- Speaker #0
Si vous n'étiez pas mère, vous n'étiez pas une grande femme.
- Speaker #1
Je suis assez gêné moi de voir cette nouvelle mode où ces politiciens ne pas avoir d'enfant.
- Speaker #0
Les intérêts total de la chose. Vous êtes plus tout jeune vous deux. Qu'est-ce que vous attendez ? Petit Boudi, avant 40 ans vraiment,
- Speaker #1
aujourd'hui je vous ai 60 millions. Je suis de nouveau en teint.
- Speaker #0
Cela ne nous regarde pas.
- Speaker #1
Pourquoi ? C'est pourquoi ? C'est pourquoi ? Alors ? C'est pour quand ? Salut, je suis Octavia, dans le podcast Alors, c'est pour quand ? On s'adresse aux indécises, à celles qui ne désirent pas, à celles qui n'ont pas pu, à celles qui ont fait trop tard ou toutes seules. Nous parlons des questions de maternité. J'échange avec des femmes qui ne rentrent pas dans les cases, des femmes libres qui, à travers leurs histoires et leurs témoignages, nous permettent de briser les tabous. Imaginez, vous rencontrez votre partenaire, la personne de votre vie, le coup de foudre. S'en suivent de belles années de joie couronnées par un beau mariage entouré de tous vos proches. Et puis, pour concrétiser cet amour si fort, vous décidez d'avoir un enfant. La grossesse et l'accouchement se passent dans les meilleures conditions possibles. Mais là... patatras, rien ne se passe comme vous l'imaginez. Épuisé, sursollicité, stressé et faisant face à une charge mentale de l'espace, vous en arrivez à regretter votre vie d'avant, celle où vous étiez libre de votre temps et de vos choix, quand l'improvisation était encore votre meilleur mantra. Pour parler de manière un peu plus approfondie de ce sujet, Je reçois aujourd'hui Astrid Hureau de Ligny, une femme qui a osé prendre la parole alors qu'elles sont nombreuses, les injonctions au silence en la matière. D'ailleurs Astrid, tu l'écris dans ton livre, nous vivons dans une société qui attend des mères que nous soyons parfaites, que nous aimions ce rôle plus que tout, que nous taisions les petits désagréments qui surviennent avec la maternité. Une société qui nous rabâche Qu'avoir un enfant est la chose la plus merveilleuse au monde, alors de quoi nous plaît-on ? Astrid, bonjour !
- Speaker #0
Salut Octavia !
- Speaker #1
Je te remercie beaucoup pour ta présence dans le podcast Alors c'est pour quand ? et pour démarrer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots s'il te plaît ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr ! Alors, je m'appelle Astrid, comme tu l'as bien dit, j'ai 38 ans, j'habite à Montréal depuis 16 ans. Je suis mariée depuis 9 ans, si je ne dis pas de bêtises, et je suis la maman d'un petit garçon de 6 ans.
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça dévoque pour toi la question alors c'est pour quand ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, ça m'exasperle. Finalement, en posant cette question, on part du principe qu'il va y avoir forcément un enfant dans le décor tôt ou tard, alors qu'il peut y avoir plein de raisons qui font qu'il n'y a pas d'enfant. Déjà, la première, on n'en veut pas. La deuxième, on n'arrive pas à concevoir, qui peut être beaucoup plus sensible pour certains, même pour beaucoup, je pense. Donc c'est ça, pour moi, c'est une question exaspérante, c'est vraiment le mot, et qui ne devrait plus être posée.
- Speaker #1
Tu as écrit un ouvrage qui s'intitule Le regret maternel dans lequel tu racontes ton expérience de la maternité suite à la naissance de ton fils. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est exactement cette notion de regret maternel ?
- Speaker #0
Alors, déjà, je fais un petit retour en arrière. C'est sûr que le regret maternel, moi, je ne connaissais pas ce terme en tant que tel avant de créer mon compte Instagram, parce que s'il n'y avait eu que moi, j'aurais créé un compte qui s'appelle Le regret d'être mère. Mais c'est le titre d'un ouvrage d'une autrice israélienne qui s'appelle Orna Donat. Donc, c'est sûr que je ne pouvais pas reprendre exactement ce titre. ni pour mon livre ni pour mon compte Instagram, d'où regret maternel qui revient un peu à la même chose. Mais en gros, regretter d'être mère, alors moi je peux toujours faire la distinction entre regretter d'être mère et regretter d'avoir eu son enfant. On pourrait penser que c'est la même chose, mais à mes yeux c'est pas du tout la même chose. Regretter d'être mère, pour moi c'est regretter le rôle. D'ailleurs sur mon livre il y a marqué le regret maternel et en dessous il y a écrit quand le rôle de mère est trop lourd à porter. C'est vraiment ça dont il s'agit et regretter d'être mère, le sujet. C'est moi, c'est la mère. Tandis que si on dit je regrette d'avoir eu un enfant je regrette d'avoir eu un enfant ou mon enfant carrément, le sujet c'est l'enfant, alors qu'on le sait, l'enfant n'a rien demandé. Donc moi je fais toujours cette distinction parce que, oui, bien sûr, vu comme ça, ça revient au même, je n'aurai pas d'enfant, je ne regretterai pas. Mais lui n'a rien demandé, donc regretter d'être mère, c'est ça. C'est se poser la question, se dire, si c'était à refaire, est-ce que je le referais ? Et que la réponse soit non. C'est vraiment ça, parce qu'il peut y avoir de l'ambivalence maternelle. Je pense que toutes les mères passent