- Speaker #0
Bonjour Margot.
- Speaker #1
Bonjour Amélie.
- Speaker #0
Je suis ravie de t'avoir dans mon podcast aujourd'hui. Et pour commencer, je te pose la première question que je pose à tout le monde. Comment vas-tu, mais si je te parle d'écologie ?
- Speaker #1
Ouf, c'est pas ouf. Au vu de l'actualité, qu'on va pas forcément détailler, c'est pas ouf. Parce qu'on a vraiment cette impression de faire que la société fait un pas en avant, puis trois pas en arrière, de pas être soutenue. Avec des consoeurs, on bosse sur un projet. Là, on a tenté de faire une demande de subvention pour un projet et la dame était à faim. Et quand on leur a expliqué le contenu du projet, elle nous a dit « oui, mais ça ne paye pas, du coup vous allez aller voir ailleurs » . Et en fait, c'est extrêmement difficile d'avancer dans des conditions comme ça où on est très content que les gens fassent des efforts, mais on n'est pas soutenus et je ne parlerai même pas du gros de l'actualité. autour de l'agence du bio, etc. Ni même de l'actualité internationale, donc c'est pas ouf.
- Speaker #0
Et toi, comment l'écologie est rentrée dans ta vie ? Est-ce que ça a toujours été là ou c'est arrivé par un ou plusieurs déclics ?
- Speaker #1
C'est une question qui n'est pas facile. Je pense qu'elle a toujours été un petit peu là sans forcément être conscientisée. Et elle est arrivée beaucoup plus dans ma vie quand je suis devenue maman, puisque c'est arrivé via les couches lavables. qui sont encore une énorme partie de ma vie aujourd'hui. Et ce qui est rigolo, c'est qu'à l'époque, quand je me suis dit je vais passer aux couches lavables, c'était clairement pas pour des questions écologiques. Je suis même pas sûre d'avoir pareil conscientisé la raison pour laquelle je voulais passer aux couches lavables. Mais en me penchant sur le sujet, en creusant la question, puisque j'adore aller au fond des sujets qui me passionnent, je me suis rendu compte de l'impact monstrueux que ça représentait. Et c'est une des parties de mon mal-être, c'est de me rendre compte que j'ai l'impression qu'on est vraiment une quantité infime à se rendre compte de l'impact que de passer un enfant en couche lavable peut représenter en termes de diminution de déchets. Et voilà, c'est rentré comme ça. D'abord, il y a eu les couches, puis il y a eu les lingettes, et puis le zéro déchet, et puis la réduction des déchets jaunes au quotidien, et puis le compost et le lombricompost, et ainsi de suite. Et c'est l'escalade, et voilà, c'est devenu mon quotidien.
- Speaker #0
Et pour les... couches lavables, c'était lié aux déchets que tu as été vers les couches lavables ou ça a été une question de santé parce qu'on sait des fois que dans certaines couches, il n'y a pas des trucs foufous à l'intérieur ?
- Speaker #1
Bah c'est justement en fait, j'en sais rien. Ouais. Le pourquoi de ce début de projet, je le sais, j'arrive pas à le définir. Ensuite, je sais que ça a été pour moi l'écologie. À partir du moment où je me suis passionnée pour le sujet, c'est clairement devenu l'écologie. Mais au moment où Merci. En tant que maman, je pense que j'étais à 8 ou 9 mois de grossesse, à l'IT, je devais m'ennuyer pas mal. Je me suis penchée sur la question. Je n'arrive pas à me souvenir de pourquoi. Je pense qu'il y a dû y avoir une question de raison de santé, comme beaucoup de parents au début, mais l'écologie a très vite pris le dessus.
- Speaker #0
Tu as été choquée de ce que tu as pu apprendre autour de la couche lavable ? Tu disais qu'on est juste une petite partie infime. Est-ce que tu t'en doutais ou pas du tout ? T'es tombée de très haut.
- Speaker #1
Tu me fais remonter tellement loin. C'était il y a dix ans quasiment. Ouais, ouais. Ce qui m'a fait tomber de haut, c'est de me rendre compte à quel point c'est compliqué. En fait. Parce que je comprends qu'on soutienne difficilement le projet parce qu'effectivement, c'est compliqué de passer aux couches lavables aujourd'hui. Il faut le bon modèle. Il faut surtout un bon mode d'emploi et une bonne organisation. Il faut dépasser ces inquiétudes de toucher du caca. Oui, moi j'appelle un chat un chat, allons-y Franco. Et trouver des petites astuces et finalement se laisser motiver par son envie de réduire ses déchets, qui est de tous les facteurs que j'ai pu voir le facteur le plus intéressant. C'est celui qui va donner le plus de résultats auprès des familles. C'est leur envie d'arrêter de descendre la poubelle. Après, qu'est-ce qui m'a choquée ? Je pense que j'ai quand même été choquée par la quantité de déchets que ça représente. On est sur une tonne, une tonne cinq par enfant. C'est l'équivalent d'une chambre en mètre cube d'une petite chambre d'enfant de 10 mètres carrés. On peut remplir intégralement cette chambre entière avec les couches sales d'un enfant. Et c'est un déchet qui n'est absolument pas recyclable. Ça, ça m'avait choqué. Ça, ça m'avait choqué de me dire qu'une couche jetable, quand elle est délaissée comme ça dans la nature, elle met 300 à 500 ans à se décomposer. C'est monstrueux. C'est monstrueux. Et ce qui m'a encore le plus attristée quand j'ai continué de creuser dans tout ça, ça a été de me dire que c'était... Toutes les choses qu'on était venu ajouter progressivement au fil des ans, au fil de l'industrialisation de ce secteur, au fil du développement des lobbies, etc. De tous les trucs rados qui sont venus rajouter à l'intérieur, le super absorbant, le polyacrylate de sodium, c'est ça qui met des centaines d'années à se décomposer. Et en fait, ça, ça m'a choquée. Je crois que c'est vraiment ça qui m'a choquée. Plutôt le fait qu'il faut 500 ans. cinq siècles entiers pour qu'une seule couche jetable disparaisse. Ça, ça m'a choquée.
- Speaker #0
Et moi, ce qui m'a choquée il n'y a pas longtemps, c'est quand je parlais avec ma grand-mère, qui a bientôt 80 ans, et qui m'expliquait qu'elle avait des couches lavables. Genre que ma mère, elle portait des couches lavables. Donc en fait, les couches jetables, c'est ultra jeune en fin de compte.
