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Be My Product

#3 - Elisa Head of Product chez Learn Enjoy : Peut-on Marier Éthique et Product Management avec Succès?

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54min |15/04/2024
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Description

🎙️ Épisode 3 : L'éthique dans le Product Management avec Elisa 🚀

Bienvenue pour notre troisième épisode sur 'Be My Product'. Aujourd'hui, nous sommes ravis d'accueillir Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy, une entreprise pionnière dans l'éducation spécialisée.


Elisa, en tant que Head of Product, joue un rôle crucial dans le développement de solutions numériques innovantes destinées principalement aux enfants présentant des troubles d'apprentissage. Son parcours impressionnant inclut des expériences chez IAD et Proxem avant de prendre les rênes du Product Management chez LearnEnjoy à seulement 28 ans. 🌟

✨ Au programme de cet épisode passionnant :

1️⃣ Portrait d'Elisa : Découvrez le parcours inspirant d'Elisa Piccinini et les expériences qui l'ont menée à devenir Head of Product chez LearnEnjoy.

2️⃣ Son rôle chez LearnEnjoy : Elisa nous plonge dans son quotidien, nous partageant ses défis, sa vision, et comment elle pilote son équipe vers l'innovation constante tout en gardant l'éthique au centre de toutes les décisions.

3️⃣ Éthique et Product Management : Une discussion profonde sur l'importance de l'éthique dans le product management, surtout dans les domaines sensibles comme l'éducation et l'utilisation de l'IA.

4️⃣ Conseils pour une carrière éthique : Les conseils d'Elisa pour naviguer avec intégrité dans le monde du Product Management, et l'impact de ces valeurs sur le produit final et ses utilisateurs.


🔍 Plongez dans l'univers de l'éthique dans le product management avec Elisa Piccinini, qui partage ses insights précieux acquis chez LearnEnjoy. Cet épisode est essentiel pour ceux qui aspirent à intégrer des pratiques éthiques robustes dans leur gestion de produit.


📻 Écoutez-nous sur toutes plateformes de streaming pour ne rater aucun de nos échanges avec les professionnels du product management.


🔗 Plus d'infos sur notre site : https://www.bemyproduct.com/blog


Rejoignez-nous pour explorer ensemble les hauts et les bas du product management, guidés par l'expérience et les insights de Elisa et d'autres experts du Product Management.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Jérôme

    Salutations à tous et bienvenue dans ce troisième épisode de Bimei Product, votre point de rencontre privilégié dédié à l'univers envoûtant du Product Management. C'est avec un plaisir renouvelé que nous vous convions à ce nouvel épisode de notre podcast pour découvrir d'autres acteurs du produit français. C'est avec un immense plaisir que j'accueille pour cet épisode Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy. Elisa, nous sommes honorés de t'avoir parmi nous. Prête à nous éclairer sur ton parcours inspirant et tes expériences dans le Product Management ?

  • #Elisa

    Avec plaisir, merci beaucoup pour l'invitation. J'adore échanger avec des experts produits, c'est toujours un plaisir de présenter mon parcours.

  • #Jérôme

    Avant de plonger dans le cœur de notre discussion, permettez-moi de rappeler brièvement à nos auditeurs le format de notre podcast. Be My Product est structuré en deux parties principales. La première, qui dure environ 25 minutes, nous permet de découvrir en profondeur notre invité. Elisa, aujourd'hui c'est toi qui es sous les projecteurs. Dans la seconde partie, tu auras la chance de parler d'un sujet qui te tient à cœur. Tu as choisi d'aborder l'éthique dans le product management. Alors Elisa, es-tu prête à nous faire voyager dans ton univers et à partager tes connaissances et tes convictions avec notre audience ?

  • #Elisa

    C'est parti !

  • #Jérôme

    Elisa, on aimerait apprendre un peu plus à te connaître. Peux-tu te présenter, nous parler de ton rôle dans ta société et de l'activité de cette dernière ?

  • #Elisa

    Yes, avec plaisir. Moi, c'est Elisa Piccinini, j'ai 28 ans, bientôt 29. Je bosse chez LearnEnJoy depuis septembre 2023 en tant qu'Aide of Product. Et LearnEnJoy, c'est une entreprise sociale d'utilité solidaire spécialisée dans les Head Tech, qui a 10 ans aujourd'hui, et initialement spécialisée plutôt dans les logiciels d'aide à l'apprentissage pour les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux. et qui aujourd'hui s'ouvre à l'ensemble de la population d'élèves, donc tout âge confondu jusqu'à la troisième, et profil neurotypique également.

  • #Jérôme

    Merci Elisa. Maintenant qu'on en sait un peu plus sur toi, quel a été ton parcours avant de devenir Head of Product ? Quel a été ton chemin ? Quel a été ton parcours académique ? Dis-nous tout.

  • #Elisa

    Alors moi j'ai fait la fac, un parcours un peu hybride entre linguistique et traitement automatique des langues, ce qu'on appelle TAL ou NLP en anglais. Donc NLP pour Natural Language Processing, c'est tout ce qui couvre le traitement des données textuelles. Donc ça peut aller du moteur de recherche aux solutions de speech-to-texte ou text-to-speech, mais aussi à la gestion des modèles de connaissances en entreprise, donc tout ce dont on entend beaucoup parler en ce moment avec l'explosion des LLM. Et du coup, moi, initialement, j'avais rejoint une startup spécialisée en NLP pour mon stage de fin d'études, Proxen. J'avais développé un nouveau vertical sur la base d'un moteur d'analyse sémantique développé historiquement par l'entreprise. Et moi, j'avais un super projet d'automatisation de réponse, donc construire des chatbots et des solutions Smart Reply sur la base de ce moteur. C'était hyper intéressant parce que je me sais main dans la main avec les équipes tech et R&D pour spécifier les besoins de nouvelles futures, les tester, remonter les bugs, structurer la méthodologie et documenter tout ça pour l'interne et l'externe. Et il fallait aussi monter l'offre commerciale, définir la stratégie marketing produit pour entrer dans le nouveau marché des assistants virtuels. Et apparemment j'ai suffisamment bien bossé puisqu'on m'a proposé une embauche en tant que chef de projet à la suite de mon stage. Et j'ai fait ça six mois pour faire monter en compétence les équipes internes sur cette nouvelle offre et initier les premiers projets avec les clients. Et ensuite comme j'avais trouvé ça un peu rébarbatif, j'avais voulu m'orienter vers le conseil sur des postes plus similaires à des postes de Product Manager. Et le timing a fait que la seule Product Manager de Proxem de l'époque partait, donc on m'a proposé ce poste. et j'écris ça deux ans avant que la startup soit rachetée par Dassault Systèmes.

  • #Jérôme

    Tu peux nous parler un peu de quelques expériences marquantes de ta carrière avant de devenir Head of Product ? C'est toujours intéressant, je pense, de connaître le parcours de l'invité avant d'arriver à son poste actuel. Comment ces expériences t'ont-elles préparé à ton rôle actuel ?

  • #Elisa

    Oui, j'en citerai deux, du coup. Il y a mes fonctions en tant que portfolio manager chez Dassault Systèmes. C'était un poste similaire à mon poste de product manager chez Proxem, mais sur une échelle radicalement différente, puisqu'on parle d'un groupe international du CAC 40 avec 20 000 collaborateurs, alors que le seul environnement que j'avais connu, moi, avant, c'était une startup de 20 personnes quand je suis arrivée, puis 40 quand elle s'est fait racheter. J'étais donc sur un poste un peu plus stratégique au sein de la marque qu'avait intégré Proxem, donc la marque Netvibes. J'ai été à ce poste en deux ans, ça m'a permis d'être au premier rang de l'intégration de la technologie de Proxem dans la plateforme existante et surtout de réfléchir aux interopérabilités avec les différents produits du catalogue d'Asso System. Pour ça, il a fallu que je rencontre les experts des industries que targetent d'Asso System, comprendre les verticaux, monter des use cases NLP pertinents avec eux, fournir le matériel pour présenter l'offre d'un point de vue marketing et commercial. faire monter en compétence les commerciaux et les chargés de projet. Donc en fait, j'occupais les deux postes en parallèle, PM Proxem et PM Dassault Systèmes. Et ça m'a vraiment permis d'observer des similitudes et des différences, à la fois en termes de méthodologie, mais aussi de moyens, de temporalité, de structuration. Donc j'espère avoir été capable de tirer parti du meilleur des deux mondes. Ça m'a clairement envoyé sur une vision beaucoup plus stratégique, beaucoup plus long terme. Et l'autre expérience, c'est mon poste suivant. J'ai voulu tester un autre environnement après Dassault Systèmes, donc j'ai finalement quitté le groupe pour rejoindre IAD. IAD qui est une plateforme pour un réseau de mandataires proposés d'agents immobiliers indépendants. Cette plateforme est hyper riche parce qu'elle gère toutes les fonctionnalités nécessaires pour exercer le métier d'agent immobilier. J'ai occupé le poste de Product Manager pendant un an en R&D et c'était hyper enrichissant puisque je me suis ouverte à d'autres domaines que le NLP. Ce qui était vraiment top dans cette expérience, c'est que j'ai pu tester plein de méthodologies produites différentes en fonction des prototypes à créer, dépendant de la nature des hypothèses à qualifier. Je m'entourais d'équipes externes sur mesure en fonction des besoins, du tailor-made pour chaque projet.

  • #Jérôme

    Est-ce que c'est ces expériences-là qui ont été précurseuses un peu de ton arrivée dans le product management ? Ou il y a eu d'autres expériences qui t'ont permis de découvrir ce milieu ?

  • #Elisa

    En fait, ça a été un peu par hasard que je me suis orientée vers ce métier de PM. Je ne connaissais pas du tout cet intitulé de poste quand j'ai intégré le monde de l'entreprise à la suite de mon parcours universitaire. Initialement, ma formation me destinait plutôt à des rôles de chef de projet par exemple, ou ce qu'on appelait à l'époque dans le monde du NLP avec un nom très spécifique d'apolinguiste, donc des personnes responsables du paramétrage des solutions NLP pour les clients. Et l'élément déclencheur ça a été la rencontre avec les équipes Proxem, comprendre la structuration de l'équipe et en particulier la rencontre avec le manager de l'époque qui lui était directeur produit et directeur marketing. Quand j'ai fini mon rapide passage dans l'équipe projet, on m'a proposé le poste de PM. Je crois que mes supérieurs avaient bien compris que j'avais besoin de challenges intellectuels quotidiens pour rester motivée et que j'avais vraiment le profil un peu touche-à-tout qui correspond bien à ce poste. Et effectivement, je suis quelqu'un d'assez rigoureuse, d'un peu maniaque du contrôle, etc. Donc c'est souvent des qualités ou des défauts appréciés à ce genre de poste. Et là, en plus sérieusement, ce que j'aime beaucoup, c'est le fait d'avoir vraiment une vision 360, d'être expert en rien, mais d'être responsable de la centralisation des informations et surtout du partage de ces informations avec les différentes équipes qui gravitent autour d'un produit. J'aime bien adapter le niveau de discours en fonction de mes interlocuteurs, toujours me challenger aussi sur ma compréhension et puis ma vision. et ça permet aussi de porter la stratégie et de prendre du recul sur les fonctionnalités ou les produits à développer donc ça rend le champ des possibles un petit peu plus large ouais donc c'est ce côté vraiment multi casquette que tu aimes quoi exactement

  • #Jérôme

    ta toute première expérience a vraiment été tout de suite dans le product management t'as sauté à pieds joints dedans

  • #Elisa

    C'est vrai que l'attitude de stage initialement ne mentionnait pas Product Management explicitement mais en fait c'était un peu ça

  • #Jérôme

    Donc tu es une enfant du Product Management

  • #Elisa

    Apparemment, on peut le dire comme ça

  • #Jérôme

    Et tu as des ressources de référence à nous partager comme des podcasts des livres qui t'ont inspiré ou aidé dans ta carrière et que tu recommanderais à nos auditeurs

  • #Elisa

    Alors, à l'époque, mes managers m'avaient fait lire The Lean Startup d'Eric Ries et The Blue Ocean Strategy. Et puis moi, par la suite, pour rester un peu updated, j'ai pas mal suivi Timothée Frin. Je suis inscrit à sa newsletter, j'essaie de suivre les épisodes de son podcast Clé de Voute. Il est aussi hyperactif sur LinkedIn et j'aime bien suivre ses posts. Je regarde pas mal les posts du Dr Bart Jaworski, pardon si j'écorche son nom, mais qui partage pas mal de mèmes sur le Product Management et qui permet de prendre du recul sur certaines situations et de se rendre compte qu'il y a des similitudes avec ce qui se passe ailleurs. Et du coup, j'ai aussi passé la certification PO de la Scrum Institute. J'essaye de m'inscrire à des événements intéressants que je trouve sur Evenbright ou qu'on me suggère via mes contacts LinkedIn. Je garde aussi contact avec mes anciens collègues PM, avec mes anciens managers aussi. Et je suis sur des groupes WhatsApp comme AI Fellows, qui a été monté par Pierre Evrard, je crois. J'ai aussi bénéficié pendant plus d'un an d'un coaching mentorat sur l'emploi en entreprise qui s'appelle Thrive with Mentoring et que je recommande à absolument tous les auditeurs de ce podcast. C'est une équipe composée de profils féminins classés à des hauts postes stratégiques avec des grandes responsabilités dans les articles d'entreprise et ça, ça m'a bien aidé. Et maintenant, je peux ajouter un super podcast qui s'appelle Be My Product.

  • #Jérôme

    Oui, on remercie Timothé Frin qui fait du super boulot à la fois sur LinkedIn et à la fois dans son podcast. Merci Timothé pour tout ce que tu fais pour le produit français. On va maintenant s'intéresser à ton rôle de Head of Product. Peux-tu nous décrire un peu ton rôle, tes responsabilités au sein de LearnEnjoy et comment ça impacte ton entreprise ? On sait très bien qu'en fonction des entreprises, le rôle de Head of peut changer. On aimerait en savoir un peu plus. Dis-nous tout, Elisa.

  • #Elisa

    Alors c'est vrai que chez LearnEnjoy, il y a un beau challenge de par la nature de l'entreprise, parce que comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une entreprise sociale et solidaire. Surtout, elle target des profils d'apprenants assez variés. Donc il y a quand même intrinsèquement un challenge pour comprendre les structures dans lesquelles vont être déployés ces produits, et surtout les profils d'apprenants qui vont les manipuler. Donc c'est des outils quand même très challengeants parce qu'on doit s'adapter à l'hétérogénéité des profils d'apprenants et ça s'inscrit dans un contexte éducatif avec des classes de plus en plus saturées. En tant qu'Aide of Product, je suis responsable de définir la vision des produits. Ça passe par la centralisation des feedbacks utilisateurs, la compréhension des écosystèmes dans lesquels nos outils sont diffusés, l'analyse des besoins remontés par les différentes équipes, mais aussi regarder un petit peu ce qui se fait chez la concurrence, quelles sont les nouvelles futures Game Changers ou Mainstream sur ce marché. Et j'ai aussi la charge de définir la roadmap produit, donc de spécifier, planifier, prioriser, cadencer le rythme de développement, définir les ressources à allouer, tester et communiquer sur les livraisons. Donc ça c'est un point aussi très intéressant puisque chez LearnEnjoy il y a quand même une spécificité qui fait que... On est sur des business models où on répond beaucoup à des appels d'offres, donc il y a pas mal de deadlines à tenir, donc il faut sans cesse arbitrer les ressources à mettre sur certains devs. Et je suis aussi responsable de la relation avec les différentes parties prenantes justement sur ces projets. LearnEnjoy s'appuie systématiquement sur des expertises scientifiques en collaborant avec des laboratoires de recherche et différents acteurs du milieu éducatif et ou médical. Il faut donc veiller à collaborer efficacement avec des profils assez variés aux méthodes radicalement différentes de ce qu'on connaît. J'espère que j'arrive à apporter un peu plus de structure et d'inégalités aux équipes. J'ai des retours positifs et motivants sur les premières actions menées, mais j'ai peu de recul comme je suis à ce poste que depuis quelques mois.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas pour ces précisions, ça démystifie un peu ce rôle de Head of Product où parfois on a un peu de mal à comprendre en quoi ça consiste. C'est vrai qu'au cours des différents entretiens qu'on mène, on se rend compte qu'il y a quand même un grand écart d'un Head of à l'autre en fonction des types de produits et des types d'organisations. Et toi, Elisa, en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, tu occupes quand même une position clé. Tu peux nous parler un peu plus en détail de ce que cela implique au quotidien ? Est-ce que tu es prêt à nous plonger dans les quiz de ton rôle ?

  • #Elisa

    Bien sûr, j'espère pouvoir vous relater ça, que c'est finalement possible. Et bien ce que ça implique déjà, c'est que je centralise les différentes informations sur les différents produits développés. Donc, quand bien même ce n'est pas un projet sur lequel moi je travaille directement, parce que j'ai aussi un autre Product Manager qui a des responsabilités sur des produits en particulier. Mais ça veut dire qu'il faut au moins que j'ai un niveau de compréhension et de méprise du sujet macro qui me permette de me projeter dans les ressources à allouer et dans les différentes deadlines associées à tout projet. Ça veut dire aussi que je suis présente pour les comités de direction, pour partager l'état d'avancement sur les différents projets et les volontés pour le futur. Je suis en charge de porter la vision stratégique des différents produits et la vision produit plus globale pour l'entreprise. Je vais par exemple alimenter et élaborer le product backlog, l'affiner, définir les techniques à utiliser pour la priorisation, faire le raffinage aussi pour l'organiser en sprint backlog, m'assurer de son adhésion auprès de mes équipes et de son bon suivi. Il faut aussi que j'anticipe la parallélisation des tâches et des ressources humaines et financières à disposition pour une bonne répartition des différents chantiers dans le camp. Et après, il y a des notions de reporting à différents niveaux pour apporter de la transparence auprès des différentes équipes. Donc que les équipes de déploiement, qui sont nos équipes commerciales, soient au courant des livraisons de différentes futures ou de corrections de bugs pour pouvoir les communiquer aux clients qui les attendent. Que les équipes techniques soient au courant de la vision stratégique aussi pour comprendre les enjeux et les objectifs alloués aux différentes streams. Je ramène aussi pas mal de profils pour nous épauler ponctuellement sur certaines tâches, donc être capable d'identifier un peu mieux comment constituer des équipes en fonction des besoins.

  • #Jérôme

    Merci Elisa de nous avoir partagé ton quotidien, on y va maintenant un peu plus clair. Maintenant, on voudrait savoir un peu ta touche personnelle. On sait que chaque leader a un peu son identité propre. Tu pourrais nous donner trois exemples concrets qui illustrent ta singularité dans ton approche du produit ?

  • #Elisa

    Alors effectivement, moi venant du monde du NLP et en particulier de la détection d'insights, j'ai une vision assez axée sur la recherche utilisateur. J'ai une grande part de ma discovery qui est basée sur les entretiens utilisateurs, la analyse de données quantitatives, les ateliers de design thinking avec la réalisation du persona, toute la recherche UX, etc. J'ai à cœur de les maintenir appliqués tout au long du projet pour pouvoir confronter les développements à leur vision et y tirer progressivement. Côté delivery, j'ai la chance d'avoir quelques connaissances tech, donc j'aime bien comprendre pourquoi une solution d'implémentation a été mise en place plutôt qu'une autre. J'essaye de challenger un peu les équipes tech en leur transmettant une vision plus fonctionnelle, afin qu'ils se projettent aussi dans l'usage qui sera fait de la fonctionnalité développée. Globalement, je n'aime pas trop les approches très silotées. Je comprends l'intérêt pour maximiser la productivité de chaque équipe, mais la désolidarisation pour moi entraîne aussi un manque de productivité. Ce n'est pas optimal de bosser avec des OER et d'avancer à la vol. Donc j'aime bien que chacun ait au moins un petit aura dégagé devant lui. Et sinon, j'aime bien aussi drafter assez tôt la priorisation des besoins en explicitant ce qui est de l'ordre de la pratique obligatoire pour un ODP et ensuite projeter l'ajout de futur progressif pour cadencer les livraisons de versions ultérieures. Et ça, c'est mon côté plus stratégique. Le positif, c'est que... J'ai appris assez tôt à donner des roadmaps assez détaillés et le désavantage de ça c'est que du coup tu visualises facilement le gap entre tes ambitions et la réalité du terrain.

  • #Jérôme

    Maintenant qu'on connaît un peu plus ta touche personnelle, on aimerait connaître les qualités que tu considères essentielles pour être un excellent head of product. Pour toi ce serait lesquelles ?

  • #Elisa

    C'est une très bonne question, une question que je me suis moi-même posée assez souvent, notamment dans mes premières années d'Excellence Pro. Pour moi, le Head of Product Parfait, c'est une personne qui mêle à la perfection, humilité et assurance. Je pèse mes mots en utilisant ces deux termes. L'humilité pour moi, elle est nécessaire parce que tu es systématiquement entouré d'experts bien plus qu'avec toi sur chaque sujet qui te concerne. Donc, tu vas être un peu au carrefour entre les commerciaux, les techs, les personnes qui sont plus axées à l'aider, les équipes de projet qui sont… toujours en contact avec les clients. Et du coup, il faut pouvoir les cadrer pour tirer d'eux ce qui est nécessaire et les diriger vers la vision d'ensemble que tu portes. Mais il faut aussi être capable d'humainement ne pas arriver sur tes grands chevaux avec des préconceptions trop fortes. Donc à chaque fois, il faut être à la fois capable de vulgariser les sujets très complexes en s'adaptant au profil de ton interlocuteur, mais aussi d'adapter toi ta compréhension pour être sûr de comprendre les besoins qui remontent le plus fidèlement possible et de transmettre leurs besoins sans le dénaturer. Donc l'assurance, c'est nécessaire quand même pour pouvoir incarner ce côté un peu moteur où tu dois être capable de rassembler des gens qui ont des besoins et des réalités complètement divergentes au quotidien mais il faut toujours trouver le point de ralliement nécessaire pour mener tout le monde vers le même cap. Donc moi personnellement, j'ai longtemps eu le syndrome de l'imposteur, déjà parce que je suis une femme dans la tech et qu'il paraît que c'est courant pour les personnes de bon genre, mais aussi parce que c'est difficile de faire accepter une décision si elle est mal justifiée. Donc tu t'imposes de la rigueur. Et j'ai vite compris que le manque d'assurance a provoqué un manque de confiance chez mes collaborateurs et qu'il fallait que je travaille là-dessus pour avoir plus d'impact et plus d'efficacité. C'est clair.

  • #Jérôme

    C'est beaucoup plus clair, Elisa. On va maintenant passer à la partie challenge et réussite. C'est vrai que chez Bimaï Productions, on valorise vraiment la transparence et la franchise sans langue de bois. Elisa, dans ton parcours, quels ont été les défis et réussites qui t'ont particulièrement marqué ? Est-ce que tu peux partager à nos auditeurs sans filtre les hauts et les bas de ta carrière ?

  • #Elisa

    Oui, avec plaisir. Je vais commencer par les bas, si tu permets. Le premier que je mentionnerais, c'est quand même le manque de succès associé à la création de ce nouveau vertical d'assistance conversationnelle chez Proxen. Il y a eu plusieurs raisons qui ont fait que l'offre n'a jamais vraiment décollé. C'est que déjà, on est arrivé tard sur le marché, on a profité d'opportunités d'upselling plus que d'une volonté stratégique. Donc, L'offre n'a jamais vraiment pris parce qu'il y avait pas mal d'acteurs plus aboutis qui étaient déjà des acteurs de référence dans le domaine. Nous, on a voulu trop vite commettre sur des features déjà mainstream et on n'a pas su mettre assez en avant notre valeur ajoutée, selon moi. Et je pense aussi que le fait qu'on se soit fait racheter par 3DF derrière a fait que cette offre-là n'avait plus vraiment vocation à péréquiter. Donc on a décidé de l'abandonner progressivement. Ça a été une expérience enrichissante pour les équipes, donc finalement j'en ai plutôt un souvenir positif. Mais c'est vrai que factuellement c'est un échec puisqu'elle n'existe plus aujourd'hui.

  • #Jérôme

    Qu'est-ce que tu as tiré au final de cet échec, selon toi ?

  • #Elisa

    J'en ai tiré plein de connaissances actionnables qui structurent aujourd'hui mon profil en tant que PM, je pense. C'est-à-dire que justement, quand je dis qu'on a trop vite voulu faire comme ce qui se faisait sur le marché, c'est-à-dire qu'on s'est un peu bridé dans notre esprit créatif et dans notre esprit disruptif. On a été plus guidés par des besoins à l'utilisateur spécifiques parce que c'était associé à des opportunités d'upselling avec des clients existants que par une volonté pure de créer quelque chose de novateur et de suffisamment adaptable en fonction de tous les propres utilisateurs qu'on targetait. Donc je pense que la leçon numéro une, c'est la prise de recul, vraiment la vision 360 sur le développement d'un produit. Et après, je pense que ça a aussi eu un impact justement sur le développement de ce trait dont je parlais tout à l'heure, qui est l'humilité, parce qu'on peut se dire que quelque chose de très intéressant est très formateur, qu'on rencontre plein de gens, qu'on monte en compétence sur une technodonnée, qu'on comprend plein de spécificités liées à cette techno, et quand bien même, ça ne finit pas par un produit qui est un succès commercial. Ça a au moins l'intérêt d'avoir soudé des relations, créé un network, structuré des connaissances.

  • #Jérôme

    Tu pourrais nous citer un autre exemple d'échec que tu as vécu dans ta carrière et les enseignements que tu en as tirés ?

  • #Elisa

    Je ne sais pas si je parlerais d'échec, mais en tout cas de moments très difficiles. Ça a quand même été l'intégration de Proxem dans l'écosystème de 3DS, parce que je l'ai mentionné à plusieurs reprises, mais ça a été déjà, en termes de religion produit, quelque chose de radicalement différent. On était une entreprise à taille humaine, 40 personnes, à peu près du même âge, très amies. très proches, et puis on est arrivé dans un grand groupe où du coup les gens se connaissent un petit peu moins, la hiérarchie est allée sur beaucoup plus de niveaux, donc on a moins accès aussi quand on veut faire bouger les choses aux décisionnaires directs. Donc ça, il y a eu quand même beaucoup de challenges associés, déjà d'un point de vue humain, faire comprendre aux collaborateurs que la nature de nos relations évolue aussi après ce rachat. Comment dire, apaiser les profils qui ont plus ou moins bien vécu cette transition-là. Il y a eu quand même aussi tout le challenge technique associé, puisqu'on arrive en tant que techno d'un monde complètement extérieur à 3DS, et puis il faut réfléchir à comment l'intégrer dans l'écosystème technique existant. Moi, pour ma part personnelle, ça a quand même été associé à une grosse surcharge de travail, puisque j'étais toujours PM multi-casquette couteau suisse pour Proxem, et portfolio manager pour 3DS, donc avec une vision beaucoup plus stratégique, une nouvelle équipe, des nouveaux profils, des nouveaux verticaux, des industries que je n'avais jamais targetées auparavant. Un nouveau langage aussi, proposé de milliers d'acronymes. J'ai mis plusieurs stratégies en place pour surmonter ces challenges-là. Déjà, je pense qu'il faut juste persévérer. Il faut être OK avec le fait qu'on ne peut pas tout savoir tout de suite. Essayer d'échelonner, ça monte en compétences. C'est quelque chose que j'ai fait d'abord d'un point de vue très personnel et puis ensuite que j'ai même confronté à mes managers parce que du coup, deux équipes, deux managers distincts. Donc chacun avec sa vision de mes objectifs et puis pas forcément des mises en commun. Donc à un moment donné je les ai quand même poussés à se mettre autour d'une table et puis alors... par la liste des tâches que chacun me donnait, et puis à demander un ordre de priorisation pour chacune de ces tâches, avec une quantification du temps de travail à allouer, et du coup la preuve factuelle qu'il y avait conflit. Et puis j'ai aussi partagé de manière transparente quand c'était trop difficile pour moi, on projetait trop sur ma capacité d'apprentissage rapide et que du coup je sentais que j'arrivais sur la fin de l'énergie restante. J'ai essayé de faire la paix avec mes objectifs un peu surdimensionnés et puis la réalité de ce que je pouvais donner pour avoir un équilibre perso et pro convenable et sain. Et puis j'ai essayé de tenir un petit journal aussi au début avec tous les insights que je pouvais récolter, que ce soit en termes de compréhension de l'écosystème dans lequel j'évoluais, mais aussi de compréhension très pratico-pratique sur des termes ou des acronymes que j'entendais souvent et dont je ne maîtrisais pas forcément la désacronisation. Et puis j'ai imprimé aussi des choses. Je me suis rendu compte que j'apprenais beaucoup mieux sur version papier que sur version dématérialisée. Par exemple, j'étais historiquement sur un rythme agile avec des sprints de deux semaines à un mois. Et puis là, on est parti sur des échéances avec des roadmaps à 25 ans et des sprints beaucoup plus longs. pouvoir faire des parallèles entre l'écosystème que je connaissais et celui que j'intégrais, j'ai beaucoup utilisé le papier.

