- Speaker #0
« Conversations responsables » , le podcast des écosystèmes inclusifs.
- Speaker #1
Bienvenue dans ce nouvel épisode des « Conversations responsables » et dans cette série spéciale consacrée à la Fondation L'Échiquier pour la vie, fondation qui utilise le jeu d'échecs pour favoriser l'inclusion. Sous l'égide de la Fondation FACE et en partenariat avec la Fédération française des échecs. L'échiquier pour la vie prévient et lutte contre l'exclusion sous toutes ses formes en France et à l'international. Dans cette série de portraits, les conversations responsables partent à la rencontre du comité exécutif et des partenaires clés de la Fondation. Nous nous trouvons toujours aujourd'hui au siège du Cercle de l'Union interalliée à l'hôtel Pérrinet de Jars à Paris, un lieu chargé d'histoire qui était, on le rappelle, l'hôtel particulier d'Henri de Rothschild lui-même. Nous sommes ici à l'occasion de la soirée inaugurale de la Fondation L'Échiquier pour la vie et j'ai le plaisir d'accueillir l'un des membres du collège de la Fondation, Maurice Bensoussan, qui est psychiatre et également président du syndicat des psychiatres de France. membre du collège de la Fondation L'Échiquier pour la Vie, avec un souci particulier accordé à la santé mentale. Bonjour Maurice et bienvenue.
- Speaker #2
Bonjour et merci Ă vous.
- Speaker #1
Alors la santé mentale a été déclarée grande cause nationale par le gouvernement en 2025. D'après l'OMS, en 2023, la maladie mentale et les troubles psychiques touchaient près d'un cinquième de la population, soit 13 millions de Français. Comment le jeu d'échec peut-il agir sur ces troubles ? À quelles étapes ?
- Speaker #2
C'est une question bien précise et à laquelle je ne vais peut-être pas répondre de manière aussi précise que cela, mais le jeu d'échecs va participer d'une part parce que c'est un jeu, et que le jeu est important dans la vie, que le jeu est important dans l'équilibre, d'une part parce que c'est quelque chose qui est interactif, et même si on peut jouer contre une machine, on joue contre quelqu'un d'autre, ou contre soi-même, en tous les cas, ça porte un petit peu l'altérité, et l'enjeu de la Fondation, c'est d'aller vers une inclusion sociale, vers une déstigmatisation et d'utiliser un jeu comme ça, universel et très répandu, pour permettre l'inclusion de personnes qui sont en difficulté, au-delà de la santé mentale qui concerne tout le monde, on va aller dans le champ du handicap, ce sont des choses extrêmement importantes.
- Speaker #1
Au-delà de l'aspect cognitif qui est évident, est-ce que vous pensez que le jeu d'échecs peut avoir aussi un bienfait d'un point de vue émotionnel ?
- Speaker #2
Oui, sans aucun doute. Je crois que le jeu d'échecs, c'est un jeu déjà avec soi-même, contre quelqu'un d'autre, c'est une façon de jouer, c'est une façon de se... de tester, de développer des stratégies, de calculer. Il n'y a pas que la dimension cognitive, il y a la dimension émotionnelle, de plaisir, d'échange, c'est tout ça qui est important. Et sans aucun doute qu'il y a des impacts en santé qu'il faudra mesurer. Je pense qu'un des objectifs de la Fondation, c'est d'essayer d'évaluer ces impacts-là . Donc on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut qu'on procède à cette évaluation pour montrer combien de travailler avec les échecs, de s'appuyer sur une fédération, de s'appuyer sur une dynamique et sur des programmes, est-ce que ça peut contribuer à une meilleure santé ? mentale, mais la santé mentale fait partie de la santé.
- Speaker #1
Avez-vous déjà mis en place des projets pilotes sur ce volet santé mentale ? C'est-à -dire avez-vous déjà avec la Fondation utilisé le jeu d'échecs pour favoriser cette santé dans une action ?
- Speaker #2
La santé mentale c'est plus vaste, ça concernerait finalement toutes les personnes qui jouent aux échecs. Quand on est parti sur le programme nutrition et jeu d'échecs, c'est aussi une façon de s'intéresser à la santé, de s'intéresser à ce... que les jeunes vont manger, pas manger, faire, bouger, ne pas bouger, ne pas faire d'activité physique. Il ne s'agit pas de jouer aux échecs pour ne pas avoir d'activité physique, par exemple. Là , on est sur des enjeux de santé. Dans les objectifs de la Fondation, on est parti sur des pathologies lourdes, sur des pathologies sources de handicap chez les jeunes, en particulier parce que ce sont beaucoup les jeunes qui jouent aux échecs, pour tenter de voir comment le jeu d'échecs pouvait permettre, parce qu'il attire les personnes à jouer, quel que soit le niveau, le handicap ou autre chose, d'aller mieux quand on a des difficultés ou quand on porte un handicap psychique. C'est ça qui est intéressant, que ça ait un intérêt sur la santé mentale. Il faudra le mesurer sur des indicateurs. Est-ce que ça améliore l'anxiété des gens ? Est-ce que ça peut aller contre des tendances dépressives ? Ou est-ce que ça peut aider à sortir d'un isolement ? Je crois que ce sont des enjeux majeurs et en effet, il faudra le mesurer. Pour l'instant, on n'a pas précisé les choses, mais sans aucun doute, ce qui est mis en place à travers ce qui a amené la création de cette fondation va ouvrir sur des perspectives extrêmement importantes, y compris dans le champ de la santé mentale et pas seulement de la pathologie mentale.
