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Éclaircies

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15min |01/10/2025
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Description

En couple depuis 25 ans, 3 enfants, Laure coche toutes les cases d’une vie de famille heureuse… et pourtant. À 41 ans, elle nous livre les difficultés qu’elle a rencontrées lors de l’arrivée de son premier enfant. “Un tsunami” selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple, et sa vie de femme. Entre injonctions d’allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à 3.    

 

Ce sentiment de solitude et parfois d’isolement est bien souvent encore une réalité lors de l’arrivée d’un premier enfant.  Impacts psychologiques et financiers, épuisement, peur de mal faire…  la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l’explique Nina, à la fin de cet épisode. 

 

Vous êtes sur Éclaircies, le podcast de la Caf qui met vos histoires à la lumière de nos solutions, Episode : Trouble-fête. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En couple depuis 25 ans, trois enfants, Laure coche toutes les cases d'une vie de famille heureuse. Et pourtant, à 41 ans, elle nous livre les difficultés qu'elle a rencontrées lors de l'arrivée de son premier enfant. Un tsunami selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple et sa vie de femme. Entre injonctions d'allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à trois. Vous écoutez Éclaircies, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble-fête.

  • Speaker #1

    Je crois sincèrement que je n'avais pas compris le tsunami qu'allait représenter la maternité, ce premier mois de vie de maman. On m'avait dit, il faut que tu allaites, il y avait l'espèce d'injonction de pour être une bonne mère, il faut allaiter. Bon, conclusion, l'allaitement, c'était une catastrophe. La nuit, du coup, ma fille avait faim. Je l'avais au sein toute la journée, toute la nuit, je ne dormais pas. Mon conjoint, lui, a repris son travail assez rapidement. Il a été présent pendant trois jours. Il a repris son travail. Donc, en fait, je me suis retrouvée toute seule à la maison avec un enfant qui pleurait H24 et un grand, grand sentiment de solitude et d'isolement. À ce moment-là, pour le coup, la seule aide que j'ai vraiment eue, c'était la protection maternelle et infantile, où j'allais une fois par semaine pour faire peser mon enfant. Quand le bébé arrive, en fait, la maman, elle n'existe plus. Il y a quand même les félicitations, parce que globalement, le bébé, il est là, que ce n'est pas lui qu'on félicite. Il y a toute la période des félicitations, « Ah, mais il est trop chouchou » , etc. Et bien évidemment qu'un bébé est trop chouchou. La mère, en fait, à part les rendez-vous médicaux, ben voilà, ça s'arrête là. Je me sens angoissée, je me sens un peu désabusée, un peu désemparée, et je me souviens surtout qu'à chaque fois que mon conjoint rentrait du travail, je pleurais, mais tous les soirs, à son retour. Le pauvre, pour lui, ça n'a pas été une période évidente. Je pleurais à chaque fois qu'il passait le pas de la porte parce qu'il fallait que je me décharge et je ne savais pas comment lui expliquer ce qui s'était passé dans la journée. Parce que globalement, à part avoir changé les couches, donné le sein et porté ma fille, il ne se passait pas grand chose. Donc, je n'avais pas grand chose de très réjouissant à lui dire. Il me retrouvait dans un état dépressif. Je ne sais pas comment on peut l'appeler. Alors, je sais qu'il y en a qui l'appellent le baby clash, il y en a qui appellent ça la dépression postpartum, il y en a qui appellent ça l'épuisement maternel. Je ne sais pas comment mettre des mots sur ce sujet-là. Je me sentais très seule et surtout un peu démunie. J'avais le sentiment que tout était orienté vers ma fille, que moi, maman, je devais être à l'écoute des besoins de ma fille, ce qui est normal, mais 100% à l'écoute des besoins de ma fille. Presque esclave. parce que c'est le rôle d'une maman, à ce moment-là, d'écouter les besoins de son enfant. Je n'étais pas prête à passer d'une vie de 100% professionnelle, 100% en couple, où on a une certaine liberté d'agir, à une vie où, en fait, on est dédié à son enfant. Je pense que ça a été, pour moi, je le redis, un vrai tsunami qui s'est rééquilibré après, heureusement. Mais à ce moment-là, ça a été une grosse vague. de dépendance. J'étais dépendante de mon enfant et des bien-être de mon enfant au détriment de mon bien-être à moi de maman. Je vais peut-être en choquer certains, mais moi, je me souviendrai quand même d'un gynécologue qui m'avait dit « Vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je l'avais regardé et je me suis dit « Excusez-moi, je crois que je n'ai pas très bien compris ce que vous venez de dire. » Il m'a dit « Oui, vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je lui ai dit « Ah oui, donc vous parlez vraiment de moi comme un animal. » J'ai bien entendu ce que vous venez de dire. Je dis que c'est quand même hyper violent, parce que je suis un être humain, je suis une maman, je suis une femme. Je ne suis pas qu'une enveloppe reproductrice de la continuité de l'espèce. Ce diktat de « soyez joyeux, heureux » , c'est hyper culpabilisant, quand moi, en tout cas pour ma partie et ce que j'ai vécu, Non, je ne le vis pas du tout bien, cet arrivé d'enfant, parce que ça ne se passe pas comme prévu. Et ça ne se passe pas comme dans les magazines et comme ce qu'on m'a tout raconté dans la préparation à l'accouchement et à la maternité. Donc en fait, je culpabilise à mort de ne pas ressentir ce que je devrais ressentir en tant que maman heureuse. J'ai le sentiment d'être descendue bas. Il y a même un moment où je me suis fait peur. Je me souviens d'un jour, elle devait avoir à peu près 3-4 semaines. J'ai appelé ma maman en lui disant, s'il ne se passe pas quelque chose, je pense que je vais l'acheter par la fenêtre. Parce qu'en fait, j'en peux plus. Elle ne fait que pleurer. Ça fait 3 semaines que je n'ai pas dormi. Là, j'en peux plus. Et elle m'a dit, écoute Laure, tu sais ce que tu fais. Tu poses ta fille dans son lit. Tu sécurises le périmètre. Tu sors faire un tout de pâté de maison et tu reviens voir ta fille. Et en fait, elle m'a fait prendre conscience à ce moment-là que le bien-être de ma fille passerait aussi par mon bien-être à moi. Et qu'il fallait que je m'écoute un tout petit peu et que j'écoute aussi mes besoins pour pouvoir être ajustée par rapport à ses besoins. Et à ce moment-là, ça a été le début de beaucoup de dialogues en couple pour que derrière, quand ils reviennent du boulot, mon conjoint prenne le relais et qu'à ce moment-là, moi, je parte de la maison. de savoir que j'aurais un mini sas de décompression dans la journée quand mon conjoint rentrait du travail et que je pouvais partir pendant une demi-heure, une heure, m'aérer, faire n'importe quoi. D'ailleurs, je me souviens que j'allais surtout marcher, en fait, marcher toute seule un peu vite dans la rue pour pouvoir me défouler et m'aérer la tête. Le couple, il en prend carrément un coup et pour nous, ça a été très, très compliqué. Et je n'ai aucune honte à en parler parce qu'on est toujours ensemble. Donc, c'est qu'on a survécu, c'est que c'est possible et qu'on est très heureux aujourd'hui. Moi, j'ai eu le sentiment de porter cette maternité toute seule. Mon conjoint a été associé dans les échographies. Il a été associé un petit peu à la préparation à l'accouchement. Mais en fait, il n'était pas obligé d'être présent à toutes les séances. Et quand j'y repense, ça, ça me paraît complètement fou d'ailleurs. c'est sûr que ça part au clash. Parce qu'elle a fatigue, parce que le conjoint vit sa vie professionnelle pendant que la maman est à la maison, que la maman, globalement, il ne se passe pas des choses de dingue dans sa journée, si ce n'est s'occuper d'un enfant, changer ses couches, gérer la maison, essayer tant bien que mal, comme elle peut, de trouver un petit moment pour se doucher, se préparer à un déjeuner. Elle ne va pas sortir voir ses copines parce qu'elle est fatiguée, parce que ses copines, elles ne sont pas forcément en congé maternité en même temps. On ne connaît pas forcément toute l'offre de soutien à la parentalité et des lieux d'accueil, etc. Pas forcément envie d'y aller aussi, parce qu'on se dit, en fait, son petit enfant, il est tout petit, on ne va pas l'exposer aux microbes. Et puis, il faut quand même avoir du cran pour sortir de chez soi et aller voir des personnes qu'on ne connaît pas. Y aller seule, en disant, j'arrive comme je suis, c'est hyper violent. Quelques semaines auparavant, on est à deux. on fait ce qu'on veut quand on veut, on peut se retrouver, on n'a pas d'horaire, on peut partager nos soirées, on peut discuter librement, etc. Et là, il y a l'arrivée d'un petit être tout beau, tout mignon, mais qui vient complètement casser le binôme, parce que les vécus de sa journée sont très différents. Et donc moi, effectivement, dans le couple avec mon conjoint, le premier mois, il rentrait à la maison et tous les soirs, il me voyait en pleurs et en pyjama. Et donc, réellement, pour lui, ça a été d'une extrême violence. Ça a été d'une extrême violence parce qu'il rentrait de sa journée de boulot, lui-même était crevé, en ne comprenant pas pourquoi je pleurais. Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce que tu es en danger ? Est-ce que notre fille est en danger ? Qu'est-ce qui se passe, quoi ? Pourquoi ? En fait, pourquoi ? Et moi, dans une incapacité de lui expliquer ce qui n'allait pas. Parce que je ne pouvais pas lui dire que ça n'allait pas. puisque j'étais censée être une maman heureuse, merveilleuse et avec un petit chouchou qui va super bien. Donc, une incompréhension s'est installée au sein du couple. Je ne me suis sentie que dans un rôle de mère et plus dans un rôle de femme, déjà, pour moi. Et pour moi, cette question de la mère-femme, c'est aussi la mère en couple. Je pense que si la relation de couple a été compliquée, à l'arrivée de la première, c'est aussi parce que moi, je n'avais plus ma place en tant qu'épouse et en tant que conjointe. En fait, j'étais une maman. Je n'avais que ce rôle de maman et je ne laissais plus la place à la femme et à l'épouse. Les premières semaines, il n'y avait plus de femme. Je n'étais qu'une maman. Vraiment, je me suis complètement effacée. À ce moment-là, on a pris la décision d'en parler avec un conseiller conjugal. et d'aller voir quelqu'un en disant qu'en fait, on traverse quelque chose qui nous dépasse, que là, on a besoin d'être accompagné. On n'a aucune envie que notre couple pète. On vient de mettre au monde un enfant. Surtout, ça fait des années qu'on est ensemble et que tout se passe bien. Il n'y a aucune raison que l'arrivée de cet enfant remette quoi que ce soit en cause dans notre relation de couple. Donc, on a décidé d'aller voir un conseiller conjugal et familial qui nous a aidé à mettre des mots sur ce qu'on vivait, lui et moi. et à ce qu'on se connaisse mieux aussi, lui et moi, on a pris conscience à ce moment-là que notre couple ne fonctionnerait qu'à partir du moment où on se connaissait bien chacun et que chacun avait envie de mettre quelque chose dans cette relation de couple. L'aspect financier est quand même un aspect qui est à prendre en compte. On venait d'acheter un appartement, donc on avait un emprunt. L'histoire du congé parental, je le prends ou je le prends pas. Moi j'avais pris 4 mois supplémentaires, mais il fallait que je reprenne le boulot parce qu'on avait un emprunt à rembourser. Les questions sur les modes de garde, etc. On s'est rendu compte, en parlant d'argent, que mon conjoint et moi-même n'avions pas du tout la même relation à l'argent. Bah en fait c'était un sujet dont on n'avait pas parlé. Il y a une espèce d'injonction sociétale où on se dit, en fait, être parent c'est absolument merveilleux, l'homme et la femme, le père, la mère, l'enfant, tout le monde vit dans un monde de bisounours. Ouais, certains jours, mais pas tous les jours et certainement pas les premières semaines après l'arrivée de l'enfant. Ça, c'est clair. C'est les pires semaines. Peut-être qu'on me l'a dit, et sincèrement, je veux bien le croire, peut-être qu'on m'avait prévenu. Tant que je n'avais pas été confrontée à ce quotidien bouleversé, je n'avais pas pris la mesure de ce que c'était que de devenir maman et des premières semaines de retour à la maison où, clairement, j'étais livrée à moi-même.

