- Laurent
C'est une innovation mondiale. Cette machine va révolutionner l'impression que l'on a laissé. Open source, la machine. Avant, c'était le volume. Plus on sort de nouveaux produits, plus on fait de croissance. Maintenant, ce n'est plus ça. C'est du service. Comment arriver à transmettre les souvenirs différents ? Et en fait, ça motive tout le monde. Et on est gagnant aussi pour l'entreprise In Fine Financière. C'est une opportunité. Est-ce qu'on pourrait arriver à faire cet électrochoc à toutes les entreprises françaises de Navarre ? C'est ça le truc. C'est comment ?
- Eric
Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Laurent.
- Laurent
Bonjour Éric.
- Eric
Alors Laurent, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Le mot courage. Parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération, quand on est dirigeant d'entreprise. De l'authenticité, c'est ce pacte d'authenticité de notre échange. Et puis le pragmatisme, parce que notre objectif, c'est de rendre très concret l'économie régénérative. Et on a besoin d'exemples les plus pragmatiques possibles. Alors, les trois initiales courage, authenticité et pragmatisme, ça fait CAP. Alors Laurent, CAP ou pas CAP ?
- Laurent
CAP, évidemment.
- Eric
Alors, on se lance. Laurent, tu es diplômé de Schema Business School. Tu as fait une partie de ta carrière dans le groupe territorial filial du groupe Monitor.
- Laurent
Tout à fait.
- Eric
Et tu es actuellement directeur général de PhotoWeb depuis plus de 8 ans. Tu es aussi très engagé au niveau local, du côté de Grenoble, de l'Isère. Et tu es, entre autres, animateur de la fresque du climat. Et tu as participé à la première CEC en 2021-2022. Exact. Alors, Laurent, pour commencer, est-ce que tu peux nous décrire en quelques mots ton entreprise PhotoWeb ?
- Laurent
Alors, PhotoWeb, on est le numéro 2 français de l'impression photo, de produits photo personnalisés. Ça fait maintenant 24 ans qu'on existe, on a créé ce marché il y a 20 ans. C'était au départ un projet étudiant de fin d'études, et puis ils se sont dit pourquoi pas lancer vraiment cette entreprise et cette activité. L'aventure n'a pas bien marché au démarrage, évidemment. L'ADSL n'était pas encore arrivé, l'internet ne marchait pas très bien, les appareils photo n'étaient pas au top. plutôt quelques années de galère. Et puis ensuite, quand la technologie a évolué, PhotoWeb a explosé autour de 2003 à peu près, 2003-2004. Et voilà, aujourd'hui, on est plus de 200 salariés. On a deux filiales avec une marque qui s'appelle Lalalab, qui est un équivalent de PhotoWeb, mais sur mobile. On a également Feezer, qui est une marque qui fait des cartes postales personnalisées. On a une société de cloud qui s'appelle Jumeo. Et nous avons la particularité d'être une entreprise Internet, puisqu'on vend nos produits par Internet. On fabrique les produits qu'on vend. Donc, on est aussi une usine, une industrie. Et on expédie tous les colis que l'on fabrique, tous les produits que l'on fabrique dans toute l'Europe. Donc, on fait toute la chaîne de bout en bout.
- Eric
Très bien, ça va nous donner des leviers de transformation.
- Laurent
Voilà, exactement.
- Eric
Alors, peut-être un tout petit passage par ton enfance, Laurent. Quel métier voulais-tu faire quand tu étais petit ? Est-ce que tu voulais déjà être dans le business ?
- Laurent
Alors, bizarrement, oui. C'était un truc, j'adorais le business. J'adorais le marketing, la communication. Déjà au collège, fin de collège, j'aimais lire les pages saumon du Figaro avec les vies d'entreprise et les stratégies d'entreprise. Et c'est toujours ce que j'ai voulu faire.
- Eric
Au niveau de ton parcours personnel aussi, ton parcours de vie, est-ce que tu dirais que tu as eu une fibre écolo ou finalement que tu as découvert plutôt ça un petit peu plus tard ? Comment ça s'est passé pour toi ?
- Laurent
J'étais dans un modèle et un moule classique. d'école, école de commerce, business, on développe, la croissance, le chiffre d'affaires, les marges. Enfin voilà, vraiment le modèle classique avec évidemment ce qu'on lisait partout dans l'actualité, des problématiques de développement durable, etc. Un effort personnel, en famille, on fait attention à quelques trucs, mais pas plus que ça. Je n'étais pas debout pour défendre la planète, ça c'est clair.
- Eric
Il est écrit sur le site de PhotoWeb, notre adhésion à la CEC a été un tournant. Déjà, est-ce que tu peux nous dire comment vous vous êtes engagé, PhotoWeb, dans la CEC ?
- Laurent
Comment on s'est engagé ? Alors, moi, j'étais le Planet Champion, c'est mon président qui était le DG. C'est lui qui a rencontré une personne qui était en train de postuler à la première CEC. Il a trouvé ça assez génial, on en a parlé et on s'est dit qu'il fallait qu'on y soit, il fallait qu'on y aille. On sentait que par rapport justement à notre entreprise, du digital et de l'industrie, qu'il y avait quand même beaucoup de choses à faire, par contre, on ne savait pas trop. par où commencer en fait. Tout ce qu'on a découvert à la CEC a positionné notre réflexion d'entreprise à un autre niveau logique et ça, ça a tout transformé pour nous effectivement.
- Eric
La première fois que tu as entendu le mot régénératif ou économie régénérative, qu'est-ce que tu as pensé ?
