- Speaker #0
Bonsoir à tous et bienvenue dans ma bulle de sagesse. Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro de Drôles de planète, la chronique qui démonte les idées reçues pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis en compagnie de Sanjy Ramboatiana, coach psychocorporel, auteur, cofondateur d'ArtasEntraide. Bonjour Sanjy.
- Speaker #1
Bonjour à vous Myriam et bonjour à tous vos auditeurs de la journée.
- Speaker #0
Alors Sanjy, savez-vous qu'il y a actuellement en France 17 millions de retraités, soit à peu près 25% de la population française, une personne sur quatre ? Ce sont les statistiques de 2021.
- Speaker #1
Eh bien non, je ne le savais pas Myriam, je ne savais pas ça précisément, mais en fait je pense que cette statistique nous met devant le fait que nous sommes une société vieillissante et qu'il y a de plus en plus de personnes âgées qui rejoignent la retraite. Et que ça veut donc dire que nous sommes devant une population de gens inactifs, mais qui ont du temps et qui ont de l'argent.
- Speaker #0
Et cela permet d'introduire un autre sujet, notre thème d'aujourd'hui. J'aurais souhaité parler de comment est-ce qu'on vit sa retraite aujourd'hui. On nous présente la retraite comme enfin les grandes vacances, mais est-ce bien la réalité ? Ou est-ce qu'il ne se cacherait pas derrière une crise plus profonde ?
- Speaker #1
Question sociale. Immensément importante Myriam, parce que vous avez raison aujourd'hui beaucoup de gens attendent la retraite avec impatience parce que ça va être maintenant l'opportunité, puisqu'on ne travaille plus, de pouvoir faire tout ce qu'on veut de pouvoir faire les voyages qu'on n'a pas pu faire, de passer le temps avec la famille qu'on n'a pas pu passer avant d'avoir enfin les loisirs qu'on n'a pas pu s'offrir pendant qu'on travaillait. Alors tout d'un coup la retraite paraît une période de Vacances, c'est-à-dire vacantes, quoi, où on n'a plus de contraintes. Ça, c'est ce qu'on pense, en fait, avant la retraite. Disons, c'est l'image qu'on nous véhicule, parce que les études psychologiques témoignent de bien d'autres choses. Je lisais récemment une étude de la DARES, une étude menée par le ministère de la Santé, où il était dit, en fait, que 20% des gens avant la retraite ont déjà des manifestations angoissantes, se demandant ce qu'ils vont faire d'eux. de leur vie à venir. Et qu'après un an de retraite, eh bien cette statistique est multipliée par trois. 60% des gens s'interrogent un an après leur retraite de ce qu'ils vont bien pouvoir faire de tout ce temps libre. Alors on est devant une question majeure, c'est voilà qu'on avait des rêves, et voilà que tout d'un coup la réalité nous rattrape, et qu'elle n'est pas aussi rose que celle que l'on avait imaginée, et sacrée semble-t-il de nombreuses... manifestations d'angoisse, de dépression et de pathologies qui sont aujourd'hui soignées que par les médicaments. Peut-être que derrière la retraite, il y a une autre réalité. Il faudrait que nous prenions le temps d'explorer, mais c'est sans doute le sujet de notre émission.
- Speaker #0
Oui, nous allons l'aborder dans la deuxième partie de cette émission. J'aimerais commencer par quelques vrais faux, histoire de rétablir les choses. qui sont inspirés, attention, d'un site qui est forcément à parti pris, puisque c'est l'UNSA, la Fédération des syndicats. Alors on va parler un peu de l'aspect financier, administratif des retraites. Premier vrai faux. Les Français partent trop tôt à la retraite, ils disent.