  • Speaker #0

    Ce sentiment de solitude et parfois d'isolement est bien souvent encore une réalité lors de l'arrivée d'un premier enfant. Impact psychologique et financier, épuisement, peur de mal faire, la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l'explique Nina.

  • Speaker #2

    Ce témoignage de Laure, il montre bien à quel point l'arrivée d'un premier enfant peut être un bouleversement complet dans le quotidien d'une famille. À la Caf, on essaye de proposer un panel très large d'aides, on a plein de solutions pour répondre aux besoins très divers, mais aussi très concrets de ces familles. Il y a bien sûr les aides financières, mais pas que. La Caf, elle cofinance beaucoup d'équipements et d'associations qui peuvent proposer des choses aux jeunes parents. D'abord, il y a ce qu'on appelle l'aide et l'accompagnement à domicile. Donc là, ça passe concrètement par des associations qui emploient des intervenants spécialisés, qui vont faire de l'assistance aux activités de la vie quotidienne, comme par exemple l'entretien du logement, les courses, le ménage, les repas, etc. Mais qui sont aussi tout à fait formés pour accompagner les parents, leur donner des conseils, montrer comment faire, donner des conseils pour gérer l'organisation, par exemple. C'est vraiment une aide pour que les nouveaux parents puissent évoluer dans les complexités de la parentalité et du quotidien familial. D'autres types de structures que nous finançons et qui peuvent aider les parents, ce sont les lieux d'accueil enfants-parents, ce qu'on appelle les LAEP. Dans ces lieux, on peut faire plein de choses. Les parents peuvent y aller pour parler avec des professionnels qualifiés, pour rencontrer d'autres parents, ou tout simplement pour jouer avec leurs enfants dans un cadre qui est différent de leur domicile. On peut y trouver des activités d'éveil. des temps de lecture ou même des jeux. C'est vraiment un lieu qui est convivial et ludique. Pour les parents, ça permet à la fois un moment privilégié avec leurs enfants, mais aussi un temps privilégié avec des professionnels sur le quotidien, les bonnes pratiques et des conseils. Les parents peuvent venir quand ils veulent et ils peuvent rester le temps qu'ils veulent. Il faut savoir que c'est un lieu qui est gratuit, confidentiel, anonyme, sans inscription et qu'on peut en trouver partout en France. Il y a beaucoup d'autres lieux que les Caf Finance et qui sont très utiles pour les parents comme Laure, que l'on vient d'entendre. Ils sont organisés au sein de ce qu'on appelle le réseau départemental d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents. Ils organisent tout au long de l'année et là encore partout en France, des groupes de parents, des conférences, des débats sur différentes thématiques autour de la parentalité et aussi des espaces d'accueil enfants-parents. Fréquenter ces lieux, participer à ces soirées, ça permet de rencontrer des parents, d'échanger et aussi de se rassurer. On y parle éducation des enfants, certes, mais on partage aussi un vrai bon moment de découverte. Il y a un autre dispositif qu'il est utile de connaître quand on est jeune parent, ce sont les réunions d'information collective que les Caf organisent avec la Caisse primaire d'insurance maladie. Ces réunions, elles sont l'occasion d'échanger avec des professionnels de la santé et de l'enfance, mais aussi des professionnels des Caf et de la CPM. Il y en a presque partout sur le territoire, vous pouvez retrouver plus de détails sur le Facebook de votre Caf ou sur le site internet. Toujours pour avoir plus d'informations, il faut aussi penser à notre magazine Vie de Famille et à la newsletter à laquelle on peut s'inscrire. Vous pouvez aussi penser à notre compte Instagram, Caf Parents, où on peut trouver une multitude d'infos sur les thèmes liés à la parentalité, entre autres. Et pour finir, je peux vous parler d'une aide financière. très importante pour les jeunes parents, c'est la prestation d'accueil du jeune enfant. Cette aide, elle concerne les parents qui ont, attendent ou adoptent un enfant. Pour en savoir plus, vous pouvez jeter un coup d'œil à notre guide des prestations. Des aides financières de la Caf, il y en a d'autres. Elles ne sont pas forcément relatives au témoignage de l'or, mais elles sont super importantes à connaître pour autant. Pour découvrir toute l'offre de services que la Caf propose dans votre département, il faut aller sur caf.fr. C'est vraiment le site incontournable.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Éclairci, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble Fait.

