- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast d'Agora, de main, de botte, pour assouvir votre curiosité de coopérateur engagé. Je suis Honorine, responsable communication au sein de la coopérative, et quand je discute avec vous, les questions de transmission et de transition sont toujours présentes. Alors cette fois-ci, je prends mon micro, restez à l'écoute pour des conversations enrichissantes et une dose d'inspiration pour naviguer dans ce paysage agricole en constante évolution. Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans cet épisode inédit enregistré en plein champ au cœur de la plateforme agroécologique de Catenoa, un véritable laboratoire à ciel ou air. Nous sommes ici dans le cadre de la clôture de l'Agora des Collèges, une opération pédagogique qui, depuis plusieurs années, sensibilise les jeunes du territoire à l'agriculture et à ses métiers. Mais cette année, nous avons voulu aller plus loin et réfléchir ensemble à comment recréer du lien entre les territoires ruraux et la société. Pour en parler, nous avons invité plusieurs élus du territoire à venir échanger. Alors que l'heure de la moisson a sonné, l'aboutissement d'une année de travail, cet échange souligne l'importance des enjeux concrets liés à la saisonnalité de nos métiers, à la présence des engins agricoles sur les routes et à la cohabitation avec les habitants du territoire. Et si vous ne savez pas encore ce qu'est l'Agora des collèges, je vous invite à écouter l'épisode jusqu'au bout. Sylvie, administratrice chez Agora, vous expliquera. Ses objectifs et Thierry Dupont reviendra sur la genèse de cette belle initiative née il y a déjà 8 ans. Mais avant ça, je laisse la parole à notre président, Étienne Grodet. Bonne écoute.
- Speaker #1
Directrice, directeur, maire de l'Oise, bienvenue à vous pour cette journée. Monsieur le secrétaire général de la préfecture nous fait l'honneur de venir représenter la préfecture aujourd'hui et c'est un plaisir de vous recevoir aujourd'hui. Je vais vous laisser la parole pour pouvoir échanger avec le public.
- Speaker #2
Merci beaucoup, monsieur le président, madame la vice-présidente du conseil régional, madame la vice-présidente du conseil départemental. Monsieur le Président de la Chambre d'agriculture, Mesdames, Messieurs les élus, en vos grades et qualités, comme ça je ne froisse personne et je n'oublie personne. Je suis ravi d'être à vos côtés pour cette huitième édition de l'Agora. L'agriculture, c'est de fierté française. Ce n'est pas de moi, c'était le titre du Salon international de Paris. Mais je suis vraiment, je le fais bien aujourd'hui parce que d'une part, il reflète mon sentiment profond et parce que je le trouve totalement adapté à notre département de l'Oise nous sommes... également très fiers de notre agriculture et vous y contribuez évidemment avec Agora en plein. Ce que je voudrais en premier lieu, c'est d'abord saluer l'engagement et le travail de tous les acteurs réunis aujourd'hui qui au quotidien œuvrent pour le bien-être de nos campagnes et de nos agriculteurs. Vous avez un rôle essentiel et je voulais vous confirmer une fois de plus que l'État sera toujours à vos côtés pour vous soutenir. dans vos missions. Les défis sont nombreux mais je suis convaincu que c'est ensemble avec la coopération de tous les acteurs de l'agriculture que nous pourrons les relever et vous jouez tous un rôle clé dans cette dynamique en facilitant les échanges, en apportant votre expertise, en assurant une représentation efficace de l'agriculture auprès des pouvoirs publics et cette huitième édition de l'Agora des collèges le prouve une nouvelle fois. On a une agriculture qui évolue. tous les jours, à un rythme important, et ça va se poursuivre dans les années à venir. Et donc, on doit continuer à travailler pour renforcer la compétitivité de nos exploitations, encourager l'innovation, soutenir la transition vers une agriculture qui permette de produire plus pour manger mieux et qui soit économiquement viable. Et dans l'Oise, notre département, où l'agriculture tient une part très importante, historiquement riche en terres fertiles, toutes ces questions de souveraineté agressive. agricole, alimentaire, de renouvellement des générations en agriculture, pour moi, elle prend tout son sens. Et c'est pourquoi on s'est lancé avec le président Smesser de la Chambre d'agriculture dans l'élaboration d'un projet agricole départemental qui vise à construire la ferme de demain et à répondre à ses enjeux. Installation, transmission des exploitations, accès aux fonciers, développement des circuits courts, formation, gestion de l'eau, élevage, écotourisme, etc. Et notre souveraine... La communauté agricole alimentaire, j'en suis profondément convaincu, elle passe aussi par des liens étroits entre l'agriculture, les coopératives et les industries agroalimentaires. Il est indispensable qu'on ait des filières où agriculteurs, industriels s'épaulent mutuellement. pour investir, se moderniser et s'adapter aux demandes des consommateurs. Deuxième point important que je voulais souligner aujourd'hui, c'est la formation. Pour moi, c'est un maillon essentiel pour recréer du lien au cœur de nos territoires ruraux, faire découvrir à nos jeunes et valoriser les métiers agricoles. Je reprends votre slogan que j'ai adoré, je suis agricurieux. Et ce agricurieux tour que vous avez mis en place, c'est une formidable initiative qui a permis de sensibiliser plus de 4 300 élèves de 4... quatrième des collèges de l'Oise et du Val-Oise. Et je n'en doute pas, ça suscitera des vocations si j'en juge par toutes les questions et tout ce que j'ai vu autour des ateliers aujourd'hui. Et comme vous le savez, là aussi, notre département... il ne manque pas d'atouts en matière d'enseignement agricole. Je ne vais pas citer tous les établissements, mais entre Hérion, Ribécourt, etc., on a aussi un pôle universitaire et de recherche important avec UniLaSalle. Pour conclure et ne pas être trop long, portons ensemble cette fierté et notre ambition pour l'agriculture de l'Oise et faisons-la partager au plus grand nombre. Je pense que c'est l'objectif aussi de la journée aujourd'hui. et donc je vous souhaite des tables rondes riches ouverte et constructive. Je vous remercie.
- Speaker #1
C'est fort agréable d'entendre des paroles comme celle-ci. Les élus présents aujourd'hui qui sont à des postes clés de notre département, c'est important aussi de transpirer les mêmes messages, de construire ensemble l'avenir de notre agriculture. C'est important de parler d'une voix commune dans toutes les instances auxquelles on participe. C'était l'ambition, ça l'est toujours, mais c'est toujours intéressant, rien qu'en semble d'arriver à construire un message. commun entre nous et puis de le remonter le plus loin possible avec l'ambition commune qu'on a tous autour de l'agriculture. Voilà. Je vous remercie, Monsieur le Secrétaire Général. Alors, eh bien, écoutez, l'ambition, elle est simple, elle est de mieux se comprendre, de mieux s'entendre, d'évoluer ensemble et puis d'accéder à un enjeu de souveraineté qui, je pense, est commun à tous. J'étais fier ce matin de voir qu'il y avait déjà des élèves de 5e qui étaient sensibilisés sur ces sujets de souveraineté. C'est un moment crucial aujourd'hui et du temps précieux pour construire ensemble l'ambition de recréer du lien dans cette matinée avec une participation active des personnes présentes, parce que c'est cette participation qui nous permettra à tous de construire un message commun.
- Speaker #0
Merci Président. Alors on commence tout de suite avec notre première séquence que nous avons intitulée « L'agriculture, une composante économique essentielle pour la région et le département » . Alors pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir M. Simon Ameu, président de la FRSEA. Hauts-de-France, M. Lux Messart, président de la Chambre d'agriculture de l'Oise, M. Etienne Grodet, président de la coopérative Agora, Mme Agnès Duvert, directrice générale de la coopérative Agora et Mme Marie-Sophie Lenne, vice-présidente du conseil régional des Hauts-de-France en charge de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Alors chacun va prendre la parole de l'échelle régionale. à celle du département, en passant par le regard coopératif pour repositionner le secteur agricole et partager leur vision du lien entre agriculture et société. Et pour ouvrir cette discussion, je m'adresse à vous, monsieur Ameu. Selon vous, comment se situe aujourd'hui l'agriculture des Hauts-de-France dans le paysage agricole national ?
