- Maëva
Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, est complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont, où ils sont, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie. Oui, alors bonjour, merci beaucoup Rebecca. Donc je suis Maëva, j'ai 31 ans, j'ai un enfant qui a eu 2 ans au mois d'octobre et c'est mon seul enfant.
- Rébecca
Ok, d'accord. Et alors première question que je pose à chaque fois, est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta grossesse ? Que c'était quelque chose qui te donnait envie, qui te faisait peur ?
- Maëva
Oui. En fait, très vite, j'ai eu envie d'accoucher le plus naturellement possible. Alors qu'avant, c'est quelque chose qui m'effrayait avant d'être enceinte, avant même d'être dans le schéma de la conception d'avoir un enfant. Ça m'effrayait et je suis tombée enceinte. Et très vite, j'ai voulu mettre toutes mes chances de mon côté pour accoucher en physio, pour... En fait, j'avais envie de vivre cette expérience de dépassement de soi. J'avais envie de ressentir tout ce qu'on pouvait ressentir, toute cette force féminine qu'on avait en soi pour mettre au monde un enfant.
- Rébecca
Ok. Et ça, c'était quelque chose que tu avais vu sur les réseaux ? Tu t'étais renseignée ou c'était naturellement, ça t'est venu ?
- Maëva
Un petit peu des deux. En fait, j'ai commencé à y penser à comment j'aimerais bien vouloir accoucher. Et après, j'en ai très vite parlé un petit peu autour de moi, des femmes qui avaient accouché, notamment ma belle-sœur qui avait eu deux accouchements, qui m'avait un petit peu raconté. Et après, oui, j'ai suivi des influenceuses qui parlaient de ça. Et après, j'en ai parlé à Massage Femme, etc. Donc après, je me suis beaucoup renseignée, j'ai beaucoup lu. Et du coup, en fait, plus je lisais de choses, plus je lisais des témoignages de femmes qui avaient accouché naturellement. Je trouvais ça fascinant de se dire qu'on pouvait le faire, qu'on savait le faire et qu'en étant bien accompagné, bien préparé, on allait pouvoir vraiment mettre au monde son enfant et de l'accompagner, de tout sentir et je trouvais ça incroyable à faire.
- Rébecca
Ok, d'accord. Bon alors si on revient un tout petit peu en arrière du coup, est-ce que tu tombes enceinte rapidement, facilement entre guillemets ?
- Maëva
Alors, sur le coup, ça paraît toujours une éternité. Oui, quand on a lancé le projet bébé,
- Rébecca
on veut que ça arrive tout de suite.
- Maëva
Voilà, j'ai mis six mois à tomber enceinte, donc je sais que c'est plutôt rapide par rapport à la moyenne. Après, c'est vrai que sur le coup, c'est un vrai sujet, la pression qu'on a par rapport à ça. Mais on va dire que oui, globalement, je suis tombée enceinte assez rapidement, au bout de six mois.
- Rébecca
Ok, d'accord. Donc quand même un petit délai, ce n'est pas non plus instantané.
- Maëva
Non, non, non.
- Rébecca
Ok, d'accord. Et comment se passe ta grossesse ? Alors, c'est les premières semaines, les premiers mois, comment ça se passe ?
- Maëva
Première semaine, je découvre tous les changements hormonaux. Donc j'ai des nausées, mais ça va, je suis très, très, très fatiguée. Mais très vite, en fait, j'ai plein de douleurs, j'ai mal au dos, j'ai des tiraillements dans le bas de... du ventre, donc dans l'utérus. Et voilà, j'ai pas une... Dès le début, j'ai pas une grossesse... Je sens que je suis enceinte, quoi. Je sens, ça impacte mon quotidien, vraiment.
- Rébecca
Ouais, ça coule pas de source.
- Maëva
Non.
- Rébecca
OK. Et au niveau des nausées, des symptômes, tout ça, pareil, c'est assez dur ?
- Maëva
C'est assez dur, j'ai un traitement. Et puis, en fait, plus on avance dans la grossesse, plus c'est difficile. J'ai du diabète gestationnel. au bout du quatrième mois quand je fais le test. Donc là, on passe dans un autre monde parce que moi, j'étais déjà très stressée par rapport à la nourriture. Faire attention à la toxo, mon checrue, etc. Tout nettoyer, ça me stressait déjà. Et en plus, du coup, diabète gestationnel où je dois me piquer trois fois par jour, tout contrôler. Du coup, la nourriture, c'est devenu une obsession. C'était un petit peu difficile sur ça. Après, j'avais très mal au dos. J'ai pris beaucoup de poids. Je gonflais. J'avais de la rétention d'eau. Ce n'était pas agréable du tout.
- Rébecca
Ok, d'accord. Sur le plan médical, est-ce qu'on trouve des causes à ce mal de dos ? Ou c'est juste le début de grossesse ?
- Maëva
Non, il n'y a rien. C'est mon corps. Je pense que c'est mon corps. Il travaille beaucoup. Et voilà, j'ai ça comme symptôme. Ok.
- Rébecca
Et donc du coup, tu commences à te préparer, à te mettre dans le bain pour un accouchement physio. Tu suis des préparations particulières ?
- Maëva
J'achète un livre direct sur la naissance physio. Et j'achète une BD. Je ne me rappelle plus comment elle s'appelle, mais elle est hyper connue, Accoucher naturellement, ou une BD qui est hyper bien faite. Et ça me convainc encore plus. Je me dis, waouh, j'ai trop envie de vivre ça. Et comment c'est illustré, ça ne te semble pas facile, mais tu sais que tu peux y arriver si tout va bien. Ok. Mais au final, cette période un peu d'insouciance, où je me dis, bon allez, je vais tout faire pour accoucher en physio, elle s'arrête assez rapidement quand même.
- Rébecca
D'accord. Et qu'est-ce qui se passe justement ?