  • #Jérôme

    Merci Elisa d'avoir partagé avec nous ces challenges et ces conseils précieux. Mais maintenant, assez parlé d'échecs, du côté des réussites, quels ont été les moments les plus forts que tu as vécu ?

  • #Elisa

    Les moments forts, je pense que le premier, c'est ma prise de poste en tant que PM, parce que l'intégration officielle dans l'équipe technique de Proxem... Pour être au fruit sur les différents sujets qui constituent le scope UPM dans l'écosystème Proxen historique, c'était vraiment quelque chose de très challengeant pour moi et ça correspondait avec un objectif professionnel que je m'étais fixé, donc j'étais vraiment ravi de ça. Mais ça, ça demandait que justement la liste de mes objectifs soit assez claire, que je me connaisse, moi, dans ce que j'avais envie de mettre comme implication dans mon travail et dans... la confiance que j'accordais aux différents profils qui allaient m'entourer aussi pour me faire monter en compétence sur ces sujets-là. Donc ça, ça a été un succès parce que j'ai eu la chance d'intégrer une équipe qui était hyper dynamique et hyper bienveillante. De la même façon, je citerai l'opportunité actuelle que j'ai en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, c'est... un nouveau paradigme aussi pour moi, le domaine de l'EdTech aussi. Et de la même façon, je me suis mis des ambitions assez hautes dès le début et puis j'ai des équipes qui m'ont souvent rappelé les avancées que je faisais, qui m'ont beaucoup accompagné, fait beaucoup de retours positifs sur ce que je mettais en place. Et ça, je pense que c'était nécessaire pour moi d'avoir une validation extérieure, notamment de leur part, puisque c'est les premiers à m'impacter parce que j'essaye de mettre en place. Donc ça c'est des moments que je garde précieusement quand la motivation vient à baisser. Et puis sinon, en réussite personnelle et professionnelle, j'ai envie de dire, parce que ça a un peu mêlé les deux, c'est mon expérience en tant que barène des captifs à libération. Pour la fondation IAD, donc IAD dispose d'une fondation qui finance des projets d'aide au relogement et d'aide à l'insertion professionnelle. J'ai eu l'occasion de monter un dossier avec eux de demande de financement pour des postes d'encadrantes et d'accompagnatrices pour un projet d'insertion professionnelle à destination des femmes issues de la prostitution. Et ça, ça a été hyper cool parce que du coup, IAD m'a donné la possibilité dans mes heures de travail de m'investir. à hauteur du temps raisonnable, mais dans ce projet associatif. En plus, ça faisait sens quand même avec le but historique de l'IAD, puisque le relogement pour un réseau de mandataires, c'est quand même logique. Et oui, j'ai adoré cette expérience et je pense que ça a été vraiment un moteur pour moi parce qu'en R&D, je voulais avec beaucoup de projets en parallèle sur des sujets vraiment divers et variés. Et finalement, ce rôle de marraine, ça a été... quelque chose qui m'apaisait moi personnellement, mais qui en même temps était un peu un fil conducteur de mon expérience au sein de cette boîte. Donc, très positif. Et aussi ce que je voudrais quand même mentionner dans les grands défis que j'ai eus, il y a quand même plusieurs projets sur lesquels j'ai manqué de ressources que ce soit financière ou humaine pour faire avancer des projets qui étaient quand même assez ambitieux. Je peux citer deux exemples. Le premier c'est le développement d'une application de projection financière pour IAD où en fait l'objectif initial c'était du coup de valider l'hypothèse qu'on était capable. d'avoir des projections sur le montant moyen d'un mandat d'un logement immobilier sur une géolocalisation donnée et du coup d'estimer combien de ventes devaient réaliser pour pouvoir atteindre ces objectifs de rente. Et finalement, on a été confronté à une équipe de production qui trouvait le projet intéressant, avait vu le MVP, voyait la valeur validée, mais n'avait pas du tout le temps de l'intégrer. Et moi je me suis mis dans un mode un peu fonceur, où du coup je me suis entourée de prestataires externes pour développer une web app la plus aboutie possible. Et finalement, son aboutissement a suffisamment satisfait pour que... elle soit intégrée sous forme d'iFrame dans la plateforme. Donc le déploiement d'une solution qui a été développée avec deux devs externes, un PO externe, moi-même en trois mois sur cinq pays, donc en cinq langues différentes pour 16 000 utilisateurs. Donc comme quoi des fois il ne faut pas laisser aussi les gens nous dire qu'on n'a pas le temps ou pas les moyens, si on est convaincu de quelque chose et qu'on arrive à trouver des stratégies peu coûteuses ou pas coûteuses du tout pour avancer. le mode BNJ fonctionne assez bien.

  • #Jérôme

    Comme quoi, il y a toujours une alternative au final.

  • #Elisa

    Exactement.

  • #Jérôme

    On va maintenant passer au thème de l'invité. Donc Elisa, tu as soulevé un sujet captivant sur l'éthique dans le product management. Avant de savoir pourquoi tu as choisi ce thème, on aimerait savoir quelle est pour toi la définition de l'éthique.

  • #Elisa

    Oui, alors déjà, je veux quand même préciser que je suis assez gênée d'en discuter ici, que je ne prétends absolument pas être une experte du sujet. C'est simplement un thème qui est très présent dans ma tête et qui me suit depuis un moment. Donc, je trouve intéressant de le présenter ici, mais je suis persuadée qu'il y a plein d'auditeurs de ce podcast qui auront plein d'infos bien plus précises que les miennes. Donc, j'espère que ça ouvrira des discussions ou des sujets de réflexion dans les têtes des uns et des autres. Mais pour répondre à ta première question... L'éthique, c'est une branche de la philosophie qui se concentre sur des questions de ce qui est bon ou mauvais. Donc, ça soulève toutes les questions d'injustice, les principes qui guident la conduite humaine et qu'est-ce qu'on espère obtenir comme projet de société globale et commun.

  • #Jérôme

    Et on voudrait savoir, vis-à-vis du product management, comment cette définition peut être transposée ?

  • #Elisa

    Alors dans le contexte du Product Management, l'éthique ça concerne les principes, les valeurs et les normes qui vont guider à la fois le développement mais aussi la gestion et la commercialisation des produits qu'on édite. Donc ça va inclure des considérations comme la protection de la vie privée des utilisateurs, l'acquisitivité, l'accessibilité, l'intégrité et la transparence dans la communication sur les produits mais aussi la responsabilité sociale et environnementale. Donc moi je lis tout ça. Au fait de garantir que les produits soient conçus, développés et gérés de manière responsable, en tenant compte des impacts potentiels à la fois sur les utilisateurs, donc par effet de rebond sur la société en général, et sur l'environnement.

  • #Jérôme

    Maintenant, on aimerait savoir pourquoi tu as choisi ce thème Elisa, et comment ce sujet t'a impacté dans ton parcours professionnel ?

  • #Elisa

    Alors c'est un thème qui m'a été présenté assez tôt dans ma carrière, à la fois sur les sujets de chatbot et aussi sur les sujets de data privacy, avec l'arrivée de la RGPD au moment de ma prise de poste. Lors de mon expérience chez Proxem, j'ai déjà eu une première présentation de ce sujet via la thèse qui avait été soutenue par l'ancienne PM de Proxem en 2018, donc c'est la thèse d'Eglantine Schmitz, qui s'appelle Explorer, visualiser, décider, un paradigme méthodologique pour la production de connaissances à partir des big data C'est une thèse dans laquelle elle examine comment tirer des informations utiles à partir de gros tas de données qui ne sont pas forcément toujours très bien organisées, en proposant une méthode qui tient compte de comment ces données sont construites et comment on peut les comprendre pour agir. Elle souligne aussi l'importance de raconter ces données et de les présenter de manière claire pour aider à prendre des décisions. Donc ça amène déjà le sujet des biais introduits par la manipulation des données, ça invite à se poser la question de comment elles sont produites, mais ça ouvre aussi le sujet de comment les statistiques peuvent nous permettre de tout et rien dire à partir de ces jeux de données. J'ai eu un parcours universitaire, donc le sujet de l'échantillonnage nous avait bien été rabâché. et j'ai vite fait le lien avec les données d'entraînement des algorithmes par exemple. Et ensuite j'ai commencé à avoir quelques cas pratiques puisqu'on avait rédigé un livre blanc lors du lancement de notre verticale sur les assistants conversationnels chez Proxem. Donc c'est là que j'ai eu mes premiers exemples de technologies développées et déployées avec des biais éthiques non solutionnés à l'époque. On peut citer par exemple un chatbot très connu qui est le chatbot Tay qui avait été développé par Microsoft, lancé en 2016 sur Twitter, et qui avait été conçu pour interagir avec les utilisateurs et apprendre de leurs conversations. Le problème, ça a été quand l'absence de filtre approprié pour scoper le graphe de connaissance de ce chatbot, a rapidement été manipulé par certains utilisateurs pour diffuser des messages haineux, racistes et misogynes. Donc Microsoft a été forcé de le retirer en moins de 24 heures.

  • #Jérôme

    Je me souviens de ce chatbot. Ils avaient un peu tous marqué quand il était sorti.

  • #Elisa

    Oui, j'imagine. Mais après, il y a eu d'autres exemples qui ont été largement relayés par les médias. Il y a eu des problèmes de reconnaissance faciale dans les premiers algos de reconnaissance faciale qui étaient liés à la discrimination éthique et qui ont été signalés dans certains systèmes développés par différentes entreprises, comme Apple, mais il y en a eu d'autres. Ces problèmes découlaient du biais dans les données utilisées pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale et ça entraînait une moins bonne performance sur certaines populations, y compris les personnes de couleur. Ces problèmes soulèvent des préoccupations importantes en matière d'équité et de justice dans le développement et le déploiement de technologies de reconnaissance faciale et de nombreuses entreprises qui travaillent à améliorer leur système pour éviter de telles discriminations.

  • #Jérôme

    Tu as un autre exemple comme ça de déviance de l'éthique dans les technologies ou dans les produits actuels ?

  • #Elisa

    Oui, par exemple, on entend aussi beaucoup parler des deep fakes. Notamment chez certains people qui se sont retrouvés dans des vidéos porno générées par l'IA. Je crois que c'est le cas d'Emma Watson, par exemple. Les deep fakes, ça utilise le deep learning pour superposer un visage d'une personne sur le corps d'une autre dans des vidéos ou des images existantes. Et du coup, c'est fait de manière très réaliste. Donc cette pratique, elle soulève de sérieuses préoccupations en matière de consentement. d'intimité et de manipulation du contenu visuel, et puis ça ouvre tous les problèmes ensuite de désinformation. D'ailleurs, la question se repose en ce moment, parce qu'avec la sortie prochaine de Sora, qui a été développée par OpenAI, il y a plusieurs articles qui expliquent pourquoi la phase de test est réservée à un pool très restreint de testeurs. Il y a par exemple un article paru dans Les Echos, qui date du 16 février, qui nous explique que, à partir de la courte description textuelle, Sora peut générer une vidéo d'une minute d'une qualité époustouflante. Et cet outil, il est en période de test parce qu'on veut éviter qu'il soit utilisé à des fins de désinformation. Mais en fait, pour moi, une fois que tu ouvres ce sujet, c'est un peu la boîte de Pandore. Je me suis posé la question aussi de comment mener une conduite du changement auprès de personnes dont la profession, c'est le support. Quand tu viens leur implémenter une solution d'automatisation, ils ont peur de perdre leur travail et c'est légitime de se poser la question avec eux. Donc j'ai essayé de me renseigner, j'ai lu le livre de Luc Julia sur l'intelligence artificielle n'existe pas. Ça m'a permis d'avoir quelques arguments pour discuter avec les profils qui se sentaient menacés. Mais je vois déjà que par rapport à il y a six ans, mes réponses sont devenues obsolètes puisque Klarna a sorti son rapport le 27 février indiquant que l'implémentation de l'IA générative va permettre d'absorber le travail de 700 agents de support, des agents qui sont en contrat full-time. Donc ils estiment leur profit en 2024 à 40 millions de dollars suite à cette implémentation. Et on le voit aussi aujourd'hui avec les métiers de développeurs et de designers. En ce moment, le marché est en train de se réinventer un peu. Moi, parmi mes amis, par exemple, j'ai beaucoup de personnes qui se posent des questions de pérennité de leur poste dans les années à venir. Parce que, par exemple, le motion design ou l'illustration, c'est très concurrencé par des technos comme Dali, Pika et bientôt Sora. Donc, ça demande un minima de rester à la page, d'être capable de se former en continu. Toutes les entreprises n'ont pas forcément les ressources ou la structure pour s'actualiser aussi rapidement et proposer des formations en interne sur ces sujets. Donc on voit des concurrents émerger qui recouvrent vite des entreprises pourtant bien installées. Ça shuffle les cartes du marché à une vitesse folle. Et dans une autre mesure, d'ailleurs, chez LearnEnjoy, on a quelques questions un peu similaires puisque les enseignants qui utilisent des applications LearnEnjoy nous challengent beaucoup, notamment sur les sujets de l'IA à l'école. Par exemple, pour des populations d'élèves très jeunes, on sait que ce n'est pas toujours préconisé. Donc il y a aussi un sujet d'éthique pour moi là-dedans. Quand on travaille en lien avec l'éducation, on a un impact potentiel sur la formation des citoyens de demain. Donc c'est important de garder ça en tête. Je comprends tous les risques liés à l'usage des écrans chez les jeunes. Ça m'intéresse, c'est quelque chose sur lequel on se documente beaucoup. Mais je me rends aussi compte d'une réalité contemporaine où les politiques publiques réduisent les budgets de l'éducation nationale et du ministère de la Santé. Et pourtant on voit une hétérogénéité croissante des profils en classe, on a de plus en plus d'élèves pour de moins en moins de postes d'enseignants. Donc l'inquiétude est légitime, mais la réalité c'est que les enseignants ne peuvent pas absorber. La production de contenu pédagogique adapté à l'ensemble des profils d'élèves, surtout que les profils d'élèves s'hétérogénisent de plus en plus aussi, donc on a toutes les situations d'inclusion avec les profils 10, les profils allophones, les profils TND, donc les troubles neurodéveloppementaux. Et effectivement, l'IA là-dedans peut permettre de faire du contenu plus adapté aux besoins spécifiques et du coup d'avoir un contenu pédagogique plus hétérogène pour correspondre à la réalité des classes contemporaines. Mais effectivement, la peur des enseignants est aussi légitime et il faut l'accompagner, il faut leur permettre de monter en compétence sur faits technologiques pour pouvoir les appréhender et les manipuler avec plus de sérénité.

  • #Jérôme

    Si tu devais nous résumer ça simplement, comment tu le ferais ?

  • #Elisa

    Si je peux lister quelques axes de réflexion, je dirais qu'en premier point, il y a des biais algorithmiques qui peuvent être introduits. Ça veut dire que les algorithmes d'intelligence artificielle qu'on génère peuvent être biaisés en raison des données utilisées pour les entraîner. Ça peut conduire à des résultats discriminatoires ou injustes. On l'a cité avec quelques exemples. On pourrait en citer un autre ici en parlant du système de recrutement qu'avait implémenté Amazon. qui finalement a été abandonné puisqu'il favorisait les candidats masculins puisque ça reflétait les biais présents dans les données historiques sur les embauches de l'entreprise. Donc là on voit qu'il peut y avoir du favoritisme sur des critères qui ne sont pas acceptables. Si on cite un autre axe de réflexion, on peut parler de la transparence dans les décisions. Donc ça, c'est les systèmes d'intelligence artificielle qui peuvent prendre des décisions complexes sans que les utilisateurs ne comprennent comment elles sont prises, ce qui soulève des questions de transparence et de responsabilité. Et on peut citer ici un exemple sur les systèmes de notation de crédit qui peuvent affecter la vie de gens sans qu'ils comprennent pourquoi ils obtiennent un certain sort de crédit, ce qui rend difficile la contestation des décisions injustes ou incorrectes. Il y a d'ailleurs un super article de la revue dessinée, qui est un magazine que je recommande, sur ce sujet, dans la détection des fraudes pour les déclarations de revenus aux impôts. Et le fait que plus des profils sont financièrement instables, plus ils vont faire l'objet de vérifications. Et du coup, plus les erreurs potentielles effectuées dans les déclarations d'impôts vont être sanctionnées pour des profils déjà fragiles. Et en troisième axe de réflexion, on peut citer la protection de la vie privée et des données. Donc les technologies, on le sait aujourd'hui, collectent souvent de grandes quantités de données personnelles. Il y a des systèmes qui sont mis en place pour essayer de cadrer un peu tout ça, mais ça soulève quand même des préoccupations sur la protection de la vie privée et la lisibilité de l'accès à ces données. Qu'est-ce que nous, en tant que citoyens, on a comme droit là-dedans et comment on sécurise tout ça. Et donc on a tous entendu parler du scandale en 2018 où Facebook a été impliqué. dans le scandale Cambridge Analytica, et où les données personnelles de millions d'utilisateurs ont été collectées sans leur consentement et utilisé à des fins de manipulation politique. Il y a eu un nouveau gros hack qui s'est produit sur les données de santé. Je crois que 30 millions de Français ont été concernés par un vol de données de la sécurité sociale.

  • #Jérôme

    Enfin, un Français sur deux.

  • #Elisa

    Exactement. Donc voilà pourquoi, en conclusion, je dirais qu'il faut essayer de continuer à produire des technologies qui sont compréhensibles pour l'humain dans la mesure du possible. Là, c'est vrai qu'on a cette révolution LLM, grade de connaissance, qui génère des modèles hyper puissants avec un nombre de dimensions contenant des paramètres qui ne sont plus interprétables par un humain. On ne sait pas toujours dire exactement de manière compréhensible et explicite pourquoi on a catégorisé tel élément de telle manière. Donc on doit redoubler d'efforts pour... Structurer, alimenter ces modèles avec des données qui sont très propres et très réfléchies et reprendre des techniques d'échantillonnage que la recherche nous partage, ça peut être une première solution. Après, pour l'anecdote, j'ai quand même demandé à Chad GPT ce qu'il pouvait me dire des réflexions d'éthique dans sa phase de développement. Et il m'a répondu que chez OpenAI, ils accordaient bien sûr une grande importance à la question d'éthique dans le développement et le déploiement de leur technologie et que pour se prémunir des risques éthiques, ils avaient adopté plusieurs approches. Donc déjà l'examen éthique, donc avant de lancer le projet ou de déployer une nouvelle technologie, ils effectuent des évaluations éthiques approfondies pour identifier et atténuer les risques potentiels pour la société en tenant compte des principes de justice, d'équité, de transparence et de responsabilité. Ensuite, ils mettent en place une collaboration multidisciplinaire. Ils ont des experts en éthique, des chercheurs en sciences sociales, des juristes et d'autres parties prenantes pour vraiment comprendre les implications éthiques de leurs travaux et développer des stratégies visant à minimiser les risques. Donc ça c'est ce qu'on voit avec Sora en ce moment. La transparence et la communication qui s'engagent à être transparents sur les méthodes de recherche, sur les décisions et les résultats, sur la communication ouverte avec le public, sur les implications éthiques de leurs travaux. Donc ça c'est le cas, effectivement Sora on sait pourquoi aujourd'hui ce n'est pas accessible à tout le monde. Et d'ailleurs sur ChatGPT 3.5 on a déjà des messages d'alerte quand on mentionne certains thèmes. notamment quand ça se rapproche des sujets de pornographie ou ce genre de choses. Et ils mettent en avant leur développement responsable, donc le fait qu'ils ont à chaque étape du développement de leur technologie toutes ces questions éthiques qui rentrent en jeu, et qu'ils veulent construire des solutions de manière responsable, respectueuse des droits humains et bénéfiques pour la société dans leur ensemble. Et le dernier point qu'ils mentionnent, c'est l'éducation et la sensibilisation. Ils se positionnent aussi comme responsables. en tant que techno à l'état de l'art, de former les citoyens et les consommateurs de telles technologies aux questions éthiques dans leur travail.

  • #Jérôme

    Et toi Elisa, de ton côté, comment tu as intégré cette notion d'éthique chez LearnEnjoy ?

  • #Elisa

    Moi, dans mon parcours professionnel au sens large, j'ai longtemps traité le sujet de monter en compétences professionnelles et d'investissement pour essayer d'avoir un impact social positif de manière décorrélée. Et finalement, j'ai commencé à me poser la question sur l'aspect de la finalité. Qui sont les clients ? Quels sont leurs projets ? Est-ce que j'ai vraiment envie de travailler pour un client comme Total ? Quand on entend parler de HACOP qui détruit la nature et puis aussi une culture, et puis il n'y a pas qu'une grande partie de la population par laquelle va passer ce projet. Donc là aussi je vous invite aussi à lire un hors-série de la revue dessinée qui s'appelle On leur vend des armes et le pire c'est qu'ils s'en servent Et du coup j'ai essayé déjà de me poser la question de quelle structure je rejoins. C'est quoi le but final, c'est quoi la proposition de valeur, c'est quoi l'impact que se s'étale. Donc c'est pourquoi je m'étais dirigée à un moment vers IAD parce que IAD c'est 80% de... des auto-entrepreneurs agents immobiliers qui sont issus d'une reconversion professionnelle. Donc il y a quelque chose d'un peu disruptif dans l'organisation socio-professionnelle de la société contemporaine qui aujourd'hui avantage quand même toujours assez largement les personnes issues de hautes sphères, notamment dans les études. Et du coup, c'était intéressant pour moi de me dire qu'ILAD apporte une solution de changement de catégorie socio-professionnelle à un panel hyper large de citoyens. Et il y a aussi le sujet de la parité, parce que moi on me pose souvent la question de pourquoi je n'ai pas fait d'école d'ingé, et c'est vrai que ce n'était pas forcément une solution qui m'était présentée à l'époque et je me souviens très bien que mes... Mes amis garçons en école d'ingé me parlaient d'un rapport de 95% de mecs pour 5% de femmes dans les écoles d'ingé. Donc il y a aussi tout le sujet de l'empowerment féminin dans la tech, etc.

  • #Jérôme

    Je connais bien ce sujet Lisa, je suis moi-même issu d'école d'ingé, donc je vois très bien de quoi tu parles.

  • #Elisa

    Je crois que ça évolue positivement aujourd'hui, mais c'est lent.

  • #Jérôme

    Exactement ça.

  • #Elisa

    Et pour répondre à ta question, c'est vrai que déjà intrinsèquement, la proposition de valeur de l'entreprise est plutôt éthique. On est sur un sujet d'accompagnement et d'inclusion. Donc pour des profils qui aujourd'hui ne sont pas forcément accompagnés de la meilleure façon pour rentrer dans le système éducatif classique. Donc il y a déjà le produit qui en tant que tel est autoporteur sur les questions d'éthique et puis après comment on s'assure de garder cette ligne directrice, c'est en étant toujours au plus proche de nos utilisateurs finaux et des bénéficiaires de ces applications. Donc aller dans les dispositifs d'inclusion, rencontrer les encadrants, rencontrer les élèves porteurs de troupes neurodéveloppementaux, se rapprocher des associations, s'entourer d'experts. Donc la partie multidisciplinaire, elle rentre en jeu sur beaucoup de nos projets. Et puis se renseigner sur la politique actuelle dans l'éducation nationale et le ministère de la Santé, comment ça impacte les personnes qui en sont dépendantes et comment nous on peut pallier aux... ou manquements qu'on peut identifier en les co-construisant avec les concernés.

  • #Jérôme

    Merci Elisa, on y voit quand même beaucoup plus bien sur cette dimension que tu as chez LearnEnjoy, cette dimension éthique que tu as chez LearnEnjoy. Si tu pouvais donner des conseils à des gens qui veulent retrouver une dimension éthique dans leur travail, ou tout simplement trouver une dimension éthique dans leur travail, ce serait lesquels ?

  • #Elisa

    mais je dirais que le premier c'est de se renseigner je pense que je vais dédiquer plein de choses je ne suis pas la plus experte du domaine mais en tout cas c'est important pour moi de me dire que c'est une de mes responsabilités puisque je suis à un poste tel que celui que j'occupe aujourd'hui de rester informé là-dessus d'aller à des conférences de lire des articles de regarder ce qui est fait en termes de sécurité et d'éthique sur... Les produits qui viennent disrupter un peu notre monde en ce moment. Donc se challenger un peu sur ses compétences et sa compréhension. Je pense que c'est très intéressant. Regarder les exemples qu'on peut marcher, comprendre comment on aurait pu étudier les risques en amont et comment du coup on est capable de les pallier. Le deuxième conseil que je pourrais donner, c'est le fait de se questionner sur l'organisation qu'on intègre et sur sa finalité. Je l'ai déjà cité tout à l'heure, mais vous vous demandez quels sont les clients de l'entreprise qu'on rejoint, quels sont les projets réels de ces clients aussi. Par exemple, les sujets de surveillance de population tels que décrits dans les épisodes de Black Mirror ou le documentaire Netflix sur Cambridge Analytica, c'est des moyens d'y voir un peu plus clair sur l'utilisation malveillante d'une technologie et du coup de ne pas aller uniquement... La fleur au fusil, c'est de dire qu'on est capable de mettre une arme dans les mains de n'importe qui et que l'usage en sera bon parce qu'on est des humains et qu'on a envie de vivre ensemble, mais de garder en tête qu'il y a des gens qui sont là pour se faire des profits et qui n'ont pas forcément les mêmes filtres éthiques que ce qu'on aimerait appliquer. Et le troisième point, c'est l'application. Moi, je l'ai dans ma vie personnelle et dans ma vie pro. Je trouve que c'est intéressant de se préoccuper de c'est quoi la politique RSE, de l'entreprise que je rejoins. Est-ce qu'ils ont une fondation ? Qu'est-ce qu'ils y font ? Quels bénéficiaires sont accompagnés par ces structures-là ? Comment est-ce que je peux faire converger mon projet professionnel avec... une volonté d'impact positif. Il y a vraiment plein de profils qui réfléchissent à ça, qui existent et qui parfois ne sont pas forcément hyper visibles dans les organisations. Donc il faut faire l'effort d'aller les chercher.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas Elisa. C'était hyper intéressant de nous parler un peu de tout ce sujet éthique, à la fois de l'impact que ça peut avoir sur ta carrière personnelle, mais également de l'impact que ça peut avoir sur la société. Aurais-tu des recommandations de personnalités à inviter dans notre prochain épisode ? Des figures inspirantes dans le product management ou d'autres domaines connexes ?

  • #Elisa

    Ah oui, j'en ai plein. J'ai déjà le créateur fondateur de Proxem, François-Régis Chobartin, qui est un entrepreneur de génie, qui a toujours des superbes idées et qui est très intéressant, je pense, pour ce podcast. Ensuite, il y a Thomas Kouy, qui a été mon manager, qui était le directeur marketing produit de Proxem, qui est aujourd'hui toujours chez Dassault Systèmes et qui a été mon mentor, qui est un mec brillant et pédagogue et assez simple et très accessible. Je recommande à ce point-là le plus. Ça va le gêner beaucoup de m'entendre dire ça, mais ce n'est pas grave. Diana Gurinaga aussi, qui a été ma manager chez Dassault, qui a eu une... Une carrière très inspirante. Eglantine Schmitt, que j'ai citée tout à l'heure, qui était la PM de Proxem, qui est aujourd'hui à Head of Product chez Citio ou Kryption, je ne sais plus. Non, ils sont dans trop les acteurs. Julien Poileux, qui a été le directeur produit de IAD pendant plusieurs années. Et Romain Nadib, qui était mon manager, donc directeur R&B chez IAD à l'époque.

  • #Jérôme

    ce sera un vrai plaisir de les inviter à nous rejoindre pour un prochain épisode merci en tout cas infiniment Elisa pour cet échange riche et inspirant et merci à tous nos auditeurs pour leur fidélité un mot de la fin peut-être Elisa ?

  • #Elisa

    et bien merci beaucoup pour l'opportunité de l'échange et de l'expérience de participer à un podcast j'espère que mes tests de réflexion en inspireront d'autres

  • #Jérôme

    Restez à l'écoute pour notre prochain épisode de Be My Product où nous espérons accueillir les invités recommandés par Elisa. A bientôt pour de nouvelles aventures en Product Management.

Chapters

  • #1 Introduction

    00:00

  • #2 Présentation d'Elisa et de son parcours

    06:09

  • #3 Rôle et responsabilité chez LearnEnjoy

    15:47

  • #4 Challenges et Réussites

    23:50

  • #5 Peut-on Marier Éthique et Product Management avec Succès?