- Speaker #3
La spécificité des Hauts-de-France, c'est notre forte proportion de terres arables et également notre forte urbanisation. Donc on voit qu'on a un réel intérêt agricole sur le périmètre du territoire. mais aussi une contrainte, c'est de l'urbanisation. 12% de sol artificialisé, c'est pas neutre, certes un peu moins dans le département de l'Oise, mais d'ailleurs vous êtes surtout notre source de forêt. Plus on monte, et moi je suis originaire de là-bas en haut du Nord, c'est bétonné et goudronné chez nous. Ça c'est un point rapide sur la situation des exploitations. Vous voyez, l'Oise se situe avec une moyenne à 124 hectares et une moyenne régionale aux alentours de 91. le plus plus on monte vers la frontière belge au moins il y a des hectares en moyenne l'histoire est en fait comme ça il faut s'attacher je pense juste à ne pas pouvoir précipiter les choses pour que l'agrandissement continue à tout les eaux tex alors ça c'est la spécialisation des exploitations des Hauts-de-France donc c'est en fait calculer au regard du chiffre d'affaires qui fait sur les exploitations donc même si on peut voir que la caractérisation est plutôt sur des grandes cultures d'après la photo qui a à côté. carte, le système polyculture élevage est aussi largement présent sur notre territoire. Et là, tout département confondu, même s'il y a quelques gros noyaux durs, pour le restant, c'est réparti à peu près d'une manière homogène. Les productions, on est largement excédentaire en sucre, largement excédentaire en pommes de terre, excédentaire également en blé, pauvres, très généreux, orges et colza, donc voilà, toutes les grandes cultures, avec on voit quand même une montée, mais on le verra tout à l'heure, une montée des cultures à valeur ajoutée comme la pomme de terre, végétales, au niveau animal, c'est quand même intéressant de voir, même si on est une grande région de production animale, on est au taux suffisant à 50% cochon. à 60% en volaille, les dindes 60%, et en viande de bovine à 77%. C'est-à-dire qu'on a encore de la place aussi pour de l'élevage. Il ne faut surtout pas réduire au regard de la production sur le bassin de consommation que nous avons sur la région. L'évolution de la région agricole des Hauts-de-France, il y a 20 ans, 30 ans, pardon, le temps passe vite, on était à 65% de chiffre d'affaires en production animale. On est passé à 74 au détriment de la production animale, oui, mais on voit aussi une forte montée, autant en 90 c'était les céréales qui faisaient 24% du chiffre d'affaires régional, autant aujourd'hui les 24% sont faits par la pomme de terre, suivi par les céréales de 22%, et donc on a cette évolution vers les cultures à valeur ajoutée, mais on reste quand même sur une production de céréales. très importante sur le territoire. Le sujet agroalimentaire, on est une région, Marie-Sophie Bois le dit encore mieux que moi, très agroalimentaire au regard du nombre d'entreprises, 1400 entreprises, avec 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et quelques grosses entreprises emblématiques mondiales qui sont présentes sur notre territoire, et c'est sans doute pas pour rien, on regarde la richesse, que peuvent être McKenna, Gendas, Rocket, Erta, Coco, Monduelle, Nestlé. C'est quelques entreprises parmi les 1400 qui valorisent les produits agroalimentaires des Hauts-de-France. Le sujet canal, le sujet canal pour l'Oise est un réel sujet. D'ailleurs pour la région en tant que telle, c'est 3000 hectares d'emprise quand même. Même divisé par la taille moyenne des exploitations de l'Oise, ça fait quand même un grand nombre d'exploitations sous le canal. 107 kilomètres de long. 54 mètres de large, c'est pas rien, une dizaine de quais, des communes traversées, un objectif de 17,4 millions de tonnes de marchandises transportées, un million de camions en moins par an sur les routes. Moi je suis remonté par là, c'est vrai que des camions, il y en a un paquet. Des tonnes de carbone évitées, des 50 millions de tonnes évitées, espérées en 40 ans. Malgré que c'est quand même une hernie au sein du territoire agricole, ça doit être aussi un enjeu fort pour l'agriculture. On aura une concurrence, certes, notamment sur la main d'oeuvre, ce qui m'inquiète quand même. Ce n'est pas neutre sur la main d'oeuvre de chauffeur notamment. On risque d'avoir des difficultés dans les années qui viennent, mais puisque vous communiquez bien, on va trouver des vocations, c'est très bien. Mais l'agriculture doit tirer parti de cette contrainte. C'est notamment profiter de ça pour pouvoir faire des économies sur le transport. Vos céréales partent majoritairement par camion, je suppose, ici sur le département. Et donc c'est un enjeu pour pouvoir les faire, les transporter de manière plus écologiquement raisonnable, sans doute. Et puis exporter tout type de produits. Ça doit être une opportunité. L'opportunité aussi qui est... Travailler avec Luc au niveau de la chambre, c'est sur le sujet de l'eau. Même si ça a un peu du mal à rentrer, on finira par y arriver. Juste un enjeu, 1250 départs en retraite par an. On a un gros enjeu, l'installation des jeunes. On est sur une région aujourd'hui où on a une installation pour deux départs. C'est bien. Par rapport au système français, c'est pas mal. Mais on peut faire mieux. Je suis sûr qu'on arrivera à faire mieux. Voilà rapidement pour la présentation de la ferme Hauts-de-France.
- Speaker #0
Merci, M. Hameux. Maintenant, je m'adresse à M. Smessat. On l'a vu, les Hauts-de-France, une terre agricole majeure. Et notre département a ses particularités entre l'île de France et le nord de l'Europe. aujourd'hui est-ce que vous pouvez nous dire Un mot sur la position du département au niveau de l'agriculture.
- Speaker #4
Bonjour à tous, c'est moi, vous m'entendez ? Déjà, je veux vous dire la fierté que j'ai d'être ici. En tant que président de chambre, parce que je trouve que c'est important. Pour aller de fierté, j'ai aussi su fier parce que c'est aussi ma coopérative. Donc c'est important. Et puis, je crois qu'on n'a jamais eu autant besoin de ça. Les agriculteurs aujourd'hui, qu'on leur dire qu'on les aime, mais parce qu'ils font des choses et qu'ils sont importants, ils sont stratégiques. Et c'est ça que je voulais commencer par dire, parce que ce qui est fait là est essentiel. Ça ne peut pas être autrement. Il y a quelques semaines j'ai commencé une interview,
- Speaker #2
c'était à la
- Speaker #4
France Bleu Picardie. Ma première question c'est vous êtes des tueurs d'abeilles. Et je peux dire que ça m'a réveillé le matin. Et juste me dire on ne pourra pas continuer comme ça, cet écart que ce soit dans l'Oise ou que ce soit en Haute-France. Cette cornerisation entre l'agriculture et l'environnement. Cette cornerisation où on serait tous des vilains. des gens qui font n'importe quoi alors que justement il y a besoin de montrer. Par rapport à la question, l'Oise, un peu plus petit département que les autres, déjà en superficie, tu l'as dit, on est le poumon vert des Hauts-de-France avec plus de 120 000 hectares de forêt, donc forcément ça diminue nos surfaces. On a un département qui a eu tendance des fois à aller trop sur la carte simplification et la PAC n'a pas forcément aidé. Peut-être aussi parce que la proximité de la région parisienne, parce que ça a été dit aussi avec des terres fertiles. Et du coup, on a plutôt été sur des productions à moins de valeur ajoutée. On a la polyculture élevage qui était la base ici avec des bovins, des ovins, un nombre d'ovins très important. Je le disais à Agnès, je ne sais pas si vous le savez, mais le Loise était avant la Première Guerre mondiale, le premier département producteur de porc. À Formerie, on a toujours la place du cochon. Vous avez toujours la bascule à Formerie. Et c'est le premier département français, bien avant la Bretagne. Ce n'est pas si vieux que ça, c'est il y a un siècle. Et tout ça, on avait tous des porcs, des cochons dans nos exploitations. En plus, on a connu ça quand même dans la ferme de nos parents. Donc ça, c'est important. On a la chance, les atouts que nous avons, c'est qu'aujourd'hui, quand il faut développer, par exemple, la culture de la pomme de terre, elle se développe principalement dans l'Oise. Le lin, on a des super outils. Quand on voit le lin aujourd'hui qui est capable de se développer, on va passer de 2008, on était à 800 hectares, on va arriver à 6000 hectares. C'est pas rien. Alors on gravite un tout petit peu sur les départements voisins, mais c'est pas grave. Donc ça, c'est des atouts sur lesquels on va chercher de la valeur ajoutée. On a la chance d'avoir des coopératives qui ont fait un vrai travail de mise aux normes et d'évolution. On a des outils. de transformation qui sont adéquates aujourd'hui, qui fait qu'on a une compétitivité. Quand j'en parle avec le président des Serres Alliés de France, Eric Thirouin, il dit toujours « Vous êtes dans l'Oise, vous avez toujours les meilleurs prix » . On n'a pas les meilleurs prix par hasard. Si on a les meilleurs prix, c'est parce que l'intermédiation, il a été travaillé en coopérative, parce que c'est quand même essentiellement la coopération, et qui fait que, ce n'est pas parce que tout le monde dit « Vous êtes à côté de Rouen » . Oui, mais il y a aussi des gens en Seine-Maritime, et globalement, il y a une performance. Et ça, c'est important. pour nos agriculteurs. On a la chance, c'est qu'un niveau d'études très élevé, plutôt un peu plus que la moyenne, je ne sais pas l'écart avec, mais je pense que c'est global en Haute-France, et ça, c'est des atouts à cultiver. On a des jeunes qui sont certainement agricurieux, les jeunes qui arrivent, qui s'installent, avec, quand je regarde le profil, des 50 jeunes qui se sont installés cette année, avec les aides, parce que c'est un petit peu plus, au total, c'est 70 qui se sont installés, mais c'est des profils, c'est... hyper intéressant. Prenez le temps. C'est là qu'on s'est perçus. Ils s'installent tous sur la structure classique. C'est plutôt la ferme type, 120, 130 hectares, voire un peu plus quand on est en société. Par contre, ils amènent tous leur petite touche, mais des fois, la petite touche, elle est hyper intéressante et elle amène des éléments qui font le lien avec nos communes, avec nos territoires. On parlait du salon du Beauvaisie, vous avez fait un super salon de l'agriculture. 