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#32 Astrid, mon parcours de soin cancer du sein à 27 ans, questions de maternité, de préservation de la fertilité et d'impact sur le couple cover
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canc'Héros : témoignages patients parcours cancer et informations validées par des professionnels de santé spécialistes en oncologie

#32 Astrid, mon parcours de soin cancer du sein à 27 ans, questions de maternité, de préservation de la fertilité et d'impact sur le couple

#32 Astrid, mon parcours de soin cancer du sein à 27 ans, questions de maternité, de préservation de la fertilité et d'impact sur le couple

1h07 |18/06/2024
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1h07 |18/06/2024
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Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, j'accueille mon amie Astrid. Pas évident de recueillir le témoignage d'une amie, mais diffuser sa parole et son expérience me paraissait essentiel.


Tout d'abord, parce qu'elle était hors norme en terme d'âge. Elle a été diagnostiquée d'un cancer du sein hormonodépendant à seulement 27 ans alors qu'elle venait tout juste de se mettre en couple avec Romain. Le parcours de soin a fait jaillir sur le jeune couple des questions difficiles qu'on ne se pose normalement pas et encore moins à cet âge là, notamment la question de la préservation de la fertilité. Maintenant maman d'une petite Manon, le témoignage d'Astrid est inspirant et porteur d'espoir pour tous les patients en traitement. Merci Astrid pour ta confiance à mon micro, merci pour ton humour décapant et ton franc parlé, et je te souhaite pleins de belles choses pour toi et ta petite famille !


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

N'oubliez pas de mettre un avis et une bonne note sur les plateformes d'écoutes, ça aide à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à le faire connaitre auprès d'un maximum de patients.

N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients, et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Astrid. Bonjour. Je suis ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci beaucoup pour ton temps, merci pour ton partage, ton témoignage. Alors aujourd'hui on est dans un épisode un petit peu spécial parce qu'en fait je te connais, tu fais partie de mon cercle d'amis, je t'ai connue au moment de ton annonce. Et voilà, donc aujourd'hui, c'est peut-être un petit peu moins facile que d'habitude. Mais en tout cas, je trouvais que ton parcours était hyper intéressant à partager. Parce qu'en fait, malheureusement, tu as eu un cancer très jeune. Et tu as aussi eu un parcours de préservation de la fertilité. Tout à fait. Et ça, c'est des choses qui sont hyper intéressantes à aborder. Et c'est vrai qu'on n'en a pour l'instant jamais encore parlé sur le podcast.

  • Astrid

    Et encore pour l'instant, heureusement, assez rare, parce que ça ne concerne les jeunes patientes. Voilà. Pour l'instant, c'est encore assez rare et j'espère que ça le restera. J'entends, voilà. Je l'espère aussi.

  • Abigaïl

    Alors du coup, est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît pour les auditeurs ?

  • Astrid

    Oui, donc je m'appelle Astrid, aujourd'hui j'ai 33 ans, je suis maman d'une petite Manon et je suis accompagnée de mon conjoint depuis quelques années maintenant, qui s'appelle Romain, je suis enseignante, directrice d'école. Voilà.

  • Abigaïl

    Ok, top. Et donc, du coup, tu as rencontré Romain, qui était ami de fac avec nous, quelques mois avant ton annonce, c'est bien ça ?

  • Astrid

    C'est ça, on s'est mis ensemble officiellement en novembre, et on a appris ma maladie en rentrant de nos premières vacances, qui étaient en Corse. En 2017.

  • Abigaïl

    C'était combien de mois que vous étiez ensemble ?

  • Astrid

    Ça faisait 6 mois, à peu près 6 mois qu'on était ensemble. 6-7 mois, environ. Donc c'était tout jeune, mais c'est vrai que du coup, ce n'est pas une petite maladie, ce n'est pas un petit diabète, c'est une grosse maladie, mais c'est quelque chose sur lequel l'enjeu de la vie est abordé par les médecins. Et du coup, on s'est posé la question, est-ce qu'on continue ensemble ou pas ? Et l'avantage, tu l'as dit, c'est que c'est un ami de fac, c'est donc un docteur en pharmacie, et que du coup, il a abordé aussi cette maladie en tant qu'aussi pharmacien. Et en fait, il a peut-être eu moins peur du mot cancer que peut-être des gens qui ne sont pas dans la santé. Et du coup, ça ne lui a pas fait peur. Et on a compté ensemble. Et on voit aujourd'hui cette petite Manon. Donc, quelques années après, voilà.

  • Abigaïl

    Mais c'est vrai que très vite, il s'est posé des questions que normalement, on ne se pose pas tout de suite dans un couple au bout de six mois de relation.

  • Astrid

    Et puis, je pense qu'on ne se pose pas au bout de six mois de relation et qu'on ne se pose pas à 29 ans. parce qu'il y en avait 29 à l'époque et je pense que c'est des questions qu'on ne se pose pas pour sa compagne, qu'on peut se poser pour ses parents, ses grands-parents mais qu'on ne se pose pas sur son couple et sa compagne en fait, effectivement et puis ça entraînait aussi tout un tas de choses, d'autres questions sur est-ce qu'on pourrait avoir des enfants comme c'est un cancer du sein et donc sur tout ce qui peut avoir aussi à trait à la féminité et avoir des enfants du coup voilà, c'est aussi tout un tas de questions que ça engendre

  • Abigaïl

    Est-ce que tu veux bien revenir sur ton parcours de soins, sur l'annonce, nous détailler un petit peu comment ça s'est passé pour toi ? Là, on est parti un petit peu en arborescence d'emblée, mais je pense qu'on va revenir point par point sur tout ça pour qu'on puisse bien comprendre.

  • Astrid

    C'est l'intro avant et puis c'est la fin. Tout à fait. En février 2017, en partant au sport d'hiver, J'ai eu un choc avec un anglais. Et en fait, suite à ça, j'avais mal au sein, aux côtes, ce qui est normal avec un choc. Et puis, en faisant une petite autopalpation, je me suis rendu compte qu'il y avait une boule dans mon sein. Et je me rappelle très bien justement avoir envoyé un SMS à Romain disant Écoute, j'ai une boule au sein. Et en rigolant, en disant J'ai un cancer. Mais vraiment, c'était sur le ton de la présenterie. On est assez humour noir encore plus aujourd'hui. Et du coup, voilà, il a dit mais non, et dans ma famille, toutes les femmes ont beaucoup de kystes. Et c'est vrai que j'en ai eu plusieurs, donc aucune inquiétude. Je lui ai dit 27 ans, impossible, c'est pas possible, il n'y en a pas dans ma famille. Ma grand-mère, mais qu'elle avait 90 ans. Impossible, quoi. Donc, c'est tout. Et puis, j'oublie. J'avais pas mal. J'oublie. Ça passe. Et puis, un jour, je me dis, mince, elle est encore là, cette boule. Et je me suis souvenue d'une affiche qui était vieille comme le monde, complètement décolorée, dans la salle d'attente de ma gynéco. Heureusement, merci la gynéco d'avoir toujours du retard au rendez-vous, parce que cette affiche, je l'ai lue et relue et re-relue. Et donc, je me fais une autopalpation, bien vraiment me souvenant des 4, 5 étapes et tout. Je me dis, c'est bizarre, encore là. Bon, je me dis... Ça ne coûte rien d'aller chez la gynéco, elle me suivait d'habitude. Et puis donc je vais chez la gynéco, autopalpation, oui effectivement une boule. Après je sais qu'elle suivait aussi ma mère et elle dit je sais que votre mère fait beaucoup de kystes, que vous en avez déjà eu. Bon écoutez, par précaution, je vais vous envoyer chez un médecin qui est spécialisé dans l'écho, la mamo, et on va voir ce qu'il dit. Donc voilà, vacances d'avril, parce que je suis enseignante, donc sur les vacances scolaires d'avril 2017, je vais faire cette biopsie, mais vraiment, enfin cet écho, mais vraiment, mais à 12 mille lieues d'imaginer ce que j'avais en moi, quoi. Et le médecin, le docteur à l'époque me dit, écoutez, j'ai un petit doute, on va faire une biopsie. Alors on va... Je me dis, bon voilà, je suis jeune. Mais vraiment, et en fait, je pense qu'il savait. Je pense qu'il savait. Vieux singe, il m'a dit, un vieux singe comme moi, des fois, on a des doutes, vaut mieux. Et en fait, après, je me suis dit, mais c'est sûr, il savait. Mais il n'a pas osé me le dire. Il voulait attendre les résultats. On part en vacances. Comme il y avait dix jours à peu près d'attente, on part en vacances. On revient en vacances. La gynéco m'appelle deux fois de suite. J'étais en rendez-vous à la banque, je me rappelle. Je m'appelle deux fois de suite, je me dis mince, c'est quoi ce bazar ? Puis j'avais fait un frottis en même temps, donc je me dis bon, peut-être un petit truc avec le frottis, un truc. Et là, je me rappellerai, et c'était la mère d'une copine, pas mon âge, que je connais depuis toujours, chez qui je suis allée jouer, ma gynéco, donc voilà. Et je la vois, je la verrais toujours s'asseoir dans son fauteuil, écoute, il me dit, écoute Astrid, il faut que je t'annonce quelque chose. Ta biopsie n'est pas bonne. Je dis quoi ma biopsie pas bonne ? Je dis ma biopsie... Moi j'étais vraiment partie sur le frottis. Impossible, impossible mon sein de penser que c'était ça. Je dis non, ta biopsie du sein. Je dis, mais je ne comprenais pas. Et là, elle me dit, tu as un cancer. Je dis, la vache. Là, j'ai pleuré, je me suis effondrée. J'ai dit, mais comment c'est possible ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ce n'est pas normal. Pourquoi moi, je ne fume pas ? Je ne bois pas ? Je dis, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi moi ? Et elle m'a gardé une heure en pleurs. Mes parents n'étaient pas là. J'ai appelé Romain qui est venu me chercher.

  • Abigaïl

    tout s'est enchaîné voilà donc ça c'était la découverte mais t'aurais préféré être accompagnée pour cette annonce parce que là ça a été hyper violent

  • Astrid

    je sais pas parce que Je ne sais pas, non. Après, moi, je la connaissais, la gynéco. Elle a été tellement bien. Elle a été bienveillante. Elle a su avoir les bons mots. Et c'est quelqu'un avec qui j'étais en confiance. C'est vrai que ça aurait été le docteur qui m'a fait mon écho, qui était en plus assez froid, qui est très compétent, mais qui était assez froid, genre docteur Raoult. Je me suis dit peut-être que là, c'est quelqu'un que je connaissais. Et puis, c'était une femme. une femme qui était douce, voilà. Donc du coup, non, alors là, moi, je reviendrai pas. Enfin, être accompagnée, c'est aussi pas voir ce moment où toi, tu te déchires. Et en fait, moi, je suis comme ça, je pleure un bon coup. Et après, je me dis, bon, prochaine étape. Tu vois ? Je vide mon sac. Et la gynécologue m'a dit, mais même, c'est très bien. Enfin, je veux dire que je préfère ça que quelqu'un qui dit rien et qui, en fait, va s'effondrer longtemps après. Voilà.

  • Abigaïl

    C'est marrant parce que la psychologue que j'ai interrogée m'a dit exactement la même chose. Tout ce qu'on ne peut pas verbaliser, c'est ça qui est pire en fait. Oui.

  • Astrid

    Donc moi, j'ai posé toutes les questions du monde. Alors, elle ne pouvait pas y répondre la gynéco. Pourquoi moi ? Pourquoi mon âge ? Voilà. Et puis après, Romain me l'a fait.

  • Abigaïl

    Elle ne savait sûrement pas l'expliquer d'ailleurs.

  • Astrid

    Non, et puis on ne sait toujours pas l'expliquer. J'ai fait de l'oncogénétique, on ne sait toujours pas l'origine.

  • Abigaïl

    Oui.

  • Astrid

    un stress, enfin, il y a tellement d'hypothèses sur le cancer, pourquoi plus une personne qu'une autre ? On ne sait pas, c'est en nous, puis un jour, ça se réveille, puis voilà.

  • Abigaïl

    Et puis tu n'avais aucun facteur d'hérédité ?

  • Astrid

    Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Parce que c'est quand même de... Je ne bois quasi jamais d'alcool. C'est clair. Alors, je n'ai pas toujours une hygiène alimentaire, mais je faisais du sport. Enfin, voilà, je dors. J'étais jeune, j'ai fait la fête comme tout le monde. Mais pas à l'extrême. Enfin, voilà. Donc, il n'y a pas d'explication. Après... Je pense que c'est comme tout, il faut en faire une force. Et c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, que je suis très contente d'être ici, parce que du coup, moi, j'en profite pour passer le message et que ce n'est pas parce qu'on a 20 ans ou 25 ans ou 30 ans qu'on ne peut pas être touché par ça et qu'il faut négliger ces petits détails. Et aujourd'hui, moi, c'est ce que j'ai dit, c'est ce qui m'a sauvé la vie, c'est qu'aussi, on est dans un système en France avec la sécurité sociale, les gens souvent râlent sur la sécurité sociale, mais... Sans la sécurité sociale, je serais morte. je serais morte parce que je n'aurais pas pu payer mes soins, parce que je ne serais pas allée chez la gynéco aussi facilement. Voilà, donc on a quand même la chance d'être dans un pays où la médecine, elle nous sauve la vie. Elle nous sauve la vie.

  • Abigaïl

    Oui, c'est clair. Les messages de prévention, ils sont hyper importants. Et c'est vrai que je pense que chaque occasion est... est bonne pour diffuser des messages comme ça, parce que c'est vrai que quand on est jeune, peut-être que des fois on se sent intouchable, et ce n'est pas le cas. Il faut avoir un bon suivi gynéco, c'est hyper important.

  • Astrid

    Donc moi je rappelle à mes copines tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps, généralistes c'est bien, ils savent nous accompagner mais ils sont aussi débordés et je pense qu'aujourd'hui dans la médecine il y a des spécialités parce que justement il y a des besoins particuliers, notamment chez les femmes ou avec les hormones, enfin on en reparlera tout à l'heure parce que ça a eu un gros rôle les hormones, mais où les hormones des fois on le sait si on a été enceinte, on le sait que ça peut des fois... être fou.

  • Abigaïl

    Et du coup, suite à ce choc, Romain vient de chercher. J'imagine que tout de suite, tu lui en parles.

  • Astrid

    Il est venu chez la gynéco et on en a parlé tous les trois. Moi, j'ai compris. Mais après, elle m'a parlé de tout ce qu'elle allait suivre. Et moi, j'étais en blackout. Et d'avoir Romain qui, en plus, parle le langage. Moi, ça m'a vraiment aidée. Autant, si tu veux, dans l'annonce d'être seule, je pense que ça permet aussi d'avoir un... Par contre, d'être accompagnée juste après dans... Parce que les termes médicaux... Des fois, puis à 27 ans, excuse-moi, j'allais chez le médecin une fois par an pour mon certificat pour faire du sport. Donc je n'avais jamais eu... Souvent, on me demande, est-ce que vous avez les antécédents ? Je dis, avant le cancer, rien du tout. Je suis en pleine peau. Après le cancer, je suis en pleine peau. Non, mais par rapport à quelqu'un qui a du diabète, où c'est très... Ça, c'est tout le temps. Je veux dire, moi, j'ai eu des années compliquées avec le cancer. Et maintenant... Oh. Pour moi, c'est pas derrière moi, parce qu'il y a des restes, il y a des cicatrices. Mais globalement, médicalement parlant, je suis en pleine peau. Merci la Sécurité sociale française, et les médecins, et les pharmaciens.

  • Abigaïl

    Et du coup, ton laps de temps après, tu as commencé les traitements hyper rapidement, j'imagine.

  • Astrid

    Alors, tout à fait. Après, ça s'est très vite enchaîné. Vu mon âge, effectivement, il fallait agir très rapidement.

  • Abigaïl

    Il fallait tapé fort tout de suite.

  • Astrid

    Oui. Alors... Ils ont voulu taper fort tout de suite, oui et non, parce qu'il faut quand même organiser les soins. Et je peux dire là où j'étais suivie ou pas ? Si j'ai été suivie à Courlancy, à la polyclinique de Courlancy, qui est très connue pour justement le cancer du sein. et du coup ils s'organisent ils font des réunions pluridisciplinaires en fait qui permettent d'avoir l'avis du gynéco, de l'oncologue du radiologue tout ça et je trouve que ça c'est hyper important parce que du coup ils se mettent tous ensemble et ils te créent un protocole de soins donc ça a été vite et pas vite en même temps et en plus il a fallu me faire comme je n'avais pas d'enfant ils ont préféré faire une préservation de fertilité alors après tout ça c'est des termes un peu médicaux mais Comme en fait mon cancer était d'origine hormonale, après les gros traitements chimio et radiothérapie qui ont lieu l'été, donc juin, juillet, août, Il y a eu la radiothérapie ensuite. Pendant cinq ans, ils m'ont mis en hormonothérapie. L'hormonothérapie, ça coupe les hormones. En fait, c'est une ménopause chimique pour être sûre de couper mes hormones et pour être sûre que mes hormones ne recréent pas une récidive. Et donc, pendant ce temps, pas de grossesse possible, parce qu'on n'a pas d'hormones et que c'est les hormones qui nous aident un petit peu à avoir des enfants. Et ils ne savaient pas, vu mon âge. Il n'y a aucune statistique. Et donc, ils ne savaient pas si mon corps allait reprendre après. Donc, avril, on m'annonce ma maladie. Mais je vais chez le gynécologue chirurgien qui m'a opéré. En parallèle de ça, j'avais de la préservation de fertilité où j'allais tous les deux jours à la clinique. C'est un petit peu parallèle à la PMA. C'est un peu le même principe, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons. PMA, c'est quand on a des difficultés à avoir des enfants. La préservation de fertilité, c'est juste pour congeler, je ne sais pas s'il y a un terme médical, mais pour congeler des embryons ou des ovules en cas justement de complications derrière le traitement.

  • Abigaïl

    Et du coup, est-ce que maintenant que tous les traitements sont derrière toi, on sait si ta fertilité a repris normalement ?

  • Astrid

    Je crois que la petite Manon parle par elle-même. Ah,

  • Abigaïl

    parce que du coup, ce n'était pas suite ...

  • Astrid

    Non, non, Manon, elle est venue tout à fait naturellement. On a arrêté l'hormonothérapie il y a maintenant un an et demi. Au bout de quatre ans, j'ai un peu négocié parce que j'en avais.. c'était un peu long. et qu'on voulait des enfants et que on commencait à prendre un petit peu d'âge et qu'on s'est dit se lever la nuit, voilà, on a commencé à avoir de l'âge et on ne sait plus si on aura la patience. Mais en fait, on a arrêté l'hormonothérapie. On avait trois mois où il fallait attendre que tout le médicament soit éliminé. Système de demi-vie apparemment. dans le jargon pharmaceutique. Et non, non. En fait, dans mon malheur, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que Manon, premier cycle naturel, Manon est apparue.

  • Abigaïl

    C'est vrai que je ne t'ai jamais posé la question. Je ne savais pas si Manon venait...

  • Astrid

    Non, non, Manon. Et on m'a dit, oh là là, attendez, pas avant un an, un an et demi après l'arrêt du médicament. Donc en fait on s'y attendait pas trop du coup ça a été un petit peu surprenant. Le test je dis il y a deux barres sur le test alors mon conjoint à l'époque me dit bah c'est le Covid. On les entend, tu sais l'humour noir. Et non non c'était petite Manon. Alors on l'appelait Mininou à l'époque parce qu'on lui avait pas donné de nom mais c'était Mininou qui avait déjà pointé le bout de son nez dans mon petit ventre. Et voilà donc. Effectivement, on a eu beaucoup de chance et même les médecins étaient surpris. Mais pendant la préservation de fertilité, ça s'est très bien passé. On a réussi à avoir beaucoup d'ovules et beaucoup d'embryons. Et donc, on savait qu'au niveau fertilité, il n'y avait pas de problème. Mais est-ce que mon corps allait reprendre après ? On a la réponse.

  • Abigaïl

    D'accord. En tout cas, merci pour ta franchise. C'est vrai que je ne t'avais même jamais posé la question avant l'interview. Et c'est vrai que ce n'était jamais vu.

  • Astrid

    Tu pensais que c'était une question d'avant ? Non, tout naturel.

  • Abigaïl

    Du coup, on a loupé beaucoup d'étapes. On va revenir un petit peu en arrière. Et donc, du coup, est-ce que tu t'es fait opérer tout de suite ?

  • Astrid

    Alors, je me suis fait opérer en, je ne sais plus vraiment exactement les dates, fin mai, début juin. En même temps, on m'a fait un premier prélèvement d'ovocytes, d'ovules, pendant mon opération du sein. Je suis restée une journée et demie à l'hôpital. Et puis après, trois grosses chimiothérapies. Fin juin...

  • Abigaïl

    Et c'est une question bête, mais le fait de stimuler hormonalement, il n'y avait pas des risques ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, tu me corrigeras si je me trompe, tu sauras plus que moi, mais on a un certain nombre d'ovules disponibles dans nos ovaires. Et en fait, la stimulation fait... que c'est un petit peu plus rapide. C'est-à-dire que peut-être que je serai en ménopause un peu plus tôt. Mais en fait, c'est juste qu'il n'y en ait qu'un. Un ovule qui sort par... Non,

  • Abigaïl

    mais par rapport au développement du cancer à cette période-là ?

  • Astrid

    Ah non, parce que non, c'était calculé. Ce n'est pas tout à fait les mêmes types d'hormones. Il y a plusieurs types d'hormones.

  • Abigaïl

    Non, mais c'est juste que je me demandais si ça impactait.

  • Astrid

    Non, si tout le fond, c'est que ça n'impacte pas. De toute façon, c'est avant la chimiothérapie, avant la radiothérapie, donc des PET scans, des machins. Parce qu'on était hyper suivis, surtout à mon âge. Donc non, non, non, non. Je pense que si... Enfin, au jour d'aujourd'hui, même si je suis jeune, ils ont quand même assez de recul. C'est pas tout à fait... C'est pas les mêmes hormones, il me semble.

  • Abigaïl

    T'as des stimulations sur un temps très court aussi.

  • Astrid

    C'est ça. Moi, ils m'ont stimulée sur un mois et demi. En fait, on a fait deux cycles.

  • Abigaïl

    Ouais, ça a été hyper court.

  • Astrid

    On a fait deux cycles. On a fait deux cycles pour être sûr d'avoir un minimum. Et comme ça s'est très bien passé au niveau de la stimulation, du coup, après, on a enchaîné. Et de toute façon, une fois qu'on avait même fait un cycle, ils ont dit, dès qu'on peut, on lance les...

  • Abigaïl

    C'est ça, je pense que de toute façon, ils ne t'auraient pas laissé trop...

  • Astrid

    Non, il fallait agir dans l'urgence, entre guillemets. Il y a eu deux mois entre mon annonce et le début des traitements lourds, mais il fallait quand même agir rapidement. Après, une fois que la tumeur était enlevée, les risques étaient... Quand on m'a enlevé ma tumeur, on m'a fait un curage. Enfin, on ne m'a pas fait de curage, justement. On a regardé au niveau des ganglions sous les bras. Si les ganglions étaient atteints, parce que c'est par là que va se faufiler ce satané cancer pour aller faire des métastases. Et donc, ils regardent le premier ganglion, le deuxième ganglion, et ils enlèvent tous ceux qui sont malades. Et en fait, moi, les deux premiers étaient sains. Donc ils n'ont pas fait de curage, parce que sinon on nettoie tout pour éviter les récidives. Et moi je n'avais pas ça. Donc du coup...

  • Abigaïl

    Et t'as eu une reconstruction tout de suite après ? Ou comment ça s'est passé ?

  • Astrid

    Une reconstruction mammaire ? Non, on m'a enlevé une bonne partie de mon sein, ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai un sein beaucoup plus gros que l'autre. Et quand j'étais enceinte... En fait j'ai un sein qui est mort, on va dire. Parce que quand j'étais enceinte, j'ai bien vu, j'ai eu une montée de lait que sur un sein. Donc, non, non, il y a un sein qui est mort, mais on ne m'a pas fait une ablation du sein. On m'a juste enlevé un cône, en fait, qui fait à peu près, moi je n'ai pas des gros seins, donc ça fait à peu près un tiers de mon sein. Mais voilà, non, il n'y a pas eu besoin de reconstruction.

  • Abigaïl

    D'accord. Et toi, tu ne ressens pas le besoin ?

  • Astrid

    Alors c'est vrai que des fois c'est un peu compliqué, surtout quand j'étais enceinte, j'avais un... ben on a les seins qui gonflent un peu quand on est enceinte, donc j'avais un sein qui restait tel quel et un sein qui gonflait. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué des fois pour s'habiller. Bon, après, ça va encore. C'est pas... Par ça, ça va.

  • Abigaïl

    Et donc, après, t'attaques les gros traitements de chimio.

  • Astrid

    Effectivement, la chimiothérapie est en deux étapes. Trois grosses chimiothérapies très lourdes. Je ne me rappelle plus le nom.

  • Abigaïl

    T'inquiète, on s'en fiche. On en avait parlé,

  • Astrid

    mais voilà, c'était des très grosses chimiothérapies. Donc, j'allais... au centre de chimiothérapie de Courlancy, où j'y passais la demi, donc j'étais emmenée par taxi, ramenée par taxi, parce que c'est les chimiothéramies qui te font tomber les ongles, alors je n'ai pas eu, heureusement ça, qui te font tomber les cheveux, les sourcils, les poils. L'avantage, c'est que plus besoin d'aller chez l'esthéticienne. Je vous avoue que là-dessus, c'était très agréable, mais bon. Voilà, mais non mais écoute, il faut voir des avantages dans chaque difficulté, donc voilà, c'est commun.

  • Abigaïl

    Mais moi j'ai toujours adoré ton humour pendant cette période vis-à-vis de ces sujets-là, non mais c'est vrai !

  • Astrid

    Il faut le dire, mesdames, voyez le bon côté des choses, plus besoin d'esthétienne, vous allez faire des économies. Mais non mais voilà, bon après ce qui est plus compliqué par contre, c'est sourcils et cheveux, parce que c'est les cils. En plus moi j'ai des grands cils, donc effectivement c'était compliqué, surtout que j'étais enseignante. Moi j'ai continué, alors à part juillet-août où je suis en vacances, où c'était d'ailleurs les gros chimios, mais quand je suis revenue en septembre en classe, parce que je n'ai pas été en arrêt, sauf pendant la chirurgie, c'était compliqué vis-à-vis des enfants. Parce que j'avais une perruque qui était assez sombre et j'avais la peau très claire et je n'avais plus de sourcils. Donc quand je revois les photos de moi à cette époque, vraiment, en fait à l'époque je ne me voyais pas malade, mais après je me... Et en fait il y a plein de parents d'élèves qui m'ont dit non mais on le savait, mais on n'a jamais rien dit.

  • Abigaïl

    Et du coup, c'est intéressant l'attitude des enfants vis-à-vis de ton absence de sourcils et de ta perruque. C'est vrai que ce n'était pas ta couleur naturelle.

  • Astrid

    Non, je suis blonde et j'avais pris une perruque brune pour changer, mais je n'aurais peut-être pas dû.

  • Abigaïl

    Et comment les enfants réagissent ?

  • Astrid

    Les enfants, pas, parce que j'étais en maternelle et je pense que les enfants sont un peu candides à cet âge-là. Ils prennent tout. Ils sont neutres, ils sont cool. C'est plutôt les parents qui vont se rendre compte. Mais après, les parents ne vont jamais embêter. Tu es absente, je te dis, de septembre à décembre, j'ai été absente trois demi-journées pour faire mes chimios et ma radiothérapie. Mais mon conjoint est pharmacien, donc il fait des grosses journées. Toute la journée chez moi, à tourner en rond. C'est pas du tout mon style. Et avec des enfants de 3 ans qui viennent te faire la blague sur le banc Pipi, caca, popo, maîtresse ! Et comme ça, t'as juste envie de rire et en fait, t'oublies que t'es malade. Et je trouve que c'est important et être toute seule à ruminer chez moi, c'est pas du tout mon style. Quand j'ai été opérée, j'étais en arrêt obligatoire pendant 5 semaines. Première semaine, j'avais un peu mal, c'était un peu pénible, donc j'étais contente d'être chez moi. Deuxième semaine, j'envoyais des selfies En me levant à 9h à mes collègues en les narguant, troisième semaine, j'allais manger avec eux à l'école de midi parce que j'en pouvais déjà plus. Donc voilà, mais c'est ça. Après, chacun est différent, mais moi, je ne peux pas rester enfermée chez moi.

  • Abigaïl

    Mais pendant cette période, tu as quand même eu des effets secondaires. Comment tu les as gérés par rapport à la fatigue, par rapport à tout ça ?

  • Astrid

    Alors, la chance vraiment que j'ai eue, c'est que mes trois... Les grosses séances de chimiothérapie ont eu lieu juin, juillet, août. Et qu'en fait, j'ai eu des effets secondaires. Je peux les donner, donc c'est chute des cheveux, chute des sourcils, chute des cils et de tous les autres poils. Et fatigue, je n'arrivais pas à monter les escaliers certaines fois, c'est mon conjoint qui me portait. Nausée, enfin voilà, tout ce qu'on imagine de la chimiothérapie, sauf la chute des ongles que je n'ai pas eu heureusement.

  • Abigaïl

    On mettait du vernis pour que ça...

  • Astrid

    Oui, on mettait du vernis sortissant, mais je n'ai pas eu du tout d'éléments. Même les cheveux, on m'a fait poser un casque réfrigérant, mais ça n'a rien fait. L'oncologue m'a dit qu'il y a peu de chances que ça fonctionne. J'avais essayé, mais voilà, nausée. Il y a des trucs encore aujourd'hui où je suis dégoûtée. Parce qu'on m'avait dit de bien manger, bien boire pendant les chimios. Et ce que j'ai mangé pendant les séances de chimio, j'en ai eu la nausée. Ce n'était pas à cause des aliments, mais ça reste.

  • Abigaïl

    Ça t'a dégoûté de quoi ?

  • Astrid

    Ça m'a dégoûté de la pétrisane. C'est un type de pain. Parce que j'avais mangé les pétrisanes chocs. C'était du pain avec des petits pépites de chocolat. Et alors là, c'était ma première chimio. Alors je ne peux pas, toujours pas.

  • Abigaïl

    Pour toi, c'est associé à jamais.

  • Astrid

    En fait, t'as eu envie de vomir ça. Du coup, je pense que voilà. Et les rostis, c'est les galettes de pommes de terre. Un jour, je me suis enflammée. D'habitude, j'étais malade tout de suite après la chimio. Et là, au bout de deux heures, je dis rien. Oh, magique ! Super ! Du coup, j'ai trouvé ça, les rostis, ça me faisait trop envie, bien gras. Je me suis dit, super ! Ah ben non, deux heures après, j'ai eu plus. Et du coup, je ne peux toujours pas. Donc voilà. Après, il y a eu la viande rouge, tout ça, mais c'était plus en fond. Et après, c'est revenu.

  • Abigaïl

    T'as une modification du goût ?

  • Astrid

    Goût, odorat. Et je pense qu'aujourd'hui, ça reste encore. De toute façon, il y a des séquelles. Donc, ceux qui ont eu le Covid connaîtront. Parce que perdre du goût, perdre de l'odorat... Alors, perdre du goût et de l'odorat, oui et non. Quand mon conjoint faisait cuire un steak haché, j'avais envie... De hurler parce que justement quand la viande me dégoûtait, je sentais. Mais c'est vrai que le goût et l'odorat sont différents. Je ne sais pas si on peut dire qu'ils s'en vont, mais c'est différent. Peut-être qu'on sent plus le métal quand on mange quelque chose, une viande rouge. Ouais, c'est différent.

  • Abigaïl

    Comment tu as géré la chute des cheveux ? C'est une étape qui est ultra difficile pour beaucoup de patientes. Et surtout quand tu es jeune, tu as le regard des autres. C'est aussi montrer à l'extérieur que tu es malade. Comment tu as géré ça ?

  • Astrid

    Je sais pas si je l'ai géré en fait, je me suis pas posé la question. Moi là je suis déchevée, il était clair que pour aller à l'école je voulais pas y aller avec un bandeau ou un bonnet, parce que pour moi c'était trop flagrant, c'était l'occasion de tester d'être brunette. Mais je me suis pas posé la question en fait, jamais, à aucun moment. Après j'ai vite enlevé la perruque parce que c'est chaud, c'est pas agréable. Mais je me suis jamais trop posé la question en fait de... C'est comme ça, et puis de toute façon on fait diable. Pas trop le choix, à part de... Non, je me suis pas posé la question. C'est vrai que tu me la poses là, mais je m'en suis jamais trop... J'ai jamais réfléchi à ça. Après, c'est plus quand tu te regardes chez toi, quand t'enlèves la perruque, là, c'est plus violent. Parce que... Clairement, tu t'es jamais vue sans cheveux en fait. C'est clair. Tu t'es jamais vue sans cheveux, même quand t'attaches tes cheveux, t'as toujours la frange le dessus. Enfin voilà, c'est plus là où c'est violent. Après, je vais pas dire mon... Si, je vais le dire, allez, soyons fous. On en a fait avant que mes... Parce que moi j'ai des cheveux longs, mi-longs, enfin bon, un carré un peu long. Et c'est vrai que du coup, j'avais jamais eu les cheveux courts. Et du coup, on en a fait... Je vais dire, on est horrible. On en a fait un moment... je vais pas dire agréable, mais un moment rigolo où en fait c'est mon conjoint qui m'a coupé les cheveux. Je suis allée chez le coiffeur, c'est mon conjoint qui m'a tondu les cheveux et il s'amusait à faire des dessins, enfin voilà, avec la tondeuse, non mais enfin quitte à perdre les cheveux autant voilà. Parce que moi je voulais pas retrouver des touffes de cheveux dans mon lit, donc je me suis dit en fait quitte à être chauve dans trois semaines et puis en plus ça part par partie, donc tu as des trous, enfin je trouve. Donc j'ai dit à mon conjoint, écoute fais toi plaisir, donc il s'est fait plaisir et puis voilà. Donc il s'en souvient toujours, on en parle encore des fois mais voilà. Donc ça a été un moment rigolo, enfin voilà, il faut toujours voir le bon côté des choses dans le mauvais et du coup c'est des moments aussi qui soudent aussi je pense.

  • Abigaïl

    Ah bah c'est clair.

  • Astrid

    Voilà. Bah c'est une des rares personnes qui m'ont vu, qui m'a vu sans cheveux. Parce que la nuit, bon je portais mon petit bonnet mais pas toujours donc après je connais pas toujours son regard par rapport à ça. On l'a vécu, mais on n'en parle pas toujours tout le temps. Parce que la vie fait que aussi. Après, on a d'autres choses. Mais voilà, il y a lui qui m'a vu sans cheveux et des copains chez qui on est partis en vacances à l'étranger, à La Réunion. Et voilà, c'est tout. Mais c'est vrai que...

  • Abigaïl

    À l'époque, il y avait une sociététicienne qui t'avait conseillée, qui t'avait fait des essais perruques ?

  • Astrid

    Non, alors, aujourd'hui, ça a changé, notamment au niveau de Courlancy, où ils ont une association, je ne sais pas si on peut en parler, de l'association Lise, qui accompagne beaucoup plus. À l'époque, ça n'existait pas, et du coup, en fait, je me suis un peu débrouillée toute seule. J'ai tapé perruquier, l'oncologue m'avait un peu accompagnée mais je trouve que aujourd'hui ça a bien évolué mais à l'époque il n'y avait pas trop d'accompagnement là-dessus. Donc on a trouvé un perruquier, je ne sais pas si ça s'appelle comme ça, des coiffeurs souvent qui accompagnent dans la chute des cheveux. Et on a acheté une perruque qui coûtait les yeux de la tête et en fait je pense qu'on n'a pas été chez la bonne personne qui ne nous a pas forcément bien accompagné mais on n'avait pas trop le choix à l'époque. Aujourd'hui il y a des associations qui accompagnent. Voilà.

  • Abigaïl

    Tu te rappelles du prix ?

  • Astrid

    Oui, je me rappelle du prix parce que la Sécurité sociale ne rembourse pas grand-chose. C'était 450 euros. 450 ou 500 euros.

  • Abigaïl

    De ta poche ?

  • Astrid

    Je crois que la Sécurité sociale prenait 20 ou 30 balles. Parce qu'en fait, c'est du confort.

  • Abigaïl

    Je crois que ça a bien changé.

