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Corporalités

#16 - Agathe Philbé ou la diversité du mouvement

#16 - Agathe Philbé ou la diversité du mouvement

50min |27/11/2024
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#16 - Agathe Philbé ou la diversité du mouvement

#16 - Agathe Philbé ou la diversité du mouvement

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Description

🎙️ Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Agathe Philbé, professeur de Movement à Paris. Nous avons plongé dans son parcours unique, marqué par une évolution passionnante : du yoga au Movement, une discipline qui place l’autonomie, la créativité et la diversité au cœur de la pratique.


👉 Quels éléments l’ont poussée à évoluer vers cette approche novatrice ?

👉 Comment définir la santé ?

👉 Comment trouver un équilibre entre les différentes pratiques corporelles pour mieux écouter son corps et avancer vers un bien-être global ?


Autant de questions fascinantes que nous avons explorées ensemble.


Agathe partage avec générosité sa vision et ses outils, fruits de son parcours personnel : un accident grave en 2015 et douze fractures qui l’ont amenée à reconstruire son corps, jour après jour, en puisant dans des pratiques variées. Cette expérience a transformé son enseignement, qu’elle guide aujourd’hui avec curiosité, résilience et écoute de soi.


🎙️ À écouter pour s’inspirer, réfléchir, et enrichir sa propre pratique du mouvement.


Pour en savoir plus sur le travail d’Agathe, découvre son site :

👉 https://www.agathephilbe.com/



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🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratrices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice empinade, danseuse improvisatrice, praticienne de chassons. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Et bien bienvenue Agathe pour ce nouvel épisode de Corporalité. Je suis ravie de faire ta connaissance en vrai. On s'est parlé par téléphone et on a fait connaissance autrement. Et donc, on va parler un petit peu de ton travail, de ta vision du mouvement. Et puis, on va partager plein d'idées gilets gilets. Je te laisse te présenter déjà pour commencer.

  • Speaker #1

    Déjà, merci de m'inviter et de me donner la parole. Je m'appelle Agathe, je viens d'avoir 42 ans et ça fait maintenant à peu près 5 ans, je dirais, que j'enseigne le mouvement, notamment à Paris, mais aussi dans d'autres contextes ou d'autres endroits en retraite. Voilà pour la version brève. J'enseigne à un public, on va dire, large, au sens où j'ai des personnes parfois qui veulent sortir de la sédentarité, mais parfois c'est des athlètes qui veulent intégrer de la diversité dans leurs pratiques. Parfois il y a des gens qui sont en rééducation. Donc voilà, c'est des publics très divers et c'est aussi ça qui m'intéresse. Et puis mon parcours, on va dire, en tant que professionnel dans mon métier lié au mouvement, il a démarré avec le yoga quand j'avais 23-24 ans. Ça fait un petit moment.

  • Speaker #0

    Donc c'est déjà une vie, toute ta vie professionnelle pratiquement dédiée au mouvement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai été quelques années photographe avant ça, mais oui, on peut dire que l'immense majorité de ma vie pro a été tournée vers ça.

  • Speaker #0

    Donc dans ce temps-ci, surtout quand on avait déjà un peu échangé, moi ce qui m'intéressait particulièrement dans ton parcours, c'est comment... Tu es passée d'une pratique du yoga, je prends Ashtanga, très codifiée, avec beaucoup de formes, un cadre assez important, à une pratique qu'on appelle maintenant le movement. Tu pourras peut-être me donner un peu ta définition de ce que c'est cette pratique, qui est une pratique plutôt très libre et très diverse. Qu'est-ce qui t'a amenée à faire ce chemin-là ?

  • Speaker #1

    C'est une longue histoire parce qu'elle est liée essentiellement à un accident de la voie publique que j'ai eu. Quand j'enseignais le yoga, j'enseignais effectivement et je pratiquais l'Ashtanga et arrivais à l'âge de 33 ans. Ça me semble long et court à la fois. 33 ans, j'étais à vélo, j'ai été renversée par une voiture. J'étais dans le sud de la France, j'étais en vacances chez mes parents. Et puis cet accident, qui était un accident grave, puisque j'étais à haute vitesse, la voiture était à plus de 100 km heure, et j'ai eu des fractures osseuses nombreuses. Dans mon malheur, j'ai eu la chance de ne pas avoir de séquelles au niveau du système nerveux. Néanmoins, le squelette a été durement touché de façon multiple. Et donc, bien sûr, ça a ouvert le chemin d'une rééducation qui a duré plusieurs années. Et cette rééducation, évidemment, elle a remis en pause mon rapport à mon corps, mais aussi ce que j'ai utilisé finalement pour, je ne veux pas dire me soigner ou guérir, parce que ce sont des mots qui sont tellement vastes et qui impliquent tellement d'autres choses que le mouvement. Ce serait trop simple. mais le mouvement qui a contribué à m'aider à sortir de ça a été autre chose que le yoga, même si c'est la première chose vers laquelle je me suis tournée, puisque c'est ce que je connaissais, ce dont j'avais l'habitude, je connaissais les codes, je connaissais ce milieu. Donc c'est d'abord par là que j'ai venu passer, mais en fait très rapidement je me suis rendu compte que c'était... ça allait être une voie sans issue on va dire pour moi parce que tout simplement mon corps me permettait de faire très peu de choses en tout cas par rapport à ce qu'est l'ashtanga ni même j'ai envie de dire le yoga postural en général. Pour moi être debout à un moment donné c'était déjà pendant assez longtemps d'ailleurs compliqué instable fatigant usant même donc j'ai dû aller chercher d'autres outils d'autres techniques d'autres méthodes et c'est de là que vient beaucoup ma pratique d'aujourd'hui, même si évidemment mes capacités elles ont évolué, et aussi mon enseignement. Donc ça a été on va dire ce choc initial et cette impossibilité, ça a été un peu par dépit de faire le yoga que je connaissais, qui a fait que j'ai changé complètement d'optique et puis une fois que j'ai eu récupéré, je me suis dit que finalement j'étais mieux là où j'étais et je suis pas retournée vers le yoga.

  • Speaker #0

    Tu enseignais déjà le yoga à cette époque là ?

  • Speaker #1

    Oui, ça faisait déjà quelques années, ça faisait je dirais trois ans que j'enseignais.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, le cheminement, il n'est pas le même non plus. C'était seulement pratiquement, tout c'était déjà enseignant, puisque quelque part, tu t'es approprié les outils un peu différemment. Et c'est vrai que la pratique du yoga, elle n'est pas si accessible que ça physiquement pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    C'est ce dont je me suis rendu compte à ce moment-là. C'est vrai que moi, j'avais 33 ans, j'avais jamais une blessure grave. Et en fait, ça, c'est une question qui, moi, est beaucoup rentrée après dans ma vie. C'est la question du privilège. d'être en bonne santé, d'être sur ses deux jambes. Et un peu, c'est un chapitre qui est très large, mais c'est des discours qu'on entend parfois dans la culture du mouvement. Il y a ce côté si tu veux, tu peux En gros, bouge-toi les fesses, vas-y, mets-toi dans le dur. Et ça vient souvent, et c'est toujours comme ça, de personnes dont on voit qu'une fois, ils se sont fait les croiser. Et du coup, ils se disent qu'ils connaissent la blessure ou la limitation. La limitation, ce n'est pas se faire les croisés, c'est autre chose. Et ça, pour moi, c'est important de le rappeler. Et c'est vrai que oui, quand on a vraiment des limitations, mais moi, ça a été un accident, mais ça peut être pour certaines personnes du surpoids, ça peut être des lésions neurologiques, ça peut être des maladies chroniques. Moi, je ne suis pas médecin, mais je sais que ça existe tout ça. Et le yoga, on est dans beaucoup de cas, dans le cas de beaucoup de cours, avec beaucoup de professeurs, n'est pas une pratique accessible. Un exemple classique c'est souvent une posture de repos dans le yoga, c'est la posture de l'enfant. On vient s'asseoir derrière sur les talons avec par exemple les bras le long du corps ou les bras devant. Il faut une flexion de genoux des deux côtés qui est non seulement complète mais qui supporte une certaine intensité. Et ça pour moi, quand j'avais le genou qui plaidait à 90 degrés après six mois d'effort, j'en étais encore à deux ans de pouvoir faire ce truc qui était considéré comme une posture de repos. donc là j'ai compris que ça allait être problématique mais c'est problématique pour beaucoup de personnes donc c'est vrai que si des personnes se disent le yoga c'est censé être pour tout le monde mais en fait je suis dans ce cours je galère j'ai envie de dire c'est normal ou c'est pas choquant

  • Speaker #0

    ou alors il faut que ça soit très adapté avec des pratiques sur chaise moi je sais que dans les pratiques que je fais que ce soit dans le pilates ou aussi dans d'autres techniques qui sont le gyrotonique, le gyrotinésisme des choses comme ça... où ça a été justement apporté tout un travail sur la chaise. Les gens qui ont des problèmes de genoux, qui ne peuvent pas aller au sol, aller au sol est assez inaccessible pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Aller au sol, c'est déjà pouvoir aller au sol de façon confortable. Alors, il y a des techniques, il faut aussi le pratiquer, mais c'est aussi un privilège qui implique au niveau articulaire et de mobilité, déjà un certain nombre, on va dire, de prérequis. Donc, moi, pendant ma rééducation, je sais que j'ai travaillé pas mal, j'ai fait du pilates sur machine. J'ai fait aussi du rotonique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est à hauteur.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est moins… Tu as de l'assistance,

  • Speaker #0

    tu as des poulies.

  • Speaker #1

    C'est ça, le poids est un peu porté. Et dans ce cadre-là, pour moi, ça a été salvateur, physiquement, mais aussi mentalement. D'arrêter de se sentir comme une personne pour laquelle rien n'est possible, en fait. Et ça, psychologiquement, au bout d'un moment, ça pèse quand même. Donc oui, heureusement qu'il y a les supports. Et dans le yoga, tu as raison, on le trouve aussi dans certains cours. mais je ne pense pas que ce soit la majorité des cas.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas la règle. Surtout, on est dans une modalité de yoga, certains courants qui sont très instagrammables, on pourrait dire ça comme ça, qui privilégient beaucoup la performance. C'est un peu ce qu'on voit le plus, un peu tout public, et ce n'est pas du tout un yoga accessible. Oui,

  • Speaker #1

    c'est sûr que le yoga, c'est un peu le même. Ça aussi, c'est un sujet très vaste, mais le lien avec l'image, il n'y a pas que le yoga, il y a la pratique physique en général, mais peut-être le yoga notamment. C'est sûr que là, c'est encore toute autre chose. La photo Instagram, là, c'est encore l'étage au-dessus, j'ai envie de dire, du truc inaccessible pour le commun des mortels.

  • Speaker #0

    Tu dis que c'est dans le monde du mouvement, mais pas que, c'est dans notre société en général. le visuel, tu vois, être dans la...

  • Speaker #1

    Oui, alors tout à fait, non, mais le visuel, c'est en général, c'est absolument pas comme nous en sommes, c'est sûr, mais c'est vrai que dans la culture du mouvement, il y a une espèce de philosophie de comptoir, de bas étage, je ne sais pas comment il faut l'appeler, de gens qui n'ont pas beaucoup de philosophie dans leur vie, je pense, sans vouloir être... Et avec des concepts un peu fumeux, comme l'antifragilité... comme des choses comme ça, des espèces de dérivés, de niches mal lues à la petite semaine, que l'homme puissant, c'est celui qui fait l'effort, qui est dans cette recherche un peu de résistance, de force, d'adaptation permanente, tout ça parce que quand il fait trois moutes de pluie, il sort dehors, faire un footing de dix minutes, il y a une espèce de verbiage et un peu d'autosatisfaction comme ça autour de la force. force. Le dépassement de soi. Le dépassement et même de se dire, moi, les choix que je fais dans ma vie me rendent résistant. Mais j'ai envie de dire, résistant à quoi ? Si c'est résistant à faire des pompes sous la pluie ou à pratiquer à 7h du matin, ce n'est pas très compliqué. Les vraies difficultés dans la vie, je pense qu'elles ne résident pas là. Quand on en a vécu et on en vivra tous, c'est juste une question de moment. Après, plus ou moins, parce qu'on est plus ou moins privilégiés aussi. mais quand on pense difficulté dans la vie si on pense pratiquer à 7h du mat c'est qu'on a une vie très facile vraiment très facile et ça c'est un truc qui est un peu agaçant parce que moi je trouve que l'antifragilité elle se trouve plus chez je sais pas moi, une infirmière qui se travaille, qui fait son taf 8h ou 10h de suite et qui ensuite a des enfants à charge pour moi l'antifragilité elle est plutôt là mais bon bref, je referme la parenthèse mais c'est vrai que... Voilà, ce discours sur ce que ce serait la force, ce que ce serait de ne pas être fragile, que dans nos sociétés, on est des fragiles parce qu'on a trop de confort, ça dépend qui. Oui,

  • Speaker #0

    on revient à des concepts. Je retombe assez souvent sur ces notions-là quand je discute avec des personnes de ça, parce que finalement, on en revient toujours à… à quelque chose de social, à quelque chose presque de positionnement politique. C'est-à-dire que pour qui on pratique, pour qui c'est pratique, et qui en a le plus besoin, et comment c'est accessible. Est-ce que le soin du corps est accessible pour tout le monde, loin de là ? Ce n'est pas du tout le cas. Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on se positionne par rapport à ça ? C'est une question que j'ai moi-même, je n'ai pas de réponse et je me sens aussi assez démunie par rapport à ces questions, mais ce sont des questions qui me taraudent beaucoup. Et ça m'en vient à développer un peu l'axe de la santé. Qu'est-ce que c'est la santé ? On avait un peu discuté de ça. Est-ce que tu parles de… non d'ailleurs tu n'as pas utilisé ce mot-là, mais d'adaptabilité, de… peut-être même de résilience, de se reconstruire d'une certaine manière, peu importe ce que tu as traversé, que ce soit d'ailleurs mental, physique, émotionnel, etc. Ça peut être des dépressions, ça peut être… C'est quoi en fait la santé ? Comment tu utilises ta pratique pour être en bonne santé ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, moi c'est une question que je ne m'étais jamais vraiment posée, puisque comme j'avais toujours été dans mon sang en bonne santé, c'était comme une évidence. Non, j'avais… encore une fois ce privilège qui est immense, on le réalise après, de ne pas vraiment me poser la question, comme tout le monde, quand je n'étais pas malade, j'étais en bonne santé, mais malade, ça voulait dire avoir une angine. Donc en fait, cette question, je me la suis vraiment posée après l'accident, au sens où, ok, il y a l'accident, on est aux urgences, ensuite il y a trois mois vraiment de dur, ensuite on réapprend à marcher, tout ça, la question ne se pose pas parce qu'on se reconstruit. Puis à un moment donné, je commençais à récupérer un semblant de vie normale. Je pouvais à nouveau marcher sans béquille. Un jour, j'ai pu marcher sans douleur. Il y avait quand même les conséquences, bien sûr, psychologiques de ce que j'avais traversé, mais j'allais quand même mieux. J'avais repris du poids, mes fractures étaient consolidées. Et à un moment donné, je me suis dit, mais… à quel moment je vais me dire ou sentir que je suis à nouveau en bonne santé ? Et c'est une question qui n'avait pas vraiment de réponse, mais qui a été un point de départ pour mes recherches, dans le sens où ce que je savais, c'était que je cherchais ça, cette idée de me dire, OK, j'ai des séquelles et j'en garderai toute ma vie, il s'est passé ce qui s'est passé, je ne peux pas l'effacer, ça fait partie de mon histoire et ce sera toujours le cas. Peut-être même qu'il y aura d'autres, je touche du bois, pas aussi grave, mais d'autres histoires dans ma vie. Et c'est quoi le fil que je peux continuer à tirer pour quand même, et malgré les séquelles et tout ça, retrouver un état de santé. Donc une sorte d'harmonie avec mon corps, d'équilibre comme ça. Et la première chose qui a surgi liée à cette question-là, c'était vraiment la notion de diversité. Donc de me dire… Pour moi, être en santé, si j'ai la chance de pouvoir recourir, par exemple, ou marcher sans douleur, ça va être pouvoir faire une randonnée, marcher deux, trois heures dans la montagne, et que ce soit peut-être parfois difficile, mais possible. Ça va être retrouver une certaine souplesse, une mobilité particulière là où je pourrais. Ça va être, comme je disais tout à l'heure, être capable d'aller au sol, à l'étage intermédiaire à quatre pattes et debout en étant bien. Ça va être aussi retrouver une forme d'exposition, explosivité. Par exemple, il y a un moment donné, j'ai retravaillé un peu sur mon système nerveux et c'était juste sauter du haut d'une marche d'escalier ou de deux marches d'escalier. Ça, ça m'a demandé une sorte de reconnexion, de faire tomber de la peur, des appréhensions, bien sûr que j'avais, puisque j'avais eu beaucoup de fractures aux jambes. Donc ça aussi, ça pouvait en faire partie. Et puis après, c'était des trucs du quotidien. J'avais une nièce qui avait 6-7 ans à l'époque, pouvoir la reprendre dans mes bras, la porter sans y penser, que ce soit simple. jardiner avec ma mère. Donc c'était un mélange de choses. En fait, finalement, il y a des choses objectives. Vivre son douleur, par exemple, ou avec le moins de douleur possible. Soigner aussi la santé mentale, donc me sentir peut-être moins fragile quand j'étais sur la voie publique, avec du temps. Il y a des choses comme ça. Et puis il y a des choses qui relèvent de choix subjectifs. Pouvoir jouer avec un enfant, reprendre du ski, par exemple. J'ai grandi auprès des montagnes, donc j'ai eu la chance de skier étant jeune, donc refaire du ski sans avoir la peur panique de la chute. Donc, c'est des aspects à la fois physiques et mentaux. Donc, je pense que c'est une question que chacun peut-être pourrait se poser. Moi, je ne peux pas en donner une définition à part celle de ce côté divers. Je ne pourrais pas en donner une définition précise, mais par contre, je trouve super intéressant que chacun, chacune, se l'approprie au-delà des choses, des grandes lignes. connaît tous et toutes de se dire mais pour moi en fait aujourd'hui et dans dix ans vingt ans trente ans qu'est ce que ça va vouloir dire vivre et vieillir en bonne santé la meilleure santé possible et ça ça vraiment après conduit mais recherche pour ma pratique est aussi ce que je partage avec nous et serait en quelque sorte pouvoir jouir de

  • Speaker #0

    son corps comme tu comme tu en a envie point

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu ça.

  • Speaker #0

    De ne pas avoir de limites.

  • Speaker #1

    Je crois que c'est Feldenkrais qui a dit La santé, c'est la capacité à réaliser nos rêves avoués et inavoués. C'est beau ça. C'est une phrase que j'aime beaucoup. Et je pense qu'il a raison. C'est pour ça que la santé, c'est un tel trésor. Et c'est pour ça que quand on la perd, on se rend compte que tout le reste est vraiment très, très utile. Parce qu'elle est liée à la possibilité de… de réaliser nos rêves, aussi simples que soient-ils. Marcher, c'est déjà un luxe. Pouvoir se réveiller sans avoir de douleur, c'est déjà un luxe. Et ça permet de vivre notre journée, entre guillemets, comme on en a envie. Donc, toutes ces choses-là, c'est des joyaux dans une vie. En tout cas, moi, j'essaye de préserver, de protéger. Après, la vie, elle a lieu. Et c'est en ce sens que le concept d'adaptation L'antifragilité, entre gros guillemets, n'est pas que débile. Ça peut avoir aussi du sens dedans. Certains cas, vraiment avec des pincettes. Et je comprends l'idée qu'il y a derrière, parce que c'est vrai qu'il faut aussi s'exposer à une forme de stress de temps à autre.

  • Speaker #0

    De ce que j'ai compris, l'antifragilité, ce serait une capacité à s'adapter aux difficultés qui apparaissent sur ton chemin. Mais peut-être que c'est une version un peu simpliste de l'idée.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est... Malgré tout, je pense que c'est une idée simpliste. Parce que par définition, ce qu'on ne peut pas prévoir, on ne peut pas le prévoir. Si on s'est préparé pour un truc, c'est qu'on s'est préparé pour quelque chose qu'on a prévu. Donc quand on réfléchit vraiment deux minutes, l'imprévu, le vrai imprévu, c'est… par exemple ce qui m'est arrivé, mais c'est Tiens, mon frère s'est tué en montagne hier, qu'est-ce que je fais maintenant pour survivre à ça ? Ça, c'est l'imprévu. Et je ne suis pas certaine qu'il existe des pratiques, ou alors il faut me les donner, qui nous préparent réellement à ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Des pratiques spirituelles ?

  • Speaker #1

    Peut-être, sans doute. Mais en tout cas, après, c'est vrai que pour les plus privilégiés d'entre nous, Il est certain que beaucoup de confort, parfois du confort très accessible, pour le corps et même pour le mental, ça n'est pas que positif. Et il est vrai aussi que de s'exposer à un peu de difficulté, à un peu de tension, à un peu d'émotions complexes, de la peur parfois, mais à dose ajustée, et puis de la difficulté physique, ça a du sens. Quand on a le loisir de le choisir. et de le cultiver parce qu'on se dit que ça, en retour, ça va nous amener quelque chose pour le futur. Ça peut avoir du sens, mais il faut que ce soit bien mesuré. Et quand on enseigne, je pense qu'il faut savoir à qui on s'adresse. Et par définition, quand on voit quelqu'un arriver, on voit une image, mais on ne sait pas l'histoire de la personne. On ne sait ni l'histoire de son corps, ni l'histoire de son mental, de son esprit. On ne sait pas ce qu'elle a vécu la veille. Donc, imposer ou en tout cas imaginer, qu'on va l'aider à être moins fragile en lui expliquant qu'il faut se faire mal dans la pratique, qu'il faut se faire un peu mal, c'est plaquer sur les lèvres des croyances sur ce qu'est sa vie. Et ça, je pense que ça peut être problématique. Et à l'inverse, ça peut être vrai aussi. Des fois, on voit quelqu'un, on dit ça n'a pas l'air d'aller et en fait, la personne a des ressources, et peut-être même plus que ce qu'on pensait. Donc, ça marche dans les deux directions. Et c'est vrai que je pense qu'on a une responsabilité, comme on m'enseigne, à se dire Ok, je ne connais pas cette personne en fait. Je me dis Ah tiens, il est tout petit, tout maigre, qui ça trouve il est hyper costaud. Et inversement, je peux me dire Ah, disons qu'elle a l'air d'avoir la dolçivita, je vais lui en mettre un petit coup. Ben, tu ne sais pas non plus ce qu'elle a vécu la veille, donc, il ou elle. Donc voilà, c'est pour ça que je pense que cette idée de fragile, résistant, nanana, c'est très complexe. déjà pour nous-mêmes, elle rentre plus pour nos élèves, doublement. Mais bon, c'est un sujet qui est très vaste, même si, je le redis, c'est vrai que dans l'idée de santé, il y a la notion de pouvoir s'adapter, de construire l'idée que des options diverses peuvent se présenter à nous et de cultiver peut-être une capacité à y répondre d'une manière ou d'une autre. Moi, dans mes élèves, j'ai par exemple énormément d'enseignants de yoga et c'est vrai que... parfois qui sont en très bonne forme, jeunes, etc. et qui se sont parfois hyper spécialisés. Il est certain que ça a des conséquences sur leur capacité à ouvrir le corps à d'autres environnements, d'autres types de pratiques, d'autres énergies, d'autres vitesses, d'autres rythmes. Et on le voit, ce que le corps n'utilise pas, il le met de côté et il l'oublie. Je reconnais que c'est aussi dommage dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un vrai sujet pour moi de me dire, quand tu viens très spécialisé dans une technique, dans une méthode qui est très formalisée, en fait, chaque choix est quelque chose dont tu te coupes. Plus tu vas te spécialiser dans une chose, plus tu te coupes des autres choses. Donc moi, c'est ce que j'appelle les ongles morts. Il y en a à peu près dans beaucoup de méthodes. Il me semble que dans le mouvement, c'est très ouvert et qu'il y a... peut-être moins d'angle mort, ou en tout cas, vous les chassez plus. Donc peut-être, j'aimerais bien que tu nous expliques un petit peu, pour ceux qui ne connaissent pas trop, on a déjà interviewé, j'ai déjà interviewé Alain qui nous a parlé de ça, mais quelle était ta vision du mouvement, et peut-être comment tu es arrivée, et qu'est-ce que tu développes toi dans ta pratique, dans ton enseignement ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que la notion d'angle mort, moi j'appelle ça des zones d'ombre, mais c'est pareil. Moi, à titre personnel, dans ma pratique, je ne sais que... chasser ça, quasiment que, on va dire. Maintenant, pour revenir à ton autre question un peu plus générale, pour moi, la pratique du mouvement, c'est la cultivation via des méthodes diverses des grandes qualités motrices du corps humain, qui sont la souplesse, la force, la coordination, l'endurance. l'explosivité et l'agilité, on va dire. Donc ces qualités motrices, elles peuvent être cultivées de plein de manières différentes, avec des méthodes différentes, des regards différents, des options différentes. Et chacun, chacune d'entre nous, on a sur notre territoire de mouvement, et c'est lié à notre corps, notre génétique, notre histoire, nos goûts aussi, sans doute des facilités à certains endroits, et à d'autres endroits, plus de difficultés, moins d'appétence, pour plein de raisons. C'est de se dire, si par exemple je suis quelqu'un de naturellement très souple, au lieu de faire beaucoup de choses qui vont encore améliorer, faire grandir, pousser plus loin cette souplesse pour devenir quelqu'un d'hyper souple, je vais me dire, moi, soit je n'ai pas beaucoup de force ou je ne suis pas très explosif. Au lieu de faire, je vais réduire un peu la dose sur ce qui entretient ma souplesse, ou ce qui la renforce, ou ce qui l'augmente, et je vais aller travailler. faire un peu monter le niveau dans mes zones d'ombre, justement là où je suis moins à l'aise, là où spontanément j'ai peut-être moins envie d'aller parfois, et pour avoir quelque chose de plus harmonieux en termes de ces capacités motrices. Donc voilà, moi c'est la définition que j'en donne, je ne sais pas si c'est clair.

