- Speaker #0
Si vous n'étiez pas mère, vous n'étiez pas une grande femme. Je suis assez gêné moi de voir cette nouvelle mode où ces politiciens ne pas avoir d'enfants.
- Speaker #1
Les intérêts totaux de la chose.
- Speaker #0
Vous êtes plus tout jeune vous deux. Qu'est-ce que vous attendez ? Vous m'étiez dit avant 40 ans vraiment qu'aujourd'hui je suis 72 ans. Je suis 2025.
- Speaker #1
Cela ne nous regarde pas.
- Speaker #0
C'est pour quand ?
- Speaker #2
C'est pour quand ? C'est pour quand ? Alors ? C'est pour quand ? Elle, c'est ma petite sœur Carla, 27 ans, deux enfants, un appartement en logement social dans le quartier de Bellevue à Brest. Son quotidien ? Une logistique millimétrée, une charge mentale. écrasantes, des fins de mois qui tanguent, mais surtout pas mal de solitude face à tout ça. Pourtant Carla n'est pas un cas isolé. En France, une famille sur quatre est monoparentale et dans 82% des cas c'est une mère qui tient seule la barre.
- Speaker #1
Prête doucement ! J'ai toujours assumé en fait depuis le début la grande pratiquement toute seule. Elle a 8 ans et demi et je l'ai pratiquement élevée seule et pareil la deuxième c'est toute seule. Donc ça revient ça revient en fait à avoir fait comme si tu avais fait un enfant toute seule. Je les ai 24h sur 24, 7 jours sur 7. Je les ai tout le temps. Il ne les voit que quand il en a envie, ce qui devient de plus en plus rare. Et en fait, il n'y a pas d'histoire de garde. Il n'y a que moi qui gère au quotidien. Je ne peux même pas être malade. Avec le papa, au début, ça se passait très très bien. Et au fur et à mesure du temps, la relation s'est dégradée, elle est devenue toxique, comme on peut dire. Et au final, on a eu notre première fille quand même très rapidement. Moi, je suis tombée enceinte de ma première, j'avais 18 ans. J'avais 18 ans, donc on n'était clairement pas mature, on ne va pas se mentir. Et en fait, arrivé à la naissance de la première, tout s'est enchaîné très vite. Il y a eu infidélité, violence conjugale, il y a eu énormément de problèmes qui ont fait qu'à l'heure d'aujourd'hui, on est... Comme deux inconnues. Moi, je touche le RSA et je ne suis pas considérée comme mère isolée, au vu que je n'ai pas divorcé, donc c'est compliqué, je n'ai pas de pension alimentaire, parce que l'État ne peut pas me donner de pension alimentaire pour l'instant, au vu que nous ne sommes pas divorcés. Et le papa... qui travaille et qui a la possibilité de subvenir un minimum aux besoins des enfants, ne le fait pas. C'est vrai que j'ai des amis qui perçoivent 80 euros de pension alimentaire pour un enfant. Alors on ne va pas se cacher, on en est tous conscients que 80 euros pour subvenir aux besoins d'un enfant, ce n'est clairement pas possible. Il faut être dur, il faut être plus dur parce qu'il y a énormément de femmes qui en souffrent.
- Speaker #2
45%. C'est la proportion d'enfants de mères célibataires qui vivent sous le seuil de pauvreté. Presque 1 sur 2. On parle souvent des familles, de la parentalité, de la place des enfants dans notre société. Mais qui parle des familles monoparentales ? Rien ou presque n'est pensé pour elles. Pourtant, il y a plus de 1,6 million de mamans solos en France. C'est une réalité massive et pourtant elle reste invisible.
- Speaker #0
Est-ce que ma très chère... Maman solo de France et de Navarre. Là, je n'ai pas de cordes. Je risquerais de vous servir. Ni de baillons. Vu que tu viens d'enregistrer les enfants en train de hurler à la mort. C'est vrai. Non, ça va. Des fois, il vaut mieux être seule que mal accompagnée parce que d'être mal accompagnée, des fois, c'est une charge en plus. Oui,
- Speaker #1
c'est...
- Speaker #0
Voilà. Et puis, acquiescer. L'acquiescement. Éducation positive, mais dans mon cœur. Fatigue dans ma vie. Et dans le crème antiride aussi. Je suis fatiguée. Non, mais il faudrait interroger un jeune homme qui a 9 ans de savoir qu'est-ce qu'il pense de sa mère qui se débrouille toute seule. Et le préparer à la future charge mentale qu'il n'aura pas, vu que c'est un homme.