- Speaker #1
Dès aujourd'hui, de ce que ça représenterait sur le terrain en termes d'effectifs, que de pouvoir déployer des dispositifs dans les cliniques, dans les hôpitaux, avec le jeu d'échecs ?
- Speaker #2
Le grand intérêt des échecs, c'est que c'est facile à déployer. C'est facile à déployer, donc la stratégie qui a été menée, d'outiller avec des outils pédagogiques, les joueurs d'échecs, les animateurs de clubs, c'est très important. Pour jouer aux échecs, il faut des pièces. C'est assez simple, il faut un ordinateur, ça peut être assez simple et tout ça doit pouvoir intégrer sans aucun doute des équipes de soins. Je pense qu'on doit pouvoir proposer le jeu et le jeu d'échec en particulier, déjà une alternative aux écrans d'une certaine manière et en même temps quelque chose qui va porter une interaction à travers un jeu qui est lui-même stimulant pour ce qu'il est.
- Speaker #1
Selon vous, le jeu d'échec pourrait-il être un véritable outil de soutien thérapeutique au même titre que la musique ? que la méditation ou parfois d'expériences qu'on a pu voir avec "faire entrer des animaux à l'hôpital".
- Speaker #2
Tout ce que vous citez là ce sont des médiations. Donc aujourd'hui la psychiatrie a évolué à partir de ce qu'a été historiquement la psychiatrie institutionnelle et de se rendre compte que d'amener, là on était sur des malades mentaux, sur des pathologies mentales lourdes et des gens qui pouvaient vivre à l'hôpital du fait de la gravité de leur pathologie et de la déficience des moyens thérapeutiques. Aujourd'hui, heureusement elle n'est pas à ce niveau là qui a mené à ce qu'il fallait faire vivre des patients, qui était dans un monde d'enfermement, qui était l'enfermement hospitalier. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Mais cette thérapie institutionnelle a évolué vers des médiations thérapeutiques, c'est ce qu'on appelle des thérapies médiatisées, qui sont des outils qui vont permettre pour des patients qui sont dans des moments de vie difficiles, pas forcément confrontés à quelque chose de chronique, à une pathologie chronique, mais dans des moments de vie difficiles, avec des outils, que ce soit la danse, la musique, des échanges, des ateliers techniques et le jeu d'échecs, très probablement. à part cette médiation, à pouvoir avoir un levier thérapeutique et agir sur un levier thérapeutique qui puisse contribuer à une amélioration. Ce n'est pas un médicament, ce n'est pas une psychothérapie, mais c'est quelque chose qui va aider à améliorer une relation de soins et peut-être à une meilleure acceptation des soins, des démarches thérapeutiques ou de choses de l'ordre de la prévention. Il ne faut pas penser que le jeu d'échec va remplacer quelques techniques thérapeutiques que ce soit, c'est un outil supplémentaire.
- Speaker #1
Quels sont vos objectifs avec la fondation à horizon 2030 sur ce volet santé ?
- Speaker #2
Ce que vous ouvrez, c'est sans aucun doute d'aller vers le volet santé, d'aller vers le volet santé mentale, de diffuser par le jeu d'échecs quelques bons principes en termes de santé mentale, d'équilibre, de redonner une place au jeu, de redonner une place à l'imagination, de redonner une place à des stratégies, au plaisir dans la vie, et pas seulement à des enjeux de compétition économique, de rôle, de société. Donc on sort d'un rôle, on joue. Et tout ça en soi, ce sont sans aucun doute des vecteurs de santé. Et la Fondation va s'attacher à mesurer, à évaluer si tout cela, et c'est notre projet, c'est notre idée, il faut qu'on puisse valider par quelques données de preuves que tout cela est bien correct.
- Speaker #1
Sortir de son rôle, remettre le plaisir au centre, savoir jouer finalement dans la vie, c'est un petit peu ce que vous nous dîtes. Alors, avant de clôturer cette interview justement, j'ai une petite question sur le jeu. Si vous étiez une pièce du jeu d'échecs... laquelle choisiriez-vous pour mener à bien votre action avec cette fondation ?
- Speaker #2
C'est un jeu piège. La pièce royale, pour moi, ce n'est pas le roi, mais c'est la reine, sans aucun doute.
- Speaker #1
Vous seriez une reine ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Honneur aux femmes. Moi, je dis bravo, vive la parité et puis honneur aux femmes. Merci d'avoir répondu à cette interview, Maurice Bensoussan. On rappelle que vous faites partie du... du comité exécutif de la Fondation L'Échiquier pour la Vie, qu'en tant que membre du collège, vous veillez tout particulièrement au déploiement des actions de la Fondation en faveur de la santé mentale, qui est grande cause nationale en 2025. Aujourd'hui, nous étions donc au cercle de l'interalliée à l'occasion de la soirée d'inauguration de la Fondation L'Échiquier pour la Vie. Et pour approfondir le sujet de l'inclusion à travers le jeu d'échecs, rendez-vous à vous qui nous écoutez sur le site www. fondation-échecquierpourlavie.fr. Merci Maurice Bensoussan, à très bientôt.
- Speaker #2
Au revoir, merci Ă vous.
- Speaker #0
Conversations responsables, le podcast des écosystèmes inclusifs.