- Speaker #0
Bonsoir la France, bienvenue chez La Pérose pour une nouvelle conversation avec cette semaine Marin de Vivry qui vient nous parler de son nouveau roman intitulé le continent masculin lequel est publié aux éditions le Rocher
- Speaker #1
Du Rocher.
- Speaker #2
Du Rocher, pardon. Pardon.
- Speaker #0
Et à côté de Marin de Vieilly figure son éditeur, Arnaud Leguerne. Bonsoir également à vous, Arnaud Leguerne. Vous êtes également romancier d'ailleurs, vous n'êtes pas éditeur.
- Speaker #1
Lointainement. Oui,
- Speaker #0
oui. Merci à tous les deux d'être présents. On va parler de Marin pendant toute l'émission, mais comme vous le savez, il y a au début de l'émission une publicité. Et cette semaine, c'est vous, Arnaud Le Gern, qui avez acheté l'espace avec de l'argent sale.
- Speaker #1
Bon les gasques.
- Speaker #0
Et donc vous allez nous parler cette semaine d'un... Je vous laisse, vous avez le droit à une minute d'espace payant. J'enlève l'oreillette, parce que cette émission se fait sans oreillette. Vous pouvez enlever la vôtre, Marin.
- Speaker #1
Cher Frédéric, cher Marin, chers amis des Conversations chez la Pérouse et du Figaro Télé. L'évidence facilitée même aurait été que je réponde précisément à la demande de Frédéric, célébré à la manière d'un publicitaire la dernière création romanesque de Marin de Liry, Le Continent Masculin, 240 pages vendues au modeste prix de 19,90 euros, que j'ai le plaisir d'éditer au Rocher. Mais une telle célébration m'a soufflé Marin serait superflu, et pour plusieurs raisons je ne peux pas lui donner tort. petit 1 le succès de son roman il aurait été immédiat cette bonne vieille technique commerciale chère à tant d'éditeurs et d'écrivains déjà un succès ne soyez pas le dernier con ou la dernière conne à vous en rendre compte et à le lire inutile à rajouter oui mais à ce moment là on annule l'émission ce n'est pas fini petit 2 depuis que j'ai dit que Marin passe un jour ne passe sans que je lui dise le rassurant le stimulant à la fois qu'il est beau qu'il est bon, qu'il est brillant fils de pute spirituelle de Anna de Noailles et de Karl Marx, ou de Marie de Regnier et Paul Jean-Toulé. Petit 3, je ne pourrais pas dire plus de biens du continent masculin que de grands, par la taille et par le talent critique littéraire, Étienne de Montéti et Frédéric Becbedé, qui, pour saluer l'œuvre de Marin Diry, ont convoqué Pellemelle, Laclos, Marivaux, Houellebecq, Cervantes, Lamartine et Sandrine Rousseau. En fait, non, pas Sandrine Rousseau. Marin m'a donc encouragé à profiter de ces quelques minutes pour rappeler qu'au Rocher, je cite le baron de Viry, vous ne publiez pas que des écrivains d'une faute d'élégance, mais déjà dans la seconde moitié de leur vie, pour ne pas dire vieillissant, ou des écrivains en particule de Viry, des déserts de Saint-Vincent en attendant de l'ingrange, le Rocher est l'éditeur de la jeunesse, même quand cette jeunesse s'intéresse à des morts, toujours très vivants, ce lobbyisme oblige. Dix-huit, Marin, je souhaite un bon cœur.
- Speaker #0
Faites attention, votre minute est écoulée. Je vais vous facturer un peu plus cher. Là, le compteur tourne. Le compteur tourne.
- Speaker #1
L'argent de Monaco est là sous la table, Frédéric. C'est ainsi que Marin Aigran s'est dans sa place et que cette publicité pour le continent masculin se transforme in fine en célébration du premier livre de Benjamin Puech, trentenaire, journaliste figaro, basque de Paris et parigo du sud-ouest arrive au meilleur. Un livre consacré à Pierre Bénichoux.
- Speaker #0
Oui, montrez-le.
- Speaker #1
Alias.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Le beau Pedro, roi du tango, la Joséphine Baker du Maghreb, Pierre Bénichoux, une figure de style, c'est le continent masculin condensé en un seul homme, trait d'union entre Oran et Castel, Mitterrand et Camus. Le nouvel homme, c'est les grosses têtes, la vie de Bénichoux, mort il y a cinq ans, était un roman avec nuit arrosée, fulgurance poétique et mot d'esprit. Benjamin Puech a écrit ce roman à la manière d'une flânerie, dans l'esprit d'Éric Neuf, nous racontant Franck Sinatra, un écrivain oublié, s'intéressant à Paul Gébeuf ou Roger Vadim. Alain Hussarde, sur le vif, en prenant garde à la raide ou sur les choses.
- Speaker #0
La bonne publicité. Bon, donnez-moi, je vais remontrer le livre à la caméra parce qu'il est vraiment très excellent. Et c'est important qu'il y ait un livre sur Pierre Bénichoux que j'ai bien connu. Et le sous-titre est beau, une figure de style. C'est donc aux éditions du Rocher. Et je le conseille. Et bravo à Benjamin Puech et à Arnaud Leguerne pour cette pub. Alors, Marin de Viry, vous avez 63 ans. Vous êtes né à Boulogne-Biancourt. Vous avez fait Sciences Po. Et vous avez fait un doctorat de lettres ? Oui. Moderne ou classique ?
- Speaker #2
Ah, moderne à l'Assemblée. Michel Crouzet sur Stendhal, c'était juste merveilleux. C'est formidable. J'ai aussi fait un master in business administration.
- Speaker #0
Oui, alors c'est ça. C'est que vous êtes à cheval. Mais non, mais c'est important que vous rappelez ça, parce que vous êtes à cheval sur la littérature et les affaires. Et souvent dans vos livres, il y a les deux. Il y a une tentative d'écrire sur l'entreprise, sur les managers. Et là, votre personnage principal, Pierre, vend son entreprise pour se consacrer à la littérature. Oui. Ce qui est...
- Speaker #2
C'est une sorte de relation à résumer de mon existence, c'est ça que vous alliez dire. Exact.
- Speaker #0
Et quelle erreur, surtout.
- Speaker #2
Oui, il est complètement à côté de lui-même en faisant ça. Non, en réalité, pardon, il se trouve, je plaisantais, il se trouve en faisant ça. Ce qui se passe, c'est qu'il est réussissant. En fait, c'est un héros qui a de la chance. Si vous aimez les héros qui ont de la chance. et qui l'ont à demi mérité seulement, mais qui ont énormément de chance. Il faut acheter ce livre. Parce que le type, il a décidé que la liberté à Paris valait 15 millions d'euros.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
alors ça,
- Speaker #0
c'est beaucoup quand même. Si on ne peut pas être libre à moins...
- Speaker #2
J'ai pensé à Balzac et au début de Lucien Chardon, qui deviendra Lucien Brumain Pré dans Les Illusions perdues. Ses débuts... Il calcule ce qu'il lui faut pour devenir un poète et un écrivain connu, alors qu'il part, évidemment, de rien du tout, provincial, etc., et qu'il va à la conquête de Paris. C'est à peu près ça. C'est-à-dire, en fait, il se dit, mon point d'arrivée, c'est un grand appartement, une liberté financière, la possibilité d'écrire toute ma vie des romans, sans me poser la question de savoir comment je vais vivre agréablement. Donc il dit c'est ça, c'est 15 millions. Alors il crée une boîte, il marche et il va être racheté par un milliardaire qui s'appelle Calix de Palacouet, qui est, disons, un homme qui, depuis l'âge de 16 ans, a des dossiers, traite les dossiers, les met de côté après avoir pris des décisions, recommence après avoir pris un verre d'eau. minéral dont la marque change en fonction des prescriptions de son diététicien, il reprend un autre dossier, il fait la même chose, etc. Ça fait 50 ans que ça dure, à raison de 16 heures par jour. Ou 15 à 16 heures par jour. Le gars, il a fait une immense fortune.