- Laurent
C'était un concept abstrait, je n'ai jamais entendu parler. Je crois que c'était à l'île. Depuis le début de l'intervention de Christophe Semples, j'ai été assez bluffé et conquis de voir qu'en fait, on pouvait aller plus loin que la neutralité, que juste se baisser nos émissions et qu'en fait, une entreprise pouvait être régénérative. Ça, c'est quelque chose que je n'imaginais pas. Pour moi, une entreprise, à partir du moment où elle existe, elle ne fait que consommer de la planète. Voilà, donc c'était une sacrée découverte.
- Eric
Alors, on va y revenir justement sur comment envisager de créer des impacts net positifs. Peut-être si tu peux nous dire au niveau de ton parcours un peu personnel, justement dans la CEC, est-ce qu'il y a eu des moments forts ou des moments de déclic particulier dont tu te souviens ?
- Laurent
Oui, il y a évidemment la première session, la claque de l'urgence. Je n'avais pas conscience de cette urgence-là. Donc ça, ça a été vraiment le bouleversement. Le deuxième bouleversement, c'est quand j'ai réalisé sur la deuxième session que notre produit phare, celui sur lequel on s'est créé, était en fait totalement dégueulasse pour la planète. Et ça, c'était la grosse claque quand j'ai réalisé. Et effectivement, quand on a fini notre bilan carbone, puisqu'on avait entamé notre bilan carbone en parallèle, le premier poste d'émission de CO2 de PhotoWeb, 29%, c'est les tirages photos. Un seul produit.
- Eric
Alors, justement, parlons-en de ces produits, puisque c'est aussi cette empreinte, cette empreinte carbone, qui est aussi une opportunité de faire des grosses réductions. Sur la partie réduction d'impact, quels sont les chantiers que vous avez lancés ?
- Laurent
Il y en a un paquet, mais le premier qui était sur les tirages argentiques, on a fait un gros travail à partir de fin mi-2022. Je mandate les équipes sur il faut trouver une solution pour régler ce problème d'argentique Donc l'argentique, c'est vous envoyez vos photos par Internet et le procédé d'impression qu'on utilise, le procédé historique d'une photo, c'est-à-dire un papier qui contient de l'argent, avec lequel on va développer la photo grâce à de la chimie. Ensuite qu'on va rincer avec de l'eau et qu'on va faire sécher pour obtenir le produit que vous connaissez tous, la photo de famille qu'on a toujours connue depuis 100 ans. C'est toujours le même procédé. Donc, il faut qu'on trouve une alternative. On a deux problèmes, c'est que l'argentique, c'est très quali. Évidemment, la photo argentique, c'est ce qu'il y a de plus beau. Et puis, c'est très productif. On a des machines qui tirent des photos à 50 mètres par minute. On en tire à peu près 60 à 70 millions par an. Donc, ça fait quelques allers-retours à la Lune. de Terre-Lune, j'ai plus le chiffre en tête, mais voilà. Donc, c'est les deux critères. Il faut qu'on trouve un produit qui permette de faire aussi quali et qui permette d'aller aussi vite en productivité. Ça n'existait pas. Et puis, il y a des rencontres, donc ils commencent à chercher. On rencontre une société qui est sur Aubagne et qui est en train de mettre au point une machine qui permettrait d'avoir cette résolution et cette vitesse d'impression. Mais dans un procédé totalement différent, qui est du jet d'encre. Donc là, c'est à 98 ou 99% d'eau. dans l'encre, et puis après, tu as des pigments de couleurs. Et là, on travaille avec eux, on réfléchit, on leur explique notre problématique. Et on est deux ans et demi après, et on va recevoir la machine fin d'année. C'est une innovation mondiale. Elle a été présentée à Drupal, c'est le salon mondial à Düsseldorf, au mois de juin. Et on a présenté ça au monde entier. Cette machine va révolutionner l'impression photo. Et c'est un truc énorme. Et ma volonté aussi, grâce à la CEC, cette fameuse coopétition que vous nous avez dévoilée, En fait, quand mes équipes disaient que c'était une machine exceptionnelle, il faut qu'on ait un avantage concurrentiel, il faut qu'on demande l'exclusivité. Et puis en plus, ça fait deux ans qu'on bosse dessus, on veut l'exclure, au moins quelques années, pour tracer la concurrence. Et j'ai dit non, non, non, en fait, PhotoWeb pèse 20% de l'impression photo sur le marché français, mais concurrence, il continue à faire de l'argentique, on ne gagnera rien pour la planète. Donc en fait, on a laissé open source la machine. Et je sais qu'aujourd'hui, il y a déjà des acteurs... acteurs européens qui discutent avec cette société à Aubagne pour essayer de la déployer. A nous de garder l'avance, à nous de garder l'avance quand même sur le plan business. Mais en tout cas, cette compétition que tu nous as dévoilée pendant la CEC, ça a été aussi un élément important.
- Eric
On va revenir. Merci déjà de partager ce marqueur, parce que c'est un marqueur à la fois d'innovation et puis aussi de partage pour le bien commun avec un secteur. Et c'est un des fondamentaux sur le paradigme du régénératif. Si on aborde... Un autre élément, finalement, de votre bilan carbone, qui est la data, puisque vous avez énormément de data qui circulent. Est-ce que vous avez des chantiers en cours au niveau, justement, de la réduction des impacts ?
