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Bombo - créer le bon et le beau avec passion !

Vers la liberté et l’amour de soi chez Horta avec Youdra Guerreiro

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52min |28/09/2024
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Description

Dans ce nouvel épisode de Bombo, je pousse la porte de chez Horta, épicerie bio de quartier à Forest à inspiration portugaise. Youdra s’ouvre à moi et à vous aujourd’hui sur son enfance dans la secte OKC après des années de silence, un procès et une longue reconstruction.


Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille Horta. Famille en qui elle a puisé sa détermination d’abord avec son mari, sa fille et ensuite sa liberté, son projet avec ses clients et son équipe.


Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités car comme Youdra, s’entourer d’êtres que nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute !


Retrouvez Horta - épicerie bio à Forest :

Avenue Wielemans Ceuppens 190 à Forest, Bruxelles

Du mardi au dimanche


Sur Instagram : https://www.instagram.com/epiceriehorta/

Sur Facebook : https://www.facebook.com/epiceriehorta/


Mentionnés dans le podcast :


Hub Brussels : https://hub.brussels/fr/

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Bombo, le podcast, donne la parole à des passionnés, des rêveurs, des artistes afin de créer, questionner et propager la joie ! Le propos de mes invité.e.s n’a pas la valeur d’expertise mais est le reflet de leur vécu, leur liberté et leur intimité. 

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Bombo est une émission créée par Frédérique Scarnière

Générique : Frédérique Scarnière sur une musique composée par Christophe Gérard.

Montage et mixage : Frédérique Scarnière.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le monde de bonbots. Un monde de bons et de beaux. Ici, on écoute nos frissons, nos palpitations. On se délecte de ses sensations et en oeuvre pour les transmettre. Dans cette tribu de passionnés, on danse la vie, on dévore le monde et on croque l'aventure à pleine bouche. Je suis Frédéris Carnière. et je suis moi-même une exploratrice de la vie. Mes invités sont des explorateurs du goût, des chercheurs d'or, des chefs d'orchestre, des artistes, des passionnés. À travers mes mots ou les leurs, je vous invite à voyager avec passion. Bienvenue dans le gargouillis de nos cœurs. Dans ce nouvel épisode de Bonbo, je pousse la porte de chez Horta. Une épicerie bille aux deux quartiers, à forêt, à inspiration portugaise. Ludra s'ouvre à moi et à vous aujourd'hui sur son enfance dans la secte au cassé. Après des années de silence, un procès et une longue reconstruction. Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille hortale. famille en qui elle a puisé sa détermination, d'abord grâce à son mari et sa fille, et ensuite sa liberté, son projet, grâce à ses clients et son équipe. Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités, car comme Yudra, s'entourer d'êtres qui nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute. Bonjour Yudra.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui tu vas me livrer un témoignage que j'espère va te libérer et libérer aussi la parole au tabou. Aujourd'hui ton succès, elle résulta peut-être d'une fuite, d'un contexte fait de haut et de bas et surtout d'une force inébranlable. Tout n'est pas acquis et tu es ici pour prouver que se choisir soi, c'est là que tout commence.

  • Speaker #1

    Excuse-moi, ça me touche beaucoup. Merci pour cette entrée en la matière. J'ai parfois du mal avec les compliments, donc ça me touche beaucoup.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir et ça me touche beaucoup que je puisse te permettre de lâcher. Merci. Est-ce que tu peux nous expliquer quelle petite fille étais-tu et quelle enfance as-tu vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un vaste sujet. Moi, je suis née dans la secte au Cassé. Mes parents se sont déjà rencontrés dans la secte, donc je n'ai rien connu d'autre. Et en fait, à l'âge de 3 ans, les enfants étaient envoyés au sud de la France. Nos parents habitaient en Belgique, ils travaillaient dans des magasins bio et des restaurants bio et végétariens. Et ils étaient bénévoles, en fait. Et nous, on était éduqués. dans un espèce d'internat qui était un monastère pseudo-bouddhiste. Et on avait là une éducation très stricte. Nos journées étaient organisées d'une manière où on avait très peu de temps pour nous. Dès le matin, on avait des heures de prière, on avait les stages, on travaillait en fait. Dès l'âge de 6 ans, on devait travailler. Il y avait beaucoup d'activités différentes, on participait aux activités de l'endroit. Donc on faisait la cuisine, le ménage, aller chercher le bois dans la forêt, dépierrer les champs, s'occuper du potager, s'occuper des animaux, des vaches, traire les vaches, faire le fromage. On allait chercher les plantes pour faire la cueillette, faire sécher les plantes pour faire les tisanes. Donc voilà, il y avait toute une série d'activités. On avait beaucoup de prières encore le soir, on avait des heures de prière, on avait l'école le matin. Mais voilà, tout tournait autour de la prière et des activités. Et alors, on avait des responsables qui s'occupaient de nous. Les responsables, en fait, on était une soixantaine d'enfants pour cinq, six responsables. Et ils étaient avec nous sept jours sur sept, 24 heures sur 24. L'image était merveilleuse. Donc, nos parents étaient persuadés que c'était le meilleur choix qu'ils avaient fait dans leur vie de nous envoyer là-bas. Parce que de l'extérieur, c'était magnifique. Il faudrait que je te montre une photo, c'est au sud de la France, dans les Alpes de Haute-Provence. C'est entouré de montagnes, un château, un vieux château et une bergerie qui était notre école. Donc oui, ça paraît vraiment idyllique, un potager, les vaches et tout. Sauf que voilà, il y avait énormément de violence. Les responsables n'étaient pas formés en fait pour s'occuper d'enfants. Et ils étaient débordés. Ils devaient s'occuper de nous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc, ce n'est pas comme si nous, on était déposés à l'école. Et donc, que ce soit au niveau de la prière, de la vie et de l'école, on était tout le temps punis, en fait. Il y avait vraiment une peur de la punition. La punition était assez extrême. Si on parlait le soir dans son lit, on était envoyés. à l'arbre au Manor et parfois les responsables s'endormaient et on restait là toute la nuit avec les sangliers à côté de nous. Il y avait des punitions, on devait nettoyer les escaliers du château. Mais on était tout petits pendant un mois pour nettoyer nos péchés. Il y avait un rapport malsain, malgré le fait que ce soit du bouddhiste, soi-disant bouddhiste. Il y avait vraiment un rapport malsain par rapport au karma. Donc du coup, c'était vraiment le péché, la confession. Il y avait toute une manipulation mentale qui était exercée sur nous, en fait. Et puis il y avait ce gourou qui avait une place énorme, c'était lui le sauveur. C'est quelqu'un qui est parti en Inde et qui est revenu en disant qu'il avait eu des transmissions de l'esprit de l'ama tibétain. Et donc, voilà, il venait avec tout ce cérémonial tibétain. Et effectivement, on allait à la prière, on chantait en tibétain. J'ai appris à parler et lire le tibétain à l'âge de 8 à 10 ans. Il a créé des mantras à son nom qu'on devait invoquer plusieurs fois par jour. On devait penser à lui. C'était lui notre sauveur. Si on allait mourir ou le soir avant de se coucher, il fallait l'invoquer. Donc, c'était vraiment la figure paternelle. Il était omniscient, omniprésent. C'était lui, quoi. Et... Quand on venait à Bruxelles et qu'on voyait nos parents ou quand ils venaient faire des séminaires en France, c'était la folie, c'était le branle-bas de combat. Tout le monde s'habillait bien, on nettoyait tout de fond en comble. On se prosternait devant lui. Et alors, à chaque fois qu'il sortait une nouvelle chose, un jour, il a décidé, il faut casser toutes les montres parce que les montres, c'est la technologie, c'est mauvais. Tout le monde est sorti de l'enseignement et a été cassé des montres. Il y avait un espèce d'énergie comme ça. Dès qu'il disait quelque chose, tout le monde suivait. C'est marrant ce truc de manipulation, parce qu'aujourd'hui, mes parents, ils se disent mais non, pas du tout. On n'était pas du tout là-dedans ou on n'était pas du tout aussi manipulés. On était libre de faire ce qu'on voulait. Alors en fait, ce n'était pas du tout le cas. Ils créaient les couples, ils défisaient les couples. Il y avait vraiment tout. C'était vraiment quelque chose d'assez dingue. Celui qui décidait qui allait travailler à quel poste dans les restaurants ou dans les magasins. C'était dingue. qui allaient être responsables des enfants. Donc, il y a eu des responsables qui se sont occupés des enfants, qui n'étaient pas, qui avaient travaillé dans l'armée, qui avaient été dans l'armée, qui étaient extrêmement violents avec les enfants. Le groupe des garçons a eu un éducateur qui les tabassait, qui tapait la tête dans la douche. Il y a un éducateur qui a tapé dans la tête d'un gamin, qui s'est même percé un mur, quoi. Donc, il y a eu des trucs vraiment très, très, très violents. Donc, tout ça pour dire... Quel type d'enfant j'ai été ? Mais en fait, j'étais une enfant, je pense que j'étais assez sensible, mais je me suis fait une espèce de carapace pour tenir, en fait. Et donc, j'étais un peu l'enfant modèle. Je faisais tout bien. Si les professeurs ou les responsables disaient qu'il fallait faire ça, j'allais être vraiment l'enfant exemplaire. On allait souvent me prendre comme exemple, d'ailleurs, dès qu'il y avait des inspecteurs qui venaient. C'était toujours moi qu'on allait demander de faire bonne figure. Mais je vivais avec cette peur d'être punie. Et il y avait toujours beaucoup d'injustice. Même si c'était quelqu'un d'autre qui avait fait une bêtise, on était tous punis. Les punitions étaient souvent collectives. Donc, il y avait quand même une peur très grande. Et alors, ce qui est assez intéressant, c'est que nos parents, quand ils venaient en vacances, ils avaient l'impression qu'on était heureux. Parce qu'évidemment, en tant qu'enfant, on était heureux. On ne va pas montrer la souffrance, même on ne se rend même pas compte, on ne connaît rien d'autre en fait. Donc on fait avec, on rigole des punitions qu'on a eues avec nos parents, qui ne se rendent absolument pas compte de la violence et de la gravité en fait, et de la maltraitance. Il y avait aussi beaucoup de punitions liées à la nourriture. Oui, vraiment, si on avait parlé au temple, alors on ne pouvait pas manger le petit déjeuner. Il y avait vraiment beaucoup de choses. Puis si on ne mangeait pas... On avait des chefs qui cuisinaient macrobiotiques et à chaque fois, ils partaient dans des tripes de... manger que des germes ou manger que du riz complet ou manger que des légumes cuits à l'eau. Alors, des navets cuits à l'eau et des betteraves, c'était vraiment pas bon. Du coup, il y avait beaucoup d'entre nous qui étaient très minces. Une fois, il y a eu des inspecteurs qui sont venus. Oui, ils pensaient qu'on était maltraités. Enfin, on l'était. Je suis encore en train de protéger.

  • Speaker #2

    En même temps, je pense que c'est normal, à partir du moment où tu n'as pas vécu autre chose,

  • Speaker #1

    de penser que c'est normal,

  • Speaker #2

    en fait. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Oui, alors tous les soirs avant de se coucher, on devait... En fait, il y avait aussi toute la manipulation psychologique et toute la partie mystique, en fait, qui était très présente. Et donc, par exemple, le soir avant de se coucher, on devait faire une prière et invoquer le lama racine, c'était le lama racine, qui allait nous aider au cas où on mourrait. Et du coup, c'était lui, la lumière, qui allait nous sauver. On devait aussi faire des prières et penser à quelqu'un qui allait mal. Et on devait prendre sa souffrance. Donc, en tant que petit enfant, Faire des méditations très poussées, très avancées, sans penser à se protéger nous-mêmes, en fait. Parce que quand on fait ce genre de choses, maintenant, je fais de l'autocopation. Et en fait, je me rends compte, les exercices, c'est surtout s'apporter d'abord de la sécurité. Et ensuite, si on le souhaite, on va aider quelqu'un, par exemple. Mais là, c'était en tant qu'enfant, on devait donner de l'énergie, toute notre énergie. C'était vraiment déplacé. C'était vraiment déplacé. Et du coup...

  • Speaker #2

    Comme tu dis, c'est vraiment éteindre, entre guillemets, tous ces besoins d'enfant, même ses émotions, ses souffrances.

  • Speaker #1

    Oui, on n'en entrait pas. Et entre nous, on était aussi très durs. S'il y avait un qui pleurait, on allait le juger, on allait lui dire, lui, il est faible. Parce qu'on était en mode survie, en fait. On était vraiment des warriors.

  • Speaker #2

    Les petits soldats.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'était ça. En plus, on était censés être une élite qui allait sauver la planète. Et régulièrement, il racontait, à chaque fois qu'il y avait, c'était le passage de l'an, alors il disait l'année prochaine, ça va être la fin du monde. Et donc, il disait, il y a une bulle de protection autour du château de soleil. Et donc, quand on devait faire des méditations, on voyait cette bulle de protection et nous, on était à l'intérieur et les gens de l'extérieur allaient venir nous attaquer. Et donc, il y avait aussi tout ce truc par rapport au monde extérieur qui est mauvais. Il ne fallait pas avoir de contact avec le monde extérieur. On était entraînés aussi un peu en mode survie. On devait faire du carré. maté. À un moment donné, on a fait des randos vraiment en mode survie. Donc, il y avait toutes ces... J'en rigole, parce que c'est vrai que c'est drôle. Mais pendant des années, j'en ai fait des cauchemars, en fait. Et j'en ai parlé avec plusieurs de mes amis. On avait des rêves. C'est pas vraiment des cauchemars, mais il y a cette tension de fin du monde et je vais sauver la planète et sauver mes proches et partir. Donc,

  • Speaker #2

    c'est un rôle de sauveur déjà tout petit.

  • Speaker #1

    Oui, Il y a beaucoup à raconter sur cet enfant.

  • Speaker #2

    On a brisé ton identité depuis ta naissance. Comment fait-on pour se construire en allant chercher en soi lorsqu'on est destiné à être parfait, qu'on est justement, comme tu disais, le petit warrior ? Comment est-ce qu'on fait pour se rapporter de l'amour ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est très compliqué. Parce que j'ai envie de dire qu'il y a eu plusieurs phases dans ma vie. Et de la vingtaine à la trentaine, c'est vraiment toute une quête de savoir ce qu'on a envie de faire. En fait, moi, on m'a dit que j'allais être traductrice. Parce que je porte le nom Yudra, qui est un nom archaïque en tibétain, qui est le nom d'un traducteur du 8e siècle. Et donc, j'ai porté aussi cette... Cette destinée. Oui, cette destinée, voilà. Et en plus de ça, dans ma famille, il y a une grande tante qui était interprète et qui a créé l'école de la Sorbonne. Donc, il y avait à la fois une pression dans la secte et une pression familiale sur le fait que j'allais être une traductrice. Donc, je me suis toujours dit, je vais faire des grandes choses. Mais à un moment donné, il y a la réalité qui te tombe dessus. Et puis, voilà, j'ai rencontré mon compagnon à l'âge de 19 ans. Je suis tombée enceinte très rapidement. On a eu notre fille, on avait tous les deux 19 ans. Et là, en fait, les études, tout ça, tout est mis en stand-by. Tout est très compliqué, surtout que... Quand on a grandi dans une structure pareille, on n'a vraiment pas d'argent. Nos parents sont bénévoles depuis des années. Ils ne peuvent pas vraiment nous soutenir matériellement non plus. Mon compagnon ne venait pas de cette structure-là. Mais voilà, il y avait quand même ses parents avaient fait des choix de vie qui faisaient qu'ils ne pouvaient pas nous aider non plus. Donc, du coup, une grande frustration, une impression d'échec aussi. Une grande culpabilité de se dire, je n'ai pas fait ce pour quoi j'étais destinée. Et donc, voilà, moi, les premières années, j'ai décidé de m'occuper de ma fille. Puis, j'ai commencé à travailler dans les restaurants bio où mes parents avaient travaillé parce que c'était la structure. Quand on est venu en Belgique, comme on n'avait rien, notre seule option, c'était de retourner dans les bâtiments de la communauté, où il y avait les restaurants bio et les magasins bio, et on pouvait loger dans les chambres. Et donc là, on pouvait être nourri, logé avec notre enfant, et en échange, on participait aussi aux activités. Donc petit à petit, j'ai repris les activités dans le restaurant. Et une fois qu'elle a été à l'école, là, je me suis dit, c'est bon, là, je vais commencer mes propres études en traduction. Évidemment, je restais dans le même créneau.

  • Speaker #2

    Comment ça a été pris, le fait que tu sois enceinte par quelqu'un qui n'était pas de la secte ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai vraiment une chance incroyable parce que mon compagnon, il est vraiment, c'est quelqu'un de génial, d'hyper ouvert, hyper... Puis en fait, dès le début, il m'a aimée. En fait, c'est assez dingue parce qu'il était tout jeune, il avait 18 ans. Et il m'a dit, quoi qu'il arrive, je serai là. Et je n'y croyais pas. Mais oui, il a toujours été là, il est toujours là à côté de moi. Et oui, lui, il était censé aller étudier en Angleterre. Et il a abandonné ce projet-là pour me suivre. Et il m'a suivie dans la communauté. Il a habité dans la septe parce qu'on n'avait pas d'autre option. pour que je sois suivie médicalement parlant. Et comme je n'étais pas du tout déclarée au Portugal, il fallait que je retourne en France. Et puis après, on est venu vivre en Belgique. Et donc voilà, il m'a toujours suivie. Et donc lui, il a décidé de faire des études en cours du soir en promotion sociale, quand on est arrivé en Belgique. Et pendant ce moment, lui, il était aux études le soir. Il travaillait la journée, il étudiait le soir. Moi, j'étais avec notre fille. Dès qu'il a fini ses études, elle m'a... moi je me suis lancée dans mes études, donc on a fait un tour de rôle ça me m'a dit et en fait bizarrement par rapport à lui quand je l'ai rencontré j'ai été une fois chez lui et je l'ai vu jouer avec sa petite nièce et moi j'étais vraiment pas quelqu'un qui aimait les enfants, j'avais grandi entourée d'enfants j'avais dû me responsabiliser très tôt m'occuper de petits enfants et je m'étais toujours dit moi je n'aurai pas d'enfants avant mes 30 ans et je l'ai vu s'occuper de sa nièce avec beaucoup d'amour, beaucoup d'affection et je me suis dit tiens si un jour j'ai envie d'avoir un enfant ce serait le père parfait trois mois plus tard j'étais enceinte pour la petite histoire la puissance de la pensée et là ça va faire 20 ans qu'on est ensemble l'année prochaine magnifique et

  • Speaker #2

    comment sortons de l'emprise comment tu fais aujourd'hui pour te libérer et comment as-tu trouvé cette force de créer tes projets, créer ta famille, te libérer de cette secte et de cette idéalisation, enfin non c'est même pas idéalisation mais de ce schéma de pensée.

  • Speaker #1

    En fait, c'est un travail d'une vie. Déjà, sortir de l'emprise, ça a mis une dizaine d'années, je dirais. À un moment donné, quand j'étais dans ma vingtaine, il a commencé à y avoir des rumeurs qu'il y avait eu des abus sexuels. Mais en fait, il y avait déjà eu des rumeurs quand on était enfant. Il y avait déjà eu une grosse perquisition de police dans tous les centres. Et du coup, il y avait déjà des choses auxquelles on se doute. mais en même temps, comme on avait été tellement manipulés, on nous avait tellement obligés à ne pas douter du gourou. On devait faire des prières sur le lama racine, on devait se confesser si on avait des vues fausses. Donc en fait, on ne nous autorisait pas à douter. Donc ça va assez loin, ça a mis beaucoup de temps. Et une de mes amies a devenu bipolaire. Et elle a commencé à sortir beaucoup de... Elle a porté plainte, a raconté son vécu. Et du coup, au début, on n'arrivait pas trop à y croire parce qu'on n'arrivait pas à décerner ce qui était vrai, ce qui n'était pas vrai. Et puis, petit à petit, d'autres filles l'ont rejointe. Et donc là, il y a eu des grosses prises de conscience. Il y a eu un procès aussi qui a duré plusieurs années, qui a commencé en 2016, ici en Belgique. Et du coup, le fait... J'ai eu le choix de me porter partie civile. Moi, je n'ai pas voulu parce que les chefs d'accusation, c'était prise d'otage et kidnapping, prise d'otage, violence. Et je me sentais mal à l'aise de dire ça, malgré le fait que l'enfant... Je n'avais pas encore compris ce que j'avais vécu, en fait. Je n'avais pas intégré. Et d'un certain côté, je voulais protéger ma famille qui vit encore dans cette structure. Donc voilà, je me sentais mal à l'aise de le faire. Mais j'ai quand même été un maximum de séances et donc j'ai écouté tous les témoignages de mes amis, de tout ce qui s'est passé. Et petit à petit, en fait, c'est vraiment une grosse baffe qu'on se prend dans la gueule et on revoit toute cette enfance sous un autre regard. Et là, on se dit en fait, c'était pas normal. En fait, en tant qu'enfant, tu as le droit de vivre autre chose. Ce n'est pas normal de ne pas recevoir d'amour et d'affection dans ton enfance. Et toute cette violence, toute cette peur, toute cette manipulation mentale, ce n'est pas OK, en fait. Mais de là à s'en détacher, ça prend encore beaucoup de temps, parce qu'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de... Comment dire ? Ça allait très loin, en fait. Le gourou disait beaucoup de choses sur tout. Il avait des avis sur tout. Donc, parfois, tu tends un couteau à quelqu'un, ah non, le gourou a dit qu'il fallait tourner le couteau dans l'autre sens. Il y avait, sur chaque mode de vie, chaque manière de faire, il avait des... Et donc, du coup, parfois, on entend encore cette petite voix qui dit ah oui, non, mais ça, c'est comme ça. Et enfin, c'est pas possible, quoi. Il faut arrêter de penser comme ça. Ou comme je te dis, les rêves de fin du monde, où il y a le gourou qui est là, c'est encore pris un petit temps à s'en détacher. Donc, difficile.

  • Speaker #2

    Et j'imagine qu'il avait aussi réponse à toutes ces accusations.

  • Speaker #1

    Et en fait, c'était aussi lui qui décidait tout pour nous. Donc, nous, quand on était ados, c'était Cher papa, qu'est-ce que je vais faire dans ma vie ? Et là, il nous convoquait. Parfois, même, il convoquait tous les jeunes ensemble et il disait Alors, vous pouvez faire tel et tel métier, mais surtout pas celui-là, surtout pas celui-là. On n'était pas autorisés à faire des grandes études parce que ça ouvre trop l'esprit. C'était très bien de travailler dans les restaurants, dans les magasins. Il ne fallait pas faire trop d'études. Moi, j'ai eu énormément de chance d'être autorisée de faire ces études. Mais voilà, j'ai dû me battre pour étudier parce que j'ai fait par correspondance, toute seule. dans des conditions qui n'étaient vraiment pas évidentes. Et à un moment donné, quand il a dit que j'allais être traductrice, il m'a envoyé traduire un texte de tibétain toute seule, quand j'avais 16 ans, deux heures par jour. Pas du tout normal, quoi. Et voilà, quand je suis arrivée en master, je me suis rendue compte que ce n'était pas ce que j'avais envie de faire. Donc, j'ai travaillé un petit peu dans l'enseignement. Et puis, à chaque fois, je revenais dans le secteur de l'alimentation bio. D'une manière ou d'une autre. J'ai eu un projet où je faisais des petits muffins salés, je faisais des événements, des brocantes. Et avec une amie, on a eu l'idée d'ouvrir notre propre restaurant. Et donc là, on a été suivis par des structures d'accompagnement bruxelloises. On a lancé toutes les procédures. Puis en fait, ça n'a pas abouti finalement. Moi, je me disais, je vais faire des grandes choses dans ma vie. Je vais ouvrir mon restaurant. Puis en fait, ça ne se fait pas. Je me retrouve à retravailler dans le magasin bio qui est lié à la secte, alors que je ne vis plus là, que je me suis complètement détachée. Donc, ce n'est pas évident pour mon amour propre de me dire, en fait, je suis de nouveau là. Oh là là, qu'est-ce que je n'avance pas dans la vie. Mais besoin d'une stabilité financière avant tout. Et voilà, c'était proposé à moi. Voilà, c'est ça. C'était surtout ça.

  • Speaker #2

    Mais aujourd'hui, tu as la tête de l'épicerie bio Horta. On peut le dire qu'il y a un succès.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est ta propre révolution ?

  • Speaker #1

    Oui, alors Horta, c'est beaucoup de choses, évidemment. Pour moi, il y a aussi une quête d'identité et de créer mon propre projet personnel. Ne pas dépendre des autres, oui. Quand tu dirais évolution, c'est vrai que plutôt que de suivre le moule et de faire toujours ce qu'on me dit de faire, comme moi je l'ai fait. dans ma petite enfance et par après, pendant très longtemps. C'est vraiment me détacher de tout ça et créer mon propre projet, seule, pas tout à fait seule, parce que bien soutenue par mon compagnon. Mais oui, ça a été... Et puis c'est un projet qui est venu à moi, en fait. Je n'ai même pas vraiment choisi à ce moment-là. Je ne savais même pas vraiment ce que je voulais faire, si j'allais refaire un magasin ou plutôt un restaurant. Et... Et puis j'avais envie de retrouver mon identité. Je suis d'origine portugaise, mais je n'y ai jamais vécu. Donc j'ai choisi ce nom Horta, parce que ça veut dire potager en portugais. Et d'ailleurs, c'était assez mignon ce choix de nom, parce que quand j'en ai parlé à mes parents, mon père m'a dit que c'était le nom de la maison de ses grands-parents, qui était probablement au fond du jardin, dans le petit village en Alentejo. Mais du coup, je me suis dit, ça a du sens. Et à ce moment-là, j'ai été à Lisbonne une semaine en quête de producteurs, de trouver des chouettes petits produits, de découvrir plus la richesse de l'alimentation portugaise, de ce qu'on retrouve des produits là-bas locaux. Et moi aussi. Et donc, j'ai créé Horta. Mais finalement, c'est un petit bébé qui a grandi très, très, très vite et qui a pris une ampleur très grande, très rapidement. Parce que ça répondait à un réel besoin dans le quartier. Et donc, ce côté que j'avais envie d'apporter, cette touche portugaise, finalement, n'est pas prépondérante. C'est vraiment le petit plus. C'est... c'est vraiment devenu un magasin de quartier. On peut vraiment y trouver de tout. De la boulangerie, au service traiteur, aux produits surgelés, aux fruits et légumes, le vrac, il y a vraiment de tout. Oui,

  • Speaker #2

    mais il y a quand même, je trouve, une inspiration chaleureuse. Et comme tu dis, portugais, moi, je le ressens très fort. Parce que oui, c'est une épicerie de quartier, mais il y a toute ton identité qui est là, même si tu l'as transformée.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, on a rénové, mon compagnon et moi-même à deux. Et voilà, on a porté vraiment notre touche. On a récupéré plein de choses. Mon compagnon électricien, on a acheté des lampes au Danemark il y a six ans, dans une petite brocante. Et en fait, mon compagnon a un coup de cœur pour ces lampes. Finalement, c'est les petites lampes vertes qui sont sur notre comptoir. Ces trucs qu'on a traînés avec pendant super longtemps et qui, en fait, avaient tout à fait leur place dans notre vie. Et on trouvait leur place dans le magasin.