  • Speaker #0

    C'est super clair.

  • Speaker #1

    Et pour chacune de ces capacités, on a plein de chemins différents. L'exemple que je donne souvent, c'est celui de la… de la coordination parce que c'est vrai qu'on peut le prendre par plein d'angles. Les gens qui font de la danse sont souvent des gens qui travaillent leur coordination, Ausha, au bas, parce que pour suivre une chorégraphie, ça rentre complètement en jeu. Mais ça peut être aussi les gens qui font de la boxe, qui sont souvent assez coordonnés, en tout cas dans le haut du corps. La latéralité, le fait de travailler avec un partenaire, de s'adapter aussi à sa coordination à lui ou à elle. On se trouve ça dans le cirque avec des balles, de la manipulation d'objets, dans un travail rythmique, etc. Donc toutes ces façons d'aborder la coordination sont toutes aussi valides les unes que les autres. C'est juste des regards différents sur cette capacité motrice-là. Mais c'est vrai aussi de l'ambiance, c'est vrai de la force, c'est vrai de l'agilité. On va retrouver pareil dans le parcours, dans le cirque, dans de la capo-héral, dans le coup, et dans de la gym. et comment je veux nourrir ma propre agilité sans devenir gymnaste, sans devenir prof de capoeira, mais en allant chercher des outils dans ces divers domaines qui me nourrissent et m'intéressent pour aller un peu fouiller cette zone nombre.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve très intéressant dans cette proposition-là, c'est d'ouvrir les bantailles des possibles dans ton vocabulaire corporel. C'est ce que... Pour moi, c'est quand tu deviens très fort en une chose, dans une de ces capacités dont tu parles, par exemple la souplesse ou la force, etc., c'est comme si je faisais des phrases ou un texte en n'utilisant que la moitié des lettres de l'alphabet. Je ne me donne pas la possibilité d'avoir quelque chose de très large, voire d'inventer des nouveaux mots. C'est un peu l'exemple que je donne. Et souvent, on est très cantonné, comme tu disais, à... Est-ce qu'on a ce pourquoi ? On a l'appétence ? J'avais, je pense, écouté une fois Ido Portal qui parlait de ça. Il disait, comment tu choisis ta pratique ? Est-ce que c'est toi qui as choisi ta pratique ou la pratique vient en toi parce que c'est une facilité pour toi et que c'est celle-là qui arrive ? Enfin, voilà. Parce que je pense qu'il a aussi beaucoup amené au début de ce mouvement-là.

  • Speaker #1

    Oui. C'est vrai que lui, il tient, pour parler d'Ido Portal, il a... qui a beaucoup popularisé cette idée de culture de mouvement. Il tient un discours qui est intéressant, je trouve. Moi, je trouve que c'est un équilibre entre les deux, où il dit, en fait, la pratique, ce n'est pas un hobby. C'est-à-dire, un hobby, c'est quelque chose que tu as envie de faire, que tu aimes bien faire, que tu trouves fun. Et la pratique, ce n'est pas ça. C'est plus une connaissance de soi, un rapport à soi-même. Il y a une forme de rituel. Et c'est aussi, justement, visiter des zones d'ombre, donc de la difficulté, là où il n'y a pas nécessairement d'appétence. Et c'est... et de se connaître aux endroits où on n'a pas d'appétence. Moi, je dirais que c'est un mélange des deux. Je pense que pour que ce soit tenable, en tout cas pour moi, si le personnel a le long terme, il faut qu'il y ait des endroits que je visite pour lesquels j'ai de l'appétence, parce que je pense que la joie, le plaisir, c'est un moteur qui est très puissant et je n'ai pas envie de le mettre de côté. En revanche, c'est un équilibre et c'est sûr qu'il n'y a pas que de la joie et du plaisir dans ma pratique. Il y a aussi des fois des trucs où je me sens nulle. Mais je sais pourquoi je le fais. D'une part, pour me sentir un petit peu moins nulle, parce que tout ce qu'on fait, même si on part de très bas, à un moment donné, en répétant, on va être un petit peu moins bas au bout d'un moment, tout autant qu'on est. Et puis aussi, pour... me frotter à ce moment où je suis débutante et je ne sais pas faire.

  • Speaker #0

    Déjà en tant que prof, je pense que c'est important. Et puis en tant qu'individu aussi… Se remettre en danger en quelque sorte à chaque fois. Oui, c'est ça. Et puis aussi dans la posture de Ok, tout est possible, je n'ai rien à prouver à personne, je le fais pour moi. Et là, on retrouve aussi l'idée de santé. Parce que la santé, c'est aussi en termes de cerveau. Les enfants, ils sont tout le temps exposés à des choses qu'ils vont devoir apprendre et qu'ils ne savent pas faire. couper avec des ciseaux, marcher déjà d'abord, après jouer avec un ballon, apprendre à écrire. Faire du vélo. Exactement. Pendant quelques années, là, jusqu'à, je ne sais pas, peut-être une dizaine d'années, il y a des apprentissages moteurs en permanence. Et en permanence, c'est pour ça que le cerveau des enfants, il est plastique et il est très agile, justement. Et c'est quelque chose qu'on perd, pas parce que le cerveau change et perd cette capacité-là, mais parce qu'on ne cultive plus du tout ce truc de l'apprentissage. mais le vrai apprentissage, pas je ne sais pas moi, je suis au boulot et j'ai appris à utiliser un logiciel. Non, vraiment d'être complètement à nu devant un truc, comme quand on apprend une nouvelle langue. Ça, ça peut arriver aussi à l'âge adulte. Là encore, c'est assez rare. Mais de découvrir quelque chose, de se dire Ok, je suis à zéro là et j'y vais. Et donc, je vais me tromper, ça va être frustrant, je vais me sentir nulle, je vais être nulle, mais je passe à travers. Et cette situation-là, réellement, je pense que la plupart des adultes sont rarement confrontés à ça. Et ça a un impact sur notre cerveau.

  • Speaker #1

    Mais il y a des gens qui ont plus le goût de ça. Moi, j'adore faire ça. J'adore apprendre plein de nouvelles choses tout le temps, des nouvelles langues. Là, je vais me mettre à jouer de l'accordéon. Je vais chercher un accordéon demain. Je commence un nouvel instrument de l'éliminale. Donc, effectivement, je suis marre de zéro. Il y a une coordination qui va faire... prendre tout ça. Peut-être qu'il y a certaines personnes aussi qui ont plus de goût à faire ça, soit par l'habitude, par l'éducation, par une sorte de curiosité intellectuelle. Comment tu cultives ça, toi, chez tes élèves, par exemple ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que tu as raison. Il y a des gens qui ont plus une appétence pour ça. pour ça. Néanmoins, je pense aussi et en particulier, on vient un peu à ce qu'on disait tout à l'heure dans le cadre d'un cours de sport ou activité physique on a surtout, je pense, le goût d'être le meilleur ou de ne pas être, encore plus important, de ne pas être le ou la nul du groupe. Et ça, c'est un truc, les gens se regardent du point de l'œil, on se compare, on le voit beaucoup dans les cours de yoga, mais on le voit partout. Oh là là, lui, il est ouf, il y en a une qui est plus nulle que moi. Et ça, c'est un truc qui est mortel parce que ça crée une peur, panique de se retrouver dans la position d'apprenant ou d'apprenante. Donc, ce que moi, j'essaye de faire, et je pense que les élèves le voient assez vite, c'est que ce qui est bien avec la diversité, c'est qu'on sera toujours nul à un moment donné. C'est rare que, je ne sais pas, la personne qui avait beaucoup de force, elle est aussi, ce soit la plus souple et puis aussi, ce soit la plus endurante et aussi, ce soit celle… Ça peut arriver, mais c'est quand même... Oui, donc en fait,

  • Speaker #1

    ça se mélange dans le groupe.

  • Speaker #0

    C'est ça. Celui qui était le fort à un moment donné va se retrouver avec le nul la demi-heure d'après. Et ça, c'est vachement puissant, en fait, et inversement. Et on s'aperçoit que, ah bah oui, moi, cette capacité-là, je l'avais, mais celle-ci, je ne l'ai pas. Et puis elle, je rigolais tout à l'heure, mais maintenant, elle me met à la mande. Donc, ça, c'est super chouette parce que ça dédramatise, en fait, ce truc-là. Et puis, ce qu'on utilise beaucoup dans les cours de mouvement, c'est le jeu. Et ça aussi, c'est assez puissant dans le sens où ce qu'on essaye de mettre en place, en tout cas pour ma part, c'est des jeux. Il y a un livre, j'ai oublié le noteur, qui s'appelle Jeux finis et jeux infinis Et donc, il compare la notion de jeux finis, c'est celle où on compte les points. Et puis, à un moment donné, il y a un gagnant et un perdant. Donc, c'est ce qu'on a dans le sport en général. Ça peut être un chronomètre, ça peut être des points. Et à la fin… se termine à la fin du match ou la fin de la course et puis c'est fini puisqu'il y a un gagnant donc c'est que c'est fini. Un jeu infini c'est celui où on va devoir collaborer pour arriver ensemble à un objectif commun mais dans le jeu et donc on n'a aucun intérêt à ce que ni toi tu perdes ni moi mais on veut continuer à jouer. Un exemple que je donne qui est simple que je fais parfois quand j'ai deux élèves et je leur fais se lancer une balle soit avec leur main dominante ou non dominante, on peut changer, et de se dire, ok, on commence en étant à 3 mètres de distance, et à chaque fois qu'on y arrive, donc je te la lance, tu l'attrapes, et inversement, on recule d'un pas, et on continue comme ça. Et donc, au bout d'un moment, on se retrouve. quand même relativement loin et ça devient de plus en plus compliqué de bien viser la personne. On n'a pas le droit de partir en courant pour attraper la balle, on doit rester là-haut. Ça devient de plus en plus compliqué, moi, de te la lancer bien pour qu'elle arrive sur toi et toi de bien la rattraper à distance et de la choper. Et on a tous les deux ou toutes les deux envie que ça fonctionne parce qu'on s'amuse et que donc bah moi je vais essayer de bien te la lancer, toi tu vas essayer de bien la rattraper et de bien me la lancer en retour. Et l'idée c'est qu'on ferme pas. mais ensemble et donc tout d'un coup ça change complètement la dynamique et s'il y a une personne qui est moins à l'aise avec la balle moi mon but c'est pas de te mettre 10 points dans la face et de gagner le match c'est que t'y arrives donc te la lancer vraiment encore mieux de t'expliquer ah essaye de l'attraper plutôt comme ça ah ben là ça marche mieux et donc on va collaborer dans le jeu et ça je trouve que c'est un outil vraiment puissant parce qu'on oublie tout d'un coup ah il est meilleur que moi Non, puisque de toute façon, on est ensemble. Donc voilà, ça, c'est une des manières de faire. Après, je pense que c'est peut-être aussi avec le temps. C'est toujours inconfortable de recommencer quelque chose, de reprendre à zéro. Voilà, mais c'est un peu le but parfois. Et puis,

  • Speaker #1

    quelques fois, on a des mémoires. Tu parles de balles. Moi, j'ai été traumatisée par les balles. J'étais super nulle au collège. C'était pime. Pong, basket, volet C'était l'enfer Pour moi dès qu'il y avait une balle je me cachais Et donc J'ai cette espèce de troubade Dès que quelqu'un veut aller jouer avec des balles Je me dis oh non je vais être nulle Je sais pas faire Et c'est quelque chose qu'on le voit Et tu te le traînes en fait Toute ta vie d'adulte Et des fois je me dis non il n'y a pas de raison Je suis quelqu'un de coordonné Agile Il n'y a pas de raison que je n'arrive pas à rattraper une balle Donc il y a cette espèce de d'automatisme ou de conditionnement qu'on a eu aussi des fois sur certaines tâches.

  • Speaker #0

    Complètement, et ça je le vois beaucoup chez les femmes, avec les balles et les ballons, c'est hyper marquant, je vois tout de suite qu'il y a quelque chose d'un peu…

  • Speaker #1

    Ou d'aller au contact.

  • Speaker #0

    Oui, le contact, et c'est là que c'est très important aussi la pédagogie, et ce qu'on essaye de faire c'est d'apprendre à apprendre, c'est-à-dire qu'apprendre, déjà il y a des méthodes, il y a des manières, et puis il y en a qui vont nous convenir plus que d'autres. Selon notre caractère, comment notre cerveau est fait, d'une certaine façon, et c'est là que notre rôle de prof, même quand on pratique pour nous, il est important, c'est le questionnement de comment, même s'il y a ce recul premier ou cette appréhension, comment j'arrive à déconstruire ça et à proposer des tâches qui soient suffisamment accessibles au début, pour tirer un peu le fil et démêler la pelote progressivement, et que la personne puisse trouver un chemin d'accès. à se dire ce que tu viens de dire, à savoir, mais il n'y a pas de raison en fait. Il y a des raisons, mais il n'y a pas de raison. C'est à dire, il y a des raisons historiques liées à ton passé et qui sont, ou à toutes quand on était au collège, mais ces raisons, peut-être qu'elles ne tiennent pas si fort que ce que je pensais face au fait de s'amuser, de découvrir quelque chose et de se surprendre soi-même aussi. Donc, c'est là qu'il faut un peu de méthode et de psychologie aussi. pour arriver à emmener les gens sur ce genre de terrain.

  • Speaker #1

    C'est construire un peu les mythes qu'on s'est construits, qu'on s'est dit sur notre corps. Par exemple, je ne suis pas capable de ceci, je ne suis pas capable de cela.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est aussi l'acceptation de commencer petit. Ça, c'est quelque chose qu'on a beaucoup de mal à vraiment faire. On croit qu'on le fait parfois, mais on ne le fait pas vraiment. Parce que moi, je vois souvent sur la course à pied. Parfois, je partage un peu ça sur les réseaux. Moi, je suis une coureuse, une piètre coureuse. Mais par contre, je m'y suis remise il y a un an, justement parce que c'était plus que piètre. Et donc, je me suis dit, j'aimerais bien pouvoir courir une demi-heure sans être à la mort. Ça m'a pris un certain temps. Et j'ai souvent des gens qui m'écrivent, notamment des femmes, Ah oui, j'ai voulu me remettre à courir, mais au bout de 20 minutes, je suis fatiguée. 20 minutes, c'est déjà beaucoup. Non, 20 minutes, c'est énorme. 20 minutes, c'est énorme. De passer de 0 à 20 minutes, en fait, c'est un gap qui est monstrueux. Donc, sauf si tu as à côté de ça une activité cardio ou que tu as génétiquement, et ça arrive aussi, une facilité pour ça, et peut-être que tu vas te faire tes premières 20 minutes avec un peu la goutte de sueur, mais ça ira. La plupart des gens qui ont plus de 20 ans et ne font pas de cardio à côté, 20 minutes d'un coup, c'est énorme. Donc, essayer de dire, mais... à quel point la comparaison, elle est mortelle quand on se dit qu'il faut qu'on commence par 20 minutes et qu'on ne s'est pas dit, attends, avant 20, il y a 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 1, 3, 2, 1. Mais c'est vrai, on peut commencer par courir une minute. Moi, personnellement, c'est ce que j'ai fait, en alternant avec de la marche. Mais vraiment, et moi comme tout le monde, vraiment se dire, je ne vais pas me comparer, aujourd'hui, c'est devenu, c'est quasiment un ébreu.

  • Speaker #1

    C'est à toutes les applis. L'autre jour, j'ai écouté un podcast qui parlait de ça, de la pression.

  • Speaker #0

    C'est une folie, quoi. Tous les mecs qui postent tout le temps, leur temps, leur machin, les trucs. C'est très compliqué de se dire, non mais réellement là. vraiment est-ce que je vais réussir pendant les 20 minutes ou le quart d'heure que je vais faire surtout pourquoi tu le fais c'est ça exactement pourquoi tu le fais quel est ton objectif et est-ce que c'est possible d'être soit dans un corps des fois on voit passer des trucs comme ça danses chez toi comme si personne ne te regardait mais est-ce que tu peux courir comme si personne ne te regardait ou faire des pompes comme si personne ne te regardait n'importe quel mouvement comme si personne ne te regardait et comme si tout le monde s'en foutait, ce qui est le cas, à part nous-mêmes et l'idée qu'on se fait de ce qu'on devrait réussir à faire au bout d'une semaine, deux semaines, un mois. Souvent, ce que je rappelle aux gens, c'est que même les gens qui postent, qui courent vite et qui postent leurs performances sur les réseaux, ne sont jamais des sportifs professionnels. Eux-mêmes sont nuls. par rapport à beaucoup de gens. Donc, en fait, on s'en fout, quoi. On est tous des nuls entre nuls. Il y en a juste qui sont un peu moins nuls que nous qui sommes peut-être plus nuls. Mais au final, on n'est pas des marathoniens. On ne va pas avoir la médaille au JO et on court pour nous parce que ça nous plaît, que ça nous amuse, qu'on sent qu'on en a besoin. Mais je pense que c'est quelque chose, même moi, je le remets sur la table à chaque fois que je sors. C'est-à-dire, OK, l'intention, c'est laquelle ? J'ai progressé, mais jusqu'à quel point je veux progresser ? À quel point c'est l'obsession de progresser, d'aller plus vite, la montre, le temps, combien de minutes par kilomètre et tout ? Je suis là-dedans ou je suis dans autre chose ? Et c'est un équilibre entre les deux. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Pourrir 20 minutes comme si c'était rien, non, ce n'est pas rien pourrir 20 minutes pour les genoux, pour les mollets, pour les tendons d'achille, bien sûr pour le cœur. Je pense que quelqu'un qui ne court pas, je vous dis que pour 20 minutes, la plupart des gens ne peuvent pas. pour 20 minutes comme ça moi je ne cours pas mais il faut s'entraîner bien sûr,

  • Speaker #1

    normal j'aime faire mon cardio autrement mais la course ça m'ennuie faire le cardio bien sûr heureusement,

  • Speaker #0

    le vélo,

  • Speaker #1

    l'intention ouais tout à fait, super tu proposes plein de choses tu donnes des cours c'est un peu pour savoir si les gens ont envie de découvrir plus ton travail ton enseignement proposer des choses en ligne, donc ça veut dire que c'est accessible vraiment pour tout le monde, des choses en présentiel, des stages, des retraites, tu peux un peu…

  • Speaker #0

    Alors oui, je propose pas mal de choses, mais je vais en proposer un peu moins à partir de l'année prochaine. Mais non, mais c'est vrai que je travaille, ce qui est sûr, c'est que je travaille en ligne et en présence, les deux existent. Des retraites, je continuerai à en faire, deux à trois par an, je pense. Et puis, par contre, c'est vrai que je pense que petit à petit, parce que j'ai de la demande et que ça m'intéresse, je travaille pas mal avec des professionnels du mouvement, donc sous la forme d'un mentorship, où j'accompagne, j'ai beaucoup de profs de yoga, mais pas que, ça peut être des coachs sportifs, ça peut être dans le pilates parfois, parfois j'ai des kinés ou des soignants au sens large. Et l'idée, c'est de leur apporter un peu des outils pour... cultiver justement cette diversité, proposer peut-être d'autres formes de mouvements, mais adaptés à leur contexte, parce que c'est différent quand on est kiné ou quand on est coach sportif par exemple. Et voilà, je crée un peu cet accompagnement là, un peu plus au long cours, sur plusieurs mois, pour essayer de développer cette approche là, de sortir, de garder ce qu'on sait de notre école, de notre passé, de notre savoir, et en même temps devenir le un peu élargir notre vision du mouvement pour nous mais aussi pour le public avec lequel on est en contact dans la vie professionnelle voilà ça c'est quelque chose que je vais encore plus développé l'année prochaine je pense qu'on en a besoin je pense que c'est enfin moi qui parle des kinés parce que c'est un milieu du coup que tu connais que je connais bien que j'ai fréquenté pendant pas mal d'années et c'est vrai que pour que c'est dommage parce que c'est Bon, après il y a d'autres problématiques, une problématique aussi de temps qu'ils ont et que je respecte tout à fait, bien sûr, il y a un contexte, mais ça je suis consciente. Néanmoins, je pense qu'il y a des choses qui pourraient coûter pas cher. à mettre en place.

  • Speaker #1

    Plus efficace.

  • Speaker #0

    Voilà, et qui permettrait soit plus efficace, soit de sortir du côté un peu triste, tristounet ou triste, d'une rééducation pour rentrer dans, voilà, peut-être plus de légèreté, plus de jeu, plus de variété. Voilà, c'est vrai pour les kinés, mais ça peut être vrai… Certains profs de yoga aussi ont envie de sortir un peu de ce qu'ils connaissent déjà au niveau postural pour aller faire d'autres… d'autres univers.

  • Speaker #1

    Toutes dynamiques, avec des déplacements, par exemple,

  • Speaker #0

    dans toutes ces techniques-là,

  • Speaker #1

    pilates, yoga, etc. Tu n'as pas de déplacement, pour moi, ça, c'est un immense manque, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que c'est un peu dans notre ADN, en tant qu'humain, la marche et ses dérivés. C'est sûr que c'est très important. Alors après, c'est paradoxal, parce que je pense que... Faire 10 fois, ça a du sens aussi. C'est-à-dire que moi, quand je faisais de l'Achtangag, j'ai beaucoup répété la répétition. C'est très riche, ça a beaucoup de sens. Et je pense qu'on apprend des choses quand on répète 5 ans la même séquence. On ne peut pas apprendre ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, tu vas dans la profondeur. Mais par exemple, si c'est ton unique pratique, à un moment donné, il va te manquer des billes.

  • Speaker #0

    Je crois. Là encore, ça dépend de la génétique, de la chance qu'on a. Il y en a qui s'en sortent très bien comme ça. Ce n'est pas la majorité. Je pense qu'au bout d'un moment, il y a une usure. Le stress est placé toujours au même endroit, toujours sur la même articulation et de la même manière, avec la même intensité. Donc forcément, le corps s'adapte à ça, mais il s'adapte aussi à tout ce qu'il ne fait pas et tout ce qu'il n'est pas apporté dans son vocabulaire. Et ça peut créer bien sûr des blessures et tout un tas de choses. Mais je pense que là-dessus, on évolue quand même pas mal ces derniers temps. J'ai l'impression qu'il y a un peu une prise de conscience de ça. notamment avec le yoga mais pas que, et de dire ben oui si tu fais que du yoga par exemple, je n'ai rien contre le yoga c'est vrai d'autres pratiques mais c'est celle que je connais le mieux, peut-être qu'il y a des endroits où tu pourrais être renforcée et ce serait très positif, peut-être que ton endurance justement cardiovasculaire peut-être qu'à certains endroits elle gagnerait à être un petit peu plus développée etc. Tout ça c'est des questionnements qui sont très riches. Et c'est super pour moi de me les poser avec des gens qui viennent de plein d'environnements différents.

  • Speaker #1

    Moi, je sais que c'est un conseil que je vais souvent donner à mes élèves, s'ils veulent être vraiment dans une santé un peu plus complète, comme on parlait, de diversifier leurs pratiques, d'avoir peut-être du pédalate, mais aussi de la danse, ou de la marche, ou du qigong pour travailler leur équilibre, leur coordination, d'autres choses. Ce qui leur fait plaisir, d'aller à la piscine, d'avoir des choses variées, des apports variés.

  • Speaker #0

    Oui, et puis ce qui est important aussi de dire, pour moi, parce que des fois, quand on parle de mouvement, alors oui, la force, la coordination, l'endurance, on a l'impression qu'il faut un peu se transformer en surhomme, en surfemme. Alors non, on fait des choix. C'est sûr qu'on ne peut pas tout faire. Moi, je ne passe pas ma semaine à courir, faire de l'escalade, nager, faire du surf, repartir à la danse, ensuite soulever des poids. Non, je choisis, c'est sûr. Mais par contre, ces choix évoluent dans le temps. C'est-à-dire que quand je fais un choix, j'aime bien rentrer dans le concret parce que c'est la question que souvent les gens se posent. Souvent, je le tiens pendant, on va dire, à minima six mois. Peut-être ça peut être un an, peut-être deux ans. Et puis, il va y avoir, je vais pivoter dans les choix que je fais parce que celui que j'ai fait pendant deux ans, je vais m'apercevoir que j'ai progressé, que j'ai évolué. Et puis, je vais visiter une autre zone d'ombre, peut-être qui est juste à côté ou peut-être qu'elle est un peu plus loin. Mais en tout cas, mon but dans la vie, ce n'est pas de faire tout. tout le temps, mais c'est plutôt de faire des choix éclairés en fonction de là où je sens que j'ai des faiblesses, là où je sens que j'ai de la joie, du plaisir, quand j'ai le temps aussi, en fonction de mon état de forme, de la saison dans laquelle on est. Enfin, tous les facteurs sont importants et on a le droit et on a raison de s'écouter et de les prendre en compte, mais de se faire des choix éclairés et d'amener un peu de diversité dans ce cadre-là. mais sa diversité, peut-être qu'on peut faire de la natation et après se dire j'en ai marre, l'odeur du chlore, je vais faire du vélo Mais voilà, le conseil, ce n'est pas vous devez tout faire tout le temps Parfois, il y a un peu ce côté-là, et les gens ont un travail, ils ont peut-être une famille, on a une vie aussi, et moi, à titre perso, je ne passe pas 8 heures par jour à pratiquer, j'ai envie de faire d'autres trucs.

  • Speaker #1

    C'est clair. Merci beaucoup Agathe pour cette discussion.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Très intéressant, ça nous enrichit, enfin ça enrichit tout le monde d'avoir tout un tas de points de vue, c'est ce qui me passionne dans cette aventure du podcast.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir attendu le micro.