18 000 personnes, il y a 90 producteurs locaux qui étaient là à vendre leurs produits, mais qui en même temps passaient des vrais messages. Et je pense que du coup, l'intérêt de retrouver ça, et on en parlait dans le projet agricole départemental, ça c'est des éléments importants de l'agriculture de l'Ouest, ça veut dire qu'il y a un fort potentiel à cultiver, si justement chacun se rend bien compte qu'on a plutôt des atouts, et c'est le travail qu'on a à faire avec l'ensemble de nos organisations. C'est d'amener nos agriculteurs à se poser les bonnes questions et des vrais chefs d'entreprise pour justement cultiver la performance, mais aussi être curieux pour répondre à tous les marchés. Et puis, tu l'as dit tout à l'heure, d'être excédentaire en production céréalière, par exemple, ce n'est surtout pas un problème. Au contraire, il y a des gens qui nous envient aujourd'hui et que cette chance, il faut qu'on arrive à retrouver cette fierté d'être producteur de blé dans l'Oise, dans les Hauts-de-France. s'il y a bien un des métiers. On est fiers d'être betteraviers, on est fiers d'être patatiers. Moi, je dis, ce n'est pas la culture qu'on fait parce qu'on l'a fait après un blé, après une betterave ou après des pommes de terre. Producteur de grandes cultures, et ici, c'est quand même ça qui fait l'essentiel aussi de l'Oise. Il va falloir retrouver tout ce sens pour que justement, mais derrière, ça passera par la valeur. C'est le travail qu'on fait avec les meuniers, qu'on fait aussi avec la transformation. Quand on a le pôle autour de Compiègne, Pivert et compagnie, sur tout ce qu'on est capable de faire par rapport à la pandémie. à la décarbonation et puis la capacité de remplacer les énergies fossiles ou le fossile par d'autres produits, sur les peintures, sur tout ça, c'est des atouts qui ont besoin d'être peut-être... plus connus, mieux connus. Et puis notre rôle à nous, ça va être justement de redonner envie à ces jeunes de faire ce métier, les accompagner parce qu'il y aura des périodes compliquées. Il y aura des années pas simples comme l'année dernière. On espère que le soleil et puis que l'année sera meilleure. Mais on a aussi justement la capacité de donner par la formation, donner tous les atouts pour justement arriver à ce que cette agriculture, demain peut-être s'épanouisse encore un peu plus. et qu'elle soit capable de dégager le maximum de valeur, c'est quand même la finalité, c'est gagner sa vie, et en même temps trouver du sens avec nos voisins et la société. Je pense que le département de l'Oise, on a plein de choses à apporter, en plus de la production et de la partie alimentation, et c'est ça la force d'un département de l'Oise qui a la chance d'avoir autant de consommateurs à ses pieds.
- Speaker #0
Merci, monsieur Smessard. Suite aux interventions, je m'adresse à vous, monsieur Grodet, président d'Agora. De votre côté, je crois que vous aviez aussi quelques chiffres à nous partager au niveau de l'agriculture et de la coopération.
- Speaker #1
Pour reprendre quelques chiffres de monsieur Hameu, ça tombe bien parce que j'ai vérifié, on a les mêmes. Ça présente déjà une première cohérence, c'est important. Mais je voulais quand même revenir sur certains chiffres pour recadrer un peu l'écosystème. ce qui reste. J'ai envie de dire malheureusement, il reste 2 938 exploitations agricoles. Chiffre important, c'est que la surface agricole utile de l'Oise, c'est 385 000 hectares. Et c'est 200 000 qui sont dédiés, d'après les chiffres que j'ai trouvés, sur la filière céréale. L'impact, il est quand même là. Et puis, une taille moyenne d'exploitation de 124 hectares. Et bien, un nombre d'emplois permanents dans l'agriculture de 5 662. Donc, ce n'est pas rien non plus. Et ça présente un peu le côté agriculture, agricole, exploitant. Je pense que c'est important d'appuyer sur ces chiffres-là. Maintenant, d'un point de vue coopérative, dans les Hauts-de-France, il reste 38 coopératives. 38 coopératives et trois quarts des agriculteurs sont adhérents à au moins une des coopératives des Hauts-de-France. 6 millions de tonnes sont collectées sur 9 millions produites par des coopératives en Hauts-de-France. Nous sommes les premiers producteurs de blé. Et un chiffre qui est très important, c'est que 56%, voire 60 certaines années, vont directement être exportées des Hauts-de-France par Rouen et par Dunkerque. Et un dernier chiffre qui m'a semblé important à être rappelé aujourd'hui, c'est que c'est 19 000 emplois dans les Hauts-de-France, directs et indirects, liés à nos coopératives. Donc tout ça, ça m'a amené à une analyse très simple que j'ai structurée en quatre points. La première, c'est que ça amène un pilotage régional. pilotage régional avec une garantie de qualité, de traçabilité, d'accès au marché. Un deuxième point, ça contribue à créer un pôle industriel structuré par des mèneries, des amidonneries, de l'alimentation animale. Troisièmement, ça a un impact majeur sur les emplois et sur la valeur ajoutée liée à ces coopératives. Et puis quatrièmement... Un point essentiel également, et vous en avez parlé au travers le canal Grand Gabarit, c'est que ça permet d'avoir un réseau logistique performant avec des ports, des stockages, des raccordements et qui nous permettent de garder notre atout à l'export. Donc, pour terminer un peu cette présentation, et puis je laisserai à Madame Duvers la présentation plus concrète des sujets de la coopérative. J'avais envie de rappeler que la coopérative, elle représentait un pilier majeur de notre territoire. Avec un mot très fort, c'est qu'elle a un ancrage fort sur notre territoire. C'est qu'elle était là hier, elle est là aujourd'hui, et elle se devra d'être présente demain pour continuer à apporter du pilotage, de la structuration de notre agriculture et de la valorisation. Voilà, c'est le message que je voulais vous passer ce matin.
- Speaker #5
Donc, moi, en tant que directrice d'Agora, ce que je voulais partager avec vous, c'est que je ne suis pas de l'Oise. Moi, je suis arrivée de la Champagne. Ben oui, Je suis arrivée de la Champagne creilleuse qui se disait la Champagne pouilleuse. Et pourquoi je vous partage ça ? C'est parce que quand vous êtes en Champagne, il n'y a pas beaucoup d'agro-industrie, il n'y en a pas tant que ça. Il n'y a pas cette chance d'avoir le fluvial, il n'y a pas cette chance d'être à proximité des ports où on a l'export. Et en fait, quand on vient de la Champagne, on regarde les Hauts-de-France, alors on ne les appelait pas les Hauts-de-France à l'époque, mais on regarde ça avec envie. Et c'est toujours le cas aujourd'hui. Et c'est étonnant qu'un territoire regarde un autre territoire avec envie et que les citoyens consommateurs qui sont sur ce territoire n'aient pas conscience. que l'agriculture qu'il y a là, mais ailleurs, mais on rêve de ça. Donc c'est déjà le premier témoignage que je voulais, qui est personnel. Moi, ça fait cinq ans que je suis dans l'Oise, et je me dis, peut-être que l'abondance du bienfait conduit à l'indifférence. Je ne sais pas. Donc c'était le premier témoignage. Le deuxième, c'est très important aussi, c'est que la zone où j'étais en Champagne, quand à l'époque, À cette époque, je décrochais le téléphone pour appeler la préfecture. Ils avaient tellement peu d'industrie, tellement peu d'activités économiques que surtout, l'agriculture, il fallait s'en occuper tout de suite maintenant. Donc en fait, il fallait les bichonner. Et ici, quand on arrive, on se dit que par rapport aux activités économiques, on est en concurrence avec plein d'autres activités économiques. C'est une réalité. On a un territoire qui est riche. plein d'autres activités économiques et quand on dirige une coopérative on a besoin d'attirer des talents on a besoin de démontrer que notre modèle économique et bien il nourrit le territoire donc on a besoin de prendre un positionnement en concurrence d'autres activités économiques et je me souviendrai tout le temps mes débuts chez Agora je rencontre les technicaux et je leur dis qui est votre premier concurrent ils me répondent l'urbanisation madame du vert l'urbanisation madame du vert je m'en souviendrai comme si c'était hier Je me suis dit, bon là il y a un enjeu de faire comprendre à tous les acteurs du territoire, dans d'autres activités économiques, au-delà de là où on a intérêt direct, qu'on est un maillon essentiel, comme c'est écrit, et qu'on n'est pas délocalisable. Alors moi au quotidien ça veut dire quoi quand on dirige une coopérative ? Une fois que j'ai parlé de la concurrence qu'on avait avec d'autres secteurs d'activité, ça veut dire que je vais juste prendre du concret. Au moment des moissons, on a régulièrement, avec les élus locaux, pas partout, mais à certains endroits, à réexpliquer qu'on a besoin de faire venir les bennes jusqu'aux silos. Parce que si on les laisse dans le champ, si on ne peut pas amener les bennes dans les silos, la marchandise ne vaut pas grand-chose. Ce que je vous dis peut vous paraître bête, mais tous les ans, je vous assure, tous les ans... Parce qu'effectivement, c'est bruyant. Parce qu'effectivement, il y a des citoyens qui ne comprennent pas cette activité. Eh bien, on doit monter au créneau et on l'a encore fait il n'y a pas si longtemps que ça. N'est-ce pas, Luc ? Donc, c'est démontrer qu'en fait, oui, on est une industrie. On est une industrie et que pour créer de la valeur, il faut laisser les agriculteurs travailler au moment où on va pouvoir créer cette valeur. Non, mais je vois les yeux qui se lèvent, mais c'est du concret, c'est du réel. Alors, on est ouvert. On est ouvert à expliquer tout ce qu'il faut, mais on ne peut pas mettre en otage des agriculteurs en période de moisson. Et nous, on a besoin du soutien, un maximum de soutien pour qu'à un moment donné, les choses se fassent intelligemment et qu'on ne laisse pas les agriculteurs sans solution. J'ai vécu des moments assez étranges par moments avec certaines mairies et je me suis dit, mince, ils ne se rendent pas compte. Ça, c'est du concret, c'est du factuel. Dans les échanges qu'on doit avoir aussi, nous au niveau des acteurs, alors c'est coopératif, c'est négoce, mais c'est par rapport à l'agriculture, c'est être en capable de communiquer avec des parties prenantes comme le SDIS. On a fait un gros travail avec le précédent président, qui était d'aller expliquer au SDIS que, effectivement, quand il fait très chaud, il y a des menaces. Et vous aviez connu en 2019 des incidents tels que vraiment le territoire est peur, oui mais on peut venir expliquer comment on est capable de s'organiser pour qu'une fois de plus les agriculteurs puissent faire leur travail.
