- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue dans C'est la Voix, un podcast où j'invite des professionnels de la voix, que ce soit des chanteurs, des coachs vocaux ou d'autres spécialistes. Pour ce nouvel épisode, je reçois Rebecca Moon. Elle est chanteuse, compositrice, interprète et prépare un troisième EP avec la sortie d'un premier single, Lost in the Shell. Rebecca, bonjour. Ça va ? Merci, oui ça va et toi ? Bienvenue dans C'est la Voix.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Mais moi aussi ça me fait plaisir. Alors du coup je voudrais savoir déjà un petit peu, que tu me parles de ton parcours, comment tu en es arrivée là ? Dis-moi tout.
- Speaker #1
Moi je suis arrivée là par une partie de cache-cache. Quand j'étais toute petite, j'étais seule en train de m'amuser lors d'une ensemou et avec mon ombre. Et à un moment je cherchais une cachette, sauf qu'à force de faire une ou deux, une troisième partie, je fais vite le tour des cachettes dans la chambre. je cherche une nouvelle cachette je regarde par la fenêtre, je vois la lune je me dis, ah ça serait ça reste dans la chambre techniquement du coup je me cache sur la lune je laisse mon ombre me chercher et je suis tellement bien sur la lune que j'y reste pendant un certain temps qui est plutôt long je me mets sur sa fesse cachée je regarde de temps en temps si mon ombre me trouve ou me voit ou pas et puis au bout d'un moment Merci. Ce bien-être que je ressentais sur la Lune, c'est petit à petit retrouver à m'étouffer. Parce qu'être seule sur la Lune, c'est sympa, mais évidemment, tu as envie de ne plus être tout seule, de retrouver des gens, de parler avec des gens. Et je suis retombée sur Terre. C'est bizarre de dire ça, mais je suis plutôt retournée sur Terre. Sauf que mon ombre, en fait, à un moment, elle avait arrêté de me chercher. Et justement, c'est elle qui m'a cachée sur terre et elle ne voulait plus me rendre la place. Donc, j'ai dû un peu me battre pour qu'elle le fasse. Et à partir de ce moment-là, je me suis lancée pleinement dans la musique. Une fois qu'elle avait bien compris qu'elle avait pu s'en aller dire.
- Speaker #0
Ok. Et du point de vue parcours, formation, tu es passée par quoi ? Tu es passée par le...
- Speaker #1
Rien, non. J'ai fait... surtout à l'instinct ou juste mon petit coeur que je mets à nu dans les musiques quoi.
- Speaker #0
Ok, donc t'as pas été... t'es pas passée par le conservatoire, t'es pas passée par ce genre de choses ?
- Speaker #1
Non, j'ai pris des cours de chant mais... pas si on peut dire... quand même.
- Speaker #0
Ok. Donc ton nom de scène ça vient du fait que voilà, t'as un rapport particulier avec la lune... c'est ça ?
- Speaker #1
Ouais, exactement. Je me suis dit comment lui rendre hommage et la garder toujours auprès de moi, ce qu'on a vécu ensemble et comment la remettre, pas au milieu du village comme l'église au milieu du village, mais comment faire en sorte qu'on ait au moins une pensée pour elle la nuit, malgré le fait qu'on dorme.
- Speaker #0
Ok. Donc dans ton dernier single, Ghost in the Shell. Tu mélanges le français et l'anglais. Pourquoi ce choix ?
- Speaker #1
J'ai fait ce choix parce que je voulais montrer, en rapport au langage, que les mots sont un peu obsolètes. On leur donne des définitions, on leur donne un sens, mais si on avait appris des petits un autre sens sur ce mot, il aurait... Aujourd'hui, ce que je veux dire, c'est qu'il est obsolète. Et pour justement cet effet de qui je suis, est-ce que c'est mon langage qui fait de qui je suis ? Est-ce que c'est mes souvenirs ? Mais mes souvenirs, si je les mets dans une autre langue, est-ce qu'ils restent toujours les mêmes ? C'est justement pour troubler déjà l'écoute, pour dire pourquoi d'un coup, elle joue avec deux langues alors qu'elle est française et qu'elle vit en France. Aussi pour faire un petit clin d'œil aux films animés, qui est du coup le nom en anglais, c'est un petit clin d'œil.