- Speaker #2
Ouais, mon Dieu. Je ne vous l'ai pas encore présenté. Voici Émilie, une autre de mes sœurs. Maman solo, elle aussi. Elle vit à Bellevue, tout près de chez Carla. Ce soir-là, on est toutes les trois dans la cuisine. Notre mère est là aussi. Une clope à la main, la fenêtre entreouverte. On parle de tout, du boulot, des gosses, des galères. Alors je lui pose la question, simplement. C'est quoi, être une maman solo ?
- Speaker #0
La fatigue, ça va, ça vient. Ça repartira, oui, ce n'est pas grave. Je me reposerai à la retraite. Je n'aurai pas de retraite. Ce n'est pas grave. Je n'aurai pas de retraite, j'ai un salaire trop pourri. Je ne continue pas. C'est pas possible. Et en plus, comme j'ai fait deux enfants, je suis restée la première année seule avec eux à la maison. En plus, ces deux années-là, à 80 ballets, je suis toujours à faire un pan de terre. Mais le problème, c'est que dans cette société, quand tu es mère, quand tu es une femme, quand tu es mère, en plus, tu es célibataire avec des enfants, tu as beaucoup plus de portes qui se font. Même pour des formations, même pour des trucs comme ça, il faut absolument avoir le bac. Maintenant, de toute façon, on est une génération où il y a le garde. Un peu moins maintenant. Mais avant, tu n'étais pas obligé d'avoir des diplômes, d'avoir de l'expérience, sauf que c'était avec des enfants jeunes. et du coup il y a des études que t'as pas faites et du coup tu te retrouves coiffe c'est ça qui est dommage je connais énormément de monde dans des situations très compliquées et pas forcément aidées parce
- Speaker #1
que souvent on dit oui ils vont chez les assistantes non Non, là, il va falloir arrêter avec ces clichés-là. J'ai été, déjà pour ma part, où je suis ressortie bredouille, où je me suis débrouillée toute seule. Donc, j'ai énormément entendu, oui, les femmes seules, oui, les mères célibataires, oui, elles ont plus que nous, plus que des gens qui travaillent. En fait, prenez nos situations. Prenez nos situations, nous, on va travailler à votre place. Et puis, je pense que nous, au vu de notre expérience, on ne se permettrait jamais de dire ce genre de choses.
- Speaker #2
Les jours s'enchaînent, les nuits sont courtes, il faut tout gérer, tout anticiper, parce qu'il n'y a personne d'autre. Les coups de fil à l'école, la course entre le boulot et la crèche, les petits bobos, les grosses urgences. Une grippe, on fait comment quand on ne peut pas se permettre d'être malade ?
- Speaker #1
Tout tourne déjà autour des enfants, mais c'est vrai que le travail encore plus. Et puis comme on est toutes seules, s'il y en a un qui est malade et puis l'autre le suit, l'employeur, bon, il n'est pas là non plus pour fier les peaux cassées. donc oui ça complique moi de base j'ai fait un CAP en restauration que j'ai oublié du coup j'ai travaillé de nuit aussi que je peux oublier aussi et voilà oui ça complique beaucoup j'ai choisi mon travail moi pas pour moi,
- Speaker #0
pas pour ma carrière professionnelle ou par mes choix de ce que je veux faire dans ma vie j'ai choisi mon travail pour les horaires pour pouvoir ... que mes enfants ils aient ce confort d'être à la maison après l'école, de ne pas devoir les mettre à la garderie, de ne pas devoir les mettre au centre aéré. Du coup, la paie, elle en joue. Les congés, les vacances scolaires, qui sont bien évidemment tous les mois, on va savoir pourquoi il y a des vacances tous les mois, c'est une vraie galère. Est-ce que dans ça, tu es claire ? Quand tu es mère célibataire, c'est une vraie galère de s'organiser pour les vacances. Tout simplement parce que, moi, si je ne travaille pas... J'ai pas de salaire. Mes congés sont sans solde parce que j'ai des particuliers employeurs.
- Speaker #2
Les mères seules ont un taux d'emploi presque aussi élevé que les mères en couple. Mais elles occupent plus souvent des emplois précaires avec des horaires impossibles. Quand on n'a pas de réseau pour aider, pas de flexibilité, pas de plan B, comment fait-on pour travailler ? Avec un enfant de moins de deux ans, moins d'une mère solo sur deux a un emploi, contre 70% des mères en couple.
- Speaker #1
Avant, j'ai pas vraiment confiance.
- Speaker #0
Après, les jeux, ils ont pas de loup.
- Speaker #1
Ou alors, un mime.
- Speaker #2
Ce matin-là, Carla reçoit un appel d'Emilie, justement. Sa fille, Théa, est malade et elle ne parvient pas à joindre le papa pour lui prêter main forte.
- Speaker #1
Non mais écoute, on est là, c'est pas grave.
- Speaker #0
Non mais écoute,
- Speaker #1
c'est pas grave, déstresse-toi. Non mais écoute, déstresse-toi, on est là.