- Speaker #0
Et vous faites une satire, comme d'habitude. Oui, vous en avez déjà fait plusieurs, des livres sur ce monde des affaires que vous connaissez bien. Mais alors là, vous commencez avec un insipide provocateur. On dirait que vous cherchez la polémique. Le serveur du Barbe Rousse, bar dansant de Limoges, arborait un sourire d'une étrange béatitude, un peu comme un mari patiemment déconstruit par son épouse féministe. Vous cherchez la bagarre.
- Speaker #2
Non, je ne sais pas ce que je me suis dit. C'est amusant de commencer par un archétype, d'un type qui n'a pas choisi sa vie, mais qui s'est laissé totalement imposer. la vie qu'il aurait. Tandis que mon héros, qui arrive après, lui, au contraire, est un personnage très volontaire, très déterminé, très stratège, et en même temps, très romantique. Et là, ce garçon qui est serveur au Barberousse, c'est vraiment quelqu'un qui fait ce qu'on lui dit de faire. Ah oui, j'ai pas tellement pensé, comment dirais-je, à la nouvelle grammaire des relations hétérosexuelles, à Sandrine Rousseau, ou à des sujets polémiques. comme ça ne m'intéresse pas. J'ai juste pensé à un esprit conformiste. Gentil et conformiste.
- Speaker #0
C'est intéressant parce que c'est quand même un livre qui s'appelle Le continent masculin. Et ce titre-là, c'est bien vous qui l'avez choisi, c'est pas Arnaud Leguerne. Non,
- Speaker #2
non.
- Speaker #0
Donc il va falloir assumer ce titre. C'est un livre sur les hommes. C'est un livre sur un homme et plusieurs personnages d'hommes. C'est des hommes d'après la fin du patriarcat. C'est des hommes d'après Me Too. Donc c'est des... C'est un livre sur la condition masculine d'aujourd'hui.
- Speaker #2
D'ailleurs, les femmes ont un pouvoir absolument extraordinaire dans ce livre. Et elles ont en fait le bide de pouvoir. Elles ont à la fois leur pouvoir d'avant et leur pouvoir de demain. Elles ont à la fois leur pouvoir de séduction, de rentrer dans le jeu de la relation hétéronormée telle qu'elle existait jusque dans les années 2015-2020. Et puis, elles sont déjà dans le monde d'après. qui est le monde dans lequel elles sont carrément dominantes enfin ce que chantait aragon la femme et l'avenir de l'homme est absolument évident dans ce roman en fait mais le continent masculin c'est pour montrer probablement la permanence de ce que de leuze ou qatar et je sais plus après jean-françois lyotard pendant appelé les dispositifs pulsionnels masculin oui c'est à dire au fond le conçoit dans un régime idéologique hommes femmes d'avant MeToo ou un régime idéologique d'après MeToo. Le dispositif pulsionnel masculin reste rigoureusement semblable et n'en a rien à faire. Oui,
- Speaker #0
bien sûr. C'est ce qui est intéressant. Pour rester sur le dispositif pulsionnel, je vais expliquer ce qui se passe. Pierre aime Lucrèce, mais qui est avec Ludovico, un riche héritier italien. Oui,
- Speaker #2
comme elle.
- Speaker #0
Comme elle. Lucrèce étant la fille du gars qui lui a racheté sa boîte. Oui. Et puis Pierre aime aussi plus tard Hélène, mais peut-être un peu en même temps d'ailleurs. Oui. qui elle vit avec Marc. Il y a aussi une Margot qui passe par là. Donc ce Pierre est en fait un donjuant, un séducteur.
- Speaker #2
Pas du tout. En fait, il ne fait que passer de Lucrèce à Hélène. Et avec Lucrèce, ça ne marche pas parce que lui n'a que 15 millions, alors qu'elle a beaucoup plus que 15 milliards. C'est vraiment une des plus grandes fortunes du monde. Et en fait, le paquet de milliards...
- Speaker #0
C'est un clochard, 15 millions. Oui, il me dit... Je te connais sur Figaro TV, mais... Oui,
- Speaker #2
on l'a. va du pied qu'est ce qu'on fait aujourd'hui avec des sommes dérisoires comme ça avec mes 15 millions j'ai à peine de quoi de payer un coca lui dit fil en amont et est en fait le mur de milliards qu'il est entre les deux finit par fini par agir sa ronge et leur nature de leurs relations et par ronger cette relation en fait c'est un roman J'ai presque envie de dire freudomarxiste d'une certaine façon, parce qu'il y a...
- Speaker #0
No pasaran !
- Speaker #2
Il y a le marxisme de la détermination de la superstructure sentimentale par l'infrastructure économique.
- Speaker #0
Mais bien sûr ! C'est vrai, c'est vrai. C'est aussi sur le déterminisme amoureux. Il y a de tout. Arnaud a cité Laclos. Marie Vaud, c'est vrai que vous jouez beaucoup avec la tradition française du roman d'analyse sentimentale, plutôt pessimiste et plutôt joyeux aussi. Est-ce que vous diriez que c'est un Marie Ausha, ce livre ?
- Speaker #2
Oui, c'est un Marie Ausha parce que c'est très théâtral déjà. Donc, il y a beaucoup de dialogues. Oui,
- Speaker #0
ça vous êtes très bon pour les dialogues.
- Speaker #2
Merci, merci. Merci.
- Speaker #0
Il est content.
- Speaker #2
Il est content. C'est bien. Donc il y a beaucoup de dialogues, c'est un marivaudage. Et puis surtout c'est un marivaudage parce que même si je fais une scène d'introduction qui montre le point d'arrivée de la vie de mon héros, de cette tranche-là de sa vie, il n'en demeure pas moins qu'il y a une intrigue pendant le roman. Et que cette intrigue, on ne sait pas comment elle va se dénouer. Donc, c'est un roman, c'est un marivaudage.
- Speaker #0
Oui, en fait, voilà, on a une idée du ton de Marine Viry. Quand je disais que vous étiez un satiriste, c'est quand même un petit peu ça. Est-ce que vous diriez que le danger, enfin, est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a un danger à force de descendre les figures contemporaines ? d'avoir l'air peut-être aigri, ronchon.
- Speaker #2
Ah écoutez, oui, mais à ce moment-là, il faudrait faire le même reproche à Molière, par exemple, parce qu'il descendait les courtisans, à la Bruyère, parce qu'il descendait les courtisans, à la Rochefoucauld, parce qu'il descendait les courtisans. Et donc, en fait, le reproche ne tient pas. Ce qui m'intéresse, c'est la nature humaine. Je la regarde en moraliste. Je ne me compare pas à la Bruyère ni à Molière, mais je la regarde en moraliste. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment elle fonctionne. Bon, et là, il se trouve que je fais fonctionner une des possibilités d'être au monde, si je peux dire, c'est-à-dire d'être un auteur bourré d'amour propre et qui essaye de trouver un petit créneau, comme le type qui a écrit Fallot Narration, pour briller dans le monde. Et des gens comme ça, vous et moi, Frédéric,
- Speaker #0
on en côtoie beaucoup,
- Speaker #2
encore plus, Arnaud Le Verne, on en côtoie des quantités. Donc, où l'amour propre est à la trame même de l'activité.
