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Biomédicalement vôtre

Perturbateurs endocriniens et grossesse : le dosage au service de la prévention !

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05min |05/11/2024|

331

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05min |05/11/2024|

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Description

Quels dosages prescrire pour identifier une exposition aux perturbateurs endocriniens ? Quelles sont les populations les plus à risque ?


👨‍⚕️Grégoire Petitjean, pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie détaille les bonnes pratiques pour évaluer une exposition aux perturbateurs endocriniens les plus connus et les moyens de limiter cette exposition.


👉Pour en savoir plus : outil_pe_praticien_mieux_comprendre.pdf (sante.gouv.fr)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Mais surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou à un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Franck, sage-femme à Limoges.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente à 6 semaines d'aménorée. Elle a entendu parler des perturbateurs endocriniens et s'inquiète de l'exposition de son enfant. Je voudrais savoir si elle est exposée et lui proposer les mesures adéquates. Quelle est la démarche à suivre ?

  • Speaker #0

    Bonjour Grégoire, un grand merci d'être parmi nous. Vous êtes pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie au laboratoire CERBA. Alors, que répondriez-vous à Franck ?

  • Speaker #2

    Bonjour Abla, un grand merci à vous de me recevoir surtout. Je répondrai à Franck que c'est effectivement une question très pertinente. Cette femme est enceinte à 6 semaines d'améliorée, donc on est au stade embryonnaire. C'est le moment où le système endocrinien est le plus important, que de venir le perturber sera le plus délétère forcément. C'est le bon moment de s'en préoccuper. Et là, je ne serais que conseillé de réaliser un dosage au niveau urinaire, à la fois des bisphénols et des phtalates.

  • Speaker #0

    Très bien. Et quel est l'intérêt de doser les deux ?

  • Speaker #2

    L'intérêt, c'est que la source d'exposition est assez similaire et va dépendre... des habitudes de vie, et puis surtout que le profil de toxicité est lui aussi assez similaire sur ces deux classes chimiques. Très bien.

  • Speaker #0

    Revenons à la patiente de Franck. Si les taux de bisphénol et ou de phtalate s'avèrent être élevés, quel est le risque pour cette patiente et surtout pour son embryon ?

  • Speaker #2

    Le risque, effectivement, il est surtout pour l'enfant lui-même et pour son devenir. C'est l'exposition au moment de la grossesse qui va provoquer des pathologies après la naissance. Et ça va être de l'ordre de la reprotoxicité, des troubles de la fertilité, également des troubles neurocomportementaux avec des problèmes d'apprentissage, mais aussi ressortent des problèmes métaboliques, type obésité, diabète de type 2, et malheureusement aussi des cancers hormonodépendants qui peuvent survenir.

  • Speaker #0

    Donc si je comprends bien, les cibles principales sont la femme enceinte et l'enfant de la naissance à l'adolescence ?

  • Speaker #2

    Oui, puisque le risque c'est vraiment pour l'enfant lui-même, donc c'est dès lors qu'on a une grossesse programmée qu'il faut commencer à se préoccuper de cette exposition, et effectivement jusqu'à l'adolescence. Il y a quand même eu quelques études qui commencent à ressortir et qui montrent qu'il peut y avoir aussi des problèmes chez l'adulte, mais c'est quand même beaucoup moins problématique.

  • Speaker #0

    Avons-nous des seuils d'interprétation ?

  • Speaker #2

    Malheureusement, on n'a pas réellement de seuil d'interprétation parfaitement corrélé aux risques sanitaires. Néanmoins, la valeur à laquelle on peut se raccrocher se trouve être le 95e percentile retrouvé dans la population générale dans la dernière grosse étude épidémiologique française, qui était l'étude Esteban, qui a eu lieu entre 2014 et 2016.

  • Speaker #0

    Merci Grégoire. Est-ce que vous pouvez maintenant nous parler un petit peu des mesures à prendre ?