par ça au moins une fois dans leur vie. À un moment donné, être épuisée par son enfant, attendre qu'il soit couché. Puis une fois qu'il dort, regarder les photos sur le téléphone en disant Ah, tu te rappelles quand il avait tel âge ? Tu étais tellement mignon ! Ça m'arrive encore aujourd'hui. On va dire que c'est quelque chose qui est moins long sur la durée. Ça va être très court. Ça peut revenir souvent, évidemment. Mais... Vraiment, si quelqu'un nous écoute et se pose la question, si c'était à refaire, le referais-tu ? Si la réponse est oui, il n'y a pas vraiment de regret en tant que tel. On peut, oui, comme tu le disais dans ton introduction, regretter sa vie d'avant, être nostalgique de ce temps qu'on avait sans contraintes, sans agenda, oui et non, parce qu'on a aussi des obligations de la vie, le travail. Mais je veux dire, une fois qu'on a fini notre journée de travail, on peut vaciller nos occupations, sortir au resto sur un coup de tête, quelque chose qui peut être... plus dur quand on a un enfant en bas âge on va dire donc là c'est ça c'est vraiment se dire non je le referai pas pied aujourd'hui là mon compte à bientôt quatre ans mon compte instagram à l'époque déjà je disais non je le referai pas mon fils à 6 ans aujourd'hui non je le referai pas toujours c'est la réponse est la même évidemment que si demain il arrivait quelque chose à mon fils de grave je serai inconsolable ma vie pour moi serait riche e parce que mon fils il est là dans ma vie aujourd'hui je l'aime de tout mon coeur c'est comme je l'aime limite plus que mon conjoint c'est la prunelle de mes yeux c'est mon fils mais voilà si à l'époque avant de concevoir notre enfant j'avais su à quel point ça allait être difficile sur plein de sphères différentes mon fils il n'existerait pas, je n'aurais pas ça je ne le connaîtrais pas donc j'aurais pas cette projection de ah mais je vais manquer ça, j'en saurais rien Là, j'aurais en effet aimé ne pas avoir d'enfant.
- Speaker #1
Le regret maternel, c'est retourner avant la naissance de son enfant. Enfin, souhaiter potentiellement retourner avant la naissance de son enfant. C'est-à-dire que tout ce qu'on a eu après, finalement, ce n'est pas forcément quelque chose qui nous convient.
- Speaker #0
C'est ça, exactement. Et puis, encore une fois, j'insiste sur le fait que... Ce n'est pas tant le rapport avec mon enfant, mais plus le rapport avec le rôle de mère. Est-ce que ça implique d'être mère dans la société dans laquelle on vit aujourd'hui ? Le manque de soutien, plein de choses peut-être que tu vas aborder un peu plus loin dans la discussion.
- Speaker #1
Ce que tu expliques aussi en filigrane là, c'est que le regret maternel et l'amour qu'on porte à son enfant n'ont rien à voir.
- Speaker #0
Non, bien sûr, parce que mon fils, c'est ça, je l'aime plus que n'importe qui sur cette terre. Je ne veux pas le... L'effacer de ma vie, il est là, on ne peut pas retourner dans le temps de toute façon. Mais oui, je l'aime. Et justement, je pense que si je fais tout ce travail sur moi, si j'en parle, etc., ça a été tout un cheminement. C'est parce que justement, je l'aime tellement que je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que notre relation, pour que ma vie de mère aussi, se passe du mieux possible malgré ce regret. Je ne veux pas que ce regret m'écrase, je veux vivre avec, à côté de moi et pas sur mes épaules qui me nuient.
- Speaker #1
en fait.
- Speaker #0
Par exemple,
- Speaker #1
pour celles qui se poseraient la question, celles qui nous écoutent, qui sont des jeunes mamans, même des mamans tout court, qui se demanderaient la différence entre un regret maternel et une dépression postpartum.
- Speaker #0
La dépression postpartum, c'est une maladie. Le regret, c'est un sentiment qui peut s'estomper avec le temps ou pas. Moi, pour l'instant, il est bien, bien présent, puis j'ai du mal à croire qu'à un moment donné, j'ai comme une épiphanie, puis que, ah ben non, je ne regrette plus. Peut-être, mais je suis assez réaliste sur le sujet. Donc la dépression postpartum, c'est ça, c'est une maladie qui se traite avec de la thérapie, avec des antidépresseurs. C'est une maladie avec un début et généralement une fin. Une fois que la médication est terminée ou que la thérapie est terminée, ou les deux combinées, c'est parce qu'on va mieux. Tandis que le regret, c'est vraiment un sentiment, c'est quelque chose en soi qu'on ne choisit pas, tout comme la dépression, on ne choisit pas de tomber en dépression. Et c'est quelque chose qui ne se soigne pas, qui peut s'apaiser, s'adoucir, là aussi avec la thérapie. Moi, ça fait cinq ans aujourd'hui, d'ailleurs, jour pour jour, quinze autres, que je suis une thérapiste solo. C'est ça, sans mon conjoint. Et je sais que tout ce travail que j'ai fait, à la base, j'avais consulté pour la dépression postpartum, mais je n'ai jamais souhaité arrêter parce que je savais que même si ma dépression était soignée, que ça allait mieux au point de vue psychologique, j'avais quand même toujours ces difficultés par rapport au rôle, au poids que ça pouvait peser sur mes épaules. Et donc voilà, c'est vraiment l'un est médical, l'autre c'est quelque chose qui se ressent, mais qui ne se soigne pas avec des antidépresseurs par exemple.
