- Marion Colla
On est parti, on avait des étoiles dans les yeux, c'était incroyable, on n'avait encore même pas racheté le fonds de commerce. On est parti là, on a fait des centaines et des centaines de cartons, de caisses, on a emmené un stock. On aurait pu tenir six mois sur le salon. Et en fait, on s'est retrouvés là-bas, dans la cour des grands, alors qu'on n'était pas du tout des grands sur le moment. Et ça, je crois que c'est le truc le plus fou.
- Agnès Séverin
Chaque année, plus de 185 000 entreprises sont susceptibles d'être transmises. Mais près d'un tiers seulement changent de main. Pour réussir leur projet, les repreneurs mobilisent leur passion et un art consommé de la négociation. Je suis Agnès Sévérin et je pars à la rencontre de repreneurs d'entreprises et de sédants qui nous partagent leur histoire dans le nouveau podcast d'Orange Pro, Changement de propriétaire. Je vous souhaite une bonne écoute de ce podcast. Si vous l'aimez, n'hésitez pas à le partager et à vous abonner. Aujourd'hui, je rencontre Jamie Gaudiez et Marion Colla, repreneuse de Picasso for Horses, une entreprise spécialisée dans la fabrication d'équipements pour chevaux. Bonjour Jamie, bonjour Marion.
- Marion Colla
Bonjour, moi c'est Marion, j'ai 31 ans et du coup je suis associée avec Jamie dans la reprise de Picasso for Horses. Moi j'ai un profil... plutôt ingénieur dans la production, qualité, développement produit, donc c'est ce dont je m'occupe au sein de l'entreprise.
- Jamie Gaudiez
Bonjour, moi c'est Jamie, j'ai 27 ans, j'ai un parcours plutôt commercial, donc chez nous je m'occupe de toute la partie client, développement commercial.
- Marion Colla
La marque Picasso 4h6, c'est une marque d'équipement pour chevaux en néoprène, donc on fabrique des sangles et des protections pour les membres des chevaux. Le néoprène c'est un matériau qui est très peu utilisé dans le milieu équestre et ça apporte d'incroyables propriétés au niveau des chevaux, et notamment la respirabilité, le fait que ce soit très léger, ça s'adopte parfaitement bien à la morphologie du cheval, et ça aide à régler un des problèmes fondamentaux qu'ont tous les cavaliers, c'est-à-dire le fait que les chevaux peuvent blesser avec leur équipement. Donc c'est là tout l'atout de notre marque.
- Agnès Séverin
Comment vous connaissez-vous toutes les deux ?
- Jamie Gaudiez
On se connaît depuis qu'on est toutes petites, on a commencé l'équitation dans le même centre équestre, donc c'est vraiment la passion des chevaux qui nous a réunis toutes les deux. Et après, tout au long de notre vie, on est resté en contact. On a partagé beaucoup de choses toutes les deux, avec et sans les chevaux. Et en 2021, l'opportunité de la reprise éventuelle de la marque Picasso s'est présentée. Et on a décidé de s'associer toutes les deux pour reprendre cette belle marque.
- Agnès Séverin
Comment avez-vous su que Picasso for Horses' était peut-être à vendre ?
- Jamie Gaudiez
Moi, pendant mes études et donc mes stages, j'ai été en stage chez un cellier dans l'Aveyron. Et c'est un des commerciaux qui, un jour, a pris le téléphone pour m'appeler et me dire qu'éventuellement, M. De Wasseige cherchait à prendre sa retraite et on m'a dit que ce serait une belle opportunité. En effet, c'en était une très belle et j'en ai parlé à Marion et on a échangé un peu sur le sujet et on est parti dans ce projet-là.
- Agnès Séverin
Aviez-vous déjà envisagé de créer ou de reprendre une entreprise avant de vous atteler à ce projet de reprise de Picasso for Horses ?
- Marion Colla
J'ai un parcours plutôt salarié à la base et ça me convenait plutôt bien. Mais en fait, en 2021, l'entreprise pour laquelle je travaillais, j'adorais mon travail, mais l'entreprise pour laquelle je travaillais, finalement, ont décidé de délocaliser leur bureau assez loin de mon domicile. Et du coup, finalement, j'étais à un tournant professionnel et l'occasion s'est présentée de reprendre l'entreprise. Enfin, on en a discuté ensemble et je trouvais que c'était une opportunité intéressante. Je n'avais pas du tout imaginé ça jusque là et finalement, c'était une opportunité qui me plaisait bien et c'était le moment dans la vie de le faire, en tout cas à ce moment précis.
