- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à tous ! Et bienvenue dans ce septième épisode de Demain de Bot. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Victor Parmentier. Il va nous partager son regard entre son métier d'agriculteur et son rôle dans l'industrie agroalimentaire. Pourquoi a-t-il choisi cette voie ? Comment il concilie ces deux univers ? Son témoignage va aussi nous montrer ce qui peut motiver un jeune à explorer différentes expériences avant de s'installer sur la ferme. Dans cet épisode, on parle aussi de transition des pratiques vers l'agriculture de conservation. Manque-t-on encore de recul et de preuves concrètes sur ces résultats ? Quels sont les défis techniques à surmonter ? Plus largement, comment peut-on conjuguer les enjeux des industriels et les besoins de résilience et de compétitivité des exploitations agricoles ? Est-ce qu'on peut créer des passerelles entre l'industrie et l'agriculture ? Sont-ils partenaires ou deux mondes qui cohabitent ? Autant de questions auxquelles Victor tente de vous donner son point de vue et des billes de réflexion. Alors sans plus attendre, je laisse place à ma discussion avec Victor. et vous souhaite une bonne écoute. Bonjour Victor, pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire où nous sommes actuellement ?
- Speaker #1
Bonjour Honorine, Victor Parmentier, je suis agriculteur à Avée, dans le sud-est de l'Oise. Je me suis installé là depuis 2023, donc ça va être la troisième récolte. On est actuellement dans la maison de mes parents, à la ferme, et plus exactement dans ce qui est devenu mon bureau, c'était la... Le site parce que c'était la pièce où je venais regarder des cassettes quand j'étais petit et on l'a transformé en bureau pour avoir chacun notre bureau, papa et moi.
- Speaker #0
Super. Et justement, peux-tu présenter un peu ton exploitation et peut-être ses particularités ?
- Speaker #1
Ouais, donc c'est une exploitation familiale depuis 1888 maintenant. On est du coup assez réellier à la base. On a l'irrigation sur une partie de la ferme, donc mon père a fait beaucoup de légumes à un moment. Aujourd'hui, on fait encore des oignons, des haricots. Et on a de la méthanisation aussi qui tourne depuis 2021, donc avec un groupe d'agriculteurs voisins, ce qui a quand même pas mal d'impact sur l'organisation du travail et de la ferme, donc c'est un sujet assez central.
- Speaker #0
Pour nous mettre dans le bain, peux-tu nous expliquer un peu ce que tu as fait avant ton installation et dans quel contexte tu as fait ? Est-ce que tu as toujours voulu devenir agriculteur ?
- Speaker #1
Oui, devenir agriculteur depuis, je dirais, ça devait être au lycée ou au collège que j'ai eu le déclic. Ensuite, j'ai fait une école d'ingénieur en agriculture à Angers, l'ESA. Et j'ai fini par un stage de fin d'études. En fait, je cherchais une entreprise aéroalimentaire qui valorisait l'agriculture de conservation, les agriculteurs dans cette agriculture-là. Ça n'existait pas trop en 2020 quand je cherchais, en 2019. Et en fait, il y a eu une offre de stage chez Nestlé qui semblait parler de ça. Et donc j'y suis allé. Et c'était en fait, maintenant c'est mon boulot chez Nestlé aussi. Donc je suis très content d'avoir fait ce choix-là. Donc j'ai bossé un peu chez Nestlé jusqu'en 2023. Et je me suis installé et on a continué à faire du Nestlé et de la ferme en même temps.
- Speaker #0
Justement, tu parles de Nestlé. Tu peux nous dire ce que tu fais chez Nestlé, ton poste, à quoi ça consiste ?
- Speaker #1
Je m'occupe du déploiement de l'agriculture régénératrice en France dans nos approvisionnements. On dit agriculture régénératrice, en gros chez les agriculteurs on parle plutôt d'agriculture de conservation des sols, mais en tout cas ça reprend les mêmes principes. Je m'occupe de le déployer auprès de nos fournisseurs, de proposer des contrats avec un suivi d'indicateurs, le suivi de la performance des agriculteurs et comment... Comment faire en sorte que le plus grand nombre d'agriculteurs aillent dans ces pratiques-là et des résultats positifs dans ces pratiques-là.
- Speaker #0
Et du coup, j'imagine que tu fais le parallèle entre la ferme et Nestlé. Qu'est-ce qui te plaît particulièrement d'avoir les deux casquettes ?
- Speaker #1
Ces deux métiers qui se nourrissent l'un l'autre aujourd'hui, ça c'est super intéressant. D'un côté, à la ferme, j'essaie de mettre en place cette agriculture-là qui est vraiment celle qui... pour laquelle j'ai une passion, je pense que c'est hyper stimulant. Et de l'autre côté, chez Nestlé, je la défends, je la pousse, j'investis dedans d'une certaine manière. Et donc, c'est assez plaisant de pouvoir la soutenir dans un groupe. de la taille de Nestlé et qui a pris cet engagement là de s'investir à fond pour avoir, je le rappelle, le 100% des approvisionnements issus de la culture régénératrice en 2050. On a dépassé les 20% là et voilà c'est un super enjeu pour l'avenir.
- Speaker #0
Et tu l'as dit, en 2020, quand tu es arrivé chez Nestlé, il y avait un peu d'acteurs qui étaient engagés dans cette dynamique. Sans l'implication des industriels, c'est peut-être difficile de faire évoluer la dynamique globale. Est-ce que tu peux nous prendre par la main et nous raconter les grandes étapes de cette transition quand tu es arrivé entre 2020 et aujourd'hui ? Quels ont été les points clés ?
- Speaker #1
Quand je suis arrivé, on était encore à l'ère des schémas de filières plutôt classiques. On connaît l'Uharmonie, nous avons la charte préférence Nestlé. Un contrat plus ou moins avec des pratiques et chaque industriel a son truc. Et là, l'idée, depuis 2018, Nestlé travaillait déjà avec Earth Form Foundation pour essayer de trouver des indicateurs et plutôt quelque chose à l'échelle de l'exploitation, pas seulement de la culture qui intéresse l'industriel, mais pour regarder l'ensemble des pratiques et des résultats que l'agriculteur arrive à atteindre avec ces pratiques. Et donc il y a eu ce travail-là, il a fallu regrouper plusieurs acteurs pour se dire qu'avoir un travail à l'échelle de l'exploitation, ça pouvait aussi permettre de valoriser toutes les cultures de l'exploitation. Donc voilà, il y a eu un groupe d'industriels, la création d'un cadre agronomique, donc trouver les bons indicateurs et tout. Et puis après, nous, sur nos approvisionnements, donc principalement le blé pour commencer, il a fallu aller voir les fournisseurs et leur proposer. Ça n'a pas été simple au début, ça n'a pas été accueilli aussi bien que ce que je pensais. Notamment ceux avec qui on travaillait depuis plus longtemps, au début, ils me disaient « mais pourquoi est-ce qu'on change tout maintenant ? » Et puis comme c'était la première fois que des contrats comme ça qui étaient proposés, il y avait un peu peut-être de méfiance aussi, ou pas beaucoup de confiance dans les industriels. Je crois que ça c'est un schéma qui est classique. Donc il y a eu ce convaincre, et puis maintenant on l'a quand même déployé assez largement. Alors il reste des volumes à aller chercher. Mais maintenant, il y a aussi une grosse partie qualitative, tant sur le retour des données, comment est-ce qu'on se rend compte des bénéfices de cette agriculture-là, qu'est-ce qu'on récupère pour l'environnement, pour l'agriculteur, et d'un point de vue aussi du niveau global des agriculteurs, acter la transition, voir qu'il y en a beaucoup qui progressent significativement.
- Speaker #0
Donc c'est un travail de longue haleine, surtout sur un pas de temps qui est annuel en agriculture.
- Speaker #1
Oui, c'est assez compliqué et pour un industriel, c'est super compliqué. On a beaucoup de défis aussi nous en interne à faire comprendre que ça prend du temps, que les résultats vont se faire sentir l'année prochaine. Déjà maintenant, on a réussi à leur faire parler en année de récolte, parce qu'en fait, l'industriel, globalement, le blé qui est récolté en 2025. En gros, on dit qu'on utilise dans l'usine en 2026 et donc ça fait toujours des décalages. C'est très compliqué à mettre dans la tête des gens. Donc c'est bien, on arrive petit à petit à le faire.
- Speaker #0
Et à la base, est-ce que l'ambition, elle est partie d'un engagement vers la neutralité carbone ? Pourquoi Nestlé s'est dit, comme tu as dit, on va tout changer du jour au lendemain ? C'était quoi l'ambition au début ?
- Speaker #1
Le premier engagement c'est 2019, du coup engagement pour la neutralité carbone en 2050. En gros c'est respecter les accords de Paris, c'est aussi simple que ça. Et du coup ils ont fait le petit calcul avec certainement des gros tableurs Excel pour voir où étaient les émissions de gaz à effet de serre chez Nestlé. Et donc dans un groupe de la taille de Nestlé, on ne peut pas regarder juste ce qu'on fait dans nos murs, il faut regarder aussi l'impact chez ses fournisseurs. Et en fait, ils ont vu qu'en gros, 70% des émissions de gaz à effet de serre, elles venaient de la production des ingrédients qui rentrent dans les usines. Donc c'est énorme. Et donc ils se sont dit, il faut qu'on fasse quelque chose là-dessus, évidemment. Donc ils sont allés sur la culture régénératrice pour plusieurs raisons. Donc il y a le côté, on estime qu'on va réussir à réduire les émissions de gaz à effet de serre avec ça. Ce n'est pas la solution à tout, mais c'est peut-être une partie de la solution. Et aussi le côté résilience. En fait, à long terme, face au changement climatique, donc là, il y a le côté atténuer, c'est réduire, le côté s'adapter, c'est comment s'assurer qu'en 2050, par exemple, on ait encore les cultures. qui pousse là où elle pousse aujourd'hui, de manière stable, avec un marché mondial qui n'est pas complètement dérégulé, et que les usines de Nestlé ne soient pas implantées à des endroits où finalement il n'y a plus de blé, ou il n'y a plus de légumes à cet endroit-là. Donc il y a un côté très business de résilience à
- Speaker #0
2050. À maintenir l'amont, quand tu dis les ingrédients qui viennent de l'usine, c'est l'amont agricole en fait. donc c'est que l'amour
- Speaker #1
Typiquement il y a des relations avec Agora par exemple pour fournir une usine qui est dans le nord une usine de Purina si le climat se déraille complètement et qu'on peut plus produire de céréales dans le nord de la France en 2050 il va falloir amener ça en bateau le prix sera plus le même en fait alors que là les céréales poussent à la porte de l'usine
- Speaker #0
Et puis la logistique c'est un peu le nerf de la guerre
- Speaker #1
Il y a un côté coût, c'est important.
- Speaker #0
Très clair pour la partie Nestlé, on y reviendra peut-être un peu après. Au niveau de la ferme, je voulais revenir sur ton installation, parce que du coup, tu as mentionné la partie Nestlé à la partie ferme, l'agriculture régénératrice. Comment tu as mis en place les pratiques vers l'agriculture de conservation des sols ? Est-ce que c'est toi qui l'as mis en place quand tu es arrivé ? Ou est-ce qu'il y avait déjà un petit terrain, on va dire fertile à ces projets-là ? Tu peux nous expliquer un peu ?
- Speaker #1
Il y avait un terrain fertile, je dirais par l'engagement que mon père a toujours eu d'un point de vue environnemental. Il avait la certification HVE au niveau 3 depuis quelques années. Et il avait toujours fait plutôt attention à ça. Il commençait à avoir découvert avec plusieurs espèces depuis un moment, pas mal de TCS, de techniques culturelles simplifiées. Et moi, j'ai un peu voulu développer ça. Surtout avec un constat, c'est que j'ai présenté l'exploitation tout à l'heure, on a quand même un système qui peut être qualifié d'intensif parce qu'il y a des légumes, il y a de la méthanisation. C'est un schéma qui parfois est un peu décrié. Mais comment est-ce qu'on peut faire le mieux possible dans ce système-là ? En fait, on ne pourra pas faire 100% de semis directs, plus touchés au sol. Il y a des directeurs qui font ça et dans le groupe aussi. et je trouve ça toujours super ce qu'ils ont réussi à mettre en place mais là derrière des ensilages quand les récoltes sont en mauvaise condition forcément on va travailler le sol, on va peut-être labourer il y a forcément des impacts donc le but c'était de se dire comment est-ce qu'on fait le mieux possible donc on a commencé doucement je dirais par les couverts, à développer les couverts on a un voisin pour le citer, François-Xavier Martel qui avait qui est venu un peu semer des couverts avec son sprinter, c'est le gars qui a un sprinter dans le coin, et donc il est venu semer des couverts avec son sprinter, et puis nous on travaille beaucoup en kuma, donc il a fallu aussi voir avec les collègues comment on pouvait ou pas investir dans ce type de matériel pour avoir un peu plus d'autonomie et de flexibilité, et maintenant c'est chose faite, donc ça va permettre d'essayer encore plus de choses je pense à court terme.
- Speaker #0
Donc toi, tu as une approche pas dogmatique de faire tout l'un ou tout l'autre, mais d'amener des pratiques pour amener de la résilience ?
- Speaker #1
Moi, je me dis que c'est toutes les fenêtres où on peut faire moins de travail du sol, plus de production de biomasse pour le sol. C'est là où je dois miser. C'est du coup un truc qui n'existait pas avant, c'est les intercultures courtes. Et c'est les intercultures où on sait qu'on va récolter pas dans des mauvaises conditions, donc potentiellement pas derrière les encilages de maïs. Quoique, j'espère peut-être aussi pouvoir en mettre quand c'est fait en bonnes conditions, peut-être pouvoir avoir un couvert pour l'hiver, je ne sais pas. Mais voilà, maximiser sur les fenêtres disponibles.
- Speaker #0
Pour ceux qui nous écoutent, peut-être qui ne connaissent pas l'agriculture de conservation des sols, tu peux nous dire en 3-4 mots, c'est quoi les grands principes de cette agriculture-là ? Et après, peut-être nous expliquer les prérequis, justement, que toi, tu as dû... Enfin, quelqu'un qui voudrait se lancer maintenant, par quoi il doit commencer, niveau machinisme, formation, je ne sais pas.
- Speaker #1
Je serais très humble, je ne dis pas que ce que je dis c'est vrai pour tout le monde et je suis très loin d'avoir réussi quoi que ce soit. J'ai pas réussi un truc cette année encore. Mais du coup la question c'était les...
- Speaker #0
Les quatre points clés de l'agriculture régénératrice.
- Speaker #1
Pour moi les points clés c'est vraiment un c'est centrer sur le sol, remettre le sol au milieu du schéma de production. Donc faire très attention et développer son activité biologique, donc la vie qu'il y a dans le sol, pour qu'elle maximise les services qu'elle peut nous rendre. Par ça, c'est la nourrir par de la biomasse, c'est moins la déranger par le travail du sol, et c'est avoir un maximum d'espèces différentes, et dans la rotation, et du coup jouer aussi avec les couverts, parce que les rotations sont parfois un peu figées. Et puis le premier axe... Le plus accessible, c'est les couverts en fait
- Speaker #0
Et la deuxième question c'était les prérequis pour quelqu'un qui veut se lancer, par où il commence ?
- Speaker #1
Alors il commence par aller à des agriculteurs qui l'ont fait ou à des techniciens et pour ça il peut rejoindre aussi l'agroclub parce que c'est vrai que là dedans il y a plein d'agriculteurs qui sont super inspirants. Et puis il commence par faire des couverts différents et de voir est-ce qu'il peut adapter son travail du sol à la baisse. en fonction des couverts qu'il a réussi à faire. Et je pense qu'il y a quand même beaucoup de gens qui ont beaucoup déblayé le terrain aujourd'hui. Et c'est assez, entre guillemets, simple de dire si je fais un gros couvert avec une belle biomasse et tout, il y a des schémas assez classiques qui pourront être conseillés par les techniciens d'Agora ou par les collègues agriculteurs. Donc il faut remercier tous ceux qui ont déblayé ce terrain-là. Aujourd'hui, je pense que c'est plus facile, plus accessible que... qu'il y a 10, voire même 5 ans.
- Speaker #0
Complètement. Et c'est un apprentissage permanent, c'est quelque chose qui te stimule, en plus de l'intérêt environnemental, de la transition, de la résilience. Est-ce que tu avais envie de te challenger un peu à ton arrivée au niveau agronomie, au niveau apprentissage ?
- Speaker #1
Je ne l'ai pas fait, je pense, pour le challenge, mais c'est vrai que c'est hyper stimulant tout le temps. de voir comment la nature elle peut faire évoluer ces choses là et de compter un maximum sur elle. Pour l'instant, tu vois, pour exemple j'ai fait trois ou quatre disons, quatre parcelles de betteraves vraiment sans labour et avec des travails du sol très minimalistes et les trois ont été, j'ai dit quatre parcelles, des travaux très différents, enfin l'ITK était toujours très différent et c'était adapté. à l'année, à la pousse du couvert, à la destruction du couvert en fonction des conditions climatiques. Et donc, parfois, ça fait un peu peur. Mais du coup, on est stimulé toute l'année. Il n'y a pas de moment où on se dit, tiens, qu'est-ce que je vais faire ? C'est le côté que j'aime bien aussi.