- Laurent
Oui, oui, oui. En fait, on a énormément de projets en parallèle. On brasse beaucoup de data. Une entreprise normale qui brasse de la data, c'est des fichiers Excel, des fichiers Word, c'est pas très lourd. Nous, on a des photos à chaque fois qui pèsent 3 à 5 mégas. PhotoWeb a chez lui en stockage 2,4, je crois, pétaflops de données stockées. Donc, on a plusieurs choses. On a le marketing, on réduit en une seule année entre 30 et 45 le volume d'emails envoyés, le poids des emails envoyés. Donc on a revu tous les process de communication de CRM avec nos clients pour envoyer moins de mails, que chaque mail soit plus léger, mais qu'on repense quel impact on peut avoir avec nos clients. De l'autre côté, on communique auprès de nos clients que le stockage, en fait, ce n'est pas gratuit pour la planète. Et que stocker trois fois la même photo entre mon smartphone, le cloud dans lequel je synchronise, et puis l'upload chez PhotoWeb de la photo encore de l'anniversaire de mamie... En fait, cette photo, elle est déjà trois fois quelque part. Et ça, c'est une pollution monstrueuse. Donc, on a une grosse communication auprès des clients pour leur demander de rationaliser leurs espaces. On met en place des systèmes de jauge où ils voient qu'ils en sont dans le stockage. On veut utiliser l'IA pour pouvoir supprimer, leur proposer de supprimer des photos qui seraient en triplon, en doublon, des photos qui ne servent à rien, parce qu'ils ont tout uploadé chez PhotoWeb comme ça, avec la photo de la place de parking ou le menu du restaurant. Et ça, c'est ce qu'on a compris aussi à la CEC. Pour avoir un vrai impact, il faut travailler aussi bien en amont qu'en aval et en interne, évidemment. Et donc, on doit travailler sur nos clients aussi pour les emmener dans l'aventure de photo web qui se transforme. Sinon, on va passer à côté. Sinon, les clients ne vont pas comprendre pourquoi on leur impose des choses comme ça. Il faut qu'ils comprennent. Donc, on a tout un process pour réduire ce digital aussi auprès de nos clients et pas seulement qu'en interne.
- Eric
On commence à parler finalement de relations avec les clients. Et... de pédagogie, avec des clients. Quelque chose qui m'a marqué sur votre site, c'est sur l'aspect promotion. Vous vous êtes remis en question aussi sur il y a une deuxième photo gratuite, ils ont en fait une. D'où c'est venu, cette idée-là ? Où est-ce que vous en êtes de remettre un peu en question cette logique volumique ?
- Laurent
On s'est dit, ok, il faut réduire notre impact, il faut qu'on arrive à la fin à être régénératif. Mais déjà, n'essayons plus de travailler sur le volume, mais plutôt sur la valeur de ce qu'on vend. Notre marché, malgré tout, est un marché très concurrentiel avec énormément de promos. Donc, pour en sortir, ce n'est quand même pas facile. Par contre, la différence avec un autre marché, je ne sais pas quoi, des Nike, c'est que nous, nous ne produisons le produit que quand il est vendu. Il n'y a pas de stock. Et en même temps, on ne peut pas vraiment faire de la surconso, parce que si tu n'as rien à imprimer, tu n'as rien à imprimer. Si tu n'as pas envie de faire un livre photo de tes vacances. Parce que t'es pas parti en vacances, tu vois, je peux pas. Alors qu'une Nike, une deuxième paire de Nike, je peux te stimuler pour en acheter une deuxième alors que t'en as pas besoin. D'accord ? Donc notre secteur est un petit peu différent. Mais en tout cas, voilà, on s'est dit, il faut qu'on sorte du système volumique. L'objectif n'est plus de dire on va atteindre un million de livres, c'est ça notre objectif. C'était un peu notre objectif d'ailleurs il y a quelques années. Et en fait, on s'est dit, bon ben, il faut qu'on fasse différemment. Déjà, il faut qu'on produise moins de produits, que chaque produit ait plus de valeur. Ne basons plus notre stratégie sur le volume. Donc, les promotions doivent changer, le type de promotion doit changer. On doit accompagner quand même nos clients avec les problèmes d'inflation et de pouvoir d'achat. Parce qu'il faut bien avoir conscience que PhotoWeb est en fin de loisir. C'est-à-dire que tu pars en vacances, tu dépenses pendant tes vacances, tu reviens, t'as plus trop d'argent. Faire un livre photo, tu peux t'en passer ou tu peux attendre quelques mois avant de le refaire. Donc, on a changé nos méthodes de promotion, on en fait beaucoup moins qu'avant. Et on incite beaucoup moins à 2 achetés, 3 offerts, etc. Voilà, c'est d'autres mécaniques. Le marketing est bien aligné là-dessus, depuis qu'on a changé toute l'image de marque de la société, où on l'a orientée vers une entreprise qui va faire des souvenirs durables pour vous. Et donc toute cette image de marque, qui n'est pas juste un changement de logo, mais vraiment un changement de philosophie de marque, maintenant les équipes, c'est totalement intégré pour eux. Mais du coup, on change notre prisme. Avant, c'était le volume, plus on sort de nouveaux produits, plus on fait de croissance. Et maintenant, ce n'est plus ça. C'est du service. Comment arriver à transmettre les souvenirs des gens ? Comment on va, nous, arriver à transmettre nos souvenirs, à immortaliser nos souvenirs d'un mariage, d'une naissance, de l'anniversaire de la mamie, à travers des générations ? Et ça sera peut-être, dans cinq ans, ça ne sera peut-être plus un livre photo. Ce sera peut-être un service, ça sera peut-être un truc digitalisé qui aura un impact dix fois moins important que ce qu'on peut avoir aujourd'hui. Tout à fait. On ne s'interdit plus rien.