  • Speaker #1

    A très vite.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Interview Agathe

    00:44

  • Conclusion

    49:49

Description

🎙️ Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Agathe Philbé, professeur de Movement à Paris. Nous avons plongé dans son parcours unique, marqué par une évolution passionnante : du yoga au Movement, une discipline qui place l’autonomie, la créativité et la diversité au cœur de la pratique.


👉 Quels éléments l’ont poussée à évoluer vers cette approche novatrice ?

👉 Comment définir la santé ?

👉 Comment trouver un équilibre entre les différentes pratiques corporelles pour mieux écouter son corps et avancer vers un bien-être global ?


Autant de questions fascinantes que nous avons explorées ensemble.


Agathe partage avec générosité sa vision et ses outils, fruits de son parcours personnel : un accident grave en 2015 et douze fractures qui l’ont amenée à reconstruire son corps, jour après jour, en puisant dans des pratiques variées. Cette expérience a transformé son enseignement, qu’elle guide aujourd’hui avec curiosité, résilience et écoute de soi.


🎙️ À écouter pour s’inspirer, réfléchir, et enrichir sa propre pratique du mouvement.


Pour en savoir plus sur le travail d’Agathe, découvre son site :

👉 https://www.agathephilbe.com/



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🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratrices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice empinade, danseuse improvisatrice, praticienne de chassons. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Et bien bienvenue Agathe pour ce nouvel épisode de Corporalité. Je suis ravie de faire ta connaissance en vrai. On s'est parlé par téléphone et on a fait connaissance autrement. Et donc, on va parler un petit peu de ton travail, de ta vision du mouvement. Et puis, on va partager plein d'idées gilets gilets. Je te laisse te présenter déjà pour commencer.

  • Speaker #1

    Déjà, merci de m'inviter et de me donner la parole. Je m'appelle Agathe, je viens d'avoir 42 ans et ça fait maintenant à peu près 5 ans, je dirais, que j'enseigne le mouvement, notamment à Paris, mais aussi dans d'autres contextes ou d'autres endroits en retraite. Voilà pour la version brève. J'enseigne à un public, on va dire, large, au sens où j'ai des personnes parfois qui veulent sortir de la sédentarité, mais parfois c'est des athlètes qui veulent intégrer de la diversité dans leurs pratiques. Parfois il y a des gens qui sont en rééducation. Donc voilà, c'est des publics très divers et c'est aussi ça qui m'intéresse. Et puis mon parcours, on va dire, en tant que professionnel dans mon métier lié au mouvement, il a démarré avec le yoga quand j'avais 23-24 ans. Ça fait un petit moment.

  • Speaker #0

    Donc c'est déjà une vie, toute ta vie professionnelle pratiquement dédiée au mouvement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai été quelques années photographe avant ça, mais oui, on peut dire que l'immense majorité de ma vie pro a été tournée vers ça.

  • Speaker #0

    Donc dans ce temps-ci, surtout quand on avait déjà un peu échangé, moi ce qui m'intéressait particulièrement dans ton parcours, c'est comment... Tu es passée d'une pratique du yoga, je prends Ashtanga, très codifiée, avec beaucoup de formes, un cadre assez important, à une pratique qu'on appelle maintenant le movement. Tu pourras peut-être me donner un peu ta définition de ce que c'est cette pratique, qui est une pratique plutôt très libre et très diverse. Qu'est-ce qui t'a amenée à faire ce chemin-là ?

  • Speaker #1

    C'est une longue histoire parce qu'elle est liée essentiellement à un accident de la voie publique que j'ai eu. Quand j'enseignais le yoga, j'enseignais effectivement et je pratiquais l'Ashtanga et arrivais à l'âge de 33 ans. Ça me semble long et court à la fois. 33 ans, j'étais à vélo, j'ai été renversée par une voiture. J'étais dans le sud de la France, j'étais en vacances chez mes parents. Et puis cet accident, qui était un accident grave, puisque j'étais à haute vitesse, la voiture était à plus de 100 km heure, et j'ai eu des fractures osseuses nombreuses. Dans mon malheur, j'ai eu la chance de ne pas avoir de séquelles au niveau du système nerveux. Néanmoins, le squelette a été durement touché de façon multiple. Et donc, bien sûr, ça a ouvert le chemin d'une rééducation qui a duré plusieurs années. Et cette rééducation, évidemment, elle a remis en pause mon rapport à mon corps, mais aussi ce que j'ai utilisé finalement pour, je ne veux pas dire me soigner ou guérir, parce que ce sont des mots qui sont tellement vastes et qui impliquent tellement d'autres choses que le mouvement. Ce serait trop simple. mais le mouvement qui a contribué à m'aider à sortir de ça a été autre chose que le yoga, même si c'est la première chose vers laquelle je me suis tournée, puisque c'est ce que je connaissais, ce dont j'avais l'habitude, je connaissais les codes, je connaissais ce milieu. Donc c'est d'abord par là que j'ai venu passer, mais en fait très rapidement je me suis rendu compte que c'était... ça allait être une voie sans issue on va dire pour moi parce que tout simplement mon corps me permettait de faire très peu de choses en tout cas par rapport à ce qu'est l'ashtanga ni même j'ai envie de dire le yoga postural en général. Pour moi être debout à un moment donné c'était déjà pendant assez longtemps d'ailleurs compliqué instable fatigant usant même donc j'ai dû aller chercher d'autres outils d'autres techniques d'autres méthodes et c'est de là que vient beaucoup ma pratique d'aujourd'hui, même si évidemment mes capacités elles ont évolué, et aussi mon enseignement. Donc ça a été on va dire ce choc initial et cette impossibilité, ça a été un peu par dépit de faire le yoga que je connaissais, qui a fait que j'ai changé complètement d'optique et puis une fois que j'ai eu récupéré, je me suis dit que finalement j'étais mieux là où j'étais et je suis pas retournée vers le yoga.

  • Speaker #0

    Tu enseignais déjà le yoga à cette époque là ?

  • Speaker #1

    Oui, ça faisait déjà quelques années, ça faisait je dirais trois ans que j'enseignais.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, le cheminement, il n'est pas le même non plus. C'était seulement pratiquement, tout c'était déjà enseignant, puisque quelque part, tu t'es approprié les outils un peu différemment. Et c'est vrai que la pratique du yoga, elle n'est pas si accessible que ça physiquement pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    C'est ce dont je me suis rendu compte à ce moment-là. C'est vrai que moi, j'avais 33 ans, j'avais jamais une blessure grave. Et en fait, ça, c'est une question qui, moi, est beaucoup rentrée après dans ma vie. C'est la question du privilège. d'être en bonne santé, d'être sur ses deux jambes. Et un peu, c'est un chapitre qui est très large, mais c'est des discours qu'on entend parfois dans la culture du mouvement. Il y a ce côté si tu veux, tu peux En gros, bouge-toi les fesses, vas-y, mets-toi dans le dur. Et ça vient souvent, et c'est toujours comme ça, de personnes dont on voit qu'une fois, ils se sont fait les croiser. Et du coup, ils se disent qu'ils connaissent la blessure ou la limitation. La limitation, ce n'est pas se faire les croisés, c'est autre chose. Et ça, pour moi, c'est important de le rappeler. Et c'est vrai que oui, quand on a vraiment des limitations, mais moi, ça a été un accident, mais ça peut être pour certaines personnes du surpoids, ça peut être des lésions neurologiques, ça peut être des maladies chroniques. Moi, je ne suis pas médecin, mais je sais que ça existe tout ça. Et le yoga, on est dans beaucoup de cas, dans le cas de beaucoup de cours, avec beaucoup de professeurs, n'est pas une pratique accessible. Un exemple classique c'est souvent une posture de repos dans le yoga, c'est la posture de l'enfant. On vient s'asseoir derrière sur les talons avec par exemple les bras le long du corps ou les bras devant. Il faut une flexion de genoux des deux côtés qui est non seulement complète mais qui supporte une certaine intensité. Et ça pour moi, quand j'avais le genou qui plaidait à 90 degrés après six mois d'effort, j'en étais encore à deux ans de pouvoir faire ce truc qui était considéré comme une posture de repos. donc là j'ai compris que ça allait être problématique mais c'est problématique pour beaucoup de personnes donc c'est vrai que si des personnes se disent le yoga c'est censé être pour tout le monde mais en fait je suis dans ce cours je galère j'ai envie de dire c'est normal ou c'est pas choquant

  • Speaker #0

    ou alors il faut que ça soit très adapté avec des pratiques sur chaise moi je sais que dans les pratiques que je fais que ce soit dans le pilates ou aussi dans d'autres techniques qui sont le gyrotonique, le gyrotinésisme des choses comme ça... où ça a été justement apporté tout un travail sur la chaise. Les gens qui ont des problèmes de genoux, qui ne peuvent pas aller au sol, aller au sol est assez inaccessible pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Aller au sol, c'est déjà pouvoir aller au sol de façon confortable. Alors, il y a des techniques, il faut aussi le pratiquer, mais c'est aussi un privilège qui implique au niveau articulaire et de mobilité, déjà un certain nombre, on va dire, de prérequis. Donc, moi, pendant ma rééducation, je sais que j'ai travaillé pas mal, j'ai fait du pilates sur machine. J'ai fait aussi du rotonique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est à hauteur.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est moins… Tu as de l'assistance,

  • Speaker #0

    tu as des poulies.

  • Speaker #1

    C'est ça, le poids est un peu porté. Et dans ce cadre-là, pour moi, ça a été salvateur, physiquement, mais aussi mentalement. D'arrêter de se sentir comme une personne pour laquelle rien n'est possible, en fait. Et ça, psychologiquement, au bout d'un moment, ça pèse quand même. Donc oui, heureusement qu'il y a les supports. Et dans le yoga, tu as raison, on le trouve aussi dans certains cours. mais je ne pense pas que ce soit la majorité des cas.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas la règle. Surtout, on est dans une modalité de yoga, certains courants qui sont très instagrammables, on pourrait dire ça comme ça, qui privilégient beaucoup la performance. C'est un peu ce qu'on voit le plus, un peu tout public, et ce n'est pas du tout un yoga accessible. Oui,

  • Speaker #1

    c'est sûr que le yoga, c'est un peu le même. Ça aussi, c'est un sujet très vaste, mais le lien avec l'image, il n'y a pas que le yoga, il y a la pratique physique en général, mais peut-être le yoga notamment. C'est sûr que là, c'est encore toute autre chose. La photo Instagram, là, c'est encore l'étage au-dessus, j'ai envie de dire, du truc inaccessible pour le commun des mortels.

  • Speaker #0

    Tu dis que c'est dans le monde du mouvement, mais pas que, c'est dans notre société en général. le visuel, tu vois, être dans la...

  • Speaker #1

    Oui, alors tout à fait, non, mais le visuel, c'est en général, c'est absolument pas comme nous en sommes, c'est sûr, mais c'est vrai que dans la culture du mouvement, il y a une espèce de philosophie de comptoir, de bas étage, je ne sais pas comment il faut l'appeler, de gens qui n'ont pas beaucoup de philosophie dans leur vie, je pense, sans vouloir être... Et avec des concepts un peu fumeux, comme l'antifragilité... comme des choses comme ça, des espèces de dérivés, de niches mal lues à la petite semaine, que l'homme puissant, c'est celui qui fait l'effort, qui est dans cette recherche un peu de résistance, de force, d'adaptation permanente, tout ça parce que quand il fait trois moutes de pluie, il sort dehors, faire un footing de dix minutes, il y a une espèce de verbiage et un peu d'autosatisfaction comme ça autour de la force. force. Le dépassement de soi. Le dépassement et même de se dire, moi, les choix que je fais dans ma vie me rendent résistant. Mais j'ai envie de dire, résistant à quoi ? Si c'est résistant à faire des pompes sous la pluie ou à pratiquer à 7h du matin, ce n'est pas très compliqué. Les vraies difficultés dans la vie, je pense qu'elles ne résident pas là. Quand on en a vécu et on en vivra tous, c'est juste une question de moment. Après, plus ou moins, parce qu'on est plus ou moins privilégiés aussi. mais quand on pense difficulté dans la vie si on pense pratiquer à 7h du mat c'est qu'on a une vie très facile vraiment très facile et ça c'est un truc qui est un peu agaçant parce que moi je trouve que l'antifragilité elle se trouve plus chez je sais pas moi, une infirmière qui se travaille, qui fait son taf 8h ou 10h de suite et qui ensuite a des enfants à charge pour moi l'antifragilité elle est plutôt là mais bon bref, je referme la parenthèse mais c'est vrai que... Voilà, ce discours sur ce que ce serait la force, ce que ce serait de ne pas être fragile, que dans nos sociétés, on est des fragiles parce qu'on a trop de confort, ça dépend qui. Oui,

  • Speaker #0

    on revient à des concepts. Je retombe assez souvent sur ces notions-là quand je discute avec des personnes de ça, parce que finalement, on en revient toujours à… à quelque chose de social, à quelque chose presque de positionnement politique. C'est-à-dire que pour qui on pratique, pour qui c'est pratique, et qui en a le plus besoin, et comment c'est accessible. Est-ce que le soin du corps est accessible pour tout le monde, loin de là ? Ce n'est pas du tout le cas. Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on se positionne par rapport à ça ? C'est une question que j'ai moi-même, je n'ai pas de réponse et je me sens aussi assez démunie par rapport à ces questions, mais ce sont des questions qui me taraudent beaucoup. Et ça m'en vient à développer un peu l'axe de la santé. Qu'est-ce que c'est la santé ? On avait un peu discuté de ça. Est-ce que tu parles de… non d'ailleurs tu n'as pas utilisé ce mot-là, mais d'adaptabilité, de… peut-être même de résilience, de se reconstruire d'une certaine manière, peu importe ce que tu as traversé, que ce soit d'ailleurs mental, physique, émotionnel, etc. Ça peut être des dépressions, ça peut être… C'est quoi en fait la santé ? Comment tu utilises ta pratique pour être en bonne santé ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, moi c'est une question que je ne m'étais jamais vraiment posée, puisque comme j'avais toujours été dans mon sang en bonne santé, c'était comme une évidence. Non, j'avais… encore une fois ce privilège qui est immense, on le réalise après, de ne pas vraiment me poser la question, comme tout le monde, quand je n'étais pas malade, j'étais en bonne santé, mais malade, ça voulait dire avoir une angine. Donc en fait, cette question, je me la suis vraiment posée après l'accident, au sens où, ok, il y a l'accident, on est aux urgences, ensuite il y a trois mois vraiment de dur, ensuite on réapprend à marcher, tout ça, la question ne se pose pas parce qu'on se reconstruit. Puis à un moment donné, je commençais à récupérer un semblant de vie normale. Je pouvais à nouveau marcher sans béquille. Un jour, j'ai pu marcher sans douleur. Il y avait quand même les conséquences, bien sûr, psychologiques de ce que j'avais traversé, mais j'allais quand même mieux. J'avais repris du poids, mes fractures étaient consolidées. Et à un moment donné, je me suis dit, mais… à quel moment je vais me dire ou sentir que je suis à nouveau en bonne santé ? Et c'est une question qui n'avait pas vraiment de réponse, mais qui a été un point de départ pour mes recherches, dans le sens où ce que je savais, c'était que je cherchais ça, cette idée de me dire, OK, j'ai des séquelles et j'en garderai toute ma vie, il s'est passé ce qui s'est passé, je ne peux pas l'effacer, ça fait partie de mon histoire et ce sera toujours le cas. Peut-être même qu'il y aura d'autres, je touche du bois, pas aussi grave, mais d'autres histoires dans ma vie. Et c'est quoi le fil que je peux continuer à tirer pour quand même, et malgré les séquelles et tout ça, retrouver un état de santé. Donc une sorte d'harmonie avec mon corps, d'équilibre comme ça. Et la première chose qui a surgi liée à cette question-là, c'était vraiment la notion de diversité. Donc de me dire… Pour moi, être en santé, si j'ai la chance de pouvoir recourir, par exemple, ou marcher sans douleur, ça va être pouvoir faire une randonnée, marcher deux, trois heures dans la montagne, et que ce soit peut-être parfois difficile, mais possible. Ça va être retrouver une certaine souplesse, une mobilité particulière là où je pourrais. Ça va être, comme je disais tout à l'heure, être capable d'aller au sol, à l'étage intermédiaire à quatre pattes et debout en étant bien. Ça va être aussi retrouver une forme d'exposition, explosivité. Par exemple, il y a un moment donné, j'ai retravaillé un peu sur mon système nerveux et c'était juste sauter du haut d'une marche d'escalier ou de deux marches d'escalier. Ça, ça m'a demandé une sorte de reconnexion, de faire tomber de la peur, des appréhensions, bien sûr que j'avais, puisque j'avais eu beaucoup de fractures aux jambes. Donc ça aussi, ça pouvait en faire partie. Et puis après, c'était des trucs du quotidien. J'avais une nièce qui avait 6-7 ans à l'époque, pouvoir la reprendre dans mes bras, la porter sans y penser, que ce soit simple. jardiner avec ma mère. Donc c'était un mélange de choses. En fait, finalement, il y a des choses objectives. Vivre son douleur, par exemple, ou avec le moins de douleur possible. Soigner aussi la santé mentale, donc me sentir peut-être moins fragile quand j'étais sur la voie publique, avec du temps. Il y a des choses comme ça. Et puis il y a des choses qui relèvent de choix subjectifs. Pouvoir jouer avec un enfant, reprendre du ski, par exemple. J'ai grandi auprès des montagnes, donc j'ai eu la chance de skier étant jeune, donc refaire du ski sans avoir la peur panique de la chute. Donc, c'est des aspects à la fois physiques et mentaux. Donc, je pense que c'est une question que chacun peut-être pourrait se poser. Moi, je ne peux pas en donner une définition à part celle de ce côté divers. Je ne pourrais pas en donner une définition précise, mais par contre, je trouve super intéressant que chacun, chacune, se l'approprie au-delà des choses, des grandes lignes. connaît tous et toutes de se dire mais pour moi en fait aujourd'hui et dans dix ans vingt ans trente ans qu'est ce que ça va vouloir dire vivre et vieillir en bonne santé la meilleure santé possible et ça ça vraiment après conduit mais recherche pour ma pratique est aussi ce que je partage avec nous et serait en quelque sorte pouvoir jouir de

  • Speaker #0

    son corps comme tu comme tu en a envie point

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu ça.

  • Speaker #0

    De ne pas avoir de limites.

  • Speaker #1

    Je crois que c'est Feldenkrais qui a dit La santé, c'est la capacité à réaliser nos rêves avoués et inavoués. C'est beau ça. C'est une phrase que j'aime beaucoup. Et je pense qu'il a raison. C'est pour ça que la santé, c'est un tel trésor. Et c'est pour ça que quand on la perd, on se rend compte que tout le reste est vraiment très, très utile. Parce qu'elle est liée à la possibilité de… de réaliser nos rêves, aussi simples que soient-ils. Marcher, c'est déjà un luxe. Pouvoir se réveiller sans avoir de douleur, c'est déjà un luxe. Et ça permet de vivre notre journée, entre guillemets, comme on en a envie. Donc, toutes ces choses-là, c'est des joyaux dans une vie. En tout cas, moi, j'essaye de préserver, de protéger. Après, la vie, elle a lieu. Et c'est en ce sens que le concept d'adaptation L'antifragilité, entre gros guillemets, n'est pas que débile. Ça peut avoir aussi du sens dedans. Certains cas, vraiment avec des pincettes. Et je comprends l'idée qu'il y a derrière, parce que c'est vrai qu'il faut aussi s'exposer à une forme de stress de temps à autre.

  • Speaker #0

    De ce que j'ai compris, l'antifragilité, ce serait une capacité à s'adapter aux difficultés qui apparaissent sur ton chemin. Mais peut-être que c'est une version un peu simpliste de l'idée.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est... Malgré tout, je pense que c'est une idée simpliste. Parce que par définition, ce qu'on ne peut pas prévoir, on ne peut pas le prévoir. Si on s'est préparé pour un truc, c'est qu'on s'est préparé pour quelque chose qu'on a prévu. Donc quand on réfléchit vraiment deux minutes, l'imprévu, le vrai imprévu, c'est… par exemple ce qui m'est arrivé, mais c'est Tiens, mon frère s'est tué en montagne hier, qu'est-ce que je fais maintenant pour survivre à ça ? Ça, c'est l'imprévu. Et je ne suis pas certaine qu'il existe des pratiques, ou alors il faut me les donner, qui nous préparent réellement à ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Des pratiques spirituelles ?

  • Speaker #1

    Peut-être, sans doute. Mais en tout cas, après, c'est vrai que pour les plus privilégiés d'entre nous, Il est certain que beaucoup de confort, parfois du confort très accessible, pour le corps et même pour le mental, ça n'est pas que positif. Et il est vrai aussi que de s'exposer à un peu de difficulté, à un peu de tension, à un peu d'émotions complexes, de la peur parfois, mais à dose ajustée, et puis de la difficulté physique, ça a du sens. Quand on a le loisir de le choisir. et de le cultiver parce qu'on se dit que ça, en retour, ça va nous amener quelque chose pour le futur. Ça peut avoir du sens, mais il faut que ce soit bien mesuré. Et quand on enseigne, je pense qu'il faut savoir à qui on s'adresse. Et par définition, quand on voit quelqu'un arriver, on voit une image, mais on ne sait pas l'histoire de la personne. On ne sait ni l'histoire de son corps, ni l'histoire de son mental, de son esprit. On ne sait pas ce qu'elle a vécu la veille. Donc, imposer ou en tout cas imaginer, qu'on va l'aider à être moins fragile en lui expliquant qu'il faut se faire mal dans la pratique, qu'il faut se faire un peu mal, c'est plaquer sur les lèvres des croyances sur ce qu'est sa vie. Et ça, je pense que ça peut être problématique. Et à l'inverse, ça peut être vrai aussi. Des fois, on voit quelqu'un, on dit ça n'a pas l'air d'aller et en fait, la personne a des ressources, et peut-être même plus que ce qu'on pensait. Donc, ça marche dans les deux directions. Et c'est vrai que je pense qu'on a une responsabilité, comme on m'enseigne, à se dire Ok, je ne connais pas cette personne en fait. Je me dis Ah tiens, il est tout petit, tout maigre, qui ça trouve il est hyper costaud. Et inversement, je peux me dire Ah, disons qu'elle a l'air d'avoir la dolçivita, je vais lui en mettre un petit coup. Ben, tu ne sais pas non plus ce qu'elle a vécu la veille, donc, il ou elle. Donc voilà, c'est pour ça que je pense que cette idée de fragile, résistant, nanana, c'est très complexe. déjà pour nous-mêmes, elle rentre plus pour nos élèves, doublement. Mais bon, c'est un sujet qui est très vaste, même si, je le redis, c'est vrai que dans l'idée de santé, il y a la notion de pouvoir s'adapter, de construire l'idée que des options diverses peuvent se présenter à nous et de cultiver peut-être une capacité à y répondre d'une manière ou d'une autre. Moi, dans mes élèves, j'ai par exemple énormément d'enseignants de yoga et c'est vrai que... parfois qui sont en très bonne forme, jeunes, etc. et qui se sont parfois hyper spécialisés. Il est certain que ça a des conséquences sur leur capacité à ouvrir le corps à d'autres environnements, d'autres types de pratiques, d'autres énergies, d'autres vitesses, d'autres rythmes. Et on le voit, ce que le corps n'utilise pas, il le met de côté et il l'oublie. Je reconnais que c'est aussi dommage dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un vrai sujet pour moi de me dire, quand tu viens très spécialisé dans une technique, dans une méthode qui est très formalisée, en fait, chaque choix est quelque chose dont tu te coupes. Plus tu vas te spécialiser dans une chose, plus tu te coupes des autres choses. Donc moi, c'est ce que j'appelle les ongles morts. Il y en a à peu près dans beaucoup de méthodes. Il me semble que dans le mouvement, c'est très ouvert et qu'il y a... peut-être moins d'angle mort, ou en tout cas, vous les chassez plus. Donc peut-être, j'aimerais bien que tu nous expliques un petit peu, pour ceux qui ne connaissent pas trop, on a déjà interviewé, j'ai déjà interviewé Alain qui nous a parlé de ça, mais quelle était ta vision du mouvement, et peut-être comment tu es arrivée, et qu'est-ce que tu développes toi dans ta pratique, dans ton enseignement ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que la notion d'angle mort, moi j'appelle ça des zones d'ombre, mais c'est pareil. Moi, à titre personnel, dans ma pratique, je ne sais que... chasser ça, quasiment que, on va dire. Maintenant, pour revenir à ton autre question un peu plus générale, pour moi, la pratique du mouvement, c'est la cultivation via des méthodes diverses des grandes qualités motrices du corps humain, qui sont la souplesse, la force, la coordination, l'endurance. l'explosivité et l'agilité, on va dire. Donc ces qualités motrices, elles peuvent être cultivées de plein de manières différentes, avec des méthodes différentes, des regards différents, des options différentes. Et chacun, chacune d'entre nous, on a sur notre territoire de mouvement, et c'est lié à notre corps, notre génétique, notre histoire, nos goûts aussi, sans doute des facilités à certains endroits, et à d'autres endroits, plus de difficultés, moins d'appétence, pour plein de raisons. C'est de se dire, si par exemple je suis quelqu'un de naturellement très souple, au lieu de faire beaucoup de choses qui vont encore améliorer, faire grandir, pousser plus loin cette souplesse pour devenir quelqu'un d'hyper souple, je vais me dire, moi, soit je n'ai pas beaucoup de force ou je ne suis pas très explosif. Au lieu de faire, je vais réduire un peu la dose sur ce qui entretient ma souplesse, ou ce qui la renforce, ou ce qui l'augmente, et je vais aller travailler. faire un peu monter le niveau dans mes zones d'ombre, justement là où je suis moins à l'aise, là où spontanément j'ai peut-être moins envie d'aller parfois, et pour avoir quelque chose de plus harmonieux en termes de ces capacités motrices. Donc voilà, moi c'est la définition que j'en donne, je ne sais pas si c'est clair.

