- Rébecca
Hello maman et bienvenue sur Balance ton accouchement, le podcast qui recense les histoires d'accouchement, qu'elles se soient bien ou mal passées, car toute histoire mérite d'être entendue. Vous écouterez ici des parcours faciles ou difficiles, des expériences uniques et surtout de la bienveillance et de la sincérité. Alors que tu sois maman, papa, future maman, futur papa ou simplement intéressé par l'accouchement et par ce qu'il fait traverser aux femmes et aux hommes, tu es le bienvenu par ici. Moi je suis Rebecca. maman de deux enfants, et complètement bouleversée par les accouchements et la maternité. Alors, sans plus attendre, voici le nouvel épisode du jour ! Alors bonjour, merci à toi de m'avoir regardé pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît, en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quelle agaison ou il a, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.
- Marine
Bonjour, je m'appelle Marine. J'ai un petit garçon qui a deux ans et demi et je suis auxiliaire de puriculture de métier, actuellement accompagnante périnatale.
- Rébecca
Ok, très belle reconversion, on en a besoin. Ok, alors première question que je pose à chaque fois et qui sera d'autant plus intéressante avec ton ancien métier. Est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta grossesse ? C'est quelque chose qui te faisait peur, qui te donnait envie, que tu avais imaginé ?
- Marine
Oui, je l'avais projeté déjà avant même d'être enceinte. Comme je travaillais en maternité, j'ai vu beaucoup d'accouchements. Et c'est vrai que moi, je me projetais plutôt sur un accouchement sans péridural, dans une volonté de que ce soit pas trop médicalisé, mais aussi parce que je savais que... Avoir une péridurale, ça voulait dire être installée sur le dos et plus bougée. Et en fait, cette position d'être allongée sur le dos, elle est déjà désagréable pour moi d'une manière générale. Je ne dors pas sur le dos, je n'aime pas prendre des bains allongés sur le dos, je n'aime pas rester immobile. Donc, je me suis dit que ce n'était pas ce que je voulais pour mon accouchement.
- Rébecca
D'accord. Et puis, tu avais ce côté d'avoir peut-être vu des accouchements filiaux qui se passaient très bien et te dire c'est trop cool.
- Marine
Oui, bien sûr. Moi, je suis assez fascinée par ce que peut faire le corps humain et le corps de la femme notamment. Donc oui, c'est ça.
- Rébecca
Ok. Bon, si on repart un petit peu du début, est-ce que tu te souviens du moment où vous avez lancé Projet Bébé ?
- Marine
Oui, en fait, on s'est mariés en juillet 2021. Notre mariage avait été repoussé d'un an à cause du Covid. Donc une fois qu'on s'est mariés, en fait le projet bébé il était déjà là depuis un petit moment, mais on voulait attendre de se marier. Donc en fait j'ai arrêté ma contraception à peu près au moment du mariage et je suis tombée enceinte trois mois après pendant notre voyage de noces au Mexique, je m'en suis rendue compte là-bas. Voilà j'ai fait un test de grossesse à l'autre bout de la planète qui m'a annoncé qu'on attendait ce bébé donc voilà on était super contents.
- Rébecca
Ça commence un peu dans l'idéal, le but pour le mariage, pendant la lune de miel, tout ça.
- Marine
C'est ça, ouais. C'était vraiment chouette.
- Rébecca
Ok. Et comment se passe ton début de grossesse ? Est-ce que tu as des symptômes particuliers ?
- Marine
J'ai un peu de nausées. Je suis surtout très, très fatiguée. Je travaillais de nuit à l'époque à l'hôpital. Donc, c'est vrai que déjà, en travaillant de nuit, d'une manière générale, c'est fatigant. Mais quand on est en début de grossesse, c'est épuisant. Donc j'étais vraiment fatiguée en dehors de ça. Je n'avais pas d'autres symptômes. Ça se passait plutôt bien. J'ai eu une grossesse qui s'est bien passée quand même dans l'ensemble. Je n'ai pas spécialement aimé être enceinte, j'avoue. Parce que j'étais déjà en surpoids et je n'étais pas bien dans mon corps. En n'étant pas bien dans mon corps déjà avant la grossesse, pendant la grossesse, ça s'est un petit peu amplifié. Ce n'est pas spécialement un moment qui a été agréable pour moi, on va dire. Après, j'ai continué d'être active toute la grossesse. J'ai fait du sport jusqu'à trois jours avant d'accoucher. J'étais bien, mais ce n'est pas un moment que j'ai... Il y en a qui rêvent d'être enceinte tout le temps. Moi, pas du tout.
- Rébecca
Tu n'as pas la passion d'être enceinte.
- Marine
Non.
- Rébecca
Ok. Mais du coup, sur le plan médical, tout se passait bien pour ton bébé ?
- Marine
Oui, ça s'est bien passé. J'ai été arrêtée assez tôt dans ma grossesse, de par mon métier déjà, parce que c'est quand même assez intense. Et puis, mon bébé était jugé un peu petit, donc on m'a conseillé du repos. Donc, j'ai été arrêtée assez tôt, vers 23 semaines, je crois, quelque chose comme ça.
- Rébecca
Ok, quand même, tu as fait quand même une bonne partie. Oui. Ok. Du coup, est-ce que ça te laissait toute la place pour envisager ton projet d'accouchement physio ? Est-ce que tu avais élaboré un projet de naissance, tout ça ?
- Marine
Non, je n'avais pas élaboré de projet de naissance, tout simplement parce que j'avais peur que ça me porte la poisse. On a un petit peu tendance à voir que les femmes qui projettent beaucoup leur accouchement avec des choses très précises. Généralement, ça tourne mal, souvent. Donc, en fait, je ne m'étais pas... Comme j'accouchais là où je travaillais, j'avais confiance en mes collègues. Et mes collègues, je pense qu'elles savaient un petit peu aussi ce que je voulais. Je n'avais pas de projet précis. Mon projet, c'était d'accoucher sans péridurale. Il n'y avait rien d'extravagant dans ce que je voulais. Et puis, voilà, je me disais juste que... Je savais ce que je ne voulais pas et je pensais que sur le moment, je saurais dire quand c'était trop pour moi, par exemple. Chose qui, en fait, quand on est en plein accouchement, ce n'est pas vraiment le cas. Mais voilà, je me projetais comme ça sur quelque chose de simple en me disant, je veux quelque chose de le plus naturel possible, mais à la maternité, à l'hôpital quand même. Je m'étais projetée au départ sur un, qu'on appelle ça. Un plateau technique au départ c'était quelque chose que je voulais donc avec ma sage-femme en fait le plateau technique c'est quand on se rend à la maternité qu'on accouche à la maternité mais avec la sage-femme qui nous suit et ensuite quelques heures après on rentre à la maison. Au départ je m'étais projeté là dessus puis pour diverses raisons personnelles ça s'est pas fait finalement mais voilà mon projet c'était quand même d'accoucher sans péridurale. Simplement, je n'avais pas d'autres questions spécifiques.
- Rébecca
Oui, accoucher sans péridurale avec les copines,
- Marine
entre guillemets, tout se passe bien.
- Rébecca
C'est ça. Ok, d'accord. Et est-ce que tu avais suivi une préparation particulière pour ce projet ?
- Marine
Le suivi classique avec Massage Femme, qui avait fait des cours de préparation à l'accouchement, où mon mari était quand même présent, il était investi. Il était à l'écoute de ce que je voulais, même si ça lui faisait un peu peur parfois. Quand on a expliqué les dernières étapes de l'accouchement, à quel point ça pouvait être intense. Il avait un peu peur de ça, mais sinon, il m'accompagnait dans mon projet. Je n'ai pas fait d'autres choses, d'autonomie, de choses comme ça.
- Rébecca
Une préparation mentale particulière pour le projet ? pour le projet physio, non, c'était juste classique.
- Marine
Je me la suis faite à moi-même.
- Rébecca
Oui. Après, tu avais l'avantage, entre guillemets, de te dire que tu savais comment ça allait se passer. Contrairement à beaucoup de femmes, ça fait tout comme ça se passe en accouchement. Tu dois te dire, ça va, je sais comment ça va se passer.
- Marine
C'est ça. Je connais les étapes, je connais les déroulements, je sais l'intensité, je sais les différentes phases. Donc... c'est quelque chose qui était assez naturel pour moi, on va dire.
- Rébecca
Ok. Bon, du coup, si on avance un petit peu dans le temps, et qu'on arrive à ton grand jour à toi, comment ça s'est passé, alors, ton début de travail, d'accouchement ?