Description

En couple depuis 25 ans, 3 enfants, Laure coche toutes les cases d’une vie de famille heureuse… et pourtant. À 41 ans, elle nous livre les difficultés qu’elle a rencontrées lors de l’arrivée de son premier enfant. “Un tsunami” selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple, et sa vie de femme. Entre injonctions d’allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à 3.    

 

Ce sentiment de solitude et parfois d’isolement est bien souvent encore une réalité lors de l’arrivée d’un premier enfant.  Impacts psychologiques et financiers, épuisement, peur de mal faire…  la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l’explique Nina, à la fin de cet épisode. 

 

Vous êtes sur Éclaircies, le podcast de la Caf qui met vos histoires à la lumière de nos solutions, Episode : Trouble-fête. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En couple depuis 25 ans, trois enfants, Laure coche toutes les cases d'une vie de famille heureuse. Et pourtant, à 41 ans, elle nous livre les difficultés qu'elle a rencontrées lors de l'arrivée de son premier enfant. Un tsunami selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple et sa vie de femme. Entre injonctions d'allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à trois. Vous écoutez Éclaircies, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble-fête.

  • Speaker #1

    Je crois sincèrement que je n'avais pas compris le tsunami qu'allait représenter la maternité, ce premier mois de vie de maman. On m'avait dit, il faut que tu allaites, il y avait l'espèce d'injonction de pour être une bonne mère, il faut allaiter. Bon, conclusion, l'allaitement, c'était une catastrophe. La nuit, du coup, ma fille avait faim. Je l'avais au sein toute la journée, toute la nuit, je ne dormais pas. Mon conjoint, lui, a repris son travail assez rapidement. Il a été présent pendant trois jours. Il a repris son travail. Donc, en fait, je me suis retrouvée toute seule à la maison avec un enfant qui pleurait H24 et un grand, grand sentiment de solitude et d'isolement. À ce moment-là, pour le coup, la seule aide que j'ai vraiment eue, c'était la protection maternelle et infantile, où j'allais une fois par semaine pour faire peser mon enfant. Quand le bébé arrive, en fait, la maman, elle n'existe plus. Il y a quand même les félicitations, parce que globalement, le bébé, il est là, que ce n'est pas lui qu'on félicite. Il y a toute la période des félicitations, « Ah, mais il est trop chouchou » , etc. Et bien évidemment qu'un bébé est trop chouchou. La mère, en fait, à part les rendez-vous médicaux, ben voilà, ça s'arrête là. Je me sens angoissée, je me sens un peu désabusée, un peu désemparée, et je me souviens surtout qu'à chaque fois que mon conjoint rentrait du travail, je pleurais, mais tous les soirs, à son retour. Le pauvre, pour lui, ça n'a pas été une période évidente. Je pleurais à chaque fois qu'il passait le pas de la porte parce qu'il fallait que je me décharge et je ne savais pas comment lui expliquer ce qui s'était passé dans la journée. Parce que globalement, à part avoir changé les couches, donné le sein et porté ma fille, il ne se passait pas grand chose. Donc, je n'avais pas grand chose de très réjouissant à lui dire. Il me retrouvait dans un état dépressif. Je ne sais pas comment on peut l'appeler. Alors, je sais qu'il y en a qui l'appellent le baby clash, il y en a qui appellent ça la dépression postpartum, il y en a qui appellent ça l'épuisement maternel. Je ne sais pas comment mettre des mots sur ce sujet-là. Je me sentais très seule et surtout un peu démunie. J'avais le sentiment que tout était orienté vers ma fille, que moi, maman, je devais être à l'écoute des besoins de ma fille, ce qui est normal, mais 100% à l'écoute des besoins de ma fille. Presque esclave. parce que c'est le rôle d'une maman, à ce moment-là, d'écouter les besoins de son enfant. Je n'étais pas prête à passer d'une vie de 100% professionnelle, 100% en couple, où on a une certaine liberté d'agir, à une vie où, en fait, on est dédié à son enfant. Je pense que ça a été, pour moi, je le redis, un vrai tsunami qui s'est rééquilibré après, heureusement. Mais à ce moment-là, ça a été une grosse vague. de dépendance. J'étais dépendante de mon enfant et des bien-être de mon enfant au détriment de mon bien-être à moi de maman. Je vais peut-être en choquer certains, mais moi, je me souviendrai quand même d'un gynécologue qui m'avait dit « Vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je l'avais regardé et je me suis dit « Excusez-moi, je crois que je n'ai pas très bien compris ce que vous venez de dire. » Il m'a dit « Oui, vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je lui ai dit « Ah oui, donc vous parlez vraiment de moi comme un animal. » J'ai bien entendu ce que vous venez de dire. Je dis que c'est quand même hyper violent, parce que je suis un être humain, je suis une maman, je suis une femme. Je ne suis pas qu'une enveloppe reproductrice de la continuité de l'espèce. Ce diktat de « soyez joyeux, heureux » , c'est hyper culpabilisant, quand moi, en tout cas pour ma partie et ce que j'ai vécu, Non, je ne le vis pas du tout bien, cet arrivé d'enfant, parce que ça ne se passe pas comme prévu. Et ça ne se passe pas comme dans les magazines et comme ce qu'on m'a tout raconté dans la préparation à l'accouchement et à la maternité. Donc en fait, je culpabilise à mort de ne pas ressentir ce que je devrais ressentir en tant que maman heureuse. J'ai le sentiment d'être descendue bas. Il y a même un moment où je me suis fait peur. Je me souviens d'un jour, elle devait avoir à peu près 3-4 semaines. J'ai appelé ma maman en lui disant, s'il ne se passe pas quelque chose, je pense que je vais l'acheter par la fenêtre. Parce qu'en fait, j'en peux plus. Elle ne fait que pleurer. Ça fait 3 semaines que je n'ai pas dormi. Là, j'en peux plus. Et elle m'a dit, écoute Laure, tu sais ce que tu fais. Tu poses ta fille dans son lit. Tu sécurises le périmètre. Tu sors faire un tout de pâté de maison et tu reviens voir ta fille. Et en fait, elle m'a fait prendre conscience à ce moment-là que le bien-être de ma fille passerait aussi par mon bien-être à moi. Et qu'il fallait que je m'écoute un tout petit peu et que j'écoute aussi mes besoins pour pouvoir être ajustée par rapport à ses besoins. Et à ce moment-là, ça a été le début de beaucoup de dialogues en couple pour que derrière, quand ils reviennent du boulot, mon conjoint prenne le relais et qu'à ce moment-là, moi, je parte de la maison. de savoir que j'aurais un mini sas de décompression dans la journée quand mon conjoint rentrait du travail et que je pouvais partir pendant une demi-heure, une heure, m'aérer, faire n'importe quoi. D'ailleurs, je me souviens que j'allais surtout marcher, en fait, marcher toute seule un peu vite dans la rue pour pouvoir me défouler et m'aérer la tête. Le couple, il en prend carrément un coup et pour nous, ça a été très, très compliqué. Et je n'ai aucune honte à en parler parce qu'on est toujours ensemble. Donc, c'est qu'on a survécu, c'est que c'est possible et qu'on est très heureux aujourd'hui. Moi, j'ai eu le sentiment de porter cette maternité toute seule. Mon conjoint a été associé dans les échographies. Il a été associé un petit peu à la préparation à l'accouchement. Mais en fait, il n'était pas obligé d'être présent à toutes les séances. Et quand j'y repense, ça, ça me paraît complètement fou d'ailleurs. c'est sûr que ça part au clash. Parce qu'elle a fatigue, parce que le conjoint vit sa vie professionnelle pendant que la maman est à la maison, que la maman, globalement, il ne se passe pas des choses de dingue dans sa journée, si ce n'est s'occuper d'un enfant, changer ses couches, gérer la maison, essayer tant bien que mal, comme elle peut, de trouver un petit moment pour se doucher, se préparer à un déjeuner. Elle ne va pas sortir voir ses copines parce qu'elle est fatiguée, parce que ses copines, elles ne sont pas forcément en congé maternité en même temps. On ne connaît pas forcément toute l'offre de soutien à la parentalité et des lieux d'accueil, etc. Pas forcément envie d'y aller aussi, parce qu'on se dit, en fait, son petit enfant, il est tout petit, on ne va pas l'exposer aux microbes. Et puis, il faut quand même avoir du cran pour sortir de chez soi et aller voir des personnes qu'on ne connaît pas. Y aller seule, en disant, j'arrive comme je suis, c'est hyper violent. Quelques semaines auparavant, on est à deux. on fait ce qu'on veut quand on veut, on peut se retrouver, on n'a pas d'horaire, on peut partager nos soirées, on peut discuter librement, etc. Et là, il y a l'arrivée d'un petit être tout beau, tout mignon, mais qui vient complètement casser le binôme, parce que les vécus de sa journée sont très différents. Et donc moi, effectivement, dans le couple avec mon conjoint, le premier mois, il rentrait à la maison et tous les soirs, il me voyait en pleurs et en pyjama. Et donc, réellement, pour lui, ça a été d'une extrême violence. Ça a été d'une extrême violence parce qu'il rentrait de sa journée de boulot, lui-même était crevé, en ne comprenant pas pourquoi je pleurais. Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce que tu es en danger ? Est-ce que notre fille est en danger ? Qu'est-ce qui se passe, quoi ? Pourquoi ? En fait, pourquoi ? Et moi, dans une incapacité de lui expliquer ce qui n'allait pas. Parce que je ne pouvais pas lui dire que ça n'allait pas. puisque j'étais censée être une maman heureuse, merveilleuse et avec un petit chouchou qui va super bien. Donc, une incompréhension s'est installée au sein du couple. Je ne me suis sentie que dans un rôle de mère et plus dans un rôle de femme, déjà, pour moi. Et pour moi, cette question de la mère-femme, c'est aussi la mère en couple. Je pense que si la relation de couple a été compliquée, à l'arrivée de la première, c'est aussi parce que moi, je n'avais plus ma place en tant qu'épouse et en tant que conjointe. En fait, j'étais une maman. Je n'avais que ce rôle de maman et je ne laissais plus la place à la femme et à l'épouse. Les premières semaines, il n'y avait plus de femme. Je n'étais qu'une maman. Vraiment, je me suis complètement effacée. À ce moment-là, on a pris la décision d'en parler avec un conseiller conjugal. et d'aller voir quelqu'un en disant qu'en fait, on traverse quelque chose qui nous dépasse, que là, on a besoin d'être accompagné. On n'a aucune envie que notre couple pète. On vient de mettre au monde un enfant. Surtout, ça fait des années qu'on est ensemble et que tout se passe bien. Il n'y a aucune raison que l'arrivée de cet enfant remette quoi que ce soit en cause dans notre relation de couple. Donc, on a décidé d'aller voir un conseiller conjugal et familial qui nous a aidé à mettre des mots sur ce qu'on vivait, lui et moi. et à ce qu'on se connaisse mieux aussi, lui et moi, on a pris conscience à ce moment-là que notre couple ne fonctionnerait qu'à partir du moment où on se connaissait bien chacun et que chacun avait envie de mettre quelque chose dans cette relation de couple. L'aspect financier est quand même un aspect qui est à prendre en compte. On venait d'acheter un appartement, donc on avait un emprunt. L'histoire du congé parental, je le prends ou je le prends pas. Moi j'avais pris 4 mois supplémentaires, mais il fallait que je reprenne le boulot parce qu'on avait un emprunt à rembourser. Les questions sur les modes de garde, etc. On s'est rendu compte, en parlant d'argent, que mon conjoint et moi-même n'avions pas du tout la même relation à l'argent. Bah en fait c'était un sujet dont on n'avait pas parlé. Il y a une espèce d'injonction sociétale où on se dit, en fait, être parent c'est absolument merveilleux, l'homme et la femme, le père, la mère, l'enfant, tout le monde vit dans un monde de bisounours. Ouais, certains jours, mais pas tous les jours et certainement pas les premières semaines après l'arrivée de l'enfant. Ça, c'est clair. C'est les pires semaines. Peut-être qu'on me l'a dit, et sincèrement, je veux bien le croire, peut-être qu'on m'avait prévenu. Tant que je n'avais pas été confrontée à ce quotidien bouleversé, je n'avais pas pris la mesure de ce que c'était que de devenir maman et des premières semaines de retour à la maison où, clairement, j'étais livrée à moi-même.