- Speaker #0
quotidienne de ce monsieur oui oui oui c'est vrai c'est une souffrance pour lui parce que oui elle veut sur pierre qui a connu le monde des affaires qui est impitoyable s'aperçoit que la littérature c'est encore pire oui c'est encore pire mais avec une rétribution potentielle très inférieure mais oui mais arnaud est ce qui est ce que ce qu'il est ce que marin de viry n'est pas en train de franchir un une étape dans son œuvre, c'est-à-dire que il y a toujours la caricature du monde contemporain, il se fout de la gueule des hommes d'affaires, des écrivains ringards, tout ça c'est très bien, mais là c'est aussi un roman d'amour, et c'est aussi un roman je dirais, où comme je me suis permis de le dire dans le Figaro il essaye de fusionner Houellebecq et Lamartine
- Speaker #1
Complètement, je trouve que le premier qu'on a édité Rocher, c'est l'Arche de Mésalliance qui était vraiment... Très satirique sur le monde de l'entreprise, sur cet univers, les grandes tours de la défense, ça a plu à certains, mais... Ça manquait peut-être de sentiments et de cette légèreté, on va dire, qu'on retrouve dans le continent masculin, qui était déjà un peu dans la montée des périls, le roman entre les deux. Et moi, dans toutes les références dont on parle à propos de Marin, il y en a une qui vient du cinéma, mais pour moi, Marin est terriblement romérien. Et son, comment dire, le continent masculin, pour moi, est dans l'esprit d'un conte moral de Romère. C'est-à-dire qu'avec cette pointe de satire, mais qui... qui disparaît un peu plus que dans ses précédents. Et je trouve qu'on est finalement dans une vision quasi romantique, mais revisitée justement avec une forme de frivolité, par contre, de légèreté. Et je trouve que Marin, c'est Romère qui rencontrerait Philippe Muray, en fait.
- Speaker #2
Disons qu'au fur et à mesure où j'avance... L'amour m'a toujours intéressé, mais là j'avoue que l'amour m'intéresse. C'est ça qui se passe. Je pense qu'il affleure plus. La question amoureuse affleure plus dans les pages. Je pense que ce roman, les personnages de ce roman, et surtout Pierre d'ailleurs, ce sont des personnages qui sont sur la ligne de crête entre quelque chose d'assez simple qui est « mes sentiments amoureux sont déterminés par mes intérêts » et et je suis un ami de l'amour et donc j'aime l'amour en soi et donc j'ai pas besoin d'avoir des intérêts pour être amoureux. Donc il y a cette ligne de crête là, entre la gratuité et la détermination. Pierre il est comme ça et puis finalement Pierre c'est un titre qui fait les bons choix pour, si je puis dire, le salut de son homme. C'est-à-dire qu'il fait les bons choix, il va là où il faut aller. Il arrête le business, il arrête la maîtresse très très... ... Tropi Girl, très très Tropi Girl comme disent les Américains. Il arrête ça et certes, il est un peu perdu. Et il va attaquer, si je peux dire, une femme dont il pense qu'il ne l'aura jamais. Mais il se dit, je préfère attaquer une femme dont je pense que je ne l'aurai jamais. Je vais probablement mourir parce que je ne l'aurai pas. Mais je préfère faire ça plutôt que de rester du prudence médiocre.
- Speaker #0
Est-ce que ce n'est pas aussi tout simplement l'histoire d'un cynique qui devient romantique ?
- Speaker #2
Oui, on peut le dire comme ça. Oui, mais en même temps, c'est un cynique qui s'est toujours dit « Là, j'ai une phase cynique dans ma vie pour pouvoir devenir romantique après. » En fait, j'assure les bases matérielles de mon romantisme futur. Ah oui ! J'assure les bases matérielles de mon romantisme futur.
- Speaker #0
Donc, on peut être romantique tout en étant réaliste.
- Speaker #2
On peut se préparer à être romantique en étant très cynique.
- Speaker #0
On peut organiser et calculer son sentiment amoureux.
- Speaker #2
Mais par contre, le contraire existe-t-il ? être romantique pour se préparer à être cynique ça n'existe pas donc on peut on peut faire ça dans le bon sens commence par faire énormément de pognon et après on devient un deviant c'est marrant parce que lui il est occupé c'est l'envie winner non mais aussi oui non parce qu'il est d'une fragilité permanente mais
- Speaker #1
il va jusqu'à signer du nez quand même un monde
- Speaker #2
Il y a une phrase d'un auteur qui n'est pas très politiquement correct, mais que j'aime beaucoup, c'est « la différence entre un comportement noble et un comportement bourgeois » . Et la suivante, un comportement noble, c'est sachant que tout le monde a besoin d'argent. Un comportement noble, c'est on court derrière l'argent et quand on le rattrape... On marche. Un comportement bourgeois, c'est on court derrière l'argent et quand on l'a rattrapé, on continue de courir. Et voilà, Montpierre, il marche.
- Speaker #0
Il s'est organisé, en fait. Il s'est organisé. Il a travaillé dans un milieu qu'il déteste pendant des années pour pouvoir après se consacrer à l'amour.
- Speaker #2
Mais qu'il arrive à ne pas détester parce qu'il se dit... par ça que... Il est aimable, etc. Mais en fait, il est froid. Effectivement, il est cynique. Vous avez raison.
- Speaker #0
Il est cynique. Non, mais c'est marrant parce que vous êtes critique de théâtre au Figaro Magazine. D'ailleurs, nous sommes tous les deux des employés du Figaro Magazine. Et nous sommes sur Figaro TV. C'est une réunion en fait d'employés. Mais c'est vrai qu'il y a quelque chose de théâtral. Parce que vous avez cité Molière. C'est vrai. Molière, il ne parle que de ça. C'est toujours des histoires d'amour qui, au départ, sont cyniques. ou calculer des gens qui veulent organiser des mariages, un bon mariage pour leur fille, des choses comme ça. Et puis finalement, l'amour triomphe. Oui. Et échappe à cette espèce de déterminisme ou de calcul crasseux et bourgeois.
- Speaker #2
Oui, crasseux, bourgeois, raisonnable, vu du point de vue social, vu du point de vue des intérêts patrimoniaux des familles, qui était la seule chose qui comptait. quand on était chef de famille à l'époque. Et puis, il y a cette musique de l'amour lui-même. Il y a cette musique de l'amour lui-même qui finit par enrober tout le reste. Oui,
- Speaker #0
mais là, vous êtes plus cynique que Molière, puisqu'il a calculé... d'avoir de quoi se permettre la liberté amoureuse. Mais bon, c'est peut-être que c'est de la lucidité.
- Speaker #2
Oui, mais je pense que Molière...
- Speaker #1
C'est Molière en 2025.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, on est en 2025, bien sûr. Non, mais c'est ça qui est intéressant.
- Speaker #2
Je pense que Molière n'aurait pas considéré que l'attitude morale de Pierre était condamnable. Je pense qu'il l'aurait trouvé assez équilibré. Molière, c'est le XVIIe siècle, donc c'est l'honnêteté. Et l'honnêteté, ça consiste à voir les choses comme elles sont. pas comme on voudrait qu'elles soient, pas comme on vous a appris qu'elles soient, mais comme elles sont. Et ça consiste aussi à avoir un comportement social. L'honnêteté, c'est à la fois l'honnêteté du comportement et l'honnêteté de la pensée. Et bien, je trouve que Pierre, s'il fallait une définition d'où il sort, il sort de l'honnêteté du grand siècle.
- Speaker #0
Huit livres déjà, Marin de Viry, huit livres, c'est déjà une œuvre, huit livres. Oui, je crois, oui. Et j'avais écrit sur vous dans mon dictionnaire, j'ai écrit sur vous, alors j'en profite quelquefois quand j'ai des invités sur lesquels j'ai fait une notice dans un dictionnaire, j'en profite pour vérifier si jamais vous voulez corriger des choses, dans une éventuelle réédition je pourrais changer, vous voyez. Alors qu'est-ce que je disais sur vous ? Marine Viré est entrée en littérature par la plus belle porte, celle de la satire autodénigrante à tendance name-droppeuse.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
ça, ça va.
- Speaker #2
Ça va pas mal.
- Speaker #0
Vous n'êtes pas name-dropping dans celui-là, beaucoup moins.
- Speaker #2
Dans celui-là,
- Speaker #0
je... En pure fiction.
- Speaker #2
Oui, d'autant plus que les gens auxquels je pense vivent. Ah,
- Speaker #0
d'accord. Donc, en fait, c'est quand même un roman à clé.
- Speaker #2
On ne peut pas dire un roman à clé parce que les personnages sont composites. Ils sont faits de plusieurs personnages. On ne peut pas dire que lui, c'est lui. Ou elle, c'est elle.
- Speaker #1
Mais elle, c'est quand même elle.
- Speaker #2
Oui. Je disais,
- Speaker #0
qu'est-ce que je disais aussi ? Alors, non. Viry est un marxiste tendance Marx and Spencer. Ça vous plaisait, ça ?
- Speaker #2
Oui, Brumel, oui, c'est ça. Marxiste tendance Brumel, oui.
- Speaker #0
Le vrai sujet, c'est la fin de la littérature, symbolisée par l'amour impossible. originel, lamartinien, c'est-à-dire raté. Oui. Est-ce que tout ça peut aussi convenir à ce livre ?
- Speaker #2
Mais je dirais que...
- Speaker #0
Peut-être pour une fois, là, ça finit bien. Non,
- Speaker #2
il ne s'est pas raté.
- Speaker #0
Oui, ça finit bien.
- Speaker #2
Ce n'est pas comme les trucs tristes à la Gradiela de Lamartine, où on est là à pleurer sur la tombe de quelqu'un qu'on a beaucoup aimé et qui n'avait que 16 ans quand elle est morte, si vous voulez. C'est très, très différent. La première... Le premier chapitre est quand même très très gai. Lui qui est à Limoges et elle qui est à Paris, ils se parlent au téléphone et c'est très gai. Il y a une préférence pour le bonheur dans ce livre, qui est très claire.
- Speaker #0
Quand je citais tout à l'heure Houellebecq, vous vous sentez... Je rappelle que vous étiez témoin à son mariage ici même, chez la Pérouse. Vous êtes un disciple de ce type de roman réaliste sur le monde contemporain ?
- Speaker #2
Ce qui rend Houellebecq, je pense qu'il rendra toujours présent dans mon esprit. que je le vois ou que je lui... Ce qui le rendra toujours présent dans mon esprit, c'est l'extension du domaine de la lutte, mais après le développement d'extension du domaine de la lutte, c'est-à-dire la faculté de saisir ce qui se passe dans la vie intérieure de 20 millions de Français, dans le cas d'extension du domaine de la lutte, c'est-à-dire 20 millions de gens qui travaillent dans le secteur tertiaire, marchands ou pas marchands, ou administratifs.
- Speaker #0
Les cadres.
- Speaker #2
Oui, les cadres moyens, disons. de la France. Il les avait saisis à ce moment-là. Évidemment, il avait saisi une version pathologique du cadre moyen, mais quand même, en prenant la version pathologique, il les avait tous saisis. Et donc, ça, je reste très frappé par l'exercice d'observation imaginative. C'est ça l'observation.
- Speaker #0
Oui, mais vous vous amusez beaucoup avec ça. Alors, vous êtes un peu catalogué cateau de droite, je ne sais pas pourquoi, parce qu'au fond, ce que vous faites, c'est assez anticapitaliste. Je veux dire, vous vous moquez du jargon entrepreneurial, vous ridiculisez ce milieu professionnel sordide, sinistre, les réunions professionnelles, pathétique, les gens qui travaillent sans savoir pourquoi. C'est vrai que vous pourriez être d'extrême gauche, en fait.
- Speaker #2
Non, je pense que je vais répondre. Je ne vais pas plus dessus. Je vais répondre. Attends, quand on communique. Non, mais ce que je veux juste dire, c'est que dans ces milieux, ce que j'observe, sauf quand on est face à des gens extrêmement précis, extrêmement intelligents, qui, comme par hasard, sont ceux qui réussissent particulièrement. Mais il y a un immense magma de gens qui ne parlent pas français, d'ailleurs ni anglais non plus.
- Speaker #0
Oui, c'est un vol à puc.
- Speaker #2
Et quand ils parlent français ou qu'ils l'écrivent, c'est bourré de pléonasme, de faute d'orthographe, d'anglicisme, etc. Ça ne va pas du tout. Ils produisent de la purée intellectuelle et leur boulot est de la purée. Et donc la perte de sens... J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup de choses comme ça chez les consultants, par exemple, il y a beaucoup ça. C'est-à-dire au fond... ils intimident un peu les autres avec le jargon. Donc ça, j'ai beaucoup vu ça.
- Speaker #0
Les hommes politiques aussi, les technocrates, les énarques, ils ont aussi un jargon. Ce n'est pas le même. Oui,
- Speaker #2
mais c'est un écran de fumée qui, en fait, dissimule un argument d'autorité. Je suis là, donc ta gueule, parce que je suis là et j'ai le droit d'être là. Voilà, c'est ça. Et en fait, mais derrière, aucune justification quant au service qu'on rend, quant au rôle qu'on a à l'intérieur de l'organisation, etc. Donc... Il y a quand même quelque chose de l'ordre de se cacher derrière une fumée qui m'a toujours frappé. Vraiment frappé. Donc, ce qu'on appelle la valeur ajoutée d'énormément de gens dans le monde économique. Si on ramenait le PNB, si on ôtait du PNB tout ce qu'il y a de bidon dans le PNB... On m'étiendrait 5% en agriculture. Non,
- Speaker #0
je dis que c'est vrai. Mais d'ailleurs...
- Speaker #2
L'agriculture, plus les avions, plus moi. mais pas grand-chose.
- Speaker #0
Ce qui m'épate, c'est comment on a réussi, en brassant du vent, à réchauffer le climat. C'est quelque chose qui m'a toujours frappé.
- Speaker #2
Parce qu'il faut du pétrole pour brasser du vent. Ah oui, c'est pour ça. C'était du vieux livre.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez lu tous les écrivains qui écrivent sur l'entreprise, par exemple Abel Quentin ? Oui,
- Speaker #2
oui, j'adore.
- Speaker #0
Oui, récemment, Benjamin Stock, que j'ai reçu ici, qui a écrit, qui a eu le prix de flore ce livre, ce premier livre qui s'appelle Marc, où il se fout de la gueule du jargon des startups.
- Speaker #2
Mais même des gens comme Patrice Jean, par exemple, qui ne connaissent pas particulièrement l'entreprise, parce que professionnellement, il ne la connaît pas, mais ils décrivent des organisations qui sont des organisations plutôt d'associations ou de services de mairie inter-culturel. Ce qui ressemble beaucoup à l'entreprise. C'est-à-dire dans laquelle, au fond, il y a un refuge de la médiocrité, encouragé par le management. Et de temps en temps, les médiocres font l'objet d'une épuration.
- Speaker #0
Et vous, vous êtes échappé de ça. C'est-à-dire que vous avez vécu là-dedans. Et puis à un moment, vous avez craqué.
- Speaker #2
J'étais très heureux. Moi, je me suis fait très heureux. J'étais conçu. temps en stratégie et j'ai vu j'ai dû interviewer 2000 ingénieurs dans ma vie ont participé à plein de conseils d'administration préparer plein de conseils d'administration j'adore j'adorais ça je trouve ça très intéressant est-ce que vous preniez des notes à l'époque pour vos romans futurs ? beaucoup de scènes m'ont tellement frappé que j'avais même pas besoin je les ai
- Speaker #0
Alors, aujourd'hui, nous vivons dans un monde qui est gouverné par les businessmen. Donald Trump est président des États-Unis et il raisonne en termes de deals et de contrats. Et ça, ça doit aussi peut-être vous frapper. Peut-être ça donne une actualité à vos livres. C'est-à-dire qu'auparavant, c'était juste des gens qui gagnaient beaucoup d'argent et qui étaient un peu grotesques. Maintenant, ce sont eux les boss, les patrons.
- Speaker #2
Mais il y a une segmentation, je pense qu'il y a, bon, disons, l'esprit industriel que j'adore, que j'aime beaucoup. Je construis des avions, je construis des métros, je construis des fusées, etc. Cet esprit-là, je l'aime énormément. Et puis, il y a l'esprit totalement différent qu'est l'esprit banquier, avocat d'affaires, ou promoteur immobilier, ce qui est encore un autre truc. Ça,
- Speaker #0
c'est pour Trump.
- Speaker #2
Oui, c'est pour Trump. Et en fait... Il n'y a pas une culture économique business, il y en a plein, parce qu'il y a plein de secteurs, et chacun de ces secteurs secrète, si je peux dire, sa propre culture, y compris culture de négociation. Quand les corporate bankers s'en mêlent, ou quand les avocats s'en mêlent, ou quand les promoteurs immobiliers s'en mêlent, c'est sûr que ça produit des spectacles, que d'ailleurs Tom Wolfe a magnifiquement décrits. Vrai, ça produit des spectacles de merde humaine, si je puis dire, qui sont absolument...
- Speaker #0
Moi, je m'étais un peu amusé dans 99 ans avec des réunions de ce genre. Oui, oui, bien sûr, la pub. La pub a aussi un vocabulaire. Oui,
- Speaker #2
mais la pub est...
- Speaker #0
à un moment a été l'endroit sur lequel il fallait cracher si on voulait sauver son âme, ce qui a été votre cas, mais ce n'est plus le cas parce qu'on s'est un peu passé.
- Speaker #1
Mais maintenant, c'est plus bizarre parce que c'est plus brumeux. C'est le monde du digital qui gouverne. Et alors là, ce monde-là, moi, je n'y comprends rien, je serais incapable d'écrire là-dessus, mais peut-être ça pourrait vous tenter, vous.
- Speaker #0
Il faut être codeur.
- Speaker #1
Mais, alors, vous chiffrez, donc, oui, à 15 millions le prix de la liberté. Mais je n'ai pas compris.
- Speaker #0
C'est pas moi.
- Speaker #1
Dans le livre, oui. Mais c'est intéressant. Donc, 15 millions d'euros, c'est la somme qui permet d'avoir suffisamment pour ne plus rien foutre de sa vie, c'est ça ? Je n'ai pas compris pourquoi ce chiffre-là.
- Speaker #0
En fait, parce que lui, il prend comme référent Germaine de Stal, Marcel Proust, Balzac, Stendhal. Donc, des situations de fortune qui sont très différentes. Balzac a toujours couru derrière le fric. Oui. rattrapé par des créanciers. Stendhal, ça allait à peu près, mais c'était très médiocre. Madame Costal était très riche. Proust était très riche. Donc il se dit, ce que j'aimerais être, c'est un peu plus riche que Georges Sand. C'est-à-dire, elle a un château des domestiques pour le faire tourner, mais elle est quand même un peu obligée de pisser de la copie pour y arriver. Et elle dit, si je pouvais ne pas être obligée de pisser de la copie pour y arriver, ce serait formidable. Mais un jour...
- Speaker #1
Mais est-ce que t'en es sûr de ça ? Parce qu'un écrivain qui doit travailler, qui doit suer, fournir toutes les semaines...
- Speaker #0
Ça, c'est parce que vous avez intériorisé le point de vue des éditeurs qui disent qu'il vaut mieux qu'il soit pauvre.
- Speaker #1
Comme ça,
- Speaker #0
il travaille.
- Speaker #1
Oui, parce que si vraiment le type est libre, qu'il vit de ses rentes, est-ce que ça va être bien ? Il faut un petit peu... avoir faim pour travailler comme artiste. Voilà, regardez, cet éditeur qui vous exploite, il fait tout pour que vous soyez dans la misère.
- Speaker #0
Mais non, mais Frédéric, ça ne marche pas comme ça. Nous deux, parce qu'on a fait, on est de la même génération, en plus on a fait la même école, on a un surmoi dans lequel le travail et la rétribution du travail, ça se fabrique tous les matins et tous les matins, on trouve normal de se lever pour aller au boulot et gagner un peu d'argent. Et donc, on n'est pas du tout gêné. Mais vous avez aussi des gens qui sont des écrivains, des artistes, et qui en fait, un jour ne travaillent pas, voire une semaine, voire un mois, voire deux mois ne travaillent pas, parce qu'ils sont dans une rumination, une méditation, un moment de leur existence où ils sont entre deux, etc. Et pendant ce temps-là, who is paying the bill ? Oui, oui, oui. Et voilà. Non, je comprends. Là, c'est pas mal d'avoir 15 millions.
- Speaker #2
C'est la vraie part de fiction du roman, parce qu'établir comme ça un parallèle entre 15 millions d'euros et l'écriture,
- Speaker #0
c'est quelque chose qui n'existe pas,
- Speaker #2
ni en avance, ni en droit d'auteur. Donc on est sur un vrai roman,
- Speaker #0
de pur fiction. Il est très inquiet à l'idée que je puisse, qu'un écrivain un jour puisse réclamer 15 millions de valoirs. Je m'inquiète !
- Speaker #1
Je ne vais pas vous poser des questions indiscrètes sur les avaloirs, mais en revanche, vous êtes très fidèle à Marin de Viry, vous publiez tous ses romans depuis quelques années. Qu'est-ce que ça représente ? En dehors du fait qu'il a des bonnes critiques, est-ce qu'un jour vous misez sur un grand best-seller pour Marin ? Je voudrais que vous le poussiez un peu plus.