- Speaker #1
Selon en tout cas ce qui peut arriver aux mamans, d'être vigilante aussi, de se poser la question de ce dont il s'agit vraiment.
- Speaker #0
Ça m'arrive parfois de recevoir des messages de jeunes mamans, d'enfants de 2, 3, 4, 5 mois qui me disent Ah ! je me retrouve dans tes propos, je regrette et tout puis je ne suis pas en train de nier du tout le ressenti de ses mères, absolument pas mais à ce stade-là du début de la maternité en pleine matrescence donc ça ce changement, ce passage de la femme à la mère ça peut être une dépression ça peut être quelque chose qui peut se soigner, c'est ça qu'il faut faire attention à ça, il ne faut pas juste se dire ok c'est sûr je le regrette puis il n'y a rien qui peut changer ça. Il ne faut vraiment pas hésiter à aller consulter, en parler. Peut-être qu'en effet, c'est un regret qui va perdurer mais peut-être qu'en discutant, il y a autre chose qui va ressortir et qui va permettre de soigner ça et aider à ce que ça passe le plus vite possible. Ou pas en fait, mais il ne faut surtout pas négliger ça, surtout dans les premiers mois de vie de son enfant, même jusqu'à la première année. S'il y a vraiment une fatigue, un ras-le-bol. broyer du noir, se dire qu'on est fichu, etc. Je pense qu'il faut vraiment creuser plus en profondeur et surtout pas baisser les bras, parce que ça se peut que ce soit quelque chose qui est soignable.
- Speaker #1
Justement, dans ton propos, tu expliques que la prise de parole, le fait d'oser parler de ces sujets-là, c'est essentiel aussi pour pouvoir avancer, éventuellement améliorer certaines situations. Mais cependant... effectivement toi parmi les commentaires que tu as reçus que ce soit sur ton compte Instagram j'imagine ou quand tu as pris la parole dans des podcasts lors de la parution de ton ouvrage il y a beaucoup de personnes qui t'ont invité à garder le silence sur ce sujet parce que leur justification c'était qu'en fait le terme regret semble trop brutal pour les enfants dont la mère pourrait être concernée justement Qu'est-ce que tu réponds à ce genre de remarques ?
- Speaker #0
Mon ressenti, je ne l'ai pas partagé tel quel à mon fils. Je ne lui parle pas de regrets maternels ou quoi que ce soit. Je ne l'exprime pas avec ces mots-là. Par contre, je verbalise beaucoup, on communique énormément. Donc, je lui dis que le rôle de mère, c'est difficile. Et d'ailleurs, c'est très drôle parce que lui me dit que plus tard, il ne voudra pas d'enfant parce qu'il croit qu'il est assez compliqué. Donc, ça me fait sourire. Évidemment, peut-être qu'il change d'avis. pas, mais c'est mignon. Je me dis, peut-être qu'il est très lucide et qu'il comprend. Mais en fait, en gros, je me dis, les personnes qui disent ça cherchent encore une fois à culpabiliser les mères pour qu'elles se taisent. Parce que de dire, ah là là, c'est violent pour les enfants, ce terme regret, moi, quand je participe à des podcasts, je ne m'attends pas à ce que des enfants de l'âge de mon fils écoutent ce podcast. C'est pas mal plus pour les adultes, c'est pas mal plus pour les femmes, les... possible future mère, etc., les personnes qui se posent des questions. Et pour les gens en général, en fait, juste pour dire, voilà comment moi je me sens, peut-être que d'autres personnes, d'autres générations ressentent la même chose, et elles, elles devaient encore plus garder le silence. Et aujourd'hui, ça peut leur enlever un poids. Je ne sais pas, moi, ça a toujours été dans le but de, c'est ça, déjà d'ouvrir le dialogue, d'aider à ma hauteur. Donc, les personnes qui reprochent ça, C'est encore une fois, c'est ça, des personnes peut-être très conservatrices qui ne veulent surtout pas qu'on sache que, ouh là là, en fait, oui, le rôle de mère est compliqué, enfin, peut être compliqué, n'est pas facile, ça c'est une réalité, ce n'est pas facile. Et aussi peut-être que dans le clos, il y a des personnes qui se disent, ouh là là, mais il y a un petit peu trop de femmes qui commencent à ouvrir leur bouche sur plein de sujets. Vite, vite, vite, faisons les taire parce qu'elles restent à leur place.
- Speaker #1
L'information. et c'est clé aussi pour prendre des décisions, des bonnes décisions.
- Speaker #0
C'est ça, des décisions peut-être plus éclairées ou alors, souvent, c'est ce que je dis aux personnes qui me posent la question. Déjà, des gens qui me disent, je ne suis pas sûre si je veux un enfant, je dis, déjà, si tu hésites, penche plus vers le non que vers le oui. mais par contre ce que tu peux faire c'est ça, c'est te documenter faire une thérapie là encore c'est toujours une question financière, c'est ça qui est terrible je trouve que ça me rend dingue de savoir qu'il y a des personnes qui ne peuvent pas consulter, faute de moyens ça ne devrait pas exister, tout le monde devrait pouvoir consulter facilement mais c'est ça, je pense que la thérapie ça peut aider à ouvrir les yeux sur beaucoup de choses en fait, si moi j'avais vu à quel point ça allait être difficile peut-être que la thérapie m'aurait aidée à prendre une meilleure décision. Et peut-être que la décision aurait quand même été d'avoir un enfant, mais j'aurais peut-être soigné des choses. J'en sais rien. C'est quelque chose que je ne pourrais jamais savoir. Mais oui, peut-être que j'aurais vécu ça différemment. Peut-être, au contraire, je me serais dit, soit Lucie, d'Astrid, ça ne mènera à rien de bon, ou très peu.