- Speaker #0
Et moi, je sais que j'avais particulièrement apprécié une réunion à la préfecture il y a plus de deux ans, où c'est le colonel du SDIS qui est venu défendre nos intérêts agricoles. Mais pourquoi ? Parce que nous, on s'était ouverts, on leur avait expliqué comment on fonctionnait, comment on fonctionnerait au mieux. Donc je ne prends que ces deux exemples-là. C'est juste pour dire que derrière les propos, il y a du concret. Et il faut réussir tous à se mobiliser au-delà de l'enjeu de l'agriculture. une composante économique essentielle, oui, mais il faut l'aider à fonctionner. Moi, mon combat au quotidien, c'est de l'aider à fonctionner et de faire en sorte que les parties prenantes se comprennent. J'appelle souvent ça le vivre ensemble, parce que quand je rencontre des jeunes dans certaines zones qui me disent « Madame Duvers, je pourrais reprendre, mais honnêtement, c'est compliqué. Je ne sais pas, moi, ce que papa me dit, que ce soit le pulvé ou ce que ça... » Je me dis, là, on a un travail énorme à faire, surtout quand on voit le renouvellement générationnel qu'on va avoir. Donc c'est Luc qui a dit, il faut leur montrer qu'on les aime. Il faut que toute l'activité économique du territoire nous montre qu'on est aimé. Et là, il y a le rôle de la préfecture au premier plan. Voilà, pour mon témoignage.
- Speaker #1
Merci. On continue nos échanges. Donc en effet, nos métiers, il y a beaucoup d'enjeux. On a mentionné le renouvellement générationnel, la saisonnalité.
- Speaker #0
Je m'adresse à vous,
- Speaker #1
Madame Lenne, aujourd'hui. Tout ce qui est évoqué par les intervenants, qu'est-ce que ça vous évoque ? Ça m'inspire plein de choses. Mais déjà, je commence brièvement par saluer votre initiative qui est récurrente avec ce moment fort qui réunit les jeunes. On en parlait tout à l'heure. Je n'ai pas encore, en dix ans de responsabilité à mes fonctions, vu un rassemblement comme ça qui axait sur les collégiens et qui fait vraiment œuvre de pédagogie, de rapprochement des jeunes avec les enjeux de la terre, de l'agriculture plus généralement. Et je crois que c'est vraiment fondamental parce que lutter contre la fracture ou l'incompréhension du métier d'agriculteur... C'est un de nos objectifs généraux et qu'il faut sans cesse travailler. Donc bravo pour ça parce que c'est important. Et en plus, aujourd'hui, c'est juste le terme d'une longue pédagogie et d'un cursus qui a commencé au début de l'année. Et je trouve ça vraiment remarquable. Donc bravo pour cette initiative. Par rapport aux enjeux régionaux, à tout ce que j'ai entendu, on parle le même langage et c'est heureux. Par rapport aux enjeux d'avenir. Je crois qu'on a compris ici, on est dans un département essentiellement de production de grandes cultures et le blé tendre tient une place prépondérante et je pense que c'est important de souligner parce que cette culture, on en parle comme d'un acquis, mais elle est aussi concurrencée par l'arrivée massive des producteurs de pommes de terre. On a de la chance d'avoir aussi des producteurs de betteraves, qui est une filière qui est parfois aussi fragilisée, il faut le souligner. Mais le blé tendre, vous l'avez dit, c'est une production historique qui a nourri tout le monde après la guerre et que nous exportons. Que nous exportons encore dans les pays d'Afrique du Nord majoritairement, même si on a été concurrencés par les Russes et la flotte russe et peut-être un peu ukrainienne aussi dans ces dernières années. Mais on a besoin d'exporter notre production. Les enjeux que vous avez évoqués sont tout à fait nombreux. D'abord, c'est vrai qu'on est dans une grande région agroalimentaire. Alors même si c'est surtout le Nord-Pas-de-Calais qui accueille les majors que Simon a cités tout à l'heure, les Bonduelle, les Hertha, les Roquettes, McCain, etc. Vous êtes quand même irrigués naturellement depuis qu'on forme une grande région par cette dynamique économique. et bien sûr le canal Seine-Nord. fortement aussi porté par le président de région, ne va que vous renforcer dans votre dimension économique. Et je pense que ça, c'est vraiment important. Le premier enjeu en ce moment, c'est de reparler de production, de productivité. Moi, je n'ai pas peur. Ce n'est pas un grand mot, un gros mot, parce qu'à l'heure où l'écologie, évidemment, tient une place de plus en plus importante, je pense qu'il faut que nous réaffirmions dans le discours. Oui, la nécessité, et on est tous des écologistes, mais la nécessité quand même de garder les choses dans l'ordre. Nous avons besoin de rester une région avant tout productive pour assurer la souveraineté. La souveraineté, ça ne veut pas forcément dire nourrir que les Français, ça veut dire assurer notre puissance économique et stratégique grâce à notre production agricole, agroalimentaire. Et asseoir cette position, c'est aussi exporter. Notre souveraineté, c'est notre force qui repose sur notre force agricole, qui est, il faut le réaffirmer, un enjeu parfaitement stratégique, au même titre qu'une stratégie de défense. On a un exemple récent avec le Covid, et on le voit avec la fragilité de certaines filières, à cause de, par exemple, le sucre qu'on importe d'Ukraine, etc. Tous les équilibres sont extrêmement... fragile dans un sens ou dans un autre, de surproduction ou de produits trop importés ou de sous-production. Quand on était pendant le Covid, on a eu peur de manquer de certaines productions. Donc premièrement, la production. Et on est sur une terre de production. Je pense qu'il faut le dire, le réaffirmer. Vous êtes une grande partie du grenier de la souveraineté alimentaire française. Voilà. Et vous devez le rester, nous devons le rester. Deuxième enjeu, le renouvellement des générations. J'y reviens pas, mais on est effectivement convaincus qu'il faut que nous accueillions aussi différemment les nouveaux arrivants qui sont beaucoup issus du monde agricole, mais pas que, mais pas que, et que ces jeunes, on a besoin d'eux pour reprendre nos exploitations et les faire évoluer. Ça fait le lien avec un troisième enjeu. dont on a parlé un petit peu ensemble auparavant et qu'il ne faut pas négliger du tout, d'autant qu'on a réaffirmé le postulat de la nécessité de produire. C'est de s'adapter aux changements climatiques, c'est de réduire notre bilan carbone, c'est de s'engager, et ce n'est pas un gros mot non plus, dans la transition agroécologique. Et ça, je pense qu'on a encore à expliquer à tous que l'agroécologie... Ça n'est pas produire bio, et c'est surtout l'ami de l'agriculteur. Il faut dire que le but de l'agroécologie, c'est d'être plus résilient, plus résistant aux aléas climatiques, et de produire autant, si possible, ou au moins de ne pas subir les aléas que nous allons forcément connaître dans les années à venir. Je me souviens d'une réunion avec l'INRAE. La chambre, il y a trois ans, ce n'était pas vieux, mais on parlait surtout de sécheresse. On n'avait pas vécu les deux étés très pluvieux, hiver pluvieux, on ne parlait que de sécheresse. Et les discours étaient quand même alarmistes, mais je pense objectifs, qui nous disaient qu'on allait manquer dans certaines années, dans moins de dix ans, de quantité. et que parfois, il y aurait des années blanches de récolte dans certaines productions. Donc je pense que même si on ne maîtrise pas trop ce que veut dire le changement climatique en termes d'aléas, on est en train de vivre que ça veut dire soit trop d'eau, soit pas assez, mais qu'en tout cas, on va devoir faire avec ces aléas et que la sécheresse va faire partie vraiment de notre quotidien. Vous êtes moins arrosé que certaines parties de la région, je le sais. Pour échanger beaucoup avec Denis Pippe, mon président de commission agricole, et conseiller départemental, à chaque fois, il me demande par texto, il pleut chez toi ? Oui, chez lui, non. On est venu voir avec la préfète, il y a quelques années, l'état de