- Eric
Vous n'êtes pas coincé dans un modèle d'impression. Et justement, j'aimerais qu'on creuse un peu cette idée, puisqu'on est dans l'économie régénérative sur toujours trois leviers. Réduire les impacts négatifs, créer des impacts positifs et puis aller encore plus loin sur créer des effets sur la société, des effets papillons qui peuvent se générer. Et notamment là, vous avez un impact sur les imaginaires. Parce qu'en fait, une photo, un souvenir, c'est ce que vous dites sur votre site, c'est des souvenirs. pour le futur. Et donc, en fait, même quelque part, une responsabilité de voir qu'est-ce qu'on emmène vers le futur. Comment vous avez réfléchi à ça et comment ça peut se matérialiser finalement, cet impact et peut-être cette mission aussi que vous vous donnez ?
- Laurent
Oui. C'est vrai que la particularité de PhotoWeb, c'est que ce que l'on produit, tu vois, ce n'est pas une boîte de petits pois, quoi. C'est personnel. Vous nous confiez vos souvenirs. On doit en faire quelque chose de beau, de durable, qui va se transmettre entre générations. Personne ne jette les photos. Donc notre vocation, elle n'est plus, après la CEC, n'était plus d'imprimer des moments de vie qui comptent, elle est de conserver et partager les moments de vie qui comptent. Il n'y a plus le mot imprimer en fait, d'accord ? Donc ça c'est un gros changement, et le transmettre aux équipes, qui elles ont toujours été dans, en fait il faut qu'on produise tous ces souvenirs, c'est notre raison d'être. Mais en fait non, ça ne l'est plus. Notre raison d'être c'est comment est-ce que PhotoWeb peut aider n'importe qui à transmettre la mémoire d'une famille. Je n'ai pas la réponse encore. On a des idées. On va faire évoluer tout ça. Ça prend un peu de temps. Mais en tout cas, tout le monde a pris conscience de ça. Que notre raison d'être, ce n'est pas d'imprimer des millions de photos, des millions de bouquins, des millions de calendriers tous les ans, en fait. C'est cette transmission de la vie d'une famille à une autre. Voilà, c'est ça qui a changé. À partir de ce moment-là, quand tu as ce prisme-là, tu peux imaginer des nouvelles solutions où avant on était focus produit,
- Eric
Ça donne envie de se donner rendez-vous dans deux ou trois ans pour voir les innovations que vous aurez. On dit que sans doute ce sera plus immatériel aujourd'hui. Alors, on va aborder une autre dimension de l'entreprise régénérative, qui est la dimension de sa gouvernance, de la place de chacun, de l'entreprise citoyenne, et quelle est finalement la vie de l'entreprise. Vous avez aussi pas mal d'actions, bien peu sens, sur la mobilisation des équipes et autres. Qu'est-ce qui te vient tout de suite à l'esprit sur ce CD ?
- Laurent
En fait, quand on faisait la COC, je crois au bout de la deuxième session, on s'est dit avec mon DG, là on est deux solitaires à prendre conscience et qu'en fait on ne va pas faire grand-chose si on reste tous les deux. Donc on a décidé très vite d'embarquer notre Codire. Et ensuite d'embarquer notre Codire, c'est d'embarquer toute l'entreprise et tous les salariés. Pour ça, il a fallu qu'on leur fasse un peu ce que tu nous as fait, l'électrochoc en version accélérée. Mais l'électrochoc, la prise de conscience, le débat, et ensuite le passage à l'action sur, voilà, qu'est-ce qu'on peut faire, comment on peut le faire. Donc, on a en fait fait des mini-CEC au sein de PhotoWeb pour arriver, un, à embarquer tous les collaborateurs dans leur prise de conscience, alors sans jugement de dire, les gars, maintenant tout le monde doit être vert, etc. Si tu ne veux pas l'être, tu ne veux pas l'être, ce n'est pas très grave. Je ne vais pas te forcer, peut-être que le temps fera son chemin, mais en tout cas... Ce que je veux, c'est que tu comprennes pourquoi PhotoWeb va changer des trucs demain. Ce n'est pas Laurent qui pète un câble et qui va arrêter de vendre tel ou tel produit parce que ce n'est pas parce qu'il s'est réveillé du pied gauche, c'est parce qu'on a pris conscience de ça, de ça et de ça. Donc on a fait des fresques, on a fait des ateliers d'automne, on a créé des déjeuners pour le climat où tu viens avec ta lunchbox et puis il y a une conférence entre midi et deux avec un intervenant extérieur ou des gens de PhotoWeb qui expliquent ce qu'ils sont en train de faire. On a fait des formations d'éco-conception. On crée des challenges internes aussi sur des sujets. On essaye vraiment de faire cette prise de conscience et de la faire vivre, ce qui marche plus ou moins bien. Ce qu'on a rencontré, en fait, c'était une dichotomie entre les bureaux et la prod. Pour plusieurs raisons. La première, la prod, c'est des postes. T'as été dans un flux de production, donc tu peux pas, quand tu fais un atelier fraise du climat pendant 2h30, sortir de son job pendant 2h30. Quand tu es au marketing ou quand tu es à l'IT, quand tu es dans un flux de prod, si tu n'es pas à ta machine et que tu reçois les produits qui arrivent et qu'il n'y a personne pour le faire, c'est