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Sur les pas des personnages de romans : Avec Arsène Lupin, place du Palais-Bourbon cover
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Balades au fil des livres

Sur les pas des personnages de romans : Avec Arsène Lupin, place du Palais-Bourbon

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05min |10/12/2024
Play
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05min |10/12/2024
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Description

Cette fois-ci, François Sureau nous emmène sur les traces d'Arsène Lupin, célèbre personnage de Maurice Leblanc.


Cet épisode du podcast "Sur les pas des personnages de romans" nous plonge au début du XXème siècle, à travers les différents masques du gentleman-cambrioleur.

Grand ennemi de Sherlock Holmes, découvrez ses techniques et astuces pour lui échapper. Vous y découvrirez également des réponses à vos plus grandes questions, tel que : "Pourquoi le grand héros qu'est Arsène Lupin est-il considéré comme un sans domicile fixe ?"


Alors n'attendez plus, et laissez vous transporter par la drôle de vie d'Arsène Lupin...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle François Sureau et je continue mon exploration de Paris sur la trace des grands personnages de notre littérature, en compagnie de mon ami Vincent Decque. Et nous voici, Vincent et moi, au cœur du Faubourg Saint-Germain, parce que le héros de notre jeunesse y est souvent passé, il s'appelait Arsène Lupin. Mais notre quête est moins pratique que sentimentale. D'abord, s'il sortait de cet immeuble devant lequel nous attendons, nous ne le reconnaîtrions probablement pas, parce qu'Arsène Lupin est un redoutable transformiste. Un jour, ou plutôt un soir, c'est un clubman, élégant, sous le nom d'Horace Vellemont, en macfarlane et chapeau claque. Une autre fois, grand, maigre, malfagoté, avec des bras immenses, c'est le détective Jim Barnett. Ou, l'air d'un fonctionnaire, mais défiguré par une énorme canine, c'est Hercule Petitgris. Ou bien, c'est avec son teint rouge-brique, un gentilhomme périgourdin, Raoul Davnak. Et aussi, dans l'île aux 30 cercueils, un vieux druide. même si l'on peut espérer qu'il ne se promènerait pas dans ce quartier vêtu de lin blanc et la faucille à la main. D'ailleurs, cette affaire des domiciles d'Arsène Lupin est très discutable. Arsène Lupin est par essence le héros sans domicile fixe. En cela, il diffère évidemment de Maigret ou de Sherlock Holmes, tous deux fixés à leurs appartements respectifs, le boulevard Richard Lenoir pour l'un, le 221B Baker Street pour l'autre, comme des huîtres à leur rocher. Lupin, on le sait, a habité partout. De la prison de la Santé à la Mauritanie où il s'est fait roi, du sous-marin Kwonon Desendam à l'aiguille creuse d'Étretat, il a vécu en ermite à Capri, en légionnaire à Sidi Belabès. À Paris, ses logements, et même celui-ci devant lequel nous sommes, n'ont été au fond que des pieds à terre. Il était toujours prêt à les quitter parce qu'il était entre deux mondes. Les domiciles de Lupin sont des endroits où il peut simplement reprendre son souffle. En cela, il annonce le capitaine Haddock, qui se dit heureux à Moulinsard, costumé en hobro sans plus de désir de quitter son beau château, mais qui l'instant suivant, à la réception d'un