- Marine
Déjà, en fait, à la toute fin de grossesse, j'avais une peur, c'est d'être déclenchée. Parce qu'en fait, le déclenchement dans la maternité où je travaille, c'est à 41 semaines plus 5 jours. qu'on déclenche les femmes. Et à partir de 39 semaines, j'ai commencé à avoir cette peur. J'ai commencé à avoir peur d'être déclenchée parce que qui dit déclenchement dit médicalisation et donc plus de risques d'avoir une cascade d'intervention qui fait que ça m'éloignait de mon projet d'accouchement physio. Donc, j'avais cette peur-là. Et en fait, la veille de mon terme ou deux jours avant mon terme, j'ai vu un massage femme. Je lui ai demandé de me faire un décollement des membranes pour essayer de... un peu de travail chose qu'elle a fait et en fait aujourd'hui je regrette un petit peu je me dis peut-être que mon bébé était juste pas prêt et qu'on l'a forcé qu'on lui a forcé un peu la main donc j'ai fait ce décollement des membranes et l'après midi j'ai fait une séance d'acupuncture aussi dans l'optique de déclencher tu
- Rébecca
m'étais tout en oeuvre un fallait vraiment pas arriver
- Marine
Vraiment le déclenchement me faisait vraiment peur alors que je n'étais pas encore mais c'était une peur que j'avais. Et donc pendant la séance d'acupuncture, la sage-femme m'a posé un monitoring en même temps parce que c'était une sage-femme acupunctrice. Et pendant le monitoring de la séance d'acupuncture, l'après-midi, j'avais déjà des contractions sur le monitoring. Donc le décollement des membranes a quand même bien fait son travail. J'ai eu quand même des contractions. Et donc ça a commencé comme ça en fait. Dans la soirée, j'étais à 45, j'ai commencé à avoir des contractions. On était censé aller au cinéma avec mon mari, on a annulé. Voilà, j'ai commencé à vomir, à avoir des contractions. Donc je me suis dit, bon, ça y est, c'est le début. Alors, ce que j'ai fait, c'est que j'ai pris une douche, je me suis lissé les cheveux en étant sur mon ballon, parce que je me disais, non mais je ne peux pas avoir une tête affreuse pour le jour de mon accouchement, parce que je sais que ça va être intense. Je vais déjà avoir l'air fatiguée, donc si je peux avoir les cheveux lisses, c'est déjà bien. J'ai pensé à des choses futiles comme ça, mais ça m'a fait passer le temps, en fait. Donc voilà, j'ai pris soin de moi. Et puis après, dans la nuit, ça a continué, les contractions. Mon mari m'a dit, je te laisse la chambre, fais ce que tu as à faire. Moi, je vais me reposer au salon, mais ne t'inquiète pas, je suis là. Tu m'appelles si tu as besoin. Je prends même mon téléphone s'il faut, si je ne t'entends pas. Bon, ok. Et puis en fait, la nuit se passe comme ça. Je n'arrive pas du tout à dormir, mais les contractions, elles sont encore assez irrégulières. Et elles sont de l'intensité moyenne. C'est tout à fait gérable, mais ça m'empêche quand même de dormir. Je n'arrive pas à m'endormir malgré les contractions. Donc voilà, le temps passe. Et puis vers 4h du matin, je décide de reprendre une douche. pour me soulager. Donc, je suis un peu à quatre pattes dans ma douche parce que je n'arrive pas à m'installer sur le dos comme si c'était quelque chose qui n'était pas confortable pour moi. Donc, je ne prends pas de bain et tout ça. Je prends juste une douche où je me mets à quatre pattes dans la baignoire avec l'eau qui me coule sur le dos et je suis bien comme ça. Et en fait, là, je ronds la poche des os. Je ronds dans la douche et là, je me dis, OK, bon, là, ça va commencer. Le travail va commencer parce qu'une fois qu'on ronde la poche des os, le travail devient plus intense.
- Rébecca
Oui. Tu avais l'idée d'attendre le plus possible chez toi, du coup tu voulais vraiment arriver au dernier moment.
- Marine
C'est ça, dernier moment pas forcément, mais oui j'espérais arriver avec un travail déjà avancé, parce que de changer de lieu en fait fait sortir un petit peu de sa bulle et peut faire ralentir un peu le travail. Donc l'idée c'était de faire le maximum à la maison. et puis voilà, de finir le travail à la maternité. Mais l'idée, c'était de faire le maximum à la maison. Donc là, je me projette en me disant, ça y est, j'ai rempli la poche des os. Là, on commence le vrai travail. Donc, c'était 4h30 du matin, j'avais déjà ma petite nuit blanche derrière moi. Et là, plus rien. En fait, je n'ai plus de contraction. C'est la pause. Je me dis, bon, je suis à l'envers des autres, qu'est-ce qui se passe ? Donc, j'essaye en fait, je me dis, bon, je vais en profiter pour me reposer un petit peu, vu que je n'avais pas dormi. Donc, j'essaye de sortir du bain, mais en même temps, j'avais rempli la poche des os et j'étais venue comme ça. Enfin, j'avais juste enlevé ma culotte pour prendre ma douche. Je n'avais rien pour retenir les os parce que j'avais vraiment beaucoup de liquide. Je me suis dit, je ne veux pas en mettre partout dans la maison. Donc là, j'essaye d'appeler mon mari. Et en fait, il ne répond pas. Je l'entends ronfler dans le salon. On n'a pas un château, ce n'est pas immense, mais il était à l'autre bout de la maison et en fait, il ne m'entendait pas l'appeler. Je me suis dit, je ne vais pas hurler qu'il ne croit pas que c'est quelque chose...
- Rébecca
Une catastrophe, oui.
- Marine
Une catastrophe d'urgence, tout de suite, il faut aller à l'hôpital, tout ça. Mais quand même, au bout d'un moment, j'augmente le volume. En fait, il ne se réveille toujours pas. Sur son téléphone, je l'appelle. Et en fait, il ne décroche pas non plus. Ça ne le réveille pas. Il est vraiment dans un sommeil. Il dort.
- Rébecca
Il dort bien.
- Marine
Je lui avais dit je gère. Du coup, il s'est dit bon, c'est bon, je vais dormir. Donc, tant bien que mal, j'arrive quand même à sortir de la baignoire, à mettre des serviettes entre les jambes, etc. pour ne pas inonder toute ma maison. Et puis, j'arrive à somnoler un petit peu. Et je ne sais pas, une heure et demie après, quelque chose comme ça, là, les contractions deviennent plus intenses. Je décide finalement d'aller quand même réveiller mon mari vers 8h30 du matin. J'ai quand même attendu un peu, je l'ai laissé dormir. Je vais le réveiller en lui disant, bon là maintenant, j'ai envie de savoir où j'en suis. Je savais que je n'étais pas en fin de travail parce que les sensations étaient très intenses. Mais en fait, je venais de passer une nuit blanche, j'en avais juste marre. Je voulais voir si c'était efficace en fait, si le travail avançait. Où est-ce que j'en étais ? et en fait à partir de ce moment où j'ai pris la décision d'aller à la maternité en fait je suis devenue un peu dans l'urgence de me dire bon là je veux savoir je veux savoir où j'en suis donc je dis à mon mari écoute prépare-toi tranquillement je lui fais comprendre qu'il n'y a pas d'urgence toujours que ça va mais je lui dis prépare-toi on va y aller donc comme je lui ai fait comprendre qu'il n'y avait pas d'urgence il ne s'est pas préparé très rapidement il a pris son temps hum Donc au final, on s'est retrouvés à la maternité que vers 11h, sachant que j'ai un quart d'heure de trajet, même pas en voiture. Donc voilà, le trajet en voiture le plus long de ma vie, je crois, c'était horrible, parce que je ne me suis pas mise dans une position confortable, je me suis juste assise, j'ai mis ma ceinture comme je faisais d'habitude. Et donc le quart d'heure, 20 minutes pour y aller, ça a été assez compliqué. Bref, et donc j'arrive à la maternité vers 11h, je suis prise en charge par une sage-femme que je connais bien, que j'apprécie beaucoup, je suis super contente par rapport à ça. Et là, donc elle me pose un monitoring, puis elle me dit, non, elle m'examine, et puis elle me dit, ah ben c'est super, t'es à 3-4 cm, je sens que ça va aller vite. Bon, moi j'y crois pas du tout. Je me dis, attends, je viens de me faire une nuit blanche, là, je suis à 3-4 centimètres, c'est bien, mais je me dis, moi, je ne vais pas accoucher avant la fin de la journée, c'est sûr. Je me suis dit, je ne vois pas pourquoi là, d'un coup, ça irait super vite, alors que depuis hier soir, j'ai des contractions et que je n'ai pas un stade très avancé. Mais bon, elle y croit, c'est déjà bien, il y en a une de nous deux qui y croit. Et là, elle me pose un monitoring, puis elle me dit, je reviens dans 20 minutes, reste allongée comme ça. Donc, je me retrouve sur la table d'examen, sur le dos semi-allongée, et là, je ne gère plus du tout. Comme je suis sortie un peu de ma bulle, les contractions, pour moi, deviennent moins gérables. Je suis vraiment dans une position inconfortable, donc ça me semble vraiment un temps très très long. Et quand elle revient, je prête à ce qu'on m'enlève tout, je demande innocemment, ça va, bébé va bien ? Et en fait, je m'attends juste à ce qu'elle me réponde, oui, oui, ça va, mais ce n'est pas ce qu'elle me dit. Elle me dit, il a été un peu coquin. Et ça, dans notre jargon, entre guillemets, ça veut dire que le bébé, il n'a pas eu le comportement qu'on attend de lui, en tout cas son cœur. Donc soit il y a eu une décélération, son cœur a ralenti, soit il a accéléré fort pendant un temps donné. Donc là, en fait, c'est un peu la douche froide. Je me dis, mince, je ne m'attendais pas à ça.