  • Speaker #0

    Ce sentiment de solitude et parfois d'isolement est bien souvent encore une réalité lors de l'arrivée d'un premier enfant. Impact psychologique et financier, épuisement, peur de mal faire, la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l'explique Nina.

  • Speaker #2

    Ce témoignage de Laure, il montre bien à quel point l'arrivée d'un premier enfant peut être un bouleversement complet dans le quotidien d'une famille. À la Caf, on essaye de proposer un panel très large d'aides, on a plein de solutions pour répondre aux besoins très divers, mais aussi très concrets de ces familles. Il y a bien sûr les aides financières, mais pas que. La Caf, elle cofinance beaucoup d'équipements et d'associations qui peuvent proposer des choses aux jeunes parents. D'abord, il y a ce qu'on appelle l'aide et l'accompagnement à domicile. Donc là, ça passe concrètement par des associations qui emploient des intervenants spécialisés, qui vont faire de l'assistance aux activités de la vie quotidienne, comme par exemple l'entretien du logement, les courses, le ménage, les repas, etc. Mais qui sont aussi tout à fait formés pour accompagner les parents, leur donner des conseils, montrer comment faire, donner des conseils pour gérer l'organisation, par exemple. C'est vraiment une aide pour que les nouveaux parents puissent évoluer dans les complexités de la parentalité et du quotidien familial. D'autres types de structures que nous finançons et qui peuvent aider les parents, ce sont les lieux d'accueil enfants-parents, ce qu'on appelle les LAEP. Dans ces lieux, on peut faire plein de choses. Les parents peuvent y aller pour parler avec des professionnels qualifiés, pour rencontrer d'autres parents, ou tout simplement pour jouer avec leurs enfants dans un cadre qui est différent de leur domicile. On peut y trouver des activités d'éveil. des temps de lecture ou même des jeux. C'est vraiment un lieu qui est convivial et ludique. Pour les parents, ça permet à la fois un moment privilégié avec leurs enfants, mais aussi un temps privilégié avec des professionnels sur le quotidien, les bonnes pratiques et des conseils. Les parents peuvent venir quand ils veulent et ils peuvent rester le temps qu'ils veulent. Il faut savoir que c'est un lieu qui est gratuit, confidentiel, anonyme, sans inscription et qu'on peut en trouver partout en France. Il y a beaucoup d'autres lieux que les Caf Finance et qui sont très utiles pour les parents comme Laure, que l'on vient d'entendre. Ils sont organisés au sein de ce qu'on appelle le réseau départemental d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents. Ils organisent tout au long de l'année et là encore partout en France, des groupes de parents, des conférences, des débats sur différentes thématiques autour de la parentalité et aussi des espaces d'accueil enfants-parents. Fréquenter ces lieux, participer à ces soirées, ça permet de rencontrer des parents, d'échanger et aussi de se rassurer. On y parle éducation des enfants, certes, mais on partage aussi un vrai bon moment de découverte. Il y a un autre dispositif qu'il est utile de connaître quand on est jeune parent, ce sont les réunions d'information collective que les Caf organisent avec la Caisse primaire d'insurance maladie. Ces réunions, elles sont l'occasion d'échanger avec des professionnels de la santé et de l'enfance, mais aussi des professionnels des Caf et de la CPM. Il y en a presque partout sur le territoire, vous pouvez retrouver plus de détails sur le Facebook de votre Caf ou sur le site internet. Toujours pour avoir plus d'informations, il faut aussi penser à notre magazine Vie de Famille et à la newsletter à laquelle on peut s'inscrire. Vous pouvez aussi penser à notre compte Instagram, Caf Parents, où on peut trouver une multitude d'infos sur les thèmes liés à la parentalité, entre autres. Et pour finir, je peux vous parler d'une aide financière. très importante pour les jeunes parents, c'est la prestation d'accueil du jeune enfant. Cette aide, elle concerne les parents qui ont, attendent ou adoptent un enfant. Pour en savoir plus, vous pouvez jeter un coup d'œil à notre guide des prestations. Des aides financières de la Caf, il y en a d'autres. Elles ne sont pas forcément relatives au témoignage de l'or, mais elles sont super importantes à connaître pour autant. Pour découvrir toute l'offre de services que la Caf propose dans votre département, il faut aller sur caf.fr. C'est vraiment le site incontournable.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Éclairci, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble Fait.