- Speaker #0
Tes premières œuvres parlent d'insomnie, surtout. On reviendra plus tard par rapport aux questions de santé mentale, etc. Mais on sait que l'ennemi, c'est un moment qui peut... faire ressortir des émotions fortes, etc. Oui. Est-ce que tu peux, toi, nous parler de ce rapport que tu as à l'insomnie, à la nuit, etc., et ces émotions qui ressortent ?
- Speaker #1
Mon rapport à elle, c'est un peu une relation amour-haine que j'ai avec mes insomnies et la nuit. Mes insomnies, c'est peut-être un peu plus d'haine que d'amour quand je les vis. Et plus d'amour que d'haine quand je les raconte ou quand j'essaye de me souvenir d'elles. Le seul moment dans l'insomnie qui me permet d'avoir côté d'amour, c'est la lune, ce côté où je suis seule. Le monde n'existe plus, entre guillemets, ou n'est plus là pour me voir, pour m'entendre et pour me codifier, me mettre des barrières et je suis dans un sens plus libre. Mais ouais, ma relation avec les insoumis, c'est compliqué, c'est quelque chose que, à la fois, quand tu le vis, tu te demandes pourquoi, tu es en train de te remettre en question et des fois, tu vas chercher la raison ou tu as une idée, mais tu as envie quand même de faire l'autruche. Et quand tu ne vis plus ou dans la journée ou quand ça fait quelque temps que tu n'en as plus fait, tu gardes un bon souvenir, comme une relation toxique.
- Speaker #0
Ok. Et est-ce que c'est pendant ces insomnies que tu as écrit le plus, composé le plus ? Est-ce que c'est un moment très artistique pour toi, un moment très créatif ?
- Speaker #1
C'est un moment très intime plutôt, vraiment avec moi-même. bien sûr il y a des Des phrases qui peuvent sortir de ces insomnies, qui je ne sais pas pourquoi vont marquer mon esprit, je vais les écrire, et le lendemain, une fois que j'aurai redormi, elles vont me rester en tête et je vais me dire « il faut que je fasse quelque chose » . Des fois aussi, ça peut être une insomnie où je me réveille en entendant un son, alors qu'il n'y a pas de son autour de moi, je suis dans le silence et pourtant mes oreilles me réveillent puisqu'elles entendent littéralement un son. Et si je le trouve vraiment intéressant, je peux... choper mon téléphone, le mettre dans le mémo, enfin l'enregistrer et puis essayer de redormir. Et quand je le réécoute quelques jours plus tard, je suis en mode soit oui, soit non. Mais non, non, pendant ces maisons sommées, c'est plutôt je pense que c'est le moment où je me permets d'être juste avec moi-même et d'avoir soit des larmes, que ce soit de joie ou de tristesse et d'avoir peut-être ce moment où je me... où toutes ces... ces petites phrases dans ma tête ou ces petites pensées qui essayent de me faire tomber à terre sans endormir et du coup je vis un petit moment juste avec moi-même.
- Speaker #0
Ta musique est-elle quelque part une forme de thérapie ?
- Speaker #1
Non peut-être, est-ce que c'est une thérapie pour moi, est-ce que c'est une thérapie pour les autres, est-ce que je ne sais pas, est-ce que c'est une forme de thérapie, je pense que c'est plus un besoin plus qu'autre chose. Dans le sens où depuis toute petite, j'ai su que je voulais faire ça et je voulais surtout le faire pour les autres, chanter pour les autres. Donc je ne sais pas si c'est pour moi aujourd'hui, enfin si, je sais que c'est pour moi que j'écris. Avant tout, c'est vrai que c'est la partie où j'essaye de relâcher toutes ces pensées qui peuvent m'envahir la tête. Je me dis ok, vous prenez un peu trop de place là-dedans, donc je vais vous mettre sur un papier au moins comme ça. Je gagne de la place et du stockage pour autre chose. Mais je pense que c'est plus une aide, que ce soit pour moi ou pour les autres. Et c'est surtout un moyen de poser mes recherches, mes questions sans attente de réponse. Alors que je pense que dans une thérapie, tu cherches des réponses, même si au bout d'un moment, tu te rends compte qu'on n'est pas fait pour obtenir des réponses et plus avoir des sortes de checkpoints ou d'apprendre à être insatisfait avec. le fait qu'on ne sera jamais satisfait dans cette vie. Ok,
- Speaker #0
c'est très philosophique. Et du coup, tu as voulu te tourner à nouveau vers les autres. Qu'est-ce qui a constitué un premier pas par rapport à ça dans ta démarche artistique ?
