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Demain Deux Bottes

Expérimenter pour mieux cultiver avec Laurent

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45min |03/03/2025
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Demain Deux Bottes

Expérimenter pour mieux cultiver avec Laurent

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45min |03/03/2025
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Description

Dans cet épisode, nous plongeons au cœur des défis techniques et agronomiques des exploitations de l’Oise et du Val d’Oise aux côtés de Laurent Pinsson, responsable expérimentation au sein du pôle agroécologie d’Agora.


🎙️ Ancien technico-commercial, Laurent partage avec nous son parcours, son évolution et sa vision des adaptations nécessaires pour accompagner les agriculteurs face aux enjeux climatiques, économiques et réglementaires.


🌾 À travers cet échange, nous abordons des sujets essentiels :

• Comment l’expérimentation permet-elle d’anticiper et de répondre aux défis agricoles ?
• Pourquoi l’agroécologie et la diversité des modèles agricoles sont-elles aujourd’hui indispensables ?
• Quelles innovations techniques façonneront l’agriculture de demain ?


💡 Que vous soyez agriculteur, technicien ou simplement curieux des évolutions du monde agricole, cet épisode vous plonge dans les coulisses de l’expérimentation et de l’accompagnement technique au service des agriculteurs.


🎧 Demain Deux Bottes : les voix du terrain pour cultiver l’avenir avec les pieds sur terre. Plongez dans cet épisode qui met en lumière l’expertise et la passion de Laurent pour une agriculture plus résiliente et innovante.


📍 Disponible sur toutes vos plateformes d’écoute préférées. 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui dans un nouvel épisode de Demain de Bot. Alors on le dit souvent, l'agriculture évolue à son rythme et la capacité des agriculteurs à toujours s'adapter au contexte est assez impressionnante. Et côté coopérative, comment un expert de terrain, comme Laurent Pinson, vit ces évolutions et accompagne les agriculteurs dans leurs problématiques ? C'est ce que nous allons découvrir aujourd'hui. Mais avant de laisser la parole à Laurent, nous accueillons Romain Fayol, administrateur de la coopérative... Agora et président de la commission agroécologie. Bonjour Romain, tu es administrateur au sein d'Agora et président de la commission agroécologie. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet avec Laurent, je t'ai sollicité pour nous donner un peu de contexte. Pourquoi Agora a internalisé un pôle agroécologie et quelle était l'ambition en 2020 et quelle est-elle aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Honorine. En 2020, Agora tournait une page avec le changement de direction. et avait besoin de réaffirmer son projet. Nous avons co-construit le projet Agora 2030 avec le conseil d'administration et les équipes Agora. Dans un deuxième temps, nous avons intégré un pôle agroécologie qui était la résultante de nos cinq axes stratégiques qui sont, pour le rappeler, l'orientation des marchés, l'innovation, les partenariats et l'engagement de la ferme Agora et de l'agroécologie.

  • Speaker #0

    Alors, on t'a présenté comme président de la commission agroécologie, mais peux-tu nous expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir que toutes les décisions de la coopérative sont portées par le conseil d'administration. Les commissions, en fait, ce sont des espaces d'échange pour défricher les sujets avant de les voter en conseil. Particulièrement, sur la commission agroécologie, on va défricher les sujets innovants. Aussi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est que la commission... est composé d'administrateurs et d'agriculteurs adhérents qui s'engagent dans les projets agroécologiques de la coopérative.

  • Speaker #0

    Super, merci Romain pour cette introduction. Un dernier message pour nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Demain de Bot et bonne écoute avec Laurent Pinson, un épisode qui promet de mieux comprendre l'intérêt agroécologique au sein d'Agora.

  • Speaker #0

    Merci à Romain de nous avoir planté le contexte du pôle agroécologie dont Laurent fait partie. Sans plus attendre, nous accueillons Laurent. Cet épisode est un peu plus long qu'à l'accoutumée mais je vous invite. à l'écouter jusqu'au bout, car avec son expérience et sa vision terrain, Laurent nous apporte une prise de hauteur sur les prochains défis techniques des exploitations de l'Oise, du Val d'Oise et au-delà. Il nous apporte aussi son point de vue sur les adaptations du métier de technico-commercial. On l'écoute. Bonjour Laurent, bienvenue au micro du podcast Demain de Bot. Peux-tu te présenter brièvement et nous dire où nous nous trouvons aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Bonjour Honorine. Je me présente, Laurent Pinson, je suis le responsable du service expérimentation pour le Pôle Agro d'Agora et nous nous trouvons actuellement dans mon bureau au Pôle Agro.

  • Speaker #0

    Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, dans notre discussion, peux-tu nous retracer un petit peu ton parcours et nous en dire un peu plus sur ton rôle à la coopérative ?

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai commencé il y a 32 ans à la coopérative Force 5, j'ai commencé comme magasinier, ensuite j'ai été 26 ans technico-commercial sur le secteur du pay-tel, pour ceux qui connaissent. J'étais entre Précy-sur-Oise, Amblinville et Noailles. J'ai couvert ce secteur pendant 26 ans. J'étais aussi à la fin chef de région. J'ai évolué, j'ai rejoint le Pôle agro en 2021 pour m'occuper de l'expérimentation. L'expérimentation, j'avais commencé par ça dans mon cursus professionnel. L'idée, c'était de revenir à mes premiers amours, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça fait un peu de temps que tu es dans l'Oise. Tu viens d'un parcours technique et commercial avant de te tourner vers l'expert. Peux-tu nous expliquer un petit peu ce qui t'a motivé à évoluer dans tes fonctions ?

  • Speaker #2

    C'est le monde agricole qui a bien évolué. Moi, quand j'ai commencé dans les années 90, ça ne rajeunit pas, le modèle agricole était assez standardisé. On n'avait souvent qu'un seul type de ferme. L'objectif, c'était de produire, donc c'était assez standard. Et nous, on était un peu le médecin, le conseiller technique pour l'agriculteur. Et puis, les années passant, j'ai vu les modèles évoluer. Il y a des pratiques nouvelles qui sont arrivées, la méthanisation, le SMI direct, le bio. Donc on n'avait plus un modèle standard, mais différents modèles auxquels il fallait répondre. Donc à l'époque, ça m'a obligé à réfléchir, à me réinventer quelque part. Il a fallu penser différemment, parce que les modèles étaient différents. C'était aussi intéressant, on a été challengé à l'époque, mais ce n'était pas inintéressant. Il a fallu remettre certaines choses qu'on avait oubliées au centre du débat. Le sol, à l'époque, quand j'ai commencé, on considérait que c'était un peu un substrat, un support de culture. Aujourd'hui, on voit que c'est remis au centre du débat. C'est la chose qui est la plus importante. Il a fallu qu'on ait aussi une approche plus globale de l'exploitation, pas seulement technique. mais agronomique et aussi économique. Parce qu'aujourd'hui, les modèles évoluent, les pratiques aussi. Donc c'est ce qui m'a poussé à rejoindre le pôle agro pour essayer de trouver des solutions pour répondre à ces problèmes qui sont plutôt multifactoriels.

  • Speaker #0

    Et du coup, quel lien aujourd'hui tu fais entre ton ancien rôle de technicien commercial et ton poste actuel ? Comment ces deux casquettes se complètent ?

  • Speaker #2

    Pour moi, c'est de la continuité quelque part. Quand j'étais technicien, j'appréhende les problèmes que les agriculteurs ont sur le terrain, puisque j'ai quand même été 25 ans sur le terrain, donc je vois quels sont leurs problèmes, ou comment ont évolué leurs problèmes. Et j'ai été aussi technicien, donc comme je mets à la fois des essais en place, à la fois pour les agriculteurs et à la fois pour les techniciens, d'avoir eu un peu les deux casquettes, quelque part les deux approches, ça me permet de comprendre un peu les deux facettes, et de savoir comment je peux répondre à leurs questions.

  • Speaker #0

    Et puis il y a toute la partie aussi... données, j'imagine, parce qu'un responsable expé, il pense aux données techniques. Mais toi, tu vas peut-être un peu plus loin.

  • Speaker #2

    Moi, je pense aux techniques, mais pas seulement. Il faut penser aussi économique parce qu'il faut toujours rester rentable. Il ne faut pas qu'on le perde de vue. Aussi, des fois un peu organisationnel parce que les fermes aussi évoluent. On a des fermes qui sont en prestation. Donc, il faut essayer de répondre à tous les modèles. Ce n'est pas si simple. Ce n'est plus aussi simple, on va dire.

  • Speaker #0

    Et on l'a dit, aujourd'hui, tu es responsable expérimentation chez Agora. L'expérimentation au vaste sujet, ça peut peut-être sembler un peu complexe pour certains. Comment toi tu l'expliquerais aux auditeurs, notamment aux agriculteurs peut-être adhérents qui nous écoutent, quel est l'intérêt pour eux d'avoir une coopérative qui parle d'agroécologie, qui expérimente, justement dans ce contexte que tu dis qui se complexifie ?

  • Speaker #2

    Comme je l'ai dit, on assiste à une diversification des modèles, on va dire, ou au système d'agriculture, et c'est couplé avec une perte. de solutions on va dire chimiques, on a de moins en moins de molécules, on voit qu'on nous en retire encore tous les jours, on va voir qu'on va perdre le flux phénacétan désherbage en 2025, ça va être quand même un peu compliqué à gérer, quel que soit le modèle, et on a aussi une réglementation qui évolue, les besoins des riverains est prise en compte de façon plus importante, et on a aussi moins d'innovation qui arrive de la part des des firmes chimiques. puisque c'est de plus en plus compliqué d'homologuer un produit. Et donc, il nous faut trouver des solutions pour rester compétitifs et pour continuer à produire pour nourrir la planète. Donc, les challenges sont un peu plus compliqués qu'avant. Donc, il est intéressant d'expérimenter parce que les solutions sont de plus en plus complexes. On voit, la chimie ne répondra pas à toutes les questions. Ça, c'est clair. Donc, il faut essayer de mixer un peu tout ça. Mais ce qui est important, c'est que, je dirais, l'expérimentation... C'est l'acquisition de références. Ça, c'est important. Ça veut dire que ça nous permet de valider si une solution fonctionne ou pas. Ça, c'est super important. Si on prend un exemple, un agriculteur, il va faire un essai par an chez lui. Si on considère qu'un agriculteur, il a 40 ans, ça fait 40 essais. Globalement, nous, chez Agora, par an, on met à peu près 5000 micro-parcelles en place, que ce soit en variété, santé végétale, biostim, fertilisation. Donc, c'est assez complet. Et on intègre ça dans un réseau de parcelles d'Inoxatec. Donc c'est gigantesque la puissance qu'on peut avoir. Donc on a vraiment une grosse base de données à notre service. Donc ça, c'est super intéressant. Et donc, vous voyez, la coopérative, si on mixe tout ça, l'agriculteur, il ne peut pas avoir toutes ces données. Ce n'est pas possible. Donc il va faire des expérimentations de son côté, oui, mais c'est 40, on va dire, une quarantaine d'expérimentations sur sa vie d'agriculteur. Nous, on va en tester, on va dire des milliers. Mais si on regarde le nombre de micro-parcelles sur Yanoxatec, je crois que c'est assez monstrueux. Donc là... La puissance des résultats nous permet d'avoir des choses, on va dire, pertinentes et on est sûr que ça fonctionne pour pouvoir le vulgariser auprès de l'agriculteur. Mais dans tout ça, moi ce que je retiens, c'est qu'il faut rester pragmatique. On travaille avec du vivant, donc il faut rester pragmatique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que la solution magique, elle n'existe pas. Donc là, la COP, elle est dans son rôle de mutualiser les moyens. Tu as parlé d'InnoxaTech, peut-être dire en quelques mots ce que c'est ?

  • Speaker #2

    Alors InnoxaTech, c'est la centrale technique d'une centrale d'achat Innoxa. Donc nous sommes 15 associés autour de la table et nous gérons à peu près 250 essais qu'on mutualise et donc qu'on démultiplie aussi assez de façon importante. Si je prends l'exemple par exemple sur les maïs, un essai maïs chez InnoxaTech c'est entre 10 à 12 essais. Quand Arvalis en fait 6 sur la France, vous voyez, on a vraiment une grosse puissance en termes statistiques. On est capable de dire que si on dit dans les essais Noxatec, telle variété, par exemple, sort très bien, c'est que c'est validé sur 15 à 16 essais dans notre zone de Chalandise. Donc c'est ça qui est important. On a vraiment de la donnée locale.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu dis les 15 associés, c'est les COP et les Négoces plutôt Hauts-de-France, enfin Nord de Paris.

  • Speaker #2

    Nord et Sud de Paris.

  • Speaker #0

    Nord de Paris, ok. Donc on a parlé des enjeux de l'intérêt de l'expérimentation. Si on se met plus concrètement les pieds dans les bottes, j'aime bien demander à nos invités de nous prendre par la main et de nous expliquer pas à pas les grandes lignes de l'expérimentation sur une campagne. Est-ce que tu peux te prêter à l'exercice ?

  • Speaker #2

    Je vais essayer. Alors la première chose, c'est de savoir quel sujet est pertinent à mettre en expérimentation, parce que si c'est pour faire de l'expérimentation, pour de l'expérimentation, ça n'a aucun intérêt. Donc il faut que ça réponde à des questions ou des interrogations. à la fois des techniciens et des agriculteurs. Donc ce qu'on fait nous chez Agora, c'est qu'on se réunit, parce qu'en équipe c'est toujours intéressant. Donc on se réunit avec les chefs de service, du service céréales, du service semences, du service à pros, du service du pôle service pardon. Et donc on se réunit et on essaie de faire un plan d'expérimentation, de savoir quels sujets on doit traiter par rapport eux, leurs attentes. Donc voilà, c'est le premier point. Donc on se réunit. Une fois qu'on a fait ça, Et bien après, le gros travail c'est l'élaboration du protocole. Donc là, c'est là qu'il faut laisser aussi un peu de place à son imagination. J'aime bien avoir aussi des parcelles, comment je dirais, où il n'y a pas de limite. Laissez parler votre créativité. Des fois, on trouve des choses sans forcément être toujours le nez dans le guidon. Donc ça, c'est intéressant. Il ne faut pas avoir de limite. Il faut vraiment prendre en compte les problématiques. Mais il ne faut pas se fixer de limite, se dire non ça ne fonctionne pas. Il faut vraiment travailler à l'inverse, dire voilà je ne sais pas si ça fonctionne, essayons-le, ça fonctionne très bien, ça ne fonctionne pas, mais on passera à autre chose la prochaine fois.

  • Speaker #0

    Sans a priori.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas d'a priori, voilà. Donc une fois qu'on a fait ça, on crée nos protocoles, on crée nos indicateurs de suivi, parce que le protocole c'est bien, mais savoir quels indicateurs je dois garder, qu'est-ce qui doit être pertinent pour pouvoir le restituer, ça c'est capital. Une fois qu'on a ça, on est une équipe, on est plusieurs, donc on contacte un agriculteur, on choisit un site, on va le piqueter, soit l'agriculteur s'aime, soit c'est nous qui se mou. Ça dépend un peu du type d'essai qu'on fait, entre une des essais variétés et des essais de santé végétale, c'est complètement différent. La méthodologie de piquetage reste la même, il n'y a pas de souci, on fait ça souvent en répétition, en micro-parcelles répétition. Et puis ensuite, c'est le suivi, donc si on fait des traitements, on fait des notations, ça c'est le moment très important. C'est pour ça que bien avoir cadré ce qu'il y a à faire, ça aide beaucoup pour le suivi des essais. Après, bien sûr, il y a la récolte. Une fois qu'on a récolté, il faut synthétiser tout ce qu'on a fait sur la campagne dedans pour pouvoir le vulgariser auprès de nos OTC et de nos agriculteurs et leur donner de la formation. Et ça, je dirais que c'est le premier volet. Mais ce qui est important aussi, c'est de faire du pluriannuel. Parce qu'aujourd'hui, on peut tirer une conclusion sur un essai à un endroit donné une année. Mais je pense que ce qui est important, c'est de faire du pluriannuel. Donc on voit aussi l'intérêt d'être chez Noxatec, c'est qu'on peut avoir plusieurs essais sur plusieurs années. Donc la puissance de résultats est encore découplée.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tous les ans, vous vous remettez en question, mais le contexte notamment climatique, peut-être pédoclimatique, n'est pas le même tous les ans.

  • Speaker #2

    Et puis nos collègues n'ont pas forcément les mêmes sols que nous, n'ont pas le même contexte pédoclimatique. Donc c'est intéressant aussi de comparer les solutions. dans différents environnements pour pouvoir justement tirer des grandes tendances.

  • Speaker #0

    Donc vous passez quand même pas mal de temps dans les champs ?

  • Speaker #2

    Oui encore, sinon je ne serais pas venu.

  • Speaker #0

    Et justement, quels sont les gros sujets techniques du moment pour les agriculteurs actuellement ?

  • Speaker #2

    Il y en a beaucoup, mais si on veut un peu prioriser, il y en a un qui revient de façon un peu récurrente, c'est le désherbage. On voit qu'on a de moins en moins de solutions dans notre caisse à outils. Il y a aussi des problèmes de résistance. Il ne faut pas non plus sous-estimer. On le voit avec les agriculteurs, c'est un sujet récurrent. Avant, c'était plutôt cancéreal et on voit que ça se développe sur d'autres cultures, maïs, betterave. Globalement, toutes les cultures sont un peu impactées, donc c'est vraiment un sujet global. Et je pense qu'il faut le prendre aussi de façon globale. Après, on a tout ce qui est aussi, on ne va pas dire réglementaire, mais qui nous est imposé. On a l'objectif 2030 avec les réductions d'IFT. On a aussi les démissions de gaz à effet de serre. Donc l'idée c'est demain, comment je vais faire aussi bien en mettant moins ou en utilisant moins. Donc ça c'est des gros enjeux, comme on le dit toujours, en restant économiquement rentable. Ça, il ne faut pas le perdre de vue. Là, il y aura la gestion de l'eau. Alors dans nos régions, on n'a pas forcément beaucoup de cuits irrigués, hormis les pommes de terre, mais quand même c'est un enjeu un peu national. Et puis on voit qu'on a aussi, alors changement climatique, je n'aime pas forcément l'eau, mais on a des à-coups climatiques de plus en plus marqués. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de questions d'agriculteurs sur quelle culture aujourd'hui, mais quel débouché. Donc c'est toujours aussi un compromis entre culture et débouché. Ce qu'on met beaucoup en place, on essaye de mettre en place des stratégies un peu d'évitement, en déplaçant les cycles des cultures, en mettant par exemple en sement des blés plus tard, avec des floraisons plus précoces, une moisson plus précoce, il y a peut-être plein de mécanismes à mettre en place aujourd'hui, donc c'est un peu complexe. Avec ça on a aussi une évolution des parasites, on n'a pas les mêmes pressions insectes, on n'a pas les mêmes pressions maladies, on l'a vu les dernières, années atypiques. Moi, dans ma carrière, je n'ai jamais vu autant de septorioses, même sur des blés tolérants. C'était assez impressionnant. Donc, on voit qu'on est quand même confronté à beaucoup de changements. Mais on voit qu'il n'y a rien de simple. Donc, c'est important. Et puis, le sol revient à travers l'ACS, revient au centre des préoccupations, mais pas seulement qu'en ACS.

  • Speaker #0

    ACS, c'est l'agriculture de conservation des sols. Voilà.

  • Speaker #2

    Mais on voit que... Je pense que c'est la première base, c'est de savoir, il faut que mon sol soit quand même, pas un substrat, mais quelque chose de vivant pour que je puisse intégrer. Et après, l'idée, c'est de savoir quelle variété je choisis pour pouvoir avoir un ITK justement moins consommateur en un temps, mais aussi plus résilient. Donc je pense que l'équation de départ, elle est là maintenant. Allez, c'est plus je mets un produit, ça répond. Non, c'est comment et quelle variété je choisis pour conduire mon ITK. vis-à-vis des objectifs qui me seront assignés dans les années à venir.

  • Speaker #0

    Un raisonnement global sur l'ITK, l'ITK, l'itinéraire technique ?

  • Speaker #2

    Oui, il faudra une approche globale de tout et pas raisonner. Parce que si on a fait les mauvais choix dès le départ, on ne pourra pas faire ce qu'on veut derrière. C'est très compliqué.

  • Speaker #0

    Tu as parlé de la vulnérabilité envers les aléas climatiques, des pressions maladies et de multiples sujets. Justement, toi qui es expert au pôle agro et... et qui voient les innovations, tu penses que quelles innovations pourraient jouer un rôle important dans les prochaines années justement pour être moins vulnérables ?

  • Speaker #2

    Tu vois j'ai 58 ans, j'étais technicien, mais en arrivant à Pôle Agro j'ai découvert un monde que je connaissais très peu, c'est par exemple les semenciers en céréales. On les voyait très peu, ils avaient affaire aux responsables techniques et puis aux responsables de semences, mais ces gens-là ils sont capables de faire des choses aujourd'hui. Assez extraordinaire. Moi, j'étais une réunion UFS il n'y a pas très longtemps. Donc c'est l'Union française des semences. Voilà, donc là, on a été conviés sur un sujet céréal. C'est assez impressionnant la connaissance du génome aujourd'hui qu'ils ont. Si je vous donne un exemple, demain, ils seront capables de mettre plusieurs gènes de résistance à la septoriose dans une même variété de blé. Aujourd'hui, ils ont identifié 23 gènes, je crois, de résistance à septo, donc un globalement par variété, donc ils sont bien définis. Mais l'idée demain, c'est de les mixer, c'est-à-dire d'en mettre plusieurs, pour que le pathogène n'arrive pas à contourner la résistance. C'est-à-dire qu'il utilise tellement d'énergie qu'à la fin, il ne soit pas inoffensif, mais presque pour la plante. Donc c'est assez impressionnant et ça va vite. Ce n'est pas pour dans 15 ans, c'est peut-être pour dans, on va dire, dans 5 à 10 ans. Et moi je pense que la génétique c'est le point de départ de nos progrès demain. Alors moi je suis un doux rêveur, mais je pense que rêver ça ne fait pas de mal. Et je pense qu'on pourra se passer de solutions chimiques à l'avenir en ayant, comme j'ai dit, un rapport sol et variété pour construire nos étiquettes. Et pour preuve, cette année, dans le cadre de l'UFS, j'ai mis une plateforme poré-génétique en blé, parce que l'agriculteur nous dit toujours « ouais c'était mieux les années des variétés des années 80 » . Et bien on va voir, donc on a une plateforme progrès génétique pour nos estivales du mois de juin. Donc pour ceux que ça intéresse, je vous invite à venir pour découvrir un peu l'évolution depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui des variétés. Et puis je pense que ça sera très parlant. Le problème qui va rester, je pense à l'avenir, je pense que les insectes, les maladies, par la génétique, les méthodes agronomiques, on arrivera à gérer les problèmes. Le problème ça va vraiment être le désherbage. Je pense que c'est un problème... Un peu complexe parce que moi, c'est le sentiment que j'ai. Je pense qu'on a créé des biotopes beaucoup trop azotés aujourd'hui dans nos rotations. Et on sait que les graminées sont des plantes très nitrophiles, donc qui adorent l'azote. Tant qu'on aura énormément d'azote dans nos rotations, je pense qu'on aura du mal à se défaire des graminées. Donc il faut, à mon avis, demain casser un peu tout ça. Donc ça sera casser les rotations. Ce n'est pas facile à entendre, mais je pense que c'est le point de départ. Et puis mettre tous les leviers qu'on a à notre disposition pour gérer ces graminées, en prenant la chimie comme finition. Et justement, dans Centrale Inoxatec, on a mis une plateforme en place sur notre zone, en plus, sur Breteuil. C'est une plateforme désherbage, mais qui sera pluriannuelle. C'est-à-dire qu'on sera au même endroit pendant plusieurs années. Je crois que c'est prévu sur 3 à 4 ans. Donc on va tester tous les leviers qu'on a. On a différentes techniques d'implantation. On a du semi-direct, on a du technique culturelle simplifiée, du labour. On a des décalages de date de semi. On a du travail mécanique. On travaille aussi sur les variétés, le pouvoir couvrant des variétés. On aura toujours d'essais, moi j'appelle ça chimie lourde, mais pour avoir un peu les innovations qui arrivent, même si on sait que les prochaines grosses innovations, ce n'est pas avant deux ans. Et puis aussi, ce qu'on va faire justement, l'innovation, c'est qu'on va mettre en place différentes rotations, avec du travail du sol, sans du travail du sol, pour faire voir que casser sa rotation, c'est peut-être la solution de demain, même si ce n'est pas facile, parce qu'ils n'ont pas... Tous les agriculteurs n'ont pas le même type de sol ou la même possibilité de casser les rotations, mais je pense que de le mettre en visuel pour les agriculteurs, je pense que c'est ce qu'il n'y a plus parlant. Donc on espère pouvoir faire visiter la plateforme au mois de mai aux agriculteurs qui le souhaitent.

  • Speaker #0

    Super, donc Laurent fait du teasing pour nos événements du printemps, donc la visite des herbages inoxatec et les estivales, nos visites d'essais annuels qui auront lieu cette année le 11 juin. Alors au début du podcast, on a mentionné le fait que tu étais technicien commercial. Tout ce que tu nous dis là, c'est très intéressant. Et en quoi ça implique le métier des techniciens commerciaux ?