    31:03

  • #6 Conclusion

    49:33

Description

🎙️ Épisode 3 : L'éthique dans le Product Management avec Elisa 🚀

Bienvenue pour notre troisième épisode sur 'Be My Product'. Aujourd'hui, nous sommes ravis d'accueillir Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy, une entreprise pionnière dans l'éducation spécialisée.


Elisa, en tant que Head of Product, joue un rôle crucial dans le développement de solutions numériques innovantes destinées principalement aux enfants présentant des troubles d'apprentissage. Son parcours impressionnant inclut des expériences chez IAD et Proxem avant de prendre les rênes du Product Management chez LearnEnjoy à seulement 28 ans. 🌟

✨ Au programme de cet épisode passionnant :

1️⃣ Portrait d'Elisa : Découvrez le parcours inspirant d'Elisa Piccinini et les expériences qui l'ont menée à devenir Head of Product chez LearnEnjoy.

2️⃣ Son rôle chez LearnEnjoy : Elisa nous plonge dans son quotidien, nous partageant ses défis, sa vision, et comment elle pilote son équipe vers l'innovation constante tout en gardant l'éthique au centre de toutes les décisions.

3️⃣ Éthique et Product Management : Une discussion profonde sur l'importance de l'éthique dans le product management, surtout dans les domaines sensibles comme l'éducation et l'utilisation de l'IA.

4️⃣ Conseils pour une carrière éthique : Les conseils d'Elisa pour naviguer avec intégrité dans le monde du Product Management, et l'impact de ces valeurs sur le produit final et ses utilisateurs.


🔍 Plongez dans l'univers de l'éthique dans le product management avec Elisa Piccinini, qui partage ses insights précieux acquis chez LearnEnjoy. Cet épisode est essentiel pour ceux qui aspirent à intégrer des pratiques éthiques robustes dans leur gestion de produit.


📻 Écoutez-nous sur toutes plateformes de streaming pour ne rater aucun de nos échanges avec les professionnels du product management.


🔗 Plus d'infos sur notre site : https://www.bemyproduct.com/blog


Rejoignez-nous pour explorer ensemble les hauts et les bas du product management, guidés par l'expérience et les insights de Elisa et d'autres experts du Product Management.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Jérôme

    Salutations à tous et bienvenue dans ce troisième épisode de Bimei Product, votre point de rencontre privilégié dédié à l'univers envoûtant du Product Management. C'est avec un plaisir renouvelé que nous vous convions à ce nouvel épisode de notre podcast pour découvrir d'autres acteurs du produit français. C'est avec un immense plaisir que j'accueille pour cet épisode Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy. Elisa, nous sommes honorés de t'avoir parmi nous. Prête à nous éclairer sur ton parcours inspirant et tes expériences dans le Product Management ?

  • #Elisa

    Avec plaisir, merci beaucoup pour l'invitation. J'adore échanger avec des experts produits, c'est toujours un plaisir de présenter mon parcours.

  • #Jérôme

    Avant de plonger dans le cœur de notre discussion, permettez-moi de rappeler brièvement à nos auditeurs le format de notre podcast. Be My Product est structuré en deux parties principales. La première, qui dure environ 25 minutes, nous permet de découvrir en profondeur notre invité. Elisa, aujourd'hui c'est toi qui es sous les projecteurs. Dans la seconde partie, tu auras la chance de parler d'un sujet qui te tient à cœur. Tu as choisi d'aborder l'éthique dans le product management. Alors Elisa, es-tu prête à nous faire voyager dans ton univers et à partager tes connaissances et tes convictions avec notre audience ?

  • #Elisa

    C'est parti !

  • #Jérôme

    Elisa, on aimerait apprendre un peu plus à te connaître. Peux-tu te présenter, nous parler de ton rôle dans ta société et de l'activité de cette dernière ?

  • #Elisa

    Yes, avec plaisir. Moi, c'est Elisa Piccinini, j'ai 28 ans, bientôt 29. Je bosse chez LearnEnJoy depuis septembre 2023 en tant qu'Aide of Product. Et LearnEnJoy, c'est une entreprise sociale d'utilité solidaire spécialisée dans les Head Tech, qui a 10 ans aujourd'hui, et initialement spécialisée plutôt dans les logiciels d'aide à l'apprentissage pour les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux. et qui aujourd'hui s'ouvre à l'ensemble de la population d'élèves, donc tout âge confondu jusqu'à la troisième, et profil neurotypique également.

  • #Jérôme

    Merci Elisa. Maintenant qu'on en sait un peu plus sur toi, quel a été ton parcours avant de devenir Head of Product ? Quel a été ton chemin ? Quel a été ton parcours académique ? Dis-nous tout.

  • #Elisa

    Alors moi j'ai fait la fac, un parcours un peu hybride entre linguistique et traitement automatique des langues, ce qu'on appelle TAL ou NLP en anglais. Donc NLP pour Natural Language Processing, c'est tout ce qui couvre le traitement des données textuelles. Donc ça peut aller du moteur de recherche aux solutions de speech-to-texte ou text-to-speech, mais aussi à la gestion des modèles de connaissances en entreprise, donc tout ce dont on entend beaucoup parler en ce moment avec l'explosion des LLM. Et du coup, moi, initialement, j'avais rejoint une startup spécialisée en NLP pour mon stage de fin d'études, Proxen. J'avais développé un nouveau vertical sur la base d'un moteur d'analyse sémantique développé historiquement par l'entreprise. Et moi, j'avais un super projet d'automatisation de réponse, donc construire des chatbots et des solutions Smart Reply sur la base de ce moteur. C'était hyper intéressant parce que je me sais main dans la main avec les équipes tech et R&D pour spécifier les besoins de nouvelles futures, les tester, remonter les bugs, structurer la méthodologie et documenter tout ça pour l'interne et l'externe. Et il fallait aussi monter l'offre commerciale, définir la stratégie marketing produit pour entrer dans le nouveau marché des assistants virtuels. Et apparemment j'ai suffisamment bien bossé puisqu'on m'a proposé une embauche en tant que chef de projet à la suite de mon stage. Et j'ai fait ça six mois pour faire monter en compétence les équipes internes sur cette nouvelle offre et initier les premiers projets avec les clients. Et ensuite comme j'avais trouvé ça un peu rébarbatif, j'avais voulu m'orienter vers le conseil sur des postes plus similaires à des postes de Product Manager. Et le timing a fait que la seule Product Manager de Proxem de l'époque partait, donc on m'a proposé ce poste. et j'écris ça deux ans avant que la startup soit rachetée par Dassault Systèmes.

  • #Jérôme

    Tu peux nous parler un peu de quelques expériences marquantes de ta carrière avant de devenir Head of Product ? C'est toujours intéressant, je pense, de connaître le parcours de l'invité avant d'arriver à son poste actuel. Comment ces expériences t'ont-elles préparé à ton rôle actuel ?

  • #Elisa

    Oui, j'en citerai deux, du coup. Il y a mes fonctions en tant que portfolio manager chez Dassault Systèmes. C'était un poste similaire à mon poste de product manager chez Proxem, mais sur une échelle radicalement différente, puisqu'on parle d'un groupe international du CAC 40 avec 20 000 collaborateurs, alors que le seul environnement que j'avais connu, moi, avant, c'était une startup de 20 personnes quand je suis arrivée, puis 40 quand elle s'est fait racheter. J'étais donc sur un poste un peu plus stratégique au sein de la marque qu'avait intégré Proxem, donc la marque Netvibes. J'ai été à ce poste en deux ans, ça m'a permis d'être au premier rang de l'intégration de la technologie de Proxem dans la plateforme existante et surtout de réfléchir aux interopérabilités avec les différents produits du catalogue d'Asso System. Pour ça, il a fallu que je rencontre les experts des industries que targetent d'Asso System, comprendre les verticaux, monter des use cases NLP pertinents avec eux, fournir le matériel pour présenter l'offre d'un point de vue marketing et commercial. faire monter en compétence les commerciaux et les chargés de projet. Donc en fait, j'occupais les deux postes en parallèle, PM Proxem et PM Dassault Systèmes. Et ça m'a vraiment permis d'observer des similitudes et des différences, à la fois en termes de méthodologie, mais aussi de moyens, de temporalité, de structuration. Donc j'espère avoir été capable de tirer parti du meilleur des deux mondes. Ça m'a clairement envoyé sur une vision beaucoup plus stratégique, beaucoup plus long terme. Et l'autre expérience, c'est mon poste suivant. J'ai voulu tester un autre environnement après Dassault Systèmes, donc j'ai finalement quitté le groupe pour rejoindre IAD. IAD qui est une plateforme pour un réseau de mandataires proposés d'agents immobiliers indépendants. Cette plateforme est hyper riche parce qu'elle gère toutes les fonctionnalités nécessaires pour exercer le métier d'agent immobilier. J'ai occupé le poste de Product Manager pendant un an en R&D et c'était hyper enrichissant puisque je me suis ouverte à d'autres domaines que le NLP. Ce qui était vraiment top dans cette expérience, c'est que j'ai pu tester plein de méthodologies produites différentes en fonction des prototypes à créer, dépendant de la nature des hypothèses à qualifier. Je m'entourais d'équipes externes sur mesure en fonction des besoins, du tailor-made pour chaque projet.

  • #Jérôme

    Est-ce que c'est ces expériences-là qui ont été précurseuses un peu de ton arrivée dans le product management ? Ou il y a eu d'autres expériences qui t'ont permis de découvrir ce milieu ?

  • #Elisa

    En fait, ça a été un peu par hasard que je me suis orientée vers ce métier de PM. Je ne connaissais pas du tout cet intitulé de poste quand j'ai intégré le monde de l'entreprise à la suite de mon parcours universitaire. Initialement, ma formation me destinait plutôt à des rôles de chef de projet par exemple, ou ce qu'on appelait à l'époque dans le monde du NLP avec un nom très spécifique d'apolinguiste, donc des personnes responsables du paramétrage des solutions NLP pour les clients. Et l'élément déclencheur ça a été la rencontre avec les équipes Proxem, comprendre la structuration de l'équipe et en particulier la rencontre avec le manager de l'époque qui lui était directeur produit et directeur marketing. Quand j'ai fini mon rapide passage dans l'équipe projet, on m'a proposé le poste de PM. Je crois que mes supérieurs avaient bien compris que j'avais besoin de challenges intellectuels quotidiens pour rester motivée et que j'avais vraiment le profil un peu touche-à-tout qui correspond bien à ce poste. Et effectivement, je suis quelqu'un d'assez rigoureuse, d'un peu maniaque du contrôle, etc. Donc c'est souvent des qualités ou des défauts appréciés à ce genre de poste. Et là, en plus sérieusement, ce que j'aime beaucoup, c'est le fait d'avoir vraiment une vision 360, d'être expert en rien, mais d'être responsable de la centralisation des informations et surtout du partage de ces informations avec les différentes équipes qui gravitent autour d'un produit. J'aime bien adapter le niveau de discours en fonction de mes interlocuteurs, toujours me challenger aussi sur ma compréhension et puis ma vision. et ça permet aussi de porter la stratégie et de prendre du recul sur les fonctionnalités ou les produits à développer donc ça rend le champ des possibles un petit peu plus large ouais donc c'est ce côté vraiment multi casquette que tu aimes quoi exactement

  • #Jérôme

    ta toute première expérience a vraiment été tout de suite dans le product management t'as sauté à pieds joints dedans

  • #Elisa

    C'est vrai que l'attitude de stage initialement ne mentionnait pas Product Management explicitement mais en fait c'était un peu ça

  • #Jérôme

    Donc tu es une enfant du Product Management

  • #Elisa

    Apparemment, on peut le dire comme ça

  • #Jérôme

    Et tu as des ressources de référence à nous partager comme des podcasts des livres qui t'ont inspiré ou aidé dans ta carrière et que tu recommanderais à nos auditeurs

  • #Elisa

    Alors, à l'époque, mes managers m'avaient fait lire The Lean Startup d'Eric Ries et The Blue Ocean Strategy. Et puis moi, par la suite, pour rester un peu updated, j'ai pas mal suivi Timothée Frin. Je suis inscrit à sa newsletter, j'essaie de suivre les épisodes de son podcast Clé de Voute. Il est aussi hyperactif sur LinkedIn et j'aime bien suivre ses posts. Je regarde pas mal les posts du Dr Bart Jaworski, pardon si j'écorche son nom, mais qui partage pas mal de mèmes sur le Product Management et qui permet de prendre du recul sur certaines situations et de se rendre compte qu'il y a des similitudes avec ce qui se passe ailleurs. Et du coup, j'ai aussi passé la certification PO de la Scrum Institute. J'essaye de m'inscrire à des événements intéressants que je trouve sur Evenbright ou qu'on me suggère via mes contacts LinkedIn. Je garde aussi contact avec mes anciens collègues PM, avec mes anciens managers aussi. Et je suis sur des groupes WhatsApp comme AI Fellows, qui a été monté par Pierre Evrard, je crois. J'ai aussi bénéficié pendant plus d'un an d'un coaching mentorat sur l'emploi en entreprise qui s'appelle Thrive with Mentoring et que je recommande à absolument tous les auditeurs de ce podcast. C'est une équipe composée de profils féminins classés à des hauts postes stratégiques avec des grandes responsabilités dans les articles d'entreprise et ça, ça m'a bien aidé. Et maintenant, je peux ajouter un super podcast qui s'appelle Be My Product.

  • #Jérôme

    Oui, on remercie Timothé Frin qui fait du super boulot à la fois sur LinkedIn et à la fois dans son podcast. Merci Timothé pour tout ce que tu fais pour le produit français. On va maintenant s'intéresser à ton rôle de Head of Product. Peux-tu nous décrire un peu ton rôle, tes responsabilités au sein de LearnEnjoy et comment ça impacte ton entreprise ? On sait très bien qu'en fonction des entreprises, le rôle de Head of peut changer. On aimerait en savoir un peu plus. Dis-nous tout, Elisa.

  • #Elisa

    Alors c'est vrai que chez LearnEnjoy, il y a un beau challenge de par la nature de l'entreprise, parce que comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une entreprise sociale et solidaire. Surtout, elle target des profils d'apprenants assez variés. Donc il y a quand même intrinsèquement un challenge pour comprendre les structures dans lesquelles vont être déployés ces produits, et surtout les profils d'apprenants qui vont les manipuler. Donc c'est des outils quand même très challengeants parce qu'on doit s'adapter à l'hétérogénéité des profils d'apprenants et ça s'inscrit dans un contexte éducatif avec des classes de plus en plus saturées. En tant qu'Aide of Product, je suis responsable de définir la vision des produits. Ça passe par la centralisation des feedbacks utilisateurs, la compréhension des écosystèmes dans lesquels nos outils sont diffusés, l'analyse des besoins remontés par les différentes équipes, mais aussi regarder un petit peu ce qui se fait chez la concurrence, quelles sont les nouvelles futures Game Changers ou Mainstream sur ce marché. Et j'ai aussi la charge de définir la roadmap produit, donc de spécifier, planifier, prioriser, cadencer le rythme de développement, définir les ressources à allouer, tester et communiquer sur les livraisons. Donc ça c'est un point aussi très intéressant puisque chez LearnEnjoy il y a quand même une spécificité qui fait que... On est sur des business models où on répond beaucoup à des appels d'offres, donc il y a pas mal de deadlines à tenir, donc il faut sans cesse arbitrer les ressources à mettre sur certains devs. Et je suis aussi responsable de la relation avec les différentes parties prenantes justement sur ces projets. LearnEnjoy s'appuie systématiquement sur des expertises scientifiques en collaborant avec des laboratoires de recherche et différents acteurs du milieu éducatif et ou médical. Il faut donc veiller à collaborer efficacement avec des profils assez variés aux méthodes radicalement différentes de ce qu'on connaît. J'espère que j'arrive à apporter un peu plus de structure et d'inégalités aux équipes. J'ai des retours positifs et motivants sur les premières actions menées, mais j'ai peu de recul comme je suis à ce poste que depuis quelques mois.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas pour ces précisions, ça démystifie un peu ce rôle de Head of Product où parfois on a un peu de mal à comprendre en quoi ça consiste. C'est vrai qu'au cours des différents entretiens qu'on mène, on se rend compte qu'il y a quand même un grand écart d'un Head of à l'autre en fonction des types de produits et des types d'organisations. Et toi, Elisa, en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, tu occupes quand même une position clé. Tu peux nous parler un peu plus en détail de ce que cela implique au quotidien ? Est-ce que tu es prêt à nous plonger dans les quiz de ton rôle ?

  • #Elisa

    Bien sûr, j'espère pouvoir vous relater ça, que c'est finalement possible. Et bien ce que ça implique déjà, c'est que je centralise les différentes informations sur les différents produits développés. Donc, quand bien même ce n'est pas un projet sur lequel moi je travaille directement, parce que j'ai aussi un autre Product Manager qui a des responsabilités sur des produits en particulier. Mais ça veut dire qu'il faut au moins que j'ai un niveau de compréhension et de méprise du sujet macro qui me permette de me projeter dans les ressources à allouer et dans les différentes deadlines associées à tout projet. Ça veut dire aussi que je suis présente pour les comités de direction, pour partager l'état d'avancement sur les différents projets et les volontés pour le futur. Je suis en charge de porter la vision stratégique des différents produits et la vision produit plus globale pour l'entreprise. Je vais par exemple alimenter et élaborer le product backlog, l'affiner, définir les techniques à utiliser pour la priorisation, faire le raffinage aussi pour l'organiser en sprint backlog, m'assurer de son adhésion auprès de mes équipes et de son bon suivi. Il faut aussi que j'anticipe la parallélisation des tâches et des ressources humaines et financières à disposition pour une bonne répartition des différents chantiers dans le camp. Et après, il y a des notions de reporting à différents niveaux pour apporter de la transparence auprès des différentes équipes. Donc que les équipes de déploiement, qui sont nos équipes commerciales, soient au courant des livraisons de différentes futures ou de corrections de bugs pour pouvoir les communiquer aux clients qui les attendent. Que les équipes techniques soient au courant de la vision stratégique aussi pour comprendre les enjeux et les objectifs alloués aux différentes streams. Je ramène aussi pas mal de profils pour nous épauler ponctuellement sur certaines tâches, donc être capable d'identifier un peu mieux comment constituer des équipes en fonction des besoins.

  • #Jérôme

    Merci Elisa de nous avoir partagé ton quotidien, on y va maintenant un peu plus clair. Maintenant, on voudrait savoir un peu ta touche personnelle. On sait que chaque leader a un peu son identité propre. Tu pourrais nous donner trois exemples concrets qui illustrent ta singularité dans ton approche du produit ?

  • #Elisa

    Alors effectivement, moi venant du monde du NLP et en particulier de la détection d'insights, j'ai une vision assez axée sur la recherche utilisateur. J'ai une grande part de ma discovery qui est basée sur les entretiens utilisateurs, la analyse de données quantitatives, les ateliers de design thinking avec la réalisation du persona, toute la recherche UX, etc. J'ai à cœur de les maintenir appliqués tout au long du projet pour pouvoir confronter les développements à leur vision et y tirer progressivement. Côté delivery, j'ai la chance d'avoir quelques connaissances tech, donc j'aime bien comprendre pourquoi une solution d'implémentation a été mise en place plutôt qu'une autre. J'essaye de challenger un peu les équipes tech en leur transmettant une vision plus fonctionnelle, afin qu'ils se projettent aussi dans l'usage qui sera fait de la fonctionnalité développée. Globalement, je n'aime pas trop les approches très silotées. Je comprends l'intérêt pour maximiser la productivité de chaque équipe, mais la désolidarisation pour moi entraîne aussi un manque de productivité. Ce n'est pas optimal de bosser avec des OER et d'avancer à la vol. Donc j'aime bien que chacun ait au moins un petit aura dégagé devant lui. Et sinon, j'aime bien aussi drafter assez tôt la priorisation des besoins en explicitant ce qui est de l'ordre de la pratique obligatoire pour un ODP et ensuite projeter l'ajout de futur progressif pour cadencer les livraisons de versions ultérieures. Et ça, c'est mon côté plus stratégique. Le positif, c'est que... J'ai appris assez tôt à donner des roadmaps assez détaillés et le désavantage de ça c'est que du coup tu visualises facilement le gap entre tes ambitions et la réalité du terrain.

  • #Jérôme

    Maintenant qu'on connaît un peu plus ta touche personnelle, on aimerait connaître les qualités que tu considères essentielles pour être un excellent head of product. Pour toi ce serait lesquelles ?

  • #Elisa

    C'est une très bonne question, une question que je me suis moi-même posée assez souvent, notamment dans mes premières années d'Excellence Pro. Pour moi, le Head of Product Parfait, c'est une personne qui mêle à la perfection, humilité et assurance. Je pèse mes mots en utilisant ces deux termes. L'humilité pour moi, elle est nécessaire parce que tu es systématiquement entouré d'experts bien plus qu'avec toi sur chaque sujet qui te concerne. Donc, tu vas être un peu au carrefour entre les commerciaux, les techs, les personnes qui sont plus axées à l'aider, les équipes de projet qui sont… toujours en contact avec les clients. Et du coup, il faut pouvoir les cadrer pour tirer d'eux ce qui est nécessaire et les diriger vers la vision d'ensemble que tu portes. Mais il faut aussi être capable d'humainement ne pas arriver sur tes grands chevaux avec des préconceptions trop fortes. Donc à chaque fois, il faut être à la fois capable de vulgariser les sujets très complexes en s'adaptant au profil de ton interlocuteur, mais aussi d'adapter toi ta compréhension pour être sûr de comprendre les besoins qui remontent le plus fidèlement possible et de transmettre leurs besoins sans le dénaturer. Donc l'assurance, c'est nécessaire quand même pour pouvoir incarner ce côté un peu moteur où tu dois être capable de rassembler des gens qui ont des besoins et des réalités complètement divergentes au quotidien mais il faut toujours trouver le point de ralliement nécessaire pour mener tout le monde vers le même cap. Donc moi personnellement, j'ai longtemps eu le syndrome de l'imposteur, déjà parce que je suis une femme dans la tech et qu'il paraît que c'est courant pour les personnes de bon genre, mais aussi parce que c'est difficile de faire accepter une décision si elle est mal justifiée. Donc tu t'imposes de la rigueur. Et j'ai vite compris que le manque d'assurance a provoqué un manque de confiance chez mes collaborateurs et qu'il fallait que je travaille là-dessus pour avoir plus d'impact et plus d'efficacité. C'est clair.

  • #Jérôme

    C'est beaucoup plus clair, Elisa. On va maintenant passer à la partie challenge et réussite. C'est vrai que chez Bimaï Productions, on valorise vraiment la transparence et la franchise sans langue de bois. Elisa, dans ton parcours, quels ont été les défis et réussites qui t'ont particulièrement marqué ? Est-ce que tu peux partager à nos auditeurs sans filtre les hauts et les bas de ta carrière ?

  • #Elisa

    Oui, avec plaisir. Je vais commencer par les bas, si tu permets. Le premier que je mentionnerais, c'est quand même le manque de succès associé à la création de ce nouveau vertical d'assistance conversationnelle chez Proxen. Il y a eu plusieurs raisons qui ont fait que l'offre n'a jamais vraiment décollé. C'est que déjà, on est arrivé tard sur le marché, on a profité d'opportunités d'upselling plus que d'une volonté stratégique. Donc, L'offre n'a jamais vraiment pris parce qu'il y avait pas mal d'acteurs plus aboutis qui étaient déjà des acteurs de référence dans le domaine. Nous, on a voulu trop vite commettre sur des features déjà mainstream et on n'a pas su mettre assez en avant notre valeur ajoutée, selon moi. Et je pense aussi que le fait qu'on se soit fait racheter par 3DF derrière a fait que cette offre-là n'avait plus vraiment vocation à péréquiter. Donc on a décidé de l'abandonner progressivement. Ça a été une expérience enrichissante pour les équipes, donc finalement j'en ai plutôt un souvenir positif. Mais c'est vrai que factuellement c'est un échec puisqu'elle n'existe plus aujourd'hui.

  • #Jérôme

    Qu'est-ce que tu as tiré au final de cet échec, selon toi ?

  • #Elisa

    J'en ai tiré plein de connaissances actionnables qui structurent aujourd'hui mon profil en tant que PM, je pense. C'est-à-dire que justement, quand je dis qu'on a trop vite voulu faire comme ce qui se faisait sur le marché, c'est-à-dire qu'on s'est un peu bridé dans notre esprit créatif et dans notre esprit disruptif. On a été plus guidés par des besoins à l'utilisateur spécifiques parce que c'était associé à des opportunités d'upselling avec des clients existants que par une volonté pure de créer quelque chose de novateur et de suffisamment adaptable en fonction de tous les propres utilisateurs qu'on targetait. Donc je pense que la leçon numéro une, c'est la prise de recul, vraiment la vision 360 sur le développement d'un produit. Et après, je pense que ça a aussi eu un impact justement sur le développement de ce trait dont je parlais tout à l'heure, qui est l'humilité, parce qu'on peut se dire que quelque chose de très intéressant est très formateur, qu'on rencontre plein de gens, qu'on monte en compétence sur une technodonnée, qu'on comprend plein de spécificités liées à cette techno, et quand bien même, ça ne finit pas par un produit qui est un succès commercial. Ça a au moins l'intérêt d'avoir soudé des relations, créé un network, structuré des connaissances.

  • #Jérôme

    Tu pourrais nous citer un autre exemple d'échec que tu as vécu dans ta carrière et les enseignements que tu en as tirés ?

  • #Elisa

    Je ne sais pas si je parlerais d'échec, mais en tout cas de moments très difficiles. Ça a quand même été l'intégration de Proxem dans l'écosystème de 3DS, parce que je l'ai mentionné à plusieurs reprises, mais ça a été déjà, en termes de religion produit, quelque chose de radicalement différent. On était une entreprise à taille humaine, 40 personnes, à peu près du même âge, très amies. très proches, et puis on est arrivé dans un grand groupe où du coup les gens se connaissent un petit peu moins, la hiérarchie est allée sur beaucoup plus de niveaux, donc on a moins accès aussi quand on veut faire bouger les choses aux décisionnaires directs. Donc ça, il y a eu quand même beaucoup de challenges associés, déjà d'un point de vue humain, faire comprendre aux collaborateurs que la nature de nos relations évolue aussi après ce rachat. Comment dire, apaiser les profils qui ont plus ou moins bien vécu cette transition-là. Il y a eu quand même aussi tout le challenge technique associé, puisqu'on arrive en tant que techno d'un monde complètement extérieur à 3DS, et puis il faut réfléchir à comment l'intégrer dans l'écosystème technique existant. Moi, pour ma part personnelle, ça a quand même été associé à une grosse surcharge de travail, puisque j'étais toujours PM multi-casquette couteau suisse pour Proxem, et portfolio manager pour 3DS, donc avec une vision beaucoup plus stratégique, une nouvelle équipe, des nouveaux profils, des nouveaux verticaux, des industries que je n'avais jamais targetées auparavant. Un nouveau langage aussi, proposé de milliers d'acronymes. J'ai mis plusieurs stratégies en place pour surmonter ces challenges-là. Déjà, je pense qu'il faut juste persévérer. Il faut être OK avec le fait qu'on ne peut pas tout savoir tout de suite. Essayer d'échelonner, ça monte en compétences. C'est quelque chose que j'ai fait d'abord d'un point de vue très personnel et puis ensuite que j'ai même confronté à mes managers parce que du coup, deux équipes, deux managers distincts. Donc chacun avec sa vision de mes objectifs et puis pas forcément des mises en commun. Donc à un moment donné je les ai quand même poussés à se mettre autour d'une table et puis alors... par la liste des tâches que chacun me donnait, et puis à demander un ordre de priorisation pour chacune de ces tâches, avec une quantification du temps de travail à allouer, et du coup la preuve factuelle qu'il y avait conflit. Et puis j'ai aussi partagé de manière transparente quand c'était trop difficile pour moi, on projetait trop sur ma capacité d'apprentissage rapide et que du coup je sentais que j'arrivais sur la fin de l'énergie restante. J'ai essayé de faire la paix avec mes objectifs un peu surdimensionnés et puis la réalité de ce que je pouvais donner pour avoir un équilibre perso et pro convenable et sain. Et puis j'ai essayé de tenir un petit journal aussi au début avec tous les insights que je pouvais récolter, que ce soit en termes de compréhension de l'écosystème dans lequel j'évoluais, mais aussi de compréhension très pratico-pratique sur des termes ou des acronymes que j'entendais souvent et dont je ne maîtrisais pas forcément la désacronisation. Et puis j'ai imprimé aussi des choses. Je me suis rendu compte que j'apprenais beaucoup mieux sur version papier que sur version dématérialisée. Par exemple, j'étais historiquement sur un rythme agile avec des sprints de deux semaines à un mois. Et puis là, on est parti sur des échéances avec des roadmaps à 25 ans et des sprints beaucoup plus longs. pouvoir faire des parallèles entre l'écosystème que je connaissais et celui que j'intégrais, j'ai beaucoup utilisé le papier.

