undefined cover
undefined cover
#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim cover
#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim cover
CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim

#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim

58min |14/12/2024|

144

Play
undefined cover
undefined cover
#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim cover
#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim cover
CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim

#06 - Alexandra Mathiolon - Serfim

58min |14/12/2024|

144

Play

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Alexandra Mathiolon, Alumni du 1er parcours de la CEC et PDG de Serfim, une société du secteur des travaux publics et de l'environnement. Ensemble ils abordent l'enjeu humain, majeur chez Serfim, de protéger les collaborateurs et leur donner l'envie de protéger les autres; de la finalité des métiers de Serfim dans la préservation de la biodiversité; des changements d'indicateurs; des solutions pour rendre ses droits à la nature; de coopération entre industriels ou public-privé; d'innovation sur les modèles économiques; de technologie au service du bien commun; d'embarquer collaborateurs, acteurs financiers et clients; de leadership, d'humilité et de fierté aussi... Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexandra

    La situation du monde est-ce qu'elle est... il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris ... comment on construit nos modèles pour que nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés... aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs qui ont à peu près 25% du capital ... c'est un outil hyper puissant pour embarquer dans un projet d'entreprise ... j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui construit avec moi, qui a envie ... si on s'y met vraiment, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'age adulte ... je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision et j'ai envie d'accélérer.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Alexandra.

  • Alexandra

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Alexandra, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération. Authenticité. Authenticité de notre échange. Et pragmatisme. Parce qu'on veut rendre très concrète cette nouvelle économie. Et on va essayer de trouver des exemples hyper concrets. Ces trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Alexandra, CAP ou pas CAP ?

  • Alexandra

    Bien sûr, CAP.

  • Eric

    Alors Alexandra... Tu es diplômé de l'école des mines de Saint-Etienne et titulaire d'un Master of Science à l'Imperial College de Londres. Après une expérience chez McKinsey à Londres, tu rejoins l'entreprise familiale Serfim en 2018. Serfim, tu vas nous en reparler, mais c'est 150 ans d'histoire, 2800 collaborateurs et plein de métiers différents autour de l'aménagement du territoire. Tu es nommé, très jeune, directrice générale en 2020, puis PDG. en 2023. Tu as participé à la première CEC en 2021. C'est là où nous nous sommes rencontrés. Alors Alexandra, déjà, est-ce que tu peux nous présenter ou nous dire un peu les grandes lignes de ton entreprise Serfim ?

  • Alexandra

    Avec plaisir. Et bien, Serfim, c'est 150 ans d'histoire. Je suis la sixième dirigeante. C'est la première transition véritablement familiale. On a eu différents dirigeants, mais toujours dans une logique, en tout cas, de longévité. C'est important pour nous parce qu'on est un actionnariat aujourd'hui qui est familial et salarial. Et c'est vrai qu'être indépendant, c'est quelque chose qui est très important pour nous, notamment pour être dans le temps long et être libre de Ausha, ce qui a évidemment plein d'avantages, et notamment quand on doit porter une vision stratégique et de transformation de l'entreprise. Donc, 2800 collaborateurs, près de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, peut-être un petit peu plus à la fin de l'année, et autour effectivement de métiers hyper diversifiés. Donc, si on veut faire la version courte, c'est les travaux publics et l'environnement. Mais on s'est rendu compte qu'on a vraiment des missions profondes qui nous animent et auxquelles on répond. Et je trouve que c'est ça qui est vraiment passionnant et nécessaire en lien avec la transition. C'est qu'on touche à la transition énergétique, donc sur les enjeux de production d'énergie renouvelable, de performance énergétique de nos réseaux et de nos équipements, de nos villes. La préservation de la ressource en eau, que ce soit sur les fuites d'eau que dans le traitement des eaux. limiter l'épuisement des ressources, donc l'économie circulaire, régénérer la biodiversité, aujourd'hui principalement la dépollution des sols, mais on a envie d'aller plus loin évidemment et j'y reviendrai. Et puis l'adaptation, la résilience de nos infrastructures, comment on les rend plus résistants aux aléas climatiques qu'on commence à bien voir. Puis comment la technologie se met au service des transitions sur l'ensemble de ces enjeux.

  • Eric

    Alors merci, on a vraiment envie d'aller creuser sur ces sujets. On va faire un petit flashback peut-être, finalement, quand tu étais enfant, Est-ce que tu te prédestinais à être dans l'entreprise ou qu'est-ce que tu voulais faire comme métier ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu envie de faire plein de choses. J'ai toujours été très curieuse. On a essayé d'avoir un équilibre entre la vie de l'entreprise, la vie familiale, pour évidemment créer du lien. Parce que c'est important d'être attachée à l'entreprise en tant que famille aussi, bien sûr. Mais pour autant, chacune de mes sœurs, par exemple, a fait son parcours par rapport à ses envies. Donc, il n'y avait pas non plus de déterminisme très fort dès le plus jeune âge. Et moi, j'ai eu envie à des moments d'être architecte, journaliste, peut-être même astronaute à des moments. Enfin voilà, j'ai eu envie de faire plein de choses, toujours dans cette idée d'être à l'écoute du monde. Et je suis partie dans un cursus scientifique en prépa et aux mines de Saint-Étienne. Et je me suis vraiment, aux mines, vraiment posé la question de sur quoi j'avais envie de m'impliquer. Et vraiment, c'était la transition énergétique sur un angle très pragmatique, très ingénieur, un peu pur CO2. Et après, j'ai un peu ouvert mes chakras. J'ai eu en tout cas envie, effectivement, à un moment, de rejoindre l'entreprise, parce que j'étais très attachée aux personnes, très attachée au modèle d'une entreprise indépendante de cette taille-là, et aussi très attachée aux métiers. Et je voyais tout le potentiel des métiers de Serfim en lien avec les transitions.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous donner une expérience de nature qui t'a peut-être marqué justement dans ton enfance ? Parce que là, tu nous parles de ton parcours assez techno finalement et ingénieur. Mais est-ce que tu peux nous dire peut-être une des dernières expériences de nature que tu as eues et qui t'a marqué ?

  • Alexandra

    J'avoue que j'ai eu une approche très techno, notamment pendant mes études, début de carrière. Et j'ai vraiment ressenti le besoin de me reconnecter au vivant, de repartager ces moments-là, de déconnexion aussi, parce que je pense que je travaille aussi sur ma surconnexion, je pense, sur laquelle on est un petit peu tous concernés, mais à différents niveaux. Et c'est vrai que, notamment avec des jeunes enfants, j'avoue que ça fait un bon rappel pour aller se reconnecter au vivant. Et pour moi, concrètement, j'habite en ville et je suis très attachée à la ville. Notamment là, de reprendre le temps que mes enfants grandissent un peu, de remarcher dans la nature, de refaire des belles randonnées dans notre région. Donc la région au baril de Grenoble, qui a quand même un potentiel assez incroyable. C'est quand même un plaisir fou et je passe beaucoup de temps en Noriseur, dans ma famille, qui est un territoire de ruralité qui est merveilleux. On l'appelle le pays des couleurs. Et moi, je trouve qu'on voit effectivement, ce n'est pas des territoires très connus, mais par contre, je trouve qu'on apprécie justement ces couleurs des saisons. Donc, c'est les moments où je me ressource aujourd'hui. C'est vrai que dans ma jeunesse, j'ai eu ces connexions là aussi. J'ai eu plaisir à beaucoup marcher, à randonner. J'ai partagé ça aussi assez fortement avec mon mari pendant une période où je trouve que ça permet d'avoir des échanges très différents avec la nature, mais aussi avec l'autre. Parce qu'on est obligé d'être dans l'instant présent. Donc voilà, c'est ces moments-là et c'est comme ça que je reconnecte en tout cas avec la nature.

  • Eric

    Alors, on va maintenant aborder le début de ton aventure, on va dire en route vers l'économie régénérative. Donc on rentre un peu dans le vif du sujet. Finalement, déjà ton point de départ, sans doute que tu avais commencé avant, mais comment tu es arrivée dans l'aventure CEC ?

  • Alexandra

    Alors l'aventure CEC, elle est arrivée à un moment qui... en soi était parfait à posteriori, mais il y avait plein de raisons de penser que ce n'était pas le bon moment. Donc du coup, j'ai commencé à en entendre parler, je pense, autour de mars 2021. Mars 2021, c'est la naissance de mon deuxième enfant, donc de mon fils, et c'est vrai que j'ai eu deux personnes qui m'en ont parlé, à la fois l'ancienne présidente de la CNR et à la fois un collaborateur en interne qui avait une cousine impliquée en tant que bénévole auprès de la CEC, les nombreux bénévoles qu'on peut remercier. notamment de la première CEC et au-delà. Et la première fois que je reçois le message, je me dis non mais vraiment là, je viens d'avoir deux enfants, enfin moi je n'ai pas trouvé beaucoup d'exemples autour de moi de personnes qui avaient deux enfants en bas âge, à une direction générale d'une ETI, une entreprise de taille intermédiaire. Je me suis dit, il ne faut peut-être pas que je me rajoute ça, c'était engageant en termes de temps, c'était 12 jours pleins à consacrer avec la volonté de vraiment engager le dirigeant et moi je le prenais évidemment très sérieusement. Et finalement, au moment où j'ai reçu le deuxième message, je me suis dit non, mais en fait, il faut vraiment que je trouve le moyen d'aligner mes priorités et mon agenda. Et en fait, oui, ce n'est pas raisonnable à bien des titres parce qu'il y a les enjeux de l'entreprise classique. Mais si je n'arrive pas, en fait, je sentais tout le potentiel de la CEC et je me suis dit en fait, c'est sûr, il faut que je trouve le moyen de faire fonctionner. Donc, j'y vais, je m'embarque, j'embarque dedans. Donc, mon fils, quand on a démarré, avait six mois. Et moi, clairement, je n'ai absolument jamais regretté. Évidemment, tu le sais très bien. Et j'ai vraiment cheminé grâce à la CEC. Comme je le disais, en fait, je suis partie d'un engagement que je considère bon, avec une formation spécialisée après les mines à l'Imperial College dans les énergies renouvelables, l'environnement. Donc, avec ces engagements qui étaient quand même... déjà présente, mais avec un prisme qui était peut-être très techno et très carbone. Alors, je pense que j'ai encore parfois toujours ce prisme-là. On pourra y revenir. Et c'est vrai qu'il y a eu des moments très forts au sein de la CEC qui m'ont permis de passer un cap.

  • Eric

    Tu étais au début de tes fonctions de directrice générale. Tu as choisi de faire cet investissement de 12 jours. Et tu parles d'aligner mes priorités sur mon agenda. Moi, c'est une phrase qui me parle énormément parce que je pense qu'on a beaucoup de responsables politiques et de décideurs d'entreprise qui disent qu'ils ont certaines priorités, notamment les générations futures, la planète, la décarbonation. Mais en fait, leur agenda ne le reflète pas du tout. Donc, ils disent, voilà, c'est très important, mais c'est 1% de leur temps. Donc, finalement, d'où est venue cette intuition qu'il fallait aligner sur ton agenda ? Et concrètement ? C'est à quoi tu as renoncé pour faire la place dans ton agenda ? Dis-nous comment ça s'est passé dans ta tête, parce que c'est sans doute un moment fondateur de ta carrière.

  • Alexandra

    Alors effectivement, je pense que par rapport à ce que tu dis, il y a vraiment un cheminement qui reste très personnel, que chacun doit faire en fait. Et même si certains peut-être le disent, peut-être qu'ils n'ont pas fait ce cheminement personnel. Ce que j'ai vu dans la CEC, entre les lignes, c'était une forme de radicalité pour moi, dans le bon sens du terme. J'avais vraiment envie d'être entourée de dirigeants qui avaient envie de s'engager, d'aller loin dans la transformation de leur métier. Et c'était vraiment parti du constat, en fait, de ce que je me disais. Je crois que j'étais retombée sur des vieux magazines de surfing. Mais je me suis dit, pétard, on faisait déjà plein de choses, on en parlait déjà. Et pour autant, il y a plein d'entreprises qui ont l'impression de faire des choses pas mal. Et factuellement, elles font parfois des choses pas mal aussi. Et pour autant, la situation du monde est ce qu'elle est. Et donc... À un moment donné, il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris. Et je voyais dans la CEC un moyen d'aller chercher de nouvelles solutions, d'avoir des personnes qui se rendent compte qu'on n'est pas au niveau et d'aller justement challenger même nos modèles économiques. Donc, j'ai ressenti, j'ai vu ça. Et je pense qu'aussi, je me suis dit, il faut aussi que j'assume finalement mes différences. Je pense que j'étais déjà engagée. Mais c'est vrai que j'arrivais, j'étais dans effectivement beaucoup de responsabilités assez tôt. Donc moi, j'arrivais avec beaucoup d'humilité dans l'écoute, évidemment, de mes collaborateurs en interne, de mes équipes de terrain, de mon équipe de direction, évidemment en externe aussi. Et je me suis dit, oui, il faut rester tout à fait humble, mais il faut aussi que je porte ma vision, que j'assume aussi ce que je portais. Je trouvais que c'était un moyen de me nourrir encore plus et de passer un cap. Donc on a fait la CEC en 2021, c'est il n'y a pas si longtemps, mais aussi c'est loin. Et on a besoin parfois de... de ces piqûres de rappel, parce que c'est vrai que moi, un des éléments fondateurs pour moi en arrivant à la CEC, c'était effectivement tout de suite dans le bas, déjà, cette énergie, le nombre de personnes présentes, et puis ce moment, je m'en rappelle de manière extrêmement claire sur cette première intervention de Valérie Masson-Delmotte, qui était dans les toutes premières interventions. Ça m'a parlé aussi parce que c'est une scientifique et que j'ai ce côté très ingénieur, peut-être pragmatique, etc., mais... J'ai trouvé que c'était extrêmement bien exposé et elle a eu cette phrase, notamment à un moment, qui dit si on s'y met vraiment, donc en gros les scénarios très, très ambitieux ou très ambitieux, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'âge adulte Voilà, moi j'étais maman d'un enfant de six mois, pardon si c'est peut-être un petit peu caricaturel, mais je me suis dit ah ouais, donc en fait, si on y va vraiment, on peut vraiment faire la différence. Donc pour moi, ça, ça a été hyper fondateur. Et cette phrase-là, ce moment-là m'a donné beaucoup d'énergie dans la suite. Et puis après, il y a eu tout le parcours de la CEC, évidemment, sur compter ce qui compte vraiment, se rendre compte en fait à quel point on compte une partie des choses au sein de l'entreprise. Et puis, bien sûr, cette question de régénération avec notamment sur la refonte du modèle économique. Et donc, moi, j'ai beaucoup pu échanger dans ce cas-là, évidemment, avec Christophe Sampel. Et j'ai trouvé que ça nous a ouverts sur une façon de voir les choses différemment. Il y a plein de façons de voir la régénération. Il reste un flou. Mais je trouvais que cette question d'aller vers le... Vraiment repenser complètement notre modèle économique, aller se dire, est-ce qu'on a le droit d'exister demain ou pas ? Et surtout, se dire, mais en fait, comment on construit nos modèles pour que notre modèle économique, nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés ? Et moi, ça, ça m'a vraiment... parler dans la réflexion, comment on sort d'une logique volumique, comment on travaille aussi nos indicateurs d'impact différemment. Qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ?

  • Eric

    Alors, ça nous met dans les bonnes conditions pour aller parler de la feuille de route de Serfim. J'en profite tout de même pour saluer ce moment déclic que tu as avec Valérie Masson-Delmotte. Il faut savoir qu'elle faisait ce jour-là trois conférences et qu'elle a accepté de venir entre deux conférences courir dans Paris pour passer les 30 minutes. Oui. où elle a tout donné pour effectivement le démarrage de la première session de la première CEC. Donc je tiens à la remercier et tous ces scientifiques qui jouent ce rôle d'alerte et qui parfois sont désespérés aussi de voir le peu de répondants. Donc j'espère qu'on a la hauteur de tout ce qu'ils nous ont donné. Alors on va maintenant aborder la feuille de route de Serfim. Peut-être pour commencer, quand tu as un collaborateur qui te demande finalement il y a quoi dans la feuille de route de Serfim ? de redirection. Tu dirais quoi, en très macro, finalement, c'est quoi les grands enjeux, les grands leviers auxquels vous attaquez ?

  • Alexandra

    Pour moi, il y a un enjeu majeur au sein de Serfim qui est l'humain, mais dans le sens, évidemment, la sécurité, la prévention, et de manière plus large, tout l'angle social, évidemment, qu'on a. Moi, il y a un enjeu majeur, on a 2800 collaborateurs, on a beaucoup d'équipes de terrain. Et pour moi, quand on parle régénération, c'est aussi savoir... protéger ses collaborateurs et comment on leur donne l'énergie, l'envie aussi de se protéger, de protéger les autres. Donc ça, c'est un angle qui est majeur et que je travaille aussi beaucoup actuellement. Le premier volet sur lequel je communique aujourd'hui, c'est la sécurité et la prévention et l'humain plus largement. Et j'essaie vraiment aussi de lier à l'enjeu plus large, évidemment environnemental. Le deuxième volet, c'est comment on fait nos métiers différemment. en matière d'empreintes environnementales globales, mais sur lequel peut-être je communique le plus, c'est vraiment notre axe 3, mais c'est vraiment la finalité de nos métiers. Et je leur dis, en fait, on a nos missions, que j'ai rappelées au début, et en fait, sur chacune de ces missions, qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ? Et en fait, c'est vraiment les fuites d'eau qu'on a évitées, les volumes d'eau traitées, les terres qu'on a dépolluées, les tonnes de déchets qu'on a évitées de l'enfouissement. la performance énergétique qu'on a pu éviter. En fait, ça pour moi, c'est vraiment la finalité, c'est repenser nos modèles économiques. Et moi, je les invite vraiment à se dire, mais en fait, à quoi on sert ? Est-ce qu'on se met au service du bien commun ? Et puis après, j'intègre aussi les notions de biodiversité avec une maturité qui a bien évolué, je pense, depuis quelques années, mais qui reste pour moi peut-être l'axe qui est globalement mon pote. pas bien pris en main par les entreprises. Et pour autant, on se dit qu'il y a un potentiel incroyable parce qu'en plus, c'est peut-être encore plus concret.

  • Eric

    C'est hyper motivant de régénérer la biodiversité.

  • Alexandra

    De régénérer la biodiversité. On a un certain nombre de réflexions autour de ça. Et donc, pour moi, pour le coup, c'est un levier dont il ne faut pas se priver pour embarquer les collaborateurs et aussi pour voir des choses très concrètes. Voilà un petit peu les axes clés, avec aussi peut-être ce dernier volet qui est important pour moi, c'est de rester indépendant. Je vais le dire en introduction, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, ça nous donne une vraie liberté. On en a beaucoup. parler à la CEC en fonction de l'actionnariat, en fonction... voilà, il n'y a pas un actionnariat parfait, mais en tout cas avoir cette vision long terme pour porter des engagements forts et des sujets de transformation.

  • Eric

    Complètement. On va peut-être parler d'un métier historique de Serfim qui est très lié à la nature, très lié à la régénération, le métier de la dépollution. Est-ce que tu peux nous parler de ce métier, aussi de ses difficultés ? et de ses enjeux, et puis comment tu vois une projection, peut-être, vers le futur sur ce métier-là des pollutions ?

  • Alexandra

    Oui, effectivement, la dépollution, on a la chance que ce soit un métier historique chez Serfim depuis le début des années 80. Pour l'anecdote, on est vraiment venu dessus parce que les câbles étaient au pire haleine à l'époque, les câbles électriques, ils claquaient, ça faisait des pollutions gigantesques, et à ce prémice de prise de conscience environnementale, les clients ont commencé à nous dire, on peut peut-être... de ne pas laisser ça comme ça, laisser se diffuser toute cette pollution. Et du coup, on a créé Serpol, donc l'entreprise historique s'appelle Serpolet, et Serpol pour service pollution. Et on s'est développé comme ça sur tout un volet des pollutions des sols avec un volet R&D. Et beaucoup plus récemment, on y reviendra sur les nouveaux métiers, notamment sur le traitement des eaux et des effluents, qui est bien sûr un enjeu majeur. Et c'est vrai que ce métier de dépollution, c'est peut-être mon métier qui est de base le plus... plus proche de la régénération, sachant que c'est intéressant parce que si on est jusqu'au boutiste, il n'est pas 100%, mais on va dire qu'il va dans le bon sens de base parce qu'on prend effectivement des terres industrielles, ça peut être de la pharma, de la chimie ou autres qui ont été polluées et on va les aider à se dépolluer bien sûr, à éviter qu'il y ait davantage de pollution parce que parfois on touche évidemment à des enjeux de nappe phréatique qui sont touchés et du coup des pollutions assez majeures qui... impact l'eau au niveau des collectivités. Et donc l'idée, c'est vraiment d'éviter les pollutions, dépolluer les sites en tant que tels, et d'aller créer des nouveaux sites, soit pour en faire, là en l'occurrence, on a un site, ça peut devenir un parc urbain, donc vraiment aller sur des nouveaux usages par rapport à des sites industriels. Ça peut être aussi pour utiliser ces friches industrielles plutôt que des terres agricoles ou naturelles pour permettre plutôt d'utiliser ces friches-là pour aller développer d'autres sites. Et aujourd'hui, quand je parlais d'indicateurs, nous, on a plus de 150 000 tonnes de terres qui sont dépolluées. Et j'espère demain, plutôt que de donner mon chiffre d'affaires, je donnerai ces quelques indicateurs clés. Et bon, évidemment, qu'est-ce que ça veut dire 150 000 tonnes ? Est-ce que c'est beaucoup ou pas beaucoup ? Pour moi, la tendance, c'est ce qui est important. si on va de plus en plus loin autour de ça. Et là où je trouve que c'est intéressant sur ce métier de la dépollution, c'est comment on va plus loin demain en se disant, justement pour être vraiment dans la question de la régénération, on intègre des notions de génie écologique, de renaturation. On a d'ailleurs une filiale en Espagne. Il y a eu une pollution, notamment sur un des sites, avec des huiles végétales assez massives sur un fleuve. Et là, on va vraiment dépolluer, traiter évidemment, ça c'est notre métier historique, traiter ces huiles, aller en capter la plus grande partie, traiter les terres polluées, mais aussi aller complètement recréer ce cours d'eau, le revégétaliser, le renaturer. Et ça, pour moi, c'est une des clés, c'est aller plus loin et trouver les moyens et les solutions pour vraiment rendre à la nature ses droits. Et c'est aussi ce qu'on a fait en travaillant, par exemple, la question des terres fertiles. Les terres fertiles, on le sait, c'est un enjeu majeur, notamment en ville. On n'a plus assez de terres fertiles. Donc, il faut vraiment qu'on prenne en main ce sujet-là. Et on a développé un certain nombre de plateformes, deux notamment majeures sur la partie lyonnaise, de deux types différents, soit une spécifiquement sur les terres polluées, donc des terres très polluées, où on va aller utiliser des traitements avec de la luzerne, sur des traitements de 12 à 18 mois. pour aller refertiliser. Donc, en petite partie, aujourd'hui, pour être très honnête, une partie repart, on est en partenariat avec Vika, et on va utiliser une partie des terres trop polluées dans la production de ciment. Donc, il y a ce volet-là, et puis après, il y a tout ce qui est d'autres terres un peu moins polluées, et aller quand même les refertiliser. Donc là, on a à peu près 20 000 tonnes par an de terres fertiles sur ces plateformes, et l'idée, c'est vraiment d'aller jusqu'au bout. On est très en lien. C'est le constat qu'on a fait en travaillant avec... c'est un nombre de directeurs, managers au sein de mon organisation, mais on est très en lien avec le sol. Le sol et l'eau, c'est vraiment les deux sujets, les deux choses qu'on traite. Quand on a fait du chantier, on est vraiment en lien avec le sol. Et comment on protège ce sol ? Comment on va plus loin ?

  • Eric

    La question que j'aurais envie de te poser, c'est sur le modèle économique de la dépollution, parce que c'est un enjeu majeur. Et si le modèle économique est bon, en fait, c'est des millions de milliers de tonnes qu'on va aller retravailler. Comment vous vous rémunérez ? Et quand vous allez plus loin, par exemple là, sur les sols fertiles ou sur une rivière, est-ce que les pouvoirs publics aussi vous rémunèrent ? Quels seraient vos modèles économiques sur cette business unit ?

  • Alexandra

    Alors, le modèle économique, on va dire de base, de la dépollution, c'est qu'il y a un certain volume à traiter. Par contre, tout type de pollution est différent. Donc là, c'est vraiment une analyse assez fine. C'est là où on a le plus d'ingénieurs, le plus de R&D au Centre FIM pour aller vraiment comprendre les différents types de pollution. On propose à nos clients un certain nombre de solutions le plus innovantes, notamment d'aller vers des traitements le plus organiques, naturels possibles. Alors je vais être très honnête, parfois ça trempe dans le pétrole, on ne va pas faire de miracle. Mais ceci étant dit, on va vraiment avoir un champ des possibilités en matière de solutions. Et si nos clients nous donnent du temps, effectivement parfois un peu d'argent, on peut aller travailler des solutions plus naturelles pour aller vers ces modèles-là. Aujourd'hui, je vais être très honnête, les sujets de la dépollution, ça reste cher. Donc, il faut continuer d'innover par rapport à ces métiers. Et c'est pour ça qu'avoir ce plateforme, par exemple, c'est une des solutions. Parfois, parce qu'il y a des contraintes de temps, donc on déplace les terres. Alors, parfois, on aime bien ne pas les déplacer. Mais par contre, si on les déplace, on peut faire du circuit court. Mais clairement, aujourd'hui, le modèle économique, il est encore, évidemment, il est réel. C'est des métiers qui existent quand même depuis un certain temps. il faut qu'on arrive à continuer d'innover pour rendre aujourd'hui beaucoup plus incitatif d'aller sur de la friche industrielle plutôt que sur du neuf. Et ça, aujourd'hui, il faut encore un peu de courage politique et un peu d'argent pour ça, pour être complètement honnête. Ok.

  • Eric

    Parlons d'une autre activité historique de Serfim, le recyclage des matières. On sait que les ressources naturelles s'épuisent. qu'il va falloir réemployer, recycler. C'est un enjeu majeur. Vous avez un savoir-faire dans ce domaine. Quels sont les grands projets que vous avez sur cet enjeu-là et la confiance que tu as sur ce business du recyclage ?

  • Alexandra

    Alors effectivement, le recyclage, c'est le deuxième métier chez Serfim. Donc pour nous, c'est important. On a fait un gros travail sur la chaîne de valeur parce qu'effectivement, le recyclage, si on est complètement honnête, ce n'est pas la première chose qui doit se passer. On doit d'abord aller sur le réemploi, la réutilisation. puis le recyclage, puis l'incinération, puis l'enfouissement. Je fais basiquement la pyramide qui est très bonnie par les acteurs du déchet. Et donc, nous, notre objectif, clairement, je pense qu'il va au-delà, c'est tout faire pour éviter l'enfouissement. Moi, aujourd'hui, je considère que c'est une aberration. Il y a plein de solutions qui existent. On ne devrait plus enfouir comme on enfouit aujourd'hui. C'est une dette énorme qu'on laisse à nos enfants. Et en plus, il y a tout un enjeu de limiter l'épuisement des matières premières. Là, on est sur l'enjeu ressources des limites planétaires, évidemment. Et donc, nous, on a eu un positionnement historique sur le recyclage, qui reste le plus gros de notre activité. Et là, pour le coup, on développe des filières en lien avec nos métiers, donc principalement dans les BTP, on recycle aussi les frigos et d'autres choses. Mais notamment, le modèle économique, c'est de récupérer la matière, et c'est de la revaloriser et de trouver le partenaire industriel qui va l'utiliser. Donc, on parlait de Vika, on a aussi un partenariat pour la production de CSR. de combustibles de substitution de récupération qui remplacent les énergies fossiles en cimenterie à partir de déchets non dangereux, non recyclables. Et ce qui est intéressant, c'est que c'est un modèle aujourd'hui qui a besoin d'exister pour éviter l'enfouissement. Mais demain, pour moi, il ne devrait plus exister. Et c'est génial d'ailleurs, parce qu'on a le dirigeant de cette filiale, il a eu une interview il n'y a pas si longtemps en disant Est-ce que votre business est vraiment vertueux ? Est-ce que demain vous n'existerez plus ? Il a eu cette réponse incroyable où il a dit Si demain on n'existe plus, c'est qu'on a gagné. Et j'ai trouvé ça génial parce qu'en fait, aujourd'hui, il y a besoin d'exister. Donc, il ne faut pas qu'on soit complètement déconnecté de ça et qu'on s'y prépare. Pas qu'on soit incité à continuer à tout prix, évidemment. Mais par contre, aujourd'hui, c'est des volumes très concrets qui évitent l'enfouissement. Après, il y a des types de recyclage qui sont plus vertueux. Quand je dis qu'ils sont plus vertueux, c'est qu'on arrive à vraiment valoriser la matière quasiment à 100%. Donc du plâtre, on en refait du gypse qui comporte comme du gypse de carrière en cimenterie dans la production de plâtre. Là, il y a un certain nombre de projets, mais c'est pareil pour la laine de verre, le bois. Voilà, on peut vraiment valoriser la matière. Nous, ce qui fonctionne aujourd'hui, et c'est vraiment dans la logique aussi de coopération de la CEC, et c'est ce qu'on a vraiment accéléré depuis quelques années, c'est les partenariats industriels. Parce qu'en fait, si tu revalorises de la matière et que tu n'as pas de personnes pour l'utiliser, c'est chouette, mais bon, tu ne vas pas en faire grand-chose. Donc, il faut l'industriel qui soit motivé à l'utiliser à un bon niveau de prix. Ce métier est vertueux sur certains titres. Notamment là, on a beaucoup travaillé aussi sur la question du réemploi. On fait aussi de la déconstruction. Comment on va vers la déconstruction raisonnée ? Aujourd'hui, on est à moins d'un pour cent sur la déconstruction et sur le réemploi. L'idée, c'est de passer à 4 pour cent dans les objectifs gouvernementaux. Mais dans l'idée, on se rend compte que c'est trop peu. Et en fait, pour autant, quand nos clients nous donnent un peu de temps, pas nécessairement beaucoup d'argent, mais en tout cas un peu de temps, on peut déconstruire de manière plus raisonnée et aller davantage favoriser le réemploi. Donc là, on va vers un modèle économique plus vertueux. On travaille... L'enjeu du vivant sur les sites de recyclage, c'est des sites qui utilisent du foncier, des sites industriels. Intégrer le vivant, aujourd'hui, on peut l'intégrer dans notre chaîne de valeur, dans nos réflexions, dans les matériaux qu'on utilise. On a des réflexions évidemment intéressantes sur nos sites, sur la façon de le faire. Mais voilà, je ne vais pas prétendre que ce soit des métiers non plus 100% connectés au vivant,

  • Eric

    peut-être. Ce qui est fondamental dans ce que tu présentes, Alexandra, c'est l'enjeu coopération. coopération entre-industrielle, coopération aussi publique-privé, assez souvent et de l'enjeu aussi systémique que les règles du jeu favorisent ce genre d'initiatives notamment de déconstruction aujourd'hui c'est pas forcément gagnant de prendre ce temps-là et de lancer ces coups-là alors vous dépolluez, vous recyclez vous faites plein de choses, mais vous fabriquez aussi, vous contribuez à la fabrication d'infrastructures tu nous as pas mal parlé de l'eau aussi de l'électricité, ou la voirie. Est-ce que, là, sur ces enjeux-là, quand il faut construire, quand ça fait du sens, comment vous appréhendez les choses ? Est-ce qu'il y a des inflexions, un avant et un après sur ce métier-là ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu la chance, effectivement, de première entreprise qui avait déjà plein de métiers et qui faisait déjà aussi beaucoup de rénovations. Après, il n'y a pas... 100% de nos métiers qui sont parfaits. Mais on est, par exemple, sur les ouvrages d'art, on fait beaucoup de rénovations, de tunnels pour la SNCF. Donc, par exemple, pour moi, on est sur des métiers qui vont dans le bon sens. Après, évidemment, ça reste du béton projeté. Donc, c'est tout l'enjeu. C'est pareil, quand on fait de plus en plus des ouvrages type passe à poisson, on se dit que ça va dans le bon sens pour le vivant parce qu'on va faire des solutions qui sont pertinentes pour permettre, évidemment, au corridor biologique de fonctionner. Mais après, ça reste du collage du coup. du coulage de béton. Donc, évidemment, c'est tout l'enjeu pour moi d'équilibrer l'ensemble des limites planétaires et ce qu'on fait les bons fois par rapport à ça. Au même titre qu'on fait de la rénovation dans les réseaux d'eau aussi, les ouvrages liés à l'eau, ou encore sur la route. Et donc, ce qu'on fait, et là, c'est peut-être un des métiers qui est pour moi le plus complexe, parce qu'effectivement, on fait aussi du nef, parfois. Et là, l'inflexion, c'est vraiment comment on fait nos métiers différemment, évidemment. Donc là, c'est toute la partie empreinte, évidemment. Mais là, ça peut être par du recyclé, aussi ça touche à des questions d'adaptation, avec des couleurs différentes qui permettent de lutter contre les îlots de chaleur en ville. Mais c'est aussi comment on est motivé à moins artificialiser. Donc ça peut être par des nouvelles offres, par des partenariats avec d'autres acteurs qui sont si présents là-dessus. Mais comment on construit les modèles économiques ? pour que globalement, on ne gagne pas plus d'argent si on tartine le plus d'enrobés. Je caricature évidemment volontairement. Et ça, c'est vrai que c'est compliqué quand tu as des outils industriels, notamment centrales d'enrobés, de déconstruire ça. Et c'est vrai que j'arrive avec cette vision auprès de certains acteurs qui ont envie de faire du volume du volume. Et moi, je dis, OK, on a un outil industriel, il faut qu'on ait un système de coopération pour que ce soit le plus local possible, qu'on travaille en bonne logique. mais aujourd'hui, ce n'est pas vertueux si on a cette volonté de toujours faire plus de volume. Et donc, clairement, aujourd'hui, les appels d'offres sont toujours construits comme ça. Par contre, on peut être de plus en plus sur différents métiers, force de proposition pour amener des solutions, essayer de moins artificialiser typiquement. Et si je prends un parallèle peut-être avec les métiers de l'énergie, qui est peut-être plus concret, sur Serpolet, notre entreprise historique, on fait depuis très longtemps de l'éclairage public. Donc les sujets d'éclairage public avec une grosse phase qui a permis un gros travail sur la performance énergétique avec le passage en LED, donc ça c'est du basique évidemment. Mais en fait, au-delà de ça, aujourd'hui, on a développé de l'ingénierie, un bureau d'études vraiment spécialisé qui permet d'aller répondre à ces enjeux de performance énergétique, d'aller construire notamment des marchés à performance énergétique qui sont incitatifs par rapport à la performance énergétique déjà qu'on va attendre. Donc ça, c'est sur l'angle purement énergie, mais aussi qui nous permettent d'être davantage force de proposition sur des sujets biodiversité, et notamment par rapport à la... À la lumière, c'est vraiment toute cette question d'avoir des corridors, là encore, qui sont respectueux du vivant, en travaillant l'intensité et la couleur de la lumière. Et ça, aujourd'hui, c'est des solutions qui sont quand même simples, qui sont accessibles. Et du coup, on a davantage, dans une logique un peu globale de contrat, on travaille beaucoup l'impact de nos chantiers sur, à la fois en termes de carbone, mais à la fois avec des variants de biodiversité. Aujourd'hui, ça prend... pas toujours. Mais quand on arrive à mettre en avant des solutions simples, relativement peu coûteuses, et qu'on a une approche plus globale des contrats, on arrive à faire des choses qui commencent déjà pour moi à être sympas.