  • Speaker #2

    Je pense que le métier du technicien évolue. Et les techniciens qui seront là demain, c'est ceux qui seront capables de créer du lien, du lien de confiance avec leurs agriculteurs. Ça, je pense que c'est primordial. Je pense qu'il faut que le technicien s'interroge vraiment sur les attentes des agriculteurs. Je pense que c'est ça que des fois on perd un peu de vue. Je prends toujours un exemple, moi j'avais un adhérent à qui je travaillais très bien, mais il ne me prenait jamais de produits colza. Et je ne comprenais pas, je me suis dit est-ce que c'est le tarif, ou je lui présente mal, je ne sais pas. Et une fois on avait un peu de temps, donc on prend le temps, on discute, et en discutant il me dit, tu sais moi Laurent je choisis les produits les plus soft. vis-à-vis des riverains et des apiculteurs, parce que j'ai une ferme qui est très morcelée et je travaille beaucoup à côté de beaucoup d'apiculteurs. Je ne m'étais jamais posé la question. Et pour moi, c'était un vrai électrochoc. Je me dis, il ne faut pas penser à la place des agriculteurs, ou alors lui amener une solution, il faut vraiment répondre à ses attentes. Et je pense que le TC qui sera demain, c'est celui qui est capable déjà, un, d'écouter les attentes de ses agriculteurs, dont lui poser des questions, qui est capable de se remettre en question. Je pense que ça c'est super important, la remise en question perpétuelle. On ne peut pas aujourd'hui rester sur nos acquis, il faut vraiment se remettre continuellement en question. Pour moi c'est capital. Et il faut aussi, je l'avais dit tout à l'heure, avoir une vue un peu plus globale de l'exploitation. Il n'y a pas que l'aspect technique, mais il y a l'aspect économique. Chaque agriculteur n'est pas dans la même situation, n'a pas les mêmes rotations. Et aussi organisationnel, parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui gardent le patrimoine, qui font faire à façon. Donc voilà, il faut essayer de comprendre tout ça. Ce n'est pas facile. Il y a aussi des gens qui changent le système. Donc il y a des enjeux, il y a des coûts. Donc ça, c'est vraiment pour moi capital pour demain.

  • Speaker #0

    Et côté expérimentation, si tu devais nous donner un aperçu justement des projets en cours et les plus prometteurs pour l'avenir ?

  • Speaker #2

    Je l'ai dit, nous on fait... On met en place beaucoup de plateformes. On a une plateforme ACS maintenant, donc chez un agriculteur qui est en ACS. On a des plateformes SIV pour les gens qui sont en méthanisation. On a une plateforme bio pour les gens en bio. On a une plateforme en conventionnel. Donc tout ça, c'est la microparcelle. Donc on l'a dit tout à l'heure, c'est important pour avoir de l'acquisition de référence, on va dire qu'on crée la caisse à outils. J'ai des solutions à ma disposition. Donc ça, c'est super important et je pense qu'il faut continuer à le faire. Parce que... On a besoin de ça. Mais aujourd'hui, si je prends l'exemple, un agriculteur, si on prend deux variétés d'orge par exemple, quelqu'un qui fait de la météorisation ou quelqu'un qui fait du grain, les attentes ne sont pas les mêmes. Donc la variété ne sera pas forcément la même. Donc ça c'est important de prendre ça en compte. La variété standard qui passe partout, ça n'existe pas. Généralement c'est pas très bon. Donc si on part de ce constat là, les questions qu'on a des agriculteurs, je pense qu'ils ne remettent pas en cause le fait qu'on fasse des essais en micro-parcelles. Je pense que la question qu'ils se posent c'est, comment moi j'agrège tout ça ? Et je pense qu'aujourd'hui nous aussi on se pose la question, c'est comment de toutes ces données qu'on a, on peut les agréger pour aider nos agriculteurs à construire des inévitables qui correspondront aux enjeux de demain. Et donc aujourd'hui la coopérative, on est parti pour essayer de faire des essais plutôt dans ce type de conduite, mais on ne peut pas le faire en micro-parcelles, c'est très compliqué. Et je pense que là il faut le faire en bande. Donc des essais bandes, il y a moins de répétition, mais là on ne compare pas les mêmes choses. Mais les indicateurs sont aussi à créer, donc là on a commencé cette année, on a des essais colza en bande, on a des essais blé en bande, on a des essais orge en bande, sur un peu ces thématiques. La principale difficulté c'est déjà de... pouvoir faire les bandes, parce qu'il faut être en... Là, on est en pratique agriculteur, donc on l'embête un petit peu. Et puis aussi, c'est les indicateurs. Il faut qu'on soit capable de mettre en place quels indicateurs on prend en compte. Donc ça, c'est un peu compliqué, mais c'est passionnant. Et puis aussi, il faut être plus proactif, parce qu'on travaille avec le temps et l'agriculteur. Donc il faut... Ça demande un peu plus de temps. Donc on est en train de se construire. Et le but, c'est de pouvoir faire, par exemple, visiter aux agriculteurs... pendant nos estivales et de leur donner la restitution au mois de décembre en intégrant les volets économiques, c'est-à-dire des consommations de carburant, des émissions de GES, vraiment en allant jusqu'au bout des choses. Et ce n'est pas forcément de montrer qu'on sait tout faire, mais c'est de montrer qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui avec la caisse à outils qu'on a. C'est un peu l'idée et donc c'est un peu la remise en question qu'on a aujourd'hui chez nous. Alors aujourd'hui, on part sur des bandes. Est-ce qu'on fera des bandes ? en système, c'est peut-être l'étape d'après. Mais on a fait un premier pas cette année. On espère évoluer dans les années à venir pour répondre aux questions de nos adhérents.

  • Speaker #0

    On en profite pour remercier les adhérents qui participent à tous ces essais.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'on les embête un petit peu, même un peu beaucoup des fois. Donc c'est vrai, c'est important, mais c'est important parce que c'est aussi une relation de confiance avec eux qu'on instaure. Donc c'est important d'avoir des gens qui soient prêts à expérimenter.

  • Speaker #0

    Et pour aller plus loin, j'ai envie de dire que ça sert aux agriculteurs. pour référencer les solutions techniques qui vont répondre à leur contexte pédoclimatique. Mais ça va plus loin. C'est aussi de répondre aux besoins de la filière et des cahiers des charges des clients à la fin.

  • Speaker #2

    Tout à fait. De toute façon, tout ce qu'on fait, c'est aussi formateur, à la fois pour les agriculteurs, pour nos TC aussi. Il faut oublier que nos TC ont besoin de formation pour pouvoir suivre ces agriculteurs. Et bien sûr, on prend... Quand on fait des choses, on prend toujours en compte le cahier des charges de nos clients aujourd'hui, qu'Agora aujourd'hui ou qu'Agora aura demain. Donc on ne fait pas ça pour se faire plaisir. L'idée première, c'est vraiment la rentabilité, à la fois pour la coopérative et les adhérents.

  • Speaker #0

    De l'amont à l'aval.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans le podcast qu'on a fait juste avant le tien, on était avec Marc qui est agriculteur et je lui ai demandé si selon lui, il fallait mieux, en tant qu'agri... Être un bon gestionnaire ou un bon technicien pour gérer une exploitation agricole ? Alors je pense pas qu'il faut opposer les deux, mais toi quand tu accompagnais les agriculteurs avec ton expérience, qu'est-ce que t'as observé ?

  • Speaker #2

    Alors je vais te faire une réponse au normand, parce que est-ce qu'il vaut mieux être un bon technicien ou un bon gestionnaire ? Pour moi, je n'opposerais pas les deux. Pour moi, c'est le mot qui revient souvent dans ma bouche, mais je pense que pour moi c'est un fil conducteur, c'est pragmatisme. Il faut que l'agriculteur soit, comment dirais-je, qu'il puisse prendre en compte l'aspect agronomique, ses capitales. Il y a des choses qu'on est obligé de sécuriser dans un ITK, il y a des choses sur lesquelles on peut prendre un risque, mais d'autres non. Voilà, moi je pense, toujours un exemple, les pucerons à l'automne, s'il y en a beaucoup, le problème c'est qu'on saura qu'ils ne sont vérifiés qu'au printemps, donc c'est un peu trop tard, l'assurance, c'est une question d'assurance. Les dernières réceptoriose, on ne peut pas faire d'impasse en fonds licides, il y a des années on peut le faire, donc il y a une notion de risque à prendre en fonction du contexte, ça c'est important. Et puis après ce qui est important aussi c'est l'économique, donc je pense que pour prendre des bonnes décisions la culture doit connaître son coût de production, ça me paraît un élément capital.

  • Speaker #0

    Donc voilà, et c'est la gestion des deux qui permet d'être à l'équilibre. Opposer les deux, pour moi, ça n'a pas de sens. Il faut vraiment avoir l'équilibre entre les deux. Donc il faut être pragmatique. Le métier d'agriculteur, pour moi, c'est un métier de pragmatisme.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu vas un petit peu plus loin que juste la gestion de marge. Ce que tu dis, c'est qu'on ne peut pas que raisonner financier. Parce que si on raisonne financier tous les ans, peut-être qu'on va simplifier son assaulement pour être plus rentable. Et du coup, pour gérer le risque à long terme, peut-être qu'il y a des problématiques agronomiques qui vont apparaître si on fait à l'impasse de certains sujets techniques.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Généralement, si on pilote son exploitation par l'économique, la simplification, c'est que tu simplifies ton assaulement. Et on voit aujourd'hui les problèmes que ça crée, aujourd'hui des herbages principalement, mais demain, comme tu l'as dit, avec les aléas climatiques, les choses comme ça, on aura besoin aussi, pour gérer cet aspect des herbages, d'avoir des rotations. Donc si on résume... Si on ne raisonne qu'économique, on va se créer des impasses. Et si on raisonne trop technique, quelque part, on veut trop aller extrémiser la technique, on risque de ne plus être rentable. Donc il faut trouver l'équilibre entre les deux. Et c'est notre rôle quelque part, c'est de voir où on peut mettre le curseur.

  • Speaker #1

    De garder le bon sens paysan.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Agora, c'est... On se caractérise souvent comme une coppe de proximité performante et attractive. Je voulais savoir, est-ce que toi c'est des valeurs qui te parlent ? Est-ce que tu penses que justement l'accompagnement, la proximité, c'est un gage de pérennité pour un exploitant ?

  • Speaker #0

    Déjà pareil, la question, qu'est-ce qu'un bon suivi technique ? Il faut déjà se poser cette question-là. Je prends toujours l'exemple, c'est que la relation agriculteur-technicien, c'est du temps long. Un technicien, il ne peut pas connaître le... le secteur au bout de six mois, les problématiques de la culture au bout de six mois. Donc il faut un peu de temps pour que la relation s'installe. Et on ne peut pas standardiser les choses, parce que dans le même village, on peut avoir deux adhérents, mais avec les mêmes types de terres, qui ont des assolements complètement différents, qui ont des charges de mécanisation complètement différentes. Donc on ne peut pas standardiser. Ils peuvent aussi avoir des appétences différentes, parce qu'on est tous différents, heureusement. il faut toujours garder à l'esprit qu'un agriculteur c'est un individu voilà pour moi il n'y a pas de standard et le suivi doit donc être adapté à chaque individu donc c'est à dire si j'ai 50 adhérents dans mon portefeuille quelque part j'ai 50 individus différents avec 50 suivis différents aujourd'hui c'est ça qui doit être le fil conducteur du tc quelque part parce qu'il pourra La notion de standardisation doit disparaître quelque part. Ça, c'est super important. Et puis l'agriculteur, souvent, il est aussi seul à prendre ses décisions. Il ne faut pas l'oublier. L'agriculteur, il n'a pas comme un technicien des gens autour de lui. Et donc, le bon suivi technique, on va dire, avant, il ne passait que par le technicien. Le technicien, c'est un peu le généraliste. Je prenais l'exemple, j'étais un peu le médecin généraliste. Mais comme un médecin généraliste, je n'ai pas la réponse à tout. Des fois sur des sujets bien précis, j'ai besoin de faire appel à un spécialiste. Et justement à la COP, l'agriculteur a de la chance parce qu'il y a aussi des spécialistes sur certains domaines. On prend le pôle service, sur là aussi la fertilisation, puisque j'ai ma collègue Claire qui s'occupe aujourd'hui de la fertilisation et de la fertilité des sols. Donc sur des points précis, on peut intervenir auprès de l'agriculteur et du technicien. Donc la notion d'équipe dans le suivi est aussi très importante parce qu'on peut avoir... Sur des points précis, amener vraiment, creuser à aller plus profond pour répondre à des problèmes que peut rencontrer l'agriculteur. Donc je pense que l'agriculteur aujourd'hui, il a une chance, c'est qu'il a une équipe autour de lui qui peut répondre à ses demandes. Je pense que la notion d'équipe est très importante dans les suivis agriculteurs à l'avenir.

  • Speaker #1

    Donc la COP, elle aide l'agriculteur et aussi à travers le suivi technique avec d'autres outils aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, on a des outils. Si on prend la traçabilité, par exemple. Aujourd'hui, l'agriculteur peut faire sa traçabilité sur un cahier, pas de souci. Il n'y a rien qui impose de faire une traçabilité par un autre organisme. Aujourd'hui, avec la réglementation qui évolue en permanence, même nous, on est obligé de suivre ça de façon assez juste et précise et régulière parce que ça évolue pratiquement toutes les semaines. Et ça, l'agriculteur ne peut pas le faire. Donc, on va voir. Aujourd'hui, ces outils de traçabilité sont mis à jour régulièrement. On a les outils de pilotage, d'aide à la décision qui peuvent l'aider dans son choix. Donc ça l'accompagne, ça peut lui permettre de gagner encore en fiabilité et en précision pour ses interventions. Donc ça, c'est des choses qu'il ne peut pas faire tout seul. Il a besoin forcément, et c'est des outils qui sont complexes. Donc ils ne peuvent pas être mis en place seulement au niveau de la coopérative. C'est des outils qu'on est obligé d'aller chercher à l'extérieur. se les approprier pour pouvoir après les proposer aux agriculteurs. Mais c'est des choses qui sont mutualisées avec d'autres aussi. Donc il y a aussi de la fiabilité et de la data. Donc ça, l'agriculteur ne peut pas l'avoir tout seul.

  • Speaker #1

    Et puis nous, on teste aussi les solutions qui peuvent répondre le mieux au contexte d'exploitation qu'on accompagne.

  • Speaker #0

    Tous les ans, on teste des nouvelles solutions en OAD, que ce soit en fertilisation, même en santé des plantes. Aujourd'hui, les OAD, nous, Ausha travaille avec Xarvio, mais il y en a d'autres, se développent sur plein de cultures. Et nous, notre but, c'est aussi de valider le fait qu'ils soient pertinents pour aider nos adhérents à évoluer à l'avenir.

  • Speaker #1

    Alors, une autre question. On entend dire aujourd'hui, un petit peu dans la plaine, que les gammes de produits agricoles, j'entends notamment les produits de santé végétale, tendent à devenir plus génériques, ou les solutions techniques à se standardiser, tu l'as un peu dit dans nos échanges. Quels risques ou quelles opportunités, selon toi, ça peut amener ?

  • Speaker #0

    Effectivement, on est en train de vivre une générisation du marché santé végétale, puisque les molécules tendent dans le domaine public. Un petit point pour nos agriculteurs, c'est ce qui tombe dans le domaine public, c'est la molécule. La molécule devient ce qu'on appelle un banalisé. C'est vrai qu'à court terme, pour l'agriculteur, c'est des gains puisque les produits deviennent moins chers. C'est un peu comme dans les médicaments. Le gros risque que l'on a, c'est qu'on va avoir une perte d'innovation. Parce qu'aujourd'hui, oui, les produits se banalisent et sont moins chers, mais on les utilise de plus en plus. Donc on a les problèmes de résistance qui apparaissent. Et si derrière on n'a pas de solution qui vienne pour remplacer, à plus ou moins long terme on risque de se créer des impasses. Donc c'est bien important pour du court terme, mais pour du long terme c'est pas forcément gagnant pour l'agriculteur. On aura quand même besoin d'innovation, on le voit en médecine, donc ça s'applique aussi à nous. Et je pense qu'il ne faut pas oublier l'innovation, c'est ce qui nous fait avancer.

  • Speaker #1

    Donc on a besoin de rester curieux, de rester en veille. Comment on fait aujourd'hui justement dans toute cette complexité qu'on a mentionné là pendant les minutes du podcast, comment on fait pour que chaque métier puisse garder finalement sa substance et son savoir-faire sans devoir faire appel systématiquement à des experts en tout qui ne seront pas forcément disponibles partout ?

  • Speaker #0

    De toute façon, tous les agriculteurs n'ont pas forcément besoin d'un conseiller sur des points spécifiques. Le technicien est déjà à même de gérer beaucoup de dossiers. Le technicien reste aujourd'hui pour moi le lien entre l'agriculteur et la coopérative. Souvent il est dans le dépôt de collecte, il est très près du terrain, il est très près de l'agriculteur. Pour moi ça reste son principal lien avec la coopérative, c'est même souvent des liens assez forts. Donc ça, ça ne changera pas. Je pense que ce qu'il faut plutôt prendre en compte, c'est pas la notion spécialiste, c'est la notion d'équipe. C'est-à-dire qu'il faut regarder... Le travail en équipe du pôle agro que l'on peut amener auprès d'un TC, du pôle service, c'est plus un travail d'équipe. C'est pour aider l'agriculteur et que l'agriculteur soit habitué à voir peut-être une autre personne. Mais je ne pense pas qu'il ne peut avoir à faire qu'à des spécialistes. Je pense que le rôle du TC sera toujours là parce que c'est vraiment le lien avec la COP. Pour moi, c'est le lien fort avec la COP. Il le voit tous les jours. Le spécialiste, il va le voir une fois dans l'année, peut-être ou deux. Donc il n'a pas forcément le recul que peut avoir le technicien. Donc ça c'est important. Et donc l'enjeu aussi pour nous c'est de former nos techniciens pour qu'ils restent toujours au top ou à la pointe de la connaissance. Donc c'est un peu mon rôle de pouvoir vulgariser tout ce qu'on a pour qu'eux justement puissent aussi continuer à monter en compétence.

  • Speaker #1

    Nos échanges sont très intéressants. Tu soulèves des sujets qui touchent du doigt les exploitations. Plus de réglementaires, plus d'enjeux économiques, environnementaux. Finalement, j'ai l'impression que le technicien, il a plusieurs casquettes comme l'agriculteur. Et toi, du coup, qu'est-ce qui te passionne dans l'agronomie aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, ce qui me passionne et qui me motive, c'est de mettre des plateformes en place tous les ans. Parce que tous les ans, c'est un challenge. Tous les ans, c'est différent. Tous les ans, c'est une remise en cause. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai 58 ans. J'ai l'impression d'avoir 25 dans ma tête et je vois le monde agricole évoluer. Moi ce qui me perturbe, je pense que c'est mon passé de technicien, de ne pas pouvoir peut-être donner une solution ou un axe de solution à un agriculteur. Ça me frustre quelque part. Donc d'essayer de chercher des solutions qui peuvent répondre aux besoins et aux attentes des agriculteurs, c'est ça qui me motive. Donc tous les ans, vraiment, pour moi c'est un vrai challenge. Et puis je travaille en équipe. Donc ça c'est aussi super intéressant. Donc ouais c'est vraiment ça qui me motive tous les ans.

  • Speaker #1

    Ouais parce que là ça fait quand même 32 années que t'es chez Agora. Tu as récemment reçu la médaille du travail, c'est un bel accomplissement. Qu'est-ce qui te motive au quotidien à investir autant de temps et d'énergie ?

  • Speaker #0

    Ce qui me motive c'est de travailler en équipe, je l'ai dit, avec des gens passionnés et aussi avec des gens de différentes générations. C'est très bien l'intergénérationnel parce qu'on n'a pas tous les mêmes approches, les mêmes attentes, les mêmes sensibilités. De mixer tout ça, ça fait des fois un beau melting pot. Moi, je trouve que c'est enrichissant. Et puis, ce qui me pousse aussi, c'est la transmission. Garder le savoir, pour moi, ça ne me paraît pas important. Ce qui est important, c'est de le diffuser. Parce que moi, l'information, je l'ai. Elle ne me paraît pas importante pour moi. Mais celui qui ne l'a pas, pour lui, elle peut être importante. Et de transmettre, transmettre à des jeunes, pour que la COP continue d'évoluer et continue après que je serai en traite. Donc ça, c'est quelque chose qui me motive aussi tous les jours.

  • Speaker #1

    Tu m'as fait une belle transition sur la transmission. On arrive à la fin du podcast. J'ai un peu maintenant mes petites questions signatures de fin. Donc justement, sur ce sujet de transmission, Laurent, avec ton expérience, aujourd'hui, qu'est-ce que tu aimerais transmettre peut-être à un jeune agriculteur qui veut s'installer ou qui veut rejoindre la COP ou un jeune qui s'intéresse à la profession, à l'agronomie et qui souhaite se préparer à ses métiers ?

  • Speaker #0

    Pour les deux, je pense que d'un premier temps, il ne faut pas croire qu'il y a de solution toute faite. Ça n'existe plus. Il faut être curieux. J'ai toujours la question bête, c'est celle qu'on ne pose pas, mais dont on n'a jamais la réponse. Donc ça c'est bête, mais souvent c'est comme ça. On n'ose pas poser une question en pensant être un peu idiot, mais on est un peu idiot parce qu'on n'a pas la réponse. Donc ça c'est important, ne pas craindre de se remettre en question. Pour moi, la remise en question, c'est quelque chose d'important. Si on ne se remet pas en question, on n'avance pas. Après, bien sûr, je vais le reprendre, mais pour moi, il faut être pragmatique. Dans notre milieu, on travaille vivant, il faut rester pragmatique.

  • Speaker #1

    Et quelle idée reçue aimerais-tu lever sur ton métier ou sur l'agriculture ?

  • Speaker #0

    Vraiment, l'image que je n'aime pas, c'est qu'on est des pollueurs. Et ça, je voudrais qu'on arrive à pouvoir se détacher de ça, qu'on entretienne aussi le paysage. Et je pense que ça, c'est quelque chose qui me touche. Donc je voudrais vraiment qu'on se sépare de cette image.

  • Speaker #1

    Pour continuer dans ce qui te touche, qu'est-ce qui te rend fier dans ton métier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Quelque part, mon petit niveau de pouvoir nourrir la planète. Et puis de répondre à des attentes des agriculteurs. Je pense que c'est les deux choses qui me font me lever tous les matins.

  • Speaker #1

    Dans le prochain épisode, on interrogera... Un agriculteur, on alterne dans nos podcasts. Est-ce que tu aurais une question, justement, pour cet agriculteur qu'on va interroger ? Oui,

  • Speaker #0

    je voudrais bien savoir qu'est-ce qu'ils attendent du pôle agro.

  • Speaker #1

    Du pôle agroécologie de la coopérative. Très bien, elle sera posée. Pour finir, petite question insolite du podcast. Aujourd'hui, je voulais savoir, tu as l'air vraiment très passionné, mais justement, si tu n'avais pas été dans l'agriculture, qu'est-ce que tu aurais fait ?

  • Speaker #0

    Je vais vous surprendre peut-être, mais je pense que j'aurais été militaire. Pourquoi ? C'est un peu le même ordre, c'est le travail d'équipe, c'est-à-dire qu'on met en commun des moyens pour aller à un endroit. Et puis il faut de la rigueur. Et je pense que dans mon métier, dans l'expérimentation, s'il n'y a pas de rigueur, malheureusement, on ne fait pas bien les choses. Donc je pense que c'est un métier qui m'aurait bien allé.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on ne l'a pas mentionné avant, mais il y a beaucoup de rigueur. Et puis dans un groupe, aller vers un objectif commun, c'est ce qu'on fait à la COP. Tous les jours. On est en plein dedans. Bon, super. Merci beaucoup, Laurent. Si tu avais un dernier message à adresser aux agriculteurs ou aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je voudrais juste leur dire que la coopérative a été créée par les agriculteurs, pour les agriculteurs, et qu'ils ont à leur disposition un formidable outil de travail, donc qu'ils n'hésitent pas à s'en servir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurent.

  • Speaker #0

    Merci, Honorine.

  • Speaker #1

    Un grand merci à Laurent de nous avoir partagé ses réflexions en toute transparence et spontanéité. Ce que je retire de nos échanges... c'est que les agriculteurs doivent composer avec une équation à plusieurs inconnus, météo, marché, géopolitique, réglementaire et j'en passe, et que la coopérative les aide au quotidien à trouver justement la solution à cette équation à plusieurs inconnus. Cela nécessite beaucoup de curiosité, d'optimisme et de pragmatisme, Laurent l'a souligné. J'espère que cet épisode aura nourri votre réflexion, et si cette discussion vous a plu, nous vous invitons à le partager autour de vous ou à en parler à un proche. A très vite dans Demain de Bot !