- Speaker #1
Ah oui, est-ce que je suis d'accord avec est-ce qu'on part trop tôt à la retraite ? Je pense qu'aujourd'hui, la retraite, elle est manifestement gérée par des indicateurs économiques. Alors, est-ce qu'on part trop tôt par rapport à notre besoin profond en tant qu'être humain d'avoir disposé de ce temps vacants sans contraintes professionnelles ? Est-ce qu'on part trop tard ? Ça, je ne pourrais pas dire. Je pense que c'est tellement variable selon les individus. Puis, il y a des pays au monde où il n'y a pas de retraite, où les gens décident de partir à l'âge qu'ils veulent. Mais d'ailleurs, c'est assez étonnant parce que... Ce qu'on constate, c'est qu'ils partent un peu plus tôt que l'âge légal au fait auquel on invite les Français à partir. Mais aujourd'hui, la question, à mon avis, elle ne se pose pas comme ça. Ce n'est pas une question liée à quels sont nos besoins humains fondamentaux, c'est une question de, économiquement, qu'est-ce qu'on peut s'autoriser ? Et c'est vrai que le système des retraites, il a été pensé à une période où la démographie n'était pas celle d'aujourd'hui, où il y avait beaucoup plus de gens actifs qu'il y en a aujourd'hui, puisqu'on sortait de la... de la Deuxième Guerre mondiale, qui avait eu le baby-boom, etc. Et que le système des retraites, il était facilement finançable par les actifs. Aujourd'hui, on est devant un double problème, c'est à la fois... La population a vieilli, donc il y a moins d'actifs sur le marché du travail. La part du chômage a augmenté, donc la part d'inactifs a augmenté. Et en plus, on a, comme on a vieilli, comme je l'ai dit précédemment, beaucoup plus de personnes à la retraite qu'on en avait précédemment. Aujourd'hui, il faut, je crois, si mes souvenirs sont bons, il faut un actif finance deux inactifs. Il y a 50 ans, c'était... Trois actifs, finances, quatre inactifs. Ça a beaucoup changé, en fait, le rapport. Je crois que c'est surtout géré par des contraintes économiques, donc je ne saurais pas répondre à votre question.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que c'est une question très vaste. Alors, sur ce site-là, ils nous disent qu'il serait faux de dire que les Français partent trop tôt à la retraite, puisque l'âge moyen est passé de 60 ans et demi à plus de 63 ans en 2021. Voilà, et que du fait des nombreuses réformes précédentes. Il est aussi faux de dire que les Français passent plus de temps à la retraite qu'auparavant. Si la génération 1950 pouvait s'attendre à près de 26 années de retraite, celle de 1955 est moins chanceuse, avec une espérance de vie de retraite de 24 années. On est vraiment...
- Speaker #1
Je ne sais pas si vous le savez, mais dans plein de pays, la question se pose. Il n'y a pas qu'en France. Je sais qu'en Hollande, l'âge de la retraite a été reporté à 67 ans. Il y a des projets similaires pour l'Allemagne et similaires pour l'Italie. C'est un recul, un reculage de la retraite. C'est vrai ce que vous dites, je comprends.
- Speaker #0
Une autre idée reçue, on vit plus longtemps, donc il faut travailler plus longtemps. Qu'en pensez-vous, Sanji ?
- Speaker #1
Eh bien, je me dis que c'est bien possible. Je me dis que c'est bien possible qu'il faille travailler plus longtemps parce qu'on vit plus longtemps. Et donc, comme on vit plus longtemps, le temps à la retraite pourrait s'allonger. Et qu'en plus, peut-être qu'effectivement, on reste plus longtemps en bonne santé et donc que les dépenses de retraite sont moins importantes. Et bien, figurez-vous Myriam, je ne suis pas capable de répondre à votre question. C'est la deuxième sur laquelle je dirais je ne sais pas.
- Speaker #0
Oui, ce n'est pas évident. Effectivement, l'espérance de vie a progressé ces dernières décennies. Mais néanmoins, si on prend en compte l'espérance de vie, comme vous dites, en bonne santé, les résultats sont beaucoup plus contrastés. Donc, il est difficile de répondre à cette idée reçue. Enfin, est-ce que c'est vraiment une idée reçue ? Je vais vous en proposer une autre. Il n'y a pas d'autre solution que de travailler plus. Qu'en dites-vous,
- Speaker #1
Sanji ? Je pense que c'est le cas. Je ne dirais pas travailler plus, je dirais travailler plus longtemps. Et sans doute qu'on doit effectivement développer notre productivité pour générer davantage de richesse, essayer de permettre aux plus anciens de partir au plus vite à la retraite, parce que qu'on le veuille ou non, c'est vrai qu'il y a une dimension aussi qu'on ne mesure pas, c'est qu'il y a beaucoup de gens qui ont commencé à travailler très jeunes, et que parfois, oui, c'est sûr, le corps est usé, on n'a plus la même motivation au travail, et que ça ne me paraîtrait pas si aberrant que de laisser partir les gens plutôt.