- Speaker #0
C'est un apprentissage tous les jours. Tu as parlé des agroclubs. Les agroclubs, c'est des clubs d'agriculteurs qu'on a chez Agora, avec des accès aux formations. Et c'est vrai qu'on voit beaucoup... Toi je sais que tu viens parfois avec ton papa et on voit beaucoup de binômes père-enfant qui viennent. C'est un outil pour aborder la transition mais presque aussi la transmission entre père et fils. Et toi justement ça fait à peu près deux ans que tu es bien sur l'exploitation. Donc tu n'as peut-être pas assez de recul d'indicateur long terme pour nous en donner. Mais quel est ton ressenti aujourd'hui par rapport à la transition que tu as menée ? Quels sont les constats que tu fais, peut-être au niveau des rendements ?
- Speaker #1
Sur les parcelles, par exemple, de Métra, vous vous avez parlé qu'on a fait des choses différentes. Il n'y avait pas eu de baisse de rendement par rapport à nos voisins qui récoltaient au même moment. Donc ça, c'est première satisfaction. Cette année, j'ai complètement raté l'implantation des oignons. Je suis allé un peu... pas bien. Mais on verra le rendement, ça trouve le rendement sera pas forcément mauvais, je sais pas. Après j'ai pas eu grand chose d'autre. Bah si l'année dernière sur les oignons on avait fait quand même une partie de la parcelle en non-labours, j'ai pas parti direct billes en tête, et on a pas fait d'essais de rendement séparés, mais il y avait visuellement aucune différence dans la production. Donc pour l'instant c'est plutôt positif de ce point là, après sur les autres indicateurs... Vie du sol, des indicateurs environnementaux, c'est un peu compliqué à dire. Vie du sol, c'est sûr que là, cette année, j'ai une parcelle de betterave en labour et une non-labour juste à côté. Si je mets la bêche dedans, aujourd'hui, il n'y a pas photo sur la dynamique de la vie du sol. Mais après, ce n'est pas elle qui me paye à la fin de l'année, donc il faudra quand même que le rendement soit là.
- Speaker #0
Et même au niveau technico-économique, du coup, tu n'as pas de baisse de rendement, mais... Peut-être que les couverts ça te fait mettre moins d'azote, je ne sais pas.
- Speaker #1
Je l'ai eu, ouais, sur les betteraves, là où on a réussi des gros couverts, j'avais toujours des reliquats à zéro, enfin un besoin à zéro. Donc ce qu'on fait, c'est qu'on en met quand même toujours un peu. Déjà même si quelqu'un qui est en labour, il est à zéro, il en met toujours. Et là, il y a un besoin un peu pour la destruction des couverts aussi. Donc on mettait 30 unités, mais la dernière, sur les deux parcelles, il y avait besoin de zéro, donc une économie là-dessus. Et peut-être... J'ai pas fait le calcul mais sur le GNR, c'est ce qu'on dit aussi qu'il y a des réductions. Après cette année je suis passé à la rotative donc j'en ai quand même consommé un petit peu mais je pense moins. qu'en labour. Après ça reste, ça va faire des 15 ou 20 euros par hectare, enfin à la fin c'est une tonne de métrave mettons. Donc il faut vraiment que le rendement soit identique.
- Speaker #0
Du coup tu t'es installé il y a deux ans, comment ça se passe la transmission avec ton papa là-dessus ? Est-ce que vous échangez ?
- Speaker #1
C'est assez stimulant parce que lui il est aussi super curieux. Et je crois que c'est lui qui s'est inscrit à l'agroclub et qui me dit « Ouais, il y a un club un peu ACS chez Agora, ça va être bien et tout, je nous inscris. » Il a fait plus de formations que moi, je pense, pour le moment d'ailleurs. Et donc voilà, il est super curieux. C'est intéressant aussi d'avoir son expérience, même s'il n'a pas d'expérience dans l'ACS, mais il relativise beaucoup plus que moi qui ai tendance à parfois peut-être paniquer. mais il relative beaucoup plus parce qu'il a vu des choses il sait comment les outils vont faire le travail aussi donc il permet de me canaliser un petit peu là dessus et voilà on apprend ensemble il y a des choses où du coup peut-être que je lui apprends ou il me laisse en tout cas 100% prendre les décisions enfin il a jamais décidé ce qu'on mettait dans les couverts par exemple mais il va comme moi donner un avis pour la destruction
- Speaker #0
On parle beaucoup de couverts, à la fin de l'épisode tu nous donneras ton couvert préféré. Et donc c'était acté un peu depuis quelques années, je comprends que tu voulais reprendre l'exploitation, mais tu voulais quand même aller travailler avant, à côté, pourquoi ? Quel était l'intérêt pour toi ?
- Speaker #1
Ouais, on s'était dit avec papa que je travaillerais avant de reprendre l'exploitation, alors finalement j'ai pas travaillé énormément avant, mais du coup je continue pendant, donc c'est cool. Pourquoi ? Pour l'ouverture, pour aller voir d'autres choses, apprendre aussi ce que c'est de travailler en entreprise, parce qu'arriver et être patron directement dans sa vie, c'est un peu... Enfin moi je ne trouvais pas ça dans la logique des choses, mais du coup je suis plutôt manager en entreprise et manager ici, donc ça permet aussi de nourrir les expériences. Donc c'est ça, voir d'autres choses, comment ça fond. Comment ça fonctionne et se construire un peu en dehors de son exploitation ou globalement. Je risque de rester une bonne trentaine d'années quand même.
- Speaker #0
Et comment tu gères la répartition de ton temps entre les deux activités ? J'imagine qu'il y a de la souplesse des deux côtés.