Chapters

  • Générique

    00:00

  • Introduction avec Romain, administrateur Agora

    00:29

  • Echanges avec Laurent

    03:14

  • Conclusion

    44:27

Description

Dans cet épisode, nous plongeons au cœur des défis techniques et agronomiques des exploitations de l’Oise et du Val d’Oise aux côtés de Laurent Pinsson, responsable expérimentation au sein du pôle agroécologie d’Agora.


🎙️ Ancien technico-commercial, Laurent partage avec nous son parcours, son évolution et sa vision des adaptations nécessaires pour accompagner les agriculteurs face aux enjeux climatiques, économiques et réglementaires.


🌾 À travers cet échange, nous abordons des sujets essentiels :

• Comment l’expérimentation permet-elle d’anticiper et de répondre aux défis agricoles ?
• Pourquoi l’agroécologie et la diversité des modèles agricoles sont-elles aujourd’hui indispensables ?
• Quelles innovations techniques façonneront l’agriculture de demain ?


💡 Que vous soyez agriculteur, technicien ou simplement curieux des évolutions du monde agricole, cet épisode vous plonge dans les coulisses de l’expérimentation et de l’accompagnement technique au service des agriculteurs.


🎧 Demain Deux Bottes : les voix du terrain pour cultiver l’avenir avec les pieds sur terre. Plongez dans cet épisode qui met en lumière l’expertise et la passion de Laurent pour une agriculture plus résiliente et innovante.


📍 Disponible sur toutes vos plateformes d’écoute préférées. 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui dans un nouvel épisode de Demain de Bot. Alors on le dit souvent, l'agriculture évolue à son rythme et la capacité des agriculteurs à toujours s'adapter au contexte est assez impressionnante. Et côté coopérative, comment un expert de terrain, comme Laurent Pinson, vit ces évolutions et accompagne les agriculteurs dans leurs problématiques ? C'est ce que nous allons découvrir aujourd'hui. Mais avant de laisser la parole à Laurent, nous accueillons Romain Fayol, administrateur de la coopérative... Agora et président de la commission agroécologie. Bonjour Romain, tu es administrateur au sein d'Agora et président de la commission agroécologie. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet avec Laurent, je t'ai sollicité pour nous donner un peu de contexte. Pourquoi Agora a internalisé un pôle agroécologie et quelle était l'ambition en 2020 et quelle est-elle aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Honorine. En 2020, Agora tournait une page avec le changement de direction. et avait besoin de réaffirmer son projet. Nous avons co-construit le projet Agora 2030 avec le conseil d'administration et les équipes Agora. Dans un deuxième temps, nous avons intégré un pôle agroécologie qui était la résultante de nos cinq axes stratégiques qui sont, pour le rappeler, l'orientation des marchés, l'innovation, les partenariats et l'engagement de la ferme Agora et de l'agroécologie.

  • Speaker #0

    Alors, on t'a présenté comme président de la commission agroécologie, mais peux-tu nous expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir que toutes les décisions de la coopérative sont portées par le conseil d'administration. Les commissions, en fait, ce sont des espaces d'échange pour défricher les sujets avant de les voter en conseil. Particulièrement, sur la commission agroécologie, on va défricher les sujets innovants. Aussi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est que la commission... est composé d'administrateurs et d'agriculteurs adhérents qui s'engagent dans les projets agroécologiques de la coopérative.

  • Speaker #0

    Super, merci Romain pour cette introduction. Un dernier message pour nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Demain de Bot et bonne écoute avec Laurent Pinson, un épisode qui promet de mieux comprendre l'intérêt agroécologique au sein d'Agora.

  • Speaker #0

    Merci à Romain de nous avoir planté le contexte du pôle agroécologie dont Laurent fait partie. Sans plus attendre, nous accueillons Laurent. Cet épisode est un peu plus long qu'à l'accoutumée mais je vous invite. à l'écouter jusqu'au bout, car avec son expérience et sa vision terrain, Laurent nous apporte une prise de hauteur sur les prochains défis techniques des exploitations de l'Oise, du Val d'Oise et au-delà. Il nous apporte aussi son point de vue sur les adaptations du métier de technico-commercial. On l'écoute. Bonjour Laurent, bienvenue au micro du podcast Demain de Bot. Peux-tu te présenter brièvement et nous dire où nous nous trouvons aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Bonjour Honorine. Je me présente, Laurent Pinson, je suis le responsable du service expérimentation pour le Pôle Agro d'Agora et nous nous trouvons actuellement dans mon bureau au Pôle Agro.

  • Speaker #0

    Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, dans notre discussion, peux-tu nous retracer un petit peu ton parcours et nous en dire un peu plus sur ton rôle à la coopérative ?

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai commencé il y a 32 ans à la coopérative Force 5, j'ai commencé comme magasinier, ensuite j'ai été 26 ans technico-commercial sur le secteur du pay-tel, pour ceux qui connaissent. J'étais entre Précy-sur-Oise, Amblinville et Noailles. J'ai couvert ce secteur pendant 26 ans. J'étais aussi à la fin chef de région. J'ai évolué, j'ai rejoint le Pôle agro en 2021 pour m'occuper de l'expérimentation. L'expérimentation, j'avais commencé par ça dans mon cursus professionnel. L'idée, c'était de revenir à mes premiers amours, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça fait un peu de temps que tu es dans l'Oise. Tu viens d'un parcours technique et commercial avant de te tourner vers l'expert. Peux-tu nous expliquer un petit peu ce qui t'a motivé à évoluer dans tes fonctions ?

  • Speaker #2

    C'est le monde agricole qui a bien évolué. Moi, quand j'ai commencé dans les années 90, ça ne rajeunit pas, le modèle agricole était assez standardisé. On n'avait souvent qu'un seul type de ferme. L'objectif, c'était de produire, donc c'était assez standard. Et nous, on était un peu le médecin, le conseiller technique pour l'agriculteur. Et puis, les années passant, j'ai vu les modèles évoluer. Il y a des pratiques nouvelles qui sont arrivées, la méthanisation, le SMI direct, le bio. Donc on n'avait plus un modèle standard, mais différents modèles auxquels il fallait répondre. Donc à l'époque, ça m'a obligé à réfléchir, à me réinventer quelque part. Il a fallu penser différemment, parce que les modèles étaient différents. C'était aussi intéressant, on a été challengé à l'époque, mais ce n'était pas inintéressant. Il a fallu remettre certaines choses qu'on avait oubliées au centre du débat. Le sol, à l'époque, quand j'ai commencé, on considérait que c'était un peu un substrat, un support de culture. Aujourd'hui, on voit que c'est remis au centre du débat. C'est la chose qui est la plus importante. Il a fallu qu'on ait aussi une approche plus globale de l'exploitation, pas seulement technique. mais agronomique et aussi économique. Parce qu'aujourd'hui, les modèles évoluent, les pratiques aussi. Donc c'est ce qui m'a poussé à rejoindre le pôle agro pour essayer de trouver des solutions pour répondre à ces problèmes qui sont plutôt multifactoriels.

  • Speaker #0

    Et du coup, quel lien aujourd'hui tu fais entre ton ancien rôle de technicien commercial et ton poste actuel ? Comment ces deux casquettes se complètent ?

  • Speaker #2

    Pour moi, c'est de la continuité quelque part. Quand j'étais technicien, j'appréhende les problèmes que les agriculteurs ont sur le terrain, puisque j'ai quand même été 25 ans sur le terrain, donc je vois quels sont leurs problèmes, ou comment ont évolué leurs problèmes. Et j'ai été aussi technicien, donc comme je mets à la fois des essais en place, à la fois pour les agriculteurs et à la fois pour les techniciens, d'avoir eu un peu les deux casquettes, quelque part les deux approches, ça me permet de comprendre un peu les deux facettes, et de savoir comment je peux répondre à leurs questions.

  • Speaker #0

    Et puis il y a toute la partie aussi... données, j'imagine, parce qu'un responsable expé, il pense aux données techniques. Mais toi, tu vas peut-être un peu plus loin.

  • Speaker #2

    Moi, je pense aux techniques, mais pas seulement. Il faut penser aussi économique parce qu'il faut toujours rester rentable. Il ne faut pas qu'on le perde de vue. Aussi, des fois un peu organisationnel parce que les fermes aussi évoluent. On a des fermes qui sont en prestation. Donc, il faut essayer de répondre à tous les modèles. Ce n'est pas si simple. Ce n'est plus aussi simple, on va dire.

  • Speaker #0

    Et on l'a dit, aujourd'hui, tu es responsable expérimentation chez Agora. L'expérimentation au vaste sujet, ça peut peut-être sembler un peu complexe pour certains. Comment toi tu l'expliquerais aux auditeurs, notamment aux agriculteurs peut-être adhérents qui nous écoutent, quel est l'intérêt pour eux d'avoir une coopérative qui parle d'agroécologie, qui expérimente, justement dans ce contexte que tu dis qui se complexifie ?

  • Speaker #2

    Comme je l'ai dit, on assiste à une diversification des modèles, on va dire, ou au système d'agriculture, et c'est couplé avec une perte. de solutions on va dire chimiques, on a de moins en moins de molécules, on voit qu'on nous en retire encore tous les jours, on va voir qu'on va perdre le flux phénacétan désherbage en 2025, ça va être quand même un peu compliqué à gérer, quel que soit le modèle, et on a aussi une réglementation qui évolue, les besoins des riverains est prise en compte de façon plus importante, et on a aussi moins d'innovation qui arrive de la part des des firmes chimiques. puisque c'est de plus en plus compliqué d'homologuer un produit. Et donc, il nous faut trouver des solutions pour rester compétitifs et pour continuer à produire pour nourrir la planète. Donc, les challenges sont un peu plus compliqués qu'avant. Donc, il est intéressant d'expérimenter parce que les solutions sont de plus en plus complexes. On voit, la chimie ne répondra pas à toutes les questions. Ça, c'est clair. Donc, il faut essayer de mixer un peu tout ça. Mais ce qui est important, c'est que, je dirais, l'expérimentation... C'est l'acquisition de références. Ça, c'est important. Ça veut dire que ça nous permet de valider si une solution fonctionne ou pas. Ça, c'est super important. Si on prend un exemple, un agriculteur, il va faire un essai par an chez lui. Si on considère qu'un agriculteur, il a 40 ans, ça fait 40 essais. Globalement, nous, chez Agora, par an, on met à peu près 5000 micro-parcelles en place, que ce soit en variété, santé végétale, biostim, fertilisation. Donc, c'est assez complet. Et on intègre ça dans un réseau de parcelles d'Inoxatec. Donc c'est gigantesque la puissance qu'on peut avoir. Donc on a vraiment une grosse base de données à notre service. Donc ça, c'est super intéressant. Et donc, vous voyez, la coopérative, si on mixe tout ça, l'agriculteur, il ne peut pas avoir toutes ces données. Ce n'est pas possible. Donc il va faire des expérimentations de son côté, oui, mais c'est 40, on va dire, une quarantaine d'expérimentations sur sa vie d'agriculteur. Nous, on va en tester, on va dire des milliers. Mais si on regarde le nombre de micro-parcelles sur Yanoxatec, je crois que c'est assez monstrueux. Donc là... La puissance des résultats nous permet d'avoir des choses, on va dire, pertinentes et on est sûr que ça fonctionne pour pouvoir le vulgariser auprès de l'agriculteur. Mais dans tout ça, moi ce que je retiens, c'est qu'il faut rester pragmatique. On travaille avec du vivant, donc il faut rester pragmatique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que la solution magique, elle n'existe pas. Donc là, la COP, elle est dans son rôle de mutualiser les moyens. Tu as parlé d'InnoxaTech, peut-être dire en quelques mots ce que c'est ?

  • Speaker #2

    Alors InnoxaTech, c'est la centrale technique d'une centrale d'achat Innoxa. Donc nous sommes 15 associés autour de la table et nous gérons à peu près 250 essais qu'on mutualise et donc qu'on démultiplie aussi assez de façon importante. Si je prends l'exemple par exemple sur les maïs, un essai maïs chez InnoxaTech c'est entre 10 à 12 essais. Quand Arvalis en fait 6 sur la France, vous voyez, on a vraiment une grosse puissance en termes statistiques. On est capable de dire que si on dit dans les essais Noxatec, telle variété, par exemple, sort très bien, c'est que c'est validé sur 15 à 16 essais dans notre zone de Chalandise. Donc c'est ça qui est important. On a vraiment de la donnée locale.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu dis les 15 associés, c'est les COP et les Négoces plutôt Hauts-de-France, enfin Nord de Paris.

  • Speaker #2

    Nord et Sud de Paris.

  • Speaker #0

    Nord de Paris, ok. Donc on a parlé des enjeux de l'intérêt de l'expérimentation. Si on se met plus concrètement les pieds dans les bottes, j'aime bien demander à nos invités de nous prendre par la main et de nous expliquer pas à pas les grandes lignes de l'expérimentation sur une campagne. Est-ce que tu peux te prêter à l'exercice ?

  • Speaker #2

    Je vais essayer. Alors la première chose, c'est de savoir quel sujet est pertinent à mettre en expérimentation, parce que si c'est pour faire de l'expérimentation, pour de l'expérimentation, ça n'a aucun intérêt. Donc il faut que ça réponde à des questions ou des interrogations. à la fois des techniciens et des agriculteurs. Donc ce qu'on fait nous chez Agora, c'est qu'on se réunit, parce qu'en équipe c'est toujours intéressant. Donc on se réunit avec les chefs de service, du service céréales, du service semences, du service à pros, du service du pôle service pardon. Et donc on se réunit et on essaie de faire un plan d'expérimentation, de savoir quels sujets on doit traiter par rapport eux, leurs attentes. Donc voilà, c'est le premier point. Donc on se réunit. Une fois qu'on a fait ça, Et bien après, le gros travail c'est l'élaboration du protocole. Donc là, c'est là qu'il faut laisser aussi un peu de place à son imagination. J'aime bien avoir aussi des parcelles, comment je dirais, où il n'y a pas de limite. Laissez parler votre créativité. Des fois, on trouve des choses sans forcément être toujours le nez dans le guidon. Donc ça, c'est intéressant. Il ne faut pas avoir de limite. Il faut vraiment prendre en compte les problématiques. Mais il ne faut pas se fixer de limite, se dire non ça ne fonctionne pas. Il faut vraiment travailler à l'inverse, dire voilà je ne sais pas si ça fonctionne, essayons-le, ça fonctionne très bien, ça ne fonctionne pas, mais on passera à autre chose la prochaine fois.

  • Speaker #0

    Sans a priori.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas d'a priori, voilà. Donc une fois qu'on a fait ça, on crée nos protocoles, on crée nos indicateurs de suivi, parce que le protocole c'est bien, mais savoir quels indicateurs je dois garder, qu'est-ce qui doit être pertinent pour pouvoir le restituer, ça c'est capital. Une fois qu'on a ça, on est une équipe, on est plusieurs, donc on contacte un agriculteur, on choisit un site, on va le piqueter, soit l'agriculteur s'aime, soit c'est nous qui se mou. Ça dépend un peu du type d'essai qu'on fait, entre une des essais variétés et des essais de santé végétale, c'est complètement différent. La méthodologie de piquetage reste la même, il n'y a pas de souci, on fait ça souvent en répétition, en micro-parcelles répétition. Et puis ensuite, c'est le suivi, donc si on fait des traitements, on fait des notations, ça c'est le moment très important. C'est pour ça que bien avoir cadré ce qu'il y a à faire, ça aide beaucoup pour le suivi des essais. Après, bien sûr, il y a la récolte. Une fois qu'on a récolté, il faut synthétiser tout ce qu'on a fait sur la campagne dedans pour pouvoir le vulgariser auprès de nos OTC et de nos agriculteurs et leur donner de la formation. Et ça, je dirais que c'est le premier volet. Mais ce qui est important aussi, c'est de faire du pluriannuel. Parce qu'aujourd'hui, on peut tirer une conclusion sur un essai à un endroit donné une année. Mais je pense que ce qui est important, c'est de faire du pluriannuel. Donc on voit aussi l'intérêt d'être chez Noxatec, c'est qu'on peut avoir plusieurs essais sur plusieurs années. Donc la puissance de résultats est encore découplée.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tous les ans, vous vous remettez en question, mais le contexte notamment climatique, peut-être pédoclimatique, n'est pas le même tous les ans.

  • Speaker #2

    Et puis nos collègues n'ont pas forcément les mêmes sols que nous, n'ont pas le même contexte pédoclimatique. Donc c'est intéressant aussi de comparer les solutions. dans différents environnements pour pouvoir justement tirer des grandes tendances.

  • Speaker #0

    Donc vous passez quand même pas mal de temps dans les champs ?

  • Speaker #2

    Oui encore, sinon je ne serais pas venu.

  • Speaker #0

    Et justement, quels sont les gros sujets techniques du moment pour les agriculteurs actuellement ?

  • Speaker #2

    Il y en a beaucoup, mais si on veut un peu prioriser, il y en a un qui revient de façon un peu récurrente, c'est le désherbage. On voit qu'on a de moins en moins de solutions dans notre caisse à outils. Il y a aussi des problèmes de résistance. Il ne faut pas non plus sous-estimer. On le voit avec les agriculteurs, c'est un sujet récurrent. Avant, c'était plutôt cancéreal et on voit que ça se développe sur d'autres cultures, maïs, betterave. Globalement, toutes les cultures sont un peu impactées, donc c'est vraiment un sujet global. Et je pense qu'il faut le prendre aussi de façon globale. Après, on a tout ce qui est aussi, on ne va pas dire réglementaire, mais qui nous est imposé. On a l'objectif 2030 avec les réductions d'IFT. On a aussi les démissions de gaz à effet de serre. Donc l'idée c'est demain, comment je vais faire aussi bien en mettant moins ou en utilisant moins. Donc ça c'est des gros enjeux, comme on le dit toujours, en restant économiquement rentable. Ça, il ne faut pas le perdre de vue. Là, il y aura la gestion de l'eau. Alors dans nos régions, on n'a pas forcément beaucoup de cuits irrigués, hormis les pommes de terre, mais quand même c'est un enjeu un peu national. Et puis on voit qu'on a aussi, alors changement climatique, je n'aime pas forcément l'eau, mais on a des à-coups climatiques de plus en plus marqués. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de questions d'agriculteurs sur quelle culture aujourd'hui, mais quel débouché. Donc c'est toujours aussi un compromis entre culture et débouché. Ce qu'on met beaucoup en place, on essaye de mettre en place des stratégies un peu d'évitement, en déplaçant les cycles des cultures, en mettant par exemple en sement des blés plus tard, avec des floraisons plus précoces, une moisson plus précoce, il y a peut-être plein de mécanismes à mettre en place aujourd'hui, donc c'est un peu complexe. Avec ça on a aussi une évolution des parasites, on n'a pas les mêmes pressions insectes, on n'a pas les mêmes pressions maladies, on l'a vu les dernières, années atypiques. Moi, dans ma carrière, je n'ai jamais vu autant de septorioses, même sur des blés tolérants. C'était assez impressionnant. Donc, on voit qu'on est quand même confronté à beaucoup de changements. Mais on voit qu'il n'y a rien de simple. Donc, c'est important. Et puis, le sol revient à travers l'ACS, revient au centre des préoccupations, mais pas seulement qu'en ACS.

  • Speaker #0

    ACS, c'est l'agriculture de conservation des sols. Voilà.

  • Speaker #2

    Mais on voit que... Je pense que c'est la première base, c'est de savoir, il faut que mon sol soit quand même, pas un substrat, mais quelque chose de vivant pour que je puisse intégrer. Et après, l'idée, c'est de savoir quelle variété je choisis pour pouvoir avoir un ITK justement moins consommateur en un temps, mais aussi plus résilient. Donc je pense que l'équation de départ, elle est là maintenant. Allez, c'est plus je mets un produit, ça répond. Non, c'est comment et quelle variété je choisis pour conduire mon ITK. vis-à-vis des objectifs qui me seront assignés dans les années à venir.

  • Speaker #0

    Un raisonnement global sur l'ITK, l'ITK, l'itinéraire technique ?

  • Speaker #2

    Oui, il faudra une approche globale de tout et pas raisonner. Parce que si on a fait les mauvais choix dès le départ, on ne pourra pas faire ce qu'on veut derrière. C'est très compliqué.

  • Speaker #0

    Tu as parlé de la vulnérabilité envers les aléas climatiques, des pressions maladies et de multiples sujets. Justement, toi qui es expert au pôle agro et... et qui voient les innovations, tu penses que quelles innovations pourraient jouer un rôle important dans les prochaines années justement pour être moins vulnérables ?

  • Speaker #2

    Tu vois j'ai 58 ans, j'étais technicien, mais en arrivant à Pôle Agro j'ai découvert un monde que je connaissais très peu, c'est par exemple les semenciers en céréales. On les voyait très peu, ils avaient affaire aux responsables techniques et puis aux responsables de semences, mais ces gens-là ils sont capables de faire des choses aujourd'hui. Assez extraordinaire. Moi, j'étais une réunion UFS il n'y a pas très longtemps. Donc c'est l'Union française des semences. Voilà, donc là, on a été conviés sur un sujet céréal. C'est assez impressionnant la connaissance du génome aujourd'hui qu'ils ont. Si je vous donne un exemple, demain, ils seront capables de mettre plusieurs gènes de résistance à la septoriose dans une même variété de blé. Aujourd'hui, ils ont identifié 23 gènes, je crois, de résistance à septo, donc un globalement par variété, donc ils sont bien définis. Mais l'idée demain, c'est de les mixer, c'est-à-dire d'en mettre plusieurs, pour que le pathogène n'arrive pas à contourner la résistance. C'est-à-dire qu'il utilise tellement d'énergie qu'à la fin, il ne soit pas inoffensif, mais presque pour la plante. Donc c'est assez impressionnant et ça va vite. Ce n'est pas pour dans 15 ans, c'est peut-être pour dans, on va dire, dans 5 à 10 ans. Et moi je pense que la génétique c'est le point de départ de nos progrès demain. Alors moi je suis un doux rêveur, mais je pense que rêver ça ne fait pas de mal. Et je pense qu'on pourra se passer de solutions chimiques à l'avenir en ayant, comme j'ai dit, un rapport sol et variété pour construire nos étiquettes. Et pour preuve, cette année, dans le cadre de l'UFS, j'ai mis une plateforme poré-génétique en blé, parce que l'agriculteur nous dit toujours « ouais c'était mieux les années des variétés des années 80 » . Et bien on va voir, donc on a une plateforme progrès génétique pour nos estivales du mois de juin. Donc pour ceux que ça intéresse, je vous invite à venir pour découvrir un peu l'évolution depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui des variétés. Et puis je pense que ça sera très parlant. Le problème qui va rester, je pense à l'avenir, je pense que les insectes, les maladies, par la génétique, les méthodes agronomiques, on arrivera à gérer les problèmes. Le problème ça va vraiment être le désherbage. Je pense que c'est un problème... Un peu complexe parce que moi, c'est le sentiment que j'ai. Je pense qu'on a créé des biotopes beaucoup trop azotés aujourd'hui dans nos rotations. Et on sait que les graminées sont des plantes très nitrophiles, donc qui adorent l'azote. Tant qu'on aura énormément d'azote dans nos rotations, je pense qu'on aura du mal à se défaire des graminées. Donc il faut, à mon avis, demain casser un peu tout ça. Donc ça sera casser les rotations. Ce n'est pas facile à entendre, mais je pense que c'est le point de départ. Et puis mettre tous les leviers qu'on a à notre disposition pour gérer ces graminées, en prenant la chimie comme finition. Et justement, dans Centrale Inoxatec, on a mis une plateforme en place sur notre zone, en plus, sur Breteuil. C'est une plateforme désherbage, mais qui sera pluriannuelle. C'est-à-dire qu'on sera au même endroit pendant plusieurs années. Je crois que c'est prévu sur 3 à 4 ans. Donc on va tester tous les leviers qu'on a. On a différentes techniques d'implantation. On a du semi-direct, on a du technique culturelle simplifiée, du labour. On a des décalages de date de semi. On a du travail mécanique. On travaille aussi sur les variétés, le pouvoir couvrant des variétés. On aura toujours d'essais, moi j'appelle ça chimie lourde, mais pour avoir un peu les innovations qui arrivent, même si on sait que les prochaines grosses innovations, ce n'est pas avant deux ans. Et puis aussi, ce qu'on va faire justement, l'innovation, c'est qu'on va mettre en place différentes rotations, avec du travail du sol, sans du travail du sol, pour faire voir que casser sa rotation, c'est peut-être la solution de demain, même si ce n'est pas facile, parce qu'ils n'ont pas... Tous les agriculteurs n'ont pas le même type de sol ou la même possibilité de casser les rotations, mais je pense que de le mettre en visuel pour les agriculteurs, je pense que c'est ce qu'il n'y a plus parlant. Donc on espère pouvoir faire visiter la plateforme au mois de mai aux agriculteurs qui le souhaitent.

  • Speaker #0

    Super, donc Laurent fait du teasing pour nos événements du printemps, donc la visite des herbages inoxatec et les estivales, nos visites d'essais annuels qui auront lieu cette année le 11 juin. Alors au début du podcast, on a mentionné le fait que tu étais technicien commercial. Tout ce que tu nous dis là, c'est très intéressant. Et en quoi ça implique le métier des techniciens commerciaux ?

