- Alexandra
Bonjour, bienvenue dans ce nouvel épisode de Be-Life Talk. On est ensemble aujourd'hui pour parler de l'agriculture bio et de la santé. Une nouvelle fois avec nous Laurence Lins, directrice scientifique de chez Be-Life. Bonjour Laurence.
- Laurence
Bonjour Alexandra.
- Alexandra
Et on a une invitée en notre compagnie, Sandrine Detry. Bonjour.
- Sandrine
Bonjour.
- Alexandra
Vous êtes à la tête d'une petite production légumière qui est située à Uncourt et qui s'appelle... Terre de Cense, alors sens C-E-N-S-E et pas S-E-N-S comme on aurait tendance à l'entendre. Elle est dédiée à la consommation des familles. Comment est-ce que vous en êtes arrivée à ce concept ?
- Sandrine
Pour moi, l'idée première c'était de faire de ma passion mon travail et je n'avais pas du tout envie de cultiver de manière anonyme. Donc pour moi, ça me tenait réellement à cœur de cultiver avec du lien humains et donc de savoir où allaient partir mes légumes, qui allait les consommer et donc de ne pas vendre à une plateforme, à une centrale, à un magasin dans un anonymat qui ne me correspond pas.
- Alexandra
Concrètement, comment est-ce que fonctionne Terre de Cense?
- Sandrine
Alors, Terre de Cense, c'est une alliance entre moi en tant qu'agricultrice, productrice de légumes et le consommateur. Donc, on a vraiment un lien direct. Je cultive tout au long de l'année et en parallèle, les familles vont venir se ravitailler et... directement sur le champ. Donc ça, c'est vraiment l'idée première, c'est de se dire qu'il n'y a plus aucun intermédiaire. On travaille vraiment de producteur à consommateur en direct.
- Alexandra
Est-ce que c'est un concept que vous avez vu avant ailleurs qui a fait que vous vous êtes lancé là-dedans ?
- Sandrine
Alors oui, tout à fait. Je n'ai absolument rien inventé du tout. C'est un concept qui date déjà des années 70, qui est né au Japon, qui a voyagé à travers le monde et qui a perduré jusqu'à nos jours. On le retrouve bien plus souvent dans les zones anglo-saxonnes. Et... notamment en Flandre, c'est assez répandu. Donc, je n'ai absolument rien inventé et j'ai eu la chance de vivre, il fut un temps, on va dire, à Boisfort, où il y a le champ des cailles, qui travaillait déjà selon ce modèle et qui a été très inspirant pour moi.
- Alexandra
Tout le monde ne connaît pas ce concept d'agriculture soutenue par la communauté. On l'a compris, l'idée, c'est que vous, vous cultivez, les personnes viennent au champ récupérer directement votre culture. C'est comme ça que ça s'est développé au Japon.
- Sandrine
Tout à fait, parce qu'en fait, c'est parti d'un constat à la sortie des grandes guerres là-bas. Il y a eu de plus en plus, les mamans se sont rendues compte qu'il y a de plus en plus de dégénérescence au niveau des enfants, qu'elles soient mentales, qu'elles soient physiques. Et intuitivement, elles ont fait le lien avec l'alimentation. Et donc, elles sont allées rencontrer les producteurs, les agriculteurs de leur région, leur demandant tout simplement de cultiver à l'ancienne, c'est-à-dire sans tous les pesticides, les produits chimiques, pour voir si réellement il y avait une différence. Sauf que pour un agriculteur, travailler de manière... propre, saine, c'est prendre des risques finalement. Aujourd'hui, si on utilise autant de produits chimiques, pourquoi ? C'est pour avoir une garantie de production à l'arrivée et à faire du tonnage, faire du volume. Et ainsi, on augmente forcément son chiffre. Et là, la contrepartie qu'ont offert ces mamans, ces villageoises, c'est de dire écoute, prends ce risque pour nous, nous en contrepartie, on va s'engager à te rémunérer correctement pour que tu puisses continuer à vivre de ton activité. Et ça, c'est vraiment le socle, c'est la base, c'est l'ancrage sur lequel s'appuie le CSA, la communauté en soutien à l'agriculteur, c'est qu'elle va s'engager dans ce compromis, de se dire, ok, on est conscient qu'on prend des risques, on est conscient qu'on risque d'avoir des pertes, donc on va assumer ensemble, main dans la main, ce risque collectivement. Il n'y a pas que l'agriculteur qui va... prendre tous les risques, subir les pertes ? Non. Le consommateur aussi va être conscient de ce risque et va se dire, si une année, on a un peu moins d'un légume plutôt que d'un autre, ou qu'à contrario, on est sur une super belle année avec beaucoup de production, eh bien, on va partager cette abondance ou parfois la pénurie, mais tous ensemble.