  • Speaker #0

    C'est super clair.

  • Speaker #1

    Et pour chacune de ces capacités, on a plein de chemins différents. L'exemple que je donne souvent, c'est celui de la… de la coordination parce que c'est vrai qu'on peut le prendre par plein d'angles. Les gens qui font de la danse sont souvent des gens qui travaillent leur coordination, Ausha, au bas, parce que pour suivre une chorégraphie, ça rentre complètement en jeu. Mais ça peut être aussi les gens qui font de la boxe, qui sont souvent assez coordonnés, en tout cas dans le haut du corps. La latéralité, le fait de travailler avec un partenaire, de s'adapter aussi à sa coordination à lui ou à elle. On se trouve ça dans le cirque avec des balles, de la manipulation d'objets, dans un travail rythmique, etc. Donc toutes ces façons d'aborder la coordination sont toutes aussi valides les unes que les autres. C'est juste des regards différents sur cette capacité motrice-là. Mais c'est vrai aussi de l'ambiance, c'est vrai de la force, c'est vrai de l'agilité. On va retrouver pareil dans le parcours, dans le cirque, dans de la capo-héral, dans le coup, et dans de la gym. et comment je veux nourrir ma propre agilité sans devenir gymnaste, sans devenir prof de capoeira, mais en allant chercher des outils dans ces divers domaines qui me nourrissent et m'intéressent pour aller un peu fouiller cette zone nombre.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve très intéressant dans cette proposition-là, c'est d'ouvrir les bantailles des possibles dans ton vocabulaire corporel. C'est ce que... Pour moi, c'est quand tu deviens très fort en une chose, dans une de ces capacités dont tu parles, par exemple la souplesse ou la force, etc., c'est comme si je faisais des phrases ou un texte en n'utilisant que la moitié des lettres de l'alphabet. Je ne me donne pas la possibilité d'avoir quelque chose de très large, voire d'inventer des nouveaux mots. C'est un peu l'exemple que je donne. Et souvent, on est très cantonné, comme tu disais, à... Est-ce qu'on a ce pourquoi ? On a l'appétence ? J'avais, je pense, écouté une fois Ido Portal qui parlait de ça. Il disait, comment tu choisis ta pratique ? Est-ce que c'est toi qui as choisi ta pratique ou la pratique vient en toi parce que c'est une facilité pour toi et que c'est celle-là qui arrive ? Enfin, voilà. Parce que je pense qu'il a aussi beaucoup amené au début de ce mouvement-là.

  • Speaker #1

    Oui. C'est vrai que lui, il tient, pour parler d'Ido Portal, il a... qui a beaucoup popularisé cette idée de culture de mouvement. Il tient un discours qui est intéressant, je trouve. Moi, je trouve que c'est un équilibre entre les deux, où il dit, en fait, la pratique, ce n'est pas un hobby. C'est-à-dire, un hobby, c'est quelque chose que tu as envie de faire, que tu aimes bien faire, que tu trouves fun. Et la pratique, ce n'est pas ça. C'est plus une connaissance de soi, un rapport à soi-même. Il y a une forme de rituel. Et c'est aussi, justement, visiter des zones d'ombre, donc de la difficulté, là où il n'y a pas nécessairement d'appétence. Et c'est... et de se connaître aux endroits où on n'a pas d'appétence. Moi, je dirais que c'est un mélange des deux. Je pense que pour que ce soit tenable, en tout cas pour moi, si le personnel a le long terme, il faut qu'il y ait des endroits que je visite pour lesquels j'ai de l'appétence, parce que je pense que la joie, le plaisir, c'est un moteur qui est très puissant et je n'ai pas envie de le mettre de côté. En revanche, c'est un équilibre et c'est sûr qu'il n'y a pas que de la joie et du plaisir dans ma pratique. Il y a aussi des fois des trucs où je me sens nulle. Mais je sais pourquoi je le fais. D'une part, pour me sentir un petit peu moins nulle, parce que tout ce qu'on fait, même si on part de très bas, à un moment donné, en répétant, on va être un petit peu moins bas au bout d'un moment, tout autant qu'on est. Et puis aussi, pour... me frotter à ce moment où je suis débutante et je ne sais pas faire.

  • Speaker #0

    Déjà en tant que prof, je pense que c'est important. Et puis en tant qu'individu aussi… Se remettre en danger en quelque sorte à chaque fois. Oui, c'est ça. Et puis aussi dans la posture de Ok, tout est possible, je n'ai rien à prouver à personne, je le fais pour moi. Et là, on retrouve aussi l'idée de santé. Parce que la santé, c'est aussi en termes de cerveau. Les enfants, ils sont tout le temps exposés à des choses qu'ils vont devoir apprendre et qu'ils ne savent pas faire. couper avec des ciseaux, marcher déjà d'abord, après jouer avec un ballon, apprendre à écrire. Faire du vélo. Exactement. Pendant quelques années, là, jusqu'à, je ne sais pas, peut-être une dizaine d'années, il y a des apprentissages moteurs en permanence. Et en permanence, c'est pour ça que le cerveau des enfants, il est plastique et il est très agile, justement. Et c'est quelque chose qu'on perd, pas parce que le cerveau change et perd cette capacité-là, mais parce qu'on ne cultive plus du tout ce truc de l'apprentissage. mais le vrai apprentissage, pas je ne sais pas moi, je suis au boulot et j'ai appris à utiliser un logiciel. Non, vraiment d'être complètement à nu devant un truc, comme quand on apprend une nouvelle langue. Ça, ça peut arriver aussi à l'âge adulte. Là encore, c'est assez rare. Mais de découvrir quelque chose, de se dire Ok, je suis à zéro là et j'y vais. Et donc, je vais me tromper, ça va être frustrant, je vais me sentir nulle, je vais être nulle, mais je passe à travers. Et cette situation-là, réellement, je pense que la plupart des adultes sont rarement confrontés à ça. Et ça a un impact sur notre cerveau.

  • Speaker #1

    Mais il y a des gens qui ont plus le goût de ça. Moi, j'adore faire ça. J'adore apprendre plein de nouvelles choses tout le temps, des nouvelles langues. Là, je vais me mettre à jouer de l'accordéon. Je vais chercher un accordéon demain. Je commence un nouvel instrument de l'éliminale. Donc, effectivement, je suis marre de zéro. Il y a une coordination qui va faire... prendre tout ça. Peut-être qu'il y a certaines personnes aussi qui ont plus de goût à faire ça, soit par l'habitude, par l'éducation, par une sorte de curiosité intellectuelle. Comment tu cultives ça, toi, chez tes élèves, par exemple ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que tu as raison. Il y a des gens qui ont plus une appétence pour ça. pour ça. Néanmoins, je pense aussi et en particulier, on vient un peu à ce qu'on disait tout à l'heure dans le cadre d'un cours de sport ou activité physique on a surtout, je pense, le goût d'être le meilleur ou de ne pas être, encore plus important, de ne pas être le ou la nul du groupe. Et ça, c'est un truc, les gens se regardent du point de l'œil, on se compare, on le voit beaucoup dans les cours de yoga, mais on le voit partout. Oh là là, lui, il est ouf, il y en a une qui est plus nulle que moi. Et ça, c'est un truc qui est mortel parce que ça crée une peur, panique de se retrouver dans la position d'apprenant ou d'apprenante. Donc, ce que moi, j'essaye de faire, et je pense que les élèves le voient assez vite, c'est que ce qui est bien avec la diversité, c'est qu'on sera toujours nul à un moment donné. C'est rare que, je ne sais pas, la personne qui avait beaucoup de force, elle est aussi, ce soit la plus souple et puis aussi, ce soit la plus endurante et aussi, ce soit celle… Ça peut arriver, mais c'est quand même... Oui, donc en fait,

  • Speaker #1

    ça se mélange dans le groupe.

  • Speaker #0

    C'est ça. Celui qui était le fort à un moment donné va se retrouver avec le nul la demi-heure d'après. Et ça, c'est vachement puissant, en fait, et inversement. Et on s'aperçoit que, ah bah oui, moi, cette capacité-là, je l'avais, mais celle-ci, je ne l'ai pas. Et puis elle, je rigolais tout à l'heure, mais maintenant, elle me met à la mande. Donc, ça, c'est super chouette parce que ça dédramatise, en fait, ce truc-là. Et puis, ce qu'on utilise beaucoup dans les cours de mouvement, c'est le jeu. Et ça aussi, c'est assez puissant dans le sens où ce qu'on essaye de mettre en place, en tout cas pour ma part, c'est des jeux. Il y a un livre, j'ai oublié le noteur, qui s'appelle Jeux finis et jeux infinis Et donc, il compare la notion de jeux finis, c'est celle où on compte les points. Et puis, à un moment donné, il y a un gagnant et un perdant. Donc, c'est ce qu'on a dans le sport en général. Ça peut être un chronomètre, ça peut être des points. Et à la fin… se termine à la fin du match ou la fin de la course et puis c'est fini puisqu'il y a un gagnant donc c'est que c'est fini. Un jeu infini c'est celui où on va devoir collaborer pour arriver ensemble à un objectif commun mais dans le jeu et donc on n'a aucun intérêt à ce que ni toi tu perdes ni moi mais on veut continuer à jouer. Un exemple que je donne qui est simple que je fais parfois quand j'ai deux élèves et je leur fais se lancer une balle soit avec leur main dominante ou non dominante, on peut changer, et de se dire, ok, on commence en étant à 3 mètres de distance, et à chaque fois qu'on y arrive, donc je te la lance, tu l'attrapes, et inversement, on recule d'un pas, et on continue comme ça. Et donc, au bout d'un moment, on se retrouve. quand même relativement loin et ça devient de plus en plus compliqué de bien viser la personne. On n'a pas le droit de partir en courant pour attraper la balle, on doit rester là-haut. Ça devient de plus en plus compliqué, moi, de te la lancer bien pour qu'elle arrive sur toi et toi de bien la rattraper à distance et de la choper. Et on a tous les deux ou toutes les deux envie que ça fonctionne parce qu'on s'amuse et que donc bah moi je vais essayer de bien te la lancer, toi tu vas essayer de bien la rattraper et de bien me la lancer en retour. Et l'idée c'est qu'on ferme pas. mais ensemble et donc tout d'un coup ça change complètement la dynamique et s'il y a une personne qui est moins à l'aise avec la balle moi mon but c'est pas de te mettre 10 points dans la face et de gagner le match c'est que t'y arrives donc te la lancer vraiment encore mieux de t'expliquer ah essaye de l'attraper plutôt comme ça ah ben là ça marche mieux et donc on va collaborer dans le jeu et ça je trouve que c'est un outil vraiment puissant parce qu'on oublie tout d'un coup ah il est meilleur que moi Non, puisque de toute façon, on est ensemble. Donc voilà, ça, c'est une des manières de faire. Après, je pense que c'est peut-être aussi avec le temps. C'est toujours inconfortable de recommencer quelque chose, de reprendre à zéro. Voilà, mais c'est un peu le but parfois. Et puis,

  • Speaker #1

    quelques fois, on a des mémoires. Tu parles de balles. Moi, j'ai été traumatisée par les balles. J'étais super nulle au collège. C'était pime. Pong, basket, volet C'était l'enfer Pour moi dès qu'il y avait une balle je me cachais Et donc J'ai cette espèce de troubade Dès que quelqu'un veut aller jouer avec des balles Je me dis oh non je vais être nulle Je sais pas faire Et c'est quelque chose qu'on le voit Et tu te le traînes en fait Toute ta vie d'adulte Et des fois je me dis non il n'y a pas de raison Je suis quelqu'un de coordonné Agile Il n'y a pas de raison que je n'arrive pas à rattraper une balle Donc il y a cette espèce de d'automatisme ou de conditionnement qu'on a eu aussi des fois sur certaines tâches.

  • Speaker #0

    Complètement, et ça je le vois beaucoup chez les femmes, avec les balles et les ballons, c'est hyper marquant, je vois tout de suite qu'il y a quelque chose d'un peu…

  • Speaker #1

    Ou d'aller au contact.

  • Speaker #0

    Oui, le contact, et c'est là que c'est très important aussi la pédagogie, et ce qu'on essaye de faire c'est d'apprendre à apprendre, c'est-à-dire qu'apprendre, déjà il y a des méthodes, il y a des manières, et puis il y en a qui vont nous convenir plus que d'autres. Selon notre caractère, comment notre cerveau est fait, d'une certaine façon, et c'est là que notre rôle de prof, même quand on pratique pour nous, il est important, c'est le questionnement de comment, même s'il y a ce recul premier ou cette appréhension, comment j'arrive à déconstruire ça et à proposer des tâches qui soient suffisamment accessibles au début, pour tirer un peu le fil et démêler la pelote progressivement, et que la personne puisse trouver un chemin d'accès. à se dire ce que tu viens de dire, à savoir, mais il n'y a pas de raison en fait. Il y a des raisons, mais il n'y a pas de raison. C'est à dire, il y a des raisons historiques liées à ton passé et qui sont, ou à toutes quand on était au collège, mais ces raisons, peut-être qu'elles ne tiennent pas si fort que ce que je pensais face au fait de s'amuser, de découvrir quelque chose et de se surprendre soi-même aussi. Donc, c'est là qu'il faut un peu de méthode et de psychologie aussi. pour arriver à emmener les gens sur ce genre de terrain.

  • Speaker #1

    C'est construire un peu les mythes qu'on s'est construits, qu'on s'est dit sur notre corps. Par exemple, je ne suis pas capable de ceci, je ne suis pas capable de cela.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est aussi l'acceptation de commencer petit. Ça, c'est quelque chose qu'on a beaucoup de mal à vraiment faire. On croit qu'on le fait parfois, mais on ne le fait pas vraiment. Parce que moi, je vois souvent sur la course à pied. Parfois, je partage un peu ça sur les réseaux. Moi, je suis une coureuse, une piètre coureuse. Mais par contre, je m'y suis remise il y a un an, justement parce que c'était plus que piètre. Et donc, je me suis dit, j'aimerais bien pouvoir courir une demi-heure sans être à la mort. Ça m'a pris un certain temps. Et j'ai souvent des gens qui m'écrivent, notamment des femmes, Ah oui, j'ai voulu me remettre à courir, mais au bout de 20 minutes, je suis fatiguée. 20 minutes, c'est déjà beaucoup. Non, 20 minutes, c'est énorme. 20 minutes, c'est énorme. De passer de 0 à 20 minutes, en fait, c'est un gap qui est monstrueux. Donc, sauf si tu as à côté de ça une activité cardio ou que tu as génétiquement, et ça arrive aussi, une facilité pour ça, et peut-être que tu vas te faire tes premières 20 minutes avec un peu la goutte de sueur, mais ça ira. La plupart des gens qui ont plus de 20 ans et ne font pas de cardio à côté, 20 minutes d'un coup, c'est énorme. Donc, essayer de dire, mais... à quel point la comparaison, elle est mortelle quand on se dit qu'il faut qu'on commence par 20 minutes et qu'on ne s'est pas dit, attends, avant 20, il y a 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 1, 3, 2, 1. Mais c'est vrai, on peut commencer par courir une minute. Moi, personnellement, c'est ce que j'ai fait, en alternant avec de la marche. Mais vraiment, et moi comme tout le monde, vraiment se dire, je ne vais pas me comparer, aujourd'hui, c'est devenu, c'est quasiment un ébreu.

  • Speaker #1

    C'est à toutes les applis. L'autre jour, j'ai écouté un podcast qui parlait de ça, de la pression.

  • Speaker #0

    C'est une folie, quoi. Tous les mecs qui postent tout le temps, leur temps, leur machin, les trucs. C'est très compliqué de se dire, non mais réellement là. vraiment est-ce que je vais réussir pendant les 20 minutes ou le quart d'heure que je vais faire surtout pourquoi tu le fais c'est ça exactement pourquoi tu le fais quel est ton objectif et est-ce que c'est possible d'être soit dans un corps des fois on voit passer des trucs comme ça danses chez toi comme si personne ne te regardait mais est-ce que tu peux courir comme si personne ne te regardait ou faire des pompes comme si personne ne te regardait n'importe quel mouvement comme si personne ne te regardait et comme si tout le monde s'en foutait, ce qui est le cas, à part nous-mêmes et l'idée qu'on se fait de ce qu'on devrait réussir à faire au bout d'une semaine, deux semaines, un mois. Souvent, ce que je rappelle aux gens, c'est que même les gens qui postent, qui courent vite et qui postent leurs performances sur les réseaux, ne sont jamais des sportifs professionnels. Eux-mêmes sont nuls. par rapport à beaucoup de gens. Donc, en fait, on s'en fout, quoi. On est tous des nuls entre nuls. Il y en a juste qui sont un peu moins nuls que nous qui sommes peut-être plus nuls. Mais au final, on n'est pas des marathoniens. On ne va pas avoir la médaille au JO et on court pour nous parce que ça nous plaît, que ça nous amuse, qu'on sent qu'on en a besoin. Mais je pense que c'est quelque chose, même moi, je le remets sur la table à chaque fois que je sors. C'est-à-dire, OK, l'intention, c'est laquelle ? J'ai progressé, mais jusqu'à quel point je veux progresser ? À quel point c'est l'obsession de progresser, d'aller plus vite, la montre, le temps, combien de minutes par kilomètre et tout ? Je suis là-dedans ou je suis dans autre chose ? Et c'est un équilibre entre les deux. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Pourrir 20 minutes comme si c'était rien, non, ce n'est pas rien pourrir 20 minutes pour les genoux, pour les mollets, pour les tendons d'achille, bien sûr pour le cœur. Je pense que quelqu'un qui ne court pas, je vous dis que pour 20 minutes, la plupart des gens ne peuvent pas. pour 20 minutes comme ça moi je ne cours pas mais il faut s'entraîner bien sûr,

  • Speaker #1

    normal j'aime faire mon cardio autrement mais la course ça m'ennuie faire le cardio bien sûr heureusement,

  • Speaker #0

    le vélo,

  • Speaker #1

    l'intention ouais tout à fait, super tu proposes plein de choses tu donnes des cours c'est un peu pour savoir si les gens ont envie de découvrir plus ton travail ton enseignement proposer des choses en ligne, donc ça veut dire que c'est accessible vraiment pour tout le monde, des choses en présentiel, des stages, des retraites, tu peux un peu…

  • Speaker #0

    Alors oui, je propose pas mal de choses, mais je vais en proposer un peu moins à partir de l'année prochaine. Mais non, mais c'est vrai que je travaille, ce qui est sûr, c'est que je travaille en ligne et en présence, les deux existent. Des retraites, je continuerai à en faire, deux à trois par an, je pense. Et puis, par contre, c'est vrai que je pense que petit à petit, parce que j'ai de la demande et que ça m'intéresse, je travaille pas mal avec des professionnels du mouvement, donc sous la forme d'un mentorship, où j'accompagne, j'ai beaucoup de profs de yoga, mais pas que, ça peut être des coachs sportifs, ça peut être dans le pilates parfois, parfois j'ai des kinés ou des soignants au sens large. Et l'idée, c'est de leur apporter un peu des outils pour... cultiver justement cette diversité, proposer peut-être d'autres formes de mouvements, mais adaptés à leur contexte, parce que c'est différent quand on est kiné ou quand on est coach sportif par exemple. Et voilà, je crée un peu cet accompagnement là, un peu plus au long cours, sur plusieurs mois, pour essayer de développer cette approche là, de sortir, de garder ce qu'on sait de notre école, de notre passé, de notre savoir, et en même temps devenir le un peu élargir notre vision du mouvement pour nous mais aussi pour le public avec lequel on est en contact dans la vie professionnelle voilà ça c'est quelque chose que je vais encore plus développé l'année prochaine je pense qu'on en a besoin je pense que c'est enfin moi qui parle des kinés parce que c'est un milieu du coup que tu connais que je connais bien que j'ai fréquenté pendant pas mal d'années et c'est vrai que pour que c'est dommage parce que c'est Bon, après il y a d'autres problématiques, une problématique aussi de temps qu'ils ont et que je respecte tout à fait, bien sûr, il y a un contexte, mais ça je suis consciente. Néanmoins, je pense qu'il y a des choses qui pourraient coûter pas cher. à mettre en place.

  • Speaker #1

    Plus efficace.

  • Speaker #0

    Voilà, et qui permettrait soit plus efficace, soit de sortir du côté un peu triste, tristounet ou triste, d'une rééducation pour rentrer dans, voilà, peut-être plus de légèreté, plus de jeu, plus de variété. Voilà, c'est vrai pour les kinés, mais ça peut être vrai… Certains profs de yoga aussi ont envie de sortir un peu de ce qu'ils connaissent déjà au niveau postural pour aller faire d'autres… d'autres univers.

  • Speaker #1

    Toutes dynamiques, avec des déplacements, par exemple,

  • Speaker #0

    dans toutes ces techniques-là,

  • Speaker #1

    pilates, yoga, etc. Tu n'as pas de déplacement, pour moi, ça, c'est un immense manque, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que c'est un peu dans notre ADN, en tant qu'humain, la marche et ses dérivés. C'est sûr que c'est très important. Alors après, c'est paradoxal, parce que je pense que... Faire 10 fois, ça a du sens aussi. C'est-à-dire que moi, quand je faisais de l'Achtangag, j'ai beaucoup répété la répétition. C'est très riche, ça a beaucoup de sens. Et je pense qu'on apprend des choses quand on répète 5 ans la même séquence. On ne peut pas apprendre ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, tu vas dans la profondeur. Mais par exemple, si c'est ton unique pratique, à un moment donné, il va te manquer des billes.

  • Speaker #0

    Je crois. Là encore, ça dépend de la génétique, de la chance qu'on a. Il y en a qui s'en sortent très bien comme ça. Ce n'est pas la majorité. Je pense qu'au bout d'un moment, il y a une usure. Le stress est placé toujours au même endroit, toujours sur la même articulation et de la même manière, avec la même intensité. Donc forcément, le corps s'adapte à ça, mais il s'adapte aussi à tout ce qu'il ne fait pas et tout ce qu'il n'est pas apporté dans son vocabulaire. Et ça peut créer bien sûr des blessures et tout un tas de choses. Mais je pense que là-dessus, on évolue quand même pas mal ces derniers temps. J'ai l'impression qu'il y a un peu une prise de conscience de ça. notamment avec le yoga mais pas que, et de dire ben oui si tu fais que du yoga par exemple, je n'ai rien contre le yoga c'est vrai d'autres pratiques mais c'est celle que je connais le mieux, peut-être qu'il y a des endroits où tu pourrais être renforcée et ce serait très positif, peut-être que ton endurance justement cardiovasculaire peut-être qu'à certains endroits elle gagnerait à être un petit peu plus développée etc. Tout ça c'est des questionnements qui sont très riches. Et c'est super pour moi de me les poser avec des gens qui viennent de plein d'environnements différents.

  • Speaker #1

    Moi, je sais que c'est un conseil que je vais souvent donner à mes élèves, s'ils veulent être vraiment dans une santé un peu plus complète, comme on parlait, de diversifier leurs pratiques, d'avoir peut-être du pédalate, mais aussi de la danse, ou de la marche, ou du qigong pour travailler leur équilibre, leur coordination, d'autres choses. Ce qui leur fait plaisir, d'aller à la piscine, d'avoir des choses variées, des apports variés.

  • Speaker #0

    Oui, et puis ce qui est important aussi de dire, pour moi, parce que des fois, quand on parle de mouvement, alors oui, la force, la coordination, l'endurance, on a l'impression qu'il faut un peu se transformer en surhomme, en surfemme. Alors non, on fait des choix. C'est sûr qu'on ne peut pas tout faire. Moi, je ne passe pas ma semaine à courir, faire de l'escalade, nager, faire du surf, repartir à la danse, ensuite soulever des poids. Non, je choisis, c'est sûr. Mais par contre, ces choix évoluent dans le temps. C'est-à-dire que quand je fais un choix, j'aime bien rentrer dans le concret parce que c'est la question que souvent les gens se posent. Souvent, je le tiens pendant, on va dire, à minima six mois. Peut-être ça peut être un an, peut-être deux ans. Et puis, il va y avoir, je vais pivoter dans les choix que je fais parce que celui que j'ai fait pendant deux ans, je vais m'apercevoir que j'ai progressé, que j'ai évolué. Et puis, je vais visiter une autre zone d'ombre, peut-être qui est juste à côté ou peut-être qu'elle est un peu plus loin. Mais en tout cas, mon but dans la vie, ce n'est pas de faire tout. tout le temps, mais c'est plutôt de faire des choix éclairés en fonction de là où je sens que j'ai des faiblesses, là où je sens que j'ai de la joie, du plaisir, quand j'ai le temps aussi, en fonction de mon état de forme, de la saison dans laquelle on est. Enfin, tous les facteurs sont importants et on a le droit et on a raison de s'écouter et de les prendre en compte, mais de se faire des choix éclairés et d'amener un peu de diversité dans ce cadre-là. mais sa diversité, peut-être qu'on peut faire de la natation et après se dire j'en ai marre, l'odeur du chlore, je vais faire du vélo Mais voilà, le conseil, ce n'est pas vous devez tout faire tout le temps Parfois, il y a un peu ce côté-là, et les gens ont un travail, ils ont peut-être une famille, on a une vie aussi, et moi, à titre perso, je ne passe pas 8 heures par jour à pratiquer, j'ai envie de faire d'autres trucs.

  • Speaker #1

    C'est clair. Merci beaucoup Agathe pour cette discussion.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Très intéressant, ça nous enrichit, enfin ça enrichit tout le monde d'avoir tout un tas de points de vue, c'est ce qui me passionne dans cette aventure du podcast.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir attendu le micro.