- Speaker #1
Je pense déjà le fait de vouloir dès le début travailler avec d'autres, c'est-à-dire pas rester forcément que dans ma chambre à voir au moins quelqu'un, que ce soit des séances dans le studio avec un arrangeur ou un autre compositeur pour enrichir la musique, pour enrichir l'histoire ou le point de vue. Je crois que c'était mon premier pas vers les autres. Je ne sais pas trop déjà si c'est vrai. Et après c'est compliqué parce que je sais, je n'arrive pas moi à capter quand je fais un pas vers les autres comparé à avant. J'avance vers les autres ou si je stagne pas, c'est compliqué je pense de savoir si tu... avance vers où tu veux aller sans avoir vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de recul.
- Speaker #0
Aujourd'hui, quels seraient les artistes avec qui tu aurais envie de travailler ?
- Speaker #1
Abstract, qui est un DJ français. J'adore, j'aimerais trop déjà qu'il refasse un remix d'une de mes chansons ou collaborer avec lui. J'aimerais bien Petit Biscuit, Guita, Justice, Kavinsky. Iselt, Eddy Depreto, Eddy Gaga, Soyounfour, Rubin, beaucoup d'artistes.
- Speaker #0
Bien sûr, on a le droit de rêver. Et du coup, toi, par rapport à cette scène française, surtout que tu fais une musique... Alors, on a tendance à penser que les musiques électro, etc., si elles veulent percer... Il faut qu'on chante en anglais, même s'il y a quelques exceptions. Toi, tu devrais switcher entre full anglais, par exemple ?
- Speaker #1
Full anglais, je ne pense pas. Déjà, je ne pense pas. Je le vois quand j'écris. J'écris la même fullement en anglais. Alors, full en français, évidemment. Mais j'ai toujours besoin d'avoir ce rapport, d'avoir ces petits mots en français. Parce que je pense que pour mon cœur... Il y a des mots qui doivent être en français pour exprimer exactement ce qu'il ressent, ce qu'il a besoin de sortir, et pour ma tête aussi. Donc je pense que ce sera toujours au moins avec quelques notes de français, et parce que ça serait renier aussi à qui je suis, c'est pas peut-être un grand mot, mais mon histoire et d'où je viens, et puis aussi le public, quoi. Le premier public qui me connaît, qui apprend à écouter mes musiques, c'est le public français. Donc ça sera aussi toujours un petit bout d'œuf que je mettrais dans les chansons.
- Speaker #0
Ta musique est donc très personnelle. Et je me suis dit, quand on est dans une phase d'ouverture aux autres, ça peut être difficile d'exposer une musique aussi personnelle, aussi parfois une espèce de mise à nu quelque part. Est-ce que tu n'as pas eu un petit peu cette peur face à ce... aux éventuels retours ?
- Speaker #1
Non, j'ai pas eu de peur. En me lançant, je me suis dit, enfin, je le savais déjà, pardon, que forcément, tu peux pas plaire à tout le monde, qu'il y aurait eu des... qu'il y allait avoir des gens qui vont dire, ah, mais c'est quoi ça ? C'est de la merde, c'est ceci, c'est cela. Donc, j'ai juste lancé et moi, j'avais peur de... plutôt de ne trouver personne. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a tellement de gens qui... Tout le monde peut mettre une chanson sur les réseaux, sur les plateformes. Donc je me suis dit, moi j'ai peur que ma chanson ne trouve personne et reste juste avec les gens de mon entourage. Donc même si cette chanson trouve quelqu'un qui n'aime pas ma musique, pour X ou Y raisons, au moins elle aura trouvé quelqu'un et elle lui aura fait ressentir quelque chose de négatif apparemment, mais elle lui aura fait ressentir quelque chose à quelqu'un que je ne connais pas. Et elle aura voyagé vers quelqu'un d'autre. Elle m'aura permis de raconter au moins mon histoire, même si la personne n'était pas faite pour l'entendre ou faite pour se retrouver dedans.
- Speaker #0
Au final, il y a surtout l'envie d'extérioriser quelque chose.