  • Speaker #2

    Parce que la déco,

  • Speaker #1

    même le papier peint,

  • Speaker #2

    il y a une ambiance.

  • Speaker #1

    Mais là, le papier peint, il y a une petite histoire derrière parce qu'en fait, on a décapé les murs. Et alors, la première pièce, il y avait des affiches vintage. On a gardé certains bouts qu'on voit d'ailleurs dans le magasin. On voit une petite madame comme ça à côté des bières. Je ne sais pas si tu as vu. Et donc,

  • Speaker #2

    quand on a vu, on avait regardé. Oui,

  • Speaker #1

    et je trouvais ça très mignon de garder des petits morceaux du passé. Et là, l'endroit où on a mis le papier peint vintage fleuri, en fait, je décapais les murs et il y avait un magnifique papier peint fleuri avec des fleurs rouges, dorées. Et je voulais trop le garder, mais il tombait en miettes et ce n'était pas récupérable. Et du coup, on s'est dit, en fait, pourquoi pas mettre un papier peint sur cette zone-là ? C'est comme ça que l'idée est venue.

  • Speaker #2

    Je trouve comme même symbolique que tu dis que tu gardes des petits morceaux du passé, mais que c'est toi qui transformes tout le reste.

  • Speaker #0

    Mais oui, tu es entièrement réellement.

  • Speaker #1

    Mais il me semble que pour le démarrage, tu t'es fait accompagner et que tu as fait un crowdfunding.

  • Speaker #0

    Comme j'avais eu mon projet de restaurant, j'avais déjà suivi un accompagnement. Donc, j'ai été directement toqué à la porte de mon coach de l'époque, qui vient de chez Village Partenaires, et qui a été super parce qu'il m'a tout de suite coachée. Comme c'était un magasin, c'était tout à fait autre chose, mais il a accepté. En fait, ce que je voulais dire, c'est que chez Village Partenaires, ils m'ont dit Ah non, on est booké Moi, je l'ai contacté directement et il m'a dit Bah oui, pas de problème, je viens la semaine prochaine Et donc, bam, on a repris comme avant. Pas là où on était, mais on a démarré le nouveau coaching. Et voilà, en fait, ça s'est fait très, très rapidement quand j'ai eu le local. Il a fallu se décider très rapidement et puis faire le choix de faire un magasin ou plutôt un café. Là, pour le coup, j'ai décidé de faire le magasin parce que comme je venais du magasin, j'avais géré un magasin pendant plusieurs années, j'avais acquis beaucoup de compétences. C'était plus logique pour moi et je pouvais aussi travailler seule. Donc, ça me permettait de ne pas engager de personnel parce qu'évidemment, je n'avais pas du tout le budget. Et donc, ce qui est génial, c'est qu'à Bruxelles, on a plein de structures d'accompagnement. Donc, j'ai découvert qu'il y avait une couveuse d'idées ici, chez Nomad. C'était en décembre, je crois que c'était 2021, je pense. Et du coup, je suis venue pour me faire coacher, pour rencontrer d'autres personnes. En fait, je voulais aussi avoir les stickers devant la devanture. Ça, ça permet de donner une visibilité, de donner de la curiosité aux gens qui passent devant. Et donc, je n'étais pas du tout au même niveau que les autres personnes qui faisaient cette couveuse d'idées. Parce qu'en général, c'est des gens qui veulent se lancer en tant qu'entrepreneurs. mais qui ne savent pas forcément ce qu'ils veulent faire. Donc, il y a du design thinking et des choses comme ça, trouver ses valeurs. Moi, j'avais déjà local. Je savais plus ou moins ce que je voulais faire. Après, j'avais des questions sur l'aménagement, etc. Mais du coup, ça m'a permis aussi d'être mise en contact avec des architectes de chez Hup qui peuvent aider par rapport à tout ce qui est législation, sur l'enseigne, plein de petites choses sur le parcours client, comment bien penser son parcours. clients. Donc, d'un côté, c'est vrai que j'avais déjà une expérience, mais c'est chouette de confronter ces idées avec d'autres personnes. Donc, vraiment, c'est une mine d'informations chez Hub Brussels. Il y a des petits syllabus avec plein de choses quand on veut lancer son business. Donc, ça, c'est une chose. Ensuite, j'ai décidé de faire un crowdfunding parce qu'au niveau des financements, on n'avait vraiment pas assez d'argent et on faisait nous-mêmes les travaux, mais pour le matériel, c'était vraiment pas possible d'investir autant. Et donc, là, de nouveau, j'ai été un petit peu coachée pour savoir comment faire un crowdfunding. Alors, j'ai dû me mettre en avant, faire une petite vidéo. Ça a été assez compliqué. Mais c'est vrai que dès qu'on fait une vidéo et qu'on se met en avant, ça attire beaucoup plus les gens, les gens sont beaucoup plus sensibles à l'humain, en fait.

  • Speaker #1

    La soutenir, le projet.

  • Speaker #0

    Oui. Et alors, je pense que c'est vrai que j'étais vachement, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup d'amis et que j'étais vraiment bien entourée. J'avais un super réseau. Dès le début, ça a explosé, en fait, mon crowdfunding. J'avais partagé en privé aux amis en disant attendez deux jours parce que normalement, t'es censé commencer. Et puis, quand il y a suffisamment, tu postes et là, tu lances. Et en fait, ça encourage les gens à participer s'ils voient qu'il y a des gens qui croient au projet. donc du coup les gens commençaient à partager dès le premier jour et je disais non attendez et en fait ça a décollé les deux premiers jours c'était la folie, moi je me suis dit bon je vais le mettre en mode public, ça ne vaut pas la peine d'attendre plus longtemps et du coup j'ai été très très étonnée parce qu'il y a eu étonné du bon côté parce qu'il y a eu énormément de gens du quartier qui ont participé, j'ai rencontré une cliente qui m'a expliqué qu'elle avait participé parce qu'elle est indépendante et elle s'est toujours dit que à partir du moment où son business fonctionnait suffisamment bien, tous les mois, elle allait aider un entreprise à soutenir quelqu'un. Je trouvais ça super beau, super inspirant. Je me suis dit, mais c'est génial, moi, elle m'a aidée. Et puis, un jour, moi aussi, je vais pouvoir aider d'autres personnes. C'était trop chouette d'avoir les échanges après, de demander aux gens comment est-ce qu'ils avaient participé ou des gens qui allaient habiter dans le quartier. Le dernier jour, j'ai un couple qui a participé. Mais un gros panier en fait. Et en fait, c'est juste qu'ils allaient emménager dans le quartier. Ils ont cherché les différents projets du quartier. Ils se sont dit, trop chouette, on a envie de soutenir ce projet. C'est vraiment incroyable. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est quand même recevoir beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'est pas évident. Parce qu'après, on se sent redevable par rapport aux gens. Donc encore aujourd'hui, j'ai des gens qui ne sont pas venus rechercher leur contrepartie. Et je pense qu'ils ont donné avec... beaucoup d'amour et de bienveillance et qu'ils ne cherchaient pas forcément, qu'ils voulaient me soutenir. Mais du coup, moi, je me sentais redevable. Et à chaque fois que je les vois, je me disais, non mais tu dois encore venir, ou alors je vais leur apporter des petits cadeaux pour compenser, parce que je n'aime pas me sentir redevable envers les gens. Mais c'est une grosse leçon.

  • Speaker #1

    Surtout recevoir de l'argent.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est vrai, si tu es dans le quartier ou même que tu aimes le projet.

  • Speaker #0

    C'était vraiment une très, très belle surprise.

  • Speaker #1

    Pourquoi l'humain peut être aussi très généreux ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, il ne faut pas rester tout seul. Il faut se bouger, aller solliciter les gens, ne pas avoir peur de parler de ses projets. Et c'est vrai que moi, on m'avait dit, tu peux faire un crowdfunding qui dure plus d'un mois. Mais je ne voulais pas. Je me sentais comme... Parce qu'évidemment, pour... continuer à faire des levées, parce qu'évidemment, il y a un boom, puis après ça retombe, et puis il faut relancer les gens sur les réseaux sociaux, il faut continuer à se mettre en avant. C'était vraiment pas mon truc, quoi. Et donc à un moment donné, j'ai fait un mois pile-poil, j'ai arrêté. Puis après, il y a encore des gens qui m'ont dit Ah, on aurait trop presque dissipé, c'est trop dommage. Donc il y a encore des gens qui m'ont encore refilé un petit billet, je dis Ah non, c'est pour moi ! C'est des gens de la famille ou quoi. Ah ouais, bon, c'est vraiment très chouette. Donc, il y a eu ça. Je me suis rendue compte aussi que j'avais un super réseau au niveau des autres magasins bio. Comme j'avais dans mon ancienne expérience, c'était moi qui allais à toutes les réunions des magasins bio indépendants et les commerçants aussi de Flagey. Donc, j'avais un réseau de commerçants que je connaissais. Et donc, j'ai aussi appelé à l'aide. J'ai dit, voilà, j'ai un commerce, j'ai une amie qui a un magasin bio qui m'a dit, moi, j'adore l'aménagement. On a fait ensemble les... plans. C'était super parce que quand t'es tout seul, tu te doutes énormément. Quand t'es à deux, on pense beaucoup plus. Donc c'était vraiment trop trop chouette. Et au début, j'appelais régulièrement, on lui disait tiens, je prendrais ça ou ça. Qu'est-ce que t'en penses ? C'était trop gai. Et puis elle m'a dit, il y a un autre magasin qui va fermer. Donc si tu veux récupérer des silos, acheter en deuxième main. Donc j'ai pu acheter plein de matériel aussi en deuxième main. Quand on cherche, on trouve plein de trucs. Donc ça aussi, c'était génial.

  • Speaker #1

    Et ton local, tu disais que... Tu t'es fait accompagner alors que tu avais déjà ton local. Comment ça se fait que tu l'avais déjà ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Alors ça, c'est aussi une histoire incroyable. En fait, nous, on a emménagé dans ce quartier il y a sept ans. Et en fait, il y avait ce local qui était un atelier d'artistes. La vitrine était complètement délambrée. L'intérieur était complètement délambré. Et moi, je passais devant tous les jours. Je me disais, c'est mignon cet endroit. Il y a du potentiel. Et un jour, je vois devant la porte une fille avec qui j'avais travaillé dans un de mes jobs alimentaires quand je travaillais chez Mama Roma, mais 15 ans avant. Moi, quand je travaillais au magasin bio, j'ai fait un petit burn-out sur la faim parce que je n'étais plus du tout dans les valeurs. Quand il y avait le procès, je ne me sentais plus du tout en phase avec ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Ni dans l'environnement.

  • Speaker #0

    Dans l'environnement. En fait, il fallait que je sorte de là, mais en même temps, je n'arrivais pas à quitter parce que j'avais l'impression que j'étais indispensable. Mais une fois que j'ai réussi à quitter cet endroit, j'étais dans une phase un peu compliquée. Mais voilà que deux mois plus tard, je croise la personne qui louait l'atelier, qui me dit qu'elle va probablement déménager et donc remettre le local au propriétaire. Et là, évidemment, ce n'est pas passé par l'oreille d'une sourde. Je lui ai dit, mais quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Elle m'a dit, je ne sais pas. Je lui ai dit, mais moi, on contacte avec le proprio. Donc, je n'étais absolument pas prête. Je n'avais pas du tout terminé mon travail pour régler mon burn-out. Je me suis précipitée sur l'occasion. Et en fait, c'était génial parce que le loyer n'était vraiment pas cher pour le quartier. Il n'y avait pas de fonds de commerce, pas de pas de porte. Alors oui, il était délabré. Il y avait quand même pas mal de travaux. Mais comme mon compagnon travaille dans le bâtiment, ça faisait beaucoup de sens pour nous. Et c'était la seule option pour moi de lancer mon business, c'était de trouver un endroit comme ça. Et donc, c'est pour ça que je dis que l'endroit est venu à moi et je n'ai pas eu le temps de réfléchir beaucoup. Il fallait vraiment y aller.

  • Speaker #1

    Est-ce que tes blessures, ton manque d'amour sont une force dans laquelle tu puisses ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas trop comment répondre parce que je sens ça plutôt comme une faiblesse en ce moment. Parce que je suis de nouveau dans une petite phase de pré-burnout. Alors, heureusement, j'ai réussi à m'en rendre compte avant d'aller trop loin. Comme j'ai expliqué, le lancement du magasin a été extrêmement intense et ça a décollé très, très rapidement. D'une certaine manière, je peux dire que je suis un peu victime de mon succès. Mais j'ai voulu continuer. En fait, je suis un peu une battante. Mais j'attends d'aller au bout de mes ressources. Et donc ça, c'est dangereux. Parce que du coup, quand c'est trop loin, c'est très difficile. Et du coup, on se sent beaucoup plus fragile. Et là, voilà. Du coup, c'est une force et une faiblesse. Voilà, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Mais justement, dans le succès de Horta, tu as une équipe que tu as construite.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui apparemment est extra-homé.

  • Speaker #0

    Oui. C'était le quotidien qui... Voilà, en fait, ça a mis pas mal de temps à trouver un équilibre. On est encore en train de trouver un équilibre, mais au départ, j'ai vraiment commencé toute seule pendant plusieurs mois. Et puis, ça a mis pas mal de temps avant que je commence à engager. Et au début, mes employés avaient tous des projets sur le côté. Donc, ils faisaient des mi-temps. Donc, c'était difficile de déléguer réellement. Et depuis l'année passée, j'ai une personne qui est à temps plein, et puis il est plus étudiant, plus de mi-temps. Et alors là, vraiment, ça fait quelques mois, depuis que moi, j'ai dû me mettre un tout petit peu en retrait, parce que c'était trop.

  • Speaker #1

    Tu dis que c'était trop aussi parce que tu es en train de déconstruire aussi toute ton histoire d'enfance, l'amour de toi et tout. Et donc finalement, tu as délégué, tu t'es donné de l'amour. Et du coup, tu laisses la place à ton équipe ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, j'ai une manière de gérer qui était un peu problématique, dans le sens où j'avais tellement peur qu'ils me lâchent que j'allais tout autoriser, en fait. Enfin, pas tout autoriser, mais ils avaient besoin de partir et moi, j'allais compenser. Donc, c'est aussi ça qui a été problématique dans mon épuisement, parce que je me suis épuisée. En fait, le magasin est ouvert du mardi au dimanche. J'étais là tous les jours, du matin au soir. Et le lundi, je devais faire les commandes. Donc, en gros, je travaillais 7 jours sur 7, 14 heures par jour. Et quand l'équipe a commencé à venir, je ne quittais pas mon poste au magasin parce que j'avais besoin de voir que tout fonctionne bien. C'est moi qui faisais toutes les commandes, tout ça. Et puis, petit à petit, je pouvais m'absenter quelques heures au bureau, mais ce n'était pas tout à fait suffisant. Et dès qu'il y avait quelqu'un qui était absent, je continuais à revenir travailler. Donc maintenant, je y vais toujours. Mais l'équipe est suffisamment grande, autonome, et c'est ça qui est génial en fait. Je voulais que chacun puisse être valorisé par rapport à ses qualités. Et donc, il y a beaucoup de polyvalence dans un petit magasin comme ça, parce qu'il y a la partie barista, il y a la partie mise en avant des produits, il y a la déco vitrine, il y a la cuisine. Et du coup, je vais chercher les qualités des uns et des autres. Essayer de valoriser ça en fait. Marie par exemple qui faisait les fleurs, elle au début elle voulait avoir ce projet-là en parallèle, maintenant elle a décidé de travailler plus, de s'investir plus au magasin. Cette employée a un côté artistique très développé, elle aime bien faire les vitrines et tout, donc maintenant je lui donne tout à fait la responsabilité de la déco des vitrines. Je lui ai offert une petite formation pour apprendre à bien faire ses vitrines. Ma chef, je lui ai offert une formation sur la lactofermentation. Une autre des employés, je lui ai proposé de faire une formation sur le montage vidéo pour qu'on développe nos propres réseaux sociaux petit à petit. Et du coup, c'est des retours que j'ai de la part de mon équipe où ils me disent que c'est la première fois de leur vie qu'ils ont envie de vraiment s'investir dans le magasin.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille.

  • Speaker #0

    C'est une grande famille.

  • Speaker #1

    Chacun son rôle à jouer.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant que finalement, je travaille avec plusieurs de mes amis. J'ai trois de mes amis d'enfance, des amis qui remontent, des amitiés qui viennent d'y à longtemps. Et en général, ce n'est pas vraiment ce qu'on recommande dans des entreprises. Mais pour le moment, ça fonctionne super bien.

  • Speaker #1

    C'est chouette parce que finalement, tu donnes la place à chaque. Et comme toi, tu as recherché ton identité, peut-être que tu les aides aussi à se trouver dans le magasin, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, j'essaye de respecter ça un maximum, de les écouter. Et puis une stabilité aussi pour eux. Et voilà, un cadre de travail qui soit agréable.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as des éléments, des ingrédients indispensables à ton bien-être aujourd'hui, dans toute cette frénésie ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une question très difficile que tu me poses. Parce que je n'ai jamais vraiment pensé à moi dans ce sens-là. Je me suis toujours adaptée aux autres, que ce soit ma famille, ma fille, mes beaux-parents, mes parents. Il y a vraiment un truc où parfois je suis au bout, mais je vais encore forcer pour faire plaisir ou pour suivre les autres. C'est un travail que je suis en train de faire encore actuellement. Mais je me rends compte que maintenant, j'ai besoin de moments de solitude, de moments pour moi. Oui, parce qu'en fait, j'ai trop tous les jours et du coup, j'ai besoin de m'isoler un peu. À terme, j'aimerais un week-end par mois sortir de Bruxelles, mais ce n'est absolument pas possible en ce moment. Je passe encore tous mes week-ends au magasin. Voilà, c'est très rare. Et du coup, je n'arrive pas du tout encore à atteindre cet équilibre. Mais aujourd'hui, tous les mercredis matins, je ne dois plus aller au magasin. Donc ça, c'est vraiment mon petit moment à moi. Pas mal. Oui, mais alors bon, on est aussi en train de grandir et on va ouvrir un café dans les prochains mois. Donc il y aura... Oui. Voilà, on va avoir encore une phase d'adaptation. Mais pour le coup, j'ai déjà les mises en garde et les red flags. Donc, je sais un peu ce que je ne dois pas faire. Du coup, ma priorité maintenant, c'est de rendre le magasin le plus autonome possible pour passer à l'autre côté. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te fait tenir ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai quand même pas mal de force et de détermination. Et du coup, il y a des jours très très difficiles, mais après je reste pas là-dessus. Le lendemain, on repart à zéro et on fait table rase et c'est une nouvelle journée.

  • Speaker #1

    Toi qui baignes de l'alimentation bio depuis toute ton enfance, quels manjeux es-tu ?

  • Speaker #0

    Une grande question, moi je m'enleve de tout non c'est pas vrai je dis n'importe quoi en fait j'ai un rapport à la nourriture c'est marrant parce que plusieurs de mes amis en savent aussi, on adore la bonne nourriture comme on a un peu manqué de bonne nourriture quand on était enfant je ne l'ai pas trappé On s'en rattrape. Et donc, c'est vrai qu'il y a eu toute une phase où j'ai vraiment été végétarienne toute mon enfance, jusqu'à ma vingtaine. Du coup, je me suis intéressée un peu à la cuisine végane, sans pour autant être vegane. Maintenant, j'ai introduit du poisson, un peu de viande. Je ne cuisine pas énormément de viande, mais c'est pour ça que je dis que je mange un peu de tout. En hiver, je vais aimer les plats réconfortants, tout en un. Ça peut être une moqueca ou un ragoût. Et puis en été, j'aime bien les plats où il y a plein de petites salades, que c'est coloré, que c'est beau. En fait, j'ai tendance à ne pas prendre le temps de manger. Ça, c'est mon problème. Je suis toujours trop dans le stress. Et le matin, je sautais toujours mes petits-déj. Le midi, depuis que j'ai le magasin, au début, je ne mangeais quasiment pas à midi. C'était devenu un peu un problème. Et du coup, je mangeais plus le soir. Mais manger puis se coucher, ce n'est pas top en fait. du coup voilà maintenant j'essaie de faire très attention de prendre des petits déj salés protéinés et aussi prendre le café après avoir mangé et pas avant parce que d'abord je prenais le café et bam on attaque donc ça c'est vraiment quelque chose que je suis en train de de faire plus attention à ma santé en fait physique et mentale parce que voilà c'est entièrement lié Donc c'est vrai que j'avais tendance à plus m'occuper des autres, à vouloir accueillir les gens, à bien cuisiner, mais pas vraiment beaucoup penser à ma propre santé, à ma propre alimentation. Donc voilà. Oui, avant, en fait, par rapport toujours à cette question de nourriture, quand on était jeune, on n'avait pas l'argent pour aller au restaurant, donc on ne pouvait pas se permettre d'aller au resto. Aujourd'hui, j'aime bien découvrir la cuisine de tel ou tel chef. de se faire plaisir de temps en temps, de découvrir des nouvelles choses. J'adore, oui.

  • Speaker #1

    Tu as des recettes chouchou ?

  • Speaker #0

    Mais j'en ai plein, c'est ça le problème. Comme tu m'as parlé de ça, du coup, j'ai pensé à quelque chose hier. Ma grand-mère faisait un riz à la tomate. Et voilà, j'ai ce souvenir de ce riz à la tomate qui était incroyable. Et en fait, elle me racontait qu'entre Porto et Lisbonne, Quand il n'y avait pas encore l'autoroute, il y avait l'ancienne route qui faisait ce trajet-là. Et eux, ils prenaient cette route régulièrement. Et à mi-chemin, il y avait un petit restaurant qui faisait un riz à la tomate. Et toutes les 20 minutes, ils avaient un nouveau batch qui sortait du riz à la tomate. Donc, il était parfait. Il était encore bien babade, comme on dit en portugais, un peu moelleux. Enfin, voilà, un peu comme un risotto. Même si les rizs portugais ne sont pas tout à fait comme les rizs italiens. Et du coup, c'est un riz où il y a de l'ail, il y a la coriandre. tomate, c'est trop bon. J'ai eu ce petit souvenir comme ça qui m'a fait plaisir. Du coup, j'en ai fait un hier et j'étais trop contente. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. C'était un petit plaisir.

  • Speaker #1

    Je serais trop intéressée une fois de cuisiner avec toi.

  • Speaker #0

    Ah ! Je ne suis jamais une recette.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plein de recettes dont tu m'as déjà parlé. qui ont l'air assez fantastiques.

  • Speaker #0

    Si tu veux, on se fera une moukaka de poisson, comme tu as habité au Brésil, je pense que tu aimeras.

  • Speaker #1

    Enfin... Très bonne idée. Est-ce que tu as des rêves impossibles ou plus terre à terre, très proches ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est déjà trouver une stabilité là où je suis. Et donc, comme on est encore en pleine évolution, c'est déjà réussir à tout mettre en place et faire en sorte que cela fonctionne bien. Pour le moment, je ne m'autorise pas trop de grands rêves parce qu'il faut pouvoir... Voilà, trouver cet équilibre. Moi, en fait, dès qu'on me parle d'un projet, je suis toujours emballée, j'ai toujours envie de tout faire. Voilà, je ne sais pas, tout est ouvert. Donc, je crois que je t'en avais déjà parlé, mais la dernière fois que j'étais à Lisbonne, on était dans un bar à vin avec des copines. Et on a vu juste en face, il y avait un petit coin de rue super mignon avec des ajoulèges, des joues verts. Et puis, on a regardé et on s'est fait, ça pourrait être un hortin à Lisbonne. Du coup, j'ai été voir longtemps. L'endroit a été vide depuis quelques années. Et puis, j'ai été poser quelques questions. Visiblement, il n'y a pas de projet qui va se développer dans un futur. Et du coup, je me suis dit, peut-être un jour. Mais voilà, si je suis réaliste, ce n'est vraiment pas le moment. Ce n'est vraiment pas... Mais qui sait, peut-être qu'il y aura une connexion qui va se faire à un moment donné ou pas. Mais voilà, en tout cas, rêver de ça et se dire en tant qu'entrepreneur, en fait, on peut tout faire. Voilà, c'est super chouette, quoi. C'est vrai que moi j'ai eu une chance incroyable qu'au moment où j'ai lancé Horta, il y a tellement d'opportunités qui se sont ouvertes à moi. À la base, j'avais très peur de lancer le projet. Je me disais, mais en fait, je vais être coincée toute ma vie. Je vais rester à ma petite caisse, à jouer à la marchande. Alors j'aime ce que je fais, mais ce n'est pas non plus si gratifiant que ça. J'ai envie d'autre chose, c'est sûr. Et donc, il y a tellement de portes qui s'ouvrent. Presque chaque semaine, on me fait des propositions. Et à chaque fois, je me dis, trop bien. en fait. On va se calmer. On va se calmer.

  • Speaker #1

    Entre guillemets, si tout est fluide, c'est que tout est là et tout est prêt à être accueilli.

  • Speaker #0

    Je crois que le plus grand rêve, ça va être de trouver un équilibre et de pouvoir me détacher aussi de ce bébé. Ce qui est très chouette avec les magasins de quartier, c'est qu'on accompagne les gens, en fait. Moi, depuis que j'ai ouvert, il y a des couples qui se sont formés, il y a des bébés qui sont nés, on voit les enfants grandir, on crée une relation avec nos clients et c'est vraiment trop chouette. Des clients qui deviennent des amis et eux, ils sont intéressés par le développement des projets. Donc, c'est vraiment très, très chouette. Il y a une chouette synergie. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui me manque un peu maintenant que je suis moins en magasin. Il y a certains horaires où je ne suis plus là pendant l'heure de midi, donc certains clients que je ne vois absolument plus. Et donc, parfois, je pense à eux. Et ce que je fais, c'est que quand je pense à eux, très souvent, le lendemain, je vais au magasin et je les croise.

  • Speaker #1

    Je pensais à vous.

  • Speaker #0

    Comment ça ? Mais oui !

  • Speaker #1

    Oui, en fait, j'ai l'impression que tu t'es créé une grande famille ou un petit village à toi.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    dont tu avais besoin peut-être pour acheter ton autre village ?

  • Speaker #0

    Je dois te dire un truc, c'est complètement fou, parce que maintenant, où que j'aille, il y a des clients hors-tasse. Ah ! Oui, oui, n'importe où. À Bruxelles, je tombe sur des clients du magasin. J'étais à Paris, début avril, je louais un petit appart d'une amie, et dans la rue, je suis tombée sur un client qui est retourné vivre à Paris, qui habite dans cette rue-là. J'ai une de mes employées qui est partie au Japon la semaine... Elle est partie au Japon le mois passé. En plein milieu de Tokyo, elle est tombée sur une cliente du magasin. Elles se sont croisées en fait. Alors là, c'est complètement... C'est chouette.