- Speaker #1
C'est à 50 à 70 ans. Et attention, je parle des premières couches jetables. Les premières couches jetables, elles n'ont absolument rien à voir avec les couches qu'on connaît aujourd'hui. Les toutes premières couches jetables qui sont arrivées en Italie à l'époque, et ce n'était pas Pampers, Pro, Per et Gamble. Je n'arrive jamais à prononcer le nom de cette entreprise. Et on s'en passera bien, à vrai dire. Mais c'était une autre marque. Je n'ai plus le nom en tête. C'est pareil, on s'en fiche pas mal. C'était au départ un simple rouleau de coton. Un peu comme le côté couche qu'on peut trouver parfois encore en pharmacie, par-dessus laquelle on venait mettre une pointe en plastique réutilisable. Donc en soi, c'était même compostable. C'était même bon pour la planète. Et en fait, c'est vraiment avec le temps, avec l'industrialisation, c'est dans les années 70 qu'elle a commencé à se développer en Europe, puis aux États-Unis. Clairement, ça a été une révolution. J'entends et on va le redire certainement. Mais c'est effectivement hyper récent. Et je me rappelle d'un événement que j'ai animé à l'occasion, je ne sais plus, ça devait être la semaine du développement, des redurables ou quelque chose comme ça. Et je me retrouve sur mon petit stand avec trois générations. Il y avait la grand-mère, la maman et le bébé, tout frais, tout neuf. Et la grand-mère dit à sa fille, mais toi ma fille, tu as été en couche lavable parce que je n'avais pas les moyens de te mettre en couche jetable. Et je me suis rendue compte à quel point les choses avaient... complètement switchées. On voit aujourd'hui la couche lavable comme un produit de luxe. La preuve en est qu'on n'arrête pas de créer des couches lavables toutes pourries, fabriquées en Chine avec des matériaux dégueux, sous prétexte que les couches lavables éthiques sont trop chères. Gardons le sujet pour une autre fois. Et voilà, les choses ont complètement, non seulement ça a été extrêmement rapide, et je comprends pourquoi, si on se remet dans... dans la tête des femmes, parce que ça reste un sujet de femmes, en tout cas à l'époque. Quand elles se sont développées les couches jetables, elles sont arrivées avec l'air du tout jetable. Oui, je fais encore une digression après, j'arrête, promis ?
- Speaker #0
Non, vas-y, vas-y !
- Speaker #1
J'ai en mémoire une scène de la série Mad Men qui se passe vraiment à cette époque-là, notamment parce qu'on y suit les aventures de plusieurs femmes au foyer. Alors, je n'ai plus le nom de l'épouse de Don Rapper, je ne sais plus comment elle s'appelle. Et on les voit. pique-niquer sur les bords de la route et à la fin, elle prend sa nappe qui contient plein de déchets jetables. Des assiettes en plastique, des couverts en plastique, tout. Et en fait, elle va secouer sa nappe, ranger sa nappe et partir. C'est choquant pour n'importe quel spectateur. Moi, ça m'a provoqué des cauchemars puisque j'en parle encore. Mais quand on y pense à l'époque, ces femmes, c'était des super héroïnes, d'accord ? Dans les années 70, elles devaient gérer les enfants. les revenus et la comptabilité du foyer, les courses. Et au nom du féminisme qui se développait à l'époque, elle devait aussi trouver un travail, puisque c'est à ce moment-là aussi qu'on a commencé à dire que la maternité était aliénante. Je comprends, pour moi, elle est carrément différente aujourd'hui, c'est une autre forme de féminisme. Mais en fait, la couche jetable est devenue un outil de féminisme, Parce que... Parce qu'elle allégeait considérablement la charge domestique et la charge mentale. Que tous les foyers n'étaient pas encore munis de lave-linge. On ne parlera même pas du sèche-linge. Et clairement, si moi j'avais été une de ces femmes, je serais certainement passée en couche de table. Au nom de toutes les valeurs qui m'animent aujourd'hui en tant que féminisme, en tant que maman, en tant que professionnelle, je serais passée en couche de table. Donc je comprends que ça ait été aussi rapide. Parce que ça venait répondre à un véritable besoin. qui, en plus, n'étaient pas contrôlés par les hommes. Mais ils pouvaient vendre des couches à ces femmes, à ces ménagères de moins de 50 ans. Donc, ce n'est pas étonnant que ça se soit développé si vite. Et c'est pas étonnant qu'on ait autant de mal à en sortir. Parce que personne ne nous donne les codes et personne ne nous aide pour y arriver.
- Speaker #0
Oui, moi je trouve que c'est ça qui a été le plus dur pour moi. Moi je suis passée par Marco, qui vient d'une très belle manière de nous expliquer tout ce qui est couches lavables. Donc on a une sorte de petite formation de deux heures. Et après derrière, on peut louer des couches et ça nous permet de voir. Elle nous explique toutes les couches parce qu'en fait il y en a des tonnes. Et moi c'est vrai que j'étais... En fait, il n'y en a pas des tonnes. Moi, j'avais l'impression qu'il y en avait des tonnes avant de parler avec toi.
- Speaker #1
Il y en a des tonnes.
- Speaker #0
Il y en a des tonnes, mais en même temps... D'une certaine manière, comment tu l'expliques ? J'avais l'impression que c'était beaucoup plus simple que des tonnes. Et en fait, maintenant, je ne trouve pas que c'est quelque chose d'impossible. Moi, je n'ai pas été jusqu'au bout, mais pour des raisons vraiment personnelles et pas parce que c'était impossible. C'est parce que pour moi, aujourd'hui, comme on dit, maman, fatiguée, Je leur trouvais un boulot et tout ça mis bout à bout, je ne pouvais pas prendre ça en plus. Mais en réalité, si j'étais vraiment bien dans mes baskets, je pense que je l'aurais fait sans problème.
- Speaker #1
Et aujourd'hui n'est pas demain. Ça, j'insiste là-dessus parce que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de familles. Et c'est l'un de mes fers de lance en termes de pédagogie auprès des familles et même des pros que j'accompagne. C'est de leur dire que ce n'est pas parce qu'aujourd'hui vous n'êtes pas en capacité de passer aux couches lavables. que vous n'y arriverez pas demain. Le monde de la couche lavable, ce n'est pas un monde qui est tout blanc ou tout noir. Et ça, c'est valable pour plein de sujets en parentalité. Ce n'est pas parce qu'on n'arrive pas à mettre les plats en couche lavable, on n'arrive pas à passer en couche lavable à plein temps, qu'on n'y arrivera pas. Et même, potentiellement, ce n'est pas l'objectif. Je veux dire, j'ai deux enfants. J'ai utilisé des couches lavables à partir du sixième mois pour mon aîné. notamment justement par manque de formation parce que je ne savais pas qu'il y avait du matériel adapté à son poids, sa taille, etc. Mais je n'ai jamais réussi vraiment à mettre en place les couches lavables la nuit. Voilà, j'ai deux enfants avec un sommeil tout pourri et il y avait cette petite voix dans ma tête, ce qu'on a toutes en tant que parents parce que je dis bien en tant que parents parce que je pense qu'il y en a aussi une dans la voix, dans la tête des messieurs qui dit t'inquiète,
- Speaker #0
tu peux continuer à dormir.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Maman, elle va y aller, t'inquiète.