  • Speaker #1

    A très vite.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Interview Agathe

    00:44

  • Conclusion

    49:49

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Description

🎙️ Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Agathe Philbé, professeur de Movement à Paris. Nous avons plongé dans son parcours unique, marqué par une évolution passionnante : du yoga au Movement, une discipline qui place l’autonomie, la créativité et la diversité au cœur de la pratique.


👉 Quels éléments l’ont poussée à évoluer vers cette approche novatrice ?

👉 Comment définir la santé ?

👉 Comment trouver un équilibre entre les différentes pratiques corporelles pour mieux écouter son corps et avancer vers un bien-être global ?


Autant de questions fascinantes que nous avons explorées ensemble.


Agathe partage avec générosité sa vision et ses outils, fruits de son parcours personnel : un accident grave en 2015 et douze fractures qui l’ont amenée à reconstruire son corps, jour après jour, en puisant dans des pratiques variées. Cette expérience a transformé son enseignement, qu’elle guide aujourd’hui avec curiosité, résilience et écoute de soi.


🎙️ À écouter pour s’inspirer, réfléchir, et enrichir sa propre pratique du mouvement.


Pour en savoir plus sur le travail d’Agathe, découvre son site :

👉 https://www.agathephilbe.com/



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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratrices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice empinade, danseuse improvisatrice, praticienne de chassons. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Et bien bienvenue Agathe pour ce nouvel épisode de Corporalité. Je suis ravie de faire ta connaissance en vrai. On s'est parlé par téléphone et on a fait connaissance autrement. Et donc, on va parler un petit peu de ton travail, de ta vision du mouvement. Et puis, on va partager plein d'idées gilets gilets. Je te laisse te présenter déjà pour commencer.

  • Speaker #1

    Déjà, merci de m'inviter et de me donner la parole. Je m'appelle Agathe, je viens d'avoir 42 ans et ça fait maintenant à peu près 5 ans, je dirais, que j'enseigne le mouvement, notamment à Paris, mais aussi dans d'autres contextes ou d'autres endroits en retraite. Voilà pour la version brève. J'enseigne à un public, on va dire, large, au sens où j'ai des personnes parfois qui veulent sortir de la sédentarité, mais parfois c'est des athlètes qui veulent intégrer de la diversité dans leurs pratiques. Parfois il y a des gens qui sont en rééducation. Donc voilà, c'est des publics très divers et c'est aussi ça qui m'intéresse. Et puis mon parcours, on va dire, en tant que professionnel dans mon métier lié au mouvement, il a démarré avec le yoga quand j'avais 23-24 ans. Ça fait un petit moment.

  • Speaker #0

    Donc c'est déjà une vie, toute ta vie professionnelle pratiquement dédiée au mouvement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai été quelques années photographe avant ça, mais oui, on peut dire que l'immense majorité de ma vie pro a été tournée vers ça.

  • Speaker #0

    Donc dans ce temps-ci, surtout quand on avait déjà un peu échangé, moi ce qui m'intéressait particulièrement dans ton parcours, c'est comment... Tu es passée d'une pratique du yoga, je prends Ashtanga, très codifiée, avec beaucoup de formes, un cadre assez important, à une pratique qu'on appelle maintenant le movement. Tu pourras peut-être me donner un peu ta définition de ce que c'est cette pratique, qui est une pratique plutôt très libre et très diverse. Qu'est-ce qui t'a amenée à faire ce chemin-là ?

  • Speaker #1

    C'est une longue histoire parce qu'elle est liée essentiellement à un accident de la voie publique que j'ai eu. Quand j'enseignais le yoga, j'enseignais effectivement et je pratiquais l'Ashtanga et arrivais à l'âge de 33 ans. Ça me semble long et court à la fois. 33 ans, j'étais à vélo, j'ai été renversée par une voiture. J'étais dans le sud de la France, j'étais en vacances chez mes parents. Et puis cet accident, qui était un accident grave, puisque j'étais à haute vitesse, la voiture était à plus de 100 km heure, et j'ai eu des fractures osseuses nombreuses. Dans mon malheur, j'ai eu la chance de ne pas avoir de séquelles au niveau du système nerveux. Néanmoins, le squelette a été durement touché de façon multiple. Et donc, bien sûr, ça a ouvert le chemin d'une rééducation qui a duré plusieurs années. Et cette rééducation, évidemment, elle a remis en pause mon rapport à mon corps, mais aussi ce que j'ai utilisé finalement pour, je ne veux pas dire me soigner ou guérir, parce que ce sont des mots qui sont tellement vastes et qui impliquent tellement d'autres choses que le mouvement. Ce serait trop simple. mais le mouvement qui a contribué à m'aider à sortir de ça a été autre chose que le yoga, même si c'est la première chose vers laquelle je me suis tournée, puisque c'est ce que je connaissais, ce dont j'avais l'habitude, je connaissais les codes, je connaissais ce milieu. Donc c'est d'abord par là que j'ai venu passer, mais en fait très rapidement je me suis rendu compte que c'était... ça allait être une voie sans issue on va dire pour moi parce que tout simplement mon corps me permettait de faire très peu de choses en tout cas par rapport à ce qu'est l'ashtanga ni même j'ai envie de dire le yoga postural en général. Pour moi être debout à un moment donné c'était déjà pendant assez longtemps d'ailleurs compliqué instable fatigant usant même donc j'ai dû aller chercher d'autres outils d'autres techniques d'autres méthodes et c'est de là que vient beaucoup ma pratique d'aujourd'hui, même si évidemment mes capacités elles ont évolué, et aussi mon enseignement. Donc ça a été on va dire ce choc initial et cette impossibilité, ça a été un peu par dépit de faire le yoga que je connaissais, qui a fait que j'ai changé complètement d'optique et puis une fois que j'ai eu récupéré, je me suis dit que finalement j'étais mieux là où j'étais et je suis pas retournée vers le yoga.

  • Speaker #0

    Tu enseignais déjà le yoga à cette époque là ?

  • Speaker #1

    Oui, ça faisait déjà quelques années, ça faisait je dirais trois ans que j'enseignais.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, le cheminement, il n'est pas le même non plus. C'était seulement pratiquement, tout c'était déjà enseignant, puisque quelque part, tu t'es approprié les outils un peu différemment. Et c'est vrai que la pratique du yoga, elle n'est pas si accessible que ça physiquement pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    C'est ce dont je me suis rendu compte à ce moment-là. C'est vrai que moi, j'avais 33 ans, j'avais jamais une blessure grave. Et en fait, ça, c'est une question qui, moi, est beaucoup rentrée après dans ma vie. C'est la question du privilège. d'être en bonne santé, d'être sur ses deux jambes. Et un peu, c'est un chapitre qui est très large, mais c'est des discours qu'on entend parfois dans la culture du mouvement. Il y a ce côté si tu veux, tu peux En gros, bouge-toi les fesses, vas-y, mets-toi dans le dur. Et ça vient souvent, et c'est toujours comme ça, de personnes dont on voit qu'une fois, ils se sont fait les croiser. Et du coup, ils se disent qu'ils connaissent la blessure ou la limitation. La limitation, ce n'est pas se faire les croisés, c'est autre chose. Et ça, pour moi, c'est important de le rappeler. Et c'est vrai que oui, quand on a vraiment des limitations, mais moi, ça a été un accident, mais ça peut être pour certaines personnes du surpoids, ça peut être des lésions neurologiques, ça peut être des maladies chroniques. Moi, je ne suis pas médecin, mais je sais que ça existe tout ça. Et le yoga, on est dans beaucoup de cas, dans le cas de beaucoup de cours, avec beaucoup de professeurs, n'est pas une pratique accessible. Un exemple classique c'est souvent une posture de repos dans le yoga, c'est la posture de l'enfant. On vient s'asseoir derrière sur les talons avec par exemple les bras le long du corps ou les bras devant. Il faut une flexion de genoux des deux côtés qui est non seulement complète mais qui supporte une certaine intensité. Et ça pour moi, quand j'avais le genou qui plaidait à 90 degrés après six mois d'effort, j'en étais encore à deux ans de pouvoir faire ce truc qui était considéré comme une posture de repos. donc là j'ai compris que ça allait être problématique mais c'est problématique pour beaucoup de personnes donc c'est vrai que si des personnes se disent le yoga c'est censé être pour tout le monde mais en fait je suis dans ce cours je galère j'ai envie de dire c'est normal ou c'est pas choquant

  • Speaker #0

    ou alors il faut que ça soit très adapté avec des pratiques sur chaise moi je sais que dans les pratiques que je fais que ce soit dans le pilates ou aussi dans d'autres techniques qui sont le gyrotonique, le gyrotinésisme des choses comme ça... où ça a été justement apporté tout un travail sur la chaise. Les gens qui ont des problèmes de genoux, qui ne peuvent pas aller au sol, aller au sol est assez inaccessible pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Aller au sol, c'est déjà pouvoir aller au sol de façon confortable. Alors, il y a des techniques, il faut aussi le pratiquer, mais c'est aussi un privilège qui implique au niveau articulaire et de mobilité, déjà un certain nombre, on va dire, de prérequis. Donc, moi, pendant ma rééducation, je sais que j'ai travaillé pas mal, j'ai fait du pilates sur machine. J'ai fait aussi du rotonique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est à hauteur.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est moins… Tu as de l'assistance,

  • Speaker #0

    tu as des poulies.

  • Speaker #1

    C'est ça, le poids est un peu porté. Et dans ce cadre-là, pour moi, ça a été salvateur, physiquement, mais aussi mentalement. D'arrêter de se sentir comme une personne pour laquelle rien n'est possible, en fait. Et ça, psychologiquement, au bout d'un moment, ça pèse quand même. Donc oui, heureusement qu'il y a les supports. Et dans le yoga, tu as raison, on le trouve aussi dans certains cours. mais je ne pense pas que ce soit la majorité des cas.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas la règle. Surtout, on est dans une modalité de yoga, certains courants qui sont très instagrammables, on pourrait dire ça comme ça, qui privilégient beaucoup la performance. C'est un peu ce qu'on voit le plus, un peu tout public, et ce n'est pas du tout un yoga accessible. Oui,

  • Speaker #1

    c'est sûr que le yoga, c'est un peu le même. Ça aussi, c'est un sujet très vaste, mais le lien avec l'image, il n'y a pas que le yoga, il y a la pratique physique en général, mais peut-être le yoga notamment. C'est sûr que là, c'est encore toute autre chose. La photo Instagram, là, c'est encore l'étage au-dessus, j'ai envie de dire, du truc inaccessible pour le commun des mortels.

  • Speaker #0

    Tu dis que c'est dans le monde du mouvement, mais pas que, c'est dans notre société en général. le visuel, tu vois, être dans la...

  • Speaker #1

    Oui, alors tout à fait, non, mais le visuel, c'est en général, c'est absolument pas comme nous en sommes, c'est sûr, mais c'est vrai que dans la culture du mouvement, il y a une espèce de philosophie de comptoir, de bas étage, je ne sais pas comment il faut l'appeler, de gens qui n'ont pas beaucoup de philosophie dans leur vie, je pense, sans vouloir être... Et avec des concepts un peu fumeux, comme l'antifragilité... comme des choses comme ça, des espèces de dérivés, de niches mal lues à la petite semaine, que l'homme puissant, c'est celui qui fait l'effort, qui est dans cette recherche un peu de résistance, de force, d'adaptation permanente, tout ça parce que quand il fait trois moutes de pluie, il sort dehors, faire un footing de dix minutes, il y a une espèce de verbiage et un peu d'autosatisfaction comme ça autour de la force. force. Le dépassement de soi. Le dépassement et même de se dire, moi, les choix que je fais dans ma vie me rendent résistant. Mais j'ai envie de dire, résistant à quoi ? Si c'est résistant à faire des pompes sous la pluie ou à pratiquer à 7h du matin, ce n'est pas très compliqué. Les vraies difficultés dans la vie, je pense qu'elles ne résident pas là. Quand on en a vécu et on en vivra tous, c'est juste une question de moment. Après, plus ou moins, parce qu'on est plus ou moins privilégiés aussi. mais quand on pense difficulté dans la vie si on pense pratiquer à 7h du mat c'est qu'on a une vie très facile vraiment très facile et ça c'est un truc qui est un peu agaçant parce que moi je trouve que l'antifragilité elle se trouve plus chez je sais pas moi, une infirmière qui se travaille, qui fait son taf 8h ou 10h de suite et qui ensuite a des enfants à charge pour moi l'antifragilité elle est plutôt là mais bon bref, je referme la parenthèse mais c'est vrai que... Voilà, ce discours sur ce que ce serait la force, ce que ce serait de ne pas être fragile, que dans nos sociétés, on est des fragiles parce qu'on a trop de confort, ça dépend qui. Oui,

  • Speaker #0

    on revient à des concepts. Je retombe assez souvent sur ces notions-là quand je discute avec des personnes de ça, parce que finalement, on en revient toujours à… à quelque chose de social, à quelque chose presque de positionnement politique. C'est-à-dire que pour qui on pratique, pour qui c'est pratique, et qui en a le plus besoin, et comment c'est accessible. Est-ce que le soin du corps est accessible pour tout le monde, loin de là ? Ce n'est pas du tout le cas. Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on se positionne par rapport à ça ? C'est une question que j'ai moi-même, je n'ai pas de réponse et je me sens aussi assez démunie par rapport à ces questions, mais ce sont des questions qui me taraudent beaucoup. Et ça m'en vient à développer un peu l'axe de la santé. Qu'est-ce que c'est la santé ? On avait un peu discuté de ça. Est-ce que tu parles de… non d'ailleurs tu n'as pas utilisé ce mot-là, mais d'adaptabilité, de… peut-être même de résilience, de se reconstruire d'une certaine manière, peu importe ce que tu as traversé, que ce soit d'ailleurs mental, physique, émotionnel, etc. Ça peut être des dépressions, ça peut être… C'est quoi en fait la santé ? Comment tu utilises ta pratique pour être en bonne santé ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, moi c'est une question que je ne m'étais jamais vraiment posée, puisque comme j'avais toujours été dans mon sang en bonne santé, c'était comme une évidence. Non, j'avais… encore une fois ce privilège qui est immense, on le réalise après, de ne pas vraiment me poser la question, comme tout le monde, quand je n'étais pas malade, j'étais en bonne santé, mais malade, ça voulait dire avoir une angine. Donc en fait, cette question, je me la suis vraiment posée après l'accident, au sens où, ok, il y a l'accident, on est aux urgences, ensuite il y a trois mois vraiment de dur, ensuite on réapprend à marcher, tout ça, la question ne se pose pas parce qu'on se reconstruit. Puis à un moment donné, je commençais à récupérer un semblant de vie normale. Je pouvais à nouveau marcher sans béquille. Un jour, j'ai pu marcher sans douleur. Il y avait quand même les conséquences, bien sûr, psychologiques de ce que j'avais traversé, mais j'allais quand même mieux. J'avais repris du poids, mes fractures étaient consolidées. Et à un moment donné, je me suis dit, mais… à quel moment je vais me dire ou sentir que je suis à nouveau en bonne santé ? Et c'est une question qui n'avait pas vraiment de réponse, mais qui a été un point de départ pour mes recherches, dans le sens où ce que je savais, c'était que je cherchais ça, cette idée de me dire, OK, j'ai des séquelles et j'en garderai toute ma vie, il s'est passé ce qui s'est passé, je ne peux pas l'effacer, ça fait partie de mon histoire et ce sera toujours le cas. Peut-être même qu'il y aura d'autres, je touche du bois, pas aussi grave, mais d'autres histoires dans ma vie. Et c'est quoi le fil que je peux continuer à tirer pour quand même, et malgré les séquelles et tout ça, retrouver un état de santé. Donc une sorte d'harmonie avec mon corps, d'équilibre comme ça. Et la première chose qui a surgi liée à cette question-là, c'était vraiment la notion de diversité. Donc de me dire… Pour moi, être en santé, si j'ai la chance de pouvoir recourir, par exemple, ou marcher sans douleur, ça va être pouvoir faire une randonnée, marcher deux, trois heures dans la montagne, et que ce soit peut-être parfois difficile, mais possible. Ça va être retrouver une certaine souplesse, une mobilité particulière là où je pourrais. Ça va être, comme je disais tout à l'heure, être capable d'aller au sol, à l'étage intermédiaire à quatre pattes et debout en étant bien. Ça va être aussi retrouver une forme d'exposition, explosivité. Par exemple, il y a un moment donné, j'ai retravaillé un peu sur mon système nerveux et c'était juste sauter du haut d'une marche d'escalier ou de deux marches d'escalier. Ça, ça m'a demandé une sorte de reconnexion, de faire tomber de la peur, des appréhensions, bien sûr que j'avais, puisque j'avais eu beaucoup de fractures aux jambes. Donc ça aussi, ça pouvait en faire partie. Et puis après, c'était des trucs du quotidien. J'avais une nièce qui avait 6-7 ans à l'époque, pouvoir la reprendre dans mes bras, la porter sans y penser, que ce soit simple. jardiner avec ma mère. Donc c'était un mélange de choses. En fait, finalement, il y a des choses objectives. Vivre son douleur, par exemple, ou avec le moins de douleur possible. Soigner aussi la santé mentale, donc me sentir peut-être moins fragile quand j'étais sur la voie publique, avec du temps. Il y a des choses comme ça. Et puis il y a des choses qui relèvent de choix subjectifs. Pouvoir jouer avec un enfant, reprendre du ski, par exemple. J'ai grandi auprès des montagnes, donc j'ai eu la chance de skier étant jeune, donc refaire du ski sans avoir la peur panique de la chute. Donc, c'est des aspects à la fois physiques et mentaux. Donc, je pense que c'est une question que chacun peut-être pourrait se poser. Moi, je ne peux pas en donner une définition à part celle de ce côté divers. Je ne pourrais pas en donner une définition précise, mais par contre, je trouve super intéressant que chacun, chacune, se l'approprie au-delà des choses, des grandes lignes. connaît tous et toutes de se dire mais pour moi en fait aujourd'hui et dans dix ans vingt ans trente ans qu'est ce que ça va vouloir dire vivre et vieillir en bonne santé la meilleure santé possible et ça ça vraiment après conduit mais recherche pour ma pratique est aussi ce que je partage avec nous et serait en quelque sorte pouvoir jouir de

  • Speaker #0

    son corps comme tu comme tu en a envie point

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu ça.

  • Speaker #0

    De ne pas avoir de limites.

  • Speaker #1

    Je crois que c'est Feldenkrais qui a dit La santé, c'est la capacité à réaliser nos rêves avoués et inavoués. C'est beau ça. C'est une phrase que j'aime beaucoup. Et je pense qu'il a raison. C'est pour ça que la santé, c'est un tel trésor. Et c'est pour ça que quand on la perd, on se rend compte que tout le reste est vraiment très, très utile. Parce qu'elle est liée à la possibilité de… de réaliser nos rêves, aussi simples que soient-ils. Marcher, c'est déjà un luxe. Pouvoir se réveiller sans avoir de douleur, c'est déjà un luxe. Et ça permet de vivre notre journée, entre guillemets, comme on en a envie. Donc, toutes ces choses-là, c'est des joyaux dans une vie. En tout cas, moi, j'essaye de préserver, de protéger. Après, la vie, elle a lieu. Et c'est en ce sens que le concept d'adaptation L'antifragilité, entre gros guillemets, n'est pas que débile. Ça peut avoir aussi du sens dedans. Certains cas, vraiment avec des pincettes. Et je comprends l'idée qu'il y a derrière, parce que c'est vrai qu'il faut aussi s'exposer à une forme de stress de temps à autre.

  • Speaker #0

    De ce que j'ai compris, l'antifragilité, ce serait une capacité à s'adapter aux difficultés qui apparaissent sur ton chemin. Mais peut-être que c'est une version un peu simpliste de l'idée.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est... Malgré tout, je pense que c'est une idée simpliste. Parce que par définition, ce qu'on ne peut pas prévoir, on ne peut pas le prévoir. Si on s'est préparé pour un truc, c'est qu'on s'est préparé pour quelque chose qu'on a prévu. Donc quand on réfléchit vraiment deux minutes, l'imprévu, le vrai imprévu, c'est… par exemple ce qui m'est arrivé, mais c'est Tiens, mon frère s'est tué en montagne hier, qu'est-ce que je fais maintenant pour survivre à ça ? Ça, c'est l'imprévu. Et je ne suis pas certaine qu'il existe des pratiques, ou alors il faut me les donner, qui nous préparent réellement à ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Des pratiques spirituelles ?

  • Speaker #1

    Peut-être, sans doute. Mais en tout cas, après, c'est vrai que pour les plus privilégiés d'entre nous, Il est certain que beaucoup de confort, parfois du confort très accessible, pour le corps et même pour le mental, ça n'est pas que positif. Et il est vrai aussi que de s'exposer à un peu de difficulté, à un peu de tension, à un peu d'émotions complexes, de la peur parfois, mais à dose ajustée, et puis de la difficulté physique, ça a du sens. Quand on a le loisir de le choisir. et de le cultiver parce qu'on se dit que ça, en retour, ça va nous amener quelque chose pour le futur. Ça peut avoir du sens, mais il faut que ce soit bien mesuré. Et quand on enseigne, je pense qu'il faut savoir à qui on s'adresse. Et par définition, quand on voit quelqu'un arriver, on voit une image, mais on ne sait pas l'histoire de la personne. On ne sait ni l'histoire de son corps, ni l'histoire de son mental, de son esprit. On ne sait pas ce qu'elle a vécu la veille. Donc, imposer ou en tout cas imaginer, qu'on va l'aider à être moins fragile en lui expliquant qu'il faut se faire mal dans la pratique, qu'il faut se faire un peu mal, c'est plaquer sur les lèvres des croyances sur ce qu'est sa vie. Et ça, je pense que ça peut être problématique. Et à l'inverse, ça peut être vrai aussi. Des fois, on voit quelqu'un, on dit ça n'a pas l'air d'aller et en fait, la personne a des ressources, et peut-être même plus que ce qu'on pensait. Donc, ça marche dans les deux directions. Et c'est vrai que je pense qu'on a une responsabilité, comme on m'enseigne, à se dire Ok, je ne connais pas cette personne en fait. Je me dis Ah tiens, il est tout petit, tout maigre, qui ça trouve il est hyper costaud. Et inversement, je peux me dire Ah, disons qu'elle a l'air d'avoir la dolçivita, je vais lui en mettre un petit coup. Ben, tu ne sais pas non plus ce qu'elle a vécu la veille, donc, il ou elle. Donc voilà, c'est pour ça que je pense que cette idée de fragile, résistant, nanana, c'est très complexe. déjà pour nous-mêmes, elle rentre plus pour nos élèves, doublement. Mais bon, c'est un sujet qui est très vaste, même si, je le redis, c'est vrai que dans l'idée de santé, il y a la notion de pouvoir s'adapter, de construire l'idée que des options diverses peuvent se présenter à nous et de cultiver peut-être une capacité à y répondre d'une manière ou d'une autre. Moi, dans mes élèves, j'ai par exemple énormément d'enseignants de yoga et c'est vrai que... parfois qui sont en très bonne forme, jeunes, etc. et qui se sont parfois hyper spécialisés. Il est certain que ça a des conséquences sur leur capacité à ouvrir le corps à d'autres environnements, d'autres types de pratiques, d'autres énergies, d'autres vitesses, d'autres rythmes. Et on le voit, ce que le corps n'utilise pas, il le met de côté et il l'oublie. Je reconnais que c'est aussi dommage dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un vrai sujet pour moi de me dire, quand tu viens très spécialisé dans une technique, dans une méthode qui est très formalisée, en fait, chaque choix est quelque chose dont tu te coupes. Plus tu vas te spécialiser dans une chose, plus tu te coupes des autres choses. Donc moi, c'est ce que j'appelle les ongles morts. Il y en a à peu près dans beaucoup de méthodes. Il me semble que dans le mouvement, c'est très ouvert et qu'il y a... peut-être moins d'angle mort, ou en tout cas, vous les chassez plus. Donc peut-être, j'aimerais bien que tu nous expliques un petit peu, pour ceux qui ne connaissent pas trop, on a déjà interviewé, j'ai déjà interviewé Alain qui nous a parlé de ça, mais quelle était ta vision du mouvement, et peut-être comment tu es arrivée, et qu'est-ce que tu développes toi dans ta pratique, dans ton enseignement ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que la notion d'angle mort, moi j'appelle ça des zones d'ombre, mais c'est pareil. Moi, à titre personnel, dans ma pratique, je ne sais que... chasser ça, quasiment que, on va dire. Maintenant, pour revenir à ton autre question un peu plus générale, pour moi, la pratique du mouvement, c'est la cultivation via des méthodes diverses des grandes qualités motrices du corps humain, qui sont la souplesse, la force, la coordination, l'endurance. l'explosivité et l'agilité, on va dire. Donc ces qualités motrices, elles peuvent être cultivées de plein de manières différentes, avec des méthodes différentes, des regards différents, des options différentes. Et chacun, chacune d'entre nous, on a sur notre territoire de mouvement, et c'est lié à notre corps, notre génétique, notre histoire, nos goûts aussi, sans doute des facilités à certains endroits, et à d'autres endroits, plus de difficultés, moins d'appétence, pour plein de raisons. C'est de se dire, si par exemple je suis quelqu'un de naturellement très souple, au lieu de faire beaucoup de choses qui vont encore améliorer, faire grandir, pousser plus loin cette souplesse pour devenir quelqu'un d'hyper souple, je vais me dire, moi, soit je n'ai pas beaucoup de force ou je ne suis pas très explosif. Au lieu de faire, je vais réduire un peu la dose sur ce qui entretient ma souplesse, ou ce qui la renforce, ou ce qui l'augmente, et je vais aller travailler. faire un peu monter le niveau dans mes zones d'ombre, justement là où je suis moins à l'aise, là où spontanément j'ai peut-être moins envie d'aller parfois, et pour avoir quelque chose de plus harmonieux en termes de ces capacités motrices. Donc voilà, moi c'est la définition que j'en donne, je ne sais pas si c'est clair.