  • Speaker #1

    Un tout grand merci, Lebra.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était un très bon témoignage. J'en ai soif.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Dans ce nouvel épisode de Bombo, je pousse la porte de chez Horta, épicerie bio de quartier à Forest à inspiration portugaise. Youdra s’ouvre à moi et à vous aujourd’hui sur son enfance dans la secte OKC après des années de silence, un procès et une longue reconstruction.


Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille Horta. Famille en qui elle a puisé sa détermination d’abord avec son mari, sa fille et ensuite sa liberté, son projet avec ses clients et son équipe.


Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités car comme Youdra, s’entourer d’êtres que nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute !


Retrouvez Horta - épicerie bio à Forest :

Avenue Wielemans Ceuppens 190 à Forest, Bruxelles

Du mardi au dimanche


Sur Instagram : https://www.instagram.com/epiceriehorta/

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Mentionnés dans le podcast :


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Bombo, le podcast, donne la parole à des passionnés, des rêveurs, des artistes afin de créer, questionner et propager la joie ! Le propos de mes invité.e.s n’a pas la valeur d’expertise mais est le reflet de leur vécu, leur liberté et leur intimité. 

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Bombo est une émission créée par Frédérique Scarnière

Générique : Frédérique Scarnière sur une musique composée par Christophe Gérard.

Montage et mixage : Frédérique Scarnière.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le monde de bonbots. Un monde de bons et de beaux. Ici, on écoute nos frissons, nos palpitations. On se délecte de ses sensations et en oeuvre pour les transmettre. Dans cette tribu de passionnés, on danse la vie, on dévore le monde et on croque l'aventure à pleine bouche. Je suis Frédéris Carnière. et je suis moi-même une exploratrice de la vie. Mes invités sont des explorateurs du goût, des chercheurs d'or, des chefs d'orchestre, des artistes, des passionnés. À travers mes mots ou les leurs, je vous invite à voyager avec passion. Bienvenue dans le gargouillis de nos cœurs. Dans ce nouvel épisode de Bonbo, je pousse la porte de chez Horta. Une épicerie bille aux deux quartiers, à forêt, à inspiration portugaise. Ludra s'ouvre à moi et à vous aujourd'hui sur son enfance dans la secte au cassé. Après des années de silence, un procès et une longue reconstruction. Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille hortale. famille en qui elle a puisé sa détermination, d'abord grâce à son mari et sa fille, et ensuite sa liberté, son projet, grâce à ses clients et son équipe. Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités, car comme Yudra, s'entourer d'êtres qui nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute. Bonjour Yudra.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui tu vas me livrer un témoignage que j'espère va te libérer et libérer aussi la parole au tabou. Aujourd'hui ton succès, elle résulta peut-être d'une fuite, d'un contexte fait de haut et de bas et surtout d'une force inébranlable. Tout n'est pas acquis et tu es ici pour prouver que se choisir soi, c'est là que tout commence.

  • Speaker #1

    Excuse-moi, ça me touche beaucoup. Merci pour cette entrée en la matière. J'ai parfois du mal avec les compliments, donc ça me touche beaucoup.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir et ça me touche beaucoup que je puisse te permettre de lâcher. Merci. Est-ce que tu peux nous expliquer quelle petite fille étais-tu et quelle enfance as-tu vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un vaste sujet. Moi, je suis née dans la secte au Cassé. Mes parents se sont déjà rencontrés dans la secte, donc je n'ai rien connu d'autre. Et en fait, à l'âge de 3 ans, les enfants étaient envoyés au sud de la France. Nos parents habitaient en Belgique, ils travaillaient dans des magasins bio et des restaurants bio et végétariens. Et ils étaient bénévoles, en fait. Et nous, on était éduqués. dans un espèce d'internat qui était un monastère pseudo-bouddhiste. Et on avait là une éducation très stricte. Nos journées étaient organisées d'une manière où on avait très peu de temps pour nous. Dès le matin, on avait des heures de prière, on avait les stages, on travaillait en fait. Dès l'âge de 6 ans, on devait travailler. Il y avait beaucoup d'activités différentes, on participait aux activités de l'endroit. Donc on faisait la cuisine, le ménage, aller chercher le bois dans la forêt, dépierrer les champs, s'occuper du potager, s'occuper des animaux, des vaches, traire les vaches, faire le fromage. On allait chercher les plantes pour faire la cueillette, faire sécher les plantes pour faire les tisanes. Donc voilà, il y avait toute une série d'activités. On avait beaucoup de prières encore le soir, on avait des heures de prière, on avait l'école le matin. Mais voilà, tout tournait autour de la prière et des activités. Et alors, on avait des responsables qui s'occupaient de nous. Les responsables, en fait, on était une soixantaine d'enfants pour cinq, six responsables. Et ils étaient avec nous sept jours sur sept, 24 heures sur 24. L'image était merveilleuse. Donc, nos parents étaient persuadés que c'était le meilleur choix qu'ils avaient fait dans leur vie de nous envoyer là-bas. Parce que de l'extérieur, c'était magnifique. Il faudrait que je te montre une photo, c'est au sud de la France, dans les Alpes de Haute-Provence. C'est entouré de montagnes, un château, un vieux château et une bergerie qui était notre école. Donc oui, ça paraît vraiment idyllique, un potager, les vaches et tout. Sauf que voilà, il y avait énormément de violence. Les responsables n'étaient pas formés en fait pour s'occuper d'enfants. Et ils étaient débordés. Ils devaient s'occuper de nous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc, ce n'est pas comme si nous, on était déposés à l'école. Et donc, que ce soit au niveau de la prière, de la vie et de l'école, on était tout le temps punis, en fait. Il y avait vraiment une peur de la punition. La punition était assez extrême. Si on parlait le soir dans son lit, on était envoyés. à l'arbre au Manor et parfois les responsables s'endormaient et on restait là toute la nuit avec les sangliers à côté de nous. Il y avait des punitions, on devait nettoyer les escaliers du château. Mais on était tout petits pendant un mois pour nettoyer nos péchés. Il y avait un rapport malsain, malgré le fait que ce soit du bouddhiste, soi-disant bouddhiste. Il y avait vraiment un rapport malsain par rapport au karma. Donc du coup, c'était vraiment le péché, la confession. Il y avait toute une manipulation mentale qui était exercée sur nous, en fait. Et puis il y avait ce gourou qui avait une place énorme, c'était lui le sauveur. C'est quelqu'un qui est parti en Inde et qui est revenu en disant qu'il avait eu des transmissions de l'esprit de l'ama tibétain. Et donc, voilà, il venait avec tout ce cérémonial tibétain. Et effectivement, on allait à la prière, on chantait en tibétain. J'ai appris à parler et lire le tibétain à l'âge de 8 à 10 ans. Il a créé des mantras à son nom qu'on devait invoquer plusieurs fois par jour. On devait penser à lui. C'était lui notre sauveur. Si on allait mourir ou le soir avant de se coucher, il fallait l'invoquer. Donc, c'était vraiment la figure paternelle. Il était omniscient, omniprésent. C'était lui, quoi. Et... Quand on venait à Bruxelles et qu'on voyait nos parents ou quand ils venaient faire des séminaires en France, c'était la folie, c'était le branle-bas de combat. Tout le monde s'habillait bien, on nettoyait tout de fond en comble. On se prosternait devant lui. Et alors, à chaque fois qu'il sortait une nouvelle chose, un jour, il a décidé, il faut casser toutes les montres parce que les montres, c'est la technologie, c'est mauvais. Tout le monde est sorti de l'enseignement et a été cassé des montres. Il y avait un espèce d'énergie comme ça. Dès qu'il disait quelque chose, tout le monde suivait. C'est marrant ce truc de manipulation, parce qu'aujourd'hui, mes parents, ils se disent mais non, pas du tout. On n'était pas du tout là-dedans ou on n'était pas du tout aussi manipulés. On était libre de faire ce qu'on voulait. Alors en fait, ce n'était pas du tout le cas. Ils créaient les couples, ils défisaient les couples. Il y avait vraiment tout. C'était vraiment quelque chose d'assez dingue. Celui qui décidait qui allait travailler à quel poste dans les restaurants ou dans les magasins. C'était dingue. qui allaient être responsables des enfants. Donc, il y a eu des responsables qui se sont occupés des enfants, qui n'étaient pas, qui avaient travaillé dans l'armée, qui avaient été dans l'armée, qui étaient extrêmement violents avec les enfants. Le groupe des garçons a eu un éducateur qui les tabassait, qui tapait la tête dans la douche. Il y a un éducateur qui a tapé dans la tête d'un gamin, qui s'est même percé un mur, quoi. Donc, il y a eu des trucs vraiment très, très, très violents. Donc, tout ça pour dire... Quel type d'enfant j'ai été ? Mais en fait, j'étais une enfant, je pense que j'étais assez sensible, mais je me suis fait une espèce de carapace pour tenir, en fait. Et donc, j'étais un peu l'enfant modèle. Je faisais tout bien. Si les professeurs ou les responsables disaient qu'il fallait faire ça, j'allais être vraiment l'enfant exemplaire. On allait souvent me prendre comme exemple, d'ailleurs, dès qu'il y avait des inspecteurs qui venaient. C'était toujours moi qu'on allait demander de faire bonne figure. Mais je vivais avec cette peur d'être punie. Et il y avait toujours beaucoup d'injustice. Même si c'était quelqu'un d'autre qui avait fait une bêtise, on était tous punis. Les punitions étaient souvent collectives. Donc, il y avait quand même une peur très grande. Et alors, ce qui est assez intéressant, c'est que nos parents, quand ils venaient en vacances, ils avaient l'impression qu'on était heureux. Parce qu'évidemment, en tant qu'enfant, on était heureux. On ne va pas montrer la souffrance, même on ne se rend même pas compte, on ne connaît rien d'autre en fait. Donc on fait avec, on rigole des punitions qu'on a eues avec nos parents, qui ne se rendent absolument pas compte de la violence et de la gravité en fait, et de la maltraitance. Il y avait aussi beaucoup de punitions liées à la nourriture. Oui, vraiment, si on avait parlé au temple, alors on ne pouvait pas manger le petit déjeuner. Il y avait vraiment beaucoup de choses. Puis si on ne mangeait pas... On avait des chefs qui cuisinaient macrobiotiques et à chaque fois, ils partaient dans des tripes de... manger que des germes ou manger que du riz complet ou manger que des légumes cuits à l'eau. Alors, des navets cuits à l'eau et des betteraves, c'était vraiment pas bon. Du coup, il y avait beaucoup d'entre nous qui étaient très minces. Une fois, il y a eu des inspecteurs qui sont venus. Oui, ils pensaient qu'on était maltraités. Enfin, on l'était. Je suis encore en train de protéger.

  • Speaker #2

    En même temps, je pense que c'est normal, à partir du moment où tu n'as pas vécu autre chose,

  • Speaker #1

    de penser que c'est normal,

  • Speaker #2

    en fait. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Oui, alors tous les soirs avant de se coucher, on devait... En fait, il y avait aussi toute la manipulation psychologique et toute la partie mystique, en fait, qui était très présente. Et donc, par exemple, le soir avant de se coucher, on devait faire une prière et invoquer le lama racine, c'était le lama racine, qui allait nous aider au cas où on mourrait. Et du coup, c'était lui, la lumière, qui allait nous sauver. On devait aussi faire des prières et penser à quelqu'un qui allait mal. Et on devait prendre sa souffrance. Donc, en tant que petit enfant, Faire des méditations très poussées, très avancées, sans penser à se protéger nous-mêmes, en fait. Parce que quand on fait ce genre de choses, maintenant, je fais de l'autocopation. Et en fait, je me rends compte, les exercices, c'est surtout s'apporter d'abord de la sécurité. Et ensuite, si on le souhaite, on va aider quelqu'un, par exemple. Mais là, c'était en tant qu'enfant, on devait donner de l'énergie, toute notre énergie. C'était vraiment déplacé. C'était vraiment déplacé. Et du coup...

  • Speaker #2

    Comme tu dis, c'est vraiment éteindre, entre guillemets, tous ces besoins d'enfant, même ses émotions, ses souffrances.

  • Speaker #1

    Oui, on n'en entrait pas. Et entre nous, on était aussi très durs. S'il y avait un qui pleurait, on allait le juger, on allait lui dire, lui, il est faible. Parce qu'on était en mode survie, en fait. On était vraiment des warriors.

  • Speaker #2

    Les petits soldats.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'était ça. En plus, on était censés être une élite qui allait sauver la planète. Et régulièrement, il racontait, à chaque fois qu'il y avait, c'était le passage de l'an, alors il disait l'année prochaine, ça va être la fin du monde. Et donc, il disait, il y a une bulle de protection autour du château de soleil. Et donc, quand on devait faire des méditations, on voyait cette bulle de protection et nous, on était à l'intérieur et les gens de l'extérieur allaient venir nous attaquer. Et donc, il y avait aussi tout ce truc par rapport au monde extérieur qui est mauvais. Il ne fallait pas avoir de contact avec le monde extérieur. On était entraînés aussi un peu en mode survie. On devait faire du carré. maté. À un moment donné, on a fait des randos vraiment en mode survie. Donc, il y avait toutes ces... J'en rigole, parce que c'est vrai que c'est drôle. Mais pendant des années, j'en ai fait des cauchemars, en fait. Et j'en ai parlé avec plusieurs de mes amis. On avait des rêves. C'est pas vraiment des cauchemars, mais il y a cette tension de fin du monde et je vais sauver la planète et sauver mes proches et partir. Donc,

  • Speaker #2

    c'est un rôle de sauveur déjà tout petit.

  • Speaker #1

    Oui, Il y a beaucoup à raconter sur cet enfant.

  • Speaker #2

    On a brisé ton identité depuis ta naissance. Comment fait-on pour se construire en allant chercher en soi lorsqu'on est destiné à être parfait, qu'on est justement, comme tu disais, le petit warrior ? Comment est-ce qu'on fait pour se rapporter de l'amour ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est très compliqué. Parce que j'ai envie de dire qu'il y a eu plusieurs phases dans ma vie. Et de la vingtaine à la trentaine, c'est vraiment toute une quête de savoir ce qu'on a envie de faire. En fait, moi, on m'a dit que j'allais être traductrice. Parce que je porte le nom Yudra, qui est un nom archaïque en tibétain, qui est le nom d'un traducteur du 8e siècle. Et donc, j'ai porté aussi cette... Cette destinée. Oui, cette destinée, voilà. Et en plus de ça, dans ma famille, il y a une grande tante qui était interprète et qui a créé l'école de la Sorbonne. Donc, il y avait à la fois une pression dans la secte et une pression familiale sur le fait que j'allais être une traductrice. Donc, je me suis toujours dit, je vais faire des grandes choses. Mais à un moment donné, il y a la réalité qui te tombe dessus. Et puis, voilà, j'ai rencontré mon compagnon à l'âge de 19 ans. Je suis tombée enceinte très rapidement. On a eu notre fille, on avait tous les deux 19 ans. Et là, en fait, les études, tout ça, tout est mis en stand-by. Tout est très compliqué, surtout que... Quand on a grandi dans une structure pareille, on n'a vraiment pas d'argent. Nos parents sont bénévoles depuis des années. Ils ne peuvent pas vraiment nous soutenir matériellement non plus. Mon compagnon ne venait pas de cette structure-là. Mais voilà, il y avait quand même ses parents avaient fait des choix de vie qui faisaient qu'ils ne pouvaient pas nous aider non plus. Donc, du coup, une grande frustration, une impression d'échec aussi. Une grande culpabilité de se dire, je n'ai pas fait ce pour quoi j'étais destinée. Et donc, voilà, moi, les premières années, j'ai décidé de m'occuper de ma fille. Puis, j'ai commencé à travailler dans les restaurants bio où mes parents avaient travaillé parce que c'était la structure. Quand on est venu en Belgique, comme on n'avait rien, notre seule option, c'était de retourner dans les bâtiments de la communauté, où il y avait les restaurants bio et les magasins bio, et on pouvait loger dans les chambres. Et donc là, on pouvait être nourri, logé avec notre enfant, et en échange, on participait aussi aux activités. Donc petit à petit, j'ai repris les activités dans le restaurant. Et une fois qu'elle a été à l'école, là, je me suis dit, c'est bon, là, je vais commencer mes propres études en traduction. Évidemment, je restais dans le même créneau.

  • Speaker #2

    Comment ça a été pris, le fait que tu sois enceinte par quelqu'un qui n'était pas de la secte ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai vraiment une chance incroyable parce que mon compagnon, il est vraiment, c'est quelqu'un de génial, d'hyper ouvert, hyper... Puis en fait, dès le début, il m'a aimée. En fait, c'est assez dingue parce qu'il était tout jeune, il avait 18 ans. Et il m'a dit, quoi qu'il arrive, je serai là. Et je n'y croyais pas. Mais oui, il a toujours été là, il est toujours là à côté de moi. Et oui, lui, il était censé aller étudier en Angleterre. Et il a abandonné ce projet-là pour me suivre. Et il m'a suivie dans la communauté. Il a habité dans la septe parce qu'on n'avait pas d'autre option. pour que je sois suivie médicalement parlant. Et comme je n'étais pas du tout déclarée au Portugal, il fallait que je retourne en France. Et puis après, on est venu vivre en Belgique. Et donc voilà, il m'a toujours suivie. Et donc lui, il a décidé de faire des études en cours du soir en promotion sociale, quand on est arrivé en Belgique. Et pendant ce moment, lui, il était aux études le soir. Il travaillait la journée, il étudiait le soir. Moi, j'étais avec notre fille. Dès qu'il a fini ses études, elle m'a... moi je me suis lancée dans mes études, donc on a fait un tour de rôle ça me m'a dit et en fait bizarrement par rapport à lui quand je l'ai rencontré j'ai été une fois chez lui et je l'ai vu jouer avec sa petite nièce et moi j'étais vraiment pas quelqu'un qui aimait les enfants, j'avais grandi entourée d'enfants j'avais dû me responsabiliser très tôt m'occuper de petits enfants et je m'étais toujours dit moi je n'aurai pas d'enfants avant mes 30 ans et je l'ai vu s'occuper de sa nièce avec beaucoup d'amour, beaucoup d'affection et je me suis dit tiens si un jour j'ai envie d'avoir un enfant ce serait le père parfait trois mois plus tard j'étais enceinte pour la petite histoire la puissance de la pensée et là ça va faire 20 ans qu'on est ensemble l'année prochaine magnifique et

  • Speaker #2

    comment sortons de l'emprise comment tu fais aujourd'hui pour te libérer et comment as-tu trouvé cette force de créer tes projets, créer ta famille, te libérer de cette secte et de cette idéalisation, enfin non c'est même pas idéalisation mais de ce schéma de pensée.

  • Speaker #1

    En fait, c'est un travail d'une vie. Déjà, sortir de l'emprise, ça a mis une dizaine d'années, je dirais. À un moment donné, quand j'étais dans ma vingtaine, il a commencé à y avoir des rumeurs qu'il y avait eu des abus sexuels. Mais en fait, il y avait déjà eu des rumeurs quand on était enfant. Il y avait déjà eu une grosse perquisition de police dans tous les centres. Et du coup, il y avait déjà des choses auxquelles on se doute. mais en même temps, comme on avait été tellement manipulés, on nous avait tellement obligés à ne pas douter du gourou. On devait faire des prières sur le lama racine, on devait se confesser si on avait des vues fausses. Donc en fait, on ne nous autorisait pas à douter. Donc ça va assez loin, ça a mis beaucoup de temps. Et une de mes amies a devenu bipolaire. Et elle a commencé à sortir beaucoup de... Elle a porté plainte, a raconté son vécu. Et du coup, au début, on n'arrivait pas trop à y croire parce qu'on n'arrivait pas à décerner ce qui était vrai, ce qui n'était pas vrai. Et puis, petit à petit, d'autres filles l'ont rejointe. Et donc là, il y a eu des grosses prises de conscience. Il y a eu un procès aussi qui a duré plusieurs années, qui a commencé en 2016, ici en Belgique. Et du coup, le fait... J'ai eu le choix de me porter partie civile. Moi, je n'ai pas voulu parce que les chefs d'accusation, c'était prise d'otage et kidnapping, prise d'otage, violence. Et je me sentais mal à l'aise de dire ça, malgré le fait que l'enfant... Je n'avais pas encore compris ce que j'avais vécu, en fait. Je n'avais pas intégré. Et d'un certain côté, je voulais protéger ma famille qui vit encore dans cette structure. Donc voilà, je me sentais mal à l'aise de le faire. Mais j'ai quand même été un maximum de séances et donc j'ai écouté tous les témoignages de mes amis, de tout ce qui s'est passé. Et petit à petit, en fait, c'est vraiment une grosse baffe qu'on se prend dans la gueule et on revoit toute cette enfance sous un autre regard. Et là, on se dit en fait, c'était pas normal. En fait, en tant qu'enfant, tu as le droit de vivre autre chose. Ce n'est pas normal de ne pas recevoir d'amour et d'affection dans ton enfance. Et toute cette violence, toute cette peur, toute cette manipulation mentale, ce n'est pas OK, en fait. Mais de là à s'en détacher, ça prend encore beaucoup de temps, parce qu'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de... Comment dire ? Ça allait très loin, en fait. Le gourou disait beaucoup de choses sur tout. Il avait des avis sur tout. Donc, parfois, tu tends un couteau à quelqu'un, ah non, le gourou a dit qu'il fallait tourner le couteau dans l'autre sens. Il y avait, sur chaque mode de vie, chaque manière de faire, il avait des... Et donc, du coup, parfois, on entend encore cette petite voix qui dit ah oui, non, mais ça, c'est comme ça. Et enfin, c'est pas possible, quoi. Il faut arrêter de penser comme ça. Ou comme je te dis, les rêves de fin du monde, où il y a le gourou qui est là, c'est encore pris un petit temps à s'en détacher. Donc, difficile.

  • Speaker #2

    Et j'imagine qu'il avait aussi réponse à toutes ces accusations.

  • Speaker #1

    Et en fait, c'était aussi lui qui décidait tout pour nous. Donc, nous, quand on était ados, c'était Cher papa, qu'est-ce que je vais faire dans ma vie ? Et là, il nous convoquait. Parfois, même, il convoquait tous les jeunes ensemble et il disait Alors, vous pouvez faire tel et tel métier, mais surtout pas celui-là, surtout pas celui-là. On n'était pas autorisés à faire des grandes études parce que ça ouvre trop l'esprit. C'était très bien de travailler dans les restaurants, dans les magasins. Il ne fallait pas faire trop d'études. Moi, j'ai eu énormément de chance d'être autorisée de faire ces études. Mais voilà, j'ai dû me battre pour étudier parce que j'ai fait par correspondance, toute seule. dans des conditions qui n'étaient vraiment pas évidentes. Et à un moment donné, quand il a dit que j'allais être traductrice, il m'a envoyé traduire un texte de tibétain toute seule, quand j'avais 16 ans, deux heures par jour. Pas du tout normal, quoi. Et voilà, quand je suis arrivée en master, je me suis rendue compte que ce n'était pas ce que j'avais envie de faire. Donc, j'ai travaillé un petit peu dans l'enseignement. Et puis, à chaque fois, je revenais dans le secteur de l'alimentation bio. D'une manière ou d'une autre. J'ai eu un projet où je faisais des petits muffins salés, je faisais des événements, des brocantes. Et avec une amie, on a eu l'idée d'ouvrir notre propre restaurant. Et donc là, on a été suivis par des structures d'accompagnement bruxelloises. On a lancé toutes les procédures. Puis en fait, ça n'a pas abouti finalement. Moi, je me disais, je vais faire des grandes choses dans ma vie. Je vais ouvrir mon restaurant. Puis en fait, ça ne se fait pas. Je me retrouve à retravailler dans le magasin bio qui est lié à la secte, alors que je ne vis plus là, que je me suis complètement détachée. Donc, ce n'est pas évident pour mon amour propre de me dire, en fait, je suis de nouveau là. Oh là là, qu'est-ce que je n'avance pas dans la vie. Mais besoin d'une stabilité financière avant tout. Et voilà, c'était proposé à moi. Voilà, c'est ça. C'était surtout ça.

  • Speaker #2

    Mais aujourd'hui, tu as la tête de l'épicerie bio Horta. On peut le dire qu'il y a un succès.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est ta propre révolution ?

  • Speaker #1

    Oui, alors Horta, c'est beaucoup de choses, évidemment. Pour moi, il y a aussi une quête d'identité et de créer mon propre projet personnel. Ne pas dépendre des autres, oui. Quand tu dirais évolution, c'est vrai que plutôt que de suivre le moule et de faire toujours ce qu'on me dit de faire, comme moi je l'ai fait. dans ma petite enfance et par après, pendant très longtemps. C'est vraiment me détacher de tout ça et créer mon propre projet, seule, pas tout à fait seule, parce que bien soutenue par mon compagnon. Mais oui, ça a été... Et puis c'est un projet qui est venu à moi, en fait. Je n'ai même pas vraiment choisi à ce moment-là. Je ne savais même pas vraiment ce que je voulais faire, si j'allais refaire un magasin ou plutôt un restaurant. Et... Et puis j'avais envie de retrouver mon identité. Je suis d'origine portugaise, mais je n'y ai jamais vécu. Donc j'ai choisi ce nom Horta, parce que ça veut dire potager en portugais. Et d'ailleurs, c'était assez mignon ce choix de nom, parce que quand j'en ai parlé à mes parents, mon père m'a dit que c'était le nom de la maison de ses grands-parents, qui était probablement au fond du jardin, dans le petit village en Alentejo. Mais du coup, je me suis dit, ça a du sens. Et à ce moment-là, j'ai été à Lisbonne une semaine en quête de producteurs, de trouver des chouettes petits produits, de découvrir plus la richesse de l'alimentation portugaise, de ce qu'on retrouve des produits là-bas locaux. Et moi aussi. Et donc, j'ai créé Horta. Mais finalement, c'est un petit bébé qui a grandi très, très, très vite et qui a pris une ampleur très grande, très rapidement. Parce que ça répondait à un réel besoin dans le quartier. Et donc, ce côté que j'avais envie d'apporter, cette touche portugaise, finalement, n'est pas prépondérante. C'est vraiment le petit plus. C'est... c'est vraiment devenu un magasin de quartier. On peut vraiment y trouver de tout. De la boulangerie, au service traiteur, aux produits surgelés, aux fruits et légumes, le vrac, il y a vraiment de tout. Oui,

  • Speaker #2

    mais il y a quand même, je trouve, une inspiration chaleureuse. Et comme tu dis, portugais, moi, je le ressens très fort. Parce que oui, c'est une épicerie de quartier, mais il y a toute ton identité qui est là, même si tu l'as transformée.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, on a rénové, mon compagnon et moi-même à deux. Et voilà, on a porté vraiment notre touche. On a récupéré plein de choses. Mon compagnon électricien, on a acheté des lampes au Danemark il y a six ans, dans une petite brocante. Et en fait, mon compagnon a un coup de cœur pour ces lampes. Finalement, c'est les petites lampes vertes qui sont sur notre comptoir. Ces trucs qu'on a traînés avec pendant super longtemps et qui, en fait, avaient tout à fait leur place dans notre vie. Et on trouvait leur place dans le magasin.