  • Astrid

    Ça a peut-être bien changé aussi. Et le problème, c'est que ma complémentaire ne voulait pas le prendre en charge parce que j'étais à 100%. Et 100%, ça veut dire que c'est la Sécurité sociale qui prend tout en charge. Non, qui prend 100% de la partie sécure en charge et la complémentaire. Estimez que du coup, c'était pas à l'intervenir. Encore là, j'ai eu de la chance d'être accompagnée par mes supérieurs, mon inspecteur de l'époque. Donc mon super hiérarchique qui m'a orientée vers l'assistante sociale de l'éducation nationale, qui a un fonds social et qui a accompagné financièrement ses dépenses, qui m'a dotée d'une petite enveloppe, enfin une belle enveloppe, qui m'a permis de payer ma perruque et de payer toutes mes franchises de médicaments. Parce qu'à chaque fois qu'on achète une boîte de médicaments, on a 50 centimes de franchise. À chaque fois qu'on fait un trajet en taxi, allez ! Les analyses aussi. Les analyses, en fait, à chaque fois, on a une petite partie qui n'est pas remboursée. Et en fait, quand on les cumule petit à petit, on monte très vite. Et du coup, on l'a pris un peu de plein fouet. Et du coup, je ne dis pas que je n'avais pas d'économie, mais du coup, sortir une somme comme ça alors qu'on est malade, c'était un peu compliqué. Donc là encore, j'ai été bien accompagnée par...

  • Abigaïl

    Tu conseilles à... à n'importe quel patient, d'au moins se renseigner auprès des assistantes sociales.

  • Astrid

    Oui, je ne sais pas s'il y en a partout, mais je sais que nous, dans la fonction publique, on a des gens qui peuvent accorder à l'éducation nationale, on a des assistantes sociales. Mais ce n'est pas forcément que pour les gens qui sont malades, ça peut être des gens qui divorcent. Dès qu'on est en détresse un petit peu sociale... financière, on a ces assistantes sociales qui peuvent nous accompagner. Aussi bien vers l'orientation. Mais comme une assistante sociale qu'on pourrait imaginer classique, sauf que là, c'est dédié aux professionnels de l'éducation nationale. Mais personne ne sait que ça existe. C'est un truc de fou. Et en fait, c'est que quand on est le nez dans les complications que du coup, on entend parler d'elle.

  • Abigaïl

    Et... Et du coup, là, on a pas mal parlé de tes traitements de chimio, qui sont les gros chimios qui sont tombés pendant les grandes vacances. Après, les petits chimios, donc ça du coup, enfin, un petit chimio, c'est vraiment une mauvaise façon de parler.

  • Astrid

    Oui, par rapport aux gros, c'est-à-dire qu'il y a moins d'effets secondaires. C'est pour ça que j'appelle ça des petits chimios, parce que c'était toutes les semaines. Contrairement aux gros, c'était toutes les trois semaines. Ce que je n'ai pas dit aux gros chimios, c'est que j'avais aussi une chute de mes défenses immunitaires, et donc j'avais des piqûres. qui faisait mal aux os. Enfin, Donc, c'est en fait, quand je dis petite et gros chimio, c'est par rapport à tous les effets secondaires. C'est le vécu, en fait.

  • Abigaïl

    Et du coup, avec ces cures de chimio toutes les semaines, tu as repris le travail ?

  • Astrid

    En septembre, le 1er septembre, j'étais dans ma classe. Je me suis arrangée. En chimio, ils étaient super parce qu'ils s'arrangeaient. En fait, je quittais à 16h30. Non, je quittais à 16h30 ou 15h30, je ne sais plus, 16h30. Et j'attendais un petit peu que les enfants s'en aillent. Et à 16h45, le taxi venait me chercher devant l'école. m'emmener à la chimiothérapie le vendredi soir. Parce que comme ça, mes effets secondaires, si j'étais un peu fatiguée, tout ça, j'avais le week-end pour me remettre. Et lundi, j'étais re au boulot.

  • Abigaïl

    D'accord. Voilà. Ils t'avaient laissé le choix du jour ?

  • Astrid

    Alors, en fait, ils fermaient le service à je ne sais plus quelle heure. Et comme j'avais au moins trois heures sur place, genre, ils devaient fermer à 19h ou un truc comme ça. Et ils s'arrangeaient. Parce qu'en fait, ils... Enfin... Globalement, quand j'arrivais, la moyenne d'âge en chimiothérapie, elle est assez élevée. Et j'étais une des seules jeunes. Et je me rappelle, du coup, je faisais la fermeture. Généralement, quand on dit faire la fermeture, on pense plus au bar. Je faisais la fermeture du service de chimiothérapie. Et du coup, j'avais tous les infirmiers juste pour moi. Et j'avais ramené une boîte de bonbons un jour. Du coup, ils étaient là. On rigolait. Du coup, ils étaient tous dans ma guitoune. Et du coup, en fait, non, mais c'était... Je ne vais pas dire que c'était sympa, mais... J'ai trouvé ça super parce que ce n'est pas toujours des moments faciles et qu'ils apportent aussi de la bonne humeur. Et puis je pense qu'ils ont vu que j'étais jeune, j'étais très sympa, belle gosse. Ils se sont dit bon, voilà. Non mais voilà, je pense que c'est un cas qui est aussi atypique. Et que du coup, comme j'étais la dernière... Puis forcément, on n'a pas les mêmes discussions avec une jeune enseignante qu'avec quelqu'un qui a 70 ans. Oui, c'est sûr. On ne discute pas les mêmes choses. Donc ça leur changeait aussi un petit peu leur quotidien et leur vision aussi, comme tu l'as dit tout à l'heure, en tant que professionnelle.

  • Abigaïl

    Et du coup, le week-end avait un peu d'effet secondaire ou ça allait sans plus ?

  • Astrid

    Je m'en rappelle plus. Si je m'en rappelle plus, c'est que ça ne m'a pas marqué. Je pense que j'étais un peu fatiguée, mais aussi, il faut dire qu'il y avait la classe. C'est quand même un peu fatigant. Les allers-retours, c'est un peu fatigant aussi. Donc, je pense qu'il y avait un peu de fatigue de la chimio, mais aussi un peu de fatigue de la vie quotidienne.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu avais mis des choses en place particulières à ces moments-là, type activités physiques ? Non, je me faisais comme d'habitude. Comme d'habitude, ouais.

  • Astrid

    Quand j'étais fatiguée, je n'y allais pas. Non, j'ai gardé quasi la même vie. Alors peut-être que je faisais moins... Je suis plutôt à faire les choses à 200%. Mais peut-être que là, je ne faisais qu'à 199%. Mais ouais, il y a des fois, c'est tout. En fait... C'est un peu l'excuse des fois pour sécher des réunions. Je ne peux pas le dire, mais je suis fatiguée, je ne veux pas venir. Si tu restais chez toi, tu m'étais assez avec. Mais voilà, parce que je suis engagée dans des assos en tant qu'élue locale. Mais du coup, des fois, c'était aussi un peu l'excuse. Voilà, mais pas moins que les gros chimios. C'est pour ça que je dis toujours les gros, c'est les petits chimios. Après, si l'effet secondaire qui m'a le plus embêtée, c'est de ne pas pouvoir se mettre au soleil. parce que du coup il y a des effets alors tu seras mieux que moi encore là nous on est quand même partis à la Réunion à la Toussaint et en fait comme je venais de finir mes petites chimiothérapies c'était les t-shirts anti-UV, crème solaire chapeau, c'était un peu dommage parce que d'être à la Réunion et de ne pas pouvoir profiter du soleil toujours aller chercher l'ombre c'était un peu dommage mais bon c'est la grosse peut-être chose qui m'a, effet secondaire qui m'a embêtée

  • Abigaïl

    Mais du coup, j'allais y venir, ça aussi, parce que je me souviens que sur cette période, vous aviez pas mal voyagé avec Romain. Et c'était chouette, en fait. À chaque étape, il y avait...

  • Astrid

    En fait, c'est pas interdit. Si les médecins étaient OK, je peux même te dire...

  • Abigaïl

    C'est ce que je voulais te T'en discutais avec les oncologues à l'époque. Ah bah bien sûr ! Et ils te donnaient le feu vert.

  • Astrid

    J'ai même gratté une séance de chimiothérapie comme ça, parce que je me suis dit... Parce qu'en fait, normalement, c'était neuf... trois gros chimios et neuf petites. Et la neuvième petite tombait pendant les vacances. Et franchement, ça me faisait suer de ne pas voir. En plus, on avait des copains qui étaient pour quelques années à La Réunion et qui sont venus aujourd'hui en métropole. Et franchement, on n'allait pas pouvoir voyager à cause de ça. Donc j'ai négocié, j'ai fait mes yeux doux et puis ça a fonctionné. Non, mais il m'a dit, vous avez eu trois gros chimios, vos ganglions n'étaient pas atteints. Enfin, on voit que vous réagissez bien à tout. Il dit que vous en avez fait 8 ou 9, 9 c'est le protocole, si vous en faites 8 ça ira très bien aussi.

  • Abigaïl

    Et puis c'était important peut-être aussi de marquer le coup et puis de souffler avant de rattaquer.

  • Astrid

    En vacances comme tout le monde. Après deux mois de classe, moi j'avoue qu'à la Toussaint, j'aime bien partir un peu en vacances, cancer ou pas cancer. Et puis mon conjoint aussi, une fois qu'on a bossé, je crois qu'on est comme tout le monde, on aime bien partir un petit peu. Même sans... Bon là on est parti à la Réunion parce que c'était aussi l'occasion comme on a des copains là-bas. Mais... Non, on aime bien aussi s'aérer, même partir hors de chez nous, même si on n'a pas de maladie.

  • Abigaïl

    Non, mais parce qu'il y a des patients qui s'interdisent aussi de voyager pendant ces périodes.

  • Astrid

    Il ne faut rien s'interdire.

  • Abigaïl

    Oui, on est d'accord.

  • Astrid

    À partir du moment, bien sûr.

  • Abigaïl

    Il faut au moins en discuter avec le médecin.

  • Astrid

    OK. Bien sûr. Là, il m'avait dit bien attention au soleil, surtout à La Réunion, ça tape. Donc, on avait prévu crème solaire 50+. On avait prévu des chapeaux. On est allé acheter les t-shirts anti-UV. À partir du moment où on prend des précautions. Je pense qu'un patient, je ne suis pas médecin non plus, mais un patient qui sent bien, qui est heureux, je pense qu'il arrivera toujours mieux à guérir que quelqu'un qui s'enferme et qui reste dans sa détresse. Le mental, les médecins l'ont bien dit, et je pense que c'est prouvé, le mental a une force de ouf. Et de se donner la motivation de vivre et de surmonter l'épreuve, ça réassurera toujours mieux que si on... On se dit, c'est bon, dans trois mois, je suis mort. Et forcément, du coup, voilà.

  • Abigaïl

    Et du coup, après, en rentrant, c'est là que tu as attaqué la radiothérapie ?

  • Astrid

    Oui, voilà. Donc là,

  • Abigaïl

    c'était un autre rythme.

  • Astrid

    Là, c'est très fatigant, parce qu'en plus, en bossant tout le temps. Donc là, je rentrais chez moi à 16h30. Tout de suite après, je rentrais chez moi. Le taxi venait me chercher devant chez moi, m'emmenait au centre de radiothérapie et me ramenait après. Donc là, par contre, la radiothérapie, c'est moins long. C'est une bonne demi-heure. Mais c'est tous les jours. C'est cinq jours sur sept. Voilà, donc sauf certains jours où ils étaient fermés, enfin voilà, c'était un peu compliqué. C'est là que j'ai eu mes quelques demi-journées pour aller faire mes traitements. Mais la secrétaire, encore là, était extraordinaire et qui gérait nos absences, elle me donnait souvent ma journée. Et du coup, je pouvais traîner un peu le matin dans mon lit et puis aller faire les boutiques. Voilà, je ne vais peut-être pas te dire ça. Mais non, mais ils ont été quand même hyper cool. La secrétaire était hyper cool et je la remercierai toujours parce que, enfin voilà, ils n'ont pas été relous avec ça. Et ils m'ont toujours mis un remplaçant. Parce que du coup, je savais que mes élèves, ils étaient avec quelqu'un. Je ne me suis pas dit, à cause de moi, ils n'ont pas d'enseignant, ils n'apprennent rien ce jour-là. Et bien non. Donc, ils ont toujours été cool. Donc, c'est aussi important parce que du coup, tu y vas de façon sereine en fait. Et puis... tu te dis, c'est tout, c'est aussi important d'être bien entourée.

  • Abigaïl

    Complètement. Et du coup, après, tu as attaqué l'hormono.

  • Astrid

    L'hormonothérapie qui était annoncée pour 5 ans, c'est-à-dire 5 ans sans enfant, on n'avait pas compris ça au début. Donc l'hormonothérapie...

  • Abigaïl

    Tu avais compris quoi au début ?

  • Astrid

    J'avais compris que... J'en sais rien,

  • Abigaïl

    je pense surtout qu'on ne se projette pas à 5 ans.

  • Astrid

    Ouais, ouais, quand on a 27 ans, est-ce qu'on se projette à ça ? Bah c'est ça. Quand on vient de rencontrer son conjoint, est-ce qu'on se projette aussi loin ? Non, c'est vrai, t'as raison, c'est peut-être ça.

  • Abigaïl

    Et du coup, à cette période, tu sentais que déjà, ça avait soudé ton couple ?

  • Astrid

    Ah oui, oui, je pense qu'on a eu cette épreuve difficile, et puis deux ans après, on a eu une très grosse épreuve difficile, qui n'a rien à voir avec des raisons de santé, mais je pense qu'effectivement, quand tu t'es vue malade, quand on se marie, on n'est pas mariés, mais quand on se marie, on dit pour le meilleur ou pour le pire. Maintenant qu'on a eu le pire, je pense qu'on n'aura que le meilleur. Et puis, retrouver quelqu'un qui serait présent pour toi, qui te verrait dans cet état-là et qui ne partirait pas en courant, c'est aussi très précieux. Donc, je pense qu'effectivement, les difficultés qu'on arrive à les surmonter, elles soudent un couple ou une famille en règle générale.

  • Abigaïl

    Et du coup, comment tu as vécu l'hormonothérapie ? Souvent, c'est aussi une période qui est hyper difficile pour les patientes. Parce que justement, il n'y a plus tout ce soutien médical, on se sent un peu abandonné Et puis, c'est le retour que j'ai des patients parfois, pas assez préparés aux effets indésirables des traitements. Alors du coup, comment tu l'as vécu ?

  • Astrid

    Il y a deux choses. En fait, il y a, je pense, l'arrêt de tous les allers-retours avec la radiothérapie. Alors moi, j'avais mon métier, mais je comprends que des gens qui sont retraités, qui en fait vivent autour de ça, ou qui sont même en arrêt de travail. Et en fait, leur relation sociale, c'est un peu d'aller chez le médecin, d'aller en radiothérapie, de voir des gens. Et en fait, je pense que quand ça s'arrête brusquement... tu te dis mince, je suis tout seule chez moi ou on coupe chez moi, ma compagne travaille et je pense que ça déjà c'est assez violent. Et après, tu as effectivement l'hormonothérapie. L'hormonothérapie, c'est aussi très compliqué, surtout quand on est jeune, parce que c'est une ménopause. Et ménopause, ça entraîne tout ce qui va avec, donc perdre de la libido, des sécheresses de la peau et de toutes les voies, voilà, toutes les voies de tout ce qu'on peut avoir dans le corps, donc la bouche, l'anus, tout. Donc c'est compliqué, et puis la radiothérapie c'est aussi des brûlures. Moi par exemple, la radiothérapie, comme c'est au niveau du sein, comme je respire, ils m'ont brûlé un peu trop loin, j'ai quand même fini aux urgences parce qu'ils m'ont brûlé la plèvre. C'est l'enveloppe qui entoure le poumon, et qui à un moment donné s'est nécrosée, s'est détachée, et je ne pouvais plus respirer tellement la douleur est importante. Donc j'ai fini aux urgences une fois comme ça. Donc tu vois, c'est aussi... Tout ça, la radiothérapie et l'hormonothérapie, donc avec tous les effets secondaires, la sécheresse, la perte de la libido, et puis la ménopause, donc prise de poids, la gestion des hormones qui est compliquée, donc ça veut dire fatigué, très fatigué. Tu vois, des fois, je me dis que j'ai des plus fatigués avec l'hormonothérapie qu'avec la petite radiothérapie. Toi, tu m'as posé la question tout à l'heure. Pour moi, la petite radiothérapie, la petite chimiothérapie, pardon, euh... J'y allais mais à part le soleil, il n'y avait pas trop d'effets secondaires. Alors que l'hormone thermique, j'étais hyper fatiguée. Puis ça joue sur les hormones. Donc toutes les femmes ne réagissent pas pareil aux hormones. Mais moi, je réagis beaucoup aux hormones. Et du coup, je pense que la fatigue, c'était dur. Déjà, je suis une grosse dormeuse. Mais alors là, en plus, c'était très, très, très dur.

  • Abigaïl

    Et quand tu as arrêté l'hormonothérapie, tu as ressenti tout de suite ton état de forme ?

  • Astrid

    Alors j'ai eu deux types d'hormonothérapie différentes, j'en ai une par piqûre et j'en ai une par comprimé. Ouais, après, je me souvenais plus. En fait, je crois qu'au bout de quatre ans, j'ai eu que quatre ans d'hormonothérapie. Mais en fait, je me souvenais plus comment j'étais quatre ans après et j'avais pris quatre ans un peu dans la vue. Donc, j'avais plus de 30 ans après. Donc, je me souvenais plus de... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre à cette question. Après, je suis toujours une grosse dormeuse. Mais ouais, je ne sais pas si j'ai... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre parce que j'ai du mal. En fait, en quatre ans, c'est long. C'est long et pas long en même temps. C'est court sur une vie, mais c'est long quand tu as de l'hormonothérapie. En fait, je pense que j'arrivais... Ça faisait même cinq ans avec tous les traitements, si tu veux. Et donc, je n'arrive pas... Je pense que j'ai récupéré un petit peu de l'énergie.

  • Abigaïl

    mais je pense que j'avais vieilli aussi en même temps et que voilà et du coup ce qui est super c'est que tu as toujours eu une communication fluide avec ton oncologue et les équipes médicales qui t'ont suivie et du coup il y a pu avoir ce dialogue à se dire bah ouais mais là il y a une envie d'enfant qui du coup est presque urgente et est-ce que c'est possible de réduire un petit peu et au moins de pouvoir discuter de...

  • Astrid

    Alors moi, dès le début, de toute façon, j'étais hors protocoles, hors statistiques, hors tout. En fait, moi, j'étais exceptionnelle à tout point de vue. Mais non, parce qu'en fait, il y a zéro stat sur les gens de mon âge, ou très très peu, ou pas forcément dans notre pays, et donc c'est des choses qu'en France, on ne considère pas forcément. Et le fait qu'on me change de type d'hormonothérapie, parce que la première ne fonctionnait pas assez, je pense. C'est pareil, c'était hors protocole. Donc en fait, ils ont bidouillé un peu. Et en fait, à un moment donné, ils ont fini par dire Ouais, de toute façon, comme vous êtes hors protocole, un an de plus, un an de moins, écoutez. En fait, l'hormonothérapie, globalement, ça réduit le risque de récidive. En fait, ils estiment à 1% de risque par an de récidive. Donc c'est-à-dire, au bout de 10 ans, 10% de risque d'avoir une récidive. 30 ans, 30%. Comme je suis jeune, ça va vite. Et en fait, l'hormonothérapie fait passer à 0,5% par an. Donc tu divises par deux ton risque de récidive. Et c'est pour ça qu'en fait, ils m'ont dit au bout de 4 ans... C'est pas mal, ça va. Après, ils travaillent de l'humain, et quelqu'un de jeune comme moi, ils n'ont pas eu. Donc, du coup, ils expérimentent un petit peu. Après, c'est vrai que la question, elle était est-ce que je ne me mets pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête en me disant, le but, c'est d'avoir des enfants. mais est-ce que je risque pas à cause d'avoir mon envie d'enfant de ravoir un cancer et que mes enfants soient orphelins ? Je vais à l'extrême, mais en gros c'est ça, tu dis mais si j'ai une récidive et que j'ai pas autant de chances de guérison, parce qu'il y en a qui ont pas cette chance de guérison, est-ce que je risque pas de rendre mes enfants malheureux ? Parce que je veux les avoir mais tu vois, je sais pas si j'arrive à exprimer ça, mais voilà, c'est la balance, tu la pèses, et ça a été On n'a pas arrêté tout de suite. Quand on a posé la question, je pense qu'il y a au moins six mois de délai où justement, c'est ce que je disais tout à l'heure, ils se sont... concerté à plusieurs. Et ça, c'est ce que j'ai apprécié. Je ne sais pas s'ils le font partout, parce que je ne connais pas partout.

  • Abigaïl

    Oui, c'est dans tous les...

  • Astrid

    Que tu aies en fait, pas un, mais quatre ou cinq médecins qui te disent Ok, tu dis ouais, ok. Si les mecs disent C'est bon. Parce que c'était beaucoup des garçons. C'est beaucoup des hommes. Mais si les docteurs te disent Oui. C'est qu'a priori, en plus on est en France, on a quand même pas un bon recul par rapport à mon âge et tout. Mais... c'est qu'ils estiment que c'est bon. Tu leur fais confiance. Après, de toute façon, il faut faire confiance aux médecins parce que toi, tu n'as pas les clés. Tu n'as pas toutes les clés.

  • Abigaïl

    Et justement, le fait que tu sois jeune et que tu ne côtoies pas dans les services des patientes de ton âge, est-ce que tu as eu envie de te rapprocher d'associations pour peut-être côtoyer des patientes qui te ressemblent un peu plus ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, je n'en ai pas eu besoin parce que j'avais ma vie sociale, j'avais mes copains, j'avais ma famille, j'avais mon travail. Et en fait, si tu veux, ça a rajouté un élément de plus à ma vie, mais ça ne m'a rien enlevé. Contrairement à des gens qui, à cause de la fatigue, doivent tout arrêter. Si tu veux, comme j'ai toujours eu ma vie sociale et qu'elle ne s'est pas arrêtée, je n'en ai pas ressenti le besoin. Et encore une fois, parce que maintenant c'était 2017, c'était il y a 7 ans. Il n'y avait pas... Aujourd'hui, je pense qu'en 7 ans, on a développé toutes les aides. Aujourd'hui, quand je vois qu'on propose des ateliers de cuisine, des ateliers de sport, moi, il y avait quelques activités yoga, quelques activités de rencontre, mais... Rencontrer les gens pour en parler, oui, mais en fait, les gens sont dans la détresse et j'avais peur que ça me déprime plus qu'autre chose. Et comme j'avais mes copines et qu'on parlait d'autre chose et qu'on faisait nos soirées, nos sorties, qu'on continue à aller au cinéma, au resto, qu'on continue à partir en vacances, j'en ressentais pas le besoin. Après, chacun est différent parce que l'entourage fait qu'eux aussi, c'est différent. Donc non, j'en ai pas ressenti le besoin.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce qui t'a le plus aidé pendant ton parcours de soins ? C'est hyper dur comme question.

  • Astrid

    C'est l'entourage, je l'ai dit, l'entourage. Parce qu'on avait aussi un petit chien à l'époque, et des fois quand j'étais fatiguée, aller la promener, c'était pas toujours simple. Donc il y a mes parents qui m'ont beaucoup accompagnée, mon conjoint, bien sûr, mais même mes beaux-parents, ma belle famille que je ne connaissais depuis pas longtemps. Je me rappelle, mon beau-frère, il essayait ma perruque pour faire rire tout le monde quand j'avais pas encore mes cheveux qui avaient chuté. Enfin voilà, on l'a fait essayer au chien, la perruque aussi. Voilà, oui. Donc voilà, l'entourage, les copains, tout, l'entourage, l'entourage proche, les amis, la famille, mais aussi, je pense, tout ce qu'on peut... Tu vois, mes supérieurs qui m'ont accompagnée dans me mettre des remplaçants. Quand j'étais en juin, j'y allais tous les deux jours. à Courlancy, faire des prélèvements sanguins, voir si j'ovulais, si je ne vaux plus l'air. Donc en fait, j'étais de 8h à 10h dans le service de Courlancy. Et à 10h, j'avais fini. Enfin, ils n'avaient plus besoin de moi à Courlancy. Donc je retournais à l'école. Et en fait, ils m'ont mis un remplaçant pour toute la fin de l'année. Et du coup, en fait, lui s'occupait de ma classe. Et moi, j'aidais mes collègues. J'organisais la kermesse. Et tu vois, du coup... tu y vas sereinement, tu sais que t'as pas la pression. Voilà, donc, c'est aussi ça d'être soutenue, je pense, dans le travail. Moi, j'ai la chance d'être fonctionnaire, donc c'est vrai qu'on a des aides. Je me dis que si on est autant entrepreneur ou des choses comme ça, c'est peut-être pas la même...

  • Abigaïl

    T'as senti dans ton équipe un vrai soutien et puis qu'on était mobilisés autour de toi ?

  • Astrid

    Ah bah, mes collègues, je veux dire, mes collègues, enfin voilà, ils étaient un réel soutien. Un réel soutien.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu aurais aimé savoir au début de tes traitements et que tu as appris ? Après, s'il n'y a rien, ce n'est pas grave.

  • Astrid

    En fait, le problème, c'est que... Je pense que chaque individu est différent, réagit différemment. Tu ne peux pas savoir si tu vas perdre tes cheveux ou pas, tes ongles ou pas. Tu ne peux pas savoir si l'hormonothérapie, ça va complètement te fatiguer ou pas. Donc je ne sais pas s'il y a des choses que j'aurais aimé savoir, parce que la parole se libère un petit peu quand tu dis que tu es malade. Et en fait, tu te rends compte qu'il y a beaucoup de gens qui ont eu un cancer, ou un cancer du sein, ou un cancer autre autour de toi. Et en fait, chaque parcours est différent. C'est comme chaque enfant, enfin moi je suis enseignante, je compare aux enfants, mais chaque enfant est différent. Et face à une même difficulté, chaque enfant ne réagira pas de la même façon. Donc je pense que c'est pareil pour les gens malades. Donc me donner des exemples de parcours, oui, mais je pense que chaque chose est individuelle. Et en plus, échanger avec des gens, comme il y a peu de gens de mon âge. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Non.

  • Abigaïl

    Et quel conseil tu donnerais à une patiente jeune, par exemple, qui débute ses soins ?

  • Astrid

    Oh là, ouais, c'est une bonne question, c'est une très bonne question. De surtout continuer à vivre. de voir toujours les choses rigolotes dans ce qui peut être pas forcément rigolo et puis de ouais surtout de pas se couper du monde et de continuer à vivre et de continuer avec les copains continuer voilà si elle a un conjoint avec son conjoint de pas et puis de surtout avec le conjoint d'en parler avec le conjoint parce que dire là je suis fatiguée non enfin voilà je pense que de ouais de continuer à vivre parce que je pense que mais c'est ma façon de penser aussi mais ça porte en fait de Et puis de dire les choses aux médecins. Là, je suis fatiguée. Là, ça me fait mal. Là, on a le droit aujourd'hui de dire les choses à son médecin. Je veux dire, moi, quand j'ai une envie d'enfant, franchement... Hormonothérapie, ça me gave un peu. Donc, voilà, c'est de dire les choses. Et je pense que les médecins, aujourd'hui, et encore plus avec les jeunes patientes, ils sont très à l'écoute et très attentifs aux effets secondaires. Alors, j'espère pour... pour les médecins qui aura le moins possible de jeunes parce que franchement c'est pas rigolo mais de dire les choses aux médecins, d'échanger avec eux ils sont là pour ça en fait ils sont pas là juste pour dire tant de chimio non en fait ça va pas,

  • Abigaïl

    ça va pas et puis moi je conseille même à mes patients de noter à l'écrit leurs questions, parce que aussi d'une consultation à l'autre, tu zappes, tu oublies. Aussi,

  • Astrid

    des fois,

  • Abigaïl

    il y a les consultations, elles vont beaucoup trop vite. Et du coup, c'est pareil. Et puis tu restes avec tes questions, et ça, c'est pas bon.

  • Astrid

    Moi, je me suis un peu fâchée avec mon oncologue la première séance, parce que j'étais toute seule. Et en fait, il m'a sorti plein plein. plein plein plein d'éléments et je dis bah attendez est-ce que je peux prendre des notes parce qu'en plus moi j'ai zéro mémoire et une chose sur laquelle la chimiothérapie ne m'a pas aidé c'est perdre de mémoire enfin d'avoir encore moins de mémoire alors après c'est peut-être dû à la fatigue tout ça mais du coup je dis est-ce que je peux noter, il me dit non vous notez pas Parce qu'en fait, si vous notez, vous n'allez pas m'écouter. Ah, effectivement, effectivement, effectivement, je comprends votre point de vue, mais moi, mon conjoint, il va me poser des questions, je ne vais encore jamais savoir à quoi lui répondre. Donc peut-être que c'est aussi un élément qu'on peut conseiller, c'est peut-être si on est un peu débordé par les informations, tout se faire accompagner.

  • Abigaïl

    Oui, ça je suis complètement d'accord. C'est vrai que si on peut se faire accompagner, il y a des informations, des fois il y a un trop-plein d'informations et ça n'imprime plus. Et le fait d'être avec quelqu'un en consultation, du coup ça peut aider.

  • Astrid

    Moi la chance encore que j'ai eue, c'est que j'ai un conjoint qui est dans le médical. Et puis on a des copains qui sont un peu spécialisés en cancéro. Et du coup, c'est vrai qu'on pouvait leur poser des questions. Et moi, je veux dire, il donnait un mot, il savait m'expliquer. Il a fait aussi des recherches sur l'hormonothérapie. Alors moi, quand je voyais les documents qu'il essayait, je comprenais un mot sur deux ces théorèmes. Mais du coup, il savait me traduire. Et ça, j'avoue que c'était super. Et tout le monde n'a pas assez de chance là. Et je pense que ça a joué beaucoup.

  • Abigaïl

    Tu t'es sentie bien informée et du coup ça te permettait d'avoir une bonne communication aussi avec les médecins.

  • Astrid

    Moi du coup j'aimais bien, c'est vrai que des fois je disais à mon conjoint, je dis écoute viens parce qu'il va encore me sortir des trucs, je vais rien comprendre. Alors par contre quand ils savent que t'as accompagné une information, ils parlent encore plus le langage médical et là tu comprends encore moins. Mais bon c'est pas grave, t'as le traducteur qui t'explique après dans la voiture. Mais ouais ouais du coup... Du coup, être accompagné, je pense, et puis ne pas hésiter à dire, Non, en fait, je n'ai pas compris, quoi. Parce que j'osais peut-être pas, alors j'étais jeune, mais maintenant, je pense que je leur dirais, Non, mais attendez, je n'ai pas compris du tout ce que vous m'avez dit. Respiquez-moi avec des mots à re-re-re, parce que... Non, mais il y a des fois... Alors, des fois, ils sont très pédagogues, et puis des fois, ça dépend des gens, en fait. Après, mon collègue était très, très bien, mais c'est vrai que la première séance comme ça, c'était un peu raide, quoi.

  • Abigaïl

    Et maintenant que tous les traitements sont passés, en quoi ton parcours de soins a été transformateur pour toi ? En quoi tu es différente maintenant et qu'est-ce que ça a changé ?

  • Astrid

    Je pense que tu vois les choses comme tous les gens qui ont eu des très très gros coups durs, que ce soit la maladie ou des décès ou dans l'entourage ou avec le Covid par exemple, je pense que les gens comprennent mieux que quand t'as un gros coup dur, tu vois les choses différemment. En fait, il y a des choses, avant t'aurais chipoté et puis maintenant tu chipotes plus, tu dis ouais, en fait, on s'en fiche, c'est qu'un détail de la vie et bon, tu vois, t'as rayé ta voiture, tu fais. Ouais, bon, c'est que du matériel en fait. Comme quand t'as un accident de voiture et quand t'es blessée grave et que ta voiture est bousillée, tu te dis que c'est pas grave parce que je suis encore là. Par contre, si tu poussais ta voiture et que t'as rien, tu te dis... C'est compliqué, mais tu vois, comme tous les gens qui ont des gros coups durs, en fait, il y a des trucs, du coup, ça te passe. Alors après, j'étais jeune, donc je pense que j'avais encore moins de lâcher-pris sur certains trucs, mais ouais, je pense que du coup, tu dis, ça, franchement, c'est pas grave. Franchement, on s'en fiche, quoi. Je pense que c'est la grande leçon du truc.

  • Abigaïl

    Et du coup, si tu participes à ce podcast, c'est que le partage et le témoignage pour toi sont une valeur forte et que tu as envie de partager. Et pour toi, quelle est l'utilité du témoignage ? lors d'un parcours de soins ?

  • Astrid

    Je pense que c'est déjà... On n'est pas tout seul. Je ne connais plus les stats, mais le nombre de femmes qui avaient un cancer du sein par an, c'était... Mais j'avais lu ça dans la salle d'attente de l'oncologue. Je m'étais dit, mais ce n'est pas possible.

  • Abigaïl

    Mais c'est plus dur.

  • Astrid

    Il me semble que c'est 28 000. Ma mémoire... Mais je pense que c'était 28 000 femmes par an en France ont un cancer du sein. Et en fait... C'est ce que je disais tout à l'heure, la parole se libère quand toi tu dis que t'es malade. Et en fait, autour de moi, j'avais trois, quatre personnes qui avaient eu un cancer du sein. Dont une copine que je voyais plusieurs fois par an. J'ignorais tout de sa maladie. Et c'est seulement une fois qu'elle m'a expliqué. Et je pense qu'il ne faut pas s'en cacher. Et il faut justement utiliser son expérience pour accompagner les gens. Voilà le... La transmission de savoir, c'est un peu mon métier, mais je pense que du coup, il faut utiliser ça pour faire de la prévention et dire, mais attention, c'est pas parce que t'as 27 ans, encore plus avec mon âge, je pense que c'est pas parce que t'as 27 ans que tu dois tout prendre à la légère au niveau de ta santé, en fait. Ouais, ouais, voilà.

  • Abigaïl

    En tout cas, mille merci Astrid, c'était vraiment super chouette de faire cette interview avec toi. Même si je dois bien avouer que ce n'est pas facile, quand on connaît la personne, je trouve que l'exercice est encore plus dur. En tout cas, mille mercis. Je pense que tu as participé aussi dans ton parcours, du coup tu m'as impactée professionnellement, ça c'est sûr. Moi je sais que... Je n'exerce plus de la même façon et je n'accompagne pas mes patients atteints de cancer de la même façon. Comme tu le sais, il y a eu aussi d'autres événements dans ma vie qui n'ont fait que. Mais c'est vrai que ton parcours est hyper intéressant et je trouvais qu'il fallait vraiment le partager au plus grand nombre. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère aussi à la naissance du podcast. Et voilà, c'est vrai que... On n'en a pas parlé, mais moi, à l'époque, quand tu nous as annoncé ça, c'est vrai que je me suis sentie tellement, tellement impuissante. Et après, j'ai mené une réflexion autour de comment je prends en charge, moi, mes patients dans mon officine, qu'est-ce que je développe, quelles sont les marques que je mets en place. En fait, je me suis sentie tellement inutile à tes côtés que du coup, après, j'ai vraiment essayé de réfléchir. à comment améliorer les prises en charge dans mon officine. Et c'est vrai que la démarche du podcast, en tout cas, moi, je la trouve hyper intéressante. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère à tout ça. Et c'est vrai que ton parcours m'a beaucoup marquée. En tout cas, merci, mille mercis pour ton partage et puis ton expérience. Et voilà, c'est vrai que là, on va retrouver la petite Manon.

  • Astrid

    Ça fait.

  • Abigaïl

    Et voilà, on va profiter du reste de l'après-midi. Mais en tout cas, merci pour ton témoignage. C'était vraiment très chouette de t'avoir avec moi.

  • Astrid

    Et puis si jamais tu as des patientes ou des gens du podcast qui souhaitent peut-être échanger plus, personnellement ou avoir un échange moi je suis joignable il n'y a pas de soucis, au contraire merci beaucoup et puis je pense que ton podcast il a un réel intérêt pour, voilà, j'aurais aimé peut-être avoir ce podcast et ces témoignages qui m'auraient conforté dans le fait que je ne suis pas toute seule et dans le fait que on est nombreux et que et puis que ce qu'on vit est normal aussi et qu'on s'en sort et qu'on peut être accompagné, qu'on n'est pas tout seul et ça je pense que Voilà, on a tendance à rester chacun dans son coin et je pense que ton podcast libère aussi la parole. On en est à la saison 3 quand même. Donc je pense que vraiment, c'est important de se dire qu'on n'est pas tout seul et ça, ton podcast, c'est très important aussi pour les gens, je pense.