- Rébecca
À cette réponse en plus.
- Marine
C'est ça, j'étais un peu... J'ai demandé tellement innocemment, je m'attendais juste à ce qu'elle me dise oui, je ne m'attendais pas à autre chose. Et je ne regardais pas du tout le monitoring pendant le temps où elle m'avait laissé. Donc elle me dit, on va de nouveau faire une surveillance pendant 30 minutes. Pareil, tu restes comme ça et puis on voit ce qu'il en est. Donc rebelote, 30 minutes toujours en salle d'examen, position très inconfortable. Là, je commence à être un peu anxieuse par rapport à mon bébé. Je me dis, est-ce que son cœur va bien ? Est-ce qu'il va tenir le coup ? Est-ce que tout va bien se passer ? Du coup, je sors de ma bulle, je ne suis plus dans mon petit cocon tranquille. Et donc, quand elle revient me voir, elle me dit « bon, ça va, tout va bien, le rythme va bien, on va te passer en salle d'accouchement, mais le médecin, il veut quand même que tu gardes ton monitoring en continu » .
- Rébecca
D'accord.
- Marine
Je dis « bon, ok, ce n'est pas trop ce que je voulais, mais ok, on y va » .
- Rébecca
La position, là, du coup…
- Marine
Et je peux garder un monitoring en continu, mais en salle d'accouchement, je peux bouger en même temps. J'ai plus de possibilités de me mouvoir par rapport à la position, etc., la longueur des fils, la position de la salle. Ça fait que même accrochée au monitoring, on peut quand même être debout, bouger. Donc, je vais dans cette salle d'accouchement et je me mets sur le ballon. Mais du coup, je suis assise sur le ballon, le monitoring est en face de moi. J'ai un visuel constant sur le cœur de mon bébé. Ce qui est un peu compliqué après pour pouvoir se recentrer, se remettre dans sa bulle justement, même si on met des lumières tamisées, je suis sur le ballon, je bouge, mais j'ai ce monitoring qui est juste en face de moi. Donc je fixe un petit peu sur l'état de mon biais. Et puis les heures passent. Et en fait, mon cône ne bouge pas, quasiment pas. Je suis à 5 cm et en fait, ça n'avance pas. Mon bébé, il a toujours quelques petits ralentissements. Rien d'affolant qui fait qu'on se précipite à faire une césarienne, par exemple, mais quand même assez pour qu'on reste sous surveillance et que ça inquiète un petit peu l'équipe. Et en fait, moi, ça n'avance pas. A priori, il est en position postérieure, c'est-à-dire qu'il regarde vers le haut. donc c'est pas la position qui fait qu'il appuie sur le col pour le faire dilater. Donc il n'y a pas de pression sur mon col, du coup ça n'avance pas en fait, tout simplement. Et là on vient me voir et on me propose de me poser une péridurale. Donc là moi je dis non, pas tout de suite.
- Rébecca
Parce que je voulais.
- Marine
Parce que je voulais, et puis surtout que les contractions sont gérables en fait. J'ai pas... Oui, c'est douloureux, mais je ne suis pas à un point où je me dis non, là, j'en peux plus. Donc, je dis non, là, j'aimerais bien qu'on attende encore un peu. Pour moi, il n'y a pas d'urgence. Donc, on me dit OK, mais bon, si on vient reparler, c'est que ce sera plus urgent. Il ne faudra pas négocier, limite.
- Rébecca
Et tu connaissais toujours l'équipe à ce moment-là ? Est-ce que c'était des gens qui te mettaient en confiance quand même ?
- Marine
Oui, en fait, le médecin présent ce jour-là, c'est elle qui est venue me parler de la péridurale. J'étais assez rassurée quand je suis arrivée et que je l'ai vue, parce que c'est quelqu'un de très compétent, en qui j'ai confiance dans les situations d'urgence, qui sait prendre des décisions claires et qui fait les choses très bien. Donc, je suis totalement en confiance. Et si il m'arrive quelque chose, je sais que je suis bien tombée ce jour-là. Parce que... si ma vie est en danger, cette femme, elle sera compétente pour me sauver. Oui,
- Rébecca
c'est ce qu'on demande en général, mais du coup, je viens de le savoir.
- Marine
Mais voilà, c'est sûr que je n'avais pas cette confiance-là en tous les médecins avec qui je travaillais. Donc là, en l'occurrence, ce jour-là, j'étais quand même rassurée. La sage-femme, pareil, c'est quelqu'un avec qui je m'entends bien, que j'aime beaucoup. Voilà, donc en soi, par rapport à l'équipe, il n'y a rien de particulier. Mais c'est vrai qu'on commence à parler de cette péridurale en me disant « Oui, on voudrait mettre de l'ocytocine de synthèse pour essayer de faire accélérer le travail. » Donc, on me met cette ocytocine et moi, je dis que je ne veux pas tout de suite la péridurale. Donc, elles n'osent pas trop aller fort dans le dosage, on va dire, parce que c'est assez intense les contractions avec l'ocytocine. Donc elles y vont doucement et puis le travail n'avance toujours pas. Les heures passent, il ne se passe toujours rien. Donc on revient me voir en fin d'après-midi vers 17h, quelque chose comme ça. Et puis on me dit, bon ben là, on pose la péridurale. Donc là, c'est un peu la grosse douche froide parce que je me dis... Si un jour j'avais eu l'optique de prendre la péridurale, ça aurait été un choix de ma part parce que j'en peux plus.
- Rébecca
Parce que le travail a beaucoup avancé, mais que du coup, t'en peux plus au niveau des douleurs.
- Marine
Voilà, c'est ça. Je n'étais pas non plus fermée à ça dans le sens où je n'avais jamais accouché. Et donc, je me suis dit, je vais faire ce que je suis capable de faire. Mais si jamais un jour, à un moment, j'en peux plus, je demanderais la péridurale. Je n'étais pas non plus extrémiste dans mes pensées. Mais là, en fait, on me l'a imposé. Et pour moi, c'était... Je n'étais pas à un stade où j'en peux plus. Ce n'était pas longuement, oui. Je l'ai très mal vécu. Ça a été vraiment difficile parce que je me suis sentie dépossédée de mon corps. On me disait que c'était comme ça. On va t'immobiliser sur un lit et tu ne vas plus sentir tes jambes. Et on va attendre. Ça a été très dur. Sur la pause de péridurale, j'ai complètement craqué. En fait, ça a été comme ça. posé une question pertinente. Elle m'a dit « Est-ce que tu as peur de la péridurale ? » Et en fait, je me suis rendue compte que oui, ça me faisait peur. J'avais peur notamment de la brèche. La brèche, est-ce que j'explique rapidement ce que c'est ?
- Rébecca
Pour les auditrices, je pense que ça peut être pas mal, oui.