  • Speaker #2

    Oui, donc les mesures à prendre, elles découlent directement des sources d'exposition principales. À nouveau, ce qui ressort dans les études, c'est une source principale alimentaire. Et donc ça va être faire chauffer sa nourriture au micron dans un contenant en plastique. Ça va être faire chauffer son eau dans une bouilloire en plastique également, ou boire des boissons issues de contenants en plastique eux-mêmes. Ça va être aussi la gestion de l'environnement direct, la gestion des poussières, du ménage. Également tout ce qui est cosmétologie. Donc le choix des produits cosmétiques est très important. Et aussi les matériaux de construction, de travaux. Après, il y a d'autres sources, mais c'est déjà beaucoup moins important.

  • Speaker #0

    Donc si je résume bien, les perturbateurs endocriniens, bisphénol et phtalate essentiellement, présentent un risque avéré chez l'enfant de la naissance jusqu'à l'adolescence et leur dosage permet de prendre les mesures adéquates pour limiter cette exposition. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait Abla, c'est exactement ça. Alors là, par contre, on a beaucoup parlé des bisphénols, des phtalates. Bien entendu, parce que c'est ceux les plus connus, puis ceux auxquels on est le plus exposé, puis dont on peut se soustraire le plus facilement éventuellement. Maintenant, je mettrais quand même le doigt sur deux autres classes, même s'il en existe des centaines, ce serait éventuellement les pesticides, avec tout ce qui est fruits et légumes. Là, on revient au bio, et puis les perfluorés, qu'on va retrouver dans les revêtements anti-adhérents de nos poils, par exemple, mais pas que.

  • Speaker #0

    C'est le moment de la question rituelle. Pouvez-vous, Grégoire, raconter à nos auditeurs un cas qui vous a particulièrement marqué ?

  • Speaker #2

    Alors oui, tout à fait, un cas très intéressant, c'était celui d'un collègue qui était venu nous voir, qui nous a présenté ses urines, celui de sa femme et puis de ses deux enfants, une petite fille et un petit garçon. Et il s'avère qu'ils étaient tous très exposés en bisphénol A et puis aussi dans de nombreux phtalates. Et en l'occurrence, la source, c'était l'utilisation de bouillants en plastique et puis des chauffages itératifs de contenants alimentaires au micro-ondes, pour les bisphénoles principalement. Et pour les phtalates, c'était pour la petite fille et la mère, l'utilisation de certains cosmétiques. Et puis pour le père et le petit garçon, c'était des travaux de réfection dans le bureau du père. qui ont amené cette exposition.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que vous avez pu objectiver une diminution de ces taux après avoir pris des mesures ?

  • Speaker #2

    Oui, fort heureusement, on a réussi, suite à cette investigation, à mettre en place des mesures de prévention très ciblées. Et puis, il se trouve qu'effectivement, après le second dosage, la totalité des résultats étaient repassés sous la norme.

  • Speaker #0

    Super. Un grand merci Grégoire d'avoir été parmi nous et d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Un grand merci à vous de m'avoir reçu.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à nous écrire à biomédicalementvotre@lab-cerba.com. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1 [INTRODUCTION]

    00:00

  • Chapitre 2 [QUESTION]

    00:43

  • Chapitre 3 [REPONSE]

    01:01

  • Chapitre 4 [QUESTION RITUELLE]

    04:23

Description

Quels dosages prescrire pour identifier une exposition aux perturbateurs endocriniens ? Quelles sont les populations les plus à risque ?


👨‍⚕️Grégoire Petitjean, pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie détaille les bonnes pratiques pour évaluer une exposition aux perturbateurs endocriniens les plus connus et les moyens de limiter cette exposition.


👉Pour en savoir plus : outil_pe_praticien_mieux_comprendre.pdf (sante.gouv.fr)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Mais surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou à un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Franck, sage-femme à Limoges.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente à 6 semaines d'aménorée. Elle a entendu parler des perturbateurs endocriniens et s'inquiète de l'exposition de son enfant. Je voudrais savoir si elle est exposée et lui proposer les mesures adéquates. Quelle est la démarche à suivre ?

  • Speaker #0

    Bonjour Grégoire, un grand merci d'être parmi nous. Vous êtes pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie au laboratoire CERBA. Alors, que répondriez-vous à Franck ?