  • Speaker #0

    C'est super clair.

  • Speaker #1

    Et pour chacune de ces capacités, on a plein de chemins différents. L'exemple que je donne souvent, c'est celui de la… de la coordination parce que c'est vrai qu'on peut le prendre par plein d'angles. Les gens qui font de la danse sont souvent des gens qui travaillent leur coordination, Ausha, au bas, parce que pour suivre une chorégraphie, ça rentre complètement en jeu. Mais ça peut être aussi les gens qui font de la boxe, qui sont souvent assez coordonnés, en tout cas dans le haut du corps. La latéralité, le fait de travailler avec un partenaire, de s'adapter aussi à sa coordination à lui ou à elle. On se trouve ça dans le cirque avec des balles, de la manipulation d'objets, dans un travail rythmique, etc. Donc toutes ces façons d'aborder la coordination sont toutes aussi valides les unes que les autres. C'est juste des regards différents sur cette capacité motrice-là. Mais c'est vrai aussi de l'ambiance, c'est vrai de la force, c'est vrai de l'agilité. On va retrouver pareil dans le parcours, dans le cirque, dans de la capo-héral, dans le coup, et dans de la gym. et comment je veux nourrir ma propre agilité sans devenir gymnaste, sans devenir prof de capoeira, mais en allant chercher des outils dans ces divers domaines qui me nourrissent et m'intéressent pour aller un peu fouiller cette zone nombre.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve très intéressant dans cette proposition-là, c'est d'ouvrir les bantailles des possibles dans ton vocabulaire corporel. C'est ce que... Pour moi, c'est quand tu deviens très fort en une chose, dans une de ces capacités dont tu parles, par exemple la souplesse ou la force, etc., c'est comme si je faisais des phrases ou un texte en n'utilisant que la moitié des lettres de l'alphabet. Je ne me donne pas la possibilité d'avoir quelque chose de très large, voire d'inventer des nouveaux mots. C'est un peu l'exemple que je donne. Et souvent, on est très cantonné, comme tu disais, à... Est-ce qu'on a ce pourquoi ? On a l'appétence ? J'avais, je pense, écouté une fois Ido Portal qui parlait de ça. Il disait, comment tu choisis ta pratique ? Est-ce que c'est toi qui as choisi ta pratique ou la pratique vient en toi parce que c'est une facilité pour toi et que c'est celle-là qui arrive ? Enfin, voilà. Parce que je pense qu'il a aussi beaucoup amené au début de ce mouvement-là.

  • Speaker #1

    Oui. C'est vrai que lui, il tient, pour parler d'Ido Portal, il a... qui a beaucoup popularisé cette idée de culture de mouvement. Il tient un discours qui est intéressant, je trouve. Moi, je trouve que c'est un équilibre entre les deux, où il dit, en fait, la pratique, ce n'est pas un hobby. C'est-à-dire, un hobby, c'est quelque chose que tu as envie de faire, que tu aimes bien faire, que tu trouves fun. Et la pratique, ce n'est pas ça. C'est plus une connaissance de soi, un rapport à soi-même. Il y a une forme de rituel. Et c'est aussi, justement, visiter des zones d'ombre, donc de la difficulté, là où il n'y a pas nécessairement d'appétence. Et c'est... et de se connaître aux endroits où on n'a pas d'appétence. Moi, je dirais que c'est un mélange des deux. Je pense que pour que ce soit tenable, en tout cas pour moi, si le personnel a le long terme, il faut qu'il y ait des endroits que je visite pour lesquels j'ai de l'appétence, parce que je pense que la joie, le plaisir, c'est un moteur qui est très puissant et je n'ai pas envie de le mettre de côté. En revanche, c'est un équilibre et c'est sûr qu'il n'y a pas que de la joie et du plaisir dans ma pratique. Il y a aussi des fois des trucs où je me sens nulle. Mais je sais pourquoi je le fais. D'une part, pour me sentir un petit peu moins nulle, parce que tout ce qu'on fait, même si on part de très bas, à un moment donné, en répétant, on va être un petit peu moins bas au bout d'un moment, tout autant qu'on est. Et puis aussi, pour... me frotter à ce moment où je suis débutante et je ne sais pas faire.

  • Speaker #0

    Déjà en tant que prof, je pense que c'est important. Et puis en tant qu'individu aussi… Se remettre en danger en quelque sorte à chaque fois. Oui, c'est ça. Et puis aussi dans la posture de Ok, tout est possible, je n'ai rien à prouver à personne, je le fais pour moi. Et là, on retrouve aussi l'idée de santé. Parce que la santé, c'est aussi en termes de cerveau. Les enfants, ils sont tout le temps exposés à des choses qu'ils vont devoir apprendre et qu'ils ne savent pas faire. couper avec des ciseaux, marcher déjà d'abord, après jouer avec un ballon, apprendre à écrire. Faire du vélo. Exactement. Pendant quelques années, là, jusqu'à, je ne sais pas, peut-être une dizaine d'années, il y a des apprentissages moteurs en permanence. Et en permanence, c'est pour ça que le cerveau des enfants, il est plastique et il est très agile, justement. Et c'est quelque chose qu'on perd, pas parce que le cerveau change et perd cette capacité-là, mais parce qu'on ne cultive plus du tout ce truc de l'apprentissage. mais le vrai apprentissage, pas je ne sais pas moi, je suis au boulot et j'ai appris à utiliser un logiciel. Non, vraiment d'être complètement à nu devant un truc, comme quand on apprend une nouvelle langue. Ça, ça peut arriver aussi à l'âge adulte. Là encore, c'est assez rare. Mais de découvrir quelque chose, de se dire Ok, je suis à zéro là et j'y vais. Et donc, je vais me tromper, ça va être frustrant, je vais me sentir nulle, je vais être nulle, mais je passe à travers. Et cette situation-là, réellement, je pense que la plupart des adultes sont rarement confrontés à ça. Et ça a un impact sur notre cerveau.

  • Speaker #1

    Mais il y a des gens qui ont plus le goût de ça. Moi, j'adore faire ça. J'adore apprendre plein de nouvelles choses tout le temps, des nouvelles langues. Là, je vais me mettre à jouer de l'accordéon. Je vais chercher un accordéon demain. Je commence un nouvel instrument de l'éliminale. Donc, effectivement, je suis marre de zéro. Il y a une coordination qui va faire... prendre tout ça. Peut-être qu'il y a certaines personnes aussi qui ont plus de goût à faire ça, soit par l'habitude, par l'éducation, par une sorte de curiosité intellectuelle. Comment tu cultives ça, toi, chez tes élèves, par exemple ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que tu as raison. Il y a des gens qui ont plus une appétence pour ça. pour ça. Néanmoins, je pense aussi et en particulier, on vient un peu à ce qu'on disait tout à l'heure dans le cadre d'un cours de sport ou activité physique on a surtout, je pense, le goût d'être le meilleur ou de ne pas être, encore plus important, de ne pas être le ou la nul du groupe. Et ça, c'est un truc, les gens se regardent du point de l'œil, on se compare, on le voit beaucoup dans les cours de yoga, mais on le voit partout. Oh là là, lui, il est ouf, il y en a une qui est plus nulle que moi. Et ça, c'est un truc qui est mortel parce que ça crée une peur, panique de se retrouver dans la position d'apprenant ou d'apprenante. Donc, ce que moi, j'essaye de faire, et je pense que les élèves le voient assez vite, c'est que ce qui est bien avec la diversité, c'est qu'on sera toujours nul à un moment donné. C'est rare que, je ne sais pas, la personne qui avait beaucoup de force, elle est aussi, ce soit la plus souple et puis aussi, ce soit la plus endurante et aussi, ce soit celle… Ça peut arriver, mais c'est quand même... Oui, donc en fait,

  • Speaker #1

    ça se mélange dans le groupe.

  • Speaker #0

    C'est ça. Celui qui était le fort à un moment donné va se retrouver avec le nul la demi-heure d'après. Et ça, c'est vachement puissant, en fait, et inversement. Et on s'aperçoit que, ah bah oui, moi, cette capacité-là, je l'avais, mais celle-ci, je ne l'ai pas. Et puis elle, je rigolais tout à l'heure, mais maintenant, elle me met à la mande. Donc, ça, c'est super chouette parce que ça dédramatise, en fait, ce truc-là. Et puis, ce qu'on utilise beaucoup dans les cours de mouvement, c'est le jeu. Et ça aussi, c'est assez puissant dans le sens où ce qu'on essaye de mettre en place, en tout cas pour ma part, c'est des jeux. Il y a un livre, j'ai oublié le noteur, qui s'appelle Jeux finis et jeux infinis Et donc, il compare la notion de jeux finis, c'est celle où on compte les points. Et puis, à un moment donné, il y a un gagnant et un perdant. Donc, c'est ce qu'on a dans le sport en général. Ça peut être un chronomètre, ça peut être des points. Et à la fin… se termine à la fin du match ou la fin de la course et puis c'est fini puisqu'il y a un gagnant donc c'est que c'est fini. Un jeu infini c'est celui où on va devoir collaborer pour arriver ensemble à un objectif commun mais dans le jeu et donc on n'a aucun intérêt à ce que ni toi tu perdes ni moi mais on veut continuer à jouer. Un exemple que je donne qui est simple que je fais parfois quand j'ai deux élèves et je leur fais se lancer une balle soit avec leur main dominante ou non dominante, on peut changer, et de se dire, ok, on commence en étant à 3 mètres de distance, et à chaque fois qu'on y arrive, donc je te la lance, tu l'attrapes, et inversement, on recule d'un pas, et on continue comme ça. Et donc, au bout d'un moment, on se retrouve. quand même relativement loin et ça devient de plus en plus compliqué de bien viser la personne. On n'a pas le droit de partir en courant pour attraper la balle, on doit rester là-haut. Ça devient de plus en plus compliqué, moi, de te la lancer bien pour qu'elle arrive sur toi et toi de bien la rattraper à distance et de la choper. Et on a tous les deux ou toutes les deux envie que ça fonctionne parce qu'on s'amuse et que donc bah moi je vais essayer de bien te la lancer, toi tu vas essayer de bien la rattraper et de bien me la lancer en retour. Et l'idée c'est qu'on ferme pas. mais ensemble et donc tout d'un coup ça change complètement la dynamique et s'il y a une personne qui est moins à l'aise avec la balle moi mon but c'est pas de te mettre 10 points dans la face et de gagner le match c'est que t'y arrives donc te la lancer vraiment encore mieux de t'expliquer ah essaye de l'attraper plutôt comme ça ah ben là ça marche mieux et donc on va collaborer dans le jeu et ça je trouve que c'est un outil vraiment puissant parce qu'on oublie tout d'un coup ah il est meilleur que moi Non, puisque de toute façon, on est ensemble. Donc voilà, ça, c'est une des manières de faire. Après, je pense que c'est peut-être aussi avec le temps. C'est toujours inconfortable de recommencer quelque chose, de reprendre à zéro. Voilà, mais c'est un peu le but parfois. Et puis,

  • Speaker #1

    quelques fois, on a des mémoires. Tu parles de balles. Moi, j'ai été traumatisée par les balles. J'étais super nulle au collège. C'était pime. Pong, basket, volet C'était l'enfer Pour moi dès qu'il y avait une balle je me cachais Et donc J'ai cette espèce de troubade Dès que quelqu'un veut aller jouer avec des balles Je me dis oh non je vais être nulle Je sais pas faire Et c'est quelque chose qu'on le voit Et tu te le traînes en fait Toute ta vie d'adulte Et des fois je me dis non il n'y a pas de raison Je suis quelqu'un de coordonné Agile Il n'y a pas de raison que je n'arrive pas à rattraper une balle Donc il y a cette espèce de d'automatisme ou de conditionnement qu'on a eu aussi des fois sur certaines tâches.

  • Speaker #0

    Complètement, et ça je le vois beaucoup chez les femmes, avec les balles et les ballons, c'est hyper marquant, je vois tout de suite qu'il y a quelque chose d'un peu…

  • Speaker #1

    Ou d'aller au contact.

  • Speaker #0

    Oui, le contact, et c'est là que c'est très important aussi la pédagogie, et ce qu'on essaye de faire c'est d'apprendre à apprendre, c'est-à-dire qu'apprendre, déjà il y a des méthodes, il y a des manières, et puis il y en a qui vont nous convenir plus que d'autres. Selon notre caractère, comment notre cerveau est fait, d'une certaine façon, et c'est là que notre rôle de prof, même quand on pratique pour nous, il est important, c'est le questionnement de comment, même s'il y a ce recul premier ou cette appréhension, comment j'arrive à déconstruire ça et à proposer des tâches qui soient suffisamment accessibles au début, pour tirer un peu le fil et démêler la pelote progressivement, et que la personne puisse trouver un chemin d'accès. à se dire ce que tu viens de dire, à savoir, mais il n'y a pas de raison en fait. Il y a des raisons, mais il n'y a pas de raison. C'est à dire, il y a des raisons historiques liées à ton passé et qui sont, ou à toutes quand on était au collège, mais ces raisons, peut-être qu'elles ne tiennent pas si fort que ce que je pensais face au fait de s'amuser, de découvrir quelque chose et de se surprendre soi-même aussi. Donc, c'est là qu'il faut un peu de méthode et de psychologie aussi. pour arriver à emmener les gens sur ce genre de terrain.

  • Speaker #1

    C'est construire un peu les mythes qu'on s'est construits, qu'on s'est dit sur notre corps. Par exemple, je ne suis pas capable de ceci, je ne suis pas capable de cela.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est aussi l'acceptation de commencer petit. Ça, c'est quelque chose qu'on a beaucoup de mal à vraiment faire. On croit qu'on le fait parfois, mais on ne le fait pas vraiment. Parce que moi, je vois souvent sur la course à pied. Parfois, je partage un peu ça sur les réseaux. Moi, je suis une coureuse, une piètre coureuse. Mais par contre, je m'y suis remise il y a un an, justement parce que c'était plus que piètre. Et donc, je me suis dit, j'aimerais bien pouvoir courir une demi-heure sans être à la mort. Ça m'a pris un certain temps. Et j'ai souvent des gens qui m'écrivent, notamment des femmes, Ah oui, j'ai voulu me remettre à courir, mais au bout de 20 minutes, je suis fatiguée. 20 minutes, c'est déjà beaucoup. Non, 20 minutes, c'est énorme. 20 minutes, c'est énorme. De passer de 0 à 20 minutes, en fait, c'est un gap qui est monstrueux. Donc, sauf si tu as à côté de ça une activité cardio ou que tu as génétiquement, et ça arrive aussi, une facilité pour ça, et peut-être que tu vas te faire tes premières 20 minutes avec un peu la goutte de sueur, mais ça ira. La plupart des gens qui ont plus de 20 ans et ne font pas de cardio à côté, 20 minutes d'un coup, c'est énorme. Donc, essayer de dire, mais... à quel point la comparaison, elle est mortelle quand on se dit qu'il faut qu'on commence par 20 minutes et qu'on ne s'est pas dit, attends, avant 20, il y a 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 1, 3, 2, 1. Mais c'est vrai, on peut commencer par courir une minute. Moi, personnellement, c'est ce que j'ai fait, en alternant avec de la marche. Mais vraiment, et moi comme tout le monde, vraiment se dire, je ne vais pas me comparer, aujourd'hui, c'est devenu, c'est quasiment un ébreu.

  • Speaker #1

    C'est à toutes les applis. L'autre jour, j'ai écouté un podcast qui parlait de ça, de la pression.

  • Speaker #0

    C'est une folie, quoi. Tous les mecs qui postent tout le temps, leur temps, leur machin, les trucs. C'est très compliqué de se dire, non mais réellement là. vraiment est-ce que je vais réussir pendant les 20 minutes ou le quart d'heure que je vais faire surtout pourquoi tu le fais c'est ça exactement pourquoi tu le fais quel est ton objectif et est-ce que c'est possible d'être soit dans un corps des fois on voit passer des trucs comme ça danses chez toi comme si personne ne te regardait mais est-ce que tu peux courir comme si personne ne te regardait ou faire des pompes comme si personne ne te regardait n'importe quel mouvement comme si personne ne te regardait et comme si tout le monde s'en foutait, ce qui est le cas, à part nous-mêmes et l'idée qu'on se fait de ce qu'on devrait réussir à faire au bout d'une semaine, deux semaines, un mois. Souvent, ce que je rappelle aux gens, c'est que même les gens qui postent, qui courent vite et qui postent leurs performances sur les réseaux, ne sont jamais des sportifs professionnels. Eux-mêmes sont nuls. par rapport à beaucoup de gens. Donc, en fait, on s'en fout, quoi. On est tous des nuls entre nuls. Il y en a juste qui sont un peu moins nuls que nous qui sommes peut-être plus nuls. Mais au final, on n'est pas des marathoniens. On ne va pas avoir la médaille au JO et on court pour nous parce que ça nous plaît, que ça nous amuse, qu'on sent qu'on en a besoin. Mais je pense que c'est quelque chose, même moi, je le remets sur la table à chaque fois que je sors. C'est-à-dire, OK, l'intention, c'est laquelle ? J'ai progressé, mais jusqu'à quel point je veux progresser ? À quel point c'est l'obsession de progresser, d'aller plus vite, la montre, le temps, combien de minutes par kilomètre et tout ? Je suis là-dedans ou je suis dans autre chose ? Et c'est un équilibre entre les deux. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Pourrir 20 minutes comme si c'était rien, non, ce n'est pas rien pourrir 20 minutes pour les genoux, pour les mollets, pour les tendons d'achille, bien sûr pour le cœur. Je pense que quelqu'un qui ne court pas, je vous dis que pour 20 minutes, la plupart des gens ne peuvent pas. pour 20 minutes comme ça moi je ne cours pas mais il faut s'entraîner bien sûr,

  • Speaker #1

    normal j'aime faire mon cardio autrement mais la course ça m'ennuie faire le cardio bien sûr heureusement,

  • Speaker #0

    le vélo,

  • Speaker #1

    l'intention ouais tout à fait, super tu proposes plein de choses tu donnes des cours c'est un peu pour savoir si les gens ont envie de découvrir plus ton travail ton enseignement proposer des choses en ligne, donc ça veut dire que c'est accessible vraiment pour tout le monde, des choses en présentiel, des stages, des retraites, tu peux un peu…

  • Speaker #0

    Alors oui, je propose pas mal de choses, mais je vais en proposer un peu moins à partir de l'année prochaine. Mais non, mais c'est vrai que je travaille, ce qui est sûr, c'est que je travaille en ligne et en présence, les deux existent. Des retraites, je continuerai à en faire, deux à trois par an, je pense. Et puis, par contre, c'est vrai que je pense que petit à petit, parce que j'ai de la demande et que ça m'intéresse, je travaille pas mal avec des professionnels du mouvement, donc sous la forme d'un mentorship, où j'accompagne, j'ai beaucoup de profs de yoga, mais pas que, ça peut être des coachs sportifs, ça peut être dans le pilates parfois, parfois j'ai des kinés ou des soignants au sens large. Et l'idée, c'est de leur apporter un peu des outils pour... cultiver justement cette diversité, proposer peut-être d'autres formes de mouvements, mais adaptés à leur contexte, parce que c'est différent quand on est kiné ou quand on est coach sportif par exemple. Et voilà, je crée un peu cet accompagnement là, un peu plus au long cours, sur plusieurs mois, pour essayer de développer cette approche là, de sortir, de garder ce qu'on sait de notre école, de notre passé, de notre savoir, et en même temps devenir le un peu élargir notre vision du mouvement pour nous mais aussi pour le public avec lequel on est en contact dans la vie professionnelle voilà ça c'est quelque chose que je vais encore plus développé l'année prochaine je pense qu'on en a besoin je pense que c'est enfin moi qui parle des kinés parce que c'est un milieu du coup que tu connais que je connais bien que j'ai fréquenté pendant pas mal d'années et c'est vrai que pour que c'est dommage parce que c'est Bon, après il y a d'autres problématiques, une problématique aussi de temps qu'ils ont et que je respecte tout à fait, bien sûr, il y a un contexte, mais ça je suis consciente. Néanmoins, je pense qu'il y a des choses qui pourraient coûter pas cher. à mettre en place.

  • Speaker #1

    Plus efficace.

  • Speaker #0

    Voilà, et qui permettrait soit plus efficace, soit de sortir du côté un peu triste, tristounet ou triste, d'une rééducation pour rentrer dans, voilà, peut-être plus de légèreté, plus de jeu, plus de variété. Voilà, c'est vrai pour les kinés, mais ça peut être vrai… Certains profs de yoga aussi ont envie de sortir un peu de ce qu'ils connaissent déjà au niveau postural pour aller faire d'autres… d'autres univers.

  • Speaker #1

    Toutes dynamiques, avec des déplacements, par exemple,

  • Speaker #0

    dans toutes ces techniques-là,

  • Speaker #1

    pilates, yoga, etc. Tu n'as pas de déplacement, pour moi, ça, c'est un immense manque, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que c'est un peu dans notre ADN, en tant qu'humain, la marche et ses dérivés. C'est sûr que c'est très important. Alors après, c'est paradoxal, parce que je pense que... Faire 10 fois, ça a du sens aussi. C'est-à-dire que moi, quand je faisais de l'Achtangag, j'ai beaucoup répété la répétition. C'est très riche, ça a beaucoup de sens. Et je pense qu'on apprend des choses quand on répète 5 ans la même séquence. On ne peut pas apprendre ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, tu vas dans la profondeur. Mais par exemple, si c'est ton unique pratique, à un moment donné, il va te manquer des billes.

  • Speaker #0

    Je crois. Là encore, ça dépend de la génétique, de la chance qu'on a. Il y en a qui s'en sortent très bien comme ça. Ce n'est pas la majorité. Je pense qu'au bout d'un moment, il y a une usure. Le stress est placé toujours au même endroit, toujours sur la même articulation et de la même manière, avec la même intensité. Donc forcément, le corps s'adapte à ça, mais il s'adapte aussi à tout ce qu'il ne fait pas et tout ce qu'il n'est pas apporté dans son vocabulaire. Et ça peut créer bien sûr des blessures et tout un tas de choses. Mais je pense que là-dessus, on évolue quand même pas mal ces derniers temps. J'ai l'impression qu'il y a un peu une prise de conscience de ça. notamment avec le yoga mais pas que, et de dire ben oui si tu fais que du yoga par exemple, je n'ai rien contre le yoga c'est vrai d'autres pratiques mais c'est celle que je connais le mieux, peut-être qu'il y a des endroits où tu pourrais être renforcée et ce serait très positif, peut-être que ton endurance justement cardiovasculaire peut-être qu'à certains endroits elle gagnerait à être un petit peu plus développée etc. Tout ça c'est des questionnements qui sont très riches. Et c'est super pour moi de me les poser avec des gens qui viennent de plein d'environnements différents.

  • Speaker #1

    Moi, je sais que c'est un conseil que je vais souvent donner à mes élèves, s'ils veulent être vraiment dans une santé un peu plus complète, comme on parlait, de diversifier leurs pratiques, d'avoir peut-être du pédalate, mais aussi de la danse, ou de la marche, ou du qigong pour travailler leur équilibre, leur coordination, d'autres choses. Ce qui leur fait plaisir, d'aller à la piscine, d'avoir des choses variées, des apports variés.

  • Speaker #0

    Oui, et puis ce qui est important aussi de dire, pour moi, parce que des fois, quand on parle de mouvement, alors oui, la force, la coordination, l'endurance, on a l'impression qu'il faut un peu se transformer en surhomme, en surfemme. Alors non, on fait des choix. C'est sûr qu'on ne peut pas tout faire. Moi, je ne passe pas ma semaine à courir, faire de l'escalade, nager, faire du surf, repartir à la danse, ensuite soulever des poids. Non, je choisis, c'est sûr. Mais par contre, ces choix évoluent dans le temps. C'est-à-dire que quand je fais un choix, j'aime bien rentrer dans le concret parce que c'est la question que souvent les gens se posent. Souvent, je le tiens pendant, on va dire, à minima six mois. Peut-être ça peut être un an, peut-être deux ans. Et puis, il va y avoir, je vais pivoter dans les choix que je fais parce que celui que j'ai fait pendant deux ans, je vais m'apercevoir que j'ai progressé, que j'ai évolué. Et puis, je vais visiter une autre zone d'ombre, peut-être qui est juste à côté ou peut-être qu'elle est un peu plus loin. Mais en tout cas, mon but dans la vie, ce n'est pas de faire tout. tout le temps, mais c'est plutôt de faire des choix éclairés en fonction de là où je sens que j'ai des faiblesses, là où je sens que j'ai de la joie, du plaisir, quand j'ai le temps aussi, en fonction de mon état de forme, de la saison dans laquelle on est. Enfin, tous les facteurs sont importants et on a le droit et on a raison de s'écouter et de les prendre en compte, mais de se faire des choix éclairés et d'amener un peu de diversité dans ce cadre-là. mais sa diversité, peut-être qu'on peut faire de la natation et après se dire j'en ai marre, l'odeur du chlore, je vais faire du vélo Mais voilà, le conseil, ce n'est pas vous devez tout faire tout le temps Parfois, il y a un peu ce côté-là, et les gens ont un travail, ils ont peut-être une famille, on a une vie aussi, et moi, à titre perso, je ne passe pas 8 heures par jour à pratiquer, j'ai envie de faire d'autres trucs.

  • Speaker #1

    C'est clair. Merci beaucoup Agathe pour cette discussion.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Très intéressant, ça nous enrichit, enfin ça enrichit tout le monde d'avoir tout un tas de points de vue, c'est ce qui me passionne dans cette aventure du podcast.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir attendu le micro.

