- Speaker #0
Bienvenue dans Capital Humain, je suis Magali Simiron, ancienne dirigeante, membre de Comex dans des grands groupes et coach. J'ai vu à quel point les équipes, le capital humain peut transformer une entreprise. Mais la réalité est parfois difficile. Est-ce que vous avez du mal à attirer ou garder les meilleurs talents ? Est-ce que vous êtes parfois frustré devant certains départs ? Ou est-ce que vous vous demandez combien de vos salariés se lèvent chaque matin avec l'envie de donner le meilleur d'eux-mêmes ? Dans ce podcast, nous proposons des histoires inspirantes et vraies, des stratégies concrètes pour transformer votre capital humain en un véritable levier de succès. Alors, est-ce que vous êtes prêts à transformer ou améliorer votre approche ? Abonnez-vous et rejoignez-moi chaque semaine pour partager vos défis et célébrer vos succès. La charge mentale, la gestion de nos vies, la gestion de nos attentes sont des sujets qui nous préoccupent beaucoup. Alors, pour cet été, Nous avons choisi de rééditer les épisodes sur ce sujet-là que vous avez le plus aimé pour que vous puissiez en profiter une deuxième fois, une troisième fois, autant de fois que vous voulez. Je vous souhaite une très bonne écoute. Nous allons aujourd'hui parler du stress et plus particulièrement de comment s'en libérer. Nous vivons une période qui est difficile et vous avez été nombreux à nous interroger sur comment aider vos salariés à gérer leur stress. Nous avons choisi d'interviewer... Alex Lebeau, auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet, car j'ai beaucoup apprécié son approche. Il parle de stress, mais il parle aussi de plaisir, d'épanouissement, et il parle aussi du corps. Ses mots ont déserté l'entreprise depuis un moment déjà, malheureusement, alors qu'ils représentent le carburant d'une énergie créatrice et positive. Ensemble, nous allons voir aujourd'hui comment Alex nous propose de réconcilier travail et plaisir. Alex Febo, bonjour et merci d'être là avec nous.
- Speaker #1
Bonjour Magali, merci de me recevoir.
- Speaker #0
Je sais que nous allons apporter quelque chose à nos auditeurs aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé votre approche telle que je l'ai découverte dans un de vos ouvrages, puisque vous avez écrit plusieurs ouvrages. La première question qui me vient immédiatement, vous le dites très bien, nous sommes dans une société de la performance. où on doit tous être le meilleur de tout, tout le temps, et finalement ça a des impacts en termes de stress. Et vous l'illustrez bien, est-ce que vous pouvez nous en donner quelques exemples ?
- Speaker #1
Pour faire simple, le stress résulte d'une inadéquation entre les contraintes imposées, qui sont des contraintes réelles ou perçues tout simplement, et les ressources dont nous avons disposé pour pouvoir y faire face, ou bien les ressources dont nous croyons disposer pour y faire face. Les contraintes qui sont liées à l'accélération extraordinaire du temps, ces dernières années, notamment avec l'utilisation de nouvelles technologies, par exemple. Les contraintes qui sont liées à l'obligation de résultats, par exemple autour de la pression aux résultats dans certains secteurs, ou à l'absence de moyens, par exemple on va penser au secteur public, prennent différentes formes évidemment en fonction de ces secteurs d'activité. Mais de toute façon, bien plus que le culte de la performance, encore c'est finalement l'absence de sens qui va faire beaucoup de mal au travail et qui va générer beaucoup de stress chez certaines personnes. La soumission à des procédures, par exemple, à des organisations complexes, et tout cela indépendamment du bon sens parfois, et même du bien-être humain. Pourquoi on fait comme ça, par exemple, ou pourquoi fait-on comme ça, j'entends parfois ces questions-là posées dans le monde du travail, parce que c'est comme ça, parfois, ou parce qu'un tel l'a décidé dans l'organisation, et que son statut lui permet de faire appliquer une décision qui confine parfois à l'absurde, indépendamment du bon sens opérationnel que constatent tous les jours les acteurs sur le terrain. Alors évidemment, le nombre de gens qui peuvent dire qu'ils aiment leur métier aujourd'hui et qui lui donnent un sens, finalement, est assez élevé. Il est encore assez élevé, finalement. Il y a beaucoup de gens qui disent encore aujourd'hui, moi, quand je me lève le matin, je sais pourquoi je vais travailler ou j'ai envie d'aller travailler. Mais le nombre de gens qui peuvent dire aujourd'hui qu'ils exercent leur métier dans les conditions qui leur permettent de l'accomplir correctement est, je crois, assez marginal, en fait. Je pense que beaucoup de gens se sentent empêchés de leur travail aujourd'hui. Et on pense par exemple aux soignants en ce moment, ils sont dans le feu de l'action en ce moment. Certains employés, du coup, paraissent qu'ils sont parfois soumis à un management autocratique, dans certains cas de figure, qui sont impliqués dans des organigrammes à une complexité redoutable en fait. Donc voilà, du coup, il y a beaucoup de gens finalement qui sont en difficulté sur leur travail par perte de sens, je crois, de mon observation sur le terrain. Le fait de demander une chose et son contraire en même temps. Faites plus, moins ou soyez créatifs. Par exemple, j'avais un participant récemment dans une formation qui me disait être dans l'obligation de pondre des brevets. C'est le terme qu'il a utilisé. Il faisait partie d'un service de recherche et développement dans une grosse entreprise. Et voilà, typiquement une double contrainte, c'est-à-dire soyez créatifs, alors que la créativité ne se commande pas, mais pour l'instant, ça ne signifie pas tout mettre à un ordre. Et on sait à terme, la double contrainte, ça rend fou en fait. Donc voilà, ça met beaucoup de gens en difficulté, je crois.