- Alexandra
Est-ce que c'était une vision que vous aviez dès le départ quand vous vous êtes lancé dans ce projet ? ou bien vous l'avez construit au fur et à mesure de votre expérience ?
- Sandrine
Il s'est construit, il s'est affiné avec le temps, et surtout ça vient du fait que je me suis longuement plongée dans les principes de la permaculture, à laquelle je me suis finalement formée à la haute école de la province de Liège, et qui propose de suivre un certain canevas de valeurs, qu'on pourrait appliquer finalement dans tout type d'entreprise. Moi je dis souvent qu'on peut faire de la permaculture dans une entreprise au bouton de manchette, et c'est de dire comment est-ce qu'on peut construire, co-construire de la résilience. La résilience, elle n'est pas seulement environnementale, elle est aussi économique, elle est aussi sociale, elle est aussi humaine. Et donc, en se disant... Pourquoi est-ce qu'il y a seulement une seule partie prenante dans tout cet écosystème qui doit subir l'ensemble des risques et emporter les conséquences, alors que finalement en agriculture, il y a énormément de paramètres sur lesquels on n'a pas la main mise ? On le voit très très bien, cette année-ci, la météo au niveau du printemps a été désastreuse. Donc forcément, on n'a pas du tout les mêmes qualités et les mêmes quantités de production. Et donc, ça, le citoyen lambda... doit en reprendre conscience puisqu'aujourd'hui, malheureusement, il est complètement déconnecté de ces réalités-là. Et donc voilà, tout ça, c'est un peu affiné avec le temps. Il y a beaucoup de plus risque de conscience aussi au sein de la société. Et donc les gens ont envie de se poser ces questions de plus en plus souvent et de se dire comment est-ce que moi je peux faire pour aider finalement l'environnement autour de moi dans ma manière de m'alimenter.
- Alexandra
Donc c'est quelque chose que vous vous ressentez chez les personnes qui viennent chez vous ?
- Sandrine
Complètement. Petite anecdote, chaque semaine j'annonce un petit peu qu'est-ce qu'il va y avoir à récolter dans le champ. Eh bien, je marque souvent, rappelle, prenez vos bottes. Tout simplement parce que les gens sont parfois dans des bureaux complètement déconnectés, ils ne se rendent pas compte si dehors il fait chaud, il fait froid, il y a du vent, il y a du tonnerre, il y a de l'orage. Est-ce que, ben oui, ok, il a plu il y a trois jours, mais quel est l'impact direct sur la terre ? C'est que c'est trempé, il faut mettre ses bottes pour venir chercher ses légumes. La personne vient. Elle voit les cultures. Tiens, il y avait pas ça la semaine passée. Oh là là, cette semaine-ci, dans les salades, il y avait beaucoup, beaucoup de limaces. Ou comment est-ce que toi, tu fais pour préserver tes choux ? Parce que j'en ai mis dans mon potager, les oiseaux m'ont tout mangé. Mais du coup, ça rend vraiment très tangible les questions auxquelles on doit faire face en tant qu'agriculteur.
- Alexandra
Sans inviter au retour à la terre, vous parlez aussi de risque dans cette pratique. Vous avez le souhait de rendre cette agriculture accessible à tous. Comment est-ce que vous le faites concrètement au quotidien ?
- Sandrine
Là également, on va faire jouer la solidarité. J'ai parlé de la solidarité entre producteurs et consommateurs, mais on va aussi faire jouer la solidarité entre consommateurs, puisque tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens. Moi, en début de saison, je calcule un prix forfaitaire qui est indicatif. Les personnes sont libres de soit payer ce prix proposé directement, soit éventuellement de participer pour plus que ce forfait-là. Il va alimenter une sorte de cagnotte qui va permettre à le plus grand nombre possible de familles de... payer un prix conscient par rapport aux moyens dont ils disposent. Donc il y a des personnes qui vont payer un petit peu moins, d'autres un petit peu plus, et tout ça finalement tombe à l'équilibre.