  • Eric

    Est-ce que dans cette activité-là, ça vous arrive de faire des renoncements, justement, parce qu'il y a pas mal de dilemmes ? Est-ce que ça vous arrive de renoncer à des contrats, renoncer à des clients, dire non, là, ça, on ne peut pas y aller ?

  • Alexandra

    Alors, je dirais de manière claire, ce qu'on fait et le travail de fond en lien avec ces missions, c'est l'alignement de nos métiers avec notre raison d'être. Et en fait, on s'est projeté à l'horizon Cap 2030 avec l'ensemble de nos patrons sur quelles activités doivent se développer, quelles activités doivent se transformer et voir peut-être demain plus exister. Alors, plus exister, peut-être que je n'ai pas nécessairement passé le cap, notamment sur la route, pour moi, ce n'est pas nécessairement plus exister en tant que tel. c'est probablement se positionner encore davantage sur la rénovation et effectivement la question du neuf. Et pour moi, ce n'est pas nécessairement ne plus aller sur du neuf, mais plus aller sur du neuf n'importe comment. Donc en fait, est-ce qu'on a la marge de manœuvre pour aller proposer des choses qui vont dans le bon sens ou pas ? Et sinon, il faut renoncer. Aujourd'hui, on n'a pas eu de renoncement, je dirais, majeur. Moi, je regarde aussi une réflexion sur la finalité de la question. à quoi sert évidemment l'infrastructure. Mais en fait, tu te rends compte que c'est hyper difficile. Parce qu'en gros, il y a des infrastructures liées à la santé. Il y a quand même un certain dynamisme sur cette activité-là. Donc, tu te dis, c'est bien de faire du local en France. Et puis, on a eu le sujet sur un acteur, on va dire, du jouet. Et on se dit, est-ce que c'est utile de ré-artificialiser des sols pour aller faire un acteur de jouet ? Et après, on me dit, oui, mais dans ce cas-là, on va acheter sur Internet, continuer d'importer, etc. Donc, tu te rends compte qu'en fait, Tu arrives vite à justifier beaucoup de choses. Donc pour moi, et c'est un problème, parce que je pense qu'il y a quand même des sujets et des métiers sur lesquels il faut pour autant renoncer. Aujourd'hui, on est sur des typologies de métiers où en infléchissant, comme il y a quand même un certain dynamisme aujourd'hui, on arrive à aller sur des métiers de plus en plus vertueux. Je n'ai pas encore de ligne de business énorme où je me dis demain, on n'existe plus du tout. Il y en a évidemment une ou deux où je suis plus à l'aise. Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est que par exemple, ce n'est pas une grosse activité pareille chez nous, mais on était effectivement... On travaille dans le milieu de la montagne, ça peut être sur l'électricité pour les remontées mécaniques, ça peut être sur, à l'époque on en fait moins aujourd'hui, des canons à neige. En fait on voit que ces enjeux-là se transforment, donc en fait on accompagne ces transformations pour voir la montagne différemment. Et donc charge à nous, pour moi, d'être force de proposition par rapport à ça. Et c'est au même titre qu'il y a des métiers peut-être qui sont plus complexes, pour moi, en lien avec le vivant, c'est tous les métiers en lien avec la technologie. Donc on a des métiers de fibre optique, de vidéos, de trafic, de communication numérique et de territoire connecté. Pour la première fois que je leur avais parlé de Vivant, en sortant de la CEC, ils m'ont tous regardé avec leurs grands yeux. De quelle planète ? Voilà, de quelle... Je me dis, c'est qui cette jeune dirigeante qui arrive complètement perchée ? Et en fait, pour autant, ils étaient super avancés sur un certain nombre de points, de labels, etc. Ils avaient quand même une vraie volonté. Et aujourd'hui, ils réfléchissent vraiment à comment mettre au service la technologie, au service de ces enjeux de transition. Ça peut être très concrètement le trafic, on a un logiciel de gestion du trafic, et comment ce logiciel de gestion du trafic permet de favoriser les transports en commun dans les collectivités. Ça peut être sur les territoires connectés. Aujourd'hui, on a des solutions de plateforme pour que la ville intelligence devienne accessible pour les petites et moyennes collectivités. Notamment, on a fait tout un travail sur la mesure de l'eau, qui est aujourd'hui mal mesurée globalement, et en lien avec la CSRD, on va avoir besoin d'avoir une vraie transparence sur ça. Et du coup, c'est... utilisait des objets connectés pour mieux mesurer tout ça. Et on a eu ce lien avec le vivant qui était complètement, j'allais dire, étonnant pour moi, mais qui peut sembler peut-être anecdotique, mais en gros on a utilisé des objets connectés pour permettre d'éviter que les randonneurs rencontrent les troupeaux et les patous notamment. Ça a hyper bien fonctionné, ça s'est développé dans une certaine zone géographique en tout cas, et en fait ça permettait déjà de vivre ensemble, on va dire. pour éviter les problèmes. Mais aussi, on s'est rendu compte que c'était utilisé par les agriculteurs pour savoir justement les zones qui avaient été pâturées et justement mieux optimiser aussi ces usages-là. Et ce que je trouve intéressant, c'est de se dire, je ne veux absolument pas faire de la technologie à tout prix et connecter peut-être les animaux. Ça peut peut-être choquer, donc je ne veux pas aller dans un abus, évidemment. Il faut le faire avec parcimonie. Mais je pense que la technologie peut vraiment se mettre au service du bien commun. Et c'est vraiment ce travail-là que je leur demande actuellement. Et oui, il y a des métiers où on se dit, demain, on les fait déjà de la manière la plus vertueuse possible. Mais est-ce que demain, notamment sur la communication numérique, on fait de l'information passager et de la publicité ? Évidemment, l'information passager, c'est plutôt pour des transports en commun, donc je n'ai pas de sujet. Mais sur la publicité, ce n'est pas tant les solutions qu'on met en place que la finalité de la publicité. Et là, ça fait vraiment lien avec tout le travail que tu fais avec la CEC, que vous faites, évidemment, collectivement, sur les nouveaux imaginaires. C'est comment... La publicité permet de diffuser des imaginaires différents. Comment elle se transforme ? Et elle permet de transformer nos sociétés.

  • Eric

    Je crois qu'on touche là, en fait, aussi cette question de la right tech et donc mettre la technologie au service d'offres qui ont du sens. Et puis aussi une question collective du renoncement. Qui sommes-nous pour dire que telle activité, elle mérite encore d'exister ou pas ? ou que telle publicité, elle mérite d'être mise en avant ou pas. Et là, c'est vrai que c'est des réponses surtout collectives. C'est difficile pour un fournisseur de se positionner à ce niveau-là. Alors, on va rebondir sur cette petite anecdote que tu disais tout à l'heure où certains collaborateurs disaient qu'ils pouvaient te trouver perché à certains moments, notamment sur les enjeux biodiversité, aux collections vivantes. Si je te pose la question, une note de 1 à 10,

  • Alexandra

    sur aujourd'hui l'état de compréhension de ta vision par tes collaborateurs. Donc, 1, c'est une testime hyper perché et ta feuille de route CEC, pour eux, elle est complètement déconnectée de leur vie réelle. Et 10, ce serait ils ont parfaitement compris ce que tu as en tête, avec quoi tu es revenu de la CEC. Et donc, ils adhèrent complètement à ta vision du cap pour l'entreprise. Tu placerais le curseur à quel niveau aujourd'hui ?

  • Eric

    Je dirais 6. Six, parce que forcément, il y a 2800 personnes chez Serfim. Donc après, si chacun évaluait, ce serait peut-être différemment, évidemment. Mais si je regarde le travail qui est fait par l'ensemble de mes filiales, aujourd'hui, il y avait déjà certains métiers, il y avait déjà une certaine transition. Et là, ils l'ont compris, ils ont bien adhéré. Et moi, ce qui était super puissant pour moi, notamment, parce qu'il y a cette sensibilisation, évidemment, globale et nécessaire de tous. Et ça, je pense qu'aujourd'hui, ils ont compris que, notamment sur les sujets de sécurité et de transition, c'était vraiment les priorités, les axes que je donnais de manière majeure à l'entreprise. Et en fait, aussi, aujourd'hui, dans mon organisation, qui est quand même assez décentralisée, j'ai aussi besoin que les différents patrons et un certain nombre de managers adhèrent pleinement. Et moi, je crois profondément que tu peux être hyper inspirante en dirigeant, tu peux le faire super bien si ça reste un cheminement personnel. Et chacun doit vraiment être face à ses convictions, face à ce sujet, presque seul. C'est un peu nécessaire. Et ce qui est intéressant, c'est que j'ai eu pu mettre finalement deux dirigeants dans une des CEC, une des déclinaisons régionales, et à la fois par ça et à la fois par les embarquements CEC qui sont faits au niveau du bassin lyonnais. Et ça me permet en fait... que chacun chemine, en fait. Chacun chemine. Alors, ça peut être par la CEC, ça peut être aussi par d'autres biais. Donc, aujourd'hui, je pense qu'il y a un bon niveau de compréhension. Je reste sur un niveau de 6 parce qu'on a encore beaucoup à faire, parce qu'il y a une entreprise de 2 800 personnes à peu près. Ce n'est pas encore facile de faire adhérer. Et quand on parle de changer nos modèles économiques et qu'on nous dit, bah oui, entre guillemets, t'es gentil, mais nous, on répond à des appels d'offres. Voilà, c'est... On a encore du chemin à faire.

  • Alexandra

    Mais ça monte.

  • Eric

    Ça monte. Ah non, mais clairement, aujourd'hui, moi, là où je vois quand même une très belle inflexion, c'est déjà ce qui se passe en interne, ce qui se passe avec les autres acteurs. Et aujourd'hui, clairement, ce niveau de site, j'en suis aussi fière. Il peut être dur et pas dur, mais moi, j'en suis aussi fière parce qu'aujourd'hui, quand je parle de vivants, il y avait des personnes, des branches, des métiers qui ne se sentaient pas concernés. Aujourd'hui, ils cherchent, ils voient, ils travaillent et développent des solutions. qui peuvent se mettre davantage au service du vivant. Et j'en ai donné quelques exemples. Mais il y a cette volonté-là, elle est profonde, elle est réelle. Et en plus, elle est hyper stimulante pour les équipes. Donc après, évidemment, j'ai plein de gens qui sont à 10, probablement certains qui sont à 1 ou 2. Mais j'en ai qui adhèrent pleinement, qui poussent à fond, qui poussent parfois plus fort que moi. Et ça, je trouve que c'est génial. Qui me remercient de pousser cette vision-là et qui vont aller justement... travailler de manière très concrète sur les solutions, pour réduire notre empreinte, pour intégrer le vivant, refondre nos modèles économiques. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que si tu as ça, tu as une force vive incroyable qui te permet de faire adhérer. Et j'ai aussi demandé, pour justement travailler cette question un peu de l'embarquement global, il y a la sensibilisation, on l'a parlé, il y a mon équipe de direction. Je suis aussi allée chercher un peu plus loin dans l'organisation pour aller trouver des personnes qui avaient vraiment envie travailler ce sujet-là et comment embarquer les équipes. Et on s'est rendu compte qu'il y avait, pour transformer vraiment une entreprise, c'était globalement, pour moi, il y a la conviction personnelle, le cheminement de chacun. Ça, ça marche pour une partie des gens. Il y a l'argent, enfin en fait les deux vont être liés à l'argent, mais il y a la finance et notamment les banques qui nous font quand même évoluer. pas de manière assez significative pour moi. J'adorerais que les pré-impact soient de manière significative, différente, parce qu'on a un projet qui va dans le bon sens et que ce soit beaucoup plus dur de se financer sur un projet qui ne va pas dans le bon sens.

  • Alexandra

    On y travaille avec la CEC, monde financier.

  • Eric

    Voilà, j'imagine bien. Aujourd'hui, il y a des choses qui existent, les banques, voilà, pour des choses. Mais pour moi, c'est beaucoup trop light. Ce n'est pas différenciant. On va parler de la CSRD, comment elle pourrait permettre peut-être d'aller plus loin autour de ça. Mais aujourd'hui, pour moi, ça, c'est un des leviers forts. Et la finance, voilà. pouvoir étant quand même aujourd'hui encore beaucoup dans l'argent, c'est un des leviers incroyables. Et le troisième levier que je vois, c'est vraiment le client, le commerce, la façon de répondre aux appels d'offres. Et donc là, on voit quand même que ça bouge. Donc justement, cette fameuse équipe que je suis allée chercher de manager ou directeur de filiale pour aller travailler sur ce sujet-là, ils se sont dit, mais voilà, comment demain on fait, on propose davantage de variantes et on prend le temps. A nos clients, même si ce n'est pas demandé, de faire davantage de propositions de variantes environnementales. Ça, en général, on le fait sur des propositions notamment autour du carbone, mais aussi des variantes biodiversité en lien avec le vivant. Et ça, l'idée, c'est d'être beaucoup plus proactif pour le proposer. Déjà parce que si on n'a pas, pour moi, si on ne donne pas de la transparence à nos clients sur ce qui est possible ou pas de faire, ils ne vont pas y aller nécessairement naturellement. Et puis après, il y a des clients qui sont quand même moteurs. Il y a quand même parfois certains acteurs, on doit reconnaître, qui vont pousser sur ces sujets-là. Donc ça infléchit et l'idée, c'est d'être vraiment sachant, notamment par rapport à ce lien avec le sol qui est pour moi assez puissant, sur des solutions. Le sol est une source incroyable de biodiversité et qu'on puisse être force de proposition à fond là-dessus.

  • Alexandra

    Donc, trois grands leviers selon toi. Le cheminement personnel de chacun des collaborateurs. Le monde financier qui doit vraiment différencier les modes de financement et puis les taux d'intérêt en fonction des projets. Et puis, cet enjeu d'embarquer autour du sens de l'entreprise. Ça me permet de faire une bifurcation sur la partie actionnariat. Tu en as parlé tout à l'heure. Finalement, ça a l'air d'être une chance pour toi d'avoir un actionnariat stable et vous y tenez. Tu nous as dit que c'est un actionnariat à la fois familial et des employés. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus et aussi nous dire si tu as un challenge ou plutôt des vents porteurs avec cet actionnariat aujourd'hui sur ton projet d'entreprise ?

  • Eric

    Donc, actionnariat et en matière de sémantique, ce qui est plus correct de dire pour moi, c'est familial. et managériel. Aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs, à peu près 25% du capital. Pour moi, c'est un outil qui est hyper puissant pour embarquer dans un projet, évidemment, d'entreprise. C'est une façon de partager la valeur qui se complète, évidemment, de plein d'autres choses autour de l'entreprise, sur l'intéressement, participation et tout le travail qu'on fait de fond pour redistribuer, évidemment, au mieux dans une logique construite. Donc, pour moi, ça, c'est quelque chose qui est puissant, qui est assez rare, en fait. L'actionnariat salarial, ce n'est pas que c'est extrêmement rare, mais c'est rare de l'être à notre taille et sans financier à son capital.

  • Alexandra

    Et 25%,

  • Eric

    c'est bon pour ça. C'est important aussi. Et donc, c'est vrai que pour moi, c'est porteur. C'est une manière vraiment d'embarquer sur un projet. Après, il faut garder cette vision à long terme. En général, on a des collaborateurs qui sont là avec une certaine fidélité. Donc ça, c'est hyper important pour moi pour construire, en fait, dans la durée, une transformation de l'entreprise. Évidemment, c'est bien aussi d'avoir des personnes nouvelles qui arrivent aussi pour apporter une certaine vision. Mais on est quand même sur cette volonté de construire dans la durée par rapport à une transformation. Moi, cet actionnariat, je le trouve puissant parce qu'il nous donne une certaine liberté, une vraie liberté pour moi d'être libre de Ausha. Il peut poser un certain nombre de contraintes financières, notamment, où on va faire justement un développement, toujours avec cette axe d'aller dans le bon sens, mais sur un certain nombre d'indicateurs. mais aussi qui va justement pour moi être sain aussi, parce qu'il ne va pas avoir un fond qui va vouloir sortir, je caricature évidemment grossièrement, un fond qui va vouloir absolument pour que Savalo évolue, qui est une croissance un peu démesurée. Aujourd'hui, on est en face de plein d'acteurs qui vont aller faire des croissances externes ou des projets de manière un peu déconnectée de la réalité du marché, parce qu'ils ont envie de grandir, de grossir plutôt. Moi, je dis que la croissance n'est pas... Pas une fin en soi, c'est une conséquence de développement de certains indicateurs au service du bien commun, de certaines choses qui nous parlent véritablement. Après, ça peut nous causer un certain nombre de contraintes, parce qu'effectivement, sur des projets extrêmement capitalistiques, on va devoir être plus innovant, on ne va pas forcément tout pouvoir faire seul. Et c'est pour ça que, notamment sur le métier du recyclage, faire des partenariats avec des industriels, c'est hyper pertinent, par exemple.

  • Alexandra

    Alors, on va essayer de dézoomer un petit peu sur cette feuille de route. Ça fait plus de deux ans maintenant que Serfim a rendu sa feuille de route CEC, c'était en milieu 2022. Finalement, ce serait quoi ta plus grande fierté aujourd'hui en accomplissement sur cette feuille de route ?

  • Eric

    C'est toujours dur d'en choisir un quand on a autant de métiers que moi. La fierté déjà de voir que concrètement les gens se sentent concernés par le vivant. Parce que ça, pour moi, c'est une vraie transformation de se rendre compte qu'en fait, on est tous concernés. Puis, il y a quatre ans, on s'est énormément développé sur le traitement des eaux et des effluents. Et moi, c'est vrai que je me sens hyper concernée par l'enjeu de l'eau, à la fois par, évidemment, la réduction des fuites, mais aussi le traitement des eaux et des effluents avec tout ce qu'on entend sur les différents polluants et tout ça. Aujourd'hui, j'avoue de manière très concrète, je suis hyper fière qu'on ait développé ce positionnement-là, investi dans de la R&D, fait des choix long terme par rapport à ça. Voilà, et puis je suis à la fois aussi hyper fière que sur des métiers des travaux publics, on a réussi à montrer et à transformer que ces métiers se mettent au service des transitions. Et pour moi, c'est peut-être une des plus grandes fiertés, c'est vraiment... Nos collaborateurs, nos équipes sur le terrain ne sont pas toujours connectés à leur profonde utilité. Et en fait, reconnecter ça, pour moi aujourd'hui, c'est extrêmement puissant par rapport à cette question de sens. Après, je pourrais en citer plein d'autres. J'adore nos métiers, j'adore nos équipes, ce qu'elles portent. Ok,

  • Alexandra

    et on continue dans la question un peu difficile. Mais finalement, dans tes rêves les plus fous, Serfim dans 10 ans, ça ressemble à quoi ?

  • Eric

    Alors déjà, Serfim dans 10 ans, dans mes rêves les plus fous, déjà c'est parfaitement aligné avec nos trésors d'aide, nos contribuables à une meilleure qualité de vie en aménageant des territoires durables et respectueux du vivant. Serfim, dans 10 ans, pour moi, a soit réussi à arrêter, ou en tout cas à transformer de manière significative certains de ses métiers. Et quand je dis transformer de manière significative, c'est évidemment la façon de les faire dans le terme d'empreintes, mais aussi leur fidélité. Quand on parlait de la route, comment on artificialise moins, comment sur la communication numérique, on peut contribuer à faire que ça se mette davantage au service du bien commun. Donc pour moi, c'est vraiment aller loin sur les métiers qui doivent le plus se transformer et s'accélérer sur ces grandes missions. C'est comment on a répondu à l'enjeu de l'eau. Alors ça peut être à la fois de manière très concrète sur les fuites d'eau évitées ou les volumes d'eau qu'on a traités. Mais peut-être même si je vais plus loin, c'est vraiment comment on accompagne le cycle de l'eau dans les villes, pour les villes ou pour les industriels, de manière globale, pour faire l'économie circulaire de l'eau, comme on peut le faire à une petite échelle mais de manière plus globale. Serfim pour moi va... Dans mes rêves le plus fou, va à l'horizon d'une dizaine d'années, répondre à l'ensemble de ces missions de manière plus globale. On l'a commencé déjà, mais sur le recyclage, comment ces métiers se transforment, comment on les reconnecte aux vivants. C'est comment sur la dépollution, on va davantage vers les génies écologiques, vers les questions de résilience et d'adaptation. C'est vraiment comment on change aussi cette logique volumique et on accompagne la performance des territoires pour tenir. En fait, c'est l'ensemble de ces sujets-là mais de manière beaucoup plus peut-être globale et avec une solution où on apporte ce savoir-faire pour mieux accompagner nos clients, les territoires, à être plus robustes, à opter pour ces transitions. Évidemment, c'est aussi pour moi, dans 10 ans, une entreprise qui est au meilleur niveau possible en matière de sécurité et de prévention, parce que ça, ça reste l'enjeu qui m'anime et qui est le plus difficile.

  • Alexandra

    Et justement, alors j'en profite, tu me donnes les transitions, parce que là, on revient un petit peu au début. puisque tu avais commencé par cet enjeu-là, l'enjeu humain, l'enjeu de prévention. On va revenir un peu au début aussi de notre échange sur Alexandra, la jeune femme, maman, dirigeante d'une grosse entreprise de l'aménagement du territoire en France. C'est assez rare, c'est assez singulier comme position. Comment tu le vis, toi, cette responsabilité ? Et le fait aussi d'être une femme dirigeante dans ce milieu-là. Ce ne sont pas des questions faciles, mais comment tu arrives à naviguer ? dans ces eaux ?

  • Eric

    Écoute, moi, je le vis bien dans le sens où, alors, j'ai cette transition personnelle qui a quand même été nécessaire, notamment avec la CEC et ce cheminement qui m'a vraiment permis d'assumer ce que je voulais être aussi en tant que dirigeante, assumer que je pouvais avoir un positionnement différent et qui ne me bloque pas pour autant pour faire beaucoup de choses et travailler en partenariat avec beaucoup d'acteurs parce que l'idée, c'est vraiment de construire. de ne pas être dans une forme de radicalité qui pourrait être nocive, mais justement dans une radicalité constructive. Moi, je prends les choses avec humour. Quand je parlais de ces moments où parfois je peux avoir l'air un petit peu perché, évidemment, quand je dis ça, je suis aussi dans l'écoute, parce que quand quelqu'un me dit que t'es perché, c'est pas nécessairement pour être méchant, c'est plus par rapport aux enjeux de l'entreprise, la sécurité, la prévention, ça peut être par rapport à des enjeux opérationnels, de production, de volume d'activité, etc. Donc j'essaye de le prendre à la fois avec humour et avec du recul. Et puis petit à petit, cheminer, m'expliquer, faire preuve de pédagogie. Je ne l'ai jamais... C'est assez bizarre et ça peut avoir l'air très prétentieux de ma part, mais je me suis rendu compte que je doutais assez peu. Ça ne veut pas dire que je ne doute pas de plein de petites choses et que je ne suis pas dans l'écoute, évidemment, notamment de mes collaborateurs. Au contraire. Mais par contre, je ne doute pas. Je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision. Et peut-être, j'ai envie d'accélérer. On peut avoir des moments où on a besoin de construire. Ça prend un peu plus de temps que ce qu'on aimerait, mais d'être vraiment dans cette vision-là et d'y croire à fond. Et puis, j'espère que pour l'entreprise, c'est une chance d'avoir une jeune femme dirigeante parce que c'est une des chances pour moi des entreprises familiales. Et là encore, mon père a fait énormément de choses merveilleuses avec Serfim. Je pense qu'on peut se poser plein de questions sur l'entreprise familiale, la question de la méritocratie. Moi, je suis très ouverte sur ces sujets-là. Mais c'est vrai que passer ce cap d'un dirigeant d'une trentaine d'années, C'est intéressant. Il y a plein de modèles qui sont possibles et heureusement parce qu'on a besoin que des personnes de tout âge, de tout sexe, de toute origine, transforment leurs entreprises avec conviction. Donc j'espère que ce ne sera pas que les jeunes femmes dirigeantes qui vont transformer leur entreprise, parce que sinon ça ne suffira pas, clairement. Mais aujourd'hui, je le prends comme une chance et j'espère que c'est aussi vu comme ça, parce que ça permet d'aller passer un cap, d'accélérer sur un certain nombre de sujets et d'engagement. évidemment sur les sujets environnementaux de transition, mais ça peut être aussi sur les sujets de sécurité, aussi sur les sujets digitaux, etc. Donc voilà, ça permet d'accélérer. Donc moi, je le vis très bien.

  • Alexandra

    Et comment tu qualifierais ton style de leadership aujourd'hui, qui évolue bien sûr, mais plutôt vertical ou plutôt horizontal ?

  • Eric

    Oui, plutôt horizontal, plutôt dans une logique de collaboration. C'est aussi venu, en fait, comme je le disais, je suis arrivée avec cette humilité. Avec le fait d'avoir beaucoup de pouvoir, oui, on peut le dire comme ça, ce mot-là me fait toujours bizarre, mais beaucoup de pouvoir très tôt et qui, pour moi, me pousse à beaucoup d'humilité. Et donc, du coup, moi, je l'ai toujours vécu comme ça. Donc, dans mon mode de management, c'est cette construction. Et pour le coup, je pense que j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui est dans l'écoute, qui construit, qui a envie. Et c'est vrai que le fait que chacun aussi ait ce cheminement personnel, aujourd'hui, pour moi, c'est hyper important. Au niveau de mes dirigeants, de mon équipe, et puis au-delà, évidemment, dans l'organisation, parce que je pense à toutes ces personnes qui sont encore hyper engagées dans l'entreprise et qui portent des idées hyper concrètes, qui, pour moi, sont une force incroyable. Donc voilà, pour moi, il faut vraiment se nourrir aussi de ça en matière de leadership pour se donner l'énergie et se concentrer sur ceux qui ont envie d'avancer plutôt que les quelques pourcents qui restent.

  • Alexandra

    D'accord. OK, peut-être qu'on arrive maintenant à la question la plus difficile. Alexandra, tiens-toi bien. Tu es sans doute une des dirigeantes les plus avancées sur le sujet de la visée régénérative et avec beaucoup d'exemples concrets que tu viens de nous donner. Maintenant, si tu avais un enfant face à toi, alors peut-être pas de 5 ans comme ton aîné, mais peut-être on va dire de 10 ans, et que tu dois lui expliquer à quoi ressemble l'économie régénérative en quelques mots. Comment tu définirais cette nouvelle économie ?

  • Eric

    Alors, pour moi, ce que je dirais, un enfant de 10 ans, l'économie régénérative, c'est aller au-delà de réduire notre impact, au-delà de simplement faire mieux nos métiers. C'est très bien déjà de faire ça, bien sûr. C'est vraiment réparer, aider le vivant à se reconstruire. C'est vraiment permettre aux vivants au sens large, les hommes et les femmes compris, de mieux vivre. Et donc, par exemple, comme je le disais de manière très simple, on nettoie les terres pour qu'elles soient plus propres, mais il faut aussi permettre aux vivants de vivre, aux animaux de reprendre leur place, aux insectes, etc. Donc c'est vraiment aller au-delà, de faire moins mal, c'est vraiment faire mieux et reconstruire. Et pour moi, après, je compléterais peut-être sur des visions, c'est aussi lié à l'humain, le mode de management, le mode de fonctionnement, c'est protéger les collaborateurs. Je ne sais pas si on pourrait lire un enfant de 10 ans, mais cette question du modèle économique, c'est de se dire qu'aujourd'hui, je pense que les enfants peuvent comprendre aussi que si créer des conditions pour que ce soit plus motivant, c'est d'aller dans le bon sens. En gros, c'est prendre l'ensemble des sujets, prenons peut-être les plus simples, le climat, l'eau, la biodiversité, les ressources, et comment on construit pour qu'on ait la manière de travailler, que plus on travaille, plus on va dans le bon sens. pour toutes les parties prenantes, pour toutes les personnes qui sont concernées et notamment ces grands enjeux. Voilà, c'est ce que je dirais. La première étant peut-être plus facile pour un enfant de 10 ans que la troisième, mais bon.

  • Alexandra

    Oui, mais c'est peut-être un enfant qui fera du business plus tard. Écoute, on s'approche de la fin de ce podcast. Moi, j'aimerais déjà relever deux pépites. Dans tout ce que tu as dit, il y en a beaucoup. Cette phrase qui est sur ta fierté. Tu as dit la fierté de voir que chez Serfim, 2800 personnes sont maintenant concernées concrètement par le vivant. Et ça, ce n'est pas une petite fierté, ça ouvre beaucoup de possibles. Et il y a aussi cette phrase qui nous pépite et je pense qu'on est beaucoup de personnes qui devraient s'en inspirer. Tu as dit à un moment donné, le pouvoir me pousse à beaucoup d'humilité. Donc voilà, à méditer. En tout cas, merci beaucoup Alexandra. Merci pour le courage, le courage d'être dirigeante, de prendre des décisions difficiles et aussi d'affronter ses responsabilités dans un jeu de contraintes qui est très complexe. Merci pour l'authenticité, de nous avoir parlé à cœur ouvert et aussi merci pour ton pragmatisme. On a eu pas mal de chiffres, beaucoup de concrets. Donc voilà, tu as tenu le capré de gêne. Un grand merci pour ça.