plus compliqué. Donc, ça demande toujours une grosse logistique pour remplacer celui qui va faire les fraises du climat. T'as aussi des réactions qui disent oui, mais moi, je ne pollue pas grand-chose déjà, les gars. Moi, je n'ai qu'une bagnole pour toute la famille, je viens à vélo, je ne pars pas en vacances bien loin, etc. Donc, qu'est-ce que vous m'embêtez avec vos fraises du climat, là ? Ou votre atelier de tonnes ? Je suis déjà à deux tonnes deux ou à une tonne quatre. Ah ouais, effectivement, ça, je ne l'avais pas vu venir. Et donc, on avait pratiquement 90% des bureaux, on avait fait tout le parcours de découverte, de formation, d'électrochoc, etc. La prod, on devait être à... 15%, tu vois. Donc, on a décidé un truc qu'on n'avait jamais fait, c'est de fermer l'usine pendant une journée. En 24 ans, PhotoWeb n'a jamais fermé son usine en semaine. Et donc, on a pris un vendredi, on a fermé l'usine toute la journée, on a fait venir des intervenants pour faire des confs, un peu découvertes, électrochocs, etc. On a fait des ateliers très pratiques pour montrer ce qu'on faisait au sein de PhotoWeb, la fameuse machine pour remplacer les tirages antiques, l'éco-conception, qu'est-ce que c'est, etc. Ça, présenté par des salariés. Et puis l'après-midi, on a fait plein de fresques de climat ou des ateliers d'automne en parallèle, en petits groupes, pour les sensibiliser. Et c'est les embarquer, encore une fois, sans jugement. Donc ça, c'est un gros point qu'on continue encore. Deux ans après la CEC, on anime toujours des nouvelles choses parce qu'il faut après qu'on tienne ça dans le temps. Au niveau de la gouvernance d'entreprise, je dirais le partage de valeurs, le partage de décisions et même votre style de leadership en tant que dirigeant, quelles évolutions avez-vous lancées ?
- Eric
Alors, on était déjà dans un mode de management quand même très participatif, intelligence collective, etc. C'est vraiment l'ADN de PhotoWeb. En termes d'actionnariat, d'actionnaire, alors j'avais la chance, mon président, qui était le DG de la CEC, c'est l'actionnaire. Donc, je n'ai pas eu besoin de le convaincre, puisqu'il était embarqué là-dedans et lui-même. Il faut savoir que PhotoWeb appartient au groupe Hexaconta-Clairefontaine, qui est un groupe familial, une famille industrielle française. Donc, ils ont cette latitude de prendre les décisions pour leurs entreprises sans avoir trop de comptes à rendre à qui que ce soit, puisque c'est la famille qui est l'actionnaire ultra majoritaire d'Hexaconta-Clairefontaine. Dans mon comité de direction stratégique, j'ai des membres de la famille. qui sont un peu loin de tout ça, donc on a de l'évangélisation. Mais en tout cas, jamais de no-go. Si vous pensez que c'est bon pour l'entreprise, ils ont bien conscience que ce qu'on fait, ça part pas dans tous les sens. C'est bon pour l'entreprise, c'est bon pour la planète. Et en plus, ce qu'ils voient, c'est que finalement, tout ce qu'on est en train de faire, en tout cas toutes ces actions, au final, le fait de repenser nos modes de production, le fait de repenser nos machines, le fait de repenser nos modes de fonctionnement, tout ça pour réduire notre impact, arriver à zéro, réduire tous les déchets. etc. Toutes les actions qu'on peut faire au niveau de l'usine ou dans les bureaux, dans l'IT, etc. Il se rend compte qu'au final aussi ça fait des économies pour l'entreprise. On utilise moins d'eau qu'avant, on utilise moins d'électricité qu'avant. Les nouvelles machines qui vont arriver vont nous faire faire des économies aussi. En plus de notre réduction d'émissions de CO2, ça va être énorme la consommation d'eau que l'on va économiser. C'est des milliers de litres. Et derrière l'électricité, je te raconte pas parce que pour faire tourner ces grosses bécanes, c'est des A381, ça fait 15 mètres de long la machine. Tout ça, il voit aussi du coup qu'en plus, c'est gagnant-gagnant. Donc, il faut arrêter de croire que vouloir faire quelque chose de durable, d'être engagé dans une transformation forte d'entreprise, c'est quelque chose toujours de très coûteux, en fait. Au contraire, moi, je trouve que toutes les équipes essaient de penser différemment pour être toujours en réduction, réduction, réduction, puisqu'on s'est mis des objectifs quand même assez forts sur des échéances assez courtes pour une entreprise. Et en fait, ça motive tout le monde. et on est gagnant aussi pour l'entreprise in fine financièrement. Moi, j'encourage à se pencher sur le durable plutôt que de le prendre comme une contrainte. C'est une vraie opportunité pour les entreprises.
- Laurent
Si on creuse encore un tout petit peu sur le leadership, puisque tu parlais tout à l'heure déjà d'un leadership participatif. Finalement, on dit toujours qu'une entreprise régénérative existe ou aura ses résultats si elle est portée par un leadership régénératif. Et là, je ne parle pas seulement des dirigeants. Aujourd'hui, comment tu qualifierais un leadership qui, pour toi, serait régénératif ?