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Description

En couple depuis 25 ans, 3 enfants, Laure coche toutes les cases d’une vie de famille heureuse… et pourtant. À 41 ans, elle nous livre les difficultés qu’elle a rencontrées lors de l’arrivée de son premier enfant. “Un tsunami” selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple, et sa vie de femme. Entre injonctions d’allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à 3.    

 

Ce sentiment de solitude et parfois d’isolement est bien souvent encore une réalité lors de l’arrivée d’un premier enfant.  Impacts psychologiques et financiers, épuisement, peur de mal faire…  la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l’explique Nina, à la fin de cet épisode. 

 

Vous êtes sur Éclaircies, le podcast de la Caf qui met vos histoires à la lumière de nos solutions, Episode : Trouble-fête. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En couple depuis 25 ans, trois enfants, Laure coche toutes les cases d'une vie de famille heureuse. Et pourtant, à 41 ans, elle nous livre les difficultés qu'elle a rencontrées lors de l'arrivée de son premier enfant. Un tsunami selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple et sa vie de femme. Entre injonctions d'allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à trois. Vous écoutez Éclaircies, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble-fête.

  • Speaker #1

    Je crois sincèrement que je n'avais pas compris le tsunami qu'allait représenter la maternité, ce premier mois de vie de maman. On m'avait dit, il faut que tu allaites, il y avait l'espèce d'injonction de pour être une bonne mère, il faut allaiter. Bon, conclusion, l'allaitement, c'était une catastrophe. La nuit, du coup, ma fille avait faim. Je l'avais au sein toute la journée, toute la nuit, je ne dormais pas. Mon conjoint, lui, a repris son travail assez rapidement. Il a été présent pendant trois jours. Il a repris son travail. Donc, en fait, je me suis retrouvée toute seule à la maison avec un enfant qui pleurait H24 et un grand, grand sentiment de solitude et d'isolement. À ce moment-là, pour le coup, la seule aide que j'ai vraiment eue, c'était la protection maternelle et infantile, où j'allais une fois par semaine pour faire peser mon enfant. Quand le bébé arrive, en fait, la maman, elle n'existe plus. Il y a quand même les félicitations, parce que globalement, le bébé, il est là, que ce n'est pas lui qu'on félicite. Il y a toute la période des félicitations, « Ah, mais il est trop chouchou » , etc. Et bien évidemment qu'un bébé est trop chouchou. La mère, en fait, à part les rendez-vous médicaux, ben voilà, ça s'arrête là. Je me sens angoissée, je me sens un peu désabusée, un peu désemparée, et je me souviens surtout qu'à chaque fois que mon conjoint rentrait du travail, je pleurais, mais tous les soirs, à son retour. Le pauvre, pour lui, ça n'a pas été une période évidente. Je pleurais à chaque fois qu'il passait le pas de la porte parce qu'il fallait que je me décharge et je ne savais pas comment lui expliquer ce qui s'était passé dans la journée. Parce que globalement, à part avoir changé les couches, donné le sein et porté ma fille, il ne se passait pas grand chose. Donc, je n'avais pas grand chose de très réjouissant à lui dire. Il me retrouvait dans un état dépressif. Je ne sais pas comment on peut l'appeler. Alors, je sais qu'il y en a qui l'appellent le baby clash, il y en a qui appellent ça la dépression postpartum, il y en a qui appellent ça l'épuisement maternel. Je ne sais pas comment mettre des mots sur ce sujet-là. Je me sentais très seule et surtout un peu démunie. J'avais le sentiment que tout était orienté vers ma fille, que moi, maman, je devais être à l'écoute des besoins de ma fille, ce qui est normal, mais 100% à l'écoute des besoins de ma fille. Presque esclave. parce que c'est le rôle d'une maman, à ce moment-là, d'écouter les besoins de son enfant. Je n'étais pas prête à passer d'une vie de 100% professionnelle, 100% en couple, où on a une certaine liberté d'agir, à une vie où, en fait, on est dédié à son enfant. Je pense que ça a été, pour moi, je le redis, un vrai tsunami qui s'est rééquilibré après, heureusement. Mais à ce moment-là, ça a été une grosse vague. de dépendance. J'étais dépendante de mon enfant et des bien-être de mon enfant au détriment de mon bien-être à moi de maman. Je vais peut-être en choquer certains, mais moi, je me souviendrai quand même d'un gynécologue qui m'avait dit « Vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je l'avais regardé et je me suis dit « Excusez-moi, je crois que je n'ai pas très bien compris ce que vous venez de dire. » Il m'a dit « Oui, vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je lui ai dit « Ah oui, donc vous parlez vraiment de moi comme un animal. » J'ai bien entendu ce que vous venez de dire. Je dis que c'est quand même hyper violent, parce que je suis un être humain, je suis une maman, je suis une femme. Je ne suis pas qu'une enveloppe reproductrice de la continuité de l'espèce. Ce diktat de « soyez joyeux, heureux » , c'est hyper culpabilisant, quand moi, en tout cas pour ma partie et ce que j'ai vécu, Non, je ne le vis pas du tout bien, cet arrivé d'enfant, parce que ça ne se passe pas comme prévu. Et ça ne se passe pas comme dans les magazines et comme ce qu'on m'a tout raconté dans la préparation à l'accouchement et à la maternité. Donc en fait, je culpabilise à mort de ne pas ressentir ce que je devrais ressentir en tant que maman heureuse. J'ai le sentiment d'être descendue bas. Il y a même un moment où je me suis fait peur. Je me souviens d'un jour, elle devait avoir à peu près 3-4 semaines. J'ai appelé ma maman en lui disant, s'il ne se passe pas quelque chose, je pense que je vais l'acheter par la fenêtre. Parce qu'en fait, j'en peux plus. Elle ne fait que pleurer. Ça fait 3 semaines que je n'ai pas dormi. Là, j'en peux plus. Et elle m'a dit, écoute Laure, tu sais ce que tu fais. Tu poses ta fille dans son lit. Tu sécurises le périmètre. Tu sors faire un tout de pâté de maison et tu reviens voir ta fille. Et en fait, elle m'a fait prendre conscience à ce moment-là que le bien-être de ma fille passerait aussi par mon bien-être à moi. Et qu'il fallait que je m'écoute un tout petit peu et que j'écoute aussi mes besoins