  • Eric

    Merci beaucoup.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Alexandra Mathiolon, Alumni du 1er parcours de la CEC et PDG de Serfim, une société du secteur des travaux publics et de l'environnement. Ensemble ils abordent l'enjeu humain, majeur chez Serfim, de protéger les collaborateurs et leur donner l'envie de protéger les autres; de la finalité des métiers de Serfim dans la préservation de la biodiversité; des changements d'indicateurs; des solutions pour rendre ses droits à la nature; de coopération entre industriels ou public-privé; d'innovation sur les modèles économiques; de technologie au service du bien commun; d'embarquer collaborateurs, acteurs financiers et clients; de leadership, d'humilité et de fierté aussi... Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexandra

    La situation du monde est-ce qu'elle est... il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris ... comment on construit nos modèles pour que nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés... aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs qui ont à peu près 25% du capital ... c'est un outil hyper puissant pour embarquer dans un projet d'entreprise ... j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui construit avec moi, qui a envie ... si on s'y met vraiment, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'age adulte ... je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision et j'ai envie d'accélérer.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Alexandra.

  • Alexandra

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Alexandra, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération. Authenticité. Authenticité de notre échange. Et pragmatisme. Parce qu'on veut rendre très concrète cette nouvelle économie. Et on va essayer de trouver des exemples hyper concrets. Ces trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Alexandra, CAP ou pas CAP ?

  • Alexandra

    Bien sûr, CAP.

  • Eric

    Alors Alexandra... Tu es diplômé de l'école des mines de Saint-Etienne et titulaire d'un Master of Science à l'Imperial College de Londres. Après une expérience chez McKinsey à Londres, tu rejoins l'entreprise familiale Serfim en 2018. Serfim, tu vas nous en reparler, mais c'est 150 ans d'histoire, 2800 collaborateurs et plein de métiers différents autour de l'aménagement du territoire. Tu es nommé, très jeune, directrice générale en 2020, puis PDG. en 2023. Tu as participé à la première CEC en 2021. C'est là où nous nous sommes rencontrés. Alors Alexandra, déjà, est-ce que tu peux nous présenter ou nous dire un peu les grandes lignes de ton entreprise Serfim ?

  • Alexandra

    Avec plaisir. Et bien, Serfim, c'est 150 ans d'histoire. Je suis la sixième dirigeante. C'est la première transition véritablement familiale. On a eu différents dirigeants, mais toujours dans une logique, en tout cas, de longévité. C'est important pour nous parce qu'on est un actionnariat aujourd'hui qui est familial et salarial. Et c'est vrai qu'être indépendant, c'est quelque chose qui est très important pour nous, notamment pour être dans le temps long et être libre de Ausha, ce qui a évidemment plein d'avantages, et notamment quand on doit porter une vision stratégique et de transformation de l'entreprise. Donc, 2800 collaborateurs, près de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, peut-être un petit peu plus à la fin de l'année, et autour effectivement de métiers hyper diversifiés. Donc, si on veut faire la version courte, c'est les travaux publics et l'environnement. Mais on s'est rendu compte qu'on a vraiment des missions profondes qui nous animent et auxquelles on répond. Et je trouve que c'est ça qui est vraiment passionnant et nécessaire en lien avec la transition. C'est qu'on touche à la transition énergétique, donc sur les enjeux de production d'énergie renouvelable, de performance énergétique de nos réseaux et de nos équipements, de nos villes. La préservation de la ressource en eau, que ce soit sur les fuites d'eau que dans le traitement des eaux. limiter l'épuisement des ressources, donc l'économie circulaire, régénérer la biodiversité, aujourd'hui principalement la dépollution des sols, mais on a envie d'aller plus loin évidemment et j'y reviendrai. Et puis l'adaptation, la résilience de nos infrastructures, comment on les rend plus résistants aux aléas climatiques qu'on commence à bien voir. Puis comment la technologie se met au service des transitions sur l'ensemble de ces enjeux.

  • Eric

    Alors merci, on a vraiment envie d'aller creuser sur ces sujets. On va faire un petit flashback peut-être, finalement, quand tu étais enfant, Est-ce que tu te prédestinais à être dans l'entreprise ou qu'est-ce que tu voulais faire comme métier ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu envie de faire plein de choses. J'ai toujours été très curieuse. On a essayé d'avoir un équilibre entre la vie de l'entreprise, la vie familiale, pour évidemment créer du lien. Parce que c'est important d'être attachée à l'entreprise en tant que famille aussi, bien sûr. Mais pour autant, chacune de mes sœurs, par exemple, a fait son parcours par rapport à ses envies. Donc, il n'y avait pas non plus de déterminisme très fort dès le plus jeune âge. Et moi, j'ai eu envie à des moments d'être architecte, journaliste, peut-être même astronaute à des moments. Enfin voilà, j'ai eu envie de faire plein de choses, toujours dans cette idée d'être à l'écoute du monde. Et je suis partie dans un cursus scientifique en prépa et aux mines de Saint-Étienne. Et je me suis vraiment, aux mines, vraiment posé la question de sur quoi j'avais envie de m'impliquer. Et vraiment, c'était la transition énergétique sur un angle très pragmatique, très ingénieur, un peu pur CO2. Et après, j'ai un peu ouvert mes chakras. J'ai eu en tout cas envie, effectivement, à un moment, de rejoindre l'entreprise, parce que j'étais très attachée aux personnes, très attachée au modèle d'une entreprise indépendante de cette taille-là, et aussi très attachée aux métiers. Et je voyais tout le potentiel des métiers de Serfim en lien avec les transitions.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous donner une expérience de nature qui t'a peut-être marqué justement dans ton enfance ? Parce que là, tu nous parles de ton parcours assez techno finalement et ingénieur. Mais est-ce que tu peux nous dire peut-être une des dernières expériences de nature que tu as eues et qui t'a marqué ?

  • Alexandra

    J'avoue que j'ai eu une approche très techno, notamment pendant mes études, début de carrière. Et j'ai vraiment ressenti le besoin de me reconnecter au vivant, de repartager ces moments-là, de déconnexion aussi, parce que je pense que je travaille aussi sur ma surconnexion, je pense, sur laquelle on est un petit peu tous concernés, mais à différents niveaux. Et c'est vrai que, notamment avec des jeunes enfants, j'avoue que ça fait un bon rappel pour aller se reconnecter au vivant. Et pour moi, concrètement, j'habite en ville et je suis très attachée à la ville. Notamment là, de reprendre le temps que mes enfants grandissent un peu, de remarcher dans la nature, de refaire des belles randonnées dans notre région. Donc la région au baril de Grenoble, qui a quand même un potentiel assez incroyable. C'est quand même un plaisir fou et je passe beaucoup de temps en Noriseur, dans ma famille, qui est un territoire de ruralité qui est merveilleux. On l'appelle le pays des couleurs. Et moi, je trouve qu'on voit effectivement, ce n'est pas des territoires très connus, mais par contre, je trouve qu'on apprécie justement ces couleurs des saisons. Donc, c'est les moments où je me ressource aujourd'hui. C'est vrai que dans ma jeunesse, j'ai eu ces connexions là aussi. J'ai eu plaisir à beaucoup marcher, à randonner. J'ai partagé ça aussi assez fortement avec mon mari pendant une période où je trouve que ça permet d'avoir des échanges très différents avec la nature, mais aussi avec l'autre. Parce qu'on est obligé d'être dans l'instant présent. Donc voilà, c'est ces moments-là et c'est comme ça que je reconnecte en tout cas avec la nature.

  • Eric

    Alors, on va maintenant aborder le début de ton aventure, on va dire en route vers l'économie régénérative. Donc on rentre un peu dans le vif du sujet. Finalement, déjà ton point de départ, sans doute que tu avais commencé avant, mais comment tu es arrivée dans l'aventure CEC ?

  • Alexandra

    Alors l'aventure CEC, elle est arrivée à un moment qui... en soi était parfait à posteriori, mais il y avait plein de raisons de penser que ce n'était pas le bon moment. Donc du coup, j'ai commencé à en entendre parler, je pense, autour de mars 2021. Mars 2021, c'est la naissance de mon deuxième enfant, donc de mon fils, et c'est vrai que j'ai eu deux personnes qui m'en ont parlé, à la fois l'ancienne présidente de la CNR et à la fois un collaborateur en interne qui avait une cousine impliquée en tant que bénévole auprès de la CEC, les nombreux bénévoles qu'on peut remercier. notamment de la première CEC et au-delà. Et la première fois que je reçois le message, je me dis non mais vraiment là, je viens d'avoir deux enfants, enfin moi je n'ai pas trouvé beaucoup d'exemples autour de moi de personnes qui avaient deux enfants en bas âge, à une direction générale d'une ETI, une entreprise de taille intermédiaire. Je me suis dit, il ne faut peut-être pas que je me rajoute ça, c'était engageant en termes de temps, c'était 12 jours pleins à consacrer avec la volonté de vraiment engager le dirigeant et moi je le prenais évidemment très sérieusement. Et finalement, au moment où j'ai reçu le deuxième message, je me suis dit non, mais en fait, il faut vraiment que je trouve le moyen d'aligner mes priorités et mon agenda. Et en fait, oui, ce n'est pas raisonnable à bien des titres parce qu'il y a les enjeux de l'entreprise classique. Mais si je n'arrive pas, en fait, je sentais tout le potentiel de la CEC et je me suis dit en fait, c'est sûr, il faut que je trouve le moyen de faire fonctionner. Donc, j'y vais, je m'embarque, j'embarque dedans. Donc, mon fils, quand on a démarré, avait six mois. Et moi, clairement, je n'ai absolument jamais regretté. Évidemment, tu le sais très bien. Et j'ai vraiment cheminé grâce à la CEC. Comme je le disais, en fait, je suis partie d'un engagement que je considère bon, avec une formation spécialisée après les mines à l'Imperial College dans les énergies renouvelables, l'environnement. Donc, avec ces engagements qui étaient quand même... déjà présente, mais avec un prisme qui était peut-être très techno et très carbone. Alors, je pense que j'ai encore parfois toujours ce prisme-là. On pourra y revenir. Et c'est vrai qu'il y a eu des moments très forts au sein de la CEC qui m'ont permis de passer un cap.

  • Eric

    Tu étais au début de tes fonctions de directrice générale. Tu as choisi de faire cet investissement de 12 jours. Et tu parles d'aligner mes priorités sur mon agenda. Moi, c'est une phrase qui me parle énormément parce que je pense qu'on a beaucoup de responsables politiques et de décideurs d'entreprise qui disent qu'ils ont certaines priorités, notamment les générations futures, la planète, la décarbonation. Mais en fait, leur agenda ne le reflète pas du tout. Donc, ils disent, voilà, c'est très important, mais c'est 1% de leur temps. Donc, finalement, d'où est venue cette intuition qu'il fallait aligner sur ton agenda ? Et concrètement ? C'est à quoi tu as renoncé pour faire la place dans ton agenda ? Dis-nous comment ça s'est passé dans ta tête, parce que c'est sans doute un moment fondateur de ta carrière.

  • Alexandra

    Alors effectivement, je pense que par rapport à ce que tu dis, il y a vraiment un cheminement qui reste très personnel, que chacun doit faire en fait. Et même si certains peut-être le disent, peut-être qu'ils n'ont pas fait ce cheminement personnel. Ce que j'ai vu dans la CEC, entre les lignes, c'était une forme de radicalité pour moi, dans le bon sens du terme. J'avais vraiment envie d'être entourée de dirigeants qui avaient envie de s'engager, d'aller loin dans la transformation de leur métier. Et c'était vraiment parti du constat, en fait, de ce que je me disais. Je crois que j'étais retombée sur des vieux magazines de surfing. Mais je me suis dit, pétard, on faisait déjà plein de choses, on en parlait déjà. Et pour autant, il y a plein d'entreprises qui ont l'impression de faire des choses pas mal. Et factuellement, elles font parfois des choses pas mal aussi. Et pour autant, la situation du monde est ce qu'elle est. Et donc... À un moment donné, il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris. Et je voyais dans la CEC un moyen d'aller chercher de nouvelles solutions, d'avoir des personnes qui se rendent compte qu'on n'est pas au niveau et d'aller justement challenger même nos modèles économiques. Donc, j'ai ressenti, j'ai vu ça. Et je pense qu'aussi, je me suis dit, il faut aussi que j'assume finalement mes différences. Je pense que j'étais déjà engagée. Mais c'est vrai que j'arrivais, j'étais dans effectivement beaucoup de responsabilités assez tôt. Donc moi, j'arrivais avec beaucoup d'humilité dans l'écoute, évidemment, de mes collaborateurs en interne, de mes équipes de terrain, de mon équipe de direction, évidemment en externe aussi. Et je me suis dit, oui, il faut rester tout à fait humble, mais il faut aussi que je porte ma vision, que j'assume aussi ce que je portais. Je trouvais que c'était un moyen de me nourrir encore plus et de passer un cap. Donc on a fait la CEC en 2021, c'est il n'y a pas si longtemps, mais aussi c'est loin. Et on a besoin parfois de... de ces piqûres de rappel, parce que c'est vrai que moi, un des éléments fondateurs pour moi en arrivant à la CEC, c'était effectivement tout de suite dans le bas, déjà, cette énergie, le nombre de personnes présentes, et puis ce moment, je m'en rappelle de manière extrêmement claire sur cette première intervention de Valérie Masson-Delmotte, qui était dans les toutes premières interventions. Ça m'a parlé aussi parce que c'est une scientifique et que j'ai ce côté très ingénieur, peut-être pragmatique, etc., mais... J'ai trouvé que c'était extrêmement bien exposé et elle a eu cette phrase, notamment à un moment, qui dit si on s'y met vraiment, donc en gros les scénarios très, très ambitieux ou très ambitieux, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'âge adulte Voilà, moi j'étais maman d'un enfant de six mois, pardon si c'est peut-être un petit peu caricaturel, mais je me suis dit ah ouais, donc en fait, si on y va vraiment, on peut vraiment faire la différence. Donc pour moi, ça, ça a été hyper fondateur. Et cette phrase-là, ce moment-là m'a donné beaucoup d'énergie dans la suite. Et puis après, il y a eu tout le parcours de la CEC, évidemment, sur compter ce qui compte vraiment, se rendre compte en fait à quel point on compte une partie des choses au sein de l'entreprise. Et puis, bien sûr, cette question de régénération avec notamment sur la refonte du modèle économique. Et donc, moi, j'ai beaucoup pu échanger dans ce cas-là, évidemment, avec Christophe Sampel. Et j'ai trouvé que ça nous a ouverts sur une façon de voir les choses différemment. Il y a plein de façons de voir la régénération. Il reste un flou. Mais je trouvais que cette question d'aller vers le... Vraiment repenser complètement notre modèle économique, aller se dire, est-ce qu'on a le droit d'exister demain ou pas ? Et surtout, se dire, mais en fait, comment on construit nos modèles pour que notre modèle économique, nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés ? Et moi, ça, ça m'a vraiment... parler dans la réflexion, comment on sort d'une logique volumique, comment on travaille aussi nos indicateurs d'impact différemment. Qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ?

  • Eric

    Alors, ça nous met dans les bonnes conditions pour aller parler de la feuille de route de Serfim. J'en profite tout de même pour saluer ce moment déclic que tu as avec Valérie Masson-Delmotte. Il faut savoir qu'elle faisait ce jour-là trois conférences et qu'elle a accepté de venir entre deux conférences courir dans Paris pour passer les 30 minutes. Oui. où elle a tout donné pour effectivement le démarrage de la première session de la première CEC. Donc je tiens à la remercier et tous ces scientifiques qui jouent ce rôle d'alerte et qui parfois sont désespérés aussi de voir le peu de répondants. Donc j'espère qu'on a la hauteur de tout ce qu'ils nous ont donné. Alors on va maintenant aborder la feuille de route de Serfim. Peut-être pour commencer, quand tu as un collaborateur qui te demande finalement il y a quoi dans la feuille de route de Serfim ? de redirection. Tu dirais quoi, en très macro, finalement, c'est quoi les grands enjeux, les grands leviers auxquels vous attaquez ?

  • Alexandra

    Pour moi, il y a un enjeu majeur au sein de Serfim qui est l'humain, mais dans le sens, évidemment, la sécurité, la prévention, et de manière plus large, tout l'angle social, évidemment, qu'on a. Moi, il y a un enjeu majeur, on a 2800 collaborateurs, on a beaucoup d'équipes de terrain. Et pour moi, quand on parle régénération, c'est aussi savoir... protéger ses collaborateurs et comment on leur donne l'énergie, l'envie aussi de se protéger, de protéger les autres. Donc ça, c'est un angle qui est majeur et que je travaille aussi beaucoup actuellement. Le premier volet sur lequel je communique aujourd'hui, c'est la sécurité et la prévention et l'humain plus largement. Et j'essaie vraiment aussi de lier à l'enjeu plus large, évidemment environnemental. Le deuxième volet, c'est comment on fait nos métiers différemment. en matière d'empreintes environnementales globales, mais sur lequel peut-être je communique le plus, c'est vraiment notre axe 3, mais c'est vraiment la finalité de nos métiers. Et je leur dis, en fait, on a nos missions, que j'ai rappelées au début, et en fait, sur chacune de ces missions, qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ? Et en fait, c'est vraiment les fuites d'eau qu'on a évitées, les volumes d'eau traitées, les terres qu'on a dépolluées, les tonnes de déchets qu'on a évitées de l'enfouissement. la performance énergétique qu'on a pu éviter. En fait, ça pour moi, c'est vraiment la finalité, c'est repenser nos modèles économiques. Et moi, je les invite vraiment à se dire, mais en fait, à quoi on sert ? Est-ce qu'on se met au service du bien commun ? Et puis après, j'intègre aussi les notions de biodiversité avec une maturité qui a bien évolué, je pense, depuis quelques années, mais qui reste pour moi peut-être l'axe qui est globalement mon pote. pas bien pris en main par les entreprises. Et pour autant, on se dit qu'il y a un potentiel incroyable parce qu'en plus, c'est peut-être encore plus concret.

  • Eric

    C'est hyper motivant de régénérer la biodiversité.

  • Alexandra

    De régénérer la biodiversité. On a un certain nombre de réflexions autour de ça. Et donc, pour moi, pour le coup, c'est un levier dont il ne faut pas se priver pour embarquer les collaborateurs et aussi pour voir des choses très concrètes. Voilà un petit peu les axes clés, avec aussi peut-être ce dernier volet qui est important pour moi, c'est de rester indépendant. Je vais le dire en introduction, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, ça nous donne une vraie liberté. On en a beaucoup. parler à la CEC en fonction de l'actionnariat, en fonction... voilà, il n'y a pas un actionnariat parfait, mais en tout cas avoir cette vision long terme pour porter des engagements forts et des sujets de transformation.

  • Eric

    Complètement. On va peut-être parler d'un métier historique de Serfim qui est très lié à la nature, très lié à la régénération, le métier de la dépollution. Est-ce que tu peux nous parler de ce métier, aussi de ses difficultés ? et de ses enjeux, et puis comment tu vois une projection, peut-être, vers le futur sur ce métier-là des pollutions ?

  • Alexandra

    Oui, effectivement, la dépollution, on a la chance que ce soit un métier historique chez Serfim depuis le début des années 80. Pour l'anecdote, on est vraiment venu dessus parce que les câbles étaient au pire haleine à l'époque, les câbles électriques, ils claquaient, ça faisait des pollutions gigantesques, et à ce prémice de prise de conscience environnementale, les clients ont commencé à nous dire, on peut peut-être... de ne pas laisser ça comme ça, laisser se diffuser toute cette pollution. Et du coup, on a créé Serpol, donc l'entreprise historique s'appelle Serpolet, et Serpol pour service pollution. Et on s'est développé comme ça sur tout un volet des pollutions des sols avec un volet R&D. Et beaucoup plus récemment, on y reviendra sur les nouveaux métiers, notamment sur le traitement des eaux et des effluents, qui est bien sûr un enjeu majeur. Et c'est vrai que ce métier de dépollution, c'est peut-être mon métier qui est de base le plus... plus proche de la régénération, sachant que c'est intéressant parce que si on est jusqu'au boutiste, il n'est pas 100%, mais on va dire qu'il va dans le bon sens de base parce qu'on prend effectivement des terres industrielles, ça peut être de la pharma, de la chimie ou autres qui ont été polluées et on va les aider à se dépolluer bien sûr, à éviter qu'il y ait davantage de pollution parce que parfois on touche évidemment à des enjeux de nappe phréatique qui sont touchés et du coup des pollutions assez majeures qui... impact l'eau au niveau des collectivités. Et donc l'idée, c'est vraiment d'éviter les pollutions, dépolluer les sites en tant que tels, et d'aller créer des nouveaux sites, soit pour en faire, là en l'occurrence, on a un site, ça peut devenir un parc urbain, donc vraiment aller sur des nouveaux usages par rapport à des sites industriels. Ça peut être aussi pour utiliser ces friches industrielles plutôt que des terres agricoles ou naturelles pour permettre plutôt d'utiliser ces friches-là pour aller développer d'autres sites. Et aujourd'hui, quand je parlais d'indicateurs, nous, on a plus de 150 000 tonnes de terres qui sont dépolluées. Et j'espère demain, plutôt que de donner mon chiffre d'affaires, je donnerai ces quelques indicateurs clés. Et bon, évidemment, qu'est-ce que ça veut dire 150 000 tonnes ? Est-ce que c'est beaucoup ou pas beaucoup ? Pour moi, la tendance, c'est ce qui est important. si on va de plus en plus loin autour de ça. Et là où je trouve que c'est intéressant sur ce métier de la dépollution, c'est comment on va plus loin demain en se disant, justement pour être vraiment dans la question de la régénération, on intègre des notions de génie écologique, de renaturation. On a d'ailleurs une filiale en Espagne. Il y a eu une pollution, notamment sur un des sites, avec des huiles végétales assez massives sur un fleuve. Et là, on va vraiment dépolluer, traiter évidemment, ça c'est notre métier historique, traiter ces huiles, aller en capter la plus grande partie, traiter les terres polluées, mais aussi aller complètement recréer ce cours d'eau, le revégétaliser, le renaturer. Et ça, pour moi, c'est une des clés, c'est aller plus loin et trouver les moyens et les solutions pour vraiment rendre à la nature ses droits. Et c'est aussi ce qu'on a fait en travaillant, par exemple, la question des terres fertiles. Les terres fertiles, on le sait, c'est un enjeu majeur, notamment en ville. On n'a plus assez de terres fertiles. Donc, il faut vraiment qu'on prenne en main ce sujet-là. Et on a développé un certain nombre de plateformes, deux notamment majeures sur la partie lyonnaise, de deux types différents, soit une spécifiquement sur les terres polluées, donc des terres très polluées, où on va aller utiliser des traitements avec de la luzerne, sur des traitements de 12 à 18 mois. pour aller refertiliser. Donc, en petite partie, aujourd'hui, pour être très honnête, une partie repart, on est en partenariat avec Vika, et on va utiliser une partie des terres trop polluées dans la production de ciment. Donc, il y a ce volet-là, et puis après, il y a tout ce qui est d'autres terres un peu moins polluées, et aller quand même les refertiliser. Donc là, on a à peu près 20 000 tonnes par an de terres fertiles sur ces plateformes, et l'idée, c'est vraiment d'aller jusqu'au bout. On est très en lien. C'est le constat qu'on a fait en travaillant avec... c'est un nombre de directeurs, managers au sein de mon organisation, mais on est très en lien avec le sol. Le sol et l'eau, c'est vraiment les deux sujets, les deux choses qu'on traite. Quand on a fait du chantier, on est vraiment en lien avec le sol. Et comment on protège ce sol ? Comment on va plus loin ?

  • Eric

    La question que j'aurais envie de te poser, c'est sur le modèle économique de la dépollution, parce que c'est un enjeu majeur. Et si le modèle économique est bon, en fait, c'est des millions de milliers de tonnes qu'on va aller retravailler. Comment vous vous rémunérez ? Et quand vous allez plus loin, par exemple là, sur les sols fertiles ou sur une rivière, est-ce que les pouvoirs publics aussi vous rémunèrent ? Quels seraient vos modèles économiques sur cette business unit ?

  • Alexandra

    Alors, le modèle économique, on va dire de base, de la dépollution, c'est qu'il y a un certain volume à traiter. Par contre, tout type de pollution est différent. Donc là, c'est vraiment une analyse assez fine. C'est là où on a le plus d'ingénieurs, le plus de R&D au Centre FIM pour aller vraiment comprendre les différents types de pollution. On propose à nos clients un certain nombre de solutions le plus innovantes, notamment d'aller vers des traitements le plus organiques, naturels possibles. Alors je vais être très honnête, parfois ça trempe dans le pétrole, on ne va pas faire de miracle. Mais ceci étant dit, on va vraiment avoir un champ des possibilités en matière de solutions. Et si nos clients nous donnent du temps, effectivement parfois un peu d'argent, on peut aller travailler des solutions plus naturelles pour aller vers ces modèles-là. Aujourd'hui, je vais être très honnête, les sujets de la dépollution, ça reste cher. Donc, il faut continuer d'innover par rapport à ces métiers. Et c'est pour ça qu'avoir ce plateforme, par exemple, c'est une des solutions. Parfois, parce qu'il y a des contraintes de temps, donc on déplace les terres. Alors, parfois, on aime bien ne pas les déplacer. Mais par contre, si on les déplace, on peut faire du circuit court. Mais clairement, aujourd'hui, le modèle économique, il est encore, évidemment, il est réel. C'est des métiers qui existent quand même depuis un certain temps. il faut qu'on arrive à continuer d'innover pour rendre aujourd'hui beaucoup plus incitatif d'aller sur de la friche industrielle plutôt que sur du neuf. Et ça, aujourd'hui, il faut encore un peu de courage politique et un peu d'argent pour ça, pour être complètement honnête. Ok.

  • Eric

    Parlons d'une autre activité historique de Serfim, le recyclage des matières. On sait que les ressources naturelles s'épuisent. qu'il va falloir réemployer, recycler. C'est un enjeu majeur. Vous avez un savoir-faire dans ce domaine. Quels sont les grands projets que vous avez sur cet enjeu-là et la confiance que tu as sur ce business du recyclage ?

  • Alexandra

    Alors effectivement, le recyclage, c'est le deuxième métier chez Serfim. Donc pour nous, c'est important. On a fait un gros travail sur la chaîne de valeur parce qu'effectivement, le recyclage, si on est complètement honnête, ce n'est pas la première chose qui doit se passer. On doit d'abord aller sur le réemploi, la réutilisation. puis le recyclage, puis l'incinération, puis l'enfouissement. Je fais basiquement la pyramide qui est très bonnie par les acteurs du déchet. Et donc, nous, notre objectif, clairement, je pense qu'il va au-delà, c'est tout faire pour éviter l'enfouissement. Moi, aujourd'hui, je considère que c'est une aberration. Il y a plein de solutions qui existent. On ne devrait plus enfouir comme on enfouit aujourd'hui. C'est une dette énorme qu'on laisse à nos enfants. Et en plus, il y a tout un enjeu de limiter l'épuisement des matières premières. Là, on est sur l'enjeu ressources des limites planétaires, évidemment. Et donc, nous, on a eu un positionnement historique sur le recyclage, qui reste le plus gros de notre activité. Et là, pour le coup, on développe des filières en lien avec nos métiers, donc principalement dans les BTP, on recycle aussi les frigos et d'autres choses. Mais notamment, le modèle économique, c'est de récupérer la matière, et c'est de la revaloriser et de trouver le partenaire industriel qui va l'utiliser. Donc, on parlait de Vika, on a aussi un partenariat pour la production de CSR. de combustibles de substitution de récupération qui remplacent les énergies fossiles en cimenterie à partir de déchets non dangereux, non recyclables. Et ce qui est intéressant, c'est que c'est un modèle aujourd'hui qui a besoin d'exister pour éviter l'enfouissement. Mais demain, pour moi, il ne devrait plus exister. Et c'est génial d'ailleurs, parce qu'on a le dirigeant de cette filiale, il a eu une interview il n'y a pas si longtemps en disant Est-ce que votre business est vraiment vertueux ? Est-ce que demain vous n'existerez plus ? Il a eu cette réponse incroyable où il a dit Si demain on n'existe plus, c'est qu'on a gagné. Et j'ai trouvé ça génial parce qu'en fait, aujourd'hui, il y a besoin d'exister. Donc, il ne faut pas qu'on soit complètement déconnecté de ça et qu'on s'y prépare. Pas qu'on soit incité à continuer à tout prix, évidemment. Mais par contre, aujourd'hui, c'est des volumes très concrets qui évitent l'enfouissement. Après, il y a des types de recyclage qui sont plus vertueux. Quand je dis qu'ils sont plus vertueux, c'est qu'on arrive à vraiment valoriser la matière quasiment à 100%. Donc du plâtre, on en refait du gypse qui comporte comme du gypse de carrière en cimenterie dans la production de plâtre. Là, il y a un certain nombre de projets, mais c'est pareil pour la laine de verre, le bois. Voilà, on peut vraiment valoriser la matière. Nous, ce qui fonctionne aujourd'hui, et c'est vraiment dans la logique aussi de coopération de la CEC, et c'est ce qu'on a vraiment accéléré depuis quelques années, c'est les partenariats industriels. Parce qu'en fait, si tu revalorises de la matière et que tu n'as pas de personnes pour l'utiliser, c'est chouette, mais bon, tu ne vas pas en faire grand-chose. Donc, il faut l'industriel qui soit motivé à l'utiliser à un bon niveau de prix. Ce métier est vertueux sur certains titres. Notamment là, on a beaucoup travaillé aussi sur la question du réemploi. On fait aussi de la déconstruction. Comment on va vers la déconstruction raisonnée ? Aujourd'hui, on est à moins d'un pour cent sur la déconstruction et sur le réemploi. L'idée, c'est de passer à 4 pour cent dans les objectifs gouvernementaux. Mais dans l'idée, on se rend compte que c'est trop peu. Et en fait, pour autant, quand nos clients nous donnent un peu de temps, pas nécessairement beaucoup d'argent, mais en tout cas un peu de temps, on peut déconstruire de manière plus raisonnée et aller davantage favoriser le réemploi. Donc là, on va vers un modèle économique plus vertueux. On travaille... L'enjeu du vivant sur les sites de recyclage, c'est des sites qui utilisent du foncier, des sites industriels. Intégrer le vivant, aujourd'hui, on peut l'intégrer dans notre chaîne de valeur, dans nos réflexions, dans les matériaux qu'on utilise. On a des réflexions évidemment intéressantes sur nos sites, sur la façon de le faire. Mais voilà, je ne vais pas prétendre que ce soit des métiers non plus 100% connectés au vivant,

  • Eric

    peut-être. Ce qui est fondamental dans ce que tu présentes, Alexandra, c'est l'enjeu coopération. coopération entre-industrielle, coopération aussi publique-privé, assez souvent et de l'enjeu aussi systémique que les règles du jeu favorisent ce genre d'initiatives notamment de déconstruction aujourd'hui c'est pas forcément gagnant de prendre ce temps-là et de lancer ces coups-là alors vous dépolluez, vous recyclez vous faites plein de choses, mais vous fabriquez aussi, vous contribuez à la fabrication d'infrastructures tu nous as pas mal parlé de l'eau aussi de l'électricité, ou la voirie. Est-ce que, là, sur ces enjeux-là, quand il faut construire, quand ça fait du sens, comment vous appréhendez les choses ? Est-ce qu'il y a des inflexions, un avant et un après sur ce métier-là ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu la chance, effectivement, de première entreprise qui avait déjà plein de métiers et qui faisait déjà aussi beaucoup de rénovations. Après, il n'y a pas... 100% de nos métiers qui sont parfaits. Mais on est, par exemple, sur les ouvrages d'art, on fait beaucoup de rénovations, de tunnels pour la SNCF. Donc, par exemple, pour moi, on est sur des métiers qui vont dans le bon sens. Après, évidemment, ça reste du béton projeté. Donc, c'est tout l'enjeu. C'est pareil, quand on fait de plus en plus des ouvrages type passe à poisson, on se dit que ça va dans le bon sens pour le vivant parce qu'on va faire des solutions qui sont pertinentes pour permettre, évidemment, au corridor biologique de fonctionner. Mais après, ça reste du collage du coup. du coulage de béton. Donc, évidemment, c'est tout l'enjeu pour moi d'équilibrer l'ensemble des limites planétaires et ce qu'on fait les bons fois par rapport à ça. Au même titre qu'on fait de la rénovation dans les réseaux d'eau aussi, les ouvrages liés à l'eau, ou encore sur la route. Et donc, ce qu'on fait, et là, c'est peut-être un des métiers qui est pour moi le plus complexe, parce qu'effectivement, on fait aussi du nef, parfois. Et là, l'inflexion, c'est vraiment comment on fait nos métiers différemment, évidemment. Donc là, c'est toute la partie empreinte, évidemment. Mais là, ça peut être par du recyclé, aussi ça touche à des questions d'adaptation, avec des couleurs différentes qui permettent de lutter contre les îlots de chaleur en ville. Mais c'est aussi comment on est motivé à moins artificialiser. Donc ça peut être par des nouvelles offres, par des partenariats avec d'autres acteurs qui sont si présents là-dessus. Mais comment on construit les modèles économiques ? pour que globalement, on ne gagne pas plus d'argent si on tartine le plus d'enrobés. Je caricature évidemment volontairement. Et ça, c'est vrai que c'est compliqué quand tu as des outils industriels, notamment centrales d'enrobés, de déconstruire ça. Et c'est vrai que j'arrive avec cette vision auprès de certains acteurs qui ont envie de faire du volume du volume. Et moi, je dis, OK, on a un outil industriel, il faut qu'on ait un système de coopération pour que ce soit le plus local possible, qu'on travaille en bonne logique. mais aujourd'hui, ce n'est pas vertueux si on a cette volonté de toujours faire plus de volume. Et donc, clairement, aujourd'hui, les appels d'offres sont toujours construits comme ça. Par contre, on peut être de plus en plus sur différents métiers, force de proposition pour amener des solutions, essayer de moins artificialiser typiquement. Et si je prends un parallèle peut-être avec les métiers de l'énergie, qui est peut-être plus concret, sur Serpolet, notre entreprise historique, on fait depuis très longtemps de l'éclairage public. Donc les sujets d'éclairage public avec une grosse phase qui a permis un gros travail sur la performance énergétique avec le passage en LED, donc ça c'est du basique évidemment. Mais en fait, au-delà de ça, aujourd'hui, on a développé de l'ingénierie, un bureau d'études vraiment spécialisé qui permet d'aller répondre à ces enjeux de performance énergétique, d'aller construire notamment des marchés à performance énergétique qui sont incitatifs par rapport à la performance énergétique déjà qu'on va attendre. Donc ça, c'est sur l'angle purement énergie, mais aussi qui nous permettent d'être davantage force de proposition sur des sujets biodiversité, et notamment par rapport à la... À la lumière, c'est vraiment toute cette question d'avoir des corridors, là encore, qui sont respectueux du vivant, en travaillant l'intensité et la couleur de la lumière. Et ça, aujourd'hui, c'est des solutions qui sont quand même simples, qui sont accessibles. Et du coup, on a davantage, dans une logique un peu globale de contrat, on travaille beaucoup l'impact de nos chantiers sur, à la fois en termes de carbone, mais à la fois avec des variants de biodiversité. Aujourd'hui, ça prend... pas toujours. Mais quand on arrive à mettre en avant des solutions simples, relativement peu coûteuses, et qu'on a une approche plus globale des contrats, on arrive à faire des choses qui commencent déjà pour moi à être sympas.