- Speaker #0
Ah d'accord, donc vous dites qu'en fait on peut laisser partir des gens plus tôt, mais en même temps ?
- Speaker #1
Non, je dis qu'en fait aujourd'hui, compte tenu des contrats économiques, il faut travailler plus et sans doute travailler mieux.
- Speaker #0
Alors le syndicat, l'UNSA, dit que c'est faux, parce que pour maintenir l'équilibre du système, ils pensent que d'autres solutions existent. Par exemple, le taux d'emploi des seniors est un des axes sur lesquels on devrait être plus incitatif. En effet, une augmentation de 10% du taux d'emploi des seniors résoudrait des problèmes de financement. La définition d'un index et la création d'un fonds spécifique financé par les entreprises restent insuffisantes, mais aucune mesure un peu contraignante ne s'impose aux entreprises. Il faudrait aussi faire le tri dans les allègements ou suppressions de cotisations qui existent actuellement pour les entreprises. Il y a des bons et des mauvais allègements. On ne peut pas continuer à faire les poches de la protection sociale des salariés, puis leur demander de travailler plus longtemps pour compenser. Par exemple, l'exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires, ça ferait 2 milliards en moins pour la Sécu.
- Speaker #1
Mais dans votre marque, Myriam, il me semble que c'est sûr qu'on va trouver des moyens. Sans doute, y a-t-il des moyens d'ordre économique qui permettraient de réguler, ou de rajeunir l'âge du départ à la retraite ? Mais je pense que derrière toute cette question, en fait, se pose la question de à quoi ça peut bien servir la retraite.
- Speaker #0
Oui, et bien je vous propose, Sanji, que l'on aborde dans la deuxième partie. Je vous propose une première pause musicale et nous allons nous retrouver tout de suite après pour ce sujet profond de la retraite. Vous écoutez Drôle de planète, la chronique qui démonte les idées reçues sur l'actualité ou sur un sujet de société, pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis avec Sanjy Ramboatiana, coach psychocorporel, auteur, cofondateur d'Artas Entraide, et nous parlons aujourd'hui de ce vaste sujet qu'est la retraite, et le nombre de retraités aujourd'hui en France qui explose, et surtout... Quelle est la crise profonde qui se cache derrière la retraite ? Alors Sanji, nous avons tout à l'heure démonté quelques idées reçues, surtout sur un point de vue, on va dire très extérieur, très administratif, du point de vue économique de la réalité de la retraite. J'aimerais qu'on aborde surtout maintenant, comment est-ce qu'on vit le passage à la retraite ? Quelle réalité se cache derrière ces mots ?
- Speaker #1
Alors moi j'ai eu l'occasion d'accompagner pas mal de personnes qui partaient à la retraite. Effectivement, vous avez raison, beaucoup de gens pensent que préparer leur retraite, c'est préparer une retraite d'un point de vue administratif. Donc on va chercher le nombre d'annuités qu'on a fait, on essaye de calculer le montant de sa pension, et d'ailleurs ce sont des dossiers effectivement administrativement assez compliqués à monter. Mais en parallèle de ça se pose quand même une question majeure, c'est qu'est-ce qui va se passer une fois qu'on va partir à la retraite ? Parce que qu'on le veuille ou non, le travail occupe une grande partie de notre temps. On y passe 8 heures par jour, ou plus pour certains, mais surtout on y fréquente beaucoup de gens. Et si on faisait la liste de toutes les personnes qu'on rencontre dans une journée et qu'on Ausha de cette liste, Les gens qu'on a rencontrés dans le cadre professionnel, bien on verrait qu'en fait, nos relations et notre réseau social est beaucoup construit dans le cadre professionnel. Alors soudain, on arrive à la retraite et un matin on se lève et on ne sait plus et on n'a aucune idée de quel va être notre emploi du temps de la journée. Et on ne sait pas à qui on va croiser. Et très rapidement, les retraités s'aperçoivent qu'ils sont devant un agenda vide. Que les personnes qui leur avaient promis qu'ils viendraient les voir, soudain ne viennent plus les voir. Que leurs propres enfants sont eux-mêmes occupés par leur vie familiale et leur vie active. Et il y a un sentiment de vacuité lié à l'activité et lié aussi au fait qu'on ne voit plus grand monde. Je pense que c'est un vrai choc la retraite en fait. Et que soudain, on est devant un grand vide. Et que c'est ça en fait qu'on devrait commencer lors de la préparation à la retraite, c'est sur ce sujet-là qu'on devrait aussi se pencher avec autant de sérieux qu'on le fait sur le volet administratif.
