas que ça, ça pouvait se passer. C'est vrai qu'il y a la télé, il y a les médias. Mais comme tu disais, autant que pour les livres, tout le monde ne va pas chercher cette info. Et si ce n'est pas un sujet avec lequel tu es à l'aise et que tu as envie d'aller creuser, tu ne te doutes pas. Tu vois ton enfant qui va bien, qui est gentil. Tu ne sais pas que c'est ça qui se passe pareil pour le harcèlement. je sais c'est pas mon domaine mais il y a tout un travail sur eux pas forcément le harcèlement sexuel, mais le harcèlement scolaire. J'ai l'impression que c'est quand même un problème de santé publique, actuellement, un problème sociétal.
- Speaker #1
Mais du coup, là, on parlait de l'éducation des enfants, mais peut-être qu'il faut éduquer les parents, déjà. Éduquer les parents pour qu'ils éduquent leurs enfants.
- Speaker #0
C'est ça. En fait, c'est vraiment ça. Mais c'est difficile d'éduquer un adulte.
- Speaker #1
Oui, je sais,
- Speaker #0
mais c'est le... Le sensibiliser,
- Speaker #1
parce que là, comme tu viens de dire, là, vraiment...
- Speaker #0
Mais l'adulte, il a le choix de dire non.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Alors que l'enfant, c'est pour ça qu'on se rabat plus sur l'éducation des petits. Mais il ne faut pas se décourager. Mais toi-même, tu sais qu'en fait, même là, on veut te sensibiliser, je ne sais pas moi, sur le cancer, je ne sais pas quoi. Si tu n'as pas envie d'écouter, tu ne t'écouteras pas. C'est vrai. Si tu penses que c'est un complot, que ça n'existe pas, tu ne le feras pas. C'est vrai. Si tu ne veux pas te faire dépister alors que la sécu t'envoie quand même dépistage gratuit. Mais regarde même, ne serait-ce que, par exemple, je prends un cas. dont je sais que ça fait toujours polémique, les vaccins. Oui. Voilà. Et tu ne peux rien faire. Enfin, tu ne peux rien faire. On travaille, tu fais de la prévention, tu essayes. Mais l'adulte a son libre arbitre de dire non. L'enfant, bien sûr, aussi. Mais plutôt, tu lui donnes des bonnes bases de red flag, green flag, entre guillemets, comme tu disais, les conseils que tu peux donner. Voilà. Il y a plus de chances que ça se passe mieux après en grandissant. Mais ça ne garantit rien.
- Speaker #1
Alors, à long terme, comment souhaites-tu que ce livre puisse impacter ?
- Speaker #0
Que ça puisse toucher le plus de personnes possible, autant professionnelles que pas des professionnels de la santé, des femmes, des hommes, que ça mène à des discussions. Je dirais que ça produise un pas de côté chez les gens, une réflexion, une envie de questionner peut-être sa parentalité, ou même si toi t'es pas parent, mais comment je peux en parler à mes neveux et nièces ? Avoir une attention particulière à ce sujet et lever le tabou.
- Speaker #1
Oui, merci.
- Speaker #0
Lever le tabou. Bravo,
- Speaker #1
c'est très important. OK, on arrive à la fin de cet épisode. Quel message tu souhaites partager à nos auditeurs à travers notre échange ?
- Speaker #0
Là, tout de suite, tu vois, on a parlé vraiment encore. Merci beaucoup d'énormément de choses. C'était hyper intéressant. Mais puisque c'est sur mon livre et que ta communauté sûrement s'adresse à une communauté peut-être afro-descendante aussi, envie de dire... ben Arrêtons de dire que la santé mentale, ou la psychologie, tout ça, c'est affaire de blanc, c'est des problèmes de blanc. Non, on est tous et toutes concernés. Et allez consulter. N'allez pas voir, j'ai envie de dire, les charlatans, ou allez d'abord voir des coachs. Non, allez voir votre généraliste, dites ça va pas. Allez voir les psychologues, dites ça va pas. Ou allez voir un ou une sexologue. Nous, malheureusement, ce qui ressortait dans notre communauté, c'est d'endurer la souffrance en silence. Résilience, résilience, on dirait que c'était notre mot préféré. Non, on a le droit au bonheur, tu t'appelles joie, on a le droit à la joie, on a le droit d'avoir des vieux heureux, on a le droit d'avoir une sexualité épanouie. Et aussi, arrêtons de minimiser les problèmes. Arrêtons la sexualité si c'est important pour toi. Eh bien, assume. Ce n'est pas de le crier sur le toit, mais demande, exige dans ton couple, dans ta relation, dans tes relations, une sexualité qui t'épanouit. Ça ne doit pas être un lieu de souffrance supplémentaire ou de subir en serrant les poings, en fermant les yeux, en disant, pourvu que ça passe vite, il ne faut pas... Non, ni pour les hommes, ni pour les femmes, ni pour les non-binaires, ni pour qui que tu es, que tu sois, que tu es. Ça doit être quelque chose qui doit bien se passer. Donc n'ayez pas honte de dire ça ne va pas et d'aller consulter. Il y a le secret médical, le secret professionnel, c'est confidentiel. Ça ne veut pas dire que vous allez être en thérapie pour toute votre vie. Mais comme on dit, chacun décide de là où il met un peu son argent. Nous, on sait qu'on aime s'habiller, on aime sortir, on aime danser. Donc voilà, mettez aussi un peu de sous dans la santé.