- Jamie Gaudiez
Moi, mes parents sont tous les deux indépendants, ont toujours travaillé à leur compte. Donc c'est toujours quelque chose que j'ai trouvé très chouette. Donc j'ai fait des études, j'ai travaillé dans une start-up sur Annecy, les Boissons Mémé, où j'ai appris un nombre de choses incalculables. Et j'ai eu la chance de travailler avec une personne qui était formidable, Caroline Lio, qui m'a transmis énormément de choses. Et ça m'a donné vraiment le goût d'entreprendre.
- Agnès Séverin
Comment vous... proches ont réagi à ce projet de passer du confort du salariat, dont vous parliez tout à l'heure, à l'aventure de l'entreprise ?
- Marion Colla
Mes parents, ils ont été salariés toute leur vie, donc ils ont été un peu sur la réserve en disant, mais t'es sûr en fait ? T'as plus de confort, t'as plus de sécurité, voilà, tu quittes un travail qui te rapporte beaucoup d'argent pour un autre où tu sais pas ce que tu vas gagner, dans combien de temps, donc ça a été un peu compliqué. Après, finalement, avec le temps, ben voilà, ils ont vu que ça fonctionnait, qu'on était contentes. etc.
- Jamie Gaudiez
Pour ma part, mes deux parents ont toujours travaillé à leur compte, donc le fait que je m'installe au mien, ça ne leur posait aucun problème. Ils savaient plus ou moins dans quoi je mettais les pieds, que ça n'allait pas être rose tous les jours, mais que j'allais gagner en souplesse sur plein d'autres choses, que ça avait d'innombrables avantages. Et donc ils m'ont toujours soutenue de ce point de vue là, mon conjoint était super aussi et lui m'a dit si c'est ça que tu as envie de faire, vas-y, il n'y a pas de soucis, on s'en sortira.
- Agnès Séverin
Donc vous avez commencé à discuter avec le sédant Patrick Devassege à partir de mai 2021.
- Marion Colla
Oui c'est ça, en fait on a commencé à parler avec lui. déjà de ses envies. Est-ce que réellement l'information qu'on avait eue, elle était réelle ? Est-ce qu'il voulait vraiment prendre sa retraite ? Et puis en fait, ça en est suivi des échanges autour de l'entreprise parce que ce qu'on en connaissait, c'était le produit qu'on utilisait, mais malgré tout, il y avait beaucoup d'autres produits qu'on ne connaissait pas. La partie finance non plus, la partie production, comment il approvisionnait ses matières premières. Enfin, tous les dessous de l'entreprise, on ne les connaissait pas. Du coup, il a fallu échanger sur ça de manière assez régulière pour que lui puisse prendre conscience qu'il allait céder sa place, ça a cédé son entreprise, et que nous, on puisse prendre conscience aussi de, est-ce que c'était envisageable pour nous ? Quels étaient les réels enjeux sur lesquels on devait s'appuyer, etc. Et ça, ça a pris un peu de temps, quand même, le temps que tout le monde se mette en route sur le projet.
- Jamie Gaudiez
Donc, on s'est rapprochés assez rapidement de son cabinet comptable pour rentrer un petit peu plus dans la partie chiffrée, et puis, surtout, les perspectives qu'on pouvait donner à cette entreprise. Et donc... Donc, eux nous ont vraiment accompagnés sur cette partie-là et nous ont par la suite aussi mis en contact avec le réseau Initiative Grand Annecy.
- Agnès Séverin
Donc, le réseau Initiative Grand Annecy qui vous a trouvé la pépinière où nous enregistrons aujourd'hui.
- Jamie Gaudiez
Tout à fait. Ils sont toujours de bons coups de main. Eux nous ont vraiment permis d'appuyer notre dossier en banque parce que ça donne beaucoup de légitimité quand ils décident de suivre les projets. Donc, il y a un aspect financier sur lequel ils nous ont accompagnés puisqu'on a eu droit à un prêt d'honneur. Un prêt à taux zéro. Et avec eux, on a eu tout le volet accompagnement. Avec le recul sur ces trois dernières années, ils ont quand même été très présents parce que ça permet d'avoir accès à tout un réseau de bon nombre de chefs d'entreprise qui sont déjà passés par certaines problématiques ou qui sont d'excellents conseils.