- Eric
Ouh là, bonne question. À mon sens, le leadership régénératif, c'est quand même la personne qui est capable pour l'entreprise de voir le coup d'après. Et je pense que le manager ou les managers qui doivent porter ce régénératif, ce n'est pas quelque chose qui se fait sur un coup de tête comme un gestion de boîte classique. C'est vraiment le long terme, c'est le coup d'après, c'est d'investir. différemment sur un projet X ou Y, parce qu'on sait derrière ce qu'on veut encore faire. Après, dans le régénératif aussi, ce que j'avais bien retenu dans les exemples que vous nous aviez mis, c'était que ça restait quand même itératif et qu'on a besoin de passer par des étapes et que la perfection n'existe pas du premier coup et que le régénératif, je n'arriverais pas à le faire en une seule fois. C'est-à-dire que je dois passer par différentes étapes pour l'atteindre. Quand je te parlais des tirages photos, les tirages photos avec la nouvelle machine qui ne consomme plus du tout d'eau. Ok, ça c'est une première étape, on réduit, mais on n'arrive pas au régénératif. Par contre, si après je m'engage dans récupérer de l'eau pour climatiser l'ensemble du bâtiment, à chaque fois que j'utilise du papier, plutôt que de dire ok, je plante un arbre comme certains peuvent le faire, moi mon idée c'est derrière de travailler même avec la filière bois. Donc c'est en amont de la pâte à papier, c'est la filière bois. Comment on peut travailler avec la filière bois pour... Régénérez le vivant, vous nous avez formés, vous nous avez incités, vous nous avez challengés, vous nous avez bousculés, vous nous avez fait réfléchir des heures et des soirées entières, et des week-ends entiers, donc on est plus déjà sur le coup d'après. Mais je vois que pour emmener les équipes, il faut y aller quand même par étapes, et même l'entreprise tout court, il faut y aller par étapes aussi.
- Laurent
Alors si tu le permets, on va faire un parallèle avec la sphère personnelle. On a beaucoup parlé de photo web et de la transformation d'entreprise. Vous dites sur votre site que la CEC a été un tournant pour l'entreprise, pour toi personnellement, qu'elle a été aussi un tournant. Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce que tu as changé dans ta vie et peut-être dans ton regard sur les choses ? Pas seulement dans la sphère de l'entreprise, mais dans la sphère privée.
- Eric
Alors déjà par rapport aux enfants, je leur mets plus de pression parce que je les trouve pas assez concernés. Alors le plus grand a 20 ans lui ici, ça y est, il est à la fac et donc il commence à... Mais les deux autres enfants qui sont 16 et 17 ans, encore au lycée, tu vois, et qui sont encore dans le consumérisme ou la marque ou le machin... Et puis, je les challenge sur la nécessité d'avoir ça ou ça. Et ça, j'ai vraiment réduit fortement au niveau perso mes déplacements, l'avion, la viande, la consommation. Si on n'en a pas besoin, on ne consomme pas. Le partage, ne plus être forcément propriétaire d'objets. Avec les voisins, on achète maintenant des choses en commun, des outils. Avant, on achetait tous son tailleux, tout ce saton de, tout ce machin. Et maintenant, quand ça tombe en panne, soit on arrive à la réparer. Si on n'arrive pas à la réparer, on ne rachète pas. Je ne rachète pas. Et on se décide entre voisins de mutualiser les outils. Et puis, je me suis engagé aussi beaucoup dans la fresque du climat. Et en fait, il y a beaucoup d'amis dirigeants qui m'ont demandé d'intervenir dans leur comex, leur codire pour faire des fresques ou des ateliers d'automne. Parce qu'en fait, je m'aperçois que... J'ai une image un petit peu différente de ce que l'on peut se faire de l'écologie. Toujours avec des fois des images un peu trop militantistes. Et là, tu as un patron de boîte qui va te parler environnement, qui va te parler transformation de business model, etc. Ça change le discours et il t'écoute différemment. Donc en fait, moi, c'est vrai que les fraises du climat que je fais, c'est plutôt souvent avec des directions générales. Et j'ai l'impression que du coup, j'apporte un angle un peu différent et que je peux retourner. des patrons ou des directeurs qui ne sont pas encore dans l'action à se dire Ah ben ouais, en fait, c'est possible. Je me sers de ma position pour évangéliser d'une autre façon et emmener d'autres personnes qui pourraient être un peu sceptiques sur cette transformation nécessaire.
- Laurent
Oui, merci pour ça, parce que effectivement, on se rend compte qu'on est dans une période un peu historique, en tout cas, la croisée des chemins, et chacun doit faire le maximum dans sa sphère, on va dire, dans son travail, mais aussi dans la sphère privée. Merci. Et puis, il y a des effets d'entraînement. Oui,
- Eric
exactement.
- Laurent
Et effectivement, on n'a pas forcément l'habitude de voir un presse-cœur dirigeant d'entreprise. C'est effectivement un peu un super pouvoir à ce moment-là. On va parler un peu de territoire. On commence en parler avec la filière bois, mais vous n'êtes pas sur un territoire comme les autres. En tout cas, il a une spécificité très forte. Est-ce que tu peux nous parler du territoire et finalement du lien entre l'entreprise PhotoWeb et le territoire liser où vous êtes basé ?