- Maëva
À la deuxième écho, donc j'ai la toute première écho de datation, et ensuite à la deuxième écho qui... première écho, on va dire. Très vite, on me dit que j'ai un placenta prévia. Donc, je ne sais pas ce que c'est. Et du coup, on m'explique que c'est un placenta qui vient recouvrir, en fait, et qui bouche la sortie du col de l'utérus. Et donc, quand on a ça, les accouchements par voie basse, c'est impossible parce que c'est trop dangereux. Mais voilà, c'est la première écho. Et donc, on me dit que ça peut toujours bouger. Mais c'est là. Donc déjà, je sens que ça ne va pas se passer comme je rêvais que ça se passe. Et je prends ça en compte. Et en fait, ce qui est assez étrange, c'est que dans toute ma préparation au cours d'accouchement avec Massage Femme, il y a ça qui est posé. Mais on continue de faire les cours de préparation à l'accouchement. Comme si on avait encore espoir que ça change.
- Rébecca
Ok. Et concrètement, ça peut changer jusqu'à quand du coup ?
- Maëva
Ça peut bouger jusqu'à la fin en fait, ça dépend. Il peut être partiellement recouvrant ou totalement recouvrant. Dans les cas où c'est totalement recouvrant, je ne suis pas médecin, je ne veux pas dire de bêtises, mais c'est plutôt rare quand ça change du tout au tout. Et après quand c'est partiellement recouvert, vu que tout bouge, à tout moment ça peut bouger. Mais déjà quand c'est partiellement recouvert... On ne peut pas espérer à ce que la voie soit complètement dégagée et que le placenta soit assez éloigné pour pouvoir envisager un accouchement en voie basse sans risque.
- Rébecca
Ok, donc ce n'est même pas une question de péridurale ou quoi que ce soit, c'est directement césarienne ou alors hystécale et tout va bien ?
- Maëva
Oui, c'est ça. C'est là où on doit être, c'est césarienne programmée parce que justement, Moi, en plus dans mon cas, vu que j'ai du diabète gestationnel, on ne peut pas faire naître les bébés à terme parce que plus ils naissent à terme, plus ils sont gros et ça peut poser problème. Et donc, du coup, on trouve aussi une date un petit peu avant le terme.
- Rébecca
Ok. Donc là, plus les semaines passent et plus tu te profiles vers une césarienne.
- Maëva
Oui. Et j'ai la décision, le verdict final au mois de juillet où là j'ai une écho parce que du coup quand on a une place un temps prévient on a plus de plus d'écho graphique la moyenne et de la normale pour justement contrôler et et donc au mois de juillet là on dit non là il ya très très très peu de chances que ça bouge et même si ça bougeait ce serait trop risqué parce que ce sera encore trop près donc là c'est une césarienne programmée c'est sûr et là vraiment j'ai je commence un processus de deuil parce que Je me mets à pleurer, mais pendant des semaines, je pleure tous les jours. Et je n'arrive pas à me sortir ça de la tête. Cette écho, là où on me dit que c'est sûr, je n'arrive même pas à entendre ce qu'on me dit sur mon bébé, les mesures, que tout va bien. Je n'entends même pas ça. D'ailleurs, après, j'ai culpabilisé de n'avoir pas écouté ce qu'on me disait, de ne pas avoir vécu cette échographie pleinement. Mais... Je suis dans un mood où on m'arrache mon rêve et moi j'ai toujours voulu qu'un seul enfant. Donc je sais que c'est un peu ma seule chance et que là, ça n'arrivera jamais. ok ouais en fait rien que l'idée de pas vivre l'accouchement dont tu rêvais ça te chamboule complètement quoi oui c'est ça et c'est surtout de pas avoir l'occasion d'essayer parce que je sais très bien que même si on projette, on idéalise on a envie de certaines choses en accouchement il y a mille raisons pour que ça se passe pas comme on avait prévu mais là c'est juste que je n'ai même pas cette occasion d'essayer on m'impose en fait comment va naître mon enfant... Et ce que j'ai trouvé très dur aussi, c'est que du coup, quand c'est une césarienne programmée, tu choisis la date. On te propose des dates comme un rendez-vous, en fait. Vous êtes disponible telle date, telle date. Du coup, on choisit la date de naissance de notre enfant. Et en fait, c'était aussi tout un processus de deuil sur tout ce que tu as idéalisé toutes ces années en t'imaginant devenir mère un jour, en créant ta famille. Et du coup, c'est cette partie de la naissance qui… qui est quand même un sujet assez stressant pour beaucoup de femmes, tout ça, ça s'annule en deux mots. Plaçante après via, c'est ça qui fait que je ne peux pas faire ce que je veux.
- Rébecca
Oui, et puis c'est aussi le deuil de je perds la poche des os, je perds les os, qu'est-ce qu'on fait ? On va à la surprise,
- Maëva
là,
- Rébecca
tel jour, telle heure quasiment, on peut avoir un bébé dans les bras et voilà, ça sera fait.
- Maëva
C'est ça. tu n'as pas les contractions, le stress, tu ne peux pas te dire je vais préparer ma valise de maternité en avance, tu le sais quand tu vas devoir aller à l'hôpital. Tout ça c'était un vrai processus de deuil et ça m'a quand même impacté, ça a quand même vraiment impacté mon moral de trois mois, donc sur neuf mois de grossesse, un tiers.
- Rébecca
Un bon tiers où tu n'étais vraiment pas bien.
- Maëva
Ouais.
- Rébecca
Ok. Et est-ce que tu as l'occasion de te préparer à cette césarienne ? Est-ce que tu as l'occasion que quelqu'un te dise comment ça va se passer ou te prépare à l'idée que tu vas avoir une cicatrice, que ça... Voilà, psychologiquement, presque physiquement, ou est-ce qu'on te laisse un peu en mode, bon, vous viendrez tel jour, telle heure, et puis on verra bien ce qui se passe ?