pour pouvoir être ajustée par rapport à ses besoins. Et à ce moment-là, ça a été le début de beaucoup de dialogues en couple pour que derrière, quand ils reviennent du boulot, mon conjoint prenne le relais et qu'à ce moment-là, moi, je parte de la maison. de savoir que j'aurais un mini sas de décompression dans la journée quand mon conjoint rentrait du travail et que je pouvais partir pendant une demi-heure, une heure, m'aérer, faire n'importe quoi. D'ailleurs, je me souviens que j'allais surtout marcher, en fait, marcher toute seule un peu vite dans la rue pour pouvoir me défouler et m'aérer la tête. Le couple, il en prend carrément un coup et pour nous, ça a été très, très compliqué. Et je n'ai aucune honte à en parler parce qu'on est toujours ensemble. Donc, c'est qu'on a survécu, c'est que c'est possible et qu'on est très heureux aujourd'hui. Moi, j'ai eu le sentiment de porter cette maternité toute seule. Mon conjoint a été associé dans les échographies. Il a été associé un petit peu à la préparation à l'accouchement. Mais en fait, il n'était pas obligé d'être présent à toutes les séances. Et quand j'y repense, ça, ça me paraît complètement fou d'ailleurs. c'est sûr que ça part au clash. Parce qu'elle a fatigue, parce que le conjoint vit sa vie professionnelle pendant que la maman est à la maison, que la maman, globalement, il ne se passe pas des choses de dingue dans sa journée, si ce n'est s'occuper d'un enfant, changer ses couches, gérer la maison, essayer tant bien que mal, comme elle peut, de trouver un petit moment pour se doucher, se préparer à un déjeuner. Elle ne va pas sortir voir ses copines parce qu'elle est fatiguée, parce que ses copines, elles ne sont pas forcément en congé maternité en même temps. On ne connaît pas forcément toute l'offre de soutien à la parentalité et des lieux d'accueil, etc. Pas forcément envie d'y aller aussi, parce qu'on se dit, en fait, son petit enfant, il est tout petit, on ne va pas l'exposer aux microbes. Et puis, il faut quand même avoir du cran pour sortir de chez soi et aller voir des personnes qu'on ne connaît pas. Y aller seule, en disant, j'arrive comme je suis, c'est hyper violent. Quelques semaines auparavant, on est à deux. on fait ce qu'on veut quand on veut, on peut se retrouver, on n'a pas d'horaire, on peut partager nos soirées, on peut discuter librement, etc. Et là, il y a l'arrivée d'un petit être tout beau, tout mignon, mais qui vient complètement casser le binôme, parce que les vécus de sa journée sont très différents. Et donc moi, effectivement, dans le couple avec mon conjoint, le premier mois, il rentrait à la maison et tous les soirs, il me voyait en pleurs et en pyjama. Et donc, réellement, pour lui, ça a été d'une extrême violence. Ça a été d'une extrême violence parce qu'il rentrait de sa journée de boulot, lui-même était crevé, en ne comprenant pas pourquoi je pleurais. Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce que tu es en danger ? Est-ce que notre fille est en danger ? Qu'est-ce qui se passe, quoi ? Pourquoi ? En fait, pourquoi ? Et moi, dans une incapacité de lui expliquer ce qui n'allait pas. Parce que je ne pouvais pas lui dire que ça n'allait pas. puisque j'étais censée être une maman heureuse, merveilleuse et avec un petit chouchou qui va super bien. Donc, une incompréhension s'est installée au sein du couple. Je ne me suis sentie que dans un rôle de mère et plus dans un rôle de femme, déjà, pour moi. Et pour moi, cette question de la mère-femme, c'est aussi la mère en couple. Je pense que si la relation de couple a été compliquée, à l'arrivée de la première, c'est aussi parce que moi, je n'avais plus ma place en tant qu'épouse et en tant que conjointe. En fait, j'étais une maman. Je n'avais que ce rôle de maman et je ne laissais plus la place à la femme et à l'épouse. Les premières semaines, il n'y avait plus de femme. Je n'étais qu'une maman. Vraiment, je me suis complètement effacée. À ce moment-là, on a pris la décision d'en parler avec un conseiller conjugal. et d'aller voir quelqu'un en disant qu'en fait, on traverse quelque chose qui nous dépasse, que là, on a besoin d'être accompagné. On n'a aucune envie que notre couple pète. On vient de mettre au monde un enfant. Surtout, ça fait des années qu'on est ensemble et que tout se passe bien. Il n'y a aucune raison que l'arrivée de cet enfant remette quoi que ce soit en cause dans notre relation de couple. Donc, on a décidé d'aller voir un conseiller conjugal et familial qui nous a aidé à mettre des mots sur ce qu'on vivait, lui et moi. et à ce qu'on se connaisse mieux aussi, lui et moi, on a pris conscience à ce moment-là que notre couple ne fonctionnerait qu'à partir du moment où on se connaissait bien chacun et que chacun avait envie de mettre quelque chose dans cette relation de couple. L'aspect financier est quand même un aspect qui est à prendre en compte. On venait d'acheter un appartement, donc on avait un emprunt. L'histoire du congé parental, je le prends ou je le prends pas. Moi j'avais pris 4 mois supplémentaires, mais il fallait que je reprenne le boulot parce qu'on avait un emprunt à rembourser. Les questions sur les modes de garde, etc. On s'est rendu compte, en parlant d'argent, que mon conjoint et moi-même n'avions pas du tout la même relation à l'argent. Bah en fait c'était un sujet dont on n'avait pas parlé. Il y a une espèce d'injonction sociétale où on se dit, en fait, être parent c'est absolument merveilleux, l'homme et la femme, le père, la mère, l'enfant, tout le monde vit dans un monde de bisounours. Ouais, certains jours, mais pas tous les jours et certainement pas les premières semaines après l'arrivée de l'enfant. Ça, c'est clair. C'est les pires semaines. Peut-être qu'on me l'a dit, et sincèrement, je veux bien le croire, peut-être qu'on m'avait prévenu. Tant que je n'avais pas été confrontée à ce quotidien bouleversé, je n'avais pas pris la mesure de ce que c'était que de devenir maman et des premières semaines de retour à la maison où, clairement, j'étais livrée à moi-même.

  • Speaker #0

    Ce sentiment de solitude et parfois d'isolement est bien souvent encore une réalité lors de l'arrivée d'un premier enfant. Impact psychologique et financier, épuisement, peur de mal faire, la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l'explique Nina.