  • Speaker #1

    A très vite.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Interview Agathe

    00:44

  • Conclusion

    49:49

Description

🎙️ Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Agathe Philbé, professeur de Movement à Paris. Nous avons plongé dans son parcours unique, marqué par une évolution passionnante : du yoga au Movement, une discipline qui place l’autonomie, la créativité et la diversité au cœur de la pratique.


👉 Quels éléments l’ont poussée à évoluer vers cette approche novatrice ?

👉 Comment définir la santé ?

👉 Comment trouver un équilibre entre les différentes pratiques corporelles pour mieux écouter son corps et avancer vers un bien-être global ?


Autant de questions fascinantes que nous avons explorées ensemble.


Agathe partage avec générosité sa vision et ses outils, fruits de son parcours personnel : un accident grave en 2015 et douze fractures qui l’ont amenée à reconstruire son corps, jour après jour, en puisant dans des pratiques variées. Cette expérience a transformé son enseignement, qu’elle guide aujourd’hui avec curiosité, résilience et écoute de soi.


🎙️ À écouter pour s’inspirer, réfléchir, et enrichir sa propre pratique du mouvement.


Pour en savoir plus sur le travail d’Agathe, découvre son site :

👉 https://www.agathephilbe.com/



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🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratrices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice empinade, danseuse improvisatrice, praticienne de chassons. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Et bien bienvenue Agathe pour ce nouvel épisode de Corporalité. Je suis ravie de faire ta connaissance en vrai. On s'est parlé par téléphone et on a fait connaissance autrement. Et donc, on va parler un petit peu de ton travail, de ta vision du mouvement. Et puis, on va partager plein d'idées gilets gilets. Je te laisse te présenter déjà pour commencer.

  • Speaker #1

    Déjà, merci de m'inviter et de me donner la parole. Je m'appelle Agathe, je viens d'avoir 42 ans et ça fait maintenant à peu près 5 ans, je dirais, que j'enseigne le mouvement, notamment à Paris, mais aussi dans d'autres contextes ou d'autres endroits en retraite. Voilà pour la version brève. J'enseigne à un public, on va dire, large, au sens où j'ai des personnes parfois qui veulent sortir de la sédentarité, mais parfois c'est des athlètes qui veulent intégrer de la diversité dans leurs pratiques. Parfois il y a des gens qui sont en rééducation. Donc voilà, c'est des publics très divers et c'est aussi ça qui m'intéresse. Et puis mon parcours, on va dire, en tant que professionnel dans mon métier lié au mouvement, il a démarré avec le yoga quand j'avais 23-24 ans. Ça fait un petit moment.

  • Speaker #0

    Donc c'est déjà une vie, toute ta vie professionnelle pratiquement dédiée au mouvement.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai été quelques années photographe avant ça, mais oui, on peut dire que l'immense majorité de ma vie pro a été tournée vers ça.

  • Speaker #0

    Donc dans ce temps-ci, surtout quand on avait déjà un peu échangé, moi ce qui m'intéressait particulièrement dans ton parcours, c'est comment... Tu es passée d'une pratique du yoga, je prends Ashtanga, très codifiée, avec beaucoup de formes, un cadre assez important, à une pratique qu'on appelle maintenant le movement. Tu pourras peut-être me donner un peu ta définition de ce que c'est cette pratique, qui est une pratique plutôt très libre et très diverse. Qu'est-ce qui t'a amenée à faire ce chemin-là ?

  • Speaker #1

    C'est une longue histoire parce qu'elle est liée essentiellement à un accident de la voie publique que j'ai eu. Quand j'enseignais le yoga, j'enseignais effectivement et je pratiquais l'Ashtanga et arrivais à l'âge de 33 ans. Ça me semble long et court à la fois. 33 ans, j'étais à vélo, j'ai été renversée par une voiture. J'étais dans le sud de la France, j'étais en vacances chez mes parents. Et puis cet accident, qui était un accident grave, puisque j'étais à haute vitesse, la voiture était à plus de 100 km heure, et j'ai eu des fractures osseuses nombreuses. Dans mon malheur, j'ai eu la chance de ne pas avoir de séquelles au niveau du système nerveux. Néanmoins, le squelette a été durement touché de façon multiple. Et donc, bien sûr, ça a ouvert le chemin d'une rééducation qui a duré plusieurs années. Et cette rééducation, évidemment, elle a remis en pause mon rapport à mon corps, mais aussi ce que j'ai utilisé finalement pour, je ne veux pas dire me soigner ou guérir, parce que ce sont des mots qui sont tellement vastes et qui impliquent tellement d'autres choses que le mouvement. Ce serait trop simple. mais le mouvement qui a contribué à m'aider à sortir de ça a été autre chose que le yoga, même si c'est la première chose vers laquelle je me suis tournée, puisque c'est ce que je connaissais, ce dont j'avais l'habitude, je connaissais les codes, je connaissais ce milieu. Donc c'est d'abord par là que j'ai venu passer, mais en fait très rapidement je me suis rendu compte que c'était... ça allait être une voie sans issue on va dire pour moi parce que tout simplement mon corps me permettait de faire très peu de choses en tout cas par rapport à ce qu'est l'ashtanga ni même j'ai envie de dire le yoga postural en général. Pour moi être debout à un moment donné c'était déjà pendant assez longtemps d'ailleurs compliqué instable fatigant usant même donc j'ai dû aller chercher d'autres outils d'autres techniques d'autres méthodes et c'est de là que vient beaucoup ma pratique d'aujourd'hui, même si évidemment mes capacités elles ont évolué, et aussi mon enseignement. Donc ça a été on va dire ce choc initial et cette impossibilité, ça a été un peu par dépit de faire le yoga que je connaissais, qui a fait que j'ai changé complètement d'optique et puis une fois que j'ai eu récupéré, je me suis dit que finalement j'étais mieux là où j'étais et je suis pas retournée vers le yoga.

  • Speaker #0

    Tu enseignais déjà le yoga à cette époque là ?

  • Speaker #1

    Oui, ça faisait déjà quelques années, ça faisait je dirais trois ans que j'enseignais.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, le cheminement, il n'est pas le même non plus. C'était seulement pratiquement, tout c'était déjà enseignant, puisque quelque part, tu t'es approprié les outils un peu différemment. Et c'est vrai que la pratique du yoga, elle n'est pas si accessible que ça physiquement pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    C'est ce dont je me suis rendu compte à ce moment-là. C'est vrai que moi, j'avais 33 ans, j'avais jamais une blessure grave. Et en fait, ça, c'est une question qui, moi, est beaucoup rentrée après dans ma vie. C'est la question du privilège. d'être en bonne santé, d'être sur ses deux jambes. Et un peu, c'est un chapitre qui est très large, mais c'est des discours qu'on entend parfois dans la culture du mouvement. Il y a ce côté si tu veux, tu peux En gros, bouge-toi les fesses, vas-y, mets-toi dans le dur. Et ça vient souvent, et c'est toujours comme ça, de personnes dont on voit qu'une fois, ils se sont fait les croiser. Et du coup, ils se disent qu'ils connaissent la blessure ou la limitation. La limitation, ce n'est pas se faire les croisés, c'est autre chose. Et ça, pour moi, c'est important de le rappeler. Et c'est vrai que oui, quand on a vraiment des limitations, mais moi, ça a été un accident, mais ça peut être pour certaines personnes du surpoids, ça peut être des lésions neurologiques, ça peut être des maladies chroniques. Moi, je ne suis pas médecin, mais je sais que ça existe tout ça. Et le yoga, on est dans beaucoup de cas, dans le cas de beaucoup de cours, avec beaucoup de professeurs, n'est pas une pratique accessible. Un exemple classique c'est souvent une posture de repos dans le yoga, c'est la posture de l'enfant. On vient s'asseoir derrière sur les talons avec par exemple les bras le long du corps ou les bras devant. Il faut une flexion de genoux des deux côtés qui est non seulement complète mais qui supporte une certaine intensité. Et ça pour moi, quand j'avais le genou qui plaidait à 90 degrés après six mois d'effort, j'en étais encore à deux ans de pouvoir faire ce truc qui était considéré comme une posture de repos. donc là j'ai compris que ça allait être problématique mais c'est problématique pour beaucoup de personnes donc c'est vrai que si des personnes se disent le yoga c'est censé être pour tout le monde mais en fait je suis dans ce cours je galère j'ai envie de dire c'est normal ou c'est pas choquant

  • Speaker #0

    ou alors il faut que ça soit très adapté avec des pratiques sur chaise moi je sais que dans les pratiques que je fais que ce soit dans le pilates ou aussi dans d'autres techniques qui sont le gyrotonique, le gyrotinésisme des choses comme ça... où ça a été justement apporté tout un travail sur la chaise. Les gens qui ont des problèmes de genoux, qui ne peuvent pas aller au sol, aller au sol est assez inaccessible pour beaucoup de personnes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Aller au sol, c'est déjà pouvoir aller au sol de façon confortable. Alors, il y a des techniques, il faut aussi le pratiquer, mais c'est aussi un privilège qui implique au niveau articulaire et de mobilité, déjà un certain nombre, on va dire, de prérequis. Donc, moi, pendant ma rééducation, je sais que j'ai travaillé pas mal, j'ai fait du pilates sur machine. J'ai fait aussi du rotonique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est à hauteur.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est moins… Tu as de l'assistance,

  • Speaker #0

    tu as des poulies.

  • Speaker #1

    C'est ça, le poids est un peu porté. Et dans ce cadre-là, pour moi, ça a été salvateur, physiquement, mais aussi mentalement. D'arrêter de se sentir comme une personne pour laquelle rien n'est possible, en fait. Et ça, psychologiquement, au bout d'un moment, ça pèse quand même. Donc oui, heureusement qu'il y a les supports. Et dans le yoga, tu as raison, on le trouve aussi dans certains cours. mais je ne pense pas que ce soit la majorité des cas.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas la règle. Surtout, on est dans une modalité de yoga, certains courants qui sont très instagrammables, on pourrait dire ça comme ça, qui privilégient beaucoup la performance. C'est un peu ce qu'on voit le plus, un peu tout public, et ce n'est pas du tout un yoga accessible. Oui,

  • Speaker #1

    c'est sûr que le yoga, c'est un peu le même. Ça aussi, c'est un sujet très vaste, mais le lien avec l'image, il n'y a pas que le yoga, il y a la pratique physique en général, mais peut-être le yoga notamment. C'est sûr que là, c'est encore toute autre chose. La photo Instagram, là, c'est encore l'étage au-dessus, j'ai envie de dire, du truc inaccessible pour le commun des mortels.

  • Speaker #0

    Tu dis que c'est dans le monde du mouvement, mais pas que, c'est dans notre société en général. le visuel, tu vois, être dans la...

  • Speaker #1

    Oui, alors tout à fait, non, mais le visuel, c'est en général, c'est absolument pas comme nous en sommes, c'est sûr, mais c'est vrai que dans la culture du mouvement, il y a une espèce de philosophie de comptoir, de bas étage, je ne sais pas comment il faut l'appeler, de gens qui n'ont pas beaucoup de philosophie dans leur vie, je pense, sans vouloir être... Et avec des concepts un peu fumeux, comme l'antifragilité... comme des choses comme ça, des espèces de dérivés, de niches mal lues à la petite semaine, que l'homme puissant, c'est celui qui fait l'effort, qui est dans cette recherche un peu de résistance, de force, d'adaptation permanente, tout ça parce que quand il fait trois moutes de pluie, il sort dehors, faire un footing de dix minutes, il y a une espèce de verbiage et un peu d'autosatisfaction comme ça autour de la force. force. Le dépassement de soi. Le dépassement et même de se dire, moi, les choix que je fais dans ma vie me rendent résistant. Mais j'ai envie de dire, résistant à quoi ? Si c'est résistant à faire des pompes sous la pluie ou à pratiquer à 7h du matin, ce n'est pas très compliqué. Les vraies difficultés dans la vie, je pense qu'elles ne résident pas là. Quand on en a vécu et on en vivra tous, c'est juste une question de moment. Après, plus ou moins, parce qu'on est plus ou moins privilégiés aussi. mais quand on pense difficulté dans la vie si on pense pratiquer à 7h du mat c'est qu'on a une vie très facile vraiment très facile et ça c'est un truc qui est un peu agaçant parce que moi je trouve que l'antifragilité elle se trouve plus chez je sais pas moi, une infirmière qui se travaille, qui fait son taf 8h ou 10h de suite et qui ensuite a des enfants à charge pour moi l'antifragilité elle est plutôt là mais bon bref, je referme la parenthèse mais c'est vrai que... Voilà, ce discours sur ce que ce serait la force, ce que ce serait de ne pas être fragile, que dans nos sociétés, on est des fragiles parce qu'on a trop de confort, ça dépend qui. Oui,

  • Speaker #0

    on revient à des concepts. Je retombe assez souvent sur ces notions-là quand je discute avec des personnes de ça, parce que finalement, on en revient toujours à… à quelque chose de social, à quelque chose presque de positionnement politique. C'est-à-dire que pour qui on pratique, pour qui c'est pratique, et qui en a le plus besoin, et comment c'est accessible. Est-ce que le soin du corps est accessible pour tout le monde, loin de là ? Ce n'est pas du tout le cas. Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on se positionne par rapport à ça ? C'est une question que j'ai moi-même, je n'ai pas de réponse et je me sens aussi assez démunie par rapport à ces questions, mais ce sont des questions qui me taraudent beaucoup. Et ça m'en vient à développer un peu l'axe de la santé. Qu'est-ce que c'est la santé ? On avait un peu discuté de ça. Est-ce que tu parles de… non d'ailleurs tu n'as pas utilisé ce mot-là, mais d'adaptabilité, de… peut-être même de résilience, de se reconstruire d'une certaine manière, peu importe ce que tu as traversé, que ce soit d'ailleurs mental, physique, émotionnel, etc. Ça peut être des dépressions, ça peut être… C'est quoi en fait la santé ? Comment tu utilises ta pratique pour être en bonne santé ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, moi c'est une question que je ne m'étais jamais vraiment posée, puisque comme j'avais toujours été dans mon sang en bonne santé, c'était comme une évidence. Non, j'avais… encore une fois ce privilège qui est immense, on le réalise après, de ne pas vraiment me poser la question, comme tout le monde, quand je n'étais pas malade, j'étais en bonne santé, mais malade, ça voulait dire avoir une angine. Donc en fait, cette question, je me la suis vraiment posée après l'accident, au sens où, ok, il y a l'accident, on est aux urgences, ensuite il y a trois mois vraiment de dur, ensuite on réapprend à marcher, tout ça, la question ne se pose pas parce qu'on se reconstruit. Puis à un moment donné, je commençais à récupérer un semblant de vie normale. Je pouvais à nouveau marcher sans béquille. Un jour, j'ai pu marcher sans douleur. Il y avait quand même les conséquences, bien sûr, psychologiques de ce que j'avais traversé, mais j'allais quand même mieux. J'avais repris du poids, mes fractures étaient consolidées. Et à un moment donné, je me suis dit, mais… à quel moment je vais me dire ou sentir que je suis à nouveau en bonne santé ? Et c'est une question qui n'avait pas vraiment de réponse, mais qui a été un point de départ pour mes recherches, dans le sens où ce que je savais, c'était que je cherchais ça, cette idée de me dire, OK, j'ai des séquelles et j'en garderai toute ma vie, il s'est passé ce qui s'est passé, je ne peux pas l'effacer, ça fait partie de mon histoire et ce sera toujours le cas. Peut-être même qu'il y aura d'autres, je touche du bois, pas aussi grave, mais d'autres histoires dans ma vie. Et c'est quoi le fil que je peux continuer à tirer pour quand même, et malgré les séquelles et tout ça, retrouver un état de santé. Donc une sorte d'harmonie avec mon corps, d'équilibre comme ça. Et la première chose qui a surgi liée à cette question-là, c'était vraiment la notion de diversité. Donc de me dire… Pour moi, être en santé, si j'ai la chance de pouvoir recourir, par exemple, ou marcher sans douleur, ça va être pouvoir faire une randonnée, marcher deux, trois heures dans la montagne, et que ce soit peut-être parfois difficile, mais possible. Ça va être retrouver une certaine souplesse, une mobilité particulière là où je pourrais. Ça va être, comme je disais tout à l'heure, être capable d'aller au sol, à l'étage intermédiaire à quatre pattes et debout en étant bien. Ça va être aussi retrouver une forme d'exposition, explosivité. Par exemple, il y a un moment donné, j'ai retravaillé un peu sur mon système nerveux et c'était juste sauter du haut d'une marche d'escalier ou de deux marches d'escalier. Ça, ça m'a demandé une sorte de reconnexion, de faire tomber de la peur, des appréhensions, bien sûr que j'avais, puisque j'avais eu beaucoup de fractures aux jambes. Donc ça aussi, ça pouvait en faire partie. Et puis après, c'était des trucs du quotidien. J'avais une nièce qui avait 6-7 ans à l'époque, pouvoir la reprendre dans mes bras, la porter sans y penser, que ce soit simple. jardiner avec ma mère. Donc c'était un mélange de choses. En fait, finalement, il y a des choses objectives. Vivre son douleur, par exemple, ou avec le moins de douleur possible. Soigner aussi la santé mentale, donc me sentir peut-être moins fragile quand j'étais sur la voie publique, avec du temps. Il y a des choses comme ça. Et puis il y a des choses qui relèvent de choix subjectifs. Pouvoir jouer avec un enfant, reprendre du ski, par exemple. J'ai grandi auprès des montagnes, donc j'ai eu la chance de skier étant jeune, donc refaire du ski sans avoir la peur panique de la chute. Donc, c'est des aspects à la fois physiques et mentaux. Donc, je pense que c'est une question que chacun peut-être pourrait se poser. Moi, je ne peux pas en donner une définition à part celle de ce côté divers. Je ne pourrais pas en donner une définition précise, mais par contre, je trouve super intéressant que chacun, chacune, se l'approprie au-delà des choses, des grandes lignes. connaît tous et toutes de se dire mais pour moi en fait aujourd'hui et dans dix ans vingt ans trente ans qu'est ce que ça va vouloir dire vivre et vieillir en bonne santé la meilleure santé possible et ça ça vraiment après conduit mais recherche pour ma pratique est aussi ce que je partage avec nous et serait en quelque sorte pouvoir jouir de

  • Speaker #0

    son corps comme tu comme tu en a envie point

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu ça.

  • Speaker #0

    De ne pas avoir de limites.

  • Speaker #1

    Je crois que c'est Feldenkrais qui a dit La santé, c'est la capacité à réaliser nos rêves avoués et inavoués. C'est beau ça. C'est une phrase que j'aime beaucoup. Et je pense qu'il a raison. C'est pour ça que la santé, c'est un tel trésor. Et c'est pour ça que quand on la perd, on se rend compte que tout le reste est vraiment très, très utile. Parce qu'elle est liée à la possibilité de… de réaliser nos rêves, aussi simples que soient-ils. Marcher, c'est déjà un luxe. Pouvoir se réveiller sans avoir de douleur, c'est déjà un luxe. Et ça permet de vivre notre journée, entre guillemets, comme on en a envie. Donc, toutes ces choses-là, c'est des joyaux dans une vie. En tout cas, moi, j'essaye de préserver, de protéger. Après, la vie, elle a lieu. Et c'est en ce sens que le concept d'adaptation L'antifragilité, entre gros guillemets, n'est pas que débile. Ça peut avoir aussi du sens dedans. Certains cas, vraiment avec des pincettes. Et je comprends l'idée qu'il y a derrière, parce que c'est vrai qu'il faut aussi s'exposer à une forme de stress de temps à autre.

  • Speaker #0

    De ce que j'ai compris, l'antifragilité, ce serait une capacité à s'adapter aux difficultés qui apparaissent sur ton chemin. Mais peut-être que c'est une version un peu simpliste de l'idée.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est... Malgré tout, je pense que c'est une idée simpliste. Parce que par définition, ce qu'on ne peut pas prévoir, on ne peut pas le prévoir. Si on s'est préparé pour un truc, c'est qu'on s'est préparé pour quelque chose qu'on a prévu. Donc quand on réfléchit vraiment deux minutes, l'imprévu, le vrai imprévu, c'est… par exemple ce qui m'est arrivé, mais c'est Tiens, mon frère s'est tué en montagne hier, qu'est-ce que je fais maintenant pour survivre à ça ? Ça, c'est l'imprévu. Et je ne suis pas certaine qu'il existe des pratiques, ou alors il faut me les donner, qui nous préparent réellement à ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Des pratiques spirituelles ?

  • Speaker #1

    Peut-être, sans doute. Mais en tout cas, après, c'est vrai que pour les plus privilégiés d'entre nous, Il est certain que beaucoup de confort, parfois du confort très accessible, pour le corps et même pour le mental, ça n'est pas que positif. Et il est vrai aussi que de s'exposer à un peu de difficulté, à un peu de tension, à un peu d'émotions complexes, de la peur parfois, mais à dose ajustée, et puis de la difficulté physique, ça a du sens. Quand on a le loisir de le choisir. et de le cultiver parce qu'on se dit que ça, en retour, ça va nous amener quelque chose pour le futur. Ça peut avoir du sens, mais il faut que ce soit bien mesuré. Et quand on enseigne, je pense qu'il faut savoir à qui on s'adresse. Et par définition, quand on voit quelqu'un arriver, on voit une image, mais on ne sait pas l'histoire de la personne. On ne sait ni l'histoire de son corps, ni l'histoire de son mental, de son esprit. On ne sait pas ce qu'elle a vécu la veille. Donc, imposer ou en tout cas imaginer, qu'on va l'aider à être moins fragile en lui expliquant qu'il faut se faire mal dans la pratique, qu'il faut se faire un peu mal, c'est plaquer sur les lèvres des croyances sur ce qu'est sa vie. Et ça, je pense que ça peut être problématique. Et à l'inverse, ça peut être vrai aussi. Des fois, on voit quelqu'un, on dit ça n'a pas l'air d'aller et en fait, la personne a des ressources, et peut-être même plus que ce qu'on pensait. Donc, ça marche dans les deux directions. Et c'est vrai que je pense qu'on a une responsabilité, comme on m'enseigne, à se dire Ok, je ne connais pas cette personne en fait. Je me dis Ah tiens, il est tout petit, tout maigre, qui ça trouve il est hyper costaud. Et inversement, je peux me dire Ah, disons qu'elle a l'air d'avoir la dolçivita, je vais lui en mettre un petit coup. Ben, tu ne sais pas non plus ce qu'elle a vécu la veille, donc, il ou elle. Donc voilà, c'est pour ça que je pense que cette idée de fragile, résistant, nanana, c'est très complexe. déjà pour nous-mêmes, elle rentre plus pour nos élèves, doublement. Mais bon, c'est un sujet qui est très vaste, même si, je le redis, c'est vrai que dans l'idée de santé, il y a la notion de pouvoir s'adapter, de construire l'idée que des options diverses peuvent se présenter à nous et de cultiver peut-être une capacité à y répondre d'une manière ou d'une autre. Moi, dans mes élèves, j'ai par exemple énormément d'enseignants de yoga et c'est vrai que... parfois qui sont en très bonne forme, jeunes, etc. et qui se sont parfois hyper spécialisés. Il est certain que ça a des conséquences sur leur capacité à ouvrir le corps à d'autres environnements, d'autres types de pratiques, d'autres énergies, d'autres vitesses, d'autres rythmes. Et on le voit, ce que le corps n'utilise pas, il le met de côté et il l'oublie. Je reconnais que c'est aussi dommage dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un vrai sujet pour moi de me dire, quand tu viens très spécialisé dans une technique, dans une méthode qui est très formalisée, en fait, chaque choix est quelque chose dont tu te coupes. Plus tu vas te spécialiser dans une chose, plus tu te coupes des autres choses. Donc moi, c'est ce que j'appelle les ongles morts. Il y en a à peu près dans beaucoup de méthodes. Il me semble que dans le mouvement, c'est très ouvert et qu'il y a... peut-être moins d'angle mort, ou en tout cas, vous les chassez plus. Donc peut-être, j'aimerais bien que tu nous expliques un petit peu, pour ceux qui ne connaissent pas trop, on a déjà interviewé, j'ai déjà interviewé Alain qui nous a parlé de ça, mais quelle était ta vision du mouvement, et peut-être comment tu es arrivée, et qu'est-ce que tu développes toi dans ta pratique, dans ton enseignement ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que la notion d'angle mort, moi j'appelle ça des zones d'ombre, mais c'est pareil. Moi, à titre personnel, dans ma pratique, je ne sais que... chasser ça, quasiment que, on va dire. Maintenant, pour revenir à ton autre question un peu plus générale, pour moi, la pratique du mouvement, c'est la cultivation via des méthodes diverses des grandes qualités motrices du corps humain, qui sont la souplesse, la force, la coordination, l'endurance. l'explosivité et l'agilité, on va dire. Donc ces qualités motrices, elles peuvent être cultivées de plein de manières différentes, avec des méthodes différentes, des regards différents, des options différentes. Et chacun, chacune d'entre nous, on a sur notre territoire de mouvement, et c'est lié à notre corps, notre génétique, notre histoire, nos goûts aussi, sans doute des facilités à certains endroits, et à d'autres endroits, plus de difficultés, moins d'appétence, pour plein de raisons. C'est de se dire, si par exemple je suis quelqu'un de naturellement très souple, au lieu de faire beaucoup de choses qui vont encore améliorer, faire grandir, pousser plus loin cette souplesse pour devenir quelqu'un d'hyper souple, je vais me dire, moi, soit je n'ai pas beaucoup de force ou je ne suis pas très explosif. Au lieu de faire, je vais réduire un peu la dose sur ce qui entretient ma souplesse, ou ce qui la renforce, ou ce qui l'augmente, et je vais aller travailler. faire un peu monter le niveau dans mes zones d'ombre, justement là où je suis moins à l'aise, là où spontanément j'ai peut-être moins envie d'aller parfois, et pour avoir quelque chose de plus harmonieux en termes de ces capacités motrices. Donc voilà, moi c'est la définition que j'en donne, je ne sais pas si c'est clair.