- Maëva
Alors, l'obstétricien, il m'explique quand même comment ça va se passer. Mais moi j'anticipe et je cherche une doula, sophrologue, quelqu'un qui peut m'aider, qui va se concentrer que sur moi et qui va comprendre, enfin qui va savoir comment m'aider. Et du coup j'en trouve une et je fais plusieurs séances avec elle qui m'aide beaucoup. Elle a vraiment été d'un grand soutien et en fait déjà elle m'aide à accepter la situation. Et surtout, en fait, elle me fait faire des exercices de visualisation qui m'aident énormément. Et sans ça, je pense que j'aurais passé des mois et des mois à ne pas dormir, à stresser, parce que j'ai peur de tout ce qui est médicalisé, des opérations. Vraiment, je n'aime pas ça. Enfin, ce n'est pas que je n'aime pas ça, c'est que j'ai peur. Et du coup, grâce à elle, elle me fait faire de la méditation. Je ne me contente pas des rendez-vous avec l'obstétricien parce que je sais que ce n'est pas assez pour moi.
- Rébecca
Ok, d'accord. Et ça t'aide vraiment ? Tu sens quand même un mieux ?
- Maëva
Oui, oui, oui. À tel point que tous les soirs pendant un mois, à partir du moment où j'ai eu la date, Tous les soirs, je fais ces exercices de visualisation. J'en parle énormément avec mon chéri. Je lui dis aussi de quoi je vais avoir besoin dans la salle parce que je sais que lui aussi, ça va être impressionnant pour lui parce qu'il ne s'est jamais fait opérer. C'est la première fois qu'il va rentrer dans un bloc opératoire dans ces circonstances-là. J'ai aussi besoin que lui soit préparé et qu'il sache que là, je vais avoir besoin de ça et ça à tel moment. Et pour... que tout se passe au mieux pour nous deux.
- Rébecca
Ok, d'accord. Est-ce que tu dirais que tu serais, que tu étais un peu sereine, entre guillemets, à l'idée de cette opération qui arrivait, de cette naissance qui arrivait ?
- Maëva
J'arrive sereine. Je sais que je rentre le dimanche soir à la maternité. La soirée, je suis un petit peu stressée. La nuit, je cogite beaucoup. Le matin, je fais de la méditation, je mets en pratique tout ce que Madhula m'a conseillé. Je quitte la chambre, je suis sereine. Je me dis que ça va aller, que c'est cette naissance qu'on va avoir et que ça va bien se passer. tout fait de mon côté pour que ça se passe au mieux. Donc là, c'est plus entre mes mains, mais que ça va le faire.
- Rébecca
Ok. Et du coup, comment ça se passe alors ?
- Maëva
Du coup, tout va bien jusqu'à ce que je rentre dans le bloc opératoire. En fait, je suis en fauteuil roulant. Ils ouvrent la porte et là, je vois et je switch, je vrille, je perds le contrôle. C'est exactement tout ce que je craignais. C'est sombre. Il fait hyper froid dans un bloc opératoire. Et il y a déjà des gens qui sont en train de préparer la table. C'est une table en acier, en plein milieu, comme ça, avec une lumière au-dessus. Enfin, je n'arrive pas à concevoir que je vais mettre au monde mon enfant là. Et du coup, après, tout s'enchaîne. Je suis vraiment à l'ouest parce que je commence à paniquer, je le sens. Et on m'assoit sur la table. Et on me branche, on me branche de partout, on me fait une croix dans le dos pour la rachis anesthésie. On me fait une petite anesthésie locale et là on me fait cette fameuse rachis anesthésie que j'ai trouvé très très douloureuse. Et en fait autour de moi j'ai quatre personnes, j'ai l'infirmière, j'ai l'anesthésiste et j'ai les deux infirmiers sûrement qui me préparent. Et en fait tout s'enchaîne, je me sens comme un pantin en fait, complètement démuni de contrôle. j'ai rien, je subis tout et puis l'anesthésie commence à faire effet et donc c'est la première fois que je je perds la sensation de la moitié de mon corps et donc là je peux plus rien faire, on commence à me sonder mais je sens quand même qu'on me sonde donc c'est douloureux aussi et là en fait deux personnes me parlent en même temps, l'anesthésiste, l'infirmière, on me touche et en fait tout ça c'est trop pour moi, c'est trop, je n'arrive pas et je commence à faire une crise d'angoisse Et je commence à pleurer. Et c'est à ce moment-là que mon chéri Fabien arrive. Et Fabien, je lui avais demandé d'amener une petite enceinte pour mettre une certaine musique qui était censée m'apaiser. Et en fait, il rentre, on se voit et il comprend. Il comprend que là, ça ne va pas. Et je lui dis, pas la musique. Donc, on annule tous nos plans. Et là, il... heureusement qu'il est là il sait il me connaît très bien il sait que là j'ai besoin de lui j'ai besoin qu'il soit là j'ai besoin qui me rassure et j'ai besoin de sa voix j'ai besoin de le sentir et du coup là fabien il approche et il me tient la main et il me rassure il me fait des bisous et voilà il m'explique en fait tout ce qui se passe et ça ça crée quand même un petit peu de calme dans ce chaos qui a autour de moi et voilà ça se passe comme ça et en fait donc c'est on sent rien avec l'arachie anesthésie et je fabien là me quitte s'éloigne et donc je comprends là que notre enfant est né il je l'entends pas encore pleurer donc j'ai ce stress de quoi
- Rébecca
il pleure pas comme dans les films un peu je crois il a on l'entend pas pleurer et juste je te coupe une seconde et a rien senti du tout t'as pas senti ce moment
- Maëva