  • Abigaïl

    Eh bien, mille mercis pour tes encouragements.

  • Astrid

    Merci à toi.

  • Abigaïl

    Merci beaucoup. Merci Astrid. Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de note entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook Canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, j'accueille mon amie Astrid. Pas évident de recueillir le témoignage d'une amie, mais diffuser sa parole et son expérience me paraissait essentiel.


Tout d'abord, parce qu'elle était hors norme en terme d'âge. Elle a été diagnostiquée d'un cancer du sein hormonodépendant à seulement 27 ans alors qu'elle venait tout juste de se mettre en couple avec Romain. Le parcours de soin a fait jaillir sur le jeune couple des questions difficiles qu'on ne se pose normalement pas et encore moins à cet âge là, notamment la question de la préservation de la fertilité. Maintenant maman d'une petite Manon, le témoignage d'Astrid est inspirant et porteur d'espoir pour tous les patients en traitement. Merci Astrid pour ta confiance à mon micro, merci pour ton humour décapant et ton franc parlé, et je te souhaite pleins de belles choses pour toi et ta petite famille !


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

N'oubliez pas de mettre un avis et une bonne note sur les plateformes d'écoutes, ça aide à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à le faire connaitre auprès d'un maximum de patients.

N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients, et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Astrid. Bonjour. Je suis ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci beaucoup pour ton temps, merci pour ton partage, ton témoignage. Alors aujourd'hui on est dans un épisode un petit peu spécial parce qu'en fait je te connais, tu fais partie de mon cercle d'amis, je t'ai connue au moment de ton annonce. Et voilà, donc aujourd'hui, c'est peut-être un petit peu moins facile que d'habitude. Mais en tout cas, je trouvais que ton parcours était hyper intéressant à partager. Parce qu'en fait, malheureusement, tu as eu un cancer très jeune. Et tu as aussi eu un parcours de préservation de la fertilité. Tout à fait. Et ça, c'est des choses qui sont hyper intéressantes à aborder. Et c'est vrai qu'on n'en a pour l'instant jamais encore parlé sur le podcast.

  • Astrid

    Et encore pour l'instant, heureusement, assez rare, parce que ça ne concerne les jeunes patientes. Voilà. Pour l'instant, c'est encore assez rare et j'espère que ça le restera. J'entends, voilà. Je l'espère aussi.

  • Abigaïl

    Alors du coup, est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît pour les auditeurs ?

  • Astrid

    Oui, donc je m'appelle Astrid, aujourd'hui j'ai 33 ans, je suis maman d'une petite Manon et je suis accompagnée de mon conjoint depuis quelques années maintenant, qui s'appelle Romain, je suis enseignante, directrice d'école. Voilà.

  • Abigaïl

    Ok, top. Et donc, du coup, tu as rencontré Romain, qui était ami de fac avec nous, quelques mois avant ton annonce, c'est bien ça ?

  • Astrid

    C'est ça, on s'est mis ensemble officiellement en novembre, et on a appris ma maladie en rentrant de nos premières vacances, qui étaient en Corse. En 2017.

  • Abigaïl

    C'était combien de mois que vous étiez ensemble ?

  • Astrid

    Ça faisait 6 mois, à peu près 6 mois qu'on était ensemble. 6-7 mois, environ. Donc c'était tout jeune, mais c'est vrai que du coup, ce n'est pas une petite maladie, ce n'est pas un petit diabète, c'est une grosse maladie, mais c'est quelque chose sur lequel l'enjeu de la vie est abordé par les médecins. Et du coup, on s'est posé la question, est-ce qu'on continue ensemble ou pas ? Et l'avantage, tu l'as dit, c'est que c'est un ami de fac, c'est donc un docteur en pharmacie, et que du coup, il a abordé aussi cette maladie en tant qu'aussi pharmacien. Et en fait, il a peut-être eu moins peur du mot cancer que peut-être des gens qui ne sont pas dans la santé. Et du coup, ça ne lui a pas fait peur. Et on a compté ensemble. Et on voit aujourd'hui cette petite Manon. Donc, quelques années après, voilà.

  • Abigaïl

    Mais c'est vrai que très vite, il s'est posé des questions que normalement, on ne se pose pas tout de suite dans un couple au bout de six mois de relation.

  • Astrid

    Et puis, je pense qu'on ne se pose pas au bout de six mois de relation et qu'on ne se pose pas à 29 ans. parce qu'il y en avait 29 à l'époque et je pense que c'est des questions qu'on ne se pose pas pour sa compagne, qu'on peut se poser pour ses parents, ses grands-parents mais qu'on ne se pose pas sur son couple et sa compagne en fait, effectivement et puis ça entraînait aussi tout un tas de choses, d'autres questions sur est-ce qu'on pourrait avoir des enfants comme c'est un cancer du sein et donc sur tout ce qui peut avoir aussi à trait à la féminité et avoir des enfants du coup voilà, c'est aussi tout un tas de questions que ça engendre

  • Abigaïl

    Est-ce que tu veux bien revenir sur ton parcours de soins, sur l'annonce, nous détailler un petit peu comment ça s'est passé pour toi ? Là, on est parti un petit peu en arborescence d'emblée, mais je pense qu'on va revenir point par point sur tout ça pour qu'on puisse bien comprendre.

  • Astrid

    C'est l'intro avant et puis c'est la fin. Tout à fait. En février 2017, en partant au sport d'hiver, J'ai eu un choc avec un anglais. Et en fait, suite à ça, j'avais mal au sein, aux côtes, ce qui est normal avec un choc. Et puis, en faisant une petite autopalpation, je me suis rendu compte qu'il y avait une boule dans mon sein. Et je me rappelle très bien justement avoir envoyé un SMS à Romain disant Écoute, j'ai une boule au sein. Et en rigolant, en disant J'ai un cancer. Mais vraiment, c'était sur le ton de la présenterie. On est assez humour noir encore plus aujourd'hui. Et du coup, voilà, il a dit mais non, et dans ma famille, toutes les femmes ont beaucoup de kystes. Et c'est vrai que j'en ai eu plusieurs, donc aucune inquiétude. Je lui ai dit 27 ans, impossible, c'est pas possible, il n'y en a pas dans ma famille. Ma grand-mère, mais qu'elle avait 90 ans. Impossible, quoi. Donc, c'est tout. Et puis, j'oublie. J'avais pas mal. J'oublie. Ça passe. Et puis, un jour, je me dis, mince, elle est encore là, cette boule. Et je me suis souvenue d'une affiche qui était vieille comme le monde, complètement décolorée, dans la salle d'attente de ma gynéco. Heureusement, merci la gynéco d'avoir toujours du retard au rendez-vous, parce que cette affiche, je l'ai lue et relue et re-relue. Et donc, je me fais une autopalpation, bien vraiment me souvenant des 4, 5 étapes et tout. Je me dis, c'est bizarre, encore là. Bon, je me dis... Ça ne coûte rien d'aller chez la gynéco, elle me suivait d'habitude. Et puis donc je vais chez la gynéco, autopalpation, oui effectivement une boule. Après je sais qu'elle suivait aussi ma mère et elle dit je sais que votre mère fait beaucoup de kystes, que vous en avez déjà eu. Bon écoutez, par précaution, je vais vous envoyer chez un médecin qui est spécialisé dans l'écho, la mamo, et on va voir ce qu'il dit. Donc voilà, vacances d'avril, parce que je suis enseignante, donc sur les vacances scolaires d'avril 2017, je vais faire cette biopsie, mais vraiment, enfin cet écho, mais vraiment, mais à 12 mille lieues d'imaginer ce que j'avais en moi, quoi. Et le médecin, le docteur à l'époque me dit, écoutez, j'ai un petit doute, on va faire une biopsie. Alors on va... Je me dis, bon voilà, je suis jeune. Mais vraiment, et en fait, je pense qu'il savait. Je pense qu'il savait. Vieux singe, il m'a dit, un vieux singe comme moi, des fois, on a des doutes, vaut mieux. Et en fait, après, je me suis dit, mais c'est sûr, il savait. Mais il n'a pas osé me le dire. Il voulait attendre les résultats. On part en vacances. Comme il y avait dix jours à peu près d'attente, on part en vacances. On revient en vacances. La gynéco m'appelle deux fois de suite. J'étais en rendez-vous à la banque, je me rappelle. Je m'appelle deux fois de suite, je me dis mince, c'est quoi ce bazar ? Puis j'avais fait un frottis en même temps, donc je me dis bon, peut-être un petit truc avec le frottis, un truc. Et là, je me rappellerai, et c'était la mère d'une copine, pas mon âge, que je connais depuis toujours, chez qui je suis allée jouer, ma gynéco, donc voilà. Et je la vois, je la verrais toujours s'asseoir dans son fauteuil, écoute, il me dit, écoute Astrid, il faut que je t'annonce quelque chose. Ta biopsie n'est pas bonne. Je dis quoi ma biopsie pas bonne ? Je dis ma biopsie... Moi j'étais vraiment partie sur le frottis. Impossible, impossible mon sein de penser que c'était ça. Je dis non, ta biopsie du sein. Je dis, mais je ne comprenais pas. Et là, elle me dit, tu as un cancer. Je dis, la vache. Là, j'ai pleuré, je me suis effondrée. J'ai dit, mais comment c'est possible ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ce n'est pas normal. Pourquoi moi, je ne fume pas ? Je ne bois pas ? Je dis, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi moi ? Et elle m'a gardé une heure en pleurs. Mes parents n'étaient pas là. J'ai appelé Romain qui est venu me chercher.

  • Abigaïl

    tout s'est enchaîné voilà donc ça c'était la découverte mais t'aurais préféré être accompagnée pour cette annonce parce que là ça a été hyper violent

  • Astrid

    je sais pas parce que Je ne sais pas, non. Après, moi, je la connaissais, la gynéco. Elle a été tellement bien. Elle a été bienveillante. Elle a su avoir les bons mots. Et c'est quelqu'un avec qui j'étais en confiance. C'est vrai que ça aurait été le docteur qui m'a fait mon écho, qui était en plus assez froid, qui est très compétent, mais qui était assez froid, genre docteur Raoult. Je me suis dit peut-être que là, c'est quelqu'un que je connaissais. Et puis, c'était une femme. une femme qui était douce, voilà. Donc du coup, non, alors là, moi, je reviendrai pas. Enfin, être accompagnée, c'est aussi pas voir ce moment où toi, tu te déchires. Et en fait, moi, je suis comme ça, je pleure un bon coup. Et après, je me dis, bon, prochaine étape. Tu vois ? Je vide mon sac. Et la gynécologue m'a dit, mais même, c'est très bien. Enfin, je veux dire que je préfère ça que quelqu'un qui dit rien et qui, en fait, va s'effondrer longtemps après. Voilà.

  • Abigaïl

    C'est marrant parce que la psychologue que j'ai interrogée m'a dit exactement la même chose. Tout ce qu'on ne peut pas verbaliser, c'est ça qui est pire en fait. Oui.

  • Astrid

    Donc moi, j'ai posé toutes les questions du monde. Alors, elle ne pouvait pas y répondre la gynéco. Pourquoi moi ? Pourquoi mon âge ? Voilà. Et puis après, Romain me l'a fait.

  • Abigaïl

    Elle ne savait sûrement pas l'expliquer d'ailleurs.

  • Astrid

    Non, et puis on ne sait toujours pas l'expliquer. J'ai fait de l'oncogénétique, on ne sait toujours pas l'origine.

  • Abigaïl

    Oui.

  • Astrid

    un stress, enfin, il y a tellement d'hypothèses sur le cancer, pourquoi plus une personne qu'une autre ? On ne sait pas, c'est en nous, puis un jour, ça se réveille, puis voilà.

  • Abigaïl

    Et puis tu n'avais aucun facteur d'hérédité ?

  • Astrid

    Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Parce que c'est quand même de... Je ne bois quasi jamais d'alcool. C'est clair. Alors, je n'ai pas toujours une hygiène alimentaire, mais je faisais du sport. Enfin, voilà, je dors. J'étais jeune, j'ai fait la fête comme tout le monde. Mais pas à l'extrême. Enfin, voilà. Donc, il n'y a pas d'explication. Après... Je pense que c'est comme tout, il faut en faire une force. Et c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, que je suis très contente d'être ici, parce que du coup, moi, j'en profite pour passer le message et que ce n'est pas parce qu'on a 20 ans ou 25 ans ou 30 ans qu'on ne peut pas être touché par ça et qu'il faut négliger ces petits détails. Et aujourd'hui, moi, c'est ce que j'ai dit, c'est ce qui m'a sauvé la vie, c'est qu'aussi, on est dans un système en France avec la sécurité sociale, les gens souvent râlent sur la sécurité sociale, mais... Sans la sécurité sociale, je serais morte. je serais morte parce que je n'aurais pas pu payer mes soins, parce que je ne serais pas allée chez la gynéco aussi facilement. Voilà, donc on a quand même la chance d'être dans un pays où la médecine, elle nous sauve la vie. Elle nous sauve la vie.

  • Abigaïl

    Oui, c'est clair. Les messages de prévention, ils sont hyper importants. Et c'est vrai que je pense que chaque occasion est... est bonne pour diffuser des messages comme ça, parce que c'est vrai que quand on est jeune, peut-être que des fois on se sent intouchable, et ce n'est pas le cas. Il faut avoir un bon suivi gynéco, c'est hyper important.

  • Astrid

    Donc moi je rappelle à mes copines tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps, généralistes c'est bien, ils savent nous accompagner mais ils sont aussi débordés et je pense qu'aujourd'hui dans la médecine il y a des spécialités parce que justement il y a des besoins particuliers, notamment chez les femmes ou avec les hormones, enfin on en reparlera tout à l'heure parce que ça a eu un gros rôle les hormones, mais où les hormones des fois on le sait si on a été enceinte, on le sait que ça peut des fois... être fou.

  • Abigaïl

    Et du coup, suite à ce choc, Romain vient de chercher. J'imagine que tout de suite, tu lui en parles.

  • Astrid

    Il est venu chez la gynéco et on en a parlé tous les trois. Moi, j'ai compris. Mais après, elle m'a parlé de tout ce qu'elle allait suivre. Et moi, j'étais en blackout. Et d'avoir Romain qui, en plus, parle le langage. Moi, ça m'a vraiment aidée. Autant, si tu veux, dans l'annonce d'être seule, je pense que ça permet aussi d'avoir un... Par contre, d'être accompagnée juste après dans... Parce que les termes médicaux... Des fois, puis à 27 ans, excuse-moi, j'allais chez le médecin une fois par an pour mon certificat pour faire du sport. Donc je n'avais jamais eu... Souvent, on me demande, est-ce que vous avez les antécédents ? Je dis, avant le cancer, rien du tout. Je suis en pleine peau. Après le cancer, je suis en pleine peau. Non, mais par rapport à quelqu'un qui a du diabète, où c'est très... Ça, c'est tout le temps. Je veux dire, moi, j'ai eu des années compliquées avec le cancer. Et maintenant... Oh. Pour moi, c'est pas derrière moi, parce qu'il y a des restes, il y a des cicatrices. Mais globalement, médicalement parlant, je suis en pleine peau. Merci la Sécurité sociale française, et les médecins, et les pharmaciens.

  • Abigaïl

    Et du coup, ton laps de temps après, tu as commencé les traitements hyper rapidement, j'imagine.

  • Astrid

    Alors, tout à fait. Après, ça s'est très vite enchaîné. Vu mon âge, effectivement, il fallait agir très rapidement.

  • Abigaïl

    Il fallait tapé fort tout de suite.

  • Astrid

    Oui. Alors... Ils ont voulu taper fort tout de suite, oui et non, parce qu'il faut quand même organiser les soins. Et je peux dire là où j'étais suivie ou pas ? Si j'ai été suivie à Courlancy, à la polyclinique de Courlancy, qui est très connue pour justement le cancer du sein. et du coup ils s'organisent ils font des réunions pluridisciplinaires en fait qui permettent d'avoir l'avis du gynéco, de l'oncologue du radiologue tout ça et je trouve que ça c'est hyper important parce que du coup ils se mettent tous ensemble et ils te créent un protocole de soins donc ça a été vite et pas vite en même temps et en plus il a fallu me faire comme je n'avais pas d'enfant ils ont préféré faire une préservation de fertilité alors après tout ça c'est des termes un peu médicaux mais Comme en fait mon cancer était d'origine hormonale, après les gros traitements chimio et radiothérapie qui ont lieu l'été, donc juin, juillet, août, Il y a eu la radiothérapie ensuite. Pendant cinq ans, ils m'ont mis en hormonothérapie. L'hormonothérapie, ça coupe les hormones. En fait, c'est une ménopause chimique pour être sûre de couper mes hormones et pour être sûre que mes hormones ne recréent pas une récidive. Et donc, pendant ce temps, pas de grossesse possible, parce qu'on n'a pas d'hormones et que c'est les hormones qui nous aident un petit peu à avoir des enfants. Et ils ne savaient pas, vu mon âge. Il n'y a aucune statistique. Et donc, ils ne savaient pas si mon corps allait reprendre après. Donc, avril, on m'annonce ma maladie. Mais je vais chez le gynécologue chirurgien qui m'a opéré. En parallèle de ça, j'avais de la préservation de fertilité où j'allais tous les deux jours à la clinique. C'est un petit peu parallèle à la PMA. C'est un peu le même principe, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons. PMA, c'est quand on a des difficultés à avoir des enfants. La préservation de fertilité, c'est juste pour congeler, je ne sais pas s'il y a un terme médical, mais pour congeler des embryons ou des ovules en cas justement de complications derrière le traitement.

  • Abigaïl

    Et du coup, est-ce que maintenant que tous les traitements sont derrière toi, on sait si ta fertilité a repris normalement ?

  • Astrid

    Je crois que la petite Manon parle par elle-même. Ah,

  • Abigaïl

    parce que du coup, ce n'était pas suite ...

  • Astrid

    Non, non, Manon, elle est venue tout à fait naturellement. On a arrêté l'hormonothérapie il y a maintenant un an et demi. Au bout de quatre ans, j'ai un peu négocié parce que j'en avais.. c'était un peu long. et qu'on voulait des enfants et que on commencait à prendre un petit peu d'âge et qu'on s'est dit se lever la nuit, voilà, on a commencé à avoir de l'âge et on ne sait plus si on aura la patience. Mais en fait, on a arrêté l'hormonothérapie. On avait trois mois où il fallait attendre que tout le médicament soit éliminé. Système de demi-vie apparemment. dans le jargon pharmaceutique. Et non, non. En fait, dans mon malheur, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que Manon, premier cycle naturel, Manon est apparue.

  • Abigaïl

    C'est vrai que je ne t'ai jamais posé la question. Je ne savais pas si Manon venait...

  • Astrid

    Non, non, Manon. Et on m'a dit, oh là là, attendez, pas avant un an, un an et demi après l'arrêt du médicament. Donc en fait on s'y attendait pas trop du coup ça a été un petit peu surprenant. Le test je dis il y a deux barres sur le test alors mon conjoint à l'époque me dit bah c'est le Covid. On les entend, tu sais l'humour noir. Et non non c'était petite Manon. Alors on l'appelait Mininou à l'époque parce qu'on lui avait pas donné de nom mais c'était Mininou qui avait déjà pointé le bout de son nez dans mon petit ventre. Et voilà donc. Effectivement, on a eu beaucoup de chance et même les médecins étaient surpris. Mais pendant la préservation de fertilité, ça s'est très bien passé. On a réussi à avoir beaucoup d'ovules et beaucoup d'embryons. Et donc, on savait qu'au niveau fertilité, il n'y avait pas de problème. Mais est-ce que mon corps allait reprendre après ? On a la réponse.

  • Abigaïl

    D'accord. En tout cas, merci pour ta franchise. C'est vrai que je ne t'avais même jamais posé la question avant l'interview. Et c'est vrai que ce n'était jamais vu.

  • Astrid

    Tu pensais que c'était une question d'avant ? Non, tout naturel.

  • Abigaïl

    Du coup, on a loupé beaucoup d'étapes. On va revenir un petit peu en arrière. Et donc, du coup, est-ce que tu t'es fait opérer tout de suite ?

  • Astrid

    Alors, je me suis fait opérer en, je ne sais plus vraiment exactement les dates, fin mai, début juin. En même temps, on m'a fait un premier prélèvement d'ovocytes, d'ovules, pendant mon opération du sein. Je suis restée une journée et demie à l'hôpital. Et puis après, trois grosses chimiothérapies. Fin juin...

  • Abigaïl

    Et c'est une question bête, mais le fait de stimuler hormonalement, il n'y avait pas des risques ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, tu me corrigeras si je me trompe, tu sauras plus que moi, mais on a un certain nombre d'ovules disponibles dans nos ovaires. Et en fait, la stimulation fait... que c'est un petit peu plus rapide. C'est-à-dire que peut-être que je serai en ménopause un peu plus tôt. Mais en fait, c'est juste qu'il n'y en ait qu'un. Un ovule qui sort par... Non,

  • Abigaïl

    mais par rapport au développement du cancer à cette période-là ?

  • Astrid

    Ah non, parce que non, c'était calculé. Ce n'est pas tout à fait les mêmes types d'hormones. Il y a plusieurs types d'hormones.

  • Abigaïl

    Non, mais c'est juste que je me demandais si ça impactait.

  • Astrid

    Non, si tout le fond, c'est que ça n'impacte pas. De toute façon, c'est avant la chimiothérapie, avant la radiothérapie, donc des PET scans, des machins. Parce qu'on était hyper suivis, surtout à mon âge. Donc non, non, non, non. Je pense que si... Enfin, au jour d'aujourd'hui, même si je suis jeune, ils ont quand même assez de recul. C'est pas tout à fait... C'est pas les mêmes hormones, il me semble.

  • Abigaïl

    T'as des stimulations sur un temps très court aussi.

  • Astrid

    C'est ça. Moi, ils m'ont stimulée sur un mois et demi. En fait, on a fait deux cycles.

  • Abigaïl

    Ouais, ça a été hyper court.

  • Astrid

    On a fait deux cycles. On a fait deux cycles pour être sûr d'avoir un minimum. Et comme ça s'est très bien passé au niveau de la stimulation, du coup, après, on a enchaîné. Et de toute façon, une fois qu'on avait même fait un cycle, ils ont dit, dès qu'on peut, on lance les...

  • Abigaïl

    C'est ça, je pense que de toute façon, ils ne t'auraient pas laissé trop...

  • Astrid

    Non, il fallait agir dans l'urgence, entre guillemets. Il y a eu deux mois entre mon annonce et le début des traitements lourds, mais il fallait quand même agir rapidement. Après, une fois que la tumeur était enlevée, les risques étaient... Quand on m'a enlevé ma tumeur, on m'a fait un curage. Enfin, on ne m'a pas fait de curage, justement. On a regardé au niveau des ganglions sous les bras. Si les ganglions étaient atteints, parce que c'est par là que va se faufiler ce satané cancer pour aller faire des métastases. Et donc, ils regardent le premier ganglion, le deuxième ganglion, et ils enlèvent tous ceux qui sont malades. Et en fait, moi, les deux premiers étaient sains. Donc ils n'ont pas fait de curage, parce que sinon on nettoie tout pour éviter les récidives. Et moi je n'avais pas ça. Donc du coup...

  • Abigaïl

    Et t'as eu une reconstruction tout de suite après ? Ou comment ça s'est passé ?

  • Astrid

    Une reconstruction mammaire ? Non, on m'a enlevé une bonne partie de mon sein, ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai un sein beaucoup plus gros que l'autre. Et quand j'étais enceinte... En fait j'ai un sein qui est mort, on va dire. Parce que quand j'étais enceinte, j'ai bien vu, j'ai eu une montée de lait que sur un sein. Donc, non, non, il y a un sein qui est mort, mais on ne m'a pas fait une ablation du sein. On m'a juste enlevé un cône, en fait, qui fait à peu près, moi je n'ai pas des gros seins, donc ça fait à peu près un tiers de mon sein. Mais voilà, non, il n'y a pas eu besoin de reconstruction.

  • Abigaïl

    D'accord. Et toi, tu ne ressens pas le besoin ?

  • Astrid

    Alors c'est vrai que des fois c'est un peu compliqué, surtout quand j'étais enceinte, j'avais un... ben on a les seins qui gonflent un peu quand on est enceinte, donc j'avais un sein qui restait tel quel et un sein qui gonflait. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué des fois pour s'habiller. Bon, après, ça va encore. C'est pas... Par ça, ça va.

  • Abigaïl

    Et donc, après, t'attaques les gros traitements de chimio.

  • Astrid

    Effectivement, la chimiothérapie est en deux étapes. Trois grosses chimiothérapies très lourdes. Je ne me rappelle plus le nom.

  • Abigaïl

    T'inquiète, on s'en fiche. On en avait parlé,

  • Astrid

    mais voilà, c'était des très grosses chimiothérapies. Donc, j'allais... au centre de chimiothérapie de Courlancy, où j'y passais la demi, donc j'étais emmenée par taxi, ramenée par taxi, parce que c'est les chimiothéramies qui te font tomber les ongles, alors je n'ai pas eu, heureusement ça, qui te font tomber les cheveux, les sourcils, les poils. L'avantage, c'est que plus besoin d'aller chez l'esthéticienne. Je vous avoue que là-dessus, c'était très agréable, mais bon. Voilà, mais non mais écoute, il faut voir des avantages dans chaque difficulté, donc voilà, c'est commun.

  • Abigaïl

    Mais moi j'ai toujours adoré ton humour pendant cette période vis-à-vis de ces sujets-là, non mais c'est vrai !

  • Astrid

    Il faut le dire, mesdames, voyez le bon côté des choses, plus besoin d'esthétienne, vous allez faire des économies. Mais non mais voilà, bon après ce qui est plus compliqué par contre, c'est sourcils et cheveux, parce que c'est les cils. En plus moi j'ai des grands cils, donc effectivement c'était compliqué, surtout que j'étais enseignante. Moi j'ai continué, alors à part juillet-août où je suis en vacances, où c'était d'ailleurs les gros chimios, mais quand je suis revenue en septembre en classe, parce que je n'ai pas été en arrêt, sauf pendant la chirurgie, c'était compliqué vis-à-vis des enfants. Parce que j'avais une perruque qui était assez sombre et j'avais la peau très claire et je n'avais plus de sourcils. Donc quand je revois les photos de moi à cette époque, vraiment, en fait à l'époque je ne me voyais pas malade, mais après je me... Et en fait il y a plein de parents d'élèves qui m'ont dit non mais on le savait, mais on n'a jamais rien dit.

  • Abigaïl

    Et du coup, c'est intéressant l'attitude des enfants vis-à-vis de ton absence de sourcils et de ta perruque. C'est vrai que ce n'était pas ta couleur naturelle.

  • Astrid

    Non, je suis blonde et j'avais pris une perruque brune pour changer, mais je n'aurais peut-être pas dû.

  • Abigaïl

    Et comment les enfants réagissent ?

  • Astrid

    Les enfants, pas, parce que j'étais en maternelle et je pense que les enfants sont un peu candides à cet âge-là. Ils prennent tout. Ils sont neutres, ils sont cool. C'est plutôt les parents qui vont se rendre compte. Mais après, les parents ne vont jamais embêter. Tu es absente, je te dis, de septembre à décembre, j'ai été absente trois demi-journées pour faire mes chimios et ma radiothérapie. Mais mon conjoint est pharmacien, donc il fait des grosses journées. Toute la journée chez moi, à tourner en rond. C'est pas du tout mon style. Et avec des enfants de 3 ans qui viennent te faire la blague sur le banc Pipi, caca, popo, maîtresse ! Et comme ça, t'as juste envie de rire et en fait, t'oublies que t'es malade. Et je trouve que c'est important et être toute seule à ruminer chez moi, c'est pas du tout mon style. Quand j'ai été opérée, j'étais en arrêt obligatoire pendant 5 semaines. Première semaine, j'avais un peu mal, c'était un peu pénible, donc j'étais contente d'être chez moi. Deuxième semaine, j'envoyais des selfies En me levant à 9h à mes collègues en les narguant, troisième semaine, j'allais manger avec eux à l'école de midi parce que j'en pouvais déjà plus. Donc voilà, mais c'est ça. Après, chacun est différent, mais moi, je ne peux pas rester enfermée chez moi.

  • Abigaïl

    Mais pendant cette période, tu as quand même eu des effets secondaires. Comment tu les as gérés par rapport à la fatigue, par rapport à tout ça ?

  • Astrid

    Alors, la chance vraiment que j'ai eue, c'est que mes trois... Les grosses séances de chimiothérapie ont eu lieu juin, juillet, août. Et qu'en fait, j'ai eu des effets secondaires. Je peux les donner, donc c'est chute des cheveux, chute des sourcils, chute des cils et de tous les autres poils. Et fatigue, je n'arrivais pas à monter les escaliers certaines fois, c'est mon conjoint qui me portait. Nausée, enfin voilà, tout ce qu'on imagine de la chimiothérapie, sauf la chute des ongles que je n'ai pas eu heureusement.

  • Abigaïl

    On mettait du vernis pour que ça...

  • Astrid

    Oui, on mettait du vernis sortissant, mais je n'ai pas eu du tout d'éléments. Même les cheveux, on m'a fait poser un casque réfrigérant, mais ça n'a rien fait. L'oncologue m'a dit qu'il y a peu de chances que ça fonctionne. J'avais essayé, mais voilà, nausée. Il y a des trucs encore aujourd'hui où je suis dégoûtée. Parce qu'on m'avait dit de bien manger, bien boire pendant les chimios. Et ce que j'ai mangé pendant les séances de chimio, j'en ai eu la nausée. Ce n'était pas à cause des aliments, mais ça reste.

  • Abigaïl

    Ça t'a dégoûté de quoi ?

  • Astrid

    Ça m'a dégoûté de la pétrisane. C'est un type de pain. Parce que j'avais mangé les pétrisanes chocs. C'était du pain avec des petits pépites de chocolat. Et alors là, c'était ma première chimio. Alors je ne peux pas, toujours pas.

  • Abigaïl

    Pour toi, c'est associé à jamais.

  • Astrid

    En fait, t'as eu envie de vomir ça. Du coup, je pense que voilà. Et les rostis, c'est les galettes de pommes de terre. Un jour, je me suis enflammée. D'habitude, j'étais malade tout de suite après la chimio. Et là, au bout de deux heures, je dis rien. Oh, magique ! Super ! Du coup, j'ai trouvé ça, les rostis, ça me faisait trop envie, bien gras. Je me suis dit, super ! Ah ben non, deux heures après, j'ai eu plus. Et du coup, je ne peux toujours pas. Donc voilà. Après, il y a eu la viande rouge, tout ça, mais c'était plus en fond. Et après, c'est revenu.

  • Abigaïl

    T'as une modification du goût ?

  • Astrid

    Goût, odorat. Et je pense qu'aujourd'hui, ça reste encore. De toute façon, il y a des séquelles. Donc, ceux qui ont eu le Covid connaîtront. Parce que perdre du goût, perdre de l'odorat... Alors, perdre du goût et de l'odorat, oui et non. Quand mon conjoint faisait cuire un steak haché, j'avais envie... De hurler parce que justement quand la viande me dégoûtait, je sentais. Mais c'est vrai que le goût et l'odorat sont différents. Je ne sais pas si on peut dire qu'ils s'en vont, mais c'est différent. Peut-être qu'on sent plus le métal quand on mange quelque chose, une viande rouge. Ouais, c'est différent.

  • Abigaïl

    Comment tu as géré la chute des cheveux ? C'est une étape qui est ultra difficile pour beaucoup de patientes. Et surtout quand tu es jeune, tu as le regard des autres. C'est aussi montrer à l'extérieur que tu es malade. Comment tu as géré ça ?

  • Astrid

    Je sais pas si je l'ai géré en fait, je me suis pas posé la question. Moi là je suis déchevée, il était clair que pour aller à l'école je voulais pas y aller avec un bandeau ou un bonnet, parce que pour moi c'était trop flagrant, c'était l'occasion de tester d'être brunette. Mais je me suis pas posé la question en fait, jamais, à aucun moment. Après j'ai vite enlevé la perruque parce que c'est chaud, c'est pas agréable. Mais je me suis jamais trop posé la question en fait de... C'est comme ça, et puis de toute façon on fait diable. Pas trop le choix, à part de... Non, je me suis pas posé la question. C'est vrai que tu me la poses là, mais je m'en suis jamais trop... J'ai jamais réfléchi à ça. Après, c'est plus quand tu te regardes chez toi, quand t'enlèves la perruque, là, c'est plus violent. Parce que... Clairement, tu t'es jamais vue sans cheveux en fait. C'est clair. Tu t'es jamais vue sans cheveux, même quand t'attaches tes cheveux, t'as toujours la frange le dessus. Enfin voilà, c'est plus là où c'est violent. Après, je vais pas dire mon... Si, je vais le dire, allez, soyons fous. On en a fait avant que mes... Parce que moi j'ai des cheveux longs, mi-longs, enfin bon, un carré un peu long. Et c'est vrai que du coup, j'avais jamais eu les cheveux courts. Et du coup, on en a fait... Je vais dire, on est horrible. On en a fait un moment... je vais pas dire agréable, mais un moment rigolo où en fait c'est mon conjoint qui m'a coupé les cheveux. Je suis allée chez le coiffeur, c'est mon conjoint qui m'a tondu les cheveux et il s'amusait à faire des dessins, enfin voilà, avec la tondeuse, non mais enfin quitte à perdre les cheveux autant voilà. Parce que moi je voulais pas retrouver des touffes de cheveux dans mon lit, donc je me suis dit en fait quitte à être chauve dans trois semaines et puis en plus ça part par partie, donc tu as des trous, enfin je trouve. Donc j'ai dit à mon conjoint, écoute fais toi plaisir, donc il s'est fait plaisir et puis voilà. Donc il s'en souvient toujours, on en parle encore des fois mais voilà. Donc ça a été un moment rigolo, enfin voilà, il faut toujours voir le bon côté des choses dans le mauvais et du coup c'est des moments aussi qui soudent aussi je pense.

  • Abigaïl

    Ah bah c'est clair.

  • Astrid

    Voilà. Bah c'est une des rares personnes qui m'ont vu, qui m'a vu sans cheveux. Parce que la nuit, bon je portais mon petit bonnet mais pas toujours donc après je connais pas toujours son regard par rapport à ça. On l'a vécu, mais on n'en parle pas toujours tout le temps. Parce que la vie fait que aussi. Après, on a d'autres choses. Mais voilà, il y a lui qui m'a vu sans cheveux et des copains chez qui on est partis en vacances à l'étranger, à La Réunion. Et voilà, c'est tout. Mais c'est vrai que...

  • Abigaïl

    À l'époque, il y avait une sociététicienne qui t'avait conseillée, qui t'avait fait des essais perruques ?

  • Astrid

    Non, alors, aujourd'hui, ça a changé, notamment au niveau de Courlancy, où ils ont une association, je ne sais pas si on peut en parler, de l'association Lise, qui accompagne beaucoup plus. À l'époque, ça n'existait pas, et du coup, en fait, je me suis un peu débrouillée toute seule. J'ai tapé perruquier, l'oncologue m'avait un peu accompagnée mais je trouve que aujourd'hui ça a bien évolué mais à l'époque il n'y avait pas trop d'accompagnement là-dessus. Donc on a trouvé un perruquier, je ne sais pas si ça s'appelle comme ça, des coiffeurs souvent qui accompagnent dans la chute des cheveux. Et on a acheté une perruque qui coûtait les yeux de la tête et en fait je pense qu'on n'a pas été chez la bonne personne qui ne nous a pas forcément bien accompagné mais on n'avait pas trop le choix à l'époque. Aujourd'hui il y a des associations qui accompagnent. Voilà.

  • Abigaïl

    Tu te rappelles du prix ?

  • Astrid

    Oui, je me rappelle du prix parce que la Sécurité sociale ne rembourse pas grand-chose. C'était 450 euros. 450 ou 500 euros.

  • Abigaïl

    De ta poche ?

  • Astrid

    Je crois que la Sécurité sociale prenait 20 ou 30 balles. Parce qu'en fait, c'est du confort.

  • Abigaïl

    Je crois que ça a bien changé.