- Speaker #1
Mais cette petite voix dans ma tête qui venait me dire, mais tu sais, si ta fille, elle se réveille 3, 4, 5, 6 fois par nuit, c'est probablement parce qu'elle est en couche lavable. Cette voix, cette argumentation ne repose sur rien de rationnel. D'ailleurs, toutes les fois où j'ai utilisé des couches lavables la nuit, pour nous, ça a fonctionné. Parce que je sais qu'il existe aussi des familles où on a un enfant qui va beaucoup dormir, pas se réveiller, où ça va beaucoup déborder. J'ai eu plein de cas différents. Pour la nuit, c'est vraiment différent. Il faut vraiment différencier les couches lavables de nuit et des couches lavables de journée. Mais tout ça pour dire que je n'ai pas utilisé de couches lavables la nuit avant que mes filles soient continentes en journée et qu'elles soient quasiment prêtes à passer en couches lavables la nuit. C'est surtout que ça me faisait suer de devoir acheter des couches culottes jetables qui, une fois sur deux, n'étaient pas mouillées, que je devais mettre à la poubelle pour rien. Là, vraiment, clairement, ça venait de titiller les colos qui étaient en moi. Mais pour en revenir à notre... Voilà, encore une digression, c'est terrible. Pour en revenir à l'objet de la réponse à ta question, c'est qu'on peut très bien faire les couches lavables que le week-end, par exemple. Comme ça, on soulage un petit peu la charge mentale, la charge domestique, l'emploi du temps phénoménal qu'on peut avoir en tant que jeunes parents sur la semaine. Et puis notre fatigue, il faut prendre soin de sa fatigue. Et... En ne mettant par exemple que 10 couches lavables le week-end, et une fois encore, je n'ai pas compté la nuit, eh bien, si on compte, c'est entre 450 et 500 couches par an qui ne partirent pas à la poubelle. Donc, ça a un impact. Alors certes, au milieu des 6000 couches jetables qu'un enfant va porter de la naissance à 3 ans environ, ce n'est pas beaucoup. Mais en fait, 500 couches par an sur 3 ans, c'est déjà 1500 couches. Et ça ? je me dis, pour moi, le but ultime à atteindre, dans un monde merveilleux où on est soutenu, c'est pas tout le monde en couche lavable. C'est... Ou alors, on a plein de structures qui lavent nos couches à notre place.
- Speaker #0
Le rêve.
- Speaker #1
Le rêve. Le rêve. Mais ce serait plutôt d'atteindre, genre, moitié couche lavable, moitié couche compostable. Là, là, je serais trop contente. Là, j'aurais atteint... J'aurais rempli ma mission, quoi. Une mission que... Voilà, je me suis encore mis un goal trop haut.
- Speaker #0
Et moi, ce que j'aime bien dans ta réponse, c'est qu'on rejoint l'écologie imparfaite, en fait. On ne doit pas absolument chercher la perfection. Du moment qu'on fait un tout petit peu, en fait, c'est déjà énorme. Et c'est pareil pour quand on diminue la viande, quand on diminue l'avion, la voiture, par rapport à d'où on part et où on arrive. En fait, c'est ça qui est important. Et ce n'est pas se culpabiliser parce qu'on ne fait pas assez. Non, c'est on fait avec ce qu'on peut, avec ce qu'on a. On s'informe aussi. Et en fait, après, derrière, par rapport à notre vie, on y va. Moi, ce que j'ai trouvé dur, tu vois, en t'entendant parler, en me remémorant mon mois où j'ai essayé la couche lavable, c'était de former les autres personnes autour de moi. En fait, vu que j'avais une couche lavable, vu qu'Elio avait une couche lavable, les gens partaient du principe que c'était à moi d'aller changer la couche. Alors que quand c'était jetable, en fait, s'il est chez ses grands-parents, les grands-parents vont aller le changer sans problème. Si mon conjoint allait le changer sans problème. Et là, ça a été, oh là là, attends, c'est une couche lavable. Moi, je ne sais pas. Amélie, c'est toi qui changes la couche. Et en fait, rien que ça, j'ai eu l'impression d'avoir une charge. Donc, ce n'était même pas le côté nettoyage. En fait, moi, au départ, j'avais vraiment peur de la partie nettoyage de la couche. Et en fait, ça, ça se prend, ça se trouve. Il y a un petit rythme, une petite nouvelle pensée parce qu'il faut faire d'abord un prix lavage. Mais sinon, ça se faisait. Ça, je n'avais pas de problème. C'était vraiment ce côté de, bon, vu que tu as mis des couches lavables, Amélie, c'est toi maintenant qui gère toutes les couches. Et je me suis dit, alors déjà, moi, j'allais être. Genre, dès qu'il doit manger, on m'appelle. Alors si en plus de ça, maintenant, dès qu'on doit le changer, on doit m'appeler. Non, je ne peux pas.
- Speaker #1
Tu as mis le doigt sur un truc. Tu as mis le doigt sur un truc. C'est que la couche lavable, ça fait peur. Ça fait très peur. J'arrive pas à expliquer. pourquoi. J'arrive pas à expliquer pourquoi. Souvent, j'aime bien, je compare les couches lavables des bébés aux changes des couches pour les personnes âgées dans les EHPAD. Je suis terrifiée à l'idée de devoir changer une personne âgée dans un EHPAD. Et ça existe, les couches lavables pour ces personnes-là. Environ une fois par an, on me sollicite pour la question et je renvoie la patate chaude à quelqu'un d'autre. Mais ça fait peur, en fait. Et pourtant, je pense que c'est une peur qui n'est pas... conscientisé, réfléchi et nommé. D'accord ? C'est l'équivalent de la peur du grand méchant loup, mais dans la couche de ton bébé. C'est comme si on avait une espèce de peur que le caca soit radioactif et qu'il ne doit surtout pas toucher nos doigts. Malgré tout, dans ces cas-là, je donne un petit tips qui va être de prendre les choses dans l'autre sens. C'est-à-dire, quand tu te rends... On va parler de mon histoire perso, du coup. Quand mon aîné... Donc, on était il y a... quasiment 10 ans, puisqu'elle a 9 ans. Donc j'avais un certain nombre de couches et je me rappelle emmener les couches lavables chez mon beau-frère et ma belle-sœur pour une après-midi de visite. Et je demande à ma belle-sœur de montrer où est la table à langer, la salle de bain. Et pendant que je change à Lara, on papote. Et naturellement, je sors ma couche, je lui nettoie les fesses, je remets la couche et je mets la couche dans le petit sac de stockage. Et là, ma belle-sœur, elle me dit « Ah, mais c'est tout ! » Et bien voilà, ça se passe de mots. Le fait de montrer aux gens comment on met la