  • Speaker #2

    Parce que la déco,

  • Speaker #1

    même le papier peint,

  • Speaker #2

    il y a une ambiance.

  • Speaker #1

    Mais là, le papier peint, il y a une petite histoire derrière parce qu'en fait, on a décapé les murs. Et alors, la première pièce, il y avait des affiches vintage. On a gardé certains bouts qu'on voit d'ailleurs dans le magasin. On voit une petite madame comme ça à côté des bières. Je ne sais pas si tu as vu. Et donc,

  • Speaker #2

    quand on a vu, on avait regardé. Oui,

  • Speaker #1

    et je trouvais ça très mignon de garder des petits morceaux du passé. Et là, l'endroit où on a mis le papier peint vintage fleuri, en fait, je décapais les murs et il y avait un magnifique papier peint fleuri avec des fleurs rouges, dorées. Et je voulais trop le garder, mais il tombait en miettes et ce n'était pas récupérable. Et du coup, on s'est dit, en fait, pourquoi pas mettre un papier peint sur cette zone-là ? C'est comme ça que l'idée est venue.

  • Speaker #2

    Je trouve comme même symbolique que tu dis que tu gardes des petits morceaux du passé, mais que c'est toi qui transformes tout le reste.

  • Speaker #0

    Mais oui, tu es entièrement réellement.

  • Speaker #1

    Mais il me semble que pour le démarrage, tu t'es fait accompagner et que tu as fait un crowdfunding.

  • Speaker #0

    Comme j'avais eu mon projet de restaurant, j'avais déjà suivi un accompagnement. Donc, j'ai été directement toqué à la porte de mon coach de l'époque, qui vient de chez Village Partenaires, et qui a été super parce qu'il m'a tout de suite coachée. Comme c'était un magasin, c'était tout à fait autre chose, mais il a accepté. En fait, ce que je voulais dire, c'est que chez Village Partenaires, ils m'ont dit Ah non, on est booké Moi, je l'ai contacté directement et il m'a dit Bah oui, pas de problème, je viens la semaine prochaine Et donc, bam, on a repris comme avant. Pas là où on était, mais on a démarré le nouveau coaching. Et voilà, en fait, ça s'est fait très, très rapidement quand j'ai eu le local. Il a fallu se décider très rapidement et puis faire le choix de faire un magasin ou plutôt un café. Là, pour le coup, j'ai décidé de faire le magasin parce que comme je venais du magasin, j'avais géré un magasin pendant plusieurs années, j'avais acquis beaucoup de compétences. C'était plus logique pour moi et je pouvais aussi travailler seule. Donc, ça me permettait de ne pas engager de personnel parce qu'évidemment, je n'avais pas du tout le budget. Et donc, ce qui est génial, c'est qu'à Bruxelles, on a plein de structures d'accompagnement. Donc, j'ai découvert qu'il y avait une couveuse d'idées ici, chez Nomad. C'était en décembre, je crois que c'était 2021, je pense. Et du coup, je suis venue pour me faire coacher, pour rencontrer d'autres personnes. En fait, je voulais aussi avoir les stickers devant la devanture. Ça, ça permet de donner une visibilité, de donner de la curiosité aux gens qui passent devant. Et donc, je n'étais pas du tout au même niveau que les autres personnes qui faisaient cette couveuse d'idées. Parce qu'en général, c'est des gens qui veulent se lancer en tant qu'entrepreneurs. mais qui ne savent pas forcément ce qu'ils veulent faire. Donc, il y a du design thinking et des choses comme ça, trouver ses valeurs. Moi, j'avais déjà local. Je savais plus ou moins ce que je voulais faire. Après, j'avais des questions sur l'aménagement, etc. Mais du coup, ça m'a permis aussi d'être mise en contact avec des architectes de chez Hup qui peuvent aider par rapport à tout ce qui est législation, sur l'enseigne, plein de petites choses sur le parcours client, comment bien penser son parcours. clients. Donc, d'un côté, c'est vrai que j'avais déjà une expérience, mais c'est chouette de confronter ces idées avec d'autres personnes. Donc, vraiment, c'est une mine d'informations chez Hub Brussels. Il y a des petits syllabus avec plein de choses quand on veut lancer son business. Donc, ça, c'est une chose. Ensuite, j'ai décidé de faire un crowdfunding parce qu'au niveau des financements, on n'avait vraiment pas assez d'argent et on faisait nous-mêmes les travaux, mais pour le matériel, c'était vraiment pas possible d'investir autant. Et donc, là, de nouveau, j'ai été un petit peu coachée pour savoir comment faire un crowdfunding. Alors, j'ai dû me mettre en avant, faire une petite vidéo. Ça a été assez compliqué. Mais c'est vrai que dès qu'on fait une vidéo et qu'on se met en avant, ça attire beaucoup plus les gens, les gens sont beaucoup plus sensibles à l'humain, en fait.

  • Speaker #1

    La soutenir, le projet.

  • Speaker #0

    Oui. Et alors, je pense que c'est vrai que j'étais vachement, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup d'amis et que j'étais vraiment bien entourée. J'avais un super réseau. Dès le début, ça a explosé, en fait, mon crowdfunding. J'avais partagé en privé aux amis en disant attendez deux jours parce que normalement, t'es censé commencer. Et puis, quand il y a suffisamment, tu postes et là, tu lances. Et en fait, ça encourage les gens à participer s'ils voient qu'il y a des gens qui croient au projet. donc du coup les gens commençaient à partager dès le premier jour et je disais non attendez et en fait ça a décollé les deux premiers jours c'était la folie, moi je me suis dit bon je vais le mettre en mode public, ça ne vaut pas la peine d'attendre plus longtemps et du coup j'ai été très très étonnée parce qu'il y a eu étonné du bon côté parce qu'il y a eu énormément de gens du quartier qui ont participé, j'ai rencontré une cliente qui m'a expliqué qu'elle avait participé parce qu'elle est indépendante et elle s'est toujours dit que à partir du moment où son business fonctionnait suffisamment bien, tous les mois, elle allait aider un entreprise à soutenir quelqu'un. Je trouvais ça super beau, super inspirant. Je me suis dit, mais c'est génial, moi, elle m'a aidée. Et puis, un jour, moi aussi, je vais pouvoir aider d'autres personnes. C'était trop chouette d'avoir les échanges après, de demander aux gens comment est-ce qu'ils avaient participé ou des gens qui allaient habiter dans le quartier. Le dernier jour, j'ai un couple qui a participé. Mais un gros panier en fait. Et en fait, c'est juste qu'ils allaient emménager dans le quartier. Ils ont cherché les différents projets du quartier. Ils se sont dit, trop chouette, on a envie de soutenir ce projet. C'est vraiment incroyable. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est quand même recevoir beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'est pas évident. Parce qu'après, on se sent redevable par rapport aux gens. Donc encore aujourd'hui, j'ai des gens qui ne sont pas venus rechercher leur contrepartie. Et je pense qu'ils ont donné avec... beaucoup d'amour et de bienveillance et qu'ils ne cherchaient pas forcément, qu'ils voulaient me soutenir. Mais du coup, moi, je me sentais redevable. Et à chaque fois que je les vois, je me disais, non mais tu dois encore venir, ou alors je vais leur apporter des petits cadeaux pour compenser, parce que je n'aime pas me sentir redevable envers les gens. Mais c'est une grosse leçon.

  • Speaker #1

    Surtout recevoir de l'argent.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est vrai, si tu es dans le quartier ou même que tu aimes le projet.

  • Speaker #0

    C'était vraiment une très, très belle surprise.

  • Speaker #1

    Pourquoi l'humain peut être aussi très généreux ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, il ne faut pas rester tout seul. Il faut se bouger, aller solliciter les gens, ne pas avoir peur de parler de ses projets. Et c'est vrai que moi, on m'avait dit, tu peux faire un crowdfunding qui dure plus d'un mois. Mais je ne voulais pas. Je me sentais comme... Parce qu'évidemment, pour... continuer à faire des levées, parce qu'évidemment, il y a un boom, puis après ça retombe, et puis il faut relancer les gens sur les réseaux sociaux, il faut continuer à se mettre en avant. C'était vraiment pas mon truc, quoi. Et donc à un moment donné, j'ai fait un mois pile-poil, j'ai arrêté. Puis après, il y a encore des gens qui m'ont dit Ah, on aurait trop presque dissipé, c'est trop dommage. Donc il y a encore des gens qui m'ont encore refilé un petit billet, je dis Ah non, c'est pour moi ! C'est des gens de la famille ou quoi. Ah ouais, bon, c'est vraiment très chouette. Donc, il y a eu ça. Je me suis rendue compte aussi que j'avais un super réseau au niveau des autres magasins bio. Comme j'avais dans mon ancienne expérience, c'était moi qui allais à toutes les réunions des magasins bio indépendants et les commerçants aussi de Flagey. Donc, j'avais un réseau de commerçants que je connaissais. Et donc, j'ai aussi appelé à l'aide. J'ai dit, voilà, j'ai un commerce, j'ai une amie qui a un magasin bio qui m'a dit, moi, j'adore l'aménagement. On a fait ensemble les... plans. C'était super parce que quand t'es tout seul, tu te doutes énormément. Quand t'es à deux, on pense beaucoup plus. Donc c'était vraiment trop trop chouette. Et au début, j'appelais régulièrement, on lui disait tiens, je prendrais ça ou ça. Qu'est-ce que t'en penses ? C'était trop gai. Et puis elle m'a dit, il y a un autre magasin qui va fermer. Donc si tu veux récupérer des silos, acheter en deuxième main. Donc j'ai pu acheter plein de matériel aussi en deuxième main. Quand on cherche, on trouve plein de trucs. Donc ça aussi, c'était génial.

  • Speaker #1

    Et ton local, tu disais que... Tu t'es fait accompagner alors que tu avais déjà ton local. Comment ça se fait que tu l'avais déjà ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Alors ça, c'est aussi une histoire incroyable. En fait, nous, on a emménagé dans ce quartier il y a sept ans. Et en fait, il y avait ce local qui était un atelier d'artistes. La vitrine était complètement délambrée. L'intérieur était complètement délambré. Et moi, je passais devant tous les jours. Je me disais, c'est mignon cet endroit. Il y a du potentiel. Et un jour, je vois devant la porte une fille avec qui j'avais travaillé dans un de mes jobs alimentaires quand je travaillais chez Mama Roma, mais 15 ans avant. Moi, quand je travaillais au magasin bio, j'ai fait un petit burn-out sur la faim parce que je n'étais plus du tout dans les valeurs. Quand il y avait le procès, je ne me sentais plus du tout en phase avec ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Ni dans l'environnement.

  • Speaker #0

    Dans l'environnement. En fait, il fallait que je sorte de là, mais en même temps, je n'arrivais pas à quitter parce que j'avais l'impression que j'étais indispensable. Mais une fois que j'ai réussi à quitter cet endroit, j'étais dans une phase un peu compliquée. Mais voilà que deux mois plus tard, je croise la personne qui louait l'atelier, qui me dit qu'elle va probablement déménager et donc remettre le local au propriétaire. Et là, évidemment, ce n'est pas passé par l'oreille d'une sourde. Je lui ai dit, mais quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Elle m'a dit, je ne sais pas. Je lui ai dit, mais moi, on contacte avec le proprio. Donc, je n'étais absolument pas prête. Je n'avais pas du tout terminé mon travail pour régler mon burn-out. Je me suis précipitée sur l'occasion. Et en fait, c'était génial parce que le loyer n'était vraiment pas cher pour le quartier. Il n'y avait pas de fonds de commerce, pas de pas de porte. Alors oui, il était délabré. Il y avait quand même pas mal de travaux. Mais comme mon compagnon travaille dans le bâtiment, ça faisait beaucoup de sens pour nous. Et c'était la seule option pour moi de lancer mon business, c'était de trouver un endroit comme ça. Et donc, c'est pour ça que je dis que l'endroit est venu à moi et je n'ai pas eu le temps de réfléchir beaucoup. Il fallait vraiment y aller.

  • Speaker #1

    Est-ce que tes blessures, ton manque d'amour sont une force dans laquelle tu puisses ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas trop comment répondre parce que je sens ça plutôt comme une faiblesse en ce moment. Parce que je suis de nouveau dans une petite phase de pré-burnout. Alors, heureusement, j'ai réussi à m'en rendre compte avant d'aller trop loin. Comme j'ai expliqué, le lancement du magasin a été extrêmement intense et ça a décollé très, très rapidement. D'une certaine manière, je peux dire que je suis un peu victime de mon succès. Mais j'ai voulu continuer. En fait, je suis un peu une battante. Mais j'attends d'aller au bout de mes ressources. Et donc ça, c'est dangereux. Parce que du coup, quand c'est trop loin, c'est très difficile. Et du coup, on se sent beaucoup plus fragile. Et là, voilà. Du coup, c'est une force et une faiblesse. Voilà, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Mais justement, dans le succès de Horta, tu as une équipe que tu as construite.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui apparemment est extra-homé.

  • Speaker #0

    Oui. C'était le quotidien qui... Voilà, en fait, ça a mis pas mal de temps à trouver un équilibre. On est encore en train de trouver un équilibre, mais au départ, j'ai vraiment commencé toute seule pendant plusieurs mois. Et puis, ça a mis pas mal de temps avant que je commence à engager. Et au début, mes employés avaient tous des projets sur le côté. Donc, ils faisaient des mi-temps. Donc, c'était difficile de déléguer réellement. Et depuis l'année passée, j'ai une personne qui est à temps plein, et puis il est plus étudiant, plus de mi-temps. Et alors là, vraiment, ça fait quelques mois, depuis que moi, j'ai dû me mettre un tout petit peu en retrait, parce que c'était trop.

  • Speaker #1

    Tu dis que c'était trop aussi parce que tu es en train de déconstruire aussi toute ton histoire d'enfance, l'amour de toi et tout. Et donc finalement, tu as délégué, tu t'es donné de l'amour. Et du coup, tu laisses la place à ton équipe ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, j'ai une manière de gérer qui était un peu problématique, dans le sens où j'avais tellement peur qu'ils me lâchent que j'allais tout autoriser, en fait. Enfin, pas tout autoriser, mais ils avaient besoin de partir et moi, j'allais compenser. Donc, c'est aussi ça qui a été problématique dans mon épuisement, parce que je me suis épuisée. En fait, le magasin est ouvert du mardi au dimanche. J'étais là tous les jours, du matin au soir. Et le lundi, je devais faire les commandes. Donc, en gros, je travaillais 7 jours sur 7, 14 heures par jour. Et quand l'équipe a commencé à venir, je ne quittais pas mon poste au magasin parce que j'avais besoin de voir que tout fonctionne bien. C'est moi qui faisais toutes les commandes, tout ça. Et puis, petit à petit, je pouvais m'absenter quelques heures au bureau, mais ce n'était pas tout à fait suffisant. Et dès qu'il y avait quelqu'un qui était absent, je continuais à revenir travailler. Donc maintenant, je y vais toujours. Mais l'équipe est suffisamment grande, autonome, et c'est ça qui est génial en fait. Je voulais que chacun puisse être valorisé par rapport à ses qualités. Et donc, il y a beaucoup de polyvalence dans un petit magasin comme ça, parce qu'il y a la partie barista, il y a la partie mise en avant des produits, il y a la déco vitrine, il y a la cuisine. Et du coup, je vais chercher les qualités des uns et des autres. Essayer de valoriser ça en fait. Marie par exemple qui faisait les fleurs, elle au début elle voulait avoir ce projet-là en parallèle, maintenant elle a décidé de travailler plus, de s'investir plus au magasin. Cette employée a un côté artistique très développé, elle aime bien faire les vitrines et tout, donc maintenant je lui donne tout à fait la responsabilité de la déco des vitrines. Je lui ai offert une petite formation pour apprendre à bien faire ses vitrines. Ma chef, je lui ai offert une formation sur la lactofermentation. Une autre des employés, je lui ai proposé de faire une formation sur le montage vidéo pour qu'on développe nos propres réseaux sociaux petit à petit. Et du coup, c'est des retours que j'ai de la part de mon équipe où ils me disent que c'est la première fois de leur vie qu'ils ont envie de vraiment s'investir dans le magasin.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille.

  • Speaker #0

    C'est une grande famille.

  • Speaker #1

    Chacun son rôle à jouer.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant que finalement, je travaille avec plusieurs de mes amis. J'ai trois de mes amis d'enfance, des amis qui remontent, des amitiés qui viennent d'y à longtemps. Et en général, ce n'est pas vraiment ce qu'on recommande dans des entreprises. Mais pour le moment, ça fonctionne super bien.

  • Speaker #1

    C'est chouette parce que finalement, tu donnes la place à chaque. Et comme toi, tu as recherché ton identité, peut-être que tu les aides aussi à se trouver dans le magasin, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, j'essaye de respecter ça un maximum, de les écouter. Et puis une stabilité aussi pour eux. Et voilà, un cadre de travail qui soit agréable.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as des éléments, des ingrédients indispensables à ton bien-être aujourd'hui, dans toute cette frénésie ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une question très difficile que tu me poses. Parce que je n'ai jamais vraiment pensé à moi dans ce sens-là. Je me suis toujours adaptée aux autres, que ce soit ma famille, ma fille, mes beaux-parents, mes parents. Il y a vraiment un truc où parfois je suis au bout, mais je vais encore forcer pour faire plaisir ou pour suivre les autres. C'est un travail que je suis en train de faire encore actuellement. Mais je me rends compte que maintenant, j'ai besoin de moments de solitude, de moments pour moi. Oui, parce qu'en fait, j'ai trop tous les jours et du coup, j'ai besoin de m'isoler un peu. À terme, j'aimerais un week-end par mois sortir de Bruxelles, mais ce n'est absolument pas possible en ce moment. Je passe encore tous mes week-ends au magasin. Voilà, c'est très rare. Et du coup, je n'arrive pas du tout encore à atteindre cet équilibre. Mais aujourd'hui, tous les mercredis matins, je ne dois plus aller au magasin. Donc ça, c'est vraiment mon petit moment à moi. Pas mal. Oui, mais alors bon, on est aussi en train de grandir et on va ouvrir un café dans les prochains mois. Donc il y aura... Oui. Voilà, on va avoir encore une phase d'adaptation. Mais pour le coup, j'ai déjà les mises en garde et les red flags. Donc, je sais un peu ce que je ne dois pas faire. Du coup, ma priorité maintenant, c'est de rendre le magasin le plus autonome possible pour passer à l'autre côté. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te fait tenir ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai quand même pas mal de force et de détermination. Et du coup, il y a des jours très très difficiles, mais après je reste pas là-dessus. Le lendemain, on repart à zéro et on fait table rase et c'est une nouvelle journée.

  • Speaker #1

    Toi qui baignes de l'alimentation bio depuis toute ton enfance, quels manjeux es-tu ?

  • Speaker #0

    Une grande question, moi je m'enleve de tout non c'est pas vrai je dis n'importe quoi en fait j'ai un rapport à la nourriture c'est marrant parce que plusieurs de mes amis en savent aussi, on adore la bonne nourriture comme on a un peu manqué de bonne nourriture quand on était enfant je ne l'ai pas trappé On s'en rattrape. Et donc, c'est vrai qu'il y a eu toute une phase où j'ai vraiment été végétarienne toute mon enfance, jusqu'à ma vingtaine. Du coup, je me suis intéressée un peu à la cuisine végane, sans pour autant être vegane. Maintenant, j'ai introduit du poisson, un peu de viande. Je ne cuisine pas énormément de viande, mais c'est pour ça que je dis que je mange un peu de tout. En hiver, je vais aimer les plats réconfortants, tout en un. Ça peut être une moqueca ou un ragoût. Et puis en été, j'aime bien les plats où il y a plein de petites salades, que c'est coloré, que c'est beau. En fait, j'ai tendance à ne pas prendre le temps de manger. Ça, c'est mon problème. Je suis toujours trop dans le stress. Et le matin, je sautais toujours mes petits-déj. Le midi, depuis que j'ai le magasin, au début, je ne mangeais quasiment pas à midi. C'était devenu un peu un problème. Et du coup, je mangeais plus le soir. Mais manger puis se coucher, ce n'est pas top en fait. du coup voilà maintenant j'essaie de faire très attention de prendre des petits déj salés protéinés et aussi prendre le café après avoir mangé et pas avant parce que d'abord je prenais le café et bam on attaque donc ça c'est vraiment quelque chose que je suis en train de de faire plus attention à ma santé en fait physique et mentale parce que voilà c'est entièrement lié Donc c'est vrai que j'avais tendance à plus m'occuper des autres, à vouloir accueillir les gens, à bien cuisiner, mais pas vraiment beaucoup penser à ma propre santé, à ma propre alimentation. Donc voilà. Oui, avant, en fait, par rapport toujours à cette question de nourriture, quand on était jeune, on n'avait pas l'argent pour aller au restaurant, donc on ne pouvait pas se permettre d'aller au resto. Aujourd'hui, j'aime bien découvrir la cuisine de tel ou tel chef. de se faire plaisir de temps en temps, de découvrir des nouvelles choses. J'adore, oui.

  • Speaker #1

    Tu as des recettes chouchou ?

  • Speaker #0

    Mais j'en ai plein, c'est ça le problème. Comme tu m'as parlé de ça, du coup, j'ai pensé à quelque chose hier. Ma grand-mère faisait un riz à la tomate. Et voilà, j'ai ce souvenir de ce riz à la tomate qui était incroyable. Et en fait, elle me racontait qu'entre Porto et Lisbonne, Quand il n'y avait pas encore l'autoroute, il y avait l'ancienne route qui faisait ce trajet-là. Et eux, ils prenaient cette route régulièrement. Et à mi-chemin, il y avait un petit restaurant qui faisait un riz à la tomate. Et toutes les 20 minutes, ils avaient un nouveau batch qui sortait du riz à la tomate. Donc, il était parfait. Il était encore bien babade, comme on dit en portugais, un peu moelleux. Enfin, voilà, un peu comme un risotto. Même si les rizs portugais ne sont pas tout à fait comme les rizs italiens. Et du coup, c'est un riz où il y a de l'ail, il y a la coriandre. tomate, c'est trop bon. J'ai eu ce petit souvenir comme ça qui m'a fait plaisir. Du coup, j'en ai fait un hier et j'étais trop contente. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. C'était un petit plaisir.

  • Speaker #1

    Je serais trop intéressée une fois de cuisiner avec toi.

  • Speaker #0

    Ah ! Je ne suis jamais une recette.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plein de recettes dont tu m'as déjà parlé. qui ont l'air assez fantastiques.

  • Speaker #0

    Si tu veux, on se fera une moukaka de poisson, comme tu as habité au Brésil, je pense que tu aimeras.

  • Speaker #1

    Enfin... Très bonne idée. Est-ce que tu as des rêves impossibles ou plus terre à terre, très proches ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est déjà trouver une stabilité là où je suis. Et donc, comme on est encore en pleine évolution, c'est déjà réussir à tout mettre en place et faire en sorte que cela fonctionne bien. Pour le moment, je ne m'autorise pas trop de grands rêves parce qu'il faut pouvoir... Voilà, trouver cet équilibre. Moi, en fait, dès qu'on me parle d'un projet, je suis toujours emballée, j'ai toujours envie de tout faire. Voilà, je ne sais pas, tout est ouvert. Donc, je crois que je t'en avais déjà parlé, mais la dernière fois que j'étais à Lisbonne, on était dans un bar à vin avec des copines. Et on a vu juste en face, il y avait un petit coin de rue super mignon avec des ajoulèges, des joues verts. Et puis, on a regardé et on s'est fait, ça pourrait être un hortin à Lisbonne. Du coup, j'ai été voir longtemps. L'endroit a été vide depuis quelques années. Et puis, j'ai été poser quelques questions. Visiblement, il n'y a pas de projet qui va se développer dans un futur. Et du coup, je me suis dit, peut-être un jour. Mais voilà, si je suis réaliste, ce n'est vraiment pas le moment. Ce n'est vraiment pas... Mais qui sait, peut-être qu'il y aura une connexion qui va se faire à un moment donné ou pas. Mais voilà, en tout cas, rêver de ça et se dire en tant qu'entrepreneur, en fait, on peut tout faire. Voilà, c'est super chouette, quoi. C'est vrai que moi j'ai eu une chance incroyable qu'au moment où j'ai lancé Horta, il y a tellement d'opportunités qui se sont ouvertes à moi. À la base, j'avais très peur de lancer le projet. Je me disais, mais en fait, je vais être coincée toute ma vie. Je vais rester à ma petite caisse, à jouer à la marchande. Alors j'aime ce que je fais, mais ce n'est pas non plus si gratifiant que ça. J'ai envie d'autre chose, c'est sûr. Et donc, il y a tellement de portes qui s'ouvrent. Presque chaque semaine, on me fait des propositions. Et à chaque fois, je me dis, trop bien. en fait. On va se calmer. On va se calmer.

  • Speaker #1

    Entre guillemets, si tout est fluide, c'est que tout est là et tout est prêt à être accueilli.

  • Speaker #0

    Je crois que le plus grand rêve, ça va être de trouver un équilibre et de pouvoir me détacher aussi de ce bébé. Ce qui est très chouette avec les magasins de quartier, c'est qu'on accompagne les gens, en fait. Moi, depuis que j'ai ouvert, il y a des couples qui se sont formés, il y a des bébés qui sont nés, on voit les enfants grandir, on crée une relation avec nos clients et c'est vraiment trop chouette. Des clients qui deviennent des amis et eux, ils sont intéressés par le développement des projets. Donc, c'est vraiment très, très chouette. Il y a une chouette synergie. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui me manque un peu maintenant que je suis moins en magasin. Il y a certains horaires où je ne suis plus là pendant l'heure de midi, donc certains clients que je ne vois absolument plus. Et donc, parfois, je pense à eux. Et ce que je fais, c'est que quand je pense à eux, très souvent, le lendemain, je vais au magasin et je les croise.

  • Speaker #1

    Je pensais à vous.

  • Speaker #0

    Comment ça ? Mais oui !

  • Speaker #1

    Oui, en fait, j'ai l'impression que tu t'es créé une grande famille ou un petit village à toi.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    dont tu avais besoin peut-être pour acheter ton autre village ?

  • Speaker #0

    Je dois te dire un truc, c'est complètement fou, parce que maintenant, où que j'aille, il y a des clients hors-tasse. Ah ! Oui, oui, n'importe où. À Bruxelles, je tombe sur des clients du magasin. J'étais à Paris, début avril, je louais un petit appart d'une amie, et dans la rue, je suis tombée sur un client qui est retourné vivre à Paris, qui habite dans cette rue-là. J'ai une de mes employées qui est partie au Japon la semaine... Elle est partie au Japon le mois passé. En plein milieu de Tokyo, elle est tombée sur une cliente du magasin. Elles se sont croisées en fait. Alors là, c'est complètement... C'est chouette.