  • #Jérôme

    Merci Elisa d'avoir partagé avec nous ces challenges et ces conseils précieux. Mais maintenant, assez parlé d'échecs, du côté des réussites, quels ont été les moments les plus forts que tu as vécu ?

  • #Elisa

    Les moments forts, je pense que le premier, c'est ma prise de poste en tant que PM, parce que l'intégration officielle dans l'équipe technique de Proxem... Pour être au fruit sur les différents sujets qui constituent le scope UPM dans l'écosystème Proxen historique, c'était vraiment quelque chose de très challengeant pour moi et ça correspondait avec un objectif professionnel que je m'étais fixé, donc j'étais vraiment ravi de ça. Mais ça, ça demandait que justement la liste de mes objectifs soit assez claire, que je me connaisse, moi, dans ce que j'avais envie de mettre comme implication dans mon travail et dans... la confiance que j'accordais aux différents profils qui allaient m'entourer aussi pour me faire monter en compétence sur ces sujets-là. Donc ça, ça a été un succès parce que j'ai eu la chance d'intégrer une équipe qui était hyper dynamique et hyper bienveillante. De la même façon, je citerai l'opportunité actuelle que j'ai en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, c'est... un nouveau paradigme aussi pour moi, le domaine de l'EdTech aussi. Et de la même façon, je me suis mis des ambitions assez hautes dès le début et puis j'ai des équipes qui m'ont souvent rappelé les avancées que je faisais, qui m'ont beaucoup accompagné, fait beaucoup de retours positifs sur ce que je mettais en place. Et ça, je pense que c'était nécessaire pour moi d'avoir une validation extérieure, notamment de leur part, puisque c'est les premiers à m'impacter parce que j'essaye de mettre en place. Donc ça c'est des moments que je garde précieusement quand la motivation vient à baisser. Et puis sinon, en réussite personnelle et professionnelle, j'ai envie de dire, parce que ça a un peu mêlé les deux, c'est mon expérience en tant que barène des captifs à libération. Pour la fondation IAD, donc IAD dispose d'une fondation qui finance des projets d'aide au relogement et d'aide à l'insertion professionnelle. J'ai eu l'occasion de monter un dossier avec eux de demande de financement pour des postes d'encadrantes et d'accompagnatrices pour un projet d'insertion professionnelle à destination des femmes issues de la prostitution. Et ça, ça a été hyper cool parce que du coup, IAD m'a donné la possibilité dans mes heures de travail de m'investir. à hauteur du temps raisonnable, mais dans ce projet associatif. En plus, ça faisait sens quand même avec le but historique de l'IAD, puisque le relogement pour un réseau de mandataires, c'est quand même logique. Et oui, j'ai adoré cette expérience et je pense que ça a été vraiment un moteur pour moi parce qu'en R&D, je voulais avec beaucoup de projets en parallèle sur des sujets vraiment divers et variés. Et finalement, ce rôle de marraine, ça a été... quelque chose qui m'apaisait moi personnellement, mais qui en même temps était un peu un fil conducteur de mon expérience au sein de cette boîte. Donc, très positif. Et aussi ce que je voudrais quand même mentionner dans les grands défis que j'ai eus, il y a quand même plusieurs projets sur lesquels j'ai manqué de ressources que ce soit financière ou humaine pour faire avancer des projets qui étaient quand même assez ambitieux. Je peux citer deux exemples. Le premier c'est le développement d'une application de projection financière pour IAD où en fait l'objectif initial c'était du coup de valider l'hypothèse qu'on était capable. d'avoir des projections sur le montant moyen d'un mandat d'un logement immobilier sur une géolocalisation donnée et du coup d'estimer combien de ventes devaient réaliser pour pouvoir atteindre ces objectifs de rente. Et finalement, on a été confronté à une équipe de production qui trouvait le projet intéressant, avait vu le MVP, voyait la valeur validée, mais n'avait pas du tout le temps de l'intégrer. Et moi je me suis mis dans un mode un peu fonceur, où du coup je me suis entourée de prestataires externes pour développer une web app la plus aboutie possible. Et finalement, son aboutissement a suffisamment satisfait pour que... elle soit intégrée sous forme d'iFrame dans la plateforme. Donc le déploiement d'une solution qui a été développée avec deux devs externes, un PO externe, moi-même en trois mois sur cinq pays, donc en cinq langues différentes pour 16 000 utilisateurs. Donc comme quoi des fois il ne faut pas laisser aussi les gens nous dire qu'on n'a pas le temps ou pas les moyens, si on est convaincu de quelque chose et qu'on arrive à trouver des stratégies peu coûteuses ou pas coûteuses du tout pour avancer. le mode BNJ fonctionne assez bien.

  • #Jérôme

    Comme quoi, il y a toujours une alternative au final.

  • #Elisa

    Exactement.

  • #Jérôme

    On va maintenant passer au thème de l'invité. Donc Elisa, tu as soulevé un sujet captivant sur l'éthique dans le product management. Avant de savoir pourquoi tu as choisi ce thème, on aimerait savoir quelle est pour toi la définition de l'éthique.

  • #Elisa

    Oui, alors déjà, je veux quand même préciser que je suis assez gênée d'en discuter ici, que je ne prétends absolument pas être une experte du sujet. C'est simplement un thème qui est très présent dans ma tête et qui me suit depuis un moment. Donc, je trouve intéressant de le présenter ici, mais je suis persuadée qu'il y a plein d'auditeurs de ce podcast qui auront plein d'infos bien plus précises que les miennes. Donc, j'espère que ça ouvrira des discussions ou des sujets de réflexion dans les têtes des uns et des autres. Mais pour répondre à ta première question... L'éthique, c'est une branche de la philosophie qui se concentre sur des questions de ce qui est bon ou mauvais. Donc, ça soulève toutes les questions d'injustice, les principes qui guident la conduite humaine et qu'est-ce qu'on espère obtenir comme projet de société globale et commun.

  • #Jérôme

    Et on voudrait savoir, vis-à-vis du product management, comment cette définition peut être transposée ?

  • #Elisa

    Alors dans le contexte du Product Management, l'éthique ça concerne les principes, les valeurs et les normes qui vont guider à la fois le développement mais aussi la gestion et la commercialisation des produits qu'on édite. Donc ça va inclure des considérations comme la protection de la vie privée des utilisateurs, l'acquisitivité, l'accessibilité, l'intégrité et la transparence dans la communication sur les produits mais aussi la responsabilité sociale et environnementale. Donc moi je lis tout ça. Au fait de garantir que les produits soient conçus, développés et gérés de manière responsable, en tenant compte des impacts potentiels à la fois sur les utilisateurs, donc par effet de rebond sur la société en général, et sur l'environnement.

  • #Jérôme

    Maintenant, on aimerait savoir pourquoi tu as choisi ce thème Elisa, et comment ce sujet t'a impacté dans ton parcours professionnel ?

  • #Elisa

    Alors c'est un thème qui m'a été présenté assez tôt dans ma carrière, à la fois sur les sujets de chatbot et aussi sur les sujets de data privacy, avec l'arrivée de la RGPD au moment de ma prise de poste. Lors de mon expérience chez Proxem, j'ai déjà eu une première présentation de ce sujet via la thèse qui avait été soutenue par l'ancienne PM de Proxem en 2018, donc c'est la thèse d'Eglantine Schmitz, qui s'appelle Explorer, visualiser, décider, un paradigme méthodologique pour la production de connaissances à partir des big data C'est une thèse dans laquelle elle examine comment tirer des informations utiles à partir de gros tas de données qui ne sont pas forcément toujours très bien organisées, en proposant une méthode qui tient compte de comment ces données sont construites et comment on peut les comprendre pour agir. Elle souligne aussi l'importance de raconter ces données et de les présenter de manière claire pour aider à prendre des décisions. Donc ça amène déjà le sujet des biais introduits par la manipulation des données, ça invite à se poser la question de comment elles sont produites, mais ça ouvre aussi le sujet de comment les statistiques peuvent nous permettre de tout et rien dire à partir de ces jeux de données. J'ai eu un parcours universitaire, donc le sujet de l'échantillonnage nous avait bien été rabâché. et j'ai vite fait le lien avec les données d'entraînement des algorithmes par exemple. Et ensuite j'ai commencé à avoir quelques cas pratiques puisqu'on avait rédigé un livre blanc lors du lancement de notre verticale sur les assistants conversationnels chez Proxem. Donc c'est là que j'ai eu mes premiers exemples de technologies développées et déployées avec des biais éthiques non solutionnés à l'époque. On peut citer par exemple un chatbot très connu qui est le chatbot Tay qui avait été développé par Microsoft, lancé en 2016 sur Twitter, et qui avait été conçu pour interagir avec les utilisateurs et apprendre de leurs conversations. Le problème, ça a été quand l'absence de filtre approprié pour scoper le graphe de connaissance de ce chatbot, a rapidement été manipulé par certains utilisateurs pour diffuser des messages haineux, racistes et misogynes. Donc Microsoft a été forcé de le retirer en moins de 24 heures.

  • #Jérôme

    Je me souviens de ce chatbot. Ils avaient un peu tous marqué quand il était sorti.

  • #Elisa

    Oui, j'imagine. Mais après, il y a eu d'autres exemples qui ont été largement relayés par les médias. Il y a eu des problèmes de reconnaissance faciale dans les premiers algos de reconnaissance faciale qui étaient liés à la discrimination éthique et qui ont été signalés dans certains systèmes développés par différentes entreprises, comme Apple, mais il y en a eu d'autres. Ces problèmes découlaient du biais dans les données utilisées pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale et ça entraînait une moins bonne performance sur certaines populations, y compris les personnes de couleur. Ces problèmes soulèvent des préoccupations importantes en matière d'équité et de justice dans le développement et le déploiement de technologies de reconnaissance faciale et de nombreuses entreprises qui travaillent à améliorer leur système pour éviter de telles discriminations.

  • #Jérôme

    Tu as un autre exemple comme ça de déviance de l'éthique dans les technologies ou dans les produits actuels ?

  • #Elisa

    Oui, par exemple, on entend aussi beaucoup parler des deep fakes. Notamment chez certains people qui se sont retrouvés dans des vidéos porno générées par l'IA. Je crois que c'est le cas d'Emma Watson, par exemple. Les deep fakes, ça utilise le deep learning pour superposer un visage d'une personne sur le corps d'une autre dans des vidéos ou des images existantes. Et du coup, c'est fait de manière très réaliste. Donc cette pratique, elle soulève de sérieuses préoccupations en matière de consentement. d'intimité et de manipulation du contenu visuel, et puis ça ouvre tous les problèmes ensuite de désinformation. D'ailleurs, la question se repose en ce moment, parce qu'avec la sortie prochaine de Sora, qui a été développée par OpenAI, il y a plusieurs articles qui expliquent pourquoi la phase de test est réservée à un pool très restreint de testeurs. Il y a par exemple un article paru dans Les Echos, qui date du 16 février, qui nous explique que, à partir de la courte description textuelle, Sora peut générer une vidéo d'une minute d'une qualité époustouflante. Et cet outil, il est en période de test parce qu'on veut éviter qu'il soit utilisé à des fins de désinformation. Mais en fait, pour moi, une fois que tu ouvres ce sujet, c'est un peu la boîte de Pandore. Je me suis posé la question aussi de comment mener une conduite du changement auprès de personnes dont la profession, c'est le support. Quand tu viens leur implémenter une solution d'automatisation, ils ont peur de perdre leur travail et c'est légitime de se poser la question avec eux. Donc j'ai essayé de me renseigner, j'ai lu le livre de Luc Julia sur l'intelligence artificielle n'existe pas. Ça m'a permis d'avoir quelques arguments pour discuter avec les profils qui se sentaient menacés. Mais je vois déjà que par rapport à il y a six ans, mes réponses sont devenues obsolètes puisque Klarna a sorti son rapport le 27 février indiquant que l'implémentation de l'IA générative va permettre d'absorber le travail de 700 agents de support, des agents qui sont en contrat full-time. Donc ils estiment leur profit en 2024 à 40 millions de dollars suite à cette implémentation. Et on le voit aussi aujourd'hui avec les métiers de développeurs et de designers. En ce moment, le marché est en train de se réinventer un peu. Moi, parmi mes amis, par exemple, j'ai beaucoup de personnes qui se posent des questions de pérennité de leur poste dans les années à venir. Parce que, par exemple, le motion design ou l'illustration, c'est très concurrencé par des technos comme Dali, Pika et bientôt Sora. Donc, ça demande un minima de rester à la page, d'être capable de se former en continu. Toutes les entreprises n'ont pas forcément les ressources ou la structure pour s'actualiser aussi rapidement et proposer des formations en interne sur ces sujets. Donc on voit des concurrents émerger qui recouvrent vite des entreprises pourtant bien installées. Ça shuffle les cartes du marché à une vitesse folle. Et dans une autre mesure, d'ailleurs, chez LearnEnjoy, on a quelques questions un peu similaires puisque les enseignants qui utilisent des applications LearnEnjoy nous challengent beaucoup, notamment sur les sujets de l'IA à l'école. Par exemple, pour des populations d'élèves très jeunes, on sait que ce n'est pas toujours préconisé. Donc il y a aussi un sujet d'éthique pour moi là-dedans. Quand on travaille en lien avec l'éducation, on a un impact potentiel sur la formation des citoyens de demain. Donc c'est important de garder ça en tête. Je comprends tous les risques liés à l'usage des écrans chez les jeunes. Ça m'intéresse, c'est quelque chose sur lequel on se documente beaucoup. Mais je me rends aussi compte d'une réalité contemporaine où les politiques publiques réduisent les budgets de l'éducation nationale et du ministère de la Santé. Et pourtant on voit une hétérogénéité croissante des profils en classe, on a de plus en plus d'élèves pour de moins en moins de postes d'enseignants. Donc l'inquiétude est légitime, mais la réalité c'est que les enseignants ne peuvent pas absorber. La production de contenu pédagogique adapté à l'ensemble des profils d'élèves, surtout que les profils d'élèves s'hétérogénisent de plus en plus aussi, donc on a toutes les situations d'inclusion avec les profils 10, les profils allophones, les profils TND, donc les troubles neurodéveloppementaux. Et effectivement, l'IA là-dedans peut permettre de faire du contenu plus adapté aux besoins spécifiques et du coup d'avoir un contenu pédagogique plus hétérogène pour correspondre à la réalité des classes contemporaines. Mais effectivement, la peur des enseignants est aussi légitime et il faut l'accompagner, il faut leur permettre de monter en compétence sur faits technologiques pour pouvoir les appréhender et les manipuler avec plus de sérénité.

  • #Jérôme

    Si tu devais nous résumer ça simplement, comment tu le ferais ?

  • #Elisa

    Si je peux lister quelques axes de réflexion, je dirais qu'en premier point, il y a des biais algorithmiques qui peuvent être introduits. Ça veut dire que les algorithmes d'intelligence artificielle qu'on génère peuvent être biaisés en raison des données utilisées pour les entraîner. Ça peut conduire à des résultats discriminatoires ou injustes. On l'a cité avec quelques exemples. On pourrait en citer un autre ici en parlant du système de recrutement qu'avait implémenté Amazon. qui finalement a été abandonné puisqu'il favorisait les candidats masculins puisque ça reflétait les biais présents dans les données historiques sur les embauches de l'entreprise. Donc là on voit qu'il peut y avoir du favoritisme sur des critères qui ne sont pas acceptables. Si on cite un autre axe de réflexion, on peut parler de la transparence dans les décisions. Donc ça, c'est les systèmes d'intelligence artificielle qui peuvent prendre des décisions complexes sans que les utilisateurs ne comprennent comment elles sont prises, ce qui soulève des questions de transparence et de responsabilité. Et on peut citer ici un exemple sur les systèmes de notation de crédit qui peuvent affecter la vie de gens sans qu'ils comprennent pourquoi ils obtiennent un certain sort de crédit, ce qui rend difficile la contestation des décisions injustes ou incorrectes. Il y a d'ailleurs un super article de la revue dessinée, qui est un magazine que je recommande, sur ce sujet, dans la détection des fraudes pour les déclarations de revenus aux impôts. Et le fait que plus des profils sont financièrement instables, plus ils vont faire l'objet de vérifications. Et du coup, plus les erreurs potentielles effectuées dans les déclarations d'impôts vont être sanctionnées pour des profils déjà fragiles. Et en troisième axe de réflexion, on peut citer la protection de la vie privée et des données. Donc les technologies, on le sait aujourd'hui, collectent souvent de grandes quantités de données personnelles. Il y a des systèmes qui sont mis en place pour essayer de cadrer un peu tout ça, mais ça soulève quand même des préoccupations sur la protection de la vie privée et la lisibilité de l'accès à ces données. Qu'est-ce que nous, en tant que citoyens, on a comme droit là-dedans et comment on sécurise tout ça. Et donc on a tous entendu parler du scandale en 2018 où Facebook a été impliqué. dans le scandale Cambridge Analytica, et où les données personnelles de millions d'utilisateurs ont été collectées sans leur consentement et utilisé à des fins de manipulation politique. Il y a eu un nouveau gros hack qui s'est produit sur les données de santé. Je crois que 30 millions de Français ont été concernés par un vol de données de la sécurité sociale.

  • #Jérôme

    Enfin, un Français sur deux.

  • #Elisa

    Exactement. Donc voilà pourquoi, en conclusion, je dirais qu'il faut essayer de continuer à produire des technologies qui sont compréhensibles pour l'humain dans la mesure du possible. Là, c'est vrai qu'on a cette révolution LLM, grade de connaissance, qui génère des modèles hyper puissants avec un nombre de dimensions contenant des paramètres qui ne sont plus interprétables par un humain. On ne sait pas toujours dire exactement de manière compréhensible et explicite pourquoi on a catégorisé tel élément de telle manière. Donc on doit redoubler d'efforts pour... Structurer, alimenter ces modèles avec des données qui sont très propres et très réfléchies et reprendre des techniques d'échantillonnage que la recherche nous partage, ça peut être une première solution. Après, pour l'anecdote, j'ai quand même demandé à Chad GPT ce qu'il pouvait me dire des réflexions d'éthique dans sa phase de développement. Et il m'a répondu que chez OpenAI, ils accordaient bien sûr une grande importance à la question d'éthique dans le développement et le déploiement de leur technologie et que pour se prémunir des risques éthiques, ils avaient adopté plusieurs approches. Donc déjà l'examen éthique, donc avant de lancer le projet ou de déployer une nouvelle technologie, ils effectuent des évaluations éthiques approfondies pour identifier et atténuer les risques potentiels pour la société en tenant compte des principes de justice, d'équité, de transparence et de responsabilité. Ensuite, ils mettent en place une collaboration multidisciplinaire. Ils ont des experts en éthique, des chercheurs en sciences sociales, des juristes et d'autres parties prenantes pour vraiment comprendre les implications éthiques de leurs travaux et développer des stratégies visant à minimiser les risques. Donc ça c'est ce qu'on voit avec Sora en ce moment. La transparence et la communication qui s'engagent à être transparents sur les méthodes de recherche, sur les décisions et les résultats, sur la communication ouverte avec le public, sur les implications éthiques de leurs travaux. Donc ça c'est le cas, effectivement Sora on sait pourquoi aujourd'hui ce n'est pas accessible à tout le monde. Et d'ailleurs sur ChatGPT 3.5 on a déjà des messages d'alerte quand on mentionne certains thèmes. notamment quand ça se rapproche des sujets de pornographie ou ce genre de choses. Et ils mettent en avant leur développement responsable, donc le fait qu'ils ont à chaque étape du développement de leur technologie toutes ces questions éthiques qui rentrent en jeu, et qu'ils veulent construire des solutions de manière responsable, respectueuse des droits humains et bénéfiques pour la société dans leur ensemble. Et le dernier point qu'ils mentionnent, c'est l'éducation et la sensibilisation. Ils se positionnent aussi comme responsables. en tant que techno à l'état de l'art, de former les citoyens et les consommateurs de telles technologies aux questions éthiques dans leur travail.

  • #Jérôme

    Et toi Elisa, de ton côté, comment tu as intégré cette notion d'éthique chez LearnEnjoy ?

  • #Elisa

    Moi, dans mon parcours professionnel au sens large, j'ai longtemps traité le sujet de monter en compétences professionnelles et d'investissement pour essayer d'avoir un impact social positif de manière décorrélée. Et finalement, j'ai commencé à me poser la question sur l'aspect de la finalité. Qui sont les clients ? Quels sont leurs projets ? Est-ce que j'ai vraiment envie de travailler pour un client comme Total ? Quand on entend parler de HACOP qui détruit la nature et puis aussi une culture, et puis il n'y a pas qu'une grande partie de la population par laquelle va passer ce projet. Donc là aussi je vous invite aussi à lire un hors-série de la revue dessinée qui s'appelle On leur vend des armes et le pire c'est qu'ils s'en servent Et du coup j'ai essayé déjà de me poser la question de quelle structure je rejoins. C'est quoi le but final, c'est quoi la proposition de valeur, c'est quoi l'impact que se s'étale. Donc c'est pourquoi je m'étais dirigée à un moment vers IAD parce que IAD c'est 80% de... des auto-entrepreneurs agents immobiliers qui sont issus d'une reconversion professionnelle. Donc il y a quelque chose d'un peu disruptif dans l'organisation socio-professionnelle de la société contemporaine qui aujourd'hui avantage quand même toujours assez largement les personnes issues de hautes sphères, notamment dans les études. Et du coup, c'était intéressant pour moi de me dire qu'ILAD apporte une solution de changement de catégorie socio-professionnelle à un panel hyper large de citoyens. Et il y a aussi le sujet de la parité, parce que moi on me pose souvent la question de pourquoi je n'ai pas fait d'école d'ingé, et c'est vrai que ce n'était pas forcément une solution qui m'était présentée à l'époque et je me souviens très bien que mes... Mes amis garçons en école d'ingé me parlaient d'un rapport de 95% de mecs pour 5% de femmes dans les écoles d'ingé. Donc il y a aussi tout le sujet de l'empowerment féminin dans la tech, etc.

  • #Jérôme

    Je connais bien ce sujet Lisa, je suis moi-même issu d'école d'ingé, donc je vois très bien de quoi tu parles.

  • #Elisa

    Je crois que ça évolue positivement aujourd'hui, mais c'est lent.

  • #Jérôme

    Exactement ça.

  • #Elisa

    Et pour répondre à ta question, c'est vrai que déjà intrinsèquement, la proposition de valeur de l'entreprise est plutôt éthique. On est sur un sujet d'accompagnement et d'inclusion. Donc pour des profils qui aujourd'hui ne sont pas forcément accompagnés de la meilleure façon pour rentrer dans le système éducatif classique. Donc il y a déjà le produit qui en tant que tel est autoporteur sur les questions d'éthique et puis après comment on s'assure de garder cette ligne directrice, c'est en étant toujours au plus proche de nos utilisateurs finaux et des bénéficiaires de ces applications. Donc aller dans les dispositifs d'inclusion, rencontrer les encadrants, rencontrer les élèves porteurs de troupes neurodéveloppementaux, se rapprocher des associations, s'entourer d'experts. Donc la partie multidisciplinaire, elle rentre en jeu sur beaucoup de nos projets. Et puis se renseigner sur la politique actuelle dans l'éducation nationale et le ministère de la Santé, comment ça impacte les personnes qui en sont dépendantes et comment nous on peut pallier aux... ou manquements qu'on peut identifier en les co-construisant avec les concernés.

  • #Jérôme

    Merci Elisa, on y voit quand même beaucoup plus bien sur cette dimension que tu as chez LearnEnjoy, cette dimension éthique que tu as chez LearnEnjoy. Si tu pouvais donner des conseils à des gens qui veulent retrouver une dimension éthique dans leur travail, ou tout simplement trouver une dimension éthique dans leur travail, ce serait lesquels ?

  • #Elisa

    mais je dirais que le premier c'est de se renseigner je pense que je vais dédiquer plein de choses je ne suis pas la plus experte du domaine mais en tout cas c'est important pour moi de me dire que c'est une de mes responsabilités puisque je suis à un poste tel que celui que j'occupe aujourd'hui de rester informé là-dessus d'aller à des conférences de lire des articles de regarder ce qui est fait en termes de sécurité et d'éthique sur... Les produits qui viennent disrupter un peu notre monde en ce moment. Donc se challenger un peu sur ses compétences et sa compréhension. Je pense que c'est très intéressant. Regarder les exemples qu'on peut marcher, comprendre comment on aurait pu étudier les risques en amont et comment du coup on est capable de les pallier. Le deuxième conseil que je pourrais donner, c'est le fait de se questionner sur l'organisation qu'on intègre et sur sa finalité. Je l'ai déjà cité tout à l'heure, mais vous vous demandez quels sont les clients de l'entreprise qu'on rejoint, quels sont les projets réels de ces clients aussi. Par exemple, les sujets de surveillance de population tels que décrits dans les épisodes de Black Mirror ou le documentaire Netflix sur Cambridge Analytica, c'est des moyens d'y voir un peu plus clair sur l'utilisation malveillante d'une technologie et du coup de ne pas aller uniquement... La fleur au fusil, c'est de dire qu'on est capable de mettre une arme dans les mains de n'importe qui et que l'usage en sera bon parce qu'on est des humains et qu'on a envie de vivre ensemble, mais de garder en tête qu'il y a des gens qui sont là pour se faire des profits et qui n'ont pas forcément les mêmes filtres éthiques que ce qu'on aimerait appliquer. Et le troisième point, c'est l'application. Moi, je l'ai dans ma vie personnelle et dans ma vie pro. Je trouve que c'est intéressant de se préoccuper de c'est quoi la politique RSE, de l'entreprise que je rejoins. Est-ce qu'ils ont une fondation ? Qu'est-ce qu'ils y font ? Quels bénéficiaires sont accompagnés par ces structures-là ? Comment est-ce que je peux faire converger mon projet professionnel avec... une volonté d'impact positif. Il y a vraiment plein de profils qui réfléchissent à ça, qui existent et qui parfois ne sont pas forcément hyper visibles dans les organisations. Donc il faut faire l'effort d'aller les chercher.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas Elisa. C'était hyper intéressant de nous parler un peu de tout ce sujet éthique, à la fois de l'impact que ça peut avoir sur ta carrière personnelle, mais également de l'impact que ça peut avoir sur la société. Aurais-tu des recommandations de personnalités à inviter dans notre prochain épisode ? Des figures inspirantes dans le product management ou d'autres domaines connexes ?

  • #Elisa

    Ah oui, j'en ai plein. J'ai déjà le créateur fondateur de Proxem, François-Régis Chobartin, qui est un entrepreneur de génie, qui a toujours des superbes idées et qui est très intéressant, je pense, pour ce podcast. Ensuite, il y a Thomas Kouy, qui a été mon manager, qui était le directeur marketing produit de Proxem, qui est aujourd'hui toujours chez Dassault Systèmes et qui a été mon mentor, qui est un mec brillant et pédagogue et assez simple et très accessible. Je recommande à ce point-là le plus. Ça va le gêner beaucoup de m'entendre dire ça, mais ce n'est pas grave. Diana Gurinaga aussi, qui a été ma manager chez Dassault, qui a eu une... Une carrière très inspirante. Eglantine Schmitt, que j'ai citée tout à l'heure, qui était la PM de Proxem, qui est aujourd'hui à Head of Product chez Citio ou Kryption, je ne sais plus. Non, ils sont dans trop les acteurs. Julien Poileux, qui a été le directeur produit de IAD pendant plusieurs années. Et Romain Nadib, qui était mon manager, donc directeur R&B chez IAD à l'époque.

  • #Jérôme

    ce sera un vrai plaisir de les inviter à nous rejoindre pour un prochain épisode merci en tout cas infiniment Elisa pour cet échange riche et inspirant et merci à tous nos auditeurs pour leur fidélité un mot de la fin peut-être Elisa ?

  • #Elisa

    et bien merci beaucoup pour l'opportunité de l'échange et de l'expérience de participer à un podcast j'espère que mes tests de réflexion en inspireront d'autres

  • #Jérôme

    Restez à l'écoute pour notre prochain épisode de Be My Product où nous espérons accueillir les invités recommandés par Elisa. A bientôt pour de nouvelles aventures en Product Management.

Chapters

  • #1 Introduction

    00:00

  • #2 Présentation d'Elisa et de son parcours

    06:09

  • #3 Rôle et responsabilité chez LearnEnjoy

    15:47

  • #4 Challenges et Réussites

    23:50

  • #5 Peut-on Marier Éthique et Product Management avec Succès?