sécheresse dans l'Oise, et j'étais impressionnée. Donc je pense que vous êtes un territoire qui doit peut-être... avoir plus que d'autres cette préoccupation de faire cette transition qui n'est sans doute pas le remède à 100% à tout, mais quand même la façon de cultiver les sols peut faire que les sols soient plus spongieux, donc plus résilients et je pense que tout ça ce sont des enjeux qui intéressent la jeunesse au premier plan, qui a envie de s'engager en en trouvant un sens. au métier. Je crois que ce qui domine chez les jeunes aujourd'hui, c'est plus travailler, travailler le labeur, reprendre l'exploitation des parents, des grands-parents et se donner beaucoup de mal. On veut bien le faire parce que c'est un métier qui a du sens, on veut que ça nous rapporte, bien sûr, mais on veut que ce soit moderne et efficace pour la planète. Donc la région elle fait un peu plusieurs métiers et Elle essaye d'être à la fois celle qui travaille d'abord. Notre premier métier, c'est d'être en lien étroit, direct, permanent avec les représentants de la profession. En ce moment, on a quelques dossiers sur la table la prochaine Pâques et on va multiplier les réunions pour pouvoir positionner notre région aussi sur des enjeux forts pour avoir notre dû et les crédits, peut-être, j'espère, plus importants pour investir parce que nous manquons de crédits européens pour financer l'ensemble des projets qui sont portés à la région. Ça c'est quelque chose de très fort. Nous pourrions avoir trois fois les enveloppes que nous avons. Actuellement nous avons 144 millions d'euros de fonds européens additionnés de 80 millions régionaux qui sont nécessaires. Ça ne fait quand même pas énorme sur cinq ans. Et donc il faut que nous continuions à investir parce que l'investissement, c'est l'investissement pour des bâtiments, mais aussi pour beaucoup d'agroéquipements modernes. des outils d'aide à la diffusion, des techniques qui permettent de cultiver de manière plus efficace, avec moins d'intrants, moins d'irrigation et plus de prévision. Tout ça, c'est vecteur d'économie, de maîtrise du coût de production, donc de rentabilité, mais aussi de goût et d'allègement de la tâche de l'agriculteur, ce qui est fondamental parce que l'agriculteur est un chef d'entreprise qui doit garder du temps. du temps de cerveau disponible pour être ouvert à toutes les opportunités, à toutes les évolutions, ne pas rester comme ça a été trop souvent le cas, et c'est souvent encore le cas, dans sa chacune hier, dans sa petite campagne, en cultivant des états d'âme négatifs. Il faut absolument cultiver la nécessité d'adhérer à des collectifs et être connecté à toutes les évolutions technologiques. et de tous ordres. On essaie aussi de structurer les filières pour qu'elles soient plus fortes, plus résilientes et qu'elles fassent bien coller l'amont et l'aval pour que ce dont ont besoin les entreprises soit produit le plus possible en région. Vaste sujet, volaille, oeufs, porc, on pourrait décliner les productions surtout d'élevage où on ne produit pas assez finalement par rapport à la consommation et aux besoins de transformation régionale. Et puis on essaye aussi de garder les yeux ouverts et attentifs sur l'agriculture biologique par exemple. Ce n'est pas un gros mot, je pense qu'on a besoin aussi de cette agriculture de niche qui a été le précurseur, qui est le niveau le plus abouti de l'agroécologie et qui recèle aussi en elle parfois des techniques qui nous permettent d'évoluer. Il faut soutenir. tous les acteurs. Je pense qu'on a des grands enjeux. L'un des premiers enjeux, c'est de s'adapter à ce changement climatique en actionnant tous les leviers, tous les acteurs économiques et de se muscler pour rester une grande région productive, transformatrice et exportatrice. Voilà ce que nous sommes déjà, mais qu'il faut que nous renforcions.
- Speaker #2
Sur les enjeux, Marie-Sophie vient de nous parler de l'évolution climatique. Il y a la question de répondre au marché aussi. Je pense que l'enjeu d'une COP céréalière comme celle-ci, c'est de pousser à la recherche variétale avec deux enjeux derrière. C'est un, faire face au changement climatique, être résilient face au changement climatique. Et deux, sans doute avoir ce qu'on ne voit pas aujourd'hui en production céréalière, mais qu'on voit dans d'autres productions, c'est-à-dire des marchés et produire pour un marché spécifique. Je ne suis pas un expert. Mais quand je vois le prix du blé, aujourd'hui, le prix du blé a affiché à 180 euros, ou je ne sais pas combien exactement. Maintenant, on fait 76, qui fait moins de 14 d'immunité et qui fait 11,5 de protéines. Voilà. Exportable, certes, mais pas pour tout le monde. On a eu une présentation d'intercéréales, je ne sais plus quand, mardi, donc il y a deux jours, c'est encore frais dans ma tête. J'ai bien compris que ces critères-là ne répondent pas à tous les importateurs de céréales. Aujourd'hui en pommes de terre on produit ou de la fécule ou de la conso, vitable ou non, ou pour le marché frais, lavable ou non. En blé on produit du blé. Les enjeux c'est que demain je contractualise avec une coop qui fait de l'aliment volaille, son enjeu c'est d'avoir un PS faible, parce que l'indice de consommation et le GMQ est plus intéressant avec un PS de 70 qu'un PS de 76 pour l'engraissement de volaille. L'enjeu c'est aussi de s'adapter aux changements climatiques, mais de répondre au marché, parce que c'est très bien d'avoir du beau blé plein les silos, si on ne le vend pas, parce qu'en face on nous dit que ce n'est pas suffisant, donc on a besoin sans doute d'avoir des variétés encore plus pointues. qui s'adapte à plus de marchés en face. Parce que les marchés peuvent être de la meunerie, comme de la midonnerie.
- Speaker #0
Je pense que vous touchez du doigt. Quand on parle de transition, on parle aussi de transition des outils collectifs. Quand on produit en se pensant que l'export sera toujours là, c'est une grave erreur. On a des compétiteurs mondiaux. Quand on produit, on produit pour des marchés. Donc la recherche variétale, oui, mais je serais tendue à dire pas que. La conduite culturelle, donc le conseil aux agriculteurs, parce que vous ne faites pas changer un modèle du jour au lendemain. Nos modèles, ils sont... Le cycle industriel, il est damnant. On ne change pas comme dans l'automobile. Et la conduite culturelle, avant de convaincre les agriculteurs de faire ceci plutôt que cela... que là, oui, il y a moins de rendement peut-être, mais peut-être que la qualité va nous permettre d'accéder à un marché au bon moment, et donc il y aura la valo, je peux vous dire qu'on s'alive. Donc il y a ça. Et puis il y a un deuxième enjeu, alors là, je vais placer mon petit truc préféré, il y a les infrastructures. C'est-à-dire que quand vous avez conçu des infrastructures, moi j'appelle ça des infrastructures, vous avez des silos qui ont été conçus à une certaine époque, où il n'y a pas du nettoyage partout, il n'y a pas les outils d'allotement partout, vous êtes en train de vous dire que si vous n'êtes pas là à un moment donné et aussi aidé pour moderniser par rapport à l'évolution de ces marchés, attention. Donc on se rejoint. On se rejoint. Après, il faut qu'un grand nombre d'opérateurs nous entendent. Nous, on a initié au niveau de la coopération un dossier qui s'appelle Infrastructure 2030, parce qu'on a des combats comme ça, et à un moment donné, on est convaincus qu'il faut faire bouger les lignes. Aujourd'hui, le dossier a été repris aussi au niveau national. La première fois qu'on a abordé le sujet, c'est je crois il y a 3-4 ans, de façon assez, on va dire, pushing, en disant, si on ne veut pas connaître... Ce que les abattoirs ont connu à une époque, il faut se moderniser. Il faut s'adapter et très vite au marché. Et pour ça, on a besoin des infrastructures qui vont avec. Moi, je voulais juste dire qu'on a aujourd'hui besoin de tous