  • Astrid

    Ça a peut-être bien changé aussi. Et le problème, c'est que ma complémentaire ne voulait pas le prendre en charge parce que j'étais à 100%. Et 100%, ça veut dire que c'est la Sécurité sociale qui prend tout en charge. Non, qui prend 100% de la partie sécure en charge et la complémentaire. Estimez que du coup, c'était pas à l'intervenir. Encore là, j'ai eu de la chance d'être accompagnée par mes supérieurs, mon inspecteur de l'époque. Donc mon super hiérarchique qui m'a orientée vers l'assistante sociale de l'éducation nationale, qui a un fonds social et qui a accompagné financièrement ses dépenses, qui m'a dotée d'une petite enveloppe, enfin une belle enveloppe, qui m'a permis de payer ma perruque et de payer toutes mes franchises de médicaments. Parce qu'à chaque fois qu'on achète une boîte de médicaments, on a 50 centimes de franchise. À chaque fois qu'on fait un trajet en taxi, allez ! Les analyses aussi. Les analyses, en fait, à chaque fois, on a une petite partie qui n'est pas remboursée. Et en fait, quand on les cumule petit à petit, on monte très vite. Et du coup, on l'a pris un peu de plein fouet. Et du coup, je ne dis pas que je n'avais pas d'économie, mais du coup, sortir une somme comme ça alors qu'on est malade, c'était un peu compliqué. Donc là encore, j'ai été bien accompagnée par...

  • Abigaïl

    Tu conseilles à... à n'importe quel patient, d'au moins se renseigner auprès des assistantes sociales.

  • Astrid

    Oui, je ne sais pas s'il y en a partout, mais je sais que nous, dans la fonction publique, on a des gens qui peuvent accorder à l'éducation nationale, on a des assistantes sociales. Mais ce n'est pas forcément que pour les gens qui sont malades, ça peut être des gens qui divorcent. Dès qu'on est en détresse un petit peu sociale... financière, on a ces assistantes sociales qui peuvent nous accompagner. Aussi bien vers l'orientation. Mais comme une assistante sociale qu'on pourrait imaginer classique, sauf que là, c'est dédié aux professionnels de l'éducation nationale. Mais personne ne sait que ça existe. C'est un truc de fou. Et en fait, c'est que quand on est le nez dans les complications que du coup, on entend parler d'elle.

  • Abigaïl

    Et... Et du coup, là, on a pas mal parlé de tes traitements de chimio, qui sont les gros chimios qui sont tombés pendant les grandes vacances. Après, les petits chimios, donc ça du coup, enfin, un petit chimio, c'est vraiment une mauvaise façon de parler.

  • Astrid

    Oui, par rapport aux gros, c'est-à-dire qu'il y a moins d'effets secondaires. C'est pour ça que j'appelle ça des petits chimios, parce que c'était toutes les semaines. Contrairement aux gros, c'était toutes les trois semaines. Ce que je n'ai pas dit aux gros chimios, c'est que j'avais aussi une chute de mes défenses immunitaires, et donc j'avais des piqûres. qui faisait mal aux os. Enfin, Donc, c'est en fait, quand je dis petite et gros chimio, c'est par rapport à tous les effets secondaires. C'est le vécu, en fait.

  • Abigaïl

    Et du coup, avec ces cures de chimio toutes les semaines, tu as repris le travail ?

  • Astrid

    En septembre, le 1er septembre, j'étais dans ma classe. Je me suis arrangée. En chimio, ils étaient super parce qu'ils s'arrangeaient. En fait, je quittais à 16h30. Non, je quittais à 16h30 ou 15h30, je ne sais plus, 16h30. Et j'attendais un petit peu que les enfants s'en aillent. Et à 16h45, le taxi venait me chercher devant l'école. m'emmener à la chimiothérapie le vendredi soir. Parce que comme ça, mes effets secondaires, si j'étais un peu fatiguée, tout ça, j'avais le week-end pour me remettre. Et lundi, j'étais re au boulot.

  • Abigaïl

    D'accord. Voilà. Ils t'avaient laissé le choix du jour ?

  • Astrid

    Alors, en fait, ils fermaient le service à je ne sais plus quelle heure. Et comme j'avais au moins trois heures sur place, genre, ils devaient fermer à 19h ou un truc comme ça. Et ils s'arrangeaient. Parce qu'en fait, ils... Enfin... Globalement, quand j'arrivais, la moyenne d'âge en chimiothérapie, elle est assez élevée. Et j'étais une des seules jeunes. Et je me rappelle, du coup, je faisais la fermeture. Généralement, quand on dit faire la fermeture, on pense plus au bar. Je faisais la fermeture du service de chimiothérapie. Et du coup, j'avais tous les infirmiers juste pour moi. Et j'avais ramené une boîte de bonbons un jour. Du coup, ils étaient là. On rigolait. Du coup, ils étaient tous dans ma guitoune. Et du coup, en fait, non, mais c'était... Je ne vais pas dire que c'était sympa, mais... J'ai trouvé ça super parce que ce n'est pas toujours des moments faciles et qu'ils apportent aussi de la bonne humeur. Et puis je pense qu'ils ont vu que j'étais jeune, j'étais très sympa, belle gosse. Ils se sont dit bon, voilà. Non mais voilà, je pense que c'est un cas qui est aussi atypique. Et que du coup, comme j'étais la dernière... Puis forcément, on n'a pas les mêmes discussions avec une jeune enseignante qu'avec quelqu'un qui a 70 ans. Oui, c'est sûr. On ne discute pas les mêmes choses. Donc ça leur changeait aussi un petit peu leur quotidien et leur vision aussi, comme tu l'as dit tout à l'heure, en tant que professionnelle.

  • Abigaïl

    Et du coup, le week-end avait un peu d'effet secondaire ou ça allait sans plus ?

  • Astrid

    Je m'en rappelle plus. Si je m'en rappelle plus, c'est que ça ne m'a pas marqué. Je pense que j'étais un peu fatiguée, mais aussi, il faut dire qu'il y avait la classe. C'est quand même un peu fatigant. Les allers-retours, c'est un peu fatigant aussi. Donc, je pense qu'il y avait un peu de fatigue de la chimio, mais aussi un peu de fatigue de la vie quotidienne.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu avais mis des choses en place particulières à ces moments-là, type activités physiques ? Non, je me faisais comme d'habitude. Comme d'habitude, ouais.

  • Astrid

    Quand j'étais fatiguée, je n'y allais pas. Non, j'ai gardé quasi la même vie. Alors peut-être que je faisais moins... Je suis plutôt à faire les choses à 200%. Mais peut-être que là, je ne faisais qu'à 199%. Mais ouais, il y a des fois, c'est tout. En fait... C'est un peu l'excuse des fois pour sécher des réunions. Je ne peux pas le dire, mais je suis fatiguée, je ne veux pas venir. Si tu restais chez toi, tu m'étais assez avec. Mais voilà, parce que je suis engagée dans des assos en tant qu'élue locale. Mais du coup, des fois, c'était aussi un peu l'excuse. Voilà, mais pas moins que les gros chimios. C'est pour ça que je dis toujours les gros, c'est les petits chimios. Après, si l'effet secondaire qui m'a le plus embêtée, c'est de ne pas pouvoir se mettre au soleil. parce que du coup il y a des effets alors tu seras mieux que moi encore là nous on est quand même partis à la Réunion à la Toussaint et en fait comme je venais de finir mes petites chimiothérapies c'était les t-shirts anti-UV, crème solaire chapeau, c'était un peu dommage parce que d'être à la Réunion et de ne pas pouvoir profiter du soleil toujours aller chercher l'ombre c'était un peu dommage mais bon c'est la grosse peut-être chose qui m'a, effet secondaire qui m'a embêtée

  • Abigaïl

    Mais du coup, j'allais y venir, ça aussi, parce que je me souviens que sur cette période, vous aviez pas mal voyagé avec Romain. Et c'était chouette, en fait. À chaque étape, il y avait...

  • Astrid

    En fait, c'est pas interdit. Si les médecins étaient OK, je peux même te dire...

  • Abigaïl

    C'est ce que je voulais te T'en discutais avec les oncologues à l'époque. Ah bah bien sûr ! Et ils te donnaient le feu vert.

  • Astrid

    J'ai même gratté une séance de chimiothérapie comme ça, parce que je me suis dit... Parce qu'en fait, normalement, c'était neuf... trois gros chimios et neuf petites. Et la neuvième petite tombait pendant les vacances. Et franchement, ça me faisait suer de ne pas voir. En plus, on avait des copains qui étaient pour quelques années à La Réunion et qui sont venus aujourd'hui en métropole. Et franchement, on n'allait pas pouvoir voyager à cause de ça. Donc j'ai négocié, j'ai fait mes yeux doux et puis ça a fonctionné. Non, mais il m'a dit, vous avez eu trois gros chimios, vos ganglions n'étaient pas atteints. Enfin, on voit que vous réagissez bien à tout. Il dit que vous en avez fait 8 ou 9, 9 c'est le protocole, si vous en faites 8 ça ira très bien aussi.

  • Abigaïl

    Et puis c'était important peut-être aussi de marquer le coup et puis de souffler avant de rattaquer.

  • Astrid

    En vacances comme tout le monde. Après deux mois de classe, moi j'avoue qu'à la Toussaint, j'aime bien partir un peu en vacances, cancer ou pas cancer. Et puis mon conjoint aussi, une fois qu'on a bossé, je crois qu'on est comme tout le monde, on aime bien partir un petit peu. Même sans... Bon là on est parti à la Réunion parce que c'était aussi l'occasion comme on a des copains là-bas. Mais... Non, on aime bien aussi s'aérer, même partir hors de chez nous, même si on n'a pas de maladie.

  • Abigaïl

    Non, mais parce qu'il y a des patients qui s'interdisent aussi de voyager pendant ces périodes.

  • Astrid

    Il ne faut rien s'interdire.

  • Abigaïl

    Oui, on est d'accord.

  • Astrid

    À partir du moment, bien sûr.

  • Abigaïl

    Il faut au moins en discuter avec le médecin.

  • Astrid

    OK. Bien sûr. Là, il m'avait dit bien attention au soleil, surtout à La Réunion, ça tape. Donc, on avait prévu crème solaire 50+. On avait prévu des chapeaux. On est allé acheter les t-shirts anti-UV. À partir du moment où on prend des précautions. Je pense qu'un patient, je ne suis pas médecin non plus, mais un patient qui sent bien, qui est heureux, je pense qu'il arrivera toujours mieux à guérir que quelqu'un qui s'enferme et qui reste dans sa détresse. Le mental, les médecins l'ont bien dit, et je pense que c'est prouvé, le mental a une force de ouf. Et de se donner la motivation de vivre et de surmonter l'épreuve, ça réassurera toujours mieux que si on... On se dit, c'est bon, dans trois mois, je suis mort. Et forcément, du coup, voilà.

  • Abigaïl

    Et du coup, après, en rentrant, c'est là que tu as attaqué la radiothérapie ?

  • Astrid

    Oui, voilà. Donc là,

  • Abigaïl

    c'était un autre rythme.

  • Astrid

    Là, c'est très fatigant, parce qu'en plus, en bossant tout le temps. Donc là, je rentrais chez moi à 16h30. Tout de suite après, je rentrais chez moi. Le taxi venait me chercher devant chez moi, m'emmenait au centre de radiothérapie et me ramenait après. Donc là, par contre, la radiothérapie, c'est moins long. C'est une bonne demi-heure. Mais c'est tous les jours. C'est cinq jours sur sept. Voilà, donc sauf certains jours où ils étaient fermés, enfin voilà, c'était un peu compliqué. C'est là que j'ai eu mes quelques demi-journées pour aller faire mes traitements. Mais la secrétaire, encore là, était extraordinaire et qui gérait nos absences, elle me donnait souvent ma journée. Et du coup, je pouvais traîner un peu le matin dans mon lit et puis aller faire les boutiques. Voilà, je ne vais peut-être pas te dire ça. Mais non, mais ils ont été quand même hyper cool. La secrétaire était hyper cool et je la remercierai toujours parce que, enfin voilà, ils n'ont pas été relous avec ça. Et ils m'ont toujours mis un remplaçant. Parce que du coup, je savais que mes élèves, ils étaient avec quelqu'un. Je ne me suis pas dit, à cause de moi, ils n'ont pas d'enseignant, ils n'apprennent rien ce jour-là. Et bien non. Donc, ils ont toujours été cool. Donc, c'est aussi important parce que du coup, tu y vas de façon sereine en fait. Et puis... tu te dis, c'est tout, c'est aussi important d'être bien entourée.

  • Abigaïl

    Complètement. Et du coup, après, tu as attaqué l'hormono.

  • Astrid

    L'hormonothérapie qui était annoncée pour 5 ans, c'est-à-dire 5 ans sans enfant, on n'avait pas compris ça au début. Donc l'hormonothérapie...

  • Abigaïl

    Tu avais compris quoi au début ?

  • Astrid

    J'avais compris que... J'en sais rien,

  • Abigaïl

    je pense surtout qu'on ne se projette pas à 5 ans.

  • Astrid

    Ouais, ouais, quand on a 27 ans, est-ce qu'on se projette à ça ? Bah c'est ça. Quand on vient de rencontrer son conjoint, est-ce qu'on se projette aussi loin ? Non, c'est vrai, t'as raison, c'est peut-être ça.

  • Abigaïl

    Et du coup, à cette période, tu sentais que déjà, ça avait soudé ton couple ?

  • Astrid

    Ah oui, oui, je pense qu'on a eu cette épreuve difficile, et puis deux ans après, on a eu une très grosse épreuve difficile, qui n'a rien à voir avec des raisons de santé, mais je pense qu'effectivement, quand tu t'es vue malade, quand on se marie, on n'est pas mariés, mais quand on se marie, on dit pour le meilleur ou pour le pire. Maintenant qu'on a eu le pire, je pense qu'on n'aura que le meilleur. Et puis, retrouver quelqu'un qui serait présent pour toi, qui te verrait dans cet état-là et qui ne partirait pas en courant, c'est aussi très précieux. Donc, je pense qu'effectivement, les difficultés qu'on arrive à les surmonter, elles soudent un couple ou une famille en règle générale.

  • Abigaïl

    Et du coup, comment tu as vécu l'hormonothérapie ? Souvent, c'est aussi une période qui est hyper difficile pour les patientes. Parce que justement, il n'y a plus tout ce soutien médical, on se sent un peu abandonné Et puis, c'est le retour que j'ai des patients parfois, pas assez préparés aux effets indésirables des traitements. Alors du coup, comment tu l'as vécu ?

  • Astrid

    Il y a deux choses. En fait, il y a, je pense, l'arrêt de tous les allers-retours avec la radiothérapie. Alors moi, j'avais mon métier, mais je comprends que des gens qui sont retraités, qui en fait vivent autour de ça, ou qui sont même en arrêt de travail. Et en fait, leur relation sociale, c'est un peu d'aller chez le médecin, d'aller en radiothérapie, de voir des gens. Et en fait, je pense que quand ça s'arrête brusquement... tu te dis mince, je suis tout seule chez moi ou on coupe chez moi, ma compagne travaille et je pense que ça déjà c'est assez violent. Et après, tu as effectivement l'hormonothérapie. L'hormonothérapie, c'est aussi très compliqué, surtout quand on est jeune, parce que c'est une ménopause. Et ménopause, ça entraîne tout ce qui va avec, donc perdre de la libido, des sécheresses de la peau et de toutes les voies, voilà, toutes les voies de tout ce qu'on peut avoir dans le corps, donc la bouche, l'anus, tout. Donc c'est compliqué, et puis la radiothérapie c'est aussi des brûlures. Moi par exemple, la radiothérapie, comme c'est au niveau du sein, comme je respire, ils m'ont brûlé un peu trop loin, j'ai quand même fini aux urgences parce qu'ils m'ont brûlé la plèvre. C'est l'enveloppe qui entoure le poumon, et qui à un moment donné s'est nécrosée, s'est détachée, et je ne pouvais plus respirer tellement la douleur est importante. Donc j'ai fini aux urgences une fois comme ça. Donc tu vois, c'est aussi... Tout ça, la radiothérapie et l'hormonothérapie, donc avec tous les effets secondaires, la sécheresse, la perte de la libido, et puis la ménopause, donc prise de poids, la gestion des hormones qui est compliquée, donc ça veut dire fatigué, très fatigué. Tu vois, des fois, je me dis que j'ai des plus fatigués avec l'hormonothérapie qu'avec la petite radiothérapie. Toi, tu m'as posé la question tout à l'heure. Pour moi, la petite radiothérapie, la petite chimiothérapie, pardon, euh... J'y allais mais à part le soleil, il n'y avait pas trop d'effets secondaires. Alors que l'hormone thermique, j'étais hyper fatiguée. Puis ça joue sur les hormones. Donc toutes les femmes ne réagissent pas pareil aux hormones. Mais moi, je réagis beaucoup aux hormones. Et du coup, je pense que la fatigue, c'était dur. Déjà, je suis une grosse dormeuse. Mais alors là, en plus, c'était très, très, très dur.

  • Abigaïl

    Et quand tu as arrêté l'hormonothérapie, tu as ressenti tout de suite ton état de forme ?

  • Astrid

    Alors j'ai eu deux types d'hormonothérapie différentes, j'en ai une par piqûre et j'en ai une par comprimé. Ouais, après, je me souvenais plus. En fait, je crois qu'au bout de quatre ans, j'ai eu que quatre ans d'hormonothérapie. Mais en fait, je me souvenais plus comment j'étais quatre ans après et j'avais pris quatre ans un peu dans la vue. Donc, j'avais plus de 30 ans après. Donc, je me souvenais plus de... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre à cette question. Après, je suis toujours une grosse dormeuse. Mais ouais, je ne sais pas si j'ai... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre parce que j'ai du mal. En fait, en quatre ans, c'est long. C'est long et pas long en même temps. C'est court sur une vie, mais c'est long quand tu as de l'hormonothérapie. En fait, je pense que j'arrivais... Ça faisait même cinq ans avec tous les traitements, si tu veux. Et donc, je n'arrive pas... Je pense que j'ai récupéré un petit peu de l'énergie.

  • Abigaïl

    mais je pense que j'avais vieilli aussi en même temps et que voilà et du coup ce qui est super c'est que tu as toujours eu une communication fluide avec ton oncologue et les équipes médicales qui t'ont suivie et du coup il y a pu avoir ce dialogue à se dire bah ouais mais là il y a une envie d'enfant qui du coup est presque urgente et est-ce que c'est possible de réduire un petit peu et au moins de pouvoir discuter de...

  • Astrid

    Alors moi, dès le début, de toute façon, j'étais hors protocoles, hors statistiques, hors tout. En fait, moi, j'étais exceptionnelle à tout point de vue. Mais non, parce qu'en fait, il y a zéro stat sur les gens de mon âge, ou très très peu, ou pas forcément dans notre pays, et donc c'est des choses qu'en France, on ne considère pas forcément. Et le fait qu'on me change de type d'hormonothérapie, parce que la première ne fonctionnait pas assez, je pense. C'est pareil, c'était hors protocole. Donc en fait, ils ont bidouillé un peu. Et en fait, à un moment donné, ils ont fini par dire Ouais, de toute façon, comme vous êtes hors protocole, un an de plus, un an de moins, écoutez. En fait, l'hormonothérapie, globalement, ça réduit le risque de récidive. En fait, ils estiment à 1% de risque par an de récidive. Donc c'est-à-dire, au bout de 10 ans, 10% de risque d'avoir une récidive. 30 ans, 30%. Comme je suis jeune, ça va vite. Et en fait, l'hormonothérapie fait passer à 0,5% par an. Donc tu divises par deux ton risque de récidive. Et c'est pour ça qu'en fait, ils m'ont dit au bout de 4 ans... C'est pas mal, ça va. Après, ils travaillent de l'humain, et quelqu'un de jeune comme moi, ils n'ont pas eu. Donc, du coup, ils expérimentent un petit peu. Après, c'est vrai que la question, elle était est-ce que je ne me mets pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête en me disant, le but, c'est d'avoir des enfants. mais est-ce que je risque pas à cause d'avoir mon envie d'enfant de ravoir un cancer et que mes enfants soient orphelins ? Je vais à l'extrême, mais en gros c'est ça, tu dis mais si j'ai une récidive et que j'ai pas autant de chances de guérison, parce qu'il y en a qui ont pas cette chance de guérison, est-ce que je risque pas de rendre mes enfants malheureux ? Parce que je veux les avoir mais tu vois, je sais pas si j'arrive à exprimer ça, mais voilà, c'est la balance, tu la pèses, et ça a été On n'a pas arrêté tout de suite. Quand on a posé la question, je pense qu'il y a au moins six mois de délai où justement, c'est ce que je disais tout à l'heure, ils se sont... concerté à plusieurs. Et ça, c'est ce que j'ai apprécié. Je ne sais pas s'ils le font partout, parce que je ne connais pas partout.

  • Abigaïl

    Oui, c'est dans tous les...

  • Astrid

    Que tu aies en fait, pas un, mais quatre ou cinq médecins qui te disent Ok, tu dis ouais, ok. Si les mecs disent C'est bon. Parce que c'était beaucoup des garçons. C'est beaucoup des hommes. Mais si les docteurs te disent Oui. C'est qu'a priori, en plus on est en France, on a quand même pas un bon recul par rapport à mon âge et tout. Mais... c'est qu'ils estiment que c'est bon. Tu leur fais confiance. Après, de toute façon, il faut faire confiance aux médecins parce que toi, tu n'as pas les clés. Tu n'as pas toutes les clés.

  • Abigaïl

    Et justement, le fait que tu sois jeune et que tu ne côtoies pas dans les services des patientes de ton âge, est-ce que tu as eu envie de te rapprocher d'associations pour peut-être côtoyer des patientes qui te ressemblent un peu plus ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, je n'en ai pas eu besoin parce que j'avais ma vie sociale, j'avais mes copains, j'avais ma famille, j'avais mon travail. Et en fait, si tu veux, ça a rajouté un élément de plus à ma vie, mais ça ne m'a rien enlevé. Contrairement à des gens qui, à cause de la fatigue, doivent tout arrêter. Si tu veux, comme j'ai toujours eu ma vie sociale et qu'elle ne s'est pas arrêtée, je n'en ai pas ressenti le besoin. Et encore une fois, parce que maintenant c'était 2017, c'était il y a 7 ans. Il n'y avait pas... Aujourd'hui, je pense qu'en 7 ans, on a développé toutes les aides. Aujourd'hui, quand je vois qu'on propose des ateliers de cuisine, des ateliers de sport, moi, il y avait quelques activités yoga, quelques activités de rencontre, mais... Rencontrer les gens pour en parler, oui, mais en fait, les gens sont dans la détresse et j'avais peur que ça me déprime plus qu'autre chose. Et comme j'avais mes copines et qu'on parlait d'autre chose et qu'on faisait nos soirées, nos sorties, qu'on continue à aller au cinéma, au resto, qu'on continue à partir en vacances, j'en ressentais pas le besoin. Après, chacun est différent parce que l'entourage fait qu'eux aussi, c'est différent. Donc non, j'en ai pas ressenti le besoin.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce qui t'a le plus aidé pendant ton parcours de soins ? C'est hyper dur comme question.

  • Astrid

    C'est l'entourage, je l'ai dit, l'entourage. Parce qu'on avait aussi un petit chien à l'époque, et des fois quand j'étais fatiguée, aller la promener, c'était pas toujours simple. Donc il y a mes parents qui m'ont beaucoup accompagnée, mon conjoint, bien sûr, mais même mes beaux-parents, ma belle famille que je ne connaissais depuis pas longtemps. Je me rappelle, mon beau-frère, il essayait ma perruque pour faire rire tout le monde quand j'avais pas encore mes cheveux qui avaient chuté. Enfin voilà, on l'a fait essayer au chien, la perruque aussi. Voilà, oui. Donc voilà, l'entourage, les copains, tout, l'entourage, l'entourage proche, les amis, la famille, mais aussi, je pense, tout ce qu'on peut... Tu vois, mes supérieurs qui m'ont accompagnée dans me mettre des remplaçants. Quand j'étais en juin, j'y allais tous les deux jours. à Courlancy, faire des prélèvements sanguins, voir si j'ovulais, si je ne vaux plus l'air. Donc en fait, j'étais de 8h à 10h dans le service de Courlancy. Et à 10h, j'avais fini. Enfin, ils n'avaient plus besoin de moi à Courlancy. Donc je retournais à l'école. Et en fait, ils m'ont mis un remplaçant pour toute la fin de l'année. Et du coup, en fait, lui s'occupait de ma classe. Et moi, j'aidais mes collègues. J'organisais la kermesse. Et tu vois, du coup... tu y vas sereinement, tu sais que t'as pas la pression. Voilà, donc, c'est aussi ça d'être soutenue, je pense, dans le travail. Moi, j'ai la chance d'être fonctionnaire, donc c'est vrai qu'on a des aides. Je me dis que si on est autant entrepreneur ou des choses comme ça, c'est peut-être pas la même...

  • Abigaïl

    T'as senti dans ton équipe un vrai soutien et puis qu'on était mobilisés autour de toi ?

  • Astrid

    Ah bah, mes collègues, je veux dire, mes collègues, enfin voilà, ils étaient un réel soutien. Un réel soutien.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu aurais aimé savoir au début de tes traitements et que tu as appris ? Après, s'il n'y a rien, ce n'est pas grave.

  • Astrid

    En fait, le problème, c'est que... Je pense que chaque individu est différent, réagit différemment. Tu ne peux pas savoir si tu vas perdre tes cheveux ou pas, tes ongles ou pas. Tu ne peux pas savoir si l'hormonothérapie, ça va complètement te fatiguer ou pas. Donc je ne sais pas s'il y a des choses que j'aurais aimé savoir, parce que la parole se libère un petit peu quand tu dis que tu es malade. Et en fait, tu te rends compte qu'il y a beaucoup de gens qui ont eu un cancer, ou un cancer du sein, ou un cancer autre autour de toi. Et en fait, chaque parcours est différent. C'est comme chaque enfant, enfin moi je suis enseignante, je compare aux enfants, mais chaque enfant est différent. Et face à une même difficulté, chaque enfant ne réagira pas de la même façon. Donc je pense que c'est pareil pour les gens malades. Donc me donner des exemples de parcours, oui, mais je pense que chaque chose est individuelle. Et en plus, échanger avec des gens, comme il y a peu de gens de mon âge. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Non.

  • Abigaïl

    Et quel conseil tu donnerais à une patiente jeune, par exemple, qui débute ses soins ?

  • Astrid

    Oh là, ouais, c'est une bonne question, c'est une très bonne question. De surtout continuer à vivre. de voir toujours les choses rigolotes dans ce qui peut être pas forcément rigolo et puis de ouais surtout de pas se couper du monde et de continuer à vivre et de continuer avec les copains continuer voilà si elle a un conjoint avec son conjoint de pas et puis de surtout avec le conjoint d'en parler avec le conjoint parce que dire là je suis fatiguée non enfin voilà je pense que de ouais de continuer à vivre parce que je pense que mais c'est ma façon de penser aussi mais ça porte en fait de Et puis de dire les choses aux médecins. Là, je suis fatiguée. Là, ça me fait mal. Là, on a le droit aujourd'hui de dire les choses à son médecin. Je veux dire, moi, quand j'ai une envie d'enfant, franchement... Hormonothérapie, ça me gave un peu. Donc, voilà, c'est de dire les choses. Et je pense que les médecins, aujourd'hui, et encore plus avec les jeunes patientes, ils sont très à l'écoute et très attentifs aux effets secondaires. Alors, j'espère pour... pour les médecins qui aura le moins possible de jeunes parce que franchement c'est pas rigolo mais de dire les choses aux médecins, d'échanger avec eux ils sont là pour ça en fait ils sont pas là juste pour dire tant de chimio non en fait ça va pas,

  • Abigaïl

    ça va pas et puis moi je conseille même à mes patients de noter à l'écrit leurs questions, parce que aussi d'une consultation à l'autre, tu zappes, tu oublies. Aussi,

  • Astrid

    des fois,

  • Abigaïl

    il y a les consultations, elles vont beaucoup trop vite. Et du coup, c'est pareil. Et puis tu restes avec tes questions, et ça, c'est pas bon.

  • Astrid

    Moi, je me suis un peu fâchée avec mon oncologue la première séance, parce que j'étais toute seule. Et en fait, il m'a sorti plein plein. plein plein plein d'éléments et je dis bah attendez est-ce que je peux prendre des notes parce qu'en plus moi j'ai zéro mémoire et une chose sur laquelle la chimiothérapie ne m'a pas aidé c'est perdre de mémoire enfin d'avoir encore moins de mémoire alors après c'est peut-être dû à la fatigue tout ça mais du coup je dis est-ce que je peux noter, il me dit non vous notez pas Parce qu'en fait, si vous notez, vous n'allez pas m'écouter. Ah, effectivement, effectivement, effectivement, je comprends votre point de vue, mais moi, mon conjoint, il va me poser des questions, je ne vais encore jamais savoir à quoi lui répondre. Donc peut-être que c'est aussi un élément qu'on peut conseiller, c'est peut-être si on est un peu débordé par les informations, tout se faire accompagner.

  • Abigaïl

    Oui, ça je suis complètement d'accord. C'est vrai que si on peut se faire accompagner, il y a des informations, des fois il y a un trop-plein d'informations et ça n'imprime plus. Et le fait d'être avec quelqu'un en consultation, du coup ça peut aider.

  • Astrid

    Moi la chance encore que j'ai eue, c'est que j'ai un conjoint qui est dans le médical. Et puis on a des copains qui sont un peu spécialisés en cancéro. Et du coup, c'est vrai qu'on pouvait leur poser des questions. Et moi, je veux dire, il donnait un mot, il savait m'expliquer. Il a fait aussi des recherches sur l'hormonothérapie. Alors moi, quand je voyais les documents qu'il essayait, je comprenais un mot sur deux ces théorèmes. Mais du coup, il savait me traduire. Et ça, j'avoue que c'était super. Et tout le monde n'a pas assez de chance là. Et je pense que ça a joué beaucoup.

  • Abigaïl

    Tu t'es sentie bien informée et du coup ça te permettait d'avoir une bonne communication aussi avec les médecins.

  • Astrid

    Moi du coup j'aimais bien, c'est vrai que des fois je disais à mon conjoint, je dis écoute viens parce qu'il va encore me sortir des trucs, je vais rien comprendre. Alors par contre quand ils savent que t'as accompagné une information, ils parlent encore plus le langage médical et là tu comprends encore moins. Mais bon c'est pas grave, t'as le traducteur qui t'explique après dans la voiture. Mais ouais ouais du coup... Du coup, être accompagné, je pense, et puis ne pas hésiter à dire, Non, en fait, je n'ai pas compris, quoi. Parce que j'osais peut-être pas, alors j'étais jeune, mais maintenant, je pense que je leur dirais, Non, mais attendez, je n'ai pas compris du tout ce que vous m'avez dit. Respiquez-moi avec des mots à re-re-re, parce que... Non, mais il y a des fois... Alors, des fois, ils sont très pédagogues, et puis des fois, ça dépend des gens, en fait. Après, mon collègue était très, très bien, mais c'est vrai que la première séance comme ça, c'était un peu raide, quoi.

  • Abigaïl

    Et maintenant que tous les traitements sont passés, en quoi ton parcours de soins a été transformateur pour toi ? En quoi tu es différente maintenant et qu'est-ce que ça a changé ?

  • Astrid

    Je pense que tu vois les choses comme tous les gens qui ont eu des très très gros coups durs, que ce soit la maladie ou des décès ou dans l'entourage ou avec le Covid par exemple, je pense que les gens comprennent mieux que quand t'as un gros coup dur, tu vois les choses différemment. En fait, il y a des choses, avant t'aurais chipoté et puis maintenant tu chipotes plus, tu dis ouais, en fait, on s'en fiche, c'est qu'un détail de la vie et bon, tu vois, t'as rayé ta voiture, tu fais. Ouais, bon, c'est que du matériel en fait. Comme quand t'as un accident de voiture et quand t'es blessée grave et que ta voiture est bousillée, tu te dis que c'est pas grave parce que je suis encore là. Par contre, si tu poussais ta voiture et que t'as rien, tu te dis... C'est compliqué, mais tu vois, comme tous les gens qui ont des gros coups durs, en fait, il y a des trucs, du coup, ça te passe. Alors après, j'étais jeune, donc je pense que j'avais encore moins de lâcher-pris sur certains trucs, mais ouais, je pense que du coup, tu dis, ça, franchement, c'est pas grave. Franchement, on s'en fiche, quoi. Je pense que c'est la grande leçon du truc.

  • Abigaïl

    Et du coup, si tu participes à ce podcast, c'est que le partage et le témoignage pour toi sont une valeur forte et que tu as envie de partager. Et pour toi, quelle est l'utilité du témoignage ? lors d'un parcours de soins ?

  • Astrid

    Je pense que c'est déjà... On n'est pas tout seul. Je ne connais plus les stats, mais le nombre de femmes qui avaient un cancer du sein par an, c'était... Mais j'avais lu ça dans la salle d'attente de l'oncologue. Je m'étais dit, mais ce n'est pas possible.

  • Abigaïl

    Mais c'est plus dur.

  • Astrid

    Il me semble que c'est 28 000. Ma mémoire... Mais je pense que c'était 28 000 femmes par an en France ont un cancer du sein. Et en fait... C'est ce que je disais tout à l'heure, la parole se libère quand toi tu dis que t'es malade. Et en fait, autour de moi, j'avais trois, quatre personnes qui avaient eu un cancer du sein. Dont une copine que je voyais plusieurs fois par an. J'ignorais tout de sa maladie. Et c'est seulement une fois qu'elle m'a expliqué. Et je pense qu'il ne faut pas s'en cacher. Et il faut justement utiliser son expérience pour accompagner les gens. Voilà le... La transmission de savoir, c'est un peu mon métier, mais je pense que du coup, il faut utiliser ça pour faire de la prévention et dire, mais attention, c'est pas parce que t'as 27 ans, encore plus avec mon âge, je pense que c'est pas parce que t'as 27 ans que tu dois tout prendre à la légère au niveau de ta santé, en fait. Ouais, ouais, voilà.

  • Abigaïl

    En tout cas, mille merci Astrid, c'était vraiment super chouette de faire cette interview avec toi. Même si je dois bien avouer que ce n'est pas facile, quand on connaît la personne, je trouve que l'exercice est encore plus dur. En tout cas, mille mercis. Je pense que tu as participé aussi dans ton parcours, du coup tu m'as impactée professionnellement, ça c'est sûr. Moi je sais que... Je n'exerce plus de la même façon et je n'accompagne pas mes patients atteints de cancer de la même façon. Comme tu le sais, il y a eu aussi d'autres événements dans ma vie qui n'ont fait que. Mais c'est vrai que ton parcours est hyper intéressant et je trouvais qu'il fallait vraiment le partager au plus grand nombre. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère aussi à la naissance du podcast. Et voilà, c'est vrai que... On n'en a pas parlé, mais moi, à l'époque, quand tu nous as annoncé ça, c'est vrai que je me suis sentie tellement, tellement impuissante. Et après, j'ai mené une réflexion autour de comment je prends en charge, moi, mes patients dans mon officine, qu'est-ce que je développe, quelles sont les marques que je mets en place. En fait, je me suis sentie tellement inutile à tes côtés que du coup, après, j'ai vraiment essayé de réfléchir. à comment améliorer les prises en charge dans mon officine. Et c'est vrai que la démarche du podcast, en tout cas, moi, je la trouve hyper intéressante. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère à tout ça. Et c'est vrai que ton parcours m'a beaucoup marquée. En tout cas, merci, mille mercis pour ton partage et puis ton expérience. Et voilà, c'est vrai que là, on va retrouver la petite Manon.

  • Astrid

    Ça fait.

  • Abigaïl

    Et voilà, on va profiter du reste de l'après-midi. Mais en tout cas, merci pour ton témoignage. C'était vraiment très chouette de t'avoir avec moi.

  • Astrid

    Et puis si jamais tu as des patientes ou des gens du podcast qui souhaitent peut-être échanger plus, personnellement ou avoir un échange moi je suis joignable il n'y a pas de soucis, au contraire merci beaucoup et puis je pense que ton podcast il a un réel intérêt pour, voilà, j'aurais aimé peut-être avoir ce podcast et ces témoignages qui m'auraient conforté dans le fait que je ne suis pas toute seule et dans le fait que on est nombreux et que et puis que ce qu'on vit est normal aussi et qu'on s'en sort et qu'on peut être accompagné, qu'on n'est pas tout seul et ça je pense que Voilà, on a tendance à rester chacun dans son coin et je pense que ton podcast libère aussi la parole. On en est à la saison 3 quand même. Donc je pense que vraiment, c'est important de se dire qu'on n'est pas tout seul et ça, ton podcast, c'est très important aussi pour les gens, je pense.