    31:03

  • #6 Conclusion

    49:33

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Description

🎙️ Épisode 3 : L'éthique dans le Product Management avec Elisa 🚀

Bienvenue pour notre troisième épisode sur 'Be My Product'. Aujourd'hui, nous sommes ravis d'accueillir Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy, une entreprise pionnière dans l'éducation spécialisée.


Elisa, en tant que Head of Product, joue un rôle crucial dans le développement de solutions numériques innovantes destinées principalement aux enfants présentant des troubles d'apprentissage. Son parcours impressionnant inclut des expériences chez IAD et Proxem avant de prendre les rênes du Product Management chez LearnEnjoy à seulement 28 ans. 🌟

✨ Au programme de cet épisode passionnant :

1️⃣ Portrait d'Elisa : Découvrez le parcours inspirant d'Elisa Piccinini et les expériences qui l'ont menée à devenir Head of Product chez LearnEnjoy.

2️⃣ Son rôle chez LearnEnjoy : Elisa nous plonge dans son quotidien, nous partageant ses défis, sa vision, et comment elle pilote son équipe vers l'innovation constante tout en gardant l'éthique au centre de toutes les décisions.

3️⃣ Éthique et Product Management : Une discussion profonde sur l'importance de l'éthique dans le product management, surtout dans les domaines sensibles comme l'éducation et l'utilisation de l'IA.

4️⃣ Conseils pour une carrière éthique : Les conseils d'Elisa pour naviguer avec intégrité dans le monde du Product Management, et l'impact de ces valeurs sur le produit final et ses utilisateurs.


🔍 Plongez dans l'univers de l'éthique dans le product management avec Elisa Piccinini, qui partage ses insights précieux acquis chez LearnEnjoy. Cet épisode est essentiel pour ceux qui aspirent à intégrer des pratiques éthiques robustes dans leur gestion de produit.


📻 Écoutez-nous sur toutes plateformes de streaming pour ne rater aucun de nos échanges avec les professionnels du product management.


🔗 Plus d'infos sur notre site : https://www.bemyproduct.com/blog


Rejoignez-nous pour explorer ensemble les hauts et les bas du product management, guidés par l'expérience et les insights de Elisa et d'autres experts du Product Management.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Jérôme

    Salutations à tous et bienvenue dans ce troisième épisode de Bimei Product, votre point de rencontre privilégié dédié à l'univers envoûtant du Product Management. C'est avec un plaisir renouvelé que nous vous convions à ce nouvel épisode de notre podcast pour découvrir d'autres acteurs du produit français. C'est avec un immense plaisir que j'accueille pour cet épisode Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy. Elisa, nous sommes honorés de t'avoir parmi nous. Prête à nous éclairer sur ton parcours inspirant et tes expériences dans le Product Management ?

  • #Elisa

    Avec plaisir, merci beaucoup pour l'invitation. J'adore échanger avec des experts produits, c'est toujours un plaisir de présenter mon parcours.

  • #Jérôme

    Avant de plonger dans le cœur de notre discussion, permettez-moi de rappeler brièvement à nos auditeurs le format de notre podcast. Be My Product est structuré en deux parties principales. La première, qui dure environ 25 minutes, nous permet de découvrir en profondeur notre invité. Elisa, aujourd'hui c'est toi qui es sous les projecteurs. Dans la seconde partie, tu auras la chance de parler d'un sujet qui te tient à cœur. Tu as choisi d'aborder l'éthique dans le product management. Alors Elisa, es-tu prête à nous faire voyager dans ton univers et à partager tes connaissances et tes convictions avec notre audience ?

  • #Elisa

    C'est parti !

  • #Jérôme

    Elisa, on aimerait apprendre un peu plus à te connaître. Peux-tu te présenter, nous parler de ton rôle dans ta société et de l'activité de cette dernière ?

  • #Elisa

    Yes, avec plaisir. Moi, c'est Elisa Piccinini, j'ai 28 ans, bientôt 29. Je bosse chez LearnEnJoy depuis septembre 2023 en tant qu'Aide of Product. Et LearnEnJoy, c'est une entreprise sociale d'utilité solidaire spécialisée dans les Head Tech, qui a 10 ans aujourd'hui, et initialement spécialisée plutôt dans les logiciels d'aide à l'apprentissage pour les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux. et qui aujourd'hui s'ouvre à l'ensemble de la population d'élèves, donc tout âge confondu jusqu'à la troisième, et profil neurotypique également.

  • #Jérôme

    Merci Elisa. Maintenant qu'on en sait un peu plus sur toi, quel a été ton parcours avant de devenir Head of Product ? Quel a été ton chemin ? Quel a été ton parcours académique ? Dis-nous tout.

  • #Elisa

    Alors moi j'ai fait la fac, un parcours un peu hybride entre linguistique et traitement automatique des langues, ce qu'on appelle TAL ou NLP en anglais. Donc NLP pour Natural Language Processing, c'est tout ce qui couvre le traitement des données textuelles. Donc ça peut aller du moteur de recherche aux solutions de speech-to-texte ou text-to-speech, mais aussi à la gestion des modèles de connaissances en entreprise, donc tout ce dont on entend beaucoup parler en ce moment avec l'explosion des LLM. Et du coup, moi, initialement, j'avais rejoint une startup spécialisée en NLP pour mon stage de fin d'études, Proxen. J'avais développé un nouveau vertical sur la base d'un moteur d'analyse sémantique développé historiquement par l'entreprise. Et moi, j'avais un super projet d'automatisation de réponse, donc construire des chatbots et des solutions Smart Reply sur la base de ce moteur. C'était hyper intéressant parce que je me sais main dans la main avec les équipes tech et R&D pour spécifier les besoins de nouvelles futures, les tester, remonter les bugs, structurer la méthodologie et documenter tout ça pour l'interne et l'externe. Et il fallait aussi monter l'offre commerciale, définir la stratégie marketing produit pour entrer dans le nouveau marché des assistants virtuels. Et apparemment j'ai suffisamment bien bossé puisqu'on m'a proposé une embauche en tant que chef de projet à la suite de mon stage. Et j'ai fait ça six mois pour faire monter en compétence les équipes internes sur cette nouvelle offre et initier les premiers projets avec les clients. Et ensuite comme j'avais trouvé ça un peu rébarbatif, j'avais voulu m'orienter vers le conseil sur des postes plus similaires à des postes de Product Manager. Et le timing a fait que la seule Product Manager de Proxem de l'époque partait, donc on m'a proposé ce poste. et j'écris ça deux ans avant que la startup soit rachetée par Dassault Systèmes.

  • #Jérôme

    Tu peux nous parler un peu de quelques expériences marquantes de ta carrière avant de devenir Head of Product ? C'est toujours intéressant, je pense, de connaître le parcours de l'invité avant d'arriver à son poste actuel. Comment ces expériences t'ont-elles préparé à ton rôle actuel ?

  • #Elisa

    Oui, j'en citerai deux, du coup. Il y a mes fonctions en tant que portfolio manager chez Dassault Systèmes. C'était un poste similaire à mon poste de product manager chez Proxem, mais sur une échelle radicalement différente, puisqu'on parle d'un groupe international du CAC 40 avec 20 000 collaborateurs, alors que le seul environnement que j'avais connu, moi, avant, c'était une startup de 20 personnes quand je suis arrivée, puis 40 quand elle s'est fait racheter. J'étais donc sur un poste un peu plus stratégique au sein de la marque qu'avait intégré Proxem, donc la marque Netvibes. J'ai été à ce poste en deux ans, ça m'a permis d'être au premier rang de l'intégration de la technologie de Proxem dans la plateforme existante et surtout de réfléchir aux interopérabilités avec les différents produits du catalogue d'Asso System. Pour ça, il a fallu que je rencontre les experts des industries que targetent d'Asso System, comprendre les verticaux, monter des use cases NLP pertinents avec eux, fournir le matériel pour présenter l'offre d'un point de vue marketing et commercial. faire monter en compétence les commerciaux et les chargés de projet. Donc en fait, j'occupais les deux postes en parallèle, PM Proxem et PM Dassault Systèmes. Et ça m'a vraiment permis d'observer des similitudes et des différences, à la fois en termes de méthodologie, mais aussi de moyens, de temporalité, de structuration. Donc j'espère avoir été capable de tirer parti du meilleur des deux mondes. Ça m'a clairement envoyé sur une vision beaucoup plus stratégique, beaucoup plus long terme. Et l'autre expérience, c'est mon poste suivant. J'ai voulu tester un autre environnement après Dassault Systèmes, donc j'ai finalement quitté le groupe pour rejoindre IAD. IAD qui est une plateforme pour un réseau de mandataires proposés d'agents immobiliers indépendants. Cette plateforme est hyper riche parce qu'elle gère toutes les fonctionnalités nécessaires pour exercer le métier d'agent immobilier. J'ai occupé le poste de Product Manager pendant un an en R&D et c'était hyper enrichissant puisque je me suis ouverte à d'autres domaines que le NLP. Ce qui était vraiment top dans cette expérience, c'est que j'ai pu tester plein de méthodologies produites différentes en fonction des prototypes à créer, dépendant de la nature des hypothèses à qualifier. Je m'entourais d'équipes externes sur mesure en fonction des besoins, du tailor-made pour chaque projet.

  • #Jérôme

    Est-ce que c'est ces expériences-là qui ont été précurseuses un peu de ton arrivée dans le product management ? Ou il y a eu d'autres expériences qui t'ont permis de découvrir ce milieu ?

  • #Elisa

    En fait, ça a été un peu par hasard que je me suis orientée vers ce métier de PM. Je ne connaissais pas du tout cet intitulé de poste quand j'ai intégré le monde de l'entreprise à la suite de mon parcours universitaire. Initialement, ma formation me destinait plutôt à des rôles de chef de projet par exemple, ou ce qu'on appelait à l'époque dans le monde du NLP avec un nom très spécifique d'apolinguiste, donc des personnes responsables du paramétrage des solutions NLP pour les clients. Et l'élément déclencheur ça a été la rencontre avec les équipes Proxem, comprendre la structuration de l'équipe et en particulier la rencontre avec le manager de l'époque qui lui était directeur produit et directeur marketing. Quand j'ai fini mon rapide passage dans l'équipe projet, on m'a proposé le poste de PM. Je crois que mes supérieurs avaient bien compris que j'avais besoin de challenges intellectuels quotidiens pour rester motivée et que j'avais vraiment le profil un peu touche-à-tout qui correspond bien à ce poste. Et effectivement, je suis quelqu'un d'assez rigoureuse, d'un peu maniaque du contrôle, etc. Donc c'est souvent des qualités ou des défauts appréciés à ce genre de poste. Et là, en plus sérieusement, ce que j'aime beaucoup, c'est le fait d'avoir vraiment une vision 360, d'être expert en rien, mais d'être responsable de la centralisation des informations et surtout du partage de ces informations avec les différentes équipes qui gravitent autour d'un produit. J'aime bien adapter le niveau de discours en fonction de mes interlocuteurs, toujours me challenger aussi sur ma compréhension et puis ma vision. et ça permet aussi de porter la stratégie et de prendre du recul sur les fonctionnalités ou les produits à développer donc ça rend le champ des possibles un petit peu plus large ouais donc c'est ce côté vraiment multi casquette que tu aimes quoi exactement

  • #Jérôme

    ta toute première expérience a vraiment été tout de suite dans le product management t'as sauté à pieds joints dedans

  • #Elisa

    C'est vrai que l'attitude de stage initialement ne mentionnait pas Product Management explicitement mais en fait c'était un peu ça

  • #Jérôme

    Donc tu es une enfant du Product Management

  • #Elisa

    Apparemment, on peut le dire comme ça

  • #Jérôme

    Et tu as des ressources de référence à nous partager comme des podcasts des livres qui t'ont inspiré ou aidé dans ta carrière et que tu recommanderais à nos auditeurs

  • #Elisa

    Alors, à l'époque, mes managers m'avaient fait lire The Lean Startup d'Eric Ries et The Blue Ocean Strategy. Et puis moi, par la suite, pour rester un peu updated, j'ai pas mal suivi Timothée Frin. Je suis inscrit à sa newsletter, j'essaie de suivre les épisodes de son podcast Clé de Voute. Il est aussi hyperactif sur LinkedIn et j'aime bien suivre ses posts. Je regarde pas mal les posts du Dr Bart Jaworski, pardon si j'écorche son nom, mais qui partage pas mal de mèmes sur le Product Management et qui permet de prendre du recul sur certaines situations et de se rendre compte qu'il y a des similitudes avec ce qui se passe ailleurs. Et du coup, j'ai aussi passé la certification PO de la Scrum Institute. J'essaye de m'inscrire à des événements intéressants que je trouve sur Evenbright ou qu'on me suggère via mes contacts LinkedIn. Je garde aussi contact avec mes anciens collègues PM, avec mes anciens managers aussi. Et je suis sur des groupes WhatsApp comme AI Fellows, qui a été monté par Pierre Evrard, je crois. J'ai aussi bénéficié pendant plus d'un an d'un coaching mentorat sur l'emploi en entreprise qui s'appelle Thrive with Mentoring et que je recommande à absolument tous les auditeurs de ce podcast. C'est une équipe composée de profils féminins classés à des hauts postes stratégiques avec des grandes responsabilités dans les articles d'entreprise et ça, ça m'a bien aidé. Et maintenant, je peux ajouter un super podcast qui s'appelle Be My Product.

  • #Jérôme

    Oui, on remercie Timothé Frin qui fait du super boulot à la fois sur LinkedIn et à la fois dans son podcast. Merci Timothé pour tout ce que tu fais pour le produit français. On va maintenant s'intéresser à ton rôle de Head of Product. Peux-tu nous décrire un peu ton rôle, tes responsabilités au sein de LearnEnjoy et comment ça impacte ton entreprise ? On sait très bien qu'en fonction des entreprises, le rôle de Head of peut changer. On aimerait en savoir un peu plus. Dis-nous tout, Elisa.

  • #Elisa

    Alors c'est vrai que chez LearnEnjoy, il y a un beau challenge de par la nature de l'entreprise, parce que comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une entreprise sociale et solidaire. Surtout, elle target des profils d'apprenants assez variés. Donc il y a quand même intrinsèquement un challenge pour comprendre les structures dans lesquelles vont être déployés ces produits, et surtout les profils d'apprenants qui vont les manipuler. Donc c'est des outils quand même très challengeants parce qu'on doit s'adapter à l'hétérogénéité des profils d'apprenants et ça s'inscrit dans un contexte éducatif avec des classes de plus en plus saturées. En tant qu'Aide of Product, je suis responsable de définir la vision des produits. Ça passe par la centralisation des feedbacks utilisateurs, la compréhension des écosystèmes dans lesquels nos outils sont diffusés, l'analyse des besoins remontés par les différentes équipes, mais aussi regarder un petit peu ce qui se fait chez la concurrence, quelles sont les nouvelles futures Game Changers ou Mainstream sur ce marché. Et j'ai aussi la charge de définir la roadmap produit, donc de spécifier, planifier, prioriser, cadencer le rythme de développement, définir les ressources à allouer, tester et communiquer sur les livraisons. Donc ça c'est un point aussi très intéressant puisque chez LearnEnjoy il y a quand même une spécificité qui fait que... On est sur des business models où on répond beaucoup à des appels d'offres, donc il y a pas mal de deadlines à tenir, donc il faut sans cesse arbitrer les ressources à mettre sur certains devs. Et je suis aussi responsable de la relation avec les différentes parties prenantes justement sur ces projets. LearnEnjoy s'appuie systématiquement sur des expertises scientifiques en collaborant avec des laboratoires de recherche et différents acteurs du milieu éducatif et ou médical. Il faut donc veiller à collaborer efficacement avec des profils assez variés aux méthodes radicalement différentes de ce qu'on connaît. J'espère que j'arrive à apporter un peu plus de structure et d'inégalités aux équipes. J'ai des retours positifs et motivants sur les premières actions menées, mais j'ai peu de recul comme je suis à ce poste que depuis quelques mois.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas pour ces précisions, ça démystifie un peu ce rôle de Head of Product où parfois on a un peu de mal à comprendre en quoi ça consiste. C'est vrai qu'au cours des différents entretiens qu'on mène, on se rend compte qu'il y a quand même un grand écart d'un Head of à l'autre en fonction des types de produits et des types d'organisations. Et toi, Elisa, en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, tu occupes quand même une position clé. Tu peux nous parler un peu plus en détail de ce que cela implique au quotidien ? Est-ce que tu es prêt à nous plonger dans les quiz de ton rôle ?

  • #Elisa

    Bien sûr, j'espère pouvoir vous relater ça, que c'est finalement possible. Et bien ce que ça implique déjà, c'est que je centralise les différentes informations sur les différents produits développés. Donc, quand bien même ce n'est pas un projet sur lequel moi je travaille directement, parce que j'ai aussi un autre Product Manager qui a des responsabilités sur des produits en particulier. Mais ça veut dire qu'il faut au moins que j'ai un niveau de compréhension et de méprise du sujet macro qui me permette de me projeter dans les ressources à allouer et dans les différentes deadlines associées à tout projet. Ça veut dire aussi que je suis présente pour les comités de direction, pour partager l'état d'avancement sur les différents projets et les volontés pour le futur. Je suis en charge de porter la vision stratégique des différents produits et la vision produit plus globale pour l'entreprise. Je vais par exemple alimenter et élaborer le product backlog, l'affiner, définir les techniques à utiliser pour la priorisation, faire le raffinage aussi pour l'organiser en sprint backlog, m'assurer de son adhésion auprès de mes équipes et de son bon suivi. Il faut aussi que j'anticipe la parallélisation des tâches et des ressources humaines et financières à disposition pour une bonne répartition des différents chantiers dans le camp. Et après, il y a des notions de reporting à différents niveaux pour apporter de la transparence auprès des différentes équipes. Donc que les équipes de déploiement, qui sont nos équipes commerciales, soient au courant des livraisons de différentes futures ou de corrections de bugs pour pouvoir les communiquer aux clients qui les attendent. Que les équipes techniques soient au courant de la vision stratégique aussi pour comprendre les enjeux et les objectifs alloués aux différentes streams. Je ramène aussi pas mal de profils pour nous épauler ponctuellement sur certaines tâches, donc être capable d'identifier un peu mieux comment constituer des équipes en fonction des besoins.

  • #Jérôme

    Merci Elisa de nous avoir partagé ton quotidien, on y va maintenant un peu plus clair. Maintenant, on voudrait savoir un peu ta touche personnelle. On sait que chaque leader a un peu son identité propre. Tu pourrais nous donner trois exemples concrets qui illustrent ta singularité dans ton approche du produit ?

  • #Elisa

    Alors effectivement, moi venant du monde du NLP et en particulier de la détection d'insights, j'ai une vision assez axée sur la recherche utilisateur. J'ai une grande part de ma discovery qui est basée sur les entretiens utilisateurs, la analyse de données quantitatives, les ateliers de design thinking avec la réalisation du persona, toute la recherche UX, etc. J'ai à cœur de les maintenir appliqués tout au long du projet pour pouvoir confronter les développements à leur vision et y tirer progressivement. Côté delivery, j'ai la chance d'avoir quelques connaissances tech, donc j'aime bien comprendre pourquoi une solution d'implémentation a été mise en place plutôt qu'une autre. J'essaye de challenger un peu les équipes tech en leur transmettant une vision plus fonctionnelle, afin qu'ils se projettent aussi dans l'usage qui sera fait de la fonctionnalité développée. Globalement, je n'aime pas trop les approches très silotées. Je comprends l'intérêt pour maximiser la productivité de chaque équipe, mais la désolidarisation pour moi entraîne aussi un manque de productivité. Ce n'est pas optimal de bosser avec des OER et d'avancer à la vol. Donc j'aime bien que chacun ait au moins un petit aura dégagé devant lui. Et sinon, j'aime bien aussi drafter assez tôt la priorisation des besoins en explicitant ce qui est de l'ordre de la pratique obligatoire pour un ODP et ensuite projeter l'ajout de futur progressif pour cadencer les livraisons de versions ultérieures. Et ça, c'est mon côté plus stratégique. Le positif, c'est que... J'ai appris assez tôt à donner des roadmaps assez détaillés et le désavantage de ça c'est que du coup tu visualises facilement le gap entre tes ambitions et la réalité du terrain.

  • #Jérôme

    Maintenant qu'on connaît un peu plus ta touche personnelle, on aimerait connaître les qualités que tu considères essentielles pour être un excellent head of product. Pour toi ce serait lesquelles ?

  • #Elisa

    C'est une très bonne question, une question que je me suis moi-même posée assez souvent, notamment dans mes premières années d'Excellence Pro. Pour moi, le Head of Product Parfait, c'est une personne qui mêle à la perfection, humilité et assurance. Je pèse mes mots en utilisant ces deux termes. L'humilité pour moi, elle est nécessaire parce que tu es systématiquement entouré d'experts bien plus qu'avec toi sur chaque sujet qui te concerne. Donc, tu vas être un peu au carrefour entre les commerciaux, les techs, les personnes qui sont plus axées à l'aider, les équipes de projet qui sont… toujours en contact avec les clients. Et du coup, il faut pouvoir les cadrer pour tirer d'eux ce qui est nécessaire et les diriger vers la vision d'ensemble que tu portes. Mais il faut aussi être capable d'humainement ne pas arriver sur tes grands chevaux avec des préconceptions trop fortes. Donc à chaque fois, il faut être à la fois capable de vulgariser les sujets très complexes en s'adaptant au profil de ton interlocuteur, mais aussi d'adapter toi ta compréhension pour être sûr de comprendre les besoins qui remontent le plus fidèlement possible et de transmettre leurs besoins sans le dénaturer. Donc l'assurance, c'est nécessaire quand même pour pouvoir incarner ce côté un peu moteur où tu dois être capable de rassembler des gens qui ont des besoins et des réalités complètement divergentes au quotidien mais il faut toujours trouver le point de ralliement nécessaire pour mener tout le monde vers le même cap. Donc moi personnellement, j'ai longtemps eu le syndrome de l'imposteur, déjà parce que je suis une femme dans la tech et qu'il paraît que c'est courant pour les personnes de bon genre, mais aussi parce que c'est difficile de faire accepter une décision si elle est mal justifiée. Donc tu t'imposes de la rigueur. Et j'ai vite compris que le manque d'assurance a provoqué un manque de confiance chez mes collaborateurs et qu'il fallait que je travaille là-dessus pour avoir plus d'impact et plus d'efficacité. C'est clair.

  • #Jérôme

    C'est beaucoup plus clair, Elisa. On va maintenant passer à la partie challenge et réussite. C'est vrai que chez Bimaï Productions, on valorise vraiment la transparence et la franchise sans langue de bois. Elisa, dans ton parcours, quels ont été les défis et réussites qui t'ont particulièrement marqué ? Est-ce que tu peux partager à nos auditeurs sans filtre les hauts et les bas de ta carrière ?

  • #Elisa

    Oui, avec plaisir. Je vais commencer par les bas, si tu permets. Le premier que je mentionnerais, c'est quand même le manque de succès associé à la création de ce nouveau vertical d'assistance conversationnelle chez Proxen. Il y a eu plusieurs raisons qui ont fait que l'offre n'a jamais vraiment décollé. C'est que déjà, on est arrivé tard sur le marché, on a profité d'opportunités d'upselling plus que d'une volonté stratégique. Donc, L'offre n'a jamais vraiment pris parce qu'il y avait pas mal d'acteurs plus aboutis qui étaient déjà des acteurs de référence dans le domaine. Nous, on a voulu trop vite commettre sur des features déjà mainstream et on n'a pas su mettre assez en avant notre valeur ajoutée, selon moi. Et je pense aussi que le fait qu'on se soit fait racheter par 3DF derrière a fait que cette offre-là n'avait plus vraiment vocation à péréquiter. Donc on a décidé de l'abandonner progressivement. Ça a été une expérience enrichissante pour les équipes, donc finalement j'en ai plutôt un souvenir positif. Mais c'est vrai que factuellement c'est un échec puisqu'elle n'existe plus aujourd'hui.

  • #Jérôme

    Qu'est-ce que tu as tiré au final de cet échec, selon toi ?

  • #Elisa

    J'en ai tiré plein de connaissances actionnables qui structurent aujourd'hui mon profil en tant que PM, je pense. C'est-à-dire que justement, quand je dis qu'on a trop vite voulu faire comme ce qui se faisait sur le marché, c'est-à-dire qu'on s'est un peu bridé dans notre esprit créatif et dans notre esprit disruptif. On a été plus guidés par des besoins à l'utilisateur spécifiques parce que c'était associé à des opportunités d'upselling avec des clients existants que par une volonté pure de créer quelque chose de novateur et de suffisamment adaptable en fonction de tous les propres utilisateurs qu'on targetait. Donc je pense que la leçon numéro une, c'est la prise de recul, vraiment la vision 360 sur le développement d'un produit. Et après, je pense que ça a aussi eu un impact justement sur le développement de ce trait dont je parlais tout à l'heure, qui est l'humilité, parce qu'on peut se dire que quelque chose de très intéressant est très formateur, qu'on rencontre plein de gens, qu'on monte en compétence sur une technodonnée, qu'on comprend plein de spécificités liées à cette techno, et quand bien même, ça ne finit pas par un produit qui est un succès commercial. Ça a au moins l'intérêt d'avoir soudé des relations, créé un network, structuré des connaissances.

  • #Jérôme

    Tu pourrais nous citer un autre exemple d'échec que tu as vécu dans ta carrière et les enseignements que tu en as tirés ?

  • #Elisa

    Je ne sais pas si je parlerais d'échec, mais en tout cas de moments très difficiles. Ça a quand même été l'intégration de Proxem dans l'écosystème de 3DS, parce que je l'ai mentionné à plusieurs reprises, mais ça a été déjà, en termes de religion produit, quelque chose de radicalement différent. On était une entreprise à taille humaine, 40 personnes, à peu près du même âge, très amies. très proches, et puis on est arrivé dans un grand groupe où du coup les gens se connaissent un petit peu moins, la hiérarchie est allée sur beaucoup plus de niveaux, donc on a moins accès aussi quand on veut faire bouger les choses aux décisionnaires directs. Donc ça, il y a eu quand même beaucoup de challenges associés, déjà d'un point de vue humain, faire comprendre aux collaborateurs que la nature de nos relations évolue aussi après ce rachat. Comment dire, apaiser les profils qui ont plus ou moins bien vécu cette transition-là. Il y a eu quand même aussi tout le challenge technique associé, puisqu'on arrive en tant que techno d'un monde complètement extérieur à 3DS, et puis il faut réfléchir à comment l'intégrer dans l'écosystème technique existant. Moi, pour ma part personnelle, ça a quand même été associé à une grosse surcharge de travail, puisque j'étais toujours PM multi-casquette couteau suisse pour Proxem, et portfolio manager pour 3DS, donc avec une vision beaucoup plus stratégique, une nouvelle équipe, des nouveaux profils, des nouveaux verticaux, des industries que je n'avais jamais targetées auparavant. Un nouveau langage aussi, proposé de milliers d'acronymes. J'ai mis plusieurs stratégies en place pour surmonter ces challenges-là. Déjà, je pense qu'il faut juste persévérer. Il faut être OK avec le fait qu'on ne peut pas tout savoir tout de suite. Essayer d'échelonner, ça monte en compétences. C'est quelque chose que j'ai fait d'abord d'un point de vue très personnel et puis ensuite que j'ai même confronté à mes managers parce que du coup, deux équipes, deux managers distincts. Donc chacun avec sa vision de mes objectifs et puis pas forcément des mises en commun. Donc à un moment donné je les ai quand même poussés à se mettre autour d'une table et puis alors... par la liste des tâches que chacun me donnait, et puis à demander un ordre de priorisation pour chacune de ces tâches, avec une quantification du temps de travail à allouer, et du coup la preuve factuelle qu'il y avait conflit. Et puis j'ai aussi partagé de manière transparente quand c'était trop difficile pour moi, on projetait trop sur ma capacité d'apprentissage rapide et que du coup je sentais que j'arrivais sur la fin de l'énergie restante. J'ai essayé de faire la paix avec mes objectifs un peu surdimensionnés et puis la réalité de ce que je pouvais donner pour avoir un équilibre perso et pro convenable et sain. Et puis j'ai essayé de tenir un petit journal aussi au début avec tous les insights que je pouvais récolter, que ce soit en termes de compréhension de l'écosystème dans lequel j'évoluais, mais aussi de compréhension très pratico-pratique sur des termes ou des acronymes que j'entendais souvent et dont je ne maîtrisais pas forcément la désacronisation. Et puis j'ai imprimé aussi des choses. Je me suis rendu compte que j'apprenais beaucoup mieux sur version papier que sur version dématérialisée. Par exemple, j'étais historiquement sur un rythme agile avec des sprints de deux semaines à un mois. Et puis là, on est parti sur des échéances avec des roadmaps à 25 ans et des sprints beaucoup plus longs. pouvoir faire des parallèles entre l'écosystème que je connaissais et celui que j'intégrais, j'ai beaucoup utilisé le papier.