tu sors le bébé sans avoir mal mais en ressentant juste les sensations en fait tu sens ce que j'ai senti j'ai eu l'impression que l'obstétricien s'était allongé sur moi pour me sortir mon bébé j'ai eu le souffle coupé en fait j'ai l'impression d'avoir un poids énorme sur mon ventre pour faire sortir ça mais pas de douleur juste cette sensation d'oppression vous êtes sur moi j'arrive plus à respirer quoi ok oui toi c'est plus le fait que ton mari il va me le dire ton conjoint parte qui te fait prendre conscience que ton bébé est né c'est pas tant que ça soit la sensation non parce que sur le coup en fait vu que on sent un peu quand même notre corps qui balance et moi je décide de ne pas me concentrer sur ce qu'il s'est en train de me faire parce que si je me concentre sur ça je prends conscience de ce qui se passe et de l'opération que c'est, des ouvertures je ne peux pas, je sais que si je me concentre sur ça je vais briller... Donc je me concentre sur Fabien et c'est au moment où il part, où je me dis c'est bon il est né et c'est quand il revient, là il me quitte, c'est mon chéri, il revient, c'est un papa. Et voilà, c'était très intense. Et donc du coup il a notre petit bébé dans les bras et il a juste le temps de coller son visage au mien, donc je ne le vois pas, juste on se... colle comme ça et je pense que l'instant dure quelques secondes et en fait là je commence à pas aller bien J'ai très envie de vomir, j'ai peur de vomir sur le bébé. Et donc je dis, je ne me sens pas bien, je vais vomir. Et en fait, là, j'ai l'impression que tout s'accélère de nouveau, que tout le monde s'affaire autour de moi. Et en plus, ils font sortir Fabien et notre fils. Et donc j'ai cette vision de lui qui sort et moi qui reste dans cette pièce froide. au milieu de tout le monde et je sens en fait que là je me sens pas bien, je m'évanouis je reviens j'ai soif, je me sens très faible et tout ça ça dure hyper longtemps et ça tu le dis,
- Rébecca
est-ce que tu vois qu'on s'affaire un peu autour de toi un peu plus ou est-ce que tu te sens un peu toute seule de ton côté pendant ton contre-coup et compagnie
- Maëva
Non, je sens qu'en fait, ils sont tous passés de l'autre côté, dans le bas de mon corps en fait, que j'ai juste une infirmière qui me parle et en fait, je sens que... Enfin, j'entends que je fais une hémorragie et que... Mais je sens qu'il y a autre chose parce qu'ils chuchotent un peu dans leur coin et... Enfin, entre eux, je pense que c'est pour pas m'inquiéter. Mais en fait, très vite, on me branche, on me met de l'oxygène, on me met une eau de perfusion et on m'emmène dans une salle... Dans une salle... par une salle de soins, en fait, exprès. Et là, en fait, j'ai trois infirmières qui m'appuient avec leurs deux mains chacune sur mon ventre pour faire sortir du sang, en fait. Et elles sortent des serviettes imbibées de sang. Et là, en fait, moi, je m'évanouis parce que j'ai l'impression que c'est un cauchemar que je suis en train de vivre. Et je ne pense qu'à une chose, c'est de boire. tellement soif, j'ai tellement soif et on peut pas, j'ai pas le droit de boire et en fait je sais pas pourquoi je me raccroche à cette idée, je ne pense qu'à un verre d'eau, un verre de soda quelque chose qui me ferait du bien là tout de suite ok, d'accord et donc toi tu t'évanouis à ce moment là tu te réveilles rapidement ouais en fait je fais que des petites mini pertes de connaissances je m'évanouis comme si mon esprit me disait non là je peux pas supporter et je reviens et je suis toujours euh Plus ça va, plus je me sens faible. Et en fait, au bout de quelques heures comme ça, on me... Ah oui,
- Rébecca
quelques heures comme ça quand même.
- Maëva
Oui, je reste longtemps en fait. Je reste longtemps. Les infirmières, elles viennent m'appuyer sur le ventre comme ça plusieurs fois, je pense toutes les demi-heures. Et on prend ma tension, on prend plein de mesures. En fait, on me dit aussi que j'ai eu une pré-eclampsie, donc qui n'avait pas été détectée avant. Ok. Et donc en plus, j'ai fait une hémorragie de la délivrance qui ne s'arrêtait pas. Et donc au bout de plusieurs heures, j'ai mon obstétricien qui vient me voir et qui m'explique la situation, que là je perds beaucoup, beaucoup, beaucoup de sang et que ça ne s'arrête pas. Et il me demande mon consentement pour faire une transfusion sanguine. Moi, sur le coup, on aurait pu me dire n'importe quoi. J'aurais dit oui, sauvez-moi. J'avais vraiment cette appréhension. En fait, je suis restée des heures avec le sentiment de... je vais mourir sans avoir vu le visage de mon fils. Et je pensais beaucoup à Fabien. Je me disais, il doit être tellement stressé, il doit se demander ce qui se passe. En fait, on vit un peu un cauchemar. Les choses qu'on voit dans les films, où on est séparés, déjà ça, le fait d'être séparés, quand la mère est séparée du bébé ou c'est la mère qui s'en va. Enfin, tout ça, ce genre de scène, c'est... C'est des choses qu'on n'a pas envie de vivre. Et en fait, là, nous, ça nous arrive. Et je ne pense qu'à ça. Je me dis, en fait, Fabien, il va être un père célibataire. Je visualise sa vie, en fait, sans moi. Et du coup, ça me fait peur. Et donc, quand on vient me proposer, enfin, on vient me demander mon autorisation pour la transfusion, de toute façon, je ne pouvais pas dire non. Mais en fait, tout me fait peur à ce moment-là.
- Rébecca
Ok. Et à quel moment le cauchemar commence à prendre un peu fin et tu commences à pouvoir te dire je ne vais pas mourir ?