- Speaker #1
C'est ce que tu dis aussi dans ton livre. Tu dis que tu as des copines qui sont child free. Il y en a certaines, en tout cas, qui te disaient que... elles voulaient conserver leur liberté.
- Speaker #0
Tu disais,
- Speaker #1
je l'entendais, évidemment, je le comprenais même, mais tu ne comprenais pas peut-être à quel point le fait d'avoir un enfant, en tout cas, au niveau de cette liberté que tu t'occroisais, allait être...
- Speaker #0
Je pense que tant qu'on ne vit pas les choses, c'est difficile de se projeter et de s'imaginer. Moi, j'avais plein de convictions, comme tout le monde, je pense, avant d'être mère. Je partais aussi beaucoup du principe que tout est une question d'éducation, puisque c'est ce que mes parents me disaient. qui se roule par terre dans un supermarché parce qu'il veut un Kinder, c'est parce qu'il est mal élevé. Non. Je te confirme que mon fils ne fait plus ça, mais parfois il peut piquer les crises parce qu'il veut quelque chose. C'est pas parce qu'on l'éduque mal. Je pense que c'est un enfant qui est relativement bien élevé, avec un cadre et une bienveillance, évidemment, et que c'est pas une question d'éducation. On ne cèdera pas quand il pète un plomb, mais c'est juste parce qu'il a le droit d'avoir envie. C'est juste que sa façon d'exprimer n'est pas la bonne et qu'on lui apprend à s'exprimer autrement qu'en pétant des plombs. Mais que ce n'est pas une question d'éducation. Donc moi, je m'étais projetée en disant, mon enfant ne fera pas de crise parce qu'il sera bien éduqué, mon enfant sera comme ci, comme ça. Je pensais que c'était la clé, la solution. Donc c'est sûr que tu te dis, tu peux faire des voyages avec ton enfant, s'il est bien éduqué, il n'y aura pas de problème. Mais non, un enfant est un être humain à part entière avec ses qualités, ses défauts, comme n'importe qui sur Terre. Et ça, je ne m'en rendais pas compte parce que moi-même, n'ayant pas de problème, pas eu le sentiment d'avoir été considérée comme une personne à part entière, avec mes propres émotions, mes propres ressentis, mes propres sentiments, ma propre vision de la vie, je devais rentrer dans un moule et ne pas en sortir et c'était tu marches droit et c'est tout. Donc c'est très dur en fait de s'imaginer qu'il y a d'autres voies possibles quand on n'a pas eu cette chance-là. En effet, j'entendais que oui, ça allait m'empêcher de faire certaines choses, mais je ne l'entendais pas avec des oreilles bleues. raisonné, si je peux dire, raisonnable, en tout cas, parce que je voulais me persuader, en fait. Et aussi, sûrement, parce qu'inconsciemment, je me disais, de toute façon, je n'ai pas d'autre voie possible que celle d'avoir un enfant. C'est comme ça. C'est la suite logique. J'aime les enfants, puis j'en veux un parce que la question ne se pose pas, en fait. Et c'est vrai que parfois, j'ai envie de me secouer et de me dire, mais pourquoi ? Pourquoi tu te dis ça ? Ouvre les yeux.
- Speaker #1
En tout cas, j'ai quand même l'impression même si les choses évoluent actuellement dans la société, elles évoluent lentement, mais elles évoluent, il y a quand même cette sensation, quand tu es une femme de 30 ans, ou un peu plus, ou un peu moins, que ta vie ne sera pas complète.
- Speaker #0
C'est genre quand un utérus, tu procrées. Ça sert à ça. Sauf qu'on n'attend pas la même chose des hommes. On ne leur dit pas, vous avez aussi le matos pour, vous devez. Personne ne dit ça aux hommes. Personne. C'est vrai que les femmes, je me souviens de ma mère qui me disait... Quand tu auras des enfants, blablabla. Et jamais si un jour tu as des enfants. Donc, tu sais, c'est vraiment, c'est incrusté dans ta tête dès le plus jeune âge.
- Speaker #1
On peut dire que c'est un peu la triple peine, finalement. Parce que déjà, tu souffres de cette maternité, tu culpabilises du fait d'en souffrir, et puis derrière ça, tu as quand même des gens qui te disent qu'en plus, il ne faudrait pas que tu t'exprimes sur le sujet. Tu dis que la première injonction qui est liée à la maternité consiste à ce... terre. Et tu cites une phrase de Ilana Weizmann dans son ouvrage Ceci est notre postpartum qui écrit Nous sommes assignés à devenir mère et une fois ce rôle social rempli, nous avons droit à une émotion unique, le bonheur, un comportement unique, la maternité sacrificienne. Rendez-vous compte de la perversité de ce schéma qui fait coïncider oubli de soi et épanouissement, maternité et souffrance. Toi, est-ce que tu penses que justement cette omerta, elle ajoute aussi de la souffrance ? aux femmes qui traversent, on va dire un peu le type d'épreuve, parce que c'est comme ça aussi que c'est présenté, mais en tout cas, ce type de questionnement que tu traverses. Oui,
- Speaker #0
tout à fait, parce que tu as l'impression de ne pas être normale. Tu n'es pas dans la norme. Tu as enfin franchi cette porte qui t'amène dans ce qui est supposé être incroyable, merveilleux, une relation unique, un amour infini pour ton enfant dès le jour où il naît. ce qui n'a absolument pas été le cas pour moi, parce que c'est un inconnu, même s'il a grandi dans mon ventre. Tu apprends à le connaître avec le temps, tu apprends à décoder ses pleurs. Donc, c'est déjà là,
- Speaker #1
juste ça.