ces jeunes, c'est-à-dire qu'il faut attirer des talents. Ce qui va changer, c'est que de 3 enfants sur 4 qui s'installent, qui étaient issus de la famille exploitant à l'école, on va passer 3 sur 4 qui ne sont pas issus. Donc on aura vraiment besoin d'aller chercher. Et nous, on a notre travail tous ensemble. d'amener cette meilleure boîte à outils pour que ces gens-là s'installent dans les meilleures conditions et qu'on les accompagne, qu'on puisse aller chercher les financements là où ils sont. C'est sûr qu'il faut qu'on aille en chercher pour que quand on construit des... parce qu'on est sur de l'industrie qui est lourde en financement, et c'est ça qu'il va falloir, le portage, le foncier, qui est un enjeu majeur dans l'Oise. Tout le lot, oui, dans l'Oise, encore plus que dans les Hauts-de-France, il faudra être capable de... quand on a 150 irrigants aujourd'hui sur un petit 3000, c'est juste pas possible, c'est-à-dire que demain... même dans le nord-ouest de l'Oise, il faudra aussi être capable de pouvoir stocker l'eau et aussi éviter que nos rivières soient à sec l'été, éviter que la population se retrouve avec des châteaux d'eau qui commencent à diminuer en pression parce qu'on n'aura pas les quantités. Donc c'est tous ces éléments-là qu'on doit construire ensemble. On a porté des éléments du vivre ensemble parce que tout ça, ça doit se faire sur justement arriver à ce que l'agriculture ne soit plus un problème, mais un ensemble de solutions pour l'ensemble de notre territoire, de notre société. Solution bien sûr pour nourrir et nourrir aussi en quantité et aussi à des prix qui soient accessibles, et notamment dans les cantines, dans les restaurations de nos départements. Qu'on puisse bien sûr force tenir aussi de l'énergie, parce que je pense qu'on en est capable, que ce soit de l'agriphotéotéique, de la méthanisation, tout ce qui est possible, parce que c'est en prix, on va pouvoir aussi assurer un prix garanti. Et puis amener tout l'ensemble des éléments, tu l'as dit tout à l'heure avec le SDIS, aujourd'hui on vient de re-signer avec le département la convention. on sera des... des acteurs, comme on a su le faire sur la neige, comme on sait le faire quand il y a des tempêtes, c'est mettre à disposition, sécuriser, et puis comme tu l'as dit, aussi sécuriser la moisson pour que justement on puisse rentrer à un moment donné où c'est notre fruit du travail d'une année qui est en jeu. Donc c'est toutes ces actions-là qu'on a apportées, et moi je suis sûr qu'agricurieux, agrisolutions, c'est ce qu'on doit tous avoir dans la tête. Et puis je terminais juste par le... ce qu'a dit le secrétaire général, le projet agricole départemental qu'on est en train de bâtir, il y avait 10 grandes actions. 10 actions, à chaque fois, on a demandé, c'est qu'il y a 3 actions concrètes. 3 actions qui vont amener des plus à nos agriculteurs. On a rajouté un 11e parce qu'ils avaient oublié un peu l'amont et surtout l'aval. Ils avaient oublié notamment que c'est bien de produire, mais si on n'a pas la coopérative, si on n'a pas... Et donc, Étienne est chargé de ce 11e dossier avec le monde des betteraves aussi. Parce que c'est on a besoin d'amener des choses très concrètes, parce que c'est bien d'avoir des... Il faut absolument traduire des actions politiques en choses pour tout l'ensemble de nos agriculteurs, et puis pour que tous ces jeunes qui soient là aujourd'hui se disent, tiens, il y a peut-être des pépites à cultiver dans l'Oise, qui s'appellent agriculture et l'ensemble de solutions.
- Speaker #1
Merci beaucoup. On poursuit avec notre deuxième séquence, comment recréer du lien entre la société, les communes et leurs agriculteurs. Nous avons choisi de mettre en lumière des exemples concrets issus de nos territoires, des initiatives locales et des actions de terrain qui font avancer les choses pour rapprocher les citoyens et leur agriculture. Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir Madame Sylvie Thomas, administratrice de la coopérative Agora, Monsieur Thierry Dupont, ancien président de la coopérative Agora, Madame Armelle Fréture, agricultrice et secrétaire générale des jeunes agriculteurs de l'Oise. Monsieur Laurent Delahère, maire de Fontaine-Saint-Lucien et délégué à l'agglomération du Beauvaisie. Et monsieur Benoît Bivron, délégué chargé de l'agriculture et maire de Noailles. Alors on commence la table ronde en s'adressant aux maires. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur les relations entre le monde rural et ses habitants, qui aujourd'hui pour la plupart sont quand même de moins en moins liés au monde agricole ?
- Speaker #2
Étant maire d'une commune, je connais bien la problématique. D'abord vous remercier de souligner quand même cette belle initiative tout à l'heure la thématique c'était sur les valeurs. Notez quand même que l'ouverture qui l'Agora fait à toute cette jeunesse c'est pas une obligation d'une coopérative pour être de la partie et la profession c'est pas une obligation c'est peut-être un devoir, un devoir moral pour les enjeux. qui sont devant nous pour un travail de longue haleine justement parce que les acteurs dans les communes demain c'est peut-être parmi eux dans ces jeunes qu'on va retrouver Parler effectivement le lien le monde agricole, les collectivités, les communes et les collectivités en général, puisque maintenant, effectivement, il y a aussi les comités de communes qui a un rôle important. Et puis, effectivement, ça se distend. Et parfois, il y a aussi des phénomènes d'incompréhension. Effectivement, dire que dans tous les cas, le monde agricole a toujours été très présent dans les communes, dans les conseils municipaux. il faut continuer Il faut continuer. Ça, c'est un point très important. Il ne faut pas se décourager. Il faut faire preuve de grande ouverture, comme vous le faites aujourd'hui à Gora. Parce qu'effectivement, il faut savoir être à l'écoute d'une société qui évolue. Moi, je suis agriculteur, mais dans mon conseil municipal, typiquement, j'ai des gens qui sont très formés à l'environnement. J'en ai un qui est très formé à l'environnement, qui ne pense pas. tout comme moi, mais la force, c'est qu'on s'est écouté. Et je pense qu'on fait des pas l'un vers l'autre et on évolue. Et ça, c'est important. Et je pense que toute la profession doit être sensible au fait que la société, les habitants, qui sont aussi les consommateurs de nos produits, évoluent et à un moment donné, ça passe par beaucoup de communication, beaucoup de liens, par le sens du collectif, qui est aussi une des valeurs. de la coopération agricole. Et l'an prochain, pas plus tard que l'année prochaine, il y a des élections municipales. Je pense qu'il faut que les professeurs agriculteurs de l'agriculture fassent un pas en avant pour continuer d'être présents. Et aussi parce que les territoires ont besoin d'un monde agricole fort. Tout à l'heure, je ne sais plus qui le rappelait, si c'était Luc ou... Qui va aller déneiger ? Qui va aller même tirer une voiture ? qui est dans la neige, qui va expliquer des fois au maire, là ça se passe comme ça, le chemin il est comme ça, parce que la distance elle est dans les deux sens. Parfois les élus ne comprennent plus le secteur rural et effectivement ils ne m'y connaissent de ce qui se passait. Et la profession agricole est là aussi pour remettre un peu l'église au milieu du village parfois et c'est important. Voilà ce que je pouvais dire si j'ai répondu à la question.
- Speaker #1
Merci beaucoup. On avance dans les questions. Ici, vous l'avez dit, vous êtes à l'Agora des Collèges. Et justement, on a un binôme avec Sylvie, Thomas et Thierry Dupont, qui sont là pour témoigner de leur participation à l'Agora des Collèges. Donc Sylvie, peut-être, si tu veux bien témoigner sur pourquoi, toi, en tant qu'agricultrice, tu participes à l'Agora des Collèges. Qu'est-ce qui te plaît dans le projet, en quelques mots ?