- Marine
Ok. En fait, c'est le cathéter de péridurale, il est posé juste en avant de la moelle épinière. Et en fait, dans la moelle épinière, c'est là où se trouve le liquide céphalo-rachidien. Et en fait, s'il y a une aiguille qui vient perforer le canal, qui se trouve juste en avant, il y a du liquide céphalo-rachidien qui s'écoule par cette brèche. Et ça peut créer d'énormes maux de tête, des vertiges, des nausées. Mais c'est vraiment très handicapant pour avoir vu des femmes qui ont eu des brèches avec des gros maux de tête. Elles sont incapables de s'occuper de leur bébé, en fait. Elles ne peuvent pas se lever. Elles ne peuvent pas bouger. Dès qu'elles bougent, elles ont la tête qui va exploser. C'est vraiment très douloureux. C'est 1% des péridurales, mais ça représente quand même 8500 femmes sur l'année. Donc, c'est quand même important et c'est quelque chose dont les anesthésistes ne parlent pas de ce risque-là. Et voilà, moi, ça, c'est quelque chose qui me faisait très peur parce que j'avais peur d'être handicapée pour m'occuper de mon bébé par la suite. Et finalement, la péridurale est posée. Puis là, je me retrouve assise en tailleur sur mon lit à attendre que le temps passe. Parce que je suis soulagée de mes contractions, mais du coup, je n'ai plus à m'occuper d'elles, à les gérer. Donc, j'attends juste que le temps passe. Et là, j'ai faim. J'ai très, très faim. Parce que comme je n'ai plus mal, je n'avais pas mangé depuis la veille. Le soir, j'avais vomi mon repas. Donc, depuis la veille à midi, je n'avais pas mangé. C'était... 17 heures j'avais super faim évidemment là on me dit pas de manger et oui Donc j'ai bon je dis ok je peux plus manger mais là j'ai super faim donc en fait j'attends que le temps passe et voilà je me trouve complètement inutile et démunie parce que je me dis bon bah voilà j'attends que j'attends qu'il se passe quelque chose alors qu'on voit bien qu'il se passe rien depuis des heures et des heures et pour moi je voyais pas en quoi la péridurale allait changer la donne quoi donc Donc voilà, mais c'est plus pour l'équipe, pour se protéger au cas où il se passe quelque chose. Voilà, donc après, on attend, il y a de nouveau, il y a de temps en temps des ralentissements. Enfin voilà, le rythme du bébé n'est pas parfait. Et à 19h, il y a un changement d'équipe. À ce moment-là, on décide de vérifier en fait le cœur de mon bébé un peu plus précisément. C'est-à-dire qu'on pose une électrode de Stann sur sa tête. Cette électrode, en fait, c'est une sorte de petit ressort métallique qu'on met directement sur la tête du bébé en sous-cutané. Donc, on passe par le vagin et on met cette petite électrode sur la tête du bébé. Donc déjà, ça, ce n'est pas agréable pour le bébé. Si on vous dit le contraire, c'est qu'on pense encore que les nouveaux-nés ne souffrent pas. On a démontré que ce n'était pas le cas. Donc voilà, on pose cette électrode à mon bébé et en fait la première électrode ne fonctionne pas. Donc il faut en poser une deuxième.
- Rébecca
Super !
- Marine
Voilà, donc on pose cette deuxième électrode et en fait, en tout, ça dure presque une heure tout ça, où on n'arrête pas de mettre des mains dans mon vagin pour aller accéder à la tête de mon bébé. En fait, moi j'en peux plus, j'ai l'impression que j'ai les lèvres en chou-fleur. Enfin, j'en peux plus, je veux juste qu'on arrête de me toucher. Et là, en fait, je suis... à la limite de dire à l'équipe c'est bon maintenant on va la faire cette césarienne parce que je sens que ça va virer comme ça en fait je vois l'issue et l'issue je la vois déjà depuis plusieurs heures, depuis le moment où on a dit bon maintenant on pose la péridurale, pour moi c'était fini en fait c'est mort, je vais avoir une césarienne donc voilà, on ne me dit toujours pas ça on me dit non mais on attend, on essaye des choses, on voit moi je sais un peu où tout ça m'arrive ... elle se veut rassurante mais en fait je sais où ça mène et en fait la sage-femme elle essaye d'enlever la première électrode qui ne captait pas et à ce moment là mon bébé fait à nouveau un gros ralentissement et donc là la décision de césarienne est prise, on me dit bon ben là maintenant on a tout essayé, on a tout fait il faut partir en césarienne ok donc A la fois, je ne suis pas surprise, mais je suis quand même dévastée parce que c'est à l'opposé de mon projet initial. Il y a quelque chose où j'ai de la chance, le fait de travailler là-bas. Le médecin propose que mon mari assiste à la césarienne.
- Rébecca
ce qui normalement ne se fait pas en césarienne d'urgence. Normalement, c'est sur les césariennes programmées où le Ausha peut venir, mais sur les césariennes d'urgence, ça se fait très, très peu. Donc, je suis très soulagée. Je me dis, bon, au moins, j'ai un petit avantage. Non,
- Marine
t'es pas toute seule.
- Rébecca
Voilà, j'ai un petit avantage de travailler ici. Je peux être accompagnée de mon mari. Donc, ça, c'est quand même une superbe chose. Je les remercie et tout ça. Mon mari nous accompagne, j'arrive dans le bloc opératoire et là je m'effondre complètement. J'ai des spasmes, je pleure vraiment très fort. Et là le médecin me fait comprendre qu'il va falloir que je me calme, sinon elle ne peut pas faire la césarienne parce qu'il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Il y a trop de... Et là mon mari arrive, donc je serre très fort la main et j'arrive à souffler puis à me calmer. Et... Après, on me met les bras en croix, c'était le Jésus-Christ. Pour la césarienne, on t'attache les bras, tu es encore plus dépossédé de ton corps. Autant je le sentais déjà avec la péridurale, là, c'est encore plus. Je ne me sens pas du tout maîtresse de mon accouchement. Je me dis que c'est moi qui donne la vie, mais on va me retirer mon bébé de mon ventre et c'est tout. Je n'aurais rien fait. J'avais vraiment cette sensation-là. de... je me suis sentie nulle en plus d'avoir peur pour mon bébé parce que bon si on part en césarienne c'est aussi que son son coeur ça fait plusieurs heures qu'il manque de faiblesse donc j'étais quand même très inquiète aussi pour mon bébé et à la fois je me dis si vraiment l'urgence était vitale on serait parti en césarienne beaucoup plus tôt donc voilà je mesure ma peur pour mon bébé quand même Après, mon bébé est né, on baisse le champ opératoire en me disant « Ah, tu veux le voir ? » Donc, on baisse le champ opératoire. Mais moi, je suis tellement allongée sur le dos, on dresse la tête, mais je ne vois absolument rien. Je n'aperçois même pas un bout de peau de mon bébé. Je ne vois rien du tout. Mon mari, par contre, qui est assis à côté de moi, lui, voit très bien. Il a une vue aussi plongeante sur l'opération.
- Marine
J'allais dire un peu trop, peut-être.
- Rébecca
C'est ça, ça l'a un petit peu... Il en a reparlé pendant longtemps après. Il voit notre bébé et en fait, là, il ne pleure pas. Et il l'emmène en salle de réanimation à côté, dans la salle juste à côté. Et là, mon mari, lui, il est déjà dans l'émotion à me dire ça y est, on est parents. Il est très ému. Et moi, je ne suis pas du tout encore dans cette optique-là. Je dis attends, il n'a pas pleuré.
- Marine
Ça ne va pas, oui.
- Rébecca
Donc en fait je lui ai mis un petit peu un stop dans son émotion à dire attend il faut qu'on l'entende pleurer là on ne sait pas s'il va bien. Et il est dans la pièce à côté et d'un coup j'entends un bébé pleurer mais je sais qu'il y a une autre césarienne en même temps que moi qui se fait vraiment en simultané. Évidemment c'était un soir où il y avait beaucoup d'activités. Forcément. Forcément. Donc il y a une autre dame je sais qu'elle a une césarienne en même temps que moi donc je ne sais pas si c'est son bébé ou bien.
- Marine
Quel bébé pleure.
- Rébecca
C'est ça. Parce que quand tu n'as jamais entendu ton bébé pleurer, tu ne sais pas si c'est le tien.
- Marine
Oui.
- Rébecca
Donc, j'entends bébé pleurer. Je demande au médecin, est-ce que c'est le mien ? Est-ce que c'est mon bébé qui pleure ? Donc, elle essaye de regarder. Elle me dit oui. Je ne sais pas si elle sait vraiment si c'est lui ou pas.
- Marine
Dans le doute, on va dire oui.