  • Speaker #2

    Bonjour Abla, un grand merci à vous de me recevoir surtout. Je répondrai à Franck que c'est effectivement une question très pertinente. Cette femme est enceinte à 6 semaines d'améliorée, donc on est au stade embryonnaire. C'est le moment où le système endocrinien est le plus important, que de venir le perturber sera le plus délétère forcément. C'est le bon moment de s'en préoccuper. Et là, je ne serais que conseillé de réaliser un dosage au niveau urinaire, à la fois des bisphénols et des phtalates.

  • Speaker #0

    Très bien. Et quel est l'intérêt de doser les deux ?

  • Speaker #2

    L'intérêt, c'est que la source d'exposition est assez similaire et va dépendre... des habitudes de vie, et puis surtout que le profil de toxicité est lui aussi assez similaire sur ces deux classes chimiques. Très bien.

  • Speaker #0

    Revenons à la patiente de Franck. Si les taux de bisphénol et ou de phtalate s'avèrent être élevés, quel est le risque pour cette patiente et surtout pour son embryon ?

  • Speaker #2

    Le risque, effectivement, il est surtout pour l'enfant lui-même et pour son devenir. C'est l'exposition au moment de la grossesse qui va provoquer des pathologies après la naissance. Et ça va être de l'ordre de la reprotoxicité, des troubles de la fertilité, également des troubles neurocomportementaux avec des problèmes d'apprentissage, mais aussi ressortent des problèmes métaboliques, type obésité, diabète de type 2, et malheureusement aussi des cancers hormonodépendants qui peuvent survenir.

  • Speaker #0

    Donc si je comprends bien, les cibles principales sont la femme enceinte et l'enfant de la naissance à l'adolescence ?

  • Speaker #2

    Oui, puisque le risque c'est vraiment pour l'enfant lui-même, donc c'est dès lors qu'on a une grossesse programmée qu'il faut commencer à se préoccuper de cette exposition, et effectivement jusqu'à l'adolescence. Il y a quand même eu quelques études qui commencent à ressortir et qui montrent qu'il peut y avoir aussi des problèmes chez l'adulte, mais c'est quand même beaucoup moins problématique.

  • Speaker #0

    Avons-nous des seuils d'interprétation ?

  • Speaker #2

    Malheureusement, on n'a pas réellement de seuil d'interprétation parfaitement corrélé aux risques sanitaires. Néanmoins, la valeur à laquelle on peut se raccrocher se trouve être le 95e percentile retrouvé dans la population générale dans la dernière grosse étude épidémiologique française, qui était l'étude Esteban, qui a eu lieu entre 2014 et 2016.

  • Speaker #0

    Merci Grégoire. Est-ce que vous pouvez maintenant nous parler un petit peu des mesures à prendre ?

  • Speaker #2

    Oui, donc les mesures à prendre, elles découlent directement des sources d'exposition principales. À nouveau, ce qui ressort dans les études, c'est une source principale alimentaire. Et donc ça va être faire chauffer sa nourriture au micron dans un contenant en plastique. Ça va être faire chauffer son eau dans une bouilloire en plastique également, ou boire des boissons issues de contenants en plastique eux-mêmes. Ça va être aussi la gestion de l'environnement direct, la gestion des poussières, du ménage. Également tout ce qui est cosmétologie. Donc le choix des produits cosmétiques est très important. Et aussi les matériaux de construction, de travaux. Après, il y a d'autres sources, mais c'est déjà beaucoup moins important.

  • Speaker #0

    Donc si je résume bien, les perturbateurs endocriniens, bisphénol et phtalate essentiellement, présentent un risque avéré chez l'enfant de la naissance jusqu'à l'adolescence et leur dosage permet de prendre les mesures adéquates pour limiter cette exposition. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait Abla, c'est exactement ça. Alors là, par contre, on a beaucoup parlé des bisphénols, des phtalates. Bien entendu, parce que c'est ceux les plus connus, puis ceux auxquels on est le plus exposé, puis dont on peut se soustraire le plus facilement éventuellement. Maintenant, je mettrais quand même le doigt sur deux autres classes, même s'il en existe des centaines, ce serait éventuellement les pesticides, avec tout ce qui est fruits et légumes. Là, on revient au bio, et puis les perfluorés, qu'on va retrouver dans les revêtements anti-adhérents de nos poils, par exemple, mais pas que.

