AblaAlors, étant moi-même spécialiste en hémostase, je vais répondre à Thibault. Comment envisager un bilan de thrombophilie lorsque le patient est sous anticoagulant oral direct ou nouvel anticoagulant ? Dans ce cas, l'interférence est quasi certaine. En fait, c'est compliqué, mais pas impossible. Dans l'idéal, il faut prescrire le bilan de thrombophilie à distance de l'épisode et de tout traitement anticoagulant. Cependant, il arrive que la balance bénéfice-risque ne nous permette pas l'arrêt du traitement. Pour rappel, un bilan de thrombophilie comprend le plus souvent les dosages des inhibiteurs de la coagulation, donc antithrombine, protéine C, protéine S, une recherche d'anticoagulants circulants de type lupique et la recherche des mutations les plus fréquentes, donc la mutation du facteur V-Leiden et la mutation G20210A du gène de la prothrombine. L'interférence va dépendre du type d'anticoagulant et du dosage. Pour les inhibiteurs de la coagulation, nous disposons de dosages immunologiques et de dosages fonctionnels. Pour notre patient, on va se diriger naturellement vers le dosage immunologique, car il y a un risque de surestimation des dosages fonctionnels. Mais attention, ces dosages immunologiques ne sont pas recommandés en première intention par la nomenclature des actes de biologie médicale, et parfois, on peut passer à côté de certains types de déficits. Donc si je récapitule, l'interférence des anticoagulants oraux directs sur la plupart des examens du bilan de thrombophilie est quasi certaine. Il est important de connaître les interférences des anticoagulants sur les dosages. Ayant plusieurs anticoagulants sur le marché, et vu la multitude des examens et techniques dont nous disposons, je vais vous citer celles qu'on rencontre le plus souvent. l'interférence des héparines sur l'antithrombine et l'interférence des antivitamino-K sur la protéine C et la protéine S. Au final, si on peut arrêter le traitement, c'est l'idéal. Sinon, il faut avoir conscience de la délicatesse de l'interprétation et avoir une bonne connaissance des limites et techniques disponibles. C'est le moment de la question rituelle et je me rappelle d'un cas très similaire à celui du patient de Thibault. Il s'agissait d'un patient jeune pour lequel on a reçu un bilan suite à une embolie pulmonaire. Le bilan était normal, sauf que le patient était sous Xarelto. Malheureusement, cette information ne figurait pas sur le dossier. Un contrôle systématique a objectivé une diminution de la protéine C. On a failli passer à côté d'un déficit héréditaire en protéine C qui peut entraîner des récidives et parfois être fatale. Vous souhaitez suivre nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à nous écrire à biomédicalementvôtre@lab-cerba.com Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !