- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast d'Agora,
- Speaker #1
de main, de botte,
- Speaker #0
pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé.
- Speaker #1
Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce cinquième épisode de Demain de Bot. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Marc Pijolet, agriculteur dans le Vexin, qui va nous partager sa vision et son approche du métier d'agriculteur. Ce qui rend son parcours intéressant, c'est qu'il a choisi de combiner son activité agricole avec un rôle de conseiller financier. Dans cet épisode, nous allons explorer son organisation en tant que double actif et découvrir comment il réussit à concilier ces deux casquettes. Après avoir exploré d'autres horizons, Marc est revenu sur l'exploitation familiale avec un regard neuf sur la complexité et les défis de l'agriculture. Aujourd'hui, il nous livre sa vision de l'entrepreneuriat et je voulais particulièrement aborder avec lui l'aspect gestion financière. Cette discussion nous amènera à parler des défis actuels comme les aléas climatiques et économiques qui impactent fortement les exploitations. En effet, la moisson de l'été 2024 a été particulièrement compliqué pour les céréaliers, rappelant les difficultés rencontrées après 2016. Ces événements mettent parfois à rude épreuve la pérennité des exploitations. Avec Marc, nous avons évoqué des sujets comme la gestion des risques et l'importance d'une planification pluriannuelle pour s'adapter aux aléas de plus en plus fréquents. Je vous invite donc, sans plus attendre, à plonger dans cette conversation spontanée. Bonne écoute !
- Speaker #0
Bonjour Marc !
- Speaker #2
Bonjour Noreen.
- Speaker #0
Merci de m'accueillir. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots s'il te plaît et nous dire où est-ce que nous nous trouvons aujourd'hui ?
- Speaker #2
Je m'appelle Marc Pijolet, j'ai 30 ans, on se trouve aujourd'hui sur le siège de l'exploitation agricole qui se situe dans l'Oise, à peu près une trentaine de kilomètres de Beauvais.
- Speaker #0
Peux-tu nous présenter ton exploitation et ses particularités ?
- Speaker #2
Alors on est sur une exploitation en polyculture. d'environ 120 hectares. L'exploitation sur laquelle on cultive, donc on a une culture qui est assez simplifiée du fait d'une double activité de ma part. On cultive sur l'exploitation du blé, de l'orge de printemps, colza et aussi pas mal de lin.
- Speaker #1
Ok,
- Speaker #0
très clair. Et concernant ton parcours, donc tu t'es installé il y a 8 ans. Je crois. Avant ton installation, quelles étaient tes formations et dans quel contexte s'est fait ton installation ? Est-ce que tu as toujours voulu être agriculteur ou pas forcément ?
- Speaker #2
Alors pas du tout. Donc moi je me suis installé il y a près même dix ans maintenant. Je n'ai pas du tout suivi un cursus agricole. Je ne voulais pas du tout reprendre l'exploitation au départ. Moi j'ai une formation finance, licence, master en gestion de patrimoine et en finances. et j'ai eu le souhait de reprendre l'exploitation à peine un an avant le départ en retraite de mon père, notamment pour conserver un peu le patrimoine familial, puisque j'ai trouvé un attrait finalement sur la partie agricole.
- Speaker #0
Ok, donc tu as évoqué ta double activité. Pourquoi tu as fait le choix de la double activité ? Et est-ce que tu peux nous décrire un peu le métier que tu fais à côté de celui d'agriculteur ?
- Speaker #2
Oui, alors en fait, nous, sur l'exploitation, l'exploitation agricole a toujours été une double activité. C'était donc l'exploitation a grandi, mais en étant toujours gérée en annexe d'une activité complémentaire. Donc moi, c'est vrai que naturellement, j'ai vu cette exploitation comme une double activité. Et donc, à côté, j'ai un cabinet de conseil en investissement financier et en gestion de patrimoine.
- Speaker #0
Pour en arriver là, avant d'avoir ton cabinet de finance en propre, par quelle étape es-tu passé ?
- Speaker #2
Donc j'ai travaillé à peu près 10 ans dans des grandes banques sur des postes de conseillers, de conseillers agricoles notamment, et puis directeur d'agence, directeur de plusieurs sites d'agence à travers deux grandes banques, acteurs du milieu agricole.
- Speaker #0
Ok, donc c'est à travers ces expériences que tu as découvert un peu ce que c'était une exploitation agricole et quel a été le déclic ?
- Speaker #2
Exactement, alors c'est vrai que c'est marrant que tu poses la question. En fait, c'est vrai que j'ai plus pris connaissance du milieu du travail d'agriculteur à travers la rencontre avec des clients agriculteurs, notamment. Parce qu'avant ça, à part conduire une benne à la moisson, mais sinon, je n'étais pas du tout au fait sur l'exploitation agricole. Et donc, c'est ça qui m'a aussi donné un peu envie de découvrir ce métier et puis, pourquoi pas, de reprendre l'exploitation agricole.
- Speaker #0
D'accord. C'est là que tu as découvert un peu la complexité du métier, un peu plus loin que juste conduire le tracteur.
- Speaker #2
Voilà, exactement. C'est vrai que... Au départ, alors j'espère pas choquer les agriculteurs qui écouteront ce podcast, mais pour moi, agriculteur, c'était on se met, on mettait un peu de pulvée et puis on récoltait la moisson. Et je me suis rendu compte que c'était un métier qui était beaucoup, beaucoup plus complexe que ça. Et je me rends compte d'ailleurs encore aujourd'hui, même après dix ans sur l'exploitation, toutes les problématiques qu'on peut avoir et puis la diversité des métiers qui sont exercés au sein d'une même exploitation.
- Speaker #0
Tout à fait. Et comment tu gères du coup ce quotidien entre toutes les casquettes que tu as en tant qu'agriculteur et le conseil à travers Pigma Conseil, donc la répartition du temps passé sur tes missions, comment ça se passe ?
- Speaker #2
Alors il n'y a pas une répartition du temps, alors l'avantage c'est que c'est une exploitation céréalière, donc on n'a pas forcément la contrainte d'un élevage avec une flexibilité qui est quand même un peu plus présente. J'organise mes agendas à l'avance en fonction de la météo. Je travaille beaucoup la nuit pour les traitements. De ce fait, ça me libère une grande partie de la journée et ça me permet d'organiser mes semaines de manière... de manière efficiente.
- Speaker #0
A travers ta société de conseil, donc tu l'as dit, ton papa était double actif avant toi, toi tu as choisi la double activité même si ce n'est pas sur les mêmes missions. Tes clients chez Pygma Conseil, qui sont-ils ? Est-ce que c'est plutôt des entreprises ? C'est plutôt du milieu agricole ou pas du tout ?
- Speaker #3
Quelques agriculteurs mais la forcerie,
- Speaker #2
forcément pas forcément très représentés, beaucoup de chefs d'entreprise, beaucoup de chefs d'entreprise majoritairement.
- Speaker #0
Donc ça te permet une certaine ouverture aussi à d'autres secteurs ?
- Speaker #2
Exactement, alors c'est vrai que c'est intéressant parce que du coup je trouve que ça donne une vision et une prise de recul intéressante sur notre métier. Et du coup, on va dire que la vision d'un chef d'entreprise n'est pas encore forcément des fois la même que la vision d'un agriculteur qui est pourtant un chef d'entreprise à part entière sur certains profils. C'est intéressant de voir un peu les façons de faire qui sont différentes et les visions qui sont aussi différentes.
- Speaker #0
Donc toi, tu as une approche plutôt, j'imagine, gestion de ton exploitation. Est-ce que tu crois que pour gérer une ferme, il faut être plutôt un bon technicien ou un bon gestionnaire ? Les deux, comment tu allies les aspects de gestion et les aspects techniques du métier ?