- Rébecca
Voilà. Elle me rassure. Elle me dit oui. Et puis, quelques secondes après, il nous ramène notre bébé. Donc, il va bien. Il a crié. Voilà. Il a juste besoin d'un petit coup de main au démarrage. Mais a priori, ça va. Donc, il nous l'amène et là, on pleure tous les deux. C'est le coup de foudre, vraiment. L'amour qui m'a transpercé, c'était assez incroyable ce sentiment. Je sais que pas tout le monde le vit, mais vraiment, moi, en tout cas, ça a été mon cas. J'ai pleuré, mais comme un bébé. Non, pas comme un bébé, c'est les bébés, ça crie. J'ai pleuré comme un enfant. Avec des gros sanglots, des grosses larmes. C'était vraiment très, très émouvant, ce moment. Et ensuite, on ramène mon bébé dans une autre pièce, parce que dans le bloc opératoire, il fait très froid. On ne peut pas trop garder les bébés à cet endroit. Et donc, mon mari s'apprête à aller faire du peau à peau avec lui, le temps qu'on finisse de s'occuper de moi. Et en fait, là, juste avant que mon mari parte, je sens couler, en fait, entre mes jambes. Et là, je lui dis, j'ai l'impression que je saigne. J'ai verbalisé ça, du coup je l'ai fait très peu. Je me suis dit, j'ai l'impression que je saigne. Il faut savoir que sur une césarienne, il y a beaucoup plus de risques hémorragiques que sur un accouchement en voie basse. Sur un accouchement en voie basse, c'est 5 à 10 % d'hémélescence. Et on considère une hémorragie à partir de 500 ml de sang perdu sur une voie basse. Sur une césarienne, c'est 20 à 25 % d'hémorragie. Et on considère une hémorragie à partir d'un litre sur une césarienne. Les risques sont quand même beaucoup plus élevés sur une césarienne d'urgence. En tout cas, là, je dis les chiffres sur des césariennes d'urgence. Les chiffres sont plus élevés sur une césarienne d'urgence d'avoir une hémorragie. Donc, j'ai à nouveau cette peur avec mes angoisses de professionnel, on va dire, où je sais des choses. Et là, je me dis, bon, je saigne. J'ai l'impression que je fais une hémorragie. Et sur ce, on appelle mon mari, on lui dit, viens faire du pot à pot. Donc, mon mari sort de la pièce et il part avec cette information-là que je lui ai donnée où je lui dis, j'ai l'impression que je saigne. Et mon mari sort de la pièce et là, je demande au médecin, je dis, ça va, je ne saigne pas trop. Alors, ça fait rire tout le monde parce qu'on me dit, habituellement, les femmes, elles ne posent pas ces questions.
- Marine
Oui, forcément.
- Rébecca
Moi, je la pose et en fait, on me dit, non, non, ça va, il n'y a presque rien comme perte, tout va bien. Ok, donc moi je suis rassurée, mais mon mari qui est de l'autre côté de la porte, il n'a pas entendu ça, il n'a pas entendu la réponse. Donc en fait, il reste tout le temps où on referme mon vente, etc., quand on me prépare, lui il reste avec mon bébé, avec la peur.
- Marine
Que ça se passe mal.
- Rébecca
Ouais, c'est ça. Il ne sait pas lui ce qui se passe, parce qu'il n'y a pas des gens qui viennent l'informer au fur et à mesure, ce qui est normal. Il n'y a pas non plus... Il y a peut-être une demi-heure qui s'écoule, même pas. Et voilà, on ne vient pas lui dire, vous inquiétez pas, tout va bien. Donc voilà. Et on sort de la salle, on se retrouve en salle de réveil. Avant d'aller en salle de réveil, on se retrouve tous les trois. Je fais du poids à peau, j'essaie de faire téter un peu mon bébé, mais il ne veut pas. Rien de bien grave, on reste ensemble un petit moment. Et après, on m'emmène en salle de réveil. Là, mon mari repart avec mon bébé et j'arrive en salle de réveil, allongée sur mon lit. Je n'ai pas du tout le dos redressé, je suis vraiment allongée à plat et on me met sous un néon que j'ai en fait juste au niveau de mes yeux. C'est-à-dire qu'on me positionne le lit, je suis face à un néon, un néon de bloc opératoire, donc pas une lumière agréable du tout. Je me retrouve avec ça dans les yeux et on me laisse là et personne n'est présent dans la salle. C'était un soir où il y avait beaucoup d'activités, comme je t'ai dit, en salle d'accouchement. Et je pense a priori au bloc opératoire aussi. Et en fait, je me retrouve en salle de réveil où il n'y a personne, même pas une infirmière. Je suis seule dans cette pièce, les yeux rivés sur cette lumière. Et là, je me dis, si je me vide de mon sang, en fait, personne ne le verra, quoi. Personne ne va me voir. Je suis encore dans cette pièce. Et je me dis, non, mais là, il faut que je bouge, il faut que je m'active pour que, quand on vient de me chercher, je sois là. je sois prête à m'occuper de mon bébé. Je ne voulais pas me retrouver à être...
- Marine
Mais rester le moins longtemps possible.
- Rébecca
C'est ça. Donc, je commence à bouger mes jambes dans tous les sens, à essayer de m'activer. Et puis, en même temps, je suis tellement inconfortable, allongée sur le dos comme ça. J'essaie de me mettre sur le côté, mais pour l'instant, c'est impossible. En fait, dans la suite directe de la césarienne, c'est impossible. Et donc, il n'y a personne à qui je peux faire appel pour dire, relevez-moi un peu, qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, je reste trois heures en salle de réveil comme ça. toute seule à un moment il y a une personne qui passe mais j'ose pas l'interpeller parce que je vois que ça doit être une infirmière je pense qu'elle est occupée à autre chose elle vient chercher quelque chose, elle repart voilà c'est un passage quoi donc je me dis bon ben ok j'ose pas la déranger juste pour lui dire excusez-moi vous pouvez me relever la tête donc je reste comme ça dans cette position pendant 3 heures qui me semble interminable ... Et enfin, une sage-femme vient s'occuper de moi, m'explique qu'il y avait beaucoup d'activités. Bon, je l'avais compris. Et elle me ramène en chambre. Et donc là, je retrouve mon mari, mon bébé dans la chambre.
- Marine
Entre-temps, tu avais bien le temps de te réveiller, du coup.
- Rébecca
Oui, oui. Et puis, je ne pouvais pas dormir avec le néon dans la figure. Oui,
- Marine
de réveiller moins le corps.
- Rébecca
Oui, oui. Oui, j'avais bien bougé mes jambes. J'étais active. Et puis voilà, en plus... On m'a dit, ça va, tu as pu te reposer. Non, pas du tout, j'ai un néon dans la figure. Je ne peux pas me reposer avec une lumière directe dans les yeux. Ce n'est pas possible. Donc, je n'arrivais pas à m'endormir. Je suis remontée en chambre, c'était 1h du matin. Mon bébé est né, c'était 21h.
- Marine
Ok, quand même.
- Rébecca
Voilà, donc, elle est passée 3h en salle de réveil. Je suis remontée à 1h du matin dans ma chambre. Là, je retrouve mon mari. En fait, on décide de prévenir nos parents. Juste nos parents pour leur dire que le bébé était né. Donc mon mari, il appelle d'abord ses parents. pour les avertir et puis il leur dit bébé est né, tout va bien mes marines c'est un peu plus compliqué parce qu'elle a eu une césarienne voilà il ne rentre pas dans les détails mais il dit du coup mes beaux-parents sont assez compréhensifs il dit remettez-vous bien puis voilà, bon après c'est une heure du matin ils sont à moitié réveillés ils ont eu la nouvelle c'est bon voilà c'est ça, ils sont au courant bon voilà Et après, on décide d'appeler ma mère aussi pour lui annoncer. Et quand on lui explique ça, en fait, elle demande à ce que mon mari s'isole et à ce qu'elle lui parle seule. Et en fait, ce que je ne savais pas à ce moment-là, ma sœur était enceinte, bon ça je le savais, mais ma sœur était enceinte de 3 ou 4 mois, je ne sais plus. Et en fait, il y avait une suspicion de trisomie de 18, et donc il y avait une IMG qui était programmée. Donc, une interruption médicale de grossesse qui était programmée quelques jours après.
- Marine
Ok.
- Rébecca
Donc, elle vivait vraiment quelque chose de difficile. Et ma mère l'accompagnait là-dedans. Et moi et mon mari, on n'était pas au courant. Et quand mon mari l'appelle pour lui annoncer ça, ma mère a eu des mots très durs. Elle lui a dit, il ne va pas falloir qu'elle se plaigne d'avoir une césarienne non plus parce que ma fille, elle vit quelque chose de très dur. Donc, elle a eu ces mots-là. Et donc, mon mari revient. Je vois qu'il est... qu'il n'est pas bien.
- Marine
Un peu perturbé, oui.