couche, leur dire, c'est vrai que pendant la partie atelier, je fais un peu tout un pataquès sur ma la, il faut que la couche soit aussi haute devant que derrière. En vrai, on s'en fout. Déjà, pour les gens qui sont extrêmement angoissés à l'idée de ne pas mettre correctement leur couche, il existe des modèles qui sont vraiment ajustables très facilement. mais L'idée, c'est vraiment de prendre la chose dans l'autre sens et en fait, de ne pas nourrir leur peur. Alors oui, ça repose sur nous, c'est casse-pieds. Je me retiens de dire des gros mots, c'est terrible parce que je dis tous ces gros mots dans mon quotidien. Je pense que c'est une façon pour moi d'évacuer ma frustration par rapport à tout ça. Mais voilà, c'est casse-pieds parce qu'effectivement, c'est à nous, comme tu dis, pas de former, parce qu'on n'est pas obligé de les former. Et en fait, si tu pars du principe que tu vas les former, justement, Tu introduis la notion de compétence et donc tu leur demandes d'apprendre quelque chose de nouveau. Et s'occuper d'un bébé, c'est déjà tellement de nouvelles compétences à acquérir que pour eux, ça leur fournit une excuse d'être nourrie par cette peur et de dire « Ah non, ça c'est pas pour moi, c'est trop. » Alors que si tu leur montres juste que c'est intégré dans ton quotidien et que tu as fait ça en autant de temps que de changer une couche de table, et que t'es pas venu polémiquer pour leur dire « Ah bah tu vois, en fait, c'est super facile ! » Ce qui est assez culpabilisant, finalement, de se prendre ça dans la figure. Parce qu'en disant ça, tu te dis, moi j'y arrive. Donc toi, il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas. Et si l'autre a peur, il ne va pas avoir envie de se lancer, il va se sentir nul et du coup, il va se mettre dans une position de rejet. Et en fait, tout ça est valable dans à peu près toutes les étapes de l'univers de la couche lavable. Et en fait, il y a cette espèce de peur constante non rationnelle autour de cette thématique-là, qui est en fait simplement peur de devoir avoir quelque chose en plus à gérer. Et voilà, ce truc en plus est l'excuse parfaite pour ne pas avoir à se pencher dessus. Mais je suis persuadée que la plupart des gens ne conscientisent ni la quantité de déchets que ça représente, ni la quantité de trucs pourris qu'on met sur les fesses de nos bébés. Et là, je renvoie les auditeurs vers, s'ils ne veulent pas aller lire le rapport de l'agence nationale de santé qui est paru en 2019 sur le sujet. Oui, il y a des trucs imbuvables dedans, mais quand même, ça passe. Je pourrais essayer de le retrouver si tu veux le mettre en lien dans le podcast. Il y avait eu un épisode de France Inter sur le sujet à la suite qui disait pas mal de choses intéressantes à l'intérieur. Donc, ça peut être au moins d'écouter cette émission-là sur le sujet. Mais je pense qu'il y a énormément de choses pas conscientisées autour de ça et qu'on se fait une montagne de pas grand-chose.
- Speaker #0
Mais en fait, c'est comme pour tout. en fin de compte dans l'écologie. Et je trouve ça trop chouette de parler aussi de la couche lavable de cette manière parce que tout ce que tu viens de dire, je l'avais conscientisé de ouf pour la viande, pour l'avion, pour tout ça. Et là, je me dis, elle est en train de me dire exactement ce que je sais. Mais sur la couche lavable, vu que j'avais cette peur qui pouvait être présente, j'avais mis mes œillères et on y va. Et je trouve ça super intéressant. Parce qu'en fait, ça permet aussi de montrer que la couche lavable, c'est comme n'importe quel autre sujet de l'écologie. On s'informe, on voit ce qu'on peut faire, on commence d'une certaine manière ou d'une autre, on n'est pas obligé d'être parfait, on peut faire des retours en arrière. Si tout d'un coup, on arrive à un moment et c'est plus possible, genre moi j'en avais parlé une fois avec ma sage-femme, où il y avait son fils qui avait beaucoup de rougeurs, parce qu'il y avait eu un problème au niveau du lavage. de la couche et donc il fallait qu'elle refasse un gros lavage pour être sûre que ça aille mieux et donc pendant quelques jours elle lui avait remis des couches jetables et en fait c'était ok quoi, genre il n'y a pas à s'en vouloir que de temps en temps on mette la couche jetable ou alors on laisse chez papi, mamie pendant 15 jours on sait que pendant pas 15 jours pendant un week-end parce que 15 jours moi je le laisse pas il y a aucun jour,
- Speaker #1
tout le monde est trop petit moi non plus elles sont beaucoup plus âgées mais la grande commence à passer. La deuxième, elle n'est pas encore prête. Et moi non plus.
- Speaker #0
Donc non, on va dire juste un week-end voire une journée. Et en fait, on met des couches jetables et c'est ok. C'est vraiment pas ce... Oui, t'as raison, c'est parler de la montagne qu'on peut se faire alors qu'en réalité, c'est une sorte de nouvel apprentissage et on doit avoir envie d'y aller.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui s'est passé quand tu m'as rendu le kit ? Qu'est-ce que je t'ai obligée à faire ?
- Speaker #0
Tu m'as obligée et en même temps pas de... On ne peut pas dire que c'était une obligation parce que j'avais quand même le choix. Mais tu m'as fortement conseillé, on va dire, de garder une couche.
- Speaker #1
Une seule. Une seule couche.
- Speaker #0
De la voir, que je la vois. Donc, je l'ai rangée avec les couches jetables. Je ne l'ai pas mise au fond d'un placard. Je l'ai vraiment mise à la vue parce que tu m'avais dit, comme ça, de temps en temps, quand tu la vois, tu te diras, ah ben là, aujourd'hui, ça va, je vais lui mettre.
- Speaker #1
Est-ce que tu l'as remise depuis ou pas encore ?
- Speaker #0
Je ne l'ai pas encore remise, mais j'ai fait le tri avec les anciennes couches lavables. Je t'avais montré qu'elles ne sont plus bonnes du tout et qu'il faudrait que je les jette. Et en fait, en les re-regardant, il y avait certaines petites... Je ne sais pas comment on dit...
- Speaker #1
Langes ? Des inserts.
- Speaker #0
Des inserts. Je me suis dit que je vais peut-être les garder pour pouvoir les mettre aussi avec la couche que j'ai gardée. Et j'ai retrouvé aussi les... Ce n'est pas du truc plastique, mais qu'on peut composter là.