  • Speaker #2

    Ce témoignage de Laure, il montre bien à quel point l'arrivée d'un premier enfant peut être un bouleversement complet dans le quotidien d'une famille. À la Caf, on essaye de proposer un panel très large d'aides, on a plein de solutions pour répondre aux besoins très divers, mais aussi très concrets de ces familles. Il y a bien sûr les aides financières, mais pas que. La Caf, elle cofinance beaucoup d'équipements et d'associations qui peuvent proposer des choses aux jeunes parents. D'abord, il y a ce qu'on appelle l'aide et l'accompagnement à domicile. Donc là, ça passe concrètement par des associations qui emploient des intervenants spécialisés, qui vont faire de l'assistance aux activités de la vie quotidienne, comme par exemple l'entretien du logement, les courses, le ménage, les repas, etc. Mais qui sont aussi tout à fait formés pour accompagner les parents, leur donner des conseils, montrer comment faire, donner des conseils pour gérer l'organisation, par exemple. C'est vraiment une aide pour que les nouveaux parents puissent évoluer dans les complexités de la parentalité et du quotidien familial. D'autres types de structures que nous finançons et qui peuvent aider les parents, ce sont les lieux d'accueil enfants-parents, ce qu'on appelle les LAEP. Dans ces lieux, on peut faire plein de choses. Les parents peuvent y aller pour parler avec des professionnels qualifiés, pour rencontrer d'autres parents, ou tout simplement pour jouer avec leurs enfants dans un cadre qui est différent de leur domicile. On peut y trouver des activités d'éveil. des temps de lecture ou même des jeux. C'est vraiment un lieu qui est convivial et ludique. Pour les parents, ça permet à la fois un moment privilégié avec leurs enfants, mais aussi un temps privilégié avec des professionnels sur le quotidien, les bonnes pratiques et des conseils. Les parents peuvent venir quand ils veulent et ils peuvent rester le temps qu'ils veulent. Il faut savoir que c'est un lieu qui est gratuit, confidentiel, anonyme, sans inscription et qu'on peut en trouver partout en France. Il y a beaucoup d'autres lieux que les Caf Finance et qui sont très utiles pour les parents comme Laure, que l'on vient d'entendre. Ils sont organisés au sein de ce qu'on appelle le réseau départemental d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents. Ils organisent tout au long de l'année et là encore partout en France, des groupes de parents, des conférences, des débats sur différentes thématiques autour de la parentalité et aussi des espaces d'accueil enfants-parents. Fréquenter ces lieux, participer à ces soirées, ça permet de rencontrer des parents, d'échanger et aussi de se rassurer. On y parle éducation des enfants, certes, mais on partage aussi un vrai bon moment de découverte. Il y a un autre dispositif qu'il est utile de connaître quand on est jeune parent, ce sont les réunions d'information collective que les Caf organisent avec la Caisse primaire d'insurance maladie. Ces réunions, elles sont l'occasion d'échanger avec des professionnels de la santé et de l'enfance, mais aussi des professionnels des Caf et de la CPM. Il y en a presque partout sur le territoire, vous pouvez retrouver plus de détails sur le Facebook de votre Caf ou sur le site internet. Toujours pour avoir plus d'informations, il faut aussi penser à notre magazine Vie de Famille et à la newsletter à laquelle on peut s'inscrire. Vous pouvez aussi penser à notre compte Instagram, Caf Parents, où on peut trouver une multitude d'infos sur les thèmes liés à la parentalité, entre autres. Et pour finir, je peux vous parler d'une aide financière. très importante pour les jeunes parents, c'est la prestation d'accueil du jeune enfant. Cette aide, elle concerne les parents qui ont, attendent ou adoptent un enfant. Pour en savoir plus, vous pouvez jeter un coup d'œil à notre guide des prestations. Des aides financières de la Caf, il y en a d'autres. Elles ne sont pas forcément relatives au témoignage de l'or, mais elles sont super importantes à connaître pour autant. Pour découvrir toute l'offre de services que la Caf propose dans votre département, il faut aller sur caf.fr. C'est vraiment le site incontournable.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Éclairci, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble Fait.

Description

En couple depuis 25 ans, 3 enfants, Laure coche toutes les cases d’une vie de famille heureuse… et pourtant. À 41 ans, elle nous livre les difficultés qu’elle a rencontrées lors de l’arrivée de son premier enfant. “Un tsunami” selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple, et sa vie de femme. Entre injonctions d’allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à 3.    

 

Ce sentiment de solitude et parfois d’isolement est bien souvent encore une réalité lors de l’arrivée d’un premier enfant.  Impacts psychologiques et financiers, épuisement, peur de mal faire…  la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l’explique Nina, à la fin de cet épisode. 

 

Vous êtes sur Éclaircies, le podcast de la Caf qui met vos histoires à la lumière de nos solutions, Episode : Trouble-fête. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    En couple depuis 25 ans, trois enfants, Laure coche toutes les cases d'une vie de famille heureuse. Et pourtant, à 41 ans, elle nous livre les difficultés qu'elle a rencontrées lors de l'arrivée de son premier enfant. Un tsunami selon ses mots, qui a mis à rude épreuve son couple et sa vie de femme. Entre injonctions d'allaitement, image de la mère parfaite et heureuse à tout prix, elle raconte la réalité de ce premier mois de la vie à trois. Vous écoutez Éclaircies, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble-fête.