  • Abigaïl

    Eh bien, mille mercis pour tes encouragements.

  • Astrid

    Merci à toi.

  • Abigaïl

    Merci beaucoup. Merci Astrid. Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de note entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook Canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

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Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, j'accueille mon amie Astrid. Pas évident de recueillir le témoignage d'une amie, mais diffuser sa parole et son expérience me paraissait essentiel.


Tout d'abord, parce qu'elle était hors norme en terme d'âge. Elle a été diagnostiquée d'un cancer du sein hormonodépendant à seulement 27 ans alors qu'elle venait tout juste de se mettre en couple avec Romain. Le parcours de soin a fait jaillir sur le jeune couple des questions difficiles qu'on ne se pose normalement pas et encore moins à cet âge là, notamment la question de la préservation de la fertilité. Maintenant maman d'une petite Manon, le témoignage d'Astrid est inspirant et porteur d'espoir pour tous les patients en traitement. Merci Astrid pour ta confiance à mon micro, merci pour ton humour décapant et ton franc parlé, et je te souhaite pleins de belles choses pour toi et ta petite famille !


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

N'oubliez pas de mettre un avis et une bonne note sur les plateformes d'écoutes, ça aide à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à le faire connaitre auprès d'un maximum de patients.

N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients, et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Astrid. Bonjour. Je suis ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci beaucoup pour ton temps, merci pour ton partage, ton témoignage. Alors aujourd'hui on est dans un épisode un petit peu spécial parce qu'en fait je te connais, tu fais partie de mon cercle d'amis, je t'ai connue au moment de ton annonce. Et voilà, donc aujourd'hui, c'est peut-être un petit peu moins facile que d'habitude. Mais en tout cas, je trouvais que ton parcours était hyper intéressant à partager. Parce qu'en fait, malheureusement, tu as eu un cancer très jeune. Et tu as aussi eu un parcours de préservation de la fertilité. Tout à fait. Et ça, c'est des choses qui sont hyper intéressantes à aborder. Et c'est vrai qu'on n'en a pour l'instant jamais encore parlé sur le podcast.

  • Astrid

    Et encore pour l'instant, heureusement, assez rare, parce que ça ne concerne les jeunes patientes. Voilà. Pour l'instant, c'est encore assez rare et j'espère que ça le restera. J'entends, voilà. Je l'espère aussi.

  • Abigaïl

    Alors du coup, est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît pour les auditeurs ?

  • Astrid

    Oui, donc je m'appelle Astrid, aujourd'hui j'ai 33 ans, je suis maman d'une petite Manon et je suis accompagnée de mon conjoint depuis quelques années maintenant, qui s'appelle Romain, je suis enseignante, directrice d'école. Voilà.

  • Abigaïl

    Ok, top. Et donc, du coup, tu as rencontré Romain, qui était ami de fac avec nous, quelques mois avant ton annonce, c'est bien ça ?

  • Astrid

    C'est ça, on s'est mis ensemble officiellement en novembre, et on a appris ma maladie en rentrant de nos premières vacances, qui étaient en Corse. En 2017.

  • Abigaïl

    C'était combien de mois que vous étiez ensemble ?

  • Astrid

    Ça faisait 6 mois, à peu près 6 mois qu'on était ensemble. 6-7 mois, environ. Donc c'était tout jeune, mais c'est vrai que du coup, ce n'est pas une petite maladie, ce n'est pas un petit diabète, c'est une grosse maladie, mais c'est quelque chose sur lequel l'enjeu de la vie est abordé par les médecins. Et du coup, on s'est posé la question, est-ce qu'on continue ensemble ou pas ? Et l'avantage, tu l'as dit, c'est que c'est un ami de fac, c'est donc un docteur en pharmacie, et que du coup, il a abordé aussi cette maladie en tant qu'aussi pharmacien. Et en fait, il a peut-être eu moins peur du mot cancer que peut-être des gens qui ne sont pas dans la santé. Et du coup, ça ne lui a pas fait peur. Et on a compté ensemble. Et on voit aujourd'hui cette petite Manon. Donc, quelques années après, voilà.

  • Abigaïl

    Mais c'est vrai que très vite, il s'est posé des questions que normalement, on ne se pose pas tout de suite dans un couple au bout de six mois de relation.

  • Astrid

    Et puis, je pense qu'on ne se pose pas au bout de six mois de relation et qu'on ne se pose pas à 29 ans. parce qu'il y en avait 29 à l'époque et je pense que c'est des questions qu'on ne se pose pas pour sa compagne, qu'on peut se poser pour ses parents, ses grands-parents mais qu'on ne se pose pas sur son couple et sa compagne en fait, effectivement et puis ça entraînait aussi tout un tas de choses, d'autres questions sur est-ce qu'on pourrait avoir des enfants comme c'est un cancer du sein et donc sur tout ce qui peut avoir aussi à trait à la féminité et avoir des enfants du coup voilà, c'est aussi tout un tas de questions que ça engendre

  • Abigaïl

    Est-ce que tu veux bien revenir sur ton parcours de soins, sur l'annonce, nous détailler un petit peu comment ça s'est passé pour toi ? Là, on est parti un petit peu en arborescence d'emblée, mais je pense qu'on va revenir point par point sur tout ça pour qu'on puisse bien comprendre.

  • Astrid

    C'est l'intro avant et puis c'est la fin. Tout à fait. En février 2017, en partant au sport d'hiver, J'ai eu un choc avec un anglais. Et en fait, suite à ça, j'avais mal au sein, aux côtes, ce qui est normal avec un choc. Et puis, en faisant une petite autopalpation, je me suis rendu compte qu'il y avait une boule dans mon sein. Et je me rappelle très bien justement avoir envoyé un SMS à Romain disant Écoute, j'ai une boule au sein. Et en rigolant, en disant J'ai un cancer. Mais vraiment, c'était sur le ton de la présenterie. On est assez humour noir encore plus aujourd'hui. Et du coup, voilà, il a dit mais non, et dans ma famille, toutes les femmes ont beaucoup de kystes. Et c'est vrai que j'en ai eu plusieurs, donc aucune inquiétude. Je lui ai dit 27 ans, impossible, c'est pas possible, il n'y en a pas dans ma famille. Ma grand-mère, mais qu'elle avait 90 ans. Impossible, quoi. Donc, c'est tout. Et puis, j'oublie. J'avais pas mal. J'oublie. Ça passe. Et puis, un jour, je me dis, mince, elle est encore là, cette boule. Et je me suis souvenue d'une affiche qui était vieille comme le monde, complètement décolorée, dans la salle d'attente de ma gynéco. Heureusement, merci la gynéco d'avoir toujours du retard au rendez-vous, parce que cette affiche, je l'ai lue et relue et re-relue. Et donc, je me fais une autopalpation, bien vraiment me souvenant des 4, 5 étapes et tout. Je me dis, c'est bizarre, encore là. Bon, je me dis... Ça ne coûte rien d'aller chez la gynéco, elle me suivait d'habitude. Et puis donc je vais chez la gynéco, autopalpation, oui effectivement une boule. Après je sais qu'elle suivait aussi ma mère et elle dit je sais que votre mère fait beaucoup de kystes, que vous en avez déjà eu. Bon écoutez, par précaution, je vais vous envoyer chez un médecin qui est spécialisé dans l'écho, la mamo, et on va voir ce qu'il dit. Donc voilà, vacances d'avril, parce que je suis enseignante, donc sur les vacances scolaires d'avril 2017, je vais faire cette biopsie, mais vraiment, enfin cet écho, mais vraiment, mais à 12 mille lieues d'imaginer ce que j'avais en moi, quoi. Et le médecin, le docteur à l'époque me dit, écoutez, j'ai un petit doute, on va faire une biopsie. Alors on va... Je me dis, bon voilà, je suis jeune. Mais vraiment, et en fait, je pense qu'il savait. Je pense qu'il savait. Vieux singe, il m'a dit, un vieux singe comme moi, des fois, on a des doutes, vaut mieux. Et en fait, après, je me suis dit, mais c'est sûr, il savait. Mais il n'a pas osé me le dire. Il voulait attendre les résultats. On part en vacances. Comme il y avait dix jours à peu près d'attente, on part en vacances. On revient en vacances. La gynéco m'appelle deux fois de suite. J'étais en rendez-vous à la banque, je me rappelle. Je m'appelle deux fois de suite, je me dis mince, c'est quoi ce bazar ? Puis j'avais fait un frottis en même temps, donc je me dis bon, peut-être un petit truc avec le frottis, un truc. Et là, je me rappellerai, et c'était la mère d'une copine, pas mon âge, que je connais depuis toujours, chez qui je suis allée jouer, ma gynéco, donc voilà. Et je la vois, je la verrais toujours s'asseoir dans son fauteuil, écoute, il me dit, écoute Astrid, il faut que je t'annonce quelque chose. Ta biopsie n'est pas bonne. Je dis quoi ma biopsie pas bonne ? Je dis ma biopsie... Moi j'étais vraiment partie sur le frottis. Impossible, impossible mon sein de penser que c'était ça. Je dis non, ta biopsie du sein. Je dis, mais je ne comprenais pas. Et là, elle me dit, tu as un cancer. Je dis, la vache. Là, j'ai pleuré, je me suis effondrée. J'ai dit, mais comment c'est possible ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ce n'est pas normal. Pourquoi moi, je ne fume pas ? Je ne bois pas ? Je dis, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi moi ? Et elle m'a gardé une heure en pleurs. Mes parents n'étaient pas là. J'ai appelé Romain qui est venu me chercher.

  • Abigaïl

    tout s'est enchaîné voilà donc ça c'était la découverte mais t'aurais préféré être accompagnée pour cette annonce parce que là ça a été hyper violent

  • Astrid

    je sais pas parce que Je ne sais pas, non. Après, moi, je la connaissais, la gynéco. Elle a été tellement bien. Elle a été bienveillante. Elle a su avoir les bons mots. Et c'est quelqu'un avec qui j'étais en confiance. C'est vrai que ça aurait été le docteur qui m'a fait mon écho, qui était en plus assez froid, qui est très compétent, mais qui était assez froid, genre docteur Raoult. Je me suis dit peut-être que là, c'est quelqu'un que je connaissais. Et puis, c'était une femme. une femme qui était douce, voilà. Donc du coup, non, alors là, moi, je reviendrai pas. Enfin, être accompagnée, c'est aussi pas voir ce moment où toi, tu te déchires. Et en fait, moi, je suis comme ça, je pleure un bon coup. Et après, je me dis, bon, prochaine étape. Tu vois ? Je vide mon sac. Et la gynécologue m'a dit, mais même, c'est très bien. Enfin, je veux dire que je préfère ça que quelqu'un qui dit rien et qui, en fait, va s'effondrer longtemps après. Voilà.

  • Abigaïl

    C'est marrant parce que la psychologue que j'ai interrogée m'a dit exactement la même chose. Tout ce qu'on ne peut pas verbaliser, c'est ça qui est pire en fait. Oui.

  • Astrid

    Donc moi, j'ai posé toutes les questions du monde. Alors, elle ne pouvait pas y répondre la gynéco. Pourquoi moi ? Pourquoi mon âge ? Voilà. Et puis après, Romain me l'a fait.

  • Abigaïl

    Elle ne savait sûrement pas l'expliquer d'ailleurs.

  • Astrid

    Non, et puis on ne sait toujours pas l'expliquer. J'ai fait de l'oncogénétique, on ne sait toujours pas l'origine.

  • Abigaïl

    Oui.

  • Astrid

    un stress, enfin, il y a tellement d'hypothèses sur le cancer, pourquoi plus une personne qu'une autre ? On ne sait pas, c'est en nous, puis un jour, ça se réveille, puis voilà.

  • Abigaïl

    Et puis tu n'avais aucun facteur d'hérédité ?

  • Astrid

    Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Parce que c'est quand même de... Je ne bois quasi jamais d'alcool. C'est clair. Alors, je n'ai pas toujours une hygiène alimentaire, mais je faisais du sport. Enfin, voilà, je dors. J'étais jeune, j'ai fait la fête comme tout le monde. Mais pas à l'extrême. Enfin, voilà. Donc, il n'y a pas d'explication. Après... Je pense que c'est comme tout, il faut en faire une force. Et c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, que je suis très contente d'être ici, parce que du coup, moi, j'en profite pour passer le message et que ce n'est pas parce qu'on a 20 ans ou 25 ans ou 30 ans qu'on ne peut pas être touché par ça et qu'il faut négliger ces petits détails. Et aujourd'hui, moi, c'est ce que j'ai dit, c'est ce qui m'a sauvé la vie, c'est qu'aussi, on est dans un système en France avec la sécurité sociale, les gens souvent râlent sur la sécurité sociale, mais... Sans la sécurité sociale, je serais morte. je serais morte parce que je n'aurais pas pu payer mes soins, parce que je ne serais pas allée chez la gynéco aussi facilement. Voilà, donc on a quand même la chance d'être dans un pays où la médecine, elle nous sauve la vie. Elle nous sauve la vie.

  • Abigaïl

    Oui, c'est clair. Les messages de prévention, ils sont hyper importants. Et c'est vrai que je pense que chaque occasion est... est bonne pour diffuser des messages comme ça, parce que c'est vrai que quand on est jeune, peut-être que des fois on se sent intouchable, et ce n'est pas le cas. Il faut avoir un bon suivi gynéco, c'est hyper important.

  • Astrid

    Donc moi je rappelle à mes copines tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps, généralistes c'est bien, ils savent nous accompagner mais ils sont aussi débordés et je pense qu'aujourd'hui dans la médecine il y a des spécialités parce que justement il y a des besoins particuliers, notamment chez les femmes ou avec les hormones, enfin on en reparlera tout à l'heure parce que ça a eu un gros rôle les hormones, mais où les hormones des fois on le sait si on a été enceinte, on le sait que ça peut des fois... être fou.

  • Abigaïl

    Et du coup, suite à ce choc, Romain vient de chercher. J'imagine que tout de suite, tu lui en parles.

  • Astrid

    Il est venu chez la gynéco et on en a parlé tous les trois. Moi, j'ai compris. Mais après, elle m'a parlé de tout ce qu'elle allait suivre. Et moi, j'étais en blackout. Et d'avoir Romain qui, en plus, parle le langage. Moi, ça m'a vraiment aidée. Autant, si tu veux, dans l'annonce d'être seule, je pense que ça permet aussi d'avoir un... Par contre, d'être accompagnée juste après dans... Parce que les termes médicaux... Des fois, puis à 27 ans, excuse-moi, j'allais chez le médecin une fois par an pour mon certificat pour faire du sport. Donc je n'avais jamais eu... Souvent, on me demande, est-ce que vous avez les antécédents ? Je dis, avant le cancer, rien du tout. Je suis en pleine peau. Après le cancer, je suis en pleine peau. Non, mais par rapport à quelqu'un qui a du diabète, où c'est très... Ça, c'est tout le temps. Je veux dire, moi, j'ai eu des années compliquées avec le cancer. Et maintenant... Oh. Pour moi, c'est pas derrière moi, parce qu'il y a des restes, il y a des cicatrices. Mais globalement, médicalement parlant, je suis en pleine peau. Merci la Sécurité sociale française, et les médecins, et les pharmaciens.

  • Abigaïl

    Et du coup, ton laps de temps après, tu as commencé les traitements hyper rapidement, j'imagine.

  • Astrid

    Alors, tout à fait. Après, ça s'est très vite enchaîné. Vu mon âge, effectivement, il fallait agir très rapidement.

  • Abigaïl

    Il fallait tapé fort tout de suite.

  • Astrid

    Oui. Alors... Ils ont voulu taper fort tout de suite, oui et non, parce qu'il faut quand même organiser les soins. Et je peux dire là où j'étais suivie ou pas ? Si j'ai été suivie à Courlancy, à la polyclinique de Courlancy, qui est très connue pour justement le cancer du sein. et du coup ils s'organisent ils font des réunions pluridisciplinaires en fait qui permettent d'avoir l'avis du gynéco, de l'oncologue du radiologue tout ça et je trouve que ça c'est hyper important parce que du coup ils se mettent tous ensemble et ils te créent un protocole de soins donc ça a été vite et pas vite en même temps et en plus il a fallu me faire comme je n'avais pas d'enfant ils ont préféré faire une préservation de fertilité alors après tout ça c'est des termes un peu médicaux mais Comme en fait mon cancer était d'origine hormonale, après les gros traitements chimio et radiothérapie qui ont lieu l'été, donc juin, juillet, août, Il y a eu la radiothérapie ensuite. Pendant cinq ans, ils m'ont mis en hormonothérapie. L'hormonothérapie, ça coupe les hormones. En fait, c'est une ménopause chimique pour être sûre de couper mes hormones et pour être sûre que mes hormones ne recréent pas une récidive. Et donc, pendant ce temps, pas de grossesse possible, parce qu'on n'a pas d'hormones et que c'est les hormones qui nous aident un petit peu à avoir des enfants. Et ils ne savaient pas, vu mon âge. Il n'y a aucune statistique. Et donc, ils ne savaient pas si mon corps allait reprendre après. Donc, avril, on m'annonce ma maladie. Mais je vais chez le gynécologue chirurgien qui m'a opéré. En parallèle de ça, j'avais de la préservation de fertilité où j'allais tous les deux jours à la clinique. C'est un petit peu parallèle à la PMA. C'est un peu le même principe, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons. PMA, c'est quand on a des difficultés à avoir des enfants. La préservation de fertilité, c'est juste pour congeler, je ne sais pas s'il y a un terme médical, mais pour congeler des embryons ou des ovules en cas justement de complications derrière le traitement.

  • Abigaïl

    Et du coup, est-ce que maintenant que tous les traitements sont derrière toi, on sait si ta fertilité a repris normalement ?

  • Astrid

    Je crois que la petite Manon parle par elle-même. Ah,

  • Abigaïl

    parce que du coup, ce n'était pas suite ...

  • Astrid

    Non, non, Manon, elle est venue tout à fait naturellement. On a arrêté l'hormonothérapie il y a maintenant un an et demi. Au bout de quatre ans, j'ai un peu négocié parce que j'en avais.. c'était un peu long. et qu'on voulait des enfants et que on commencait à prendre un petit peu d'âge et qu'on s'est dit se lever la nuit, voilà, on a commencé à avoir de l'âge et on ne sait plus si on aura la patience. Mais en fait, on a arrêté l'hormonothérapie. On avait trois mois où il fallait attendre que tout le médicament soit éliminé. Système de demi-vie apparemment. dans le jargon pharmaceutique. Et non, non. En fait, dans mon malheur, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que Manon, premier cycle naturel, Manon est apparue.

  • Abigaïl

    C'est vrai que je ne t'ai jamais posé la question. Je ne savais pas si Manon venait...

  • Astrid

    Non, non, Manon. Et on m'a dit, oh là là, attendez, pas avant un an, un an et demi après l'arrêt du médicament. Donc en fait on s'y attendait pas trop du coup ça a été un petit peu surprenant. Le test je dis il y a deux barres sur le test alors mon conjoint à l'époque me dit bah c'est le Covid. On les entend, tu sais l'humour noir. Et non non c'était petite Manon. Alors on l'appelait Mininou à l'époque parce qu'on lui avait pas donné de nom mais c'était Mininou qui avait déjà pointé le bout de son nez dans mon petit ventre. Et voilà donc. Effectivement, on a eu beaucoup de chance et même les médecins étaient surpris. Mais pendant la préservation de fertilité, ça s'est très bien passé. On a réussi à avoir beaucoup d'ovules et beaucoup d'embryons. Et donc, on savait qu'au niveau fertilité, il n'y avait pas de problème. Mais est-ce que mon corps allait reprendre après ? On a la réponse.

  • Abigaïl

    D'accord. En tout cas, merci pour ta franchise. C'est vrai que je ne t'avais même jamais posé la question avant l'interview. Et c'est vrai que ce n'était jamais vu.

  • Astrid

    Tu pensais que c'était une question d'avant ? Non, tout naturel.

  • Abigaïl

    Du coup, on a loupé beaucoup d'étapes. On va revenir un petit peu en arrière. Et donc, du coup, est-ce que tu t'es fait opérer tout de suite ?

  • Astrid

    Alors, je me suis fait opérer en, je ne sais plus vraiment exactement les dates, fin mai, début juin. En même temps, on m'a fait un premier prélèvement d'ovocytes, d'ovules, pendant mon opération du sein. Je suis restée une journée et demie à l'hôpital. Et puis après, trois grosses chimiothérapies. Fin juin...

  • Abigaïl

    Et c'est une question bête, mais le fait de stimuler hormonalement, il n'y avait pas des risques ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, tu me corrigeras si je me trompe, tu sauras plus que moi, mais on a un certain nombre d'ovules disponibles dans nos ovaires. Et en fait, la stimulation fait... que c'est un petit peu plus rapide. C'est-à-dire que peut-être que je serai en ménopause un peu plus tôt. Mais en fait, c'est juste qu'il n'y en ait qu'un. Un ovule qui sort par... Non,

  • Abigaïl

    mais par rapport au développement du cancer à cette période-là ?

  • Astrid

    Ah non, parce que non, c'était calculé. Ce n'est pas tout à fait les mêmes types d'hormones. Il y a plusieurs types d'hormones.

  • Abigaïl

    Non, mais c'est juste que je me demandais si ça impactait.

  • Astrid

    Non, si tout le fond, c'est que ça n'impacte pas. De toute façon, c'est avant la chimiothérapie, avant la radiothérapie, donc des PET scans, des machins. Parce qu'on était hyper suivis, surtout à mon âge. Donc non, non, non, non. Je pense que si... Enfin, au jour d'aujourd'hui, même si je suis jeune, ils ont quand même assez de recul. C'est pas tout à fait... C'est pas les mêmes hormones, il me semble.

  • Abigaïl

    T'as des stimulations sur un temps très court aussi.

  • Astrid

    C'est ça. Moi, ils m'ont stimulée sur un mois et demi. En fait, on a fait deux cycles.

  • Abigaïl

    Ouais, ça a été hyper court.

  • Astrid

    On a fait deux cycles. On a fait deux cycles pour être sûr d'avoir un minimum. Et comme ça s'est très bien passé au niveau de la stimulation, du coup, après, on a enchaîné. Et de toute façon, une fois qu'on avait même fait un cycle, ils ont dit, dès qu'on peut, on lance les...

  • Abigaïl

    C'est ça, je pense que de toute façon, ils ne t'auraient pas laissé trop...

  • Astrid

    Non, il fallait agir dans l'urgence, entre guillemets. Il y a eu deux mois entre mon annonce et le début des traitements lourds, mais il fallait quand même agir rapidement. Après, une fois que la tumeur était enlevée, les risques étaient... Quand on m'a enlevé ma tumeur, on m'a fait un curage. Enfin, on ne m'a pas fait de curage, justement. On a regardé au niveau des ganglions sous les bras. Si les ganglions étaient atteints, parce que c'est par là que va se faufiler ce satané cancer pour aller faire des métastases. Et donc, ils regardent le premier ganglion, le deuxième ganglion, et ils enlèvent tous ceux qui sont malades. Et en fait, moi, les deux premiers étaient sains. Donc ils n'ont pas fait de curage, parce que sinon on nettoie tout pour éviter les récidives. Et moi je n'avais pas ça. Donc du coup...

  • Abigaïl

    Et t'as eu une reconstruction tout de suite après ? Ou comment ça s'est passé ?

  • Astrid

    Une reconstruction mammaire ? Non, on m'a enlevé une bonne partie de mon sein, ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai un sein beaucoup plus gros que l'autre. Et quand j'étais enceinte... En fait j'ai un sein qui est mort, on va dire. Parce que quand j'étais enceinte, j'ai bien vu, j'ai eu une montée de lait que sur un sein. Donc, non, non, il y a un sein qui est mort, mais on ne m'a pas fait une ablation du sein. On m'a juste enlevé un cône, en fait, qui fait à peu près, moi je n'ai pas des gros seins, donc ça fait à peu près un tiers de mon sein. Mais voilà, non, il n'y a pas eu besoin de reconstruction.

  • Abigaïl

    D'accord. Et toi, tu ne ressens pas le besoin ?

  • Astrid

    Alors c'est vrai que des fois c'est un peu compliqué, surtout quand j'étais enceinte, j'avais un... ben on a les seins qui gonflent un peu quand on est enceinte, donc j'avais un sein qui restait tel quel et un sein qui gonflait. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué des fois pour s'habiller. Bon, après, ça va encore. C'est pas... Par ça, ça va.

  • Abigaïl

    Et donc, après, t'attaques les gros traitements de chimio.

  • Astrid

    Effectivement, la chimiothérapie est en deux étapes. Trois grosses chimiothérapies très lourdes. Je ne me rappelle plus le nom.

  • Abigaïl

    T'inquiète, on s'en fiche. On en avait parlé,

  • Astrid

    mais voilà, c'était des très grosses chimiothérapies. Donc, j'allais... au centre de chimiothérapie de Courlancy, où j'y passais la demi, donc j'étais emmenée par taxi, ramenée par taxi, parce que c'est les chimiothéramies qui te font tomber les ongles, alors je n'ai pas eu, heureusement ça, qui te font tomber les cheveux, les sourcils, les poils. L'avantage, c'est que plus besoin d'aller chez l'esthéticienne. Je vous avoue que là-dessus, c'était très agréable, mais bon. Voilà, mais non mais écoute, il faut voir des avantages dans chaque difficulté, donc voilà, c'est commun.

  • Abigaïl

    Mais moi j'ai toujours adoré ton humour pendant cette période vis-à-vis de ces sujets-là, non mais c'est vrai !

  • Astrid

    Il faut le dire, mesdames, voyez le bon côté des choses, plus besoin d'esthétienne, vous allez faire des économies. Mais non mais voilà, bon après ce qui est plus compliqué par contre, c'est sourcils et cheveux, parce que c'est les cils. En plus moi j'ai des grands cils, donc effectivement c'était compliqué, surtout que j'étais enseignante. Moi j'ai continué, alors à part juillet-août où je suis en vacances, où c'était d'ailleurs les gros chimios, mais quand je suis revenue en septembre en classe, parce que je n'ai pas été en arrêt, sauf pendant la chirurgie, c'était compliqué vis-à-vis des enfants. Parce que j'avais une perruque qui était assez sombre et j'avais la peau très claire et je n'avais plus de sourcils. Donc quand je revois les photos de moi à cette époque, vraiment, en fait à l'époque je ne me voyais pas malade, mais après je me... Et en fait il y a plein de parents d'élèves qui m'ont dit non mais on le savait, mais on n'a jamais rien dit.

  • Abigaïl

    Et du coup, c'est intéressant l'attitude des enfants vis-à-vis de ton absence de sourcils et de ta perruque. C'est vrai que ce n'était pas ta couleur naturelle.

  • Astrid

    Non, je suis blonde et j'avais pris une perruque brune pour changer, mais je n'aurais peut-être pas dû.

  • Abigaïl

    Et comment les enfants réagissent ?

  • Astrid

    Les enfants, pas, parce que j'étais en maternelle et je pense que les enfants sont un peu candides à cet âge-là. Ils prennent tout. Ils sont neutres, ils sont cool. C'est plutôt les parents qui vont se rendre compte. Mais après, les parents ne vont jamais embêter. Tu es absente, je te dis, de septembre à décembre, j'ai été absente trois demi-journées pour faire mes chimios et ma radiothérapie. Mais mon conjoint est pharmacien, donc il fait des grosses journées. Toute la journée chez moi, à tourner en rond. C'est pas du tout mon style. Et avec des enfants de 3 ans qui viennent te faire la blague sur le banc Pipi, caca, popo, maîtresse ! Et comme ça, t'as juste envie de rire et en fait, t'oublies que t'es malade. Et je trouve que c'est important et être toute seule à ruminer chez moi, c'est pas du tout mon style. Quand j'ai été opérée, j'étais en arrêt obligatoire pendant 5 semaines. Première semaine, j'avais un peu mal, c'était un peu pénible, donc j'étais contente d'être chez moi. Deuxième semaine, j'envoyais des selfies En me levant à 9h à mes collègues en les narguant, troisième semaine, j'allais manger avec eux à l'école de midi parce que j'en pouvais déjà plus. Donc voilà, mais c'est ça. Après, chacun est différent, mais moi, je ne peux pas rester enfermée chez moi.

  • Abigaïl

    Mais pendant cette période, tu as quand même eu des effets secondaires. Comment tu les as gérés par rapport à la fatigue, par rapport à tout ça ?

  • Astrid

    Alors, la chance vraiment que j'ai eue, c'est que mes trois... Les grosses séances de chimiothérapie ont eu lieu juin, juillet, août. Et qu'en fait, j'ai eu des effets secondaires. Je peux les donner, donc c'est chute des cheveux, chute des sourcils, chute des cils et de tous les autres poils. Et fatigue, je n'arrivais pas à monter les escaliers certaines fois, c'est mon conjoint qui me portait. Nausée, enfin voilà, tout ce qu'on imagine de la chimiothérapie, sauf la chute des ongles que je n'ai pas eu heureusement.

  • Abigaïl

    On mettait du vernis pour que ça...

  • Astrid

    Oui, on mettait du vernis sortissant, mais je n'ai pas eu du tout d'éléments. Même les cheveux, on m'a fait poser un casque réfrigérant, mais ça n'a rien fait. L'oncologue m'a dit qu'il y a peu de chances que ça fonctionne. J'avais essayé, mais voilà, nausée. Il y a des trucs encore aujourd'hui où je suis dégoûtée. Parce qu'on m'avait dit de bien manger, bien boire pendant les chimios. Et ce que j'ai mangé pendant les séances de chimio, j'en ai eu la nausée. Ce n'était pas à cause des aliments, mais ça reste.

  • Abigaïl

    Ça t'a dégoûté de quoi ?

  • Astrid

    Ça m'a dégoûté de la pétrisane. C'est un type de pain. Parce que j'avais mangé les pétrisanes chocs. C'était du pain avec des petits pépites de chocolat. Et alors là, c'était ma première chimio. Alors je ne peux pas, toujours pas.

  • Abigaïl

    Pour toi, c'est associé à jamais.

  • Astrid

    En fait, t'as eu envie de vomir ça. Du coup, je pense que voilà. Et les rostis, c'est les galettes de pommes de terre. Un jour, je me suis enflammée. D'habitude, j'étais malade tout de suite après la chimio. Et là, au bout de deux heures, je dis rien. Oh, magique ! Super ! Du coup, j'ai trouvé ça, les rostis, ça me faisait trop envie, bien gras. Je me suis dit, super ! Ah ben non, deux heures après, j'ai eu plus. Et du coup, je ne peux toujours pas. Donc voilà. Après, il y a eu la viande rouge, tout ça, mais c'était plus en fond. Et après, c'est revenu.

  • Abigaïl

    T'as une modification du goût ?

  • Astrid

    Goût, odorat. Et je pense qu'aujourd'hui, ça reste encore. De toute façon, il y a des séquelles. Donc, ceux qui ont eu le Covid connaîtront. Parce que perdre du goût, perdre de l'odorat... Alors, perdre du goût et de l'odorat, oui et non. Quand mon conjoint faisait cuire un steak haché, j'avais envie... De hurler parce que justement quand la viande me dégoûtait, je sentais. Mais c'est vrai que le goût et l'odorat sont différents. Je ne sais pas si on peut dire qu'ils s'en vont, mais c'est différent. Peut-être qu'on sent plus le métal quand on mange quelque chose, une viande rouge. Ouais, c'est différent.

  • Abigaïl

    Comment tu as géré la chute des cheveux ? C'est une étape qui est ultra difficile pour beaucoup de patientes. Et surtout quand tu es jeune, tu as le regard des autres. C'est aussi montrer à l'extérieur que tu es malade. Comment tu as géré ça ?

  • Astrid

    Je sais pas si je l'ai géré en fait, je me suis pas posé la question. Moi là je suis déchevée, il était clair que pour aller à l'école je voulais pas y aller avec un bandeau ou un bonnet, parce que pour moi c'était trop flagrant, c'était l'occasion de tester d'être brunette. Mais je me suis pas posé la question en fait, jamais, à aucun moment. Après j'ai vite enlevé la perruque parce que c'est chaud, c'est pas agréable. Mais je me suis jamais trop posé la question en fait de... C'est comme ça, et puis de toute façon on fait diable. Pas trop le choix, à part de... Non, je me suis pas posé la question. C'est vrai que tu me la poses là, mais je m'en suis jamais trop... J'ai jamais réfléchi à ça. Après, c'est plus quand tu te regardes chez toi, quand t'enlèves la perruque, là, c'est plus violent. Parce que... Clairement, tu t'es jamais vue sans cheveux en fait. C'est clair. Tu t'es jamais vue sans cheveux, même quand t'attaches tes cheveux, t'as toujours la frange le dessus. Enfin voilà, c'est plus là où c'est violent. Après, je vais pas dire mon... Si, je vais le dire, allez, soyons fous. On en a fait avant que mes... Parce que moi j'ai des cheveux longs, mi-longs, enfin bon, un carré un peu long. Et c'est vrai que du coup, j'avais jamais eu les cheveux courts. Et du coup, on en a fait... Je vais dire, on est horrible. On en a fait un moment... je vais pas dire agréable, mais un moment rigolo où en fait c'est mon conjoint qui m'a coupé les cheveux. Je suis allée chez le coiffeur, c'est mon conjoint qui m'a tondu les cheveux et il s'amusait à faire des dessins, enfin voilà, avec la tondeuse, non mais enfin quitte à perdre les cheveux autant voilà. Parce que moi je voulais pas retrouver des touffes de cheveux dans mon lit, donc je me suis dit en fait quitte à être chauve dans trois semaines et puis en plus ça part par partie, donc tu as des trous, enfin je trouve. Donc j'ai dit à mon conjoint, écoute fais toi plaisir, donc il s'est fait plaisir et puis voilà. Donc il s'en souvient toujours, on en parle encore des fois mais voilà. Donc ça a été un moment rigolo, enfin voilà, il faut toujours voir le bon côté des choses dans le mauvais et du coup c'est des moments aussi qui soudent aussi je pense.

  • Abigaïl

    Ah bah c'est clair.

  • Astrid

    Voilà. Bah c'est une des rares personnes qui m'ont vu, qui m'a vu sans cheveux. Parce que la nuit, bon je portais mon petit bonnet mais pas toujours donc après je connais pas toujours son regard par rapport à ça. On l'a vécu, mais on n'en parle pas toujours tout le temps. Parce que la vie fait que aussi. Après, on a d'autres choses. Mais voilà, il y a lui qui m'a vu sans cheveux et des copains chez qui on est partis en vacances à l'étranger, à La Réunion. Et voilà, c'est tout. Mais c'est vrai que...

  • Abigaïl

    À l'époque, il y avait une sociététicienne qui t'avait conseillée, qui t'avait fait des essais perruques ?

  • Astrid

    Non, alors, aujourd'hui, ça a changé, notamment au niveau de Courlancy, où ils ont une association, je ne sais pas si on peut en parler, de l'association Lise, qui accompagne beaucoup plus. À l'époque, ça n'existait pas, et du coup, en fait, je me suis un peu débrouillée toute seule. J'ai tapé perruquier, l'oncologue m'avait un peu accompagnée mais je trouve que aujourd'hui ça a bien évolué mais à l'époque il n'y avait pas trop d'accompagnement là-dessus. Donc on a trouvé un perruquier, je ne sais pas si ça s'appelle comme ça, des coiffeurs souvent qui accompagnent dans la chute des cheveux. Et on a acheté une perruque qui coûtait les yeux de la tête et en fait je pense qu'on n'a pas été chez la bonne personne qui ne nous a pas forcément bien accompagné mais on n'avait pas trop le choix à l'époque. Aujourd'hui il y a des associations qui accompagnent. Voilà.

  • Abigaïl

    Tu te rappelles du prix ?

  • Astrid

    Oui, je me rappelle du prix parce que la Sécurité sociale ne rembourse pas grand-chose. C'était 450 euros. 450 ou 500 euros.

  • Abigaïl

    De ta poche ?

  • Astrid

    Je crois que la Sécurité sociale prenait 20 ou 30 balles. Parce qu'en fait, c'est du confort.

  • Abigaïl

    Je crois que ça a bien changé.