  • Speaker #1

    Un tout grand merci, Lebra.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était un très bon témoignage. J'en ai soif.

  • Speaker #0

    Merci.

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Dans ce nouvel épisode de Bombo, je pousse la porte de chez Horta, épicerie bio de quartier à Forest à inspiration portugaise. Youdra s’ouvre à moi et à vous aujourd’hui sur son enfance dans la secte OKC après des années de silence, un procès et une longue reconstruction.


Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille Horta. Famille en qui elle a puisé sa détermination d’abord avec son mari, sa fille et ensuite sa liberté, son projet avec ses clients et son équipe.


Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités car comme Youdra, s’entourer d’êtres que nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute !


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Générique : Frédérique Scarnière sur une musique composée par Christophe Gérard.

Montage et mixage : Frédérique Scarnière.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le monde de bonbots. Un monde de bons et de beaux. Ici, on écoute nos frissons, nos palpitations. On se délecte de ses sensations et en oeuvre pour les transmettre. Dans cette tribu de passionnés, on danse la vie, on dévore le monde et on croque l'aventure à pleine bouche. Je suis Frédéris Carnière. et je suis moi-même une exploratrice de la vie. Mes invités sont des explorateurs du goût, des chercheurs d'or, des chefs d'orchestre, des artistes, des passionnés. À travers mes mots ou les leurs, je vous invite à voyager avec passion. Bienvenue dans le gargouillis de nos cœurs. Dans ce nouvel épisode de Bonbo, je pousse la porte de chez Horta. Une épicerie bille aux deux quartiers, à forêt, à inspiration portugaise. Ludra s'ouvre à moi et à vous aujourd'hui sur son enfance dans la secte au cassé. Après des années de silence, un procès et une longue reconstruction. Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille hortale. famille en qui elle a puisé sa détermination, d'abord grâce à son mari et sa fille, et ensuite sa liberté, son projet, grâce à ses clients et son équipe. Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités, car comme Yudra, s'entourer d'êtres qui nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute. Bonjour Yudra.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui tu vas me livrer un témoignage que j'espère va te libérer et libérer aussi la parole au tabou. Aujourd'hui ton succès, elle résulta peut-être d'une fuite, d'un contexte fait de haut et de bas et surtout d'une force inébranlable. Tout n'est pas acquis et tu es ici pour prouver que se choisir soi, c'est là que tout commence.

  • Speaker #1

    Excuse-moi, ça me touche beaucoup. Merci pour cette entrée en la matière. J'ai parfois du mal avec les compliments, donc ça me touche beaucoup.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir et ça me touche beaucoup que je puisse te permettre de lâcher. Merci. Est-ce que tu peux nous expliquer quelle petite fille étais-tu et quelle enfance as-tu vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un vaste sujet. Moi, je suis née dans la secte au Cassé. Mes parents se sont déjà rencontrés dans la secte, donc je n'ai rien connu d'autre. Et en fait, à l'âge de 3 ans, les enfants étaient envoyés au sud de la France. Nos parents habitaient en Belgique, ils travaillaient dans des magasins bio et des restaurants bio et végétariens. Et ils étaient bénévoles, en fait. Et nous, on était éduqués. dans un espèce d'internat qui était un monastère pseudo-bouddhiste. Et on avait là une éducation très stricte. Nos journées étaient organisées d'une manière où on avait très peu de temps pour nous. Dès le matin, on avait des heures de prière, on avait les stages, on travaillait en fait. Dès l'âge de 6 ans, on devait travailler. Il y avait beaucoup d'activités différentes, on participait aux activités de l'endroit. Donc on faisait la cuisine, le ménage, aller chercher le bois dans la forêt, dépierrer les champs, s'occuper du potager, s'occuper des animaux, des vaches, traire les vaches, faire le fromage. On allait chercher les plantes pour faire la cueillette, faire sécher les plantes pour faire les tisanes. Donc voilà, il y avait toute une série d'activités. On avait beaucoup de prières encore le soir, on avait des heures de prière, on avait l'école le matin. Mais voilà, tout tournait autour de la prière et des activités. Et alors, on avait des responsables qui s'occupaient de nous. Les responsables, en fait, on était une soixantaine d'enfants pour cinq, six responsables. Et ils étaient avec nous sept jours sur sept, 24 heures sur 24. L'image était merveilleuse. Donc, nos parents étaient persuadés que c'était le meilleur choix qu'ils avaient fait dans leur vie de nous envoyer là-bas. Parce que de l'extérieur, c'était magnifique. Il faudrait que je te montre une photo, c'est au sud de la France, dans les Alpes de Haute-Provence. C'est entouré de montagnes, un château, un vieux château et une bergerie qui était notre école. Donc oui, ça paraît vraiment idyllique, un potager, les vaches et tout. Sauf que voilà, il y avait énormément de violence. Les responsables n'étaient pas formés en fait pour s'occuper d'enfants. Et ils étaient débordés. Ils devaient s'occuper de nous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc, ce n'est pas comme si nous, on était déposés à l'école. Et donc, que ce soit au niveau de la prière, de la vie et de l'école, on était tout le temps punis, en fait. Il y avait vraiment une peur de la punition. La punition était assez extrême. Si on parlait le soir dans son lit, on était envoyés. à l'arbre au Manor et parfois les responsables s'endormaient et on restait là toute la nuit avec les sangliers à côté de nous. Il y avait des punitions, on devait nettoyer les escaliers du château. Mais on était tout petits pendant un mois pour nettoyer nos péchés. Il y avait un rapport malsain, malgré le fait que ce soit du bouddhiste, soi-disant bouddhiste. Il y avait vraiment un rapport malsain par rapport au karma. Donc du coup, c'était vraiment le péché, la confession. Il y avait toute une manipulation mentale qui était exercée sur nous, en fait. Et puis il y avait ce gourou qui avait une place énorme, c'était lui le sauveur. C'est quelqu'un qui est parti en Inde et qui est revenu en disant qu'il avait eu des transmissions de l'esprit de l'ama tibétain. Et donc, voilà, il venait avec tout ce cérémonial tibétain. Et effectivement, on allait à la prière, on chantait en tibétain. J'ai appris à parler et lire le tibétain à l'âge de 8 à 10 ans. Il a créé des mantras à son nom qu'on devait invoquer plusieurs fois par jour. On devait penser à lui. C'était lui notre sauveur. Si on allait mourir ou le soir avant de se coucher, il fallait l'invoquer. Donc, c'était vraiment la figure paternelle. Il était omniscient, omniprésent. C'était lui, quoi. Et... Quand on venait à Bruxelles et qu'on voyait nos parents ou quand ils venaient faire des séminaires en France, c'était la folie, c'était le branle-bas de combat. Tout le monde s'habillait bien, on nettoyait tout de fond en comble. On se prosternait devant lui. Et alors, à chaque fois qu'il sortait une nouvelle chose, un jour, il a décidé, il faut casser toutes les montres parce que les montres, c'est la technologie, c'est mauvais. Tout le monde est sorti de l'enseignement et a été cassé des montres. Il y avait un espèce d'énergie comme ça. Dès qu'il disait quelque chose, tout le monde suivait. C'est marrant ce truc de manipulation, parce qu'aujourd'hui, mes parents, ils se disent mais non, pas du tout. On n'était pas du tout là-dedans ou on n'était pas du tout aussi manipulés. On était libre de faire ce qu'on voulait. Alors en fait, ce n'était pas du tout le cas. Ils créaient les couples, ils défisaient les couples. Il y avait vraiment tout. C'était vraiment quelque chose d'assez dingue. Celui qui décidait qui allait travailler à quel poste dans les restaurants ou dans les magasins. C'était dingue. qui allaient être responsables des enfants. Donc, il y a eu des responsables qui se sont occupés des enfants, qui n'étaient pas, qui avaient travaillé dans l'armée, qui avaient été dans l'armée, qui étaient extrêmement violents avec les enfants. Le groupe des garçons a eu un éducateur qui les tabassait, qui tapait la tête dans la douche. Il y a un éducateur qui a tapé dans la tête d'un gamin, qui s'est même percé un mur, quoi. Donc, il y a eu des trucs vraiment très, très, très violents. Donc, tout ça pour dire... Quel type d'enfant j'ai été ? Mais en fait, j'étais une enfant, je pense que j'étais assez sensible, mais je me suis fait une espèce de carapace pour tenir, en fait. Et donc, j'étais un peu l'enfant modèle. Je faisais tout bien. Si les professeurs ou les responsables disaient qu'il fallait faire ça, j'allais être vraiment l'enfant exemplaire. On allait souvent me prendre comme exemple, d'ailleurs, dès qu'il y avait des inspecteurs qui venaient. C'était toujours moi qu'on allait demander de faire bonne figure. Mais je vivais avec cette peur d'être punie. Et il y avait toujours beaucoup d'injustice. Même si c'était quelqu'un d'autre qui avait fait une bêtise, on était tous punis. Les punitions étaient souvent collectives. Donc, il y avait quand même une peur très grande. Et alors, ce qui est assez intéressant, c'est que nos parents, quand ils venaient en vacances, ils avaient l'impression qu'on était heureux. Parce qu'évidemment, en tant qu'enfant, on était heureux. On ne va pas montrer la souffrance, même on ne se rend même pas compte, on ne connaît rien d'autre en fait. Donc on fait avec, on rigole des punitions qu'on a eues avec nos parents, qui ne se rendent absolument pas compte de la violence et de la gravité en fait, et de la maltraitance. Il y avait aussi beaucoup de punitions liées à la nourriture. Oui, vraiment, si on avait parlé au temple, alors on ne pouvait pas manger le petit déjeuner. Il y avait vraiment beaucoup de choses. Puis si on ne mangeait pas... On avait des chefs qui cuisinaient macrobiotiques et à chaque fois, ils partaient dans des tripes de... manger que des germes ou manger que du riz complet ou manger que des légumes cuits à l'eau. Alors, des navets cuits à l'eau et des betteraves, c'était vraiment pas bon. Du coup, il y avait beaucoup d'entre nous qui étaient très minces. Une fois, il y a eu des inspecteurs qui sont venus. Oui, ils pensaient qu'on était maltraités. Enfin, on l'était. Je suis encore en train de protéger.

  • Speaker #2

    En même temps, je pense que c'est normal, à partir du moment où tu n'as pas vécu autre chose,

  • Speaker #1

    de penser que c'est normal,

  • Speaker #2

    en fait. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Oui, alors tous les soirs avant de se coucher, on devait... En fait, il y avait aussi toute la manipulation psychologique et toute la partie mystique, en fait, qui était très présente. Et donc, par exemple, le soir avant de se coucher, on devait faire une prière et invoquer le lama racine, c'était le lama racine, qui allait nous aider au cas où on mourrait. Et du coup, c'était lui, la lumière, qui allait nous sauver. On devait aussi faire des prières et penser à quelqu'un qui allait mal. Et on devait prendre sa souffrance. Donc, en tant que petit enfant, Faire des méditations très poussées, très avancées, sans penser à se protéger nous-mêmes, en fait. Parce que quand on fait ce genre de choses, maintenant, je fais de l'autocopation. Et en fait, je me rends compte, les exercices, c'est surtout s'apporter d'abord de la sécurité. Et ensuite, si on le souhaite, on va aider quelqu'un, par exemple. Mais là, c'était en tant qu'enfant, on devait donner de l'énergie, toute notre énergie. C'était vraiment déplacé. C'était vraiment déplacé. Et du coup...

  • Speaker #2

    Comme tu dis, c'est vraiment éteindre, entre guillemets, tous ces besoins d'enfant, même ses émotions, ses souffrances.

  • Speaker #1

    Oui, on n'en entrait pas. Et entre nous, on était aussi très durs. S'il y avait un qui pleurait, on allait le juger, on allait lui dire, lui, il est faible. Parce qu'on était en mode survie, en fait. On était vraiment des warriors.

  • Speaker #2

    Les petits soldats.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'était ça. En plus, on était censés être une élite qui allait sauver la planète. Et régulièrement, il racontait, à chaque fois qu'il y avait, c'était le passage de l'an, alors il disait l'année prochaine, ça va être la fin du monde. Et donc, il disait, il y a une bulle de protection autour du château de soleil. Et donc, quand on devait faire des méditations, on voyait cette bulle de protection et nous, on était à l'intérieur et les gens de l'extérieur allaient venir nous attaquer. Et donc, il y avait aussi tout ce truc par rapport au monde extérieur qui est mauvais. Il ne fallait pas avoir de contact avec le monde extérieur. On était entraînés aussi un peu en mode survie. On devait faire du carré. maté. À un moment donné, on a fait des randos vraiment en mode survie. Donc, il y avait toutes ces... J'en rigole, parce que c'est vrai que c'est drôle. Mais pendant des années, j'en ai fait des cauchemars, en fait. Et j'en ai parlé avec plusieurs de mes amis. On avait des rêves. C'est pas vraiment des cauchemars, mais il y a cette tension de fin du monde et je vais sauver la planète et sauver mes proches et partir. Donc,

  • Speaker #2

    c'est un rôle de sauveur déjà tout petit.

  • Speaker #1

    Oui, Il y a beaucoup à raconter sur cet enfant.

  • Speaker #2

    On a brisé ton identité depuis ta naissance. Comment fait-on pour se construire en allant chercher en soi lorsqu'on est destiné à être parfait, qu'on est justement, comme tu disais, le petit warrior ? Comment est-ce qu'on fait pour se rapporter de l'amour ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est très compliqué. Parce que j'ai envie de dire qu'il y a eu plusieurs phases dans ma vie. Et de la vingtaine à la trentaine, c'est vraiment toute une quête de savoir ce qu'on a envie de faire. En fait, moi, on m'a dit que j'allais être traductrice. Parce que je porte le nom Yudra, qui est un nom archaïque en tibétain, qui est le nom d'un traducteur du 8e siècle. Et donc, j'ai porté aussi cette... Cette destinée. Oui, cette destinée, voilà. Et en plus de ça, dans ma famille, il y a une grande tante qui était interprète et qui a créé l'école de la Sorbonne. Donc, il y avait à la fois une pression dans la secte et une pression familiale sur le fait que j'allais être une traductrice. Donc, je me suis toujours dit, je vais faire des grandes choses. Mais à un moment donné, il y a la réalité qui te tombe dessus. Et puis, voilà, j'ai rencontré mon compagnon à l'âge de 19 ans. Je suis tombée enceinte très rapidement. On a eu notre fille, on avait tous les deux 19 ans. Et là, en fait, les études, tout ça, tout est mis en stand-by. Tout est très compliqué, surtout que... Quand on a grandi dans une structure pareille, on n'a vraiment pas d'argent. Nos parents sont bénévoles depuis des années. Ils ne peuvent pas vraiment nous soutenir matériellement non plus. Mon compagnon ne venait pas de cette structure-là. Mais voilà, il y avait quand même ses parents avaient fait des choix de vie qui faisaient qu'ils ne pouvaient pas nous aider non plus. Donc, du coup, une grande frustration, une impression d'échec aussi. Une grande culpabilité de se dire, je n'ai pas fait ce pour quoi j'étais destinée. Et donc, voilà, moi, les premières années, j'ai décidé de m'occuper de ma fille. Puis, j'ai commencé à travailler dans les restaurants bio où mes parents avaient travaillé parce que c'était la structure. Quand on est venu en Belgique, comme on n'avait rien, notre seule option, c'était de retourner dans les bâtiments de la communauté, où il y avait les restaurants bio et les magasins bio, et on pouvait loger dans les chambres. Et donc là, on pouvait être nourri, logé avec notre enfant, et en échange, on participait aussi aux activités. Donc petit à petit, j'ai repris les activités dans le restaurant. Et une fois qu'elle a été à l'école, là, je me suis dit, c'est bon, là, je vais commencer mes propres études en traduction. Évidemment, je restais dans le même créneau.

  • Speaker #2

    Comment ça a été pris, le fait que tu sois enceinte par quelqu'un qui n'était pas de la secte ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai vraiment une chance incroyable parce que mon compagnon, il est vraiment, c'est quelqu'un de génial, d'hyper ouvert, hyper... Puis en fait, dès le début, il m'a aimée. En fait, c'est assez dingue parce qu'il était tout jeune, il avait 18 ans. Et il m'a dit, quoi qu'il arrive, je serai là. Et je n'y croyais pas. Mais oui, il a toujours été là, il est toujours là à côté de moi. Et oui, lui, il était censé aller étudier en Angleterre. Et il a abandonné ce projet-là pour me suivre. Et il m'a suivie dans la communauté. Il a habité dans la septe parce qu'on n'avait pas d'autre option. pour que je sois suivie médicalement parlant. Et comme je n'étais pas du tout déclarée au Portugal, il fallait que je retourne en France. Et puis après, on est venu vivre en Belgique. Et donc voilà, il m'a toujours suivie. Et donc lui, il a décidé de faire des études en cours du soir en promotion sociale, quand on est arrivé en Belgique. Et pendant ce moment, lui, il était aux études le soir. Il travaillait la journée, il étudiait le soir. Moi, j'étais avec notre fille. Dès qu'il a fini ses études, elle m'a... moi je me suis lancée dans mes études, donc on a fait un tour de rôle ça me m'a dit et en fait bizarrement par rapport à lui quand je l'ai rencontré j'ai été une fois chez lui et je l'ai vu jouer avec sa petite nièce et moi j'étais vraiment pas quelqu'un qui aimait les enfants, j'avais grandi entourée d'enfants j'avais dû me responsabiliser très tôt m'occuper de petits enfants et je m'étais toujours dit moi je n'aurai pas d'enfants avant mes 30 ans et je l'ai vu s'occuper de sa nièce avec beaucoup d'amour, beaucoup d'affection et je me suis dit tiens si un jour j'ai envie d'avoir un enfant ce serait le père parfait trois mois plus tard j'étais enceinte pour la petite histoire la puissance de la pensée et là ça va faire 20 ans qu'on est ensemble l'année prochaine magnifique et

  • Speaker #2

    comment sortons de l'emprise comment tu fais aujourd'hui pour te libérer et comment as-tu trouvé cette force de créer tes projets, créer ta famille, te libérer de cette secte et de cette idéalisation, enfin non c'est même pas idéalisation mais de ce schéma de pensée.

  • Speaker #1

    En fait, c'est un travail d'une vie. Déjà, sortir de l'emprise, ça a mis une dizaine d'années, je dirais. À un moment donné, quand j'étais dans ma vingtaine, il a commencé à y avoir des rumeurs qu'il y avait eu des abus sexuels. Mais en fait, il y avait déjà eu des rumeurs quand on était enfant. Il y avait déjà eu une grosse perquisition de police dans tous les centres. Et du coup, il y avait déjà des choses auxquelles on se doute. mais en même temps, comme on avait été tellement manipulés, on nous avait tellement obligés à ne pas douter du gourou. On devait faire des prières sur le lama racine, on devait se confesser si on avait des vues fausses. Donc en fait, on ne nous autorisait pas à douter. Donc ça va assez loin, ça a mis beaucoup de temps. Et une de mes amies a devenu bipolaire. Et elle a commencé à sortir beaucoup de... Elle a porté plainte, a raconté son vécu. Et du coup, au début, on n'arrivait pas trop à y croire parce qu'on n'arrivait pas à décerner ce qui était vrai, ce qui n'était pas vrai. Et puis, petit à petit, d'autres filles l'ont rejointe. Et donc là, il y a eu des grosses prises de conscience. Il y a eu un procès aussi qui a duré plusieurs années, qui a commencé en 2016, ici en Belgique. Et du coup, le fait... J'ai eu le choix de me porter partie civile. Moi, je n'ai pas voulu parce que les chefs d'accusation, c'était prise d'otage et kidnapping, prise d'otage, violence. Et je me sentais mal à l'aise de dire ça, malgré le fait que l'enfant... Je n'avais pas encore compris ce que j'avais vécu, en fait. Je n'avais pas intégré. Et d'un certain côté, je voulais protéger ma famille qui vit encore dans cette structure. Donc voilà, je me sentais mal à l'aise de le faire. Mais j'ai quand même été un maximum de séances et donc j'ai écouté tous les témoignages de mes amis, de tout ce qui s'est passé. Et petit à petit, en fait, c'est vraiment une grosse baffe qu'on se prend dans la gueule et on revoit toute cette enfance sous un autre regard. Et là, on se dit en fait, c'était pas normal. En fait, en tant qu'enfant, tu as le droit de vivre autre chose. Ce n'est pas normal de ne pas recevoir d'amour et d'affection dans ton enfance. Et toute cette violence, toute cette peur, toute cette manipulation mentale, ce n'est pas OK, en fait. Mais de là à s'en détacher, ça prend encore beaucoup de temps, parce qu'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de... Comment dire ? Ça allait très loin, en fait. Le gourou disait beaucoup de choses sur tout. Il avait des avis sur tout. Donc, parfois, tu tends un couteau à quelqu'un, ah non, le gourou a dit qu'il fallait tourner le couteau dans l'autre sens. Il y avait, sur chaque mode de vie, chaque manière de faire, il avait des... Et donc, du coup, parfois, on entend encore cette petite voix qui dit ah oui, non, mais ça, c'est comme ça. Et enfin, c'est pas possible, quoi. Il faut arrêter de penser comme ça. Ou comme je te dis, les rêves de fin du monde, où il y a le gourou qui est là, c'est encore pris un petit temps à s'en détacher. Donc, difficile.

  • Speaker #2

    Et j'imagine qu'il avait aussi réponse à toutes ces accusations.

  • Speaker #1

    Et en fait, c'était aussi lui qui décidait tout pour nous. Donc, nous, quand on était ados, c'était Cher papa, qu'est-ce que je vais faire dans ma vie ? Et là, il nous convoquait. Parfois, même, il convoquait tous les jeunes ensemble et il disait Alors, vous pouvez faire tel et tel métier, mais surtout pas celui-là, surtout pas celui-là. On n'était pas autorisés à faire des grandes études parce que ça ouvre trop l'esprit. C'était très bien de travailler dans les restaurants, dans les magasins. Il ne fallait pas faire trop d'études. Moi, j'ai eu énormément de chance d'être autorisée de faire ces études. Mais voilà, j'ai dû me battre pour étudier parce que j'ai fait par correspondance, toute seule. dans des conditions qui n'étaient vraiment pas évidentes. Et à un moment donné, quand il a dit que j'allais être traductrice, il m'a envoyé traduire un texte de tibétain toute seule, quand j'avais 16 ans, deux heures par jour. Pas du tout normal, quoi. Et voilà, quand je suis arrivée en master, je me suis rendue compte que ce n'était pas ce que j'avais envie de faire. Donc, j'ai travaillé un petit peu dans l'enseignement. Et puis, à chaque fois, je revenais dans le secteur de l'alimentation bio. D'une manière ou d'une autre. J'ai eu un projet où je faisais des petits muffins salés, je faisais des événements, des brocantes. Et avec une amie, on a eu l'idée d'ouvrir notre propre restaurant. Et donc là, on a été suivis par des structures d'accompagnement bruxelloises. On a lancé toutes les procédures. Puis en fait, ça n'a pas abouti finalement. Moi, je me disais, je vais faire des grandes choses dans ma vie. Je vais ouvrir mon restaurant. Puis en fait, ça ne se fait pas. Je me retrouve à retravailler dans le magasin bio qui est lié à la secte, alors que je ne vis plus là, que je me suis complètement détachée. Donc, ce n'est pas évident pour mon amour propre de me dire, en fait, je suis de nouveau là. Oh là là, qu'est-ce que je n'avance pas dans la vie. Mais besoin d'une stabilité financière avant tout. Et voilà, c'était proposé à moi. Voilà, c'est ça. C'était surtout ça.

  • Speaker #2

    Mais aujourd'hui, tu as la tête de l'épicerie bio Horta. On peut le dire qu'il y a un succès.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est ta propre révolution ?

  • Speaker #1

    Oui, alors Horta, c'est beaucoup de choses, évidemment. Pour moi, il y a aussi une quête d'identité et de créer mon propre projet personnel. Ne pas dépendre des autres, oui. Quand tu dirais évolution, c'est vrai que plutôt que de suivre le moule et de faire toujours ce qu'on me dit de faire, comme moi je l'ai fait. dans ma petite enfance et par après, pendant très longtemps. C'est vraiment me détacher de tout ça et créer mon propre projet, seule, pas tout à fait seule, parce que bien soutenue par mon compagnon. Mais oui, ça a été... Et puis c'est un projet qui est venu à moi, en fait. Je n'ai même pas vraiment choisi à ce moment-là. Je ne savais même pas vraiment ce que je voulais faire, si j'allais refaire un magasin ou plutôt un restaurant. Et... Et puis j'avais envie de retrouver mon identité. Je suis d'origine portugaise, mais je n'y ai jamais vécu. Donc j'ai choisi ce nom Horta, parce que ça veut dire potager en portugais. Et d'ailleurs, c'était assez mignon ce choix de nom, parce que quand j'en ai parlé à mes parents, mon père m'a dit que c'était le nom de la maison de ses grands-parents, qui était probablement au fond du jardin, dans le petit village en Alentejo. Mais du coup, je me suis dit, ça a du sens. Et à ce moment-là, j'ai été à Lisbonne une semaine en quête de producteurs, de trouver des chouettes petits produits, de découvrir plus la richesse de l'alimentation portugaise, de ce qu'on retrouve des produits là-bas locaux. Et moi aussi. Et donc, j'ai créé Horta. Mais finalement, c'est un petit bébé qui a grandi très, très, très vite et qui a pris une ampleur très grande, très rapidement. Parce que ça répondait à un réel besoin dans le quartier. Et donc, ce côté que j'avais envie d'apporter, cette touche portugaise, finalement, n'est pas prépondérante. C'est vraiment le petit plus. C'est... c'est vraiment devenu un magasin de quartier. On peut vraiment y trouver de tout. De la boulangerie, au service traiteur, aux produits surgelés, aux fruits et légumes, le vrac, il y a vraiment de tout. Oui,

  • Speaker #2

    mais il y a quand même, je trouve, une inspiration chaleureuse. Et comme tu dis, portugais, moi, je le ressens très fort. Parce que oui, c'est une épicerie de quartier, mais il y a toute ton identité qui est là, même si tu l'as transformée.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, on a rénové, mon compagnon et moi-même à deux. Et voilà, on a porté vraiment notre touche. On a récupéré plein de choses. Mon compagnon électricien, on a acheté des lampes au Danemark il y a six ans, dans une petite brocante. Et en fait, mon compagnon a un coup de cœur pour ces lampes. Finalement, c'est les petites lampes vertes qui sont sur notre comptoir. Ces trucs qu'on a traînés avec pendant super longtemps et qui, en fait, avaient tout à fait leur place dans notre vie. Et on trouvait leur place dans le magasin.

  • Speaker #2

    Parce que la déco,

  • Speaker #1

    même le papier peint,

  • Speaker #2

    il y a une ambiance.