- Speaker #2
La question fatidique, je pense qu'il faut... Je vais te faire une réponse de normand, mais il faut être un peu les deux. Alors moi, j'ai une approche beaucoup plus gestion parce que c'est ce que je sais faire. Et je me repose du coup énormément sur la coopérative pour la partie technique. Mais oui, l'un et l'autre sont complémentaires. Et surtout, au quotidien, finalement, un agriculteur alterne énormément entre ces deux casquettes. Technicien, technicien, mais aussi gestionnaire parce que tout a un coût. et de plus en plus aujourd'hui. Donc je dirais qu'il faut les deux. Après, il faut chercher, on ne peut pas être 100% monde en tout, donc il faut chercher des appuis à travers la coopérative, par rapport à la partie technique, à travers des conseils pour la partie gestion, pour avoir une efficience et une efficacité maximum sur l'exploitation au quotidien, sur tous ces postes.
- Speaker #0
Oui, parce que le pilotage de marge, tu connais par cœur.
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #0
Et du coup, le pilotage de la plaine, ça permet aussi peut-être d'attribuer des décisions qui vont aussi avoir un impact sur le pilotage de ta gestion ? Tout à fait. Par rapport à ça, qu'est-ce que ta compétence de gestionnaire va t'aider à piloter ton exploitation ? Quel outil tu mets en place concrètement au quotidien ?
- Speaker #2
C'est-à-dire que moi, j'ai fait un tableau de bord, par exemple, où je pilote mes marges en direct. et donc ce qui me permet de savoir le coût d'un herbicide, l'impact direct qu'elle va avoir sur la marge de mon exploitation et donc de construire mon programme à travers ça. Après bien évidemment que c'est là où la partie technique rattrape, on a beau faire une prévision technique, des fois il va falloir faire des interventions complémentaires qui vont impacter la marge. positivement des fois parce que on peut se passer par exemple d'un fongicide ou négativement quand on a une année très sale où il va falloir être un peu plus punchy sur la partie herbicide mais je trouve que l'avantage de piloter sa marge et d'avoir cette vision en instantané c'est aussi de pouvoir justement prendre ses décisions et savoir l'impact de ses décisions et du coup après de pouvoir aller chercher sur d'autres postes des économies des fois pour combler ces impacts sur la marge.
- Speaker #0
Donc toi tu as une vision plutôt, l'atterrissage de tes fichiers justement dont tu parles, ça va te permettre d'avoir une vision assez globale et donc de diluer ton risque quelque part. Quelle est ta vision sur la gestion de l'exploitation ?
- Speaker #2
Exactement, alors c'est marrant ce terme de dilution du risque, parce que sur mon autre métier c'est justement un peu le fer de lance, et c'est ce que j'ai cherché à faire sur l'exploitation. à avoir, à pérenniser un résultat et la pérenniser ce résultat ça provient justement par des cultures ou des façons culturales qui vont permettre d'avoir un résultat garanti chaque année et cette recherche de pérennité sur le résultat c'est vraiment quelque chose qui... qui est pour moi déterminant sur l'exploitation. Du fait aussi que ce soit une double activité, par exemple, sur un exemple, moi je vais toujours apporter des matières organiques, je vais toujours mettre un engrais de fonds, les bonnes années comme les mauvaises années, parce que je veux que les bonnes années, ça puisse exploser en termes de rendement, mais que les mauvaises années, que ça ne décroche pas trop. Ça, par exemple, c'est un gage de sécurité. Ça va être aussi par la vente de culture sur pied, directement, pour pouvoir avoir, via un contrat... pour pouvoir avoir des revenus contractuels qui seront indiqués, qui sont connus à l'avance et qui peuvent être intégrés dans mon résultat à l'avance.
- Speaker #0
Donc l'exemple des engrais de fonds, c'est que du coup, la délétion du risque, elle ne se fait pas sur un an, elle se fait vraiment en pluriannuel.
- Speaker #2
Exactement, c'est ça. L'objectif, c'est d'avoir une vision à 10 ans, on va dire, sur l'exploitation pour avoir... Alors ici, après, c'est au type de terre, on est sur des terres ici qui sont... des terres assez superficielles. Donc, c'est vrai qu'on ne peut pas se permettre, comme des terres, par exemple, avec un limon assez profond, de se dire, voilà, on fait une impasse une année, on ne le retrouvera pas forcément. On a une gestion un petit peu plus rigoureuse parce que le moindre écart ne nous est pas pardonné.
- Speaker #0
Très bien. Et justement, sur l'aspect plein au quotidien, vu que tu nous l'as dit, tu n'as pas du tout de formation agricole. Comment tu as appréhendé le métier ? Comment tu as accompagné peut-être ? Et en quoi la coopérative t'aide ? Parce que tu l'as mentionné.
- Speaker #2
Alors justement, j'ai pris la formule que j'appelle, elle a changé de nom chez Agora, mais je vais l'appeler la formule all inclusive. C'est-à-dire que de ce fait, vu que la partie technique n'était pas du tout en fort, j'ai pris le soutien du conseil de la coopérative. Et c'est vrai que ce n'était pas du tout une crainte. justement de reprendre l'exploitation sans la partie technique, ce que j'apprends aujourd'hui au quotidien et au fil de l'eau, mais aussi parce qu'on a la chance d'avoir justement cette partie conseil au quotidien et d'avoir, c'est ce que je te disais tout à l'heure en introduction, c'est-à-dire qu'on a la possibilité aujourd'hui, moi je pars du principe que quand il y a quelque chose qu'on ne connaît pas ou qu'on ne maîtrise pas, autant le déléguer ou autant aller chercher les conseils, quitte à avoir une facturation en face, mais qui nous permettent d'avancer. C'est ce que j'ai fait à travers la coopérative avec une formule d'accompagnement au quotidien. Et donc une proximité quand même avec mon technicien au quotidien sur l'exploitation.
- Speaker #0
Et je reviens sur le quotidien parce que tu parles de déléguer. Je crois qu'il y a des postes ou des actions en pleine que tu délègues aussi parce que tu as parlé des traitements que tu peux faire le soir ou le matin. Mais les autres actions culturales, comment tu t'organises ?
- Speaker #2
Exactement, c'est vrai que moi sur la taille de l'exploitation, j'ai fait le choix aujourd'hui par exemple d'avoir qu'un seul tracteur. Et du coup, je fais ce que j'ai le temps de faire et je délègue tout le reste. Et notamment la partie, surtout la partie engrais, qui est plutôt assez chronophage et qui, pour le coup, je trouve, est un poste de dépense important. Eh bien, j'ai préféré le déléguer à un entrepreneur pour avoir vraiment un travail de qualité et aussi ne pas avoir à investir dans du matériel, des pendages engrais, et surtout pour la partie de temps aussi.
- Speaker #0
Alors là, du coup, je t'ai posé la question, qu'est-ce que ta formation en finance t'a apporté à l'exploitation ? Donc tu m'as dit, c'est plutôt d'avoir un résultat le plus linéaire possible et de pilotage. Et qu'est-ce que ton métier d'agriculteur t'apporte dans ton métier inversement de conseiller en finance ?
- Speaker #2
Du bon sens, du bon sens. Et ça permet aussi de connaître les problématiques d'un client agriculteur, par exemple, en sachant... Quels sont les enjeux ? Moi dans mon métier il y a la partie transmission de patrimoine, c'est un enjeu aujourd'hui déterminant sur une exploitation agricole. Et donc cette double casquette permet de connaître les problématiques, de connaître le milieu et de savoir quels sont les besoins en amont, par exemple d'un agriculteur, sur sa transmission de patrimoine. Et puis de savoir qu'aujourd'hui c'est une exploitation agricole, c'est la différence entre une entreprise, c'est pas une entreprise qui s'est construite à un instant T, c'est souvent des générations derrière. Et donc il y a toute une histoire et tout un parcours derrière qu'il faut aussi prendre en compte dans cette partie conseil.