- Speaker #1
Le petit voile jetable. Voilà,
- Speaker #0
le petit voile jetable. J'ai retrouvé des voiles jetables que j'avais et je les ai mis de côté aussi. Et je me suis dit, OK, bon, là, maintenant, tu as le voile, tu as la couche, tu as des inserts. Maintenant,
- Speaker #1
il n'y a plus qu'à. Il n'y a plus qu'à. Mais l'idée, c'est vraiment de venir y mettre une notion de plaisir. Et souvent, je dis en rigolant sur les réseaux sociaux que la meilleure raison de passer en couche lave-à-peu, c'est les motifs. Alors, je sais qu'on commence à avoir un petit peu de concurrence avec certaines marques de jetables. C'est très bien, parce que même moi, quand j'achète une marque de jetables, maintenant, j'ai envie qu'elle soit jolie. Mais, et là, j'adore parce qu'on arrive au printemps et on va être en été. Et les deux choses que j'adore, et parce qu'en plus sur Nantes, on en voit de plus en plus, c'est de voir tous les petits culs en couche lavade dans les parcs, près des fontaines, etc. On a de plus en plus de petites fesses en couche jetable. Et je trouve ça super joli, super mignon. Et en fait, ça donne envie. Ça donne envie d'y passer. Ça donne envie juste pour l'intérêt du... Voilà, la satisfaction. Voilà, c'était le mot que je cherchais. La satisfaction d'avoir une su... jolie couche sur les fesses de son bébé parce que ça révèle la fierté, ça révèle ouais moi j'arrive à faire ça et en fait c'est comme tout dans l'écologie, la notion de plaisir de ce qu'on arrive à faire elle est super importante. J'ai participé à un marché de Noël un peu alternatif en décembre et il y avait beaucoup de personnes, de petites mamies notamment mais aussi des des étudiants ou autre chose, qui venaient acheter des lingettes lavables et qui... Pour eux, utiliser des lingettes lavables pour se démaquiller, c'est le saint graal de l'écologie. Et à chaque fois, moi, j'en reste comme deux ronds de flanc. On me dit, parce que pour moi, c'est quelque chose que je faisais, mais avant même d'avoir conscientisé les démarches écologiques dans mon quotidien. Ça doit faire 20 ans que j'ai arrêté d'utiliser des cotons jetables. Mais en même temps, je me dis, ben voilà, eux, ils en sont là dans leur stade. Alors oui, c'est frustrant. Bien sûr que c'est frustrant, la part d'éco-anxiété en moi, elle est énormément nourrie de me dire, oh là là, il y a encore des gens qui sont encore en coton jetable. Mais comment c'est possible ? Et en même temps, je me réjouis à chaque fois que je vois une petite mamie sur un stand me dire, oh là là, mais qu'est-ce que c'est créatif, qu'est-ce que c'est inventif et qu'est-ce que c'est joli ? Et hop, elle repart avec un ou deux paquets qu'elle sera super contente d'utiliser. Et ça, c'est génial. Et il y a plein de stades, en fait. Voilà, tu l'as dit tout à l'heure, tu parlais de l'avion, tu parlais de la viande, tout ça. Moi, je sais que c'est pareil, j'ai fait des allers-retours en arrière. Avant ma deuxième grossesse, on était devenus végétariens et j'étais trop contente de ça. Et on ne l'est plus. Mais c'est dans mes objectifs. Là, pour l'instant, la deuxième, elle a trois ans. Déjà, arriver à leur faire bouffer des légumes au quotidien et perdre mes kilos de grossesse qui sont toujours présents. C'est mon objectif alimentaire à court terme, mais j'aimerais bien arriver à nouveau à au moins redevenir flexitarien. Tu vois, j'aimerais bien que de temps en temps, mon alimentation de viande se limite à, je ne sais pas, une petite pièce que j'aime particulièrement dans un resto. Et ça va revenir. Je prends mon temps. L'avion, ça va. Je pense que je n'aurais pas dépassé mon quota de 7 avions, 7 allers-retours, longs courriers, courts courriers dans ma vie. Et oui, je fais la petite liste des petites choses. On fait beaucoup de choses à vélo. Mais tu vois, ça ne m'empêche pas de culpabiliser sur le fait que oui, je fais beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses à vélo. Mais comme je transporte les filles à vélo, on a un vélo électrique. Et j'aimerais bien pouvoir le faire qu'en vélo mécanique. Mais je n'ai pas l'énergie pour ça. Et à côté de ça, je me dis, il y a une entreprise qui a développé un vélo électrique qui se fait sans batterie. Mon futur objectif, c'est d'économiser pour pouvoir me payer un vélo comme ça. Et c'est parce qu'on éprouve de la joie à progresser dans nos échelons. Et chacun, en fonction de sa sensibilité, de son histoire, de sa parentalité, on va arriver à mettre en place différentes choses. Voilà. J'ai une copine, sa fille, et elle est végane depuis qu'elle est toute petite. Elle va très bien. Je le précise pour toutes les mauvaises langues qui vont nous écouter. Et je suis hyper impressionnée par ça. Parce que moi, ça me terrifie. La fois où on est passé végétarien, ça m'a demandé une charge mentale de repenser ma façon de faire mes courses, de repenser mes menus. Parce que j'adore la nourriture végétarienne. Mais c'est une façon de cuisiner que je n'ai pas apprise. Donc ça va me demander des efforts considérables pour, un, moi arriver à me réhabituer à tout ça, deux, faire découvrir et apprécier tout ça aux trois personnes qui partagent mon foyer. Et c'est ok en fait. Je suis très nulle pour faire mes courses en vrac. Mais vraiment très très nulle. Un, je déteste faire les courses. Deux, j'ai pas de boutique de vrac à proximité. Trois, je suis incapable de me dire, bon ben là... Il me faut seulement tant de grammes pour compléter mon bocal. Et à chaque fois, je me retrouve avec des notes de vrac astronomiques parce que j'ai très mal géré la chose. Je vais apprendre. Je pense que quand elle sera à la fac, ça sera bon. Mais en tant que parent...
- Speaker #0
On a une quantité phénoménale de trucs à faire. Et si déjà, on arrive à se réjouir d'avoir acheté le mobilier d'occasion, d'avoir à récupérer les quasi trois quarts des fringues de nos enfants en seconde main ou fabriquées avec des testiles, c'est génial. Tout ce qu'on arrive à faire est génial. Et plus on sera satisfait de ce qu'on arrivera à faire, plus on sera fier, plus on arrivera à en faire. Oh, je vais la garder, celle-là.
- Speaker #1
Et en plus, si tu vas encore plus loin, vu que tu es fière, tu vas en faire plus. Et en fait, les gens autour de toi vont te voir heureuse et fière de faire ce que tu fais. Donc, ils auront envie de faire la même chose ou d'apprendre de toi ou de poser des questions. Et en fait, c'est ça aussi l'écologie, c'est apprendre.