- Speaker #1
Oui. Comme je suis pas mal dans ma tête et seule, parce que j'ai pris l'habitude, la mauvaise habitude d'être... seule sur la lune, donc forcément j'ai une petite solitude qui a un peu tendance à prendre de la place et à ne pas en laisser aux autres. Ça me permet la musique de justement à travers la musique la solitude se restreint ou se fait entendre, je ne sais pas, se fait comprendre et elle accepte en musique d'aller vers les autres et de me laisser rencontrer d'autres gens, rencontrer d'autres paysages, rencontrer... combler. seulement que je peux avoir quand elle est juste là.
- Speaker #0
Ok. Quand tu parles, on a l'impression qu'il y a vraiment en toi deux parts un peu irréconciliables.
- Speaker #1
Ouais, irréconciliables, non. En tout cas, j'essaye que ça s'entende et que ça soit ok pour vivre ensemble, mais il y a plutôt cette envie d'être entourée, d'avoir... Un grand groupe d'amis, de pouvoir sortir, de parler à des gens, d'être hyper sociable. Mais il y a aussi ce côté où être hyper sociable, ce n'est pas trop. dans mes gènes, on va dire. Et du coup, il y a ce truc de, ouais, mais OK, tu veux aller vers les autres, mais tu as aussi besoin d'être énormément avec toi-même pour comprendre, parce que je cherche à pas mal comprendre des choses sur tout ce qui m'entoure ou sur moi-même, pour aussi avoir ce, je pense que c'est un effet secondaire de control freak. Donc ouais, il y a ce côté de, je veux être en tout, je veux... être entourée de plein de gens que j'aime. Et en même temps, j'ai besoin d'être avec moi-même pour être au mieux, pour donner le 100% de ma personne quand je suis avec les gens que j'aime.
- Speaker #0
Donc, recharger tes batteries sociales.
- Speaker #1
C'est ça, oui. Mais quand je les recharge, ça met du temps.
- Speaker #0
Effectivement.
- Speaker #1
Ça prend beaucoup de temps.
- Speaker #0
Ok. Je veux dire, la musique dans tout ça, c'est un peu une espèce de lien. Quand on est sur scène, on communique d'une manière un peu différente avec le public. C'est nous qui donnons un petit peu le tempo par rapport aux autres. Il y a une manière de contrôler l'interaction, tu crois ?
- Speaker #1
Avec le public ?
- Speaker #0
Dans la musique en général et notamment dans les interactions par rapport aux autres.
- Speaker #1
Non, je pense qu'il n'y a pas de manière de contrôler ça et il n'y a pas de manière de... Il n'y a pas de bonne interaction, de mauvaise interaction avec les autres. Moi, je parlais de mon cas dans la musique. Je pense que c'est surtout la musique qui décide comment l'artiste va être pour son public, comment le public va être avec l'artiste dans ce moment, par exemple, de concert. C'est la musique qui fait le lien, c'est la musique qui est la vraie chef d'orchestre. Et nous, on est juste ces petits instruments pour faire passer. un message, une émotion, pour vivre un moment hors du temps et juste se reconnecter avec nous-mêmes, au plus profond de nous-mêmes et se connecter avec les autres d'une manière sans avoir besoin de nous, sans en faisant tomber la barrière des peurs que chacun peut avoir, qui sont différentes, et juste être dans le moment présent.
- Speaker #0
Du coup, on parlait tout à l'heure du fait que tu fais une musique très... très personnel, etc. Tu parlais des premières personnes de l'audience, on va dire, organique qui se crée. Si tu venais à gagner en audience, à travailler avec d'autres gens, etc. Est-ce que tu n'as pas peur de perdre justement ce côté personnel pour atteindre plus de gens ? Parce que c'est toujours le souci, si on touche tout le monde, on ne touche personne à la fois, tu vois.