- Speaker #1
Oui, il y a de la souplesse des deux côtés. Finalement, on pourrait ne pas penser à ça au début, mais c'est l'agriculture qui est moins souple que Nestlé. Nestlé m'offre un cadre relativement souple aujourd'hui. En gros depuis, on a fait deux ans où on était associé avec mon papa Jean-Louis et du coup là j'étais à mi-temps chez Nestlé et en fait c'est un mi-temps annualisé donc tous les mois je leur disais quand est-ce que je venais travailler ou pas en début de mois pour caler un peu les plannings et le salaire et du coup ça s'est bien fait, ça a bien fonctionné une fois qu'on a trouvé la répartition des missions dans l'équipe aussi et cette année j'ai repris l'ensemble des... départ et du coup mon père à la retraite et donc j'ai et puis je voulais être beaucoup plus présent aussi sur la ferme donc on est passé à 20% sur l'année ce qui peut paraître
- Speaker #0
20% Nestlé
- Speaker #1
20% Nestlé ouais ce qui peut parfois ça fait sourire les gens ce qu'ils disent mais tu fais quoi 20% du coup et ben voilà ça reste le côté avoir un agriculteur sur le sujet agricole et avoir tous les avis techniques, les retours aussi même des collègues agriculteurs, je peux dire comment est-ce qu'ils voient les choses. Et ça, c'est assez important pour l'équipe.
- Speaker #0
Et tes missions ont évolué du coup quand tu étais à 50-50 et aujourd'hui ?
- Speaker #1
Ouais, bah déjà le 100 à 50, ça a évolué. Au début, c'était compliqué parce qu'on n'avait pas fait l'évolution et j'avais un peu mal vécu le début de la période. Enfin, c'était un peu dur au niveau travail. Et ensuite, ça s'est bien fait et pendant les deux ans, là, c'était royal. Et donc là, on fait encore évoluer plutôt sur des travaux de fond, de réflexion pour l'avenir, les prochains sujets qui viennent, ou alors sur des projets en construction, où on a des réunions pas régulières au jour le jour.
- Speaker #0
Tu as une casquette un peu plus stratégique avec le recul des années d'avant. Et puis j'imagine que les périodes de rush chez Nestlé, quand les formations d'Agri...
- Speaker #1
ont lieu c'est quand les agris sont dispo donc potentiellement toi tu es un peu plus dispo ouais c'est ça il ya des mois assez symbolique comme le mois de juin par exemple qui est quand même je pense même pour la coopérative un mois assez central où globalement en grande culture il peut y avoir un peu de temps à ce moment là et puis il fait beau et tout et du coup Ce mois-là, je passe beaucoup de temps dans les déplacements Nestlé. Le mois de janvier, en effet, c'est plus facile d'avoir un peu plus de temps chez Nestlé aussi. Ça fait qu'on est toujours un peu, je ne dirais pas à la bourre, on met limite sur le bureau à la ferme, mais du coup, on n'a jamais trop de relâche, c'est bien.
- Speaker #0
Tu es sur tous les fronts. Et du coup, tu as mentionné que tu prenais un peu des regards un peu plus stratégiques. comme tiens Tu es un expert maintenant, je voulais te demander de mettre un peu tes deux casquettes agri-Nestlé, d'essayer de prendre un peu de hauteur et nous expliquer peut-être la complexité de créer une filière, parce que certains agri peuvent amener la transition, et dire bah oui, je vois pas pourquoi ça avance pas au niveau peut-être valorisation financière, mais l'idée c'est de se dire que ça se fait pas en un claquement de doigts, donc est-ce que tu peux nous expliquer cette complexité ?
- Speaker #1
La construction de la filière, ça prend déjà beaucoup de temps parce qu'il faut que l'industriel soit arrêté sur ce qu'il va développer comme filière, sur quels critères et pourquoi. D'abord pourquoi et ensuite les critères. Il faut que les critères tombent bien, etc. Il faut aller voir le fournisseur, se mettre d'accord avec le fournisseur sur quel volume, le nombre d'agriculteurs, comment est-ce qu'on va le... peut-être aussi les choisir ou à qui on va proposer ce contrat-là, sous quelles contraintes. Et il faut ensuite que tout ça puisse être valorisé quelque part par l'industriel en question. Mais ce n'est pas valorisable direct, donc c'est forcément un coût très important pour l'industriel. Il va falloir des industriels qui sont capables de le faire. Et puis il ne faut pas oublier qu'en France... Et notamment à Agora, je pense qu'on exporte une grosse partie de ce qu'on fait. Donc à partir du moment où tu exportes, qui est-ce qui achète derrière et qui est-ce qui a envie qu'il y ait une filière particulière ? Ce n'est pas forcément tout le monde. Je pense que la plupart du temps, ou même 99,9% du temps, c'est juste le prix qui compte. Donc là, dans tout ce qu'on produit, on n'est pas capable de mettre en filière.
- Speaker #0
Au niveau international, tes concurrents, ce n'est plus la France, c'est carrément des pays.
- Speaker #1
Oui, c'est carrément des pays. Après, l'avantage de la France aujourd'hui, c'est son image de production positive d'un point de vue environnemental, d'être une des cultures les plus durables, ou la plus durable en tout cas. Et c'est vraiment reconnu comme ça. Et donc ça, c'est quelque chose qui peut potentiellement s'exporter. Je pense par exemple au sucre, on est beaucoup à faire des betteraves sucrières aussi. La France est un gros pays producteur et ça peut être des critères de choix d'aller acheter chez des fournisseurs français parce qu'il y a telle ou telle qualité environnementale en face.
- Speaker #0
Et tu as parlé des indicateurs, de savoir pourquoi on le fait et puis après de mettre les indicateurs en face. Mais à l'échelle de Nestlé, un indicateur du coup, la France à l'échelle de Nestlé, elle est peut-être petite. Et du coup, mettre un indicateur fiable et homogène pour plusieurs exploitations sur plusieurs territoires, c'est compliqué ?
- Speaker #1
Oui, là, du coup, il y a une équipe qui s'occupe de ça aussi, de centraliser tout ce qui se passe, parce que je crois que le chiffre, on doit être présent dans 184 pays, un truc comme ça. C'est énorme. Alors, on ne se fournit sûrement pas dans ces 184 pays, mais c'est vraiment énorme. Et du coup, comment est-ce que tu peux, quelque part, homogéniser pour... qu'à la fin tu dises en effet Nestlé a atteint tel niveau et en tout cas les partenaires avec qui Nestlé travaille et du coup il faut une homogénéisation et là il y a un boulot en interne de dire déjà il y a des directions à prendre et là c'est à peu près partout pareil, la couverture des sols etc c'est à peu près la même chose par contre nous on va expliquer que que les indicateurs qu'on déploie sont adaptés. à notre contexte local. Et donc on va faire une équivalence entre le niveau des agriculteurs en France et le reporting global de Nestlé.