  • #Jérôme

    Merci Elisa d'avoir partagé avec nous ces challenges et ces conseils précieux. Mais maintenant, assez parlé d'échecs, du côté des réussites, quels ont été les moments les plus forts que tu as vécu ?

  • #Elisa

    Les moments forts, je pense que le premier, c'est ma prise de poste en tant que PM, parce que l'intégration officielle dans l'équipe technique de Proxem... Pour être au fruit sur les différents sujets qui constituent le scope UPM dans l'écosystème Proxen historique, c'était vraiment quelque chose de très challengeant pour moi et ça correspondait avec un objectif professionnel que je m'étais fixé, donc j'étais vraiment ravi de ça. Mais ça, ça demandait que justement la liste de mes objectifs soit assez claire, que je me connaisse, moi, dans ce que j'avais envie de mettre comme implication dans mon travail et dans... la confiance que j'accordais aux différents profils qui allaient m'entourer aussi pour me faire monter en compétence sur ces sujets-là. Donc ça, ça a été un succès parce que j'ai eu la chance d'intégrer une équipe qui était hyper dynamique et hyper bienveillante. De la même façon, je citerai l'opportunité actuelle que j'ai en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, c'est... un nouveau paradigme aussi pour moi, le domaine de l'EdTech aussi. Et de la même façon, je me suis mis des ambitions assez hautes dès le début et puis j'ai des équipes qui m'ont souvent rappelé les avancées que je faisais, qui m'ont beaucoup accompagné, fait beaucoup de retours positifs sur ce que je mettais en place. Et ça, je pense que c'était nécessaire pour moi d'avoir une validation extérieure, notamment de leur part, puisque c'est les premiers à m'impacter parce que j'essaye de mettre en place. Donc ça c'est des moments que je garde précieusement quand la motivation vient à baisser. Et puis sinon, en réussite personnelle et professionnelle, j'ai envie de dire, parce que ça a un peu mêlé les deux, c'est mon expérience en tant que barène des captifs à libération. Pour la fondation IAD, donc IAD dispose d'une fondation qui finance des projets d'aide au relogement et d'aide à l'insertion professionnelle. J'ai eu l'occasion de monter un dossier avec eux de demande de financement pour des postes d'encadrantes et d'accompagnatrices pour un projet d'insertion professionnelle à destination des femmes issues de la prostitution. Et ça, ça a été hyper cool parce que du coup, IAD m'a donné la possibilité dans mes heures de travail de m'investir. à hauteur du temps raisonnable, mais dans ce projet associatif. En plus, ça faisait sens quand même avec le but historique de l'IAD, puisque le relogement pour un réseau de mandataires, c'est quand même logique. Et oui, j'ai adoré cette expérience et je pense que ça a été vraiment un moteur pour moi parce qu'en R&D, je voulais avec beaucoup de projets en parallèle sur des sujets vraiment divers et variés. Et finalement, ce rôle de marraine, ça a été... quelque chose qui m'apaisait moi personnellement, mais qui en même temps était un peu un fil conducteur de mon expérience au sein de cette boîte. Donc, très positif. Et aussi ce que je voudrais quand même mentionner dans les grands défis que j'ai eus, il y a quand même plusieurs projets sur lesquels j'ai manqué de ressources que ce soit financière ou humaine pour faire avancer des projets qui étaient quand même assez ambitieux. Je peux citer deux exemples. Le premier c'est le développement d'une application de projection financière pour IAD où en fait l'objectif initial c'était du coup de valider l'hypothèse qu'on était capable. d'avoir des projections sur le montant moyen d'un mandat d'un logement immobilier sur une géolocalisation donnée et du coup d'estimer combien de ventes devaient réaliser pour pouvoir atteindre ces objectifs de rente. Et finalement, on a été confronté à une équipe de production qui trouvait le projet intéressant, avait vu le MVP, voyait la valeur validée, mais n'avait pas du tout le temps de l'intégrer. Et moi je me suis mis dans un mode un peu fonceur, où du coup je me suis entourée de prestataires externes pour développer une web app la plus aboutie possible. Et finalement, son aboutissement a suffisamment satisfait pour que... elle soit intégrée sous forme d'iFrame dans la plateforme. Donc le déploiement d'une solution qui a été développée avec deux devs externes, un PO externe, moi-même en trois mois sur cinq pays, donc en cinq langues différentes pour 16 000 utilisateurs. Donc comme quoi des fois il ne faut pas laisser aussi les gens nous dire qu'on n'a pas le temps ou pas les moyens, si on est convaincu de quelque chose et qu'on arrive à trouver des stratégies peu coûteuses ou pas coûteuses du tout pour avancer. le mode BNJ fonctionne assez bien.

  • #Jérôme

    Comme quoi, il y a toujours une alternative au final.

  • #Elisa

    Exactement.

  • #Jérôme

    On va maintenant passer au thème de l'invité. Donc Elisa, tu as soulevé un sujet captivant sur l'éthique dans le product management. Avant de savoir pourquoi tu as choisi ce thème, on aimerait savoir quelle est pour toi la définition de l'éthique.

  • #Elisa

    Oui, alors déjà, je veux quand même préciser que je suis assez gênée d'en discuter ici, que je ne prétends absolument pas être une experte du sujet. C'est simplement un thème qui est très présent dans ma tête et qui me suit depuis un moment. Donc, je trouve intéressant de le présenter ici, mais je suis persuadée qu'il y a plein d'auditeurs de ce podcast qui auront plein d'infos bien plus précises que les miennes. Donc, j'espère que ça ouvrira des discussions ou des sujets de réflexion dans les têtes des uns et des autres. Mais pour répondre à ta première question... L'éthique, c'est une branche de la philosophie qui se concentre sur des questions de ce qui est bon ou mauvais. Donc, ça soulève toutes les questions d'injustice, les principes qui guident la conduite humaine et qu'est-ce qu'on espère obtenir comme projet de société globale et commun.

  • #Jérôme

    Et on voudrait savoir, vis-à-vis du product management, comment cette définition peut être transposée ?

  • #Elisa

    Alors dans le contexte du Product Management, l'éthique ça concerne les principes, les valeurs et les normes qui vont guider à la fois le développement mais aussi la gestion et la commercialisation des produits qu'on édite. Donc ça va inclure des considérations comme la protection de la vie privée des utilisateurs, l'acquisitivité, l'accessibilité, l'intégrité et la transparence dans la communication sur les produits mais aussi la responsabilité sociale et environnementale. Donc moi je lis tout ça. Au fait de garantir que les produits soient conçus, développés et gérés de manière responsable, en tenant compte des impacts potentiels à la fois sur les utilisateurs, donc par effet de rebond sur la société en général, et sur l'environnement.

  • #Jérôme

    Maintenant, on aimerait savoir pourquoi tu as choisi ce thème Elisa, et comment ce sujet t'a impacté dans ton parcours professionnel ?

  • #Elisa

    Alors c'est un thème qui m'a été présenté assez tôt dans ma carrière, à la fois sur les sujets de chatbot et aussi sur les sujets de data privacy, avec l'arrivée de la RGPD au moment de ma prise de poste. Lors de mon expérience chez Proxem, j'ai déjà eu une première présentation de ce sujet via la thèse qui avait été soutenue par l'ancienne PM de Proxem en 2018, donc c'est la thèse d'Eglantine Schmitz, qui s'appelle Explorer, visualiser, décider, un paradigme méthodologique pour la production de connaissances à partir des big data C'est une thèse dans laquelle elle examine comment tirer des informations utiles à partir de gros tas de données qui ne sont pas forcément toujours très bien organisées, en proposant une méthode qui tient compte de comment ces données sont construites et comment on peut les comprendre pour agir. Elle souligne aussi l'importance de raconter ces données et de les présenter de manière claire pour aider à prendre des décisions. Donc ça amène déjà le sujet des biais introduits par la manipulation des données, ça invite à se poser la question de comment elles sont produites, mais ça ouvre aussi le sujet de comment les statistiques peuvent nous permettre de tout et rien dire à partir de ces jeux de données. J'ai eu un parcours universitaire, donc le sujet de l'échantillonnage nous avait bien été rabâché. et j'ai vite fait le lien avec les données d'entraînement des algorithmes par exemple. Et ensuite j'ai commencé à avoir quelques cas pratiques puisqu'on avait rédigé un livre blanc lors du lancement de notre verticale sur les assistants conversationnels chez Proxem. Donc c'est là que j'ai eu mes premiers exemples de technologies développées et déployées avec des biais éthiques non solutionnés à l'époque. On peut citer par exemple un chatbot très connu qui est le chatbot Tay qui avait été développé par Microsoft, lancé en 2016 sur Twitter, et qui avait été conçu pour interagir avec les utilisateurs et apprendre de leurs conversations. Le problème, ça a été quand l'absence de filtre approprié pour scoper le graphe de connaissance de ce chatbot, a rapidement été manipulé par certains utilisateurs pour diffuser des messages haineux, racistes et misogynes. Donc Microsoft a été forcé de le retirer en moins de 24 heures.

  • #Jérôme

    Je me souviens de ce chatbot. Ils avaient un peu tous marqué quand il était sorti.

  • #Elisa

    Oui, j'imagine. Mais après, il y a eu d'autres exemples qui ont été largement relayés par les médias. Il y a eu des problèmes de reconnaissance faciale dans les premiers algos de reconnaissance faciale qui étaient liés à la discrimination éthique et qui ont été signalés dans certains systèmes développés par différentes entreprises, comme Apple, mais il y en a eu d'autres. Ces problèmes découlaient du biais dans les données utilisées pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale et ça entraînait une moins bonne performance sur certaines populations, y compris les personnes de couleur. Ces problèmes soulèvent des préoccupations importantes en matière d'équité et de justice dans le développement et le déploiement de technologies de reconnaissance faciale et de nombreuses entreprises qui travaillent à améliorer leur système pour éviter de telles discriminations.

  • #Jérôme

    Tu as un autre exemple comme ça de déviance de l'éthique dans les technologies ou dans les produits actuels ?

  • #Elisa

    Oui, par exemple, on entend aussi beaucoup parler des deep fakes. Notamment chez certains people qui se sont retrouvés dans des vidéos porno générées par l'IA. Je crois que c'est le cas d'Emma Watson, par exemple. Les deep fakes, ça utilise le deep learning pour superposer un visage d'une personne sur le corps d'une autre dans des vidéos ou des images existantes. Et du coup, c'est fait de manière très réaliste. Donc cette pratique, elle soulève de sérieuses préoccupations en matière de consentement. d'intimité et de manipulation du contenu visuel, et puis ça ouvre tous les problèmes ensuite de désinformation. D'ailleurs, la question se repose en ce moment, parce qu'avec la sortie prochaine de Sora, qui a été développée par OpenAI, il y a plusieurs articles qui expliquent pourquoi la phase de test est réservée à un pool très restreint de testeurs. Il y a par exemple un article paru dans Les Echos, qui date du 16 février, qui nous explique que, à partir de la courte description textuelle, Sora peut générer une vidéo d'une minute d'une qualité époustouflante. Et cet outil, il est en période de test parce qu'on veut éviter qu'il soit utilisé à des fins de désinformation. Mais en fait, pour moi, une fois que tu ouvres ce sujet, c'est un peu la boîte de Pandore. Je me suis posé la question aussi de comment mener une conduite du changement auprès de personnes dont la profession, c'est le support. Quand tu viens leur implémenter une solution d'automatisation, ils ont peur de perdre leur travail et c'est légitime de se poser la question avec eux. Donc j'ai essayé de me renseigner, j'ai lu le livre de Luc Julia sur l'intelligence artificielle n'existe pas. Ça m'a permis d'avoir quelques arguments pour discuter avec les profils qui se sentaient menacés. Mais je vois déjà que par rapport à il y a six ans, mes réponses sont devenues obsolètes puisque Klarna a sorti son rapport le 27 février indiquant que l'implémentation de l'IA générative va permettre d'absorber le travail de 700 agents de support, des agents qui sont en contrat full-time. Donc ils estiment leur profit en 2024 à 40 millions de dollars suite à cette implémentation. Et on le voit aussi aujourd'hui avec les métiers de développeurs et de designers. En ce moment, le marché est en train de se réinventer un peu. Moi, parmi mes amis, par exemple, j'ai beaucoup de personnes qui se posent des questions de pérennité de leur poste dans les années à venir. Parce que, par exemple, le motion design ou l'illustration, c'est très concurrencé par des technos comme Dali, Pika et bientôt Sora. Donc, ça demande un minima de rester à la page, d'être capable de se former en continu. Toutes les entreprises n'ont pas forcément les ressources ou la structure pour s'actualiser aussi rapidement et proposer des formations en interne sur ces sujets. Donc on voit des concurrents émerger qui recouvrent vite des entreprises pourtant bien installées. Ça shuffle les cartes du marché à une vitesse folle. Et dans une autre mesure, d'ailleurs, chez LearnEnjoy, on a quelques questions un peu similaires puisque les enseignants qui utilisent des applications LearnEnjoy nous challengent beaucoup, notamment sur les sujets de l'IA à l'école. Par exemple, pour des populations d'élèves très jeunes, on sait que ce n'est pas toujours préconisé. Donc il y a aussi un sujet d'éthique pour moi là-dedans. Quand on travaille en lien avec l'éducation, on a un impact potentiel sur la formation des citoyens de demain. Donc c'est important de garder ça en tête. Je comprends tous les risques liés à l'usage des écrans chez les jeunes. Ça m'intéresse, c'est quelque chose sur lequel on se documente beaucoup. Mais je me rends aussi compte d'une réalité contemporaine où les politiques publiques réduisent les budgets de l'éducation nationale et du ministère de la Santé. Et pourtant on voit une hétérogénéité croissante des profils en classe, on a de plus en plus d'élèves pour de moins en moins de postes d'enseignants. Donc l'inquiétude est légitime, mais la réalité c'est que les enseignants ne peuvent pas absorber. La production de contenu pédagogique adapté à l'ensemble des profils d'élèves, surtout que les profils d'élèves s'hétérogénisent de plus en plus aussi, donc on a toutes les situations d'inclusion avec les profils 10, les profils allophones, les profils TND, donc les troubles neurodéveloppementaux. Et effectivement, l'IA là-dedans peut permettre de faire du contenu plus adapté aux besoins spécifiques et du coup d'avoir un contenu pédagogique plus hétérogène pour correspondre à la réalité des classes contemporaines. Mais effectivement, la peur des enseignants est aussi légitime et il faut l'accompagner, il faut leur permettre de monter en compétence sur faits technologiques pour pouvoir les appréhender et les manipuler avec plus de sérénité.

  • #Jérôme

    Si tu devais nous résumer ça simplement, comment tu le ferais ?

  • #Elisa

    Si je peux lister quelques axes de réflexion, je dirais qu'en premier point, il y a des biais algorithmiques qui peuvent être introduits. Ça veut dire que les algorithmes d'intelligence artificielle qu'on génère peuvent être biaisés en raison des données utilisées pour les entraîner. Ça peut conduire à des résultats discriminatoires ou injustes. On l'a cité avec quelques exemples. On pourrait en citer un autre ici en parlant du système de recrutement qu'avait implémenté Amazon. qui finalement a été abandonné puisqu'il favorisait les candidats masculins puisque ça reflétait les biais présents dans les données historiques sur les embauches de l'entreprise. Donc là on voit qu'il peut y avoir du favoritisme sur des critères qui ne sont pas acceptables. Si on cite un autre axe de réflexion, on peut parler de la transparence dans les décisions. Donc ça, c'est les systèmes d'intelligence artificielle qui peuvent prendre des décisions complexes sans que les utilisateurs ne comprennent comment elles sont prises, ce qui soulève des questions de transparence et de responsabilité. Et on peut citer ici un exemple sur les systèmes de notation de crédit qui peuvent affecter la vie de gens sans qu'ils comprennent pourquoi ils obtiennent un certain sort de crédit, ce qui rend difficile la contestation des décisions injustes ou incorrectes. Il y a d'ailleurs un super article de la revue dessinée, qui est un magazine que je recommande, sur ce sujet, dans la détection des fraudes pour les déclarations de revenus aux impôts. Et le fait que plus des profils sont financièrement instables, plus ils vont faire l'objet de vérifications. Et du coup, plus les erreurs potentielles effectuées dans les déclarations d'impôts vont être sanctionnées pour des profils déjà fragiles. Et en troisième axe de réflexion, on peut citer la protection de la vie privée et des données. Donc les technologies, on le sait aujourd'hui, collectent souvent de grandes quantités de données personnelles. Il y a des systèmes qui sont mis en place pour essayer de cadrer un peu tout ça, mais ça soulève quand même des préoccupations sur la protection de la vie privée et la lisibilité de l'accès à ces données. Qu'est-ce que nous, en tant que citoyens, on a comme droit là-dedans et comment on sécurise tout ça. Et donc on a tous entendu parler du scandale en 2018 où Facebook a été impliqué. dans le scandale Cambridge Analytica, et où les données personnelles de millions d'utilisateurs ont été collectées sans leur consentement et utilisé à des fins de manipulation politique. Il y a eu un nouveau gros hack qui s'est produit sur les données de santé. Je crois que 30 millions de Français ont été concernés par un vol de données de la sécurité sociale.

  • #Jérôme

    Enfin, un Français sur deux.

  • #Elisa

    Exactement. Donc voilà pourquoi, en conclusion, je dirais qu'il faut essayer de continuer à produire des technologies qui sont compréhensibles pour l'humain dans la mesure du possible. Là, c'est vrai qu'on a cette révolution LLM, grade de connaissance, qui génère des modèles hyper puissants avec un nombre de dimensions contenant des paramètres qui ne sont plus interprétables par un humain. On ne sait pas toujours dire exactement de manière compréhensible et explicite pourquoi on a catégorisé tel élément de telle manière. Donc on doit redoubler d'efforts pour... Structurer, alimenter ces modèles avec des données qui sont très propres et très réfléchies et reprendre des techniques d'échantillonnage que la recherche nous partage, ça peut être une première solution. Après, pour l'anecdote, j'ai quand même demandé à Chad GPT ce qu'il pouvait me dire des réflexions d'éthique dans sa phase de développement. Et il m'a répondu que chez OpenAI, ils accordaient bien sûr une grande importance à la question d'éthique dans le développement et le déploiement de leur technologie et que pour se prémunir des risques éthiques, ils avaient adopté plusieurs approches. Donc déjà l'examen éthique, donc avant de lancer le projet ou de déployer une nouvelle technologie, ils effectuent des évaluations éthiques approfondies pour identifier et atténuer les risques potentiels pour la société en tenant compte des principes de justice, d'équité, de transparence et de responsabilité. Ensuite, ils mettent en place une collaboration multidisciplinaire. Ils ont des experts en éthique, des chercheurs en sciences sociales, des juristes et d'autres parties prenantes pour vraiment comprendre les implications éthiques de leurs travaux et développer des stratégies visant à minimiser les risques. Donc ça c'est ce qu'on voit avec Sora en ce moment. La transparence et la communication qui s'engagent à être transparents sur les méthodes de recherche, sur les décisions et les résultats, sur la communication ouverte avec le public, sur les implications éthiques de leurs travaux. Donc ça c'est le cas, effectivement Sora on sait pourquoi aujourd'hui ce n'est pas accessible à tout le monde. Et d'ailleurs sur ChatGPT 3.5 on a déjà des messages d'alerte quand on mentionne certains thèmes. notamment quand ça se rapproche des sujets de pornographie ou ce genre de choses. Et ils mettent en avant leur développement responsable, donc le fait qu'ils ont à chaque étape du développement de leur technologie toutes ces questions éthiques qui rentrent en jeu, et qu'ils veulent construire des solutions de manière responsable, respectueuse des droits humains et bénéfiques pour la société dans leur ensemble. Et le dernier point qu'ils mentionnent, c'est l'éducation et la sensibilisation. Ils se positionnent aussi comme responsables. en tant que techno à l'état de l'art, de former les citoyens et les consommateurs de telles technologies aux questions éthiques dans leur travail.

  • #Jérôme

    Et toi Elisa, de ton côté, comment tu as intégré cette notion d'éthique chez LearnEnjoy ?

  • #Elisa

    Moi, dans mon parcours professionnel au sens large, j'ai longtemps traité le sujet de monter en compétences professionnelles et d'investissement pour essayer d'avoir un impact social positif de manière décorrélée. Et finalement, j'ai commencé à me poser la question sur l'aspect de la finalité. Qui sont les clients ? Quels sont leurs projets ? Est-ce que j'ai vraiment envie de travailler pour un client comme Total ? Quand on entend parler de HACOP qui détruit la nature et puis aussi une culture, et puis il n'y a pas qu'une grande partie de la population par laquelle va passer ce projet. Donc là aussi je vous invite aussi à lire un hors-série de la revue dessinée qui s'appelle On leur vend des armes et le pire c'est qu'ils s'en servent Et du coup j'ai essayé déjà de me poser la question de quelle structure je rejoins. C'est quoi le but final, c'est quoi la proposition de valeur, c'est quoi l'impact que se s'étale. Donc c'est pourquoi je m'étais dirigée à un moment vers IAD parce que IAD c'est 80% de... des auto-entrepreneurs agents immobiliers qui sont issus d'une reconversion professionnelle. Donc il y a quelque chose d'un peu disruptif dans l'organisation socio-professionnelle de la société contemporaine qui aujourd'hui avantage quand même toujours assez largement les personnes issues de hautes sphères, notamment dans les études. Et du coup, c'était intéressant pour moi de me dire qu'ILAD apporte une solution de changement de catégorie socio-professionnelle à un panel hyper large de citoyens. Et il y a aussi le sujet de la parité, parce que moi on me pose souvent la question de pourquoi je n'ai pas fait d'école d'ingé, et c'est vrai que ce n'était pas forcément une solution qui m'était présentée à l'époque et je me souviens très bien que mes... Mes amis garçons en école d'ingé me parlaient d'un rapport de 95% de mecs pour 5% de femmes dans les écoles d'ingé. Donc il y a aussi tout le sujet de l'empowerment féminin dans la tech, etc.

  • #Jérôme

    Je connais bien ce sujet Lisa, je suis moi-même issu d'école d'ingé, donc je vois très bien de quoi tu parles.

  • #Elisa

    Je crois que ça évolue positivement aujourd'hui, mais c'est lent.

  • #Jérôme

    Exactement ça.

  • #Elisa

    Et pour répondre à ta question, c'est vrai que déjà intrinsèquement, la proposition de valeur de l'entreprise est plutôt éthique. On est sur un sujet d'accompagnement et d'inclusion. Donc pour des profils qui aujourd'hui ne sont pas forcément accompagnés de la meilleure façon pour rentrer dans le système éducatif classique. Donc il y a déjà le produit qui en tant que tel est autoporteur sur les questions d'éthique et puis après comment on s'assure de garder cette ligne directrice, c'est en étant toujours au plus proche de nos utilisateurs finaux et des bénéficiaires de ces applications. Donc aller dans les dispositifs d'inclusion, rencontrer les encadrants, rencontrer les élèves porteurs de troupes neurodéveloppementaux, se rapprocher des associations, s'entourer d'experts. Donc la partie multidisciplinaire, elle rentre en jeu sur beaucoup de nos projets. Et puis se renseigner sur la politique actuelle dans l'éducation nationale et le ministère de la Santé, comment ça impacte les personnes qui en sont dépendantes et comment nous on peut pallier aux... ou manquements qu'on peut identifier en les co-construisant avec les concernés.

  • #Jérôme

    Merci Elisa, on y voit quand même beaucoup plus bien sur cette dimension que tu as chez LearnEnjoy, cette dimension éthique que tu as chez LearnEnjoy. Si tu pouvais donner des conseils à des gens qui veulent retrouver une dimension éthique dans leur travail, ou tout simplement trouver une dimension éthique dans leur travail, ce serait lesquels ?

  • #Elisa

    mais je dirais que le premier c'est de se renseigner je pense que je vais dédiquer plein de choses je ne suis pas la plus experte du domaine mais en tout cas c'est important pour moi de me dire que c'est une de mes responsabilités puisque je suis à un poste tel que celui que j'occupe aujourd'hui de rester informé là-dessus d'aller à des conférences de lire des articles de regarder ce qui est fait en termes de sécurité et d'éthique sur... Les produits qui viennent disrupter un peu notre monde en ce moment. Donc se challenger un peu sur ses compétences et sa compréhension. Je pense que c'est très intéressant. Regarder les exemples qu'on peut marcher, comprendre comment on aurait pu étudier les risques en amont et comment du coup on est capable de les pallier. Le deuxième conseil que je pourrais donner, c'est le fait de se questionner sur l'organisation qu'on intègre et sur sa finalité. Je l'ai déjà cité tout à l'heure, mais vous vous demandez quels sont les clients de l'entreprise qu'on rejoint, quels sont les projets réels de ces clients aussi. Par exemple, les sujets de surveillance de population tels que décrits dans les épisodes de Black Mirror ou le documentaire Netflix sur Cambridge Analytica, c'est des moyens d'y voir un peu plus clair sur l'utilisation malveillante d'une technologie et du coup de ne pas aller uniquement... La fleur au fusil, c'est de dire qu'on est capable de mettre une arme dans les mains de n'importe qui et que l'usage en sera bon parce qu'on est des humains et qu'on a envie de vivre ensemble, mais de garder en tête qu'il y a des gens qui sont là pour se faire des profits et qui n'ont pas forcément les mêmes filtres éthiques que ce qu'on aimerait appliquer. Et le troisième point, c'est l'application. Moi, je l'ai dans ma vie personnelle et dans ma vie pro. Je trouve que c'est intéressant de se préoccuper de c'est quoi la politique RSE, de l'entreprise que je rejoins. Est-ce qu'ils ont une fondation ? Qu'est-ce qu'ils y font ? Quels bénéficiaires sont accompagnés par ces structures-là ? Comment est-ce que je peux faire converger mon projet professionnel avec... une volonté d'impact positif. Il y a vraiment plein de profils qui réfléchissent à ça, qui existent et qui parfois ne sont pas forcément hyper visibles dans les organisations. Donc il faut faire l'effort d'aller les chercher.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas Elisa. C'était hyper intéressant de nous parler un peu de tout ce sujet éthique, à la fois de l'impact que ça peut avoir sur ta carrière personnelle, mais également de l'impact que ça peut avoir sur la société. Aurais-tu des recommandations de personnalités à inviter dans notre prochain épisode ? Des figures inspirantes dans le product management ou d'autres domaines connexes ?

  • #Elisa

    Ah oui, j'en ai plein. J'ai déjà le créateur fondateur de Proxem, François-Régis Chobartin, qui est un entrepreneur de génie, qui a toujours des superbes idées et qui est très intéressant, je pense, pour ce podcast. Ensuite, il y a Thomas Kouy, qui a été mon manager, qui était le directeur marketing produit de Proxem, qui est aujourd'hui toujours chez Dassault Systèmes et qui a été mon mentor, qui est un mec brillant et pédagogue et assez simple et très accessible. Je recommande à ce point-là le plus. Ça va le gêner beaucoup de m'entendre dire ça, mais ce n'est pas grave. Diana Gurinaga aussi, qui a été ma manager chez Dassault, qui a eu une... Une carrière très inspirante. Eglantine Schmitt, que j'ai citée tout à l'heure, qui était la PM de Proxem, qui est aujourd'hui à Head of Product chez Citio ou Kryption, je ne sais plus. Non, ils sont dans trop les acteurs. Julien Poileux, qui a été le directeur produit de IAD pendant plusieurs années. Et Romain Nadib, qui était mon manager, donc directeur R&B chez IAD à l'époque.

  • #Jérôme

    ce sera un vrai plaisir de les inviter à nous rejoindre pour un prochain épisode merci en tout cas infiniment Elisa pour cet échange riche et inspirant et merci à tous nos auditeurs pour leur fidélité un mot de la fin peut-être Elisa ?

  • #Elisa

    et bien merci beaucoup pour l'opportunité de l'échange et de l'expérience de participer à un podcast j'espère que mes tests de réflexion en inspireront d'autres

  • #Jérôme

    Restez à l'écoute pour notre prochain épisode de Be My Product où nous espérons accueillir les invités recommandés par Elisa. A bientôt pour de nouvelles aventures en Product Management.

Chapters

  • #1 Introduction

    00:00

  • #2 Présentation d'Elisa et de son parcours

    06:09

  • #3 Rôle et responsabilité chez LearnEnjoy

    15:47

  • #4 Challenges et Réussites

    23:50

  • #5 Peut-on Marier Éthique et Product Management avec Succès?