- Speaker #1
Oui, complètement. Merci beaucoup Anaïs pour ton temps. de ton livre. Alors je rappelle, le livre s'appelle « Impact des cultures des femmes afrodescendantes sur leur vie affective et sexuelle » . Donc on peut le retrouver je pense partout. Moi le mien je l'ai assis sur Amazon.
- Speaker #0
Oui, j'ai n'importe quel libraire. On peut aller chez son libraire et il peut le commander. J'ai l'éditeur qui est l'Armatan. À Paris, il est dans deux librairies principalement, à l'Armatan et chez Calypso en physique. Et après, on peut les commander en ligne sur tous les sites, même la FNAC.
- Speaker #1
Super. Et sinon, Anaïs aussi, vous pouvez la retrouver sur les réseaux sociaux au nom de AfroTexo. Pensez à aller la suivre pour connaître un peu son actualité. Et puis voilà, on a tout dit. Je te dis à la prochaine. Merci. Pour un nouvel échange peut-être. À bientôt, Anaïs.
- Speaker #0
Salut.
- Speaker #1
Merci, bye bye. Alors, déjà, un clin d'œil à Alice pour m'avoir mise en contact avec Anaïs. Ensuite, comme je l'ai dit au début, la sexualité c'est un sujet très rarement abordé dans nos communautés, il faut se le dire, en plus en France, et d'autant plus sur ce type de format, en format études, et vraiment, encore une fois, Anaïs, bravo pour ce travail, qui je pense va ouvrir la porte à d'autres pistes de réflexion, détruire certains stéréotypes, j'en suis sûre, et pourquoi pas permettra à beaucoup d'entre nous de renouer avec leur corps. et leur histoire. C'est vrai qu'on a souvent eu la sensation que parler de sexualité, c'était quelque chose d'impur et d'ailleurs on pouvait se sentir coupable rien qu'à l'idée de croire qu'une femme afro-descendante puisse éprouver du désir ou même au contraire dans d'autres cultures avec leur façon de se mouvoir, certaines femmes, on pouvait croire qu'elles étaient très libérées et du coup on se disait bah ça doit être facile pour elles la sexualité. Enfin, Moi, comme conclusion que je pourrais ajouter, c'est qu'en lisant le livre d'Anaïs à la chaide, je me suis posé ces questions et en réalité, je t'invite à en faire pareil. Je me suis dit, est-ce que déjà moi, je suis satisfaite au niveau de ma sexualité ? Est-ce que mon partenaire l'est également ? Est-ce que moi-même, j'ai déjà été fétichisée ? Et aussi, par exemple, comment les films ou les magazines... m'ont influencée dans ma façon de voir la sexualité. Et je dirais que ces questions-là m'ont permis de prendre de la hauteur sur mes relations, mais aussi de comparer avec les 27 anonymes qui ont témoigné dans le livre. Et clairement, ce que j'ai vu, c'est que la religion, sous couvert de pureté et de contrôle, est dans la vie et pour certaines, la religion avait une place si importante que ça les a même privées de s'interroger et de se connaître réellement. de savoir ce qu'elles aiment, ce qu'elles aiment moins. Et ça, honnêtement, ça a été dommage. En tout cas, cet échange, il était vraiment essentiel dans ce podcast, déjà parce qu'Anaïs a fait un travail vraiment incroyable, il faut le dire, mais parce qu'il est aussi urgent de s'interroger sur notre identité, nos cultures. Ça, c'est quelque chose que je répète dans ce podcast, mais aussi dans la façon dont l'histoire a œuvré pour que les afrodescendants portent une telle image dans nos yeux, nous-mêmes, et ceux de l'autre, finalement. Bref, j'ai envie de finir cet épisode avec trois questions qui vont, disons, t'inviter à réfléchir toi-même. La première, c'est quelles sont les bonnes bases à transmettre à nos jeunes et de quelle manière. La deuxième, ça sera comment la vie affective et sexuelle était transmise dans ta famille. dans ton groupe socioculturel, ou même tes groupes d'ailleurs, dans ton village. Tu vas certainement, je pense, te prendre des portes. Mais qui sait, on a toujours une tata, un tonton qui n'a aucun tabou et qui sera, j'en suis sûre, ravie de te partager cela. Donc voilà, tente qui ne tente rien à rien. Et la dernière, c'est à quand une étude sur les hommes afro-descendants ? La utilisation, la performance. Je pense aussi à ceux qui ne rentrent pas dans l'imaginaire de l'homme. afro-descendants et qui ne remplit pas certains de ses critères, en tout cas de l'image qu'on lui met sur l'homme noir, et surtout qui bataille à séduire certaines femmes. Enfin, si vous êtes là, déjà vous avez écouté jusque-là, n'hésitez pas à partager cet épisode autour de vous, comme d'habitude, à me donner vos impressions, vos réactions, à noter également cet épisode sur toutes les plateformes, autant Apple Podcasts, Spotify, Deezer. Amazon Music, laissez 5 étoiles, toujours, et comme ça, en réalité, on pourra continuer à interroger d'autres personnes et découvrir d'autres choses dans nos sociétés, dans nos cultures, dans nos traditions, enfin voilà, plein plein de choses. Voilà, c'était Joie pour le podcast Bamboula. À très vite les amis, bye !