- Speaker #0
Exemple concret, je viens d'une famille nombreuse. Alors, pas ma famille directe, mais... Ma maman a sept frères et sœurs. Et pratiquement, ça y est, pratiquement toute ma génération a eu des bébés. Et je suis en train de réfléchir, mais sur la soixantaine de petits-enfants nés assez récemment, on va dire, dans les dix dernières années, je pense qu'à 90%, ils sont tous aux couches lavables. Et à 90%, ils se sont formés avec moi. Donc oui, c'est ça. Parce qu'on donne l'exemple, parce qu'on fait rayonner tout ça autour de nous. J'en reviens à la petite peur dont on parlait, à la petite peur de la charge mentale supplémentaire de tout à l'heure. C'est parce qu'on va donner l'impression de faire les choses facilement et avec bonheur que les gens vont avoir envie de s'y mettre. Alors c'est chaud parce que genre t'as pas le droit de râler. Mais si t'as le droit de râler. T'as le droit de râler. Combien de fois je suis passée devant ce tas de couches à nettoyer et que j'avais pas envie de le faire ? Là, tu le vois pas. puisque je les ai planqués avant que t'arrives. Mais j'ai deux sacs et demi encore de couches à décrasser pour les futurs kits de location. Et est-ce que ça m'excite ? Pas du tout. Je comprends. Nous, ça reste une charte de travail et on a le droit de râler. On a le droit de reporter. On a le droit d'avoir la flemme. On a le droit de dire non, c'est toi qui fais. On a le droit à tout ça. On a le droit à tout ça. Et vraiment, j'aimerais vraiment que les gens arrivent à se sortir de la tête L'idée que... On est obligé de le faire et que c'est dur et que... Non, on n'est pas obligé de le faire. On le fait que si on en a envie. Et d'ailleurs, si je transpose l'univers familial à l'univers des crèches, c'est vraiment les crèches qui avaient un projet écologique qui, même si elles ont rencontré des difficultés, se sont accrochées. J'ai accompagné plein de types de crèches sur les projets de couches lavables, etc. Et c'est vraiment... Les crèches qui avaient envie d'y passer, qui y sont passées facilement. Alors que l'année dernière, par exemple, j'ai accompagné une crèche à qui on avait imposé de passer aux couches lavables. La municipalité avait imposé le passage aux couches lavables. On va ne pas trop évoquer le fait qu'ils ne leur avaient accordé ni personnel supplémentaire, ni moyens financiers supplémentaires pour mettre correctement en place le projet. Parce qu'à l'échelle d'une crèche, ce n'est pas la même chose qu'à l'échelle d'une famille. Et clairement, en plus, ils avaient eu des déconvenus sur les premières personnes avec qui ils avaient fait des formations, la location. Ça ne s'était pas bien passé, ils n'avaient pas été bien accompagnés. Aujourd'hui, je ne sais pas trop où elles en sont. A priori, elles avaient trouvé le matériel avec lequel elles voulaient fonctionner. Mais ça a été un accompagnement qui s'est fait dans la douleur. Je n'étais pas contente d'aller faire ces accompagnements. Ce n'est pas que je n'étais pas contente, c'est que je n'y allais pas avec la même joie. Parce que je fais toujours ces accompagnements dans la joie, j'adore transmettre ça, mais ce n'est pas des accompagnements que je faisais dans la joie. Parce que je savais d'emblée que j'allais voir ces professionnels de santé ronchonner à l'idée de devoir mettre quelque chose en place, qu'elles avaient déjà essayé, qu'ils ne fonctionnaient pas, qu'ils allaient leur demander du travail en plus, alors que déjà elles n'étaient pas assez nombreuses. Et on en revient un peu, d'ailleurs c'est intéressant, parce que ça développe une autre idée, qui est que... tout le monde ne peut pas mettre en place les couches lavables. Ce n'est pas possible et ce n'est pas grave. Mais toutes les personnes qui arriveront à en faire un petit peu, même si c'est une couche par semaine, même si c'est dix couches par semaine, ça va permettre à toutes les personnes qui ne peuvent pas le faire d'avoir un petit peu plus de souplesse.
- Speaker #1
J'ai envie de lui mettre sa couche lavable.
- Speaker #0
Je suis trop contente. Si tu veux mettre pause.
- Speaker #1
C'est bon.
- Speaker #0
On disait tout le monde ne peut pas être en couche lavable et ça m'a fait repenser à une cliente que j'ai équipée et qui était missionnaire et qui devait partir en mission dans les favelas au Brésil. Et des histoires comme ça, j'en ai plein. Dès qu'ils ont marché, dès qu'ils n'ont pas marché d'ailleurs. Et donc cette dame-là, franchement, elle était animée par le feu de la couche lavable. C'était vraiment impressionnant, plus que moi. Et donc, elle partait avec son fils et elle allait vivre vraiment dans des conditions qui finalement sont assez précaires, on peut le dire, puisqu'elle n'avait pas accès à l'eau au robinet, elle n'allait pas avoir de machine à laver et il allait faire très chaud. dans des conditions assez humides, clairement, ce n'est pas des conditions idéales pour utiliser des couches lavables. Puisque là, on a notre petit filtre occidental avec un climat modéré, tout ça, tout ça. Et là, on n'était clairement pas dans ces conditions-là. Et du coup, il a fallu réfléchir à comment elle allait pouvoir mettre ce projet en place, parce qu'elle n'envisageait pas autre chose. Donc moi, mon job, c'était de l'accompagner là-dedans. Donc on a cherché... Un type de couche qu'elle allait pouvoir laver à la main, et ça, il n'y en a pas beaucoup, en gros, le linge, le vieux linge de nos grands-mères, c'est peut-être le seul moyen de couche lavable qui peut être lavé à la main parce qu'on est sur quelque chose de très fin, donc il va pouvoir se rincer facilement. Ce qui ne va pas être le cas de beaucoup d'autres types de matériaux qui sont composés d'une ou plusieurs couches de tissu, et qui fait que ça va être beaucoup plus compliqué de les rincer, puisqu'en fait, il faut savoir que la couche lavable, Son plus gros souci, c'est qu'elle a besoin de beaucoup d'eau pour être lavée. Spoiler alert, elle a besoin de moins d'eau que pour fabriquer une seule couche jetable. Je le précise pour les rageux. Et donc, on part sur ce format de linge, vraiment le linge à nouer de nos grands-mères, type de la grand-mère dont on parlait tout à l'heure. Et par-dessus, on était venu mettre une surcouche en laine qu'elle aurait très peu besoin de laver, qui était thermorégulatrice. Oui, la laine, c'est thermorégulateur. Et donc, son enfant aurait moins chaud que dans une couche jetable ou dans une couche lavable, dans un matériau un peu plus type pull polyester enduit. Elle m'a envoyé une carte postale ou un petit document PDF. Je ne sais plus, dans ma tête, c'était une carte postale, mais c'était peut-être une carte postale PDF. Parce que ça remonte à il y a 4-5 ans quand même. Où elle me montre son installation, elle m'explique comment ça se passe et tout, et tout, et tout. Je ne sais pas si elle a tenu dans le temps. J'ai tendance à dire ça parce que moi, je ne vois pas comment j'aurais réussi dans sa condition. Clairement, mais voilà. Et des histoires comme ça, j'en ai plein. Je veux dire, j'ai eu un couple qui partait faire vivre sur un bateau et faire un tour du monde en bateau. Ils avaient la problématique qu'ils allaient devoir stocker leur couche jetable sale et que certes, c'était plus intéressant qu'il soit en laval, mais on s'est creusé la tête longtemps parce que du coup, ça voulait dire avoir une machine à laver et un système qui dessalinisait l'eau. ça voulait dire Ça voulait dire pareil, avoir un système qui demande très peu d'eau pour être bien lavé, c'était compliqué à mettre en place. Et en fait, non, tout le monde ne peut pas passer aux couches lavables. Il y a des fois, c'est OK. D'ailleurs, pour moi, c'est jamais la priorité. Je dis toujours aux familles que la couche lavable, c'est la cerise sur le gâteau de la parentalité. La couche lavable, elle ne doit jamais passer sur le reste. Elle ne doit jamais passer. Sur la fatigue du parent, sur les liens avec son enfant, sur l'allaitement, s'il y a allaitement, sur rien. Clairement pas. Jamais, jamais, jamais, jamais. C'est vraiment le bonus, pas plus. Et en parallèle de ça, on est encore quand même dans un univers où la première et unique chose qu'on voit de la couche lavable... La première et unique chose qu'on voit de la couche lavable... C'est son côté charge de travail. On visualise encore beaucoup les femmes au lavoir, en train de frotter leur couche à la main.