  • Speaker #2

    Je pense que le métier du technicien évolue. Et les techniciens qui seront là demain, c'est ceux qui seront capables de créer du lien, du lien de confiance avec leurs agriculteurs. Ça, je pense que c'est primordial. Je pense qu'il faut que le technicien s'interroge vraiment sur les attentes des agriculteurs. Je pense que c'est ça que des fois on perd un peu de vue. Je prends toujours un exemple, moi j'avais un adhérent à qui je travaillais très bien, mais il ne me prenait jamais de produits colza. Et je ne comprenais pas, je me suis dit est-ce que c'est le tarif, ou je lui présente mal, je ne sais pas. Et une fois on avait un peu de temps, donc on prend le temps, on discute, et en discutant il me dit, tu sais moi Laurent je choisis les produits les plus soft. vis-à-vis des riverains et des apiculteurs, parce que j'ai une ferme qui est très morcelée et je travaille beaucoup à côté de beaucoup d'apiculteurs. Je ne m'étais jamais posé la question. Et pour moi, c'était un vrai électrochoc. Je me dis, il ne faut pas penser à la place des agriculteurs, ou alors lui amener une solution, il faut vraiment répondre à ses attentes. Et je pense que le TC qui sera demain, c'est celui qui est capable déjà, un, d'écouter les attentes de ses agriculteurs, dont lui poser des questions, qui est capable de se remettre en question. Je pense que ça c'est super important, la remise en question perpétuelle. On ne peut pas aujourd'hui rester sur nos acquis, il faut vraiment se remettre continuellement en question. Pour moi c'est capital. Et il faut aussi, je l'avais dit tout à l'heure, avoir une vue un peu plus globale de l'exploitation. Il n'y a pas que l'aspect technique, mais il y a l'aspect économique. Chaque agriculteur n'est pas dans la même situation, n'a pas les mêmes rotations. Et aussi organisationnel, parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui gardent le patrimoine, qui font faire à façon. Donc voilà, il faut essayer de comprendre tout ça. Ce n'est pas facile. Il y a aussi des gens qui changent le système. Donc il y a des enjeux, il y a des coûts. Donc ça, c'est vraiment pour moi capital pour demain.

  • Speaker #0

    Et côté expérimentation, si tu devais nous donner un aperçu justement des projets en cours et les plus prometteurs pour l'avenir ?

  • Speaker #2

    Je l'ai dit, nous on fait... On met en place beaucoup de plateformes. On a une plateforme ACS maintenant, donc chez un agriculteur qui est en ACS. On a des plateformes SIV pour les gens qui sont en méthanisation. On a une plateforme bio pour les gens en bio. On a une plateforme en conventionnel. Donc tout ça, c'est la microparcelle. Donc on l'a dit tout à l'heure, c'est important pour avoir de l'acquisition de référence, on va dire qu'on crée la caisse à outils. J'ai des solutions à ma disposition. Donc ça, c'est super important et je pense qu'il faut continuer à le faire. Parce que... On a besoin de ça. Mais aujourd'hui, si je prends l'exemple, un agriculteur, si on prend deux variétés d'orge par exemple, quelqu'un qui fait de la météorisation ou quelqu'un qui fait du grain, les attentes ne sont pas les mêmes. Donc la variété ne sera pas forcément la même. Donc ça c'est important de prendre ça en compte. La variété standard qui passe partout, ça n'existe pas. Généralement c'est pas très bon. Donc si on part de ce constat là, les questions qu'on a des agriculteurs, je pense qu'ils ne remettent pas en cause le fait qu'on fasse des essais en micro-parcelles. Je pense que la question qu'ils se posent c'est, comment moi j'agrège tout ça ? Et je pense qu'aujourd'hui nous aussi on se pose la question, c'est comment de toutes ces données qu'on a, on peut les agréger pour aider nos agriculteurs à construire des inévitables qui correspondront aux enjeux de demain. Et donc aujourd'hui la coopérative, on est parti pour essayer de faire des essais plutôt dans ce type de conduite, mais on ne peut pas le faire en micro-parcelles, c'est très compliqué. Et je pense que là il faut le faire en bande. Donc des essais bandes, il y a moins de répétition, mais là on ne compare pas les mêmes choses. Mais les indicateurs sont aussi à créer, donc là on a commencé cette année, on a des essais colza en bande, on a des essais blé en bande, on a des essais orge en bande, sur un peu ces thématiques. La principale difficulté c'est déjà de... pouvoir faire les bandes, parce qu'il faut être en... Là, on est en pratique agriculteur, donc on l'embête un petit peu. Et puis aussi, c'est les indicateurs. Il faut qu'on soit capable de mettre en place quels indicateurs on prend en compte. Donc ça, c'est un peu compliqué, mais c'est passionnant. Et puis aussi, il faut être plus proactif, parce qu'on travaille avec le temps et l'agriculteur. Donc il faut... Ça demande un peu plus de temps. Donc on est en train de se construire. Et le but, c'est de pouvoir faire, par exemple, visiter aux agriculteurs... pendant nos estivales et de leur donner la restitution au mois de décembre en intégrant les volets économiques, c'est-à-dire des consommations de carburant, des émissions de GES, vraiment en allant jusqu'au bout des choses. Et ce n'est pas forcément de montrer qu'on sait tout faire, mais c'est de montrer qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui avec la caisse à outils qu'on a. C'est un peu l'idée et donc c'est un peu la remise en question qu'on a aujourd'hui chez nous. Alors aujourd'hui, on part sur des bandes. Est-ce qu'on fera des bandes ? en système, c'est peut-être l'étape d'après. Mais on a fait un premier pas cette année. On espère évoluer dans les années à venir pour répondre aux questions de nos adhérents.

  • Speaker #0

    On en profite pour remercier les adhérents qui participent à tous ces essais.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'on les embête un petit peu, même un peu beaucoup des fois. Donc c'est vrai, c'est important, mais c'est important parce que c'est aussi une relation de confiance avec eux qu'on instaure. Donc c'est important d'avoir des gens qui soient prêts à expérimenter.

  • Speaker #0

    Et pour aller plus loin, j'ai envie de dire que ça sert aux agriculteurs. pour référencer les solutions techniques qui vont répondre à leur contexte pédoclimatique. Mais ça va plus loin. C'est aussi de répondre aux besoins de la filière et des cahiers des charges des clients à la fin.

  • Speaker #2

    Tout à fait. De toute façon, tout ce qu'on fait, c'est aussi formateur, à la fois pour les agriculteurs, pour nos TC aussi. Il faut oublier que nos TC ont besoin de formation pour pouvoir suivre ces agriculteurs. Et bien sûr, on prend... Quand on fait des choses, on prend toujours en compte le cahier des charges de nos clients aujourd'hui, qu'Agora aujourd'hui ou qu'Agora aura demain. Donc on ne fait pas ça pour se faire plaisir. L'idée première, c'est vraiment la rentabilité, à la fois pour la coopérative et les adhérents.

  • Speaker #0

    De l'amont à l'aval.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans le podcast qu'on a fait juste avant le tien, on était avec Marc qui est agriculteur et je lui ai demandé si selon lui, il fallait mieux, en tant qu'agri... Être un bon gestionnaire ou un bon technicien pour gérer une exploitation agricole ? Alors je pense pas qu'il faut opposer les deux, mais toi quand tu accompagnais les agriculteurs avec ton expérience, qu'est-ce que t'as observé ?

  • Speaker #2

    Alors je vais te faire une réponse au normand, parce que est-ce qu'il vaut mieux être un bon technicien ou un bon gestionnaire ? Pour moi, je n'opposerais pas les deux. Pour moi, c'est le mot qui revient souvent dans ma bouche, mais je pense que pour moi c'est un fil conducteur, c'est pragmatisme. Il faut que l'agriculteur soit, comment dirais-je, qu'il puisse prendre en compte l'aspect agronomique, ses capitales. Il y a des choses qu'on est obligé de sécuriser dans un ITK, il y a des choses sur lesquelles on peut prendre un risque, mais d'autres non. Voilà, moi je pense, toujours un exemple, les pucerons à l'automne, s'il y en a beaucoup, le problème c'est qu'on saura qu'ils ne sont vérifiés qu'au printemps, donc c'est un peu trop tard, l'assurance, c'est une question d'assurance. Les dernières réceptoriose, on ne peut pas faire d'impasse en fonds licides, il y a des années on peut le faire, donc il y a une notion de risque à prendre en fonction du contexte, ça c'est important. Et puis après ce qui est important aussi c'est l'économique, donc je pense que pour prendre des bonnes décisions la culture doit connaître son coût de production, ça me paraît un élément capital.

  • Speaker #0

    Donc voilà, et c'est la gestion des deux qui permet d'être à l'équilibre. Opposer les deux, pour moi, ça n'a pas de sens. Il faut vraiment avoir l'équilibre entre les deux. Donc il faut être pragmatique. Le métier d'agriculteur, pour moi, c'est un métier de pragmatisme.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu vas un petit peu plus loin que juste la gestion de marge. Ce que tu dis, c'est qu'on ne peut pas que raisonner financier. Parce que si on raisonne financier tous les ans, peut-être qu'on va simplifier son assaulement pour être plus rentable. Et du coup, pour gérer le risque à long terme, peut-être qu'il y a des problématiques agronomiques qui vont apparaître si on fait à l'impasse de certains sujets techniques.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Généralement, si on pilote son exploitation par l'économique, la simplification, c'est que tu simplifies ton assaulement. Et on voit aujourd'hui les problèmes que ça crée, aujourd'hui des herbages principalement, mais demain, comme tu l'as dit, avec les aléas climatiques, les choses comme ça, on aura besoin aussi, pour gérer cet aspect des herbages, d'avoir des rotations. Donc si on résume... Si on ne raisonne qu'économique, on va se créer des impasses. Et si on raisonne trop technique, quelque part, on veut trop aller extrémiser la technique, on risque de ne plus être rentable. Donc il faut trouver l'équilibre entre les deux. Et c'est notre rôle quelque part, c'est de voir où on peut mettre le curseur.

  • Speaker #1

    De garder le bon sens paysan.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Agora, c'est... On se caractérise souvent comme une coppe de proximité performante et attractive. Je voulais savoir, est-ce que toi c'est des valeurs qui te parlent ? Est-ce que tu penses que justement l'accompagnement, la proximité, c'est un gage de pérennité pour un exploitant ?

  • Speaker #0

    Déjà pareil, la question, qu'est-ce qu'un bon suivi technique ? Il faut déjà se poser cette question-là. Je prends toujours l'exemple, c'est que la relation agriculteur-technicien, c'est du temps long. Un technicien, il ne peut pas connaître le... le secteur au bout de six mois, les problématiques de la culture au bout de six mois. Donc il faut un peu de temps pour que la relation s'installe. Et on ne peut pas standardiser les choses, parce que dans le même village, on peut avoir deux adhérents, mais avec les mêmes types de terres, qui ont des assolements complètement différents, qui ont des charges de mécanisation complètement différentes. Donc on ne peut pas standardiser. Ils peuvent aussi avoir des appétences différentes, parce qu'on est tous différents, heureusement. il faut toujours garder à l'esprit qu'un agriculteur c'est un individu voilà pour moi il n'y a pas de standard et le suivi doit donc être adapté à chaque individu donc c'est à dire si j'ai 50 adhérents dans mon portefeuille quelque part j'ai 50 individus différents avec 50 suivis différents aujourd'hui c'est ça qui doit être le fil conducteur du tc quelque part parce qu'il pourra La notion de standardisation doit disparaître quelque part. Ça, c'est super important. Et puis l'agriculteur, souvent, il est aussi seul à prendre ses décisions. Il ne faut pas l'oublier. L'agriculteur, il n'a pas comme un technicien des gens autour de lui. Et donc, le bon suivi technique, on va dire, avant, il ne passait que par le technicien. Le technicien, c'est un peu le généraliste. Je prenais l'exemple, j'étais un peu le médecin généraliste. Mais comme un médecin généraliste, je n'ai pas la réponse à tout. Des fois sur des sujets bien précis, j'ai besoin de faire appel à un spécialiste. Et justement à la COP, l'agriculteur a de la chance parce qu'il y a aussi des spécialistes sur certains domaines. On prend le pôle service, sur là aussi la fertilisation, puisque j'ai ma collègue Claire qui s'occupe aujourd'hui de la fertilisation et de la fertilité des sols. Donc sur des points précis, on peut intervenir auprès de l'agriculteur et du technicien. Donc la notion d'équipe dans le suivi est aussi très importante parce qu'on peut avoir... Sur des points précis, amener vraiment, creuser à aller plus profond pour répondre à des problèmes que peut rencontrer l'agriculteur. Donc je pense que l'agriculteur aujourd'hui, il a une chance, c'est qu'il a une équipe autour de lui qui peut répondre à ses demandes. Je pense que la notion d'équipe est très importante dans les suivis agriculteurs à l'avenir.

  • Speaker #1

    Donc la COP, elle aide l'agriculteur et aussi à travers le suivi technique avec d'autres outils aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, on a des outils. Si on prend la traçabilité, par exemple. Aujourd'hui, l'agriculteur peut faire sa traçabilité sur un cahier, pas de souci. Il n'y a rien qui impose de faire une traçabilité par un autre organisme. Aujourd'hui, avec la réglementation qui évolue en permanence, même nous, on est obligé de suivre ça de façon assez juste et précise et régulière parce que ça évolue pratiquement toutes les semaines. Et ça, l'agriculteur ne peut pas le faire. Donc, on va voir. Aujourd'hui, ces outils de traçabilité sont mis à jour régulièrement. On a les outils de pilotage, d'aide à la décision qui peuvent l'aider dans son choix. Donc ça l'accompagne, ça peut lui permettre de gagner encore en fiabilité et en précision pour ses interventions. Donc ça, c'est des choses qu'il ne peut pas faire tout seul. Il a besoin forcément, et c'est des outils qui sont complexes. Donc ils ne peuvent pas être mis en place seulement au niveau de la coopérative. C'est des outils qu'on est obligé d'aller chercher à l'extérieur. se les approprier pour pouvoir après les proposer aux agriculteurs. Mais c'est des choses qui sont mutualisées avec d'autres aussi. Donc il y a aussi de la fiabilité et de la data. Donc ça, l'agriculteur ne peut pas l'avoir tout seul.

  • Speaker #1

    Et puis nous, on teste aussi les solutions qui peuvent répondre le mieux au contexte d'exploitation qu'on accompagne.

  • Speaker #0

    Tous les ans, on teste des nouvelles solutions en OAD, que ce soit en fertilisation, même en santé des plantes. Aujourd'hui, les OAD, nous, Ausha travaille avec Xarvio, mais il y en a d'autres, se développent sur plein de cultures. Et nous, notre but, c'est aussi de valider le fait qu'ils soient pertinents pour aider nos adhérents à évoluer à l'avenir.

  • Speaker #1

    Alors, une autre question. On entend dire aujourd'hui, un petit peu dans la plaine, que les gammes de produits agricoles, j'entends notamment les produits de santé végétale, tendent à devenir plus génériques, ou les solutions techniques à se standardiser, tu l'as un peu dit dans nos échanges. Quels risques ou quelles opportunités, selon toi, ça peut amener ?

  • Speaker #0

    Effectivement, on est en train de vivre une générisation du marché santé végétale, puisque les molécules tendent dans le domaine public. Un petit point pour nos agriculteurs, c'est ce qui tombe dans le domaine public, c'est la molécule. La molécule devient ce qu'on appelle un banalisé. C'est vrai qu'à court terme, pour l'agriculteur, c'est des gains puisque les produits deviennent moins chers. C'est un peu comme dans les médicaments. Le gros risque que l'on a, c'est qu'on va avoir une perte d'innovation. Parce qu'aujourd'hui, oui, les produits se banalisent et sont moins chers, mais on les utilise de plus en plus. Donc on a les problèmes de résistance qui apparaissent. Et si derrière on n'a pas de solution qui vienne pour remplacer, à plus ou moins long terme on risque de se créer des impasses. Donc c'est bien important pour du court terme, mais pour du long terme c'est pas forcément gagnant pour l'agriculteur. On aura quand même besoin d'innovation, on le voit en médecine, donc ça s'applique aussi à nous. Et je pense qu'il ne faut pas oublier l'innovation, c'est ce qui nous fait avancer.

  • Speaker #1

    Donc on a besoin de rester curieux, de rester en veille. Comment on fait aujourd'hui justement dans toute cette complexité qu'on a mentionné là pendant les minutes du podcast, comment on fait pour que chaque métier puisse garder finalement sa substance et son savoir-faire sans devoir faire appel systématiquement à des experts en tout qui ne seront pas forcément disponibles partout ?

  • Speaker #0

    De toute façon, tous les agriculteurs n'ont pas forcément besoin d'un conseiller sur des points spécifiques. Le technicien est déjà à même de gérer beaucoup de dossiers. Le technicien reste aujourd'hui pour moi le lien entre l'agriculteur et la coopérative. Souvent il est dans le dépôt de collecte, il est très près du terrain, il est très près de l'agriculteur. Pour moi ça reste son principal lien avec la coopérative, c'est même souvent des liens assez forts. Donc ça, ça ne changera pas. Je pense que ce qu'il faut plutôt prendre en compte, c'est pas la notion spécialiste, c'est la notion d'équipe. C'est-à-dire qu'il faut regarder... Le travail en équipe du pôle agro que l'on peut amener auprès d'un TC, du pôle service, c'est plus un travail d'équipe. C'est pour aider l'agriculteur et que l'agriculteur soit habitué à voir peut-être une autre personne. Mais je ne pense pas qu'il ne peut avoir à faire qu'à des spécialistes. Je pense que le rôle du TC sera toujours là parce que c'est vraiment le lien avec la COP. Pour moi, c'est le lien fort avec la COP. Il le voit tous les jours. Le spécialiste, il va le voir une fois dans l'année, peut-être ou deux. Donc il n'a pas forcément le recul que peut avoir le technicien. Donc ça c'est important. Et donc l'enjeu aussi pour nous c'est de former nos techniciens pour qu'ils restent toujours au top ou à la pointe de la connaissance. Donc c'est un peu mon rôle de pouvoir vulgariser tout ce qu'on a pour qu'eux justement puissent aussi continuer à monter en compétence.

  • Speaker #1

    Nos échanges sont très intéressants. Tu soulèves des sujets qui touchent du doigt les exploitations. Plus de réglementaires, plus d'enjeux économiques, environnementaux. Finalement, j'ai l'impression que le technicien, il a plusieurs casquettes comme l'agriculteur. Et toi, du coup, qu'est-ce qui te passionne dans l'agronomie aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, ce qui me passionne et qui me motive, c'est de mettre des plateformes en place tous les ans. Parce que tous les ans, c'est un challenge. Tous les ans, c'est différent. Tous les ans, c'est une remise en cause. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai 58 ans. J'ai l'impression d'avoir 25 dans ma tête et je vois le monde agricole évoluer. Moi ce qui me perturbe, je pense que c'est mon passé de technicien, de ne pas pouvoir peut-être donner une solution ou un axe de solution à un agriculteur. Ça me frustre quelque part. Donc d'essayer de chercher des solutions qui peuvent répondre aux besoins et aux attentes des agriculteurs, c'est ça qui me motive. Donc tous les ans, vraiment, pour moi c'est un vrai challenge. Et puis je travaille en équipe. Donc ça c'est aussi super intéressant. Donc ouais c'est vraiment ça qui me motive tous les ans.

  • Speaker #1

    Ouais parce que là ça fait quand même 32 années que t'es chez Agora. Tu as récemment reçu la médaille du travail, c'est un bel accomplissement. Qu'est-ce qui te motive au quotidien à investir autant de temps et d'énergie ?

  • Speaker #0

    Ce qui me motive c'est de travailler en équipe, je l'ai dit, avec des gens passionnés et aussi avec des gens de différentes générations. C'est très bien l'intergénérationnel parce qu'on n'a pas tous les mêmes approches, les mêmes attentes, les mêmes sensibilités. De mixer tout ça, ça fait des fois un beau melting pot. Moi, je trouve que c'est enrichissant. Et puis, ce qui me pousse aussi, c'est la transmission. Garder le savoir, pour moi, ça ne me paraît pas important. Ce qui est important, c'est de le diffuser. Parce que moi, l'information, je l'ai. Elle ne me paraît pas importante pour moi. Mais celui qui ne l'a pas, pour lui, elle peut être importante. Et de transmettre, transmettre à des jeunes, pour que la COP continue d'évoluer et continue après que je serai en traite. Donc ça, c'est quelque chose qui me motive aussi tous les jours.

  • Speaker #1

    Tu m'as fait une belle transition sur la transmission. On arrive à la fin du podcast. J'ai un peu maintenant mes petites questions signatures de fin. Donc justement, sur ce sujet de transmission, Laurent, avec ton expérience, aujourd'hui, qu'est-ce que tu aimerais transmettre peut-être à un jeune agriculteur qui veut s'installer ou qui veut rejoindre la COP ou un jeune qui s'intéresse à la profession, à l'agronomie et qui souhaite se préparer à ses métiers ?

  • Speaker #0

    Pour les deux, je pense que d'un premier temps, il ne faut pas croire qu'il y a de solution toute faite. Ça n'existe plus. Il faut être curieux. J'ai toujours la question bête, c'est celle qu'on ne pose pas, mais dont on n'a jamais la réponse. Donc ça c'est bête, mais souvent c'est comme ça. On n'ose pas poser une question en pensant être un peu idiot, mais on est un peu idiot parce qu'on n'a pas la réponse. Donc ça c'est important, ne pas craindre de se remettre en question. Pour moi, la remise en question, c'est quelque chose d'important. Si on ne se remet pas en question, on n'avance pas. Après, bien sûr, je vais le reprendre, mais pour moi, il faut être pragmatique. Dans notre milieu, on travaille vivant, il faut rester pragmatique.

  • Speaker #1

    Et quelle idée reçue aimerais-tu lever sur ton métier ou sur l'agriculture ?

  • Speaker #0

    Vraiment, l'image que je n'aime pas, c'est qu'on est des pollueurs. Et ça, je voudrais qu'on arrive à pouvoir se détacher de ça, qu'on entretienne aussi le paysage. Et je pense que ça, c'est quelque chose qui me touche. Donc je voudrais vraiment qu'on se sépare de cette image.

  • Speaker #1

    Pour continuer dans ce qui te touche, qu'est-ce qui te rend fier dans ton métier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Quelque part, mon petit niveau de pouvoir nourrir la planète. Et puis de répondre à des attentes des agriculteurs. Je pense que c'est les deux choses qui me font me lever tous les matins.

  • Speaker #1

    Dans le prochain épisode, on interrogera... Un agriculteur, on alterne dans nos podcasts. Est-ce que tu aurais une question, justement, pour cet agriculteur qu'on va interroger ? Oui,

  • Speaker #0

    je voudrais bien savoir qu'est-ce qu'ils attendent du pôle agro.

  • Speaker #1

    Du pôle agroécologie de la coopérative. Très bien, elle sera posée. Pour finir, petite question insolite du podcast. Aujourd'hui, je voulais savoir, tu as l'air vraiment très passionné, mais justement, si tu n'avais pas été dans l'agriculture, qu'est-ce que tu aurais fait ?

  • Speaker #0

    Je vais vous surprendre peut-être, mais je pense que j'aurais été militaire. Pourquoi ? C'est un peu le même ordre, c'est le travail d'équipe, c'est-à-dire qu'on met en commun des moyens pour aller à un endroit. Et puis il faut de la rigueur. Et je pense que dans mon métier, dans l'expérimentation, s'il n'y a pas de rigueur, malheureusement, on ne fait pas bien les choses. Donc je pense que c'est un métier qui m'aurait bien allé.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on ne l'a pas mentionné avant, mais il y a beaucoup de rigueur. Et puis dans un groupe, aller vers un objectif commun, c'est ce qu'on fait à la COP. Tous les jours. On est en plein dedans. Bon, super. Merci beaucoup, Laurent. Si tu avais un dernier message à adresser aux agriculteurs ou aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je voudrais juste leur dire que la coopérative a été créée par les agriculteurs, pour les agriculteurs, et qu'ils ont à leur disposition un formidable outil de travail, donc qu'ils n'hésitent pas à s'en servir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurent.

  • Speaker #0

    Merci, Honorine.

  • Speaker #1

    Un grand merci à Laurent de nous avoir partagé ses réflexions en toute transparence et spontanéité. Ce que je retire de nos échanges... c'est que les agriculteurs doivent composer avec une équation à plusieurs inconnus, météo, marché, géopolitique, réglementaire et j'en passe, et que la coopérative les aide au quotidien à trouver justement la solution à cette équation à plusieurs inconnus. Cela nécessite beaucoup de curiosité, d'optimisme et de pragmatisme, Laurent l'a souligné. J'espère que cet épisode aura nourri votre réflexion, et si cette discussion vous a plu, nous vous invitons à le partager autour de vous ou à en parler à un proche. A très vite dans Demain de Bot !