- Rébecca
Oui, il est perturbé. Parce que déjà, il a appris pour ma sœur, alors qu'il l'appelait pour annoncer la naissance de notre bébé. Donc, au niveau du timing, ce n'était pas très opportun. Et la réaction de ma mère l'a énormément choquée. Donc, il revient dans la chambre. Et puis bon, après, on n'en parlera que quelques jours après. Et après, en fait, pendant mon séjour, je pleure, je pleure beaucoup. Et en fait, les gens ne comprennent pas ma douleur. Ils me disent, mais ton bébé, il va bien. Oui, mon bébé va bien, mais moi, je ne vais pas bien. Et ça, les gens ne comprennent pas. Je ne sais pas que ce n'est pas parce que ton bébé va bien que toi, tu es obligé de te sentir bien. Et je me suis sentie vraiment incomprise, même de la part de mes collègues. J'étais passée dans la case, la femme qui avait un projet physio, puis qui a fini en césarienne et qui est frustrée. J'ai vraiment eu cette sensation-là. Je n'ai pas eu de visite de leur part, de mes collègues, alors que généralement quand on a une collègue qui accouche, on lui rend visite, on vient voir son bébé, etc. Et en fait, celles qui étaient au courant que j'avais une césarienne, je pense qu'elles avaient peut-être peur de se confronter à... Au fait que je ne sois pas super épanouie. Je me suis sentie vraiment très peu soutenue. Il y a une ou deux personnes qui sont sorties du lot, qui sont venues m'écouter, qui m'ont parlé, etc. Avec qui j'ai pu discuter. Je me suis sentie incomprise, que ce soit par les personnes de ma famille, par le personnel. Personne ne comprenait. Mon mari me soutenait beaucoup. Par contre, lui, il comprenait. Il comprenait ce que je vivais. Mais les autres, c'était vraiment... Quand j'annonçais aux gens que mon bébé était né, on me disait « qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air heureuse » . C'était des phrases un peu intenses. On me disait toujours que l'important, c'est que le bébé aille bien. Oui, c'est ce qu'on dit généralement. Mais en fait, si la mère ne va pas bien, le bébé ne peut pas être à 100%. Donc, ça a été très compliqué. Le démarrage de mon allaitement, ça a été très compliqué aussi. Je pense parce que j'avais un blocage psychologique qui fait aussi que j'ai eu une montée de lait très tardive. Je ne ressentais pas de douleur, par contre, de ma césarienne, douleur physique. Je pense que la douleur psychologique était tellement importante que je n'ai eu aucune douleur au niveau de ma cicatrice. J'ai... aucun souvenir de ça. Ça a été vraiment occulté pour moi. J'ai eu aucune douleur. Le lendemain, je marchais. Pas de problème. Je pense que j'étais tellement mal que je n'ai pas du tout ressenti de douleur de la cédarienne. Oui,
- Marine
c'est déjà ça.
- Rébecca
Voilà. J'ai passé mon séjour à pleurer. Il y a un soir, j'ai renvoyé mon mari chez nous. Je lui ai dit, écoute, va te reposer. Moi, ça va et tout. Et en fait, je l'ai fait partir pour pleurer. J'ai pleuré pendant trois heures ce soir-là parce qu'en fait, je savais que s'il était là, il allait vouloir me consoler, pour que j'arrête de pleurer. En fait, moi, j'avais juste besoin d'ouvrir les vannes et de ne pas m'arrêter.
- Marine
Tiens, oui.
- Rébecca
C'est ça. Donc, j'ai énormément pleuré. Et puis, à la fois, après, une fois que j'avais pleuré tout ce que j'ai pu, il a fallu que je fasse bonne figure, en fait, pour les gens. Donc, je n'arrivais pas à cacher ma tristesse. C'était impossible à cacher. Mais par contre, je ne l'exprimais plus. J'avais honte d'exprimer mon mal-être parce que j'ai un bébé qui est en pleine santé, qui va bien. Donc, pourquoi ça n'irait pas ?
- Marine
Oui, c'est sûr.
- Rébecca
Donc voilà, c'est un peu comme si, tu sais, j'avais un peu l'impression, comme si l'accouchement physio, c'était un caprice auquel on n'avait pas cédé.
- Marine
Oui, c'était la maman relou qui n'était juste pas contente.
- Rébecca
Voilà, c'est ça. Et qu'on ne comprenait pas qu'elle ne soit pas épanouie alors qu'elle a un bébé. En dehors de ça, le lien avec mon bébé s'est tout de suite fait. Comme je disais, j'ai eu le coup de foudre tout de suite quand je l'ai vu. Après, pendant mon séjour, je l'avais tout le temps contre moi. J'étais émue rien que de le regarder. Il n'y a pas eu du tout de rupture de lien avec mon bébé. Ça, pas du tout. J'étais très fusionnelle avec lui très vite. Et heureusement, ça n'a pas eu d'impact avec lui par rapport à ce que j'ai vécu. Donc, voilà. Après, ben... Je sors enfin de la maternité au bout de, je ne sais pas, six jours où j'ai enfin eu ma montée de lait. Et après ça, mon allaitement s'est très bien passé. Mais voilà, c'est le démarrage surtout compliqué. Et après, un mois, un mois et demi passe. Et bon, ça ne va toujours pas. Et là, en fait, je rencontre, je discute avec une amie où elle me dit non mais vas-y, je suis là. Je comprends ce que tu vis, vis de ton sac. Vas-y et dis-moi ce qui s'est passé. OK. en fait c'est la première qui m'a vraiment écoutée où j'ai pu lui raconter tout de A à Z et où je me sentais comprise et écoutée et ça m'a fait vraiment du bien, elle se reconnaîtra d'ailleurs si elle écoute et en fait j'ai beaucoup pleuré encore une fois et en fait j'ai compris que j'avais l'impression qu'en fait elle ressentait ce que je ressentais elle a eu aussi un un un accouchement compliqué. Après, je ne vais pas raconter sa vie, mais voilà, elle a vécu aussi quelque chose de compliqué. Et du coup, je me suis dit, en fait, je ne suis pas la seule à vivre ça. Ce que je ressens, ce n'est pas anormal. En fait, il y a d'autres femmes qui le ressentent. Et ça a un peu fait-il dans ma tête. Je me suis dit, non, mais en fait, je ne suis pas seule dans ce cas. Donc, il y a des gens qui doivent traiter, entre guillemets, ces cas-là. Et il faut que je vois une psy. Donc, je fais appel à la psychologue de la maternité. En fait, le lendemain ou le surlendemain de mon accouchement, on m'avait proposé de la voir. J'avais dit oui. Elle était en congé à ce moment-là. Et après, le message a un peu passé aux oubliettes. Donc, moi, je décide de la recontacter peut-être deux mois après. Je la recontacte et je commence à faire un suivi avec elle. Ou sur les premières séances, on parle de mon accouchement, tout ça. Elle me dit que c'est légitime ce que je vis. Bon, très bien. Et puis après, en fait, ça dévie sur d'autres parties de ma vie, sur ma relation avec ma mère, des choses comme ça, mon enfance, un peu ce que les psychologues souvent font de retourner au trauma de l'enfance, on va dire. Et on ne reste pas, en fait, fixé sur la naissance de mon fils. Je n'arrive toujours pas à dire mon accouchement.
- Marine
C'est assez courant, ça, ne t'en fais pas.
- Rébecca
Et en fait, ça dure presque six mois. où on se voit et ensuite je reprends le travail mi-janvier donc j'ai accouché début juillet je reprends le travail mi-janvier et à ce moment là on arrête le suivi parce qu'elle me dit bah je pense que tu vas mieux et puis en plus de ça après on redevient collègues c'est un peu délicat de faire un suivi psychologue avec une collègue ok d'accord c'était ok elle me dit bah moi je trouve que tu vas mieux ça va aller bon Bon, ça va aller, OK. Six mois sont passés. Pour moi, c'est toujours douloureux. J'ai toujours... Je pense à ça du matin au soir. J'ai des flashbacks.
- Marine
Mais tu sens que ça ne va pas à toi.