- Speaker #0
Si on revient un peu en arrière, quand tu t'es installé, tu avais certainement un point de vue sur l'agriculture et le métier d'agriculteur. Est-ce que ton point de vue a évolué aujourd'hui ? Est-ce que tu peux nous expliquer un peu ton cheminement ?
- Speaker #2
Oui, bien sûr. Comme je t'ai dit au départ, pour moi, un agriculteur, il semait, il traitait et puis il récoltait. Donc voilà ma vision qui était plutôt assez restreinte du monde agricole. Et aujourd'hui, je me rends compte que finalement, être agriculteur, c'est... être responsable des achats, responsable des ventes, être technicien, gestionnaire, RH. Et en fait, finalement, je me rends compte que c'est un métier qui est très complexe, qui est du coup très enrichissant et très intéressant, ce qu'on apprend au quotidien. Et finalement, on se pose plein de questions. Une année ne se ressemble pas. Et donc, c'est finalement un métier qui est enrichissant et intéressant au quotidien.
- Speaker #0
Et dans les relations autour de ta ferme, qu'est-ce qui te plaît particulièrement ?
- Speaker #2
C'est vrai que le monde agricole, je pense à cette spécificité, on l'a vu par exemple lors des manifestations, c'est un monde où il n'y a pas de concurrents comme dans d'autres secteurs, mais on est plutôt tous partenaires, tous confrères, on se partage les bonnes idées et c'est un monde qui est très soudé dans les difficultés comme on a pu le voir et je trouve que ça c'est plutôt bienveillant et c'est plutôt très sympa d'évoluer dans ce monde-là au quotidien.
- Speaker #0
C'est quelque chose que tu ne retrouvais pas forcément dans la partie finance ?
- Speaker #2
C'est quelque chose qui ne se retrouve pas du tout dans d'autres parties et la finance entre autres.
- Speaker #0
Et du coup, tu as évoqué tes expériences au niveau de la banque. Qu'est-ce qui t'a poussé à développer ta propre société annexe ? Parce que je me dis, tu es devenu agriculteur, tu n'as quand même pas de salaire sécurisant tous les mois linéaire comme un salarié classique. Idem avec ta société de conseil, alors qu'on parle de dilution du risque, là on n'est pas trop dans la dilution du risque. Si on regarde de l'extérieur, est-ce que tu peux nous dire un peu ton regard par rapport à ça ?
- Speaker #2
C'est vrai qu'après 10 ans dans une grande entreprise, je ne me retrouverais plus par rapport à l'industrialisation du service client, ce qui est malheureusement aujourd'hui le cas de de nombreuses entreprises, que ce soit des banques, mais aussi d'autres entreprises sur d'autres secteurs d'activité. C'est-à-dire que... Je trouve que c'est assez antinomique, c'est-à-dire qu'on n'a jamais autant demandé l'avis au client, la moindre chose, le moindre geste commercial que vous effectuez, vous avez tout de suite dans votre boîte mail une demande d'avis pour savoir ce que vous avez pensé. Mais autant, on n'a jamais autant pris de recul avec le client, avec des plateformes téléphoniques, avec une grosse prise de recul, un manque de terrain. Et je voulais moi construire une société plutôt à mon image et justement à ses racines agricoles, c'est-à-dire de proximité. avec un contact client qui soit omniprésent et pas quand vous avez besoin de joindre quelqu'un, tapez un, tapez deux, patientez et on vous rappellera la semaine prochaine.
- Speaker #0
Et quand tu as fait cette démarche-là, tu as un peu sauté dans le grand bain ? Tu étais sûr de toi ?
- Speaker #2
Exactement. J'ai un ami qui est plutôt un entrepreneur chevronné qui m'a dit une chose et une phrase qui me restera marquée à jamais. Il m'a dit Entreprendre, c'est avoir un trou devant soi, sauter dedans et se débrouiller pour remonter. et du coup voilà c'était l'objectif bon après ça fait 10 ans que je suis installé sur l'exploitation agricole les risques étaient plutôt maîtrisés plutôt maîtrisés
- Speaker #0
Très bien et justement t'as évoqué le conseil d'un ami si toi tu te remets un peu dans la peau du jeune agriculteur qui s'est installé il y a 10 ans quels seraient les conseils de Marc pour un jeune qui voudrait s'installer aujourd'hui ?