  • Eric

    Est-ce que dans cette activité-là, ça vous arrive de faire des renoncements, justement, parce qu'il y a pas mal de dilemmes ? Est-ce que ça vous arrive de renoncer à des contrats, renoncer à des clients, dire non, là, ça, on ne peut pas y aller ?

  • Alexandra

    Alors, je dirais de manière claire, ce qu'on fait et le travail de fond en lien avec ces missions, c'est l'alignement de nos métiers avec notre raison d'être. Et en fait, on s'est projeté à l'horizon Cap 2030 avec l'ensemble de nos patrons sur quelles activités doivent se développer, quelles activités doivent se transformer et voir peut-être demain plus exister. Alors, plus exister, peut-être que je n'ai pas nécessairement passé le cap, notamment sur la route, pour moi, ce n'est pas nécessairement plus exister en tant que tel. c'est probablement se positionner encore davantage sur la rénovation et effectivement la question du neuf. Et pour moi, ce n'est pas nécessairement ne plus aller sur du neuf, mais plus aller sur du neuf n'importe comment. Donc en fait, est-ce qu'on a la marge de manœuvre pour aller proposer des choses qui vont dans le bon sens ou pas ? Et sinon, il faut renoncer. Aujourd'hui, on n'a pas eu de renoncement, je dirais, majeur. Moi, je regarde aussi une réflexion sur la finalité de la question. à quoi sert évidemment l'infrastructure. Mais en fait, tu te rends compte que c'est hyper difficile. Parce qu'en gros, il y a des infrastructures liées à la santé. Il y a quand même un certain dynamisme sur cette activité-là. Donc, tu te dis, c'est bien de faire du local en France. Et puis, on a eu le sujet sur un acteur, on va dire, du jouet. Et on se dit, est-ce que c'est utile de ré-artificialiser des sols pour aller faire un acteur de jouet ? Et après, on me dit, oui, mais dans ce cas-là, on va acheter sur Internet, continuer d'importer, etc. Donc, tu te rends compte qu'en fait, Tu arrives vite à justifier beaucoup de choses. Donc pour moi, et c'est un problème, parce que je pense qu'il y a quand même des sujets et des métiers sur lesquels il faut pour autant renoncer. Aujourd'hui, on est sur des typologies de métiers où en infléchissant, comme il y a quand même un certain dynamisme aujourd'hui, on arrive à aller sur des métiers de plus en plus vertueux. Je n'ai pas encore de ligne de business énorme où je me dis demain, on n'existe plus du tout. Il y en a évidemment une ou deux où je suis plus à l'aise. Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est que par exemple, ce n'est pas une grosse activité pareille chez nous, mais on était effectivement... On travaille dans le milieu de la montagne, ça peut être sur l'électricité pour les remontées mécaniques, ça peut être sur, à l'époque on en fait moins aujourd'hui, des canons à neige. En fait on voit que ces enjeux-là se transforment, donc en fait on accompagne ces transformations pour voir la montagne différemment. Et donc charge à nous, pour moi, d'être force de proposition par rapport à ça. Et c'est au même titre qu'il y a des métiers peut-être qui sont plus complexes, pour moi, en lien avec le vivant, c'est tous les métiers en lien avec la technologie. Donc on a des métiers de fibre optique, de vidéos, de trafic, de communication numérique et de territoire connecté. Pour la première fois que je leur avais parlé de Vivant, en sortant de la CEC, ils m'ont tous regardé avec leurs grands yeux. De quelle planète ? Voilà, de quelle... Je me dis, c'est qui cette jeune dirigeante qui arrive complètement perchée ? Et en fait, pour autant, ils étaient super avancés sur un certain nombre de points, de labels, etc. Ils avaient quand même une vraie volonté. Et aujourd'hui, ils réfléchissent vraiment à comment mettre au service la technologie, au service de ces enjeux de transition. Ça peut être très concrètement le trafic, on a un logiciel de gestion du trafic, et comment ce logiciel de gestion du trafic permet de favoriser les transports en commun dans les collectivités. Ça peut être sur les territoires connectés. Aujourd'hui, on a des solutions de plateforme pour que la ville intelligence devienne accessible pour les petites et moyennes collectivités. Notamment, on a fait tout un travail sur la mesure de l'eau, qui est aujourd'hui mal mesurée globalement, et en lien avec la CSRD, on va avoir besoin d'avoir une vraie transparence sur ça. Et du coup, c'est... utilisait des objets connectés pour mieux mesurer tout ça. Et on a eu ce lien avec le vivant qui était complètement, j'allais dire, étonnant pour moi, mais qui peut sembler peut-être anecdotique, mais en gros on a utilisé des objets connectés pour permettre d'éviter que les randonneurs rencontrent les troupeaux et les patous notamment. Ça a hyper bien fonctionné, ça s'est développé dans une certaine zone géographique en tout cas, et en fait ça permettait déjà de vivre ensemble, on va dire. pour éviter les problèmes. Mais aussi, on s'est rendu compte que c'était utilisé par les agriculteurs pour savoir justement les zones qui avaient été pâturées et justement mieux optimiser aussi ces usages-là. Et ce que je trouve intéressant, c'est de se dire, je ne veux absolument pas faire de la technologie à tout prix et connecter peut-être les animaux. Ça peut peut-être choquer, donc je ne veux pas aller dans un abus, évidemment. Il faut le faire avec parcimonie. Mais je pense que la technologie peut vraiment se mettre au service du bien commun. Et c'est vraiment ce travail-là que je leur demande actuellement. Et oui, il y a des métiers où on se dit, demain, on les fait déjà de la manière la plus vertueuse possible. Mais est-ce que demain, notamment sur la communication numérique, on fait de l'information passager et de la publicité ? Évidemment, l'information passager, c'est plutôt pour des transports en commun, donc je n'ai pas de sujet. Mais sur la publicité, ce n'est pas tant les solutions qu'on met en place que la finalité de la publicité. Et là, ça fait vraiment lien avec tout le travail que tu fais avec la CEC, que vous faites, évidemment, collectivement, sur les nouveaux imaginaires. C'est comment... La publicité permet de diffuser des imaginaires différents. Comment elle se transforme ? Et elle permet de transformer nos sociétés.

  • Eric

    Je crois qu'on touche là, en fait, aussi cette question de la right tech et donc mettre la technologie au service d'offres qui ont du sens. Et puis aussi une question collective du renoncement. Qui sommes-nous pour dire que telle activité, elle mérite encore d'exister ou pas ? ou que telle publicité, elle mérite d'être mise en avant ou pas. Et là, c'est vrai que c'est des réponses surtout collectives. C'est difficile pour un fournisseur de se positionner à ce niveau-là. Alors, on va rebondir sur cette petite anecdote que tu disais tout à l'heure où certains collaborateurs disaient qu'ils pouvaient te trouver perché à certains moments, notamment sur les enjeux biodiversité, aux collections vivantes. Si je te pose la question, une note de 1 à 10,

  • Alexandra

    sur aujourd'hui l'état de compréhension de ta vision par tes collaborateurs. Donc, 1, c'est une testime hyper perché et ta feuille de route CEC, pour eux, elle est complètement déconnectée de leur vie réelle. Et 10, ce serait ils ont parfaitement compris ce que tu as en tête, avec quoi tu es revenu de la CEC. Et donc, ils adhèrent complètement à ta vision du cap pour l'entreprise. Tu placerais le curseur à quel niveau aujourd'hui ?

  • Eric

    Je dirais 6. Six, parce que forcément, il y a 2800 personnes chez Serfim. Donc après, si chacun évaluait, ce serait peut-être différemment, évidemment. Mais si je regarde le travail qui est fait par l'ensemble de mes filiales, aujourd'hui, il y avait déjà certains métiers, il y avait déjà une certaine transition. Et là, ils l'ont compris, ils ont bien adhéré. Et moi, ce qui était super puissant pour moi, notamment, parce qu'il y a cette sensibilisation, évidemment, globale et nécessaire de tous. Et ça, je pense qu'aujourd'hui, ils ont compris que, notamment sur les sujets de sécurité et de transition, c'était vraiment les priorités, les axes que je donnais de manière majeure à l'entreprise. Et en fait, aussi, aujourd'hui, dans mon organisation, qui est quand même assez décentralisée, j'ai aussi besoin que les différents patrons et un certain nombre de managers adhèrent pleinement. Et moi, je crois profondément que tu peux être hyper inspirante en dirigeant, tu peux le faire super bien si ça reste un cheminement personnel. Et chacun doit vraiment être face à ses convictions, face à ce sujet, presque seul. C'est un peu nécessaire. Et ce qui est intéressant, c'est que j'ai eu pu mettre finalement deux dirigeants dans une des CEC, une des déclinaisons régionales, et à la fois par ça et à la fois par les embarquements CEC qui sont faits au niveau du bassin lyonnais. Et ça me permet en fait... que chacun chemine, en fait. Chacun chemine. Alors, ça peut être par la CEC, ça peut être aussi par d'autres biais. Donc, aujourd'hui, je pense qu'il y a un bon niveau de compréhension. Je reste sur un niveau de 6 parce qu'on a encore beaucoup à faire, parce qu'il y a une entreprise de 2 800 personnes à peu près. Ce n'est pas encore facile de faire adhérer. Et quand on parle de changer nos modèles économiques et qu'on nous dit, bah oui, entre guillemets, t'es gentil, mais nous, on répond à des appels d'offres. Voilà, c'est... On a encore du chemin à faire.

  • Alexandra

    Mais ça monte.

  • Eric

    Ça monte. Ah non, mais clairement, aujourd'hui, moi, là où je vois quand même une très belle inflexion, c'est déjà ce qui se passe en interne, ce qui se passe avec les autres acteurs. Et aujourd'hui, clairement, ce niveau de site, j'en suis aussi fière. Il peut être dur et pas dur, mais moi, j'en suis aussi fière parce qu'aujourd'hui, quand je parle de vivants, il y avait des personnes, des branches, des métiers qui ne se sentaient pas concernés. Aujourd'hui, ils cherchent, ils voient, ils travaillent et développent des solutions. qui peuvent se mettre davantage au service du vivant. Et j'en ai donné quelques exemples. Mais il y a cette volonté-là, elle est profonde, elle est réelle. Et en plus, elle est hyper stimulante pour les équipes. Donc après, évidemment, j'ai plein de gens qui sont à 10, probablement certains qui sont à 1 ou 2. Mais j'en ai qui adhèrent pleinement, qui poussent à fond, qui poussent parfois plus fort que moi. Et ça, je trouve que c'est génial. Qui me remercient de pousser cette vision-là et qui vont aller justement... travailler de manière très concrète sur les solutions, pour réduire notre empreinte, pour intégrer le vivant, refondre nos modèles économiques. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que si tu as ça, tu as une force vive incroyable qui te permet de faire adhérer. Et j'ai aussi demandé, pour justement travailler cette question un peu de l'embarquement global, il y a la sensibilisation, on l'a parlé, il y a mon équipe de direction. Je suis aussi allée chercher un peu plus loin dans l'organisation pour aller trouver des personnes qui avaient vraiment envie travailler ce sujet-là et comment embarquer les équipes. Et on s'est rendu compte qu'il y avait, pour transformer vraiment une entreprise, c'était globalement, pour moi, il y a la conviction personnelle, le cheminement de chacun. Ça, ça marche pour une partie des gens. Il y a l'argent, enfin en fait les deux vont être liés à l'argent, mais il y a la finance et notamment les banques qui nous font quand même évoluer. pas de manière assez significative pour moi. J'adorerais que les pré-impact soient de manière significative, différente, parce qu'on a un projet qui va dans le bon sens et que ce soit beaucoup plus dur de se financer sur un projet qui ne va pas dans le bon sens.

  • Alexandra

    On y travaille avec la CEC, monde financier.

  • Eric

    Voilà, j'imagine bien. Aujourd'hui, il y a des choses qui existent, les banques, voilà, pour des choses. Mais pour moi, c'est beaucoup trop light. Ce n'est pas différenciant. On va parler de la CSRD, comment elle pourrait permettre peut-être d'aller plus loin autour de ça. Mais aujourd'hui, pour moi, ça, c'est un des leviers forts. Et la finance, voilà. pouvoir étant quand même aujourd'hui encore beaucoup dans l'argent, c'est un des leviers incroyables. Et le troisième levier que je vois, c'est vraiment le client, le commerce, la façon de répondre aux appels d'offres. Et donc là, on voit quand même que ça bouge. Donc justement, cette fameuse équipe que je suis allée chercher de manager ou directeur de filiale pour aller travailler sur ce sujet-là, ils se sont dit, mais voilà, comment demain on fait, on propose davantage de variantes et on prend le temps. A nos clients, même si ce n'est pas demandé, de faire davantage de propositions de variantes environnementales. Ça, en général, on le fait sur des propositions notamment autour du carbone, mais aussi des variantes biodiversité en lien avec le vivant. Et ça, l'idée, c'est d'être beaucoup plus proactif pour le proposer. Déjà parce que si on n'a pas, pour moi, si on ne donne pas de la transparence à nos clients sur ce qui est possible ou pas de faire, ils ne vont pas y aller nécessairement naturellement. Et puis après, il y a des clients qui sont quand même moteurs. Il y a quand même parfois certains acteurs, on doit reconnaître, qui vont pousser sur ces sujets-là. Donc ça infléchit et l'idée, c'est d'être vraiment sachant, notamment par rapport à ce lien avec le sol qui est pour moi assez puissant, sur des solutions. Le sol est une source incroyable de biodiversité et qu'on puisse être force de proposition à fond là-dessus.

  • Alexandra

    Donc, trois grands leviers selon toi. Le cheminement personnel de chacun des collaborateurs. Le monde financier qui doit vraiment différencier les modes de financement et puis les taux d'intérêt en fonction des projets. Et puis, cet enjeu d'embarquer autour du sens de l'entreprise. Ça me permet de faire une bifurcation sur la partie actionnariat. Tu en as parlé tout à l'heure. Finalement, ça a l'air d'être une chance pour toi d'avoir un actionnariat stable et vous y tenez. Tu nous as dit que c'est un actionnariat à la fois familial et des employés. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus et aussi nous dire si tu as un challenge ou plutôt des vents porteurs avec cet actionnariat aujourd'hui sur ton projet d'entreprise ?

  • Eric

    Donc, actionnariat et en matière de sémantique, ce qui est plus correct de dire pour moi, c'est familial. et managériel. Aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs, à peu près 25% du capital. Pour moi, c'est un outil qui est hyper puissant pour embarquer dans un projet, évidemment, d'entreprise. C'est une façon de partager la valeur qui se complète, évidemment, de plein d'autres choses autour de l'entreprise, sur l'intéressement, participation et tout le travail qu'on fait de fond pour redistribuer, évidemment, au mieux dans une logique construite. Donc, pour moi, ça, c'est quelque chose qui est puissant, qui est assez rare, en fait. L'actionnariat salarial, ce n'est pas que c'est extrêmement rare, mais c'est rare de l'être à notre taille et sans financier à son capital.

  • Alexandra

    Et 25%,

  • Eric

    c'est bon pour ça. C'est important aussi. Et donc, c'est vrai que pour moi, c'est porteur. C'est une manière vraiment d'embarquer sur un projet. Après, il faut garder cette vision à long terme. En général, on a des collaborateurs qui sont là avec une certaine fidélité. Donc ça, c'est hyper important pour moi pour construire, en fait, dans la durée, une transformation de l'entreprise. Évidemment, c'est bien aussi d'avoir des personnes nouvelles qui arrivent aussi pour apporter une certaine vision. Mais on est quand même sur cette volonté de construire dans la durée par rapport à une transformation. Moi, cet actionnariat, je le trouve puissant parce qu'il nous donne une certaine liberté, une vraie liberté pour moi d'être libre de Ausha. Il peut poser un certain nombre de contraintes financières, notamment, où on va faire justement un développement, toujours avec cette axe d'aller dans le bon sens, mais sur un certain nombre d'indicateurs. mais aussi qui va justement pour moi être sain aussi, parce qu'il ne va pas avoir un fond qui va vouloir sortir, je caricature évidemment grossièrement, un fond qui va vouloir absolument pour que Savalo évolue, qui est une croissance un peu démesurée. Aujourd'hui, on est en face de plein d'acteurs qui vont aller faire des croissances externes ou des projets de manière un peu déconnectée de la réalité du marché, parce qu'ils ont envie de grandir, de grossir plutôt. Moi, je dis que la croissance n'est pas... Pas une fin en soi, c'est une conséquence de développement de certains indicateurs au service du bien commun, de certaines choses qui nous parlent véritablement. Après, ça peut nous causer un certain nombre de contraintes, parce qu'effectivement, sur des projets extrêmement capitalistiques, on va devoir être plus innovant, on ne va pas forcément tout pouvoir faire seul. Et c'est pour ça que, notamment sur le métier du recyclage, faire des partenariats avec des industriels, c'est hyper pertinent, par exemple.

  • Alexandra

    Alors, on va essayer de dézoomer un petit peu sur cette feuille de route. Ça fait plus de deux ans maintenant que Serfim a rendu sa feuille de route CEC, c'était en milieu 2022. Finalement, ce serait quoi ta plus grande fierté aujourd'hui en accomplissement sur cette feuille de route ?

  • Eric

    C'est toujours dur d'en choisir un quand on a autant de métiers que moi. La fierté déjà de voir que concrètement les gens se sentent concernés par le vivant. Parce que ça, pour moi, c'est une vraie transformation de se rendre compte qu'en fait, on est tous concernés. Puis, il y a quatre ans, on s'est énormément développé sur le traitement des eaux et des effluents. Et moi, c'est vrai que je me sens hyper concernée par l'enjeu de l'eau, à la fois par, évidemment, la réduction des fuites, mais aussi le traitement des eaux et des effluents avec tout ce qu'on entend sur les différents polluants et tout ça. Aujourd'hui, j'avoue de manière très concrète, je suis hyper fière qu'on ait développé ce positionnement-là, investi dans de la R&D, fait des choix long terme par rapport à ça. Voilà, et puis je suis à la fois aussi hyper fière que sur des métiers des travaux publics, on a réussi à montrer et à transformer que ces métiers se mettent au service des transitions. Et pour moi, c'est peut-être une des plus grandes fiertés, c'est vraiment... Nos collaborateurs, nos équipes sur le terrain ne sont pas toujours connectés à leur profonde utilité. Et en fait, reconnecter ça, pour moi aujourd'hui, c'est extrêmement puissant par rapport à cette question de sens. Après, je pourrais en citer plein d'autres. J'adore nos métiers, j'adore nos équipes, ce qu'elles portent. Ok,

  • Alexandra

    et on continue dans la question un peu difficile. Mais finalement, dans tes rêves les plus fous, Serfim dans 10 ans, ça ressemble à quoi ?

  • Eric

    Alors déjà, Serfim dans 10 ans, dans mes rêves les plus fous, déjà c'est parfaitement aligné avec nos trésors d'aide, nos contribuables à une meilleure qualité de vie en aménageant des territoires durables et respectueux du vivant. Serfim, dans 10 ans, pour moi, a soit réussi à arrêter, ou en tout cas à transformer de manière significative certains de ses métiers. Et quand je dis transformer de manière significative, c'est évidemment la façon de les faire dans le terme d'empreintes, mais aussi leur fidélité. Quand on parlait de la route, comment on artificialise moins, comment sur la communication numérique, on peut contribuer à faire que ça se mette davantage au service du bien commun. Donc pour moi, c'est vraiment aller loin sur les métiers qui doivent le plus se transformer et s'accélérer sur ces grandes missions. C'est comment on a répondu à l'enjeu de l'eau. Alors ça peut être à la fois de manière très concrète sur les fuites d'eau évitées ou les volumes d'eau qu'on a traités. Mais peut-être même si je vais plus loin, c'est vraiment comment on accompagne le cycle de l'eau dans les villes, pour les villes ou pour les industriels, de manière globale, pour faire l'économie circulaire de l'eau, comme on peut le faire à une petite échelle mais de manière plus globale. Serfim pour moi va... Dans mes rêves le plus fou, va à l'horizon d'une dizaine d'années, répondre à l'ensemble de ces missions de manière plus globale. On l'a commencé déjà, mais sur le recyclage, comment ces métiers se transforment, comment on les reconnecte aux vivants. C'est comment sur la dépollution, on va davantage vers les génies écologiques, vers les questions de résilience et d'adaptation. C'est vraiment comment on change aussi cette logique volumique et on accompagne la performance des territoires pour tenir. En fait, c'est l'ensemble de ces sujets-là mais de manière beaucoup plus peut-être globale et avec une solution où on apporte ce savoir-faire pour mieux accompagner nos clients, les territoires, à être plus robustes, à opter pour ces transitions. Évidemment, c'est aussi pour moi, dans 10 ans, une entreprise qui est au meilleur niveau possible en matière de sécurité et de prévention, parce que ça, ça reste l'enjeu qui m'anime et qui est le plus difficile.

  • Alexandra

    Et justement, alors j'en profite, tu me donnes les transitions, parce que là, on revient un petit peu au début. puisque tu avais commencé par cet enjeu-là, l'enjeu humain, l'enjeu de prévention. On va revenir un peu au début aussi de notre échange sur Alexandra, la jeune femme, maman, dirigeante d'une grosse entreprise de l'aménagement du territoire en France. C'est assez rare, c'est assez singulier comme position. Comment tu le vis, toi, cette responsabilité ? Et le fait aussi d'être une femme dirigeante dans ce milieu-là. Ce ne sont pas des questions faciles, mais comment tu arrives à naviguer ? dans ces eaux ?

  • Eric

    Écoute, moi, je le vis bien dans le sens où, alors, j'ai cette transition personnelle qui a quand même été nécessaire, notamment avec la CEC et ce cheminement qui m'a vraiment permis d'assumer ce que je voulais être aussi en tant que dirigeante, assumer que je pouvais avoir un positionnement différent et qui ne me bloque pas pour autant pour faire beaucoup de choses et travailler en partenariat avec beaucoup d'acteurs parce que l'idée, c'est vraiment de construire. de ne pas être dans une forme de radicalité qui pourrait être nocive, mais justement dans une radicalité constructive. Moi, je prends les choses avec humour. Quand je parlais de ces moments où parfois je peux avoir l'air un petit peu perché, évidemment, quand je dis ça, je suis aussi dans l'écoute, parce que quand quelqu'un me dit que t'es perché, c'est pas nécessairement pour être méchant, c'est plus par rapport aux enjeux de l'entreprise, la sécurité, la prévention, ça peut être par rapport à des enjeux opérationnels, de production, de volume d'activité, etc. Donc j'essaye de le prendre à la fois avec humour et avec du recul. Et puis petit à petit, cheminer, m'expliquer, faire preuve de pédagogie. Je ne l'ai jamais... C'est assez bizarre et ça peut avoir l'air très prétentieux de ma part, mais je me suis rendu compte que je doutais assez peu. Ça ne veut pas dire que je ne doute pas de plein de petites choses et que je ne suis pas dans l'écoute, évidemment, notamment de mes collaborateurs. Au contraire. Mais par contre, je ne doute pas. Je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision. Et peut-être, j'ai envie d'accélérer. On peut avoir des moments où on a besoin de construire. Ça prend un peu plus de temps que ce qu'on aimerait, mais d'être vraiment dans cette vision-là et d'y croire à fond. Et puis, j'espère que pour l'entreprise, c'est une chance d'avoir une jeune femme dirigeante parce que c'est une des chances pour moi des entreprises familiales. Et là encore, mon père a fait énormément de choses merveilleuses avec Serfim. Je pense qu'on peut se poser plein de questions sur l'entreprise familiale, la question de la méritocratie. Moi, je suis très ouverte sur ces sujets-là. Mais c'est vrai que passer ce cap d'un dirigeant d'une trentaine d'années, C'est intéressant. Il y a plein de modèles qui sont possibles et heureusement parce qu'on a besoin que des personnes de tout âge, de tout sexe, de toute origine, transforment leurs entreprises avec conviction. Donc j'espère que ce ne sera pas que les jeunes femmes dirigeantes qui vont transformer leur entreprise, parce que sinon ça ne suffira pas, clairement. Mais aujourd'hui, je le prends comme une chance et j'espère que c'est aussi vu comme ça, parce que ça permet d'aller passer un cap, d'accélérer sur un certain nombre de sujets et d'engagement. évidemment sur les sujets environnementaux de transition, mais ça peut être aussi sur les sujets de sécurité, aussi sur les sujets digitaux, etc. Donc voilà, ça permet d'accélérer. Donc moi, je le vis très bien.

  • Alexandra

    Et comment tu qualifierais ton style de leadership aujourd'hui, qui évolue bien sûr, mais plutôt vertical ou plutôt horizontal ?

  • Eric

    Oui, plutôt horizontal, plutôt dans une logique de collaboration. C'est aussi venu, en fait, comme je le disais, je suis arrivée avec cette humilité. Avec le fait d'avoir beaucoup de pouvoir, oui, on peut le dire comme ça, ce mot-là me fait toujours bizarre, mais beaucoup de pouvoir très tôt et qui, pour moi, me pousse à beaucoup d'humilité. Et donc, du coup, moi, je l'ai toujours vécu comme ça. Donc, dans mon mode de management, c'est cette construction. Et pour le coup, je pense que j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui est dans l'écoute, qui construit, qui a envie. Et c'est vrai que le fait que chacun aussi ait ce cheminement personnel, aujourd'hui, pour moi, c'est hyper important. Au niveau de mes dirigeants, de mon équipe, et puis au-delà, évidemment, dans l'organisation, parce que je pense à toutes ces personnes qui sont encore hyper engagées dans l'entreprise et qui portent des idées hyper concrètes, qui, pour moi, sont une force incroyable. Donc voilà, pour moi, il faut vraiment se nourrir aussi de ça en matière de leadership pour se donner l'énergie et se concentrer sur ceux qui ont envie d'avancer plutôt que les quelques pourcents qui restent.

  • Alexandra

    D'accord. OK, peut-être qu'on arrive maintenant à la question la plus difficile. Alexandra, tiens-toi bien. Tu es sans doute une des dirigeantes les plus avancées sur le sujet de la visée régénérative et avec beaucoup d'exemples concrets que tu viens de nous donner. Maintenant, si tu avais un enfant face à toi, alors peut-être pas de 5 ans comme ton aîné, mais peut-être on va dire de 10 ans, et que tu dois lui expliquer à quoi ressemble l'économie régénérative en quelques mots. Comment tu définirais cette nouvelle économie ?

  • Eric

    Alors, pour moi, ce que je dirais, un enfant de 10 ans, l'économie régénérative, c'est aller au-delà de réduire notre impact, au-delà de simplement faire mieux nos métiers. C'est très bien déjà de faire ça, bien sûr. C'est vraiment réparer, aider le vivant à se reconstruire. C'est vraiment permettre aux vivants au sens large, les hommes et les femmes compris, de mieux vivre. Et donc, par exemple, comme je le disais de manière très simple, on nettoie les terres pour qu'elles soient plus propres, mais il faut aussi permettre aux vivants de vivre, aux animaux de reprendre leur place, aux insectes, etc. Donc c'est vraiment aller au-delà, de faire moins mal, c'est vraiment faire mieux et reconstruire. Et pour moi, après, je compléterais peut-être sur des visions, c'est aussi lié à l'humain, le mode de management, le mode de fonctionnement, c'est protéger les collaborateurs. Je ne sais pas si on pourrait lire un enfant de 10 ans, mais cette question du modèle économique, c'est de se dire qu'aujourd'hui, je pense que les enfants peuvent comprendre aussi que si créer des conditions pour que ce soit plus motivant, c'est d'aller dans le bon sens. En gros, c'est prendre l'ensemble des sujets, prenons peut-être les plus simples, le climat, l'eau, la biodiversité, les ressources, et comment on construit pour qu'on ait la manière de travailler, que plus on travaille, plus on va dans le bon sens. pour toutes les parties prenantes, pour toutes les personnes qui sont concernées et notamment ces grands enjeux. Voilà, c'est ce que je dirais. La première étant peut-être plus facile pour un enfant de 10 ans que la troisième, mais bon.

  • Alexandra

    Oui, mais c'est peut-être un enfant qui fera du business plus tard. Écoute, on s'approche de la fin de ce podcast. Moi, j'aimerais déjà relever deux pépites. Dans tout ce que tu as dit, il y en a beaucoup. Cette phrase qui est sur ta fierté. Tu as dit la fierté de voir que chez Serfim, 2800 personnes sont maintenant concernées concrètement par le vivant. Et ça, ce n'est pas une petite fierté, ça ouvre beaucoup de possibles. Et il y a aussi cette phrase qui nous pépite et je pense qu'on est beaucoup de personnes qui devraient s'en inspirer. Tu as dit à un moment donné, le pouvoir me pousse à beaucoup d'humilité. Donc voilà, à méditer. En tout cas, merci beaucoup Alexandra. Merci pour le courage, le courage d'être dirigeante, de prendre des décisions difficiles et aussi d'affronter ses responsabilités dans un jeu de contraintes qui est très complexe. Merci pour l'authenticité, de nous avoir parlé à cœur ouvert et aussi merci pour ton pragmatisme. On a eu pas mal de chiffres, beaucoup de concrets. Donc voilà, tu as tenu le capré de gêne. Un grand merci pour ça.