  • Speaker #0

    C'est le moment de la question rituelle. Pouvez-vous, Grégoire, raconter à nos auditeurs un cas qui vous a particulièrement marqué ?

  • Speaker #2

    Alors oui, tout à fait, un cas très intéressant, c'était celui d'un collègue qui était venu nous voir, qui nous a présenté ses urines, celui de sa femme et puis de ses deux enfants, une petite fille et un petit garçon. Et il s'avère qu'ils étaient tous très exposés en bisphénol A et puis aussi dans de nombreux phtalates. Et en l'occurrence, la source, c'était l'utilisation de bouillants en plastique et puis des chauffages itératifs de contenants alimentaires au micro-ondes, pour les bisphénoles principalement. Et pour les phtalates, c'était pour la petite fille et la mère, l'utilisation de certains cosmétiques. Et puis pour le père et le petit garçon, c'était des travaux de réfection dans le bureau du père. qui ont amené cette exposition.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que vous avez pu objectiver une diminution de ces taux après avoir pris des mesures ?

  • Speaker #2

    Oui, fort heureusement, on a réussi, suite à cette investigation, à mettre en place des mesures de prévention très ciblées. Et puis, il se trouve qu'effectivement, après le second dosage, la totalité des résultats étaient repassés sous la norme.

  • Speaker #0

    Super. Un grand merci Grégoire d'avoir été parmi nous et d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Un grand merci à vous de m'avoir reçu.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à nous écrire à biomédicalementvotre@lab-cerba.com. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1 [INTRODUCTION]

    00:00

  • Chapitre 2 [QUESTION]

    00:43

  • Chapitre 3 [REPONSE]

    01:01

  • Chapitre 4 [QUESTION RITUELLE]

    04:23

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Quels dosages prescrire pour identifier une exposition aux perturbateurs endocriniens ? Quelles sont les populations les plus à risque ?


👨‍⚕️Grégoire Petitjean, pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie détaille les bonnes pratiques pour évaluer une exposition aux perturbateurs endocriniens les plus connus et les moyens de limiter cette exposition.


👉Pour en savoir plus : outil_pe_praticien_mieux_comprendre.pdf (sante.gouv.fr)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Mais surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou à un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Franck, sage-femme à Limoges.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente à 6 semaines d'aménorée. Elle a entendu parler des perturbateurs endocriniens et s'inquiète de l'exposition de son enfant. Je voudrais savoir si elle est exposée et lui proposer les mesures adéquates. Quelle est la démarche à suivre ?

  • Speaker #0

    Bonjour Grégoire, un grand merci d'être parmi nous. Vous êtes pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie au laboratoire CERBA. Alors, que répondriez-vous à Franck ?

  • Speaker #2

    Bonjour Abla, un grand merci à vous de me recevoir surtout. Je répondrai à Franck que c'est effectivement une question très pertinente. Cette femme est enceinte à 6 semaines d'améliorée, donc on est au stade embryonnaire. C'est le moment où le système endocrinien est le plus important, que de venir le perturber sera le plus délétère forcément. C'est le bon moment de s'en préoccuper. Et là, je ne serais que conseillé de réaliser un dosage au niveau urinaire, à la fois des bisphénols et des phtalates.

  • Speaker #0

    Très bien. Et quel est l'intérêt de doser les deux ?

  • Speaker #2

    L'intérêt, c'est que la source d'exposition est assez similaire et va dépendre... des habitudes de vie, et puis surtout que le profil de toxicité est lui aussi assez similaire sur ces deux classes chimiques. Très bien.

  • Speaker #0

    Revenons à la patiente de Franck. Si les taux de bisphénol et ou de phtalate s'avèrent être élevés, quel est le risque pour cette patiente et surtout pour son embryon ?