- Speaker #0
Tu te dis, OK, il y a un truc qui cloche. Comment ça, je n'ai pas un amour incroyable pour lui ? Oui, je l'aime, mais ce n'est pas comme ça que je pensais que j'allais l'aimer. Donc, tu te dis, il y a un truc qui ne va pas. Donc, oui, c'est sûr que quand tu vois qu'il n'y a rien qui fonctionne comme tu l'avais imaginé, parce qu'on t'a tellement vendu du rêve, En te disant que la maternité, c'est que du bonheur, cette phrase aussi me sort par les yeux, que forcément, tu culpabilises en te disant mais il y a un truc qui cloche chez moi, ça ne va pas, je ne suis pas normale Ça rajoute de la culpabilité et à ce sentiment de solitude, de se dire je suis toute seule comme ça, je suis un ovni, qu'est-ce qui cloche chez moi ? Tu as vraiment ce mélange de sentiments qui va dans tous les sens, de je dois m'en occuper, je l'aime, mon Dieu, ce qu'il est mignon, il est tout petit, en même temps, mon Dieu, je veux de l'air constant ça au début et ça va de moins en moins bien pour plein de raisons en fait donc c'est sûr que c'est un chamboulement ouais c'est un tsunami en fait c'est vraiment le mot c'est un tsunami qui te prend dans la tronche la mer était très calme puis d'un seul coup une grosse vague et t'en
- Speaker #1
sors pas indemne en tout cas moi c'est comme ça que je l'ai vécu oui oui effectivement et puis c'est vrai que tu expliques aussi que d'un autre point de vue ça t'a aussi permis de changer d'apprendre sur toi Et d'évoluer dans une certaine mesure aussi.
- Speaker #0
Tout à fait, et je pense que c'est ça qui est très paradoxal. C'est qu'autant à refaire je ne serai pas mère autant, sans ça, je n'aurais peut-être pas évolué sur plein de sujets de société. Ça n'aurait sûrement pas révélé mon féminisme comme ça a pu le révéler. Il y a plein de choses à côté desquelles je serais passée dans ma réflexion personnelle sur la vie, les gens, ma famille. Donc c'est sûr que je me dis au moins, au moins il y a ça, il y a ça de bénéfique. Et ce regret, j'ai voulu en faire quelque chose. Alors évidemment, au départ, je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur quand j'ai créé mon compte Instagram. Même une fois, une personne, et ça je le répète dans tous les podcasts dans lesquels je suis invitée, mais il y a une personne un jour qui m'a dit qu'elle avait sauvé la vie avec mon livre. Je ne l'ai pas fait pour rien. Si je ne l'ai plus aidée, ne serait-ce qu'une personne, cette personne-là en partie, je ne regretterais rien en fait. Mais au départ, sur Instagram, j'étais anonyme. Je m'appelais Ambre, je ne m'appelais pas Astrid, parce que je ne savais pas. Si j'allais me prendre des tomates dans la figure au début, je préférais me préserver, étant fragile déjà à cette époque-là, il y a quatre ans. Et quand j'ai écrit le livre, la question s'est posée. Est-ce que je l'ai écrit avec un nom d'emprunt ? Et donc ça veut dire que je ne fais pas promotion de livre, ou en tout cas, on ne le voit pas. Ou est-ce que je l'écris avec mon vrai nom ? et j'ai un bout de chapitre dans le livre d'ailleurs qui est consacré à cette question que je me posais et le fait de l'écrire avec mon vrai nom c'était aussi peut-être pour encourager, pour dire je ne me cache pas, j'en ai marre de me cacher j'arrête de me cacher, je me lève, j'assume de toute façon encore une fois je n'ai pas choisi de ressentir ça, je le prie haut et fort si on veut par rapport à ta communauté,
- Speaker #1
il y a un truc qui m'a un peu frappée quand même et Tu as fait un sondage en 2020 face à ta communauté Insta où tu leur as demandé est-ce que vous pensez qu'il y aurait moins de femmes qui regrettent d'être mères si la charge mentale était mieux répartie ? Et ta communauté, tu as quand même répondu oui à 89 C'est biaisé parce qu'évidemment,
- Speaker #0
les personnes qui répondent sont des personnes qui sont vraiment dans cette sphère-là.
- Speaker #1
Mais justement, en fait, moi, ce qui me semble fou, c'est peut-être qu'il y en a... parmi elles qui regrettent effectivement d'être mère et qui suivent ton compte. Mais du coup, ce que ça dit quand même, c'est si j'avais eu moins de charge mentale, je regretterais moins. Qu'est-ce que ça dit quoi par rapport à nos sociétés quand même ?