- Speaker #0
Oui, effectivement, sur le journal des psychologues, on parle de crise de retraite, tout comme on parlerait de crise d'adolescence ou de crise du milieu de vie. Ils évoquent la crise de la retraite.
- Speaker #1
C'est vrai parce que... Et rappelons-là la crise de la soixantaine pour faire écho à la crise de la quarantaine. La crise de la soixantaine, le moment où on part à la retraite, se conjugue aussi avec des mutations profondes de nos êtres. À la fois, on va perdre notre vie professionnelle, et notre vie professionnelle, elle comptait beaucoup pour nous, elle fait partie de notre définition. Avoir telle ou telle profession, avoir son temps occupé par telle ou telle activité, nous donne une consistance, nous donne une importance identitaire. A chacun, soudain, on l'a plu, ça. Mais ça, ça se double avec d'autres phénomènes extrêmement importants. Le premier, je dirais que c'est les premières manifestations du vieillissement. On le sent physiquement. Notre visage se ride. Nous avons moins de force, bien qu'on soit encore en forme. On commence à avoir des petits pépins de santé. On le sent bien, notre corps perd de sa performance. Et ça, c'est la manifestation qu'on commence à rentrer dans un autre âge qui est celui de la vieillesse. Et avec la vieillesse va la crainte de la mort, la crainte de souffrir dans sa famille. Et ça, ça nous inquiète beaucoup. Mais avec ça aussi, et c'est pour ça que c'est une vraie crise, et une vraie crise du sens, on est devant des bilans de notre vie, en se disant, mais hé là, qu'est-ce que j'ai fait dans ma vie ? Quel a été le sens de ma vie ? Et sans doute, là, il me reste 20, 25 ans, peut-être 30 ans à vivre, et est-ce que je ne me consacrerais peut-être pas à une recherche sur à quoi je peux bien servir ? À quoi ma vie peut-elle être encore utile dans les 20, 30 ans qui viennent ? Parce que fondamentalement, je suis quand même en bonne santé, même si j'ai des petits pépins, j'ai du temps. J'ai de l'argent, qu'est-ce que je vais faire de ma force physique qui me reste, du temps qui me reste et de l'argent que je continue à gagner et qui me libère du temps ? Le retraité est devant cette question. Que vas-tu faire maintenant de ta vieillesse et des 20-30 ans qui te restent à vivre ? Et ce n'est pas une question facile et pas une question simple à résoudre. Donc je suis rejoint à le journal des psychologues, ils ont raison. C'est une crise de retraite, c'est une crise de vie. C'est un événement qui nous remet en question, devant le sens profond que nous voulons accorder à notre vie.
- Speaker #0
Oui, c'est exactement ça. Vous vous rejoignez sur tous les points, puisqu'il parle d'une crise de l'image de soi, de l'amour de soi, de la représentation que l'individu a de lui-même, à travers effectivement tout ce qu'il avait mis en place dans sa vie antérieure, son emploi du temps, ses relations, son patron, son travail. son statut de responsabilité, etc., son salaire même. Et puis, effectivement, il parle de séparation. On se sépare avec sa vie d'avant et on est aussi confronté à des pertes, toutes celles que vous évoquez, et des pertes qui vont faire que s'accentuer. Avec le début du processus, effectivement, on se retrouve devant une nouvelle étape, la vieillesse. C'est bien cela que vous avez évoqué.