    31:03

  • #6 Conclusion

    49:33

Description

🎙️ Épisode 3 : L'éthique dans le Product Management avec Elisa 🚀

Bienvenue pour notre troisième épisode sur 'Be My Product'. Aujourd'hui, nous sommes ravis d'accueillir Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy, une entreprise pionnière dans l'éducation spécialisée.


Elisa, en tant que Head of Product, joue un rôle crucial dans le développement de solutions numériques innovantes destinées principalement aux enfants présentant des troubles d'apprentissage. Son parcours impressionnant inclut des expériences chez IAD et Proxem avant de prendre les rênes du Product Management chez LearnEnjoy à seulement 28 ans. 🌟

✨ Au programme de cet épisode passionnant :

1️⃣ Portrait d'Elisa : Découvrez le parcours inspirant d'Elisa Piccinini et les expériences qui l'ont menée à devenir Head of Product chez LearnEnjoy.

2️⃣ Son rôle chez LearnEnjoy : Elisa nous plonge dans son quotidien, nous partageant ses défis, sa vision, et comment elle pilote son équipe vers l'innovation constante tout en gardant l'éthique au centre de toutes les décisions.

3️⃣ Éthique et Product Management : Une discussion profonde sur l'importance de l'éthique dans le product management, surtout dans les domaines sensibles comme l'éducation et l'utilisation de l'IA.

4️⃣ Conseils pour une carrière éthique : Les conseils d'Elisa pour naviguer avec intégrité dans le monde du Product Management, et l'impact de ces valeurs sur le produit final et ses utilisateurs.


🔍 Plongez dans l'univers de l'éthique dans le product management avec Elisa Piccinini, qui partage ses insights précieux acquis chez LearnEnjoy. Cet épisode est essentiel pour ceux qui aspirent à intégrer des pratiques éthiques robustes dans leur gestion de produit.


📻 Écoutez-nous sur toutes plateformes de streaming pour ne rater aucun de nos échanges avec les professionnels du product management.


🔗 Plus d'infos sur notre site : https://www.bemyproduct.com/blog


Rejoignez-nous pour explorer ensemble les hauts et les bas du product management, guidés par l'expérience et les insights de Elisa et d'autres experts du Product Management.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Jérôme

    Salutations à tous et bienvenue dans ce troisième épisode de Bimei Product, votre point de rencontre privilégié dédié à l'univers envoûtant du Product Management. C'est avec un plaisir renouvelé que nous vous convions à ce nouvel épisode de notre podcast pour découvrir d'autres acteurs du produit français. C'est avec un immense plaisir que j'accueille pour cet épisode Elisa Piccinini, Head of Product chez LearnEnjoy. Elisa, nous sommes honorés de t'avoir parmi nous. Prête à nous éclairer sur ton parcours inspirant et tes expériences dans le Product Management ?

  • #Elisa

    Avec plaisir, merci beaucoup pour l'invitation. J'adore échanger avec des experts produits, c'est toujours un plaisir de présenter mon parcours.

  • #Jérôme

    Avant de plonger dans le cœur de notre discussion, permettez-moi de rappeler brièvement à nos auditeurs le format de notre podcast. Be My Product est structuré en deux parties principales. La première, qui dure environ 25 minutes, nous permet de découvrir en profondeur notre invité. Elisa, aujourd'hui c'est toi qui es sous les projecteurs. Dans la seconde partie, tu auras la chance de parler d'un sujet qui te tient à cœur. Tu as choisi d'aborder l'éthique dans le product management. Alors Elisa, es-tu prête à nous faire voyager dans ton univers et à partager tes connaissances et tes convictions avec notre audience ?

  • #Elisa

    C'est parti !

  • #Jérôme

    Elisa, on aimerait apprendre un peu plus à te connaître. Peux-tu te présenter, nous parler de ton rôle dans ta société et de l'activité de cette dernière ?

  • #Elisa

    Yes, avec plaisir. Moi, c'est Elisa Piccinini, j'ai 28 ans, bientôt 29. Je bosse chez LearnEnJoy depuis septembre 2023 en tant qu'Aide of Product. Et LearnEnJoy, c'est une entreprise sociale d'utilité solidaire spécialisée dans les Head Tech, qui a 10 ans aujourd'hui, et initialement spécialisée plutôt dans les logiciels d'aide à l'apprentissage pour les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux. et qui aujourd'hui s'ouvre à l'ensemble de la population d'élèves, donc tout âge confondu jusqu'à la troisième, et profil neurotypique également.

  • #Jérôme

    Merci Elisa. Maintenant qu'on en sait un peu plus sur toi, quel a été ton parcours avant de devenir Head of Product ? Quel a été ton chemin ? Quel a été ton parcours académique ? Dis-nous tout.

  • #Elisa

    Alors moi j'ai fait la fac, un parcours un peu hybride entre linguistique et traitement automatique des langues, ce qu'on appelle TAL ou NLP en anglais. Donc NLP pour Natural Language Processing, c'est tout ce qui couvre le traitement des données textuelles. Donc ça peut aller du moteur de recherche aux solutions de speech-to-texte ou text-to-speech, mais aussi à la gestion des modèles de connaissances en entreprise, donc tout ce dont on entend beaucoup parler en ce moment avec l'explosion des LLM. Et du coup, moi, initialement, j'avais rejoint une startup spécialisée en NLP pour mon stage de fin d'études, Proxen. J'avais développé un nouveau vertical sur la base d'un moteur d'analyse sémantique développé historiquement par l'entreprise. Et moi, j'avais un super projet d'automatisation de réponse, donc construire des chatbots et des solutions Smart Reply sur la base de ce moteur. C'était hyper intéressant parce que je me sais main dans la main avec les équipes tech et R&D pour spécifier les besoins de nouvelles futures, les tester, remonter les bugs, structurer la méthodologie et documenter tout ça pour l'interne et l'externe. Et il fallait aussi monter l'offre commerciale, définir la stratégie marketing produit pour entrer dans le nouveau marché des assistants virtuels. Et apparemment j'ai suffisamment bien bossé puisqu'on m'a proposé une embauche en tant que chef de projet à la suite de mon stage. Et j'ai fait ça six mois pour faire monter en compétence les équipes internes sur cette nouvelle offre et initier les premiers projets avec les clients. Et ensuite comme j'avais trouvé ça un peu rébarbatif, j'avais voulu m'orienter vers le conseil sur des postes plus similaires à des postes de Product Manager. Et le timing a fait que la seule Product Manager de Proxem de l'époque partait, donc on m'a proposé ce poste. et j'écris ça deux ans avant que la startup soit rachetée par Dassault Systèmes.

  • #Jérôme

    Tu peux nous parler un peu de quelques expériences marquantes de ta carrière avant de devenir Head of Product ? C'est toujours intéressant, je pense, de connaître le parcours de l'invité avant d'arriver à son poste actuel. Comment ces expériences t'ont-elles préparé à ton rôle actuel ?

  • #Elisa

    Oui, j'en citerai deux, du coup. Il y a mes fonctions en tant que portfolio manager chez Dassault Systèmes. C'était un poste similaire à mon poste de product manager chez Proxem, mais sur une échelle radicalement différente, puisqu'on parle d'un groupe international du CAC 40 avec 20 000 collaborateurs, alors que le seul environnement que j'avais connu, moi, avant, c'était une startup de 20 personnes quand je suis arrivée, puis 40 quand elle s'est fait racheter. J'étais donc sur un poste un peu plus stratégique au sein de la marque qu'avait intégré Proxem, donc la marque Netvibes. J'ai été à ce poste en deux ans, ça m'a permis d'être au premier rang de l'intégration de la technologie de Proxem dans la plateforme existante et surtout de réfléchir aux interopérabilités avec les différents produits du catalogue d'Asso System. Pour ça, il a fallu que je rencontre les experts des industries que targetent d'Asso System, comprendre les verticaux, monter des use cases NLP pertinents avec eux, fournir le matériel pour présenter l'offre d'un point de vue marketing et commercial. faire monter en compétence les commerciaux et les chargés de projet. Donc en fait, j'occupais les deux postes en parallèle, PM Proxem et PM Dassault Systèmes. Et ça m'a vraiment permis d'observer des similitudes et des différences, à la fois en termes de méthodologie, mais aussi de moyens, de temporalité, de structuration. Donc j'espère avoir été capable de tirer parti du meilleur des deux mondes. Ça m'a clairement envoyé sur une vision beaucoup plus stratégique, beaucoup plus long terme. Et l'autre expérience, c'est mon poste suivant. J'ai voulu tester un autre environnement après Dassault Systèmes, donc j'ai finalement quitté le groupe pour rejoindre IAD. IAD qui est une plateforme pour un réseau de mandataires proposés d'agents immobiliers indépendants. Cette plateforme est hyper riche parce qu'elle gère toutes les fonctionnalités nécessaires pour exercer le métier d'agent immobilier. J'ai occupé le poste de Product Manager pendant un an en R&D et c'était hyper enrichissant puisque je me suis ouverte à d'autres domaines que le NLP. Ce qui était vraiment top dans cette expérience, c'est que j'ai pu tester plein de méthodologies produites différentes en fonction des prototypes à créer, dépendant de la nature des hypothèses à qualifier. Je m'entourais d'équipes externes sur mesure en fonction des besoins, du tailor-made pour chaque projet.

  • #Jérôme

    Est-ce que c'est ces expériences-là qui ont été précurseuses un peu de ton arrivée dans le product management ? Ou il y a eu d'autres expériences qui t'ont permis de découvrir ce milieu ?

  • #Elisa

    En fait, ça a été un peu par hasard que je me suis orientée vers ce métier de PM. Je ne connaissais pas du tout cet intitulé de poste quand j'ai intégré le monde de l'entreprise à la suite de mon parcours universitaire. Initialement, ma formation me destinait plutôt à des rôles de chef de projet par exemple, ou ce qu'on appelait à l'époque dans le monde du NLP avec un nom très spécifique d'apolinguiste, donc des personnes responsables du paramétrage des solutions NLP pour les clients. Et l'élément déclencheur ça a été la rencontre avec les équipes Proxem, comprendre la structuration de l'équipe et en particulier la rencontre avec le manager de l'époque qui lui était directeur produit et directeur marketing. Quand j'ai fini mon rapide passage dans l'équipe projet, on m'a proposé le poste de PM. Je crois que mes supérieurs avaient bien compris que j'avais besoin de challenges intellectuels quotidiens pour rester motivée et que j'avais vraiment le profil un peu touche-à-tout qui correspond bien à ce poste. Et effectivement, je suis quelqu'un d'assez rigoureuse, d'un peu maniaque du contrôle, etc. Donc c'est souvent des qualités ou des défauts appréciés à ce genre de poste. Et là, en plus sérieusement, ce que j'aime beaucoup, c'est le fait d'avoir vraiment une vision 360, d'être expert en rien, mais d'être responsable de la centralisation des informations et surtout du partage de ces informations avec les différentes équipes qui gravitent autour d'un produit. J'aime bien adapter le niveau de discours en fonction de mes interlocuteurs, toujours me challenger aussi sur ma compréhension et puis ma vision. et ça permet aussi de porter la stratégie et de prendre du recul sur les fonctionnalités ou les produits à développer donc ça rend le champ des possibles un petit peu plus large ouais donc c'est ce côté vraiment multi casquette que tu aimes quoi exactement

  • #Jérôme

    ta toute première expérience a vraiment été tout de suite dans le product management t'as sauté à pieds joints dedans

  • #Elisa

    C'est vrai que l'attitude de stage initialement ne mentionnait pas Product Management explicitement mais en fait c'était un peu ça

  • #Jérôme

    Donc tu es une enfant du Product Management

  • #Elisa

    Apparemment, on peut le dire comme ça

  • #Jérôme

    Et tu as des ressources de référence à nous partager comme des podcasts des livres qui t'ont inspiré ou aidé dans ta carrière et que tu recommanderais à nos auditeurs

  • #Elisa

    Alors, à l'époque, mes managers m'avaient fait lire The Lean Startup d'Eric Ries et The Blue Ocean Strategy. Et puis moi, par la suite, pour rester un peu updated, j'ai pas mal suivi Timothée Frin. Je suis inscrit à sa newsletter, j'essaie de suivre les épisodes de son podcast Clé de Voute. Il est aussi hyperactif sur LinkedIn et j'aime bien suivre ses posts. Je regarde pas mal les posts du Dr Bart Jaworski, pardon si j'écorche son nom, mais qui partage pas mal de mèmes sur le Product Management et qui permet de prendre du recul sur certaines situations et de se rendre compte qu'il y a des similitudes avec ce qui se passe ailleurs. Et du coup, j'ai aussi passé la certification PO de la Scrum Institute. J'essaye de m'inscrire à des événements intéressants que je trouve sur Evenbright ou qu'on me suggère via mes contacts LinkedIn. Je garde aussi contact avec mes anciens collègues PM, avec mes anciens managers aussi. Et je suis sur des groupes WhatsApp comme AI Fellows, qui a été monté par Pierre Evrard, je crois. J'ai aussi bénéficié pendant plus d'un an d'un coaching mentorat sur l'emploi en entreprise qui s'appelle Thrive with Mentoring et que je recommande à absolument tous les auditeurs de ce podcast. C'est une équipe composée de profils féminins classés à des hauts postes stratégiques avec des grandes responsabilités dans les articles d'entreprise et ça, ça m'a bien aidé. Et maintenant, je peux ajouter un super podcast qui s'appelle Be My Product.

  • #Jérôme

    Oui, on remercie Timothé Frin qui fait du super boulot à la fois sur LinkedIn et à la fois dans son podcast. Merci Timothé pour tout ce que tu fais pour le produit français. On va maintenant s'intéresser à ton rôle de Head of Product. Peux-tu nous décrire un peu ton rôle, tes responsabilités au sein de LearnEnjoy et comment ça impacte ton entreprise ? On sait très bien qu'en fonction des entreprises, le rôle de Head of peut changer. On aimerait en savoir un peu plus. Dis-nous tout, Elisa.

  • #Elisa

    Alors c'est vrai que chez LearnEnjoy, il y a un beau challenge de par la nature de l'entreprise, parce que comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une entreprise sociale et solidaire. Surtout, elle target des profils d'apprenants assez variés. Donc il y a quand même intrinsèquement un challenge pour comprendre les structures dans lesquelles vont être déployés ces produits, et surtout les profils d'apprenants qui vont les manipuler. Donc c'est des outils quand même très challengeants parce qu'on doit s'adapter à l'hétérogénéité des profils d'apprenants et ça s'inscrit dans un contexte éducatif avec des classes de plus en plus saturées. En tant qu'Aide of Product, je suis responsable de définir la vision des produits. Ça passe par la centralisation des feedbacks utilisateurs, la compréhension des écosystèmes dans lesquels nos outils sont diffusés, l'analyse des besoins remontés par les différentes équipes, mais aussi regarder un petit peu ce qui se fait chez la concurrence, quelles sont les nouvelles futures Game Changers ou Mainstream sur ce marché. Et j'ai aussi la charge de définir la roadmap produit, donc de spécifier, planifier, prioriser, cadencer le rythme de développement, définir les ressources à allouer, tester et communiquer sur les livraisons. Donc ça c'est un point aussi très intéressant puisque chez LearnEnjoy il y a quand même une spécificité qui fait que... On est sur des business models où on répond beaucoup à des appels d'offres, donc il y a pas mal de deadlines à tenir, donc il faut sans cesse arbitrer les ressources à mettre sur certains devs. Et je suis aussi responsable de la relation avec les différentes parties prenantes justement sur ces projets. LearnEnjoy s'appuie systématiquement sur des expertises scientifiques en collaborant avec des laboratoires de recherche et différents acteurs du milieu éducatif et ou médical. Il faut donc veiller à collaborer efficacement avec des profils assez variés aux méthodes radicalement différentes de ce qu'on connaît. J'espère que j'arrive à apporter un peu plus de structure et d'inégalités aux équipes. J'ai des retours positifs et motivants sur les premières actions menées, mais j'ai peu de recul comme je suis à ce poste que depuis quelques mois.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas pour ces précisions, ça démystifie un peu ce rôle de Head of Product où parfois on a un peu de mal à comprendre en quoi ça consiste. C'est vrai qu'au cours des différents entretiens qu'on mène, on se rend compte qu'il y a quand même un grand écart d'un Head of à l'autre en fonction des types de produits et des types d'organisations. Et toi, Elisa, en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, tu occupes quand même une position clé. Tu peux nous parler un peu plus en détail de ce que cela implique au quotidien ? Est-ce que tu es prêt à nous plonger dans les quiz de ton rôle ?

  • #Elisa

    Bien sûr, j'espère pouvoir vous relater ça, que c'est finalement possible. Et bien ce que ça implique déjà, c'est que je centralise les différentes informations sur les différents produits développés. Donc, quand bien même ce n'est pas un projet sur lequel moi je travaille directement, parce que j'ai aussi un autre Product Manager qui a des responsabilités sur des produits en particulier. Mais ça veut dire qu'il faut au moins que j'ai un niveau de compréhension et de méprise du sujet macro qui me permette de me projeter dans les ressources à allouer et dans les différentes deadlines associées à tout projet. Ça veut dire aussi que je suis présente pour les comités de direction, pour partager l'état d'avancement sur les différents projets et les volontés pour le futur. Je suis en charge de porter la vision stratégique des différents produits et la vision produit plus globale pour l'entreprise. Je vais par exemple alimenter et élaborer le product backlog, l'affiner, définir les techniques à utiliser pour la priorisation, faire le raffinage aussi pour l'organiser en sprint backlog, m'assurer de son adhésion auprès de mes équipes et de son bon suivi. Il faut aussi que j'anticipe la parallélisation des tâches et des ressources humaines et financières à disposition pour une bonne répartition des différents chantiers dans le camp. Et après, il y a des notions de reporting à différents niveaux pour apporter de la transparence auprès des différentes équipes. Donc que les équipes de déploiement, qui sont nos équipes commerciales, soient au courant des livraisons de différentes futures ou de corrections de bugs pour pouvoir les communiquer aux clients qui les attendent. Que les équipes techniques soient au courant de la vision stratégique aussi pour comprendre les enjeux et les objectifs alloués aux différentes streams. Je ramène aussi pas mal de profils pour nous épauler ponctuellement sur certaines tâches, donc être capable d'identifier un peu mieux comment constituer des équipes en fonction des besoins.

  • #Jérôme

    Merci Elisa de nous avoir partagé ton quotidien, on y va maintenant un peu plus clair. Maintenant, on voudrait savoir un peu ta touche personnelle. On sait que chaque leader a un peu son identité propre. Tu pourrais nous donner trois exemples concrets qui illustrent ta singularité dans ton approche du produit ?

  • #Elisa

    Alors effectivement, moi venant du monde du NLP et en particulier de la détection d'insights, j'ai une vision assez axée sur la recherche utilisateur. J'ai une grande part de ma discovery qui est basée sur les entretiens utilisateurs, la analyse de données quantitatives, les ateliers de design thinking avec la réalisation du persona, toute la recherche UX, etc. J'ai à cœur de les maintenir appliqués tout au long du projet pour pouvoir confronter les développements à leur vision et y tirer progressivement. Côté delivery, j'ai la chance d'avoir quelques connaissances tech, donc j'aime bien comprendre pourquoi une solution d'implémentation a été mise en place plutôt qu'une autre. J'essaye de challenger un peu les équipes tech en leur transmettant une vision plus fonctionnelle, afin qu'ils se projettent aussi dans l'usage qui sera fait de la fonctionnalité développée. Globalement, je n'aime pas trop les approches très silotées. Je comprends l'intérêt pour maximiser la productivité de chaque équipe, mais la désolidarisation pour moi entraîne aussi un manque de productivité. Ce n'est pas optimal de bosser avec des OER et d'avancer à la vol. Donc j'aime bien que chacun ait au moins un petit aura dégagé devant lui. Et sinon, j'aime bien aussi drafter assez tôt la priorisation des besoins en explicitant ce qui est de l'ordre de la pratique obligatoire pour un ODP et ensuite projeter l'ajout de futur progressif pour cadencer les livraisons de versions ultérieures. Et ça, c'est mon côté plus stratégique. Le positif, c'est que... J'ai appris assez tôt à donner des roadmaps assez détaillés et le désavantage de ça c'est que du coup tu visualises facilement le gap entre tes ambitions et la réalité du terrain.

  • #Jérôme

    Maintenant qu'on connaît un peu plus ta touche personnelle, on aimerait connaître les qualités que tu considères essentielles pour être un excellent head of product. Pour toi ce serait lesquelles ?

  • #Elisa

    C'est une très bonne question, une question que je me suis moi-même posée assez souvent, notamment dans mes premières années d'Excellence Pro. Pour moi, le Head of Product Parfait, c'est une personne qui mêle à la perfection, humilité et assurance. Je pèse mes mots en utilisant ces deux termes. L'humilité pour moi, elle est nécessaire parce que tu es systématiquement entouré d'experts bien plus qu'avec toi sur chaque sujet qui te concerne. Donc, tu vas être un peu au carrefour entre les commerciaux, les techs, les personnes qui sont plus axées à l'aider, les équipes de projet qui sont… toujours en contact avec les clients. Et du coup, il faut pouvoir les cadrer pour tirer d'eux ce qui est nécessaire et les diriger vers la vision d'ensemble que tu portes. Mais il faut aussi être capable d'humainement ne pas arriver sur tes grands chevaux avec des préconceptions trop fortes. Donc à chaque fois, il faut être à la fois capable de vulgariser les sujets très complexes en s'adaptant au profil de ton interlocuteur, mais aussi d'adapter toi ta compréhension pour être sûr de comprendre les besoins qui remontent le plus fidèlement possible et de transmettre leurs besoins sans le dénaturer. Donc l'assurance, c'est nécessaire quand même pour pouvoir incarner ce côté un peu moteur où tu dois être capable de rassembler des gens qui ont des besoins et des réalités complètement divergentes au quotidien mais il faut toujours trouver le point de ralliement nécessaire pour mener tout le monde vers le même cap. Donc moi personnellement, j'ai longtemps eu le syndrome de l'imposteur, déjà parce que je suis une femme dans la tech et qu'il paraît que c'est courant pour les personnes de bon genre, mais aussi parce que c'est difficile de faire accepter une décision si elle est mal justifiée. Donc tu t'imposes de la rigueur. Et j'ai vite compris que le manque d'assurance a provoqué un manque de confiance chez mes collaborateurs et qu'il fallait que je travaille là-dessus pour avoir plus d'impact et plus d'efficacité. C'est clair.

  • #Jérôme

    C'est beaucoup plus clair, Elisa. On va maintenant passer à la partie challenge et réussite. C'est vrai que chez Bimaï Productions, on valorise vraiment la transparence et la franchise sans langue de bois. Elisa, dans ton parcours, quels ont été les défis et réussites qui t'ont particulièrement marqué ? Est-ce que tu peux partager à nos auditeurs sans filtre les hauts et les bas de ta carrière ?

  • #Elisa

    Oui, avec plaisir. Je vais commencer par les bas, si tu permets. Le premier que je mentionnerais, c'est quand même le manque de succès associé à la création de ce nouveau vertical d'assistance conversationnelle chez Proxen. Il y a eu plusieurs raisons qui ont fait que l'offre n'a jamais vraiment décollé. C'est que déjà, on est arrivé tard sur le marché, on a profité d'opportunités d'upselling plus que d'une volonté stratégique. Donc, L'offre n'a jamais vraiment pris parce qu'il y avait pas mal d'acteurs plus aboutis qui étaient déjà des acteurs de référence dans le domaine. Nous, on a voulu trop vite commettre sur des features déjà mainstream et on n'a pas su mettre assez en avant notre valeur ajoutée, selon moi. Et je pense aussi que le fait qu'on se soit fait racheter par 3DF derrière a fait que cette offre-là n'avait plus vraiment vocation à péréquiter. Donc on a décidé de l'abandonner progressivement. Ça a été une expérience enrichissante pour les équipes, donc finalement j'en ai plutôt un souvenir positif. Mais c'est vrai que factuellement c'est un échec puisqu'elle n'existe plus aujourd'hui.

  • #Jérôme

    Qu'est-ce que tu as tiré au final de cet échec, selon toi ?

  • #Elisa

    J'en ai tiré plein de connaissances actionnables qui structurent aujourd'hui mon profil en tant que PM, je pense. C'est-à-dire que justement, quand je dis qu'on a trop vite voulu faire comme ce qui se faisait sur le marché, c'est-à-dire qu'on s'est un peu bridé dans notre esprit créatif et dans notre esprit disruptif. On a été plus guidés par des besoins à l'utilisateur spécifiques parce que c'était associé à des opportunités d'upselling avec des clients existants que par une volonté pure de créer quelque chose de novateur et de suffisamment adaptable en fonction de tous les propres utilisateurs qu'on targetait. Donc je pense que la leçon numéro une, c'est la prise de recul, vraiment la vision 360 sur le développement d'un produit. Et après, je pense que ça a aussi eu un impact justement sur le développement de ce trait dont je parlais tout à l'heure, qui est l'humilité, parce qu'on peut se dire que quelque chose de très intéressant est très formateur, qu'on rencontre plein de gens, qu'on monte en compétence sur une technodonnée, qu'on comprend plein de spécificités liées à cette techno, et quand bien même, ça ne finit pas par un produit qui est un succès commercial. Ça a au moins l'intérêt d'avoir soudé des relations, créé un network, structuré des connaissances.

  • #Jérôme

    Tu pourrais nous citer un autre exemple d'échec que tu as vécu dans ta carrière et les enseignements que tu en as tirés ?

  • #Elisa

    Je ne sais pas si je parlerais d'échec, mais en tout cas de moments très difficiles. Ça a quand même été l'intégration de Proxem dans l'écosystème de 3DS, parce que je l'ai mentionné à plusieurs reprises, mais ça a été déjà, en termes de religion produit, quelque chose de radicalement différent. On était une entreprise à taille humaine, 40 personnes, à peu près du même âge, très amies. très proches, et puis on est arrivé dans un grand groupe où du coup les gens se connaissent un petit peu moins, la hiérarchie est allée sur beaucoup plus de niveaux, donc on a moins accès aussi quand on veut faire bouger les choses aux décisionnaires directs. Donc ça, il y a eu quand même beaucoup de challenges associés, déjà d'un point de vue humain, faire comprendre aux collaborateurs que la nature de nos relations évolue aussi après ce rachat. Comment dire, apaiser les profils qui ont plus ou moins bien vécu cette transition-là. Il y a eu quand même aussi tout le challenge technique associé, puisqu'on arrive en tant que techno d'un monde complètement extérieur à 3DS, et puis il faut réfléchir à comment l'intégrer dans l'écosystème technique existant. Moi, pour ma part personnelle, ça a quand même été associé à une grosse surcharge de travail, puisque j'étais toujours PM multi-casquette couteau suisse pour Proxem, et portfolio manager pour 3DS, donc avec une vision beaucoup plus stratégique, une nouvelle équipe, des nouveaux profils, des nouveaux verticaux, des industries que je n'avais jamais targetées auparavant. Un nouveau langage aussi, proposé de milliers d'acronymes. J'ai mis plusieurs stratégies en place pour surmonter ces challenges-là. Déjà, je pense qu'il faut juste persévérer. Il faut être OK avec le fait qu'on ne peut pas tout savoir tout de suite. Essayer d'échelonner, ça monte en compétences. C'est quelque chose que j'ai fait d'abord d'un point de vue très personnel et puis ensuite que j'ai même confronté à mes managers parce que du coup, deux équipes, deux managers distincts. Donc chacun avec sa vision de mes objectifs et puis pas forcément des mises en commun. Donc à un moment donné je les ai quand même poussés à se mettre autour d'une table et puis alors... par la liste des tâches que chacun me donnait, et puis à demander un ordre de priorisation pour chacune de ces tâches, avec une quantification du temps de travail à allouer, et du coup la preuve factuelle qu'il y avait conflit. Et puis j'ai aussi partagé de manière transparente quand c'était trop difficile pour moi, on projetait trop sur ma capacité d'apprentissage rapide et que du coup je sentais que j'arrivais sur la fin de l'énergie restante. J'ai essayé de faire la paix avec mes objectifs un peu surdimensionnés et puis la réalité de ce que je pouvais donner pour avoir un équilibre perso et pro convenable et sain. Et puis j'ai essayé de tenir un petit journal aussi au début avec tous les insights que je pouvais récolter, que ce soit en termes de compréhension de l'écosystème dans lequel j'évoluais, mais aussi de compréhension très pratico-pratique sur des termes ou des acronymes que j'entendais souvent et dont je ne maîtrisais pas forcément la désacronisation. Et puis j'ai imprimé aussi des choses. Je me suis rendu compte que j'apprenais beaucoup mieux sur version papier que sur version dématérialisée. Par exemple, j'étais historiquement sur un rythme agile avec des sprints de deux semaines à un mois. Et puis là, on est parti sur des échéances avec des roadmaps à 25 ans et des sprints beaucoup plus longs. pouvoir faire des parallèles entre l'écosystème que je connaissais et celui que j'intégrais, j'ai beaucoup utilisé le papier.