- Maëva
Au bout de 6h30, 6h30 comme ça, en fait je vois Fabien qui arrive avec notre bébé et il me le pose sur moi. Donc moi je suis très faible, j'ai très peur de le faire tomber, de m'évanouir, mais je le sens enfin. Et là j'ai un... un sentiment qui m'envahit où je me dis mais ça y est je suis maman, ils me rencontrent, on se rencontre pour de vrai, on se sent, on se touche, je sens sa peau, il sent la mienne et là ça... commence un petit peu à aller mieux. J'arrive un peu à parler, je pose des questions à Fabien et on reste ensemble quelques minutes. Et là, je commence à... En tout cas, cette peur que j'avais de mourir sans connaître mon bébé, elle s'efface instantanément parce que je me dis, quoi qu'il arrive, il y a eu cette chose, ce moment entre nous et on ne pourra pas nous l'enlever. Et après, je reste quand même... Donc, eux, ils repartent. Et je reste un moment encore au même endroit. Je suis dans une salle. Et ensuite, on me transfère dans une chambre, pas du tout à l'étage de la maternité, mais à l'étage où il y a des soins un peu plus intensifs. Et du coup, je reste là, branchée. En fait, il y a une machine qui sonne toutes les 15 minutes. On vient la contrôler. Je crois que c'est ma tension, mais je ne suis pas sûre. Et donc en fait je reste là toute la nuit toute seule. J'ai juste le droit de faire la tétée d'accueil à 23h. Donc je les revois peut-être une demi-heure. L'infirmière nous prend en photo à ce moment-là. On a notre première photo tous les trois 10h après la naissance. Et j'arrive quand même à la laiter le jour de sa naissance parce que j'avais aussi peur de ça.
- Rébecca
Est-ce que tu voulais toi pouvoir la laiter ?
- Maëva
Oui. c'est pareil c'est quelque chose que j'avais pas envie de faire avant de tomber enceinte et une fois que je suis tombée enceinte je me suis dit j'ai la capacité de le faire, je veux le faire et du coup j'avais aussi cette appréhension si on tarde trop est-ce que ça va bien fonctionner est-ce que ça risque pas de compromettre l'allaitement du coup je peux quand même faire cet été d'accueil ça se passerait bien et ensuite ils repartent et moi je passe la nuit toute seule dans cette chambre. Mais j'ai mon portable. Fabien m'avait descendu mon portable. Du coup, je peux avoir des photos, des vidéos et on parle beaucoup. Et ton mari,
- Rébecca
il est en chambre maternité avec bébé, c'est ça ?
- Maëva
Oui, c'est ça. C'est lui qui gère la première nuit, la première couche, la première tenue. Toutes les premières 24 heures, c'est lui qui a géré.
- Rébecca
Donc pendant que toi, tu es en soins intensifs, du coup, c'est ça ?
- Maëva
Je ne peux pas dire de bêtises, mais en tout cas, je...
- Rébecca
Ça y ressemble.
- Maëva
Ça y ressemble, oui, exactement.
- Rébecca
Ok, donc tu passes cette première nuit avec quelques photos. Est-ce que tu te rends compte de ce qui s'est passé ? Est-ce que tu réalises que tu as accouché ou c'est encore assez flou ?
- Maëva
Non, sur le coup, je suis vraiment... Je ne sais pas, je ne pense à rien. Je pense juste au fait que moi, je suis en vie et qu'eux, ils vont bien. Et là, je m'accroche à ça, en fait. Je m'accroche à ça et le temps est long. Je n'arrive pas à dormir. En fait, je suis juste pressée de pouvoir remonter. Mais comme je ne sais absolument pas quand je vais pouvoir remonter, le temps est très, très long. Et le lendemain matin, du coup, on me remonte enfin. Il est à peu près 10 ou 11 heures. Donc, ça fait presque 24 heures que mon enfant est né. Et là, je remonte dans la chambre. C'est très étrange comment on fonctionne, mais c'est comme si ce n'était rien passé. Dans ma tête, je rentre dans la chambre, c'est le plus beau jour de ma vie et je prends mon fils dans les bras et je ne le quitte plus. Et là, au bout de quelques heures, je commence à développer, je commence à sentir que ça ne va pas parce que je n'ai pas envie de... J'ai pas envie de cligner des yeux, j'ai pas envie de dormir, j'ai pas envie de me reposer. J'ai pas envie d'aller aux toilettes. Après la césarienne, on nous demande d'aller aux toilettes. En fait, j'ai pas envie de perdre du temps à faire ça. Je veux juste le regarder. Je n'ai même pas envie de prendre mon portable pour annoncer la naissance à mes proches. Parce que du coup, vu qu'on n'avait pas dit la date de la césarienne, en fait, personne ne savait ce qu'on était en train de vivre. On voulait le garder pour nous. J'avais eu ce petit truc où je me suis dit, on sait jamais si ça se passe mal, comme ça les gens, nos proches n'auront pas à stresser. Mais du coup, là, on est le lendemain de sa naissance, et je n'ai pas envie de l'annoncer, j'ai pas envie, j'ai envie d'être avec mon fils, mon chéri, et que plus personne ne vienne perturber tout ça. Ok.
- Rébecca
Tu sens que tu t'isoles complètement ? Non.
- Maëva
Je sens que je ne veux pas quitter mon fils et qu'il ne faut pas qu'on me demande de le laisser. Et que juste là, dans tous les trois, on est bien et j'ai juste besoin de ça. Et le lendemain...