- Speaker #1
Et je pense que bien au-delà de la retraite, en fait... Bien au-delà du phénomène, j'allais dire extérieur de la retraite, cette période de la vie nous interroge tous, et devrait nous interroger tous collectivement en fait. C'est qu'est-ce que ça veut dire vieillir ? Dans de nombreuses sociétés, les vieux sont des sages. En Afrique, on dit que lorsqu'un vieux meurt, c'est toute une bibliothèque de sens qui disparaît. J'aime bien cet adage aussi qui vient aussi d'Afrique, on dit que les jeunes courent beaucoup, mais il n'y a que les vieux qui savent où ils vont. Donc on est devant quelle place nous, collectivement, on accorde aux gens qui perdent leur capacité avec l'âge. On est devant la question de quelle place nous, on veut accorder aux aînés, aux seniors dans notre société. Or, jusqu'à présent, nous avons fait le choix de les exclure plus ou moins à long terme, mais de les mettre en maison de rentraite comme si vieillir, en fait, ça n'était que devenir un fardeau. Un fardeau social, un fardeau économique, un fardeau pour sa famille. Mais peut-être qu'un vieux, parce qu'il a accumulé de l'expérience de la vie, parce qu'il a vécu des choses que nous n'avons pas encore vécues, il nous indique une direction. C'est peut-être un phare. Et c'est peut-être ça aussi la place. qu'il faudrait que l'on réfléchisse à accorder aux plus âgés dans notre société. Donc je pense que la retraite, elle nous interpelle à nous à titre individuel, mais elle nous interpelle aussi, nous tous, à titre collectif, devant la place que nous voulons accorder aux plus âgés dans notre société.
- Speaker #0
Et je pense que ça sera l'objet d'une prochaine émission consacrée entièrement, effectivement, sur la vieillesse et la fin de vie. Alors je vous propose, Sanji, une deuxième pause musicale. Et nous allons nous retrouver tout de suite après pour la dernière partie. Dans le dernier volet de cette émission, nous apercevrons avec vous les perspectives pour les retraités. A tout de suite.
- Speaker #1
A tout de suite, Myriam.
- Speaker #0
Myriam, avec vous pour une bulle de sagesse. Vous écoutez Drôle de planète, la chronique qui démonte les idées reçues pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Je suis avec Sanjy Ramboatiana, auteur, coach psychocorporel. cofondateur d'Arta Centraide, et nous parlons aujourd'hui du vaste sujet de la retraite. Tout à l'heure, Sanjy, nous avons évoqué en quoi la retraite est une crise profonde pour l'être humain, en quoi ça nous remet tous personnellement en question, à un niveau personnel, à un niveau collectif. Mais maintenant, j'aimerais qu'on aborde quelles autres perspectives, comment on pourrait accompagner cette étape qu'est la retraite.