  • Astrid

    Ça a peut-être bien changé aussi. Et le problème, c'est que ma complémentaire ne voulait pas le prendre en charge parce que j'étais à 100%. Et 100%, ça veut dire que c'est la Sécurité sociale qui prend tout en charge. Non, qui prend 100% de la partie sécure en charge et la complémentaire. Estimez que du coup, c'était pas à l'intervenir. Encore là, j'ai eu de la chance d'être accompagnée par mes supérieurs, mon inspecteur de l'époque. Donc mon super hiérarchique qui m'a orientée vers l'assistante sociale de l'éducation nationale, qui a un fonds social et qui a accompagné financièrement ses dépenses, qui m'a dotée d'une petite enveloppe, enfin une belle enveloppe, qui m'a permis de payer ma perruque et de payer toutes mes franchises de médicaments. Parce qu'à chaque fois qu'on achète une boîte de médicaments, on a 50 centimes de franchise. À chaque fois qu'on fait un trajet en taxi, allez ! Les analyses aussi. Les analyses, en fait, à chaque fois, on a une petite partie qui n'est pas remboursée. Et en fait, quand on les cumule petit à petit, on monte très vite. Et du coup, on l'a pris un peu de plein fouet. Et du coup, je ne dis pas que je n'avais pas d'économie, mais du coup, sortir une somme comme ça alors qu'on est malade, c'était un peu compliqué. Donc là encore, j'ai été bien accompagnée par...

  • Abigaïl

    Tu conseilles à... à n'importe quel patient, d'au moins se renseigner auprès des assistantes sociales.

  • Astrid

    Oui, je ne sais pas s'il y en a partout, mais je sais que nous, dans la fonction publique, on a des gens qui peuvent accorder à l'éducation nationale, on a des assistantes sociales. Mais ce n'est pas forcément que pour les gens qui sont malades, ça peut être des gens qui divorcent. Dès qu'on est en détresse un petit peu sociale... financière, on a ces assistantes sociales qui peuvent nous accompagner. Aussi bien vers l'orientation. Mais comme une assistante sociale qu'on pourrait imaginer classique, sauf que là, c'est dédié aux professionnels de l'éducation nationale. Mais personne ne sait que ça existe. C'est un truc de fou. Et en fait, c'est que quand on est le nez dans les complications que du coup, on entend parler d'elle.

  • Abigaïl

    Et... Et du coup, là, on a pas mal parlé de tes traitements de chimio, qui sont les gros chimios qui sont tombés pendant les grandes vacances. Après, les petits chimios, donc ça du coup, enfin, un petit chimio, c'est vraiment une mauvaise façon de parler.

  • Astrid

    Oui, par rapport aux gros, c'est-à-dire qu'il y a moins d'effets secondaires. C'est pour ça que j'appelle ça des petits chimios, parce que c'était toutes les semaines. Contrairement aux gros, c'était toutes les trois semaines. Ce que je n'ai pas dit aux gros chimios, c'est que j'avais aussi une chute de mes défenses immunitaires, et donc j'avais des piqûres. qui faisait mal aux os. Enfin, Donc, c'est en fait, quand je dis petite et gros chimio, c'est par rapport à tous les effets secondaires. C'est le vécu, en fait.

  • Abigaïl

    Et du coup, avec ces cures de chimio toutes les semaines, tu as repris le travail ?

  • Astrid

    En septembre, le 1er septembre, j'étais dans ma classe. Je me suis arrangée. En chimio, ils étaient super parce qu'ils s'arrangeaient. En fait, je quittais à 16h30. Non, je quittais à 16h30 ou 15h30, je ne sais plus, 16h30. Et j'attendais un petit peu que les enfants s'en aillent. Et à 16h45, le taxi venait me chercher devant l'école. m'emmener à la chimiothérapie le vendredi soir. Parce que comme ça, mes effets secondaires, si j'étais un peu fatiguée, tout ça, j'avais le week-end pour me remettre. Et lundi, j'étais re au boulot.

  • Abigaïl

    D'accord. Voilà. Ils t'avaient laissé le choix du jour ?

  • Astrid

    Alors, en fait, ils fermaient le service à je ne sais plus quelle heure. Et comme j'avais au moins trois heures sur place, genre, ils devaient fermer à 19h ou un truc comme ça. Et ils s'arrangeaient. Parce qu'en fait, ils... Enfin... Globalement, quand j'arrivais, la moyenne d'âge en chimiothérapie, elle est assez élevée. Et j'étais une des seules jeunes. Et je me rappelle, du coup, je faisais la fermeture. Généralement, quand on dit faire la fermeture, on pense plus au bar. Je faisais la fermeture du service de chimiothérapie. Et du coup, j'avais tous les infirmiers juste pour moi. Et j'avais ramené une boîte de bonbons un jour. Du coup, ils étaient là. On rigolait. Du coup, ils étaient tous dans ma guitoune. Et du coup, en fait, non, mais c'était... Je ne vais pas dire que c'était sympa, mais... J'ai trouvé ça super parce que ce n'est pas toujours des moments faciles et qu'ils apportent aussi de la bonne humeur. Et puis je pense qu'ils ont vu que j'étais jeune, j'étais très sympa, belle gosse. Ils se sont dit bon, voilà. Non mais voilà, je pense que c'est un cas qui est aussi atypique. Et que du coup, comme j'étais la dernière... Puis forcément, on n'a pas les mêmes discussions avec une jeune enseignante qu'avec quelqu'un qui a 70 ans. Oui, c'est sûr. On ne discute pas les mêmes choses. Donc ça leur changeait aussi un petit peu leur quotidien et leur vision aussi, comme tu l'as dit tout à l'heure, en tant que professionnelle.

  • Abigaïl

    Et du coup, le week-end avait un peu d'effet secondaire ou ça allait sans plus ?

  • Astrid

    Je m'en rappelle plus. Si je m'en rappelle plus, c'est que ça ne m'a pas marqué. Je pense que j'étais un peu fatiguée, mais aussi, il faut dire qu'il y avait la classe. C'est quand même un peu fatigant. Les allers-retours, c'est un peu fatigant aussi. Donc, je pense qu'il y avait un peu de fatigue de la chimio, mais aussi un peu de fatigue de la vie quotidienne.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu avais mis des choses en place particulières à ces moments-là, type activités physiques ? Non, je me faisais comme d'habitude. Comme d'habitude, ouais.

  • Astrid

    Quand j'étais fatiguée, je n'y allais pas. Non, j'ai gardé quasi la même vie. Alors peut-être que je faisais moins... Je suis plutôt à faire les choses à 200%. Mais peut-être que là, je ne faisais qu'à 199%. Mais ouais, il y a des fois, c'est tout. En fait... C'est un peu l'excuse des fois pour sécher des réunions. Je ne peux pas le dire, mais je suis fatiguée, je ne veux pas venir. Si tu restais chez toi, tu m'étais assez avec. Mais voilà, parce que je suis engagée dans des assos en tant qu'élue locale. Mais du coup, des fois, c'était aussi un peu l'excuse. Voilà, mais pas moins que les gros chimios. C'est pour ça que je dis toujours les gros, c'est les petits chimios. Après, si l'effet secondaire qui m'a le plus embêtée, c'est de ne pas pouvoir se mettre au soleil. parce que du coup il y a des effets alors tu seras mieux que moi encore là nous on est quand même partis à la Réunion à la Toussaint et en fait comme je venais de finir mes petites chimiothérapies c'était les t-shirts anti-UV, crème solaire chapeau, c'était un peu dommage parce que d'être à la Réunion et de ne pas pouvoir profiter du soleil toujours aller chercher l'ombre c'était un peu dommage mais bon c'est la grosse peut-être chose qui m'a, effet secondaire qui m'a embêtée

  • Abigaïl

    Mais du coup, j'allais y venir, ça aussi, parce que je me souviens que sur cette période, vous aviez pas mal voyagé avec Romain. Et c'était chouette, en fait. À chaque étape, il y avait...

  • Astrid

    En fait, c'est pas interdit. Si les médecins étaient OK, je peux même te dire...

  • Abigaïl

    C'est ce que je voulais te T'en discutais avec les oncologues à l'époque. Ah bah bien sûr ! Et ils te donnaient le feu vert.

  • Astrid

    J'ai même gratté une séance de chimiothérapie comme ça, parce que je me suis dit... Parce qu'en fait, normalement, c'était neuf... trois gros chimios et neuf petites. Et la neuvième petite tombait pendant les vacances. Et franchement, ça me faisait suer de ne pas voir. En plus, on avait des copains qui étaient pour quelques années à La Réunion et qui sont venus aujourd'hui en métropole. Et franchement, on n'allait pas pouvoir voyager à cause de ça. Donc j'ai négocié, j'ai fait mes yeux doux et puis ça a fonctionné. Non, mais il m'a dit, vous avez eu trois gros chimios, vos ganglions n'étaient pas atteints. Enfin, on voit que vous réagissez bien à tout. Il dit que vous en avez fait 8 ou 9, 9 c'est le protocole, si vous en faites 8 ça ira très bien aussi.

  • Abigaïl

    Et puis c'était important peut-être aussi de marquer le coup et puis de souffler avant de rattaquer.

  • Astrid

    En vacances comme tout le monde. Après deux mois de classe, moi j'avoue qu'à la Toussaint, j'aime bien partir un peu en vacances, cancer ou pas cancer. Et puis mon conjoint aussi, une fois qu'on a bossé, je crois qu'on est comme tout le monde, on aime bien partir un petit peu. Même sans... Bon là on est parti à la Réunion parce que c'était aussi l'occasion comme on a des copains là-bas. Mais... Non, on aime bien aussi s'aérer, même partir hors de chez nous, même si on n'a pas de maladie.

  • Abigaïl

    Non, mais parce qu'il y a des patients qui s'interdisent aussi de voyager pendant ces périodes.

  • Astrid

    Il ne faut rien s'interdire.

  • Abigaïl

    Oui, on est d'accord.

  • Astrid

    À partir du moment, bien sûr.

  • Abigaïl

    Il faut au moins en discuter avec le médecin.

  • Astrid

    OK. Bien sûr. Là, il m'avait dit bien attention au soleil, surtout à La Réunion, ça tape. Donc, on avait prévu crème solaire 50+. On avait prévu des chapeaux. On est allé acheter les t-shirts anti-UV. À partir du moment où on prend des précautions. Je pense qu'un patient, je ne suis pas médecin non plus, mais un patient qui sent bien, qui est heureux, je pense qu'il arrivera toujours mieux à guérir que quelqu'un qui s'enferme et qui reste dans sa détresse. Le mental, les médecins l'ont bien dit, et je pense que c'est prouvé, le mental a une force de ouf. Et de se donner la motivation de vivre et de surmonter l'épreuve, ça réassurera toujours mieux que si on... On se dit, c'est bon, dans trois mois, je suis mort. Et forcément, du coup, voilà.

  • Abigaïl

    Et du coup, après, en rentrant, c'est là que tu as attaqué la radiothérapie ?

  • Astrid

    Oui, voilà. Donc là,

  • Abigaïl

    c'était un autre rythme.

  • Astrid

    Là, c'est très fatigant, parce qu'en plus, en bossant tout le temps. Donc là, je rentrais chez moi à 16h30. Tout de suite après, je rentrais chez moi. Le taxi venait me chercher devant chez moi, m'emmenait au centre de radiothérapie et me ramenait après. Donc là, par contre, la radiothérapie, c'est moins long. C'est une bonne demi-heure. Mais c'est tous les jours. C'est cinq jours sur sept. Voilà, donc sauf certains jours où ils étaient fermés, enfin voilà, c'était un peu compliqué. C'est là que j'ai eu mes quelques demi-journées pour aller faire mes traitements. Mais la secrétaire, encore là, était extraordinaire et qui gérait nos absences, elle me donnait souvent ma journée. Et du coup, je pouvais traîner un peu le matin dans mon lit et puis aller faire les boutiques. Voilà, je ne vais peut-être pas te dire ça. Mais non, mais ils ont été quand même hyper cool. La secrétaire était hyper cool et je la remercierai toujours parce que, enfin voilà, ils n'ont pas été relous avec ça. Et ils m'ont toujours mis un remplaçant. Parce que du coup, je savais que mes élèves, ils étaient avec quelqu'un. Je ne me suis pas dit, à cause de moi, ils n'ont pas d'enseignant, ils n'apprennent rien ce jour-là. Et bien non. Donc, ils ont toujours été cool. Donc, c'est aussi important parce que du coup, tu y vas de façon sereine en fait. Et puis... tu te dis, c'est tout, c'est aussi important d'être bien entourée.

  • Abigaïl

    Complètement. Et du coup, après, tu as attaqué l'hormono.

  • Astrid

    L'hormonothérapie qui était annoncée pour 5 ans, c'est-à-dire 5 ans sans enfant, on n'avait pas compris ça au début. Donc l'hormonothérapie...

  • Abigaïl

    Tu avais compris quoi au début ?

  • Astrid

    J'avais compris que... J'en sais rien,

  • Abigaïl

    je pense surtout qu'on ne se projette pas à 5 ans.

  • Astrid

    Ouais, ouais, quand on a 27 ans, est-ce qu'on se projette à ça ? Bah c'est ça. Quand on vient de rencontrer son conjoint, est-ce qu'on se projette aussi loin ? Non, c'est vrai, t'as raison, c'est peut-être ça.

  • Abigaïl

    Et du coup, à cette période, tu sentais que déjà, ça avait soudé ton couple ?

  • Astrid

    Ah oui, oui, je pense qu'on a eu cette épreuve difficile, et puis deux ans après, on a eu une très grosse épreuve difficile, qui n'a rien à voir avec des raisons de santé, mais je pense qu'effectivement, quand tu t'es vue malade, quand on se marie, on n'est pas mariés, mais quand on se marie, on dit pour le meilleur ou pour le pire. Maintenant qu'on a eu le pire, je pense qu'on n'aura que le meilleur. Et puis, retrouver quelqu'un qui serait présent pour toi, qui te verrait dans cet état-là et qui ne partirait pas en courant, c'est aussi très précieux. Donc, je pense qu'effectivement, les difficultés qu'on arrive à les surmonter, elles soudent un couple ou une famille en règle générale.

  • Abigaïl

    Et du coup, comment tu as vécu l'hormonothérapie ? Souvent, c'est aussi une période qui est hyper difficile pour les patientes. Parce que justement, il n'y a plus tout ce soutien médical, on se sent un peu abandonné Et puis, c'est le retour que j'ai des patients parfois, pas assez préparés aux effets indésirables des traitements. Alors du coup, comment tu l'as vécu ?

  • Astrid

    Il y a deux choses. En fait, il y a, je pense, l'arrêt de tous les allers-retours avec la radiothérapie. Alors moi, j'avais mon métier, mais je comprends que des gens qui sont retraités, qui en fait vivent autour de ça, ou qui sont même en arrêt de travail. Et en fait, leur relation sociale, c'est un peu d'aller chez le médecin, d'aller en radiothérapie, de voir des gens. Et en fait, je pense que quand ça s'arrête brusquement... tu te dis mince, je suis tout seule chez moi ou on coupe chez moi, ma compagne travaille et je pense que ça déjà c'est assez violent. Et après, tu as effectivement l'hormonothérapie. L'hormonothérapie, c'est aussi très compliqué, surtout quand on est jeune, parce que c'est une ménopause. Et ménopause, ça entraîne tout ce qui va avec, donc perdre de la libido, des sécheresses de la peau et de toutes les voies, voilà, toutes les voies de tout ce qu'on peut avoir dans le corps, donc la bouche, l'anus, tout. Donc c'est compliqué, et puis la radiothérapie c'est aussi des brûlures. Moi par exemple, la radiothérapie, comme c'est au niveau du sein, comme je respire, ils m'ont brûlé un peu trop loin, j'ai quand même fini aux urgences parce qu'ils m'ont brûlé la plèvre. C'est l'enveloppe qui entoure le poumon, et qui à un moment donné s'est nécrosée, s'est détachée, et je ne pouvais plus respirer tellement la douleur est importante. Donc j'ai fini aux urgences une fois comme ça. Donc tu vois, c'est aussi... Tout ça, la radiothérapie et l'hormonothérapie, donc avec tous les effets secondaires, la sécheresse, la perte de la libido, et puis la ménopause, donc prise de poids, la gestion des hormones qui est compliquée, donc ça veut dire fatigué, très fatigué. Tu vois, des fois, je me dis que j'ai des plus fatigués avec l'hormonothérapie qu'avec la petite radiothérapie. Toi, tu m'as posé la question tout à l'heure. Pour moi, la petite radiothérapie, la petite chimiothérapie, pardon, euh... J'y allais mais à part le soleil, il n'y avait pas trop d'effets secondaires. Alors que l'hormone thermique, j'étais hyper fatiguée. Puis ça joue sur les hormones. Donc toutes les femmes ne réagissent pas pareil aux hormones. Mais moi, je réagis beaucoup aux hormones. Et du coup, je pense que la fatigue, c'était dur. Déjà, je suis une grosse dormeuse. Mais alors là, en plus, c'était très, très, très dur.

  • Abigaïl

    Et quand tu as arrêté l'hormonothérapie, tu as ressenti tout de suite ton état de forme ?

  • Astrid

    Alors j'ai eu deux types d'hormonothérapie différentes, j'en ai une par piqûre et j'en ai une par comprimé. Ouais, après, je me souvenais plus. En fait, je crois qu'au bout de quatre ans, j'ai eu que quatre ans d'hormonothérapie. Mais en fait, je me souvenais plus comment j'étais quatre ans après et j'avais pris quatre ans un peu dans la vue. Donc, j'avais plus de 30 ans après. Donc, je me souvenais plus de... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre à cette question. Après, je suis toujours une grosse dormeuse. Mais ouais, je ne sais pas si j'ai... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre parce que j'ai du mal. En fait, en quatre ans, c'est long. C'est long et pas long en même temps. C'est court sur une vie, mais c'est long quand tu as de l'hormonothérapie. En fait, je pense que j'arrivais... Ça faisait même cinq ans avec tous les traitements, si tu veux. Et donc, je n'arrive pas... Je pense que j'ai récupéré un petit peu de l'énergie.

  • Abigaïl

    mais je pense que j'avais vieilli aussi en même temps et que voilà et du coup ce qui est super c'est que tu as toujours eu une communication fluide avec ton oncologue et les équipes médicales qui t'ont suivie et du coup il y a pu avoir ce dialogue à se dire bah ouais mais là il y a une envie d'enfant qui du coup est presque urgente et est-ce que c'est possible de réduire un petit peu et au moins de pouvoir discuter de...

  • Astrid

    Alors moi, dès le début, de toute façon, j'étais hors protocoles, hors statistiques, hors tout. En fait, moi, j'étais exceptionnelle à tout point de vue. Mais non, parce qu'en fait, il y a zéro stat sur les gens de mon âge, ou très très peu, ou pas forcément dans notre pays, et donc c'est des choses qu'en France, on ne considère pas forcément. Et le fait qu'on me change de type d'hormonothérapie, parce que la première ne fonctionnait pas assez, je pense. C'est pareil, c'était hors protocole. Donc en fait, ils ont bidouillé un peu. Et en fait, à un moment donné, ils ont fini par dire Ouais, de toute façon, comme vous êtes hors protocole, un an de plus, un an de moins, écoutez. En fait, l'hormonothérapie, globalement, ça réduit le risque de récidive. En fait, ils estiment à 1% de risque par an de récidive. Donc c'est-à-dire, au bout de 10 ans, 10% de risque d'avoir une récidive. 30 ans, 30%. Comme je suis jeune, ça va vite. Et en fait, l'hormonothérapie fait passer à 0,5% par an. Donc tu divises par deux ton risque de récidive. Et c'est pour ça qu'en fait, ils m'ont dit au bout de 4 ans... C'est pas mal, ça va. Après, ils travaillent de l'humain, et quelqu'un de jeune comme moi, ils n'ont pas eu. Donc, du coup, ils expérimentent un petit peu. Après, c'est vrai que la question, elle était est-ce que je ne me mets pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête en me disant, le but, c'est d'avoir des enfants. mais est-ce que je risque pas à cause d'avoir mon envie d'enfant de ravoir un cancer et que mes enfants soient orphelins ? Je vais à l'extrême, mais en gros c'est ça, tu dis mais si j'ai une récidive et que j'ai pas autant de chances de guérison, parce qu'il y en a qui ont pas cette chance de guérison, est-ce que je risque pas de rendre mes enfants malheureux ? Parce que je veux les avoir mais tu vois, je sais pas si j'arrive à exprimer ça, mais voilà, c'est la balance, tu la pèses, et ça a été On n'a pas arrêté tout de suite. Quand on a posé la question, je pense qu'il y a au moins six mois de délai où justement, c'est ce que je disais tout à l'heure, ils se sont... concerté à plusieurs. Et ça, c'est ce que j'ai apprécié. Je ne sais pas s'ils le font partout, parce que je ne connais pas partout.

  • Abigaïl

    Oui, c'est dans tous les...

  • Astrid

    Que tu aies en fait, pas un, mais quatre ou cinq médecins qui te disent Ok, tu dis ouais, ok. Si les mecs disent C'est bon. Parce que c'était beaucoup des garçons. C'est beaucoup des hommes. Mais si les docteurs te disent Oui. C'est qu'a priori, en plus on est en France, on a quand même pas un bon recul par rapport à mon âge et tout. Mais... c'est qu'ils estiment que c'est bon. Tu leur fais confiance. Après, de toute façon, il faut faire confiance aux médecins parce que toi, tu n'as pas les clés. Tu n'as pas toutes les clés.

  • Abigaïl

    Et justement, le fait que tu sois jeune et que tu ne côtoies pas dans les services des patientes de ton âge, est-ce que tu as eu envie de te rapprocher d'associations pour peut-être côtoyer des patientes qui te ressemblent un peu plus ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, je n'en ai pas eu besoin parce que j'avais ma vie sociale, j'avais mes copains, j'avais ma famille, j'avais mon travail. Et en fait, si tu veux, ça a rajouté un élément de plus à ma vie, mais ça ne m'a rien enlevé. Contrairement à des gens qui, à cause de la fatigue, doivent tout arrêter. Si tu veux, comme j'ai toujours eu ma vie sociale et qu'elle ne s'est pas arrêtée, je n'en ai pas ressenti le besoin. Et encore une fois, parce que maintenant c'était 2017, c'était il y a 7 ans. Il n'y avait pas... Aujourd'hui, je pense qu'en 7 ans, on a développé toutes les aides. Aujourd'hui, quand je vois qu'on propose des ateliers de cuisine, des ateliers de sport, moi, il y avait quelques activités yoga, quelques activités de rencontre, mais... Rencontrer les gens pour en parler, oui, mais en fait, les gens sont dans la détresse et j'avais peur que ça me déprime plus qu'autre chose. Et comme j'avais mes copines et qu'on parlait d'autre chose et qu'on faisait nos soirées, nos sorties, qu'on continue à aller au cinéma, au resto, qu'on continue à partir en vacances, j'en ressentais pas le besoin. Après, chacun est différent parce que l'entourage fait qu'eux aussi, c'est différent. Donc non, j'en ai pas ressenti le besoin.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce qui t'a le plus aidé pendant ton parcours de soins ? C'est hyper dur comme question.

  • Astrid

    C'est l'entourage, je l'ai dit, l'entourage. Parce qu'on avait aussi un petit chien à l'époque, et des fois quand j'étais fatiguée, aller la promener, c'était pas toujours simple. Donc il y a mes parents qui m'ont beaucoup accompagnée, mon conjoint, bien sûr, mais même mes beaux-parents, ma belle famille que je ne connaissais depuis pas longtemps. Je me rappelle, mon beau-frère, il essayait ma perruque pour faire rire tout le monde quand j'avais pas encore mes cheveux qui avaient chuté. Enfin voilà, on l'a fait essayer au chien, la perruque aussi. Voilà, oui. Donc voilà, l'entourage, les copains, tout, l'entourage, l'entourage proche, les amis, la famille, mais aussi, je pense, tout ce qu'on peut... Tu vois, mes supérieurs qui m'ont accompagnée dans me mettre des remplaçants. Quand j'étais en juin, j'y allais tous les deux jours. à Courlancy, faire des prélèvements sanguins, voir si j'ovulais, si je ne vaux plus l'air. Donc en fait, j'étais de 8h à 10h dans le service de Courlancy. Et à 10h, j'avais fini. Enfin, ils n'avaient plus besoin de moi à Courlancy. Donc je retournais à l'école. Et en fait, ils m'ont mis un remplaçant pour toute la fin de l'année. Et du coup, en fait, lui s'occupait de ma classe. Et moi, j'aidais mes collègues. J'organisais la kermesse. Et tu vois, du coup... tu y vas sereinement, tu sais que t'as pas la pression. Voilà, donc, c'est aussi ça d'être soutenue, je pense, dans le travail. Moi, j'ai la chance d'être fonctionnaire, donc c'est vrai qu'on a des aides. Je me dis que si on est autant entrepreneur ou des choses comme ça, c'est peut-être pas la même...

  • Abigaïl

    T'as senti dans ton équipe un vrai soutien et puis qu'on était mobilisés autour de toi ?

  • Astrid

    Ah bah, mes collègues, je veux dire, mes collègues, enfin voilà, ils étaient un réel soutien. Un réel soutien.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu aurais aimé savoir au début de tes traitements et que tu as appris ? Après, s'il n'y a rien, ce n'est pas grave.

  • Astrid

    En fait, le problème, c'est que... Je pense que chaque individu est différent, réagit différemment. Tu ne peux pas savoir si tu vas perdre tes cheveux ou pas, tes ongles ou pas. Tu ne peux pas savoir si l'hormonothérapie, ça va complètement te fatiguer ou pas. Donc je ne sais pas s'il y a des choses que j'aurais aimé savoir, parce que la parole se libère un petit peu quand tu dis que tu es malade. Et en fait, tu te rends compte qu'il y a beaucoup de gens qui ont eu un cancer, ou un cancer du sein, ou un cancer autre autour de toi. Et en fait, chaque parcours est différent. C'est comme chaque enfant, enfin moi je suis enseignante, je compare aux enfants, mais chaque enfant est différent. Et face à une même difficulté, chaque enfant ne réagira pas de la même façon. Donc je pense que c'est pareil pour les gens malades. Donc me donner des exemples de parcours, oui, mais je pense que chaque chose est individuelle. Et en plus, échanger avec des gens, comme il y a peu de gens de mon âge. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Non.

  • Abigaïl

    Et quel conseil tu donnerais à une patiente jeune, par exemple, qui débute ses soins ?

  • Astrid

    Oh là, ouais, c'est une bonne question, c'est une très bonne question. De surtout continuer à vivre. de voir toujours les choses rigolotes dans ce qui peut être pas forcément rigolo et puis de ouais surtout de pas se couper du monde et de continuer à vivre et de continuer avec les copains continuer voilà si elle a un conjoint avec son conjoint de pas et puis de surtout avec le conjoint d'en parler avec le conjoint parce que dire là je suis fatiguée non enfin voilà je pense que de ouais de continuer à vivre parce que je pense que mais c'est ma façon de penser aussi mais ça porte en fait de Et puis de dire les choses aux médecins. Là, je suis fatiguée. Là, ça me fait mal. Là, on a le droit aujourd'hui de dire les choses à son médecin. Je veux dire, moi, quand j'ai une envie d'enfant, franchement... Hormonothérapie, ça me gave un peu. Donc, voilà, c'est de dire les choses. Et je pense que les médecins, aujourd'hui, et encore plus avec les jeunes patientes, ils sont très à l'écoute et très attentifs aux effets secondaires. Alors, j'espère pour... pour les médecins qui aura le moins possible de jeunes parce que franchement c'est pas rigolo mais de dire les choses aux médecins, d'échanger avec eux ils sont là pour ça en fait ils sont pas là juste pour dire tant de chimio non en fait ça va pas,

  • Abigaïl

    ça va pas et puis moi je conseille même à mes patients de noter à l'écrit leurs questions, parce que aussi d'une consultation à l'autre, tu zappes, tu oublies. Aussi,

  • Astrid

    des fois,

  • Abigaïl

    il y a les consultations, elles vont beaucoup trop vite. Et du coup, c'est pareil. Et puis tu restes avec tes questions, et ça, c'est pas bon.

  • Astrid

    Moi, je me suis un peu fâchée avec mon oncologue la première séance, parce que j'étais toute seule. Et en fait, il m'a sorti plein plein. plein plein plein d'éléments et je dis bah attendez est-ce que je peux prendre des notes parce qu'en plus moi j'ai zéro mémoire et une chose sur laquelle la chimiothérapie ne m'a pas aidé c'est perdre de mémoire enfin d'avoir encore moins de mémoire alors après c'est peut-être dû à la fatigue tout ça mais du coup je dis est-ce que je peux noter, il me dit non vous notez pas Parce qu'en fait, si vous notez, vous n'allez pas m'écouter. Ah, effectivement, effectivement, effectivement, je comprends votre point de vue, mais moi, mon conjoint, il va me poser des questions, je ne vais encore jamais savoir à quoi lui répondre. Donc peut-être que c'est aussi un élément qu'on peut conseiller, c'est peut-être si on est un peu débordé par les informations, tout se faire accompagner.

  • Abigaïl

    Oui, ça je suis complètement d'accord. C'est vrai que si on peut se faire accompagner, il y a des informations, des fois il y a un trop-plein d'informations et ça n'imprime plus. Et le fait d'être avec quelqu'un en consultation, du coup ça peut aider.

  • Astrid

    Moi la chance encore que j'ai eue, c'est que j'ai un conjoint qui est dans le médical. Et puis on a des copains qui sont un peu spécialisés en cancéro. Et du coup, c'est vrai qu'on pouvait leur poser des questions. Et moi, je veux dire, il donnait un mot, il savait m'expliquer. Il a fait aussi des recherches sur l'hormonothérapie. Alors moi, quand je voyais les documents qu'il essayait, je comprenais un mot sur deux ces théorèmes. Mais du coup, il savait me traduire. Et ça, j'avoue que c'était super. Et tout le monde n'a pas assez de chance là. Et je pense que ça a joué beaucoup.

  • Abigaïl

    Tu t'es sentie bien informée et du coup ça te permettait d'avoir une bonne communication aussi avec les médecins.

  • Astrid

    Moi du coup j'aimais bien, c'est vrai que des fois je disais à mon conjoint, je dis écoute viens parce qu'il va encore me sortir des trucs, je vais rien comprendre. Alors par contre quand ils savent que t'as accompagné une information, ils parlent encore plus le langage médical et là tu comprends encore moins. Mais bon c'est pas grave, t'as le traducteur qui t'explique après dans la voiture. Mais ouais ouais du coup... Du coup, être accompagné, je pense, et puis ne pas hésiter à dire, Non, en fait, je n'ai pas compris, quoi. Parce que j'osais peut-être pas, alors j'étais jeune, mais maintenant, je pense que je leur dirais, Non, mais attendez, je n'ai pas compris du tout ce que vous m'avez dit. Respiquez-moi avec des mots à re-re-re, parce que... Non, mais il y a des fois... Alors, des fois, ils sont très pédagogues, et puis des fois, ça dépend des gens, en fait. Après, mon collègue était très, très bien, mais c'est vrai que la première séance comme ça, c'était un peu raide, quoi.

  • Abigaïl

    Et maintenant que tous les traitements sont passés, en quoi ton parcours de soins a été transformateur pour toi ? En quoi tu es différente maintenant et qu'est-ce que ça a changé ?

  • Astrid

    Je pense que tu vois les choses comme tous les gens qui ont eu des très très gros coups durs, que ce soit la maladie ou des décès ou dans l'entourage ou avec le Covid par exemple, je pense que les gens comprennent mieux que quand t'as un gros coup dur, tu vois les choses différemment. En fait, il y a des choses, avant t'aurais chipoté et puis maintenant tu chipotes plus, tu dis ouais, en fait, on s'en fiche, c'est qu'un détail de la vie et bon, tu vois, t'as rayé ta voiture, tu fais. Ouais, bon, c'est que du matériel en fait. Comme quand t'as un accident de voiture et quand t'es blessée grave et que ta voiture est bousillée, tu te dis que c'est pas grave parce que je suis encore là. Par contre, si tu poussais ta voiture et que t'as rien, tu te dis... C'est compliqué, mais tu vois, comme tous les gens qui ont des gros coups durs, en fait, il y a des trucs, du coup, ça te passe. Alors après, j'étais jeune, donc je pense que j'avais encore moins de lâcher-pris sur certains trucs, mais ouais, je pense que du coup, tu dis, ça, franchement, c'est pas grave. Franchement, on s'en fiche, quoi. Je pense que c'est la grande leçon du truc.

  • Abigaïl

    Et du coup, si tu participes à ce podcast, c'est que le partage et le témoignage pour toi sont une valeur forte et que tu as envie de partager. Et pour toi, quelle est l'utilité du témoignage ? lors d'un parcours de soins ?

  • Astrid

    Je pense que c'est déjà... On n'est pas tout seul. Je ne connais plus les stats, mais le nombre de femmes qui avaient un cancer du sein par an, c'était... Mais j'avais lu ça dans la salle d'attente de l'oncologue. Je m'étais dit, mais ce n'est pas possible.

  • Abigaïl

    Mais c'est plus dur.

  • Astrid

    Il me semble que c'est 28 000. Ma mémoire... Mais je pense que c'était 28 000 femmes par an en France ont un cancer du sein. Et en fait... C'est ce que je disais tout à l'heure, la parole se libère quand toi tu dis que t'es malade. Et en fait, autour de moi, j'avais trois, quatre personnes qui avaient eu un cancer du sein. Dont une copine que je voyais plusieurs fois par an. J'ignorais tout de sa maladie. Et c'est seulement une fois qu'elle m'a expliqué. Et je pense qu'il ne faut pas s'en cacher. Et il faut justement utiliser son expérience pour accompagner les gens. Voilà le... La transmission de savoir, c'est un peu mon métier, mais je pense que du coup, il faut utiliser ça pour faire de la prévention et dire, mais attention, c'est pas parce que t'as 27 ans, encore plus avec mon âge, je pense que c'est pas parce que t'as 27 ans que tu dois tout prendre à la légère au niveau de ta santé, en fait. Ouais, ouais, voilà.

  • Abigaïl

    En tout cas, mille merci Astrid, c'était vraiment super chouette de faire cette interview avec toi. Même si je dois bien avouer que ce n'est pas facile, quand on connaît la personne, je trouve que l'exercice est encore plus dur. En tout cas, mille mercis. Je pense que tu as participé aussi dans ton parcours, du coup tu m'as impactée professionnellement, ça c'est sûr. Moi je sais que... Je n'exerce plus de la même façon et je n'accompagne pas mes patients atteints de cancer de la même façon. Comme tu le sais, il y a eu aussi d'autres événements dans ma vie qui n'ont fait que. Mais c'est vrai que ton parcours est hyper intéressant et je trouvais qu'il fallait vraiment le partager au plus grand nombre. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère aussi à la naissance du podcast. Et voilà, c'est vrai que... On n'en a pas parlé, mais moi, à l'époque, quand tu nous as annoncé ça, c'est vrai que je me suis sentie tellement, tellement impuissante. Et après, j'ai mené une réflexion autour de comment je prends en charge, moi, mes patients dans mon officine, qu'est-ce que je développe, quelles sont les marques que je mets en place. En fait, je me suis sentie tellement inutile à tes côtés que du coup, après, j'ai vraiment essayé de réfléchir. à comment améliorer les prises en charge dans mon officine. Et c'est vrai que la démarche du podcast, en tout cas, moi, je la trouve hyper intéressante. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère à tout ça. Et c'est vrai que ton parcours m'a beaucoup marquée. En tout cas, merci, mille mercis pour ton partage et puis ton expérience. Et voilà, c'est vrai que là, on va retrouver la petite Manon.

  • Astrid

    Ça fait.

  • Abigaïl

    Et voilà, on va profiter du reste de l'après-midi. Mais en tout cas, merci pour ton témoignage. C'était vraiment très chouette de t'avoir avec moi.

  • Astrid

    Et puis si jamais tu as des patientes ou des gens du podcast qui souhaitent peut-être échanger plus, personnellement ou avoir un échange moi je suis joignable il n'y a pas de soucis, au contraire merci beaucoup et puis je pense que ton podcast il a un réel intérêt pour, voilà, j'aurais aimé peut-être avoir ce podcast et ces témoignages qui m'auraient conforté dans le fait que je ne suis pas toute seule et dans le fait que on est nombreux et que et puis que ce qu'on vit est normal aussi et qu'on s'en sort et qu'on peut être accompagné, qu'on n'est pas tout seul et ça je pense que Voilà, on a tendance à rester chacun dans son coin et je pense que ton podcast libère aussi la parole. On en est à la saison 3 quand même. Donc je pense que vraiment, c'est important de se dire qu'on n'est pas tout seul et ça, ton podcast, c'est très important aussi pour les gens, je pense.

  • Abigaïl

    Eh bien, mille mercis pour tes encouragements.

  • Astrid

    Merci à toi.