Chapters

  • Générique

    00:00

  • Introduction avec Romain, administrateur Agora

    00:29

  • Echanges avec Laurent

    03:14

  • Conclusion

    44:27

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Description

Dans cet épisode, nous plongeons au cœur des défis techniques et agronomiques des exploitations de l’Oise et du Val d’Oise aux côtés de Laurent Pinsson, responsable expérimentation au sein du pôle agroécologie d’Agora.


🎙️ Ancien technico-commercial, Laurent partage avec nous son parcours, son évolution et sa vision des adaptations nécessaires pour accompagner les agriculteurs face aux enjeux climatiques, économiques et réglementaires.


🌾 À travers cet échange, nous abordons des sujets essentiels :

• Comment l’expérimentation permet-elle d’anticiper et de répondre aux défis agricoles ?
• Pourquoi l’agroécologie et la diversité des modèles agricoles sont-elles aujourd’hui indispensables ?
• Quelles innovations techniques façonneront l’agriculture de demain ?


💡 Que vous soyez agriculteur, technicien ou simplement curieux des évolutions du monde agricole, cet épisode vous plonge dans les coulisses de l’expérimentation et de l’accompagnement technique au service des agriculteurs.


🎧 Demain Deux Bottes : les voix du terrain pour cultiver l’avenir avec les pieds sur terre. Plongez dans cet épisode qui met en lumière l’expertise et la passion de Laurent pour une agriculture plus résiliente et innovante.


📍 Disponible sur toutes vos plateformes d’écoute préférées. 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui dans un nouvel épisode de Demain de Bot. Alors on le dit souvent, l'agriculture évolue à son rythme et la capacité des agriculteurs à toujours s'adapter au contexte est assez impressionnante. Et côté coopérative, comment un expert de terrain, comme Laurent Pinson, vit ces évolutions et accompagne les agriculteurs dans leurs problématiques ? C'est ce que nous allons découvrir aujourd'hui. Mais avant de laisser la parole à Laurent, nous accueillons Romain Fayol, administrateur de la coopérative... Agora et président de la commission agroécologie. Bonjour Romain, tu es administrateur au sein d'Agora et président de la commission agroécologie. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet avec Laurent, je t'ai sollicité pour nous donner un peu de contexte. Pourquoi Agora a internalisé un pôle agroécologie et quelle était l'ambition en 2020 et quelle est-elle aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Honorine. En 2020, Agora tournait une page avec le changement de direction. et avait besoin de réaffirmer son projet. Nous avons co-construit le projet Agora 2030 avec le conseil d'administration et les équipes Agora. Dans un deuxième temps, nous avons intégré un pôle agroécologie qui était la résultante de nos cinq axes stratégiques qui sont, pour le rappeler, l'orientation des marchés, l'innovation, les partenariats et l'engagement de la ferme Agora et de l'agroécologie.

  • Speaker #0

    Alors, on t'a présenté comme président de la commission agroécologie, mais peux-tu nous expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir que toutes les décisions de la coopérative sont portées par le conseil d'administration. Les commissions, en fait, ce sont des espaces d'échange pour défricher les sujets avant de les voter en conseil. Particulièrement, sur la commission agroécologie, on va défricher les sujets innovants. Aussi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est que la commission... est composé d'administrateurs et d'agriculteurs adhérents qui s'engagent dans les projets agroécologiques de la coopérative.

  • Speaker #0

    Super, merci Romain pour cette introduction. Un dernier message pour nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Demain de Bot et bonne écoute avec Laurent Pinson, un épisode qui promet de mieux comprendre l'intérêt agroécologique au sein d'Agora.

  • Speaker #0

    Merci à Romain de nous avoir planté le contexte du pôle agroécologie dont Laurent fait partie. Sans plus attendre, nous accueillons Laurent. Cet épisode est un peu plus long qu'à l'accoutumée mais je vous invite. à l'écouter jusqu'au bout, car avec son expérience et sa vision terrain, Laurent nous apporte une prise de hauteur sur les prochains défis techniques des exploitations de l'Oise, du Val d'Oise et au-delà. Il nous apporte aussi son point de vue sur les adaptations du métier de technico-commercial. On l'écoute. Bonjour Laurent, bienvenue au micro du podcast Demain de Bot. Peux-tu te présenter brièvement et nous dire où nous nous trouvons aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Bonjour Honorine. Je me présente, Laurent Pinson, je suis le responsable du service expérimentation pour le Pôle Agro d'Agora et nous nous trouvons actuellement dans mon bureau au Pôle Agro.

  • Speaker #0

    Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, dans notre discussion, peux-tu nous retracer un petit peu ton parcours et nous en dire un peu plus sur ton rôle à la coopérative ?

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai commencé il y a 32 ans à la coopérative Force 5, j'ai commencé comme magasinier, ensuite j'ai été 26 ans technico-commercial sur le secteur du pay-tel, pour ceux qui connaissent. J'étais entre Précy-sur-Oise, Amblinville et Noailles. J'ai couvert ce secteur pendant 26 ans. J'étais aussi à la fin chef de région. J'ai évolué, j'ai rejoint le Pôle agro en 2021 pour m'occuper de l'expérimentation. L'expérimentation, j'avais commencé par ça dans mon cursus professionnel. L'idée, c'était de revenir à mes premiers amours, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça fait un peu de temps que tu es dans l'Oise. Tu viens d'un parcours technique et commercial avant de te tourner vers l'expert. Peux-tu nous expliquer un petit peu ce qui t'a motivé à évoluer dans tes fonctions ?

  • Speaker #2

    C'est le monde agricole qui a bien évolué. Moi, quand j'ai commencé dans les années 90, ça ne rajeunit pas, le modèle agricole était assez standardisé. On n'avait souvent qu'un seul type de ferme. L'objectif, c'était de produire, donc c'était assez standard. Et nous, on était un peu le médecin, le conseiller technique pour l'agriculteur. Et puis, les années passant, j'ai vu les modèles évoluer. Il y a des pratiques nouvelles qui sont arrivées, la méthanisation, le SMI direct, le bio. Donc on n'avait plus un modèle standard, mais différents modèles auxquels il fallait répondre. Donc à l'époque, ça m'a obligé à réfléchir, à me réinventer quelque part. Il a fallu penser différemment, parce que les modèles étaient différents. C'était aussi intéressant, on a été challengé à l'époque, mais ce n'était pas inintéressant. Il a fallu remettre certaines choses qu'on avait oubliées au centre du débat. Le sol, à l'époque, quand j'ai commencé, on considérait que c'était un peu un substrat, un support de culture. Aujourd'hui, on voit que c'est remis au centre du débat. C'est la chose qui est la plus importante. Il a fallu qu'on ait aussi une approche plus globale de l'exploitation, pas seulement technique. mais agronomique et aussi économique. Parce qu'aujourd'hui, les modèles évoluent, les pratiques aussi. Donc c'est ce qui m'a poussé à rejoindre le pôle agro pour essayer de trouver des solutions pour répondre à ces problèmes qui sont plutôt multifactoriels.

  • Speaker #0

    Et du coup, quel lien aujourd'hui tu fais entre ton ancien rôle de technicien commercial et ton poste actuel ? Comment ces deux casquettes se complètent ?

  • Speaker #2

    Pour moi, c'est de la continuité quelque part. Quand j'étais technicien, j'appréhende les problèmes que les agriculteurs ont sur le terrain, puisque j'ai quand même été 25 ans sur le terrain, donc je vois quels sont leurs problèmes, ou comment ont évolué leurs problèmes. Et j'ai été aussi technicien, donc comme je mets à la fois des essais en place, à la fois pour les agriculteurs et à la fois pour les techniciens, d'avoir eu un peu les deux casquettes, quelque part les deux approches, ça me permet de comprendre un peu les deux facettes, et de savoir comment je peux répondre à leurs questions.

  • Speaker #0

    Et puis il y a toute la partie aussi... données, j'imagine, parce qu'un responsable expé, il pense aux données techniques. Mais toi, tu vas peut-être un peu plus loin.

  • Speaker #2

    Moi, je pense aux techniques, mais pas seulement. Il faut penser aussi économique parce qu'il faut toujours rester rentable. Il ne faut pas qu'on le perde de vue. Aussi, des fois un peu organisationnel parce que les fermes aussi évoluent. On a des fermes qui sont en prestation. Donc, il faut essayer de répondre à tous les modèles. Ce n'est pas si simple. Ce n'est plus aussi simple, on va dire.

  • Speaker #0

    Et on l'a dit, aujourd'hui, tu es responsable expérimentation chez Agora. L'expérimentation au vaste sujet, ça peut peut-être sembler un peu complexe pour certains. Comment toi tu l'expliquerais aux auditeurs, notamment aux agriculteurs peut-être adhérents qui nous écoutent, quel est l'intérêt pour eux d'avoir une coopérative qui parle d'agroécologie, qui expérimente, justement dans ce contexte que tu dis qui se complexifie ?

  • Speaker #2

    Comme je l'ai dit, on assiste à une diversification des modèles, on va dire, ou au système d'agriculture, et c'est couplé avec une perte. de solutions on va dire chimiques, on a de moins en moins de molécules, on voit qu'on nous en retire encore tous les jours, on va voir qu'on va perdre le flux phénacétan désherbage en 2025, ça va être quand même un peu compliqué à gérer, quel que soit le modèle, et on a aussi une réglementation qui évolue, les besoins des riverains est prise en compte de façon plus importante, et on a aussi moins d'innovation qui arrive de la part des des firmes chimiques. puisque c'est de plus en plus compliqué d'homologuer un produit. Et donc, il nous faut trouver des solutions pour rester compétitifs et pour continuer à produire pour nourrir la planète. Donc, les challenges sont un peu plus compliqués qu'avant. Donc, il est intéressant d'expérimenter parce que les solutions sont de plus en plus complexes. On voit, la chimie ne répondra pas à toutes les questions. Ça, c'est clair. Donc, il faut essayer de mixer un peu tout ça. Mais ce qui est important, c'est que, je dirais, l'expérimentation... C'est l'acquisition de références. Ça, c'est important. Ça veut dire que ça nous permet de valider si une solution fonctionne ou pas. Ça, c'est super important. Si on prend un exemple, un agriculteur, il va faire un essai par an chez lui. Si on considère qu'un agriculteur, il a 40 ans, ça fait 40 essais. Globalement, nous, chez Agora, par an, on met à peu près 5000 micro-parcelles en place, que ce soit en variété, santé végétale, biostim, fertilisation. Donc, c'est assez complet. Et on intègre ça dans un réseau de parcelles d'Inoxatec. Donc c'est gigantesque la puissance qu'on peut avoir. Donc on a vraiment une grosse base de données à notre service. Donc ça, c'est super intéressant. Et donc, vous voyez, la coopérative, si on mixe tout ça, l'agriculteur, il ne peut pas avoir toutes ces données. Ce n'est pas possible. Donc il va faire des expérimentations de son côté, oui, mais c'est 40, on va dire, une quarantaine d'expérimentations sur sa vie d'agriculteur. Nous, on va en tester, on va dire des milliers. Mais si on regarde le nombre de micro-parcelles sur Yanoxatec, je crois que c'est assez monstrueux. Donc là... La puissance des résultats nous permet d'avoir des choses, on va dire, pertinentes et on est sûr que ça fonctionne pour pouvoir le vulgariser auprès de l'agriculteur. Mais dans tout ça, moi ce que je retiens, c'est qu'il faut rester pragmatique. On travaille avec du vivant, donc il faut rester pragmatique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que la solution magique, elle n'existe pas. Donc là, la COP, elle est dans son rôle de mutualiser les moyens. Tu as parlé d'InnoxaTech, peut-être dire en quelques mots ce que c'est ?

  • Speaker #2

    Alors InnoxaTech, c'est la centrale technique d'une centrale d'achat Innoxa. Donc nous sommes 15 associés autour de la table et nous gérons à peu près 250 essais qu'on mutualise et donc qu'on démultiplie aussi assez de façon importante. Si je prends l'exemple par exemple sur les maïs, un essai maïs chez InnoxaTech c'est entre 10 à 12 essais. Quand Arvalis en fait 6 sur la France, vous voyez, on a vraiment une grosse puissance en termes statistiques. On est capable de dire que si on dit dans les essais Noxatec, telle variété, par exemple, sort très bien, c'est que c'est validé sur 15 à 16 essais dans notre zone de Chalandise. Donc c'est ça qui est important. On a vraiment de la donnée locale.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu dis les 15 associés, c'est les COP et les Négoces plutôt Hauts-de-France, enfin Nord de Paris.

  • Speaker #2

    Nord et Sud de Paris.

  • Speaker #0

    Nord de Paris, ok. Donc on a parlé des enjeux de l'intérêt de l'expérimentation. Si on se met plus concrètement les pieds dans les bottes, j'aime bien demander à nos invités de nous prendre par la main et de nous expliquer pas à pas les grandes lignes de l'expérimentation sur une campagne. Est-ce que tu peux te prêter à l'exercice ?

  • Speaker #2

    Je vais essayer. Alors la première chose, c'est de savoir quel sujet est pertinent à mettre en expérimentation, parce que si c'est pour faire de l'expérimentation, pour de l'expérimentation, ça n'a aucun intérêt. Donc il faut que ça réponde à des questions ou des interrogations. à la fois des techniciens et des agriculteurs. Donc ce qu'on fait nous chez Agora, c'est qu'on se réunit, parce qu'en équipe c'est toujours intéressant. Donc on se réunit avec les chefs de service, du service céréales, du service semences, du service à pros, du service du pôle service pardon. Et donc on se réunit et on essaie de faire un plan d'expérimentation, de savoir quels sujets on doit traiter par rapport eux, leurs attentes. Donc voilà, c'est le premier point. Donc on se réunit. Une fois qu'on a fait ça, Et bien après, le gros travail c'est l'élaboration du protocole. Donc là, c'est là qu'il faut laisser aussi un peu de place à son imagination. J'aime bien avoir aussi des parcelles, comment je dirais, où il n'y a pas de limite. Laissez parler votre créativité. Des fois, on trouve des choses sans forcément être toujours le nez dans le guidon. Donc ça, c'est intéressant. Il ne faut pas avoir de limite. Il faut vraiment prendre en compte les problématiques. Mais il ne faut pas se fixer de limite, se dire non ça ne fonctionne pas. Il faut vraiment travailler à l'inverse, dire voilà je ne sais pas si ça fonctionne, essayons-le, ça fonctionne très bien, ça ne fonctionne pas, mais on passera à autre chose la prochaine fois.

  • Speaker #0

    Sans a priori.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas d'a priori, voilà. Donc une fois qu'on a fait ça, on crée nos protocoles, on crée nos indicateurs de suivi, parce que le protocole c'est bien, mais savoir quels indicateurs je dois garder, qu'est-ce qui doit être pertinent pour pouvoir le restituer, ça c'est capital. Une fois qu'on a ça, on est une équipe, on est plusieurs, donc on contacte un agriculteur, on choisit un site, on va le piqueter, soit l'agriculteur s'aime, soit c'est nous qui se mou. Ça dépend un peu du type d'essai qu'on fait, entre une des essais variétés et des essais de santé végétale, c'est complètement différent. La méthodologie de piquetage reste la même, il n'y a pas de souci, on fait ça souvent en répétition, en micro-parcelles répétition. Et puis ensuite, c'est le suivi, donc si on fait des traitements, on fait des notations, ça c'est le moment très important. C'est pour ça que bien avoir cadré ce qu'il y a à faire, ça aide beaucoup pour le suivi des essais. Après, bien sûr, il y a la récolte. Une fois qu'on a récolté, il faut synthétiser tout ce qu'on a fait sur la campagne dedans pour pouvoir le vulgariser auprès de nos OTC et de nos agriculteurs et leur donner de la formation. Et ça, je dirais que c'est le premier volet. Mais ce qui est important aussi, c'est de faire du pluriannuel. Parce qu'aujourd'hui, on peut tirer une conclusion sur un essai à un endroit donné une année. Mais je pense que ce qui est important, c'est de faire du pluriannuel. Donc on voit aussi l'intérêt d'être chez Noxatec, c'est qu'on peut avoir plusieurs essais sur plusieurs années. Donc la puissance de résultats est encore découplée.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tous les ans, vous vous remettez en question, mais le contexte notamment climatique, peut-être pédoclimatique, n'est pas le même tous les ans.

  • Speaker #2

    Et puis nos collègues n'ont pas forcément les mêmes sols que nous, n'ont pas le même contexte pédoclimatique. Donc c'est intéressant aussi de comparer les solutions. dans différents environnements pour pouvoir justement tirer des grandes tendances.

  • Speaker #0

    Donc vous passez quand même pas mal de temps dans les champs ?

  • Speaker #2

    Oui encore, sinon je ne serais pas venu.

  • Speaker #0

    Et justement, quels sont les gros sujets techniques du moment pour les agriculteurs actuellement ?

  • Speaker #2

    Il y en a beaucoup, mais si on veut un peu prioriser, il y en a un qui revient de façon un peu récurrente, c'est le désherbage. On voit qu'on a de moins en moins de solutions dans notre caisse à outils. Il y a aussi des problèmes de résistance. Il ne faut pas non plus sous-estimer. On le voit avec les agriculteurs, c'est un sujet récurrent. Avant, c'était plutôt cancéreal et on voit que ça se développe sur d'autres cultures, maïs, betterave. Globalement, toutes les cultures sont un peu impactées, donc c'est vraiment un sujet global. Et je pense qu'il faut le prendre aussi de façon globale. Après, on a tout ce qui est aussi, on ne va pas dire réglementaire, mais qui nous est imposé. On a l'objectif 2030 avec les réductions d'IFT. On a aussi les démissions de gaz à effet de serre. Donc l'idée c'est demain, comment je vais faire aussi bien en mettant moins ou en utilisant moins. Donc ça c'est des gros enjeux, comme on le dit toujours, en restant économiquement rentable. Ça, il ne faut pas le perdre de vue. Là, il y aura la gestion de l'eau. Alors dans nos régions, on n'a pas forcément beaucoup de cuits irrigués, hormis les pommes de terre, mais quand même c'est un enjeu un peu national. Et puis on voit qu'on a aussi, alors changement climatique, je n'aime pas forcément l'eau, mais on a des à-coups climatiques de plus en plus marqués. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de questions d'agriculteurs sur quelle culture aujourd'hui, mais quel débouché. Donc c'est toujours aussi un compromis entre culture et débouché. Ce qu'on met beaucoup en place, on essaye de mettre en place des stratégies un peu d'évitement, en déplaçant les cycles des cultures, en mettant par exemple en sement des blés plus tard, avec des floraisons plus précoces, une moisson plus précoce, il y a peut-être plein de mécanismes à mettre en place aujourd'hui, donc c'est un peu complexe. Avec ça on a aussi une évolution des parasites, on n'a pas les mêmes pressions insectes, on n'a pas les mêmes pressions maladies, on l'a vu les dernières, années atypiques. Moi, dans ma carrière, je n'ai jamais vu autant de septorioses, même sur des blés tolérants. C'était assez impressionnant. Donc, on voit qu'on est quand même confronté à beaucoup de changements. Mais on voit qu'il n'y a rien de simple. Donc, c'est important. Et puis, le sol revient à travers l'ACS, revient au centre des préoccupations, mais pas seulement qu'en ACS.

  • Speaker #0

    ACS, c'est l'agriculture de conservation des sols. Voilà.

  • Speaker #2

    Mais on voit que... Je pense que c'est la première base, c'est de savoir, il faut que mon sol soit quand même, pas un substrat, mais quelque chose de vivant pour que je puisse intégrer. Et après, l'idée, c'est de savoir quelle variété je choisis pour pouvoir avoir un ITK justement moins consommateur en un temps, mais aussi plus résilient. Donc je pense que l'équation de départ, elle est là maintenant. Allez, c'est plus je mets un produit, ça répond. Non, c'est comment et quelle variété je choisis pour conduire mon ITK. vis-à-vis des objectifs qui me seront assignés dans les années à venir.

  • Speaker #0

    Un raisonnement global sur l'ITK, l'ITK, l'itinéraire technique ?

  • Speaker #2

    Oui, il faudra une approche globale de tout et pas raisonner. Parce que si on a fait les mauvais choix dès le départ, on ne pourra pas faire ce qu'on veut derrière. C'est très compliqué.

  • Speaker #0

    Tu as parlé de la vulnérabilité envers les aléas climatiques, des pressions maladies et de multiples sujets. Justement, toi qui es expert au pôle agro et... et qui voient les innovations, tu penses que quelles innovations pourraient jouer un rôle important dans les prochaines années justement pour être moins vulnérables ?

  • Speaker #2

    Tu vois j'ai 58 ans, j'étais technicien, mais en arrivant à Pôle Agro j'ai découvert un monde que je connaissais très peu, c'est par exemple les semenciers en céréales. On les voyait très peu, ils avaient affaire aux responsables techniques et puis aux responsables de semences, mais ces gens-là ils sont capables de faire des choses aujourd'hui. Assez extraordinaire. Moi, j'étais une réunion UFS il n'y a pas très longtemps. Donc c'est l'Union française des semences. Voilà, donc là, on a été conviés sur un sujet céréal. C'est assez impressionnant la connaissance du génome aujourd'hui qu'ils ont. Si je vous donne un exemple, demain, ils seront capables de mettre plusieurs gènes de résistance à la septoriose dans une même variété de blé. Aujourd'hui, ils ont identifié 23 gènes, je crois, de résistance à septo, donc un globalement par variété, donc ils sont bien définis. Mais l'idée demain, c'est de les mixer, c'est-à-dire d'en mettre plusieurs, pour que le pathogène n'arrive pas à contourner la résistance. C'est-à-dire qu'il utilise tellement d'énergie qu'à la fin, il ne soit pas inoffensif, mais presque pour la plante. Donc c'est assez impressionnant et ça va vite. Ce n'est pas pour dans 15 ans, c'est peut-être pour dans, on va dire, dans 5 à 10 ans. Et moi je pense que la génétique c'est le point de départ de nos progrès demain. Alors moi je suis un doux rêveur, mais je pense que rêver ça ne fait pas de mal. Et je pense qu'on pourra se passer de solutions chimiques à l'avenir en ayant, comme j'ai dit, un rapport sol et variété pour construire nos étiquettes. Et pour preuve, cette année, dans le cadre de l'UFS, j'ai mis une plateforme poré-génétique en blé, parce que l'agriculteur nous dit toujours « ouais c'était mieux les années des variétés des années 80 » . Et bien on va voir, donc on a une plateforme progrès génétique pour nos estivales du mois de juin. Donc pour ceux que ça intéresse, je vous invite à venir pour découvrir un peu l'évolution depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui des variétés. Et puis je pense que ça sera très parlant. Le problème qui va rester, je pense à l'avenir, je pense que les insectes, les maladies, par la génétique, les méthodes agronomiques, on arrivera à gérer les problèmes. Le problème ça va vraiment être le désherbage. Je pense que c'est un problème... Un peu complexe parce que moi, c'est le sentiment que j'ai. Je pense qu'on a créé des biotopes beaucoup trop azotés aujourd'hui dans nos rotations. Et on sait que les graminées sont des plantes très nitrophiles, donc qui adorent l'azote. Tant qu'on aura énormément d'azote dans nos rotations, je pense qu'on aura du mal à se défaire des graminées. Donc il faut, à mon avis, demain casser un peu tout ça. Donc ça sera casser les rotations. Ce n'est pas facile à entendre, mais je pense que c'est le point de départ. Et puis mettre tous les leviers qu'on a à notre disposition pour gérer ces graminées, en prenant la chimie comme finition. Et justement, dans Centrale Inoxatec, on a mis une plateforme en place sur notre zone, en plus, sur Breteuil. C'est une plateforme désherbage, mais qui sera pluriannuelle. C'est-à-dire qu'on sera au même endroit pendant plusieurs années. Je crois que c'est prévu sur 3 à 4 ans. Donc on va tester tous les leviers qu'on a. On a différentes techniques d'implantation. On a du semi-direct, on a du technique culturelle simplifiée, du labour. On a des décalages de date de semi. On a du travail mécanique. On travaille aussi sur les variétés, le pouvoir couvrant des variétés. On aura toujours d'essais, moi j'appelle ça chimie lourde, mais pour avoir un peu les innovations qui arrivent, même si on sait que les prochaines grosses innovations, ce n'est pas avant deux ans. Et puis aussi, ce qu'on va faire justement, l'innovation, c'est qu'on va mettre en place différentes rotations, avec du travail du sol, sans du travail du sol, pour faire voir que casser sa rotation, c'est peut-être la solution de demain, même si ce n'est pas facile, parce qu'ils n'ont pas... Tous les agriculteurs n'ont pas le même type de sol ou la même possibilité de casser les rotations, mais je pense que de le mettre en visuel pour les agriculteurs, je pense que c'est ce qu'il n'y a plus parlant. Donc on espère pouvoir faire visiter la plateforme au mois de mai aux agriculteurs qui le souhaitent.

  • Speaker #0

    Super, donc Laurent fait du teasing pour nos événements du printemps, donc la visite des herbages inoxatec et les estivales, nos visites d'essais annuels qui auront lieu cette année le 11 juin. Alors au début du podcast, on a mentionné le fait que tu étais technicien commercial. Tout ce que tu nous dis là, c'est très intéressant. Et en quoi ça implique le métier des techniciens commerciaux ?