- Speaker #1
Oui, parce que moi, c'était la peur que j'avais la première fois qu'on s'est rencontrées. C'est la première chose que je t'ai dit. Moi, c'est toute la partie laver les couches qui me fait peur. Et en fin de compte, après, c'était une fois que j'avais fait, c'était plus du tout ça. C'était ce que j'ai dit tout à l'heure, où j'avais vraiment cette sensation que ça passait que par moi. Maintenant, le change. et... Mais sinon, en fait, toute la partie, laver la couche. Après, moi, je n'ai pas de problème avec le caca et le pipi. Genre, pour dire, vu que j'utilise les couches jetables, et pour ne pas que ça pue dans ma poubelle, la crotte de la couche jetable, je la mets aux toilettes.
- Speaker #0
Alors, c'est ça qu'on est censé faire. Personne ne le sait. Mais normalement, alors évidemment...
- Speaker #1
Sauf si c'est grosse, foulante, quoi.
- Speaker #0
Si c'est la plaque, ce n'est pas possible. Mais normalement, on n'est pas censé mettre une... couche jetable à la poubelle avec le déchet à l'intérieur.
- Speaker #1
Oui, tu vois.
- Speaker #0
Mais personne ne le sait.
- Speaker #1
Je ne le savais pas, mais je le faisais instinctivement. Parce qu'en fait, c'était pour une histoire d'odeur. Et en fait, pour la couche lavable, c'est pareil. Et donc, ce qui fait que ça n'a pas changé trop ma vie. En fait, ça n'a même pas changé ma vie. La seule chose, c'est qu'il fallait que je me dise, OK, il faut que je fasse un pré-lavage avec les couches pour les rincer. C'est le seul truc. Et en vrai, ça va. Il y a pire.
- Speaker #0
Alors, on en a des couches traumatiques. Je vous rassure, tout le monde. Oui. Mais au final, c'est un mauvais moment à passer, mais il y en a tellement peu. que ça devient un sujet de blague. Clairement, je peux vous situer dans l'appartement, juste à côté de là où on est, un jour traumatique et une couche épouvantable. Et je m'en rappelle encore. Je ne m'étendrai pas sur les détails, mais même moi, je veux dire, d'ailleurs, ce n'est pas parce que moi j'aime les couches lavables, et je pense que c'est vraiment valable pour toutes les personnes qui aiment ça, d'ailleurs, je dirai un truc après là-dessus, ce n'est pas parce qu'on aime la couche lavable qu'on aime nettoyer du caca. Absolument pas. On aime le pouvoir qu'elle procure. On aime la capacité incroyable de ce tout petit objet à éviter une tonne de déchets.
- Speaker #1
Donc tu as eu passion, genre couche lavable. À quel moment tu t'es dit je veux que ça soit mon métier quoi ?
- Speaker #0
Assez tôt, ma fille devait avoir... Alors est-ce que ça a été tout de suite pensé que ce soit mon métier ? Je sais pas. Alors il faut savoir savoir que j'étais journaliste avant. Journaliste radio. Mais je n'ai pas l'habitude de ce côté-là du micro. Mais on est arrivés sur Nantes. Voilà, je me suis découverte enceinte. Je ne me voyais pas rentrer dans une nouvelle grille de radio avec un tout petit bébé, des horaires sporadiques en crèche, alors que je ne connaîtrais pas mon emploi du temps. Et puis, je sais qu'on est souvent sortis tard le soir ou sur des moments atypiques. Spoiler alert, en faisant de la couche lavable, c'est pareil. Je n'ai absolument pas des horaires de bureau. parce que je suis souvent absente le week-end, les soirs. C'est pareil. Je n'aurais jamais un travail avec des horaires de bureau. Mais, et en fait, à un moment donné, je me rappelle m'être dit je suis sur Nantes, la deuxième ville écolo de France parce que c'est ce qu'on disait à l'époque. Et, alors à l'époque, il y avait très peu d'infos sur les couches lavables, alors qu'aujourd'hui, Internet en dégueule, littéralement. Il y en a même trop, trop. Et je me dis, il n'y a rien ni personne. pour m'aider à passer en couche la rame. Alors en vrai, il y avait deux structures sur Nantes à l'époque. Il y en avait même une avant qui avait fermé ses portes, mais je ne l'avais pas encore découvert. Et je me suis dit, c'est quand même dingue. Et l'un de mes projets de jeune étudiante, c'était de voir un café-librairie. Et je me suis dit, en fait, non, je vais ouvrir un lieu, un tiers-lieu autour de la parentalité, centré autour de la couche la rame.
- Speaker #1
Un café-couche,
- Speaker #0
ce serait bien ça. Alors, c'est ça. Ouais,
- Speaker #1
ou un touche-librairie.
- Speaker #0
Il y a du concept, je pense.
- Speaker #1
Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas.