  • Speaker #0

    C'est super clair.

  • Speaker #1

    Et pour chacune de ces capacités, on a plein de chemins différents. L'exemple que je donne souvent, c'est celui de la… de la coordination parce que c'est vrai qu'on peut le prendre par plein d'angles. Les gens qui font de la danse sont souvent des gens qui travaillent leur coordination, Ausha, au bas, parce que pour suivre une chorégraphie, ça rentre complètement en jeu. Mais ça peut être aussi les gens qui font de la boxe, qui sont souvent assez coordonnés, en tout cas dans le haut du corps. La latéralité, le fait de travailler avec un partenaire, de s'adapter aussi à sa coordination à lui ou à elle. On se trouve ça dans le cirque avec des balles, de la manipulation d'objets, dans un travail rythmique, etc. Donc toutes ces façons d'aborder la coordination sont toutes aussi valides les unes que les autres. C'est juste des regards différents sur cette capacité motrice-là. Mais c'est vrai aussi de l'ambiance, c'est vrai de la force, c'est vrai de l'agilité. On va retrouver pareil dans le parcours, dans le cirque, dans de la capo-héral, dans le coup, et dans de la gym. et comment je veux nourrir ma propre agilité sans devenir gymnaste, sans devenir prof de capoeira, mais en allant chercher des outils dans ces divers domaines qui me nourrissent et m'intéressent pour aller un peu fouiller cette zone nombre.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve très intéressant dans cette proposition-là, c'est d'ouvrir les bantailles des possibles dans ton vocabulaire corporel. C'est ce que... Pour moi, c'est quand tu deviens très fort en une chose, dans une de ces capacités dont tu parles, par exemple la souplesse ou la force, etc., c'est comme si je faisais des phrases ou un texte en n'utilisant que la moitié des lettres de l'alphabet. Je ne me donne pas la possibilité d'avoir quelque chose de très large, voire d'inventer des nouveaux mots. C'est un peu l'exemple que je donne. Et souvent, on est très cantonné, comme tu disais, à... Est-ce qu'on a ce pourquoi ? On a l'appétence ? J'avais, je pense, écouté une fois Ido Portal qui parlait de ça. Il disait, comment tu choisis ta pratique ? Est-ce que c'est toi qui as choisi ta pratique ou la pratique vient en toi parce que c'est une facilité pour toi et que c'est celle-là qui arrive ? Enfin, voilà. Parce que je pense qu'il a aussi beaucoup amené au début de ce mouvement-là.

  • Speaker #1

    Oui. C'est vrai que lui, il tient, pour parler d'Ido Portal, il a... qui a beaucoup popularisé cette idée de culture de mouvement. Il tient un discours qui est intéressant, je trouve. Moi, je trouve que c'est un équilibre entre les deux, où il dit, en fait, la pratique, ce n'est pas un hobby. C'est-à-dire, un hobby, c'est quelque chose que tu as envie de faire, que tu aimes bien faire, que tu trouves fun. Et la pratique, ce n'est pas ça. C'est plus une connaissance de soi, un rapport à soi-même. Il y a une forme de rituel. Et c'est aussi, justement, visiter des zones d'ombre, donc de la difficulté, là où il n'y a pas nécessairement d'appétence. Et c'est... et de se connaître aux endroits où on n'a pas d'appétence. Moi, je dirais que c'est un mélange des deux. Je pense que pour que ce soit tenable, en tout cas pour moi, si le personnel a le long terme, il faut qu'il y ait des endroits que je visite pour lesquels j'ai de l'appétence, parce que je pense que la joie, le plaisir, c'est un moteur qui est très puissant et je n'ai pas envie de le mettre de côté. En revanche, c'est un équilibre et c'est sûr qu'il n'y a pas que de la joie et du plaisir dans ma pratique. Il y a aussi des fois des trucs où je me sens nulle. Mais je sais pourquoi je le fais. D'une part, pour me sentir un petit peu moins nulle, parce que tout ce qu'on fait, même si on part de très bas, à un moment donné, en répétant, on va être un petit peu moins bas au bout d'un moment, tout autant qu'on est. Et puis aussi, pour... me frotter à ce moment où je suis débutante et je ne sais pas faire.

  • Speaker #0

    Déjà en tant que prof, je pense que c'est important. Et puis en tant qu'individu aussi… Se remettre en danger en quelque sorte à chaque fois. Oui, c'est ça. Et puis aussi dans la posture de Ok, tout est possible, je n'ai rien à prouver à personne, je le fais pour moi. Et là, on retrouve aussi l'idée de santé. Parce que la santé, c'est aussi en termes de cerveau. Les enfants, ils sont tout le temps exposés à des choses qu'ils vont devoir apprendre et qu'ils ne savent pas faire. couper avec des ciseaux, marcher déjà d'abord, après jouer avec un ballon, apprendre à écrire. Faire du vélo. Exactement. Pendant quelques années, là, jusqu'à, je ne sais pas, peut-être une dizaine d'années, il y a des apprentissages moteurs en permanence. Et en permanence, c'est pour ça que le cerveau des enfants, il est plastique et il est très agile, justement. Et c'est quelque chose qu'on perd, pas parce que le cerveau change et perd cette capacité-là, mais parce qu'on ne cultive plus du tout ce truc de l'apprentissage. mais le vrai apprentissage, pas je ne sais pas moi, je suis au boulot et j'ai appris à utiliser un logiciel. Non, vraiment d'être complètement à nu devant un truc, comme quand on apprend une nouvelle langue. Ça, ça peut arriver aussi à l'âge adulte. Là encore, c'est assez rare. Mais de découvrir quelque chose, de se dire Ok, je suis à zéro là et j'y vais. Et donc, je vais me tromper, ça va être frustrant, je vais me sentir nulle, je vais être nulle, mais je passe à travers. Et cette situation-là, réellement, je pense que la plupart des adultes sont rarement confrontés à ça. Et ça a un impact sur notre cerveau.

  • Speaker #1

    Mais il y a des gens qui ont plus le goût de ça. Moi, j'adore faire ça. J'adore apprendre plein de nouvelles choses tout le temps, des nouvelles langues. Là, je vais me mettre à jouer de l'accordéon. Je vais chercher un accordéon demain. Je commence un nouvel instrument de l'éliminale. Donc, effectivement, je suis marre de zéro. Il y a une coordination qui va faire... prendre tout ça. Peut-être qu'il y a certaines personnes aussi qui ont plus de goût à faire ça, soit par l'habitude, par l'éducation, par une sorte de curiosité intellectuelle. Comment tu cultives ça, toi, chez tes élèves, par exemple ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que tu as raison. Il y a des gens qui ont plus une appétence pour ça. pour ça. Néanmoins, je pense aussi et en particulier, on vient un peu à ce qu'on disait tout à l'heure dans le cadre d'un cours de sport ou activité physique on a surtout, je pense, le goût d'être le meilleur ou de ne pas être, encore plus important, de ne pas être le ou la nul du groupe. Et ça, c'est un truc, les gens se regardent du point de l'œil, on se compare, on le voit beaucoup dans les cours de yoga, mais on le voit partout. Oh là là, lui, il est ouf, il y en a une qui est plus nulle que moi. Et ça, c'est un truc qui est mortel parce que ça crée une peur, panique de se retrouver dans la position d'apprenant ou d'apprenante. Donc, ce que moi, j'essaye de faire, et je pense que les élèves le voient assez vite, c'est que ce qui est bien avec la diversité, c'est qu'on sera toujours nul à un moment donné. C'est rare que, je ne sais pas, la personne qui avait beaucoup de force, elle est aussi, ce soit la plus souple et puis aussi, ce soit la plus endurante et aussi, ce soit celle… Ça peut arriver, mais c'est quand même... Oui, donc en fait,

  • Speaker #1

    ça se mélange dans le groupe.

  • Speaker #0

    C'est ça. Celui qui était le fort à un moment donné va se retrouver avec le nul la demi-heure d'après. Et ça, c'est vachement puissant, en fait, et inversement. Et on s'aperçoit que, ah bah oui, moi, cette capacité-là, je l'avais, mais celle-ci, je ne l'ai pas. Et puis elle, je rigolais tout à l'heure, mais maintenant, elle me met à la mande. Donc, ça, c'est super chouette parce que ça dédramatise, en fait, ce truc-là. Et puis, ce qu'on utilise beaucoup dans les cours de mouvement, c'est le jeu. Et ça aussi, c'est assez puissant dans le sens où ce qu'on essaye de mettre en place, en tout cas pour ma part, c'est des jeux. Il y a un livre, j'ai oublié le noteur, qui s'appelle Jeux finis et jeux infinis Et donc, il compare la notion de jeux finis, c'est celle où on compte les points. Et puis, à un moment donné, il y a un gagnant et un perdant. Donc, c'est ce qu'on a dans le sport en général. Ça peut être un chronomètre, ça peut être des points. Et à la fin… se termine à la fin du match ou la fin de la course et puis c'est fini puisqu'il y a un gagnant donc c'est que c'est fini. Un jeu infini c'est celui où on va devoir collaborer pour arriver ensemble à un objectif commun mais dans le jeu et donc on n'a aucun intérêt à ce que ni toi tu perdes ni moi mais on veut continuer à jouer. Un exemple que je donne qui est simple que je fais parfois quand j'ai deux élèves et je leur fais se lancer une balle soit avec leur main dominante ou non dominante, on peut changer, et de se dire, ok, on commence en étant à 3 mètres de distance, et à chaque fois qu'on y arrive, donc je te la lance, tu l'attrapes, et inversement, on recule d'un pas, et on continue comme ça. Et donc, au bout d'un moment, on se retrouve. quand même relativement loin et ça devient de plus en plus compliqué de bien viser la personne. On n'a pas le droit de partir en courant pour attraper la balle, on doit rester là-haut. Ça devient de plus en plus compliqué, moi, de te la lancer bien pour qu'elle arrive sur toi et toi de bien la rattraper à distance et de la choper. Et on a tous les deux ou toutes les deux envie que ça fonctionne parce qu'on s'amuse et que donc bah moi je vais essayer de bien te la lancer, toi tu vas essayer de bien la rattraper et de bien me la lancer en retour. Et l'idée c'est qu'on ferme pas. mais ensemble et donc tout d'un coup ça change complètement la dynamique et s'il y a une personne qui est moins à l'aise avec la balle moi mon but c'est pas de te mettre 10 points dans la face et de gagner le match c'est que t'y arrives donc te la lancer vraiment encore mieux de t'expliquer ah essaye de l'attraper plutôt comme ça ah ben là ça marche mieux et donc on va collaborer dans le jeu et ça je trouve que c'est un outil vraiment puissant parce qu'on oublie tout d'un coup ah il est meilleur que moi Non, puisque de toute façon, on est ensemble. Donc voilà, ça, c'est une des manières de faire. Après, je pense que c'est peut-être aussi avec le temps. C'est toujours inconfortable de recommencer quelque chose, de reprendre à zéro. Voilà, mais c'est un peu le but parfois. Et puis,

  • Speaker #1

    quelques fois, on a des mémoires. Tu parles de balles. Moi, j'ai été traumatisée par les balles. J'étais super nulle au collège. C'était pime. Pong, basket, volet C'était l'enfer Pour moi dès qu'il y avait une balle je me cachais Et donc J'ai cette espèce de troubade Dès que quelqu'un veut aller jouer avec des balles Je me dis oh non je vais être nulle Je sais pas faire Et c'est quelque chose qu'on le voit Et tu te le traînes en fait Toute ta vie d'adulte Et des fois je me dis non il n'y a pas de raison Je suis quelqu'un de coordonné Agile Il n'y a pas de raison que je n'arrive pas à rattraper une balle Donc il y a cette espèce de d'automatisme ou de conditionnement qu'on a eu aussi des fois sur certaines tâches.

  • Speaker #0

    Complètement, et ça je le vois beaucoup chez les femmes, avec les balles et les ballons, c'est hyper marquant, je vois tout de suite qu'il y a quelque chose d'un peu…

  • Speaker #1

    Ou d'aller au contact.

  • Speaker #0

    Oui, le contact, et c'est là que c'est très important aussi la pédagogie, et ce qu'on essaye de faire c'est d'apprendre à apprendre, c'est-à-dire qu'apprendre, déjà il y a des méthodes, il y a des manières, et puis il y en a qui vont nous convenir plus que d'autres. Selon notre caractère, comment notre cerveau est fait, d'une certaine façon, et c'est là que notre rôle de prof, même quand on pratique pour nous, il est important, c'est le questionnement de comment, même s'il y a ce recul premier ou cette appréhension, comment j'arrive à déconstruire ça et à proposer des tâches qui soient suffisamment accessibles au début, pour tirer un peu le fil et démêler la pelote progressivement, et que la personne puisse trouver un chemin d'accès. à se dire ce que tu viens de dire, à savoir, mais il n'y a pas de raison en fait. Il y a des raisons, mais il n'y a pas de raison. C'est à dire, il y a des raisons historiques liées à ton passé et qui sont, ou à toutes quand on était au collège, mais ces raisons, peut-être qu'elles ne tiennent pas si fort que ce que je pensais face au fait de s'amuser, de découvrir quelque chose et de se surprendre soi-même aussi. Donc, c'est là qu'il faut un peu de méthode et de psychologie aussi. pour arriver à emmener les gens sur ce genre de terrain.

  • Speaker #1

    C'est construire un peu les mythes qu'on s'est construits, qu'on s'est dit sur notre corps. Par exemple, je ne suis pas capable de ceci, je ne suis pas capable de cela.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est aussi l'acceptation de commencer petit. Ça, c'est quelque chose qu'on a beaucoup de mal à vraiment faire. On croit qu'on le fait parfois, mais on ne le fait pas vraiment. Parce que moi, je vois souvent sur la course à pied. Parfois, je partage un peu ça sur les réseaux. Moi, je suis une coureuse, une piètre coureuse. Mais par contre, je m'y suis remise il y a un an, justement parce que c'était plus que piètre. Et donc, je me suis dit, j'aimerais bien pouvoir courir une demi-heure sans être à la mort. Ça m'a pris un certain temps. Et j'ai souvent des gens qui m'écrivent, notamment des femmes, Ah oui, j'ai voulu me remettre à courir, mais au bout de 20 minutes, je suis fatiguée. 20 minutes, c'est déjà beaucoup. Non, 20 minutes, c'est énorme. 20 minutes, c'est énorme. De passer de 0 à 20 minutes, en fait, c'est un gap qui est monstrueux. Donc, sauf si tu as à côté de ça une activité cardio ou que tu as génétiquement, et ça arrive aussi, une facilité pour ça, et peut-être que tu vas te faire tes premières 20 minutes avec un peu la goutte de sueur, mais ça ira. La plupart des gens qui ont plus de 20 ans et ne font pas de cardio à côté, 20 minutes d'un coup, c'est énorme. Donc, essayer de dire, mais... à quel point la comparaison, elle est mortelle quand on se dit qu'il faut qu'on commence par 20 minutes et qu'on ne s'est pas dit, attends, avant 20, il y a 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 1, 3, 2, 1. Mais c'est vrai, on peut commencer par courir une minute. Moi, personnellement, c'est ce que j'ai fait, en alternant avec de la marche. Mais vraiment, et moi comme tout le monde, vraiment se dire, je ne vais pas me comparer, aujourd'hui, c'est devenu, c'est quasiment un ébreu.

  • Speaker #1

    C'est à toutes les applis. L'autre jour, j'ai écouté un podcast qui parlait de ça, de la pression.

  • Speaker #0

    C'est une folie, quoi. Tous les mecs qui postent tout le temps, leur temps, leur machin, les trucs. C'est très compliqué de se dire, non mais réellement là. vraiment est-ce que je vais réussir pendant les 20 minutes ou le quart d'heure que je vais faire surtout pourquoi tu le fais c'est ça exactement pourquoi tu le fais quel est ton objectif et est-ce que c'est possible d'être soit dans un corps des fois on voit passer des trucs comme ça danses chez toi comme si personne ne te regardait mais est-ce que tu peux courir comme si personne ne te regardait ou faire des pompes comme si personne ne te regardait n'importe quel mouvement comme si personne ne te regardait et comme si tout le monde s'en foutait, ce qui est le cas, à part nous-mêmes et l'idée qu'on se fait de ce qu'on devrait réussir à faire au bout d'une semaine, deux semaines, un mois. Souvent, ce que je rappelle aux gens, c'est que même les gens qui postent, qui courent vite et qui postent leurs performances sur les réseaux, ne sont jamais des sportifs professionnels. Eux-mêmes sont nuls. par rapport à beaucoup de gens. Donc, en fait, on s'en fout, quoi. On est tous des nuls entre nuls. Il y en a juste qui sont un peu moins nuls que nous qui sommes peut-être plus nuls. Mais au final, on n'est pas des marathoniens. On ne va pas avoir la médaille au JO et on court pour nous parce que ça nous plaît, que ça nous amuse, qu'on sent qu'on en a besoin. Mais je pense que c'est quelque chose, même moi, je le remets sur la table à chaque fois que je sors. C'est-à-dire, OK, l'intention, c'est laquelle ? J'ai progressé, mais jusqu'à quel point je veux progresser ? À quel point c'est l'obsession de progresser, d'aller plus vite, la montre, le temps, combien de minutes par kilomètre et tout ? Je suis là-dedans ou je suis dans autre chose ? Et c'est un équilibre entre les deux. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Pourrir 20 minutes comme si c'était rien, non, ce n'est pas rien pourrir 20 minutes pour les genoux, pour les mollets, pour les tendons d'achille, bien sûr pour le cœur. Je pense que quelqu'un qui ne court pas, je vous dis que pour 20 minutes, la plupart des gens ne peuvent pas. pour 20 minutes comme ça moi je ne cours pas mais il faut s'entraîner bien sûr,

  • Speaker #1

    normal j'aime faire mon cardio autrement mais la course ça m'ennuie faire le cardio bien sûr heureusement,

  • Speaker #0

    le vélo,

  • Speaker #1

    l'intention ouais tout à fait, super tu proposes plein de choses tu donnes des cours c'est un peu pour savoir si les gens ont envie de découvrir plus ton travail ton enseignement proposer des choses en ligne, donc ça veut dire que c'est accessible vraiment pour tout le monde, des choses en présentiel, des stages, des retraites, tu peux un peu…

  • Speaker #0

    Alors oui, je propose pas mal de choses, mais je vais en proposer un peu moins à partir de l'année prochaine. Mais non, mais c'est vrai que je travaille, ce qui est sûr, c'est que je travaille en ligne et en présence, les deux existent. Des retraites, je continuerai à en faire, deux à trois par an, je pense. Et puis, par contre, c'est vrai que je pense que petit à petit, parce que j'ai de la demande et que ça m'intéresse, je travaille pas mal avec des professionnels du mouvement, donc sous la forme d'un mentorship, où j'accompagne, j'ai beaucoup de profs de yoga, mais pas que, ça peut être des coachs sportifs, ça peut être dans le pilates parfois, parfois j'ai des kinés ou des soignants au sens large. Et l'idée, c'est de leur apporter un peu des outils pour... cultiver justement cette diversité, proposer peut-être d'autres formes de mouvements, mais adaptés à leur contexte, parce que c'est différent quand on est kiné ou quand on est coach sportif par exemple. Et voilà, je crée un peu cet accompagnement là, un peu plus au long cours, sur plusieurs mois, pour essayer de développer cette approche là, de sortir, de garder ce qu'on sait de notre école, de notre passé, de notre savoir, et en même temps devenir le un peu élargir notre vision du mouvement pour nous mais aussi pour le public avec lequel on est en contact dans la vie professionnelle voilà ça c'est quelque chose que je vais encore plus développé l'année prochaine je pense qu'on en a besoin je pense que c'est enfin moi qui parle des kinés parce que c'est un milieu du coup que tu connais que je connais bien que j'ai fréquenté pendant pas mal d'années et c'est vrai que pour que c'est dommage parce que c'est Bon, après il y a d'autres problématiques, une problématique aussi de temps qu'ils ont et que je respecte tout à fait, bien sûr, il y a un contexte, mais ça je suis consciente. Néanmoins, je pense qu'il y a des choses qui pourraient coûter pas cher. à mettre en place.

  • Speaker #1

    Plus efficace.

  • Speaker #0

    Voilà, et qui permettrait soit plus efficace, soit de sortir du côté un peu triste, tristounet ou triste, d'une rééducation pour rentrer dans, voilà, peut-être plus de légèreté, plus de jeu, plus de variété. Voilà, c'est vrai pour les kinés, mais ça peut être vrai… Certains profs de yoga aussi ont envie de sortir un peu de ce qu'ils connaissent déjà au niveau postural pour aller faire d'autres… d'autres univers.

  • Speaker #1

    Toutes dynamiques, avec des déplacements, par exemple,

  • Speaker #0

    dans toutes ces techniques-là,

  • Speaker #1

    pilates, yoga, etc. Tu n'as pas de déplacement, pour moi, ça, c'est un immense manque, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr, parce que c'est un peu dans notre ADN, en tant qu'humain, la marche et ses dérivés. C'est sûr que c'est très important. Alors après, c'est paradoxal, parce que je pense que... Faire 10 fois, ça a du sens aussi. C'est-à-dire que moi, quand je faisais de l'Achtangag, j'ai beaucoup répété la répétition. C'est très riche, ça a beaucoup de sens. Et je pense qu'on apprend des choses quand on répète 5 ans la même séquence. On ne peut pas apprendre ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, tu vas dans la profondeur. Mais par exemple, si c'est ton unique pratique, à un moment donné, il va te manquer des billes.

  • Speaker #0

    Je crois. Là encore, ça dépend de la génétique, de la chance qu'on a. Il y en a qui s'en sortent très bien comme ça. Ce n'est pas la majorité. Je pense qu'au bout d'un moment, il y a une usure. Le stress est placé toujours au même endroit, toujours sur la même articulation et de la même manière, avec la même intensité. Donc forcément, le corps s'adapte à ça, mais il s'adapte aussi à tout ce qu'il ne fait pas et tout ce qu'il n'est pas apporté dans son vocabulaire. Et ça peut créer bien sûr des blessures et tout un tas de choses. Mais je pense que là-dessus, on évolue quand même pas mal ces derniers temps. J'ai l'impression qu'il y a un peu une prise de conscience de ça. notamment avec le yoga mais pas que, et de dire ben oui si tu fais que du yoga par exemple, je n'ai rien contre le yoga c'est vrai d'autres pratiques mais c'est celle que je connais le mieux, peut-être qu'il y a des endroits où tu pourrais être renforcée et ce serait très positif, peut-être que ton endurance justement cardiovasculaire peut-être qu'à certains endroits elle gagnerait à être un petit peu plus développée etc. Tout ça c'est des questionnements qui sont très riches. Et c'est super pour moi de me les poser avec des gens qui viennent de plein d'environnements différents.

  • Speaker #1

    Moi, je sais que c'est un conseil que je vais souvent donner à mes élèves, s'ils veulent être vraiment dans une santé un peu plus complète, comme on parlait, de diversifier leurs pratiques, d'avoir peut-être du pédalate, mais aussi de la danse, ou de la marche, ou du qigong pour travailler leur équilibre, leur coordination, d'autres choses. Ce qui leur fait plaisir, d'aller à la piscine, d'avoir des choses variées, des apports variés.

  • Speaker #0

    Oui, et puis ce qui est important aussi de dire, pour moi, parce que des fois, quand on parle de mouvement, alors oui, la force, la coordination, l'endurance, on a l'impression qu'il faut un peu se transformer en surhomme, en surfemme. Alors non, on fait des choix. C'est sûr qu'on ne peut pas tout faire. Moi, je ne passe pas ma semaine à courir, faire de l'escalade, nager, faire du surf, repartir à la danse, ensuite soulever des poids. Non, je choisis, c'est sûr. Mais par contre, ces choix évoluent dans le temps. C'est-à-dire que quand je fais un choix, j'aime bien rentrer dans le concret parce que c'est la question que souvent les gens se posent. Souvent, je le tiens pendant, on va dire, à minima six mois. Peut-être ça peut être un an, peut-être deux ans. Et puis, il va y avoir, je vais pivoter dans les choix que je fais parce que celui que j'ai fait pendant deux ans, je vais m'apercevoir que j'ai progressé, que j'ai évolué. Et puis, je vais visiter une autre zone d'ombre, peut-être qui est juste à côté ou peut-être qu'elle est un peu plus loin. Mais en tout cas, mon but dans la vie, ce n'est pas de faire tout. tout le temps, mais c'est plutôt de faire des choix éclairés en fonction de là où je sens que j'ai des faiblesses, là où je sens que j'ai de la joie, du plaisir, quand j'ai le temps aussi, en fonction de mon état de forme, de la saison dans laquelle on est. Enfin, tous les facteurs sont importants et on a le droit et on a raison de s'écouter et de les prendre en compte, mais de se faire des choix éclairés et d'amener un peu de diversité dans ce cadre-là. mais sa diversité, peut-être qu'on peut faire de la natation et après se dire j'en ai marre, l'odeur du chlore, je vais faire du vélo Mais voilà, le conseil, ce n'est pas vous devez tout faire tout le temps Parfois, il y a un peu ce côté-là, et les gens ont un travail, ils ont peut-être une famille, on a une vie aussi, et moi, à titre perso, je ne passe pas 8 heures par jour à pratiquer, j'ai envie de faire d'autres trucs.

  • Speaker #1

    C'est clair. Merci beaucoup Agathe pour cette discussion.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Très intéressant, ça nous enrichit, enfin ça enrichit tout le monde d'avoir tout un tas de points de vue, c'est ce qui me passionne dans cette aventure du podcast.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir attendu le micro.

  • Speaker #1

    A très vite.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Interview Agathe

    00:44

  • Conclusion

    49:49

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