- Speaker #0
C'est pour ça que je suis là,
- Speaker #2
pour l'aider déjà. Non, non, on croit bien sûr. On croit. Je crois, les éditions du Rocher croient en Marin, sinon... C'est le troisième roman qu'on fait au Rocher. Marin, il y a des lecteurs... C'est intéressant, il a un lectorat très fidèle, constitué, qu'on retrouve de livre en livre, qui est encore sans doute trop pour un pifiu, comme on dit, c'est-à-dire ceux qui aiment cette légèreté, ce côté satirique. Mais je pense qu'avec ce roman-là, Il a tout pour toucher encore plus de lecteurs, et notamment puisqu'on nous explique qu'il n'y a plus de lecteurs, il n'y a que des lectrices pour toucher des lectrices.
- Speaker #1
Oui, très malin, vous avez compris le marché.
- Speaker #0
Moi je n'avais pas compris ce qu'il racontait. J'avais compris juste que le premier roman, le milieu était très favorisé, le deuxième très très favorisé, le troisième très très très favorisé, et donc du coup ça fait une trilogie. Mais là ce que tu racontes est très sophistiqué.
- Speaker #2
C'est que ton titre, Le Continent Masculin, qui à un moment donné, pour certains aujourd'hui, limite, il ne fallait pas. Il ne fallait pas.
- Speaker #0
Mais pour certains,
- Speaker #2
toutes les femmes qui l'ont lu, qui ont entendu ce titre, moi, qui m'en ont parlé, m'ont dit ce titre, il est génial. Et ça se serait appelé Le Continent Féminin. Ça ne m'intéresserait pas parce que je le connais. Oui,
- Speaker #1
parce qu'on préfère connaître l'ennemi. Mais il y a un passage sur les journalistes qui m'a fait beaucoup rire. qui est presque aussi méchant que Balzac dans Illusions perdues. En réalité, Calixte considérait les journalistes comme des gens globalement nuisibles, en moyenne pas très capables, nombreux, dégoûtants, faméliques, un peu comme les surmulots à Paris. Ce n'était pas vraiment de leur faute, les excusait-il. Frustrés comme des gens qui avaient de moins en moins de pouvoir et donc d'argent, dont les compensations statutaires diminuaient avec leur importance sociale, leur destin était d'emmerder plus fort qu'eux. de faire poids, lest, soucis, obstacles, de se venger par la cuistrerie et l'agressivité de la pauvre place qu'ils avaient péniblement conquise en ce monde et qui se situait, selon l'expression de Saint-Simon, qu'affectionnait Calixte, dans la poussière des emplois subalternes. Voilà encore, je ne sais pas, pour vous donner une idée de votre style. Mais non, mais cela dit, vous êtes journaliste aussi, donc ce n'est pas grave, vous vous incluez là-dedans.
- Speaker #2
C'est la fin de la promotion de Mars. Ah,
- Speaker #0
c'est la fin de Mars.
- Speaker #1
Non, moi, je trouve que c'est très... C'est une émission. Non, mais c'est vrai que... J'essaye de... C'est pour ça que j'ai besoin de votre aide, Arnaud. C'est que je pense qu'il faut... Maintenant, casser le plafond de verre et que Marin devienne un écrivain populaire. Parce que, un talent pareil... En fait,
- Speaker #2
quand vous parliez, je me dis, le côté presque fin heureuse de l'amour dans ce roman, au continent masculin, ça montre qu'il peut exister un feel-good book, parce que c'est un vrai feel-good book, mais... écrit avec une éthérance que n'auront jamais Vallogne, que n'auront jamais...
- Speaker #1
Virginie Grimaldi.
- Speaker #2
C'est un vrai filbouc. Moi, je sais que les personnes qui ont lu Le Continent Masculin, c'est une lecture plaisir, c'est une lecture charmante. Elles reviennent, elles ont le sourire, elles se lisent, comme vous venez de le faire, elles se lisent des phrases, elles aiment Pierre, elles aiment les héroïnes. C'est un vrai... Vive le filbouc. Et Marin...
- Speaker #1
Mais très très bonne transition puisque je vais maintenant lire des phrases de Marin de Viry pour le jeu Devine tes citations. Donc, Marin, je vous lis des phrases de vous tirées de votre œuvre. Vous devez me dire dans lequel de vos livres vous avez écrit ceci. En prison, en prison pour médiocrité.
- Speaker #0
Ça, c'est dans La montée des périls.
- Speaker #1
Pas du tout, c'est de Monterland, c'était un piège.
- Speaker #0
Je sais que c'est de Monterland, mais c'est cité dans le Montéletalais. C'est dans le Maître de Santiago.
- Speaker #1
Voilà, c'est le roi qui dit en prison pour médiocrité, je trouve ça très bien personnellement. Mais ça fait beaucoup de gens à incarcérer. Voilà, le problème de ça. Alors, autre phrase de vous, cette fois c'est vraiment de vous. On le craignait, on le haïssait ou on l'évitait ? Personne n'avait jamais songé à l'aimer ouvertement.
- Speaker #0
C'est dans le continent masculin.
- Speaker #1
Pas même sa femme. C'est terrible. Dans le continent masculin, 2025. Oui, personne n'avait songé à l'aimer, pas même sa femme. Ça, j'aime beaucoup. Vous en avez connu pas mal, des CEOs comme ça, qui étaient privés d'amour.
- Speaker #0
Vraiment ? Quand mes copains, banquiers d'affaires, etc., commencent à le lire, et j'ai beaucoup de messages. Mes clients sont comme ça.
- Speaker #1
C'est jamais eux. C'est toujours les autres. Une autre phrase de vous. Le nez est une paire de couilles visibles par le public.
- Speaker #0
La montée des périls.
- Speaker #1
Oui, bravo. Non, l'arche de mes alliances. Ah pardon, l'arche de mes alliances.
- Speaker #0
L'arche de mes alliances 2021. C'est Sean qui dit ça.
- Speaker #1
Le nez est une paire de couilles visibles par le public. Donc ça veut dire que notre pif est un symbole de virilité pour vous. Oui. Donc à ce moment-là, moi, je suis Rocco Siffredi.
- Speaker #0
Oui. Enfin, non.
- Speaker #1
Avec mon double nez.
- Speaker #0
Je suis...
- Speaker #1
Non, mais oui.
- Speaker #0
Le nez suivant qu'il est anguleux, c'est un nez en trompette, suivant qu'il est petit, grand, etc., dit de la virilité de l'homme quelque chose, dit de sa personnalité quelque chose. Et donc, il a partie liée avec son taux de testostérone, son agressivité sociale et sexuelle.
- Speaker #1
Non, mais c'est vrai. C'est pour ça que d'ailleurs Cyrano de Bergerac n'aurait jamais dû être complexé. Jamais. C'était au contraire. Il aurait dû être très fier. Il aurait dû lire les livres de Marine Viry. Un dîner parisien, c'est un enjoliveur de calcul.
- Speaker #0
Ça, c'est dans le continent masculin.
- Speaker #1
Alors, j'aimerais bien que vous développiez cette idée. Un dîner parisien, c'est un enjoliveur de calcul. Ça veut dire que c'est un endroit où on essaye de gravir les échelons, où on essaye de séduire et de...
- Speaker #0
Il y a ça. Mais on fait comme si ce n'était pas ça l'enjeu. Donc, en fait, il y a du calcul, mais on enjolive tout le temps le calcul. Par exemple, c'est comme si là, on se disait tous les deux, on n'est pas du tout là pour faire la promotion du livre de Marine Viry et une émission de Frédéric Benbedé.
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
pas du tout. On n'est pas du tout là.