- Eric
Oui. Alors c'est vrai qu'on est au pied des montagnes, on est au pied des massifs de la Chartreuse. PhotoWeb n'était pas, quand je suis arrivé dans l'entreprise il y a un peu plus de 8 ans, n'était pas trop dans l'écosystème grenoblois, tu vois. C'était en fait une entreprise qui avait un rayonnement national ou international, contrairement à beaucoup d'entreprises qui travaillent avec le bassin. Nous on était en B2C, pas en B2B, et B2C au niveau national ou international. Donc c'est vrai que PhotoWeb n'avait pas une culture très forte. du territoire. Nos fournisseurs sont des fournisseurs français, européens, mais pas forcément du coin. Et puis, on était une grosse TPE, tu vois. Maintenant, on est une ETI, une petite ETI, mais donc, il y avait aussi, peut-être, par rapport aux gros mastodontes de Grenoble, les ST, les Schneider, HP, Caterpillar, etc., tu vois, les Maus. Bon, PhotoWeb, c'était peut-être un... petit peu le petit poussé. Et donc, pour partager des problématiques, ce n'était pas forcément gagné. Et puis, moi, quand je suis arrivé, j'ai voulu que Photowap soit beaucoup plus ouvert sur le territoire, qu'on échange beaucoup plus, malgré tout, parce qu'en fait, on a quand même des problématiques, on a quand même des besoins d'évoluer dans nos organisations, dans notre façon de travailler, dans plein de choses. Et puis aussi, peut-être de sourcer, de trouver des partenaires plus locaux aussi. Et par exemple, tu vois, il y a un exemple assez simple. On a un des tirages polaroïdes, imitations polaroïdes, qui sont mis dans des jolies boîtes. Et ces boîtes-là avaient été créées par le marketing, elles étaient assez complexes, et du coup, elles devaient être faites à la main. Et quand tu vends un produit à 9 euros, tes 10 tirages, avoir une boîte faite à la main, t'es pas Chanel à vendre la boîte à 1500 balles, quoi, tu vois. Donc, elle était faite en Chine, parce qu'il n'y a que là que tu pouvais la faire à la main. En Europe ou en France, c'est des boîtes qui sont faites par des machines automatisées. Ça a commencé à me gaver ce truc-là. Et puis en plus, à chaque fois, la Chine, c'est tu dois commander un an à l'avance tes photos de boîte de Noël. Et tu te mets des stocks à tour de bras. Et si ça ne marche pas, tu as tes stocks, etc. Du coup, il y a deux, trois ans, je dis aux achats, maintenant, on a mis en place une charte d'achat responsable et d'engagement local. Donc, ils ont sourcé et la boîte est à Romand-sur-Isère, c'est-à-dire à 30 kilomètres de Grenoble. Et maintenant, c'est elle qui fait ces boîtes-là. On a revu la boîte pour qu'elle puisse être ce qu'on appelle mécanisable, faite par des machines. Mais n'empêche que maintenant, elle vient de Romand-sur-Isère. Et ça, c'était une belle victoire. Et en fait, tout le monde est content. Même le market, il n'a pas à faire un an à l'avance des boîtes de Noël. Et on va les faire 4-5 mois avant. Il a le temps de produire, on les reçoit en plus petite quantité. Il y a moins de gâchis, il y a moins... Jette-moi les boîtes qu'on n'utilise pas, etc. Et maintenant, on est en train de le faire un peu partout sur le territoire, dans la région Rhône-Alpes, en tout cas. Et on source de plus en plus du local, du local, du local. Et ce qu'on a voulu faire aussi dans les achats, c'est cette fameuse charte d'achat responsable où on demande à nos partenaires de signer cette charte et de s'engager comme nous à décarboner, à réduire les déchets. Il y a un certain nombre de critères pour embarquer notre écosystème aussi de fournisseurs. Sinon, sans eux aussi, on ne va faire qu'un bout du chemin.
- Laurent
J'ai une question pour toi. qui était sur les règles du jeu du monde économique. Et là, on va dézoomer un petit peu. Il y a toutes ces actions de photo web. Tu as parlé de ton secteur aussi. Mais c'est vrai qu'on peut dire que vous êtes une entreprise aujourd'hui qui est en avance de phase par rapport au paquet d'entreprises qu'on a dans notre pays. Et finalement, qu'est-ce qui pourrait aider ces entreprises-là ? Qu'est-ce qui pourrait vous aider à aller plus vite ? Et si tu avais une baguette magique, qu'est-ce que tu changerais dans ces règles du jeu du monde économique ?
- Eric
Pour que PhotoWeb puisse aller plus vite.
- Laurent
PhotoWeb et puis la transformation du monde économique en général.
- Eric
C'est qu'il y ait des CEC géantes et qu'elles se multiplient de façon exponentielle parce que depuis qu'on a fait la première session, enfin la première session, la première promo, on va dire, de la CEC, bon, il y en a eu d'autres, il y a eu des locales, etc. Donc ça fait maintenant, on arrive à combien d'entreprises qui sont passées dans les CEC ? 1200. 1200, voilà. Et est-ce qu'on peut accélérer, accélérer, accélérer ?
- Laurent
On essaie, on a fait pas de biais quand même.
- Eric
Oui, j'imagine, évidemment. Mais oui, en fait, comment est-ce qu'on pourrait arriver à faire cet électrochoc à toutes les entreprises de France et de Navarre ? C'est ça le truc, c'est comment ? Parce qu'en fait, on en entend toute la journée et en fait, ça devient comme un violon, un doux violon qui joue en arrière-fond. Tu allumes la radio, tu allumes la télé, ça parle de ça. Tu vois des catastrophes naturelles tout l'été. Mais en fait, ça joue une musique qui tourne. Et tu ne percutes pas. Tu ne percutes pas de l'urgence. Tu ne percutes pas qu'on va très vite dans le mur. Et donc, c'est comment est-ce qu'on peut aller plus vite pour cette prise de conscience. Et cette baguette magique, c'est ça que j'aimerais qu'on arrive à faire. C'est ce qu'on essaye de faire au niveau local aussi. Tu disais, moi, j'ai fait aussi beaucoup de fraises du climat au MEDEF, par exemple. J'en ai fait un paquet pour former un paquet de dirigeants. Parce que t'es au cœur des dirigeants. Donc, allez, go, les gars, on va vous embarquer. Donc, on en a fait un paquet bénévolement, mais encore une fois, c'est juste au niveau local, tu vois. Et voilà, c'est ça la baguette magique.