- Rébecca
On a une psychologue, la psychologue de la maternité, qui passe nous voir. Et en fait, quand elle nous pose des questions, quand elle nous demande comment on a vécu la chose, là, c'est comme si je prenais conscience, je prenais le temps de me poser sur ce qui s'était passé. Et là, je m'effondre totalement. Je verbalise que j'ai eu très peur de mourir et que moi, c'était la première fois que j'avais peur de mourir comme ça. que je me voyais mourir et que du coup on en parle. J'entends aussi le ressenti de Fabien parce que pour lui aussi ça a été difficile. Et en fait là je prends conscience qu'on vient de vivre quelque chose qui va créer un tournant dans notre vie. Je sens qu'il y a un avant et un après et on sait qu'il y a un avant et un après enfant, surtout la première fois qu'on le devient. Mais là, je sens que ça nous a changé, mais littéralement.
- Maëva
Ok. Et est-ce que tu te dis je ne vais pas bien ou est-ce que tu te dis juste ça a changé, je veux juste être avec mon fils, laissez-moi tranquille
- Rébecca
Un petit peu des deux. En fait, je sens que j'ai tout de suite de l'hypervigilance excessive qui s'installe parce que... vraiment je ne veux pas dormir, je ne veux pas rater une minute et même presque cligner des yeux et de rater cette micro-seconde qu'on a quand on cligne des yeux, je n'ai pas envie de la vivre, j'ai peur de rater un mouvement de doigt qu'il fait, son œil qui s'ouvre, je ne sais pas, j'ai peur de rater la moindre seconde, la moindre micro-seconde et du coup là je me dis que si ça dure cet état, il faut vite que j'aille en parler parce que sinon ça risque de... de s'envenimer et c'est pas très sain.
- Maëva
Ok, t'as quand même cette clairvoyance de prendre un peu de recul sur ce qui se passe quand même. Parce que, ok. Et comment la suite se passe alors ?
- Rébecca
Du coup, on reste, vu qu'il y a une césarienne et tout ce qui s'est passé, on reste 5 jours à l'hôpital.
- Maëva
Pour le médical, tout va bien pour toi, pour lui ?
- Rébecca
Pour lui, oui, tout va bien. Et pour moi, oui, ça va. Enfin, je... J'ai des soins post-op à faire. Je dois apprivoiser cette cicatrice que je trouve monstrueuse. Et j'ai des agrafes sur cette cicatrice. Mais en tout cas, sur le plan médical, tout va bien. Il faut juste que je fasse des tests après pour le diabète. Mais tout va bien. Le plus gros est passé.
- Maëva
Ok. Et donc, tu restes 5 jours. Les 5 jours, du coup... émotionnellement tu es toujours dans le même état ?
- Rébecca
Oui, j'ai beaucoup de mal à dormir mais après les 5 jours nous on a en fait on a trop aimé parce qu'on était dans une bulle c'est vrai qu'à la maternité on a beaucoup de gens qui passent nous voir, alors du coup pas nos proches parce que dans notre maternité les visites étaient interdites et nous ça nous allait très bien surtout après ce qu'on venait de vivre heureusement Mais on a toujours du personnel soignant qui vient nous voir, checker, etc. Donc on n'est jamais tranquille, entre guillemets, mais nous on se sentait hyper accompagnés. J'avais un peu de mal au début avec l'allaitement, et on était dans un hôpital génial pour ça. Les auxiliaires, les infirmières, les soignantes, elles prenaient le temps de nous accompagner, de nous expliquer. Donc en fait, ça a été cinq jours dans une bulle. où je ne me posais pas de questions sur le fait de... Je sais que là, je n'ai pas envie de dormir, je n'ai pas envie d'être éloignée de lui. Je ne voulais même pas le mettre dans son petit couffin qu'on donne à la maternité. Je voulais tout le temps qu'il soit avec moi, sur moi, dormir avec lui. Et du coup, il dormait avec moi dans mon lit, mais moi, je ne dormais pas parce que j'avais peur que je tombe, de l'écraser. Donc, en fait, j'ai l'impression que presque pendant 5 jours, je n'ai pas dormi. Je faisais peut-être des siestes la journée, mais... Quand je savais qu'il dormait dans les bras de Fabien, j'avais envie que notre fils soit avec moi, avec Fabien. Sinon, il fallait qu'on reste éveillé. Les cinq jours se passent comme ça, ça passe plutôt rapidement. Après, on rentre chez nous. Très vite, on se met en mode cocon. Fabien était génial pour le postpartum. En plus, c'est pareil, quand on a une césarienne... On n'est pas opérationnel tout de suite, on a du mal à marcher, à se lever, c'est quand même dur aussi ça. Et en fait, très vite on reste dans notre bulle. Mais longtemps parce que nos proches, ils ont vu notre bébé peut-être à 10 jours ou 2 semaines après la naissance. Et petit à petit, au compte-gouttes, pas très longtemps, on avait envie de préserver ce cocon.
- Maëva
Ok. Et à quel moment ça prend un tournant ? Quel moment tu arrives un petit peu à te détacher de ton fils dans le monde de mesure ? détachée totalement, mais à être moins dans l'hypervigilance ?
- Rébecca
Franchement, je pense que ça a mis un an. J'ai mis un an à... Par exemple, je faisais du yoga avant d'accoucher. Donc, j'avais encore des séances à faire. Pour le coup, j'ai peut-être mis 6-7 mois. aller faire un cours de yoga qui est à cinq minutes de chez moi qui dure 45 minutes et je me dépêchais de rentrer et c'était une torture et voilà j'ai mis un an en fait à pouvoir sortir sortir et c'est encore c'est des sorties qui me semble plutôt obligatoire mais aller chez le médecin aller chez la sage-femme ou faire du sport j'ai mis un an à le faire sans sans vraiment culpabiliser et encore maintenant je Dès que je peux être avec lui, je suis avec lui. En fait, tout ça, ça a changé aussi notre conception d'être parent. On est rentrés, on a complètement arrêté de chercher un mode de garde. On a eu un refus de la crèche et on s'est dit, en fait, c'est qu'on ne doit pas le garder. C'est que tout ça, ça arrive pour une raison. Et en fait, moi, j'avais quitté mon CDI quand je suis tombée enceinte. Donc, je me suis dit, je vais rester en freelance en temps plein, enfin au maximum, quoi, et je le garde. Et Fabien, petit à petit, il avait... En fait, Fabien, il avait du télétravail assez souvent, mais petit à petit, il a démissionné et on s'est dit, on se met tous les deux en freelance parce qu'on veut être tout le temps avec notre enfant. En fait, on veut pouvoir profiter de chaque seconde tant qu'il ne va pas à l'école.