- Alexandra
Laurence, je me tourne vers toi maintenant pour parler de nutrition et de production agricole. Les légumes qui viennent de la grande distribution sont pour la plupart très pauvres en nutriments. Comment est-ce que cela s'explique ?
- Laurence
Il y a plusieurs raisons. Il y a déjà des légumes, par exemple, qui sont poussés hors sol. Par exemple, tout ce qui va venir d'Espagne, ce sont des légumes qui vont être cultivés en aquaponie. C'est-à-dire qu'en fait, on les fait pousser. Il n'y a plus du tout de lien avec la terre. C'est exactement l'inverse de ce que Sandrine vient d'expliquer. On met des engrais dans l'eau et ces plantes poussent parce qu'on leur donne des blocs de construction. Mais il n'y a plus rien. C'est-à-dire que la richesse en minéraux, en oligo-éléments, en vitamines, elle va venir en fait de la terre. Et dans la terre, il y a aussi un microbiote. Et donc, en fait, c'est un microbiote, comme chez nous, qui va en fait produire toute une série de molécules qui vont faire que la plante va être riche de ce qu'on appelle des métabolites secondaires. Et ces métabolites secondaires, elles sont très utiles à notre propre santé. Donc, en fait, quand on a des légumes qui sont cultivés hors sol ou même cultivés dans un sol normal, donc dans la terre, cette terre est tellement lessivée. qu'en fait, il n'y a plus rien. Il n'y a plus de microbiote. Si vous faites une coupe dans une terre agricole conventionnelle, il n'y a plus aucun insecte. Cette terre, elle est très, très claire. Donc, ce qui veut dire qu'il n'y a aucun résidu organique, qui sont justement ces fameux métabolites produits par les bactéries, notamment. Donc, du coup, s'il n'y a rien dans la terre, il n'y a rien dans la plante. Donc, en fait, vous achetez de l'eau qui est formée comme un poivron, comme une tomate, mais il n'y a pas beaucoup plus que dans un verre d'eau.
- Alexandra
Ça a un impact sur la santé, j'imagine ?
- Laurence
Tout à fait, puisque s'il n'y a pas les blocs de construction pour la plante, il n'y a pas les blocs de construction pour les êtres qui mangent la plante. Donc les humains n'ont accès à plus aucune substance nutritionnellement intéressante. Donc on va avoir, oui, un peu de protéines, un peu de glucides, un peu de lipides, mais tout ce qui va être indispensable pour nous. Donc je répète, vitamines, minéraux, oligo-éléments, polyphénols, les fameux antioxydants, ça n'existe plus, il n'y a plus rien. Donc en fait, c'est vraiment comme si vous mangez de l'eau.
- Alexandra
Tu conseilles assez systématiquement de se supplémenter en magnésium, pourquoi ?
- Laurence
Le magnésium, d'abord, c'est un élément complètement indispensable pour notre santé, mais également pour la santé des plantes. Et malheureusement... Il se fait que la plupart des terres ont été lessivées, justement parce qu'on les a laissées nues. Et donc quand on laisse une terre nue, en fait l'eau ruisselle à travers et emmène toute une série d'éléments dont le magnésium. Donc même sur les terres qui sont maintenant travaillées de manière beaucoup plus... respectueuse, le taux de minéraux n'est pas encore exactement à son optimum. La deuxième chose, c'est notre mode de vie. Notre mode de vie fait qu'en fait, on hyper-consomme le magnésium parce qu'on est stressé tout le temps. Avant, les anciens, ils avaient une vie qui était beaucoup plus adaptée au rythme de la nature. Par exemple, en hiver, on se reposait plus. C'est un peu l'idée aussi, par exemple, chez Sandrine. En hiver, il n'y a pas de légumes parce que c'est comme ça. Et donc, en fait, la terre se repose, mais Sandrine aussi, j'imagine.
- Alexandra
En plus, en tout cas.
- Laurence
Et donc, en fait, on suivait un rythme qui était lié au métabolisme, à notre métabolisme, mais au métabolisme de la terre aussi. Tout ça est lié. Donc, quand on parle de permaculture, c'est vraiment ça. Il faut voir cette terre comme un écosystème complet dans lequel nous avons une part. Et donc, en fait, on ne peut pas jouer les uns sans les autres. Et donc, en fait, nous, on s'est déconnectés complètement de ce rythme naturel qui est imposé par les saisons. Et donc, comme on a ça, on a en fait une perte de minéraux. Si on s'agit de trop, notre corps va devoir aller pomper dans ses réserves. Et le magnésium est un des premiers éléments qui va disparaître.