télégramme, changé à nouveau en marin, bouscule sac au dos Nestor qui est de coutette aux portes pour repartir au loin. Je disais entre deux mondes. Et c'est bien l'une des caractéristiques d'Arsène Lupin qui est toujours en équilibre entre le jockey club et la maison d'arrêt. À son procès aux Assises, le président lui dira, je le cite : "Vous présentez ce cas assez original dans notre société moderne de n'avoir point de passé. Nous ne savons qui vous êtes, d'où vous venez, où s'est écoulée votre enfance, bref, rien". Et c'est aussi par là qu'il nous fascine, nous qui vivons une époque obsédée par les origines, les classes sociales et leurs transfuges, les assignations à résidence. Nous qui subissons à la fois une société hypermnésique et amnésique, qui ne connaît ni l'oubli ni le pardon, et c'est pourquoi Lupin, ce funambule, ne cesse de nous fasciner. Et qu'on n'aille pas croire surtout que cette liberté lui ait été facilement conquise. Lupin a connu l'humiliation et celle-ci, comme Michel Zincle l'a montré, reste le moteur de ses aventures. Il était le fils d'une aristocrate séduite et d'un professeur de boxe et n'a eu de cesse que de vouloir réconcilier les contraires. Il a donc été tour à tour et parfois en même temps voleur et chef de la sûreté, anarchiste et patriote, vagabond et grand d'Espagne. Le thème du double est partout dans sa vie, comme on le voit dans la femme aux deux sourires, dans le bouchon de cristal, dans la demoiselle aux yeux verts. Et son symbole reste l'hôtel de Mélamarre, dans la demeure mystérieuse, qui est en réalité deux hôtels, l'un à Paris et son double en banlieue. Je dois préciser pour ceux qui nous écoutent qu'on ne peut pas retrouver l'hôtel de Mélamarre. Maurice Leblanc, l'auteur des aventures d'Arsène Lupin, l'a placé rue d'Urphée, mais s'il est une rue d'Urphée à Roanne et une autre, je crois, à Nice, Paris ne connaît qu'un seul square d'Urphée situé à Auteuil. Ici, dans le 7e arrondissement. Nous sommes dans la partie aristocratique de l'aventure lupinienne. Il habite, sous le nom de Don Luis Perena, ce petit hôtel particulier aux deux places du Palais Bourbon, dans les Dents du Tigre. Mais surtout, il se sert de deux immeubles semblables, élevés à 80 mètres d'ici, aux 16 et aux 18 rues de Bourgogne, pour échapper à la police et à son rival Herlock Sholmès. On voit sur la façade, devant nous, en nous penchant un peu, le nom de l'architecte qui s'appelait Rive. Mais je vous assure que c'est Destange qui est gravé dans la pierre comme dans le livre. Faites un effort, clignez des yeux et vous verrez s'inscrire sur cette façade le nom de Destange. Un peu plus bas, en suivant la Seine, vous pourrez vous arrêter devant le 63 boulevard Voltaire où Lupin a habité le temps d'une aventure à l'entresol de l'hôtel particulier du marquis d'Erlemont. Ce qui nous fait rêver aussi, c'est que toutes ces maisons, tous ces bâtiments sont truqués. On y trouve des passages secrets. Des dispositifs optiques, des portes dérobées, des volets de fer qui s'abattent, et même un ascenseur qui crevant les plafonds se transforme en montgolfière. Mon cher Vincent Decque, il est temps de nous en aller. Lupin, là où il est, nous a vu venir, comme si nous étions des séites de l'inspecteur Gallimard. Il ne sortira pas du 2, place du Palais Bourbon. Il est loin, déjà.