- Marion Colla
Et à partir de début 2022, comme on était sûr de notre choix, on a commencé à travailler sur monter effectivement le business plan pour aller chercher le financement qu'on avait besoin. Ça a été une étape un peu rigolote parce qu'en fait, on a été tous les deux encore salariés dans nos entreprises. On travaille chacune de notre côté, donc on faisait des réunions le soir, après le boulot. Et c'est vrai qu'on a abordé énormément de sujets. Et ça nous a aussi permis de connaître la vision qu'on voulait donner à l'entreprise, d'échanger chacune sur nos envies, nos perspectives pour les 3, 4, 5, 10 ans à venir. Parce que quand on s'associe, il faut vraiment avoir cette vision-là. Et il faut être sûr qu'on partage la même vision.
- Agnès Séverin
Et comment ça s'est passé, la recherche de financement ?
- Jamie Gaudiez
Pour nous, ça a été très simple. On est allé toquer à la porte du Crédit Agricole, où d'ailleurs Marion avait travaillé en job d'été. Et en fait, je pense qu'on est arrivé avec un dossier qui était déjà hyper complet. Tout ce qui nous manquait, c'était les sous pour y aller. En un rendez-vous, finalement, c'était presque déjà tout toqué.
- Marion Colla
Et en fait, à ce moment-là, on s'est rendu compte que du coup, elles connaissaient assez bien notre comptable puisqu'elles avaient l'habitude de travailler ensemble. Du coup, ça facilitait aussi pas mal les choses parce qu'elles ont eu pas mal d'échanges ensemble. Et on s'est aussi après rendu compte que notre comptable faisait partie du réseau initiative, donc en contact avec la personne qui est notre référent dans ce réseau. Et le fait que les trois se connaissent et que du coup, ils aient l'habitude de travailler ensemble, ça crée vraiment une synergie qui facilite les échanges. Et quand on a besoin de quelque chose, ça tourne beaucoup plus vite. Donc ça, c'est vraiment une force, je pense, d'avoir ces trois personnes-là qui sont majeures dans la reprise de notre entreprise et qui nous ont apporté beaucoup de soutien.
- Agnès Séverin
Comment se sont passées les discussions sur le prix d'acquisition ?
- Jamie Gaudiez
et Patrick Le Cédan avec notre comptable commune, ils ont établi le prix ensemble et nous, on nous a présenté ce prix qui nous paraissait tout à fait correct par rapport aux différents éléments qui ont été présentés. Donc l'historique de la marque, tout ce qu'elle possédait et tout ce qu'on allait racheter à travers ça.
- Marion Colla
En fait, étant donné qu'on avait la même comptable, ils ont établi le prix ensemble, mais du coup, elle a établi le prix juste. Et en fait, on n'a pas à négocier du tout parce qu'on a fait confiance à la comptable.
- Jamie Gaudiez
Donc, à partir de ce moment-là, Patrick nous a vraiment inclus dans tous ces échanges, que ce soit avec ses clients, avec les fournisseurs, puisque on venait de signer le compromis. Donc, ce n'était plus qu'une question de temps pour que le rachat soit définitif. Il nous a aussi amené sur différents événements. Donc on a fait un premier événement avec lui où on aurait dit des stagiaires de troisième. On était vraiment là en observation. On le regardait faire avec des grands yeux pour comprendre un petit peu les tenants, les aboutissants. Et il nous a laissé faire, par exemple, le salon d'Equitalion, qui est le plus gros salon en France aujourd'hui. On avait vraiment envie de faire ce salon. On se disait que c'était dommage d'attendre un an pour présenter les produits sur ce salon. Et il a dit, bon, ok, c'est encore pas à vous. Mais on prend le risque, on y va tous les trois et puis ça va le faire.