  • Eric

    Merci beaucoup.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Alexandra Mathiolon, Alumni du 1er parcours de la CEC et PDG de Serfim, une société du secteur des travaux publics et de l'environnement. Ensemble ils abordent l'enjeu humain, majeur chez Serfim, de protéger les collaborateurs et leur donner l'envie de protéger les autres; de la finalité des métiers de Serfim dans la préservation de la biodiversité; des changements d'indicateurs; des solutions pour rendre ses droits à la nature; de coopération entre industriels ou public-privé; d'innovation sur les modèles économiques; de technologie au service du bien commun; d'embarquer collaborateurs, acteurs financiers et clients; de leadership, d'humilité et de fierté aussi... Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexandra

    La situation du monde est-ce qu'elle est... il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris ... comment on construit nos modèles pour que nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés... aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs qui ont à peu près 25% du capital ... c'est un outil hyper puissant pour embarquer dans un projet d'entreprise ... j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui construit avec moi, qui a envie ... si on s'y met vraiment, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'age adulte ... je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision et j'ai envie d'accélérer.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Alexandra.

  • Alexandra

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Alexandra, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération. Authenticité. Authenticité de notre échange. Et pragmatisme. Parce qu'on veut rendre très concrète cette nouvelle économie. Et on va essayer de trouver des exemples hyper concrets. Ces trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Alexandra, CAP ou pas CAP ?

  • Alexandra

    Bien sûr, CAP.

  • Eric

    Alors Alexandra... Tu es diplômé de l'école des mines de Saint-Etienne et titulaire d'un Master of Science à l'Imperial College de Londres. Après une expérience chez McKinsey à Londres, tu rejoins l'entreprise familiale Serfim en 2018. Serfim, tu vas nous en reparler, mais c'est 150 ans d'histoire, 2800 collaborateurs et plein de métiers différents autour de l'aménagement du territoire. Tu es nommé, très jeune, directrice générale en 2020, puis PDG. en 2023. Tu as participé à la première CEC en 2021. C'est là où nous nous sommes rencontrés. Alors Alexandra, déjà, est-ce que tu peux nous présenter ou nous dire un peu les grandes lignes de ton entreprise Serfim ?

  • Alexandra

    Avec plaisir. Et bien, Serfim, c'est 150 ans d'histoire. Je suis la sixième dirigeante. C'est la première transition véritablement familiale. On a eu différents dirigeants, mais toujours dans une logique, en tout cas, de longévité. C'est important pour nous parce qu'on est un actionnariat aujourd'hui qui est familial et salarial. Et c'est vrai qu'être indépendant, c'est quelque chose qui est très important pour nous, notamment pour être dans le temps long et être libre de Ausha, ce qui a évidemment plein d'avantages, et notamment quand on doit porter une vision stratégique et de transformation de l'entreprise. Donc, 2800 collaborateurs, près de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, peut-être un petit peu plus à la fin de l'année, et autour effectivement de métiers hyper diversifiés. Donc, si on veut faire la version courte, c'est les travaux publics et l'environnement. Mais on s'est rendu compte qu'on a vraiment des missions profondes qui nous animent et auxquelles on répond. Et je trouve que c'est ça qui est vraiment passionnant et nécessaire en lien avec la transition. C'est qu'on touche à la transition énergétique, donc sur les enjeux de production d'énergie renouvelable, de performance énergétique de nos réseaux et de nos équipements, de nos villes. La préservation de la ressource en eau, que ce soit sur les fuites d'eau que dans le traitement des eaux. limiter l'épuisement des ressources, donc l'économie circulaire, régénérer la biodiversité, aujourd'hui principalement la dépollution des sols, mais on a envie d'aller plus loin évidemment et j'y reviendrai. Et puis l'adaptation, la résilience de nos infrastructures, comment on les rend plus résistants aux aléas climatiques qu'on commence à bien voir. Puis comment la technologie se met au service des transitions sur l'ensemble de ces enjeux.

  • Eric

    Alors merci, on a vraiment envie d'aller creuser sur ces sujets. On va faire un petit flashback peut-être, finalement, quand tu étais enfant, Est-ce que tu te prédestinais à être dans l'entreprise ou qu'est-ce que tu voulais faire comme métier ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu envie de faire plein de choses. J'ai toujours été très curieuse. On a essayé d'avoir un équilibre entre la vie de l'entreprise, la vie familiale, pour évidemment créer du lien. Parce que c'est important d'être attachée à l'entreprise en tant que famille aussi, bien sûr. Mais pour autant, chacune de mes sœurs, par exemple, a fait son parcours par rapport à ses envies. Donc, il n'y avait pas non plus de déterminisme très fort dès le plus jeune âge. Et moi, j'ai eu envie à des moments d'être architecte, journaliste, peut-être même astronaute à des moments. Enfin voilà, j'ai eu envie de faire plein de choses, toujours dans cette idée d'être à l'écoute du monde. Et je suis partie dans un cursus scientifique en prépa et aux mines de Saint-Étienne. Et je me suis vraiment, aux mines, vraiment posé la question de sur quoi j'avais envie de m'impliquer. Et vraiment, c'était la transition énergétique sur un angle très pragmatique, très ingénieur, un peu pur CO2. Et après, j'ai un peu ouvert mes chakras. J'ai eu en tout cas envie, effectivement, à un moment, de rejoindre l'entreprise, parce que j'étais très attachée aux personnes, très attachée au modèle d'une entreprise indépendante de cette taille-là, et aussi très attachée aux métiers. Et je voyais tout le potentiel des métiers de Serfim en lien avec les transitions.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous donner une expérience de nature qui t'a peut-être marqué justement dans ton enfance ? Parce que là, tu nous parles de ton parcours assez techno finalement et ingénieur. Mais est-ce que tu peux nous dire peut-être une des dernières expériences de nature que tu as eues et qui t'a marqué ?

  • Alexandra

    J'avoue que j'ai eu une approche très techno, notamment pendant mes études, début de carrière. Et j'ai vraiment ressenti le besoin de me reconnecter au vivant, de repartager ces moments-là, de déconnexion aussi, parce que je pense que je travaille aussi sur ma surconnexion, je pense, sur laquelle on est un petit peu tous concernés, mais à différents niveaux. Et c'est vrai que, notamment avec des jeunes enfants, j'avoue que ça fait un bon rappel pour aller se reconnecter au vivant. Et pour moi, concrètement, j'habite en ville et je suis très attachée à la ville. Notamment là, de reprendre le temps que mes enfants grandissent un peu, de remarcher dans la nature, de refaire des belles randonnées dans notre région. Donc la région au baril de Grenoble, qui a quand même un potentiel assez incroyable. C'est quand même un plaisir fou et je passe beaucoup de temps en Noriseur, dans ma famille, qui est un territoire de ruralité qui est merveilleux. On l'appelle le pays des couleurs. Et moi, je trouve qu'on voit effectivement, ce n'est pas des territoires très connus, mais par contre, je trouve qu'on apprécie justement ces couleurs des saisons. Donc, c'est les moments où je me ressource aujourd'hui. C'est vrai que dans ma jeunesse, j'ai eu ces connexions là aussi. J'ai eu plaisir à beaucoup marcher, à randonner. J'ai partagé ça aussi assez fortement avec mon mari pendant une période où je trouve que ça permet d'avoir des échanges très différents avec la nature, mais aussi avec l'autre. Parce qu'on est obligé d'être dans l'instant présent. Donc voilà, c'est ces moments-là et c'est comme ça que je reconnecte en tout cas avec la nature.

  • Eric

    Alors, on va maintenant aborder le début de ton aventure, on va dire en route vers l'économie régénérative. Donc on rentre un peu dans le vif du sujet. Finalement, déjà ton point de départ, sans doute que tu avais commencé avant, mais comment tu es arrivée dans l'aventure CEC ?

  • Alexandra

    Alors l'aventure CEC, elle est arrivée à un moment qui... en soi était parfait à posteriori, mais il y avait plein de raisons de penser que ce n'était pas le bon moment. Donc du coup, j'ai commencé à en entendre parler, je pense, autour de mars 2021. Mars 2021, c'est la naissance de mon deuxième enfant, donc de mon fils, et c'est vrai que j'ai eu deux personnes qui m'en ont parlé, à la fois l'ancienne présidente de la CNR et à la fois un collaborateur en interne qui avait une cousine impliquée en tant que bénévole auprès de la CEC, les nombreux bénévoles qu'on peut remercier. notamment de la première CEC et au-delà. Et la première fois que je reçois le message, je me dis non mais vraiment là, je viens d'avoir deux enfants, enfin moi je n'ai pas trouvé beaucoup d'exemples autour de moi de personnes qui avaient deux enfants en bas âge, à une direction générale d'une ETI, une entreprise de taille intermédiaire. Je me suis dit, il ne faut peut-être pas que je me rajoute ça, c'était engageant en termes de temps, c'était 12 jours pleins à consacrer avec la volonté de vraiment engager le dirigeant et moi je le prenais évidemment très sérieusement. Et finalement, au moment où j'ai reçu le deuxième message, je me suis dit non, mais en fait, il faut vraiment que je trouve le moyen d'aligner mes priorités et mon agenda. Et en fait, oui, ce n'est pas raisonnable à bien des titres parce qu'il y a les enjeux de l'entreprise classique. Mais si je n'arrive pas, en fait, je sentais tout le potentiel de la CEC et je me suis dit en fait, c'est sûr, il faut que je trouve le moyen de faire fonctionner. Donc, j'y vais, je m'embarque, j'embarque dedans. Donc, mon fils, quand on a démarré, avait six mois. Et moi, clairement, je n'ai absolument jamais regretté. Évidemment, tu le sais très bien. Et j'ai vraiment cheminé grâce à la CEC. Comme je le disais, en fait, je suis partie d'un engagement que je considère bon, avec une formation spécialisée après les mines à l'Imperial College dans les énergies renouvelables, l'environnement. Donc, avec ces engagements qui étaient quand même... déjà présente, mais avec un prisme qui était peut-être très techno et très carbone. Alors, je pense que j'ai encore parfois toujours ce prisme-là. On pourra y revenir. Et c'est vrai qu'il y a eu des moments très forts au sein de la CEC qui m'ont permis de passer un cap.

  • Eric

    Tu étais au début de tes fonctions de directrice générale. Tu as choisi de faire cet investissement de 12 jours. Et tu parles d'aligner mes priorités sur mon agenda. Moi, c'est une phrase qui me parle énormément parce que je pense qu'on a beaucoup de responsables politiques et de décideurs d'entreprise qui disent qu'ils ont certaines priorités, notamment les générations futures, la planète, la décarbonation. Mais en fait, leur agenda ne le reflète pas du tout. Donc, ils disent, voilà, c'est très important, mais c'est 1% de leur temps. Donc, finalement, d'où est venue cette intuition qu'il fallait aligner sur ton agenda ? Et concrètement ? C'est à quoi tu as renoncé pour faire la place dans ton agenda ? Dis-nous comment ça s'est passé dans ta tête, parce que c'est sans doute un moment fondateur de ta carrière.

  • Alexandra

    Alors effectivement, je pense que par rapport à ce que tu dis, il y a vraiment un cheminement qui reste très personnel, que chacun doit faire en fait. Et même si certains peut-être le disent, peut-être qu'ils n'ont pas fait ce cheminement personnel. Ce que j'ai vu dans la CEC, entre les lignes, c'était une forme de radicalité pour moi, dans le bon sens du terme. J'avais vraiment envie d'être entourée de dirigeants qui avaient envie de s'engager, d'aller loin dans la transformation de leur métier. Et c'était vraiment parti du constat, en fait, de ce que je me disais. Je crois que j'étais retombée sur des vieux magazines de surfing. Mais je me suis dit, pétard, on faisait déjà plein de choses, on en parlait déjà. Et pour autant, il y a plein d'entreprises qui ont l'impression de faire des choses pas mal. Et factuellement, elles font parfois des choses pas mal aussi. Et pour autant, la situation du monde est ce qu'elle est. Et donc... À un moment donné, il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris. Et je voyais dans la CEC un moyen d'aller chercher de nouvelles solutions, d'avoir des personnes qui se rendent compte qu'on n'est pas au niveau et d'aller justement challenger même nos modèles économiques. Donc, j'ai ressenti, j'ai vu ça. Et je pense qu'aussi, je me suis dit, il faut aussi que j'assume finalement mes différences. Je pense que j'étais déjà engagée. Mais c'est vrai que j'arrivais, j'étais dans effectivement beaucoup de responsabilités assez tôt. Donc moi, j'arrivais avec beaucoup d'humilité dans l'écoute, évidemment, de mes collaborateurs en interne, de mes équipes de terrain, de mon équipe de direction, évidemment en externe aussi. Et je me suis dit, oui, il faut rester tout à fait humble, mais il faut aussi que je porte ma vision, que j'assume aussi ce que je portais. Je trouvais que c'était un moyen de me nourrir encore plus et de passer un cap. Donc on a fait la CEC en 2021, c'est il n'y a pas si longtemps, mais aussi c'est loin. Et on a besoin parfois de... de ces piqûres de rappel, parce que c'est vrai que moi, un des éléments fondateurs pour moi en arrivant à la CEC, c'était effectivement tout de suite dans le bas, déjà, cette énergie, le nombre de personnes présentes, et puis ce moment, je m'en rappelle de manière extrêmement claire sur cette première intervention de Valérie Masson-Delmotte, qui était dans les toutes premières interventions. Ça m'a parlé aussi parce que c'est une scientifique et que j'ai ce côté très ingénieur, peut-être pragmatique, etc., mais... J'ai trouvé que c'était extrêmement bien exposé et elle a eu cette phrase, notamment à un moment, qui dit si on s'y met vraiment, donc en gros les scénarios très, très ambitieux ou très ambitieux, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'âge adulte Voilà, moi j'étais maman d'un enfant de six mois, pardon si c'est peut-être un petit peu caricaturel, mais je me suis dit ah ouais, donc en fait, si on y va vraiment, on peut vraiment faire la différence. Donc pour moi, ça, ça a été hyper fondateur. Et cette phrase-là, ce moment-là m'a donné beaucoup d'énergie dans la suite. Et puis après, il y a eu tout le parcours de la CEC, évidemment, sur compter ce qui compte vraiment, se rendre compte en fait à quel point on compte une partie des choses au sein de l'entreprise. Et puis, bien sûr, cette question de régénération avec notamment sur la refonte du modèle économique. Et donc, moi, j'ai beaucoup pu échanger dans ce cas-là, évidemment, avec Christophe Sampel. Et j'ai trouvé que ça nous a ouverts sur une façon de voir les choses différemment. Il y a plein de façons de voir la régénération. Il reste un flou. Mais je trouvais que cette question d'aller vers le... Vraiment repenser complètement notre modèle économique, aller se dire, est-ce qu'on a le droit d'exister demain ou pas ? Et surtout, se dire, mais en fait, comment on construit nos modèles pour que notre modèle économique, nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés ? Et moi, ça, ça m'a vraiment... parler dans la réflexion, comment on sort d'une logique volumique, comment on travaille aussi nos indicateurs d'impact différemment. Qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ?

  • Eric

    Alors, ça nous met dans les bonnes conditions pour aller parler de la feuille de route de Serfim. J'en profite tout de même pour saluer ce moment déclic que tu as avec Valérie Masson-Delmotte. Il faut savoir qu'elle faisait ce jour-là trois conférences et qu'elle a accepté de venir entre deux conférences courir dans Paris pour passer les 30 minutes. Oui. où elle a tout donné pour effectivement le démarrage de la première session de la première CEC. Donc je tiens à la remercier et tous ces scientifiques qui jouent ce rôle d'alerte et qui parfois sont désespérés aussi de voir le peu de répondants. Donc j'espère qu'on a la hauteur de tout ce qu'ils nous ont donné. Alors on va maintenant aborder la feuille de route de Serfim. Peut-être pour commencer, quand tu as un collaborateur qui te demande finalement il y a quoi dans la feuille de route de Serfim ? de redirection. Tu dirais quoi, en très macro, finalement, c'est quoi les grands enjeux, les grands leviers auxquels vous attaquez ?

  • Alexandra

    Pour moi, il y a un enjeu majeur au sein de Serfim qui est l'humain, mais dans le sens, évidemment, la sécurité, la prévention, et de manière plus large, tout l'angle social, évidemment, qu'on a. Moi, il y a un enjeu majeur, on a 2800 collaborateurs, on a beaucoup d'équipes de terrain. Et pour moi, quand on parle régénération, c'est aussi savoir... protéger ses collaborateurs et comment on leur donne l'énergie, l'envie aussi de se protéger, de protéger les autres. Donc ça, c'est un angle qui est majeur et que je travaille aussi beaucoup actuellement. Le premier volet sur lequel je communique aujourd'hui, c'est la sécurité et la prévention et l'humain plus largement. Et j'essaie vraiment aussi de lier à l'enjeu plus large, évidemment environnemental. Le deuxième volet, c'est comment on fait nos métiers différemment. en matière d'empreintes environnementales globales, mais sur lequel peut-être je communique le plus, c'est vraiment notre axe 3, mais c'est vraiment la finalité de nos métiers. Et je leur dis, en fait, on a nos missions, que j'ai rappelées au début, et en fait, sur chacune de ces missions, qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ? Et en fait, c'est vraiment les fuites d'eau qu'on a évitées, les volumes d'eau traitées, les terres qu'on a dépolluées, les tonnes de déchets qu'on a évitées de l'enfouissement. la performance énergétique qu'on a pu éviter. En fait, ça pour moi, c'est vraiment la finalité, c'est repenser nos modèles économiques. Et moi, je les invite vraiment à se dire, mais en fait, à quoi on sert ? Est-ce qu'on se met au service du bien commun ? Et puis après, j'intègre aussi les notions de biodiversité avec une maturité qui a bien évolué, je pense, depuis quelques années, mais qui reste pour moi peut-être l'axe qui est globalement mon pote. pas bien pris en main par les entreprises. Et pour autant, on se dit qu'il y a un potentiel incroyable parce qu'en plus, c'est peut-être encore plus concret.

  • Eric

    C'est hyper motivant de régénérer la biodiversité.

  • Alexandra

    De régénérer la biodiversité. On a un certain nombre de réflexions autour de ça. Et donc, pour moi, pour le coup, c'est un levier dont il ne faut pas se priver pour embarquer les collaborateurs et aussi pour voir des choses très concrètes. Voilà un petit peu les axes clés, avec aussi peut-être ce dernier volet qui est important pour moi, c'est de rester indépendant. Je vais le dire en introduction, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, ça nous donne une vraie liberté. On en a beaucoup. parler à la CEC en fonction de l'actionnariat, en fonction... voilà, il n'y a pas un actionnariat parfait, mais en tout cas avoir cette vision long terme pour porter des engagements forts et des sujets de transformation.

  • Eric

    Complètement. On va peut-être parler d'un métier historique de Serfim qui est très lié à la nature, très lié à la régénération, le métier de la dépollution. Est-ce que tu peux nous parler de ce métier, aussi de ses difficultés ? et de ses enjeux, et puis comment tu vois une projection, peut-être, vers le futur sur ce métier-là des pollutions ?

  • Alexandra

    Oui, effectivement, la dépollution, on a la chance que ce soit un métier historique chez Serfim depuis le début des années 80. Pour l'anecdote, on est vraiment venu dessus parce que les câbles étaient au pire haleine à l'époque, les câbles électriques, ils claquaient, ça faisait des pollutions gigantesques, et à ce prémice de prise de conscience environnementale, les clients ont commencé à nous dire, on peut peut-être... de ne pas laisser ça comme ça, laisser se diffuser toute cette pollution. Et du coup, on a créé Serpol, donc l'entreprise historique s'appelle Serpolet, et Serpol pour service pollution. Et on s'est développé comme ça sur tout un volet des pollutions des sols avec un volet R&D. Et beaucoup plus récemment, on y reviendra sur les nouveaux métiers, notamment sur le traitement des eaux et des effluents, qui est bien sûr un enjeu majeur. Et c'est vrai que ce métier de dépollution, c'est peut-être mon métier qui est de base le plus... plus proche de la régénération, sachant que c'est intéressant parce que si on est jusqu'au boutiste, il n'est pas 100%, mais on va dire qu'il va dans le bon sens de base parce qu'on prend effectivement des terres industrielles, ça peut être de la pharma, de la chimie ou autres qui ont été polluées et on va les aider à se dépolluer bien sûr, à éviter qu'il y ait davantage de pollution parce que parfois on touche évidemment à des enjeux de nappe phréatique qui sont touchés et du coup des pollutions assez majeures qui... impact l'eau au niveau des collectivités. Et donc l'idée, c'est vraiment d'éviter les pollutions, dépolluer les sites en tant que tels, et d'aller créer des nouveaux sites, soit pour en faire, là en l'occurrence, on a un site, ça peut devenir un parc urbain, donc vraiment aller sur des nouveaux usages par rapport à des sites industriels. Ça peut être aussi pour utiliser ces friches industrielles plutôt que des terres agricoles ou naturelles pour permettre plutôt d'utiliser ces friches-là pour aller développer d'autres sites. Et aujourd'hui, quand je parlais d'indicateurs, nous, on a plus de 150 000 tonnes de terres qui sont dépolluées. Et j'espère demain, plutôt que de donner mon chiffre d'affaires, je donnerai ces quelques indicateurs clés. Et bon, évidemment, qu'est-ce que ça veut dire 150 000 tonnes ? Est-ce que c'est beaucoup ou pas beaucoup ? Pour moi, la tendance, c'est ce qui est important. si on va de plus en plus loin autour de ça. Et là où je trouve que c'est intéressant sur ce métier de la dépollution, c'est comment on va plus loin demain en se disant, justement pour être vraiment dans la question de la régénération, on intègre des notions de génie écologique, de renaturation. On a d'ailleurs une filiale en Espagne. Il y a eu une pollution, notamment sur un des sites, avec des huiles végétales assez massives sur un fleuve. Et là, on va vraiment dépolluer, traiter évidemment, ça c'est notre métier historique, traiter ces huiles, aller en capter la plus grande partie, traiter les terres polluées, mais aussi aller complètement recréer ce cours d'eau, le revégétaliser, le renaturer. Et ça, pour moi, c'est une des clés, c'est aller plus loin et trouver les moyens et les solutions pour vraiment rendre à la nature ses droits. Et c'est aussi ce qu'on a fait en travaillant, par exemple, la question des terres fertiles. Les terres fertiles, on le sait, c'est un enjeu majeur, notamment en ville. On n'a plus assez de terres fertiles. Donc, il faut vraiment qu'on prenne en main ce sujet-là. Et on a développé un certain nombre de plateformes, deux notamment majeures sur la partie lyonnaise, de deux types différents, soit une spécifiquement sur les terres polluées, donc des terres très polluées, où on va aller utiliser des traitements avec de la luzerne, sur des traitements de 12 à 18 mois. pour aller refertiliser. Donc, en petite partie, aujourd'hui, pour être très honnête, une partie repart, on est en partenariat avec Vika, et on va utiliser une partie des terres trop polluées dans la production de ciment. Donc, il y a ce volet-là, et puis après, il y a tout ce qui est d'autres terres un peu moins polluées, et aller quand même les refertiliser. Donc là, on a à peu près 20 000 tonnes par an de terres fertiles sur ces plateformes, et l'idée, c'est vraiment d'aller jusqu'au bout. On est très en lien. C'est le constat qu'on a fait en travaillant avec... c'est un nombre de directeurs, managers au sein de mon organisation, mais on est très en lien avec le sol. Le sol et l'eau, c'est vraiment les deux sujets, les deux choses qu'on traite. Quand on a fait du chantier, on est vraiment en lien avec le sol. Et comment on protège ce sol ? Comment on va plus loin ?

  • Eric

    La question que j'aurais envie de te poser, c'est sur le modèle économique de la dépollution, parce que c'est un enjeu majeur. Et si le modèle économique est bon, en fait, c'est des millions de milliers de tonnes qu'on va aller retravailler. Comment vous vous rémunérez ? Et quand vous allez plus loin, par exemple là, sur les sols fertiles ou sur une rivière, est-ce que les pouvoirs publics aussi vous rémunèrent ? Quels seraient vos modèles économiques sur cette business unit ?

  • Alexandra

    Alors, le modèle économique, on va dire de base, de la dépollution, c'est qu'il y a un certain volume à traiter. Par contre, tout type de pollution est différent. Donc là, c'est vraiment une analyse assez fine. C'est là où on a le plus d'ingénieurs, le plus de R&D au Centre FIM pour aller vraiment comprendre les différents types de pollution. On propose à nos clients un certain nombre de solutions le plus innovantes, notamment d'aller vers des traitements le plus organiques, naturels possibles. Alors je vais être très honnête, parfois ça trempe dans le pétrole, on ne va pas faire de miracle. Mais ceci étant dit, on va vraiment avoir un champ des possibilités en matière de solutions. Et si nos clients nous donnent du temps, effectivement parfois un peu d'argent, on peut aller travailler des solutions plus naturelles pour aller vers ces modèles-là. Aujourd'hui, je vais être très honnête, les sujets de la dépollution, ça reste cher. Donc, il faut continuer d'innover par rapport à ces métiers. Et c'est pour ça qu'avoir ce plateforme, par exemple, c'est une des solutions. Parfois, parce qu'il y a des contraintes de temps, donc on déplace les terres. Alors, parfois, on aime bien ne pas les déplacer. Mais par contre, si on les déplace, on peut faire du circuit court. Mais clairement, aujourd'hui, le modèle économique, il est encore, évidemment, il est réel. C'est des métiers qui existent quand même depuis un certain temps. il faut qu'on arrive à continuer d'innover pour rendre aujourd'hui beaucoup plus incitatif d'aller sur de la friche industrielle plutôt que sur du neuf. Et ça, aujourd'hui, il faut encore un peu de courage politique et un peu d'argent pour ça, pour être complètement honnête. Ok.

  • Eric

    Parlons d'une autre activité historique de Serfim, le recyclage des matières. On sait que les ressources naturelles s'épuisent. qu'il va falloir réemployer, recycler. C'est un enjeu majeur. Vous avez un savoir-faire dans ce domaine. Quels sont les grands projets que vous avez sur cet enjeu-là et la confiance que tu as sur ce business du recyclage ?

  • Alexandra

    Alors effectivement, le recyclage, c'est le deuxième métier chez Serfim. Donc pour nous, c'est important. On a fait un gros travail sur la chaîne de valeur parce qu'effectivement, le recyclage, si on est complètement honnête, ce n'est pas la première chose qui doit se passer. On doit d'abord aller sur le réemploi, la réutilisation. puis le recyclage, puis l'incinération, puis l'enfouissement. Je fais basiquement la pyramide qui est très bonnie par les acteurs du déchet. Et donc, nous, notre objectif, clairement, je pense qu'il va au-delà, c'est tout faire pour éviter l'enfouissement. Moi, aujourd'hui, je considère que c'est une aberration. Il y a plein de solutions qui existent. On ne devrait plus enfouir comme on enfouit aujourd'hui. C'est une dette énorme qu'on laisse à nos enfants. Et en plus, il y a tout un enjeu de limiter l'épuisement des matières premières. Là, on est sur l'enjeu ressources des limites planétaires, évidemment. Et donc, nous, on a eu un positionnement historique sur le recyclage, qui reste le plus gros de notre activité. Et là, pour le coup, on développe des filières en lien avec nos métiers, donc principalement dans les BTP, on recycle aussi les frigos et d'autres choses. Mais notamment, le modèle économique, c'est de récupérer la matière, et c'est de la revaloriser et de trouver le partenaire industriel qui va l'utiliser. Donc, on parlait de Vika, on a aussi un partenariat pour la production de CSR. de combustibles de substitution de récupération qui remplacent les énergies fossiles en cimenterie à partir de déchets non dangereux, non recyclables. Et ce qui est intéressant, c'est que c'est un modèle aujourd'hui qui a besoin d'exister pour éviter l'enfouissement. Mais demain, pour moi, il ne devrait plus exister. Et c'est génial d'ailleurs, parce qu'on a le dirigeant de cette filiale, il a eu une interview il n'y a pas si longtemps en disant Est-ce que votre business est vraiment vertueux ? Est-ce que demain vous n'existerez plus ? Il a eu cette réponse incroyable où il a dit Si demain on n'existe plus, c'est qu'on a gagné. Et j'ai trouvé ça génial parce qu'en fait, aujourd'hui, il y a besoin d'exister. Donc, il ne faut pas qu'on soit complètement déconnecté de ça et qu'on s'y prépare. Pas qu'on soit incité à continuer à tout prix, évidemment. Mais par contre, aujourd'hui, c'est des volumes très concrets qui évitent l'enfouissement. Après, il y a des types de recyclage qui sont plus vertueux. Quand je dis qu'ils sont plus vertueux, c'est qu'on arrive à vraiment valoriser la matière quasiment à 100%. Donc du plâtre, on en refait du gypse qui comporte comme du gypse de carrière en cimenterie dans la production de plâtre. Là, il y a un certain nombre de projets, mais c'est pareil pour la laine de verre, le bois. Voilà, on peut vraiment valoriser la matière. Nous, ce qui fonctionne aujourd'hui, et c'est vraiment dans la logique aussi de coopération de la CEC, et c'est ce qu'on a vraiment accéléré depuis quelques années, c'est les partenariats industriels. Parce qu'en fait, si tu revalorises de la matière et que tu n'as pas de personnes pour l'utiliser, c'est chouette, mais bon, tu ne vas pas en faire grand-chose. Donc, il faut l'industriel qui soit motivé à l'utiliser à un bon niveau de prix. Ce métier est vertueux sur certains titres. Notamment là, on a beaucoup travaillé aussi sur la question du réemploi. On fait aussi de la déconstruction. Comment on va vers la déconstruction raisonnée ? Aujourd'hui, on est à moins d'un pour cent sur la déconstruction et sur le réemploi. L'idée, c'est de passer à 4 pour cent dans les objectifs gouvernementaux. Mais dans l'idée, on se rend compte que c'est trop peu. Et en fait, pour autant, quand nos clients nous donnent un peu de temps, pas nécessairement beaucoup d'argent, mais en tout cas un peu de temps, on peut déconstruire de manière plus raisonnée et aller davantage favoriser le réemploi. Donc là, on va vers un modèle économique plus vertueux. On travaille... L'enjeu du vivant sur les sites de recyclage, c'est des sites qui utilisent du foncier, des sites industriels. Intégrer le vivant, aujourd'hui, on peut l'intégrer dans notre chaîne de valeur, dans nos réflexions, dans les matériaux qu'on utilise. On a des réflexions évidemment intéressantes sur nos sites, sur la façon de le faire. Mais voilà, je ne vais pas prétendre que ce soit des métiers non plus 100% connectés au vivant,

  • Eric

    peut-être. Ce qui est fondamental dans ce que tu présentes, Alexandra, c'est l'enjeu coopération. coopération entre-industrielle, coopération aussi publique-privé, assez souvent et de l'enjeu aussi systémique que les règles du jeu favorisent ce genre d'initiatives notamment de déconstruction aujourd'hui c'est pas forcément gagnant de prendre ce temps-là et de lancer ces coups-là alors vous dépolluez, vous recyclez vous faites plein de choses, mais vous fabriquez aussi, vous contribuez à la fabrication d'infrastructures tu nous as pas mal parlé de l'eau aussi de l'électricité, ou la voirie. Est-ce que, là, sur ces enjeux-là, quand il faut construire, quand ça fait du sens, comment vous appréhendez les choses ? Est-ce qu'il y a des inflexions, un avant et un après sur ce métier-là ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu la chance, effectivement, de première entreprise qui avait déjà plein de métiers et qui faisait déjà aussi beaucoup de rénovations. Après, il n'y a pas... 100% de nos métiers qui sont parfaits. Mais on est, par exemple, sur les ouvrages d'art, on fait beaucoup de rénovations, de tunnels pour la SNCF. Donc, par exemple, pour moi, on est sur des métiers qui vont dans le bon sens. Après, évidemment, ça reste du béton projeté. Donc, c'est tout l'enjeu. C'est pareil, quand on fait de plus en plus des ouvrages type passe à poisson, on se dit que ça va dans le bon sens pour le vivant parce qu'on va faire des solutions qui sont pertinentes pour permettre, évidemment, au corridor biologique de fonctionner. Mais après, ça reste du collage du coup. du coulage de béton. Donc, évidemment, c'est tout l'enjeu pour moi d'équilibrer l'ensemble des limites planétaires et ce qu'on fait les bons fois par rapport à ça. Au même titre qu'on fait de la rénovation dans les réseaux d'eau aussi, les ouvrages liés à l'eau, ou encore sur la route. Et donc, ce qu'on fait, et là, c'est peut-être un des métiers qui est pour moi le plus complexe, parce qu'effectivement, on fait aussi du nef, parfois. Et là, l'inflexion, c'est vraiment comment on fait nos métiers différemment, évidemment. Donc là, c'est toute la partie empreinte, évidemment. Mais là, ça peut être par du recyclé, aussi ça touche à des questions d'adaptation, avec des couleurs différentes qui permettent de lutter contre les îlots de chaleur en ville. Mais c'est aussi comment on est motivé à moins artificialiser. Donc ça peut être par des nouvelles offres, par des partenariats avec d'autres acteurs qui sont si présents là-dessus. Mais comment on construit les modèles économiques ? pour que globalement, on ne gagne pas plus d'argent si on tartine le plus d'enrobés. Je caricature évidemment volontairement. Et ça, c'est vrai que c'est compliqué quand tu as des outils industriels, notamment centrales d'enrobés, de déconstruire ça. Et c'est vrai que j'arrive avec cette vision auprès de certains acteurs qui ont envie de faire du volume du volume. Et moi, je dis, OK, on a un outil industriel, il faut qu'on ait un système de coopération pour que ce soit le plus local possible, qu'on travaille en bonne logique. mais aujourd'hui, ce n'est pas vertueux si on a cette volonté de toujours faire plus de volume. Et donc, clairement, aujourd'hui, les appels d'offres sont toujours construits comme ça. Par contre, on peut être de plus en plus sur différents métiers, force de proposition pour amener des solutions, essayer de moins artificialiser typiquement. Et si je prends un parallèle peut-être avec les métiers de l'énergie, qui est peut-être plus concret, sur Serpolet, notre entreprise historique, on fait depuis très longtemps de l'éclairage public. Donc les sujets d'éclairage public avec une grosse phase qui a permis un gros travail sur la performance énergétique avec le passage en LED, donc ça c'est du basique évidemment. Mais en fait, au-delà de ça, aujourd'hui, on a développé de l'ingénierie, un bureau d'études vraiment spécialisé qui permet d'aller répondre à ces enjeux de performance énergétique, d'aller construire notamment des marchés à performance énergétique qui sont incitatifs par rapport à la performance énergétique déjà qu'on va attendre. Donc ça, c'est sur l'angle purement énergie, mais aussi qui nous permettent d'être davantage force de proposition sur des sujets biodiversité, et notamment par rapport à la... À la lumière, c'est vraiment toute cette question d'avoir des corridors, là encore, qui sont respectueux du vivant, en travaillant l'intensité et la couleur de la lumière. Et ça, aujourd'hui, c'est des solutions qui sont quand même simples, qui sont accessibles. Et du coup, on a davantage, dans une logique un peu globale de contrat, on travaille beaucoup l'impact de nos chantiers sur, à la fois en termes de carbone, mais à la fois avec des variants de biodiversité. Aujourd'hui, ça prend... pas toujours. Mais quand on arrive à mettre en avant des solutions simples, relativement peu coûteuses, et qu'on a une approche plus globale des contrats, on arrive à faire des choses qui commencent déjà pour moi à être sympas.