- Maëva
Et est-ce que tu... penses que c'est dû à ton accouchement assez compliqué ou est-ce que tu penses que c'est aussi juste simplement le fait d'être devenu parent et votre conception de la parentalité qui fait ça ?
- Rébecca
Je pense que ce qui a accentué, c'est mon accouchement. Du coup, je ne peux pas dire si on aurait fait les mêmes choix avec un accouchement plutôt classique, mais là, en fait, la séparation elle a été atroce pour nous. Avec Fabien, ça fait 10 ans qu'on est ensemble, ça fait 10 ans qu'on se quitte pas, on fait tout ensemble, on voyage ensemble, on travaille ensemble, on a créé une application ensemble. On fait vraiment tout ensemble parce qu'on aime être ensemble, parce qu'on se complète et qu'on adore passer du temps ensemble. Et là, en fait, le fait d'être devenu parent dans ces conditions, chacun de notre côté pendant 24 heures, je pense que ça a créé un vrai traumatisme. Et ça a repensé totalement notre manière de devenir parents. Je ne dis pas que je l'aurais fait garder 5 jours sur 7 et que là, je ne le fais pas garder. Parce que déjà, quand j'avais commencé à faire des demandes en crèche, je ne voulais le faire garder que 2 ou 3 jours par semaine. Mais en fait, il est né, on a vécu ça, on s'est retrouvés. On trouvait ça inconcevable, en fait, de le laisser à une autre personne.
- Maëva
Et du coup, Fabien aussi a mal vécu la séparation pour lui aussi. C'était compliqué,
- Rébecca
tu dirais ? Oui, parce qu'il a eu peur, en fait. Il a eu peur pour moi. Et puis, je pense qu'on idéalise tous un peu le moment de la naissance. Moi, je sais que j'avais prévu un petit cadeau surprise à lui offrir en salle. en salle après la césarienne, en remontée en chambre, pardon. Et voilà, je pense qu'on idéalise tous un petit peu ce moment. Et lui, en fait, il s'est retrouvé tout seul. Et donc, je pense qu'en plus d'avoir eu peur pour moi, il avait aussi le... Il était triste que... Je ne vive pas, par exemple, le pot à pot. En fait, c'est lui qui a fait le pot à pot pendant des heures. Et heureusement, tant mieux. Maintenant, avec le recul, je trouve ça hyper beau que cette situation ait pu lui offrir ça. Parce qu'au final, un homme, c'est beaucoup plus difficile de s'impliquer vraiment dans la grossesse. Parce que ce n'est pas lui qui a l'enfant dans le ventre. Ce n'est pas lui qui accouche. Ce n'est pas lui qui a tous les changements. Donc, moi, maintenant, je suis trop contente de me dire qu'ils ont eu leur moment rien qu'à eux. Et... Et peut-être que ça joue aussi sur la connexion qu'ils ont maintenant. Mais lui, je sais qu'il était très triste de vivre ça à ma place. Parce que moi, tout ça, c'était mon rêve de vivre ça, d'avoir mon fils en peau à peau, de rester des heures, de l'allaiter tout de suite. Et voilà, je sais que tout ça a été difficile pour lui. Il a eu peur, il a été triste. Et puis, c'est aussi un chamboulement de fou pour lui. Il s'est retrouvé... Papa tout seul à gérer pendant 24 heures. Pendant 24 heures, il n'a pas pu échanger aussi sur lui, comment il se sentait. Il y a eu aussi un petit truc de solitude parce qu'on n'était pas ensemble.
- Maëva
Ok. Et du coup, deux ans plus tard, avec un petit peu de recul, pas énormément non plus, mais un petit peu de recul, comment tu te sens vis-à-vis de ça ? Est-ce que c'est toujours à vivre ? Est-ce que tu auras une épreuve que tu as du mal à surmonter ? Ou est-ce que tu arrives à... A remonter un petit peu la pente ?
- Rébecca
Tu vois, d'en parler, ça m'émeut beaucoup, ça me donne envie de pleurer.