- Marion Colla
On est parti, on avait des étoiles dans les yeux, c'était incroyable, on n'avait encore même pas racheté le fonds de commerce. On est parti là, on a fait des centaines et des centaines de cartes. de pièces. Et en fait, on s'est retrouvés là-bas dans la cour des grands, alors qu'on n'était pas du tout des grands. Enfin, après, c'est anecdotique, mais on dormait dans un appartement tous les deux avec Patrick qui dormait sur un matelas à côté de nous. On mangeait des pâtes assis sur le lit. C'était assez drôle. Il y avait vraiment tout ce côté-là assez fou du début et je pense que moi, c'est un de mes meilleurs souvenirs. Mais voilà, c'est vrai qu'on a été très bien accompagnés par le sédan et ça, je pense que ça a pas... de prix et je pense que c'est le prix d'une reprise réussie parce que, en fait, comme on n'est pas seul et comme si on a des questions, il est là. En fait, il a su trouver la bonne distance entre être présent pour nous quand on en avait besoin mais aussi nous laisser prendre notre place. Il a toujours été là, un peu en soutien derrière, en train de dire, bah, oui, c'est bien, ou les filles, peut-être faites attention mais sans jamais nous dire, c'est nul ce que vous faites ou vous devriez pas faire comme ça. Et ça, je pense que c'est un exercice qui est pas facile et on le remerciera toujours. pour ça parce que je pense que si aujourd'hui on en est là, c'est vraiment grâce à cet accompagnement qui nous a apporté, en tout cas, les deux premières années sûres. Et puis après, là, maintenant, c'est plus des fois du conseil où on le sollicite un peu. Mais en tout cas, la première année, ça a été vraiment très important qu'il soit là.
- Agnès Séverin
Lorsque vous avez repris Picasso for Horses, vous avez repris à une personne qui travaillait seule. L'enjeu, c'était d'avoir suffisamment d'activités pour pouvoir vivre à deux sur l'entreprise. Qu'est-ce que ça a signifié comme changement ?
- Jamie Gaudiez
Il a notamment fallu faire sortir la marque de la niche dans laquelle elle était, c'est-à-dire qu'elle était essentiellement utilisée et destinée aux cavaliers d'endurance. Elle avait vraiment cette image-là. C'est des produits qui, au départ, ont été conçus pour l'endurance, répondent à des problématiques hyper spécifiques sur des chevaux qui ont des peaux très fines, un usage très intense aussi du produit, puisque en endurance, les chevaux vont faire jusqu'à 160 km dans la journée. Donc il faut que le matériel qui doit être utilisé ne pose aucun problème. Donc si les matériaux répondent à un niveau d'exigence pareil, bien sûr qu'ils peuvent répondre aux cavaliers de loisirs, aux cavaliers d'obstacles, aux cavaliers de dressage, qui ont d'autres points d'exigence, mais sur la qualité du matériau, ça on en était sûr. Et c'est par cet axe-là qu'on savait qu'on pourrait développer notre activité. Donc c'est pour ça qu'on a fait des salons que Patrick ne faisait pas, des événements comme les championnats de France à la mode Beuvron qu'il ne faisait pas non plus, où là on touche tous les clubs de la France entière. On a vraiment cherché à s'orienter vers ça, développer aussi notre réseau de revendeurs, mettre un coup de neuf sur notre site internet, lui redonner un petit peu une image différente.
- Agnès Séverin
Il y avait aussi un enjeu de relocalisation de la production.
- Marion Colla
L'époque, Patrick travaillait avec un atelier qui était en Espagne, qu'on a visité. Après, les perspectives de l'atelier et les notes ne collaient pas, donc on a décidé de ramener la production en France. On s'est aussi dit qu'essayer de fabriquer français, ça pouvait être intéressant et c'est une valeur qui nous plaisait plutôt bien. ... Donc, on a décidé assez rapidement de rapatrier toute la production en France. Après, ça a été un défi très intéressant parce qu'il a fallu quand même embaucher du personnel, faire approvisionner toutes les matières premières et puis gérer finalement l'afflux des commandes parce que vu que la marque n'était pas nouvelle et qu'il y avait déjà pas mal de clients, il a fallu transitionner entre la production en Espagne et la production en France sans que ça impacte trop. à nos clients à l'époque.
- Agnès Séverin
Qu'est-ce que ça vous permet d'un point de vue marketing et produit ?
- Jamie Gaudiez
Ça nous a vraiment permis de gagner en souplesse, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on est capable de répondre à des demandes très spécifiques, à des tailles sur mesure, à des modèles en sur mesure, vraiment on est capable de faire beaucoup de choses. On a aussi pu lancer la personnalisation, donc ça c'est quelque chose qui marche très bien et qu'en sous-traitance, en série, c'est très compliqué à mettre en place. On fait de la personnalisation à partir d'une pièce, ce qui donne l'accessibilité à tout le monde et c'est un axe qui fonctionne très bien. En termes de développement produit aussi, ça a permis d'aller beaucoup plus vite que du développement en sous-traitance parce qu'il peut arriver qu'on ait une idée à 17h et qu'à 19h, Marion, elle descende de l'atelier et qu'elle me dise « Regarde, t'en penses quoi ? » Et bien génial ! Et c'est vrai que si on le faisait dans un autre cadre en sous-traitance, on n'aurait pas cette souplesse-là. Donc on a vraiment gagné sur tous ces aspects-là. Et vous travaillez en partenariat avec un ESAT, établissement et service d'accompagnement par le travail. De quoi s'agit-il ?