  • Eric

    Est-ce que dans cette activité-là, ça vous arrive de faire des renoncements, justement, parce qu'il y a pas mal de dilemmes ? Est-ce que ça vous arrive de renoncer à des contrats, renoncer à des clients, dire non, là, ça, on ne peut pas y aller ?

  • Alexandra

    Alors, je dirais de manière claire, ce qu'on fait et le travail de fond en lien avec ces missions, c'est l'alignement de nos métiers avec notre raison d'être. Et en fait, on s'est projeté à l'horizon Cap 2030 avec l'ensemble de nos patrons sur quelles activités doivent se développer, quelles activités doivent se transformer et voir peut-être demain plus exister. Alors, plus exister, peut-être que je n'ai pas nécessairement passé le cap, notamment sur la route, pour moi, ce n'est pas nécessairement plus exister en tant que tel. c'est probablement se positionner encore davantage sur la rénovation et effectivement la question du neuf. Et pour moi, ce n'est pas nécessairement ne plus aller sur du neuf, mais plus aller sur du neuf n'importe comment. Donc en fait, est-ce qu'on a la marge de manœuvre pour aller proposer des choses qui vont dans le bon sens ou pas ? Et sinon, il faut renoncer. Aujourd'hui, on n'a pas eu de renoncement, je dirais, majeur. Moi, je regarde aussi une réflexion sur la finalité de la question. à quoi sert évidemment l'infrastructure. Mais en fait, tu te rends compte que c'est hyper difficile. Parce qu'en gros, il y a des infrastructures liées à la santé. Il y a quand même un certain dynamisme sur cette activité-là. Donc, tu te dis, c'est bien de faire du local en France. Et puis, on a eu le sujet sur un acteur, on va dire, du jouet. Et on se dit, est-ce que c'est utile de ré-artificialiser des sols pour aller faire un acteur de jouet ? Et après, on me dit, oui, mais dans ce cas-là, on va acheter sur Internet, continuer d'importer, etc. Donc, tu te rends compte qu'en fait, Tu arrives vite à justifier beaucoup de choses. Donc pour moi, et c'est un problème, parce que je pense qu'il y a quand même des sujets et des métiers sur lesquels il faut pour autant renoncer. Aujourd'hui, on est sur des typologies de métiers où en infléchissant, comme il y a quand même un certain dynamisme aujourd'hui, on arrive à aller sur des métiers de plus en plus vertueux. Je n'ai pas encore de ligne de business énorme où je me dis demain, on n'existe plus du tout. Il y en a évidemment une ou deux où je suis plus à l'aise. Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est que par exemple, ce n'est pas une grosse activité pareille chez nous, mais on était effectivement... On travaille dans le milieu de la montagne, ça peut être sur l'électricité pour les remontées mécaniques, ça peut être sur, à l'époque on en fait moins aujourd'hui, des canons à neige. En fait on voit que ces enjeux-là se transforment, donc en fait on accompagne ces transformations pour voir la montagne différemment. Et donc charge à nous, pour moi, d'être force de proposition par rapport à ça. Et c'est au même titre qu'il y a des métiers peut-être qui sont plus complexes, pour moi, en lien avec le vivant, c'est tous les métiers en lien avec la technologie. Donc on a des métiers de fibre optique, de vidéos, de trafic, de communication numérique et de territoire connecté. Pour la première fois que je leur avais parlé de Vivant, en sortant de la CEC, ils m'ont tous regardé avec leurs grands yeux. De quelle planète ? Voilà, de quelle... Je me dis, c'est qui cette jeune dirigeante qui arrive complètement perchée ? Et en fait, pour autant, ils étaient super avancés sur un certain nombre de points, de labels, etc. Ils avaient quand même une vraie volonté. Et aujourd'hui, ils réfléchissent vraiment à comment mettre au service la technologie, au service de ces enjeux de transition. Ça peut être très concrètement le trafic, on a un logiciel de gestion du trafic, et comment ce logiciel de gestion du trafic permet de favoriser les transports en commun dans les collectivités. Ça peut être sur les territoires connectés. Aujourd'hui, on a des solutions de plateforme pour que la ville intelligence devienne accessible pour les petites et moyennes collectivités. Notamment, on a fait tout un travail sur la mesure de l'eau, qui est aujourd'hui mal mesurée globalement, et en lien avec la CSRD, on va avoir besoin d'avoir une vraie transparence sur ça. Et du coup, c'est... utilisait des objets connectés pour mieux mesurer tout ça. Et on a eu ce lien avec le vivant qui était complètement, j'allais dire, étonnant pour moi, mais qui peut sembler peut-être anecdotique, mais en gros on a utilisé des objets connectés pour permettre d'éviter que les randonneurs rencontrent les troupeaux et les patous notamment. Ça a hyper bien fonctionné, ça s'est développé dans une certaine zone géographique en tout cas, et en fait ça permettait déjà de vivre ensemble, on va dire. pour éviter les problèmes. Mais aussi, on s'est rendu compte que c'était utilisé par les agriculteurs pour savoir justement les zones qui avaient été pâturées et justement mieux optimiser aussi ces usages-là. Et ce que je trouve intéressant, c'est de se dire, je ne veux absolument pas faire de la technologie à tout prix et connecter peut-être les animaux. Ça peut peut-être choquer, donc je ne veux pas aller dans un abus, évidemment. Il faut le faire avec parcimonie. Mais je pense que la technologie peut vraiment se mettre au service du bien commun. Et c'est vraiment ce travail-là que je leur demande actuellement. Et oui, il y a des métiers où on se dit, demain, on les fait déjà de la manière la plus vertueuse possible. Mais est-ce que demain, notamment sur la communication numérique, on fait de l'information passager et de la publicité ? Évidemment, l'information passager, c'est plutôt pour des transports en commun, donc je n'ai pas de sujet. Mais sur la publicité, ce n'est pas tant les solutions qu'on met en place que la finalité de la publicité. Et là, ça fait vraiment lien avec tout le travail que tu fais avec la CEC, que vous faites, évidemment, collectivement, sur les nouveaux imaginaires. C'est comment... La publicité permet de diffuser des imaginaires différents. Comment elle se transforme ? Et elle permet de transformer nos sociétés.

  • Eric

    Je crois qu'on touche là, en fait, aussi cette question de la right tech et donc mettre la technologie au service d'offres qui ont du sens. Et puis aussi une question collective du renoncement. Qui sommes-nous pour dire que telle activité, elle mérite encore d'exister ou pas ? ou que telle publicité, elle mérite d'être mise en avant ou pas. Et là, c'est vrai que c'est des réponses surtout collectives. C'est difficile pour un fournisseur de se positionner à ce niveau-là. Alors, on va rebondir sur cette petite anecdote que tu disais tout à l'heure où certains collaborateurs disaient qu'ils pouvaient te trouver perché à certains moments, notamment sur les enjeux biodiversité, aux collections vivantes. Si je te pose la question, une note de 1 à 10,

  • Alexandra

    sur aujourd'hui l'état de compréhension de ta vision par tes collaborateurs. Donc, 1, c'est une testime hyper perché et ta feuille de route CEC, pour eux, elle est complètement déconnectée de leur vie réelle. Et 10, ce serait ils ont parfaitement compris ce que tu as en tête, avec quoi tu es revenu de la CEC. Et donc, ils adhèrent complètement à ta vision du cap pour l'entreprise. Tu placerais le curseur à quel niveau aujourd'hui ?

  • Eric

    Je dirais 6. Six, parce que forcément, il y a 2800 personnes chez Serfim. Donc après, si chacun évaluait, ce serait peut-être différemment, évidemment. Mais si je regarde le travail qui est fait par l'ensemble de mes filiales, aujourd'hui, il y avait déjà certains métiers, il y avait déjà une certaine transition. Et là, ils l'ont compris, ils ont bien adhéré. Et moi, ce qui était super puissant pour moi, notamment, parce qu'il y a cette sensibilisation, évidemment, globale et nécessaire de tous. Et ça, je pense qu'aujourd'hui, ils ont compris que, notamment sur les sujets de sécurité et de transition, c'était vraiment les priorités, les axes que je donnais de manière majeure à l'entreprise. Et en fait, aussi, aujourd'hui, dans mon organisation, qui est quand même assez décentralisée, j'ai aussi besoin que les différents patrons et un certain nombre de managers adhèrent pleinement. Et moi, je crois profondément que tu peux être hyper inspirante en dirigeant, tu peux le faire super bien si ça reste un cheminement personnel. Et chacun doit vraiment être face à ses convictions, face à ce sujet, presque seul. C'est un peu nécessaire. Et ce qui est intéressant, c'est que j'ai eu pu mettre finalement deux dirigeants dans une des CEC, une des déclinaisons régionales, et à la fois par ça et à la fois par les embarquements CEC qui sont faits au niveau du bassin lyonnais. Et ça me permet en fait... que chacun chemine, en fait. Chacun chemine. Alors, ça peut être par la CEC, ça peut être aussi par d'autres biais. Donc, aujourd'hui, je pense qu'il y a un bon niveau de compréhension. Je reste sur un niveau de 6 parce qu'on a encore beaucoup à faire, parce qu'il y a une entreprise de 2 800 personnes à peu près. Ce n'est pas encore facile de faire adhérer. Et quand on parle de changer nos modèles économiques et qu'on nous dit, bah oui, entre guillemets, t'es gentil, mais nous, on répond à des appels d'offres. Voilà, c'est... On a encore du chemin à faire.

  • Alexandra

    Mais ça monte.

  • Eric

    Ça monte. Ah non, mais clairement, aujourd'hui, moi, là où je vois quand même une très belle inflexion, c'est déjà ce qui se passe en interne, ce qui se passe avec les autres acteurs. Et aujourd'hui, clairement, ce niveau de site, j'en suis aussi fière. Il peut être dur et pas dur, mais moi, j'en suis aussi fière parce qu'aujourd'hui, quand je parle de vivants, il y avait des personnes, des branches, des métiers qui ne se sentaient pas concernés. Aujourd'hui, ils cherchent, ils voient, ils travaillent et développent des solutions. qui peuvent se mettre davantage au service du vivant. Et j'en ai donné quelques exemples. Mais il y a cette volonté-là, elle est profonde, elle est réelle. Et en plus, elle est hyper stimulante pour les équipes. Donc après, évidemment, j'ai plein de gens qui sont à 10, probablement certains qui sont à 1 ou 2. Mais j'en ai qui adhèrent pleinement, qui poussent à fond, qui poussent parfois plus fort que moi. Et ça, je trouve que c'est génial. Qui me remercient de pousser cette vision-là et qui vont aller justement... travailler de manière très concrète sur les solutions, pour réduire notre empreinte, pour intégrer le vivant, refondre nos modèles économiques. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que si tu as ça, tu as une force vive incroyable qui te permet de faire adhérer. Et j'ai aussi demandé, pour justement travailler cette question un peu de l'embarquement global, il y a la sensibilisation, on l'a parlé, il y a mon équipe de direction. Je suis aussi allée chercher un peu plus loin dans l'organisation pour aller trouver des personnes qui avaient vraiment envie travailler ce sujet-là et comment embarquer les équipes. Et on s'est rendu compte qu'il y avait, pour transformer vraiment une entreprise, c'était globalement, pour moi, il y a la conviction personnelle, le cheminement de chacun. Ça, ça marche pour une partie des gens. Il y a l'argent, enfin en fait les deux vont être liés à l'argent, mais il y a la finance et notamment les banques qui nous font quand même évoluer. pas de manière assez significative pour moi. J'adorerais que les pré-impact soient de manière significative, différente, parce qu'on a un projet qui va dans le bon sens et que ce soit beaucoup plus dur de se financer sur un projet qui ne va pas dans le bon sens.

  • Alexandra

    On y travaille avec la CEC, monde financier.

  • Eric

    Voilà, j'imagine bien. Aujourd'hui, il y a des choses qui existent, les banques, voilà, pour des choses. Mais pour moi, c'est beaucoup trop light. Ce n'est pas différenciant. On va parler de la CSRD, comment elle pourrait permettre peut-être d'aller plus loin autour de ça. Mais aujourd'hui, pour moi, ça, c'est un des leviers forts. Et la finance, voilà. pouvoir étant quand même aujourd'hui encore beaucoup dans l'argent, c'est un des leviers incroyables. Et le troisième levier que je vois, c'est vraiment le client, le commerce, la façon de répondre aux appels d'offres. Et donc là, on voit quand même que ça bouge. Donc justement, cette fameuse équipe que je suis allée chercher de manager ou directeur de filiale pour aller travailler sur ce sujet-là, ils se sont dit, mais voilà, comment demain on fait, on propose davantage de variantes et on prend le temps. A nos clients, même si ce n'est pas demandé, de faire davantage de propositions de variantes environnementales. Ça, en général, on le fait sur des propositions notamment autour du carbone, mais aussi des variantes biodiversité en lien avec le vivant. Et ça, l'idée, c'est d'être beaucoup plus proactif pour le proposer. Déjà parce que si on n'a pas, pour moi, si on ne donne pas de la transparence à nos clients sur ce qui est possible ou pas de faire, ils ne vont pas y aller nécessairement naturellement. Et puis après, il y a des clients qui sont quand même moteurs. Il y a quand même parfois certains acteurs, on doit reconnaître, qui vont pousser sur ces sujets-là. Donc ça infléchit et l'idée, c'est d'être vraiment sachant, notamment par rapport à ce lien avec le sol qui est pour moi assez puissant, sur des solutions. Le sol est une source incroyable de biodiversité et qu'on puisse être force de proposition à fond là-dessus.

  • Alexandra

    Donc, trois grands leviers selon toi. Le cheminement personnel de chacun des collaborateurs. Le monde financier qui doit vraiment différencier les modes de financement et puis les taux d'intérêt en fonction des projets. Et puis, cet enjeu d'embarquer autour du sens de l'entreprise. Ça me permet de faire une bifurcation sur la partie actionnariat. Tu en as parlé tout à l'heure. Finalement, ça a l'air d'être une chance pour toi d'avoir un actionnariat stable et vous y tenez. Tu nous as dit que c'est un actionnariat à la fois familial et des employés. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus et aussi nous dire si tu as un challenge ou plutôt des vents porteurs avec cet actionnariat aujourd'hui sur ton projet d'entreprise ?

  • Eric

    Donc, actionnariat et en matière de sémantique, ce qui est plus correct de dire pour moi, c'est familial. et managériel. Aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs, à peu près 25% du capital. Pour moi, c'est un outil qui est hyper puissant pour embarquer dans un projet, évidemment, d'entreprise. C'est une façon de partager la valeur qui se complète, évidemment, de plein d'autres choses autour de l'entreprise, sur l'intéressement, participation et tout le travail qu'on fait de fond pour redistribuer, évidemment, au mieux dans une logique construite. Donc, pour moi, ça, c'est quelque chose qui est puissant, qui est assez rare, en fait. L'actionnariat salarial, ce n'est pas que c'est extrêmement rare, mais c'est rare de l'être à notre taille et sans financier à son capital.

  • Alexandra

    Et 25%,

  • Eric

    c'est bon pour ça. C'est important aussi. Et donc, c'est vrai que pour moi, c'est porteur. C'est une manière vraiment d'embarquer sur un projet. Après, il faut garder cette vision à long terme. En général, on a des collaborateurs qui sont là avec une certaine fidélité. Donc ça, c'est hyper important pour moi pour construire, en fait, dans la durée, une transformation de l'entreprise. Évidemment, c'est bien aussi d'avoir des personnes nouvelles qui arrivent aussi pour apporter une certaine vision. Mais on est quand même sur cette volonté de construire dans la durée par rapport à une transformation. Moi, cet actionnariat, je le trouve puissant parce qu'il nous donne une certaine liberté, une vraie liberté pour moi d'être libre de Ausha. Il peut poser un certain nombre de contraintes financières, notamment, où on va faire justement un développement, toujours avec cette axe d'aller dans le bon sens, mais sur un certain nombre d'indicateurs. mais aussi qui va justement pour moi être sain aussi, parce qu'il ne va pas avoir un fond qui va vouloir sortir, je caricature évidemment grossièrement, un fond qui va vouloir absolument pour que Savalo évolue, qui est une croissance un peu démesurée. Aujourd'hui, on est en face de plein d'acteurs qui vont aller faire des croissances externes ou des projets de manière un peu déconnectée de la réalité du marché, parce qu'ils ont envie de grandir, de grossir plutôt. Moi, je dis que la croissance n'est pas... Pas une fin en soi, c'est une conséquence de développement de certains indicateurs au service du bien commun, de certaines choses qui nous parlent véritablement. Après, ça peut nous causer un certain nombre de contraintes, parce qu'effectivement, sur des projets extrêmement capitalistiques, on va devoir être plus innovant, on ne va pas forcément tout pouvoir faire seul. Et c'est pour ça que, notamment sur le métier du recyclage, faire des partenariats avec des industriels, c'est hyper pertinent, par exemple.

  • Alexandra

    Alors, on va essayer de dézoomer un petit peu sur cette feuille de route. Ça fait plus de deux ans maintenant que Serfim a rendu sa feuille de route CEC, c'était en milieu 2022. Finalement, ce serait quoi ta plus grande fierté aujourd'hui en accomplissement sur cette feuille de route ?

  • Eric

    C'est toujours dur d'en choisir un quand on a autant de métiers que moi. La fierté déjà de voir que concrètement les gens se sentent concernés par le vivant. Parce que ça, pour moi, c'est une vraie transformation de se rendre compte qu'en fait, on est tous concernés. Puis, il y a quatre ans, on s'est énormément développé sur le traitement des eaux et des effluents. Et moi, c'est vrai que je me sens hyper concernée par l'enjeu de l'eau, à la fois par, évidemment, la réduction des fuites, mais aussi le traitement des eaux et des effluents avec tout ce qu'on entend sur les différents polluants et tout ça. Aujourd'hui, j'avoue de manière très concrète, je suis hyper fière qu'on ait développé ce positionnement-là, investi dans de la R&D, fait des choix long terme par rapport à ça. Voilà, et puis je suis à la fois aussi hyper fière que sur des métiers des travaux publics, on a réussi à montrer et à transformer que ces métiers se mettent au service des transitions. Et pour moi, c'est peut-être une des plus grandes fiertés, c'est vraiment... Nos collaborateurs, nos équipes sur le terrain ne sont pas toujours connectés à leur profonde utilité. Et en fait, reconnecter ça, pour moi aujourd'hui, c'est extrêmement puissant par rapport à cette question de sens. Après, je pourrais en citer plein d'autres. J'adore nos métiers, j'adore nos équipes, ce qu'elles portent. Ok,

  • Alexandra

    et on continue dans la question un peu difficile. Mais finalement, dans tes rêves les plus fous, Serfim dans 10 ans, ça ressemble à quoi ?

  • Eric

    Alors déjà, Serfim dans 10 ans, dans mes rêves les plus fous, déjà c'est parfaitement aligné avec nos trésors d'aide, nos contribuables à une meilleure qualité de vie en aménageant des territoires durables et respectueux du vivant. Serfim, dans 10 ans, pour moi, a soit réussi à arrêter, ou en tout cas à transformer de manière significative certains de ses métiers. Et quand je dis transformer de manière significative, c'est évidemment la façon de les faire dans le terme d'empreintes, mais aussi leur fidélité. Quand on parlait de la route, comment on artificialise moins, comment sur la communication numérique, on peut contribuer à faire que ça se mette davantage au service du bien commun. Donc pour moi, c'est vraiment aller loin sur les métiers qui doivent le plus se transformer et s'accélérer sur ces grandes missions. C'est comment on a répondu à l'enjeu de l'eau. Alors ça peut être à la fois de manière très concrète sur les fuites d'eau évitées ou les volumes d'eau qu'on a traités. Mais peut-être même si je vais plus loin, c'est vraiment comment on accompagne le cycle de l'eau dans les villes, pour les villes ou pour les industriels, de manière globale, pour faire l'économie circulaire de l'eau, comme on peut le faire à une petite échelle mais de manière plus globale. Serfim pour moi va... Dans mes rêves le plus fou, va à l'horizon d'une dizaine d'années, répondre à l'ensemble de ces missions de manière plus globale. On l'a commencé déjà, mais sur le recyclage, comment ces métiers se transforment, comment on les reconnecte aux vivants. C'est comment sur la dépollution, on va davantage vers les génies écologiques, vers les questions de résilience et d'adaptation. C'est vraiment comment on change aussi cette logique volumique et on accompagne la performance des territoires pour tenir. En fait, c'est l'ensemble de ces sujets-là mais de manière beaucoup plus peut-être globale et avec une solution où on apporte ce savoir-faire pour mieux accompagner nos clients, les territoires, à être plus robustes, à opter pour ces transitions. Évidemment, c'est aussi pour moi, dans 10 ans, une entreprise qui est au meilleur niveau possible en matière de sécurité et de prévention, parce que ça, ça reste l'enjeu qui m'anime et qui est le plus difficile.

  • Alexandra

    Et justement, alors j'en profite, tu me donnes les transitions, parce que là, on revient un petit peu au début. puisque tu avais commencé par cet enjeu-là, l'enjeu humain, l'enjeu de prévention. On va revenir un peu au début aussi de notre échange sur Alexandra, la jeune femme, maman, dirigeante d'une grosse entreprise de l'aménagement du territoire en France. C'est assez rare, c'est assez singulier comme position. Comment tu le vis, toi, cette responsabilité ? Et le fait aussi d'être une femme dirigeante dans ce milieu-là. Ce ne sont pas des questions faciles, mais comment tu arrives à naviguer ? dans ces eaux ?

  • Eric

    Écoute, moi, je le vis bien dans le sens où, alors, j'ai cette transition personnelle qui a quand même été nécessaire, notamment avec la CEC et ce cheminement qui m'a vraiment permis d'assumer ce que je voulais être aussi en tant que dirigeante, assumer que je pouvais avoir un positionnement différent et qui ne me bloque pas pour autant pour faire beaucoup de choses et travailler en partenariat avec beaucoup d'acteurs parce que l'idée, c'est vraiment de construire. de ne pas être dans une forme de radicalité qui pourrait être nocive, mais justement dans une radicalité constructive. Moi, je prends les choses avec humour. Quand je parlais de ces moments où parfois je peux avoir l'air un petit peu perché, évidemment, quand je dis ça, je suis aussi dans l'écoute, parce que quand quelqu'un me dit que t'es perché, c'est pas nécessairement pour être méchant, c'est plus par rapport aux enjeux de l'entreprise, la sécurité, la prévention, ça peut être par rapport à des enjeux opérationnels, de production, de volume d'activité, etc. Donc j'essaye de le prendre à la fois avec humour et avec du recul. Et puis petit à petit, cheminer, m'expliquer, faire preuve de pédagogie. Je ne l'ai jamais... C'est assez bizarre et ça peut avoir l'air très prétentieux de ma part, mais je me suis rendu compte que je doutais assez peu. Ça ne veut pas dire que je ne doute pas de plein de petites choses et que je ne suis pas dans l'écoute, évidemment, notamment de mes collaborateurs. Au contraire. Mais par contre, je ne doute pas. Je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision. Et peut-être, j'ai envie d'accélérer. On peut avoir des moments où on a besoin de construire. Ça prend un peu plus de temps que ce qu'on aimerait, mais d'être vraiment dans cette vision-là et d'y croire à fond. Et puis, j'espère que pour l'entreprise, c'est une chance d'avoir une jeune femme dirigeante parce que c'est une des chances pour moi des entreprises familiales. Et là encore, mon père a fait énormément de choses merveilleuses avec Serfim. Je pense qu'on peut se poser plein de questions sur l'entreprise familiale, la question de la méritocratie. Moi, je suis très ouverte sur ces sujets-là. Mais c'est vrai que passer ce cap d'un dirigeant d'une trentaine d'années, C'est intéressant. Il y a plein de modèles qui sont possibles et heureusement parce qu'on a besoin que des personnes de tout âge, de tout sexe, de toute origine, transforment leurs entreprises avec conviction. Donc j'espère que ce ne sera pas que les jeunes femmes dirigeantes qui vont transformer leur entreprise, parce que sinon ça ne suffira pas, clairement. Mais aujourd'hui, je le prends comme une chance et j'espère que c'est aussi vu comme ça, parce que ça permet d'aller passer un cap, d'accélérer sur un certain nombre de sujets et d'engagement. évidemment sur les sujets environnementaux de transition, mais ça peut être aussi sur les sujets de sécurité, aussi sur les sujets digitaux, etc. Donc voilà, ça permet d'accélérer. Donc moi, je le vis très bien.

  • Alexandra

    Et comment tu qualifierais ton style de leadership aujourd'hui, qui évolue bien sûr, mais plutôt vertical ou plutôt horizontal ?

  • Eric

    Oui, plutôt horizontal, plutôt dans une logique de collaboration. C'est aussi venu, en fait, comme je le disais, je suis arrivée avec cette humilité. Avec le fait d'avoir beaucoup de pouvoir, oui, on peut le dire comme ça, ce mot-là me fait toujours bizarre, mais beaucoup de pouvoir très tôt et qui, pour moi, me pousse à beaucoup d'humilité. Et donc, du coup, moi, je l'ai toujours vécu comme ça. Donc, dans mon mode de management, c'est cette construction. Et pour le coup, je pense que j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui est dans l'écoute, qui construit, qui a envie. Et c'est vrai que le fait que chacun aussi ait ce cheminement personnel, aujourd'hui, pour moi, c'est hyper important. Au niveau de mes dirigeants, de mon équipe, et puis au-delà, évidemment, dans l'organisation, parce que je pense à toutes ces personnes qui sont encore hyper engagées dans l'entreprise et qui portent des idées hyper concrètes, qui, pour moi, sont une force incroyable. Donc voilà, pour moi, il faut vraiment se nourrir aussi de ça en matière de leadership pour se donner l'énergie et se concentrer sur ceux qui ont envie d'avancer plutôt que les quelques pourcents qui restent.

  • Alexandra

    D'accord. OK, peut-être qu'on arrive maintenant à la question la plus difficile. Alexandra, tiens-toi bien. Tu es sans doute une des dirigeantes les plus avancées sur le sujet de la visée régénérative et avec beaucoup d'exemples concrets que tu viens de nous donner. Maintenant, si tu avais un enfant face à toi, alors peut-être pas de 5 ans comme ton aîné, mais peut-être on va dire de 10 ans, et que tu dois lui expliquer à quoi ressemble l'économie régénérative en quelques mots. Comment tu définirais cette nouvelle économie ?

  • Eric

    Alors, pour moi, ce que je dirais, un enfant de 10 ans, l'économie régénérative, c'est aller au-delà de réduire notre impact, au-delà de simplement faire mieux nos métiers. C'est très bien déjà de faire ça, bien sûr. C'est vraiment réparer, aider le vivant à se reconstruire. C'est vraiment permettre aux vivants au sens large, les hommes et les femmes compris, de mieux vivre. Et donc, par exemple, comme je le disais de manière très simple, on nettoie les terres pour qu'elles soient plus propres, mais il faut aussi permettre aux vivants de vivre, aux animaux de reprendre leur place, aux insectes, etc. Donc c'est vraiment aller au-delà, de faire moins mal, c'est vraiment faire mieux et reconstruire. Et pour moi, après, je compléterais peut-être sur des visions, c'est aussi lié à l'humain, le mode de management, le mode de fonctionnement, c'est protéger les collaborateurs. Je ne sais pas si on pourrait lire un enfant de 10 ans, mais cette question du modèle économique, c'est de se dire qu'aujourd'hui, je pense que les enfants peuvent comprendre aussi que si créer des conditions pour que ce soit plus motivant, c'est d'aller dans le bon sens. En gros, c'est prendre l'ensemble des sujets, prenons peut-être les plus simples, le climat, l'eau, la biodiversité, les ressources, et comment on construit pour qu'on ait la manière de travailler, que plus on travaille, plus on va dans le bon sens. pour toutes les parties prenantes, pour toutes les personnes qui sont concernées et notamment ces grands enjeux. Voilà, c'est ce que je dirais. La première étant peut-être plus facile pour un enfant de 10 ans que la troisième, mais bon.

  • Alexandra

    Oui, mais c'est peut-être un enfant qui fera du business plus tard. Écoute, on s'approche de la fin de ce podcast. Moi, j'aimerais déjà relever deux pépites. Dans tout ce que tu as dit, il y en a beaucoup. Cette phrase qui est sur ta fierté. Tu as dit la fierté de voir que chez Serfim, 2800 personnes sont maintenant concernées concrètement par le vivant. Et ça, ce n'est pas une petite fierté, ça ouvre beaucoup de possibles. Et il y a aussi cette phrase qui nous pépite et je pense qu'on est beaucoup de personnes qui devraient s'en inspirer. Tu as dit à un moment donné, le pouvoir me pousse à beaucoup d'humilité. Donc voilà, à méditer. En tout cas, merci beaucoup Alexandra. Merci pour le courage, le courage d'être dirigeante, de prendre des décisions difficiles et aussi d'affronter ses responsabilités dans un jeu de contraintes qui est très complexe. Merci pour l'authenticité, de nous avoir parlé à cœur ouvert et aussi merci pour ton pragmatisme. On a eu pas mal de chiffres, beaucoup de concrets. Donc voilà, tu as tenu le capré de gêne. Un grand merci pour ça.