  • Speaker #2

    Je pense que le métier du technicien évolue. Et les techniciens qui seront là demain, c'est ceux qui seront capables de créer du lien, du lien de confiance avec leurs agriculteurs. Ça, je pense que c'est primordial. Je pense qu'il faut que le technicien s'interroge vraiment sur les attentes des agriculteurs. Je pense que c'est ça que des fois on perd un peu de vue. Je prends toujours un exemple, moi j'avais un adhérent à qui je travaillais très bien, mais il ne me prenait jamais de produits colza. Et je ne comprenais pas, je me suis dit est-ce que c'est le tarif, ou je lui présente mal, je ne sais pas. Et une fois on avait un peu de temps, donc on prend le temps, on discute, et en discutant il me dit, tu sais moi Laurent je choisis les produits les plus soft. vis-à-vis des riverains et des apiculteurs, parce que j'ai une ferme qui est très morcelée et je travaille beaucoup à côté de beaucoup d'apiculteurs. Je ne m'étais jamais posé la question. Et pour moi, c'était un vrai électrochoc. Je me dis, il ne faut pas penser à la place des agriculteurs, ou alors lui amener une solution, il faut vraiment répondre à ses attentes. Et je pense que le TC qui sera demain, c'est celui qui est capable déjà, un, d'écouter les attentes de ses agriculteurs, dont lui poser des questions, qui est capable de se remettre en question. Je pense que ça c'est super important, la remise en question perpétuelle. On ne peut pas aujourd'hui rester sur nos acquis, il faut vraiment se remettre continuellement en question. Pour moi c'est capital. Et il faut aussi, je l'avais dit tout à l'heure, avoir une vue un peu plus globale de l'exploitation. Il n'y a pas que l'aspect technique, mais il y a l'aspect économique. Chaque agriculteur n'est pas dans la même situation, n'a pas les mêmes rotations. Et aussi organisationnel, parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui gardent le patrimoine, qui font faire à façon. Donc voilà, il faut essayer de comprendre tout ça. Ce n'est pas facile. Il y a aussi des gens qui changent le système. Donc il y a des enjeux, il y a des coûts. Donc ça, c'est vraiment pour moi capital pour demain.

  • Speaker #0

    Et côté expérimentation, si tu devais nous donner un aperçu justement des projets en cours et les plus prometteurs pour l'avenir ?

  • Speaker #2

    Je l'ai dit, nous on fait... On met en place beaucoup de plateformes. On a une plateforme ACS maintenant, donc chez un agriculteur qui est en ACS. On a des plateformes SIV pour les gens qui sont en méthanisation. On a une plateforme bio pour les gens en bio. On a une plateforme en conventionnel. Donc tout ça, c'est la microparcelle. Donc on l'a dit tout à l'heure, c'est important pour avoir de l'acquisition de référence, on va dire qu'on crée la caisse à outils. J'ai des solutions à ma disposition. Donc ça, c'est super important et je pense qu'il faut continuer à le faire. Parce que... On a besoin de ça. Mais aujourd'hui, si je prends l'exemple, un agriculteur, si on prend deux variétés d'orge par exemple, quelqu'un qui fait de la météorisation ou quelqu'un qui fait du grain, les attentes ne sont pas les mêmes. Donc la variété ne sera pas forcément la même. Donc ça c'est important de prendre ça en compte. La variété standard qui passe partout, ça n'existe pas. Généralement c'est pas très bon. Donc si on part de ce constat là, les questions qu'on a des agriculteurs, je pense qu'ils ne remettent pas en cause le fait qu'on fasse des essais en micro-parcelles. Je pense que la question qu'ils se posent c'est, comment moi j'agrège tout ça ? Et je pense qu'aujourd'hui nous aussi on se pose la question, c'est comment de toutes ces données qu'on a, on peut les agréger pour aider nos agriculteurs à construire des inévitables qui correspondront aux enjeux de demain. Et donc aujourd'hui la coopérative, on est parti pour essayer de faire des essais plutôt dans ce type de conduite, mais on ne peut pas le faire en micro-parcelles, c'est très compliqué. Et je pense que là il faut le faire en bande. Donc des essais bandes, il y a moins de répétition, mais là on ne compare pas les mêmes choses. Mais les indicateurs sont aussi à créer, donc là on a commencé cette année, on a des essais colza en bande, on a des essais blé en bande, on a des essais orge en bande, sur un peu ces thématiques. La principale difficulté c'est déjà de... pouvoir faire les bandes, parce qu'il faut être en... Là, on est en pratique agriculteur, donc on l'embête un petit peu. Et puis aussi, c'est les indicateurs. Il faut qu'on soit capable de mettre en place quels indicateurs on prend en compte. Donc ça, c'est un peu compliqué, mais c'est passionnant. Et puis aussi, il faut être plus proactif, parce qu'on travaille avec le temps et l'agriculteur. Donc il faut... Ça demande un peu plus de temps. Donc on est en train de se construire. Et le but, c'est de pouvoir faire, par exemple, visiter aux agriculteurs... pendant nos estivales et de leur donner la restitution au mois de décembre en intégrant les volets économiques, c'est-à-dire des consommations de carburant, des émissions de GES, vraiment en allant jusqu'au bout des choses. Et ce n'est pas forcément de montrer qu'on sait tout faire, mais c'est de montrer qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui avec la caisse à outils qu'on a. C'est un peu l'idée et donc c'est un peu la remise en question qu'on a aujourd'hui chez nous. Alors aujourd'hui, on part sur des bandes. Est-ce qu'on fera des bandes ? en système, c'est peut-être l'étape d'après. Mais on a fait un premier pas cette année. On espère évoluer dans les années à venir pour répondre aux questions de nos adhérents.

  • Speaker #0

    On en profite pour remercier les adhérents qui participent à tous ces essais.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'on les embête un petit peu, même un peu beaucoup des fois. Donc c'est vrai, c'est important, mais c'est important parce que c'est aussi une relation de confiance avec eux qu'on instaure. Donc c'est important d'avoir des gens qui soient prêts à expérimenter.

  • Speaker #0

    Et pour aller plus loin, j'ai envie de dire que ça sert aux agriculteurs. pour référencer les solutions techniques qui vont répondre à leur contexte pédoclimatique. Mais ça va plus loin. C'est aussi de répondre aux besoins de la filière et des cahiers des charges des clients à la fin.

  • Speaker #2

    Tout à fait. De toute façon, tout ce qu'on fait, c'est aussi formateur, à la fois pour les agriculteurs, pour nos TC aussi. Il faut oublier que nos TC ont besoin de formation pour pouvoir suivre ces agriculteurs. Et bien sûr, on prend... Quand on fait des choses, on prend toujours en compte le cahier des charges de nos clients aujourd'hui, qu'Agora aujourd'hui ou qu'Agora aura demain. Donc on ne fait pas ça pour se faire plaisir. L'idée première, c'est vraiment la rentabilité, à la fois pour la coopérative et les adhérents.

  • Speaker #0

    De l'amont à l'aval.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans le podcast qu'on a fait juste avant le tien, on était avec Marc qui est agriculteur et je lui ai demandé si selon lui, il fallait mieux, en tant qu'agri... Être un bon gestionnaire ou un bon technicien pour gérer une exploitation agricole ? Alors je pense pas qu'il faut opposer les deux, mais toi quand tu accompagnais les agriculteurs avec ton expérience, qu'est-ce que t'as observé ?

  • Speaker #2

    Alors je vais te faire une réponse au normand, parce que est-ce qu'il vaut mieux être un bon technicien ou un bon gestionnaire ? Pour moi, je n'opposerais pas les deux. Pour moi, c'est le mot qui revient souvent dans ma bouche, mais je pense que pour moi c'est un fil conducteur, c'est pragmatisme. Il faut que l'agriculteur soit, comment dirais-je, qu'il puisse prendre en compte l'aspect agronomique, ses capitales. Il y a des choses qu'on est obligé de sécuriser dans un ITK, il y a des choses sur lesquelles on peut prendre un risque, mais d'autres non. Voilà, moi je pense, toujours un exemple, les pucerons à l'automne, s'il y en a beaucoup, le problème c'est qu'on saura qu'ils ne sont vérifiés qu'au printemps, donc c'est un peu trop tard, l'assurance, c'est une question d'assurance. Les dernières réceptoriose, on ne peut pas faire d'impasse en fonds licides, il y a des années on peut le faire, donc il y a une notion de risque à prendre en fonction du contexte, ça c'est important. Et puis après ce qui est important aussi c'est l'économique, donc je pense que pour prendre des bonnes décisions la culture doit connaître son coût de production, ça me paraît un élément capital.

  • Speaker #0

    Donc voilà, et c'est la gestion des deux qui permet d'être à l'équilibre. Opposer les deux, pour moi, ça n'a pas de sens. Il faut vraiment avoir l'équilibre entre les deux. Donc il faut être pragmatique. Le métier d'agriculteur, pour moi, c'est un métier de pragmatisme.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu vas un petit peu plus loin que juste la gestion de marge. Ce que tu dis, c'est qu'on ne peut pas que raisonner financier. Parce que si on raisonne financier tous les ans, peut-être qu'on va simplifier son assaulement pour être plus rentable. Et du coup, pour gérer le risque à long terme, peut-être qu'il y a des problématiques agronomiques qui vont apparaître si on fait à l'impasse de certains sujets techniques.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Généralement, si on pilote son exploitation par l'économique, la simplification, c'est que tu simplifies ton assaulement. Et on voit aujourd'hui les problèmes que ça crée, aujourd'hui des herbages principalement, mais demain, comme tu l'as dit, avec les aléas climatiques, les choses comme ça, on aura besoin aussi, pour gérer cet aspect des herbages, d'avoir des rotations. Donc si on résume... Si on ne raisonne qu'économique, on va se créer des impasses. Et si on raisonne trop technique, quelque part, on veut trop aller extrémiser la technique, on risque de ne plus être rentable. Donc il faut trouver l'équilibre entre les deux. Et c'est notre rôle quelque part, c'est de voir où on peut mettre le curseur.

  • Speaker #1

    De garder le bon sens paysan.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Agora, c'est... On se caractérise souvent comme une coppe de proximité performante et attractive. Je voulais savoir, est-ce que toi c'est des valeurs qui te parlent ? Est-ce que tu penses que justement l'accompagnement, la proximité, c'est un gage de pérennité pour un exploitant ?

  • Speaker #0

    Déjà pareil, la question, qu'est-ce qu'un bon suivi technique ? Il faut déjà se poser cette question-là. Je prends toujours l'exemple, c'est que la relation agriculteur-technicien, c'est du temps long. Un technicien, il ne peut pas connaître le... le secteur au bout de six mois, les problématiques de la culture au bout de six mois. Donc il faut un peu de temps pour que la relation s'installe. Et on ne peut pas standardiser les choses, parce que dans le même village, on peut avoir deux adhérents, mais avec les mêmes types de terres, qui ont des assolements complètement différents, qui ont des charges de mécanisation complètement différentes. Donc on ne peut pas standardiser. Ils peuvent aussi avoir des appétences différentes, parce qu'on est tous différents, heureusement. il faut toujours garder à l'esprit qu'un agriculteur c'est un individu voilà pour moi il n'y a pas de standard et le suivi doit donc être adapté à chaque individu donc c'est à dire si j'ai 50 adhérents dans mon portefeuille quelque part j'ai 50 individus différents avec 50 suivis différents aujourd'hui c'est ça qui doit être le fil conducteur du tc quelque part parce qu'il pourra La notion de standardisation doit disparaître quelque part. Ça, c'est super important. Et puis l'agriculteur, souvent, il est aussi seul à prendre ses décisions. Il ne faut pas l'oublier. L'agriculteur, il n'a pas comme un technicien des gens autour de lui. Et donc, le bon suivi technique, on va dire, avant, il ne passait que par le technicien. Le technicien, c'est un peu le généraliste. Je prenais l'exemple, j'étais un peu le médecin généraliste. Mais comme un médecin généraliste, je n'ai pas la réponse à tout. Des fois sur des sujets bien précis, j'ai besoin de faire appel à un spécialiste. Et justement à la COP, l'agriculteur a de la chance parce qu'il y a aussi des spécialistes sur certains domaines. On prend le pôle service, sur là aussi la fertilisation, puisque j'ai ma collègue Claire qui s'occupe aujourd'hui de la fertilisation et de la fertilité des sols. Donc sur des points précis, on peut intervenir auprès de l'agriculteur et du technicien. Donc la notion d'équipe dans le suivi est aussi très importante parce qu'on peut avoir... Sur des points précis, amener vraiment, creuser à aller plus profond pour répondre à des problèmes que peut rencontrer l'agriculteur. Donc je pense que l'agriculteur aujourd'hui, il a une chance, c'est qu'il a une équipe autour de lui qui peut répondre à ses demandes. Je pense que la notion d'équipe est très importante dans les suivis agriculteurs à l'avenir.

  • Speaker #1

    Donc la COP, elle aide l'agriculteur et aussi à travers le suivi technique avec d'autres outils aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, on a des outils. Si on prend la traçabilité, par exemple. Aujourd'hui, l'agriculteur peut faire sa traçabilité sur un cahier, pas de souci. Il n'y a rien qui impose de faire une traçabilité par un autre organisme. Aujourd'hui, avec la réglementation qui évolue en permanence, même nous, on est obligé de suivre ça de façon assez juste et précise et régulière parce que ça évolue pratiquement toutes les semaines. Et ça, l'agriculteur ne peut pas le faire. Donc, on va voir. Aujourd'hui, ces outils de traçabilité sont mis à jour régulièrement. On a les outils de pilotage, d'aide à la décision qui peuvent l'aider dans son choix. Donc ça l'accompagne, ça peut lui permettre de gagner encore en fiabilité et en précision pour ses interventions. Donc ça, c'est des choses qu'il ne peut pas faire tout seul. Il a besoin forcément, et c'est des outils qui sont complexes. Donc ils ne peuvent pas être mis en place seulement au niveau de la coopérative. C'est des outils qu'on est obligé d'aller chercher à l'extérieur. se les approprier pour pouvoir après les proposer aux agriculteurs. Mais c'est des choses qui sont mutualisées avec d'autres aussi. Donc il y a aussi de la fiabilité et de la data. Donc ça, l'agriculteur ne peut pas l'avoir tout seul.

  • Speaker #1

    Et puis nous, on teste aussi les solutions qui peuvent répondre le mieux au contexte d'exploitation qu'on accompagne.

  • Speaker #0

    Tous les ans, on teste des nouvelles solutions en OAD, que ce soit en fertilisation, même en santé des plantes. Aujourd'hui, les OAD, nous, Ausha travaille avec Xarvio, mais il y en a d'autres, se développent sur plein de cultures. Et nous, notre but, c'est aussi de valider le fait qu'ils soient pertinents pour aider nos adhérents à évoluer à l'avenir.

  • Speaker #1

    Alors, une autre question. On entend dire aujourd'hui, un petit peu dans la plaine, que les gammes de produits agricoles, j'entends notamment les produits de santé végétale, tendent à devenir plus génériques, ou les solutions techniques à se standardiser, tu l'as un peu dit dans nos échanges. Quels risques ou quelles opportunités, selon toi, ça peut amener ?

  • Speaker #0

    Effectivement, on est en train de vivre une générisation du marché santé végétale, puisque les molécules tendent dans le domaine public. Un petit point pour nos agriculteurs, c'est ce qui tombe dans le domaine public, c'est la molécule. La molécule devient ce qu'on appelle un banalisé. C'est vrai qu'à court terme, pour l'agriculteur, c'est des gains puisque les produits deviennent moins chers. C'est un peu comme dans les médicaments. Le gros risque que l'on a, c'est qu'on va avoir une perte d'innovation. Parce qu'aujourd'hui, oui, les produits se banalisent et sont moins chers, mais on les utilise de plus en plus. Donc on a les problèmes de résistance qui apparaissent. Et si derrière on n'a pas de solution qui vienne pour remplacer, à plus ou moins long terme on risque de se créer des impasses. Donc c'est bien important pour du court terme, mais pour du long terme c'est pas forcément gagnant pour l'agriculteur. On aura quand même besoin d'innovation, on le voit en médecine, donc ça s'applique aussi à nous. Et je pense qu'il ne faut pas oublier l'innovation, c'est ce qui nous fait avancer.

  • Speaker #1

    Donc on a besoin de rester curieux, de rester en veille. Comment on fait aujourd'hui justement dans toute cette complexité qu'on a mentionné là pendant les minutes du podcast, comment on fait pour que chaque métier puisse garder finalement sa substance et son savoir-faire sans devoir faire appel systématiquement à des experts en tout qui ne seront pas forcément disponibles partout ?

  • Speaker #0

    De toute façon, tous les agriculteurs n'ont pas forcément besoin d'un conseiller sur des points spécifiques. Le technicien est déjà à même de gérer beaucoup de dossiers. Le technicien reste aujourd'hui pour moi le lien entre l'agriculteur et la coopérative. Souvent il est dans le dépôt de collecte, il est très près du terrain, il est très près de l'agriculteur. Pour moi ça reste son principal lien avec la coopérative, c'est même souvent des liens assez forts. Donc ça, ça ne changera pas. Je pense que ce qu'il faut plutôt prendre en compte, c'est pas la notion spécialiste, c'est la notion d'équipe. C'est-à-dire qu'il faut regarder... Le travail en équipe du pôle agro que l'on peut amener auprès d'un TC, du pôle service, c'est plus un travail d'équipe. C'est pour aider l'agriculteur et que l'agriculteur soit habitué à voir peut-être une autre personne. Mais je ne pense pas qu'il ne peut avoir à faire qu'à des spécialistes. Je pense que le rôle du TC sera toujours là parce que c'est vraiment le lien avec la COP. Pour moi, c'est le lien fort avec la COP. Il le voit tous les jours. Le spécialiste, il va le voir une fois dans l'année, peut-être ou deux. Donc il n'a pas forcément le recul que peut avoir le technicien. Donc ça c'est important. Et donc l'enjeu aussi pour nous c'est de former nos techniciens pour qu'ils restent toujours au top ou à la pointe de la connaissance. Donc c'est un peu mon rôle de pouvoir vulgariser tout ce qu'on a pour qu'eux justement puissent aussi continuer à monter en compétence.

  • Speaker #1

    Nos échanges sont très intéressants. Tu soulèves des sujets qui touchent du doigt les exploitations. Plus de réglementaires, plus d'enjeux économiques, environnementaux. Finalement, j'ai l'impression que le technicien, il a plusieurs casquettes comme l'agriculteur. Et toi, du coup, qu'est-ce qui te passionne dans l'agronomie aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, ce qui me passionne et qui me motive, c'est de mettre des plateformes en place tous les ans. Parce que tous les ans, c'est un challenge. Tous les ans, c'est différent. Tous les ans, c'est une remise en cause. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai 58 ans. J'ai l'impression d'avoir 25 dans ma tête et je vois le monde agricole évoluer. Moi ce qui me perturbe, je pense que c'est mon passé de technicien, de ne pas pouvoir peut-être donner une solution ou un axe de solution à un agriculteur. Ça me frustre quelque part. Donc d'essayer de chercher des solutions qui peuvent répondre aux besoins et aux attentes des agriculteurs, c'est ça qui me motive. Donc tous les ans, vraiment, pour moi c'est un vrai challenge. Et puis je travaille en équipe. Donc ça c'est aussi super intéressant. Donc ouais c'est vraiment ça qui me motive tous les ans.

  • Speaker #1

    Ouais parce que là ça fait quand même 32 années que t'es chez Agora. Tu as récemment reçu la médaille du travail, c'est un bel accomplissement. Qu'est-ce qui te motive au quotidien à investir autant de temps et d'énergie ?

  • Speaker #0

    Ce qui me motive c'est de travailler en équipe, je l'ai dit, avec des gens passionnés et aussi avec des gens de différentes générations. C'est très bien l'intergénérationnel parce qu'on n'a pas tous les mêmes approches, les mêmes attentes, les mêmes sensibilités. De mixer tout ça, ça fait des fois un beau melting pot. Moi, je trouve que c'est enrichissant. Et puis, ce qui me pousse aussi, c'est la transmission. Garder le savoir, pour moi, ça ne me paraît pas important. Ce qui est important, c'est de le diffuser. Parce que moi, l'information, je l'ai. Elle ne me paraît pas importante pour moi. Mais celui qui ne l'a pas, pour lui, elle peut être importante. Et de transmettre, transmettre à des jeunes, pour que la COP continue d'évoluer et continue après que je serai en traite. Donc ça, c'est quelque chose qui me motive aussi tous les jours.

  • Speaker #1

    Tu m'as fait une belle transition sur la transmission. On arrive à la fin du podcast. J'ai un peu maintenant mes petites questions signatures de fin. Donc justement, sur ce sujet de transmission, Laurent, avec ton expérience, aujourd'hui, qu'est-ce que tu aimerais transmettre peut-être à un jeune agriculteur qui veut s'installer ou qui veut rejoindre la COP ou un jeune qui s'intéresse à la profession, à l'agronomie et qui souhaite se préparer à ses métiers ?

  • Speaker #0

    Pour les deux, je pense que d'un premier temps, il ne faut pas croire qu'il y a de solution toute faite. Ça n'existe plus. Il faut être curieux. J'ai toujours la question bête, c'est celle qu'on ne pose pas, mais dont on n'a jamais la réponse. Donc ça c'est bête, mais souvent c'est comme ça. On n'ose pas poser une question en pensant être un peu idiot, mais on est un peu idiot parce qu'on n'a pas la réponse. Donc ça c'est important, ne pas craindre de se remettre en question. Pour moi, la remise en question, c'est quelque chose d'important. Si on ne se remet pas en question, on n'avance pas. Après, bien sûr, je vais le reprendre, mais pour moi, il faut être pragmatique. Dans notre milieu, on travaille vivant, il faut rester pragmatique.

  • Speaker #1

    Et quelle idée reçue aimerais-tu lever sur ton métier ou sur l'agriculture ?

  • Speaker #0

    Vraiment, l'image que je n'aime pas, c'est qu'on est des pollueurs. Et ça, je voudrais qu'on arrive à pouvoir se détacher de ça, qu'on entretienne aussi le paysage. Et je pense que ça, c'est quelque chose qui me touche. Donc je voudrais vraiment qu'on se sépare de cette image.

  • Speaker #1

    Pour continuer dans ce qui te touche, qu'est-ce qui te rend fier dans ton métier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Quelque part, mon petit niveau de pouvoir nourrir la planète. Et puis de répondre à des attentes des agriculteurs. Je pense que c'est les deux choses qui me font me lever tous les matins.

  • Speaker #1

    Dans le prochain épisode, on interrogera... Un agriculteur, on alterne dans nos podcasts. Est-ce que tu aurais une question, justement, pour cet agriculteur qu'on va interroger ? Oui,

  • Speaker #0

    je voudrais bien savoir qu'est-ce qu'ils attendent du pôle agro.

  • Speaker #1

    Du pôle agroécologie de la coopérative. Très bien, elle sera posée. Pour finir, petite question insolite du podcast. Aujourd'hui, je voulais savoir, tu as l'air vraiment très passionné, mais justement, si tu n'avais pas été dans l'agriculture, qu'est-ce que tu aurais fait ?

  • Speaker #0

    Je vais vous surprendre peut-être, mais je pense que j'aurais été militaire. Pourquoi ? C'est un peu le même ordre, c'est le travail d'équipe, c'est-à-dire qu'on met en commun des moyens pour aller à un endroit. Et puis il faut de la rigueur. Et je pense que dans mon métier, dans l'expérimentation, s'il n'y a pas de rigueur, malheureusement, on ne fait pas bien les choses. Donc je pense que c'est un métier qui m'aurait bien allé.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on ne l'a pas mentionné avant, mais il y a beaucoup de rigueur. Et puis dans un groupe, aller vers un objectif commun, c'est ce qu'on fait à la COP. Tous les jours. On est en plein dedans. Bon, super. Merci beaucoup, Laurent. Si tu avais un dernier message à adresser aux agriculteurs ou aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je voudrais juste leur dire que la coopérative a été créée par les agriculteurs, pour les agriculteurs, et qu'ils ont à leur disposition un formidable outil de travail, donc qu'ils n'hésitent pas à s'en servir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurent.

  • Speaker #0

    Merci, Honorine.

  • Speaker #1

    Un grand merci à Laurent de nous avoir partagé ses réflexions en toute transparence et spontanéité. Ce que je retire de nos échanges... c'est que les agriculteurs doivent composer avec une équation à plusieurs inconnus, météo, marché, géopolitique, réglementaire et j'en passe, et que la coopérative les aide au quotidien à trouver justement la solution à cette équation à plusieurs inconnus. Cela nécessite beaucoup de curiosité, d'optimisme et de pragmatisme, Laurent l'a souligné. J'espère que cet épisode aura nourri votre réflexion, et si cette discussion vous a plu, nous vous invitons à le partager autour de vous ou à en parler à un proche. A très vite dans Demain de Bot !

Chapters

  • Générique

    00:00

  • Introduction avec Romain, administrateur Agora

    00:29

  • Echanges avec Laurent

    03:14

  • Conclusion

    44:27

Description

Dans cet épisode, nous plongeons au cœur des défis techniques et agronomiques des exploitations de l’Oise et du Val d’Oise aux côtés de Laurent Pinsson, responsable expérimentation au sein du pôle agroécologie d’Agora.