- Speaker #1
Jamais de la vie. Absolument pas. Pour discuter agréablement.
- Speaker #0
Pour discuter agréablement, sans témoin.
- Speaker #1
Sans enjeu.
- Speaker #0
De rien du tout. Alors que ce n'est pas vrai.
- Speaker #1
Alors que ce n'est pas vrai. Alors,
- Speaker #0
en fait...
- Speaker #1
Alors qu'en fait, cette émission Conversation chez la Pérouse est une étape nécessaire dans la carrière d'un auteur qui compte. Bien entendu, c'est du boulot. On est là pour bosser. Ah, à propos de business, une autre phrase qui est dans le livre. Ah ben non, ça y est, j'ai donné la réponse. Qui est dans un de vos livres ? Fucking in the business is fucking the business. Ah ben ça,
- Speaker #0
c'est pas le continent masculin.
- Speaker #1
Mais ça, c'est de vous ou c'est un truc que vous avez entendu ?
- Speaker #0
C'est ma mère qui...
- Speaker #1
Votre mère disait fucking in the business ?
- Speaker #0
Ma mère qui jamais n'a prononcé un mot grossier devant moi. Quand j'ai commencé à travailler, elle était d'éducation anglaise et elle m'a dit... Bon, il y a juste une chose que je veux te dire avant que tu commences à travailler. Fucking in the business is fucking the business.
- Speaker #1
Parce qu'il y a une phrase plus courte pour dire ça.
- Speaker #0
Qui est-ce que l'Américain ? Ah oui, qui est ?
- Speaker #1
No zob in job.
- Speaker #0
Ah oui, no zob in job. Oui, mais ça, c'est de la merde de ma reine.
- Speaker #1
Votre mère ne vous a jamais dit ça. Non, mais c'est vrai que c'est pas mal, ça. Pourquoi pas ? C'est une idée que vous avez, j'espère, respectée. Jamais dans le cadre du travail. « Aucune réception extraordinaire, aucun dîner somptueux, aucune réunion de la crème de la crème n'arrivait à lui retirer l'idée d'une sorte de gigantesque faillite déguisée en marche vers le progrès par des imbéciles heureux. » Si,
- Speaker #0
c'est dans le dernier.
- Speaker #1
Je vous ai eu ! En fait, j'ai pris que des phrases du dernier. Mais je l'aime beaucoup, celle-là. Franchement, celle-là, elle est très très bien. Une sorte de gigantesque faillite déguisée en marche vers le progrès par des imbéciles heureux. Est-ce que ce n'est pas le constat de ce qui se passe ? dans le monde en ce moment. Et ça, vous avez quand même ce goût du sarcasme. Est-ce que vous vous défoulez quand vous écrivez ?
- Speaker #0
Disons que, par exemple, il y a un personnage dont on n'a pas parlé, qui s'appelle Marc, qui est un patron de filles de temple.
- Speaker #1
Qui est le petit ami d'Hélène.
- Speaker #0
Le petit ami d'Hélène, et la raison pour laquelle Pierre pense qu'il n'arrivera jamais à conquérir Hélène, parce qu'elle pense qu'Hélène est très amoureuse de Marc. Et donc, ce garçon qui est, je dirais, qui a un profil qu'on connaît assez bien, C'est-à-dire patron de FinTank, un télo, mais quand même un peu business, qui fait des apparitions médiatiques fréquentes sur des thèmes d'intérêt général, qui est un peu fatigué parce qu'il dîne avec des ministres, il doit faire des présentations dans son FinTank, etc. Et qui se dit au fond, j'aimerais devenir président de mon FinTank, ce qui va finir par arriver fatalement. Mais je voudrais aussi quand même à un moment être ministre, mais en même temps ministre, c'est chiant. Et puis surtout, je voudrais être considéré comme le type qui aura forgé la doctrine socio-économico-politique qui sera à l'œuvre pour les 50 prochaines années, parce que j'ai vraiment re-inclé Alain Mac.
- Speaker #1
Donc, c'est un genre d'Alain Mac ou un genre de Mathieu Pigasse ?
- Speaker #0
Ou d'Alain Mac, comme ça, ou de Mathieu Pigasse, enfin, de nombreux, ces gens-là. Donc, c'est un type comme ça. Et là, effectivement, je me suis un petit peu...
- Speaker #1
Défoulé.
- Speaker #0
Lâché.
- Speaker #1
Oui, voilà.
- Speaker #0
Lâché.
- Speaker #1
Mais...
- Speaker #0
C'est pas bien, hein,
- Speaker #1
de se... Non, non, si... On devrait aller s'y dire. Non, mais c'est nécessaire. Dans l'œuvre littéraire, on n'est pas là pour être gentil, en fait. Non, mais c'est intéressant, ça. Parce qu'aujourd'hui, si vous regardez la liste des meilleures ventes, il n'y a que des livres gentils. Oui,
- Speaker #0
je suis d'accord.
- Speaker #1
Et vous, vous ne l'êtes pas. dans ce que vous écrivez. Est-ce que ce n'est pas un problème ? Non,
- Speaker #0
je refuse de l'être, surtout. C'est-à-dire que si je suis gentil, c'est parce que je donne au lecteur une vision la plus précise possible de certaines situations, en l'occurrence amoureuses et également d'intérêt social, et que le lecteur peut se dire « Ah ben oui, c'est vrai que ça se passe comme ça, c'est vrai qu'ils pensent ça, c'est vrai qu'ils ont tel sentiment. » C'est une peinture. Donc, ma contribution positive, c'est de faire une peinture. Maintenant, si ce que je peins n'est pas « elle est merveilleuse » , « c'est une femme courage » , « il y arrive des choses horribles, mais elle fait face avec beaucoup de détermination » . Et d'ailleurs, ce n'est pas étonnant parce que c'est une femme et que les femmes, etc., etc., enfin ce genre de trucs qui rupeulent et qui marchent. Ce n'est pas ma manière d'être gentil. Ma manière d'être gentil, c'est d'essayer d'être exact.
- Speaker #1
Nous avons la rubrique des conseils de lecture, maintenant c'est très important. Je vous ai envoyé les questions à l'avance parce que comme ça vous serez encore plus brillants. Et j'aimerais beaucoup que vous nous disiez, par exemple, un livre qui donne envie de pleurer.
- Speaker #0
Graziella. Ah,
- Speaker #1
je le savais, je l'avais deviné. Graziella parce que c'est cette histoire impossible. Oui, c'est une histoire qu'il a eue dans sa jeunesse et il ne s'en est jamais remis.
- Speaker #0
Un aristocrate français qui se balade en Italie pour faire son tour d'aristocrate français dans les grandes... le milieu de la civilisation, tombe amoureux d'une fille de pêcheur.
- Speaker #1
qui a 16 ans,
- Speaker #0
qui n'est pas du tout de son milieu, et donc l'amour est impossible, c'est comme dans le continent masculin. Sauf que la différence, c'est que quand il... Alors, il ne se passe rien du point de vue charnel, et quand il se quitte, elle dépérit, elle meurt. Et il la quitte parce que sa mère siffle la fin de la récré, elle rappelle Ausha pour le mariage de sa sœur.