  • Speaker #1

    Mais là, le papier peint, il y a une petite histoire derrière parce qu'en fait, on a décapé les murs. Et alors, la première pièce, il y avait des affiches vintage. On a gardé certains bouts qu'on voit d'ailleurs dans le magasin. On voit une petite madame comme ça à côté des bières. Je ne sais pas si tu as vu. Et donc,

  • Speaker #2

    quand on a vu, on avait regardé. Oui,

  • Speaker #1

    et je trouvais ça très mignon de garder des petits morceaux du passé. Et là, l'endroit où on a mis le papier peint vintage fleuri, en fait, je décapais les murs et il y avait un magnifique papier peint fleuri avec des fleurs rouges, dorées. Et je voulais trop le garder, mais il tombait en miettes et ce n'était pas récupérable. Et du coup, on s'est dit, en fait, pourquoi pas mettre un papier peint sur cette zone-là ? C'est comme ça que l'idée est venue.

  • Speaker #2

    Je trouve comme même symbolique que tu dis que tu gardes des petits morceaux du passé, mais que c'est toi qui transformes tout le reste.

  • Speaker #0

    Mais oui, tu es entièrement réellement.

  • Speaker #1

    Mais il me semble que pour le démarrage, tu t'es fait accompagner et que tu as fait un crowdfunding.

  • Speaker #0

    Comme j'avais eu mon projet de restaurant, j'avais déjà suivi un accompagnement. Donc, j'ai été directement toqué à la porte de mon coach de l'époque, qui vient de chez Village Partenaires, et qui a été super parce qu'il m'a tout de suite coachée. Comme c'était un magasin, c'était tout à fait autre chose, mais il a accepté. En fait, ce que je voulais dire, c'est que chez Village Partenaires, ils m'ont dit Ah non, on est booké Moi, je l'ai contacté directement et il m'a dit Bah oui, pas de problème, je viens la semaine prochaine Et donc, bam, on a repris comme avant. Pas là où on était, mais on a démarré le nouveau coaching. Et voilà, en fait, ça s'est fait très, très rapidement quand j'ai eu le local. Il a fallu se décider très rapidement et puis faire le choix de faire un magasin ou plutôt un café. Là, pour le coup, j'ai décidé de faire le magasin parce que comme je venais du magasin, j'avais géré un magasin pendant plusieurs années, j'avais acquis beaucoup de compétences. C'était plus logique pour moi et je pouvais aussi travailler seule. Donc, ça me permettait de ne pas engager de personnel parce qu'évidemment, je n'avais pas du tout le budget. Et donc, ce qui est génial, c'est qu'à Bruxelles, on a plein de structures d'accompagnement. Donc, j'ai découvert qu'il y avait une couveuse d'idées ici, chez Nomad. C'était en décembre, je crois que c'était 2021, je pense. Et du coup, je suis venue pour me faire coacher, pour rencontrer d'autres personnes. En fait, je voulais aussi avoir les stickers devant la devanture. Ça, ça permet de donner une visibilité, de donner de la curiosité aux gens qui passent devant. Et donc, je n'étais pas du tout au même niveau que les autres personnes qui faisaient cette couveuse d'idées. Parce qu'en général, c'est des gens qui veulent se lancer en tant qu'entrepreneurs. mais qui ne savent pas forcément ce qu'ils veulent faire. Donc, il y a du design thinking et des choses comme ça, trouver ses valeurs. Moi, j'avais déjà local. Je savais plus ou moins ce que je voulais faire. Après, j'avais des questions sur l'aménagement, etc. Mais du coup, ça m'a permis aussi d'être mise en contact avec des architectes de chez Hup qui peuvent aider par rapport à tout ce qui est législation, sur l'enseigne, plein de petites choses sur le parcours client, comment bien penser son parcours. clients. Donc, d'un côté, c'est vrai que j'avais déjà une expérience, mais c'est chouette de confronter ces idées avec d'autres personnes. Donc, vraiment, c'est une mine d'informations chez Hub Brussels. Il y a des petits syllabus avec plein de choses quand on veut lancer son business. Donc, ça, c'est une chose. Ensuite, j'ai décidé de faire un crowdfunding parce qu'au niveau des financements, on n'avait vraiment pas assez d'argent et on faisait nous-mêmes les travaux, mais pour le matériel, c'était vraiment pas possible d'investir autant. Et donc, là, de nouveau, j'ai été un petit peu coachée pour savoir comment faire un crowdfunding. Alors, j'ai dû me mettre en avant, faire une petite vidéo. Ça a été assez compliqué. Mais c'est vrai que dès qu'on fait une vidéo et qu'on se met en avant, ça attire beaucoup plus les gens, les gens sont beaucoup plus sensibles à l'humain, en fait.

  • Speaker #1

    La soutenir, le projet.

  • Speaker #0

    Oui. Et alors, je pense que c'est vrai que j'étais vachement, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup d'amis et que j'étais vraiment bien entourée. J'avais un super réseau. Dès le début, ça a explosé, en fait, mon crowdfunding. J'avais partagé en privé aux amis en disant attendez deux jours parce que normalement, t'es censé commencer. Et puis, quand il y a suffisamment, tu postes et là, tu lances. Et en fait, ça encourage les gens à participer s'ils voient qu'il y a des gens qui croient au projet. donc du coup les gens commençaient à partager dès le premier jour et je disais non attendez et en fait ça a décollé les deux premiers jours c'était la folie, moi je me suis dit bon je vais le mettre en mode public, ça ne vaut pas la peine d'attendre plus longtemps et du coup j'ai été très très étonnée parce qu'il y a eu étonné du bon côté parce qu'il y a eu énormément de gens du quartier qui ont participé, j'ai rencontré une cliente qui m'a expliqué qu'elle avait participé parce qu'elle est indépendante et elle s'est toujours dit que à partir du moment où son business fonctionnait suffisamment bien, tous les mois, elle allait aider un entreprise à soutenir quelqu'un. Je trouvais ça super beau, super inspirant. Je me suis dit, mais c'est génial, moi, elle m'a aidée. Et puis, un jour, moi aussi, je vais pouvoir aider d'autres personnes. C'était trop chouette d'avoir les échanges après, de demander aux gens comment est-ce qu'ils avaient participé ou des gens qui allaient habiter dans le quartier. Le dernier jour, j'ai un couple qui a participé. Mais un gros panier en fait. Et en fait, c'est juste qu'ils allaient emménager dans le quartier. Ils ont cherché les différents projets du quartier. Ils se sont dit, trop chouette, on a envie de soutenir ce projet. C'est vraiment incroyable. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est quand même recevoir beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'est pas évident. Parce qu'après, on se sent redevable par rapport aux gens. Donc encore aujourd'hui, j'ai des gens qui ne sont pas venus rechercher leur contrepartie. Et je pense qu'ils ont donné avec... beaucoup d'amour et de bienveillance et qu'ils ne cherchaient pas forcément, qu'ils voulaient me soutenir. Mais du coup, moi, je me sentais redevable. Et à chaque fois que je les vois, je me disais, non mais tu dois encore venir, ou alors je vais leur apporter des petits cadeaux pour compenser, parce que je n'aime pas me sentir redevable envers les gens. Mais c'est une grosse leçon.

  • Speaker #1

    Surtout recevoir de l'argent.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est vrai, si tu es dans le quartier ou même que tu aimes le projet.

  • Speaker #0

    C'était vraiment une très, très belle surprise.

  • Speaker #1

    Pourquoi l'humain peut être aussi très généreux ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, il ne faut pas rester tout seul. Il faut se bouger, aller solliciter les gens, ne pas avoir peur de parler de ses projets. Et c'est vrai que moi, on m'avait dit, tu peux faire un crowdfunding qui dure plus d'un mois. Mais je ne voulais pas. Je me sentais comme... Parce qu'évidemment, pour... continuer à faire des levées, parce qu'évidemment, il y a un boom, puis après ça retombe, et puis il faut relancer les gens sur les réseaux sociaux, il faut continuer à se mettre en avant. C'était vraiment pas mon truc, quoi. Et donc à un moment donné, j'ai fait un mois pile-poil, j'ai arrêté. Puis après, il y a encore des gens qui m'ont dit Ah, on aurait trop presque dissipé, c'est trop dommage. Donc il y a encore des gens qui m'ont encore refilé un petit billet, je dis Ah non, c'est pour moi ! C'est des gens de la famille ou quoi. Ah ouais, bon, c'est vraiment très chouette. Donc, il y a eu ça. Je me suis rendue compte aussi que j'avais un super réseau au niveau des autres magasins bio. Comme j'avais dans mon ancienne expérience, c'était moi qui allais à toutes les réunions des magasins bio indépendants et les commerçants aussi de Flagey. Donc, j'avais un réseau de commerçants que je connaissais. Et donc, j'ai aussi appelé à l'aide. J'ai dit, voilà, j'ai un commerce, j'ai une amie qui a un magasin bio qui m'a dit, moi, j'adore l'aménagement. On a fait ensemble les... plans. C'était super parce que quand t'es tout seul, tu te doutes énormément. Quand t'es à deux, on pense beaucoup plus. Donc c'était vraiment trop trop chouette. Et au début, j'appelais régulièrement, on lui disait tiens, je prendrais ça ou ça. Qu'est-ce que t'en penses ? C'était trop gai. Et puis elle m'a dit, il y a un autre magasin qui va fermer. Donc si tu veux récupérer des silos, acheter en deuxième main. Donc j'ai pu acheter plein de matériel aussi en deuxième main. Quand on cherche, on trouve plein de trucs. Donc ça aussi, c'était génial.

  • Speaker #1

    Et ton local, tu disais que... Tu t'es fait accompagner alors que tu avais déjà ton local. Comment ça se fait que tu l'avais déjà ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Alors ça, c'est aussi une histoire incroyable. En fait, nous, on a emménagé dans ce quartier il y a sept ans. Et en fait, il y avait ce local qui était un atelier d'artistes. La vitrine était complètement délambrée. L'intérieur était complètement délambré. Et moi, je passais devant tous les jours. Je me disais, c'est mignon cet endroit. Il y a du potentiel. Et un jour, je vois devant la porte une fille avec qui j'avais travaillé dans un de mes jobs alimentaires quand je travaillais chez Mama Roma, mais 15 ans avant. Moi, quand je travaillais au magasin bio, j'ai fait un petit burn-out sur la faim parce que je n'étais plus du tout dans les valeurs. Quand il y avait le procès, je ne me sentais plus du tout en phase avec ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Ni dans l'environnement.

  • Speaker #0

    Dans l'environnement. En fait, il fallait que je sorte de là, mais en même temps, je n'arrivais pas à quitter parce que j'avais l'impression que j'étais indispensable. Mais une fois que j'ai réussi à quitter cet endroit, j'étais dans une phase un peu compliquée. Mais voilà que deux mois plus tard, je croise la personne qui louait l'atelier, qui me dit qu'elle va probablement déménager et donc remettre le local au propriétaire. Et là, évidemment, ce n'est pas passé par l'oreille d'une sourde. Je lui ai dit, mais quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Elle m'a dit, je ne sais pas. Je lui ai dit, mais moi, on contacte avec le proprio. Donc, je n'étais absolument pas prête. Je n'avais pas du tout terminé mon travail pour régler mon burn-out. Je me suis précipitée sur l'occasion. Et en fait, c'était génial parce que le loyer n'était vraiment pas cher pour le quartier. Il n'y avait pas de fonds de commerce, pas de pas de porte. Alors oui, il était délabré. Il y avait quand même pas mal de travaux. Mais comme mon compagnon travaille dans le bâtiment, ça faisait beaucoup de sens pour nous. Et c'était la seule option pour moi de lancer mon business, c'était de trouver un endroit comme ça. Et donc, c'est pour ça que je dis que l'endroit est venu à moi et je n'ai pas eu le temps de réfléchir beaucoup. Il fallait vraiment y aller.

  • Speaker #1

    Est-ce que tes blessures, ton manque d'amour sont une force dans laquelle tu puisses ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas trop comment répondre parce que je sens ça plutôt comme une faiblesse en ce moment. Parce que je suis de nouveau dans une petite phase de pré-burnout. Alors, heureusement, j'ai réussi à m'en rendre compte avant d'aller trop loin. Comme j'ai expliqué, le lancement du magasin a été extrêmement intense et ça a décollé très, très rapidement. D'une certaine manière, je peux dire que je suis un peu victime de mon succès. Mais j'ai voulu continuer. En fait, je suis un peu une battante. Mais j'attends d'aller au bout de mes ressources. Et donc ça, c'est dangereux. Parce que du coup, quand c'est trop loin, c'est très difficile. Et du coup, on se sent beaucoup plus fragile. Et là, voilà. Du coup, c'est une force et une faiblesse. Voilà, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Mais justement, dans le succès de Horta, tu as une équipe que tu as construite.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui apparemment est extra-homé.

  • Speaker #0

    Oui. C'était le quotidien qui... Voilà, en fait, ça a mis pas mal de temps à trouver un équilibre. On est encore en train de trouver un équilibre, mais au départ, j'ai vraiment commencé toute seule pendant plusieurs mois. Et puis, ça a mis pas mal de temps avant que je commence à engager. Et au début, mes employés avaient tous des projets sur le côté. Donc, ils faisaient des mi-temps. Donc, c'était difficile de déléguer réellement. Et depuis l'année passée, j'ai une personne qui est à temps plein, et puis il est plus étudiant, plus de mi-temps. Et alors là, vraiment, ça fait quelques mois, depuis que moi, j'ai dû me mettre un tout petit peu en retrait, parce que c'était trop.

  • Speaker #1

    Tu dis que c'était trop aussi parce que tu es en train de déconstruire aussi toute ton histoire d'enfance, l'amour de toi et tout. Et donc finalement, tu as délégué, tu t'es donné de l'amour. Et du coup, tu laisses la place à ton équipe ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, j'ai une manière de gérer qui était un peu problématique, dans le sens où j'avais tellement peur qu'ils me lâchent que j'allais tout autoriser, en fait. Enfin, pas tout autoriser, mais ils avaient besoin de partir et moi, j'allais compenser. Donc, c'est aussi ça qui a été problématique dans mon épuisement, parce que je me suis épuisée. En fait, le magasin est ouvert du mardi au dimanche. J'étais là tous les jours, du matin au soir. Et le lundi, je devais faire les commandes. Donc, en gros, je travaillais 7 jours sur 7, 14 heures par jour. Et quand l'équipe a commencé à venir, je ne quittais pas mon poste au magasin parce que j'avais besoin de voir que tout fonctionne bien. C'est moi qui faisais toutes les commandes, tout ça. Et puis, petit à petit, je pouvais m'absenter quelques heures au bureau, mais ce n'était pas tout à fait suffisant. Et dès qu'il y avait quelqu'un qui était absent, je continuais à revenir travailler. Donc maintenant, je y vais toujours. Mais l'équipe est suffisamment grande, autonome, et c'est ça qui est génial en fait. Je voulais que chacun puisse être valorisé par rapport à ses qualités. Et donc, il y a beaucoup de polyvalence dans un petit magasin comme ça, parce qu'il y a la partie barista, il y a la partie mise en avant des produits, il y a la déco vitrine, il y a la cuisine. Et du coup, je vais chercher les qualités des uns et des autres. Essayer de valoriser ça en fait. Marie par exemple qui faisait les fleurs, elle au début elle voulait avoir ce projet-là en parallèle, maintenant elle a décidé de travailler plus, de s'investir plus au magasin. Cette employée a un côté artistique très développé, elle aime bien faire les vitrines et tout, donc maintenant je lui donne tout à fait la responsabilité de la déco des vitrines. Je lui ai offert une petite formation pour apprendre à bien faire ses vitrines. Ma chef, je lui ai offert une formation sur la lactofermentation. Une autre des employés, je lui ai proposé de faire une formation sur le montage vidéo pour qu'on développe nos propres réseaux sociaux petit à petit. Et du coup, c'est des retours que j'ai de la part de mon équipe où ils me disent que c'est la première fois de leur vie qu'ils ont envie de vraiment s'investir dans le magasin.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille.

  • Speaker #0

    C'est une grande famille.

  • Speaker #1

    Chacun son rôle à jouer.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant que finalement, je travaille avec plusieurs de mes amis. J'ai trois de mes amis d'enfance, des amis qui remontent, des amitiés qui viennent d'y à longtemps. Et en général, ce n'est pas vraiment ce qu'on recommande dans des entreprises. Mais pour le moment, ça fonctionne super bien.

  • Speaker #1

    C'est chouette parce que finalement, tu donnes la place à chaque. Et comme toi, tu as recherché ton identité, peut-être que tu les aides aussi à se trouver dans le magasin, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, j'essaye de respecter ça un maximum, de les écouter. Et puis une stabilité aussi pour eux. Et voilà, un cadre de travail qui soit agréable.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as des éléments, des ingrédients indispensables à ton bien-être aujourd'hui, dans toute cette frénésie ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une question très difficile que tu me poses. Parce que je n'ai jamais vraiment pensé à moi dans ce sens-là. Je me suis toujours adaptée aux autres, que ce soit ma famille, ma fille, mes beaux-parents, mes parents. Il y a vraiment un truc où parfois je suis au bout, mais je vais encore forcer pour faire plaisir ou pour suivre les autres. C'est un travail que je suis en train de faire encore actuellement. Mais je me rends compte que maintenant, j'ai besoin de moments de solitude, de moments pour moi. Oui, parce qu'en fait, j'ai trop tous les jours et du coup, j'ai besoin de m'isoler un peu. À terme, j'aimerais un week-end par mois sortir de Bruxelles, mais ce n'est absolument pas possible en ce moment. Je passe encore tous mes week-ends au magasin. Voilà, c'est très rare. Et du coup, je n'arrive pas du tout encore à atteindre cet équilibre. Mais aujourd'hui, tous les mercredis matins, je ne dois plus aller au magasin. Donc ça, c'est vraiment mon petit moment à moi. Pas mal. Oui, mais alors bon, on est aussi en train de grandir et on va ouvrir un café dans les prochains mois. Donc il y aura... Oui. Voilà, on va avoir encore une phase d'adaptation. Mais pour le coup, j'ai déjà les mises en garde et les red flags. Donc, je sais un peu ce que je ne dois pas faire. Du coup, ma priorité maintenant, c'est de rendre le magasin le plus autonome possible pour passer à l'autre côté. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te fait tenir ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai quand même pas mal de force et de détermination. Et du coup, il y a des jours très très difficiles, mais après je reste pas là-dessus. Le lendemain, on repart à zéro et on fait table rase et c'est une nouvelle journée.

  • Speaker #1

    Toi qui baignes de l'alimentation bio depuis toute ton enfance, quels manjeux es-tu ?

  • Speaker #0

    Une grande question, moi je m'enleve de tout non c'est pas vrai je dis n'importe quoi en fait j'ai un rapport à la nourriture c'est marrant parce que plusieurs de mes amis en savent aussi, on adore la bonne nourriture comme on a un peu manqué de bonne nourriture quand on était enfant je ne l'ai pas trappé On s'en rattrape. Et donc, c'est vrai qu'il y a eu toute une phase où j'ai vraiment été végétarienne toute mon enfance, jusqu'à ma vingtaine. Du coup, je me suis intéressée un peu à la cuisine végane, sans pour autant être vegane. Maintenant, j'ai introduit du poisson, un peu de viande. Je ne cuisine pas énormément de viande, mais c'est pour ça que je dis que je mange un peu de tout. En hiver, je vais aimer les plats réconfortants, tout en un. Ça peut être une moqueca ou un ragoût. Et puis en été, j'aime bien les plats où il y a plein de petites salades, que c'est coloré, que c'est beau. En fait, j'ai tendance à ne pas prendre le temps de manger. Ça, c'est mon problème. Je suis toujours trop dans le stress. Et le matin, je sautais toujours mes petits-déj. Le midi, depuis que j'ai le magasin, au début, je ne mangeais quasiment pas à midi. C'était devenu un peu un problème. Et du coup, je mangeais plus le soir. Mais manger puis se coucher, ce n'est pas top en fait. du coup voilà maintenant j'essaie de faire très attention de prendre des petits déj salés protéinés et aussi prendre le café après avoir mangé et pas avant parce que d'abord je prenais le café et bam on attaque donc ça c'est vraiment quelque chose que je suis en train de de faire plus attention à ma santé en fait physique et mentale parce que voilà c'est entièrement lié Donc c'est vrai que j'avais tendance à plus m'occuper des autres, à vouloir accueillir les gens, à bien cuisiner, mais pas vraiment beaucoup penser à ma propre santé, à ma propre alimentation. Donc voilà. Oui, avant, en fait, par rapport toujours à cette question de nourriture, quand on était jeune, on n'avait pas l'argent pour aller au restaurant, donc on ne pouvait pas se permettre d'aller au resto. Aujourd'hui, j'aime bien découvrir la cuisine de tel ou tel chef. de se faire plaisir de temps en temps, de découvrir des nouvelles choses. J'adore, oui.

  • Speaker #1

    Tu as des recettes chouchou ?

  • Speaker #0

    Mais j'en ai plein, c'est ça le problème. Comme tu m'as parlé de ça, du coup, j'ai pensé à quelque chose hier. Ma grand-mère faisait un riz à la tomate. Et voilà, j'ai ce souvenir de ce riz à la tomate qui était incroyable. Et en fait, elle me racontait qu'entre Porto et Lisbonne, Quand il n'y avait pas encore l'autoroute, il y avait l'ancienne route qui faisait ce trajet-là. Et eux, ils prenaient cette route régulièrement. Et à mi-chemin, il y avait un petit restaurant qui faisait un riz à la tomate. Et toutes les 20 minutes, ils avaient un nouveau batch qui sortait du riz à la tomate. Donc, il était parfait. Il était encore bien babade, comme on dit en portugais, un peu moelleux. Enfin, voilà, un peu comme un risotto. Même si les rizs portugais ne sont pas tout à fait comme les rizs italiens. Et du coup, c'est un riz où il y a de l'ail, il y a la coriandre. tomate, c'est trop bon. J'ai eu ce petit souvenir comme ça qui m'a fait plaisir. Du coup, j'en ai fait un hier et j'étais trop contente. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. C'était un petit plaisir.

  • Speaker #1

    Je serais trop intéressée une fois de cuisiner avec toi.

  • Speaker #0

    Ah ! Je ne suis jamais une recette.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plein de recettes dont tu m'as déjà parlé. qui ont l'air assez fantastiques.

  • Speaker #0

    Si tu veux, on se fera une moukaka de poisson, comme tu as habité au Brésil, je pense que tu aimeras.

  • Speaker #1

    Enfin... Très bonne idée. Est-ce que tu as des rêves impossibles ou plus terre à terre, très proches ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est déjà trouver une stabilité là où je suis. Et donc, comme on est encore en pleine évolution, c'est déjà réussir à tout mettre en place et faire en sorte que cela fonctionne bien. Pour le moment, je ne m'autorise pas trop de grands rêves parce qu'il faut pouvoir... Voilà, trouver cet équilibre. Moi, en fait, dès qu'on me parle d'un projet, je suis toujours emballée, j'ai toujours envie de tout faire. Voilà, je ne sais pas, tout est ouvert. Donc, je crois que je t'en avais déjà parlé, mais la dernière fois que j'étais à Lisbonne, on était dans un bar à vin avec des copines. Et on a vu juste en face, il y avait un petit coin de rue super mignon avec des ajoulèges, des joues verts. Et puis, on a regardé et on s'est fait, ça pourrait être un hortin à Lisbonne. Du coup, j'ai été voir longtemps. L'endroit a été vide depuis quelques années. Et puis, j'ai été poser quelques questions. Visiblement, il n'y a pas de projet qui va se développer dans un futur. Et du coup, je me suis dit, peut-être un jour. Mais voilà, si je suis réaliste, ce n'est vraiment pas le moment. Ce n'est vraiment pas... Mais qui sait, peut-être qu'il y aura une connexion qui va se faire à un moment donné ou pas. Mais voilà, en tout cas, rêver de ça et se dire en tant qu'entrepreneur, en fait, on peut tout faire. Voilà, c'est super chouette, quoi. C'est vrai que moi j'ai eu une chance incroyable qu'au moment où j'ai lancé Horta, il y a tellement d'opportunités qui se sont ouvertes à moi. À la base, j'avais très peur de lancer le projet. Je me disais, mais en fait, je vais être coincée toute ma vie. Je vais rester à ma petite caisse, à jouer à la marchande. Alors j'aime ce que je fais, mais ce n'est pas non plus si gratifiant que ça. J'ai envie d'autre chose, c'est sûr. Et donc, il y a tellement de portes qui s'ouvrent. Presque chaque semaine, on me fait des propositions. Et à chaque fois, je me dis, trop bien. en fait. On va se calmer. On va se calmer.

  • Speaker #1

    Entre guillemets, si tout est fluide, c'est que tout est là et tout est prêt à être accueilli.

  • Speaker #0

    Je crois que le plus grand rêve, ça va être de trouver un équilibre et de pouvoir me détacher aussi de ce bébé. Ce qui est très chouette avec les magasins de quartier, c'est qu'on accompagne les gens, en fait. Moi, depuis que j'ai ouvert, il y a des couples qui se sont formés, il y a des bébés qui sont nés, on voit les enfants grandir, on crée une relation avec nos clients et c'est vraiment trop chouette. Des clients qui deviennent des amis et eux, ils sont intéressés par le développement des projets. Donc, c'est vraiment très, très chouette. Il y a une chouette synergie. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui me manque un peu maintenant que je suis moins en magasin. Il y a certains horaires où je ne suis plus là pendant l'heure de midi, donc certains clients que je ne vois absolument plus. Et donc, parfois, je pense à eux. Et ce que je fais, c'est que quand je pense à eux, très souvent, le lendemain, je vais au magasin et je les croise.

  • Speaker #1

    Je pensais à vous.

  • Speaker #0

    Comment ça ? Mais oui !

  • Speaker #1

    Oui, en fait, j'ai l'impression que tu t'es créé une grande famille ou un petit village à toi.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    dont tu avais besoin peut-être pour acheter ton autre village ?

  • Speaker #0

    Je dois te dire un truc, c'est complètement fou, parce que maintenant, où que j'aille, il y a des clients hors-tasse. Ah ! Oui, oui, n'importe où. À Bruxelles, je tombe sur des clients du magasin. J'étais à Paris, début avril, je louais un petit appart d'une amie, et dans la rue, je suis tombée sur un client qui est retourné vivre à Paris, qui habite dans cette rue-là. J'ai une de mes employées qui est partie au Japon la semaine... Elle est partie au Japon le mois passé. En plein milieu de Tokyo, elle est tombée sur une cliente du magasin. Elles se sont croisées en fait. Alors là, c'est complètement... C'est chouette.

  • Speaker #1

    Un tout grand merci, Lebra.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était un très bon témoignage. J'en ai soif.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Dans ce nouvel épisode de Bombo, je pousse la porte de chez Horta, épicerie bio de quartier à Forest à inspiration portugaise. Youdra s’ouvre à moi et à vous aujourd’hui sur son enfance dans la secte OKC après des années de silence, un procès et une longue reconstruction.


Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille Horta. Famille en qui elle a puisé sa détermination d’abord avec son mari, sa fille et ensuite sa liberté, son projet avec ses clients et son équipe.


Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités car comme Youdra, s’entourer d’êtres que nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute !


Retrouvez Horta - épicerie bio à Forest :

Avenue Wielemans Ceuppens 190 à Forest, Bruxelles

Du mardi au dimanche


Sur Instagram : https://www.instagram.com/epiceriehorta/

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Bombo, le podcast, donne la parole à des passionnés, des rêveurs, des artistes afin de créer, questionner et propager la joie ! Le propos de mes invité.e.s n’a pas la valeur d’expertise mais est le reflet de leur vécu, leur liberté et leur intimité. 

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Bombo est une émission créée par Frédérique Scarnière

Générique : Frédérique Scarnière sur une musique composée par Christophe Gérard.

Montage et mixage : Frédérique Scarnière.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le monde de bonbots. Un monde de bons et de beaux. Ici, on écoute nos frissons, nos palpitations. On se délecte de ses sensations et en oeuvre pour les transmettre. Dans cette tribu de passionnés, on danse la vie, on dévore le monde et on croque l'aventure à pleine bouche. Je suis Frédéris Carnière. et je suis moi-même une exploratrice de la vie. Mes invités sont des explorateurs du goût, des chercheurs d'or, des chefs d'orchestre, des artistes, des passionnés. À travers mes mots ou les leurs, je vous invite à voyager avec passion. Bienvenue dans le gargouillis de nos cœurs. Dans ce nouvel épisode de Bonbo, je pousse la porte de chez Horta. Une épicerie bille aux deux quartiers, à forêt, à inspiration portugaise. Ludra s'ouvre à moi et à vous aujourd'hui sur son enfance dans la secte au cassé. Après des années de silence, un procès et une longue reconstruction. Petite fille exemplaire et docile, elle utilise cette peur et cette force pour construire son indépendance, son épicerie, son café, son espace traiteur et sa grande famille hortale. famille en qui elle a puisé sa détermination, d'abord grâce à son mari et sa fille, et ensuite sa liberté, son projet, grâce à ses clients et son équipe. Je vous invite à créer cette grande famille avec moi, avec mes invités, car comme Yudra, s'entourer d'êtres qui nous portent loin amène forcément à se libérer. Bonne écoute. Bonjour Yudra.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui tu vas me livrer un témoignage que j'espère va te libérer et libérer aussi la parole au tabou. Aujourd'hui ton succès, elle résulta peut-être d'une fuite, d'un contexte fait de haut et de bas et surtout d'une force inébranlable. Tout n'est pas acquis et tu es ici pour prouver que se choisir soi, c'est là que tout commence.

  • Speaker #1

    Excuse-moi, ça me touche beaucoup. Merci pour cette entrée en la matière. J'ai parfois du mal avec les compliments, donc ça me touche beaucoup.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir et ça me touche beaucoup que je puisse te permettre de lâcher. Merci. Est-ce que tu peux nous expliquer quelle petite fille étais-tu et quelle enfance as-tu vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un vaste sujet. Moi, je suis née dans la secte au Cassé. Mes parents se sont déjà rencontrés dans la secte, donc je n'ai rien connu d'autre. Et en fait, à l'âge de 3 ans, les enfants étaient envoyés au sud de la France. Nos parents habitaient en Belgique, ils travaillaient dans des magasins bio et des restaurants bio et végétariens. Et ils étaient bénévoles, en fait. Et nous, on était éduqués. dans un espèce d'internat qui était un monastère pseudo-bouddhiste. Et on avait là une éducation très stricte. Nos journées étaient organisées d'une manière où on avait très peu de temps pour nous. Dès le matin, on avait des heures de prière, on avait les stages, on travaillait en fait. Dès l'âge de 6 ans, on devait travailler. Il y avait beaucoup d'activités différentes, on participait aux activités de l'endroit. Donc on faisait la cuisine, le ménage, aller chercher le bois dans la forêt, dépierrer les champs, s'occuper du potager, s'occuper des animaux, des vaches, traire les vaches, faire le fromage. On allait chercher les plantes pour faire la cueillette, faire sécher les plantes pour faire les tisanes. Donc voilà, il y avait toute une série d'activités. On avait beaucoup de prières encore le soir, on avait des heures de prière, on avait l'école le matin. Mais voilà, tout tournait autour de la prière et des activités. Et alors, on avait des responsables qui s'occupaient de nous. Les responsables, en fait, on était une soixantaine d'enfants pour cinq, six responsables. Et ils étaient avec nous sept jours sur sept, 24 heures sur 24. L'image était merveilleuse. Donc, nos parents étaient persuadés que c'était le meilleur choix qu'ils avaient fait dans leur vie de nous envoyer là-bas. Parce que de l'extérieur, c'était magnifique. Il faudrait que je te montre une photo, c'est au sud de la France, dans les Alpes de Haute-Provence. C'est entouré de montagnes, un château, un vieux château et une bergerie qui était notre école. Donc oui, ça paraît vraiment idyllique, un potager, les vaches et tout. Sauf que voilà, il y avait énormément de violence. Les responsables n'étaient pas formés en fait pour s'occuper d'enfants. Et ils étaient débordés. Ils devaient s'occuper de nous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc, ce n'est pas comme si nous, on était déposés à l'école. Et donc, que ce soit au niveau de la prière, de la vie et de l'école, on était tout le temps punis, en fait. Il y avait vraiment une peur de la punition. La punition était assez extrême. Si on parlait le soir dans son lit, on était envoyés. à l'arbre au Manor et parfois les responsables s'endormaient et on restait là toute la nuit avec les sangliers à côté de nous. Il y avait des punitions, on devait nettoyer les escaliers du château. Mais on était tout petits pendant un mois pour nettoyer nos péchés. Il y avait un rapport malsain, malgré le fait que ce soit du bouddhiste, soi-disant bouddhiste. Il y avait vraiment un rapport malsain par rapport au karma. Donc du coup, c'était vraiment le péché, la confession. Il y avait toute une manipulation mentale qui était exercée sur nous, en fait. Et puis il y avait ce gourou qui avait une place énorme, c'était lui le sauveur. C'est quelqu'un qui est parti en Inde et qui est revenu en disant qu'il avait eu des transmissions de l'esprit de l'ama tibétain. Et donc, voilà, il venait avec tout ce cérémonial tibétain. Et effectivement, on allait à la prière, on chantait en tibétain. J'ai appris à parler et lire le tibétain à l'âge de 8 à 10 ans. Il a créé des mantras à son nom qu'on devait invoquer plusieurs fois par jour. On devait penser à lui. C'était lui notre sauveur. Si on allait mourir ou le soir avant de se coucher, il fallait l'invoquer. Donc, c'était vraiment la figure paternelle. Il était omniscient, omniprésent. C'était lui, quoi. Et... Quand on venait à Bruxelles et qu'on voyait nos parents ou quand ils venaient faire des séminaires en France, c'était la folie, c'était le branle-bas de combat. Tout le monde s'habillait bien, on nettoyait tout de fond en comble. On se prosternait devant lui. Et alors, à chaque fois qu'il sortait une nouvelle chose, un jour, il a décidé, il faut casser toutes les montres parce que les montres, c'est la technologie, c'est mauvais. Tout le monde est sorti de l'enseignement et a été cassé des montres. Il y avait un espèce d'énergie comme ça. Dès qu'il disait quelque chose, tout le monde suivait. C'est marrant ce truc de manipulation, parce qu'aujourd'hui, mes parents, ils se disent mais non, pas du tout. On n'était pas du tout là-dedans ou on n'était pas du tout aussi manipulés. On était libre de faire ce qu'on voulait. Alors en fait, ce n'était pas du tout le cas. Ils créaient les couples, ils défisaient les couples. Il y avait vraiment tout. C'était vraiment quelque chose d'assez dingue. Celui qui décidait qui allait travailler à quel poste dans les restaurants ou dans les magasins. C'était dingue. qui allaient être responsables des enfants. Donc, il y a eu des responsables qui se sont occupés des enfants, qui n'étaient pas, qui avaient travaillé dans l'armée, qui avaient été dans l'armée, qui étaient extrêmement violents avec les enfants. Le groupe des garçons a eu un éducateur qui les tabassait, qui tapait la tête dans la douche. Il y a un éducateur qui a tapé dans la tête d'un gamin, qui s'est même percé un mur, quoi. Donc, il y a eu des trucs vraiment très, très, très violents. Donc, tout ça pour dire... Quel type d'enfant j'ai été ? Mais en fait, j'étais une enfant, je pense que j'étais assez sensible, mais je me suis fait une espèce de carapace pour tenir, en fait. Et donc, j'étais un peu l'enfant modèle. Je faisais tout bien. Si les professeurs ou les responsables disaient qu'il fallait faire ça, j'allais être vraiment l'enfant exemplaire. On allait souvent me prendre comme exemple, d'ailleurs, dès qu'il y avait des inspecteurs qui venaient. C'était toujours moi qu'on allait demander de faire bonne figure. Mais je vivais avec cette peur d'être punie. Et il y avait toujours beaucoup d'injustice. Même si c'était quelqu'un d'autre qui avait fait une bêtise, on était tous punis. Les punitions étaient souvent collectives. Donc, il y avait quand même une peur très grande. Et alors, ce qui est assez intéressant, c'est que nos parents, quand ils venaient en vacances, ils avaient l'impression qu'on était heureux. Parce qu'évidemment, en tant qu'enfant, on était heureux. On ne va pas montrer la souffrance, même on ne se rend même pas compte, on ne connaît rien d'autre en fait. Donc on fait avec, on rigole des punitions qu'on a eues avec nos parents, qui ne se rendent absolument pas compte de la violence et de la gravité en fait, et de la maltraitance. Il y avait aussi beaucoup de punitions liées à la nourriture. Oui, vraiment, si on avait parlé au temple, alors on ne pouvait pas manger le petit déjeuner. Il y avait vraiment beaucoup de choses. Puis si on ne mangeait pas... On avait des chefs qui cuisinaient macrobiotiques et à chaque fois, ils partaient dans des tripes de... manger que des germes ou manger que du riz complet ou manger que des légumes cuits à l'eau. Alors, des navets cuits à l'eau et des betteraves, c'était vraiment pas bon. Du coup, il y avait beaucoup d'entre nous qui étaient très minces. Une fois, il y a eu des inspecteurs qui sont venus. Oui, ils pensaient qu'on était maltraités. Enfin, on l'était. Je suis encore en train de protéger.

  • Speaker #2

    En même temps, je pense que c'est normal, à partir du moment où tu n'as pas vécu autre chose,

  • Speaker #1

    de penser que c'est normal,

  • Speaker #2

    en fait. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Oui, alors tous les soirs avant de se coucher, on devait... En fait, il y avait aussi toute la manipulation psychologique et toute la partie mystique, en fait, qui était très présente. Et donc, par exemple, le soir avant de se coucher, on devait faire une prière et invoquer le lama racine, c'était le lama racine, qui allait nous aider au cas où on mourrait. Et du coup, c'était lui, la lumière, qui allait nous sauver. On devait aussi faire des prières et penser à quelqu'un qui allait mal. Et on devait prendre sa souffrance. Donc, en tant que petit enfant, Faire des méditations très poussées, très avancées, sans penser à se protéger nous-mêmes, en fait. Parce que quand on fait ce genre de choses, maintenant, je fais de l'autocopation. Et en fait, je me rends compte, les exercices, c'est surtout s'apporter d'abord de la sécurité. Et ensuite, si on le souhaite, on va aider quelqu'un, par exemple. Mais là, c'était en tant qu'enfant, on devait donner de l'énergie, toute notre énergie. C'était vraiment déplacé. C'était vraiment déplacé. Et du coup...

  • Speaker #2

    Comme tu dis, c'est vraiment éteindre, entre guillemets, tous ces besoins d'enfant, même ses émotions, ses souffrances.

  • Speaker #1

    Oui, on n'en entrait pas. Et entre nous, on était aussi très durs. S'il y avait un qui pleurait, on allait le juger, on allait lui dire, lui, il est faible. Parce qu'on était en mode survie, en fait. On était vraiment des warriors.

  • Speaker #2

    Les petits soldats.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'était ça. En plus, on était censés être une élite qui allait sauver la planète. Et régulièrement, il racontait, à chaque fois qu'il y avait, c'était le passage de l'an, alors il disait l'année prochaine, ça va être la fin du monde. Et donc, il disait, il y a une bulle de protection autour du château de soleil. Et donc, quand on devait faire des méditations, on voyait cette bulle de protection et nous, on était à l'intérieur et les gens de l'extérieur allaient venir nous attaquer. Et donc, il y avait aussi tout ce truc par rapport au monde extérieur qui est mauvais. Il ne fallait pas avoir de contact avec le monde extérieur. On était entraînés aussi un peu en mode survie. On devait faire du carré. maté. À un moment donné, on a fait des randos vraiment en mode survie. Donc, il y avait toutes ces... J'en rigole, parce que c'est vrai que c'est drôle. Mais pendant des années, j'en ai fait des cauchemars, en fait. Et j'en ai parlé avec plusieurs de mes amis. On avait des rêves. C'est pas vraiment des cauchemars, mais il y a cette tension de fin du monde et je vais sauver la planète et sauver mes proches et partir. Donc,

  • Speaker #2

    c'est un rôle de sauveur déjà tout petit.

  • Speaker #1

    Oui, Il y a beaucoup à raconter sur cet enfant.

  • Speaker #2

    On a brisé ton identité depuis ta naissance. Comment fait-on pour se construire en allant chercher en soi lorsqu'on est destiné à être parfait, qu'on est justement, comme tu disais, le petit warrior ? Comment est-ce qu'on fait pour se rapporter de l'amour ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est très compliqué. Parce que j'ai envie de dire qu'il y a eu plusieurs phases dans ma vie. Et de la vingtaine à la trentaine, c'est vraiment toute une quête de savoir ce qu'on a envie de faire. En fait, moi, on m'a dit que j'allais être traductrice. Parce que je porte le nom Yudra, qui est un nom archaïque en tibétain, qui est le nom d'un traducteur du 8e siècle. Et donc, j'ai porté aussi cette... Cette destinée. Oui, cette destinée, voilà. Et en plus de ça, dans ma famille, il y a une grande tante qui était interprète et qui a créé l'école de la Sorbonne. Donc, il y avait à la fois une pression dans la secte et une pression familiale sur le fait que j'allais être une traductrice. Donc, je me suis toujours dit, je vais faire des grandes choses. Mais à un moment donné, il y a la réalité qui te tombe dessus. Et puis, voilà, j'ai rencontré mon compagnon à l'âge de 19 ans. Je suis tombée enceinte très rapidement. On a eu notre fille, on avait tous les deux 19 ans. Et là, en fait, les études, tout ça, tout est mis en stand-by. Tout est très compliqué, surtout que... Quand on a grandi dans une structure pareille, on n'a vraiment pas d'argent. Nos parents sont bénévoles depuis des années. Ils ne peuvent pas vraiment nous soutenir matériellement non plus. Mon compagnon ne venait pas de cette structure-là. Mais voilà, il y avait quand même ses parents avaient fait des choix de vie qui faisaient qu'ils ne pouvaient pas nous aider non plus. Donc, du coup, une grande frustration, une impression d'échec aussi. Une grande culpabilité de se dire, je n'ai pas fait ce pour quoi j'étais destinée. Et donc, voilà, moi, les premières années, j'ai décidé de m'occuper de ma fille. Puis, j'ai commencé à travailler dans les restaurants bio où mes parents avaient travaillé parce que c'était la structure. Quand on est venu en Belgique, comme on n'avait rien, notre seule option, c'était de retourner dans les bâtiments de la communauté, où il y avait les restaurants bio et les magasins bio, et on pouvait loger dans les chambres. Et donc là, on pouvait être nourri, logé avec notre enfant, et en échange, on participait aussi aux activités. Donc petit à petit, j'ai repris les activités dans le restaurant. Et une fois qu'elle a été à l'école, là, je me suis dit, c'est bon, là, je vais commencer mes propres études en traduction. Évidemment, je restais dans le même créneau.

  • Speaker #2

    Comment ça a été pris, le fait que tu sois enceinte par quelqu'un qui n'était pas de la secte ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai vraiment une chance incroyable parce que mon compagnon, il est vraiment, c'est quelqu'un de génial, d'hyper ouvert, hyper... Puis en fait, dès le début, il m'a aimée. En fait, c'est assez dingue parce qu'il était tout jeune, il avait 18 ans. Et il m'a dit, quoi qu'il arrive, je serai là. Et je n'y croyais pas. Mais oui, il a toujours été là, il est toujours là à côté de moi. Et oui, lui, il était censé aller étudier en Angleterre. Et il a abandonné ce projet-là pour me suivre. Et il m'a suivie dans la communauté. Il a habité dans la septe parce qu'on n'avait pas d'autre option. pour que je sois suivie médicalement parlant. Et comme je n'étais pas du tout déclarée au Portugal, il fallait que je retourne en France. Et puis après, on est venu vivre en Belgique. Et donc voilà, il m'a toujours suivie. Et donc lui, il a décidé de faire des études en cours du soir en promotion sociale, quand on est arrivé en Belgique. Et pendant ce moment, lui, il était aux études le soir. Il travaillait la journée, il étudiait le soir. Moi, j'étais avec notre fille. Dès qu'il a fini ses études, elle m'a... moi je me suis lancée dans mes études, donc on a fait un tour de rôle ça me m'a dit et en fait bizarrement par rapport à lui quand je l'ai rencontré j'ai été une fois chez lui et je l'ai vu jouer avec sa petite nièce et moi j'étais vraiment pas quelqu'un qui aimait les enfants, j'avais grandi entourée d'enfants j'avais dû me responsabiliser très tôt m'occuper de petits enfants et je m'étais toujours dit moi je n'aurai pas d'enfants avant mes 30 ans et je l'ai vu s'occuper de sa nièce avec beaucoup d'amour, beaucoup d'affection et je me suis dit tiens si un jour j'ai envie d'avoir un enfant ce serait le père parfait trois mois plus tard j'étais enceinte pour la petite histoire la puissance de la pensée et là ça va faire 20 ans qu'on est ensemble l'année prochaine magnifique et

  • Speaker #2

    comment sortons de l'emprise comment tu fais aujourd'hui pour te libérer et comment as-tu trouvé cette force de créer tes projets, créer ta famille, te libérer de cette secte et de cette idéalisation, enfin non c'est même pas idéalisation mais de ce schéma de pensée.

  • Speaker #1

    En fait, c'est un travail d'une vie. Déjà, sortir de l'emprise, ça a mis une dizaine d'années, je dirais. À un moment donné, quand j'étais dans ma vingtaine, il a commencé à y avoir des rumeurs qu'il y avait eu des abus sexuels. Mais en fait, il y avait déjà eu des rumeurs quand on était enfant. Il y avait déjà eu une grosse perquisition de police dans tous les centres. Et du coup, il y avait déjà des choses auxquelles on se doute. mais en même temps, comme on avait été tellement manipulés, on nous avait tellement obligés à ne pas douter du gourou. On devait faire des prières sur le lama racine, on devait se confesser si on avait des vues fausses. Donc en fait, on ne nous autorisait pas à douter. Donc ça va assez loin, ça a mis beaucoup de temps. Et une de mes amies a devenu bipolaire. Et elle a commencé à sortir beaucoup de... Elle a porté plainte, a raconté son vécu. Et du coup, au début, on n'arrivait pas trop à y croire parce qu'on n'arrivait pas à décerner ce qui était vrai, ce qui n'était pas vrai. Et puis, petit à petit, d'autres filles l'ont rejointe. Et donc là, il y a eu des grosses prises de conscience. Il y a eu un procès aussi qui a duré plusieurs années, qui a commencé en 2016, ici en Belgique. Et du coup, le fait... J'ai eu le choix de me porter partie civile. Moi, je n'ai pas voulu parce que les chefs d'accusation, c'était prise d'otage et kidnapping, prise d'otage, violence. Et je me sentais mal à l'aise de dire ça, malgré le fait que l'enfant... Je n'avais pas encore compris ce que j'avais vécu, en fait. Je n'avais pas intégré. Et d'un certain côté, je voulais protéger ma famille qui vit encore dans cette structure. Donc voilà, je me sentais mal à l'aise de le faire. Mais j'ai quand même été un maximum de séances et donc j'ai écouté tous les témoignages de mes amis, de tout ce qui s'est passé. Et petit à petit, en fait, c'est vraiment une grosse baffe qu'on se prend dans la gueule et on revoit toute cette enfance sous un autre regard. Et là, on se dit en fait, c'était pas normal. En fait, en tant qu'enfant, tu as le droit de vivre autre chose. Ce n'est pas normal de ne pas recevoir d'amour et d'affection dans ton enfance. Et toute cette violence, toute cette peur, toute cette manipulation mentale, ce n'est pas OK, en fait. Mais de là à s'en détacher, ça prend encore beaucoup de temps, parce qu'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de... Comment dire ? Ça allait très loin, en fait. Le gourou disait beaucoup de choses sur tout. Il avait des avis sur tout. Donc, parfois, tu tends un couteau à quelqu'un, ah non, le gourou a dit qu'il fallait tourner le couteau dans l'autre sens. Il y avait, sur chaque mode de vie, chaque manière de faire, il avait des... Et donc, du coup, parfois, on entend encore cette petite voix qui dit ah oui, non, mais ça, c'est comme ça. Et enfin, c'est pas possible, quoi. Il faut arrêter de penser comme ça. Ou comme je te dis, les rêves de fin du monde, où il y a le gourou qui est là, c'est encore pris un petit temps à s'en détacher. Donc, difficile.

  • Speaker #2

    Et j'imagine qu'il avait aussi réponse à toutes ces accusations.

  • Speaker #1

    Et en fait, c'était aussi lui qui décidait tout pour nous. Donc, nous, quand on était ados, c'était Cher papa, qu'est-ce que je vais faire dans ma vie ? Et là, il nous convoquait. Parfois, même, il convoquait tous les jeunes ensemble et il disait Alors, vous pouvez faire tel et tel métier, mais surtout pas celui-là, surtout pas celui-là. On n'était pas autorisés à faire des grandes études parce que ça ouvre trop l'esprit. C'était très bien de travailler dans les restaurants, dans les magasins. Il ne fallait pas faire trop d'études. Moi, j'ai eu énormément de chance d'être autorisée de faire ces études. Mais voilà, j'ai dû me battre pour étudier parce que j'ai fait par correspondance, toute seule. dans des conditions qui n'étaient vraiment pas évidentes. Et à un moment donné, quand il a dit que j'allais être traductrice, il m'a envoyé traduire un texte de tibétain toute seule, quand j'avais 16 ans, deux heures par jour. Pas du tout normal, quoi. Et voilà, quand je suis arrivée en master, je me suis rendue compte que ce n'était pas ce que j'avais envie de faire. Donc, j'ai travaillé un petit peu dans l'enseignement. Et puis, à chaque fois, je revenais dans le secteur de l'alimentation bio. D'une manière ou d'une autre. J'ai eu un projet où je faisais des petits muffins salés, je faisais des événements, des brocantes. Et avec une amie, on a eu l'idée d'ouvrir notre propre restaurant. Et donc là, on a été suivis par des structures d'accompagnement bruxelloises. On a lancé toutes les procédures. Puis en fait, ça n'a pas abouti finalement. Moi, je me disais, je vais faire des grandes choses dans ma vie. Je vais ouvrir mon restaurant. Puis en fait, ça ne se fait pas. Je me retrouve à retravailler dans le magasin bio qui est lié à la secte, alors que je ne vis plus là, que je me suis complètement détachée. Donc, ce n'est pas évident pour mon amour propre de me dire, en fait, je suis de nouveau là. Oh là là, qu'est-ce que je n'avance pas dans la vie. Mais besoin d'une stabilité financière avant tout. Et voilà, c'était proposé à moi. Voilà, c'est ça. C'était surtout ça.

  • Speaker #2

    Mais aujourd'hui, tu as la tête de l'épicerie bio Horta. On peut le dire qu'il y a un succès.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est ta propre révolution ?

  • Speaker #1

    Oui, alors Horta, c'est beaucoup de choses, évidemment. Pour moi, il y a aussi une quête d'identité et de créer mon propre projet personnel. Ne pas dépendre des autres, oui. Quand tu dirais évolution, c'est vrai que plutôt que de suivre le moule et de faire toujours ce qu'on me dit de faire, comme moi je l'ai fait. dans ma petite enfance et par après, pendant très longtemps. C'est vraiment me détacher de tout ça et créer mon propre projet, seule, pas tout à fait seule, parce que bien soutenue par mon compagnon. Mais oui, ça a été... Et puis c'est un projet qui est venu à moi, en fait. Je n'ai même pas vraiment choisi à ce moment-là. Je ne savais même pas vraiment ce que je voulais faire, si j'allais refaire un magasin ou plutôt un restaurant. Et... Et puis j'avais envie de retrouver mon identité. Je suis d'origine portugaise, mais je n'y ai jamais vécu. Donc j'ai choisi ce nom Horta, parce que ça veut dire potager en portugais. Et d'ailleurs, c'était assez mignon ce choix de nom, parce que quand j'en ai parlé à mes parents, mon père m'a dit que c'était le nom de la maison de ses grands-parents, qui était probablement au fond du jardin, dans le petit village en Alentejo. Mais du coup, je me suis dit, ça a du sens. Et à ce moment-là, j'ai été à Lisbonne une semaine en quête de producteurs, de trouver des chouettes petits produits, de découvrir plus la richesse de l'alimentation portugaise, de ce qu'on retrouve des produits là-bas locaux. Et moi aussi. Et donc, j'ai créé Horta. Mais finalement, c'est un petit bébé qui a grandi très, très, très vite et qui a pris une ampleur très grande, très rapidement. Parce que ça répondait à un réel besoin dans le quartier. Et donc, ce côté que j'avais envie d'apporter, cette touche portugaise, finalement, n'est pas prépondérante. C'est vraiment le petit plus. C'est... c'est vraiment devenu un magasin de quartier. On peut vraiment y trouver de tout. De la boulangerie, au service traiteur, aux produits surgelés, aux fruits et légumes, le vrac, il y a vraiment de tout. Oui,

  • Speaker #2

    mais il y a quand même, je trouve, une inspiration chaleureuse. Et comme tu dis, portugais, moi, je le ressens très fort. Parce que oui, c'est une épicerie de quartier, mais il y a toute ton identité qui est là, même si tu l'as transformée.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, on a rénové, mon compagnon et moi-même à deux. Et voilà, on a porté vraiment notre touche. On a récupéré plein de choses. Mon compagnon électricien, on a acheté des lampes au Danemark il y a six ans, dans une petite brocante. Et en fait, mon compagnon a un coup de cœur pour ces lampes. Finalement, c'est les petites lampes vertes qui sont sur notre comptoir. Ces trucs qu'on a traînés avec pendant super longtemps et qui, en fait, avaient tout à fait leur place dans notre vie. Et on trouvait leur place dans le magasin.

  • Speaker #2

    Parce que la déco,

  • Speaker #1

    même le papier peint,

  • Speaker #2

    il y a une ambiance.