Description

Cette fois-ci, François Sureau nous emmène sur les traces d'Arsène Lupin, célèbre personnage de Maurice Leblanc.


Cet épisode du podcast "Sur les pas des personnages de romans" nous plonge au début du XXème siècle, à travers les différents masques du gentleman-cambrioleur.

Grand ennemi de Sherlock Holmes, découvrez ses techniques et astuces pour lui échapper. Vous y découvrirez également des réponses à vos plus grandes questions, tel que : "Pourquoi le grand héros qu'est Arsène Lupin est-il considéré comme un sans domicile fixe ?"


Alors n'attendez plus, et laissez vous transporter par la drôle de vie d'Arsène Lupin...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle François Sureau et je continue mon exploration de Paris sur la trace des grands personnages de notre littérature, en compagnie de mon ami Vincent Decque. Et nous voici, Vincent et moi, au cœur du Faubourg Saint-Germain, parce que le héros de notre jeunesse y est souvent passé, il s'appelait Arsène Lupin. Mais notre quête est moins pratique que sentimentale. D'abord, s'il sortait de cet immeuble devant lequel nous attendons, nous ne le reconnaîtrions probablement pas, parce qu'Arsène Lupin est un redoutable transformiste. Un jour, ou plutôt un soir, c'est un clubman, élégant, sous le nom d'Horace Vellemont, en macfarlane et chapeau claque. Une autre fois, grand, maigre, malfagoté, avec des bras immenses, c'est le détective Jim Barnett. Ou, l'air d'un fonctionnaire, mais défiguré par une énorme canine, c'est Hercule Petitgris. Ou bien, c'est avec son teint rouge-brique, un gentilhomme périgourdin, Raoul Davnak. Et aussi, dans l'île aux 30 cercueils, un vieux druide. même si l'on peut espérer qu'il ne se promènerait pas dans ce quartier vêtu de lin blanc et la faucille à la main. D'ailleurs, cette affaire des domiciles d'Arsène Lupin est très discutable. Arsène Lupin est par essence le héros sans domicile fixe. En cela, il diffère évidemment de Maigret ou de Sherlock Holmes, tous deux fixés à leurs appartements respectifs, le boulevard Richard Lenoir pour l'un, le 221B Baker Street pour l'autre, comme des huîtres à leur rocher. Lupin, on le sait, a habité partout. De la prison de la Santé à la Mauritanie où il s'est fait roi, du sous-marin Kwonon Desendam à l'aiguille creuse d'Étretat, il a vécu en ermite à Capri, en légionnaire à Sidi Belabès. À Paris, ses logements, et même celui-ci devant lequel nous sommes, n'ont été au fond que des pieds à terre. Il était toujours prêt à les quitter parce qu'il était entre deux mondes. Les domiciles de Lupin sont des endroits où il peut simplement reprendre son souffle. En cela, il annonce le capitaine Haddock, qui se dit heureux à Moulinsard, costumé en hobro sans plus de désir de quitter son beau château, mais qui l'instant suivant, à la réception d'un télégramme, changé à nouveau en marin, bouscule sac au dos Nestor qui est de coutette aux portes pour repartir au loin. Je disais entre deux mondes. Et c'est bien l'une des caractéristiques d'Arsène Lupin qui est toujours en équilibre entre le jockey club et la maison d'arrêt. À son procès aux Assises, le président lui dira, je le cite : "Vous présentez ce cas assez original dans notre société moderne de n'avoir point de passé. Nous ne savons qui vous êtes, d'où vous venez, où s'est écoulée votre enfance, bref, rien". Et c'est aussi par là qu'il nous fascine, nous qui vivons une époque obsédée par les origines, les classes sociales et leurs transfuges, les assignations à résidence. Nous qui subissons à la fois une société hypermnésique et amnésique, qui ne connaît ni l'oubli ni le pardon, et c'est pourquoi Lupin, ce funambule, ne cesse de nous fasciner. Et qu'on n'aille pas croire surtout que cette liberté lui ait été facilement conquise. Lupin a connu l'humiliation et celle-ci, comme Michel Zincle l'a montré, reste le moteur de ses aventures. Il était le fils d'une aristocrate séduite et d'un professeur de boxe et n'a eu de cesse que de vouloir réconcilier les contraires. Il a donc été tour à tour et parfois en même temps voleur et chef de la sûreté, anarchiste et patriote, vagabond et grand d'Espagne. Le thème du double est partout dans sa vie, comme on le voit dans la femme aux deux sourires, dans le bouchon de cristal, dans la demoiselle aux yeux verts. Et son symbole reste l'hôtel de Mélamarre, dans la demeure mystérieuse, qui est en réalité deux hôtels, l'un à Paris et son double en banlieue. Je dois préciser pour ceux qui nous écoutent qu'on ne peut pas retrouver l'hôtel de Mélamarre. Maurice Leblanc, l'auteur des aventures d'Arsène Lupin, l'a placé rue d'Urphée, mais s'il est une rue d'Urphée à Roanne et une autre, je crois, à Nice, Paris ne connaît qu'un seul square d'Urphée situé à Auteuil. Ici, dans le 7e arrondissement. Nous sommes dans la partie aristocratique de l'aventure lupinienne. Il habite, sous le nom de Don Luis Perena, ce petit hôtel particulier aux deux places du Palais Bourbon, dans les Dents du Tigre. Mais surtout, il se sert de deux immeubles semblables, élevés à 80 mètres d'ici, aux 16 et aux 18 rues de Bourgogne, pour échapper à la police et à son rival Herlock Sholmès. On voit sur la façade, devant nous, en nous penchant un peu, le nom de l'architecte qui s'appelait Rive. Mais je vous assure que c'est Destange qui est gravé dans la pierre comme dans le livre. Faites un effort, clignez des yeux et vous verrez s'inscrire sur cette façade le nom de Destange. Un peu plus bas, en suivant la Seine, vous pourrez vous arrêter devant le 63 boulevard Voltaire où Lupin a habité le temps d'une aventure à l'entresol de l'hôtel particulier du marquis d'Erlemont. Ce qui nous fait rêver aussi, c'est que toutes ces maisons, tous ces bâtiments sont truqués. On y trouve des passages secrets. Des dispositifs optiques, des portes dérobées, des volets de fer qui s'abattent, et même un ascenseur qui crevant les plafonds se transforme en montgolfière. Mon cher Vincent Decque, il est temps de nous en aller. Lupin, là où il est, nous a vu venir, comme si nous étions des séites de l'inspecteur Gallimard. Il ne sortira pas du 2, place du Palais Bourbon. Il est loin, déjà.