- Speaker #0
Par rapport à tout ce que tu fais chez Nestlé, en quoi ça t'aide sur ton exploitation quotidienne ? J'ai eu l'occasion de rencontrer énormément d'agriculteurs avec Nestlé, et d'agriculteurs passionnés, avec des systèmes de culture tous très différents, chaque fermée différente, avec des objectifs différents, des parcours différents, et des manières de cultiver différentes. Donc c'est super inspirant déjà, j'ai vu beaucoup de choses qui étaient faisables ou pas faisables, j'ai vu des échecs, j'ai vu des réussites, donc ça c'est super intéressant. J'ai eu accès aussi à des formations parce qu'on finance des formations à des agriculteurs. Et moi, parfois, j'y assiste aussi pour voir la qualité de ce qu'on finance. Du coup, je prends mes notes en même temps. Donc, il y a ce côté très lié au terrain et aux pratiques des agriculteurs où je peux m'inspirer. Et puis, je pense que c'est ça qui m'aide vraiment d'un point de vue technique. En tout cas, ça m'a... apporté beaucoup.
- Speaker #1
Et tu me disais quand on a préparé que ça t'avait apporté du cadre aussi
- Speaker #0
Ouais c'est vrai que après tu vois c'est encore un peu le bazar dans le bureau mais je suis pas du tout formalisation et Nestlé ça m'a un peu appris ça même si je reste pas très bon dans la formalisation et même quelque part du reporting de nos activités à la ferme tout noté etc mais Et... Oui, ça m'a un petit peu aidé quand même de ce point de vue-là.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que, inversement, qu'est-ce que ton métier d'agriculteur t'apporte dans ton quotidien chez Nestlé ?
- Speaker #0
Ça nous a apporté beaucoup de crédibilité, en fait, dès le début, parce que, vous voyez, quand on allait voir en 2021-2022 des coopératives pour leur dire « on va faire des contrats agriculteurs régénératrices » , franchement, tout le monde n'était pas très enthousiasmé par l'idée. Et en fait, quand on va parler, tu dis, je vais comprendre que je suis agriculteur. Et ça aide tout de suite, ça brise un peu un truc, parce qu'on a l'impression qu'il y a toujours une guéguerre entre le monde agricole et les industriels. Et du coup, ça casse tout de suite un truc. Et on explique qu'on fait des trucs positifs, vraiment centrés sur l'agriculteur, etc. Donc ça a mis en place de la confiance, je pense. Et c'est primordial pour développer des relations saines. Et du coup, ça me permet aussi d'avoir une position de leader d'opinion, entre guillemets, chez Nestlé sur la partie agricole. Quand il y a des sujets techniques, ça passe par moi assez rapidement. Je donne mon avis, on oriente un peu les choses. Et il y avait la petite anecdote, par exemple, sur les paquets de Chocapix. Moi, j'ai toujours... J'ai mangé quand j'étais petit, j'ai mangé encore ce matin mais il y a une communication derrière qui est faite sur l'agriculture régénératrice justement et du coup pour valider en gros les réponses ou du moins que ça soit à peu près bien formulé pour pas qu'on dise une bêtise, j'avais travaillé avec l'équipe qui a fait cette communication donc j'en étais assez fier et j'étais assez content. assez content de valider ce genre de choses et de le retrouver après sur la table du petit déjeuner.
- Speaker #1
C'est hyper concret, c'est l'aboutissement du projet, jusqu'au packaging au consommateur.
- Speaker #0
Oui, et puis on remarque aussi, en tant qu'agriculteur, on le sait, quand on est engagé dans ces filières-là, il y a une prime potentiellement, mais il y a aussi quelque chose de... on sait où est-ce que va notre production, à quoi elle sert, et on attend aussi que... L'industriel, derrière, peut-être qu'il valorise, ou en tout cas il communique sur ce qu'on fait, parce qu'il a la puissance de le faire, qu'un agriculteur tout seul ne se sent pas de pouvoir toucher autant de monde. Donc c'est vraiment un objectif pour nous aujourd'hui de mettre en valeur ce que font les agriculteurs, ce qui est vraiment fait sur le terrain. Et on fait souvent des visites d'ailleurs chez des agriculteurs, et c'est toujours des super moments parce qu'il y a un peu de déconnexion aujourd'hui entre le milieu urbain et l'agriculture, et les gens sont toujours... Ravi d'aller dans les fermes.
- Speaker #1
Oui, ça redonne du sens sur un groupe agroalimentaire qui a une visibilité énorme. Et après, on peut le dire, aujourd'hui, c'est des petits volumes par rapport à la production. Peut-être pour nous, Agora, à l'échelle de l'Oise, c'est des très petits volumes, mais c'est une dynamique qui est en marche et c'est pour ça que c'est intéressant d'en parler. Et justement, est-ce que tu te sers de ta ferme pour tester ce que tu promeux chez Nestlé ?
- Speaker #0
On n'a pas de contrat directement en mode R&D, des sujets de distorsion de concurrence, on ne peut pas trop... Engager la boîte d'un salarié, c'est plutôt logique. Mais en tout cas, j'applique ce que je promeux. J'essaie d'appliquer ce que je promeux chez Nestlé. Donc, quelque part, on pourrait dire oui. Et puis, j'alimente aussi mes collègues avec ce que je fais. Donc, ça leur permet aussi de monter un peu en connaissance sur qu'est-ce qu'on fait en tant qu'agriculteur. Et du coup, eux aussi, d'être plus au fait quand ils rencontrent des agriculteurs derrière.