- Speaker #0
C'est sûr qu'à l'époque, je pense, les générations précédentes, bon alors déjà, on ne pouvait pas parler de ça et la question ne se posait pas. Il n'y avait pas non plus de pilules, de moyens de contraception, etc. Donc je pense que les mères... amener des enfants et vivre ça sans se poser de questions. Ça ne veut pas forcément dire qu'elle n'en souhaiterait pas, mais elle souhaiterait clairement. Mais après, à côté de ça... Je pense qu'il y avait un peu plus un village, les mères de ces mères, donc les grands-mères, les tantes. En tout cas, il y avait sûrement un peu plus de soutien. Je vois récemment, ma belle-mère est venue nous rendre visite. Elle a eu cinq enfants et elle me dit, moi, en fait, j'avais ma mère, j'avais ma grand-mère, j'avais tout le monde autour de moi. Donc, j'avais ce relais-là pour souffler, en fait. Et je pense que ça, déjà, en partant, quand on peut avoir un peu de temps pour souffler, c'est un plus. Mais ça montre aussi qu'on reste encore un petit peu conditionnés à ces stéréotypes-là de l'homme va travailler, la mère reste à la maison, puis c'est elle qui se tape la charge mentale, puis de penser à tout, tandis que l'homme ramène l'argent. Grosso modo, c'est ça. Parce qu'on le voit, les pères, il y en a qui prennent le congé paternité d'un mois qu'il y a en France, mais j'aimerais ça, moi, pouvoir faire un sondage et voir sur, je ne sais pas, mille... nouveaux pères, combien ont pris un mois ? Je me pose la question sincèrement, je ne sais pas s'il y en a tant que ça, combien acceptent de prendre du congé parental ? Je pense qu'il y en a qui voudraient aussi, sincèrement, qui voudraient en prendre plus, mais c'est vraiment une question financière. Et je pense que là, c'est vraiment au gouvernement d'aller remanier un peu tout ça pour faire en sorte que les parents soient le plus longtemps possible ensemble avec leur enfant pour que les débuts de vie de l'enfant... soient vécues ensemble pour que les connaissances de l'enfant soient les mêmes autant pour... Je parle d'un couple hétérosexuel, bien sûr, parce que c'est vraiment là qu'on voit les différences. J'ai moins de matière concernant les couples homosexuels, mais pour les couples hétéros, en tout cas, de se dire que le père et la mère vivent les débuts de vie de leur enfant ensemble et donc apprennent à connaître leur enfant ensemble et... pense aux choses ensemble. Je pense sincèrement que ça, ça pourrait aider.
- Speaker #1
Tu expliquais que la charge mentale, en fait, ça consiste aussi à planifier, à anticiper, à gérer, à penser. Même dans les couples hétéros qui n'ont pas d'enfants, c'est déjà la charge dévolue à la femme. Organiser les vacances, planifier les repas avec les amis, les amis, penser aux cadeaux et tout. Le jour où tu as un enfant, ça, c'est multiplié par dix mille, quoi.
- Speaker #0
Mais c'est sûr qu'une fois qu'il y a un enfant dans le décor, tu ne peux pas juste faire la grève des courses, la grève des lectives, la grève... Alors, tu pourrais dire à ton conjoint, tu te débrouilles avec tes vêtements. Mais ça n'enlève pas le fait que quoi qu'il arrive, il faut que tu penses, ah, il n'y a plus de body, il n'y a plus de couche. Tu ne peux pas juste croiser les bras et... Enfin, je veux dire, il faut oser faire ça. Et je ne pense pas que ce serait une bonne idée parce qu'encore une fois, tu te dis, mon enfant, il n'a rien demandé. Je n'ai pas spécialement envie que lui empathise alors que le conjoint pourrait y penser. Mais je ne sais sincèrement pas pourquoi les hommes ne pensent pas à toutes ces choses. C'est quelque chose qui me dépasse encore aujourd'hui. Maintenant, mon mari, aujourd'hui, limite, va plus penser à certaines choses que moi, en fait. Donc, je me dis que c'est quelque chose qui s'apprend.
- Speaker #1
Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que les hommes ont aussi une énorme part à prendre dans tout. Le cheminement là, que les hommes doivent s'emparer de ces choses.
- Speaker #0
Il y a une phrase que j'aime beaucoup, et malheureusement, j'en parle dans mon livre, mais je ne sais pas de qui elle est, qui dit que les hommes veulent des enfants, mais ils ne veulent pas être père. Ils veulent avoir des enfants pour le plaisir que c'est d'avoir un enfant, jouer avec, etc., s'amuser 15 minutes avec un jeu de société ou jouer au ballon dans le jardin. Mais être père, c'est prendre ses responsabilités, prendre sa part de charge mentale, de tâche, de responsabilité. quant à l'enfant. Et c'est sûr que moi, il y a des moments où je me dis que j'aimerais ça être père. C'est tellement plus facile. Tu n'as juste pas à penser. Ça a l'air d'être tellement cool. Et ça me fait penser, d'ailleurs, je dévie un petit peu, mais je pense au double standard. Un père qui se détache de ses fonctions parentales, qui quitte le foyer familial parce que ça ne le tente plus, parce que pour plein de raisons, il ne s'entend plus avec sa femme, peu importe. Il va être beaucoup moins pointé du doigt qu'une mère qui décide de faire la même chose. une mère qui part de la maison et qui laisse les enfants à la charge du conjoint et qui dit je m'en vais, c'est terminé, elle, on va la conspuer. Ça va être une catastrophe. C'est comme anormal. Cette personne n'est pas normale. Pourquoi ce serait plus juste qu'un homme puisse le faire qu'une femme ? Je veux dire, les deux. Ce n'est pas parce que tu as porté l'enfant dans ton corps que tu ne peux pas ressentir ça, en fait. Ça me dépasse. Ça me dépasse.