  • Speaker #1

    Mais là, le papier peint, il y a une petite histoire derrière parce qu'en fait, on a décapé les murs. Et alors, la première pièce, il y avait des affiches vintage. On a gardé certains bouts qu'on voit d'ailleurs dans le magasin. On voit une petite madame comme ça à côté des bières. Je ne sais pas si tu as vu. Et donc,

  • Speaker #2

    quand on a vu, on avait regardé. Oui,

  • Speaker #1

    et je trouvais ça très mignon de garder des petits morceaux du passé. Et là, l'endroit où on a mis le papier peint vintage fleuri, en fait, je décapais les murs et il y avait un magnifique papier peint fleuri avec des fleurs rouges, dorées. Et je voulais trop le garder, mais il tombait en miettes et ce n'était pas récupérable. Et du coup, on s'est dit, en fait, pourquoi pas mettre un papier peint sur cette zone-là ? C'est comme ça que l'idée est venue.

  • Speaker #2

    Je trouve comme même symbolique que tu dis que tu gardes des petits morceaux du passé, mais que c'est toi qui transformes tout le reste.

  • Speaker #0

    Mais oui, tu es entièrement réellement.

  • Speaker #1

    Mais il me semble que pour le démarrage, tu t'es fait accompagner et que tu as fait un crowdfunding.

  • Speaker #0

    Comme j'avais eu mon projet de restaurant, j'avais déjà suivi un accompagnement. Donc, j'ai été directement toqué à la porte de mon coach de l'époque, qui vient de chez Village Partenaires, et qui a été super parce qu'il m'a tout de suite coachée. Comme c'était un magasin, c'était tout à fait autre chose, mais il a accepté. En fait, ce que je voulais dire, c'est que chez Village Partenaires, ils m'ont dit Ah non, on est booké Moi, je l'ai contacté directement et il m'a dit Bah oui, pas de problème, je viens la semaine prochaine Et donc, bam, on a repris comme avant. Pas là où on était, mais on a démarré le nouveau coaching. Et voilà, en fait, ça s'est fait très, très rapidement quand j'ai eu le local. Il a fallu se décider très rapidement et puis faire le choix de faire un magasin ou plutôt un café. Là, pour le coup, j'ai décidé de faire le magasin parce que comme je venais du magasin, j'avais géré un magasin pendant plusieurs années, j'avais acquis beaucoup de compétences. C'était plus logique pour moi et je pouvais aussi travailler seule. Donc, ça me permettait de ne pas engager de personnel parce qu'évidemment, je n'avais pas du tout le budget. Et donc, ce qui est génial, c'est qu'à Bruxelles, on a plein de structures d'accompagnement. Donc, j'ai découvert qu'il y avait une couveuse d'idées ici, chez Nomad. C'était en décembre, je crois que c'était 2021, je pense. Et du coup, je suis venue pour me faire coacher, pour rencontrer d'autres personnes. En fait, je voulais aussi avoir les stickers devant la devanture. Ça, ça permet de donner une visibilité, de donner de la curiosité aux gens qui passent devant. Et donc, je n'étais pas du tout au même niveau que les autres personnes qui faisaient cette couveuse d'idées. Parce qu'en général, c'est des gens qui veulent se lancer en tant qu'entrepreneurs. mais qui ne savent pas forcément ce qu'ils veulent faire. Donc, il y a du design thinking et des choses comme ça, trouver ses valeurs. Moi, j'avais déjà local. Je savais plus ou moins ce que je voulais faire. Après, j'avais des questions sur l'aménagement, etc. Mais du coup, ça m'a permis aussi d'être mise en contact avec des architectes de chez Hup qui peuvent aider par rapport à tout ce qui est législation, sur l'enseigne, plein de petites choses sur le parcours client, comment bien penser son parcours. clients. Donc, d'un côté, c'est vrai que j'avais déjà une expérience, mais c'est chouette de confronter ces idées avec d'autres personnes. Donc, vraiment, c'est une mine d'informations chez Hub Brussels. Il y a des petits syllabus avec plein de choses quand on veut lancer son business. Donc, ça, c'est une chose. Ensuite, j'ai décidé de faire un crowdfunding parce qu'au niveau des financements, on n'avait vraiment pas assez d'argent et on faisait nous-mêmes les travaux, mais pour le matériel, c'était vraiment pas possible d'investir autant. Et donc, là, de nouveau, j'ai été un petit peu coachée pour savoir comment faire un crowdfunding. Alors, j'ai dû me mettre en avant, faire une petite vidéo. Ça a été assez compliqué. Mais c'est vrai que dès qu'on fait une vidéo et qu'on se met en avant, ça attire beaucoup plus les gens, les gens sont beaucoup plus sensibles à l'humain, en fait.

  • Speaker #1

    La soutenir, le projet.

  • Speaker #0

    Oui. Et alors, je pense que c'est vrai que j'étais vachement, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup d'amis et que j'étais vraiment bien entourée. J'avais un super réseau. Dès le début, ça a explosé, en fait, mon crowdfunding. J'avais partagé en privé aux amis en disant attendez deux jours parce que normalement, t'es censé commencer. Et puis, quand il y a suffisamment, tu postes et là, tu lances. Et en fait, ça encourage les gens à participer s'ils voient qu'il y a des gens qui croient au projet. donc du coup les gens commençaient à partager dès le premier jour et je disais non attendez et en fait ça a décollé les deux premiers jours c'était la folie, moi je me suis dit bon je vais le mettre en mode public, ça ne vaut pas la peine d'attendre plus longtemps et du coup j'ai été très très étonnée parce qu'il y a eu étonné du bon côté parce qu'il y a eu énormément de gens du quartier qui ont participé, j'ai rencontré une cliente qui m'a expliqué qu'elle avait participé parce qu'elle est indépendante et elle s'est toujours dit que à partir du moment où son business fonctionnait suffisamment bien, tous les mois, elle allait aider un entreprise à soutenir quelqu'un. Je trouvais ça super beau, super inspirant. Je me suis dit, mais c'est génial, moi, elle m'a aidée. Et puis, un jour, moi aussi, je vais pouvoir aider d'autres personnes. C'était trop chouette d'avoir les échanges après, de demander aux gens comment est-ce qu'ils avaient participé ou des gens qui allaient habiter dans le quartier. Le dernier jour, j'ai un couple qui a participé. Mais un gros panier en fait. Et en fait, c'est juste qu'ils allaient emménager dans le quartier. Ils ont cherché les différents projets du quartier. Ils se sont dit, trop chouette, on a envie de soutenir ce projet. C'est vraiment incroyable. Donc voilà.

  • Speaker #1

    C'est quand même recevoir beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'est pas évident. Parce qu'après, on se sent redevable par rapport aux gens. Donc encore aujourd'hui, j'ai des gens qui ne sont pas venus rechercher leur contrepartie. Et je pense qu'ils ont donné avec... beaucoup d'amour et de bienveillance et qu'ils ne cherchaient pas forcément, qu'ils voulaient me soutenir. Mais du coup, moi, je me sentais redevable. Et à chaque fois que je les vois, je me disais, non mais tu dois encore venir, ou alors je vais leur apporter des petits cadeaux pour compenser, parce que je n'aime pas me sentir redevable envers les gens. Mais c'est une grosse leçon.

  • Speaker #1

    Surtout recevoir de l'argent.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Mais en fait, c'est vrai, si tu es dans le quartier ou même que tu aimes le projet.

  • Speaker #0

    C'était vraiment une très, très belle surprise.

  • Speaker #1

    Pourquoi l'humain peut être aussi très généreux ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, il ne faut pas rester tout seul. Il faut se bouger, aller solliciter les gens, ne pas avoir peur de parler de ses projets. Et c'est vrai que moi, on m'avait dit, tu peux faire un crowdfunding qui dure plus d'un mois. Mais je ne voulais pas. Je me sentais comme... Parce qu'évidemment, pour... continuer à faire des levées, parce qu'évidemment, il y a un boom, puis après ça retombe, et puis il faut relancer les gens sur les réseaux sociaux, il faut continuer à se mettre en avant. C'était vraiment pas mon truc, quoi. Et donc à un moment donné, j'ai fait un mois pile-poil, j'ai arrêté. Puis après, il y a encore des gens qui m'ont dit Ah, on aurait trop presque dissipé, c'est trop dommage. Donc il y a encore des gens qui m'ont encore refilé un petit billet, je dis Ah non, c'est pour moi ! C'est des gens de la famille ou quoi. Ah ouais, bon, c'est vraiment très chouette. Donc, il y a eu ça. Je me suis rendue compte aussi que j'avais un super réseau au niveau des autres magasins bio. Comme j'avais dans mon ancienne expérience, c'était moi qui allais à toutes les réunions des magasins bio indépendants et les commerçants aussi de Flagey. Donc, j'avais un réseau de commerçants que je connaissais. Et donc, j'ai aussi appelé à l'aide. J'ai dit, voilà, j'ai un commerce, j'ai une amie qui a un magasin bio qui m'a dit, moi, j'adore l'aménagement. On a fait ensemble les... plans. C'était super parce que quand t'es tout seul, tu te doutes énormément. Quand t'es à deux, on pense beaucoup plus. Donc c'était vraiment trop trop chouette. Et au début, j'appelais régulièrement, on lui disait tiens, je prendrais ça ou ça. Qu'est-ce que t'en penses ? C'était trop gai. Et puis elle m'a dit, il y a un autre magasin qui va fermer. Donc si tu veux récupérer des silos, acheter en deuxième main. Donc j'ai pu acheter plein de matériel aussi en deuxième main. Quand on cherche, on trouve plein de trucs. Donc ça aussi, c'était génial.

  • Speaker #1

    Et ton local, tu disais que... Tu t'es fait accompagner alors que tu avais déjà ton local. Comment ça se fait que tu l'avais déjà ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Alors ça, c'est aussi une histoire incroyable. En fait, nous, on a emménagé dans ce quartier il y a sept ans. Et en fait, il y avait ce local qui était un atelier d'artistes. La vitrine était complètement délambrée. L'intérieur était complètement délambré. Et moi, je passais devant tous les jours. Je me disais, c'est mignon cet endroit. Il y a du potentiel. Et un jour, je vois devant la porte une fille avec qui j'avais travaillé dans un de mes jobs alimentaires quand je travaillais chez Mama Roma, mais 15 ans avant. Moi, quand je travaillais au magasin bio, j'ai fait un petit burn-out sur la faim parce que je n'étais plus du tout dans les valeurs. Quand il y avait le procès, je ne me sentais plus du tout en phase avec ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Ni dans l'environnement.

  • Speaker #0

    Dans l'environnement. En fait, il fallait que je sorte de là, mais en même temps, je n'arrivais pas à quitter parce que j'avais l'impression que j'étais indispensable. Mais une fois que j'ai réussi à quitter cet endroit, j'étais dans une phase un peu compliquée. Mais voilà que deux mois plus tard, je croise la personne qui louait l'atelier, qui me dit qu'elle va probablement déménager et donc remettre le local au propriétaire. Et là, évidemment, ce n'est pas passé par l'oreille d'une sourde. Je lui ai dit, mais quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Elle m'a dit, je ne sais pas. Je lui ai dit, mais moi, on contacte avec le proprio. Donc, je n'étais absolument pas prête. Je n'avais pas du tout terminé mon travail pour régler mon burn-out. Je me suis précipitée sur l'occasion. Et en fait, c'était génial parce que le loyer n'était vraiment pas cher pour le quartier. Il n'y avait pas de fonds de commerce, pas de pas de porte. Alors oui, il était délabré. Il y avait quand même pas mal de travaux. Mais comme mon compagnon travaille dans le bâtiment, ça faisait beaucoup de sens pour nous. Et c'était la seule option pour moi de lancer mon business, c'était de trouver un endroit comme ça. Et donc, c'est pour ça que je dis que l'endroit est venu à moi et je n'ai pas eu le temps de réfléchir beaucoup. Il fallait vraiment y aller.

  • Speaker #1

    Est-ce que tes blessures, ton manque d'amour sont une force dans laquelle tu puisses ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas trop comment répondre parce que je sens ça plutôt comme une faiblesse en ce moment. Parce que je suis de nouveau dans une petite phase de pré-burnout. Alors, heureusement, j'ai réussi à m'en rendre compte avant d'aller trop loin. Comme j'ai expliqué, le lancement du magasin a été extrêmement intense et ça a décollé très, très rapidement. D'une certaine manière, je peux dire que je suis un peu victime de mon succès. Mais j'ai voulu continuer. En fait, je suis un peu une battante. Mais j'attends d'aller au bout de mes ressources. Et donc ça, c'est dangereux. Parce que du coup, quand c'est trop loin, c'est très difficile. Et du coup, on se sent beaucoup plus fragile. Et là, voilà. Du coup, c'est une force et une faiblesse. Voilà, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Mais justement, dans le succès de Horta, tu as une équipe que tu as construite.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qui apparemment est extra-homé.

  • Speaker #0

    Oui. C'était le quotidien qui... Voilà, en fait, ça a mis pas mal de temps à trouver un équilibre. On est encore en train de trouver un équilibre, mais au départ, j'ai vraiment commencé toute seule pendant plusieurs mois. Et puis, ça a mis pas mal de temps avant que je commence à engager. Et au début, mes employés avaient tous des projets sur le côté. Donc, ils faisaient des mi-temps. Donc, c'était difficile de déléguer réellement. Et depuis l'année passée, j'ai une personne qui est à temps plein, et puis il est plus étudiant, plus de mi-temps. Et alors là, vraiment, ça fait quelques mois, depuis que moi, j'ai dû me mettre un tout petit peu en retrait, parce que c'était trop.

  • Speaker #1

    Tu dis que c'était trop aussi parce que tu es en train de déconstruire aussi toute ton histoire d'enfance, l'amour de toi et tout. Et donc finalement, tu as délégué, tu t'es donné de l'amour. Et du coup, tu laisses la place à ton équipe ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, j'ai une manière de gérer qui était un peu problématique, dans le sens où j'avais tellement peur qu'ils me lâchent que j'allais tout autoriser, en fait. Enfin, pas tout autoriser, mais ils avaient besoin de partir et moi, j'allais compenser. Donc, c'est aussi ça qui a été problématique dans mon épuisement, parce que je me suis épuisée. En fait, le magasin est ouvert du mardi au dimanche. J'étais là tous les jours, du matin au soir. Et le lundi, je devais faire les commandes. Donc, en gros, je travaillais 7 jours sur 7, 14 heures par jour. Et quand l'équipe a commencé à venir, je ne quittais pas mon poste au magasin parce que j'avais besoin de voir que tout fonctionne bien. C'est moi qui faisais toutes les commandes, tout ça. Et puis, petit à petit, je pouvais m'absenter quelques heures au bureau, mais ce n'était pas tout à fait suffisant. Et dès qu'il y avait quelqu'un qui était absent, je continuais à revenir travailler. Donc maintenant, je y vais toujours. Mais l'équipe est suffisamment grande, autonome, et c'est ça qui est génial en fait. Je voulais que chacun puisse être valorisé par rapport à ses qualités. Et donc, il y a beaucoup de polyvalence dans un petit magasin comme ça, parce qu'il y a la partie barista, il y a la partie mise en avant des produits, il y a la déco vitrine, il y a la cuisine. Et du coup, je vais chercher les qualités des uns et des autres. Essayer de valoriser ça en fait. Marie par exemple qui faisait les fleurs, elle au début elle voulait avoir ce projet-là en parallèle, maintenant elle a décidé de travailler plus, de s'investir plus au magasin. Cette employée a un côté artistique très développé, elle aime bien faire les vitrines et tout, donc maintenant je lui donne tout à fait la responsabilité de la déco des vitrines. Je lui ai offert une petite formation pour apprendre à bien faire ses vitrines. Ma chef, je lui ai offert une formation sur la lactofermentation. Une autre des employés, je lui ai proposé de faire une formation sur le montage vidéo pour qu'on développe nos propres réseaux sociaux petit à petit. Et du coup, c'est des retours que j'ai de la part de mon équipe où ils me disent que c'est la première fois de leur vie qu'ils ont envie de vraiment s'investir dans le magasin.

  • Speaker #1

    C'est une grande famille.

  • Speaker #0

    C'est une grande famille.

  • Speaker #1

    Chacun son rôle à jouer.

  • Speaker #0

    Et c'est marrant que finalement, je travaille avec plusieurs de mes amis. J'ai trois de mes amis d'enfance, des amis qui remontent, des amitiés qui viennent d'y à longtemps. Et en général, ce n'est pas vraiment ce qu'on recommande dans des entreprises. Mais pour le moment, ça fonctionne super bien.

  • Speaker #1

    C'est chouette parce que finalement, tu donnes la place à chaque. Et comme toi, tu as recherché ton identité, peut-être que tu les aides aussi à se trouver dans le magasin, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui, en tout cas, j'essaye de respecter ça un maximum, de les écouter. Et puis une stabilité aussi pour eux. Et voilà, un cadre de travail qui soit agréable.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as des éléments, des ingrédients indispensables à ton bien-être aujourd'hui, dans toute cette frénésie ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est une question très difficile que tu me poses. Parce que je n'ai jamais vraiment pensé à moi dans ce sens-là. Je me suis toujours adaptée aux autres, que ce soit ma famille, ma fille, mes beaux-parents, mes parents. Il y a vraiment un truc où parfois je suis au bout, mais je vais encore forcer pour faire plaisir ou pour suivre les autres. C'est un travail que je suis en train de faire encore actuellement. Mais je me rends compte que maintenant, j'ai besoin de moments de solitude, de moments pour moi. Oui, parce qu'en fait, j'ai trop tous les jours et du coup, j'ai besoin de m'isoler un peu. À terme, j'aimerais un week-end par mois sortir de Bruxelles, mais ce n'est absolument pas possible en ce moment. Je passe encore tous mes week-ends au magasin. Voilà, c'est très rare. Et du coup, je n'arrive pas du tout encore à atteindre cet équilibre. Mais aujourd'hui, tous les mercredis matins, je ne dois plus aller au magasin. Donc ça, c'est vraiment mon petit moment à moi. Pas mal. Oui, mais alors bon, on est aussi en train de grandir et on va ouvrir un café dans les prochains mois. Donc il y aura... Oui. Voilà, on va avoir encore une phase d'adaptation. Mais pour le coup, j'ai déjà les mises en garde et les red flags. Donc, je sais un peu ce que je ne dois pas faire. Du coup, ma priorité maintenant, c'est de rendre le magasin le plus autonome possible pour passer à l'autre côté. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui te fait tenir ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai quand même pas mal de force et de détermination. Et du coup, il y a des jours très très difficiles, mais après je reste pas là-dessus. Le lendemain, on repart à zéro et on fait table rase et c'est une nouvelle journée.

  • Speaker #1

    Toi qui baignes de l'alimentation bio depuis toute ton enfance, quels manjeux es-tu ?

  • Speaker #0

    Une grande question, moi je m'enleve de tout non c'est pas vrai je dis n'importe quoi en fait j'ai un rapport à la nourriture c'est marrant parce que plusieurs de mes amis en savent aussi, on adore la bonne nourriture comme on a un peu manqué de bonne nourriture quand on était enfant je ne l'ai pas trappé On s'en rattrape. Et donc, c'est vrai qu'il y a eu toute une phase où j'ai vraiment été végétarienne toute mon enfance, jusqu'à ma vingtaine. Du coup, je me suis intéressée un peu à la cuisine végane, sans pour autant être vegane. Maintenant, j'ai introduit du poisson, un peu de viande. Je ne cuisine pas énormément de viande, mais c'est pour ça que je dis que je mange un peu de tout. En hiver, je vais aimer les plats réconfortants, tout en un. Ça peut être une moqueca ou un ragoût. Et puis en été, j'aime bien les plats où il y a plein de petites salades, que c'est coloré, que c'est beau. En fait, j'ai tendance à ne pas prendre le temps de manger. Ça, c'est mon problème. Je suis toujours trop dans le stress. Et le matin, je sautais toujours mes petits-déj. Le midi, depuis que j'ai le magasin, au début, je ne mangeais quasiment pas à midi. C'était devenu un peu un problème. Et du coup, je mangeais plus le soir. Mais manger puis se coucher, ce n'est pas top en fait. du coup voilà maintenant j'essaie de faire très attention de prendre des petits déj salés protéinés et aussi prendre le café après avoir mangé et pas avant parce que d'abord je prenais le café et bam on attaque donc ça c'est vraiment quelque chose que je suis en train de de faire plus attention à ma santé en fait physique et mentale parce que voilà c'est entièrement lié Donc c'est vrai que j'avais tendance à plus m'occuper des autres, à vouloir accueillir les gens, à bien cuisiner, mais pas vraiment beaucoup penser à ma propre santé, à ma propre alimentation. Donc voilà. Oui, avant, en fait, par rapport toujours à cette question de nourriture, quand on était jeune, on n'avait pas l'argent pour aller au restaurant, donc on ne pouvait pas se permettre d'aller au resto. Aujourd'hui, j'aime bien découvrir la cuisine de tel ou tel chef. de se faire plaisir de temps en temps, de découvrir des nouvelles choses. J'adore, oui.

  • Speaker #1

    Tu as des recettes chouchou ?

  • Speaker #0

    Mais j'en ai plein, c'est ça le problème. Comme tu m'as parlé de ça, du coup, j'ai pensé à quelque chose hier. Ma grand-mère faisait un riz à la tomate. Et voilà, j'ai ce souvenir de ce riz à la tomate qui était incroyable. Et en fait, elle me racontait qu'entre Porto et Lisbonne, Quand il n'y avait pas encore l'autoroute, il y avait l'ancienne route qui faisait ce trajet-là. Et eux, ils prenaient cette route régulièrement. Et à mi-chemin, il y avait un petit restaurant qui faisait un riz à la tomate. Et toutes les 20 minutes, ils avaient un nouveau batch qui sortait du riz à la tomate. Donc, il était parfait. Il était encore bien babade, comme on dit en portugais, un peu moelleux. Enfin, voilà, un peu comme un risotto. Même si les rizs portugais ne sont pas tout à fait comme les rizs italiens. Et du coup, c'est un riz où il y a de l'ail, il y a la coriandre. tomate, c'est trop bon. J'ai eu ce petit souvenir comme ça qui m'a fait plaisir. Du coup, j'en ai fait un hier et j'étais trop contente. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. C'était un petit plaisir.

  • Speaker #1

    Je serais trop intéressée une fois de cuisiner avec toi.

  • Speaker #0

    Ah ! Je ne suis jamais une recette.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plein de recettes dont tu m'as déjà parlé. qui ont l'air assez fantastiques.

  • Speaker #0

    Si tu veux, on se fera une moukaka de poisson, comme tu as habité au Brésil, je pense que tu aimeras.

  • Speaker #1

    Enfin... Très bonne idée. Est-ce que tu as des rêves impossibles ou plus terre à terre, très proches ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est déjà trouver une stabilité là où je suis. Et donc, comme on est encore en pleine évolution, c'est déjà réussir à tout mettre en place et faire en sorte que cela fonctionne bien. Pour le moment, je ne m'autorise pas trop de grands rêves parce qu'il faut pouvoir... Voilà, trouver cet équilibre. Moi, en fait, dès qu'on me parle d'un projet, je suis toujours emballée, j'ai toujours envie de tout faire. Voilà, je ne sais pas, tout est ouvert. Donc, je crois que je t'en avais déjà parlé, mais la dernière fois que j'étais à Lisbonne, on était dans un bar à vin avec des copines. Et on a vu juste en face, il y avait un petit coin de rue super mignon avec des ajoulèges, des joues verts. Et puis, on a regardé et on s'est fait, ça pourrait être un hortin à Lisbonne. Du coup, j'ai été voir longtemps. L'endroit a été vide depuis quelques années. Et puis, j'ai été poser quelques questions. Visiblement, il n'y a pas de projet qui va se développer dans un futur. Et du coup, je me suis dit, peut-être un jour. Mais voilà, si je suis réaliste, ce n'est vraiment pas le moment. Ce n'est vraiment pas... Mais qui sait, peut-être qu'il y aura une connexion qui va se faire à un moment donné ou pas. Mais voilà, en tout cas, rêver de ça et se dire en tant qu'entrepreneur, en fait, on peut tout faire. Voilà, c'est super chouette, quoi. C'est vrai que moi j'ai eu une chance incroyable qu'au moment où j'ai lancé Horta, il y a tellement d'opportunités qui se sont ouvertes à moi. À la base, j'avais très peur de lancer le projet. Je me disais, mais en fait, je vais être coincée toute ma vie. Je vais rester à ma petite caisse, à jouer à la marchande. Alors j'aime ce que je fais, mais ce n'est pas non plus si gratifiant que ça. J'ai envie d'autre chose, c'est sûr. Et donc, il y a tellement de portes qui s'ouvrent. Presque chaque semaine, on me fait des propositions. Et à chaque fois, je me dis, trop bien. en fait. On va se calmer. On va se calmer.

  • Speaker #1

    Entre guillemets, si tout est fluide, c'est que tout est là et tout est prêt à être accueilli.

  • Speaker #0

    Je crois que le plus grand rêve, ça va être de trouver un équilibre et de pouvoir me détacher aussi de ce bébé. Ce qui est très chouette avec les magasins de quartier, c'est qu'on accompagne les gens, en fait. Moi, depuis que j'ai ouvert, il y a des couples qui se sont formés, il y a des bébés qui sont nés, on voit les enfants grandir, on crée une relation avec nos clients et c'est vraiment trop chouette. Des clients qui deviennent des amis et eux, ils sont intéressés par le développement des projets. Donc, c'est vraiment très, très chouette. Il y a une chouette synergie. Et c'est vrai que c'est quelque chose qui me manque un peu maintenant que je suis moins en magasin. Il y a certains horaires où je ne suis plus là pendant l'heure de midi, donc certains clients que je ne vois absolument plus. Et donc, parfois, je pense à eux. Et ce que je fais, c'est que quand je pense à eux, très souvent, le lendemain, je vais au magasin et je les croise.

  • Speaker #1

    Je pensais à vous.

  • Speaker #0

    Comment ça ? Mais oui !

  • Speaker #1

    Oui, en fait, j'ai l'impression que tu t'es créé une grande famille ou un petit village à toi.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    dont tu avais besoin peut-être pour acheter ton autre village ?

  • Speaker #0

    Je dois te dire un truc, c'est complètement fou, parce que maintenant, où que j'aille, il y a des clients hors-tasse. Ah ! Oui, oui, n'importe où. À Bruxelles, je tombe sur des clients du magasin. J'étais à Paris, début avril, je louais un petit appart d'une amie, et dans la rue, je suis tombée sur un client qui est retourné vivre à Paris, qui habite dans cette rue-là. J'ai une de mes employées qui est partie au Japon la semaine... Elle est partie au Japon le mois passé. En plein milieu de Tokyo, elle est tombée sur une cliente du magasin. Elles se sont croisées en fait. Alors là, c'est complètement... C'est chouette.

  • Speaker #1

    Un tout grand merci, Lebra.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    C'était un très bon témoignage. J'en ai soif.

  • Speaker #0

    Merci.

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