- Speaker #1
Donc,
- Speaker #0
il la quitte pour des pures convenances familiales, et elle meurt parce qu'elle n'est que... amour pour lui et qu'elle a 16 ans et que quand on a 16 ans et qu'on n'est qu'amour pour quelqu'un et que ce quelqu'un s'en va et bande et donc ça se termine d'ailleurs par une visite sur la tombe de Gradiela c'est impossible de ne pas pleurer mais pleurer profondément, c'est pas forcément pleurer avec des larmes mais c'est impossible de pleurer, de ne pas pleurer sur la pureté de l'amour sur la pureté de l'amour et sur le fait que le manque d'amour conduit à la tombe quel que soit l'âge ouais
- Speaker #1
Un livre pour arrêter de pleurer après Graziella, pour s'en remettre.
- Speaker #0
Vous savez que j'ai énormément bossé, parce que quand j'ai lu la liste de vocations, je me suis dit, la vache, c'est très difficile. Oui, merci. La Chartreuse de Parme, parce que c'est la panacée absolue. Quand on est le genre... Pour moi, la chartreuse de Parme, c'est l'évangile du chevalier républicain.
- Speaker #1
Parce que vous voulez dire c'est quoi ? C'est la vitesse, les cavalcades, l'aventure ?
- Speaker #0
Et puis c'est que si l'amour a passé dans votre vie, peu importe qu'il ait cessé de passer, que vous êtes au bord du chemin en train de mourir, etc. Peu importe, il est inutile de pleurer parce que ceci a existé. Il y avait comme ça un aristocrate breton qui était sur la charrette. partir les guillotines et qui avait dit ok le prochain quart d'heure va être horrible mais ceci note pas le plaisir immense que j'ai eu pour tout mal et donc le chat rose de pomme c'est ça c'est une excellente philosophie oui oui peut-être que le prochain quart d'heure va être atroce mais toute la vie avant était tellement chouette que je rends grâce parce qu'on peut oui et puis tout ce qu'on a vécu a
- Speaker #1
existé pour toujours oui ça ne l'oublions pas c'est pas juste quelque chose qui dans le passé
- Speaker #0
C'est la mémoire qui revient dans l'aujourd'hui.
- Speaker #1
C'est éternel.
- Speaker #0
Contrairement à ce qu'on n'a pas encore vécu, qui n'existe pas.
- Speaker #1
Qui n'est que virtualité sans intérêt. Un livre pour s'ennuyer.
- Speaker #0
Alors, j'adore Balzac, je le mets au plus haut, mais je dois avouer que César Birotto, et notamment dans toute la partie, les mécanismes judiciaires et la faillite commerciale de César Birotto, qui dure environ 40 pages dans la dégâtre, c'est vrai qu'il y a de quoi s'ennuyer. Et c'est quand même... Et je l'ai fait exprès parce que c'est tellement sublime, la comédie humaine. D'ailleurs, c'est désormais retour en dehors de ce passage, c'est tellement sublime. Et c'est vrai que ce passage-là, on se demande...
- Speaker #1
Que foutait l'éditeur ? Non,
- Speaker #0
mais il devait tirer à la ligne. Couper !
- Speaker #1
Mais oui, l'éditeur aurait pu couper, franchement. Qu'est-ce que vous foutiez à l'époque ?
- Speaker #0
Oh non, désolé. Il y a deux mots rejetés.
- Speaker #1
Un livre pour crâner dans la rue.
- Speaker #0
Oh ben, il y en a plusieurs, mais Los Cantos des Rapornes, c'est quand même pas mal.
- Speaker #1
Ah oui, c'est pas mal, ça c'est bien parce que les gens sortent un peu toujours les mêmes, Proust, Ulysse de Joyce, mais c'est plus recherché Drapound.
- Speaker #0
Ah bah oui, et puis surtout qu'en fait on ne comprend pas rien s'agit de le lire.
- Speaker #1
On ne comprend rien ! C'est de la poésie !
- Speaker #0
Oui, c'est de la poésie, mais simplement en plus il a un projet très précis, simplement un projet très précis, une complexité gothique qui ressemble un peu à un programme pour lancer une fusée sur la Lune. Et il faut être capable de lire le programme pour lancer une fusée, c'est incroyable. donc voilà un livre qui rend intelligent alors tout simplement alors tout simplement alors j'en ai pas j'ai pensé à deux candid de voltaire c'est prodigieux de d'intelligence parce que c'est l'intelligence qui va au dessus de la doctrine philosophique puisque c'est contre leibniz donc c'est contre tout est pour le mieux en meilleur des mots précis de ce type si c'est et c'est en fait la littérature qui surplombe la philosophie donc ça c'est déjà extraordinaire il est beaucoup de philosophes vous disent oui la littérature surplombe la philosophie et puis l'autre bon mais j'en ai le droit qu'à un ah oui ils ont des morts de Dostoevsky aussi c'est comme Proposition d'intérêt.
- Speaker #1
Souvenir de la maison des morts, quand il était en prison. Un livre pour séduire.
- Speaker #0
Journal d'un séducteur de Kierkegaard.
- Speaker #1
Ah oui, mais vous annoncez trop la couleur, vous vous baladez avec ça, vous allez les faire fuir.
- Speaker #0
Au moins, comment dirais-je, on ne trompe pas sur ses intentions.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Journal d'un séducteur, et puis en plus c'est super parce qu'on peut rentrer dans le grand pessimisme philosophique, mais en même temps... la douceur de la relation hétérosexuelle. Enfin, on peut rentrer tout de suite dans des considérations crasseuses.
- Speaker #1
Un livre que je fais semblant d'avoir fini.
- Speaker #0
les deux étendards ça s'assume oui non mais je tout le monde m'avait dit c'est le lit favori de Mitterrand c'est fabuleux c'est incroyable etc j'ai commencé à lire ce truc le fait je me suis emmerdé c'est des bourgeois lyonnais de prix dans leur jeunesse qui s'échangent des propos sur la civilisation etc qui me semble être un peu des propos de cagneux en fait Je pense que c'est un livre de vieux Cagneux qui raconte l'histoire de jeune Cagneux.
- Speaker #1
Et enfin, le livre que j'aurais aimé écrire ?
- Speaker #0
Le Maître et Marguerite de Boulgacov.
- Speaker #1
Pourtant, ce n'est pas du tout dans votre genre, ça. C'est quand même très réaliste, fantastique pour vous. Vous êtes plus réaliste pur et dur.
- Speaker #0
Oui, mais il y a une... une sensibilité sur fine. Il y a énormément d'imagination. Il y a une dimension métaphysique. La scène dans laquelle Ponce Pilate va tous les jours... Dans laquelle, pardon, le Christ dessine tous les jours un chemin de pierre dans le ciel pour aller voir Ponce Pilate et dit tous les jours à Ponce Pilate « J'ai intercédé pour toi, que le péché de m'avoir livré aux bras séculiers te soit remis. » C'est une scène, mais la plus belle scène du monde. C'est de la littérature.
- Speaker #1
Oui, c'est beau. Je vous remercie infiniment, Marine Véry. L'émission s'achève. On a même été un peu trop long. Mais c'est ça qui est beau. Le montage. Mais c'est merveilleux. Et merci également à Arnaud Leguerne d'être venu soutenir Marin dans cette épreuve difficile qui consiste à dialoguer chez la Pérouse.
- Speaker #0
C'est difficile. Les jeunes auteurs. Il faut les lancer.
- Speaker #1
Donc, cette émission vous a été présentée en partenariat avec le Figaro Magazine, le magazine des Haribo. Les Aristoboèmes. Je rappelle qu'il faut lire Le Continent masculin de Marin de Viry aux éditions du Rocher. Et n'oubliez pas, lisez des livres, sinon vous allez mourir.