  • Speaker #2

    Le risque, effectivement, il est surtout pour l'enfant lui-même et pour son devenir. C'est l'exposition au moment de la grossesse qui va provoquer des pathologies après la naissance. Et ça va être de l'ordre de la reprotoxicité, des troubles de la fertilité, également des troubles neurocomportementaux avec des problèmes d'apprentissage, mais aussi ressortent des problèmes métaboliques, type obésité, diabète de type 2, et malheureusement aussi des cancers hormonodépendants qui peuvent survenir.

  • Speaker #0

    Donc si je comprends bien, les cibles principales sont la femme enceinte et l'enfant de la naissance à l'adolescence ?

  • Speaker #2

    Oui, puisque le risque c'est vraiment pour l'enfant lui-même, donc c'est dès lors qu'on a une grossesse programmée qu'il faut commencer à se préoccuper de cette exposition, et effectivement jusqu'à l'adolescence. Il y a quand même eu quelques études qui commencent à ressortir et qui montrent qu'il peut y avoir aussi des problèmes chez l'adulte, mais c'est quand même beaucoup moins problématique.

  • Speaker #0

    Avons-nous des seuils d'interprétation ?

  • Speaker #2

    Malheureusement, on n'a pas réellement de seuil d'interprétation parfaitement corrélé aux risques sanitaires. Néanmoins, la valeur à laquelle on peut se raccrocher se trouve être le 95e percentile retrouvé dans la population générale dans la dernière grosse étude épidémiologique française, qui était l'étude Esteban, qui a eu lieu entre 2014 et 2016.

  • Speaker #0

    Merci Grégoire. Est-ce que vous pouvez maintenant nous parler un petit peu des mesures à prendre ?

  • Speaker #2

    Oui, donc les mesures à prendre, elles découlent directement des sources d'exposition principales. À nouveau, ce qui ressort dans les études, c'est une source principale alimentaire. Et donc ça va être faire chauffer sa nourriture au micron dans un contenant en plastique. Ça va être faire chauffer son eau dans une bouilloire en plastique également, ou boire des boissons issues de contenants en plastique eux-mêmes. Ça va être aussi la gestion de l'environnement direct, la gestion des poussières, du ménage. Également tout ce qui est cosmétologie. Donc le choix des produits cosmétiques est très important. Et aussi les matériaux de construction, de travaux. Après, il y a d'autres sources, mais c'est déjà beaucoup moins important.

  • Speaker #0

    Donc si je résume bien, les perturbateurs endocriniens, bisphénol et phtalate essentiellement, présentent un risque avéré chez l'enfant de la naissance jusqu'à l'adolescence et leur dosage permet de prendre les mesures adéquates pour limiter cette exposition. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait Abla, c'est exactement ça. Alors là, par contre, on a beaucoup parlé des bisphénols, des phtalates. Bien entendu, parce que c'est ceux les plus connus, puis ceux auxquels on est le plus exposé, puis dont on peut se soustraire le plus facilement éventuellement. Maintenant, je mettrais quand même le doigt sur deux autres classes, même s'il en existe des centaines, ce serait éventuellement les pesticides, avec tout ce qui est fruits et légumes. Là, on revient au bio, et puis les perfluorés, qu'on va retrouver dans les revêtements anti-adhérents de nos poils, par exemple, mais pas que.

  • Speaker #0

    C'est le moment de la question rituelle. Pouvez-vous, Grégoire, raconter à nos auditeurs un cas qui vous a particulièrement marqué ?

  • Speaker #2

    Alors oui, tout à fait, un cas très intéressant, c'était celui d'un collègue qui était venu nous voir, qui nous a présenté ses urines, celui de sa femme et puis de ses deux enfants, une petite fille et un petit garçon. Et il s'avère qu'ils étaient tous très exposés en bisphénol A et puis aussi dans de nombreux phtalates. Et en l'occurrence, la source, c'était l'utilisation de bouillants en plastique et puis des chauffages itératifs de contenants alimentaires au micro-ondes, pour les bisphénoles principalement. Et pour les phtalates, c'était pour la petite fille et la mère, l'utilisation de certains cosmétiques. Et puis pour le père et le petit garçon, c'était des travaux de réfection dans le bureau du père. qui ont amené cette exposition.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que vous avez pu objectiver une diminution de ces taux après avoir pris des mesures ?