- Speaker #1
Dans cette étape qui est la retraite, il y a plusieurs façons de l'accompagner. La faction qu'on rencontre assez habituellement, assez communément, c'est les gens qui reproduisent ce qu'ils ont vécu dans leur vie professionnelle. Ils s'occupent avec des activités bénévoles, ils s'occupent avec des activités de loisirs. Or, il se trouve qu'à ce moment-là, le retraité a du temps, il a de l'argent. Et que sans doute, ce temps et cet argent l'appellent à se tourner vers les autres. à aider ceux qui sont autour de lui. Il y a des gens dans sa famille qui ont besoin d'aide. Les plus âgés, qui eux, voient leur santé largement se dégrader, et dont personne ne s'occupe vraiment. Voilà que le retraité, il a du temps peut-être, surtout le jeune retraité, pour aller se consacrer un petit peu à aider les plus âgés de sa famille. Mais il y a aussi les plus jeunes aussi. qui s'interrogent et qui ne savent pas trop vers où aller, peut-être qu'ils pourraient être force de conseil et puis être présents un peu à leur côté. Je dirais qu'en fait, il y a une première aide, une première aide vers laquelle le retraité peut se tourner, c'est et alors maintenant, est-ce que je pourrais aider dans ma propre famille ? Puis un deuxième niveau d'aide, c'est le retraité, ok, peut-être qu'on a moins de moyens qu'on avait avant à la retraite, mais nous quand même, nous avons un niveau de vie tout se descend. Or, il se trouve qu'autour de nous, il y a des gens qui n'ont pas beaucoup d'argent, peu de moyens, et vers lesquels aussi on pourrait se tourner. Je parle de gens en prison, je parle de gens malades à l'hôpital, je parle de migrants, je parle de SDF, je parle de gens qui auraient besoin de notre solidarité, peut-être un peu qu'on leur donne un peu d'attention, peut-être un peu de moyens financiers, mais surtout du temps. Eux aussi, on pourrait se tourner vers eux et se dire, tiens, voilà maintenant que... J'ai du temps et un peu d'argent, n'y aurait-il pas des gens plus pauvres, plus dans le besoin que moi, vers qui je pourrais me tourner pour me rendre utile, pour les aider ? Et puis, il y a aussi une troisième, je dirais, appel qui est adressé aux retraités, c'est Mais tu as accumulé de l'expérience de vie, tu as vécu des expériences, tu as un savoir sur la vie. Et sans doute, y a-t-il des gens à qui tu pourrais le transmettre ? Et je pense qu'il est extrêmement important à cet âge-là de pouvoir se reculer sur sa vie, d'essayer d'apercevoir quel en a été le trajet, qu'est-ce qu'on en a appris, et qu'est-ce qu'on pourrait partager dans une transmission, je dirais, plus la éthique, philosophique, et peut-être spirituelle. Je pense que très tôt, en fait, il faudrait, avant l'âge de la retraite, commencer à se tourner vers ces sujets. Parce que ça se prépare, ça. Ça s'apprend en fait à aider les autres de façon juste. Si c'est juste s'occuper des autres pour occuper son emploi du temps, alors c'est pas vraiment aider, c'est soi-même qu'on aide. Si c'est se consacrer aux autres, essayer de tout faire pour qu'ils aillent mieux, même si ça nous prend du temps, même si ça nous coûte un peu d'argent, même si ça nous mobilise, peut-être, mais peut-être que ça, cette nouvelle mobilisation de notre être, elle va nous donner un axe, une importance, une nouvelle identité. Parce qu'en fait, en vérité, c'est ça que le retraité recherche. Il cherche une nouvelle identité, celui du serviteur qui va prendre toute la place en lieu et place du professionnel. Je pense qu'il y a un vrai travail à faire dès, je dirais, la soixantaine, pour amener chacun à s'asseoir et à essayer de visiter sa propre histoire, pour découvrir quels sont ses points de force, quels sont ses points de faiblesse, et qu'est-ce qu'il peut mettre à disposition. de ses proches, des plus pauvres et des plus jeunes qui ont besoin de transmission.
- Speaker #0
Mettre ses talents au service des autres.