- Speaker #1
Et on l'a dit, ça représente une petite partie des agriculteurs. Tu penses qu'il leur manque quoi aujourd'hui pour accélérer leur passage vers la transition, que ce soit agriculture régénérative, agriculture de conservation ?
- Speaker #0
Je pense qu'il faut aller voir les gens qui ont réussi, et je sais qu'ils savent que ça fonctionne. Et il y en a quand même pas mal. Donc une fois que tu as vu que ça a fonctionné et qu'il faut avoir aussi, et c'est compliqué parce que tout le monde a une ferme différente, mais une preuve du côté économique parce que c'est ça qui drive tout. Est-ce que économiquement c'est mieux ? Et comme c'est des sujets long terme, souvent en agriculture on est fixé sur une autre année, peut-être la récolte suivante pour l'enchaînement des cultures, mais pas beaucoup plus loin. Donc en termes stratégiques, comment est-ce que ça... comment est-ce qu'on peut le faire évoluer dans la tête d'un entrepreneur agricole. Et puis après, c'est de la formation, mais aujourd'hui, je pense qu'elle est beaucoup plus accessible qu'elle ne l'était il y a même cinq ans, et notamment avec les gens qui ont réussi, et les agriculteurs ne sont pas du tout en rétention d'informations, c'est même le contraire, ils partagent très largement. Donc il faut aller se nourrir. Quand on voit quelqu'un qui travaille différemment dans la plaine, il faut aller lui demander ce qu'il fait.
- Speaker #1
Ouais donc il faut des indicateurs de preuve la formation et une vision long moyen terme et court terme sur ton exploitation comme un vrai chef d'entreprise ouais ouais je pense,
- Speaker #0
après tous les directeurs sont des chefs d'entreprise mais oui comment est-ce qu'on peut même finalement quand tu le fais tu sais pas si dans 20 ans tu vas vraiment te produire mieux que le voisin, enfin t'en as aucune idée donc c'est tu le sens mais tu le sais pas donc oui c'est compliqué de Il n'y a pas vraiment... Aujourd'hui, les preuves matérielles ne sont pas forcément toutes disponibles facilement. Donc c'est normal qu'il y ait un peu de réticence quand il y a un système qui fonctionne. Après, il faut voir des industriels comme McCain, par exemple, qui sont quand même des volumes hyper importants en pomme de terre, qui s'engagent. Parce que quand je parlais avec eux, ils ont vu que les rendements, au mieux, ils stagnaient. Au pire, ils diminuaient sur leur total de producteurs. Et ils le font vraiment parce qu'ils s'inquiètent de ça. Et donc là, tu te dis que ça te met la puce à l'oreille quand même qu'il y a un truc positif derrière.
- Speaker #1
Mais c'est vrai qu'on voit de plus en plus des dynamiques multi-acteurs, chose qu'on ne voyait pas peut-être il y a 3-4 ans. Enfin là, ça arrive pas mal, comme tu dis, pour réfléchir à l'échelle de l'exploitation. Donc même parfois, des concurrents vont arriver à travailler entre eux le volet technique, en tout cas pour l'instant sur la partie technique.
- Speaker #0
Ouais, on se travaille beaucoup plus avec d'autres industriels qu'on le faisait avant. Enfin, on ne travaille pas du tout avec d'autres industriels, je pense. Enfin, assez peu, en tout cas au niveau France. Et ouais, maintenant, ça s'est développé. Alors, parfois, c'est un peu compliqué au niveau juridique, mais en fait, le fond est super positif parce que c'est pour avoir évité la multiplication des charges. Et voilà, le côté acteur et génératrice, on a compris que c'est la couverture, le travail du sol, tout ça. et comment est-ce que On matérialise d'une manière uniforme, d'une manière uniforme entre les différents acteurs.
- Speaker #1
Comment on co-construit intelligemment.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Si on repart un peu en arrière, quand t'es sorti de tes études, est-ce que ton regard a évolué par rapport à aujourd'hui sur un sujet ?
- Speaker #0
Ouais, sur le... Je dirais le... Le truc qui a le plus changé, moi, quand je suis arrivé chez Nestlé, c'est que tout de suite, on m'a parlé changement climatique, émissions de gaz à effet de serre et tout. Je n'en avais pas du tout entendu parler à l'école. Et ce qui est un peu dommage d'ailleurs. Et le rôle de l'agriculture là-dedans, où sont les émissions, pourquoi ? Comment est-ce qu'on peut diminuer l'impact de manière assez rapide ou sensible sur l'environnement avec l'agriculture ? Donc ça, ça a changé assez vite et du coup, je me rends un peu plus compte de quand je fais quelque chose, quel est l'impact que ça peut avoir à court ou moyen ou long terme sur l'environnement, peut-être sur moi ou sur l'équipe aussi. Donc oui, ça, ça a pas mal changé, je pense.
- Speaker #1
Ça te pose question.
- Speaker #0
Ça permet de voir les choses autrement et de réfléchir un petit peu à ce qu'on fait. Après, c'est toujours driver par un, la technique et de l'économique, ou un, l'économique et deux, la technique. Ça dépend des fois. Mais au moins, je le sais. Notamment, c'est les engrais le plus gros poste d'émission. Comment est-ce qu'on peut être vraiment le plus juste sur ce que la plante a besoin et pas en émettre... du gaz à effet de serre pour rien.
- Speaker #1
Et ça a un intérêt économique aussi derrière.
- Speaker #0
En plus.
- Speaker #1
J'ai eu la chance, lors du dernier épisode, d'échanger avec Laurent, qui est au Pôle agro chez nous. Et il t'a posé une question pour le prochain invité du podcast. Et la question, c'était qu'attends-tu aujourd'hui d'un Pôle agroécologie au sein d'une coopérative agricole, céréalière par exemple, comme Agora ? Qu'est-ce que tu attends de leur groupe, de l'équipe ?