  • Speaker #2

    Oui, fort heureusement, on a réussi, suite à cette investigation, à mettre en place des mesures de prévention très ciblées. Et puis, il se trouve qu'effectivement, après le second dosage, la totalité des résultats étaient repassés sous la norme.

  • Speaker #0

    Super. Un grand merci Grégoire d'avoir été parmi nous et d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Un grand merci à vous de m'avoir reçu.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à nous écrire à biomédicalementvotre@lab-cerba.com. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

Chapters

  • Chapitre 1 [INTRODUCTION]

    00:00

  • Chapitre 2 [QUESTION]

    00:43

  • Chapitre 3 [REPONSE]

    01:01

  • Chapitre 4 [QUESTION RITUELLE]

    04:23

Description

Quels dosages prescrire pour identifier une exposition aux perturbateurs endocriniens ? Quelles sont les populations les plus à risque ?


👨‍⚕️Grégoire Petitjean, pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie détaille les bonnes pratiques pour évaluer une exposition aux perturbateurs endocriniens les plus connus et les moyens de limiter cette exposition.


👉Pour en savoir plus : outil_pe_praticien_mieux_comprendre.pdf (sante.gouv.fr)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux, dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Mais surtout, répondre à vos interrogations, en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout, nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou à un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Franck, sage-femme à Limoges.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente à 6 semaines d'aménorée. Elle a entendu parler des perturbateurs endocriniens et s'inquiète de l'exposition de son enfant. Je voudrais savoir si elle est exposée et lui proposer les mesures adéquates. Quelle est la démarche à suivre ?

  • Speaker #0

    Bonjour Grégoire, un grand merci d'être parmi nous. Vous êtes pharmacien spécialisé en pharmacotoxicologie au laboratoire CERBA. Alors, que répondriez-vous à Franck ?

  • Speaker #2

    Bonjour Abla, un grand merci à vous de me recevoir surtout. Je répondrai à Franck que c'est effectivement une question très pertinente. Cette femme est enceinte à 6 semaines d'améliorée, donc on est au stade embryonnaire. C'est le moment où le système endocrinien est le plus important, que de venir le perturber sera le plus délétère forcément. C'est le bon moment de s'en préoccuper. Et là, je ne serais que conseillé de réaliser un dosage au niveau urinaire, à la fois des bisphénols et des phtalates.

  • Speaker #0

    Très bien. Et quel est l'intérêt de doser les deux ?

  • Speaker #2

    L'intérêt, c'est que la source d'exposition est assez similaire et va dépendre... des habitudes de vie, et puis surtout que le profil de toxicité est lui aussi assez similaire sur ces deux classes chimiques. Très bien.

  • Speaker #0

    Revenons à la patiente de Franck. Si les taux de bisphénol et ou de phtalate s'avèrent être élevés, quel est le risque pour cette patiente et surtout pour son embryon ?

  • Speaker #2

    Le risque, effectivement, il est surtout pour l'enfant lui-même et pour son devenir. C'est l'exposition au moment de la grossesse qui va provoquer des pathologies après la naissance. Et ça va être de l'ordre de la reprotoxicité, des troubles de la fertilité, également des troubles neurocomportementaux avec des problèmes d'apprentissage, mais aussi ressortent des problèmes métaboliques, type obésité, diabète de type 2, et malheureusement aussi des cancers hormonodépendants qui peuvent survenir.

  • Speaker #0

    Donc si je comprends bien, les cibles principales sont la femme enceinte et l'enfant de la naissance à l'adolescence ?

  • Speaker #2

    Oui, puisque le risque c'est vraiment pour l'enfant lui-même, donc c'est dès lors qu'on a une grossesse programmée qu'il faut commencer à se préoccuper de cette exposition, et effectivement jusqu'à l'adolescence. Il y a quand même eu quelques études qui commencent à ressortir et qui montrent qu'il peut y avoir aussi des problèmes chez l'adulte, mais c'est quand même beaucoup moins problématique.