- Rébecca
Moi, je sens que ça ne va pas. Je sens que j'ai moins de difficultés à en parler. Mais par contre, j'ai toujours quelque chose en moi qui ne va pas, en fait. Donc, bon, elle me dit que je vais mieux. Bon, je vais mieux. Donc, je reprends le travail. Et la première fois où je remets les pieds dans ma... dans ma salle entre guillemets d'accouchement la salle où j'ai fait mon travail je m'effondre en fait je m'effondre complètement je j'ai un plein d'image qui ressortent des moments de cette journée en tête j'ai les heures exactes de chaque chose qui s'est passé dans cette journée à la minute près je suis capable de dire bah là à cet instant il s'est passé ça et ça me ça me pop, en fait, devant les yeux. Voilà, ça me fait des flashs comme ça. Donc, la première fois que je retourne dans cette salle, je m'effondre. Je repousse au plus tard le moment où je vais revoir le bloc opératoire, mais bon, à un moment, on y retourne quand même. Donc, pareil, c'est très difficile. En fait, personne me comprend. Personne me comprend. On dit, attends, t'as accouché il y a sept mois. C'est bon maintenant. Enfin, voilà, le temps, il est passé. remets-toi quoi c'est un peu ce que les gens me font comprendre tu es un peu seule en plein naufrage là pour le coup ah oui complètement je me dis mais qu'est-ce qui va pas chez moi combien de temps je vais mettre à me remettre de ça en fait je me dis mais pourquoi ça prend autant de temps mais moi je comprends pas en fait pourquoi ça prend autant de temps et après à un moment en fait je revois le médecin qui m'a fait ma césarienne Et on décide de faire une sorte de débrief de mon accouchement, où on reprend mon dossier d'accouchement avec la sage-femme qui était présente ce jour-là, et où on refait tout le déroulé de la journée. Parce que je me suis dit, si j'ai les réponses, si je sais exactement ce qui s'est passé, si je refais le fil, ça me permettra de comprendre et du coup d'aller mieux.
- Marine
Oui, tu aurais les réponses à pourquoi, comment...
- Rébecca
Voilà. C'est ça, à ce moment-là, on a décidé ça. Pourquoi ? Quels étaient vraiment les enjeux pour mon bébé ? Parce que oui, je savais qu'au niveau de son rythme, ce n'était pas parfait, mais j'étais dans mon travail, je n'ai pas fait attention réellement à ce qui s'est passé pour mon bébé. Je voulais avoir des réponses en me disant, peut-être que d'avoir les explications, ça me permettra d'aller mieux. La sage-femme qui est venue, en fait, elle a cru qu'en fait, j'étais un peu... Je voulais leur faire leur procès, à leur dire, oui, pourquoi vous avez fait ça ?
- Marine
Un peu sur la défensive pour elle.
- Rébecca
C'est ça, mais en fait, pas du tout. C'était très bienveillant de sa part. C'était surtout qu'elle ne voulait pas que je me sente mal. Et voilà, parce que pour elle, ils avaient fait ce qu'ils pouvaient faire pour moi. Et ce n'était pas du tout dans cette optique-là, c'était vraiment pour moi essayer de comprendre. Et en fait, je suis ressortie de là sans plus de réponse. J'avais des réponses sur le déroulé de la journée, mais en fait, elles m'ont juste dit, mais en fait, il faut te pardonner, il faut que tu arrêtes de croire que c'est de ta faute ce qui s'est passé. Et c'est vrai que je remettais beaucoup de choses sur ma faute à me dire... ...
- Marine
La culpabilité d'avoir réussi à faire autrement.
- Rébecca
C'est ça. Et puis de me dire, au moment où je suis arrivée, on m'a posé le monitoring, mon bébé a eu un ralentissement. C'est ce qui fait qu'on l'a plus suivi après. Est-ce que si je serais arrivée à un autre moment où le monitoring était bon, on aurait moins fait un suivi et du coup, j'aurais pu plus être dans ma bulle ? Enfin, tu vois, avec des si, des si, des si, je refais...
- Marine
On refait le monde, c'est sûr. Ok.
- Rébecca
Je me pose plein de questions en m'accusant moi, en me disant que j'aurais pu faire autrement. Je comprends qu'il faut vraiment faire un travail sur moi. Je fais des recherches sur les psychologues qui font de l'EMDR. L'EMDR, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une thérapie qui repose sur des mouvements oculaires ou d'autres stimulations bilatérales, comme des sons ou des tapotements, pour aider le cerveau à... à retraiter des souvenirs douloureux. Et donc moi, je fais appel à une psychologue qui fait de l'EMDR, ce qui n'était pas le cas de la psychologue de la maternité. Je fais appel à elle en lui expliquant ce qui se passe, etc. Et donc là, elle me dit, OK, venez me voir. Et donc j'arrive, je lui explique ma situation. Et en fait, elle me dit, à la première séance où on se voit, elle me dit, mais Marine, vous avez un... syndrome de stress post-traumatique. Et là, en fait, pour moi, c'est le choc.
- Marine
Ça te fait quoi d'entendre ça, du coup, quelque chose qui est quand même assez gros, quoi ?
- Rébecca
C'est ça, en fait. Pour moi, les gens qui souffraient de stress post-traumatique, c'était les militaires qui revenaient de la guerre avec un membre en moins, quelque chose vraiment d'horrible, quoi.
- Marine
Incroyable,
- Rébecca
quoi. Pas une césarienne, quoi. Je me dis, mais en fait, ok, moi, je vis ça. Et en fait, ces flashbacks que j'avais tout le temps, c'est ça aussi qui lui a posé ce diagnostic-là. Et je me dis, OK, donc j'ai ça, donc c'est quelque chose qu'on peut soigner. En fait, je me dis, OK, c'est pas le temps qui efface un syndrome de stress post-traumatique. Le temps, il ne fait rien là-dessus parce que le trauma, quand il est là, il est là. Et en fait, avec le MDR... ça permet de mettre un peu dans des cases les bons souvenirs, les mauvais souvenirs. On les met dans un tiroir et on va se concentrer sur quelque chose où on peut s'ancrer et s'accrocher. C'est compliqué à expliquer comme ça, mais en tout cas, j'ai fait une séance avec elle où j'ai tout raconté. J'ai à nouveau pleuré pendant deux heures. Elle me donnait... Sa technique, c'était des petites manettes que j'avais dans chaque main. qui émettait des vibrations. Un coup à gauche, un coup à droite, des fois les deux en même temps. Et en fait, c'est ça ce mouvement bilatéral. Elles, c'était des vibrations. Il y en a d'autres qui fonctionnent autrement. Elles, c'était ça. Et donc, je ressors de là complètement vidée.
- Marine
Oui,
- Rébecca
forcément. Épuisée. Épuisée, vidée, enfin voilà. Et en même temps, je me dis, OK, bon, on m'a dit que j'avais ça, que j'avais du stress post-traumatique, d'accord. Mais des séances de psy, j'en ai déjà fait pendant six mois. Qu'est-ce que ça va changer ? Je ne sais pas trop ce qui va changer. Et en fait, je la revois trois semaines plus tard. Et la première chose que je lui dis quand je rentre dans son bureau, c'est « c'est magique votre truc » . Parce qu'en fait, j'avais déjà…
- Marine
Ça t'avait vraiment aidé déjà dès le départ.
- Rébecca
C'est ça, mais en fait, sans vraiment que je m'en rende compte, j'y pensais plus du matin au soir parce que avant clairement c'était la première chose au lever c'était un flashback de cette journée la dernière chose au coucher c'est un flashback de cette journée c'était c'était vraiment une pensée que j'avais tout au long de ma journée du matin au soir et en fait là j'y pensais plus tout le temps et les flashbacks avait énormément diminué donc déjà je me sentais beaucoup mieux après juste une séance je me suis dit waouh c'est vraiment incroyable Vraiment incroyable.
- Marine
Oui, forcément, dit comme ça, il faut tester à tout prix.
- Rébecca
C'est ça, c'est ça. Moi, je le conseille vraiment à tout le monde de trouver son professionnel qui l'aide parce que vraiment, pour moi, ça a été magique. C'était l'impression qu'elle avait une baguette magique et qu'elle m'avait dit « Allez, on t'enlève tout ce poids. » Et en tout, j'ai fait trois séances avec elle.
- Marine
Oui, c'est assez court quand même.
- Rébecca
C'était hyper court. En fait, sur moi, ça a énormément marché. Je ne sais pas si c'est le cas de tout le monde comme ça, mais en tout cas, moi, j'ai fait trois séances avec elle d'une heure à peu près, une heure ou une heure et demie, je ne sais plus exactement. Mais en trois séances, ce stress post-traumatique, c'était devenu un mauvais souvenir. Tu vois, si tu veux, pour moi, cette journée-là, c'est triste à dire parce que la naissance de son enfant, généralement, on dit que c'est le plus beau jour de sa vie.