- Speaker #0
Mais Laurent déjà, je te l'ai dit juste avant, j'ai trouvé très intéressant ce qu'il racontait et c'est toujours intéressant quand il parle d'ailleurs. Et j'ai bien aimé ce qu'il a dit, je ne l'ai pas dit là, mais le mot pragmatique, en fait ça c'est aussi au cœur de toutes les décisions que je prends et je pense qu'il doit être prise. C'est pas de dogme et puis réagir en fonction de la situation. Et qu'est-ce que j'attends de l'innovation je pense ? Le premier truc c'est ça. on en parle il ya des retraits de matières actives de trucs comme ça comment est ce que on va continuer à produire dans les mêmes conditions voilà qu'est ce qui qu'est ce qu'il faut faire c'est quoi les nouvelles pratiques est ce que je sais pas même des trucs des arbages mécaniques et tous toutes les innovations possibles et puis du lien je dirais avec entre guillemets la société quoi enfin les attentes des clients etc enfin pour replacer l'agriculteur vraiment au centre du maillon agroalimentaire.
- Speaker #1
Oui, que le pôle agro travaille en synergie avec tout le monde autour de lui, parce que s'il pense que leur volet technique, ça ne sera pas...
- Speaker #0
Oui, ça ne sera pas viable. Et puis le transférer aux agriculteurs, le dire aussi, c'est ça que les clients attendent aujourd'hui, c'est de ça qu'on parle. Parce que parfois dans la ferme, on ne se rend pas compte de certaines évolutions et de pourquoi aussi on est arrivé à aller faire des évolutions. Enfin, on ne le comprend pas forcément toujours.
- Speaker #1
Donc de la veille... Et de l'ouverture.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
On arrive à la fin de l'épisode. J'ai un peu de quelques questions signatures que je pose à tous mes invités. La première, c'est quel message aimerais-tu transmettre à un jeune qui souhaite s'installer aujourd'hui en agriculture ou qui s'intéresse à l'agriculture ?
- Speaker #0
D'y aller, c'est un super métier, super stimulant. Et puis, tu travailles avec la nature tout le temps. Tu es la plupart du temps dehors. Donc ça, c'est super agréable. Et puis, ouais, tu... Tu travailles avec la nature, c'est elle qui décide ce que tu vas gagner à la fin de l'année. Ça fait peur, mais c'est hyper enrichissant.
- Speaker #1
La deuxième question, c'est quelle idée reçue aimerais-tu lever sur ton métier ou sur l'agriculture en général ?
- Speaker #0
Je ne vais pas reprendre ce qu'a dit Laurent sur l'image de pollueur, mais j'aurais bien dit pareil. Surtout que moi, je retrouve quand même beaucoup plus de plastique dans les champs que ce que j'en aimais, je crois. Non, c'est plutôt, moi, je parlerais de l'image. Un petit peu arriéré que peuvent avoir les agriculteurs, où je pense que facilement les gens pensent que l'agriculteur c'est une vieille personne isolée dans sa ferme où il n'y a pas internet et tout. Et aujourd'hui, il n'y a pas plus de raisons que ce soit le cas pour un agriculteur que pour n'importe qui qui a un autre métier. En fait on stigmatise le métier d'agriculteur alors que on ne stigmatise pas d'autres professions. Je ne sais pas pourquoi on fait ça d'ailleurs.
- Speaker #1
Dans la continuité, qu'est-ce qui te rend le plus fier dans ton métier d'agriculteur ?
- Speaker #0
Ça revient un peu à ce que j'ai dit pour le « Pourquoi faut venir ? » C'est travailler avec la nature. Et quand tu vois que la nature pousse, qu'il y a de la vie, c'est hyper... Moi, ça m'apaise, mais c'est super... Je redis, c'est enrichissant de travailler avec la nature. Et c'est beaucoup d'humilité aussi, parce que tu fais... tout ce que tu veux parfaitement. Si la nature, elle ne veut pas, elle ne veut pas.
- Speaker #1
Dernière question, petite question, je l'appelle insolite. Quel est ton couvert favori et pourquoi ?
- Speaker #0
Moi, ils ne sont pas tout à fait fixés. J'ai essayé des trucs différents, donc je ne peux pas avoir la composition parfaite. Par contre, je crois que vraiment ce qui m'anime le plus en ce moment, c'est l'interculture courte. Qu'est-ce que je vais faire pousser ? Comment ? Pourquoi ? Combien d'espèces ? Lesquelles ? Et c'est un truc qui existait pas du tout quand je suis arrivé sur la ferme et c'est un truc que je veux vraiment mettre en place. systématiser là où c'est possible et du coup c'est plutôt l'interculture courte qui m'anime beaucoup.
- Speaker #1
C'est ton cheval du bataille.
- Speaker #0
Ouais c'est ça.
- Speaker #1
Et si tu avais un dernier message à faire passer peut-être aux auditeurs ou aux agriculteurs qui nous écoutent ?
- Speaker #0
Bah d'écouter les autres podcasts aussi parce qu'ils sont intéressants et puis de suivre ce qui se passe chez Agora sur l'innovation et s'inscrire aux agroclubs club j'ai pas de j'ai pas de part dans la salle de dans un an à gorassi du coup mais C'est vraiment enrichissant de s'ouvrir à ce que font d'autres agriculteurs. Je trouve que plus on s'ouvre en collectif, plus on apprend, on déploie des pratiques super intéressantes, on innove. Et puis quand on goûte un peu à l'innovation, je crois qu'après on a du mal à s'arrêter.
- Speaker #1
Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Victor.
- Speaker #0
Merci, honoré.
- Speaker #1
Un grand merci à Victor de nous avoir partagé son témoignage au micro de DemandeBot. Il le dit lui-même, il profite aujourd'hui du travail de ceux qui ont exploré les pratiques avant lui pour avancer à son rythme sur sa ferme. L'important est alors d'avancer avec une réflexion adaptée à son exploitation. Alors si vous avez écouté cet épisode jusqu'au bout, c'est que celui-ci vous a intéressé. N'hésitez pas à le partager autour de vous. et pourquoi pas rejoindre nos agroclubs ACS pour confronter vos expériences. A bientôt dans Demain de Bot !