- Speaker #0
Donc quand je vous entends, on entend justement cette difficulté et ce que moi je croise régulièrement, qui est de la souffrance finalement, le mot un peu fort de la souffrance. Et votre ouvrage, enfin moi celui que j'ai préféré, s'appelle « Se libérer du stress » et non pas « Gérer son stress » . C'est pour ça qu'on se parle aujourd'hui, parce que gérer et maîtriser son stress, ça me fatigue un peu. Se libérer du stress, c'est quand même une posture. très différentes, mais ça veut dire que le stress n'est pas une fatalité alors ?
- Speaker #1
Alors pour revenir au titre de ce livre, en effet, c'est que c'est tout le problème d'un titre. Déjà, comment trouver un titre suffisamment accrocheur qui ne soit pas réel en même temps ? Mais en effet, la décision a été prise à l'époque de l'écriture de ce livre, avec Pierre Debuchy, la journaliste avec qui je l'ai co-écrit, évidemment en conformité avec la ligne éditoriale du NOC-SP à l'époque, cas, je reste convaincu que gérer... c'est pour des comptes en banque. La gestion, c'est pour un compte en banque, ce n'est pas pour l'humain. Dès lors que nous clôtons à l'humain, j'aime bien parler de matière noble. En tout cas, j'ai envie de dire qu'on ne peut pas réduire l'humain à une vision mécaniste du stress. Telle cause produirait tel effet et ce serait infaillible. Non, moi je crois que ça nous empêche de mettre le stress à distance, de lui donner un sens, de trouver des explications à ça et du coup de nous permettre de mieux nous en émanciper, ça c'est clair, oui. Maintenant, je crois que le stress c'est la vie, ça c'est une définition de Hans Selye, l'endocrinologue qui a défini la notion de syndrome général d'adaptation à la base, c'est le père du stress, Hans Selye, et donc il a défini le stress comme étant une recherche d'équilibre permanente. C'est-à-dire ce qu'on appelle dans le monde médical l'homéostasie, qu'on retrouve par exemple dans un acte aussi simple que la marche. Parce que la marche, c'est un déséquilibre permanent qu'on tente de rétablir en faisant un pas en avant. Et donc le stress est omniprésent. C'est pour ça qu'il dit que le stress, c'est la vie. En revanche, la manière dont nous vivons ce stress peut évidemment être une entrave à notre épanouissement ou pas. Donc c'est là que ça se joue. finalement le stress C'est comment je le vis. On pourrait presque dire que c'est une fatalité, sauf que ce n'est pas une fatalité dans le sens où c'est ce que je vais en faire qui va faire la différence. Si on exclut le syndrome post-traumatique, qui lui fait écho à des situations plus graves, c'est le stress chronique finalement qui nous pose problème. Et le stress chronique, c'est quoi ? C'est la répétition de facteurs de stress en continu, sans possibilité de revenir à un état de calme et un état de repos, avant le facteur de stress suivant. Et ça, évidemment, c'est son épuisement.
- Speaker #0
C'est la répétition qui épuise. Parce qu'on ne peut pas se ressourcer,
- Speaker #1
on ne peut pas revenir au calme, on ne peut pas retrouver l'énergie nécessaire pour faire face aux facteurs de stress suivants.
- Speaker #0
Et dans votre... Moi, j'ai beaucoup aimé quelque chose qui est le concept de flot que vous avez développé, donc FLW, dans... Est-ce que vous pouvez nous expliquer, justement, par rapport à ce... Le stress, c'est la vie. L'idée, c'est de s'en libérer. C'est comment je le vis qui fait une différence. Alors, le flow, c'est quoi ?