- Speaker #3
Oui, bonjour. Je suis agricultrice depuis 25 ans, je suis administratrice Agora depuis 3 ans. Luc, tu parlais de fierté tout à l'heure, moi je suis fière d'être agricultrice depuis 25 ans. Et je suis contente de participer à ce projet et je vais vous dire pourquoi. Je ne vais pas parler de chiffres, je vais vous parler d'expérience et de mon ressenti. Donc l'Agora des collèges, vous avez compris, c'est un projet pédagogique. qui est couplé à un projet d'entreprise. Voilà ce que c'est un agriculteur. Voilà ce que c'est l'agriculture. Voilà avec quoi ils travaillent, avec quel outil, avec la météo. Et tout ça, les élèves ici, ils ne savent pas trop. C'est-à-dire qu'Agora a de grands projets pour expliquer l'agriculture, mais on commence déjà par leur expliquer ce que c'est du blé et à quoi ça sert. Et il faut le répéter encore et répéter encore. mais ils entendent, ils écoutent. C'est un âge où, finalement, ils sont perméables aux informations et il faut en profiter. Je pense que vraiment, l'opération est bénéfique dans ce sens-là. Donc, on travaille en binôme. Un agriculteur, quoi de mieux qu'un agriculteur pour parler de son métier, et un collaborateur agora. qui va parler de l'après-livraison du blé. Parce qu'effectivement, on voit toutes ces bennes qui sont vidées à la COP, mais qu'est-ce que ça devient après ? Et là, c'est intéressant parce qu'on continue la démarche. On essaye d'apporter aussi des données économiques sur combien de personnes vont travailler derrière, et qu'est-ce que ça va devenir, et ce qu'ils mangent dans les assiettes, finalement, ça vient peut-être de chez nous. Et ils écoutent tout ça. Ils sont vraiment attentifs à ça. Je suis persuadée que ces petites actions, finalement, amènent du positif. Et c'est ça l'essentiel. également après la découverte c'est de passer du positif. On entend tellement de négatifs sur l'agricole. Moi ça fait trois ans que je fais cette expérience donc j'ai vu passer à peu près 70 élèves. Alors ils n'ont pas tous écouté, je vous l'accorde, mais j'espère qu'ils rentrent chez eux en racontant à leurs parents tu sais que ce que j'ai vu. Alors il y a quatre temps forts dans l'agora des collèges, il y a deux périodes où on va sur leur terrain à l'école dans leur classe, on a un support visuel. Je n'ai pas parlé du prof, mais on est un binôme, un agriculteur, un collaborateur, mais il y a aussi un prof qui veut bien jouer le jeu. Donc on va deux fois dans leur classe avec un support visuel pour les emmener vers un débat constructif et puis aussi ne pas s'égarer, parce que parfois on pourrait s'égarer dans le débat. Et puis il y a un troisième temps fort qui est, ils viennent sur notre terrain. Donc ils sont venus sur ma ferme, et puis un petit pique-nique, et puis hop, on est parti l'après-midi sur un silo Agora. Comme ça, on a pu faire un petit peu toute la chaîne de valeur, et faire passer des messages, faire passer des messages. En profiter, moi en tant qu'agricultrice, de tordre le cou à certaines idées reçues, voilà, ça s'est fait de temps en temps, ça a créé des débats. Et puis, toujours la découverte, la découverte du métier de l'agriculture. Et puis, quatrième temps fort, c'est aujourd'hui, vous l'avez compris, il y a des stands. Et enfin, alors moi, j'ai eu la chance d'emmener ma classe au salon, aussi à Versailles. Je crois que c'était une expérience. Bon, alors super, là, je vais vous dire qu'on les a dans la poche toute l'après-midi. C'est superbe. Voilà. C'est ce que j'avais à dire sur l'opération.
- Speaker #1
Merci. Peut-être, M. Dupont, comme vous étiez à l'initiative du projet, aux côtés du Conseil d'administration, nous rappelez l'essence de pourquoi ça a été créé.
- Speaker #4
Merci. Maintenant que je suis dans l'histoire, je peux raconter l'histoire. Ça remonte à 2017. En fait, toute l'histoire débute avec une opération faite par les jeunes agriculteurs à l'époque, Terre de Jim, en septembre 2017. qui était vraiment une opération nationale et qui s'est déroulée juste à côté de l'ancienne base des hélicoptères à Compiègne. Et du site, on voyait entre guillemets les cheminées du site ou les silos du siège social d'Agora. Et à l'époque, avec le directeur général, Jean-Xavier Mully, on s'est posé la question en disant comment on peut être actif pour participer. à cet événement, mais que ça ne soit pas un one shot, mais que ça puisse s'inscrire dans le temps. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point de contexte, c'est qu'on était en pleine période d'agribashing et donc on était la cible continuellement de nos détracteurs. Et puis, le troisième élément de contexte qui était arrivé quelques semaines après cet événement, c'était le discours de Rungis, qui a posé aussi les bases d'une certaine décroissance et arrow sur le roundup, arrow sur plein de choses. Et donc, on s'est mis autour de la table avec à nous la lune, parce que quand on veut faire de la communication, ça ne s'improvise pas. Il faut faire ça d'une manière professionnelle. Il faut y mettre des moyens. Et je pense que ça fait partie aussi de notre rôle. de faire de la communication. Si on avait pu faire ça, mettre 2 centimes de la tonne depuis 25 ans dans des projets de communication, peut-être qu'on ne serait pas arrivé dans l'impasse où on s'est trouvé à cette période. Et donc, ce qui s'est construit, c'est qu'on a fait un super stand sur Terre de Gym. On a commencé, pour cette opération, à accompagner des jeunes. de classe, il y avait Pierre Font, il y avait des classes de Jean-Paul II de Compiègne, pour les accompagner dans la visite de tout le site de Terre de Jim. Et ça a eu un retour extraordinaire. Après, dans notre stand Agora, on avait souhaité mettre en place tout ce que représentait l'agriculture, que ce soit des produits bruts. Les gens qui se posaient la question, je me souviens, c'est « mais c'est quoi cette petite graine noire ? » C'est du colza. Oui, mais je ne comprends pas parce que moi, mon huile, elle est jaune. Pourquoi ? Donc, c'est du basique, mais ça permet de rentrer dans une explication et de pouvoir échanger. Et puis, ce qu'on a souhaité mettre en valeur aussi à l'époque, c'est toute la technologie. que s'est approprié les agriculteurs, que s'est approprié la coopérative pour effectuer nos métiers. Donc c'était le début des drones, des cartographies par drone pour avoir une agriculture de précision, tous les outils d'aide à la décision qui arrivaient, le GPS. Et ça, cette technologie, ça parle aux jeunes générations. Et quand on a fait le constat avec Anneau la Lune, on a dit qu'il faut qu'on puisse pérenniser ce dialogue, cette... échange qu'on a avec les jeunes, Sylvie l'a dit, on a ciblé les classes de 4e parce que, et c'est pas péjoratif dans ma bouche, ils ont encore une fraîcheur, une naïveté curieuse. Ils sont des éponges donc on peut faire passer des messages et puis surtout c'est des vecteurs aussi dans les cellules familiales pour expliquer ce que représente l'agriculture. Donc c'était réellement comment on peut... on peut parler positivement de l'agriculture, de nos métiers. Les jeunes circulent dans l'Oise, ils voient des champs de blé, ils ne savent pas ce que c'est, mais ils voient des champs de blé, des champs de colza, des champs d'orge, de patate, mais ils ne savent pas ce que c'est. Et quand on leur explique à quoi ça sert, ça part. Et puis après, je ne sais pas, depuis huit ans, s'il y a eu des vocations qui sont nées, mais c'était aussi... Un peu l'objectif, c'est de faire naître des vocations aussi bien pour le métier agriculteur que pour tous les métiers qui sont autour de l'agriculture. Parce qu'on a besoin de ça. Et je vais finir avec ça sur un propos d'une élève de quatrième de Jean-Paul II. Parce qu'on avait fait une grande soirée au Tigre où il y avait 700 élèves. Enfin, c'était une ambiance extraordinaire. Et puis, il y avait une élève qui avait fait un témoignage en disant moi, ce qui m'a marqué, c'est la joie et le bonheur. dans les yeux de l'agriculteur quand il parle de son métier. Et donc, quand vous entendez ça, vous dites, voilà, je pense que le job est fait.
- Speaker #1
Oui, on a des retours concrets. Justement, cette année, il y a une classe où il y a deux élèves. Un, il va être en stage à la ferme et un autre en stage au silo. Merci. Alors, on a parlé des terres de gym et des GIA. Justement, je vais te donner la parole à Armel. Vous, jeunes agriculteurs, qu'est-ce que vous faites comme action ? Et peut-être vous avez une petite... Date à nous partager qui arrive prochainement ?
- Speaker #5
Alors du coup au GIA, on a eu l'événement national Terre de Gym en septembre 2017, mais tous les deux ans on a campagne en fête le deuxième week-end de septembre, qui sera très bien placé puisqu'on sera à Corbeil-Serf, au sud de l'Oise et en proximité de la région parisienne. Donc on espère avoir encore plus de monde que d'habitude et un public... totalement encore plus différents de d'habitude et de sensibiliser donc toujours avec les mêmes les mêmes activités les mêmes faire découvrir toute la filière de l'Oise et nouveauté cette année qu'on oublie de temps en temps on va mettre en avant aussi la filière équine on participe aux événements donc des collectivités avec le marché fermier organisé par le conseil départemental à Beauvais on participe également au salon de l'agriculture organisé par l'agglo où il y a toujours une très bonne réception de la part du public. On est en train de mettre en place les interventions dans les écoles. On intervient déjà dans les écoles agricoles pour présenter le parcours à l'installation, mais on est en train de mettre en place pour aller dans les classes de primaire. Et on va voir aussi pour le collège, avec des supports adaptés en fonction de l'âge. On commence par les animaux de la ferme, les productions, et puis après on détaille un petit peu la filière. Dans le but, comme vous dites, on espère que les enfants, le soir, parlent aux parents de ce qu'ils ont vu, parce que la vérité sort de la bouche des enfants. Donc l'idée, c'est aussi de casser les idées reçues qu'ils peuvent avoir. Et comme vous l'avez tous dit, qui de mieux qu'un agriculteur pour parler de son métier ?
- Speaker #1
Et tu as mentionné le salon de l'agglo du Beauvaisie. Et du coup, quand on s'est posé la question de mettre en avant les initiatives qui créaient du lien, on s'est dit que c'était intéressant d'expliquer pourquoi l'agglo... Dubové dit qu'il avait décidé de faire un salon sur l'agriculture, justement, sur son territoire.