- Speaker #1
Alors, actuellement, tu vis au Canada. Tu me disais que ça faisait depuis 15 ans, il me semble.
- Speaker #0
16 ans, 2008, juillet 2008.
- Speaker #1
Depuis 16 ans. En fait, j'ai une question parce que figure-toi que j'ai interviewé, il y a quelques mois en arrière, pour ce podcast, Bettina Zourli, qui a le compte Instagram Je Ne Veux Pas D'Enfant. Elle vit en Belgique actuellement, si je ne me trompe pas. Et toi, tu es au Canada. Et je me dis vraiment parce que mon sujet de podcast, en fait... j'ai pas mal d'interlocutrices qui ne sont pas en France est-ce que tu perçois une différence de liberté de parole de possibilité de s'exprimer sur ces sujets entre justement le Canada où tu vis actuellement et la France ?
- Speaker #0
Alors c'est une très bonne question parce que je t'avoue que moi quand j'ai créé mon compte Instagram c'est pas mal des personnes en France qui me suivaient et c'est toujours le cas d'ailleurs il y a un peu de monde au Québec et ailleurs... Mais ma communauté principale se trouve en France. Quand mon livre est sorti au Québec, deux mois après la sortie en France, c'est vrai que j'ai trouvé... Alors, en France, j'ai été très bien accueillie dans toutes les interviews que j'ai pu faire, que ce soit à la maison des maternelles, que ce soit France Inter, etc. Il y a toujours eu beaucoup de bienveillance. Mais je pense que la façon d'aborder le sujet me semblait plus... cool, j'ai envie de dire, ici au Québec qu'en France. Moi, encore une fois, je vais utiliser le même mot, conservatricité. Il y avait peut-être un peu moins de pincettes qui étaient prises pour parler des choses. Et c'est vrai que le sujet, pour moi, ça m'a fait assez halluciner quand le livre est sorti d'ici. J'ai eu la chance de participer au Salon du Livre de Montréal. Pour moi, c'était quelque chose de merveilleux. Et c'était vraiment très très chouette. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que c'est que j'ai eu une interview papier dans un gros journal québécois. Et ça, quand l'article est sorti, il me semble que dans les 24 heures qu'on suivit, il y a genre 1000 personnes qui sont arrivées d'un coup sur mon compte Instagram. Et ça a engendré des demandes d'interviews radio, donc en direct, des interviews radio ou vidéo en différé, enfin je veux dire enregistré, puis diffusé plus tard. Et j'ai vraiment beaucoup aimé. la façon dont le sujet était abordé. J'avais l'impression que les personnes qui m'interviewaient avaient un peu un bras autour de mon épaule. C'était très soutenant. Mais je pense qu'au Québec, il doit y avoir moins de personnes. Là encore, je n'ai pas fait de statistiques ni rien, mais je serais très curieuse de voir si on faisait un sondage sur la population. Alors peut-être que les générations précédentes, oui, encore une fois. Mais à notre époque, comme... Le Québec est en retard sur beaucoup de choses, mais je pense qu'au niveau sociétal, au contraire, on est peut-être pas mal plus en avance sur l'ouverture. Alors évidemment, là encore, j'ai eu des gens qui m'ont pointé du doigt au Québec, bien sûr. Comme j'aime dire, excuse-moi de mon langage, mais il y a des coups partout. Mais au Québec, j'ai quand même l'impression qu'il y avait une tolérance un peu plus... un peu plus élevée dans la façon dont le sujet était abordé en interview. Mais après, c'était juste un ressenti parce que j'étais chez moi et que j'avais peut-être moins de pression parce que j'étais dans mon environnement. Je ne sais pas. Mais j'avais moins de crainte en parlant ici qu'en parlant en France. La crainte. Je me sentais moins vulnérable, on peut dire, peut-être.
- Speaker #1
D'accord. C'est peut-être une des raisons.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Tu as beaucoup de gens qui te suivent depuis la... France parce que c'est peut-être des choses qu'ils ne peuvent pas exprimer,
- Speaker #0
enfin qu'ils sentent que c'est ça peut-être plus tabou. Oui,
- Speaker #1
j'ai l'impression quand même que c'est, même moi en parlant des sujets qu'on aborde aujourd'hui, en en parlant autour de moi, des gens qui sont pour moi quand même très ouverts, enfin vraiment, eh ben j'ai senti que déjà ça posait un peu des questions. Enfin tu vois, est-ce que tu as en tête l'exemple d'une femme que tu connais ou d'une femme célèbre ou d'un personnage de fiction qui vit ? ou a vécu le regret materné ?