  • Eric

    Merci beaucoup.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Alexandra Mathiolon, Alumni du 1er parcours de la CEC et PDG de Serfim, une société du secteur des travaux publics et de l'environnement. Ensemble ils abordent l'enjeu humain, majeur chez Serfim, de protéger les collaborateurs et leur donner l'envie de protéger les autres; de la finalité des métiers de Serfim dans la préservation de la biodiversité; des changements d'indicateurs; des solutions pour rendre ses droits à la nature; de coopération entre industriels ou public-privé; d'innovation sur les modèles économiques; de technologie au service du bien commun; d'embarquer collaborateurs, acteurs financiers et clients; de leadership, d'humilité et de fierté aussi... Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alexandra

    La situation du monde est-ce qu'elle est... il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris ... comment on construit nos modèles pour que nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés... aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs qui ont à peu près 25% du capital ... c'est un outil hyper puissant pour embarquer dans un projet d'entreprise ... j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui construit avec moi, qui a envie ... si on s'y met vraiment, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'age adulte ... je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision et j'ai envie d'accélérer.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Alexandra.

  • Alexandra

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Alexandra, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage quand on s'embarque dans l'aventure de la régénération. Authenticité. Authenticité de notre échange. Et pragmatisme. Parce qu'on veut rendre très concrète cette nouvelle économie. Et on va essayer de trouver des exemples hyper concrets. Ces trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Alexandra, CAP ou pas CAP ?

  • Alexandra

    Bien sûr, CAP.

  • Eric

    Alors Alexandra... Tu es diplômé de l'école des mines de Saint-Etienne et titulaire d'un Master of Science à l'Imperial College de Londres. Après une expérience chez McKinsey à Londres, tu rejoins l'entreprise familiale Serfim en 2018. Serfim, tu vas nous en reparler, mais c'est 150 ans d'histoire, 2800 collaborateurs et plein de métiers différents autour de l'aménagement du territoire. Tu es nommé, très jeune, directrice générale en 2020, puis PDG. en 2023. Tu as participé à la première CEC en 2021. C'est là où nous nous sommes rencontrés. Alors Alexandra, déjà, est-ce que tu peux nous présenter ou nous dire un peu les grandes lignes de ton entreprise Serfim ?

  • Alexandra

    Avec plaisir. Et bien, Serfim, c'est 150 ans d'histoire. Je suis la sixième dirigeante. C'est la première transition véritablement familiale. On a eu différents dirigeants, mais toujours dans une logique, en tout cas, de longévité. C'est important pour nous parce qu'on est un actionnariat aujourd'hui qui est familial et salarial. Et c'est vrai qu'être indépendant, c'est quelque chose qui est très important pour nous, notamment pour être dans le temps long et être libre de Ausha, ce qui a évidemment plein d'avantages, et notamment quand on doit porter une vision stratégique et de transformation de l'entreprise. Donc, 2800 collaborateurs, près de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires, peut-être un petit peu plus à la fin de l'année, et autour effectivement de métiers hyper diversifiés. Donc, si on veut faire la version courte, c'est les travaux publics et l'environnement. Mais on s'est rendu compte qu'on a vraiment des missions profondes qui nous animent et auxquelles on répond. Et je trouve que c'est ça qui est vraiment passionnant et nécessaire en lien avec la transition. C'est qu'on touche à la transition énergétique, donc sur les enjeux de production d'énergie renouvelable, de performance énergétique de nos réseaux et de nos équipements, de nos villes. La préservation de la ressource en eau, que ce soit sur les fuites d'eau que dans le traitement des eaux. limiter l'épuisement des ressources, donc l'économie circulaire, régénérer la biodiversité, aujourd'hui principalement la dépollution des sols, mais on a envie d'aller plus loin évidemment et j'y reviendrai. Et puis l'adaptation, la résilience de nos infrastructures, comment on les rend plus résistants aux aléas climatiques qu'on commence à bien voir. Puis comment la technologie se met au service des transitions sur l'ensemble de ces enjeux.

  • Eric

    Alors merci, on a vraiment envie d'aller creuser sur ces sujets. On va faire un petit flashback peut-être, finalement, quand tu étais enfant, Est-ce que tu te prédestinais à être dans l'entreprise ou qu'est-ce que tu voulais faire comme métier ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu envie de faire plein de choses. J'ai toujours été très curieuse. On a essayé d'avoir un équilibre entre la vie de l'entreprise, la vie familiale, pour évidemment créer du lien. Parce que c'est important d'être attachée à l'entreprise en tant que famille aussi, bien sûr. Mais pour autant, chacune de mes sœurs, par exemple, a fait son parcours par rapport à ses envies. Donc, il n'y avait pas non plus de déterminisme très fort dès le plus jeune âge. Et moi, j'ai eu envie à des moments d'être architecte, journaliste, peut-être même astronaute à des moments. Enfin voilà, j'ai eu envie de faire plein de choses, toujours dans cette idée d'être à l'écoute du monde. Et je suis partie dans un cursus scientifique en prépa et aux mines de Saint-Étienne. Et je me suis vraiment, aux mines, vraiment posé la question de sur quoi j'avais envie de m'impliquer. Et vraiment, c'était la transition énergétique sur un angle très pragmatique, très ingénieur, un peu pur CO2. Et après, j'ai un peu ouvert mes chakras. J'ai eu en tout cas envie, effectivement, à un moment, de rejoindre l'entreprise, parce que j'étais très attachée aux personnes, très attachée au modèle d'une entreprise indépendante de cette taille-là, et aussi très attachée aux métiers. Et je voyais tout le potentiel des métiers de Serfim en lien avec les transitions.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous donner une expérience de nature qui t'a peut-être marqué justement dans ton enfance ? Parce que là, tu nous parles de ton parcours assez techno finalement et ingénieur. Mais est-ce que tu peux nous dire peut-être une des dernières expériences de nature que tu as eues et qui t'a marqué ?

  • Alexandra

    J'avoue que j'ai eu une approche très techno, notamment pendant mes études, début de carrière. Et j'ai vraiment ressenti le besoin de me reconnecter au vivant, de repartager ces moments-là, de déconnexion aussi, parce que je pense que je travaille aussi sur ma surconnexion, je pense, sur laquelle on est un petit peu tous concernés, mais à différents niveaux. Et c'est vrai que, notamment avec des jeunes enfants, j'avoue que ça fait un bon rappel pour aller se reconnecter au vivant. Et pour moi, concrètement, j'habite en ville et je suis très attachée à la ville. Notamment là, de reprendre le temps que mes enfants grandissent un peu, de remarcher dans la nature, de refaire des belles randonnées dans notre région. Donc la région au baril de Grenoble, qui a quand même un potentiel assez incroyable. C'est quand même un plaisir fou et je passe beaucoup de temps en Noriseur, dans ma famille, qui est un territoire de ruralité qui est merveilleux. On l'appelle le pays des couleurs. Et moi, je trouve qu'on voit effectivement, ce n'est pas des territoires très connus, mais par contre, je trouve qu'on apprécie justement ces couleurs des saisons. Donc, c'est les moments où je me ressource aujourd'hui. C'est vrai que dans ma jeunesse, j'ai eu ces connexions là aussi. J'ai eu plaisir à beaucoup marcher, à randonner. J'ai partagé ça aussi assez fortement avec mon mari pendant une période où je trouve que ça permet d'avoir des échanges très différents avec la nature, mais aussi avec l'autre. Parce qu'on est obligé d'être dans l'instant présent. Donc voilà, c'est ces moments-là et c'est comme ça que je reconnecte en tout cas avec la nature.

  • Eric

    Alors, on va maintenant aborder le début de ton aventure, on va dire en route vers l'économie régénérative. Donc on rentre un peu dans le vif du sujet. Finalement, déjà ton point de départ, sans doute que tu avais commencé avant, mais comment tu es arrivée dans l'aventure CEC ?

  • Alexandra

    Alors l'aventure CEC, elle est arrivée à un moment qui... en soi était parfait à posteriori, mais il y avait plein de raisons de penser que ce n'était pas le bon moment. Donc du coup, j'ai commencé à en entendre parler, je pense, autour de mars 2021. Mars 2021, c'est la naissance de mon deuxième enfant, donc de mon fils, et c'est vrai que j'ai eu deux personnes qui m'en ont parlé, à la fois l'ancienne présidente de la CNR et à la fois un collaborateur en interne qui avait une cousine impliquée en tant que bénévole auprès de la CEC, les nombreux bénévoles qu'on peut remercier. notamment de la première CEC et au-delà. Et la première fois que je reçois le message, je me dis non mais vraiment là, je viens d'avoir deux enfants, enfin moi je n'ai pas trouvé beaucoup d'exemples autour de moi de personnes qui avaient deux enfants en bas âge, à une direction générale d'une ETI, une entreprise de taille intermédiaire. Je me suis dit, il ne faut peut-être pas que je me rajoute ça, c'était engageant en termes de temps, c'était 12 jours pleins à consacrer avec la volonté de vraiment engager le dirigeant et moi je le prenais évidemment très sérieusement. Et finalement, au moment où j'ai reçu le deuxième message, je me suis dit non, mais en fait, il faut vraiment que je trouve le moyen d'aligner mes priorités et mon agenda. Et en fait, oui, ce n'est pas raisonnable à bien des titres parce qu'il y a les enjeux de l'entreprise classique. Mais si je n'arrive pas, en fait, je sentais tout le potentiel de la CEC et je me suis dit en fait, c'est sûr, il faut que je trouve le moyen de faire fonctionner. Donc, j'y vais, je m'embarque, j'embarque dedans. Donc, mon fils, quand on a démarré, avait six mois. Et moi, clairement, je n'ai absolument jamais regretté. Évidemment, tu le sais très bien. Et j'ai vraiment cheminé grâce à la CEC. Comme je le disais, en fait, je suis partie d'un engagement que je considère bon, avec une formation spécialisée après les mines à l'Imperial College dans les énergies renouvelables, l'environnement. Donc, avec ces engagements qui étaient quand même... déjà présente, mais avec un prisme qui était peut-être très techno et très carbone. Alors, je pense que j'ai encore parfois toujours ce prisme-là. On pourra y revenir. Et c'est vrai qu'il y a eu des moments très forts au sein de la CEC qui m'ont permis de passer un cap.

  • Eric

    Tu étais au début de tes fonctions de directrice générale. Tu as choisi de faire cet investissement de 12 jours. Et tu parles d'aligner mes priorités sur mon agenda. Moi, c'est une phrase qui me parle énormément parce que je pense qu'on a beaucoup de responsables politiques et de décideurs d'entreprise qui disent qu'ils ont certaines priorités, notamment les générations futures, la planète, la décarbonation. Mais en fait, leur agenda ne le reflète pas du tout. Donc, ils disent, voilà, c'est très important, mais c'est 1% de leur temps. Donc, finalement, d'où est venue cette intuition qu'il fallait aligner sur ton agenda ? Et concrètement ? C'est à quoi tu as renoncé pour faire la place dans ton agenda ? Dis-nous comment ça s'est passé dans ta tête, parce que c'est sans doute un moment fondateur de ta carrière.

  • Alexandra

    Alors effectivement, je pense que par rapport à ce que tu dis, il y a vraiment un cheminement qui reste très personnel, que chacun doit faire en fait. Et même si certains peut-être le disent, peut-être qu'ils n'ont pas fait ce cheminement personnel. Ce que j'ai vu dans la CEC, entre les lignes, c'était une forme de radicalité pour moi, dans le bon sens du terme. J'avais vraiment envie d'être entourée de dirigeants qui avaient envie de s'engager, d'aller loin dans la transformation de leur métier. Et c'était vraiment parti du constat, en fait, de ce que je me disais. Je crois que j'étais retombée sur des vieux magazines de surfing. Mais je me suis dit, pétard, on faisait déjà plein de choses, on en parlait déjà. Et pour autant, il y a plein d'entreprises qui ont l'impression de faire des choses pas mal. Et factuellement, elles font parfois des choses pas mal aussi. Et pour autant, la situation du monde est ce qu'elle est. Et donc... À un moment donné, il y a un truc qu'on n'a pas craqué, qu'on n'a pas compris. Et je voyais dans la CEC un moyen d'aller chercher de nouvelles solutions, d'avoir des personnes qui se rendent compte qu'on n'est pas au niveau et d'aller justement challenger même nos modèles économiques. Donc, j'ai ressenti, j'ai vu ça. Et je pense qu'aussi, je me suis dit, il faut aussi que j'assume finalement mes différences. Je pense que j'étais déjà engagée. Mais c'est vrai que j'arrivais, j'étais dans effectivement beaucoup de responsabilités assez tôt. Donc moi, j'arrivais avec beaucoup d'humilité dans l'écoute, évidemment, de mes collaborateurs en interne, de mes équipes de terrain, de mon équipe de direction, évidemment en externe aussi. Et je me suis dit, oui, il faut rester tout à fait humble, mais il faut aussi que je porte ma vision, que j'assume aussi ce que je portais. Je trouvais que c'était un moyen de me nourrir encore plus et de passer un cap. Donc on a fait la CEC en 2021, c'est il n'y a pas si longtemps, mais aussi c'est loin. Et on a besoin parfois de... de ces piqûres de rappel, parce que c'est vrai que moi, un des éléments fondateurs pour moi en arrivant à la CEC, c'était effectivement tout de suite dans le bas, déjà, cette énergie, le nombre de personnes présentes, et puis ce moment, je m'en rappelle de manière extrêmement claire sur cette première intervention de Valérie Masson-Delmotte, qui était dans les toutes premières interventions. Ça m'a parlé aussi parce que c'est une scientifique et que j'ai ce côté très ingénieur, peut-être pragmatique, etc., mais... J'ai trouvé que c'était extrêmement bien exposé et elle a eu cette phrase, notamment à un moment, qui dit si on s'y met vraiment, donc en gros les scénarios très, très ambitieux ou très ambitieux, un enfant qui naît aujourd'hui peut vivre dans un climat stable à l'âge adulte Voilà, moi j'étais maman d'un enfant de six mois, pardon si c'est peut-être un petit peu caricaturel, mais je me suis dit ah ouais, donc en fait, si on y va vraiment, on peut vraiment faire la différence. Donc pour moi, ça, ça a été hyper fondateur. Et cette phrase-là, ce moment-là m'a donné beaucoup d'énergie dans la suite. Et puis après, il y a eu tout le parcours de la CEC, évidemment, sur compter ce qui compte vraiment, se rendre compte en fait à quel point on compte une partie des choses au sein de l'entreprise. Et puis, bien sûr, cette question de régénération avec notamment sur la refonte du modèle économique. Et donc, moi, j'ai beaucoup pu échanger dans ce cas-là, évidemment, avec Christophe Sampel. Et j'ai trouvé que ça nous a ouverts sur une façon de voir les choses différemment. Il y a plein de façons de voir la régénération. Il reste un flou. Mais je trouvais que cette question d'aller vers le... Vraiment repenser complètement notre modèle économique, aller se dire, est-ce qu'on a le droit d'exister demain ou pas ? Et surtout, se dire, mais en fait, comment on construit nos modèles pour que notre modèle économique, nos intérêts, ceux de nos clients et l'ensemble des limites planétaires soient alignés ? Et moi, ça, ça m'a vraiment... parler dans la réflexion, comment on sort d'une logique volumique, comment on travaille aussi nos indicateurs d'impact différemment. Qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ?

  • Eric

    Alors, ça nous met dans les bonnes conditions pour aller parler de la feuille de route de Serfim. J'en profite tout de même pour saluer ce moment déclic que tu as avec Valérie Masson-Delmotte. Il faut savoir qu'elle faisait ce jour-là trois conférences et qu'elle a accepté de venir entre deux conférences courir dans Paris pour passer les 30 minutes. Oui. où elle a tout donné pour effectivement le démarrage de la première session de la première CEC. Donc je tiens à la remercier et tous ces scientifiques qui jouent ce rôle d'alerte et qui parfois sont désespérés aussi de voir le peu de répondants. Donc j'espère qu'on a la hauteur de tout ce qu'ils nous ont donné. Alors on va maintenant aborder la feuille de route de Serfim. Peut-être pour commencer, quand tu as un collaborateur qui te demande finalement il y a quoi dans la feuille de route de Serfim ? de redirection. Tu dirais quoi, en très macro, finalement, c'est quoi les grands enjeux, les grands leviers auxquels vous attaquez ?

  • Alexandra

    Pour moi, il y a un enjeu majeur au sein de Serfim qui est l'humain, mais dans le sens, évidemment, la sécurité, la prévention, et de manière plus large, tout l'angle social, évidemment, qu'on a. Moi, il y a un enjeu majeur, on a 2800 collaborateurs, on a beaucoup d'équipes de terrain. Et pour moi, quand on parle régénération, c'est aussi savoir... protéger ses collaborateurs et comment on leur donne l'énergie, l'envie aussi de se protéger, de protéger les autres. Donc ça, c'est un angle qui est majeur et que je travaille aussi beaucoup actuellement. Le premier volet sur lequel je communique aujourd'hui, c'est la sécurité et la prévention et l'humain plus largement. Et j'essaie vraiment aussi de lier à l'enjeu plus large, évidemment environnemental. Le deuxième volet, c'est comment on fait nos métiers différemment. en matière d'empreintes environnementales globales, mais sur lequel peut-être je communique le plus, c'est vraiment notre axe 3, mais c'est vraiment la finalité de nos métiers. Et je leur dis, en fait, on a nos missions, que j'ai rappelées au début, et en fait, sur chacune de ces missions, qu'est-ce que ça veut dire aller dans le bon sens ? Et en fait, c'est vraiment les fuites d'eau qu'on a évitées, les volumes d'eau traitées, les terres qu'on a dépolluées, les tonnes de déchets qu'on a évitées de l'enfouissement. la performance énergétique qu'on a pu éviter. En fait, ça pour moi, c'est vraiment la finalité, c'est repenser nos modèles économiques. Et moi, je les invite vraiment à se dire, mais en fait, à quoi on sert ? Est-ce qu'on se met au service du bien commun ? Et puis après, j'intègre aussi les notions de biodiversité avec une maturité qui a bien évolué, je pense, depuis quelques années, mais qui reste pour moi peut-être l'axe qui est globalement mon pote. pas bien pris en main par les entreprises. Et pour autant, on se dit qu'il y a un potentiel incroyable parce qu'en plus, c'est peut-être encore plus concret.

  • Eric

    C'est hyper motivant de régénérer la biodiversité.

  • Alexandra

    De régénérer la biodiversité. On a un certain nombre de réflexions autour de ça. Et donc, pour moi, pour le coup, c'est un levier dont il ne faut pas se priver pour embarquer les collaborateurs et aussi pour voir des choses très concrètes. Voilà un petit peu les axes clés, avec aussi peut-être ce dernier volet qui est important pour moi, c'est de rester indépendant. Je vais le dire en introduction, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, ça nous donne une vraie liberté. On en a beaucoup. parler à la CEC en fonction de l'actionnariat, en fonction... voilà, il n'y a pas un actionnariat parfait, mais en tout cas avoir cette vision long terme pour porter des engagements forts et des sujets de transformation.

  • Eric

    Complètement. On va peut-être parler d'un métier historique de Serfim qui est très lié à la nature, très lié à la régénération, le métier de la dépollution. Est-ce que tu peux nous parler de ce métier, aussi de ses difficultés ? et de ses enjeux, et puis comment tu vois une projection, peut-être, vers le futur sur ce métier-là des pollutions ?

  • Alexandra

    Oui, effectivement, la dépollution, on a la chance que ce soit un métier historique chez Serfim depuis le début des années 80. Pour l'anecdote, on est vraiment venu dessus parce que les câbles étaient au pire haleine à l'époque, les câbles électriques, ils claquaient, ça faisait des pollutions gigantesques, et à ce prémice de prise de conscience environnementale, les clients ont commencé à nous dire, on peut peut-être... de ne pas laisser ça comme ça, laisser se diffuser toute cette pollution. Et du coup, on a créé Serpol, donc l'entreprise historique s'appelle Serpolet, et Serpol pour service pollution. Et on s'est développé comme ça sur tout un volet des pollutions des sols avec un volet R&D. Et beaucoup plus récemment, on y reviendra sur les nouveaux métiers, notamment sur le traitement des eaux et des effluents, qui est bien sûr un enjeu majeur. Et c'est vrai que ce métier de dépollution, c'est peut-être mon métier qui est de base le plus... plus proche de la régénération, sachant que c'est intéressant parce que si on est jusqu'au boutiste, il n'est pas 100%, mais on va dire qu'il va dans le bon sens de base parce qu'on prend effectivement des terres industrielles, ça peut être de la pharma, de la chimie ou autres qui ont été polluées et on va les aider à se dépolluer bien sûr, à éviter qu'il y ait davantage de pollution parce que parfois on touche évidemment à des enjeux de nappe phréatique qui sont touchés et du coup des pollutions assez majeures qui... impact l'eau au niveau des collectivités. Et donc l'idée, c'est vraiment d'éviter les pollutions, dépolluer les sites en tant que tels, et d'aller créer des nouveaux sites, soit pour en faire, là en l'occurrence, on a un site, ça peut devenir un parc urbain, donc vraiment aller sur des nouveaux usages par rapport à des sites industriels. Ça peut être aussi pour utiliser ces friches industrielles plutôt que des terres agricoles ou naturelles pour permettre plutôt d'utiliser ces friches-là pour aller développer d'autres sites. Et aujourd'hui, quand je parlais d'indicateurs, nous, on a plus de 150 000 tonnes de terres qui sont dépolluées. Et j'espère demain, plutôt que de donner mon chiffre d'affaires, je donnerai ces quelques indicateurs clés. Et bon, évidemment, qu'est-ce que ça veut dire 150 000 tonnes ? Est-ce que c'est beaucoup ou pas beaucoup ? Pour moi, la tendance, c'est ce qui est important. si on va de plus en plus loin autour de ça. Et là où je trouve que c'est intéressant sur ce métier de la dépollution, c'est comment on va plus loin demain en se disant, justement pour être vraiment dans la question de la régénération, on intègre des notions de génie écologique, de renaturation. On a d'ailleurs une filiale en Espagne. Il y a eu une pollution, notamment sur un des sites, avec des huiles végétales assez massives sur un fleuve. Et là, on va vraiment dépolluer, traiter évidemment, ça c'est notre métier historique, traiter ces huiles, aller en capter la plus grande partie, traiter les terres polluées, mais aussi aller complètement recréer ce cours d'eau, le revégétaliser, le renaturer. Et ça, pour moi, c'est une des clés, c'est aller plus loin et trouver les moyens et les solutions pour vraiment rendre à la nature ses droits. Et c'est aussi ce qu'on a fait en travaillant, par exemple, la question des terres fertiles. Les terres fertiles, on le sait, c'est un enjeu majeur, notamment en ville. On n'a plus assez de terres fertiles. Donc, il faut vraiment qu'on prenne en main ce sujet-là. Et on a développé un certain nombre de plateformes, deux notamment majeures sur la partie lyonnaise, de deux types différents, soit une spécifiquement sur les terres polluées, donc des terres très polluées, où on va aller utiliser des traitements avec de la luzerne, sur des traitements de 12 à 18 mois. pour aller refertiliser. Donc, en petite partie, aujourd'hui, pour être très honnête, une partie repart, on est en partenariat avec Vika, et on va utiliser une partie des terres trop polluées dans la production de ciment. Donc, il y a ce volet-là, et puis après, il y a tout ce qui est d'autres terres un peu moins polluées, et aller quand même les refertiliser. Donc là, on a à peu près 20 000 tonnes par an de terres fertiles sur ces plateformes, et l'idée, c'est vraiment d'aller jusqu'au bout. On est très en lien. C'est le constat qu'on a fait en travaillant avec... c'est un nombre de directeurs, managers au sein de mon organisation, mais on est très en lien avec le sol. Le sol et l'eau, c'est vraiment les deux sujets, les deux choses qu'on traite. Quand on a fait du chantier, on est vraiment en lien avec le sol. Et comment on protège ce sol ? Comment on va plus loin ?

  • Eric

    La question que j'aurais envie de te poser, c'est sur le modèle économique de la dépollution, parce que c'est un enjeu majeur. Et si le modèle économique est bon, en fait, c'est des millions de milliers de tonnes qu'on va aller retravailler. Comment vous vous rémunérez ? Et quand vous allez plus loin, par exemple là, sur les sols fertiles ou sur une rivière, est-ce que les pouvoirs publics aussi vous rémunèrent ? Quels seraient vos modèles économiques sur cette business unit ?

  • Alexandra

    Alors, le modèle économique, on va dire de base, de la dépollution, c'est qu'il y a un certain volume à traiter. Par contre, tout type de pollution est différent. Donc là, c'est vraiment une analyse assez fine. C'est là où on a le plus d'ingénieurs, le plus de R&D au Centre FIM pour aller vraiment comprendre les différents types de pollution. On propose à nos clients un certain nombre de solutions le plus innovantes, notamment d'aller vers des traitements le plus organiques, naturels possibles. Alors je vais être très honnête, parfois ça trempe dans le pétrole, on ne va pas faire de miracle. Mais ceci étant dit, on va vraiment avoir un champ des possibilités en matière de solutions. Et si nos clients nous donnent du temps, effectivement parfois un peu d'argent, on peut aller travailler des solutions plus naturelles pour aller vers ces modèles-là. Aujourd'hui, je vais être très honnête, les sujets de la dépollution, ça reste cher. Donc, il faut continuer d'innover par rapport à ces métiers. Et c'est pour ça qu'avoir ce plateforme, par exemple, c'est une des solutions. Parfois, parce qu'il y a des contraintes de temps, donc on déplace les terres. Alors, parfois, on aime bien ne pas les déplacer. Mais par contre, si on les déplace, on peut faire du circuit court. Mais clairement, aujourd'hui, le modèle économique, il est encore, évidemment, il est réel. C'est des métiers qui existent quand même depuis un certain temps. il faut qu'on arrive à continuer d'innover pour rendre aujourd'hui beaucoup plus incitatif d'aller sur de la friche industrielle plutôt que sur du neuf. Et ça, aujourd'hui, il faut encore un peu de courage politique et un peu d'argent pour ça, pour être complètement honnête. Ok.

  • Eric

    Parlons d'une autre activité historique de Serfim, le recyclage des matières. On sait que les ressources naturelles s'épuisent. qu'il va falloir réemployer, recycler. C'est un enjeu majeur. Vous avez un savoir-faire dans ce domaine. Quels sont les grands projets que vous avez sur cet enjeu-là et la confiance que tu as sur ce business du recyclage ?

  • Alexandra

    Alors effectivement, le recyclage, c'est le deuxième métier chez Serfim. Donc pour nous, c'est important. On a fait un gros travail sur la chaîne de valeur parce qu'effectivement, le recyclage, si on est complètement honnête, ce n'est pas la première chose qui doit se passer. On doit d'abord aller sur le réemploi, la réutilisation. puis le recyclage, puis l'incinération, puis l'enfouissement. Je fais basiquement la pyramide qui est très bonnie par les acteurs du déchet. Et donc, nous, notre objectif, clairement, je pense qu'il va au-delà, c'est tout faire pour éviter l'enfouissement. Moi, aujourd'hui, je considère que c'est une aberration. Il y a plein de solutions qui existent. On ne devrait plus enfouir comme on enfouit aujourd'hui. C'est une dette énorme qu'on laisse à nos enfants. Et en plus, il y a tout un enjeu de limiter l'épuisement des matières premières. Là, on est sur l'enjeu ressources des limites planétaires, évidemment. Et donc, nous, on a eu un positionnement historique sur le recyclage, qui reste le plus gros de notre activité. Et là, pour le coup, on développe des filières en lien avec nos métiers, donc principalement dans les BTP, on recycle aussi les frigos et d'autres choses. Mais notamment, le modèle économique, c'est de récupérer la matière, et c'est de la revaloriser et de trouver le partenaire industriel qui va l'utiliser. Donc, on parlait de Vika, on a aussi un partenariat pour la production de CSR. de combustibles de substitution de récupération qui remplacent les énergies fossiles en cimenterie à partir de déchets non dangereux, non recyclables. Et ce qui est intéressant, c'est que c'est un modèle aujourd'hui qui a besoin d'exister pour éviter l'enfouissement. Mais demain, pour moi, il ne devrait plus exister. Et c'est génial d'ailleurs, parce qu'on a le dirigeant de cette filiale, il a eu une interview il n'y a pas si longtemps en disant Est-ce que votre business est vraiment vertueux ? Est-ce que demain vous n'existerez plus ? Il a eu cette réponse incroyable où il a dit Si demain on n'existe plus, c'est qu'on a gagné. Et j'ai trouvé ça génial parce qu'en fait, aujourd'hui, il y a besoin d'exister. Donc, il ne faut pas qu'on soit complètement déconnecté de ça et qu'on s'y prépare. Pas qu'on soit incité à continuer à tout prix, évidemment. Mais par contre, aujourd'hui, c'est des volumes très concrets qui évitent l'enfouissement. Après, il y a des types de recyclage qui sont plus vertueux. Quand je dis qu'ils sont plus vertueux, c'est qu'on arrive à vraiment valoriser la matière quasiment à 100%. Donc du plâtre, on en refait du gypse qui comporte comme du gypse de carrière en cimenterie dans la production de plâtre. Là, il y a un certain nombre de projets, mais c'est pareil pour la laine de verre, le bois. Voilà, on peut vraiment valoriser la matière. Nous, ce qui fonctionne aujourd'hui, et c'est vraiment dans la logique aussi de coopération de la CEC, et c'est ce qu'on a vraiment accéléré depuis quelques années, c'est les partenariats industriels. Parce qu'en fait, si tu revalorises de la matière et que tu n'as pas de personnes pour l'utiliser, c'est chouette, mais bon, tu ne vas pas en faire grand-chose. Donc, il faut l'industriel qui soit motivé à l'utiliser à un bon niveau de prix. Ce métier est vertueux sur certains titres. Notamment là, on a beaucoup travaillé aussi sur la question du réemploi. On fait aussi de la déconstruction. Comment on va vers la déconstruction raisonnée ? Aujourd'hui, on est à moins d'un pour cent sur la déconstruction et sur le réemploi. L'idée, c'est de passer à 4 pour cent dans les objectifs gouvernementaux. Mais dans l'idée, on se rend compte que c'est trop peu. Et en fait, pour autant, quand nos clients nous donnent un peu de temps, pas nécessairement beaucoup d'argent, mais en tout cas un peu de temps, on peut déconstruire de manière plus raisonnée et aller davantage favoriser le réemploi. Donc là, on va vers un modèle économique plus vertueux. On travaille... L'enjeu du vivant sur les sites de recyclage, c'est des sites qui utilisent du foncier, des sites industriels. Intégrer le vivant, aujourd'hui, on peut l'intégrer dans notre chaîne de valeur, dans nos réflexions, dans les matériaux qu'on utilise. On a des réflexions évidemment intéressantes sur nos sites, sur la façon de le faire. Mais voilà, je ne vais pas prétendre que ce soit des métiers non plus 100% connectés au vivant,

  • Eric

    peut-être. Ce qui est fondamental dans ce que tu présentes, Alexandra, c'est l'enjeu coopération. coopération entre-industrielle, coopération aussi publique-privé, assez souvent et de l'enjeu aussi systémique que les règles du jeu favorisent ce genre d'initiatives notamment de déconstruction aujourd'hui c'est pas forcément gagnant de prendre ce temps-là et de lancer ces coups-là alors vous dépolluez, vous recyclez vous faites plein de choses, mais vous fabriquez aussi, vous contribuez à la fabrication d'infrastructures tu nous as pas mal parlé de l'eau aussi de l'électricité, ou la voirie. Est-ce que, là, sur ces enjeux-là, quand il faut construire, quand ça fait du sens, comment vous appréhendez les choses ? Est-ce qu'il y a des inflexions, un avant et un après sur ce métier-là ?