- Maëva
Tu ne l'as pas fait quand même,
- Rébecca
belle personne. En fait, j'ai continué de me faire accompagner pendant deux ans. J'en ai beaucoup parlé à ma psy, j'en ai parlé à une sophrologue, à deux sophrologues. Et en fait, tout ça, ça m'aide maintenant à apprendre du recul. recule, quand j'en parle, ça reste quand même, je me remets dans l'émotion et je peux encore ressentir toute la peur que j'ai eue, toute la tristesse. Mais maintenant, ça va en fait. J'ai l'infirmière qui m'a accompagnée toutes ces heures-là quand j'étais très mal. Je lui ai écrit en fait, je ne l'ai pas revu les cinq jours où j'étais à l'hôpital. Du coup, je lui ai écrit un mot parce que... Je l'ai vue comme une lumière dans ce chaos tout le long. Et du coup, elle m'a appelée une semaine après. Et elle m'a dit une phrase que j'ai mis beaucoup de temps à l'apprécier et à sa juste valeur et à vraiment y croire. Mais elle m'a dit que ma cicatrice, parce que du coup, c'est ça aussi que je vivais mal, c'est... je vois en fait par où il est sorti mon enfant, genre la cicatrice, elle sera toujours là, elle me rappellera toujours ça. Et elle m'a dit que, en fait, la cicatrice, au lieu de la voir comme quelque chose de moche, comme quelque chose de négatif et de traumatisant, il fallait juste la voir comme la porte d'entrée au monde de mon fils. Et en fait, sur le coup, j'ai trouvé ça beau, mais je me suis dit que jamais j'allais y arriver. Et maintenant, j'ai appris à aimer ma cicatrice. Et quand je la vois et quand je prends le temps de la regarder, je me dis que oui, mon fils, il est sorti par là, il est rentré dans notre monde par cette porte-là. Et que si ça s'est passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça. Et que peut-être qu'un accouchement en physio ou un accouchement par voie basse, même avec péridural, peut-être qu'il y aurait eu des complications pour lui. Et j'ai ma sophrologue qui m'a dit que s'il est né comme ça, c'est que c'était sa manière à lui d'arriver dans notre monde et que le plus beau cadeau que je pouvais nous faire, c'est d'accepter en fait cette naissance. Donc maintenant, j'ai fait un travail. Ça fait deux ans que je me fais accompagner et que dès que je sens que c'est encore douloureux, j'en reparle. Mais maintenant, j'ai plus tendance à voir ça comme... notre naissance à nous en fait c'est ça a marqué un tournant dans notre vie et je pense que voilà s'il est né comme ça c'est que ça devait se passer comme ça et que ça a permis quand même de belles choses ça a permis à fabien de rester plusieurs heures avec son fils et de l'avoir juste pour lui moi ça m'a permis aussi de bas au final de d'avoir un peu affronter ma peur des opérations alors ça s'est pas bien passé mais au moins j'ai fait tout un travail pour essayer de faire en sorte que ça se passe au mieux et après dans la vie on décide pas de tout mais voilà deux ans après je pense que ça reste quand même un épisode traumatisant ça m'a pas motivé du tout à en faire un deuxième mais mais voilà c'est notre histoire et je pense qu'elle a créé quand même de belles choses dans notre histoire familiale.
- Maëva
Ok. C'est plein de résilience et beaucoup de travail, je pense. Donc, bravo à toi.
- Rébecca
Merci.
- Maëva
Alors, une petite question qui n'a pas trop à voir, quoique, tu as parlé d'une application. Est-ce que tu souhaites en parler un petit peu ?
- Rébecca
Oui. Avec plaisir. Du coup, avec Fabien, quelques mois après la naissance de notre fils, on avait, comme beaucoup de gens, de parents 1700 photos par jour et on avait en fait envie de tout documenter, tout noter ces premières fois et on n'arrivait pas à être très assidus sur le remplissage du livre naissance papier et du coup on a créé un livre de naissance en application où on peut suivre l'évolution de la grossesse jusqu'aux 10 ans de l'enfant avec des pages à remplir comme un livre de naissance avec aussi des badges de première fois. Tout plein de premières fois, que ce soit des événements comme la première dent, le premier sourire, mais aussi toutes les premières fois alimentaires, la première fois qu'ils goûtent tel fruit, tel légume, ou la première fois au manège, à la piscine, peu importe. Donc des badges à valider comme ça. Et donc du coup, ça fait une application où on a tous nos souvenirs regroupés au même endroit. Et une application peut servir à autant d'enfants qu'on a ou qu'on souhaite. Ce n'est pas limité. Et c'est aussi une application qu'on télécharge chacun sur nos téléphones, mais qui se remplit à deux. En fait, chacun peut remplir sur le même compte ses souvenirs. Donc le papa, la maman, peu importe, les deux parents. Ce n'est pas la charge d'une seule personne, d'un seul parent. Et voilà, chacun peut noter ses souvenirs et les premières fois qu'il vit avec son enfant. Et tout ça, c'est regroupé juste dans une application.
- Maëva
Ok,
- Rébecca
super. Et on l'a appelée, du coup, elle porte le nom de Roudoudz parce que c'est un des surnoms de notre fils.
- Maëva
Ok. Parce que ce ne serait pas ton deuxième bébé, finalement.
- Rébecca
C'est un peu notre deuxième bébé, voilà. J'ai deux bébés, en fait.
- Maëva
Ok. Eh bien, écoute, super. Super, super,
- Rébecca
merci.
- Maëva
Merci d'avoir partagé tout ça avec moi, avec nous. C'est une expérience, une sacrée expérience. Mais je pense que... Je n'ai pas la seule à vivre ce genre de choses. C'est bien d'entendre qu'on se relève, c'est dur, il faut le dire, mais qu'on arrive à accepter et à avancer et ça ira au final.
- Rébecca
Oui, mais d'ailleurs, si je peux juste rajouter quelque chose, c'est que j'espère que ce récit, ça pourra aider des mamans qui vivent la même chose ou pas forcément, mais qui vivent un accouchement qui leur fait du mal. Parce que mettre au monde, c'est une belle chose, mais ça peut aussi faire beaucoup de mal et que c'est hyper important d'en parler. Parce que moi, je sais qu'après, on me disait souvent, et je n'en veux pas du tout aux gens qui me disaient ça, que le plus important, c'est que le bébé aille bien. Alors oui et non, parce qu'évidemment, je préfère mille fois, un milliard de fois que ça m'arrive à moi plutôt qu'à lui. Mais ça reste quand même une épreuve et que si on n'en parle pas, si on ne se fait pas compte, si on n'est pas entendue, on risque de développer des traumatismes qui nous quittent plus. Et que du coup, en fait, c'est hyper important de se faire accompagner et qu'il y a des femmes géniales qui vouent leur vie à ça pour accompagner des femmes comme nous. Et donc voilà, il ne faut pas s'en priver et il ne faut pas hésiter à dire que... que oui, on est heureuse d'être mère, mais que la naissance, ça nous a fait mal et que c'est dur en fait.
- Maëva
Oui, très beau message. Merci beaucoup à toi.
- Rébecca
Merci beaucoup.
- Maëva
Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. À très vite.