  • Speaker #0

    Avons-nous des seuils d'interprétation ?

  • Speaker #2

    Malheureusement, on n'a pas réellement de seuil d'interprétation parfaitement corrélé aux risques sanitaires. Néanmoins, la valeur à laquelle on peut se raccrocher se trouve être le 95e percentile retrouvé dans la population générale dans la dernière grosse étude épidémiologique française, qui était l'étude Esteban, qui a eu lieu entre 2014 et 2016.

  • Speaker #0

    Merci Grégoire. Est-ce que vous pouvez maintenant nous parler un petit peu des mesures à prendre ?

  • Speaker #2

    Oui, donc les mesures à prendre, elles découlent directement des sources d'exposition principales. À nouveau, ce qui ressort dans les études, c'est une source principale alimentaire. Et donc ça va être faire chauffer sa nourriture au micron dans un contenant en plastique. Ça va être faire chauffer son eau dans une bouilloire en plastique également, ou boire des boissons issues de contenants en plastique eux-mêmes. Ça va être aussi la gestion de l'environnement direct, la gestion des poussières, du ménage. Également tout ce qui est cosmétologie. Donc le choix des produits cosmétiques est très important. Et aussi les matériaux de construction, de travaux. Après, il y a d'autres sources, mais c'est déjà beaucoup moins important.

  • Speaker #0

    Donc si je résume bien, les perturbateurs endocriniens, bisphénol et phtalate essentiellement, présentent un risque avéré chez l'enfant de la naissance jusqu'à l'adolescence et leur dosage permet de prendre les mesures adéquates pour limiter cette exposition. C'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait Abla, c'est exactement ça. Alors là, par contre, on a beaucoup parlé des bisphénols, des phtalates. Bien entendu, parce que c'est ceux les plus connus, puis ceux auxquels on est le plus exposé, puis dont on peut se soustraire le plus facilement éventuellement. Maintenant, je mettrais quand même le doigt sur deux autres classes, même s'il en existe des centaines, ce serait éventuellement les pesticides, avec tout ce qui est fruits et légumes. Là, on revient au bio, et puis les perfluorés, qu'on va retrouver dans les revêtements anti-adhérents de nos poils, par exemple, mais pas que.

  • Speaker #0

    C'est le moment de la question rituelle. Pouvez-vous, Grégoire, raconter à nos auditeurs un cas qui vous a particulièrement marqué ?

  • Speaker #2

    Alors oui, tout à fait, un cas très intéressant, c'était celui d'un collègue qui était venu nous voir, qui nous a présenté ses urines, celui de sa femme et puis de ses deux enfants, une petite fille et un petit garçon. Et il s'avère qu'ils étaient tous très exposés en bisphénol A et puis aussi dans de nombreux phtalates. Et en l'occurrence, la source, c'était l'utilisation de bouillants en plastique et puis des chauffages itératifs de contenants alimentaires au micro-ondes, pour les bisphénoles principalement. Et pour les phtalates, c'était pour la petite fille et la mère, l'utilisation de certains cosmétiques. Et puis pour le père et le petit garçon, c'était des travaux de réfection dans le bureau du père. qui ont amené cette exposition.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que vous avez pu objectiver une diminution de ces taux après avoir pris des mesures ?

  • Speaker #2

    Oui, fort heureusement, on a réussi, suite à cette investigation, à mettre en place des mesures de prévention très ciblées. Et puis, il se trouve qu'effectivement, après le second dosage, la totalité des résultats étaient repassés sous la norme.

  • Speaker #0

    Super. Un grand merci Grégoire d'avoir été parmi nous et d'avoir partagé votre expérience.

  • Speaker #2

    Un grand merci à vous de m'avoir reçu.

  • Speaker #0

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Chapters

  • Chapitre 1 [INTRODUCTION]

    00:00

  • Chapitre 2 [QUESTION]

    00:43

  • Chapitre 3 [REPONSE]

    01:01

  • Chapitre 4 [QUESTION RITUELLE]

    04:23

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