🎙️ Ancien technico-commercial, Laurent partage avec nous son parcours, son évolution et sa vision des adaptations nécessaires pour accompagner les agriculteurs face aux enjeux climatiques, économiques et réglementaires.


🌾 À travers cet échange, nous abordons des sujets essentiels :

• Comment l’expérimentation permet-elle d’anticiper et de répondre aux défis agricoles ?
• Pourquoi l’agroécologie et la diversité des modèles agricoles sont-elles aujourd’hui indispensables ?
• Quelles innovations techniques façonneront l’agriculture de demain ?


💡 Que vous soyez agriculteur, technicien ou simplement curieux des évolutions du monde agricole, cet épisode vous plonge dans les coulisses de l’expérimentation et de l’accompagnement technique au service des agriculteurs.


🎧 Demain Deux Bottes : les voix du terrain pour cultiver l’avenir avec les pieds sur terre. Plongez dans cet épisode qui met en lumière l’expertise et la passion de Laurent pour une agriculture plus résiliente et innovante.


📍 Disponible sur toutes vos plateformes d’écoute préférées. 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui dans un nouvel épisode de Demain de Bot. Alors on le dit souvent, l'agriculture évolue à son rythme et la capacité des agriculteurs à toujours s'adapter au contexte est assez impressionnante. Et côté coopérative, comment un expert de terrain, comme Laurent Pinson, vit ces évolutions et accompagne les agriculteurs dans leurs problématiques ? C'est ce que nous allons découvrir aujourd'hui. Mais avant de laisser la parole à Laurent, nous accueillons Romain Fayol, administrateur de la coopérative... Agora et président de la commission agroécologie. Bonjour Romain, tu es administrateur au sein d'Agora et président de la commission agroécologie. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet avec Laurent, je t'ai sollicité pour nous donner un peu de contexte. Pourquoi Agora a internalisé un pôle agroécologie et quelle était l'ambition en 2020 et quelle est-elle aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Honorine. En 2020, Agora tournait une page avec le changement de direction. et avait besoin de réaffirmer son projet. Nous avons co-construit le projet Agora 2030 avec le conseil d'administration et les équipes Agora. Dans un deuxième temps, nous avons intégré un pôle agroécologie qui était la résultante de nos cinq axes stratégiques qui sont, pour le rappeler, l'orientation des marchés, l'innovation, les partenariats et l'engagement de la ferme Agora et de l'agroécologie.

  • Speaker #0

    Alors, on t'a présenté comme président de la commission agroécologie, mais peux-tu nous expliquer ce que ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Alors, il faut savoir que toutes les décisions de la coopérative sont portées par le conseil d'administration. Les commissions, en fait, ce sont des espaces d'échange pour défricher les sujets avant de les voter en conseil. Particulièrement, sur la commission agroécologie, on va défricher les sujets innovants. Aussi, ce que j'apprécie particulièrement, c'est que la commission... est composé d'administrateurs et d'agriculteurs adhérents qui s'engagent dans les projets agroécologiques de la coopérative.

  • Speaker #0

    Super, merci Romain pour cette introduction. Un dernier message pour nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Demain de Bot et bonne écoute avec Laurent Pinson, un épisode qui promet de mieux comprendre l'intérêt agroécologique au sein d'Agora.

  • Speaker #0

    Merci à Romain de nous avoir planté le contexte du pôle agroécologie dont Laurent fait partie. Sans plus attendre, nous accueillons Laurent. Cet épisode est un peu plus long qu'à l'accoutumée mais je vous invite. à l'écouter jusqu'au bout, car avec son expérience et sa vision terrain, Laurent nous apporte une prise de hauteur sur les prochains défis techniques des exploitations de l'Oise, du Val d'Oise et au-delà. Il nous apporte aussi son point de vue sur les adaptations du métier de technico-commercial. On l'écoute. Bonjour Laurent, bienvenue au micro du podcast Demain de Bot. Peux-tu te présenter brièvement et nous dire où nous nous trouvons aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Bonjour Honorine. Je me présente, Laurent Pinson, je suis le responsable du service expérimentation pour le Pôle Agro d'Agora et nous nous trouvons actuellement dans mon bureau au Pôle Agro.

  • Speaker #0

    Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, dans notre discussion, peux-tu nous retracer un petit peu ton parcours et nous en dire un peu plus sur ton rôle à la coopérative ?

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai commencé il y a 32 ans à la coopérative Force 5, j'ai commencé comme magasinier, ensuite j'ai été 26 ans technico-commercial sur le secteur du pay-tel, pour ceux qui connaissent. J'étais entre Précy-sur-Oise, Amblinville et Noailles. J'ai couvert ce secteur pendant 26 ans. J'étais aussi à la fin chef de région. J'ai évolué, j'ai rejoint le Pôle agro en 2021 pour m'occuper de l'expérimentation. L'expérimentation, j'avais commencé par ça dans mon cursus professionnel. L'idée, c'était de revenir à mes premiers amours, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça fait un peu de temps que tu es dans l'Oise. Tu viens d'un parcours technique et commercial avant de te tourner vers l'expert. Peux-tu nous expliquer un petit peu ce qui t'a motivé à évoluer dans tes fonctions ?

  • Speaker #2

    C'est le monde agricole qui a bien évolué. Moi, quand j'ai commencé dans les années 90, ça ne rajeunit pas, le modèle agricole était assez standardisé. On n'avait souvent qu'un seul type de ferme. L'objectif, c'était de produire, donc c'était assez standard. Et nous, on était un peu le médecin, le conseiller technique pour l'agriculteur. Et puis, les années passant, j'ai vu les modèles évoluer. Il y a des pratiques nouvelles qui sont arrivées, la méthanisation, le SMI direct, le bio. Donc on n'avait plus un modèle standard, mais différents modèles auxquels il fallait répondre. Donc à l'époque, ça m'a obligé à réfléchir, à me réinventer quelque part. Il a fallu penser différemment, parce que les modèles étaient différents. C'était aussi intéressant, on a été challengé à l'époque, mais ce n'était pas inintéressant. Il a fallu remettre certaines choses qu'on avait oubliées au centre du débat. Le sol, à l'époque, quand j'ai commencé, on considérait que c'était un peu un substrat, un support de culture. Aujourd'hui, on voit que c'est remis au centre du débat. C'est la chose qui est la plus importante. Il a fallu qu'on ait aussi une approche plus globale de l'exploitation, pas seulement technique. mais agronomique et aussi économique. Parce qu'aujourd'hui, les modèles évoluent, les pratiques aussi. Donc c'est ce qui m'a poussé à rejoindre le pôle agro pour essayer de trouver des solutions pour répondre à ces problèmes qui sont plutôt multifactoriels.

  • Speaker #0

    Et du coup, quel lien aujourd'hui tu fais entre ton ancien rôle de technicien commercial et ton poste actuel ? Comment ces deux casquettes se complètent ?

  • Speaker #2

    Pour moi, c'est de la continuité quelque part. Quand j'étais technicien, j'appréhende les problèmes que les agriculteurs ont sur le terrain, puisque j'ai quand même été 25 ans sur le terrain, donc je vois quels sont leurs problèmes, ou comment ont évolué leurs problèmes. Et j'ai été aussi technicien, donc comme je mets à la fois des essais en place, à la fois pour les agriculteurs et à la fois pour les techniciens, d'avoir eu un peu les deux casquettes, quelque part les deux approches, ça me permet de comprendre un peu les deux facettes, et de savoir comment je peux répondre à leurs questions.

  • Speaker #0

    Et puis il y a toute la partie aussi... données, j'imagine, parce qu'un responsable expé, il pense aux données techniques. Mais toi, tu vas peut-être un peu plus loin.

  • Speaker #2

    Moi, je pense aux techniques, mais pas seulement. Il faut penser aussi économique parce qu'il faut toujours rester rentable. Il ne faut pas qu'on le perde de vue. Aussi, des fois un peu organisationnel parce que les fermes aussi évoluent. On a des fermes qui sont en prestation. Donc, il faut essayer de répondre à tous les modèles. Ce n'est pas si simple. Ce n'est plus aussi simple, on va dire.

  • Speaker #0

    Et on l'a dit, aujourd'hui, tu es responsable expérimentation chez Agora. L'expérimentation au vaste sujet, ça peut peut-être sembler un peu complexe pour certains. Comment toi tu l'expliquerais aux auditeurs, notamment aux agriculteurs peut-être adhérents qui nous écoutent, quel est l'intérêt pour eux d'avoir une coopérative qui parle d'agroécologie, qui expérimente, justement dans ce contexte que tu dis qui se complexifie ?

  • Speaker #2

    Comme je l'ai dit, on assiste à une diversification des modèles, on va dire, ou au système d'agriculture, et c'est couplé avec une perte. de solutions on va dire chimiques, on a de moins en moins de molécules, on voit qu'on nous en retire encore tous les jours, on va voir qu'on va perdre le flux phénacétan désherbage en 2025, ça va être quand même un peu compliqué à gérer, quel que soit le modèle, et on a aussi une réglementation qui évolue, les besoins des riverains est prise en compte de façon plus importante, et on a aussi moins d'innovation qui arrive de la part des des firmes chimiques. puisque c'est de plus en plus compliqué d'homologuer un produit. Et donc, il nous faut trouver des solutions pour rester compétitifs et pour continuer à produire pour nourrir la planète. Donc, les challenges sont un peu plus compliqués qu'avant. Donc, il est intéressant d'expérimenter parce que les solutions sont de plus en plus complexes. On voit, la chimie ne répondra pas à toutes les questions. Ça, c'est clair. Donc, il faut essayer de mixer un peu tout ça. Mais ce qui est important, c'est que, je dirais, l'expérimentation... C'est l'acquisition de références. Ça, c'est important. Ça veut dire que ça nous permet de valider si une solution fonctionne ou pas. Ça, c'est super important. Si on prend un exemple, un agriculteur, il va faire un essai par an chez lui. Si on considère qu'un agriculteur, il a 40 ans, ça fait 40 essais. Globalement, nous, chez Agora, par an, on met à peu près 5000 micro-parcelles en place, que ce soit en variété, santé végétale, biostim, fertilisation. Donc, c'est assez complet. Et on intègre ça dans un réseau de parcelles d'Inoxatec. Donc c'est gigantesque la puissance qu'on peut avoir. Donc on a vraiment une grosse base de données à notre service. Donc ça, c'est super intéressant. Et donc, vous voyez, la coopérative, si on mixe tout ça, l'agriculteur, il ne peut pas avoir toutes ces données. Ce n'est pas possible. Donc il va faire des expérimentations de son côté, oui, mais c'est 40, on va dire, une quarantaine d'expérimentations sur sa vie d'agriculteur. Nous, on va en tester, on va dire des milliers. Mais si on regarde le nombre de micro-parcelles sur Yanoxatec, je crois que c'est assez monstrueux. Donc là... La puissance des résultats nous permet d'avoir des choses, on va dire, pertinentes et on est sûr que ça fonctionne pour pouvoir le vulgariser auprès de l'agriculteur. Mais dans tout ça, moi ce que je retiens, c'est qu'il faut rester pragmatique. On travaille avec du vivant, donc il faut rester pragmatique.

  • Speaker #0

    Oui, parce que la solution magique, elle n'existe pas. Donc là, la COP, elle est dans son rôle de mutualiser les moyens. Tu as parlé d'InnoxaTech, peut-être dire en quelques mots ce que c'est ?

  • Speaker #2

    Alors InnoxaTech, c'est la centrale technique d'une centrale d'achat Innoxa. Donc nous sommes 15 associés autour de la table et nous gérons à peu près 250 essais qu'on mutualise et donc qu'on démultiplie aussi assez de façon importante. Si je prends l'exemple par exemple sur les maïs, un essai maïs chez InnoxaTech c'est entre 10 à 12 essais. Quand Arvalis en fait 6 sur la France, vous voyez, on a vraiment une grosse puissance en termes statistiques. On est capable de dire que si on dit dans les essais Noxatec, telle variété, par exemple, sort très bien, c'est que c'est validé sur 15 à 16 essais dans notre zone de Chalandise. Donc c'est ça qui est important. On a vraiment de la donnée locale.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu dis les 15 associés, c'est les COP et les Négoces plutôt Hauts-de-France, enfin Nord de Paris.

  • Speaker #2

    Nord et Sud de Paris.

  • Speaker #0

    Nord de Paris, ok. Donc on a parlé des enjeux de l'intérêt de l'expérimentation. Si on se met plus concrètement les pieds dans les bottes, j'aime bien demander à nos invités de nous prendre par la main et de nous expliquer pas à pas les grandes lignes de l'expérimentation sur une campagne. Est-ce que tu peux te prêter à l'exercice ?

  • Speaker #2

    Je vais essayer. Alors la première chose, c'est de savoir quel sujet est pertinent à mettre en expérimentation, parce que si c'est pour faire de l'expérimentation, pour de l'expérimentation, ça n'a aucun intérêt. Donc il faut que ça réponde à des questions ou des interrogations. à la fois des techniciens et des agriculteurs. Donc ce qu'on fait nous chez Agora, c'est qu'on se réunit, parce qu'en équipe c'est toujours intéressant. Donc on se réunit avec les chefs de service, du service céréales, du service semences, du service à pros, du service du pôle service pardon. Et donc on se réunit et on essaie de faire un plan d'expérimentation, de savoir quels sujets on doit traiter par rapport eux, leurs attentes. Donc voilà, c'est le premier point. Donc on se réunit. Une fois qu'on a fait ça, Et bien après, le gros travail c'est l'élaboration du protocole. Donc là, c'est là qu'il faut laisser aussi un peu de place à son imagination. J'aime bien avoir aussi des parcelles, comment je dirais, où il n'y a pas de limite. Laissez parler votre créativité. Des fois, on trouve des choses sans forcément être toujours le nez dans le guidon. Donc ça, c'est intéressant. Il ne faut pas avoir de limite. Il faut vraiment prendre en compte les problématiques. Mais il ne faut pas se fixer de limite, se dire non ça ne fonctionne pas. Il faut vraiment travailler à l'inverse, dire voilà je ne sais pas si ça fonctionne, essayons-le, ça fonctionne très bien, ça ne fonctionne pas, mais on passera à autre chose la prochaine fois.

  • Speaker #0

    Sans a priori.

  • Speaker #2

    Il ne faut pas d'a priori, voilà. Donc une fois qu'on a fait ça, on crée nos protocoles, on crée nos indicateurs de suivi, parce que le protocole c'est bien, mais savoir quels indicateurs je dois garder, qu'est-ce qui doit être pertinent pour pouvoir le restituer, ça c'est capital. Une fois qu'on a ça, on est une équipe, on est plusieurs, donc on contacte un agriculteur, on choisit un site, on va le piqueter, soit l'agriculteur s'aime, soit c'est nous qui se mou. Ça dépend un peu du type d'essai qu'on fait, entre une des essais variétés et des essais de santé végétale, c'est complètement différent. La méthodologie de piquetage reste la même, il n'y a pas de souci, on fait ça souvent en répétition, en micro-parcelles répétition. Et puis ensuite, c'est le suivi, donc si on fait des traitements, on fait des notations, ça c'est le moment très important. C'est pour ça que bien avoir cadré ce qu'il y a à faire, ça aide beaucoup pour le suivi des essais. Après, bien sûr, il y a la récolte. Une fois qu'on a récolté, il faut synthétiser tout ce qu'on a fait sur la campagne dedans pour pouvoir le vulgariser auprès de nos OTC et de nos agriculteurs et leur donner de la formation. Et ça, je dirais que c'est le premier volet. Mais ce qui est important aussi, c'est de faire du pluriannuel. Parce qu'aujourd'hui, on peut tirer une conclusion sur un essai à un endroit donné une année. Mais je pense que ce qui est important, c'est de faire du pluriannuel. Donc on voit aussi l'intérêt d'être chez Noxatec, c'est qu'on peut avoir plusieurs essais sur plusieurs années. Donc la puissance de résultats est encore découplée.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tous les ans, vous vous remettez en question, mais le contexte notamment climatique, peut-être pédoclimatique, n'est pas le même tous les ans.

  • Speaker #2

    Et puis nos collègues n'ont pas forcément les mêmes sols que nous, n'ont pas le même contexte pédoclimatique. Donc c'est intéressant aussi de comparer les solutions. dans différents environnements pour pouvoir justement tirer des grandes tendances.

  • Speaker #0

    Donc vous passez quand même pas mal de temps dans les champs ?

  • Speaker #2

    Oui encore, sinon je ne serais pas venu.

  • Speaker #0

    Et justement, quels sont les gros sujets techniques du moment pour les agriculteurs actuellement ?

  • Speaker #2

    Il y en a beaucoup, mais si on veut un peu prioriser, il y en a un qui revient de façon un peu récurrente, c'est le désherbage. On voit qu'on a de moins en moins de solutions dans notre caisse à outils. Il y a aussi des problèmes de résistance. Il ne faut pas non plus sous-estimer. On le voit avec les agriculteurs, c'est un sujet récurrent. Avant, c'était plutôt cancéreal et on voit que ça se développe sur d'autres cultures, maïs, betterave. Globalement, toutes les cultures sont un peu impactées, donc c'est vraiment un sujet global. Et je pense qu'il faut le prendre aussi de façon globale. Après, on a tout ce qui est aussi, on ne va pas dire réglementaire, mais qui nous est imposé. On a l'objectif 2030 avec les réductions d'IFT. On a aussi les démissions de gaz à effet de serre. Donc l'idée c'est demain, comment je vais faire aussi bien en mettant moins ou en utilisant moins. Donc ça c'est des gros enjeux, comme on le dit toujours, en restant économiquement rentable. Ça, il ne faut pas le perdre de vue. Là, il y aura la gestion de l'eau. Alors dans nos régions, on n'a pas forcément beaucoup de cuits irrigués, hormis les pommes de terre, mais quand même c'est un enjeu un peu national. Et puis on voit qu'on a aussi, alors changement climatique, je n'aime pas forcément l'eau, mais on a des à-coups climatiques de plus en plus marqués. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de questions d'agriculteurs sur quelle culture aujourd'hui, mais quel débouché. Donc c'est toujours aussi un compromis entre culture et débouché. Ce qu'on met beaucoup en place, on essaye de mettre en place des stratégies un peu d'évitement, en déplaçant les cycles des cultures, en mettant par exemple en sement des blés plus tard, avec des floraisons plus précoces, une moisson plus précoce, il y a peut-être plein de mécanismes à mettre en place aujourd'hui, donc c'est un peu complexe. Avec ça on a aussi une évolution des parasites, on n'a pas les mêmes pressions insectes, on n'a pas les mêmes pressions maladies, on l'a vu les dernières, années atypiques. Moi, dans ma carrière, je n'ai jamais vu autant de septorioses, même sur des blés tolérants. C'était assez impressionnant. Donc, on voit qu'on est quand même confronté à beaucoup de changements. Mais on voit qu'il n'y a rien de simple. Donc, c'est important. Et puis, le sol revient à travers l'ACS, revient au centre des préoccupations, mais pas seulement qu'en ACS.

  • Speaker #0

    ACS, c'est l'agriculture de conservation des sols. Voilà.

  • Speaker #2

    Mais on voit que... Je pense que c'est la première base, c'est de savoir, il faut que mon sol soit quand même, pas un substrat, mais quelque chose de vivant pour que je puisse intégrer. Et après, l'idée, c'est de savoir quelle variété je choisis pour pouvoir avoir un ITK justement moins consommateur en un temps, mais aussi plus résilient. Donc je pense que l'équation de départ, elle est là maintenant. Allez, c'est plus je mets un produit, ça répond. Non, c'est comment et quelle variété je choisis pour conduire mon ITK. vis-à-vis des objectifs qui me seront assignés dans les années à venir.

  • Speaker #0

    Un raisonnement global sur l'ITK, l'ITK, l'itinéraire technique ?

  • Speaker #2

    Oui, il faudra une approche globale de tout et pas raisonner. Parce que si on a fait les mauvais choix dès le départ, on ne pourra pas faire ce qu'on veut derrière. C'est très compliqué.

  • Speaker #0

    Tu as parlé de la vulnérabilité envers les aléas climatiques, des pressions maladies et de multiples sujets. Justement, toi qui es expert au pôle agro et... et qui voient les innovations, tu penses que quelles innovations pourraient jouer un rôle important dans les prochaines années justement pour être moins vulnérables ?

  • Speaker #2

    Tu vois j'ai 58 ans, j'étais technicien, mais en arrivant à Pôle Agro j'ai découvert un monde que je connaissais très peu, c'est par exemple les semenciers en céréales. On les voyait très peu, ils avaient affaire aux responsables techniques et puis aux responsables de semences, mais ces gens-là ils sont capables de faire des choses aujourd'hui. Assez extraordinaire. Moi, j'étais une réunion UFS il n'y a pas très longtemps. Donc c'est l'Union française des semences. Voilà, donc là, on a été conviés sur un sujet céréal. C'est assez impressionnant la connaissance du génome aujourd'hui qu'ils ont. Si je vous donne un exemple, demain, ils seront capables de mettre plusieurs gènes de résistance à la septoriose dans une même variété de blé. Aujourd'hui, ils ont identifié 23 gènes, je crois, de résistance à septo, donc un globalement par variété, donc ils sont bien définis. Mais l'idée demain, c'est de les mixer, c'est-à-dire d'en mettre plusieurs, pour que le pathogène n'arrive pas à contourner la résistance. C'est-à-dire qu'il utilise tellement d'énergie qu'à la fin, il ne soit pas inoffensif, mais presque pour la plante. Donc c'est assez impressionnant et ça va vite. Ce n'est pas pour dans 15 ans, c'est peut-être pour dans, on va dire, dans 5 à 10 ans. Et moi je pense que la génétique c'est le point de départ de nos progrès demain. Alors moi je suis un doux rêveur, mais je pense que rêver ça ne fait pas de mal. Et je pense qu'on pourra se passer de solutions chimiques à l'avenir en ayant, comme j'ai dit, un rapport sol et variété pour construire nos étiquettes. Et pour preuve, cette année, dans le cadre de l'UFS, j'ai mis une plateforme poré-génétique en blé, parce que l'agriculteur nous dit toujours « ouais c'était mieux les années des variétés des années 80 » . Et bien on va voir, donc on a une plateforme progrès génétique pour nos estivales du mois de juin. Donc pour ceux que ça intéresse, je vous invite à venir pour découvrir un peu l'évolution depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui des variétés. Et puis je pense que ça sera très parlant. Le problème qui va rester, je pense à l'avenir, je pense que les insectes, les maladies, par la génétique, les méthodes agronomiques, on arrivera à gérer les problèmes. Le problème ça va vraiment être le désherbage. Je pense que c'est un problème... Un peu complexe parce que moi, c'est le sentiment que j'ai. Je pense qu'on a créé des biotopes beaucoup trop azotés aujourd'hui dans nos rotations. Et on sait que les graminées sont des plantes très nitrophiles, donc qui adorent l'azote. Tant qu'on aura énormément d'azote dans nos rotations, je pense qu'on aura du mal à se défaire des graminées. Donc il faut, à mon avis, demain casser un peu tout ça. Donc ça sera casser les rotations. Ce n'est pas facile à entendre, mais je pense que c'est le point de départ. Et puis mettre tous les leviers qu'on a à notre disposition pour gérer ces graminées, en prenant la chimie comme finition. Et justement, dans Centrale Inoxatec, on a mis une plateforme en place sur notre zone, en plus, sur Breteuil. C'est une plateforme désherbage, mais qui sera pluriannuelle. C'est-à-dire qu'on sera au même endroit pendant plusieurs années. Je crois que c'est prévu sur 3 à 4 ans. Donc on va tester tous les leviers qu'on a. On a différentes techniques d'implantation. On a du semi-direct, on a du technique culturelle simplifiée, du labour. On a des décalages de date de semi. On a du travail mécanique. On travaille aussi sur les variétés, le pouvoir couvrant des variétés. On aura toujours d'essais, moi j'appelle ça chimie lourde, mais pour avoir un peu les innovations qui arrivent, même si on sait que les prochaines grosses innovations, ce n'est pas avant deux ans. Et puis aussi, ce qu'on va faire justement, l'innovation, c'est qu'on va mettre en place différentes rotations, avec du travail du sol, sans du travail du sol, pour faire voir que casser sa rotation, c'est peut-être la solution de demain, même si ce n'est pas facile, parce qu'ils n'ont pas... Tous les agriculteurs n'ont pas le même type de sol ou la même possibilité de casser les rotations, mais je pense que de le mettre en visuel pour les agriculteurs, je pense que c'est ce qu'il n'y a plus parlant. Donc on espère pouvoir faire visiter la plateforme au mois de mai aux agriculteurs qui le souhaitent.

  • Speaker #0

    Super, donc Laurent fait du teasing pour nos événements du printemps, donc la visite des herbages inoxatec et les estivales, nos visites d'essais annuels qui auront lieu cette année le 11 juin. Alors au début du podcast, on a mentionné le fait que tu étais technicien commercial. Tout ce que tu nous dis là, c'est très intéressant. Et en quoi ça implique le métier des techniciens commerciaux ?