- Alexandra
Il y a d'autres compléments qu'on peut ajouter à sa prise quotidienne que celui du magnésium ?
- Laurence
Celui que je conseille, c'est la vitamine D. On en trouve un petit peu dans les aliments, principalement les corps gras, c'est-à-dire dans le poisson gras, dans les œufs par exemple. Mais c'est le soleil principalement qui va nous fournir, va transformer une molécule qu'on appelle la provitamine B, qui est dérivée du cholestérol, en vitamine D. Quand il n'y a pas les UV, cette transformation ne se fait pas. Donc il y a deux raisons.
- Alexandra
En Belgique, on n'est évidemment pas vraiment gâtés.
- Laurence
Pas spécialement gâtés. La deuxième chose, c'est que la plupart des gens se tartinent de crème solaire pour se protéger du soleil. Ce qui fait qu'ils empêchent les UV de pénétrer dans la peau et donc la vitamine D n'est plus synthétisée. Si on se tartine d'huile solaire, il n'y aura pas de transformation de la vitamine D. Donc ce qu'il faut faire normalement, c'est s'exposer avec au moins 25 parties. 25% du corps qui est exposé au soleil sans crème solaire. Et on le fait, par exemple, tôt le matin ou en fin de journée. Et donc là, ça veut dire qu'on va avoir une transformation beaucoup plus utile, beaucoup plus efficiente de la provitamine D en vitamine D. Donc la vitamine D et le magnésium, ce sont effectivement deux nutriments dont on va devoir trouver une source ailleurs que dans notre alimentation.
- Alexandra
Tu es aussi une adepte de Terre de Sens. Comment est-ce que tu as découvert le concept et qu'est-ce qui t'y a attiré ?
- Laurence
Alors, je l'ai découvert parce qu'un jour, j'ai rencontré Sandrine en allant chercher des asperges près de chez moi. Donc, il y a un agriculteur qui fait des asperges. Et j'ai vu quelqu'un qui fait Ah, vous vous intéressez à l'échange entre consommateurs et agriculteurs directs ? Je fais Ben oui Donc, j'ai reçu un petit papier. C'était Sandrine qui lançait son activité. Et je me suis dit Ah, ben ça, c'est un concept super intéressant parce que quand on sait d'où provient notre alimentation, c'est effectivement déjà une garantie de qualité. On peut voir que la terre est en bonne forme, que ses légumes poussent de manière naturelle. Et puis, il y a autre chose, il y a aussi le lien humain. Sandrine est quelqu'un avec qui j'ai vite connecté. Au départ, tu avais un concept un petit peu différent, c'est-à-dire que tu avais ton champ, on pouvait venir cueillir au champ et c'était un peu compliqué parce que les gens ne venaient pas forcément. Même s'ils avaient envie, ils oubliaient de venir.
- Sandrine
Tout à fait. La première année, en fait, c'est une année sur laquelle je me suis autorisée à tester plein de choses pour voir... Comment justement construire cette relation entre producteur et consommateur ? Alors est-ce que c'était offrir des paniers ? Est-ce que c'était laisser libre cours à l'autocueillette ? Est-ce que c'était finalement faire un étal un peu comme on pourrait en voir partout ? Est-ce que c'était faire de la livraison directement à la porte ? Et donc je me suis autorisée vraiment à tester tout cet éventail et puis j'ai regardé où est-ce qu'il y avait du répondant et puis... où se situait ma zone de confort aussi, où est-ce que je prenais du plaisir à travailler et où est-ce que je retrouvais justement le lien que je cherchais. Et donc, c'est vraiment à l'issue de cette première année que là, je me suis dit, pour une question de sécurité aussi financière et de pouvoir avoir une activité qui fonctionne et qui soit durable et donc résiliente, comme je le disais tout à l'heure dans le temps, c'est qu'il fallait qu'il y ait un engagement aussi dans la durée. On s'engage en agriculture toujours pour au moins une saison. Donc, il faut que le consommateur soit conscient de se dire aujourd'hui, il pleut finalement J'ai passé vite fait au petit shop du coin. Et puis quand il fait beau, je me retrouve avec dix fois plus de monde. Et je n'ai peut-être pas anticipé les volumes. Je n'ai peut-être pas récolté en suffisance. Et