- Speaker #1
Exactement. Et je pense que c'est là que le vieux devient un sage, en fait. Devenir sage, ce n'est pas un statut que la société nous donne, c'est une place que le retraité doit prendre. Et il doit le prendre depuis son expérience, sa patience et sa douceur envers le monde qui change. Je pense que si on veut être un sage, il y a tout ce que l'on vient de dire tout à l'heure qu'on peut apporter en tranquille, mais il y a surtout une nature d'être à aller chercher. C'est-à-dire, aujourd'hui, dans le monde qui vient, dans le monde dans lequel nous vivons, devrais-je dire plutôt, le vieux, le retraité, il est perçu comme inutile. On a envie de le mettre de côté. Mais lui-même, le retraité, il n'est pas très tranquille avec la vieillesse qui arrive. Et si c'était l'heure maintenant... qu'en fait, on change profondément notre axe de vie. Non plus essayer d'avoir plus, mais essayer d'être plus doux avec soi-même. Et ce n'est pas la société qui va nous le donner, ça. C'est le retraité qui doit, peu à peu, construire un art de vivre tourné vers la douceur, la douceur d'être, la douceur de vivre. Pour soi, psychiquement, dans son rythme de vie. dans le soin, nouveau soin que nous devons accorder à notre corps. Bref, la retraite s'accompagne à la fois d'une conquête de cet état d'aide, d'aidant, de serviteur dirais-je, et de l'autre côté de la conquête, d'une douceur de vivre profonde. Parce qu'il n'y a qu'à cette condition-là que les plus jeunes auront envie de se tourner vers nous, sachant, sentant que nous sommes habités par une certaine douceur. C'est que cette condition qui se tourneront vers nous pour nous donner conseil. Et enfin, j'en terminerai là, Myriam. Ça me paraît extrêmement important tout ça. C'est pas que pour les retraités en fait, mais c'est aussi pour les plus jeunes. Si nous pouvions, aux plus jeunes, donner l'espoir que le départ à la retraite et la vieillesse n'est pas du tout une déchéance, mais au contraire, la conquête progressive d'une douceur de vivre pour soi et d'une profonde sagesse, ça nous ferait à tous moins peur de vieillir et de nous tourner vers notre fin de vie.
- Speaker #0
Je crois savoir, Sanjy, que parmi les créations des nouvelles salles où on peut venir expérimenter la douceur de vivre dans les salles de pratique, il y en a... bientôt consacrée aux retraités.
- Speaker #1
Effectivement, parce que la retraite, elle enclenche ce que l'on vient de dire là, elle a quatre enjeux majeurs, selon moi, la retraite. Elle a à prendre la douceur de vivre pour soi, conquérir une paix du cœur profonde pour les autres, apprendre à servir et à aider, travailler sur ses solidarités. Et puis, elle interroge aussi toute la question du sens. Donc il y a aussi toute une série de réflexions philosophiques que nous devons avoir en nous, réflexions philosophiques et spirituelles. Qu'est-ce que veut dire mourir ? Qu'est-ce que veut dire vieillir ? Qu'est-ce que veut dire vivre ? Et ça, sans doute, ça nous amène à avoir des questionnements très en profondeur, et peut-être même à se reposer des questions fondamentales de genre à quoi je crois ? Pour ma vie et pour mon après-mort, à quoi je crois ? Donc, ces salles de pratiques portent sur ces quatre grands sujets. Et on peut venir la fréquenter entre une et deux fois par mois. Et vous verrez aussi et vous découvrirez qu'à l'intérieur de ces salles de pratiques, il y a aussi tout un travail corporel qui est fait pour entretenir le corps vieillissant, pour nous faire rencontrer cette grande douceur qu'il y a à l'intérieur de notre corps. Il y a une façon de vivre son corps qui est tout autre au fur et à mesure que nous gagnons de l'âge. Certes, nous serons moins performants physiquement, mais nous pouvons développer une toute autre sensation, une toute autre relation avec notre corps. Et c'est fondamental parce que c'est ça vieillir pour moi en bonne santé.
- Speaker #0
Et je crois que vous leur avez donné le très joli nom de salle de l'âge d'or.
- Speaker #1
Exactement, parce que vieillir, ce n'est pas une décrépitude, c'est devenir... Un sage, une personne en or, une personne qu'on respecte, une personne précieuse pour tous les autres qui lèvent leurs yeux et se disent moi j'aimerais bien vieillir comme ça
- Speaker #0
C'est une très belle perspective à ce sujet et pour en savoir plus, je mettrai les coordonnées du site sous le podcast bien sûr. Merci Sanjy, c'était Drôle de planète, la chronique qui démonte les idées reçues sur l'actualité. Nous avons parlé aujourd'hui de la retraite. Et nous avons aperçu, après avoir démonté quelques idées, après avoir vu aussi la crise que ça pouvait être, la retraite, nous avons aperçu des très belles perspectives.
- Speaker #1
Merci à vous Myriam et à tout bientôt. Merci à tous vos auditeurs pour leur attention.
- Speaker #0
Et quant à moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, même jour, même heure, pour une prochaine Bulle de Sagesse. Belle semaine à tous.