- Marion Colla
On avait besoin d'externaliser une partie de notre production, notamment des sous-ensembles, pour pouvoir augmenter en productivité. Et donc on a fait appel à ces ateliers qui emploient des personnes en situation de handicap. L'idée de ces ateliers, c'est que déjà, ils sont très compétitifs au niveau des tarifs. Et en plus de ça, c'est des entreprises qui favorisent l'insertion professionnelle de ces personnes en situation de handicap. Et je trouvais que ça donnait une dimension beaucoup plus humaine à tout ce qu'on faisait aussi. Donc, on a travaillé avec deux ateliers. On a travaillé comme ça depuis le début, avec lequel on a travaillé la première année. La collaboration s'est arrêtée parce qu'ils avaient un manque de personnel. Et depuis maintenant presque un an et demi, on travaille avec un autre qui est basé sur Lyon et avec lequel ça se passe hyper bien. On a vraiment un très bon échange.
- Agnès Séverin
Vous vendez les produits de Picasso for Horses à des particuliers et à des professionnels ? Oui,
- Jamie Gaudiez
c'est ça, tout à fait. Donc les particuliers, ça va être les propriétaires de chevaux qui achètent soit... en ligne et en direct sur notre site internet ou alors sur les salons puisqu'on se déplace sur de nombreux salons que ce soit Lyon, Paris Bordeaux ou différents concours sur lesquels on est aussi présent et le reste de notre activité c'est la partie revendeurs donc là les celleries, les sites de vente spécialisés et en termes de répartition on fait deux tiers de notre chiffre d'affaires sur les revendeurs et un tiers en direct avec les particuliers Merci.
- Agnès Séverin
Comment avez-vous communiqué auprès des clients au moment du changement de propriétaire ?
- Jamie Gaudiez
On a pris contact directement avec chacun de nos clients professionnels, donc les revendeurs, bien évidemment pour se présenter en expliquant ce qu'on allait conserver, ce qui n'allait pas changer et aussi les choses qu'on allait mettre en place au fur et à mesure. Par exemple, ils n'avaient pas avant accès à un site B2B sur lequel ils pouvaient directement commander. Toutes les commandes se faisaient par mail ou par téléphone. Ça, c'est quelque chose qu'on a mis en place l'année dernière. C'est des petits changements au fur et à mesure qu'on a fait. Et après, on a aussi communiqué sur nos réseaux sociaux, sur le site Internet et sur les salons aussi. On a beaucoup de temps pour échanger avec les gens. Donc, les particuliers ont plus souvent de l'information en direct comme ça.
- Agnès Séverin
Donc, vous côtoyez le monde de l'équitation de loisirs et les sportifs de haut niveau. Ça, c'est quelque chose qui vous tient à cœur ? Oui,
- Jamie Gaudiez
tout à fait. J'ai une petite anecdote à ce sujet-là et c'était vraiment une très belle réussite. Je pense, pour nous, quand on a racheté la marque, il y a un produit qui était en cours de développement avec une jeune cavalière d'obstacles français qui fait partie des espoirs des générations à venir. Et il y a un an de ça, il y a une commande qui tombe sur le site Internet qui portait le nom d'une très grande cavalière française de sauts d'obstacles. Et moi, je suis presque tombée de ma chaise parce que j'ai dit « Ok, là, on a passé un cap, c'est génial. » Et cette cavalière, du coup, on a travaillé aussi avec elle. lui arranger un petit peu un produit parce qu'elle avait un cheval avec une problématique spécifique. Et là, c'est des moments où on se dit « waouh, c'est trop bien » parce qu'on commence à toucher un monde et un univers différents et des gens avec un niveau d'exigence pareil. Et aussi une renommée qui leur permet d'avoir accès à une panoplie de marques et de produits parce qu'on ne va pas se mentir qu'ils sont forcément sursollicités tout le temps. Donc, qu'ils s'intéressent à des produits comme les nôtres, c'est vraiment une belle réussite.
- Agnès Séverin
Aujourd'hui, vous en êtes où par rapport à vos objectifs ?