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Cette fois-ci, François Sureau nous emmène sur les traces d'Arsène Lupin, célèbre personnage de Maurice Leblanc.


Cet épisode du podcast "Sur les pas des personnages de romans" nous plonge au début du XXème siècle, à travers les différents masques du gentleman-cambrioleur.

Grand ennemi de Sherlock Holmes, découvrez ses techniques et astuces pour lui échapper. Vous y découvrirez également des réponses à vos plus grandes questions, tel que : "Pourquoi le grand héros qu'est Arsène Lupin est-il considéré comme un sans domicile fixe ?"


Alors n'attendez plus, et laissez vous transporter par la drôle de vie d'Arsène Lupin...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle François Sureau et je continue mon exploration de Paris sur la trace des grands personnages de notre littérature, en compagnie de mon ami Vincent Decque. Et nous voici, Vincent et moi, au cœur du Faubourg Saint-Germain, parce que le héros de notre jeunesse y est souvent passé, il s'appelait Arsène Lupin. Mais notre quête est moins pratique que sentimentale. D'abord, s'il sortait de cet immeuble devant lequel nous attendons, nous ne le reconnaîtrions probablement pas, parce qu'Arsène Lupin est un redoutable transformiste. Un jour, ou plutôt un soir, c'est un clubman, élégant, sous le nom d'Horace Vellemont, en macfarlane et chapeau claque. Une autre fois, grand, maigre, malfagoté, avec des bras immenses, c'est le détective Jim Barnett. Ou, l'air d'un fonctionnaire, mais défiguré par une énorme canine, c'est Hercule Petitgris. Ou bien, c'est avec son teint rouge-brique, un gentilhomme périgourdin, Raoul Davnak. Et aussi, dans l'île aux 30 cercueils, un vieux druide. même si l'on peut espérer qu'il ne se promènerait pas dans ce quartier vêtu de lin blanc et la faucille à la main. D'ailleurs, cette affaire des domiciles d'Arsène Lupin est très discutable. Arsène Lupin est par essence le héros sans domicile fixe. En cela, il diffère évidemment de Maigret ou de Sherlock Holmes, tous deux fixés à leurs appartements respectifs, le boulevard Richard Lenoir pour l'un, le 221B Baker Street pour l'autre, comme des huîtres à leur rocher. Lupin, on le sait, a habité partout. De la prison de la Santé à la Mauritanie où il s'est fait roi, du sous-marin Kwonon Desendam à l'aiguille creuse d'Étretat, il a vécu en ermite à Capri, en légionnaire à Sidi Belabès. À Paris, ses logements, et même celui-ci devant lequel nous sommes, n'ont été au fond que des pieds à terre. Il était toujours prêt à les quitter parce qu'il était entre deux mondes. Les domiciles de Lupin sont des endroits où il peut simplement reprendre son souffle. En cela, il annonce le capitaine Haddock, qui se dit heureux à Moulinsard, costumé en hobro sans plus de désir de quitter son beau château, mais qui l'instant suivant, à la réception d'un télégramme, changé à nouveau en marin, bouscule sac au dos Nestor qui est de coutette aux portes pour repartir au loin. Je disais entre deux mondes. Et c'est bien l'une des caractéristiques d'Arsène Lupin qui est toujours en équilibre entre le jockey club et la maison d'arrêt. À son procès aux Assises, le président lui dira, je le cite : "Vous présentez ce cas assez original dans notre société moderne de n'avoir point de passé. Nous ne savons qui vous êtes, d'où vous venez, où s'est écoulée votre enfance, bref, rien". Et c'est aussi par là qu'il nous fascine, nous qui vivons une époque obsédée par les origines, les classes sociales et leurs transfuges, les assignations à résidence. Nous qui subissons à la fois une société hypermnésique et amnésique, qui ne connaît ni l'oubli ni le pardon, et c'est pourquoi Lupin, ce funambule, ne cesse de nous fasciner. Et qu'on n'aille pas croire surtout que cette liberté lui ait été facilement conquise. Lupin a connu l'humiliation et celle-ci, comme Michel Zincle l'a montré, reste le moteur de ses aventures. Il était le fils d'une aristocrate séduite et d'un professeur de boxe et n'a eu de cesse que de vouloir réconcilier les contraires. Il a donc été tour à tour et parfois en même temps voleur et chef de la sûreté, anarchiste et patriote, vagabond et grand d'Espagne. Le thème du double est partout dans sa vie, comme on le voit dans la femme aux deux sourires, dans le bouchon de cristal, dans la demoiselle aux yeux verts. Et son symbole reste l'hôtel de Mélamarre, dans la demeure mystérieuse, qui est en réalité deux hôtels, l'un à Paris et son double en banlieue. Je dois préciser pour ceux qui nous écoutent qu'on ne peut pas retrouver l'hôtel de Mélamarre. Maurice Leblanc, l'auteur des aventures d'Arsène Lupin, l'a placé rue d'Urphée, mais s'il est une rue d'Urphée à Roanne et une autre, je crois, à Nice, Paris ne connaît qu'un seul square d'Urphée situé à Auteuil. Ici, dans le 7e arrondissement. Nous sommes dans la partie aristocratique de l'aventure lupinienne. Il habite, sous le nom de Don Luis Perena, ce petit hôtel particulier aux deux places du Palais Bourbon, dans les Dents du Tigre. Mais surtout, il se sert de deux immeubles semblables, élevés à 80 mètres d'ici, aux 16 et aux 18 rues de Bourgogne, pour échapper à la police et à son rival Herlock Sholmès. On voit sur la façade, devant nous, en nous penchant un peu, le nom de l'architecte qui s'appelait Rive. Mais je vous assure que c'est Destange qui est gravé dans la pierre comme dans le livre. Faites un effort, clignez des yeux et vous verrez s'inscrire sur cette façade le nom de Destange. Un peu plus bas, en suivant la Seine, vous pourrez vous arrêter devant le 63 boulevard Voltaire où Lupin a habité le temps d'une aventure à l'entresol de l'hôtel particulier du marquis d'Erlemont. Ce qui nous fait rêver aussi, c'est que toutes ces maisons, tous ces bâtiments sont truqués. On y trouve des passages secrets. Des dispositifs optiques, des portes dérobées, des volets de fer qui s'abattent, et même un ascenseur qui crevant les plafonds se transforme en montgolfière. Mon cher Vincent Decque, il est temps de nous en aller. Lupin, là où il est, nous a vu venir, comme si nous étions des séites de l'inspecteur Gallimard. Il ne sortira pas du 2, place du Palais Bourbon. Il est loin, déjà.