- Marine
bon c'est pas le cas ça c'est une vaste blague quand même il faut arrêter aussi la rencontre est un moment magique et sûrement le plus beau jour de sa vie mais l'accouchement lui-même je vais pas dire rarement mais c'est quand même pas très souvent le cas c'est
- Rébecca
ça c'est la plus belle rencontre de ma vie mais par contre c'est pas du tout le plus beau jour de ma vie ça c'est sûr mais voilà ça reste c'est bien Ça reste un trauma, mais je n'ai plus ce stress par rapport à ce trauma. Maintenant, je l'ai mis dans la case souvenir et ça reste dans cette case. Et ça, en trois séances, je vends du rêve, mais franchement, pour moi, ça a été vraiment magique. Et je souhaite à tout le monde de trouver un professionnel qui soit capable de faire ça. Parce que j'ai eu six mois de suivi avec UMSI qui n'ont absolument rien changé. Et là, en trois séances, on m'avait posé un diagnostic et on m'avait soigné par rapport à ça. Donc, j'ai été vraiment très impressionnée que ça marche comme ça. Et vraiment, ça a changé ma vie. J'ai regretté de ne pas l'avoir fait plus tôt. Mais en même temps, je ne savais pas que j'avais ça. Je ne savais pas que le temps n'effacerait pas.
- Marine
c'est souvent ce qu'on dit ça va passer tu vas oublier alors que pas forcément et au contraire je pense que le temps faisait qu'empirer les choses la psy elle m'a dit elle
- Rébecca
m'a clairement dit vous auriez pu revenir dans deux ans vous auriez été dans le même état quand ça fait un choc comme ça dans son esprit c'est pas le temps qui arrange les choses, le temps qui arrange les choses c'est sur des ... des peines, mais pas sur des chocs qui arrivent comme ça. Pour moi, ça a été...
- Marine
Et pas des traumatismes, quoi.
- Rébecca
C'est ça. Et les traumatismes, en fait, ce qu'elle m'a aussi beaucoup fait comprendre, c'est que, parce que comme je le disais, pour moi, le stress post-traumatique, c'était pour des choses vraiment plus horribles que ce que j'avais vécu. Et en fait, elle m'a fait comprendre que notre douleur, en fait, elle est entendable et elle est légitime. Et en fait, ce n'est pas parce qu'il y a des gens qui vivent des choses plus dures que toi, tu n'as pas le droit de ressentir ce que tu ressens, en fait. Et ça, ça m'a fait un bien fou parce que oui, il y a plein de gens qui vivent des choses horribles à côté. Et voilà, par exemple, la phrase que ma mère a dit, oui, il ne faut pas falloir qu'elle se plaigne de sa césarienne parce que ce qu'une autre personne vit, c'est plus horrible. Oui, mais je m'en plains quand même parce que moi, ça ne va pas.
- Marine
Et puis, ça casse en échelle au final.
- Rébecca
Exactement. Exactement. Et au final, ma sœur a eu sa fille qui va très bien aujourd'hui.
- Marine
Ah, ça c'est la bonne nouvelle quand même.
- Rébecca
Voilà, elle n'a pas du tout eu son IMG. C'était une fausse alerte, entre guillemets. Donc voilà, tout s'est bien terminé pour elle. Et voilà, ça m'a fait comprendre que oui, je pouvais exprimer une douleur, même si des gens vivent des choses plus dures, chacun a son ressenti. Moi, ce que j'ai vécu, une autre personne qui le vit, ça se trouve, ne le ressentira pas du tout pareil que moi. Parce que dans mon cas, je ne suis pas la seule. Il y en a plein qui vivent ce que j'ai vécu. Pour autant, il n'y a pas tout le monde qui ressort de là avec un syndrome de stress post-traumatique. Et une personne qui veut, par exemple, accoucher avec une péridurale, qui arrive et qui accouche sans péridurale parce qu'elle n'a pas le temps, elle peut être complètement traumatisée de son accouchement aussi. un stress post-traumatique suite à ça. Enfin, c'est pas du tout lié à la...
- Marine
C'est pas la césarienne en soi, c'est le choc de ce qui s'est passé. Ça aurait pu être tout et n'importe quoi tant que ça te choque, forcément.
- Rébecca
Exactement,
- Marine
ouais. Ok, ouais. Un très beau témoignage et une très belle leçon. Et du coup, si tu avais un message à faire passer, je crois que tu l'as déjà plus ou moins fait passer, mais à faire passer à toutes ces mamans qui, là, elles t'écoutent et elles ne se sentent pas bien parce que ça fait deux jours, trois semaines, un an qu'elles ont accouché et qu'elles se rendent compte qu'elles ont du mal, vraiment beaucoup de mal à digérer l'accouchement et qu'on a beau leur dire que ce n'est pas ta faute, ça ne passe pas.
- Rébecca
Je pense que c'est important de se faire aider par un professionnel. que même si on a un entourage qui nous écoute et parfois c'est pas le cas moi j'ai eu un mari qui m'a beaucoup soutenu mais c'est sûr qu'au bout de six mois huit mois il commençait lui aussi à se poser des questions à se dire mais pourquoi ça va pas mieux donc même quand on a un entourage qui est soutenant ça suffit pas quand on a vraiment un mal-être faut vraiment aller se faire aider par un professionnel et trouver le bon professionnel qui nous correspond moi j'ai trouvé la personne qui m'a qui m'a correspondu j'ai trouvé cette femme, j'en ai pas contacté dix des psychologues qui faisaient de l'EMDR, j'ai contacté celle-ci et ça a matché. Mais si ça fonctionne pas, comme ça a été le cas avec la première psychologue que j'ai vue, en fait, il faut arrêter. Il faut arrêter les frais et aller voir quelqu'un d'autre parce que si ça fonctionne pas, c'est que c'est pas la personne qu'il vous faut. Et c'est pas parce que c'est un professionnel que ça va être le bon professionnel pour vous. Donc, c'est important de trouver le professionnel qui nous parle et qui saura, en fait, nous aider. Et voilà, je pense que c'est ça le plus important, c'est de se faire aider et de légitimer ce qu'on ressent et ne pas vouloir l'effacer, l'enfouir au fond de soi-même en se disant d'autres qui vivent des choses plus horribles, mon bébé va bien, c'est tout ce qui compte. Non, en fait, ce qui compte, c'est aussi de se sentir bien. Et pour ça, il faut se faire aider.
- Marine
Oui, un très beau message. Et l'UMDR, ça ne marche pas trop mal, du coup.
- Rébecca
Pour moi en tout cas ça a bien marché.
- Marine
Et est-ce que tu dirais que c'est cette expérience qui t'a fait un peu changer de carrière ou pas forcément du tout ?
- Rébecca
Alors non pas forcément parce qu'en fait j'avais déjà des projets en tête. Après au fond de moi je suis toujours auxiliaire de puriculture. J'aimais beaucoup ce que je faisais à la maternité, accompagner les mamans. lors de la naissance, des premiers jours de vie de bébé. C'était quelque chose que j'aimais beaucoup faire. C'est simplement qu'on a eu un projet familial différent. On a eu le projet de partir vivre au Québec. Et actuellement, je vis à Montréal. Et en fait, il n'y a pas d'oxygène de puriculture à Montréal. C'est tout à fait autre chose. Donc là, je suis devenue... accompagnant de Périnata dans un centre communautaire, j'aide des femmes immigrées qui sont enceintes. Donc voilà, c'est très plaisant pour moi, mais si demain je devais retourner en France, je ne sais pas si je pourrais faire ce métier-là à 100%, parce qu'accompagnant de Périnatale, en France, c'est très compliqué. C'est être auto-entrepreneur, donc c'est beaucoup d'investissements personnels, de temps, de charges aussi, de taxes et compagnie. Donc c'est très compliqué d'avoir une stabilité financière et personnelle. Donc je pense que si demain je devais retourner en France, je ne suis pas sûre que je pourrais faire ça à temps plein.
- Marine
Ok, oui, je n'étais pas du tout au courant que c'était aussi différent du coup, mais c'est très bien. Et bien en tout cas, merci beaucoup d'avoir partagé tout ça avec moi, avec les auditrices. C'est très intéressant et je pense que ça pourrait aider beaucoup de personnes parce que parfois on se sent mal et on n'arrive pas à comprendre. Et parfois on n'arrive même pas à verbaliser en fait que ça ne va pas. Effectivement, bébé va bien. plan médical, tout va bien, mais on a du mal à digérer, donc merci beaucoup d'avoir partagé tout ça.
- Rébecca
Avec plaisir, j'espère que ça pourra aider. Si jamais vous écoutez ce podcast et que vous ne vous sentez pas bien, allez vous faire aider, vous êtes légitime de ressentir ce que vous ressentez.
- Marine
Très belle conclusion, merci beaucoup à toi en tout cas.
- Rébecca
Avec plaisir.
- Rébecca
Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu. ou si le podcast de manière générale te plaît, n'hésite pas à me laisser une petite note sur ton application d'écoute préférée. 5 étoiles, ce serait l'idéal. Et pour découvrir d'autres histoires aussi passionnantes qu'intéressantes, rendez-vous mercredi prochain. A très vite !