donc, il n'y a pas de lisibilité non plus. Je pense aussi le fait de cultiver en conscience. Quand je cultive, je sais que c'est pour Emile, c'est pour Juliette. C'est vraiment magique. Quand en fin de saison, les gens se disent... mais je ne savais même pas qu'il y avait autant de légumes qui existaient. Ben voilà, ça c'est extraordinaire. Quand un enfant doit faire les courses à la grande surface au supermarché du coin et qu'il doit rester sagement assis à côté du caddie, sans bouger, sans toucher à tout, alors que chez moi, il peut courir, il peut sauter, il peut cueillir, il peut goûter, il peut jouer avec les autres enfants, crier, sauter, jouer dans les flaques. Ça n'a plus du tout le même rapport à l'alimentation. Et du coup aussi, la saveur, au-delà de l'aspect nutritionnel, Mais la saveur qu'on retrouve dans son assiette et le plaisir. Un enfant ou même un adulte qui est devant une assiette qu'il a pu cueillir lui-même, qu'il a été récolté lui-même, c'est Sandrine qui l'a fait, ça prend une toute autre dimension. On va avoir beaucoup moins de gaspillage, ça les parents me le disent. Maintenant, ils finissent les assiettes parce qu'on dit qu'on ne va quand même pas jeter ce que Sandrine a cultivé pour nous. Donc, il y a une vraie prise de conscience par rapport à ça. Là, on démarre tout doucement la saison des tomates. On m'envoie par WhatsApp la photo de la tomate de la semaine, coupée en quatre, que chacun va déguster consensueusement. On va consommer en conscience, avec plaisir, avec lucidité, avec gratitude, reconnaissance. Et je pense que d'être habité de toutes ces émotions, ça nourrit aussi le corps, le cœur et l'esprit.
- Alexandra
Laurence dit souvent qu'il faut être à l'écoute de tout cela. Est-ce que tu es membre, toi ?
- Laurence
Bien sûr, je suis du coup membre depuis le début. Et moi, ce qui me plaît aussi, c'est que je sais que Sandrine est rémunérée pour ce qu'elle fait. Et pour moi, ça, c'est aussi hyper important parce qu'on ne peut pas bien faire un métier si finalement, on n'est soi-même pas bien financièrement. L'argent, c'est aussi un échange, c'est une énergie qui permet à chacun, finalement, d'être bien dans sa vie, de pouvoir vivre convenablement. Donc... Pour moi, c'est aussi extrêmement important que ça soit juste.
- Alexandra
Quels sont vos objectifs à long terme pour Terre de Sens ?
- Sandrine
Eh bien, je n'ai pas vraiment d'objectif en point de mire. Je suis quelqu'un qui se lasse relativement vite. Alors, c'est ça qui est chouette aussi en agriculture, c'est que comme on est tout le temps challengé, finalement, chaque année est nouvelle. On recommence finalement à zéro. Donc, pour l'instant, je suis vraiment très, très bien dans ce que je fais. Quand je me suis lancée, je me suis dit, je pense que c'est quelque chose que je ferai pendant dix ans. alors dans 10 ans à mon avis j'aurai une nouvelle lubie une nouvelle idée, un nouvel univers à explorer, j'aurai peut-être acquis de nouveaux talents que j'aurai envie de faire, de partager donc je ne sais pas du tout où je serai néanmoins ce qui me tient à coeur c'est la transmission donc voilà, est-ce que ce sera transmettre l'activité en elle-même je ne sais pas, est-ce que ce sera transmettre dans l'enseignement, peut-être de tout ce bagage que j'aurais pu accumuler au gré de ces saisons peut-être que ce sera sous cette forme-là. Est-ce que ce sera aller partager mon expérience dans d'autres fermes et montrer qu'un autre modèle d'agriculture est possible pour offrir plus de résilience à finalement, ce qui est la base de toute forme de vie, c'est manger. Et aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a beaucoup d'agriculteurs qui ne mangent même pas à leur faim. On marche vraiment sur la tête. C'était un petit peu le leitmotiv des grosses manifestations qu'il y a eu en début d'année. Donc, voilà. Comment, sous quelle forme, je ne sais pas encore, j'aurais envie de partager en tout cas, de faire profiter ce retour d'expérience au plus grand nombre, peut-être installer un jeune.