- Speaker #1
Le flow, finalement, c'est une notion qui a été définie par un monsieur au nom très poétique. Il s'appelle Niali, Sixen Niali. Donc, ne me demandez pas d'orthographier son nom. C'est très compliqué. Mais voilà, on pourra le noter sur le site comme référence. Oui,
- Speaker #0
très bien.
- Speaker #1
Mais en tout cas, c'est une notion très intéressante. puisqu'en fait... Donc ce monsieur qui est psychologue en voie, s'est appuyé sur l'expérience de certains sportifs et artistes, ou sportifs de haut niveau en fait, pour lesquels il a pu définir avec eux et échanger avec eux sur ce qui faisait l'intérêt de leur pratique. Et donc il y a associé ce qu'on appelle l'expérience optimale au travail. Alors c'est quoi l'expérience optimale au travail ? C'est justement quand dans le travail, que ce soit mon activité en fait, j'atteins cet état de fluidité, de facilité dans lequel les choses coulent d'elles-mêmes parce que je me sens bien psychologiquement, parce que je suis un peu comme dans une bulle finalement.
- Speaker #0
C'est un moment où finalement j'ai une bonne adéquation entre les contrôles imposés et les ressources.
- Speaker #1
Tout à fait, du coup je trouve beaucoup de plaisir et de la satisfaction dans le fait de relever l'idée, c'est-à-dire que je ne suis pas dans l'ennui parce que sous-stimulé. ou dans l'apathie, dans laquelle je n'ai pas de stimulation, et dans laquelle je ne suis ni stimulé, ni en mesure de faire face à une éventuelle contrainte qui pourrait tomber. Mais je suis dans le flot, dans un juste équilibre entre les contraintes qui me sont imposées, le niveau de défi auquel je dois faire face, et en même temps les ressources que j'ai. pour y faire face, c'est-à-dire mes compétences, mes compétences professionnelles et autres.
- Speaker #0
Finalement, on revient à cette notion d'équilibre, de marche, de balance, et qui fait que c'est l'équilibre, qui fait que le stress devient quelque chose avec lequel on vit, mais qui est quelque chose qui peut être positif finalement, dans ces conditions-là.
- Speaker #1
Oui, et cette stimulation en plus, et même d'épanouissement, parce que sans ça, en effet, la vie sur Terre serait quand même diamorne aussi. Donc voilà.
- Speaker #0
C'est vrai, Il y a quelque chose dont vous parlez et que moi je trouve essentiel et que peut-être on a un peu tous oublié, c'est le rapport à notre corps, c'est comment notre corps est notre pilier, un média entre le monde et nous et que finalement, ce que vous montrez ou ce que vous expliquez, moi j'ai trouvé très bien, c'est que mon corps peut aussi m'aider à me libérer du stress et à gagner cet équilibre. Comment est-ce que je peux utiliser mon corps ou comment est-ce que je peux faire avec mon corps finalement ?
- Speaker #1
Il y a une citation que j'aime beaucoup, qui résume ça pour moi, et qui dit que tout ce qui ne passe pas par le corps n'est que rumeur. Et moi je pense qu'on a vraiment besoin d'associer le corps dans ce qu'on fait au quotidien pour pouvoir y trouver du plaisir et du bien-être. Et ça fait bien défaut en effet. Le corps c'est le siège des plaisirs, de la sensorialité, de tout ce qui va nous apporter du relâchement. Et malheureusement nous sommes dans une société qui valorise beaucoup. beaucoup trop exclusivement la tête, je crois. Et d'ailleurs, ça commence très tôt. Ça commence à l'école, on le voit avec les enfants, etc. Même si aujourd'hui, beaucoup d'enseignants font des efforts pour renverser la balance. Mais n'empêche que nous sommes... Et d'ailleurs, les disciplines, on le voit très bien, les disciplines qui mobilisent le corps sont toujours dévalorisées au 21e siècle. Donc, ça veut dire ce que ça veut dire. Oui,
- Speaker #0
absolument. Et même quand vous avez des disciplines qui se rapportent au sport à l'école,
- Speaker #1
on est encore dans la performance. On est dans la compétition, tout à fait. Alors en fait, des occasions de faire carrière passent aussi par les arts vivants, par exemple. On peut très bien faire carrière dans des activités artistiques, on peut faire carrière dans le foot, puisque ça devient presque caricatural aujourd'hui, mais en effet, on peut faire carrière dans beaucoup d'autres choses, et s'épanouir dans beaucoup de domaines. Pas que dans des domaines qui relèvent uniquement de l'intellect, et de cérébral, de ce que nous avons dans la tête. Et d'ailleurs, il suffit de regarder comment les cultures qui valorisent le corps permettent à des gens de se sentir plus épanouis, plus vivants, etc. Et c'est pour ça que moi, j'ai la conviction forte que c'est vraiment essentiel de promouvoir la créativité, le mouvement dansé, par exemple. Par exemple, je peux proposer des ateliers, des fois, dans certains cas de figure, des ateliers dans lesquels je vais inviter des gens qui sont dans des entreprises. à bouger en musique, à créer en musique, à travailler sur leur vision, par exemple s'ils sont managers ou s'ils ont des rôles de leader, par exemple, mais aussi de mobiliser les gens à travers le rire pour travailler la cohésion d'équipe. D'accord.