- Speaker #0
Là, tout de suite, je n'ai pas envie de rouler un lieu parce que c'est un boulot colossal et j'ai vraiment envie de me concentrer plus sur la partie accompagnement. Mais voilà, il y a eu cette idée de, je trouve dingue qu'il n'y ait pas de ressources correctes pour m'accompagner là-dessus alors qu'on est sur une ville. intensément familiale avec des innovations centrées autour de l'écologie. Et à partir de ça, j'ai construit mon truc. Et au début, il n'y avait pas tout ce que j'ai ajouté depuis. Il n'y avait pas tout ce que j'ai ajouté depuis, la partie portage, la partie allaitement, qui se développe encore beaucoup. Et de toute façon, je sais que je reste vue comme la dame au couche lavable. La voisine du dessous est passée au couche lavable pour sa fille. Elle est anglaise et... Il n'y a pas longtemps, j'ai rencontré ses parents. Et son père m'a dit que j'étais, comment il m'a appelée ? The diaper lady. Ce qui est la femme, la dame aux couches. Quand on y pense, ça fait vieille femme avec une couche. Mais ça m'a fait beaucoup rire. Et voilà, j'ai toujours décidé d'en rire sur Insta. On va me trouver comme dealeuse de couches lavables parce qu'on m'a implé comme ça un jour en rigolant. Et j'ai trouvé ça très, très, très, très drôle. Je vais rester cette dame. passionnée de couches lavables et qui aime en parler et qui aime désacraliser le truc et ça me va. Donc ouais je pense que c'était, voilà ma fille était toute petite quand le projet est né. Il est né deux ans et demi plus tard. Au début ça a été un blog très très mal très mal alimenté parce que je suis très nulle pour être régulière. Je m'arrange avec le temps. Il y a eu une formation puisque finalement il existait une formation sur le sujet qui n'existe plus aujourd'hui. Ça fait partie des points de réflexion. Et puis après, il y a eu une autre formation pour voir si mon projet était viable ou pas. Il y était. Et la boutique a ouvert, la première boutique a ouvert en 2017. 2017, il y a eu une nouvelle boutique en 2020 ou 2021. 2021, c'était l'année qui a suivi le Covid. Et malheureusement, on a fait des choix qui n'étaient peut-être pas assez stratégiques. On était deux à cette époque-là. On a fait des choix qui n'étaient peut-être pas les plus stratégiques possibles. Et en fait, on s'est pris aussi, comme d'habitude, le Covid dans la figure, les changements d'habitude, etc. Et ce qui m'a fait vivre pendant 4-5 ans plutôt correctement. Alors que je pense que je peux améliorer encore 10 000 trucs sur la communication, la façon d'en parler. Et c'était un projet qui était très local. Je n'ai pas ouvert une boutique en ligne de couches lavables. Alors, il y en a une, mais ce n'est pas la partie que je préfère. Mais donc, le projet est vraiment resté très local et j'arrivais correctement à vivre. Et puis, ça s'est un peu dégradé. Donc, la boutique a fermé décembre 2022. Et il est temps de refaire, de trouver un nouveau souffle. Je travaille encore dessus, ce n'est pas facile. Mais je n'arrive pas à lâcher le truc. Oui,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
Parce qu'il y a encore de la demande, en fait. Il y a encore de la demande. Mes ateliers se remplissent, peut-être clairement pas aussi vite qu'avant, puisque du temps de la boutique, j'animais quatre ateliers mensuels, chacun comprenant quatre à cinq familles. Aujourd'hui, j'en fais un par mois, avec parfois un atelier individuel en plus. Donc aujourd'hui, là, mais, mais... Le mais, par contre, c'est qu'à l'époque, j'étais la seule structure nantaise qui accompagnait les familles sur le sujet. Là, aujourd'hui, on est deux. Donc, et je sais que l'autre structure a une façon assez différente de fonctionner par rapport à moi. On est assez complémentaires. Et du coup, il y a énormément de familles sur Nantes qui passent aux couches lavables. Et ça, c'est cool. C'est très chouette.
- Speaker #1
Oui, parce que j'allais te demander, qu'est-ce qui fait que tu passes à aussi peu de monde ? En fait, c'est juste qu'il y a une nouvelle structure. Ce n'est pas forcément que les gens ne veulent plus aller vers la couche lavable.
- Speaker #0
Non, ce n'est pas qu'ils ne veulent plus aller vers la couche lavable. Au contraire, je pense honnêtement que le pourcentage français, et il n'y a pas d'études sur le sujet, ça m'agace, mais je pense que le pourcentage français qui était en 2003-2004 de 2 ou 3 % à l'échelle française est beaucoup plus important et notamment sur Nantes. mais parce que l'autre structure fonctionne de façon très différente de moi. Déjà, c'est une structure associative, ce qui n'est pas mon cas. Alors oui, je réfléchis sur le sujet, mais en fait, j'aime le côté militant de dire j'ai le droit de vivre de mon projet sans forcément devoir passer par ce côté associatif, subvention. Je milite pour dire qu'on a le droit d'être dans une espèce de capitalisation raisonnée ou éthique. voilà l'économie sociale et solidaire typiquement mais qu'on a le droit d'être dans une notion d'entreprise sans forcément voilà alors ça me dessert beaucoup je vois que ça me dessert beaucoup mais j'arrive pas à renoncer à ce côté là parce qu'il ya un côté militant autour de l'entrepreneuriat que j'apprécie et de toute façon au vu de tout ce qui se passe sur le territoire nantais autour des services publics et de l'association hein bon en ce moment c'est pas foufou c'est pas foufou Donc c'est vrai que finalement, oui, clairement, j'ai perdu en clientèle, mais ça m'a permis aussi de donner un nouveau souffle à ce que je suis en train de faire. Alors, est-ce que je vis de mon activité en ce moment ? Pas franchement, mais il y a beaucoup de progrès. Sur cette année 2025, j'ai remodifié plein de choses. Je suis en train de redonner du souffle, de développer les autres parties qui me tiennent à cœur de ce projet-là. Et notamment pour pouvoir continuer à accompagner sur la partie couche lavable de cette façon que j'adore. Il y a d'autres choses qui sont en train de se créer. Et voilà, peut-être c'était la fin d'un cycle. Et il est juste temps d'en ouvrir un nouveau.
- Speaker #1
Sur ces jolis mots de fin de cycle et d'en ouvrir un nouveau, je vais te poser la dernière question, qui est un peu plus philosophique. C'est, qu'est-ce que l'écologie pour toi ?
- Speaker #0
J'ai deux heures ?
- Speaker #1
Allez, trois.
- Speaker #0
Qu'est-ce que l'écologie pour moi ? Ah la vache ! C'est un chemin de vie. C'est un... En littérature, parce que je suis une ancienne étudiante dans l'être, on appelait ça les romans d'apprentissage. Et pour moi, l'écologie, c'est exactement ça. C'est un roman d'apprentissage. Puisque dans le roman d'apprentissage, le héros, il va passer par des étapes, par des épreuves, pour en ressentir grandir. Eh bien, l'écologie, c'est exactement ça. C'est une philosophie en soi. c'est ce qui va nous faire grandir en tant qu'être humain. nous faire comprendre qu'on vit dans quelque chose qui est plus grand que nous et qu'on peut être, c'est quoi le bon mot, un pilier, un acteur. Le mot n'est pas assez fort, mais en gros, un acteur, on peut contribuer à construire cette écologie. Et que c'est parce qu'on a tous, et on l'a dit déjà dans le podcast, tous nos petites sensibilités et notre histoire personnelle, qu'on va chacun apporter quelque chose de positif à l'écologie et en faire quelque chose de plus grand. Voilà.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?
- Speaker #0
Appelez-moi.
- Speaker #1
Je mettrai tout en description.
- Speaker #0
Je vais essayer de te retrouver l'émission de France Inter. Au moins, le rapport de l'Agence nationale de l'ANSES qui est très bien. Et puis sinon, n'hésitez pas. Je fais des ateliers pour passer en couche lavable. Ça marche très bien en visio aussi. Je suis sympa. Et puis, j'ai plein d'astuces. J'ai un bon réseau couche lavable parce que je ne suis clairement pas la seule à faire ça en France. On est nombreux, portés par notre passion. Parce que c'est ça qui est assez intriguant quand même, c'est que ça reste une passion qu'on n'explique pas forcément, mais qui est à peu près aussi rationnelle que cette peur qu'on a autour de l'église lavable. Et je pourrais vous guider vers les personnes qui pourront vous aider de façon locale. Voilà.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Avec plaisir. Merci à toi, Amélie.