- Laurent
Diffuser, hyper croissance de l'éducation.
- Eric
Là, on est d'accord. C'est même pas une baguette magique.
- Laurent
Ok, alors attention, là maintenant, c'est la question la plus difficile de cet épisode. Cette compréhension. que tu as et on peut le sentir dans tout ce qui est mis en œuvre, un peu ce coup d'avance et cette vision que tu as pour ton entreprise. Quelque part, c'est la pensée, le paradigme régénératif et qui permet de changer beaucoup de choses. Et en fait, pour que cette idée se diffuse, il y a à la fois l'électrochoc de la prise de conscience et puis ensuite, il y a où est-ce qu'on va et quel est le nouveau paradigme. En fait, on a besoin de rendre cette idée la plus simple possible. Donc maintenant, j'imagine que tu as face à toi un enfant de 10 ans et tu dois essayer de lui expliquer Qu'est-ce que l'économie régénérative, le plus simplement possible ?
- Eric
Et l'économie régénérative à un enfant de 10 ans, je lui dirais... Alors l'économie régénérative, c'est la capacité... Déjà, la capacité à un enfant de 10 ans, c'est déjà un peu trop, mais bon...
- Laurent
Il va y arriver !
- Eric
C'est comment est-ce que dans tout ce que tu peux faire au quotidien lorsque tu travailles, tu peux rendre plus à la planète que ce que tu lui prends. Voilà. Écoute,
- Laurent
je crois que tu as trouvé la conclusion. OK, on arrive à la fin de cette conversation. Il ne reste plus que deux questions. La première, elle est assez personnelle. Est-ce que tu peux nous décrire une expérience de nature que tu as vécue peut-être pendant les vacances, de reconnexion à la nature qui t'a marqué ?
- Eric
Cet été, j'ai été en Italie. Je suis allé dans un petit endroit qui s'appelle Monte Argentario, qui est une petite presqu'île en Italie, dans le sud de la Toscane. Et elle est assez sauvage. Peu de construction, c'est des maisons, tu ne les vois pas trop. Tout au bout de cette presqu'île, il y a une petite crique où tu arrives à descendre. Et l'eau est turquoise, transparente, tu as quelque part un crochet au rocher, tu as la Méditerranée devant toi, et tu as ce calme avec les vagues, l'odeur de la Méditerranée, l'odeur des pins, les cigales. Et quand tu vois ça, dans cette immensité, tu te dis qu'est-ce que c'est beau. Et en fait, c'est un endroit que je connais et j'y vais régulièrement, parce que je le trouve tellement ressourçant, tellement apaisant, tellement loin de tout, des gens, du monde, de l'activité. Il n'y a pas de jet ski qui passe au bout, il n'y a pas de bateau, il n'y a pas de... Tu vois, c'est vraiment la Méditerranée ultra sereine. Et j'adore cet endroit parce que c'est la simplicité. Et cet endroit éveille tous les sens. Le visuel, l'odeur, les sons, il y a tout. Et ça, c'est quelque chose où je peux rester des heures.
- Laurent
Alors, dernière question pour toi. On a une nouvelle génération, une génération qui arrive, en fait, de nos enfants qui est... Il y a beaucoup d'éco-anxiété. Tu as eu l'occasion au tout début de la CEC d'écrire une lettre à un enfant de futur. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à cette génération par rapport au monde qu'on va leur laisser ?
- Eric
Alors moi, je suis un naturel optimiste. Donc l'éco-anxiété, pour eux, ça me fait très mal. Et moi, j'ai vraiment envie de leur dire, OK, c'est vraiment pas simple, les amis. Ça stresse, on a de l'incertitude. Mais n'empêche qu'on a aussi une force, l'homme avec un grand H, l'homme et la femme. L'être humain, on a une capacité à se réinventer. Et en fait, plutôt que de se stresser, passer à l'action, les amis, passer à l'action. Il faut y aller et on peut essayer de sauver la baraque quand même.
- Laurent
Alors, merci beaucoup, Laurent. Moi, j'étais vraiment marqué dans cette interview et il y a quatre choses qui m'ont vraiment marqué. Déjà, c'est de voir que tu es un dirigeant d'entreprise fresqueur. et que tu vas fresquer à des endroits, fresquer avec d'autres dirigeants. C'est assez magique. J'étais marqué aussi par cette nouvelle machine à impression révolutionnaire que vous avez décidé de partager avec vos concurrents. Et ça, c'est révolutionnaire. Ça, c'est grâce à toi,
- Eric
grâce à vous, à la CSC.
- Laurent
Et puis, cette définition du leader régénératif qui finalement apporte à ses équipes le coup d'avance, la vision d'avance pour pouvoir... justement l'emmener vers l'entreprise régénérative. Donc, c'est ça le leader qui prend le temps d'avoir ce coup d'avance. Et puis, effectivement, sur PhotoWeb, c'est assez incroyable, cette mission de transporter les souvenirs de famille, de génération en génération. Ça sera peut-être sur une manière complètement différente, mais c'est une super bonne mission. Merci pour tout ça.
- Eric
Merci, Eric.