- Speaker #1
Je pense que oui, j'ai peur de me perdre. Est-ce que me perdre sera moins personnel ? Est-ce que le fait de me perdre fera que mes chansons seront moins personnelles ? Je pense qu'elles seront juste plus floues et plus incompréhensibles. Déjà parce que moi-même, je ne comprendrais pas ce que j'essaie de raconter. Après, je sais que je me suis déjà perdue depuis que j'ai commencé dans la musique. Je pense que c'est surtout... Il y aura forcément un moment où peut-être quelque chose que je vais raconter sera trop délimité, parce que j'aurais besoin peut-être à ce moment-là de le délimiter, et je me dirais qu'il faut que je le sorte parce que moi je veux le partager, et en fait ce sera quelque chose que j'aurais dû garder que pour moi, parce que c'est justement trop délimité, trop codé pour parler aux gens. et de raconter leurs émotions et de dire « Ok, on a tous vécu quelque chose de semblable à cette situation et chacun peut se mettre son histoire dans cette musique. » Et je pense que c'est ça surtout la peur, c'est plutôt ça cette peur de ne plus parler à personne ou de ne plus parler à la personne, c'est surtout de se dire « Ok, il faudra accepter le fait qu'à un moment, il va falloir que je prenne plutôt. » de la distance avant de me perdre. Et si je me perds, il faudra que j'accepte de prendre du temps pour me retrouver et que toutes ces chansons que je ferai pendant ce moment, peut-être une ou deux seront intéressantes parce que je pense que tout le monde se perd à un moment dans sa vie, même plusieurs fois. Donc ces chansons-là seront intéressantes, mais pas toutes parce qu'il y en a qui seront peut-être trop pour moi-même.
- Speaker #0
Donc parfois, tu fais de l'art juste pour toi ?
- Speaker #1
Oui, si je dessine, si je peins, c'est pour moi. Pour moi, parce que si je prends des photos, c'est pour moi. Mais la musique, j'écris surtout pour moi. Une fois que je commence à la chanter ou à la composer ou autre, ça, c'est direct pour les autres. C'est plus à la fin, quand je décide quelle chanson peut être sur le projet ou autre, ça va être plus. Même les autres qui vont choisir pour moi, parce que moi, mes chansons, c'est toutes mes bébés, donc je ne peux pas dire, oui, celle-ci, elle est mieux, celle-ci, elle parle moins bien, celle-ci, elle est... Donc c'est plus les autres qui vont dire, moi, j'ai plus été touchée avec ces chansons-là. ces chansons-là, celle-ci, j'ai un peu moins compris le texte, celle-ci m'a moins touchée parce que je ne l'ai pas vécue, ou ceci ou cela. Donc dans ces moments-là, je me dis en mode, peut-être celle-ci, ce n'est juste pas son moment, c'est peut-être aussi, je ne suis peut-être pas aussi la voix qui est censée la porter ou autre, donc je les laisse dans mon placard. Est-ce que ça veut dire que c'est de l'art que je fais pour moi ? Je pense que c'est juste de l'art qui n'a pas trouvé son moment.
- Speaker #0
Si tu devais décrire Rebecca Moon en trois mots, ce serait quoi ?
- Speaker #1
Bonne question. Je pense que ça serait peut-être... Non, ça serait... Divague, solitude et rêve.
- Speaker #0
Et donc tu souhaites, dans ta présentation, tu parles beaucoup de santé mentale. C'est quelque chose qui est très prégnant dans ce que tu présentes dans tes albums, etc. Aujourd'hui, ça a quelle place pour toi, cette question-là ?
- Speaker #1
Ça a une place qui est dans le passé, je pense, pour moi, sur mon cas. Et en même temps, c'est des peurs qui sont dans le présent, de retomber peut-être dans cet état-là, dans ces états-là dans le futur. C'est une question qui est... C'est aussi une place qui est pas mal personnelle. C'est bizarre parce que, comme tu dis, dans mes musiques, j'en parle et je le rends public. Mais je pense que c'est surtout une personnelle et en même temps une envie de crier au monde. Puis ils commencent à le comprendre que c'est personnel et en même temps, il faut accepter la santé mentale des autres et le fait qu'ils ne vont pas bien et d'apprendre à comment être l'entourage d'une personne qui a tel ou tel état. telle trouble mental. Et accepter des fois d'accompagner la personne ou être présent, c'est justement être physiquement présent, lui parler de « Oh, est-ce que ça va ? Ok, ça va pas. Est-ce que tu as besoin de parler ? Non. Est-ce que tu veux regarder un truc ? Non. » C'est des fois juste un petit message, une petite... de présence dans le silence ou autre. C'est compliqué parce qu'on a envie de vraiment aider la personne, mais des fois, vouloir plus aider, ça fait plus de mal.