- Speaker #0
Oui, non mais t'inquiète pas.
- Speaker #1
Oui, non mais déstresse-toi. Déjà, tu bosses, c'est déjà une pression. Bon, de toute façon, je vais faire mon ménage, je la poserai. Toutes mes amies et mes voisines aussi sont toutes seules avec leur petit bout de chou. Deux copines très proches, on va dire, allez, j'en ai quatre. Mais sinon, on est une bonne dizaine. On est une bonne dizaine. Être dans ce cas-là. On est solidaires entre femmes. Moi, c'est vrai que j'ai remarqué ça, en tout cas pour nos rôles de maman. On se soutient, on parle de nos doutes, on est rassurés l'une comme l'autre. On est aidés. C'est vrai que même parfois, les copines prennent du coup plus la place de papa parce que s'il y a une activité, elle va proposer de prendre l'enfant ou autre. ce que le papa, malheureusement, ne fait pas. Moi, j'ai ma sœur qui habite à côté de chez moi et j'ai énormément de chance de la voir. Parce qu'elle me comprend et elle me rassure sans même que j'ai besoin de parler. Elle est d'un soutien, tout comme moi, je suis d'un soutien s'il y a un souci ou qu'un enfant est malade, on s'arrange, voilà. on a le rôle de maman. Et en fait, on n'a plus le rôle de femme, on n'a plus le rôle... Moi, personnellement, pour l'instant, je ne travaille pas, je suis en recherche d'emploi. Mais pour l'instant, je suis dans un rituel. C'est tous les jours, tout le temps la même chose. Parce qu'on dit souvent, oui, avec les enfants, c'est jamais la même chose. Ben si, en fait, si. Pour moi, le plus dur, c'est cette pression qu'on a sur les épaules. Est-ce qu'à la fin du mois, il ne manquera pas de nourriture sur la table ? Ou est-ce que ce que je fais là, actuellement... va pas causer des traumatismes entre guillemets par rapport à la situation de séparation, le fait de malheureusement que moi mes filles ne voient pas leur papa, je sais très bien parce que je l'ai vécu moi même je sais que dans pour leur futur ça peut causer des petits dégâts tu as cette pression là et puis en fait tu as tellement de pression vraiment Tout tourne autour de l'enfant, parce que c'est deux petites merveilles, moi qui n'ai pas demandé d'être là. Donc tout tourne autour de nos enfants, mais en fait, on ne sait pas vraiment si on fait bien. Quand ma fille... tombée malade le soir, une grosse crise au niveau du ventre. Elle avait vraiment très mal. C'est même la première fois que je la vois comme ça. Moi, je m'empresse à prendre mon téléphone, à appeler les médecins, etc. Mais en fait, entre le moment où je prends mon téléphone ou j'attends le médecin, il y a quand même un moment avant qu'il arrive. Et du coup, toute cette angoisse, toute cette... Je ne sais pas quoi faire, je ne suis pas médecin. Donc, mis à part prendre mon enfant dans les bras et le consoler en attendant que le médecin arrive, je suis toute seule. S'il se passe quelque chose, c'est moi qui dois gérer. C'est vraiment trop de pression. Je n'en peux plus, je suis trop fatiguée.
- Speaker #2
T'as dormi ? Du coup, tu t'es réveillée combien de temps pour son histoire de couche ?
- Speaker #1
Une demi-heure. J'allais refaire les nages. Elle est venue.
- Speaker #2
Mais le lit, il était trempé.
- Speaker #1
Oui, c'était vraiment... Mais le matelas aussi. Oui, bah oui, du coup... C'est vrai que moi, dans mon entourage, je vois. Et puis moi-même, je fais comme ça. On commence à avoir... énormément de fatigue accumulée, que ce soit physique, psychologique. Le plus difficile par rapport à moi-même, c'est de s'oublier complètement. En fait, on ne sait plus trop qui on est, parce que notre vie tourne tellement autour des enfants que... que là, oui, je ne suis qu'une personne, mais je ne sais plus vraiment qui je suis. Je ne sais plus vraiment ce que j'aime. Je ne sais plus grand-chose sur moi-même. Donc il va falloir aussi faire un travail sur moi-même et me dire que certes, il y a mes enfants, mais qu'il faut que j'essaye de vivre un petit peu pour moi quand même. Parce qu'à l'heure d'aujourd'hui, je n'aurai pas mes enfants. Ma vie serait tellement différente, mais il m'en crée quelque chose. Incomplète. Et après, mon énergie, surtout la deuxième, mais sans elle, je ne pourrais pas. Notre pression, toute cette vie-là, fait qu'au bout d'un moment, notre corps, petit à petit, nous dit « Ouh là, il va falloir se calmer, il va falloir ralentir, mais je ne peux pas ralentir. Je ne peux pas ralentir. Si je ralentis, il y a tout qui s'arrête. » Et en fait, ce n'est pas possible. J'ai des enfants. Des enfants qui ont besoin que maman soit opérationnelle. Des enfants qui ont besoin que maman, oui, aille bien. Mais c'est compliqué. Des enfants qui ont besoin d'avoir un environnement sain et de réussir à l'école et d'être épanouis. Et je ne peux pas m'arrêter. Je ne peux pas être malade. Je ne peux pas ne pas aller bien. Et puis, si je montre que je ne vais pas bien... Ça fera de moins une mauvaise mère, du coup. Parce que c'est vrai qu'on est beaucoup catégorisés.
