Transcription

• Speaker #0

  Cet été, une grande vague a déferlé. Pas seulement celle des congés, mais celle des DRH qui se défendent sur LinkedIn, dans des postes où ils racontent leurs découragements, leurs dilemmes et parfois même leurs solitudes. Des DRH qui disent « on fait ce qu'on peut, on est entre le marteau et l'enclume, et les gens ne comprennent pas notre rôle » . Et en face, on a des collaborateurs qui balancent les RH sont inutiles, ils protègent la direction, ils ne servent qu'à virer les gens, il ne faut jamais leur faire confiance. Résultat, tout le monde déteste les RH. Et vous savez quoi ? Ils ont raison. Ou presque. Je suis Jennyfer Montantin, fondatrice de Blossom Talents, cabinet RH spécialisé dans la conduite du changement, dans la digitalisation des organisations. Et j'ai exercé ces fonctions. J'en connais les dilemmes, les angles morts et les contradictions. Aujourd'hui, je vais vous dire ce qu'on ne dit pas assez fort, ni d'un côté, ni de l'autre. Premier point, les RH sont devenus des pare-chocs émotionnels. On attend d'eux qu'ils absorbent les tensions, qu'ils protègent les salariés et qu'ils accompagnent les décisions, même s'ils ne sont pas toujours décisionnaires. Quand une décision entre dans leur périmètre, même s'ils ne l'apprêtent pas, prouvent pas, ils doivent l'appliquer. On ne peut pas toujours convaincre tout le monde. Et par là, j'entends la direction. Et ça, c'est une vraie réalité qu'il faut entendre et comprendre. Parfois, les RH n'ont pas les oreilles de la direction. Mais ce qu'ils peuvent faire, et ce qu'ils ne font pas toujours, c'est d'expliquer que ce n'est pas une décision personnelle. Qu'ils ont peut-être défendu un autre point de vue, mais qu'ils n'ont pas eu gain de cause. Et rien que ça, Ça change la manière dont le message est reçu. 62% des RH vivent une tension éthique permanente. Un sur deux applique des décisions qu'ils jugent injustes. C'est pas moi qui le dit, c'est une étude de la NDRH de 2023. La NDRH, c'est l'Association nationale des DRH. Mais à un moment, il faut choisir. Être loyal au système ou être utile aux gens. Ce n'est pas un dilemme, c'est un positionnement. Deuxième point, on a sous-équipé la fonction RH et elle l'a acceptée bien trop longtemps. Dans beaucoup d'organisations, les RH n'ont ni les moyens ni la place de porter le changement. Moins de 3% du budget est alloué à la fonction RH. Et quand je parle de 3%, c'est bien entendu hors masse salariale. Et en plus de ça, 82% des gens qui ont un problème de santé, des dirigeants ne la considèrent pas comme stratégique. Là, c'est une source 2021 de la Dares. Mais à force d'accepter d'être perçue comme une fonction support, les RH se sont eux-mêmes sortis du jeu. Vous voulez être à la table des décisions ? Il faut arrêter de se comporter comme si vous y étiez simplement toléré. Troisième point, chacun fuit ses responsabilités. Les Les collaborateurs attendent que les RH les sauvent. Les RH attendent que la direction les soutienne. La direction attend que les managers fassent le sale boulot. Ça ne tient pas et ça ne tiendra jamais. C'est tout simplement un triangle d'évitement. Et ça, ça tue la confiance. Pendant ce temps-là, on continue de dire « les RH devraient » . Eh bien non, les RH ne devraient rien. Ils doivent choisir ce qu'ils font et ce qu'ils refusent de faire. Alors vous allez me dire, Jennifer, maintenant on fait quoi ? Eh bien, premièrement, on commence par dire la vérité. Les RH ne peuvent pas tout. Les collaborateurs doivent l'entendre. Et les RH doivent arrêter de faire croire qu'ils sont le recours à tout. Deuxième point, on pose des limites claires. Les RH ne sont pas là pour encaisser les décisions lâches, ni pour réparer les failles managériales. Ils ne doivent plus jouer les fusibles. ils doivent devenir des architectes du cadre. Et enfin, troisièmement, on reprend la main. Il faut arrêter de s'emparer de tout. Quand un manager n'assume pas, quand deux collègues ne se parlent plus, quand une équipe dysfonctionne, ce n'est pas toujours au RH d'intervenir. Et là, à force de prendre tous les sujets, on finit par se faire détester pour ceux qu'on n'aurait jamais dû porter. Vous venez d'écouter le coup de gueule RH du café sans filtre avec ton RH. Ici, on ne parle pas pour faire du bruit, on parle pour que ça avance. Depuis 4 ans, ce podcast regarde le monde du travail sous 3 angles. Direction, manager, collaborateur. Parce qu'on ne changera rien tant qu'on continuera à éviter de mettre autour de la table les 3 acteurs clés de l'organisation. Cet épisode est un message porté par Blossom Talents, cabinet spécialisé en conduite du changement RH. Et si ce que vous venez d'entendre vous a dérangé, tant mieux ! C'est peut-être le signe qu'on commence enfin à toucher les vrais sujets. Faites-le circuler, faites-le remonter, faites-le parler. Le changement ne commence pas quand tout le monde est d'accord, il commence quand quelqu'un ose dire ce que tout le monde pense tout bas. Et cette personne, aujourd'hui, c'est peut-être vous. A bientôt !