Description

Cette fois-ci, François Sureau nous emmène sur les traces d'Arsène Lupin, célèbre personnage de Maurice Leblanc.


Cet épisode du podcast "Sur les pas des personnages de romans" nous plonge au début du XXème siècle, à travers les différents masques du gentleman-cambrioleur.

Grand ennemi de Sherlock Holmes, découvrez ses techniques et astuces pour lui échapper. Vous y découvrirez également des réponses à vos plus grandes questions, tel que : "Pourquoi le grand héros qu'est Arsène Lupin est-il considéré comme un sans domicile fixe ?"


Alors n'attendez plus, et laissez vous transporter par la drôle de vie d'Arsène Lupin...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle François Sureau et je continue mon exploration de Paris sur la trace des grands personnages de notre littérature, en compagnie de mon ami Vincent Decque. Et nous voici, Vincent et moi, au cœur du Faubourg Saint-Germain, parce que le héros de notre jeunesse y est souvent passé, il s'appelait Arsène Lupin. Mais notre quête est moins pratique que sentimentale. D'abord, s'il sortait de cet immeuble devant lequel nous attendons, nous ne le reconnaîtrions probablement pas, parce qu'Arsène Lupin est un redoutable transformiste. Un jour, ou plutôt un soir, c'est un clubman, élégant, sous le nom d'Horace Vellemont, en macfarlane et chapeau claque. Une autre fois, grand, maigre, malfagoté, avec des bras immenses, c'est le détective Jim Barnett. Ou, l'air d'un fonctionnaire, mais défiguré par une énorme canine, c'est Hercule Petitgris. Ou bien, c'est avec son teint rouge-brique, un gentilhomme périgourdin, Raoul Davnak. Et aussi, dans l'île aux 30 cercueils, un vieux druide. même si l'on peut espérer qu'il ne se promènerait pas dans ce quartier vêtu de lin blanc et la faucille à la main. D'ailleurs, cette affaire des domiciles d'Arsène Lupin est très discutable. Arsène Lupin est par essence le héros sans domicile fixe. En cela, il diffère évidemment de Maigret ou de Sherlock Holmes, tous deux fixés à leurs appartements respectifs, le boulevard Richard Lenoir pour l'un, le 221B Baker Street pour l'autre, comme des huîtres à leur rocher. Lupin, on le sait, a habité partout. De la prison de la Santé à la Mauritanie où il s'est fait roi, du sous-marin Kwonon Desendam à l'aiguille creuse d'Étretat, il a vécu en ermite à Capri, en légionnaire à Sidi Belabès. À Paris, ses logements, et même celui-ci devant lequel nous sommes, n'ont été au fond que des pieds à terre. Il était toujours prêt à les quitter parce qu'il était entre deux mondes. Les domiciles de Lupin sont des endroits où il peut simplement reprendre son souffle. En cela, il annonce le capitaine Haddock, qui se dit heureux à Moulinsard, costumé en hobro sans plus de désir de quitter son beau château, mais qui l'instant suivant, à la réception d'un télégramme, changé à nouveau en marin, bouscule sac au dos Nestor qui est de coutette aux portes pour repartir au loin. Je disais entre deux mondes. Et c'est bien l'une des caractéristiques d'Arsène Lupin qui est toujours en équilibre entre le jockey club et la maison d'arrêt. À