- Speaker #0
Comme aider un proche en dépression, par exemple ? C'est quelque chose qui, toi, t'es arrivé ou que tu as eu l'occasion de vivre ?
- Speaker #1
Ouais, malheureusement, je pense que si je pouvais, moi, comme beaucoup de gens, je pense que comme tous ceux qui sont passés par la dépression, on fera en sorte que... personne ne tombera en dépression mais c'est ça a été quelques années j'ai vécu quelques années en dépression sans savoir déjà au début que j'étais en dépression et les derniers moments je crois que c'était les plus durs parce que je sentais que j'avais besoin d'aide et je sentais que je commençais à lâcher la rampe mais et d'ailleurs ces moments où tu parlais de ces deux deux envies, deux énergies qui peuvent être dans ma personne ou dans ma musique, ça vient de là, je pense. C'est ce passé qui essaye aussi d'avoir une seconde vie dans les chansons et ce passé qui ne me hante plus aujourd'hui, mais qui fait partie de moi.
- Speaker #0
Que tu as choisi de sublimer par la musique.
- Speaker #1
Voilà, pour les gens qui ont du mal. à capter ce qu'est la dépression, à dire oui, la santé mentale, c'est juste les gens qui... parce qu'il y a encore ce discours, même si ça a changé depuis quelques années, pour comprendre que c'est amené en douceur, au moins, et peut-être permettre à aider des gens qui sont dans cet état-là, ou qui sont dans d'autres états, que ce soit l'anxiété, ou d'autres troubles, d'autres pathologies, d'autres troubles mentaux qui peuvent exister. de voilà... Cette chanson, moi, m'a touchée pour ça et elle parle de ça et j'aimerais qu'on les change. Ouvrir la porte à la discussion avec son entourage.
- Speaker #0
C'est quoi d'ailleurs le plus gros frein à ce sujet selon toi ?
- Speaker #1
Je crois que c'est la peur d'être jugée. Et la peur de se dire, purée, d'autres gens vivent telle situation. Et moi je n'ai pas réussi à, je ne sais pas comment dire en français, à « handle it » , à survivre à ça. Et je me suis laissée engloutir par mes émotions ou autre. Je pense que c'est beaucoup de culpabilité. Et de se dire, au lieu de se sentir comme victime, de se dire, ok, c'est ma faute. Je pense que c'est ça qui fait qu'aujourd'hui, on a du mal à en parler.
- Speaker #0
Et donc, tu sors du coup... Je n'ai pas réussi à savoir si c'était un EP ou un album. Parce que c'est assez flou à ce sujet. Est-ce que tu peux nous parler de ce projet que tu sors du coup ?
- Speaker #1
Le projet, c'est un projet plus lumineux que mon projet précédent, qui était sur l'insomnie. Je voulais montrer une nouvelle facette de la Lune, quelque chose de plus lumineux, de plus festif, tout en gardant ce mystère et garder ce sens. Donc, c'est sur la quête de sens, côté philosophique, de qui on est, qu'est-ce qui fait qui on est, le rapport aux autres aussi, par rapport à la machine. Tout ce qui est cyberpunk, pour l'instant, c'est encore en construction et en questionnement de est-ce que j'en fais un album, est-ce que j'en fais un EP. Je voulais pousser aussi beaucoup plus le côté artistique, que ce soit visuellement ou sonore. Donc, c'est plus de lâcher prise, moins de timidité, moins de peur dans cet album. Donc, plus de « ok, j'ai le temps » . temps, je peux le faire. Il faut que je dise tout, il faut que je recrache ce qu'on peut ressentir dans Insomni. Mais c'est ce qui fait la beauté d'Insomni, c'est ce côté un peu « j'ai peur, laissez-moi, écoutez-moi, je suis là » . Là, c'est plus posé. C'est plus mature.
- Speaker #0
Oui, ok. C'est l'EP de la maturité, on peut dire.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
C'est l'EP du... Du clair de lune. Avant, c'était le projet de l'éclipse. Aujourd'hui, c'est le pays du clair de lune.
- Speaker #0
Du clair de lune, ok. Donc, tu as choisi une esthétique cyberpunk, tu as évoqué, pour ton single Ghost in the Shell notamment. Pourtant, de l'autre côté, tu es sur des thèmes qui sont très humains, tu vois. pas très branché machine, on va dire. Justement, moi, je veux une opposition. Pourquoi justement cette opposition ?