  • Speaker #2

    Je pense que le métier du technicien évolue. Et les techniciens qui seront là demain, c'est ceux qui seront capables de créer du lien, du lien de confiance avec leurs agriculteurs. Ça, je pense que c'est primordial. Je pense qu'il faut que le technicien s'interroge vraiment sur les attentes des agriculteurs. Je pense que c'est ça que des fois on perd un peu de vue. Je prends toujours un exemple, moi j'avais un adhérent à qui je travaillais très bien, mais il ne me prenait jamais de produits colza. Et je ne comprenais pas, je me suis dit est-ce que c'est le tarif, ou je lui présente mal, je ne sais pas. Et une fois on avait un peu de temps, donc on prend le temps, on discute, et en discutant il me dit, tu sais moi Laurent je choisis les produits les plus soft. vis-à-vis des riverains et des apiculteurs, parce que j'ai une ferme qui est très morcelée et je travaille beaucoup à côté de beaucoup d'apiculteurs. Je ne m'étais jamais posé la question. Et pour moi, c'était un vrai électrochoc. Je me dis, il ne faut pas penser à la place des agriculteurs, ou alors lui amener une solution, il faut vraiment répondre à ses attentes. Et je pense que le TC qui sera demain, c'est celui qui est capable déjà, un, d'écouter les attentes de ses agriculteurs, dont lui poser des questions, qui est capable de se remettre en question. Je pense que ça c'est super important, la remise en question perpétuelle. On ne peut pas aujourd'hui rester sur nos acquis, il faut vraiment se remettre continuellement en question. Pour moi c'est capital. Et il faut aussi, je l'avais dit tout à l'heure, avoir une vue un peu plus globale de l'exploitation. Il n'y a pas que l'aspect technique, mais il y a l'aspect économique. Chaque agriculteur n'est pas dans la même situation, n'a pas les mêmes rotations. Et aussi organisationnel, parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui gardent le patrimoine, qui font faire à façon. Donc voilà, il faut essayer de comprendre tout ça. Ce n'est pas facile. Il y a aussi des gens qui changent le système. Donc il y a des enjeux, il y a des coûts. Donc ça, c'est vraiment pour moi capital pour demain.

  • Speaker #0

    Et côté expérimentation, si tu devais nous donner un aperçu justement des projets en cours et les plus prometteurs pour l'avenir ?

  • Speaker #2

    Je l'ai dit, nous on fait... On met en place beaucoup de plateformes. On a une plateforme ACS maintenant, donc chez un agriculteur qui est en ACS. On a des plateformes SIV pour les gens qui sont en méthanisation. On a une plateforme bio pour les gens en bio. On a une plateforme en conventionnel. Donc tout ça, c'est la microparcelle. Donc on l'a dit tout à l'heure, c'est important pour avoir de l'acquisition de référence, on va dire qu'on crée la caisse à outils. J'ai des solutions à ma disposition. Donc ça, c'est super important et je pense qu'il faut continuer à le faire. Parce que... On a besoin de ça. Mais aujourd'hui, si je prends l'exemple, un agriculteur, si on prend deux variétés d'orge par exemple, quelqu'un qui fait de la météorisation ou quelqu'un qui fait du grain, les attentes ne sont pas les mêmes. Donc la variété ne sera pas forcément la même. Donc ça c'est important de prendre ça en compte. La variété standard qui passe partout, ça n'existe pas. Généralement c'est pas très bon. Donc si on part de ce constat là, les questions qu'on a des agriculteurs, je pense qu'ils ne remettent pas en cause le fait qu'on fasse des essais en micro-parcelles. Je pense que la question qu'ils se posent c'est, comment moi j'agrège tout ça ? Et je pense qu'aujourd'hui nous aussi on se pose la question, c'est comment de toutes ces données qu'on a, on peut les agréger pour aider nos agriculteurs à construire des inévitables qui correspondront aux enjeux de demain. Et donc aujourd'hui la coopérative, on est parti pour essayer de faire des essais plutôt dans ce type de conduite, mais on ne peut pas le faire en micro-parcelles, c'est très compliqué. Et je pense que là il faut le faire en bande. Donc des essais bandes, il y a moins de répétition, mais là on ne compare pas les mêmes choses. Mais les indicateurs sont aussi à créer, donc là on a commencé cette année, on a des essais colza en bande, on a des essais blé en bande, on a des essais orge en bande, sur un peu ces thématiques. La principale difficulté c'est déjà de... pouvoir faire les bandes, parce qu'il faut être en... Là, on est en pratique agriculteur, donc on l'embête un petit peu. Et puis aussi, c'est les indicateurs. Il faut qu'on soit capable de mettre en place quels indicateurs on prend en compte. Donc ça, c'est un peu compliqué, mais c'est passionnant. Et puis aussi, il faut être plus proactif, parce qu'on travaille avec le temps et l'agriculteur. Donc il faut... Ça demande un peu plus de temps. Donc on est en train de se construire. Et le but, c'est de pouvoir faire, par exemple, visiter aux agriculteurs... pendant nos estivales et de leur donner la restitution au mois de décembre en intégrant les volets économiques, c'est-à-dire des consommations de carburant, des émissions de GES, vraiment en allant jusqu'au bout des choses. Et ce n'est pas forcément de montrer qu'on sait tout faire, mais c'est de montrer qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui avec la caisse à outils qu'on a. C'est un peu l'idée et donc c'est un peu la remise en question qu'on a aujourd'hui chez nous. Alors aujourd'hui, on part sur des bandes. Est-ce qu'on fera des bandes ? en système, c'est peut-être l'étape d'après. Mais on a fait un premier pas cette année. On espère évoluer dans les années à venir pour répondre aux questions de nos adhérents.

  • Speaker #0

    On en profite pour remercier les adhérents qui participent à tous ces essais.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'on les embête un petit peu, même un peu beaucoup des fois. Donc c'est vrai, c'est important, mais c'est important parce que c'est aussi une relation de confiance avec eux qu'on instaure. Donc c'est important d'avoir des gens qui soient prêts à expérimenter.

  • Speaker #0

    Et pour aller plus loin, j'ai envie de dire que ça sert aux agriculteurs. pour référencer les solutions techniques qui vont répondre à leur contexte pédoclimatique. Mais ça va plus loin. C'est aussi de répondre aux besoins de la filière et des cahiers des charges des clients à la fin.

  • Speaker #2

    Tout à fait. De toute façon, tout ce qu'on fait, c'est aussi formateur, à la fois pour les agriculteurs, pour nos TC aussi. Il faut oublier que nos TC ont besoin de formation pour pouvoir suivre ces agriculteurs. Et bien sûr, on prend... Quand on fait des choses, on prend toujours en compte le cahier des charges de nos clients aujourd'hui, qu'Agora aujourd'hui ou qu'Agora aura demain. Donc on ne fait pas ça pour se faire plaisir. L'idée première, c'est vraiment la rentabilité, à la fois pour la coopérative et les adhérents.

  • Speaker #0

    De l'amont à l'aval.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Dans le podcast qu'on a fait juste avant le tien, on était avec Marc qui est agriculteur et je lui ai demandé si selon lui, il fallait mieux, en tant qu'agri... Être un bon gestionnaire ou un bon technicien pour gérer une exploitation agricole ? Alors je pense pas qu'il faut opposer les deux, mais toi quand tu accompagnais les agriculteurs avec ton expérience, qu'est-ce que t'as observé ?

  • Speaker #2

    Alors je vais te faire une réponse au normand, parce que est-ce qu'il vaut mieux être un bon technicien ou un bon gestionnaire ? Pour moi, je n'opposerais pas les deux. Pour moi, c'est le mot qui revient souvent dans ma bouche, mais je pense que pour moi c'est un fil conducteur, c'est pragmatisme. Il faut que l'agriculteur soit, comment dirais-je, qu'il puisse prendre en compte l'aspect agronomique, ses capitales. Il y a des choses qu'on est obligé de sécuriser dans un ITK, il y a des choses sur lesquelles on peut prendre un risque, mais d'autres non. Voilà, moi je pense, toujours un exemple, les pucerons à l'automne, s'il y en a beaucoup, le problème c'est qu'on saura qu'ils ne sont vérifiés qu'au printemps, donc c'est un peu trop tard, l'assurance, c'est une question d'assurance. Les dernières réceptoriose, on ne peut pas faire d'impasse en fonds licides, il y a des années on peut le faire, donc il y a une notion de risque à prendre en fonction du contexte, ça c'est important. Et puis après ce qui est important aussi c'est l'économique, donc je pense que pour prendre des bonnes décisions la culture doit connaître son coût de production, ça me paraît un élément capital.

  • Speaker #0

    Donc voilà, et c'est la gestion des deux qui permet d'être à l'équilibre. Opposer les deux, pour moi, ça n'a pas de sens. Il faut vraiment avoir l'équilibre entre les deux. Donc il faut être pragmatique. Le métier d'agriculteur, pour moi, c'est un métier de pragmatisme.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que tu vas un petit peu plus loin que juste la gestion de marge. Ce que tu dis, c'est qu'on ne peut pas que raisonner financier. Parce que si on raisonne financier tous les ans, peut-être qu'on va simplifier son assaulement pour être plus rentable. Et du coup, pour gérer le risque à long terme, peut-être qu'il y a des problématiques agronomiques qui vont apparaître si on fait à l'impasse de certains sujets techniques.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Généralement, si on pilote son exploitation par l'économique, la simplification, c'est que tu simplifies ton assaulement. Et on voit aujourd'hui les problèmes que ça crée, aujourd'hui des herbages principalement, mais demain, comme tu l'as dit, avec les aléas climatiques, les choses comme ça, on aura besoin aussi, pour gérer cet aspect des herbages, d'avoir des rotations. Donc si on résume... Si on ne raisonne qu'économique, on va se créer des impasses. Et si on raisonne trop technique, quelque part, on veut trop aller extrémiser la technique, on risque de ne plus être rentable. Donc il faut trouver l'équilibre entre les deux. Et c'est notre rôle quelque part, c'est de voir où on peut mettre le curseur.

  • Speaker #1

    De garder le bon sens paysan.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Agora, c'est... On se caractérise souvent comme une coppe de proximité performante et attractive. Je voulais savoir, est-ce que toi c'est des valeurs qui te parlent ? Est-ce que tu penses que justement l'accompagnement, la proximité, c'est un gage de pérennité pour un exploitant ?

  • Speaker #0

    Déjà pareil, la question, qu'est-ce qu'un bon suivi technique ? Il faut déjà se poser cette question-là. Je prends toujours l'exemple, c'est que la relation agriculteur-technicien, c'est du temps long. Un technicien, il ne peut pas connaître le... le secteur au bout de six mois, les problématiques de la culture au bout de six mois. Donc il faut un peu de temps pour que la relation s'installe. Et on ne peut pas standardiser les choses, parce que dans le même village, on peut avoir deux adhérents, mais avec les mêmes types de terres, qui ont des assolements complètement différents, qui ont des charges de mécanisation complètement différentes. Donc on ne peut pas standardiser. Ils peuvent aussi avoir des appétences différentes, parce qu'on est tous différents, heureusement. il faut toujours garder à l'esprit qu'un agriculteur c'est un individu voilà pour moi il n'y a pas de standard et le suivi doit donc être adapté à chaque individu donc c'est à dire si j'ai 50 adhérents dans mon portefeuille quelque part j'ai 50 individus différents avec 50 suivis différents aujourd'hui c'est ça qui doit être le fil conducteur du tc quelque part parce qu'il pourra La notion de standardisation doit disparaître quelque part. Ça, c'est super important. Et puis l'agriculteur, souvent, il est aussi seul à prendre ses décisions. Il ne faut pas l'oublier. L'agriculteur, il n'a pas comme un technicien des gens autour de lui. Et donc, le bon suivi technique, on va dire, avant, il ne passait que par le technicien. Le technicien, c'est un peu le généraliste. Je prenais l'exemple, j'étais un peu le médecin généraliste. Mais comme un médecin généraliste, je n'ai pas la réponse à tout. Des fois sur des sujets bien précis, j'ai besoin de faire appel à un spécialiste. Et justement à la COP, l'agriculteur a de la chance parce qu'il y a aussi des spécialistes sur certains domaines. On prend le pôle service, sur là aussi la fertilisation, puisque j'ai ma collègue Claire qui s'occupe aujourd'hui de la fertilisation et de la fertilité des sols. Donc sur des points précis, on peut intervenir auprès de l'agriculteur et du technicien. Donc la notion d'équipe dans le suivi est aussi très importante parce qu'on peut avoir... Sur des points précis, amener vraiment, creuser à aller plus profond pour répondre à des problèmes que peut rencontrer l'agriculteur. Donc je pense que l'agriculteur aujourd'hui, il a une chance, c'est qu'il a une équipe autour de lui qui peut répondre à ses demandes. Je pense que la notion d'équipe est très importante dans les suivis agriculteurs à l'avenir.

  • Speaker #1

    Donc la COP, elle aide l'agriculteur et aussi à travers le suivi technique avec d'autres outils aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, on a des outils. Si on prend la traçabilité, par exemple. Aujourd'hui, l'agriculteur peut faire sa traçabilité sur un cahier, pas de souci. Il n'y a rien qui impose de faire une traçabilité par un autre organisme. Aujourd'hui, avec la réglementation qui évolue en permanence, même nous, on est obligé de suivre ça de façon assez juste et précise et régulière parce que ça évolue pratiquement toutes les semaines. Et ça, l'agriculteur ne peut pas le faire. Donc, on va voir. Aujourd'hui, ces outils de traçabilité sont mis à jour régulièrement. On a les outils de pilotage, d'aide à la décision qui peuvent l'aider dans son choix. Donc ça l'accompagne, ça peut lui permettre de gagner encore en fiabilité et en précision pour ses interventions. Donc ça, c'est des choses qu'il ne peut pas faire tout seul. Il a besoin forcément, et c'est des outils qui sont complexes. Donc ils ne peuvent pas être mis en place seulement au niveau de la coopérative. C'est des outils qu'on est obligé d'aller chercher à l'extérieur. se les approprier pour pouvoir après les proposer aux agriculteurs. Mais c'est des choses qui sont mutualisées avec d'autres aussi. Donc il y a aussi de la fiabilité et de la data. Donc ça, l'agriculteur ne peut pas l'avoir tout seul.

  • Speaker #1

    Et puis nous, on teste aussi les solutions qui peuvent répondre le mieux au contexte d'exploitation qu'on accompagne.

  • Speaker #0

    Tous les ans, on teste des nouvelles solutions en OAD, que ce soit en fertilisation, même en santé des plantes. Aujourd'hui, les OAD, nous, Ausha travaille avec Xarvio, mais il y en a d'autres, se développent sur plein de cultures. Et nous, notre but, c'est aussi de valider le fait qu'ils soient pertinents pour aider nos adhérents à évoluer à l'avenir.

  • Speaker #1

    Alors, une autre question. On entend dire aujourd'hui, un petit peu dans la plaine, que les gammes de produits agricoles, j'entends notamment les produits de santé végétale, tendent à devenir plus génériques, ou les solutions techniques à se standardiser, tu l'as un peu dit dans nos échanges. Quels risques ou quelles opportunités, selon toi, ça peut amener ?

  • Speaker #0

    Effectivement, on est en train de vivre une générisation du marché santé végétale, puisque les molécules tendent dans le domaine public. Un petit point pour nos agriculteurs, c'est ce qui tombe dans le domaine public, c'est la molécule. La molécule devient ce qu'on appelle un banalisé. C'est vrai qu'à court terme, pour l'agriculteur, c'est des gains puisque les produits deviennent moins chers. C'est un peu comme dans les médicaments. Le gros risque que l'on a, c'est qu'on va avoir une perte d'innovation. Parce qu'aujourd'hui, oui, les produits se banalisent et sont moins chers, mais on les utilise de plus en plus. Donc on a les problèmes de résistance qui apparaissent. Et si derrière on n'a pas de solution qui vienne pour remplacer, à plus ou moins long terme on risque de se créer des impasses. Donc c'est bien important pour du court terme, mais pour du long terme c'est pas forcément gagnant pour l'agriculteur. On aura quand même besoin d'innovation, on le voit en médecine, donc ça s'applique aussi à nous. Et je pense qu'il ne faut pas oublier l'innovation, c'est ce qui nous fait avancer.

  • Speaker #1

    Donc on a besoin de rester curieux, de rester en veille. Comment on fait aujourd'hui justement dans toute cette complexité qu'on a mentionné là pendant les minutes du podcast, comment on fait pour que chaque métier puisse garder finalement sa substance et son savoir-faire sans devoir faire appel systématiquement à des experts en tout qui ne seront pas forcément disponibles partout ?

  • Speaker #0

    De toute façon, tous les agriculteurs n'ont pas forcément besoin d'un conseiller sur des points spécifiques. Le technicien est déjà à même de gérer beaucoup de dossiers. Le technicien reste aujourd'hui pour moi le lien entre l'agriculteur et la coopérative. Souvent il est dans le dépôt de collecte, il est très près du terrain, il est très près de l'agriculteur. Pour moi ça reste son principal lien avec la coopérative, c'est même souvent des liens assez forts. Donc ça, ça ne changera pas. Je pense que ce qu'il faut plutôt prendre en compte, c'est pas la notion spécialiste, c'est la notion d'équipe. C'est-à-dire qu'il faut regarder... Le travail en équipe du pôle agro que l'on peut amener auprès d'un TC, du pôle service, c'est plus un travail d'équipe. C'est pour aider l'agriculteur et que l'agriculteur soit habitué à voir peut-être une autre personne. Mais je ne pense pas qu'il ne peut avoir à faire qu'à des spécialistes. Je pense que le rôle du TC sera toujours là parce que c'est vraiment le lien avec la COP. Pour moi, c'est le lien fort avec la COP. Il le voit tous les jours. Le spécialiste, il va le voir une fois dans l'année, peut-être ou deux. Donc il n'a pas forcément le recul que peut avoir le technicien. Donc ça c'est important. Et donc l'enjeu aussi pour nous c'est de former nos techniciens pour qu'ils restent toujours au top ou à la pointe de la connaissance. Donc c'est un peu mon rôle de pouvoir vulgariser tout ce qu'on a pour qu'eux justement puissent aussi continuer à monter en compétence.

  • Speaker #1

    Nos échanges sont très intéressants. Tu soulèves des sujets qui touchent du doigt les exploitations. Plus de réglementaires, plus d'enjeux économiques, environnementaux. Finalement, j'ai l'impression que le technicien, il a plusieurs casquettes comme l'agriculteur. Et toi, du coup, qu'est-ce qui te passionne dans l'agronomie aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, ce qui me passionne et qui me motive, c'est de mettre des plateformes en place tous les ans. Parce que tous les ans, c'est un challenge. Tous les ans, c'est différent. Tous les ans, c'est une remise en cause. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai 58 ans. J'ai l'impression d'avoir 25 dans ma tête et je vois le monde agricole évoluer. Moi ce qui me perturbe, je pense que c'est mon passé de technicien, de ne pas pouvoir peut-être donner une solution ou un axe de solution à un agriculteur. Ça me frustre quelque part. Donc d'essayer de chercher des solutions qui peuvent répondre aux besoins et aux attentes des agriculteurs, c'est ça qui me motive. Donc tous les ans, vraiment, pour moi c'est un vrai challenge. Et puis je travaille en équipe. Donc ça c'est aussi super intéressant. Donc ouais c'est vraiment ça qui me motive tous les ans.

  • Speaker #1

    Ouais parce que là ça fait quand même 32 années que t'es chez Agora. Tu as récemment reçu la médaille du travail, c'est un bel accomplissement. Qu'est-ce qui te motive au quotidien à investir autant de temps et d'énergie ?

  • Speaker #0

    Ce qui me motive c'est de travailler en équipe, je l'ai dit, avec des gens passionnés et aussi avec des gens de différentes générations. C'est très bien l'intergénérationnel parce qu'on n'a pas tous les mêmes approches, les mêmes attentes, les mêmes sensibilités. De mixer tout ça, ça fait des fois un beau melting pot. Moi, je trouve que c'est enrichissant. Et puis, ce qui me pousse aussi, c'est la transmission. Garder le savoir, pour moi, ça ne me paraît pas important. Ce qui est important, c'est de le diffuser. Parce que moi, l'information, je l'ai. Elle ne me paraît pas importante pour moi. Mais celui qui ne l'a pas, pour lui, elle peut être importante. Et de transmettre, transmettre à des jeunes, pour que la COP continue d'évoluer et continue après que je serai en traite. Donc ça, c'est quelque chose qui me motive aussi tous les jours.

  • Speaker #1

    Tu m'as fait une belle transition sur la transmission. On arrive à la fin du podcast. J'ai un peu maintenant mes petites questions signatures de fin. Donc justement, sur ce sujet de transmission, Laurent, avec ton expérience, aujourd'hui, qu'est-ce que tu aimerais transmettre peut-être à un jeune agriculteur qui veut s'installer ou qui veut rejoindre la COP ou un jeune qui s'intéresse à la profession, à l'agronomie et qui souhaite se préparer à ses métiers ?

  • Speaker #0

    Pour les deux, je pense que d'un premier temps, il ne faut pas croire qu'il y a de solution toute faite. Ça n'existe plus. Il faut être curieux. J'ai toujours la question bête, c'est celle qu'on ne pose pas, mais dont on n'a jamais la réponse. Donc ça c'est bête, mais souvent c'est comme ça. On n'ose pas poser une question en pensant être un peu idiot, mais on est un peu idiot parce qu'on n'a pas la réponse. Donc ça c'est important, ne pas craindre de se remettre en question. Pour moi, la remise en question, c'est quelque chose d'important. Si on ne se remet pas en question, on n'avance pas. Après, bien sûr, je vais le reprendre, mais pour moi, il faut être pragmatique. Dans notre milieu, on travaille vivant, il faut rester pragmatique.

  • Speaker #1

    Et quelle idée reçue aimerais-tu lever sur ton métier ou sur l'agriculture ?

  • Speaker #0

    Vraiment, l'image que je n'aime pas, c'est qu'on est des pollueurs. Et ça, je voudrais qu'on arrive à pouvoir se détacher de ça, qu'on entretienne aussi le paysage. Et je pense que ça, c'est quelque chose qui me touche. Donc je voudrais vraiment qu'on se sépare de cette image.

  • Speaker #1

    Pour continuer dans ce qui te touche, qu'est-ce qui te rend fier dans ton métier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Quelque part, mon petit niveau de pouvoir nourrir la planète. Et puis de répondre à des attentes des agriculteurs. Je pense que c'est les deux choses qui me font me lever tous les matins.

  • Speaker #1

    Dans le prochain épisode, on interrogera... Un agriculteur, on alterne dans nos podcasts. Est-ce que tu aurais une question, justement, pour cet agriculteur qu'on va interroger ? Oui,

  • Speaker #0

    je voudrais bien savoir qu'est-ce qu'ils attendent du pôle agro.

  • Speaker #1

    Du pôle agroécologie de la coopérative. Très bien, elle sera posée. Pour finir, petite question insolite du podcast. Aujourd'hui, je voulais savoir, tu as l'air vraiment très passionné, mais justement, si tu n'avais pas été dans l'agriculture, qu'est-ce que tu aurais fait ?

  • Speaker #0

    Je vais vous surprendre peut-être, mais je pense que j'aurais été militaire. Pourquoi ? C'est un peu le même ordre, c'est le travail d'équipe, c'est-à-dire qu'on met en commun des moyens pour aller à un endroit. Et puis il faut de la rigueur. Et je pense que dans mon métier, dans l'expérimentation, s'il n'y a pas de rigueur, malheureusement, on ne fait pas bien les choses. Donc je pense que c'est un métier qui m'aurait bien allé.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on ne l'a pas mentionné avant, mais il y a beaucoup de rigueur. Et puis dans un groupe, aller vers un objectif commun, c'est ce qu'on fait à la COP. Tous les jours. On est en plein dedans. Bon, super. Merci beaucoup, Laurent. Si tu avais un dernier message à adresser aux agriculteurs ou aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Moi, je voudrais juste leur dire que la coopérative a été créée par les agriculteurs, pour les agriculteurs, et qu'ils ont à leur disposition un formidable outil de travail, donc qu'ils n'hésitent pas à s'en servir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurent.

  • Speaker #0

    Merci, Honorine.

  • Speaker #1

    Un grand merci à Laurent de nous avoir partagé ses réflexions en toute transparence et spontanéité. Ce que je retire de nos échanges... c'est que les agriculteurs doivent composer avec une équation à plusieurs inconnus, météo, marché, géopolitique, réglementaire et j'en passe, et que la coopérative les aide au quotidien à trouver justement la solution à cette équation à plusieurs inconnus. Cela nécessite beaucoup de curiosité, d'optimisme et de pragmatisme, Laurent l'a souligné. J'espère que cet épisode aura nourri votre réflexion, et si cette discussion vous a plu, nous vous invitons à le partager autour de vous ou à en parler à un proche. A très vite dans Demain de Bot !

Chapters

  • Générique

    00:00

  • Introduction avec Romain, administrateur Agora

    00:29

  • Echanges avec Laurent

    03:14

  • Conclusion

    44:27

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