- Jamie Gaudiez
Alors on peut dire que sur la première et la deuxième année, on a largement atteint les objectifs. On avait plutôt fait un business plan à la baisse. Alors ce n'était pas pour minimiser les capacités, c'était plutôt pour se dire au plus bas, ça passe. On devrait arriver, c'était l'objectif, à doubler le chiffre d'affaires à fin de troisième année par rapport à ce que faisait Patrick avant. donc on est très contentes sur ce point là c'est que les choix et les décisions qu'on a fait jusqu'ici étaient les bonnes.
- Agnès Séverin
Comment vous voyez-vous dans cinq ans ?
- Marion Colla
Moi, j'espère qu'on sera toujours sur la même vision toutes les deux pour qu'on puisse rester associés parce que ça marche très bien et qu'on aura fait évoluer l'entreprise pour que ça permette de dégager des bénéfices, en vivre correctement et puis allier le pro, le perso.
- Jamie Gaudiez
Je pense qu'on a vraiment envie d'avoir une entreprise avec des valeurs humaines. qui fonctionne, qui tourne, parce que c'est le nerf de la guerre quand même.
- Marion Colla
Toujours avoir cette même petite étincelle quand même qu'on a, même si au fil des années, on est un peu moins fougueuse que comme on disait tout à l'heure à notre premier salon, mais avoir toujours cette même envie qu'on a aujourd'hui.
- Agnès Séverin
Vous êtes très complémentaires toutes les deux. Quel est le secret d'une association réussie ?
- Marion Colla
En fait, ce qui fonctionne bien dans notre duo, c'est que déjà, on a chacune un domaine de compétences différents. Ça fonctionne parce que vraiment chacune s'y retrouve dans son domaine de compétences de base. Et puis aussi, chacune a énormément de potentiel de développement dans son domaine. Après, je pense qu'on a aussi deux caractères qui s'entendent aussi très bien. Je pense que le secret d'une association réussie, c'est de savoir s'écouter, de savoir se parler, de savoir exprimer quand on est d'accord ou quand on n'est pas d'accord, mais sans rentrer forcément dans le conflit. Je ne dis pas qu'on est d'accord sur tout, tout le temps. Ça, ce n'est pas vrai. Mais par contre, quand il y en a une qui n'est pas d'accord, elle sait exprimer aussi ce qui ne lui convient pas, pourquoi. Et on essaye de trouver un consensus qui fonctionne. Je pense que c'est ça qui fait qu'aujourd'hui, notre complémentarité, c'est notre force et que c'est ce qui nous fait avancer.
- Agnès Séverin
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait reprendre une entreprise ?
- Marion Colla
Moi, mon meilleur conseil, c'est d'être vraiment bien. Entouré, parce que quand on est bien entouré, que ce soit par la banque, par le comptable, par des proches aussi, par si on a un associé ou pas, par son conjoint. Et justement, si on est seul, je pense que les moments difficiles, on n'arrive pas forcément à s'en relever. Alors que quand on est bien entouré, que ce soit personnellement ou professionnellement parlant, on s'en sort mieux et on se sent moins seul, justement.
- Jamie Gaudiez
Nous, pour l'avoir vécu, d'avoir racheté l'entreprise à quelqu'un qui était prêt à la vendre et surtout prêt à transmettre tout ce qu'il avait, ça c'est... très important parce que quelqu'un qui se dirait juste ok je vends et qui jette les clés et débrouille toi bon vent et bien ça peut marcher je dis pas que ça marchera pas mais ça peut être plus dur pour la personne qui va reprendre peut-être que des clients vont se perdre là-dedans, peut-être que des fournisseurs aussi vont lâcher le bateau et le fait de racheter à quelqu'un avec qui il y a un minimum de feeling et vraiment une envie de transmettre et de se dire ok je vends ma boîte mais ça va être de pérenne et ça va continuer, c'est aussi vraiment super important.
- Agnès Séverin
Merci Jamies, merci Marion. Ma visite au sein de l'entreprise Picasso for Horses se termine. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Changement de propriétaire, le podcast d'Orange Pro sur les coulisses de la reprise d'entreprise. S'il vous a plu, je vous invite à en parler autour de vous, à le partager ou à laisser un commentaire. Découvrez également tous nos conseils pour les entrepreneurs dans le magazine d'Orange Pro. Dans le prochain épisode de Changement de propriétaire, je vous remènerai à Lille chez Powerlink, un leader mondial de la gestion de contenu multilingue. À bientôt !