  • Abigaïl

    Merci beaucoup. Merci Astrid. Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de note entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook Canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, j'accueille mon amie Astrid. Pas évident de recueillir le témoignage d'une amie, mais diffuser sa parole et son expérience me paraissait essentiel.


Tout d'abord, parce qu'elle était hors norme en terme d'âge. Elle a été diagnostiquée d'un cancer du sein hormonodépendant à seulement 27 ans alors qu'elle venait tout juste de se mettre en couple avec Romain. Le parcours de soin a fait jaillir sur le jeune couple des questions difficiles qu'on ne se pose normalement pas et encore moins à cet âge là, notamment la question de la préservation de la fertilité. Maintenant maman d'une petite Manon, le témoignage d'Astrid est inspirant et porteur d'espoir pour tous les patients en traitement. Merci Astrid pour ta confiance à mon micro, merci pour ton humour décapant et ton franc parlé, et je te souhaite pleins de belles choses pour toi et ta petite famille !


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

N'oubliez pas de mettre un avis et une bonne note sur les plateformes d'écoutes, ça aide à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à le faire connaitre auprès d'un maximum de patients.

N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients, et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Astrid. Bonjour. Je suis ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci beaucoup pour ton temps, merci pour ton partage, ton témoignage. Alors aujourd'hui on est dans un épisode un petit peu spécial parce qu'en fait je te connais, tu fais partie de mon cercle d'amis, je t'ai connue au moment de ton annonce. Et voilà, donc aujourd'hui, c'est peut-être un petit peu moins facile que d'habitude. Mais en tout cas, je trouvais que ton parcours était hyper intéressant à partager. Parce qu'en fait, malheureusement, tu as eu un cancer très jeune. Et tu as aussi eu un parcours de préservation de la fertilité. Tout à fait. Et ça, c'est des choses qui sont hyper intéressantes à aborder. Et c'est vrai qu'on n'en a pour l'instant jamais encore parlé sur le podcast.

  • Astrid

    Et encore pour l'instant, heureusement, assez rare, parce que ça ne concerne les jeunes patientes. Voilà. Pour l'instant, c'est encore assez rare et j'espère que ça le restera. J'entends, voilà. Je l'espère aussi.

  • Abigaïl

    Alors du coup, est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît pour les auditeurs ?

  • Astrid

    Oui, donc je m'appelle Astrid, aujourd'hui j'ai 33 ans, je suis maman d'une petite Manon et je suis accompagnée de mon conjoint depuis quelques années maintenant, qui s'appelle Romain, je suis enseignante, directrice d'école. Voilà.

  • Abigaïl

    Ok, top. Et donc, du coup, tu as rencontré Romain, qui était ami de fac avec nous, quelques mois avant ton annonce, c'est bien ça ?

  • Astrid

    C'est ça, on s'est mis ensemble officiellement en novembre, et on a appris ma maladie en rentrant de nos premières vacances, qui étaient en Corse. En 2017.

  • Abigaïl

    C'était combien de mois que vous étiez ensemble ?

  • Astrid

    Ça faisait 6 mois, à peu près 6 mois qu'on était ensemble. 6-7 mois, environ. Donc c'était tout jeune, mais c'est vrai que du coup, ce n'est pas une petite maladie, ce n'est pas un petit diabète, c'est une grosse maladie, mais c'est quelque chose sur lequel l'enjeu de la vie est abordé par les médecins. Et du coup, on s'est posé la question, est-ce qu'on continue ensemble ou pas ? Et l'avantage, tu l'as dit, c'est que c'est un ami de fac, c'est donc un docteur en pharmacie, et que du coup, il a abordé aussi cette maladie en tant qu'aussi pharmacien. Et en fait, il a peut-être eu moins peur du mot cancer que peut-être des gens qui ne sont pas dans la santé. Et du coup, ça ne lui a pas fait peur. Et on a compté ensemble. Et on voit aujourd'hui cette petite Manon. Donc, quelques années après, voilà.

  • Abigaïl

    Mais c'est vrai que très vite, il s'est posé des questions que normalement, on ne se pose pas tout de suite dans un couple au bout de six mois de relation.

  • Astrid

    Et puis, je pense qu'on ne se pose pas au bout de six mois de relation et qu'on ne se pose pas à 29 ans. parce qu'il y en avait 29 à l'époque et je pense que c'est des questions qu'on ne se pose pas pour sa compagne, qu'on peut se poser pour ses parents, ses grands-parents mais qu'on ne se pose pas sur son couple et sa compagne en fait, effectivement et puis ça entraînait aussi tout un tas de choses, d'autres questions sur est-ce qu'on pourrait avoir des enfants comme c'est un cancer du sein et donc sur tout ce qui peut avoir aussi à trait à la féminité et avoir des enfants du coup voilà, c'est aussi tout un tas de questions que ça engendre

  • Abigaïl

    Est-ce que tu veux bien revenir sur ton parcours de soins, sur l'annonce, nous détailler un petit peu comment ça s'est passé pour toi ? Là, on est parti un petit peu en arborescence d'emblée, mais je pense qu'on va revenir point par point sur tout ça pour qu'on puisse bien comprendre.

  • Astrid

    C'est l'intro avant et puis c'est la fin. Tout à fait. En février 2017, en partant au sport d'hiver, J'ai eu un choc avec un anglais. Et en fait, suite à ça, j'avais mal au sein, aux côtes, ce qui est normal avec un choc. Et puis, en faisant une petite autopalpation, je me suis rendu compte qu'il y avait une boule dans mon sein. Et je me rappelle très bien justement avoir envoyé un SMS à Romain disant Écoute, j'ai une boule au sein. Et en rigolant, en disant J'ai un cancer. Mais vraiment, c'était sur le ton de la présenterie. On est assez humour noir encore plus aujourd'hui. Et du coup, voilà, il a dit mais non, et dans ma famille, toutes les femmes ont beaucoup de kystes. Et c'est vrai que j'en ai eu plusieurs, donc aucune inquiétude. Je lui ai dit 27 ans, impossible, c'est pas possible, il n'y en a pas dans ma famille. Ma grand-mère, mais qu'elle avait 90 ans. Impossible, quoi. Donc, c'est tout. Et puis, j'oublie. J'avais pas mal. J'oublie. Ça passe. Et puis, un jour, je me dis, mince, elle est encore là, cette boule. Et je me suis souvenue d'une affiche qui était vieille comme le monde, complètement décolorée, dans la salle d'attente de ma gynéco. Heureusement, merci la gynéco d'avoir toujours du retard au rendez-vous, parce que cette affiche, je l'ai lue et relue et re-relue. Et donc, je me fais une autopalpation, bien vraiment me souvenant des 4, 5 étapes et tout. Je me dis, c'est bizarre, encore là. Bon, je me dis... Ça ne coûte rien d'aller chez la gynéco, elle me suivait d'habitude. Et puis donc je vais chez la gynéco, autopalpation, oui effectivement une boule. Après je sais qu'elle suivait aussi ma mère et elle dit je sais que votre mère fait beaucoup de kystes, que vous en avez déjà eu. Bon écoutez, par précaution, je vais vous envoyer chez un médecin qui est spécialisé dans l'écho, la mamo, et on va voir ce qu'il dit. Donc voilà, vacances d'avril, parce que je suis enseignante, donc sur les vacances scolaires d'avril 2017, je vais faire cette biopsie, mais vraiment, enfin cet écho, mais vraiment, mais à 12 mille lieues d'imaginer ce que j'avais en moi, quoi. Et le médecin, le docteur à l'époque me dit, écoutez, j'ai un petit doute, on va faire une biopsie. Alors on va... Je me dis, bon voilà, je suis jeune. Mais vraiment, et en fait, je pense qu'il savait. Je pense qu'il savait. Vieux singe, il m'a dit, un vieux singe comme moi, des fois, on a des doutes, vaut mieux. Et en fait, après, je me suis dit, mais c'est sûr, il savait. Mais il n'a pas osé me le dire. Il voulait attendre les résultats. On part en vacances. Comme il y avait dix jours à peu près d'attente, on part en vacances. On revient en vacances. La gynéco m'appelle deux fois de suite. J'étais en rendez-vous à la banque, je me rappelle. Je m'appelle deux fois de suite, je me dis mince, c'est quoi ce bazar ? Puis j'avais fait un frottis en même temps, donc je me dis bon, peut-être un petit truc avec le frottis, un truc. Et là, je me rappellerai, et c'était la mère d'une copine, pas mon âge, que je connais depuis toujours, chez qui je suis allée jouer, ma gynéco, donc voilà. Et je la vois, je la verrais toujours s'asseoir dans son fauteuil, écoute, il me dit, écoute Astrid, il faut que je t'annonce quelque chose. Ta biopsie n'est pas bonne. Je dis quoi ma biopsie pas bonne ? Je dis ma biopsie... Moi j'étais vraiment partie sur le frottis. Impossible, impossible mon sein de penser que c'était ça. Je dis non, ta biopsie du sein. Je dis, mais je ne comprenais pas. Et là, elle me dit, tu as un cancer. Je dis, la vache. Là, j'ai pleuré, je me suis effondrée. J'ai dit, mais comment c'est possible ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ce n'est pas normal. Pourquoi moi, je ne fume pas ? Je ne bois pas ? Je dis, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi moi ? Et elle m'a gardé une heure en pleurs. Mes parents n'étaient pas là. J'ai appelé Romain qui est venu me chercher.

  • Abigaïl

    tout s'est enchaîné voilà donc ça c'était la découverte mais t'aurais préféré être accompagnée pour cette annonce parce que là ça a été hyper violent

  • Astrid

    je sais pas parce que Je ne sais pas, non. Après, moi, je la connaissais, la gynéco. Elle a été tellement bien. Elle a été bienveillante. Elle a su avoir les bons mots. Et c'est quelqu'un avec qui j'étais en confiance. C'est vrai que ça aurait été le docteur qui m'a fait mon écho, qui était en plus assez froid, qui est très compétent, mais qui était assez froid, genre docteur Raoult. Je me suis dit peut-être que là, c'est quelqu'un que je connaissais. Et puis, c'était une femme. une femme qui était douce, voilà. Donc du coup, non, alors là, moi, je reviendrai pas. Enfin, être accompagnée, c'est aussi pas voir ce moment où toi, tu te déchires. Et en fait, moi, je suis comme ça, je pleure un bon coup. Et après, je me dis, bon, prochaine étape. Tu vois ? Je vide mon sac. Et la gynécologue m'a dit, mais même, c'est très bien. Enfin, je veux dire que je préfère ça que quelqu'un qui dit rien et qui, en fait, va s'effondrer longtemps après. Voilà.

  • Abigaïl

    C'est marrant parce que la psychologue que j'ai interrogée m'a dit exactement la même chose. Tout ce qu'on ne peut pas verbaliser, c'est ça qui est pire en fait. Oui.

  • Astrid

    Donc moi, j'ai posé toutes les questions du monde. Alors, elle ne pouvait pas y répondre la gynéco. Pourquoi moi ? Pourquoi mon âge ? Voilà. Et puis après, Romain me l'a fait.

  • Abigaïl

    Elle ne savait sûrement pas l'expliquer d'ailleurs.

  • Astrid

    Non, et puis on ne sait toujours pas l'expliquer. J'ai fait de l'oncogénétique, on ne sait toujours pas l'origine.

  • Abigaïl

    Oui.

  • Astrid

    un stress, enfin, il y a tellement d'hypothèses sur le cancer, pourquoi plus une personne qu'une autre ? On ne sait pas, c'est en nous, puis un jour, ça se réveille, puis voilà.

  • Abigaïl

    Et puis tu n'avais aucun facteur d'hérédité ?

  • Astrid

    Je ne buvais pas, je ne fumais pas. Parce que c'est quand même de... Je ne bois quasi jamais d'alcool. C'est clair. Alors, je n'ai pas toujours une hygiène alimentaire, mais je faisais du sport. Enfin, voilà, je dors. J'étais jeune, j'ai fait la fête comme tout le monde. Mais pas à l'extrême. Enfin, voilà. Donc, il n'y a pas d'explication. Après... Je pense que c'est comme tout, il faut en faire une force. Et c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici, que je suis très contente d'être ici, parce que du coup, moi, j'en profite pour passer le message et que ce n'est pas parce qu'on a 20 ans ou 25 ans ou 30 ans qu'on ne peut pas être touché par ça et qu'il faut négliger ces petits détails. Et aujourd'hui, moi, c'est ce que j'ai dit, c'est ce qui m'a sauvé la vie, c'est qu'aussi, on est dans un système en France avec la sécurité sociale, les gens souvent râlent sur la sécurité sociale, mais... Sans la sécurité sociale, je serais morte. je serais morte parce que je n'aurais pas pu payer mes soins, parce que je ne serais pas allée chez la gynéco aussi facilement. Voilà, donc on a quand même la chance d'être dans un pays où la médecine, elle nous sauve la vie. Elle nous sauve la vie.

  • Abigaïl

    Oui, c'est clair. Les messages de prévention, ils sont hyper importants. Et c'est vrai que je pense que chaque occasion est... est bonne pour diffuser des messages comme ça, parce que c'est vrai que quand on est jeune, peut-être que des fois on se sent intouchable, et ce n'est pas le cas. Il faut avoir un bon suivi gynéco, c'est hyper important.

  • Astrid

    Donc moi je rappelle à mes copines tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps, généralistes c'est bien, ils savent nous accompagner mais ils sont aussi débordés et je pense qu'aujourd'hui dans la médecine il y a des spécialités parce que justement il y a des besoins particuliers, notamment chez les femmes ou avec les hormones, enfin on en reparlera tout à l'heure parce que ça a eu un gros rôle les hormones, mais où les hormones des fois on le sait si on a été enceinte, on le sait que ça peut des fois... être fou.

  • Abigaïl

    Et du coup, suite à ce choc, Romain vient de chercher. J'imagine que tout de suite, tu lui en parles.

  • Astrid

    Il est venu chez la gynéco et on en a parlé tous les trois. Moi, j'ai compris. Mais après, elle m'a parlé de tout ce qu'elle allait suivre. Et moi, j'étais en blackout. Et d'avoir Romain qui, en plus, parle le langage. Moi, ça m'a vraiment aidée. Autant, si tu veux, dans l'annonce d'être seule, je pense que ça permet aussi d'avoir un... Par contre, d'être accompagnée juste après dans... Parce que les termes médicaux... Des fois, puis à 27 ans, excuse-moi, j'allais chez le médecin une fois par an pour mon certificat pour faire du sport. Donc je n'avais jamais eu... Souvent, on me demande, est-ce que vous avez les antécédents ? Je dis, avant le cancer, rien du tout. Je suis en pleine peau. Après le cancer, je suis en pleine peau. Non, mais par rapport à quelqu'un qui a du diabète, où c'est très... Ça, c'est tout le temps. Je veux dire, moi, j'ai eu des années compliquées avec le cancer. Et maintenant... Oh. Pour moi, c'est pas derrière moi, parce qu'il y a des restes, il y a des cicatrices. Mais globalement, médicalement parlant, je suis en pleine peau. Merci la Sécurité sociale française, et les médecins, et les pharmaciens.

  • Abigaïl

    Et du coup, ton laps de temps après, tu as commencé les traitements hyper rapidement, j'imagine.

  • Astrid

    Alors, tout à fait. Après, ça s'est très vite enchaîné. Vu mon âge, effectivement, il fallait agir très rapidement.

  • Abigaïl

    Il fallait tapé fort tout de suite.

  • Astrid

    Oui. Alors... Ils ont voulu taper fort tout de suite, oui et non, parce qu'il faut quand même organiser les soins. Et je peux dire là où j'étais suivie ou pas ? Si j'ai été suivie à Courlancy, à la polyclinique de Courlancy, qui est très connue pour justement le cancer du sein. et du coup ils s'organisent ils font des réunions pluridisciplinaires en fait qui permettent d'avoir l'avis du gynéco, de l'oncologue du radiologue tout ça et je trouve que ça c'est hyper important parce que du coup ils se mettent tous ensemble et ils te créent un protocole de soins donc ça a été vite et pas vite en même temps et en plus il a fallu me faire comme je n'avais pas d'enfant ils ont préféré faire une préservation de fertilité alors après tout ça c'est des termes un peu médicaux mais Comme en fait mon cancer était d'origine hormonale, après les gros traitements chimio et radiothérapie qui ont lieu l'été, donc juin, juillet, août, Il y a eu la radiothérapie ensuite. Pendant cinq ans, ils m'ont mis en hormonothérapie. L'hormonothérapie, ça coupe les hormones. En fait, c'est une ménopause chimique pour être sûre de couper mes hormones et pour être sûre que mes hormones ne recréent pas une récidive. Et donc, pendant ce temps, pas de grossesse possible, parce qu'on n'a pas d'hormones et que c'est les hormones qui nous aident un petit peu à avoir des enfants. Et ils ne savaient pas, vu mon âge. Il n'y a aucune statistique. Et donc, ils ne savaient pas si mon corps allait reprendre après. Donc, avril, on m'annonce ma maladie. Mais je vais chez le gynécologue chirurgien qui m'a opéré. En parallèle de ça, j'avais de la préservation de fertilité où j'allais tous les deux jours à la clinique. C'est un petit peu parallèle à la PMA. C'est un peu le même principe, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons. PMA, c'est quand on a des difficultés à avoir des enfants. La préservation de fertilité, c'est juste pour congeler, je ne sais pas s'il y a un terme médical, mais pour congeler des embryons ou des ovules en cas justement de complications derrière le traitement.

  • Abigaïl

    Et du coup, est-ce que maintenant que tous les traitements sont derrière toi, on sait si ta fertilité a repris normalement ?

  • Astrid

    Je crois que la petite Manon parle par elle-même. Ah,

  • Abigaïl

    parce que du coup, ce n'était pas suite ...

  • Astrid

    Non, non, Manon, elle est venue tout à fait naturellement. On a arrêté l'hormonothérapie il y a maintenant un an et demi. Au bout de quatre ans, j'ai un peu négocié parce que j'en avais.. c'était un peu long. et qu'on voulait des enfants et que on commencait à prendre un petit peu d'âge et qu'on s'est dit se lever la nuit, voilà, on a commencé à avoir de l'âge et on ne sait plus si on aura la patience. Mais en fait, on a arrêté l'hormonothérapie. On avait trois mois où il fallait attendre que tout le médicament soit éliminé. Système de demi-vie apparemment. dans le jargon pharmaceutique. Et non, non. En fait, dans mon malheur, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que Manon, premier cycle naturel, Manon est apparue.

  • Abigaïl

    C'est vrai que je ne t'ai jamais posé la question. Je ne savais pas si Manon venait...

  • Astrid

    Non, non, Manon. Et on m'a dit, oh là là, attendez, pas avant un an, un an et demi après l'arrêt du médicament. Donc en fait on s'y attendait pas trop du coup ça a été un petit peu surprenant. Le test je dis il y a deux barres sur le test alors mon conjoint à l'époque me dit bah c'est le Covid. On les entend, tu sais l'humour noir. Et non non c'était petite Manon. Alors on l'appelait Mininou à l'époque parce qu'on lui avait pas donné de nom mais c'était Mininou qui avait déjà pointé le bout de son nez dans mon petit ventre. Et voilà donc. Effectivement, on a eu beaucoup de chance et même les médecins étaient surpris. Mais pendant la préservation de fertilité, ça s'est très bien passé. On a réussi à avoir beaucoup d'ovules et beaucoup d'embryons. Et donc, on savait qu'au niveau fertilité, il n'y avait pas de problème. Mais est-ce que mon corps allait reprendre après ? On a la réponse.

  • Abigaïl

    D'accord. En tout cas, merci pour ta franchise. C'est vrai que je ne t'avais même jamais posé la question avant l'interview. Et c'est vrai que ce n'était jamais vu.

  • Astrid

    Tu pensais que c'était une question d'avant ? Non, tout naturel.

  • Abigaïl

    Du coup, on a loupé beaucoup d'étapes. On va revenir un petit peu en arrière. Et donc, du coup, est-ce que tu t'es fait opérer tout de suite ?

  • Astrid

    Alors, je me suis fait opérer en, je ne sais plus vraiment exactement les dates, fin mai, début juin. En même temps, on m'a fait un premier prélèvement d'ovocytes, d'ovules, pendant mon opération du sein. Je suis restée une journée et demie à l'hôpital. Et puis après, trois grosses chimiothérapies. Fin juin...

  • Abigaïl

    Et c'est une question bête, mais le fait de stimuler hormonalement, il n'y avait pas des risques ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, tu me corrigeras si je me trompe, tu sauras plus que moi, mais on a un certain nombre d'ovules disponibles dans nos ovaires. Et en fait, la stimulation fait... que c'est un petit peu plus rapide. C'est-à-dire que peut-être que je serai en ménopause un peu plus tôt. Mais en fait, c'est juste qu'il n'y en ait qu'un. Un ovule qui sort par... Non,

  • Abigaïl

    mais par rapport au développement du cancer à cette période-là ?

  • Astrid

    Ah non, parce que non, c'était calculé. Ce n'est pas tout à fait les mêmes types d'hormones. Il y a plusieurs types d'hormones.

  • Abigaïl

    Non, mais c'est juste que je me demandais si ça impactait.

  • Astrid

    Non, si tout le fond, c'est que ça n'impacte pas. De toute façon, c'est avant la chimiothérapie, avant la radiothérapie, donc des PET scans, des machins. Parce qu'on était hyper suivis, surtout à mon âge. Donc non, non, non, non. Je pense que si... Enfin, au jour d'aujourd'hui, même si je suis jeune, ils ont quand même assez de recul. C'est pas tout à fait... C'est pas les mêmes hormones, il me semble.

  • Abigaïl

    T'as des stimulations sur un temps très court aussi.

  • Astrid

    C'est ça. Moi, ils m'ont stimulée sur un mois et demi. En fait, on a fait deux cycles.

  • Abigaïl

    Ouais, ça a été hyper court.

  • Astrid

    On a fait deux cycles. On a fait deux cycles pour être sûr d'avoir un minimum. Et comme ça s'est très bien passé au niveau de la stimulation, du coup, après, on a enchaîné. Et de toute façon, une fois qu'on avait même fait un cycle, ils ont dit, dès qu'on peut, on lance les...

  • Abigaïl

    C'est ça, je pense que de toute façon, ils ne t'auraient pas laissé trop...

  • Astrid

    Non, il fallait agir dans l'urgence, entre guillemets. Il y a eu deux mois entre mon annonce et le début des traitements lourds, mais il fallait quand même agir rapidement. Après, une fois que la tumeur était enlevée, les risques étaient... Quand on m'a enlevé ma tumeur, on m'a fait un curage. Enfin, on ne m'a pas fait de curage, justement. On a regardé au niveau des ganglions sous les bras. Si les ganglions étaient atteints, parce que c'est par là que va se faufiler ce satané cancer pour aller faire des métastases. Et donc, ils regardent le premier ganglion, le deuxième ganglion, et ils enlèvent tous ceux qui sont malades. Et en fait, moi, les deux premiers étaient sains. Donc ils n'ont pas fait de curage, parce que sinon on nettoie tout pour éviter les récidives. Et moi je n'avais pas ça. Donc du coup...

  • Abigaïl

    Et t'as eu une reconstruction tout de suite après ? Ou comment ça s'est passé ?

  • Astrid

    Une reconstruction mammaire ? Non, on m'a enlevé une bonne partie de mon sein, ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai un sein beaucoup plus gros que l'autre. Et quand j'étais enceinte... En fait j'ai un sein qui est mort, on va dire. Parce que quand j'étais enceinte, j'ai bien vu, j'ai eu une montée de lait que sur un sein. Donc, non, non, il y a un sein qui est mort, mais on ne m'a pas fait une ablation du sein. On m'a juste enlevé un cône, en fait, qui fait à peu près, moi je n'ai pas des gros seins, donc ça fait à peu près un tiers de mon sein. Mais voilà, non, il n'y a pas eu besoin de reconstruction.

  • Abigaïl

    D'accord. Et toi, tu ne ressens pas le besoin ?

  • Astrid

    Alors c'est vrai que des fois c'est un peu compliqué, surtout quand j'étais enceinte, j'avais un... ben on a les seins qui gonflent un peu quand on est enceinte, donc j'avais un sein qui restait tel quel et un sein qui gonflait. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué des fois pour s'habiller. Bon, après, ça va encore. C'est pas... Par ça, ça va.

  • Abigaïl

    Et donc, après, t'attaques les gros traitements de chimio.

  • Astrid

    Effectivement, la chimiothérapie est en deux étapes. Trois grosses chimiothérapies très lourdes. Je ne me rappelle plus le nom.

  • Abigaïl

    T'inquiète, on s'en fiche. On en avait parlé,

  • Astrid

    mais voilà, c'était des très grosses chimiothérapies. Donc, j'allais... au centre de chimiothérapie de Courlancy, où j'y passais la demi, donc j'étais emmenée par taxi, ramenée par taxi, parce que c'est les chimiothéramies qui te font tomber les ongles, alors je n'ai pas eu, heureusement ça, qui te font tomber les cheveux, les sourcils, les poils. L'avantage, c'est que plus besoin d'aller chez l'esthéticienne. Je vous avoue que là-dessus, c'était très agréable, mais bon. Voilà, mais non mais écoute, il faut voir des avantages dans chaque difficulté, donc voilà, c'est commun.

  • Abigaïl

    Mais moi j'ai toujours adoré ton humour pendant cette période vis-à-vis de ces sujets-là, non mais c'est vrai !

  • Astrid

    Il faut le dire, mesdames, voyez le bon côté des choses, plus besoin d'esthétienne, vous allez faire des économies. Mais non mais voilà, bon après ce qui est plus compliqué par contre, c'est sourcils et cheveux, parce que c'est les cils. En plus moi j'ai des grands cils, donc effectivement c'était compliqué, surtout que j'étais enseignante. Moi j'ai continué, alors à part juillet-août où je suis en vacances, où c'était d'ailleurs les gros chimios, mais quand je suis revenue en septembre en classe, parce que je n'ai pas été en arrêt, sauf pendant la chirurgie, c'était compliqué vis-à-vis des enfants. Parce que j'avais une perruque qui était assez sombre et j'avais la peau très claire et je n'avais plus de sourcils. Donc quand je revois les photos de moi à cette époque, vraiment, en fait à l'époque je ne me voyais pas malade, mais après je me... Et en fait il y a plein de parents d'élèves qui m'ont dit non mais on le savait, mais on n'a jamais rien dit.

  • Abigaïl

    Et du coup, c'est intéressant l'attitude des enfants vis-à-vis de ton absence de sourcils et de ta perruque. C'est vrai que ce n'était pas ta couleur naturelle.

  • Astrid

    Non, je suis blonde et j'avais pris une perruque brune pour changer, mais je n'aurais peut-être pas dû.

  • Abigaïl

    Et comment les enfants réagissent ?

  • Astrid

    Les enfants, pas, parce que j'étais en maternelle et je pense que les enfants sont un peu candides à cet âge-là. Ils prennent tout. Ils sont neutres, ils sont cool. C'est plutôt les parents qui vont se rendre compte. Mais après, les parents ne vont jamais embêter. Tu es absente, je te dis, de septembre à décembre, j'ai été absente trois demi-journées pour faire mes chimios et ma radiothérapie. Mais mon conjoint est pharmacien, donc il fait des grosses journées. Toute la journée chez moi, à tourner en rond. C'est pas du tout mon style. Et avec des enfants de 3 ans qui viennent te faire la blague sur le banc Pipi, caca, popo, maîtresse ! Et comme ça, t'as juste envie de rire et en fait, t'oublies que t'es malade. Et je trouve que c'est important et être toute seule à ruminer chez moi, c'est pas du tout mon style. Quand j'ai été opérée, j'étais en arrêt obligatoire pendant 5 semaines. Première semaine, j'avais un peu mal, c'était un peu pénible, donc j'étais contente d'être chez moi. Deuxième semaine, j'envoyais des selfies En me levant à 9h à mes collègues en les narguant, troisième semaine, j'allais manger avec eux à l'école de midi parce que j'en pouvais déjà plus. Donc voilà, mais c'est ça. Après, chacun est différent, mais moi, je ne peux pas rester enfermée chez moi.

  • Abigaïl

    Mais pendant cette période, tu as quand même eu des effets secondaires. Comment tu les as gérés par rapport à la fatigue, par rapport à tout ça ?

  • Astrid

    Alors, la chance vraiment que j'ai eue, c'est que mes trois... Les grosses séances de chimiothérapie ont eu lieu juin, juillet, août. Et qu'en fait, j'ai eu des effets secondaires. Je peux les donner, donc c'est chute des cheveux, chute des sourcils, chute des cils et de tous les autres poils. Et fatigue, je n'arrivais pas à monter les escaliers certaines fois, c'est mon conjoint qui me portait. Nausée, enfin voilà, tout ce qu'on imagine de la chimiothérapie, sauf la chute des ongles que je n'ai pas eu heureusement.

  • Abigaïl

    On mettait du vernis pour que ça...

  • Astrid

    Oui, on mettait du vernis sortissant, mais je n'ai pas eu du tout d'éléments. Même les cheveux, on m'a fait poser un casque réfrigérant, mais ça n'a rien fait. L'oncologue m'a dit qu'il y a peu de chances que ça fonctionne. J'avais essayé, mais voilà, nausée. Il y a des trucs encore aujourd'hui où je suis dégoûtée. Parce qu'on m'avait dit de bien manger, bien boire pendant les chimios. Et ce que j'ai mangé pendant les séances de chimio, j'en ai eu la nausée. Ce n'était pas à cause des aliments, mais ça reste.

  • Abigaïl

    Ça t'a dégoûté de quoi ?

  • Astrid

    Ça m'a dégoûté de la pétrisane. C'est un type de pain. Parce que j'avais mangé les pétrisanes chocs. C'était du pain avec des petits pépites de chocolat. Et alors là, c'était ma première chimio. Alors je ne peux pas, toujours pas.

  • Abigaïl

    Pour toi, c'est associé à jamais.

  • Astrid

    En fait, t'as eu envie de vomir ça. Du coup, je pense que voilà. Et les rostis, c'est les galettes de pommes de terre. Un jour, je me suis enflammée. D'habitude, j'étais malade tout de suite après la chimio. Et là, au bout de deux heures, je dis rien. Oh, magique ! Super ! Du coup, j'ai trouvé ça, les rostis, ça me faisait trop envie, bien gras. Je me suis dit, super ! Ah ben non, deux heures après, j'ai eu plus. Et du coup, je ne peux toujours pas. Donc voilà. Après, il y a eu la viande rouge, tout ça, mais c'était plus en fond. Et après, c'est revenu.

  • Abigaïl

    T'as une modification du goût ?

  • Astrid

    Goût, odorat. Et je pense qu'aujourd'hui, ça reste encore. De toute façon, il y a des séquelles. Donc, ceux qui ont eu le Covid connaîtront. Parce que perdre du goût, perdre de l'odorat... Alors, perdre du goût et de l'odorat, oui et non. Quand mon conjoint faisait cuire un steak haché, j'avais envie... De hurler parce que justement quand la viande me dégoûtait, je sentais. Mais c'est vrai que le goût et l'odorat sont différents. Je ne sais pas si on peut dire qu'ils s'en vont, mais c'est différent. Peut-être qu'on sent plus le métal quand on mange quelque chose, une viande rouge. Ouais, c'est différent.

  • Abigaïl

    Comment tu as géré la chute des cheveux ? C'est une étape qui est ultra difficile pour beaucoup de patientes. Et surtout quand tu es jeune, tu as le regard des autres. C'est aussi montrer à l'extérieur que tu es malade. Comment tu as géré ça ?

  • Astrid

    Je sais pas si je l'ai géré en fait, je me suis pas posé la question. Moi là je suis déchevée, il était clair que pour aller à l'école je voulais pas y aller avec un bandeau ou un bonnet, parce que pour moi c'était trop flagrant, c'était l'occasion de tester d'être brunette. Mais je me suis pas posé la question en fait, jamais, à aucun moment. Après j'ai vite enlevé la perruque parce que c'est chaud, c'est pas agréable. Mais je me suis jamais trop posé la question en fait de... C'est comme ça, et puis de toute façon on fait diable. Pas trop le choix, à part de... Non, je me suis pas posé la question. C'est vrai que tu me la poses là, mais je m'en suis jamais trop... J'ai jamais réfléchi à ça. Après, c'est plus quand tu te regardes chez toi, quand t'enlèves la perruque, là, c'est plus violent. Parce que... Clairement, tu t'es jamais vue sans cheveux en fait. C'est clair. Tu t'es jamais vue sans cheveux, même quand t'attaches tes cheveux, t'as toujours la frange le dessus. Enfin voilà, c'est plus là où c'est violent. Après, je vais pas dire mon... Si, je vais le dire, allez, soyons fous. On en a fait avant que mes... Parce que moi j'ai des cheveux longs, mi-longs, enfin bon, un carré un peu long. Et c'est vrai que du coup, j'avais jamais eu les cheveux courts. Et du coup, on en a fait... Je vais dire, on est horrible. On en a fait un moment... je vais pas dire agréable, mais un moment rigolo où en fait c'est mon conjoint qui m'a coupé les cheveux. Je suis allée chez le coiffeur, c'est mon conjoint qui m'a tondu les cheveux et il s'amusait à faire des dessins, enfin voilà, avec la tondeuse, non mais enfin quitte à perdre les cheveux autant voilà. Parce que moi je voulais pas retrouver des touffes de cheveux dans mon lit, donc je me suis dit en fait quitte à être chauve dans trois semaines et puis en plus ça part par partie, donc tu as des trous, enfin je trouve. Donc j'ai dit à mon conjoint, écoute fais toi plaisir, donc il s'est fait plaisir et puis voilà. Donc il s'en souvient toujours, on en parle encore des fois mais voilà. Donc ça a été un moment rigolo, enfin voilà, il faut toujours voir le bon côté des choses dans le mauvais et du coup c'est des moments aussi qui soudent aussi je pense.

  • Abigaïl

    Ah bah c'est clair.

  • Astrid

    Voilà. Bah c'est une des rares personnes qui m'ont vu, qui m'a vu sans cheveux. Parce que la nuit, bon je portais mon petit bonnet mais pas toujours donc après je connais pas toujours son regard par rapport à ça. On l'a vécu, mais on n'en parle pas toujours tout le temps. Parce que la vie fait que aussi. Après, on a d'autres choses. Mais voilà, il y a lui qui m'a vu sans cheveux et des copains chez qui on est partis en vacances à l'étranger, à La Réunion. Et voilà, c'est tout. Mais c'est vrai que...

  • Abigaïl

    À l'époque, il y avait une sociététicienne qui t'avait conseillée, qui t'avait fait des essais perruques ?

  • Astrid

    Non, alors, aujourd'hui, ça a changé, notamment au niveau de Courlancy, où ils ont une association, je ne sais pas si on peut en parler, de l'association Lise, qui accompagne beaucoup plus. À l'époque, ça n'existait pas, et du coup, en fait, je me suis un peu débrouillée toute seule. J'ai tapé perruquier, l'oncologue m'avait un peu accompagnée mais je trouve que aujourd'hui ça a bien évolué mais à l'époque il n'y avait pas trop d'accompagnement là-dessus. Donc on a trouvé un perruquier, je ne sais pas si ça s'appelle comme ça, des coiffeurs souvent qui accompagnent dans la chute des cheveux. Et on a acheté une perruque qui coûtait les yeux de la tête et en fait je pense qu'on n'a pas été chez la bonne personne qui ne nous a pas forcément bien accompagné mais on n'avait pas trop le choix à l'époque. Aujourd'hui il y a des associations qui accompagnent. Voilà.

  • Abigaïl

    Tu te rappelles du prix ?

  • Astrid

    Oui, je me rappelle du prix parce que la Sécurité sociale ne rembourse pas grand-chose. C'était 450 euros. 450 ou 500 euros.

  • Abigaïl

    De ta poche ?

  • Astrid

    Je crois que la Sécurité sociale prenait 20 ou 30 balles. Parce qu'en fait, c'est du confort.

  • Abigaïl

    Je crois que ça a bien changé.