- Speaker #2
Alors moi je me suis installé très jeune avec je pense aussi le manque de maturité qui va avec la jeunesse. Donc ce serait écouter les autres, que ce soit ses voisins, ses conseils. Et voilà, prendre beaucoup de conseils, regarder ce qui se fait, regarder ce qui se fait autour de soi. Mais aussi pourquoi pas à l'étranger se renseigner pour essayer d'avoir la meilleure méthode possible. dans l'application au quotidien et ne pas être têtu et borné.
- Speaker #4
Là,
- Speaker #2
je parle à l'ancien Marc qui a 10 ans.
- Speaker #0
Et donc se nourrir de l'extérieur.
- Speaker #2
Se nourrir de l'extérieur, exactement.
- Speaker #0
Et donc j'imagine que le nouveau Marc d'aujourd'hui se nourrit de l'extérieur. Et donc quels sont tes défis et tes projets actuellement ?
- Speaker #2
Eh bien, c'est les défis aujourd'hui. Et c'est marrant parce que ça résonne à une réunion que j'avais eue justement avec la coopérative. C'est de se dire qu'aujourd'hui on est dans un monde qui se transforme, notamment on le voit à la moisson avec par exemple sur des fermetures de silos un peu plus tôt etc. Et je pense que tout ça malheureusement n'ira pas forcément s'arrangeant. Donc moi mon objectif et mon défi sur l'exploitation c'est la construction d'un site qui soit totalement autonome sur le stockage de la partie récolte, sur le stockage des engrais, pour pouvoir être 100% autonome sur l'exploitation sans dépendre d'un tiers, que ce soit sur la partie stockage, commercialisation et autres.
- Speaker #0
Je passe un peu du coq à l'âne, mais qu'est-ce qui te rend fier aujourd'hui dans ton métier ?
- Speaker #2
Ce qui me rend fier, c'est d'œuvrer au quotidien. Et je pense que ça, on ne s'en rend pas assez... Les personnes extérieures de l'agriculture ne s'en rendent pas assez compte, mais c'est d'œuvrer au quotidien pour entretenir aussi le patrimoine au niveau de la faune et de la flore sur les agriculteurs. Parce que mine de rien, un agriculteur, il cultive ses terres, mais il va aussi entretenir ses haies, planter des haies. cultiver la biodiversité sur son site et des fois sur plusieurs centaines d'hectares. Et ça, ça me rend fier. Et je trouve que c'est important et c'est pas forcément assez mis en avant parce que je pense que les gens se rendent pas compte de tout le travail indirect qui est fait par les agriculteurs pour la faune et pour la flore aussi au quotidien.
- Speaker #0
Donc pour le territoire.
- Speaker #2
Donc pour le territoire, exactement.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a une idée reçue que tu aimerais lever sur l'agriculture ou le métier d'agriculteur ?
- Speaker #2
Oui, l'idée reçue. Moi étant pas issu du milieu agricole, j'ai beaucoup d'amis qui sont hors milieu agricole. Et la première chose qu'ils me disent quand on leur dit que ça va être compliqué cette année, c'est de toute façon vous aurez des aides. L'idée reçue c'est que les agriculteurs ne sont pas biberonnés et subventionnés dans les aides. C'est aussi avant tout des chefs d'entreprise qui ont une exploitation et qui doivent être rentables. Et une mauvaise année, c'est parce qu'ils ont une prime PAC dans l'année que ça va les aider.
- Speaker #0
Oui. Tu me disais quand on préparait l'entretien que les agriculteurs ne sont pas forcément perçus comme des entrepreneurs à part entière.