- Speaker #0
Alors, une personne connue dont on a pu parler, dont j'ai parlé dans mon livre, c'est Annemone, l'actrice, qui parlait, bon, elle était plus frontale. Elle était vraiment, limite, elle parlait, elle était beaucoup plus dans le... Je pense qu'à un moment donné, dans une interview, elle disait qu'ils lui ont gâché sa vie, ses enfants. C'est très... Voilà, elle était sans langue de bois quand elle parlait de ça. Après, je pense que ces enfants ont bien compris que l'amour qu'elle leur portait n'avait rien à voir. entendre ça peut choquer, je peux comprendre. Moi, ça ne m'a pas choqué parce que je comprends, je n'irais pas dire que mon fils m'a pourri ma vie, mais par contre, oui, que ça m'a freinée dans plein de choses et que ça a pu me déstabiliser, c'est un fait, mais c'est pas de sa faute, encore une fois, il ne dit rien. Et personnage fictif, je pense à un film dont j'ai oublié le titre, mon Dieu, qui est sorti en décembre 2022 ou 2021 avec Olivia Coleman, que j'aime beaucoup, une actrice britannique. The Lost Daughter, en anglais, en bon anglais. En français, je ne sais pas comment ça s'appelle. C'est ça. Elle part en vacances toute seule et elle observe une femme et sa fille sur la plage et elle voit à quel point cette relation fusionnelle lui rappelle ses propres souvenirs de maternité. Il y a un passage où elle parle, il me semble qu'elle parle de regrets. Elle part à un moment donné, elle laisse ses enfants à son conjoint et elle... part et tu ne sais pas si elle va revenir. Et c'est vrai que j'ai beaucoup aimé la trame de ce film et je pense qu'à ma connaissance, c'est le seul, vraiment le seul dont j'ai entendu parler qui parle de ça de façon aussi difficile. Et je ne pense pas, en tout cas s'il y en a d'autres, je ne sais pas si tu publieras ça sur Instagram ou pas. le lien vers ce podcast. Mais s'il y a du monde qui écoute ça et qui pense à d'autres films et qui veulent le mettre en commentaire ou quoi, pourquoi pas ? Parce que je suis toujours très intéressée par ça.
- Speaker #1
Mon témoignage à la fois à travers ce livre, mais à travers ce que tu dis, quatre ans plus tard aussi, ça nous montre que, aussi difficile que soit un certain moment, et c'est vrai qu'il y a des choses qu'on regrette dans la vie, ça n'empêche pas d'avancer, ça n'empêche pas d'évoluer. Ça n'empêche pas d'apprendre sur soi et sur les autres. Et franchement, je trouve que c'est aussi finalement une leçon assez positive. Je n'aime pas trop le mot positive parce que je n'aime pas la pensée.
- Speaker #0
Je comprends ce que tu veux dire, oui.
- Speaker #1
Mais voilà, quelque chose en tout cas qui nous dit qu'il y a beaucoup de choses qui sont possibles et qu'il ne faut pas paniquer. Non,
- Speaker #0
tout à fait. Après, je pense aussi que ce qui est crucial, c'est d'avoir le soutien autour de soi. Si c'est le conjoint, c'est merveilleux parce que c'est ça que ça prend en fait. C'est ça qu'il faut. Mais si c'est des amis, des personnes de confiance à qui on peut en parler, Parler de ses difficultés sans tabou, je pense que ça aussi, délier la parole, que ce soit en petit comité ou à plus grand d'échelle, c'est le début en fait de beaucoup de choses. Mais c'est sûr que si on se sent seul parce que le conjoint ne veut rien savoir, moi, ma première réaction, ce serait de partir en courant, abandonner tout ça et rester, quitte à avoir une garde partagée. Mais évidemment, on sait que dans la vie, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Encore une question financière. C'est tout un autre sujet. Les finances dans le couple, quand on est mère au foyer ou en tout cas qu'on est mère tout court et qu'on n'évolue pas aussi vite que le conjoint au niveau professionnel, ça vient un peu... Là aussi, je pense qu'il y aurait beaucoup plus de séparation s'il n'y avait pas ce souci financier de s'occuper finalement seule de ses enfants, de son ou ses enfants.
- Speaker #1
De toute façon... les violences économiques, on appelle ça d'ailleurs les violences économiques, mais c'est un vrai sujet aussi, hyper important, qui sont en train d'être soulevées justement par pas mal de féministes, par des penseuses. Voilà, on est très très loin du compte.
- Speaker #0
Exactement, mais j'espère que ça va continuer à bouger, que ça va bouger, parce que comme tu dis, on est plus qu'au balbutiement, mais ça ne va pas assez vite. Il y a vraiment un besoin de restructurer tout ça pour que ce soit moins violent. Et surtout, je pense vraiment aux mamans solo qui le sont plus par dépit que par choix. Parce que souvent, le choix, c'est parce que c'est ça ou c'est la fin du monde. Donc, c'est un non-choix finalement. C'est un choix qui n'en est pas vraiment un. Et c'est sûr que la France a du retard aussi là-dessus. pour changer tout ça et faire en sorte d'accompagner beaucoup mieux financièrement les mères solo. Parce qu'il existe aussi des pères solo, mais encore une fois, c'est très souvent les mères qui sont précaires et qui se retrouvent dans des situations désastreuses pour certaines, pour beaucoup. Et qu'il ne faut surtout pas oublier ça.
- Speaker #1
Oui, c'est très important. En tout cas, merci beaucoup Astrid d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
- Speaker #0
Merci à toi Octavia pour tout cet échange très intéressant et très agréable.
- Speaker #1
Eh bien, je te remercie. Et puis, on se donne rendez-vous avec les auditeurs très bientôt. Salut !
- Speaker #2
Le sujet vous intéresse ? Vous avez des questions, des suggestions concernant le podcast ? Ça se passe sur Instagram, sur le compte. Alors, C, la lettre C, pour quand ? Tout attaché. Alors, c'est pour quand ? Tout attaché. Je vous mets le lien dans le descriptif de l'épisode. A bientôt !