- Speaker #6
Pourquoi on a décidé de faire le salon de l'agriculture ? Ça vient d'une idée qui est apparue dans le bus du retour du salon de l'agriculture de Paris. On dit pourquoi on ne va pas faire un salon de l'agriculture qui va mettre en valeur le savoir-faire du monde agricole, du territoire. Le territoire de l'agglomération de Beauvais, pour le résumer, c'est un triangle. qui reliait Auneuil, Crèvecoeur-le-Grand à la Neuville-en-Aie. Et donc on a fait plusieurs réunions de copiles pour essayer de voir ce que l'on pouvait faire et on est déjà parti sur l'invitation des agriculteurs qui travaillent en circuit court. Mon voisin de droite en fait partie, pour offrir un large panel de production en vente directe. On a invité également les éleveurs du territoire avec des races différentes, des concessionnaires, des centres de formation, la coopérative Agora et la chambre d'agriculture par exemple. Donc tout ça fait qu'il y a un moment, on a eu une conférence de presse et j'ai un exemple à vous citer, il y a quelqu'un de la presse qui m'a dit ça ne fonctionnera pas, les gens ont eu. n'attendent pas après ce type d'événement pour aller voir les agriculteurs et puis se faire leur propre idée du monde agricole. Et bien, détrompez-vous, il y a eu 17 000 visiteurs la première année, 18 000 visiteurs la deuxième année. Alors pourquoi ? J'ai des exemples. Je discutais avec un éleveur, je discutais de la pluie et du beau temps, et tout d'un coup, il y a une maman qui est arrivée avec sa petite fille, qui m'a dit, est-ce qu'on peut aller faire une photo avec la vache qui se situe dans l'enclos ? Il a pris la petite fille par l'épaule, il l'a amenée, il a fait la photo. Et quand on s'est retourné, il y avait 10 mètres de queue avec des parents et des enfants. Oui, mais ça, c'est important parce que ça, ça a créé du lien. J'ai eu la même chose avec un concessionnaire, avec des enfants qui voulaient monter dans le tracteur. Il a géré ça comme il a pu parce que ce n'est pas aussi évident que ça. Et des exemples comme ça, j'ai les vieux tracteurs. On a entendu pendant deux jours le klaxon. qui nous a un peu saoulés, peut-être à force, mais on a entendu le klaxon, les gamins montaient sur le vieux tracteur et klaxonnaient comme ça à longueur de journée. Ça, ça crée du lien. On a également souhaité mettre en valeur des productions. Cette année, c'était le creuson qui était un ingrédient obligatoire dans les recettes qui participaient au concours de cuisine. Voilà, donc ça, cette année, c'était le creuson. On va certainement renouveler l'expérience dans deux ans parce que c'est quand même du lourd, du très lourd en termes d'organisation. Il n'y a aucune raison que ça ne fonctionne pas de la même façon que ça s'est passé sur les deux premières années. Après, je voudrais peut-être parler de mon rôle de maire, d'une commune rurale et comment on peut faire cohabiter, c'est le terme, le monde agricole avec les riverains de mon village. Il faut savoir que les gens habitent de plus en plus chez eux. un écosystème, on va dire ça comme ça, ils habitent chez eux. Ça n'a rien à voir avec le monde agricole, mais je me souviens avoir rencontré quelqu'un cet hiver, cet automne, qui vient se plaindre à la mairie, qui me dit « je suis embêté avec les feuilles de l'arbre de mon voisin » . Il y a du vent, on habite à la campagne, il y a des feuilles. C'est compliqué de gérer ce type d'intervention, de trouver des réponses à tout ça. Et tout ça pour dire que forcément, les agriculteurs, il va y avoir des nuisances, il peut y avoir de la terre sur la route. Il peut y avoir de la poussière ou des choses comme ça, du bruit. Alors la terre, on va essayer de faire des efforts, on va essayer de nettoyer les pneus sur les chemins de terre avant d'arriver dans les villages. Je pense que ça, dans la commune, c'est assez bien réalisé. La poussière, ça peut être aussi passer un petit coup de fil en disant « je vais battre le champ à côté de chez toi aujourd'hui, tu ranges ton linge et tu fais attention de fermer tes fenêtres » . Ça permet de régler les problèmes avant de les avoir. Les agriculteurs, ils sont quand même assez formatés, je vais dire, à ça. Et puis, de la part des habitants, il faut dialoguer, vraiment dialoguer. Je me souviens, quand j'étais à quatre pattes dans mon champ de lin en train de regarder des altises, il y a des gens qui passent sur un chemin que je ne connais pas. Ils me disent mais qu'est ce que vous faites ? Je dis, venez voir avec moi, vous faire voir. Vous voyez, il y a des altises qui sont en train de manger le lin. Si je les laisse faire, le lin va disparaître complètement. Après, il y a plein de solutions. Il y a des produits phytos, des insecticides, mais il n'y a pas que ça. Il peut y avoir. des extraits à base de lavandin ou de la macération d'ail ou des choses qui ressemblent à ça. Et en communiquant, en expliquant notre métier, ça permet également de régler une petite partie des problèmes. Moi, je le vois comme ça. Après, en tant qu'élu, il y a aussi des décisions que l'on peut prendre qui vont avoir un impact sur le monde agricole. J'ai participé à beaucoup de réunions de secteur parce que la délégation agricole sur le PLU également. Je me suis fait le pagaie par un éleveur qui me dit, on nous a fait des aménagements sur la route, je ne peux plus passer avec ma bétailière, je vais être obligé de passer dessus. S'il passe dessus, il va certainement les abîmer et ça va créer un désordre. Il aurait peut-être été plus simple d'éviter d'avoir le problème, de discuter, de voir un peu comment on pouvait aménager la voirie pour éviter que ça soit dégradé par les agriculteurs. Et donc, on a des problèmes comme ça à rencontrer.
- Speaker #1
Merci à tous pour le partage. Toutes ces petites actions mises bout à bout qui font que ça on arrivera à faire la différence. Thierry un petit mot ?
- Speaker #4
Bravo à Étienne et à Agnès d'avoir initié cette table ronde, cette réunion avec des élus, parce que c'est quelque chose que j'ai rêvé de faire. Vous l'avez réalisé, bravo. Mais maintenant, comme j'ai un peu plus de liberté de parole, Agnès disait tout à l'heure que notre premier concurrent, c'est l'urbanisation. Certes, Méloise reste un département rural. Alors c'est sûr que l'agriculture, elle n'est pas délocalisable. Elle ne crée pas 50 000 emplois par an. Elle crée plutôt des nuisances. Mais je trouve dommage que quand on organise une réunion et qu'on convie les maires, bien souvent ils parlent de choses sans forcément les connaître, on met les pieds dans le plat, et qu'on a toujours pensé qu'en les invitant à voir in situ ce que l'on faisait, tous les efforts, tout ce qu'on faisait en matière d'agroécologie pour essayer d'avoir un impact moindre sur les cultures, sur la biodiversité, sur les riverains, quand je vois qu'il manque quand même, qu'il y a des chaises de l'imbre, bon ça me désole un peu donc... Mais comme je vois toujours le verre à moitié plein, je souhaite que les élus présents puissent être les porte-parole auprès de leurs collègues en disant, les gars, c'est bien, il faut venir parce qu'il y a des choses hyper intéressantes à voir. Et comme vous disiez, l'année prochaine, c'est les années d'élection. Je trouve que c'était pertinent d'être présent parce qu'il y a quand même du monde. Voilà, je referme la parenthèse, mais je me devais de le dire. Et s'il y avait le même enthousiasme des mères que l'enthousiasme des jeunes et que ce matin on ne s'entend pas parler parce que les mères discutent entre eux, c'était la première des choses.
- Speaker #7
Un petit mot de conclusion rapide parce que dès que les enfants en faim vont arriver, quand ils n'ont pas à manger à l'heure, ils deviennent vite agressifs. Donc on va se dépêcher. Donc moi ce que je voulais vous dire, c'était tout simplement un grand merci d'avoir été présent aujourd'hui et puis finir cette table ronde en disant qu'effectivement oui, c'est possible. C'est possible de recréer du lien. C'est possible. en réunissant les élus. Et je vous remercie encore une fois d'être présents, parce que c'est vous aussi qui, au travers des événements comme ça, allez arriver à communiquer dans les instances où vous participez pour qu'on arrive à fédérer du monde, à emmener du monde dans le projet. Et puis, il y a eu plein de messages très intéressants. Il y a beaucoup de travail. Il faut arriver à ce que les consommateurs comprennent que derrière notre industrie, il y a une agriculture durable. Il y a cette promotion, il y a cette évolution. Il faut continuer de la partager, il faut continuer de communiquer. Il y a plein de choses à mettre en place pour arriver à recréer du lien. Et en tout cas, moi, je vous remercie vraiment profondément d'avoir, par votre présence, assisté à cette table ronde.
- Speaker #1
Un grand merci à vous, chers auditeurs, de nous avoir écoutés jusqu'au bout de cet épisode. Alors, on l'a vu, la coopérative Agora est un acteur engagé sur le territoire, une entreprise non délocalisable qui crée du dialogue entre générations, entre les citoyens, élus et agriculteurs. Alors, si cet échange vous a plu... Je vous invite à le partager autour de vous et à vous abonner à ce podcast pour ne rien manquer de nos prochains épisodes. A très vite dans Demain de Bot !