- Speaker #1
Déjà parce que c'est la première opposition qui se fait dans le cyberpunk, humain-machine. Et je trouvais ça justement sympa de me dire, OK, comment apporter la quête de sens ? Plusieurs fois, on peut se questionner, qu'est-ce qui fait ? Où je vais ? Qui j'ai envie d'être ? Qu'est-ce que j'ai envie ? d'être qui je suis aujourd'hui et qu'est-ce qui me différencie d'un algorithme aujourd'hui, surtout avec tous les réseaux sociaux. On doit jouer et rentrer dans ces algorithmes pour être vu par les autres, par d'autres humains et en fait on doit passer par des algorithmes qui sont des ordinateurs. Cette peur aussi d'être remplacé qu'il peut avoir en ce moment par des algorithmes, par des ordinateurs, par l'IA. Donc c'était comment jouer et apporter quelque chose qui peut sembler à première vue froid et distant, et pour autant qui est chaleureux et qui cherche juste à se rapprocher, qui comme l'algorithme en fait c'est froid, c'est distant, c'est très codifié, et pourtant c'est fait pour rapprocher les gens. C'était un peu ce parallèle-là que je voulais faire.
- Speaker #0
Après, effectivement, oui, il y a des craintes, et je trouve légitimes, je les ai déjà exprimées dans ce podcast à plusieurs reprises, notamment dans les métiers du doublage, etc., sur ces questions-là.
- Speaker #1
Oui, oui. Par exemple, le dernier filtre, je crois qu'il y a eu sur les... Si tu prenais une photo et ça te faisait comme si tu étais dans un film Ghibli, je ne dis pas que ça replacera... Je pense que ça peut aider à gagner du temps ou à pousser plus loin tes idées, mais ça ne remplacera pas et ça c'est plutôt...
- Speaker #0
Ce n'est pas la machine ou les IA qui remplaceront l'homme, c'est plutôt ceux qui sont, qui créent ça. C'est l'homme qui remplacera l'homme par la machine pour gain de temps, pour gain d'argent, parce qu'il pense que c'est ça. Je pense que malheureusement, ce sera plutôt l'homme qui voudra se remplacer lui-même, parce que justement, on risque de se perdre dans ce qui nous différencie avec ces machines-là, avec ces codes, ces lignes de code. qui sont créés par nous et qui sont censés représenter la meilleure version de nous-mêmes, ou la version la plus productive plutôt de nous-mêmes. Et c'est justement certaines personnes, on va dire, qui sont plutôt en haut de l'échelle. C'est à eux de faire attention à ne pas oublier qu'avant tout, ce qui fait la beauté de l'art, ce qui fait la beauté aussi de la vie humaine, c'est... de ce côté imparfait que l'humain apporte dans sa production.
- Speaker #1
Quelque part, c'est assez anticapitaliste comme discours.
- Speaker #0
Oui, je ne sais pas. Après, je ne pense pas que...
- Speaker #1
Oh, un peu de ça !
- Speaker #0
Voilà, il y a un peu de ça. Après, que ce soit l'art, et toujours, même de base, ça dénonce pas mal de choses du capitalisme. Aujourd'hui, ça joue avec ses codes. parce qu'il faut toujours plus produire et jouer avec la vente, savoir se vendre. Mais l'art, de base, par définition, va contre le capitalisme. Et cet effet de production va plus vers, n'oubliez pas ce qui fait qui on est, notre imperfection qui rend les choses qui nous touchent. Que ce soit une œuvre, tu regardes, je suis sûre, si encore Van Gogh était vivant aujourd'hui, tu lui montres une peinture. pourtant une de ses peintures aujourd'hui qui est magnifique à nos yeux lui va dire maintenant il y a ça qui est pas bien, il y a ça qui est pas bien pour lui il va la trouver imparfaite et pourtant il y a quelque chose dedans qui ne peut être mis que par l'humain ouais,
- Speaker #1
mais c'est d'ailleurs tout l'objet d'un épisode de Doctor Who que j'adore ouais, j'aime bien cette série regardez Doctor Who bref On va arriver petit à petit sur la fin de ce podcast, je vais te demander tes recommandations culturelles. Est-ce qu'il y a des choses qui t'ont marqué récemment et que tu as envie de recommander à nos auditeurs et auditrices ?