  • Astrid

    Ça a peut-être bien changé aussi. Et le problème, c'est que ma complémentaire ne voulait pas le prendre en charge parce que j'étais à 100%. Et 100%, ça veut dire que c'est la Sécurité sociale qui prend tout en charge. Non, qui prend 100% de la partie sécure en charge et la complémentaire. Estimez que du coup, c'était pas à l'intervenir. Encore là, j'ai eu de la chance d'être accompagnée par mes supérieurs, mon inspecteur de l'époque. Donc mon super hiérarchique qui m'a orientée vers l'assistante sociale de l'éducation nationale, qui a un fonds social et qui a accompagné financièrement ses dépenses, qui m'a dotée d'une petite enveloppe, enfin une belle enveloppe, qui m'a permis de payer ma perruque et de payer toutes mes franchises de médicaments. Parce qu'à chaque fois qu'on achète une boîte de médicaments, on a 50 centimes de franchise. À chaque fois qu'on fait un trajet en taxi, allez ! Les analyses aussi. Les analyses, en fait, à chaque fois, on a une petite partie qui n'est pas remboursée. Et en fait, quand on les cumule petit à petit, on monte très vite. Et du coup, on l'a pris un peu de plein fouet. Et du coup, je ne dis pas que je n'avais pas d'économie, mais du coup, sortir une somme comme ça alors qu'on est malade, c'était un peu compliqué. Donc là encore, j'ai été bien accompagnée par...

  • Abigaïl

    Tu conseilles à... à n'importe quel patient, d'au moins se renseigner auprès des assistantes sociales.

  • Astrid

    Oui, je ne sais pas s'il y en a partout, mais je sais que nous, dans la fonction publique, on a des gens qui peuvent accorder à l'éducation nationale, on a des assistantes sociales. Mais ce n'est pas forcément que pour les gens qui sont malades, ça peut être des gens qui divorcent. Dès qu'on est en détresse un petit peu sociale... financière, on a ces assistantes sociales qui peuvent nous accompagner. Aussi bien vers l'orientation. Mais comme une assistante sociale qu'on pourrait imaginer classique, sauf que là, c'est dédié aux professionnels de l'éducation nationale. Mais personne ne sait que ça existe. C'est un truc de fou. Et en fait, c'est que quand on est le nez dans les complications que du coup, on entend parler d'elle.

  • Abigaïl

    Et... Et du coup, là, on a pas mal parlé de tes traitements de chimio, qui sont les gros chimios qui sont tombés pendant les grandes vacances. Après, les petits chimios, donc ça du coup, enfin, un petit chimio, c'est vraiment une mauvaise façon de parler.

  • Astrid

    Oui, par rapport aux gros, c'est-à-dire qu'il y a moins d'effets secondaires. C'est pour ça que j'appelle ça des petits chimios, parce que c'était toutes les semaines. Contrairement aux gros, c'était toutes les trois semaines. Ce que je n'ai pas dit aux gros chimios, c'est que j'avais aussi une chute de mes défenses immunitaires, et donc j'avais des piqûres. qui faisait mal aux os. Enfin, Donc, c'est en fait, quand je dis petite et gros chimio, c'est par rapport à tous les effets secondaires. C'est le vécu, en fait.

  • Abigaïl

    Et du coup, avec ces cures de chimio toutes les semaines, tu as repris le travail ?

  • Astrid

    En septembre, le 1er septembre, j'étais dans ma classe. Je me suis arrangée. En chimio, ils étaient super parce qu'ils s'arrangeaient. En fait, je quittais à 16h30. Non, je quittais à 16h30 ou 15h30, je ne sais plus, 16h30. Et j'attendais un petit peu que les enfants s'en aillent. Et à 16h45, le taxi venait me chercher devant l'école. m'emmener à la chimiothérapie le vendredi soir. Parce que comme ça, mes effets secondaires, si j'étais un peu fatiguée, tout ça, j'avais le week-end pour me remettre. Et lundi, j'étais re au boulot.

  • Abigaïl

    D'accord. Voilà. Ils t'avaient laissé le choix du jour ?

  • Astrid

    Alors, en fait, ils fermaient le service à je ne sais plus quelle heure. Et comme j'avais au moins trois heures sur place, genre, ils devaient fermer à 19h ou un truc comme ça. Et ils s'arrangeaient. Parce qu'en fait, ils... Enfin... Globalement, quand j'arrivais, la moyenne d'âge en chimiothérapie, elle est assez élevée. Et j'étais une des seules jeunes. Et je me rappelle, du coup, je faisais la fermeture. Généralement, quand on dit faire la fermeture, on pense plus au bar. Je faisais la fermeture du service de chimiothérapie. Et du coup, j'avais tous les infirmiers juste pour moi. Et j'avais ramené une boîte de bonbons un jour. Du coup, ils étaient là. On rigolait. Du coup, ils étaient tous dans ma guitoune. Et du coup, en fait, non, mais c'était... Je ne vais pas dire que c'était sympa, mais... J'ai trouvé ça super parce que ce n'est pas toujours des moments faciles et qu'ils apportent aussi de la bonne humeur. Et puis je pense qu'ils ont vu que j'étais jeune, j'étais très sympa, belle gosse. Ils se sont dit bon, voilà. Non mais voilà, je pense que c'est un cas qui est aussi atypique. Et que du coup, comme j'étais la dernière... Puis forcément, on n'a pas les mêmes discussions avec une jeune enseignante qu'avec quelqu'un qui a 70 ans. Oui, c'est sûr. On ne discute pas les mêmes choses. Donc ça leur changeait aussi un petit peu leur quotidien et leur vision aussi, comme tu l'as dit tout à l'heure, en tant que professionnelle.

  • Abigaïl

    Et du coup, le week-end avait un peu d'effet secondaire ou ça allait sans plus ?

  • Astrid

    Je m'en rappelle plus. Si je m'en rappelle plus, c'est que ça ne m'a pas marqué. Je pense que j'étais un peu fatiguée, mais aussi, il faut dire qu'il y avait la classe. C'est quand même un peu fatigant. Les allers-retours, c'est un peu fatigant aussi. Donc, je pense qu'il y avait un peu de fatigue de la chimio, mais aussi un peu de fatigue de la vie quotidienne.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu avais mis des choses en place particulières à ces moments-là, type activités physiques ? Non, je me faisais comme d'habitude. Comme d'habitude, ouais.

  • Astrid

    Quand j'étais fatiguée, je n'y allais pas. Non, j'ai gardé quasi la même vie. Alors peut-être que je faisais moins... Je suis plutôt à faire les choses à 200%. Mais peut-être que là, je ne faisais qu'à 199%. Mais ouais, il y a des fois, c'est tout. En fait... C'est un peu l'excuse des fois pour sécher des réunions. Je ne peux pas le dire, mais je suis fatiguée, je ne veux pas venir. Si tu restais chez toi, tu m'étais assez avec. Mais voilà, parce que je suis engagée dans des assos en tant qu'élue locale. Mais du coup, des fois, c'était aussi un peu l'excuse. Voilà, mais pas moins que les gros chimios. C'est pour ça que je dis toujours les gros, c'est les petits chimios. Après, si l'effet secondaire qui m'a le plus embêtée, c'est de ne pas pouvoir se mettre au soleil. parce que du coup il y a des effets alors tu seras mieux que moi encore là nous on est quand même partis à la Réunion à la Toussaint et en fait comme je venais de finir mes petites chimiothérapies c'était les t-shirts anti-UV, crème solaire chapeau, c'était un peu dommage parce que d'être à la Réunion et de ne pas pouvoir profiter du soleil toujours aller chercher l'ombre c'était un peu dommage mais bon c'est la grosse peut-être chose qui m'a, effet secondaire qui m'a embêtée

  • Abigaïl

    Mais du coup, j'allais y venir, ça aussi, parce que je me souviens que sur cette période, vous aviez pas mal voyagé avec Romain. Et c'était chouette, en fait. À chaque étape, il y avait...

  • Astrid

    En fait, c'est pas interdit. Si les médecins étaient OK, je peux même te dire...

  • Abigaïl

    C'est ce que je voulais te T'en discutais avec les oncologues à l'époque. Ah bah bien sûr ! Et ils te donnaient le feu vert.

  • Astrid

    J'ai même gratté une séance de chimiothérapie comme ça, parce que je me suis dit... Parce qu'en fait, normalement, c'était neuf... trois gros chimios et neuf petites. Et la neuvième petite tombait pendant les vacances. Et franchement, ça me faisait suer de ne pas voir. En plus, on avait des copains qui étaient pour quelques années à La Réunion et qui sont venus aujourd'hui en métropole. Et franchement, on n'allait pas pouvoir voyager à cause de ça. Donc j'ai négocié, j'ai fait mes yeux doux et puis ça a fonctionné. Non, mais il m'a dit, vous avez eu trois gros chimios, vos ganglions n'étaient pas atteints. Enfin, on voit que vous réagissez bien à tout. Il dit que vous en avez fait 8 ou 9, 9 c'est le protocole, si vous en faites 8 ça ira très bien aussi.

  • Abigaïl

    Et puis c'était important peut-être aussi de marquer le coup et puis de souffler avant de rattaquer.

  • Astrid

    En vacances comme tout le monde. Après deux mois de classe, moi j'avoue qu'à la Toussaint, j'aime bien partir un peu en vacances, cancer ou pas cancer. Et puis mon conjoint aussi, une fois qu'on a bossé, je crois qu'on est comme tout le monde, on aime bien partir un petit peu. Même sans... Bon là on est parti à la Réunion parce que c'était aussi l'occasion comme on a des copains là-bas. Mais... Non, on aime bien aussi s'aérer, même partir hors de chez nous, même si on n'a pas de maladie.

  • Abigaïl

    Non, mais parce qu'il y a des patients qui s'interdisent aussi de voyager pendant ces périodes.

  • Astrid

    Il ne faut rien s'interdire.

  • Abigaïl

    Oui, on est d'accord.

  • Astrid

    À partir du moment, bien sûr.

  • Abigaïl

    Il faut au moins en discuter avec le médecin.

  • Astrid

    OK. Bien sûr. Là, il m'avait dit bien attention au soleil, surtout à La Réunion, ça tape. Donc, on avait prévu crème solaire 50+. On avait prévu des chapeaux. On est allé acheter les t-shirts anti-UV. À partir du moment où on prend des précautions. Je pense qu'un patient, je ne suis pas médecin non plus, mais un patient qui sent bien, qui est heureux, je pense qu'il arrivera toujours mieux à guérir que quelqu'un qui s'enferme et qui reste dans sa détresse. Le mental, les médecins l'ont bien dit, et je pense que c'est prouvé, le mental a une force de ouf. Et de se donner la motivation de vivre et de surmonter l'épreuve, ça réassurera toujours mieux que si on... On se dit, c'est bon, dans trois mois, je suis mort. Et forcément, du coup, voilà.

  • Abigaïl

    Et du coup, après, en rentrant, c'est là que tu as attaqué la radiothérapie ?

  • Astrid

    Oui, voilà. Donc là,

  • Abigaïl

    c'était un autre rythme.

  • Astrid

    Là, c'est très fatigant, parce qu'en plus, en bossant tout le temps. Donc là, je rentrais chez moi à 16h30. Tout de suite après, je rentrais chez moi. Le taxi venait me chercher devant chez moi, m'emmenait au centre de radiothérapie et me ramenait après. Donc là, par contre, la radiothérapie, c'est moins long. C'est une bonne demi-heure. Mais c'est tous les jours. C'est cinq jours sur sept. Voilà, donc sauf certains jours où ils étaient fermés, enfin voilà, c'était un peu compliqué. C'est là que j'ai eu mes quelques demi-journées pour aller faire mes traitements. Mais la secrétaire, encore là, était extraordinaire et qui gérait nos absences, elle me donnait souvent ma journée. Et du coup, je pouvais traîner un peu le matin dans mon lit et puis aller faire les boutiques. Voilà, je ne vais peut-être pas te dire ça. Mais non, mais ils ont été quand même hyper cool. La secrétaire était hyper cool et je la remercierai toujours parce que, enfin voilà, ils n'ont pas été relous avec ça. Et ils m'ont toujours mis un remplaçant. Parce que du coup, je savais que mes élèves, ils étaient avec quelqu'un. Je ne me suis pas dit, à cause de moi, ils n'ont pas d'enseignant, ils n'apprennent rien ce jour-là. Et bien non. Donc, ils ont toujours été cool. Donc, c'est aussi important parce que du coup, tu y vas de façon sereine en fait. Et puis... tu te dis, c'est tout, c'est aussi important d'être bien entourée.

  • Abigaïl

    Complètement. Et du coup, après, tu as attaqué l'hormono.

  • Astrid

    L'hormonothérapie qui était annoncée pour 5 ans, c'est-à-dire 5 ans sans enfant, on n'avait pas compris ça au début. Donc l'hormonothérapie...

  • Abigaïl

    Tu avais compris quoi au début ?

  • Astrid

    J'avais compris que... J'en sais rien,

  • Abigaïl

    je pense surtout qu'on ne se projette pas à 5 ans.

  • Astrid

    Ouais, ouais, quand on a 27 ans, est-ce qu'on se projette à ça ? Bah c'est ça. Quand on vient de rencontrer son conjoint, est-ce qu'on se projette aussi loin ? Non, c'est vrai, t'as raison, c'est peut-être ça.

  • Abigaïl

    Et du coup, à cette période, tu sentais que déjà, ça avait soudé ton couple ?

  • Astrid

    Ah oui, oui, je pense qu'on a eu cette épreuve difficile, et puis deux ans après, on a eu une très grosse épreuve difficile, qui n'a rien à voir avec des raisons de santé, mais je pense qu'effectivement, quand tu t'es vue malade, quand on se marie, on n'est pas mariés, mais quand on se marie, on dit pour le meilleur ou pour le pire. Maintenant qu'on a eu le pire, je pense qu'on n'aura que le meilleur. Et puis, retrouver quelqu'un qui serait présent pour toi, qui te verrait dans cet état-là et qui ne partirait pas en courant, c'est aussi très précieux. Donc, je pense qu'effectivement, les difficultés qu'on arrive à les surmonter, elles soudent un couple ou une famille en règle générale.

  • Abigaïl

    Et du coup, comment tu as vécu l'hormonothérapie ? Souvent, c'est aussi une période qui est hyper difficile pour les patientes. Parce que justement, il n'y a plus tout ce soutien médical, on se sent un peu abandonné Et puis, c'est le retour que j'ai des patients parfois, pas assez préparés aux effets indésirables des traitements. Alors du coup, comment tu l'as vécu ?

  • Astrid

    Il y a deux choses. En fait, il y a, je pense, l'arrêt de tous les allers-retours avec la radiothérapie. Alors moi, j'avais mon métier, mais je comprends que des gens qui sont retraités, qui en fait vivent autour de ça, ou qui sont même en arrêt de travail. Et en fait, leur relation sociale, c'est un peu d'aller chez le médecin, d'aller en radiothérapie, de voir des gens. Et en fait, je pense que quand ça s'arrête brusquement... tu te dis mince, je suis tout seule chez moi ou on coupe chez moi, ma compagne travaille et je pense que ça déjà c'est assez violent. Et après, tu as effectivement l'hormonothérapie. L'hormonothérapie, c'est aussi très compliqué, surtout quand on est jeune, parce que c'est une ménopause. Et ménopause, ça entraîne tout ce qui va avec, donc perdre de la libido, des sécheresses de la peau et de toutes les voies, voilà, toutes les voies de tout ce qu'on peut avoir dans le corps, donc la bouche, l'anus, tout. Donc c'est compliqué, et puis la radiothérapie c'est aussi des brûlures. Moi par exemple, la radiothérapie, comme c'est au niveau du sein, comme je respire, ils m'ont brûlé un peu trop loin, j'ai quand même fini aux urgences parce qu'ils m'ont brûlé la plèvre. C'est l'enveloppe qui entoure le poumon, et qui à un moment donné s'est nécrosée, s'est détachée, et je ne pouvais plus respirer tellement la douleur est importante. Donc j'ai fini aux urgences une fois comme ça. Donc tu vois, c'est aussi... Tout ça, la radiothérapie et l'hormonothérapie, donc avec tous les effets secondaires, la sécheresse, la perte de la libido, et puis la ménopause, donc prise de poids, la gestion des hormones qui est compliquée, donc ça veut dire fatigué, très fatigué. Tu vois, des fois, je me dis que j'ai des plus fatigués avec l'hormonothérapie qu'avec la petite radiothérapie. Toi, tu m'as posé la question tout à l'heure. Pour moi, la petite radiothérapie, la petite chimiothérapie, pardon, euh... J'y allais mais à part le soleil, il n'y avait pas trop d'effets secondaires. Alors que l'hormone thermique, j'étais hyper fatiguée. Puis ça joue sur les hormones. Donc toutes les femmes ne réagissent pas pareil aux hormones. Mais moi, je réagis beaucoup aux hormones. Et du coup, je pense que la fatigue, c'était dur. Déjà, je suis une grosse dormeuse. Mais alors là, en plus, c'était très, très, très dur.

  • Abigaïl

    Et quand tu as arrêté l'hormonothérapie, tu as ressenti tout de suite ton état de forme ?

  • Astrid

    Alors j'ai eu deux types d'hormonothérapie différentes, j'en ai une par piqûre et j'en ai une par comprimé. Ouais, après, je me souvenais plus. En fait, je crois qu'au bout de quatre ans, j'ai eu que quatre ans d'hormonothérapie. Mais en fait, je me souvenais plus comment j'étais quatre ans après et j'avais pris quatre ans un peu dans la vue. Donc, j'avais plus de 30 ans après. Donc, je me souvenais plus de... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre à cette question. Après, je suis toujours une grosse dormeuse. Mais ouais, je ne sais pas si j'ai... Je ne sais pas. Je ne pourrais pas te répondre parce que j'ai du mal. En fait, en quatre ans, c'est long. C'est long et pas long en même temps. C'est court sur une vie, mais c'est long quand tu as de l'hormonothérapie. En fait, je pense que j'arrivais... Ça faisait même cinq ans avec tous les traitements, si tu veux. Et donc, je n'arrive pas... Je pense que j'ai récupéré un petit peu de l'énergie.

  • Abigaïl

    mais je pense que j'avais vieilli aussi en même temps et que voilà et du coup ce qui est super c'est que tu as toujours eu une communication fluide avec ton oncologue et les équipes médicales qui t'ont suivie et du coup il y a pu avoir ce dialogue à se dire bah ouais mais là il y a une envie d'enfant qui du coup est presque urgente et est-ce que c'est possible de réduire un petit peu et au moins de pouvoir discuter de...

  • Astrid

    Alors moi, dès le début, de toute façon, j'étais hors protocoles, hors statistiques, hors tout. En fait, moi, j'étais exceptionnelle à tout point de vue. Mais non, parce qu'en fait, il y a zéro stat sur les gens de mon âge, ou très très peu, ou pas forcément dans notre pays, et donc c'est des choses qu'en France, on ne considère pas forcément. Et le fait qu'on me change de type d'hormonothérapie, parce que la première ne fonctionnait pas assez, je pense. C'est pareil, c'était hors protocole. Donc en fait, ils ont bidouillé un peu. Et en fait, à un moment donné, ils ont fini par dire Ouais, de toute façon, comme vous êtes hors protocole, un an de plus, un an de moins, écoutez. En fait, l'hormonothérapie, globalement, ça réduit le risque de récidive. En fait, ils estiment à 1% de risque par an de récidive. Donc c'est-à-dire, au bout de 10 ans, 10% de risque d'avoir une récidive. 30 ans, 30%. Comme je suis jeune, ça va vite. Et en fait, l'hormonothérapie fait passer à 0,5% par an. Donc tu divises par deux ton risque de récidive. Et c'est pour ça qu'en fait, ils m'ont dit au bout de 4 ans... C'est pas mal, ça va. Après, ils travaillent de l'humain, et quelqu'un de jeune comme moi, ils n'ont pas eu. Donc, du coup, ils expérimentent un petit peu. Après, c'est vrai que la question, elle était est-ce que je ne me mets pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête en me disant, le but, c'est d'avoir des enfants. mais est-ce que je risque pas à cause d'avoir mon envie d'enfant de ravoir un cancer et que mes enfants soient orphelins ? Je vais à l'extrême, mais en gros c'est ça, tu dis mais si j'ai une récidive et que j'ai pas autant de chances de guérison, parce qu'il y en a qui ont pas cette chance de guérison, est-ce que je risque pas de rendre mes enfants malheureux ? Parce que je veux les avoir mais tu vois, je sais pas si j'arrive à exprimer ça, mais voilà, c'est la balance, tu la pèses, et ça a été On n'a pas arrêté tout de suite. Quand on a posé la question, je pense qu'il y a au moins six mois de délai où justement, c'est ce que je disais tout à l'heure, ils se sont... concerté à plusieurs. Et ça, c'est ce que j'ai apprécié. Je ne sais pas s'ils le font partout, parce que je ne connais pas partout.

  • Abigaïl

    Oui, c'est dans tous les...

  • Astrid

    Que tu aies en fait, pas un, mais quatre ou cinq médecins qui te disent Ok, tu dis ouais, ok. Si les mecs disent C'est bon. Parce que c'était beaucoup des garçons. C'est beaucoup des hommes. Mais si les docteurs te disent Oui. C'est qu'a priori, en plus on est en France, on a quand même pas un bon recul par rapport à mon âge et tout. Mais... c'est qu'ils estiment que c'est bon. Tu leur fais confiance. Après, de toute façon, il faut faire confiance aux médecins parce que toi, tu n'as pas les clés. Tu n'as pas toutes les clés.

  • Abigaïl

    Et justement, le fait que tu sois jeune et que tu ne côtoies pas dans les services des patientes de ton âge, est-ce que tu as eu envie de te rapprocher d'associations pour peut-être côtoyer des patientes qui te ressemblent un peu plus ?

  • Astrid

    Non, parce qu'en fait, je n'en ai pas eu besoin parce que j'avais ma vie sociale, j'avais mes copains, j'avais ma famille, j'avais mon travail. Et en fait, si tu veux, ça a rajouté un élément de plus à ma vie, mais ça ne m'a rien enlevé. Contrairement à des gens qui, à cause de la fatigue, doivent tout arrêter. Si tu veux, comme j'ai toujours eu ma vie sociale et qu'elle ne s'est pas arrêtée, je n'en ai pas ressenti le besoin. Et encore une fois, parce que maintenant c'était 2017, c'était il y a 7 ans. Il n'y avait pas... Aujourd'hui, je pense qu'en 7 ans, on a développé toutes les aides. Aujourd'hui, quand je vois qu'on propose des ateliers de cuisine, des ateliers de sport, moi, il y avait quelques activités yoga, quelques activités de rencontre, mais... Rencontrer les gens pour en parler, oui, mais en fait, les gens sont dans la détresse et j'avais peur que ça me déprime plus qu'autre chose. Et comme j'avais mes copines et qu'on parlait d'autre chose et qu'on faisait nos soirées, nos sorties, qu'on continue à aller au cinéma, au resto, qu'on continue à partir en vacances, j'en ressentais pas le besoin. Après, chacun est différent parce que l'entourage fait qu'eux aussi, c'est différent. Donc non, j'en ai pas ressenti le besoin.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce qui t'a le plus aidé pendant ton parcours de soins ? C'est hyper dur comme question.

  • Astrid

    C'est l'entourage, je l'ai dit, l'entourage. Parce qu'on avait aussi un petit chien à l'époque, et des fois quand j'étais fatiguée, aller la promener, c'était pas toujours simple. Donc il y a mes parents qui m'ont beaucoup accompagnée, mon conjoint, bien sûr, mais même mes beaux-parents, ma belle famille que je ne connaissais depuis pas longtemps. Je me rappelle, mon beau-frère, il essayait ma perruque pour faire rire tout le monde quand j'avais pas encore mes cheveux qui avaient chuté. Enfin voilà, on l'a fait essayer au chien, la perruque aussi. Voilà, oui. Donc voilà, l'entourage, les copains, tout, l'entourage, l'entourage proche, les amis, la famille, mais aussi, je pense, tout ce qu'on peut... Tu vois, mes supérieurs qui m'ont accompagnée dans me mettre des remplaçants. Quand j'étais en juin, j'y allais tous les deux jours. à Courlancy, faire des prélèvements sanguins, voir si j'ovulais, si je ne vaux plus l'air. Donc en fait, j'étais de 8h à 10h dans le service de Courlancy. Et à 10h, j'avais fini. Enfin, ils n'avaient plus besoin de moi à Courlancy. Donc je retournais à l'école. Et en fait, ils m'ont mis un remplaçant pour toute la fin de l'année. Et du coup, en fait, lui s'occupait de ma classe. Et moi, j'aidais mes collègues. J'organisais la kermesse. Et tu vois, du coup... tu y vas sereinement, tu sais que t'as pas la pression. Voilà, donc, c'est aussi ça d'être soutenue, je pense, dans le travail. Moi, j'ai la chance d'être fonctionnaire, donc c'est vrai qu'on a des aides. Je me dis que si on est autant entrepreneur ou des choses comme ça, c'est peut-être pas la même...

  • Abigaïl

    T'as senti dans ton équipe un vrai soutien et puis qu'on était mobilisés autour de toi ?

  • Astrid

    Ah bah, mes collègues, je veux dire, mes collègues, enfin voilà, ils étaient un réel soutien. Un réel soutien.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu aurais aimé savoir au début de tes traitements et que tu as appris ? Après, s'il n'y a rien, ce n'est pas grave.

  • Astrid

    En fait, le problème, c'est que... Je pense que chaque individu est différent, réagit différemment. Tu ne peux pas savoir si tu vas perdre tes cheveux ou pas, tes ongles ou pas. Tu ne peux pas savoir si l'hormonothérapie, ça va complètement te fatiguer ou pas. Donc je ne sais pas s'il y a des choses que j'aurais aimé savoir, parce que la parole se libère un petit peu quand tu dis que tu es malade. Et en fait, tu te rends compte qu'il y a beaucoup de gens qui ont eu un cancer, ou un cancer du sein, ou un cancer autre autour de toi. Et en fait, chaque parcours est différent. C'est comme chaque enfant, enfin moi je suis enseignante, je compare aux enfants, mais chaque enfant est différent. Et face à une même difficulté, chaque enfant ne réagira pas de la même façon. Donc je pense que c'est pareil pour les gens malades. Donc me donner des exemples de parcours, oui, mais je pense que chaque chose est individuelle. Et en plus, échanger avec des gens, comme il y a peu de gens de mon âge. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Non.

  • Abigaïl

    Et quel conseil tu donnerais à une patiente jeune, par exemple, qui débute ses soins ?

  • Astrid

    Oh là, ouais, c'est une bonne question, c'est une très bonne question. De surtout continuer à vivre. de voir toujours les choses rigolotes dans ce qui peut être pas forcément rigolo et puis de ouais surtout de pas se couper du monde et de continuer à vivre et de continuer avec les copains continuer voilà si elle a un conjoint avec son conjoint de pas et puis de surtout avec le conjoint d'en parler avec le conjoint parce que dire là je suis fatiguée non enfin voilà je pense que de ouais de continuer à vivre parce que je pense que mais c'est ma façon de penser aussi mais ça porte en fait de Et puis de dire les choses aux médecins. Là, je suis fatiguée. Là, ça me fait mal. Là, on a le droit aujourd'hui de dire les choses à son médecin. Je veux dire, moi, quand j'ai une envie d'enfant, franchement... Hormonothérapie, ça me gave un peu. Donc, voilà, c'est de dire les choses. Et je pense que les médecins, aujourd'hui, et encore plus avec les jeunes patientes, ils sont très à l'écoute et très attentifs aux effets secondaires. Alors, j'espère pour... pour les médecins qui aura le moins possible de jeunes parce que franchement c'est pas rigolo mais de dire les choses aux médecins, d'échanger avec eux ils sont là pour ça en fait ils sont pas là juste pour dire tant de chimio non en fait ça va pas,

  • Abigaïl

    ça va pas et puis moi je conseille même à mes patients de noter à l'écrit leurs questions, parce que aussi d'une consultation à l'autre, tu zappes, tu oublies. Aussi,

  • Astrid

    des fois,

  • Abigaïl

    il y a les consultations, elles vont beaucoup trop vite. Et du coup, c'est pareil. Et puis tu restes avec tes questions, et ça, c'est pas bon.

  • Astrid

    Moi, je me suis un peu fâchée avec mon oncologue la première séance, parce que j'étais toute seule. Et en fait, il m'a sorti plein plein. plein plein plein d'éléments et je dis bah attendez est-ce que je peux prendre des notes parce qu'en plus moi j'ai zéro mémoire et une chose sur laquelle la chimiothérapie ne m'a pas aidé c'est perdre de mémoire enfin d'avoir encore moins de mémoire alors après c'est peut-être dû à la fatigue tout ça mais du coup je dis est-ce que je peux noter, il me dit non vous notez pas Parce qu'en fait, si vous notez, vous n'allez pas m'écouter. Ah, effectivement, effectivement, effectivement, je comprends votre point de vue, mais moi, mon conjoint, il va me poser des questions, je ne vais encore jamais savoir à quoi lui répondre. Donc peut-être que c'est aussi un élément qu'on peut conseiller, c'est peut-être si on est un peu débordé par les informations, tout se faire accompagner.

  • Abigaïl

    Oui, ça je suis complètement d'accord. C'est vrai que si on peut se faire accompagner, il y a des informations, des fois il y a un trop-plein d'informations et ça n'imprime plus. Et le fait d'être avec quelqu'un en consultation, du coup ça peut aider.

  • Astrid

    Moi la chance encore que j'ai eue, c'est que j'ai un conjoint qui est dans le médical. Et puis on a des copains qui sont un peu spécialisés en cancéro. Et du coup, c'est vrai qu'on pouvait leur poser des questions. Et moi, je veux dire, il donnait un mot, il savait m'expliquer. Il a fait aussi des recherches sur l'hormonothérapie. Alors moi, quand je voyais les documents qu'il essayait, je comprenais un mot sur deux ces théorèmes. Mais du coup, il savait me traduire. Et ça, j'avoue que c'était super. Et tout le monde n'a pas assez de chance là. Et je pense que ça a joué beaucoup.

  • Abigaïl

    Tu t'es sentie bien informée et du coup ça te permettait d'avoir une bonne communication aussi avec les médecins.

  • Astrid

    Moi du coup j'aimais bien, c'est vrai que des fois je disais à mon conjoint, je dis écoute viens parce qu'il va encore me sortir des trucs, je vais rien comprendre. Alors par contre quand ils savent que t'as accompagné une information, ils parlent encore plus le langage médical et là tu comprends encore moins. Mais bon c'est pas grave, t'as le traducteur qui t'explique après dans la voiture. Mais ouais ouais du coup... Du coup, être accompagné, je pense, et puis ne pas hésiter à dire, Non, en fait, je n'ai pas compris, quoi. Parce que j'osais peut-être pas, alors j'étais jeune, mais maintenant, je pense que je leur dirais, Non, mais attendez, je n'ai pas compris du tout ce que vous m'avez dit. Respiquez-moi avec des mots à re-re-re, parce que... Non, mais il y a des fois... Alors, des fois, ils sont très pédagogues, et puis des fois, ça dépend des gens, en fait. Après, mon collègue était très, très bien, mais c'est vrai que la première séance comme ça, c'était un peu raide, quoi.

  • Abigaïl

    Et maintenant que tous les traitements sont passés, en quoi ton parcours de soins a été transformateur pour toi ? En quoi tu es différente maintenant et qu'est-ce que ça a changé ?

  • Astrid

    Je pense que tu vois les choses comme tous les gens qui ont eu des très très gros coups durs, que ce soit la maladie ou des décès ou dans l'entourage ou avec le Covid par exemple, je pense que les gens comprennent mieux que quand t'as un gros coup dur, tu vois les choses différemment. En fait, il y a des choses, avant t'aurais chipoté et puis maintenant tu chipotes plus, tu dis ouais, en fait, on s'en fiche, c'est qu'un détail de la vie et bon, tu vois, t'as rayé ta voiture, tu fais. Ouais, bon, c'est que du matériel en fait. Comme quand t'as un accident de voiture et quand t'es blessée grave et que ta voiture est bousillée, tu te dis que c'est pas grave parce que je suis encore là. Par contre, si tu poussais ta voiture et que t'as rien, tu te dis... C'est compliqué, mais tu vois, comme tous les gens qui ont des gros coups durs, en fait, il y a des trucs, du coup, ça te passe. Alors après, j'étais jeune, donc je pense que j'avais encore moins de lâcher-pris sur certains trucs, mais ouais, je pense que du coup, tu dis, ça, franchement, c'est pas grave. Franchement, on s'en fiche, quoi. Je pense que c'est la grande leçon du truc.

  • Abigaïl

    Et du coup, si tu participes à ce podcast, c'est que le partage et le témoignage pour toi sont une valeur forte et que tu as envie de partager. Et pour toi, quelle est l'utilité du témoignage ? lors d'un parcours de soins ?

  • Astrid

    Je pense que c'est déjà... On n'est pas tout seul. Je ne connais plus les stats, mais le nombre de femmes qui avaient un cancer du sein par an, c'était... Mais j'avais lu ça dans la salle d'attente de l'oncologue. Je m'étais dit, mais ce n'est pas possible.

  • Abigaïl

    Mais c'est plus dur.

  • Astrid

    Il me semble que c'est 28 000. Ma mémoire... Mais je pense que c'était 28 000 femmes par an en France ont un cancer du sein. Et en fait... C'est ce que je disais tout à l'heure, la parole se libère quand toi tu dis que t'es malade. Et en fait, autour de moi, j'avais trois, quatre personnes qui avaient eu un cancer du sein. Dont une copine que je voyais plusieurs fois par an. J'ignorais tout de sa maladie. Et c'est seulement une fois qu'elle m'a expliqué. Et je pense qu'il ne faut pas s'en cacher. Et il faut justement utiliser son expérience pour accompagner les gens. Voilà le... La transmission de savoir, c'est un peu mon métier, mais je pense que du coup, il faut utiliser ça pour faire de la prévention et dire, mais attention, c'est pas parce que t'as 27 ans, encore plus avec mon âge, je pense que c'est pas parce que t'as 27 ans que tu dois tout prendre à la légère au niveau de ta santé, en fait. Ouais, ouais, voilà.

  • Abigaïl

    En tout cas, mille merci Astrid, c'était vraiment super chouette de faire cette interview avec toi. Même si je dois bien avouer que ce n'est pas facile, quand on connaît la personne, je trouve que l'exercice est encore plus dur. En tout cas, mille mercis. Je pense que tu as participé aussi dans ton parcours, du coup tu m'as impactée professionnellement, ça c'est sûr. Moi je sais que... Je n'exerce plus de la même façon et je n'accompagne pas mes patients atteints de cancer de la même façon. Comme tu le sais, il y a eu aussi d'autres événements dans ma vie qui n'ont fait que. Mais c'est vrai que ton parcours est hyper intéressant et je trouvais qu'il fallait vraiment le partager au plus grand nombre. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère aussi à la naissance du podcast. Et voilà, c'est vrai que... On n'en a pas parlé, mais moi, à l'époque, quand tu nous as annoncé ça, c'est vrai que je me suis sentie tellement, tellement impuissante. Et après, j'ai mené une réflexion autour de comment je prends en charge, moi, mes patients dans mon officine, qu'est-ce que je développe, quelles sont les marques que je mets en place. En fait, je me suis sentie tellement inutile à tes côtés que du coup, après, j'ai vraiment essayé de réfléchir. à comment améliorer les prises en charge dans mon officine. Et c'est vrai que la démarche du podcast, en tout cas, moi, je la trouve hyper intéressante. Et c'est vrai que tu n'es pas étrangère à tout ça. Et c'est vrai que ton parcours m'a beaucoup marquée. En tout cas, merci, mille mercis pour ton partage et puis ton expérience. Et voilà, c'est vrai que là, on va retrouver la petite Manon.

  • Astrid

    Ça fait.

  • Abigaïl

    Et voilà, on va profiter du reste de l'après-midi. Mais en tout cas, merci pour ton témoignage. C'était vraiment très chouette de t'avoir avec moi.

  • Astrid

    Et puis si jamais tu as des patientes ou des gens du podcast qui souhaitent peut-être échanger plus, personnellement ou avoir un échange moi je suis joignable il n'y a pas de soucis, au contraire merci beaucoup et puis je pense que ton podcast il a un réel intérêt pour, voilà, j'aurais aimé peut-être avoir ce podcast et ces témoignages qui m'auraient conforté dans le fait que je ne suis pas toute seule et dans le fait que on est nombreux et que et puis que ce qu'on vit est normal aussi et qu'on s'en sort et qu'on peut être accompagné, qu'on n'est pas tout seul et ça je pense que Voilà, on a tendance à rester chacun dans son coin et je pense que ton podcast libère aussi la parole. On en est à la saison 3 quand même. Donc je pense que vraiment, c'est important de se dire qu'on n'est pas tout seul et ça, ton podcast, c'est très important aussi pour les gens, je pense.

  • Abigaïl

    Eh bien, mille mercis pour tes encouragements.

  • Astrid

    Merci à toi.

  • Abigaïl

    Merci beaucoup. Merci Astrid. Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de note entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook Canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

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