  • #Jérôme

    Merci Elisa d'avoir partagé avec nous ces challenges et ces conseils précieux. Mais maintenant, assez parlé d'échecs, du côté des réussites, quels ont été les moments les plus forts que tu as vécu ?

  • #Elisa

    Les moments forts, je pense que le premier, c'est ma prise de poste en tant que PM, parce que l'intégration officielle dans l'équipe technique de Proxem... Pour être au fruit sur les différents sujets qui constituent le scope UPM dans l'écosystème Proxen historique, c'était vraiment quelque chose de très challengeant pour moi et ça correspondait avec un objectif professionnel que je m'étais fixé, donc j'étais vraiment ravi de ça. Mais ça, ça demandait que justement la liste de mes objectifs soit assez claire, que je me connaisse, moi, dans ce que j'avais envie de mettre comme implication dans mon travail et dans... la confiance que j'accordais aux différents profils qui allaient m'entourer aussi pour me faire monter en compétence sur ces sujets-là. Donc ça, ça a été un succès parce que j'ai eu la chance d'intégrer une équipe qui était hyper dynamique et hyper bienveillante. De la même façon, je citerai l'opportunité actuelle que j'ai en tant que Head of Product chez LearnEnjoy, c'est... un nouveau paradigme aussi pour moi, le domaine de l'EdTech aussi. Et de la même façon, je me suis mis des ambitions assez hautes dès le début et puis j'ai des équipes qui m'ont souvent rappelé les avancées que je faisais, qui m'ont beaucoup accompagné, fait beaucoup de retours positifs sur ce que je mettais en place. Et ça, je pense que c'était nécessaire pour moi d'avoir une validation extérieure, notamment de leur part, puisque c'est les premiers à m'impacter parce que j'essaye de mettre en place. Donc ça c'est des moments que je garde précieusement quand la motivation vient à baisser. Et puis sinon, en réussite personnelle et professionnelle, j'ai envie de dire, parce que ça a un peu mêlé les deux, c'est mon expérience en tant que barène des captifs à libération. Pour la fondation IAD, donc IAD dispose d'une fondation qui finance des projets d'aide au relogement et d'aide à l'insertion professionnelle. J'ai eu l'occasion de monter un dossier avec eux de demande de financement pour des postes d'encadrantes et d'accompagnatrices pour un projet d'insertion professionnelle à destination des femmes issues de la prostitution. Et ça, ça a été hyper cool parce que du coup, IAD m'a donné la possibilité dans mes heures de travail de m'investir. à hauteur du temps raisonnable, mais dans ce projet associatif. En plus, ça faisait sens quand même avec le but historique de l'IAD, puisque le relogement pour un réseau de mandataires, c'est quand même logique. Et oui, j'ai adoré cette expérience et je pense que ça a été vraiment un moteur pour moi parce qu'en R&D, je voulais avec beaucoup de projets en parallèle sur des sujets vraiment divers et variés. Et finalement, ce rôle de marraine, ça a été... quelque chose qui m'apaisait moi personnellement, mais qui en même temps était un peu un fil conducteur de mon expérience au sein de cette boîte. Donc, très positif. Et aussi ce que je voudrais quand même mentionner dans les grands défis que j'ai eus, il y a quand même plusieurs projets sur lesquels j'ai manqué de ressources que ce soit financière ou humaine pour faire avancer des projets qui étaient quand même assez ambitieux. Je peux citer deux exemples. Le premier c'est le développement d'une application de projection financière pour IAD où en fait l'objectif initial c'était du coup de valider l'hypothèse qu'on était capable. d'avoir des projections sur le montant moyen d'un mandat d'un logement immobilier sur une géolocalisation donnée et du coup d'estimer combien de ventes devaient réaliser pour pouvoir atteindre ces objectifs de rente. Et finalement, on a été confronté à une équipe de production qui trouvait le projet intéressant, avait vu le MVP, voyait la valeur validée, mais n'avait pas du tout le temps de l'intégrer. Et moi je me suis mis dans un mode un peu fonceur, où du coup je me suis entourée de prestataires externes pour développer une web app la plus aboutie possible. Et finalement, son aboutissement a suffisamment satisfait pour que... elle soit intégrée sous forme d'iFrame dans la plateforme. Donc le déploiement d'une solution qui a été développée avec deux devs externes, un PO externe, moi-même en trois mois sur cinq pays, donc en cinq langues différentes pour 16 000 utilisateurs. Donc comme quoi des fois il ne faut pas laisser aussi les gens nous dire qu'on n'a pas le temps ou pas les moyens, si on est convaincu de quelque chose et qu'on arrive à trouver des stratégies peu coûteuses ou pas coûteuses du tout pour avancer. le mode BNJ fonctionne assez bien.

  • #Jérôme

    Comme quoi, il y a toujours une alternative au final.

  • #Elisa

    Exactement.

  • #Jérôme

    On va maintenant passer au thème de l'invité. Donc Elisa, tu as soulevé un sujet captivant sur l'éthique dans le product management. Avant de savoir pourquoi tu as choisi ce thème, on aimerait savoir quelle est pour toi la définition de l'éthique.

  • #Elisa

    Oui, alors déjà, je veux quand même préciser que je suis assez gênée d'en discuter ici, que je ne prétends absolument pas être une experte du sujet. C'est simplement un thème qui est très présent dans ma tête et qui me suit depuis un moment. Donc, je trouve intéressant de le présenter ici, mais je suis persuadée qu'il y a plein d'auditeurs de ce podcast qui auront plein d'infos bien plus précises que les miennes. Donc, j'espère que ça ouvrira des discussions ou des sujets de réflexion dans les têtes des uns et des autres. Mais pour répondre à ta première question... L'éthique, c'est une branche de la philosophie qui se concentre sur des questions de ce qui est bon ou mauvais. Donc, ça soulève toutes les questions d'injustice, les principes qui guident la conduite humaine et qu'est-ce qu'on espère obtenir comme projet de société globale et commun.

  • #Jérôme

    Et on voudrait savoir, vis-à-vis du product management, comment cette définition peut être transposée ?

  • #Elisa

    Alors dans le contexte du Product Management, l'éthique ça concerne les principes, les valeurs et les normes qui vont guider à la fois le développement mais aussi la gestion et la commercialisation des produits qu'on édite. Donc ça va inclure des considérations comme la protection de la vie privée des utilisateurs, l'acquisitivité, l'accessibilité, l'intégrité et la transparence dans la communication sur les produits mais aussi la responsabilité sociale et environnementale. Donc moi je lis tout ça. Au fait de garantir que les produits soient conçus, développés et gérés de manière responsable, en tenant compte des impacts potentiels à la fois sur les utilisateurs, donc par effet de rebond sur la société en général, et sur l'environnement.

  • #Jérôme

    Maintenant, on aimerait savoir pourquoi tu as choisi ce thème Elisa, et comment ce sujet t'a impacté dans ton parcours professionnel ?

  • #Elisa

    Alors c'est un thème qui m'a été présenté assez tôt dans ma carrière, à la fois sur les sujets de chatbot et aussi sur les sujets de data privacy, avec l'arrivée de la RGPD au moment de ma prise de poste. Lors de mon expérience chez Proxem, j'ai déjà eu une première présentation de ce sujet via la thèse qui avait été soutenue par l'ancienne PM de Proxem en 2018, donc c'est la thèse d'Eglantine Schmitz, qui s'appelle Explorer, visualiser, décider, un paradigme méthodologique pour la production de connaissances à partir des big data C'est une thèse dans laquelle elle examine comment tirer des informations utiles à partir de gros tas de données qui ne sont pas forcément toujours très bien organisées, en proposant une méthode qui tient compte de comment ces données sont construites et comment on peut les comprendre pour agir. Elle souligne aussi l'importance de raconter ces données et de les présenter de manière claire pour aider à prendre des décisions. Donc ça amène déjà le sujet des biais introduits par la manipulation des données, ça invite à se poser la question de comment elles sont produites, mais ça ouvre aussi le sujet de comment les statistiques peuvent nous permettre de tout et rien dire à partir de ces jeux de données. J'ai eu un parcours universitaire, donc le sujet de l'échantillonnage nous avait bien été rabâché. et j'ai vite fait le lien avec les données d'entraînement des algorithmes par exemple. Et ensuite j'ai commencé à avoir quelques cas pratiques puisqu'on avait rédigé un livre blanc lors du lancement de notre verticale sur les assistants conversationnels chez Proxem. Donc c'est là que j'ai eu mes premiers exemples de technologies développées et déployées avec des biais éthiques non solutionnés à l'époque. On peut citer par exemple un chatbot très connu qui est le chatbot Tay qui avait été développé par Microsoft, lancé en 2016 sur Twitter, et qui avait été conçu pour interagir avec les utilisateurs et apprendre de leurs conversations. Le problème, ça a été quand l'absence de filtre approprié pour scoper le graphe de connaissance de ce chatbot, a rapidement été manipulé par certains utilisateurs pour diffuser des messages haineux, racistes et misogynes. Donc Microsoft a été forcé de le retirer en moins de 24 heures.

  • #Jérôme

    Je me souviens de ce chatbot. Ils avaient un peu tous marqué quand il était sorti.

  • #Elisa

    Oui, j'imagine. Mais après, il y a eu d'autres exemples qui ont été largement relayés par les médias. Il y a eu des problèmes de reconnaissance faciale dans les premiers algos de reconnaissance faciale qui étaient liés à la discrimination éthique et qui ont été signalés dans certains systèmes développés par différentes entreprises, comme Apple, mais il y en a eu d'autres. Ces problèmes découlaient du biais dans les données utilisées pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale et ça entraînait une moins bonne performance sur certaines populations, y compris les personnes de couleur. Ces problèmes soulèvent des préoccupations importantes en matière d'équité et de justice dans le développement et le déploiement de technologies de reconnaissance faciale et de nombreuses entreprises qui travaillent à améliorer leur système pour éviter de telles discriminations.

  • #Jérôme

    Tu as un autre exemple comme ça de déviance de l'éthique dans les technologies ou dans les produits actuels ?

  • #Elisa

    Oui, par exemple, on entend aussi beaucoup parler des deep fakes. Notamment chez certains people qui se sont retrouvés dans des vidéos porno générées par l'IA. Je crois que c'est le cas d'Emma Watson, par exemple. Les deep fakes, ça utilise le deep learning pour superposer un visage d'une personne sur le corps d'une autre dans des vidéos ou des images existantes. Et du coup, c'est fait de manière très réaliste. Donc cette pratique, elle soulève de sérieuses préoccupations en matière de consentement. d'intimité et de manipulation du contenu visuel, et puis ça ouvre tous les problèmes ensuite de désinformation. D'ailleurs, la question se repose en ce moment, parce qu'avec la sortie prochaine de Sora, qui a été développée par OpenAI, il y a plusieurs articles qui expliquent pourquoi la phase de test est réservée à un pool très restreint de testeurs. Il y a par exemple un article paru dans Les Echos, qui date du 16 février, qui nous explique que, à partir de la courte description textuelle, Sora peut générer une vidéo d'une minute d'une qualité époustouflante. Et cet outil, il est en période de test parce qu'on veut éviter qu'il soit utilisé à des fins de désinformation. Mais en fait, pour moi, une fois que tu ouvres ce sujet, c'est un peu la boîte de Pandore. Je me suis posé la question aussi de comment mener une conduite du changement auprès de personnes dont la profession, c'est le support. Quand tu viens leur implémenter une solution d'automatisation, ils ont peur de perdre leur travail et c'est légitime de se poser la question avec eux. Donc j'ai essayé de me renseigner, j'ai lu le livre de Luc Julia sur l'intelligence artificielle n'existe pas. Ça m'a permis d'avoir quelques arguments pour discuter avec les profils qui se sentaient menacés. Mais je vois déjà que par rapport à il y a six ans, mes réponses sont devenues obsolètes puisque Klarna a sorti son rapport le 27 février indiquant que l'implémentation de l'IA générative va permettre d'absorber le travail de 700 agents de support, des agents qui sont en contrat full-time. Donc ils estiment leur profit en 2024 à 40 millions de dollars suite à cette implémentation. Et on le voit aussi aujourd'hui avec les métiers de développeurs et de designers. En ce moment, le marché est en train de se réinventer un peu. Moi, parmi mes amis, par exemple, j'ai beaucoup de personnes qui se posent des questions de pérennité de leur poste dans les années à venir. Parce que, par exemple, le motion design ou l'illustration, c'est très concurrencé par des technos comme Dali, Pika et bientôt Sora. Donc, ça demande un minima de rester à la page, d'être capable de se former en continu. Toutes les entreprises n'ont pas forcément les ressources ou la structure pour s'actualiser aussi rapidement et proposer des formations en interne sur ces sujets. Donc on voit des concurrents émerger qui recouvrent vite des entreprises pourtant bien installées. Ça shuffle les cartes du marché à une vitesse folle. Et dans une autre mesure, d'ailleurs, chez LearnEnjoy, on a quelques questions un peu similaires puisque les enseignants qui utilisent des applications LearnEnjoy nous challengent beaucoup, notamment sur les sujets de l'IA à l'école. Par exemple, pour des populations d'élèves très jeunes, on sait que ce n'est pas toujours préconisé. Donc il y a aussi un sujet d'éthique pour moi là-dedans. Quand on travaille en lien avec l'éducation, on a un impact potentiel sur la formation des citoyens de demain. Donc c'est important de garder ça en tête. Je comprends tous les risques liés à l'usage des écrans chez les jeunes. Ça m'intéresse, c'est quelque chose sur lequel on se documente beaucoup. Mais je me rends aussi compte d'une réalité contemporaine où les politiques publiques réduisent les budgets de l'éducation nationale et du ministère de la Santé. Et pourtant on voit une hétérogénéité croissante des profils en classe, on a de plus en plus d'élèves pour de moins en moins de postes d'enseignants. Donc l'inquiétude est légitime, mais la réalité c'est que les enseignants ne peuvent pas absorber. La production de contenu pédagogique adapté à l'ensemble des profils d'élèves, surtout que les profils d'élèves s'hétérogénisent de plus en plus aussi, donc on a toutes les situations d'inclusion avec les profils 10, les profils allophones, les profils TND, donc les troubles neurodéveloppementaux. Et effectivement, l'IA là-dedans peut permettre de faire du contenu plus adapté aux besoins spécifiques et du coup d'avoir un contenu pédagogique plus hétérogène pour correspondre à la réalité des classes contemporaines. Mais effectivement, la peur des enseignants est aussi légitime et il faut l'accompagner, il faut leur permettre de monter en compétence sur faits technologiques pour pouvoir les appréhender et les manipuler avec plus de sérénité.

  • #Jérôme

    Si tu devais nous résumer ça simplement, comment tu le ferais ?

  • #Elisa

    Si je peux lister quelques axes de réflexion, je dirais qu'en premier point, il y a des biais algorithmiques qui peuvent être introduits. Ça veut dire que les algorithmes d'intelligence artificielle qu'on génère peuvent être biaisés en raison des données utilisées pour les entraîner. Ça peut conduire à des résultats discriminatoires ou injustes. On l'a cité avec quelques exemples. On pourrait en citer un autre ici en parlant du système de recrutement qu'avait implémenté Amazon. qui finalement a été abandonné puisqu'il favorisait les candidats masculins puisque ça reflétait les biais présents dans les données historiques sur les embauches de l'entreprise. Donc là on voit qu'il peut y avoir du favoritisme sur des critères qui ne sont pas acceptables. Si on cite un autre axe de réflexion, on peut parler de la transparence dans les décisions. Donc ça, c'est les systèmes d'intelligence artificielle qui peuvent prendre des décisions complexes sans que les utilisateurs ne comprennent comment elles sont prises, ce qui soulève des questions de transparence et de responsabilité. Et on peut citer ici un exemple sur les systèmes de notation de crédit qui peuvent affecter la vie de gens sans qu'ils comprennent pourquoi ils obtiennent un certain sort de crédit, ce qui rend difficile la contestation des décisions injustes ou incorrectes. Il y a d'ailleurs un super article de la revue dessinée, qui est un magazine que je recommande, sur ce sujet, dans la détection des fraudes pour les déclarations de revenus aux impôts. Et le fait que plus des profils sont financièrement instables, plus ils vont faire l'objet de vérifications. Et du coup, plus les erreurs potentielles effectuées dans les déclarations d'impôts vont être sanctionnées pour des profils déjà fragiles. Et en troisième axe de réflexion, on peut citer la protection de la vie privée et des données. Donc les technologies, on le sait aujourd'hui, collectent souvent de grandes quantités de données personnelles. Il y a des systèmes qui sont mis en place pour essayer de cadrer un peu tout ça, mais ça soulève quand même des préoccupations sur la protection de la vie privée et la lisibilité de l'accès à ces données. Qu'est-ce que nous, en tant que citoyens, on a comme droit là-dedans et comment on sécurise tout ça. Et donc on a tous entendu parler du scandale en 2018 où Facebook a été impliqué. dans le scandale Cambridge Analytica, et où les données personnelles de millions d'utilisateurs ont été collectées sans leur consentement et utilisé à des fins de manipulation politique. Il y a eu un nouveau gros hack qui s'est produit sur les données de santé. Je crois que 30 millions de Français ont été concernés par un vol de données de la sécurité sociale.

  • #Jérôme

    Enfin, un Français sur deux.

  • #Elisa

    Exactement. Donc voilà pourquoi, en conclusion, je dirais qu'il faut essayer de continuer à produire des technologies qui sont compréhensibles pour l'humain dans la mesure du possible. Là, c'est vrai qu'on a cette révolution LLM, grade de connaissance, qui génère des modèles hyper puissants avec un nombre de dimensions contenant des paramètres qui ne sont plus interprétables par un humain. On ne sait pas toujours dire exactement de manière compréhensible et explicite pourquoi on a catégorisé tel élément de telle manière. Donc on doit redoubler d'efforts pour... Structurer, alimenter ces modèles avec des données qui sont très propres et très réfléchies et reprendre des techniques d'échantillonnage que la recherche nous partage, ça peut être une première solution. Après, pour l'anecdote, j'ai quand même demandé à Chad GPT ce qu'il pouvait me dire des réflexions d'éthique dans sa phase de développement. Et il m'a répondu que chez OpenAI, ils accordaient bien sûr une grande importance à la question d'éthique dans le développement et le déploiement de leur technologie et que pour se prémunir des risques éthiques, ils avaient adopté plusieurs approches. Donc déjà l'examen éthique, donc avant de lancer le projet ou de déployer une nouvelle technologie, ils effectuent des évaluations éthiques approfondies pour identifier et atténuer les risques potentiels pour la société en tenant compte des principes de justice, d'équité, de transparence et de responsabilité. Ensuite, ils mettent en place une collaboration multidisciplinaire. Ils ont des experts en éthique, des chercheurs en sciences sociales, des juristes et d'autres parties prenantes pour vraiment comprendre les implications éthiques de leurs travaux et développer des stratégies visant à minimiser les risques. Donc ça c'est ce qu'on voit avec Sora en ce moment. La transparence et la communication qui s'engagent à être transparents sur les méthodes de recherche, sur les décisions et les résultats, sur la communication ouverte avec le public, sur les implications éthiques de leurs travaux. Donc ça c'est le cas, effectivement Sora on sait pourquoi aujourd'hui ce n'est pas accessible à tout le monde. Et d'ailleurs sur ChatGPT 3.5 on a déjà des messages d'alerte quand on mentionne certains thèmes. notamment quand ça se rapproche des sujets de pornographie ou ce genre de choses. Et ils mettent en avant leur développement responsable, donc le fait qu'ils ont à chaque étape du développement de leur technologie toutes ces questions éthiques qui rentrent en jeu, et qu'ils veulent construire des solutions de manière responsable, respectueuse des droits humains et bénéfiques pour la société dans leur ensemble. Et le dernier point qu'ils mentionnent, c'est l'éducation et la sensibilisation. Ils se positionnent aussi comme responsables. en tant que techno à l'état de l'art, de former les citoyens et les consommateurs de telles technologies aux questions éthiques dans leur travail.

  • #Jérôme

    Et toi Elisa, de ton côté, comment tu as intégré cette notion d'éthique chez LearnEnjoy ?

  • #Elisa

    Moi, dans mon parcours professionnel au sens large, j'ai longtemps traité le sujet de monter en compétences professionnelles et d'investissement pour essayer d'avoir un impact social positif de manière décorrélée. Et finalement, j'ai commencé à me poser la question sur l'aspect de la finalité. Qui sont les clients ? Quels sont leurs projets ? Est-ce que j'ai vraiment envie de travailler pour un client comme Total ? Quand on entend parler de HACOP qui détruit la nature et puis aussi une culture, et puis il n'y a pas qu'une grande partie de la population par laquelle va passer ce projet. Donc là aussi je vous invite aussi à lire un hors-série de la revue dessinée qui s'appelle On leur vend des armes et le pire c'est qu'ils s'en servent Et du coup j'ai essayé déjà de me poser la question de quelle structure je rejoins. C'est quoi le but final, c'est quoi la proposition de valeur, c'est quoi l'impact que se s'étale. Donc c'est pourquoi je m'étais dirigée à un moment vers IAD parce que IAD c'est 80% de... des auto-entrepreneurs agents immobiliers qui sont issus d'une reconversion professionnelle. Donc il y a quelque chose d'un peu disruptif dans l'organisation socio-professionnelle de la société contemporaine qui aujourd'hui avantage quand même toujours assez largement les personnes issues de hautes sphères, notamment dans les études. Et du coup, c'était intéressant pour moi de me dire qu'ILAD apporte une solution de changement de catégorie socio-professionnelle à un panel hyper large de citoyens. Et il y a aussi le sujet de la parité, parce que moi on me pose souvent la question de pourquoi je n'ai pas fait d'école d'ingé, et c'est vrai que ce n'était pas forcément une solution qui m'était présentée à l'époque et je me souviens très bien que mes... Mes amis garçons en école d'ingé me parlaient d'un rapport de 95% de mecs pour 5% de femmes dans les écoles d'ingé. Donc il y a aussi tout le sujet de l'empowerment féminin dans la tech, etc.

  • #Jérôme

    Je connais bien ce sujet Lisa, je suis moi-même issu d'école d'ingé, donc je vois très bien de quoi tu parles.

  • #Elisa

    Je crois que ça évolue positivement aujourd'hui, mais c'est lent.

  • #Jérôme

    Exactement ça.

  • #Elisa

    Et pour répondre à ta question, c'est vrai que déjà intrinsèquement, la proposition de valeur de l'entreprise est plutôt éthique. On est sur un sujet d'accompagnement et d'inclusion. Donc pour des profils qui aujourd'hui ne sont pas forcément accompagnés de la meilleure façon pour rentrer dans le système éducatif classique. Donc il y a déjà le produit qui en tant que tel est autoporteur sur les questions d'éthique et puis après comment on s'assure de garder cette ligne directrice, c'est en étant toujours au plus proche de nos utilisateurs finaux et des bénéficiaires de ces applications. Donc aller dans les dispositifs d'inclusion, rencontrer les encadrants, rencontrer les élèves porteurs de troupes neurodéveloppementaux, se rapprocher des associations, s'entourer d'experts. Donc la partie multidisciplinaire, elle rentre en jeu sur beaucoup de nos projets. Et puis se renseigner sur la politique actuelle dans l'éducation nationale et le ministère de la Santé, comment ça impacte les personnes qui en sont dépendantes et comment nous on peut pallier aux... ou manquements qu'on peut identifier en les co-construisant avec les concernés.

  • #Jérôme

    Merci Elisa, on y voit quand même beaucoup plus bien sur cette dimension que tu as chez LearnEnjoy, cette dimension éthique que tu as chez LearnEnjoy. Si tu pouvais donner des conseils à des gens qui veulent retrouver une dimension éthique dans leur travail, ou tout simplement trouver une dimension éthique dans leur travail, ce serait lesquels ?

  • #Elisa

    mais je dirais que le premier c'est de se renseigner je pense que je vais dédiquer plein de choses je ne suis pas la plus experte du domaine mais en tout cas c'est important pour moi de me dire que c'est une de mes responsabilités puisque je suis à un poste tel que celui que j'occupe aujourd'hui de rester informé là-dessus d'aller à des conférences de lire des articles de regarder ce qui est fait en termes de sécurité et d'éthique sur... Les produits qui viennent disrupter un peu notre monde en ce moment. Donc se challenger un peu sur ses compétences et sa compréhension. Je pense que c'est très intéressant. Regarder les exemples qu'on peut marcher, comprendre comment on aurait pu étudier les risques en amont et comment du coup on est capable de les pallier. Le deuxième conseil que je pourrais donner, c'est le fait de se questionner sur l'organisation qu'on intègre et sur sa finalité. Je l'ai déjà cité tout à l'heure, mais vous vous demandez quels sont les clients de l'entreprise qu'on rejoint, quels sont les projets réels de ces clients aussi. Par exemple, les sujets de surveillance de population tels que décrits dans les épisodes de Black Mirror ou le documentaire Netflix sur Cambridge Analytica, c'est des moyens d'y voir un peu plus clair sur l'utilisation malveillante d'une technologie et du coup de ne pas aller uniquement... La fleur au fusil, c'est de dire qu'on est capable de mettre une arme dans les mains de n'importe qui et que l'usage en sera bon parce qu'on est des humains et qu'on a envie de vivre ensemble, mais de garder en tête qu'il y a des gens qui sont là pour se faire des profits et qui n'ont pas forcément les mêmes filtres éthiques que ce qu'on aimerait appliquer. Et le troisième point, c'est l'application. Moi, je l'ai dans ma vie personnelle et dans ma vie pro. Je trouve que c'est intéressant de se préoccuper de c'est quoi la politique RSE, de l'entreprise que je rejoins. Est-ce qu'ils ont une fondation ? Qu'est-ce qu'ils y font ? Quels bénéficiaires sont accompagnés par ces structures-là ? Comment est-ce que je peux faire converger mon projet professionnel avec... une volonté d'impact positif. Il y a vraiment plein de profils qui réfléchissent à ça, qui existent et qui parfois ne sont pas forcément hyper visibles dans les organisations. Donc il faut faire l'effort d'aller les chercher.

  • #Jérôme

    Merci en tout cas Elisa. C'était hyper intéressant de nous parler un peu de tout ce sujet éthique, à la fois de l'impact que ça peut avoir sur ta carrière personnelle, mais également de l'impact que ça peut avoir sur la société. Aurais-tu des recommandations de personnalités à inviter dans notre prochain épisode ? Des figures inspirantes dans le product management ou d'autres domaines connexes ?

  • #Elisa

    Ah oui, j'en ai plein. J'ai déjà le créateur fondateur de Proxem, François-Régis Chobartin, qui est un entrepreneur de génie, qui a toujours des superbes idées et qui est très intéressant, je pense, pour ce podcast. Ensuite, il y a Thomas Kouy, qui a été mon manager, qui était le directeur marketing produit de Proxem, qui est aujourd'hui toujours chez Dassault Systèmes et qui a été mon mentor, qui est un mec brillant et pédagogue et assez simple et très accessible. Je recommande à ce point-là le plus. Ça va le gêner beaucoup de m'entendre dire ça, mais ce n'est pas grave. Diana Gurinaga aussi, qui a été ma manager chez Dassault, qui a eu une... Une carrière très inspirante. Eglantine Schmitt, que j'ai citée tout à l'heure, qui était la PM de Proxem, qui est aujourd'hui à Head of Product chez Citio ou Kryption, je ne sais plus. Non, ils sont dans trop les acteurs. Julien Poileux, qui a été le directeur produit de IAD pendant plusieurs années. Et Romain Nadib, qui était mon manager, donc directeur R&B chez IAD à l'époque.

  • #Jérôme

    ce sera un vrai plaisir de les inviter à nous rejoindre pour un prochain épisode merci en tout cas infiniment Elisa pour cet échange riche et inspirant et merci à tous nos auditeurs pour leur fidélité un mot de la fin peut-être Elisa ?

  • #Elisa

    et bien merci beaucoup pour l'opportunité de l'échange et de l'expérience de participer à un podcast j'espère que mes tests de réflexion en inspireront d'autres

  • #Jérôme

    Restez à l'écoute pour notre prochain épisode de Be My Product où nous espérons accueillir les invités recommandés par Elisa. A bientôt pour de nouvelles aventures en Product Management.

Chapters

  • #1 Introduction

    00:00

  • #2 Présentation d'Elisa et de son parcours

    06:09

  • #3 Rôle et responsabilité chez LearnEnjoy

    15:47

  • #4 Challenges et Réussites

    23:50

  • #5 Peut-on Marier Éthique et Product Management avec Succès?

    31:03

  • #6 Conclusion

    49:33

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