- Speaker #2
Exactement. C'est vrai qu'il y a encore une image, et ça j'en étais étonné, mais on a encore une image de l'agriculteur assez arriéré, je trouve, dans certains domaines. Alors qu'aujourd'hui, quand on est dans le métier, et c'est ce que j'aime, moi le premier, j'ai découvert que... Aujourd'hui, une exploitation agricole, c'est être sur les achats, c'est être sur les ventes, c'est avoir un système GPS dans son tracteur à programmer le matin pour pouvoir faire un travail de qualité. C'est énormément technique et donc je pense que cette image-là de l'agriculteur n'est pas encore forcément très perçue. On a encore un peu une image arriérée de l'agriculture sur certaines personnes.
- Speaker #0
Et notre dernier invité t'a posé une question. La question c'est quels sont tes besoins en tant que presque jeune agriculteur envers la coopérative et la commercialisation aujourd'hui ? Quels sont vraiment tes besoins ?
- Speaker #2
Je vais faire une dédicace directement à Thomas Taldir. S'il pouvait moderniser l'application de vente Ceremis sur le site, ce serait génial. Parce qu'elle fait un peu Minitel, mais sinon c'est la seule chose.
- Speaker #0
C'est quelque chose dont tu as besoin dans ton quotidien en tant que double actif, la digitalisation, l'efficacité.
- Speaker #2
Oui, exactement. C'est vrai qu'aujourd'hui, je pense encore plus en étant double actif, mais on gère beaucoup plus du smartphone qu'au bureau. Et c'est vrai que l'idée d'avoir tout dans la main et de pouvoir être en pleine, de penser à quelque chose et d'avoir la commercialisation par exemple en direct, ça peut être un atout et un outil qui peut être potentiellement indispensable.
- Speaker #0
Merci. Dernière petite question, la petite question insolite du podcast qu'on aime bien poser à la fin. Aujourd'hui, si tu jouais dans une série ou un film, ce serait lequel et pourquoi ?
- Speaker #2
Alors ce serait Clarkson Farm, donc la ferme de Clarkson qui passe sur Prime Vidéo. Et j'invite vraiment tous ceux qui écoutent ce podcast à le regarder parce que c'est vraiment marrant. Et c'est un peu, moi je me suis retrouvé dans cette série parce que c'est une personne qui reprend une ferme en Angleterre. et qui ne connaît pas du tout le milieu agricole et qui va évoluer dans cette exposition.
- Speaker #0
Et apprendre un peu sur le tas.
- Speaker #2
Et apprendre un peu sur le tas en faisant beaucoup d'erreurs. Je pense que c'est très rigolo à regarder mais c'est aussi très intéressant.
- Speaker #0
Merci beaucoup Marc pour nos échanges.
- Speaker #2
Merci Honorine.
- Speaker #0
A très vite.
- Speaker #2
A bientôt.
- Speaker #1
Un grand merci à Marc pour ce témoignage riche. Grâce à lui, nous avons pu... entrevoir le quotidien d'un agriculteur. Nous avons exploré les aspirations d'un jeune installé et souligné l'importance de trouver un équilibre entre la technique et la gestion, deux piliers essentiels pour réussir dans ce métier. Marc a aussi partagé quelques clés qui l'aident à mener à bien son exploitation par rapport à son profil, l'appui des techniciens notamment de proximité dans le suivi des cultures et la nécessité de penser à long terme pour diluer les risques et... pérenniser les résultats. Des concepts plus ou moins faciles à évoquer mais beaucoup plus complexes à mettre en oeuvre dans la réalité du terrain. J'espère que cet épisode vous aura offert des pistes de réflexion ou que vous serez un peu retrouvés dans le parcours et les expériences de Marc. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout et si cette discussion vous a plu, je vous invite à la partager autour de vous. Chez Agora, coopérative agricole ancrée dans son territoire, Notre objectif reste le même à travers ce podcast, mettre en lumière les femmes et les hommes qui font vivre l'agriculture de l'Oise et du Val d'Oise. Alors à très vite pour le prochain épisode dans Demain de Bot.