- Speaker #0
J'aurais deux trucs, deux animés. Un, c'est un que j'ai regardé récemment, c'est... Je ne sais pas comment ça s'appelle. C'est GénoCyber, ou GénoCybor, je ne sais plus. C'est une série en, il me semble, 4 ou 5 épisodes. qui date de 94, où c'est sur l'histoire, comment expliquer ? Ils sont trop en direct, c'est moi le problème. Quand j'essaie de raconter, quand j'essaie de faire les synoptiques, en fait, je raconte toutes les histoires. Mais ça se passe dans un monde utopique, où justement, il y a des cyborgs, des unes, deux enfants qui sont créés à partir d'un... d'une science, d'un scientifique et d'une folie scientifique. Et un des enfants est surpuissant, voire surpuissant, et l'autre est fait, en fait, pour canaliser cet enfant, mais cet enfant est un peu de base, juste sauvage et rêve de liberté. Et à un moment, il la chope et ça part en cacahuètes. Alors l'animation est un peu originale, donc tu vas avoir des moments où ça va être... animé avec aussi des moments où ça va être des images de synthèse ou des images de prises de vue réelles. C'est pas pour la qualité de l'animation mais c'est pour l'originalité du scénario et aussi de comment ça s'enchaîne. Faut pas essayer de comprendre dès le début, il faut se laisser porter. Par contre c'est violent, trigger warning, violence.
- Speaker #1
Ok, d'accord.
- Speaker #0
Et un autre que je me suis... Un autre animé qui m'a inspiré et qui me sert de référent dans mon nouveau projet, c'est Ergo Proxy. Une série de un peu moins de 20 épisodes, qui est une série de trois années, début 2000, et qui est un chef-d'oeuvre un peu trop peu connu à mon sens.
- Speaker #1
Ok. Alors pour ma part, j'ai fini récemment la septième saison de Black Mirror. qui est excellente d'ailleurs j'ai beaucoup aimé bon le dernier épisode je l'ai trouvé un peu long mais bon c'était voilà mais dans l'ensemble rien que le premier épisode Common People est absolument Absolument génial. Grosse ronde, pareil, contre les grosses compagnies, etc. Pareil, l'hôtel... L'épisode Hôtel Rêverie, que je vois comme une San Johnny Perro numéro 2, c'est vraiment excellent. En autre recommandation, il y a la dernière série Astérix d'Alain Chabat. Astérix et le combat des chefs. C'est... Enfin, à chaque fois qu'Alain Chabat touche à Astérix, ça se transforme en or. Et franchement, il n'y a pas de débat. C'est très, très bien fait. C'est très drôle. Et vraiment, si vous avez l'occasion, si vous avez Netflix, regardez le combat des chefs.
- Speaker #0
J'ai cité et tu m'as donné envie,
- Speaker #1
tu vois. Eh ben, tu vois, comme quoi...
- Speaker #0
Comme quoi ?
- Speaker #1
Ouais. un petit instant promo ma chère ma chère Rebecca pour parler de de ton propre de tes projets à venir instant promo déjà il faut me suivre sur mes réseaux sociaux Rebecca Moon point officiel
- Speaker #0
Instagram TikTok Facebook oui Rebecca Moon sur Youtube et sinon je vais sortir je pense que ça sera plutôt à Je disais encore juin ou plutôt vers la rentrée scolaire, un nouveau single. Et il y aura des dates de tournée qui vont être annoncées. Mais je ne dis pas plus.
- Speaker #1
Ok, écoute, il n'y a pas de souci, tu nous tiendras au courant. Merci beaucoup, Rebecca, d'avoir été mon invitée dans ce podcast.
- Speaker #0
Merci de m'avoir invité.
- Speaker #1
Avec plaisir. On se donne rendez-vous pour un prochain podcast. podcast. D'ici là... Ah oui, il faut que je vous annonce aussi parce que on était en train d'essayer de se caler avec les copains du Chœur à l'Horizon. En tout cas, ils sont en spectacle le 23 mai, donc allez voir leur nouveau spectacle. D'ici là, prenez soin de vous, faites de la musique, chantez, dansez, composez, et puis à bientôt. Ciao, ciao. Prenez soin de vous.