son procès aux Assises, le président lui dira, je le cite : "Vous présentez ce cas assez original dans notre société moderne de n'avoir point de passé. Nous ne savons qui vous êtes, d'où vous venez, où s'est écoulée votre enfance, bref, rien". Et c'est aussi par là qu'il nous fascine, nous qui vivons une époque obsédée par les origines, les classes sociales et leurs transfuges, les assignations à résidence. Nous qui subissons à la fois une société hypermnésique et amnésique, qui ne connaît ni l'oubli ni le pardon, et c'est pourquoi Lupin, ce funambule, ne cesse de nous fasciner. Et qu'on n'aille pas croire surtout que cette liberté lui ait été facilement conquise. Lupin a connu l'humiliation et celle-ci, comme Michel Zincle l'a montré, reste le moteur de ses aventures. Il était le fils d'une aristocrate séduite et d'un professeur de boxe et n'a eu de cesse que de vouloir réconcilier les contraires. Il a donc été tour à tour et parfois en même temps voleur et chef de la sûreté, anarchiste et patriote, vagabond et grand d'Espagne. Le thème du double est partout dans sa vie, comme on le voit dans la femme aux deux sourires, dans le bouchon de cristal, dans la demoiselle aux yeux verts. Et son symbole reste l'hôtel de Mélamarre, dans la demeure mystérieuse, qui est en réalité deux hôtels, l'un à Paris et son double en banlieue. Je dois préciser pour ceux qui nous écoutent qu'on ne peut pas retrouver l'hôtel de Mélamarre. Maurice Leblanc, l'auteur des aventures d'Arsène Lupin, l'a placé rue d'Urphée, mais s'il est une rue d'Urphée à Roanne et une autre, je crois, à Nice, Paris ne connaît qu'un seul square d'Urphée situé à Auteuil. Ici, dans le 7e arrondissement. Nous sommes dans la partie aristocratique de l'aventure lupinienne. Il habite, sous le nom de Don Luis Perena, ce petit hôtel particulier aux deux places du Palais Bourbon, dans les Dents du Tigre. Mais surtout, il se sert de deux immeubles semblables, élevés à 80 mètres d'ici, aux 16 et aux 18 rues de Bourgogne, pour échapper à la police et à son rival Herlock Sholmès. On voit sur la façade, devant nous, en nous penchant un peu, le nom de l'architecte qui s'appelait Rive. Mais je vous assure que c'est Destange qui est gravé dans la pierre comme dans le livre. Faites un effort, clignez des yeux et vous verrez s'inscrire sur cette façade le nom de Destange. Un peu plus bas, en suivant la Seine, vous pourrez vous arrêter devant le 63 boulevard Voltaire où Lupin a habité le temps d'une aventure à l'entresol de l'hôtel particulier du marquis d'Erlemont. Ce qui nous fait rêver aussi, c'est que toutes ces maisons, tous ces bâtiments sont truqués. On y trouve des passages secrets. Des dispositifs optiques, des portes dérobées, des volets de fer qui s'abattent, et même un ascenseur qui crevant les plafonds se transforme en montgolfière. Mon cher Vincent Decque, il est temps de nous en aller. Lupin, là où il est, nous a vu venir, comme si nous étions des séites de l'inspecteur Gallimard. Il ne sortira pas du 2, place du Palais Bourbon. Il est loin, déjà.

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