- Speaker #0
Et comment c'est d'accueillir ?
- Speaker #1
Il y a des entreprises qui sont très ouvertes à ce genre d'approche et puis d'autres qui demandent à s'ouvrir, qui le sont un peu moins et qui demandent du temps en fait. Mais qui essaye.
- Speaker #0
Mais qui essaye.
- Speaker #1
Je crois qu'il ne faut pas perdre le sens de tout ça. Quelle est la finalité ? Ce qui intéresse beaucoup l'entreprise, on ne va pas se voiler la face, on est d'accord, c'est bien de dire que c'est bien de la recherche de performance. Il n'empêche que ce n'est pas parce qu'on recherche la performance qu'on doit le faire dans heures et fracas et puis mettre tout le monde à genoux. Alors qu'en réalité, on peut aussi se permettre de chercher de la performance tout en s'épanouissant, tout en valorisant le... la cohésion dans l'équipe et la coopération dans les équipes. Et pour ça, ça suppose d'apprendre à rire ensemble. Donc moi, il m'arrive de proposer des ateliers de rigologie, par exemple. Ça suppose d'apprendre à se dévoiler autrement ensemble. Par exemple, là, j'ai trouvé une méthode qui s'appelle la méthode Persona, qui travaille sur les masques de la Comedia dell'Arte. et qui permet donc d'apprendre à se connaître, à mieux se connaître face à des difficultés, etc. Et donc, avec tout son corps, d'être engagé pleinement avec son corps pour se placer.
- Speaker #0
Donc finalement, s'il devait apporter une conclusion à cet échange, moi j'aurais pu rester beaucoup plus longtemps, mais peut-être on refera un deuxième épisode. Ce que vous dites, c'est oui, la performance, mais avec du sens, et en se souvenant de pourquoi on fait les choses, et c'est ça ce qui va… Et c'est le sens finalement qui va les aider. chacun et chacune à pouvoir trouver ce flot et à le conserver si on fait attention à soi et à son corps. Ce serait la synthèse que vous gérez bien ?
- Speaker #1
Oui, en tout cas de maintenir le corps et de faire face du coup, de maintenir la présence du corps puisque si je me sens bien dans mon corps et dans mon métier, je sais pourquoi j'y vais, que je sais pourquoi j'agis et qu'en même temps j'ai l'occasion régulière de travailler en équipe avec mes collègues, de les rencontrer différemment. que uniquement dans des échanges uniquement professionnels, je pense qu'on peut trouver le dépanouissement et éviter ce que j'ai entendu il y a quelque temps, un participant dans une formation que j'ai rencontré qui m'a dit « Moi, le travail, c'est un détour pour rentrer chez moi. » Voilà. Et moi, je crois que le travail, ce n'est pas un détour pour rentrer chez soi, c'est un lieu dans lequel on doit s'investir, sinon, il faut effectivement trouver d'autres moyens de s'épanouir. Exactement, mais en tout cas, se faire accompagner pour y parvenir, ça me semble important. Voilà.
- Speaker #0
Alex, merci beaucoup, c'était très intéressant. Merci d'avoir été avec nous aujourd'hui. Si vous avez aimé cet épisode, pensez à le partager avec vos collègues ou avec d'autres dirigeants et à nous laisser une petite note. Ça fait toujours plaisir et ça nous aide beaucoup. Vous souhaitez en savoir plus ? Abonnez-vous pour rester avec nous et sentez-vous libre de nous faire part de vos réflexions en commentaire, chat d'or. Et si vous avez envie de partager votre histoire ou vos expériences, n'hésitez pas à me contacter sur mon site lili-facilite-la-vie-info à A bientôt dans Capital Humain, le podcast pour que les salariés soient heureux et productifs.