  • Alexandra

    Alors, j'ai eu la chance, effectivement, de première entreprise qui avait déjà plein de métiers et qui faisait déjà aussi beaucoup de rénovations. Après, il n'y a pas... 100% de nos métiers qui sont parfaits. Mais on est, par exemple, sur les ouvrages d'art, on fait beaucoup de rénovations, de tunnels pour la SNCF. Donc, par exemple, pour moi, on est sur des métiers qui vont dans le bon sens. Après, évidemment, ça reste du béton projeté. Donc, c'est tout l'enjeu. C'est pareil, quand on fait de plus en plus des ouvrages type passe à poisson, on se dit que ça va dans le bon sens pour le vivant parce qu'on va faire des solutions qui sont pertinentes pour permettre, évidemment, au corridor biologique de fonctionner. Mais après, ça reste du collage du coup. du coulage de béton. Donc, évidemment, c'est tout l'enjeu pour moi d'équilibrer l'ensemble des limites planétaires et ce qu'on fait les bons fois par rapport à ça. Au même titre qu'on fait de la rénovation dans les réseaux d'eau aussi, les ouvrages liés à l'eau, ou encore sur la route. Et donc, ce qu'on fait, et là, c'est peut-être un des métiers qui est pour moi le plus complexe, parce qu'effectivement, on fait aussi du nef, parfois. Et là, l'inflexion, c'est vraiment comment on fait nos métiers différemment, évidemment. Donc là, c'est toute la partie empreinte, évidemment. Mais là, ça peut être par du recyclé, aussi ça touche à des questions d'adaptation, avec des couleurs différentes qui permettent de lutter contre les îlots de chaleur en ville. Mais c'est aussi comment on est motivé à moins artificialiser. Donc ça peut être par des nouvelles offres, par des partenariats avec d'autres acteurs qui sont si présents là-dessus. Mais comment on construit les modèles économiques ? pour que globalement, on ne gagne pas plus d'argent si on tartine le plus d'enrobés. Je caricature évidemment volontairement. Et ça, c'est vrai que c'est compliqué quand tu as des outils industriels, notamment centrales d'enrobés, de déconstruire ça. Et c'est vrai que j'arrive avec cette vision auprès de certains acteurs qui ont envie de faire du volume du volume. Et moi, je dis, OK, on a un outil industriel, il faut qu'on ait un système de coopération pour que ce soit le plus local possible, qu'on travaille en bonne logique. mais aujourd'hui, ce n'est pas vertueux si on a cette volonté de toujours faire plus de volume. Et donc, clairement, aujourd'hui, les appels d'offres sont toujours construits comme ça. Par contre, on peut être de plus en plus sur différents métiers, force de proposition pour amener des solutions, essayer de moins artificialiser typiquement. Et si je prends un parallèle peut-être avec les métiers de l'énergie, qui est peut-être plus concret, sur Serpolet, notre entreprise historique, on fait depuis très longtemps de l'éclairage public. Donc les sujets d'éclairage public avec une grosse phase qui a permis un gros travail sur la performance énergétique avec le passage en LED, donc ça c'est du basique évidemment. Mais en fait, au-delà de ça, aujourd'hui, on a développé de l'ingénierie, un bureau d'études vraiment spécialisé qui permet d'aller répondre à ces enjeux de performance énergétique, d'aller construire notamment des marchés à performance énergétique qui sont incitatifs par rapport à la performance énergétique déjà qu'on va attendre. Donc ça, c'est sur l'angle purement énergie, mais aussi qui nous permettent d'être davantage force de proposition sur des sujets biodiversité, et notamment par rapport à la... À la lumière, c'est vraiment toute cette question d'avoir des corridors, là encore, qui sont respectueux du vivant, en travaillant l'intensité et la couleur de la lumière. Et ça, aujourd'hui, c'est des solutions qui sont quand même simples, qui sont accessibles. Et du coup, on a davantage, dans une logique un peu globale de contrat, on travaille beaucoup l'impact de nos chantiers sur, à la fois en termes de carbone, mais à la fois avec des variants de biodiversité. Aujourd'hui, ça prend... pas toujours. Mais quand on arrive à mettre en avant des solutions simples, relativement peu coûteuses, et qu'on a une approche plus globale des contrats, on arrive à faire des choses qui commencent déjà pour moi à être sympas.

  • Eric

    Est-ce que dans cette activité-là, ça vous arrive de faire des renoncements, justement, parce qu'il y a pas mal de dilemmes ? Est-ce que ça vous arrive de renoncer à des contrats, renoncer à des clients, dire non, là, ça, on ne peut pas y aller ?

  • Alexandra

    Alors, je dirais de manière claire, ce qu'on fait et le travail de fond en lien avec ces missions, c'est l'alignement de nos métiers avec notre raison d'être. Et en fait, on s'est projeté à l'horizon Cap 2030 avec l'ensemble de nos patrons sur quelles activités doivent se développer, quelles activités doivent se transformer et voir peut-être demain plus exister. Alors, plus exister, peut-être que je n'ai pas nécessairement passé le cap, notamment sur la route, pour moi, ce n'est pas nécessairement plus exister en tant que tel. c'est probablement se positionner encore davantage sur la rénovation et effectivement la question du neuf. Et pour moi, ce n'est pas nécessairement ne plus aller sur du neuf, mais plus aller sur du neuf n'importe comment. Donc en fait, est-ce qu'on a la marge de manœuvre pour aller proposer des choses qui vont dans le bon sens ou pas ? Et sinon, il faut renoncer. Aujourd'hui, on n'a pas eu de renoncement, je dirais, majeur. Moi, je regarde aussi une réflexion sur la finalité de la question. à quoi sert évidemment l'infrastructure. Mais en fait, tu te rends compte que c'est hyper difficile. Parce qu'en gros, il y a des infrastructures liées à la santé. Il y a quand même un certain dynamisme sur cette activité-là. Donc, tu te dis, c'est bien de faire du local en France. Et puis, on a eu le sujet sur un acteur, on va dire, du jouet. Et on se dit, est-ce que c'est utile de ré-artificialiser des sols pour aller faire un acteur de jouet ? Et après, on me dit, oui, mais dans ce cas-là, on va acheter sur Internet, continuer d'importer, etc. Donc, tu te rends compte qu'en fait, Tu arrives vite à justifier beaucoup de choses. Donc pour moi, et c'est un problème, parce que je pense qu'il y a quand même des sujets et des métiers sur lesquels il faut pour autant renoncer. Aujourd'hui, on est sur des typologies de métiers où en infléchissant, comme il y a quand même un certain dynamisme aujourd'hui, on arrive à aller sur des métiers de plus en plus vertueux. Je n'ai pas encore de ligne de business énorme où je me dis demain, on n'existe plus du tout. Il y en a évidemment une ou deux où je suis plus à l'aise. Mais en fait, ce qui est intéressant, c'est que par exemple, ce n'est pas une grosse activité pareille chez nous, mais on était effectivement... On travaille dans le milieu de la montagne, ça peut être sur l'électricité pour les remontées mécaniques, ça peut être sur, à l'époque on en fait moins aujourd'hui, des canons à neige. En fait on voit que ces enjeux-là se transforment, donc en fait on accompagne ces transformations pour voir la montagne différemment. Et donc charge à nous, pour moi, d'être force de proposition par rapport à ça. Et c'est au même titre qu'il y a des métiers peut-être qui sont plus complexes, pour moi, en lien avec le vivant, c'est tous les métiers en lien avec la technologie. Donc on a des métiers de fibre optique, de vidéos, de trafic, de communication numérique et de territoire connecté. Pour la première fois que je leur avais parlé de Vivant, en sortant de la CEC, ils m'ont tous regardé avec leurs grands yeux. De quelle planète ? Voilà, de quelle... Je me dis, c'est qui cette jeune dirigeante qui arrive complètement perchée ? Et en fait, pour autant, ils étaient super avancés sur un certain nombre de points, de labels, etc. Ils avaient quand même une vraie volonté. Et aujourd'hui, ils réfléchissent vraiment à comment mettre au service la technologie, au service de ces enjeux de transition. Ça peut être très concrètement le trafic, on a un logiciel de gestion du trafic, et comment ce logiciel de gestion du trafic permet de favoriser les transports en commun dans les collectivités. Ça peut être sur les territoires connectés. Aujourd'hui, on a des solutions de plateforme pour que la ville intelligence devienne accessible pour les petites et moyennes collectivités. Notamment, on a fait tout un travail sur la mesure de l'eau, qui est aujourd'hui mal mesurée globalement, et en lien avec la CSRD, on va avoir besoin d'avoir une vraie transparence sur ça. Et du coup, c'est... utilisait des objets connectés pour mieux mesurer tout ça. Et on a eu ce lien avec le vivant qui était complètement, j'allais dire, étonnant pour moi, mais qui peut sembler peut-être anecdotique, mais en gros on a utilisé des objets connectés pour permettre d'éviter que les randonneurs rencontrent les troupeaux et les patous notamment. Ça a hyper bien fonctionné, ça s'est développé dans une certaine zone géographique en tout cas, et en fait ça permettait déjà de vivre ensemble, on va dire. pour éviter les problèmes. Mais aussi, on s'est rendu compte que c'était utilisé par les agriculteurs pour savoir justement les zones qui avaient été pâturées et justement mieux optimiser aussi ces usages-là. Et ce que je trouve intéressant, c'est de se dire, je ne veux absolument pas faire de la technologie à tout prix et connecter peut-être les animaux. Ça peut peut-être choquer, donc je ne veux pas aller dans un abus, évidemment. Il faut le faire avec parcimonie. Mais je pense que la technologie peut vraiment se mettre au service du bien commun. Et c'est vraiment ce travail-là que je leur demande actuellement. Et oui, il y a des métiers où on se dit, demain, on les fait déjà de la manière la plus vertueuse possible. Mais est-ce que demain, notamment sur la communication numérique, on fait de l'information passager et de la publicité ? Évidemment, l'information passager, c'est plutôt pour des transports en commun, donc je n'ai pas de sujet. Mais sur la publicité, ce n'est pas tant les solutions qu'on met en place que la finalité de la publicité. Et là, ça fait vraiment lien avec tout le travail que tu fais avec la CEC, que vous faites, évidemment, collectivement, sur les nouveaux imaginaires. C'est comment... La publicité permet de diffuser des imaginaires différents. Comment elle se transforme ? Et elle permet de transformer nos sociétés.

  • Eric

    Je crois qu'on touche là, en fait, aussi cette question de la right tech et donc mettre la technologie au service d'offres qui ont du sens. Et puis aussi une question collective du renoncement. Qui sommes-nous pour dire que telle activité, elle mérite encore d'exister ou pas ? ou que telle publicité, elle mérite d'être mise en avant ou pas. Et là, c'est vrai que c'est des réponses surtout collectives. C'est difficile pour un fournisseur de se positionner à ce niveau-là. Alors, on va rebondir sur cette petite anecdote que tu disais tout à l'heure où certains collaborateurs disaient qu'ils pouvaient te trouver perché à certains moments, notamment sur les enjeux biodiversité, aux collections vivantes. Si je te pose la question, une note de 1 à 10,

  • Alexandra

    sur aujourd'hui l'état de compréhension de ta vision par tes collaborateurs. Donc, 1, c'est une testime hyper perché et ta feuille de route CEC, pour eux, elle est complètement déconnectée de leur vie réelle. Et 10, ce serait ils ont parfaitement compris ce que tu as en tête, avec quoi tu es revenu de la CEC. Et donc, ils adhèrent complètement à ta vision du cap pour l'entreprise. Tu placerais le curseur à quel niveau aujourd'hui ?

  • Eric

    Je dirais 6. Six, parce que forcément, il y a 2800 personnes chez Serfim. Donc après, si chacun évaluait, ce serait peut-être différemment, évidemment. Mais si je regarde le travail qui est fait par l'ensemble de mes filiales, aujourd'hui, il y avait déjà certains métiers, il y avait déjà une certaine transition. Et là, ils l'ont compris, ils ont bien adhéré. Et moi, ce qui était super puissant pour moi, notamment, parce qu'il y a cette sensibilisation, évidemment, globale et nécessaire de tous. Et ça, je pense qu'aujourd'hui, ils ont compris que, notamment sur les sujets de sécurité et de transition, c'était vraiment les priorités, les axes que je donnais de manière majeure à l'entreprise. Et en fait, aussi, aujourd'hui, dans mon organisation, qui est quand même assez décentralisée, j'ai aussi besoin que les différents patrons et un certain nombre de managers adhèrent pleinement. Et moi, je crois profondément que tu peux être hyper inspirante en dirigeant, tu peux le faire super bien si ça reste un cheminement personnel. Et chacun doit vraiment être face à ses convictions, face à ce sujet, presque seul. C'est un peu nécessaire. Et ce qui est intéressant, c'est que j'ai eu pu mettre finalement deux dirigeants dans une des CEC, une des déclinaisons régionales, et à la fois par ça et à la fois par les embarquements CEC qui sont faits au niveau du bassin lyonnais. Et ça me permet en fait... que chacun chemine, en fait. Chacun chemine. Alors, ça peut être par la CEC, ça peut être aussi par d'autres biais. Donc, aujourd'hui, je pense qu'il y a un bon niveau de compréhension. Je reste sur un niveau de 6 parce qu'on a encore beaucoup à faire, parce qu'il y a une entreprise de 2 800 personnes à peu près. Ce n'est pas encore facile de faire adhérer. Et quand on parle de changer nos modèles économiques et qu'on nous dit, bah oui, entre guillemets, t'es gentil, mais nous, on répond à des appels d'offres. Voilà, c'est... On a encore du chemin à faire.

  • Alexandra

    Mais ça monte.

  • Eric

    Ça monte. Ah non, mais clairement, aujourd'hui, moi, là où je vois quand même une très belle inflexion, c'est déjà ce qui se passe en interne, ce qui se passe avec les autres acteurs. Et aujourd'hui, clairement, ce niveau de site, j'en suis aussi fière. Il peut être dur et pas dur, mais moi, j'en suis aussi fière parce qu'aujourd'hui, quand je parle de vivants, il y avait des personnes, des branches, des métiers qui ne se sentaient pas concernés. Aujourd'hui, ils cherchent, ils voient, ils travaillent et développent des solutions. qui peuvent se mettre davantage au service du vivant. Et j'en ai donné quelques exemples. Mais il y a cette volonté-là, elle est profonde, elle est réelle. Et en plus, elle est hyper stimulante pour les équipes. Donc après, évidemment, j'ai plein de gens qui sont à 10, probablement certains qui sont à 1 ou 2. Mais j'en ai qui adhèrent pleinement, qui poussent à fond, qui poussent parfois plus fort que moi. Et ça, je trouve que c'est génial. Qui me remercient de pousser cette vision-là et qui vont aller justement... travailler de manière très concrète sur les solutions, pour réduire notre empreinte, pour intégrer le vivant, refondre nos modèles économiques. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que si tu as ça, tu as une force vive incroyable qui te permet de faire adhérer. Et j'ai aussi demandé, pour justement travailler cette question un peu de l'embarquement global, il y a la sensibilisation, on l'a parlé, il y a mon équipe de direction. Je suis aussi allée chercher un peu plus loin dans l'organisation pour aller trouver des personnes qui avaient vraiment envie travailler ce sujet-là et comment embarquer les équipes. Et on s'est rendu compte qu'il y avait, pour transformer vraiment une entreprise, c'était globalement, pour moi, il y a la conviction personnelle, le cheminement de chacun. Ça, ça marche pour une partie des gens. Il y a l'argent, enfin en fait les deux vont être liés à l'argent, mais il y a la finance et notamment les banques qui nous font quand même évoluer. pas de manière assez significative pour moi. J'adorerais que les pré-impact soient de manière significative, différente, parce qu'on a un projet qui va dans le bon sens et que ce soit beaucoup plus dur de se financer sur un projet qui ne va pas dans le bon sens.

  • Alexandra

    On y travaille avec la CEC, monde financier.

  • Eric

    Voilà, j'imagine bien. Aujourd'hui, il y a des choses qui existent, les banques, voilà, pour des choses. Mais pour moi, c'est beaucoup trop light. Ce n'est pas différenciant. On va parler de la CSRD, comment elle pourrait permettre peut-être d'aller plus loin autour de ça. Mais aujourd'hui, pour moi, ça, c'est un des leviers forts. Et la finance, voilà. pouvoir étant quand même aujourd'hui encore beaucoup dans l'argent, c'est un des leviers incroyables. Et le troisième levier que je vois, c'est vraiment le client, le commerce, la façon de répondre aux appels d'offres. Et donc là, on voit quand même que ça bouge. Donc justement, cette fameuse équipe que je suis allée chercher de manager ou directeur de filiale pour aller travailler sur ce sujet-là, ils se sont dit, mais voilà, comment demain on fait, on propose davantage de variantes et on prend le temps. A nos clients, même si ce n'est pas demandé, de faire davantage de propositions de variantes environnementales. Ça, en général, on le fait sur des propositions notamment autour du carbone, mais aussi des variantes biodiversité en lien avec le vivant. Et ça, l'idée, c'est d'être beaucoup plus proactif pour le proposer. Déjà parce que si on n'a pas, pour moi, si on ne donne pas de la transparence à nos clients sur ce qui est possible ou pas de faire, ils ne vont pas y aller nécessairement naturellement. Et puis après, il y a des clients qui sont quand même moteurs. Il y a quand même parfois certains acteurs, on doit reconnaître, qui vont pousser sur ces sujets-là. Donc ça infléchit et l'idée, c'est d'être vraiment sachant, notamment par rapport à ce lien avec le sol qui est pour moi assez puissant, sur des solutions. Le sol est une source incroyable de biodiversité et qu'on puisse être force de proposition à fond là-dessus.

  • Alexandra

    Donc, trois grands leviers selon toi. Le cheminement personnel de chacun des collaborateurs. Le monde financier qui doit vraiment différencier les modes de financement et puis les taux d'intérêt en fonction des projets. Et puis, cet enjeu d'embarquer autour du sens de l'entreprise. Ça me permet de faire une bifurcation sur la partie actionnariat. Tu en as parlé tout à l'heure. Finalement, ça a l'air d'être une chance pour toi d'avoir un actionnariat stable et vous y tenez. Tu nous as dit que c'est un actionnariat à la fois familial et des employés. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus et aussi nous dire si tu as un challenge ou plutôt des vents porteurs avec cet actionnariat aujourd'hui sur ton projet d'entreprise ?

  • Eric

    Donc, actionnariat et en matière de sémantique, ce qui est plus correct de dire pour moi, c'est familial. et managériel. Aujourd'hui, c'est une centaine de collaborateurs, à peu près 25% du capital. Pour moi, c'est un outil qui est hyper puissant pour embarquer dans un projet, évidemment, d'entreprise. C'est une façon de partager la valeur qui se complète, évidemment, de plein d'autres choses autour de l'entreprise, sur l'intéressement, participation et tout le travail qu'on fait de fond pour redistribuer, évidemment, au mieux dans une logique construite. Donc, pour moi, ça, c'est quelque chose qui est puissant, qui est assez rare, en fait. L'actionnariat salarial, ce n'est pas que c'est extrêmement rare, mais c'est rare de l'être à notre taille et sans financier à son capital.

  • Alexandra

    Et 25%,

  • Eric

    c'est bon pour ça. C'est important aussi. Et donc, c'est vrai que pour moi, c'est porteur. C'est une manière vraiment d'embarquer sur un projet. Après, il faut garder cette vision à long terme. En général, on a des collaborateurs qui sont là avec une certaine fidélité. Donc ça, c'est hyper important pour moi pour construire, en fait, dans la durée, une transformation de l'entreprise. Évidemment, c'est bien aussi d'avoir des personnes nouvelles qui arrivent aussi pour apporter une certaine vision. Mais on est quand même sur cette volonté de construire dans la durée par rapport à une transformation. Moi, cet actionnariat, je le trouve puissant parce qu'il nous donne une certaine liberté, une vraie liberté pour moi d'être libre de Ausha. Il peut poser un certain nombre de contraintes financières, notamment, où on va faire justement un développement, toujours avec cette axe d'aller dans le bon sens, mais sur un certain nombre d'indicateurs. mais aussi qui va justement pour moi être sain aussi, parce qu'il ne va pas avoir un fond qui va vouloir sortir, je caricature évidemment grossièrement, un fond qui va vouloir absolument pour que Savalo évolue, qui est une croissance un peu démesurée. Aujourd'hui, on est en face de plein d'acteurs qui vont aller faire des croissances externes ou des projets de manière un peu déconnectée de la réalité du marché, parce qu'ils ont envie de grandir, de grossir plutôt. Moi, je dis que la croissance n'est pas... Pas une fin en soi, c'est une conséquence de développement de certains indicateurs au service du bien commun, de certaines choses qui nous parlent véritablement. Après, ça peut nous causer un certain nombre de contraintes, parce qu'effectivement, sur des projets extrêmement capitalistiques, on va devoir être plus innovant, on ne va pas forcément tout pouvoir faire seul. Et c'est pour ça que, notamment sur le métier du recyclage, faire des partenariats avec des industriels, c'est hyper pertinent, par exemple.

  • Alexandra

    Alors, on va essayer de dézoomer un petit peu sur cette feuille de route. Ça fait plus de deux ans maintenant que Serfim a rendu sa feuille de route CEC, c'était en milieu 2022. Finalement, ce serait quoi ta plus grande fierté aujourd'hui en accomplissement sur cette feuille de route ?

  • Eric

    C'est toujours dur d'en choisir un quand on a autant de métiers que moi. La fierté déjà de voir que concrètement les gens se sentent concernés par le vivant. Parce que ça, pour moi, c'est une vraie transformation de se rendre compte qu'en fait, on est tous concernés. Puis, il y a quatre ans, on s'est énormément développé sur le traitement des eaux et des effluents. Et moi, c'est vrai que je me sens hyper concernée par l'enjeu de l'eau, à la fois par, évidemment, la réduction des fuites, mais aussi le traitement des eaux et des effluents avec tout ce qu'on entend sur les différents polluants et tout ça. Aujourd'hui, j'avoue de manière très concrète, je suis hyper fière qu'on ait développé ce positionnement-là, investi dans de la R&D, fait des choix long terme par rapport à ça. Voilà, et puis je suis à la fois aussi hyper fière que sur des métiers des travaux publics, on a réussi à montrer et à transformer que ces métiers se mettent au service des transitions. Et pour moi, c'est peut-être une des plus grandes fiertés, c'est vraiment... Nos collaborateurs, nos équipes sur le terrain ne sont pas toujours connectés à leur profonde utilité. Et en fait, reconnecter ça, pour moi aujourd'hui, c'est extrêmement puissant par rapport à cette question de sens. Après, je pourrais en citer plein d'autres. J'adore nos métiers, j'adore nos équipes, ce qu'elles portent. Ok,

  • Alexandra

    et on continue dans la question un peu difficile. Mais finalement, dans tes rêves les plus fous, Serfim dans 10 ans, ça ressemble à quoi ?

  • Eric

    Alors déjà, Serfim dans 10 ans, dans mes rêves les plus fous, déjà c'est parfaitement aligné avec nos trésors d'aide, nos contribuables à une meilleure qualité de vie en aménageant des territoires durables et respectueux du vivant. Serfim, dans 10 ans, pour moi, a soit réussi à arrêter, ou en tout cas à transformer de manière significative certains de ses métiers. Et quand je dis transformer de manière significative, c'est évidemment la façon de les faire dans le terme d'empreintes, mais aussi leur fidélité. Quand on parlait de la route, comment on artificialise moins, comment sur la communication numérique, on peut contribuer à faire que ça se mette davantage au service du bien commun. Donc pour moi, c'est vraiment aller loin sur les métiers qui doivent le plus se transformer et s'accélérer sur ces grandes missions. C'est comment on a répondu à l'enjeu de l'eau. Alors ça peut être à la fois de manière très concrète sur les fuites d'eau évitées ou les volumes d'eau qu'on a traités. Mais peut-être même si je vais plus loin, c'est vraiment comment on accompagne le cycle de l'eau dans les villes, pour les villes ou pour les industriels, de manière globale, pour faire l'économie circulaire de l'eau, comme on peut le faire à une petite échelle mais de manière plus globale. Serfim pour moi va... Dans mes rêves le plus fou, va à l'horizon d'une dizaine d'années, répondre à l'ensemble de ces missions de manière plus globale. On l'a commencé déjà, mais sur le recyclage, comment ces métiers se transforment, comment on les reconnecte aux vivants. C'est comment sur la dépollution, on va davantage vers les génies écologiques, vers les questions de résilience et d'adaptation. C'est vraiment comment on change aussi cette logique volumique et on accompagne la performance des territoires pour tenir. En fait, c'est l'ensemble de ces sujets-là mais de manière beaucoup plus peut-être globale et avec une solution où on apporte ce savoir-faire pour mieux accompagner nos clients, les territoires, à être plus robustes, à opter pour ces transitions. Évidemment, c'est aussi pour moi, dans 10 ans, une entreprise qui est au meilleur niveau possible en matière de sécurité et de prévention, parce que ça, ça reste l'enjeu qui m'anime et qui est le plus difficile.

  • Alexandra

    Et justement, alors j'en profite, tu me donnes les transitions, parce que là, on revient un petit peu au début. puisque tu avais commencé par cet enjeu-là, l'enjeu humain, l'enjeu de prévention. On va revenir un peu au début aussi de notre échange sur Alexandra, la jeune femme, maman, dirigeante d'une grosse entreprise de l'aménagement du territoire en France. C'est assez rare, c'est assez singulier comme position. Comment tu le vis, toi, cette responsabilité ? Et le fait aussi d'être une femme dirigeante dans ce milieu-là. Ce ne sont pas des questions faciles, mais comment tu arrives à naviguer ? dans ces eaux ?

  • Eric

    Écoute, moi, je le vis bien dans le sens où, alors, j'ai cette transition personnelle qui a quand même été nécessaire, notamment avec la CEC et ce cheminement qui m'a vraiment permis d'assumer ce que je voulais être aussi en tant que dirigeante, assumer que je pouvais avoir un positionnement différent et qui ne me bloque pas pour autant pour faire beaucoup de choses et travailler en partenariat avec beaucoup d'acteurs parce que l'idée, c'est vraiment de construire. de ne pas être dans une forme de radicalité qui pourrait être nocive, mais justement dans une radicalité constructive. Moi, je prends les choses avec humour. Quand je parlais de ces moments où parfois je peux avoir l'air un petit peu perché, évidemment, quand je dis ça, je suis aussi dans l'écoute, parce que quand quelqu'un me dit que t'es perché, c'est pas nécessairement pour être méchant, c'est plus par rapport aux enjeux de l'entreprise, la sécurité, la prévention, ça peut être par rapport à des enjeux opérationnels, de production, de volume d'activité, etc. Donc j'essaye de le prendre à la fois avec humour et avec du recul. Et puis petit à petit, cheminer, m'expliquer, faire preuve de pédagogie. Je ne l'ai jamais... C'est assez bizarre et ça peut avoir l'air très prétentieux de ma part, mais je me suis rendu compte que je doutais assez peu. Ça ne veut pas dire que je ne doute pas de plein de petites choses et que je ne suis pas dans l'écoute, évidemment, notamment de mes collaborateurs. Au contraire. Mais par contre, je ne doute pas. Je ne doute pas sur le cap que je veux donner, sur la vision. Et peut-être, j'ai envie d'accélérer. On peut avoir des moments où on a besoin de construire. Ça prend un peu plus de temps que ce qu'on aimerait, mais d'être vraiment dans cette vision-là et d'y croire à fond. Et puis, j'espère que pour l'entreprise, c'est une chance d'avoir une jeune femme dirigeante parce que c'est une des chances pour moi des entreprises familiales. Et là encore, mon père a fait énormément de choses merveilleuses avec Serfim. Je pense qu'on peut se poser plein de questions sur l'entreprise familiale, la question de la méritocratie. Moi, je suis très ouverte sur ces sujets-là. Mais c'est vrai que passer ce cap d'un dirigeant d'une trentaine d'années, C'est intéressant. Il y a plein de modèles qui sont possibles et heureusement parce qu'on a besoin que des personnes de tout âge, de tout sexe, de toute origine, transforment leurs entreprises avec conviction. Donc j'espère que ce ne sera pas que les jeunes femmes dirigeantes qui vont transformer leur entreprise, parce que sinon ça ne suffira pas, clairement. Mais aujourd'hui, je le prends comme une chance et j'espère que c'est aussi vu comme ça, parce que ça permet d'aller passer un cap, d'accélérer sur un certain nombre de sujets et d'engagement. évidemment sur les sujets environnementaux de transition, mais ça peut être aussi sur les sujets de sécurité, aussi sur les sujets digitaux, etc. Donc voilà, ça permet d'accélérer. Donc moi, je le vis très bien.

  • Alexandra

    Et comment tu qualifierais ton style de leadership aujourd'hui, qui évolue bien sûr, mais plutôt vertical ou plutôt horizontal ?

  • Eric

    Oui, plutôt horizontal, plutôt dans une logique de collaboration. C'est aussi venu, en fait, comme je le disais, je suis arrivée avec cette humilité. Avec le fait d'avoir beaucoup de pouvoir, oui, on peut le dire comme ça, ce mot-là me fait toujours bizarre, mais beaucoup de pouvoir très tôt et qui, pour moi, me pousse à beaucoup d'humilité. Et donc, du coup, moi, je l'ai toujours vécu comme ça. Donc, dans mon mode de management, c'est cette construction. Et pour le coup, je pense que j'ai une équipe autour de moi qui avance dans le bon sens, qui est dans l'écoute, qui construit, qui a envie. Et c'est vrai que le fait que chacun aussi ait ce cheminement personnel, aujourd'hui, pour moi, c'est hyper important. Au niveau de mes dirigeants, de mon équipe, et puis au-delà, évidemment, dans l'organisation, parce que je pense à toutes ces personnes qui sont encore hyper engagées dans l'entreprise et qui portent des idées hyper concrètes, qui, pour moi, sont une force incroyable. Donc voilà, pour moi, il faut vraiment se nourrir aussi de ça en matière de leadership pour se donner l'énergie et se concentrer sur ceux qui ont envie d'avancer plutôt que les quelques pourcents qui restent.

  • Alexandra

    D'accord. OK, peut-être qu'on arrive maintenant à la question la plus difficile. Alexandra, tiens-toi bien. Tu es sans doute une des dirigeantes les plus avancées sur le sujet de la visée régénérative et avec beaucoup d'exemples concrets que tu viens de nous donner. Maintenant, si tu avais un enfant face à toi, alors peut-être pas de 5 ans comme ton aîné, mais peut-être on va dire de 10 ans, et que tu dois lui expliquer à quoi ressemble l'économie régénérative en quelques mots. Comment tu définirais cette nouvelle économie ?

  • Eric

    Alors, pour moi, ce que je dirais, un enfant de 10 ans, l'économie régénérative, c'est aller au-delà de réduire notre impact, au-delà de simplement faire mieux nos métiers. C'est très bien déjà de faire ça, bien sûr. C'est vraiment réparer, aider le vivant à se reconstruire. C'est vraiment permettre aux vivants au sens large, les hommes et les femmes compris, de mieux vivre. Et donc, par exemple, comme je le disais de manière très simple, on nettoie les terres pour qu'elles soient plus propres, mais il faut aussi permettre aux vivants de vivre, aux animaux de reprendre leur place, aux insectes, etc. Donc c'est vraiment aller au-delà, de faire moins mal, c'est vraiment faire mieux et reconstruire. Et pour moi, après, je compléterais peut-être sur des visions, c'est aussi lié à l'humain, le mode de management, le mode de fonctionnement, c'est protéger les collaborateurs. Je ne sais pas si on pourrait lire un enfant de 10 ans, mais cette question du modèle économique, c'est de se dire qu'aujourd'hui, je pense que les enfants peuvent comprendre aussi que si créer des conditions pour que ce soit plus motivant, c'est d'aller dans le bon sens. En gros, c'est prendre l'ensemble des sujets, prenons peut-être les plus simples, le climat, l'eau, la biodiversité, les ressources, et comment on construit pour qu'on ait la manière de travailler, que plus on travaille, plus on va dans le bon sens. pour toutes les parties prenantes, pour toutes les personnes qui sont concernées et notamment ces grands enjeux. Voilà, c'est ce que je dirais. La première étant peut-être plus facile pour un enfant de 10 ans que la troisième, mais bon.

  • Alexandra

    Oui, mais c'est peut-être un enfant qui fera du business plus tard. Écoute, on s'approche de la fin de ce podcast. Moi, j'aimerais déjà relever deux pépites. Dans tout ce que tu as dit, il y en a beaucoup. Cette phrase qui est sur ta fierté. Tu as dit la fierté de voir que chez Serfim, 2800 personnes sont maintenant concernées concrètement par le vivant. Et ça, ce n'est pas une petite fierté, ça ouvre beaucoup de possibles. Et il y a aussi cette phrase qui nous pépite et je pense qu'on est beaucoup de personnes qui devraient s'en inspirer. Tu as dit à un moment donné, le pouvoir me pousse à beaucoup d'humilité. Donc voilà, à méditer. En tout cas, merci beaucoup Alexandra. Merci pour le courage, le courage d'être dirigeante, de prendre des décisions difficiles et aussi d'affronter ses responsabilités dans un jeu de contraintes qui est très complexe. Merci pour l'authenticité, de nous avoir parlé à cœur ouvert et aussi merci pour ton pragmatisme. On a eu pas mal de chiffres, beaucoup de concrets. Donc voilà, tu as tenu le capré de gêne. Un grand merci pour ça.

  • Eric

    Merci beaucoup.

Share

Embed

You may also like

undefined cover
undefined cover