- Alexandra
L'avenir vous le dira. Est-ce que vous avez un site internet ou d'autres supports sur lesquels vous avez envie que les gens viennent vous suivre ou vous retrouver ?
- Sandrine
Pour me retrouver personnellement, j'ai mon site internet bien sûr, donc www.terresde sens.be, c'est très simple, pour autant qu'on n'oublie pas le C. Sinon, il y a plein de CSA en Belgique. On a créé un site web qui reprend l'ensemble des CSA de région Wallonne, qui s'appelle www.csawallonie.be, si je ne me trompe pas. Il y a tellement d'opportunités d'aller à la rencontre du secteur agricole. J'ai envie aussi de parler éventuellement des brigades d'action paysanne. Il y en a dans toute la Belgique qui proposent des tas de chantiers participatifs. pour aller soutenir, pour aller aider inconcrètement sur le terrain. Tout un tas de secteurs d'activité agricole, ça peut être aider à nettoyer une bergerie, ça peut être tout simplement aller aider à faire des séances de désherbage. Donc il y a énormément de choses à faire et c'est autant d'opportunités d'aller à la rencontre de tout ce secteur qui finalement dessine nos paysages, quand tout le monde traverse au quotidien sans se rendre compte en fait réellement de ce qui s'y passe. Mais sinon bien sûr tout le monde est toujours le bienvenu chez moi. Il n'y a pas vraiment d'horaire d'ouverture. C'est ça qui est aussi assez chouette avec ce système. C'est que finalement, que je sois là, que je ne sois pas là, ce sont les légumes des mangeurs. Ils ont accès au terrain 7 jours sur 7. Et donc, on passe, on découvre, on fait sa petite balade. Et si je suis là, vous verrez que je suis quelqu'un qui aime beaucoup partager, beaucoup discuter, donc avec grand plaisir.
- Alexandra
Ça s'entend déjà. Et alors, on peut rappeler les différentes façons de soutenir votre projet.
- Sandrine
Le premier trimestre de chaque année, je relance les ventes de parts de récolte. En 2024, et j'espère maintenir le prix sur 2025, une part de récolte adulte sur 38 semaines revient à 515 euros. Il y a des parts réservées aux enfants qui sont fixées à 250 euros. Il y a une garantie de minimum 5 légumes différents par semaine. On partage la récolte équitablement entre tous et quand il y a l'abondance, je profite pour le signaler, chacun va faire du stockage justement pour les mois d'hiver. Et alors, tout au long de l'année, c'est participer aux chantiers collectifs pour planter les courges, les poireaux, faire des séances de désherbage, construire l'abri en terre paille. Il y a les journées fermes ouvertes ou portes ouvertes aussi auxquelles on peut venir participer, tout simplement en m'aidant à faire un balisage efficace, à créer un environnement ludique et convivial, à tenir un petit bar éventuellement si on a envie de faire déguster éventuellement des tapenades, des légumes lactofermentés qu'on aurait fait pour l'hiver, un petit peu ce genre de choses-là. On peut soutenir mon activité aussi en partageant sur les réseaux sociaux, via Facebook, Instagram. J'invite aussi les gens qui sont membres de la communauté, tout simplement lorsqu'ils sont absents, à offrir leur part de récolte à une connaissance, un collègue, la famille, les amis, le voisin, peu importe. Mais donc c'est aussi, et s'aimer, montrer dans quoi est-ce qu'on est engagé pour donner envie à d'autres. Moi, mon utopie, c'est finalement que chaque quartier ait son maraîcher. Donc voilà, c'est s'aimer l'idée, s'aimer le concept, montrer que c'est possible de faire autrement, de sortir des sentiers battus et de faire mouvement finalement vers autre chose, puisque tout est à réinventer, je pense, à notre époque.
- Alexandra
Et ce sera donc le mot de la fin. Merci Sandrine Dautry d'avoir été avec nous.
- Sandrine
Merci à vous pour votre accueil.
- Alexandra
Et merci Laurence.
- Laurence
Merci Alexandra.
- Alexandra
Je vous rappelle que vous pouvez retrouver cet épisode sur toutes les plateformes d'écoute. Vous pouvez aussi retrouver les épisodes précédents à écouter. ou réécouter. N'hésitez pas à les commenter ou à laisser une petite étoile ou à vous abonner également pour soutenir ce podcast Be Live Talk. On se retrouve tout bientôt et d'ici là, prenez autant soin de vous que ce que vous prenez soin des autres.