- Speaker #2
Dans le documentaire que je vous recommande chaudement, Maman Solo, les oubliés de la République, une femme dit qu'elle a longtemps caché sa situation. Par honte. Parce qu'être mère célibataire, ce n'est pas juste une situation, c'est un statut, c'est une étiquette. C'est un échec, en quelque sorte, aux yeux de la société. Mais un échec de qui, réellement ?
- Speaker #1
De toute façon, même une mère n'étant pas célibataire est jugée. On va moins reprocher à un père de ne pas assumer ses responsabilités ou de ne rien faire pour son enfant et qu'une mère, directement, elle est catégorisée de mauvaise mère, de mauvaise femme, de tous ces noms-là. Donc, oui, il y a une grosse différence entre les femmes célibataires et les papas. Et ils sont pas forcément en plus catégorisés, non bah non ! Par contre la femme, si elle part, elle, elle prend cher. Et pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi la femme ?
- Speaker #0
Non ?
- Speaker #1
Moi je suis pas d'accord. C'est vrai que dans une situation lambda, aucun des deux devrait partir, d'accord ? Une séparation, ça arrive, c'est comme ça. Mais l'enfant, il a en aucun cas... Enfin, il ne doit pas payer, en fait, pour ça. Et la femme non plus. Celle qui reste, du coup, toute seule, elle n'a pas à payer non plus. OK. OK.
- Speaker #0
Je vais faire des extraits de « Que les gens se touchent » .
- Speaker #1
C'est « Qu'en plus ? »
- Speaker #0
Le reste de la page.
- Speaker #1
Après, quand il fait froid... Une cuillère ça peut couper un... J'en peux plus, je suis trop fatiguée. Une copine va m'appeler, elle va me dire « Oh bah j'ai vu le père de tes enfants, il est au café, et puis moi je suis là, mon enfant il est malade, 42 températures, et je galère toute seule. » Plein de fois, on le voyait, même le pire, au magasin à côté de chez moi. Et pas signe de vie pendant trois semaines. Je pense que, déjà premièrement, c'est plus facile. de disparaître du jour au lendemain et de ne pas assumer ses responsabilités. Et en fait, je pense que tu as cet esprit d'équipe. Désolée, pour ma part, c'est ça. Moi, dans mon expérience, tu as cet esprit d'équipe qui montre que mon pote, il a fait ça, donc je vais faire la même chose. Et donc, c'est aussi simple que ça. J'ai énormément de chance de les avoir et je suis reconnaissante. On est très fusionnel.
- Speaker #2
Aya, si ta mère devait être un personnage de dessin animé ou de film ou de film de... Je n'en sais rien moi, de tous les films que tu regardes, c'est quoi, c'est les Marvel, tout ça ? Ce serait quel personnage et pourquoi ? Parle dans le micro.
- Speaker #1
Spider-Garou.
- Speaker #3
Elle existe ?
- Speaker #1
Non, c'est pas de la même. Non, Spider-Garou. Pourquoi ?
- Speaker #2
Pourquoi ce serait Spider-Girl ?
- Speaker #1
Parce que, par exemple, elle sauve la vie des gens.
- Speaker #0
Elle est trop mignonne.
- Speaker #1
Elle est gentille. Et elle fait des câlins.
- Speaker #2
Et c'est vrai, les mamans solo sont des super héroïnes. Mais pas celles des films. Il n'y a pas de costume, pas de super pouvoir et surtout pas de reconnaissance. Juste du courage ou de la force pour y aller chaque jour et pour tenir pour leurs enfants. Et si au lieu d'attendre d'elles qu'elles soient des super héroïnes, on leur donnait enfin les moyens de vivre comme tout le monde justement ? Le sujet vous intéresse ? Vous avez des questions, des suggestions concernant le podcast ? Ça se passe sur Instagram, sur le compte. Alors, c'est la lettre C. Pour quand ? Tout attaché. Alors, c'est pour quand ? Tout attaché. Je vous mets le lien dans le descriptif de l'épisode. À bientôt !