  • Speaker #1

    Je crois sincèrement que je n'avais pas compris le tsunami qu'allait représenter la maternité, ce premier mois de vie de maman. On m'avait dit, il faut que tu allaites, il y avait l'espèce d'injonction de pour être une bonne mère, il faut allaiter. Bon, conclusion, l'allaitement, c'était une catastrophe. La nuit, du coup, ma fille avait faim. Je l'avais au sein toute la journée, toute la nuit, je ne dormais pas. Mon conjoint, lui, a repris son travail assez rapidement. Il a été présent pendant trois jours. Il a repris son travail. Donc, en fait, je me suis retrouvée toute seule à la maison avec un enfant qui pleurait H24 et un grand, grand sentiment de solitude et d'isolement. À ce moment-là, pour le coup, la seule aide que j'ai vraiment eue, c'était la protection maternelle et infantile, où j'allais une fois par semaine pour faire peser mon enfant. Quand le bébé arrive, en fait, la maman, elle n'existe plus. Il y a quand même les félicitations, parce que globalement, le bébé, il est là, que ce n'est pas lui qu'on félicite. Il y a toute la période des félicitations, « Ah, mais il est trop chouchou » , etc. Et bien évidemment qu'un bébé est trop chouchou. La mère, en fait, à part les rendez-vous médicaux, ben voilà, ça s'arrête là. Je me sens angoissée, je me sens un peu désabusée, un peu désemparée, et je me souviens surtout qu'à chaque fois que mon conjoint rentrait du travail, je pleurais, mais tous les soirs, à son retour. Le pauvre, pour lui, ça n'a pas été une période évidente. Je pleurais à chaque fois qu'il passait le pas de la porte parce qu'il fallait que je me décharge et je ne savais pas comment lui expliquer ce qui s'était passé dans la journée. Parce que globalement, à part avoir changé les couches, donné le sein et porté ma fille, il ne se passait pas grand chose. Donc, je n'avais pas grand chose de très réjouissant à lui dire. Il me retrouvait dans un état dépressif. Je ne sais pas comment on peut l'appeler. Alors, je sais qu'il y en a qui l'appellent le baby clash, il y en a qui appellent ça la dépression postpartum, il y en a qui appellent ça l'épuisement maternel. Je ne sais pas comment mettre des mots sur ce sujet-là. Je me sentais très seule et surtout un peu démunie. J'avais le sentiment que tout était orienté vers ma fille, que moi, maman, je devais être à l'écoute des besoins de ma fille, ce qui est normal, mais 100% à l'écoute des besoins de ma fille. Presque esclave. parce que c'est le rôle d'une maman, à ce moment-là, d'écouter les besoins de son enfant. Je n'étais pas prête à passer d'une vie de 100% professionnelle, 100% en couple, où on a une certaine liberté d'agir, à une vie où, en fait, on est dédié à son enfant. Je pense que ça a été, pour moi, je le redis, un vrai tsunami qui s'est rééquilibré après, heureusement. Mais à ce moment-là, ça a été une grosse vague. de dépendance. J'étais dépendante de mon enfant et des bien-être de mon enfant au détriment de mon bien-être à moi de maman. Je vais peut-être en choquer certains, mais moi, je me souviendrai quand même d'un gynécologue qui m'avait dit « Vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je l'avais regardé et je me suis dit « Excusez-moi, je crois que je n'ai pas très bien compris ce que vous venez de dire. » Il m'a dit « Oui, vous êtes une bonne pondeuse, mais vous n'êtes pas une bonne laitière. » Je lui ai dit « Ah oui, donc vous parlez vraiment de moi comme un animal. » J'ai bien entendu ce que vous venez de dire. Je dis que c'est quand même hyper violent, parce que je suis un être humain, je suis une maman, je suis une femme. Je ne suis pas qu'une enveloppe reproductrice de la continuité de l'espèce. Ce diktat de « soyez joyeux, heureux » , c'est hyper culpabilisant, quand moi, en tout cas pour ma partie et ce que j'ai vécu, Non, je ne le vis pas du tout bien, cet arrivé d'enfant, parce que ça ne se passe pas comme prévu. Et ça ne se passe pas comme dans les magazines et comme ce qu'on m'a tout raconté dans la préparation à l'accouchement et à la maternité. Donc en fait, je culpabilise à mort de ne pas ressentir ce que je devrais ressentir en tant que maman heureuse. J'ai le sentiment d'être descendue bas. Il y a même un moment où je me suis fait peur. Je me souviens d'un jour, elle devait avoir à peu près 3-4 semaines. J'ai appelé ma maman en lui disant, s'il ne se passe pas quelque chose, je pense que je vais l'acheter par la fenêtre. Parce qu'en fait, j'en peux plus. Elle ne fait que pleurer. Ça fait 3 semaines que je n'ai pas dormi. Là, j'en peux plus. Et elle m'a dit, écoute Laure, tu sais ce que tu fais. Tu poses ta fille dans son lit. Tu sécurises le périmètre. Tu sors faire un tout de pâté de maison et tu reviens voir ta fille. Et en fait, elle m'a fait prendre conscience à ce moment-là que le bien-être de ma fille passerait aussi par mon bien-être à moi. Et qu'il fallait que je m'écoute un tout petit peu et que j'écoute aussi mes besoins pour pouvoir être ajustée par rapport à ses besoins. Et à ce moment-là, ça a été le début de beaucoup de dialogues en couple pour que derrière, quand ils reviennent du boulot, mon conjoint prenne le relais et qu'à ce moment-là, moi, je parte de la maison. de savoir que j'aurais un mini sas de décompression dans la journée quand mon conjoint rentrait du travail et que je pouvais partir pendant une demi-heure, une heure, m'aérer, faire n'importe quoi. D'ailleurs, je me souviens que j'allais surtout marcher, en fait, marcher toute seule un peu vite dans la rue pour pouvoir me défouler et m'aérer la tête. Le couple, il en prend carrément un coup et pour nous, ça a été très, très compliqué. Et je n'ai aucune honte à en parler parce qu'on est toujours ensemble. Donc, c'est qu'on a survécu, c'est que c'est possible et qu'on est très heureux aujourd'hui. Moi, j'ai eu le sentiment de porter cette maternité toute seule. Mon conjoint a été associé dans les échographies. Il a été associé un petit peu à la préparation à l'accouchement. Mais en fait, il n'était pas obligé d'être présent à toutes les séances. Et quand j'y repense, ça, ça me paraît complètement fou d'ailleurs. c'est sûr que ça part au clash. Parce qu'elle a fatigue, parce que le conjoint vit sa vie professionnelle pendant que la maman est à la maison, que la maman, globalement, il ne se passe pas des choses de dingue dans sa journée, si ce n'est s'occuper d'un enfant, changer ses couches, gérer la maison, essayer tant bien que mal, comme elle peut, de trouver un petit moment pour se doucher, se préparer à un déjeuner. Elle ne va pas sortir voir ses copines parce qu'elle est fatiguée, parce que ses copines, elles ne sont pas forcément en congé maternité en même temps. On ne connaît pas forcément toute l'offre de soutien à la parentalité et des lieux d'accueil, etc. Pas forcément envie d'y aller aussi, parce qu'on se dit, en fait, son petit enfant, il est tout petit, on ne va pas l'exposer aux microbes. Et puis, il faut quand même avoir du cran pour sortir de chez soi et aller voir des personnes qu'on ne connaît pas. Y aller seule, en disant, j'arrive comme je suis, c'est hyper violent. Quelques semaines auparavant, on est à deux. on fait ce qu'on veut quand on veut, on peut se retrouver, on n'a pas d'horaire, on peut partager nos soirées, on peut discuter librement, etc. Et là, il y a l'arrivée d'un petit être tout beau, tout mignon, mais qui vient complètement casser le binôme, parce que les vécus de sa journée sont très différents. Et donc moi, effectivement, dans le couple avec mon conjoint, le premier mois, il rentrait à la maison et tous les soirs, il me voyait en pleurs et en pyjama. Et donc, réellement, pour lui, ça a été d'une extrême violence. Ça a été d'une extrême violence parce qu'il rentrait de sa journée de boulot, lui-même était crevé, en ne comprenant pas pourquoi je pleurais. Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce que tu es en danger ? Est-ce que notre fille est en danger ? Qu'est-ce qui se passe, quoi ? Pourquoi ? En fait, pourquoi ? Et moi, dans une incapacité de lui expliquer ce qui n'allait pas. Parce que je ne pouvais pas lui dire que ça n'allait pas. puisque j'étais censée être une maman heureuse, merveilleuse et avec un petit chouchou qui va super bien. Donc, une incompréhension s'est installée au sein du couple. Je ne me suis sentie que dans un rôle de mère et plus dans un rôle de femme, déjà, pour moi. Et pour moi, cette question de la mère-femme, c'est aussi la mère en couple. Je pense que si la relation de couple a été compliquée, à l'arrivée de la première, c'est aussi parce que moi, je n'avais plus ma place en tant qu'épouse et en tant que conjointe. En fait, j'étais une maman. Je n'avais que ce rôle de maman et je ne laissais plus la place à la femme et à l'épouse. Les premières semaines, il n'y avait plus de femme. Je n'étais qu'une maman. Vraiment, je me suis complètement effacée. À ce moment-là, on a pris la décision d'en parler avec un conseiller conjugal. et d'aller voir quelqu'un en disant qu'en fait, on traverse quelque chose qui nous dépasse, que là, on a besoin d'être accompagné. On n'a aucune envie que notre couple pète. On vient de mettre au monde un enfant. Surtout, ça fait des années qu'on est ensemble et que tout se passe bien. Il n'y a aucune raison que l'arrivée de cet enfant remette quoi que ce soit en cause dans notre relation de couple. Donc, on a décidé d'aller voir un conseiller conjugal et familial qui nous a aidé à mettre des mots sur ce qu'on vivait, lui et moi. et à ce qu'on se connaisse mieux aussi, lui et moi, on a pris conscience à ce moment-là que notre couple ne fonctionnerait qu'à partir du moment où on se connaissait bien chacun et que chacun avait envie de mettre quelque chose dans cette relation de couple. L'aspect financier est quand même un aspect qui est à prendre en compte. On venait d'acheter un appartement, donc on avait un emprunt. L'histoire du congé parental, je le prends ou je le prends pas. Moi j'avais pris 4 mois supplémentaires, mais il fallait que je reprenne le boulot parce qu'on avait un emprunt à rembourser. Les questions sur les modes de garde, etc. On s'est rendu compte, en parlant d'argent, que mon conjoint et moi-même n'avions pas du tout la même relation à l'argent. Bah en fait c'était un sujet dont on n'avait pas parlé. Il y a une espèce d'injonction sociétale où on se dit, en fait, être parent c'est absolument merveilleux, l'homme et la femme, le père, la mère, l'enfant, tout le monde vit dans un monde de bisounours. Ouais, certains jours, mais pas tous les jours et certainement pas les premières semaines après l'arrivée de l'enfant. Ça, c'est clair. C'est les pires semaines. Peut-être qu'on me l'a dit, et sincèrement, je veux bien le croire, peut-être qu'on m'avait prévenu. Tant que je n'avais pas été confrontée à ce quotidien bouleversé, je n'avais pas pris la mesure de ce que c'était que de devenir maman et des premières semaines de retour à la maison où, clairement, j'étais livrée à moi-même.

  • Speaker #0

    Ce sentiment de solitude et parfois d'isolement est bien souvent encore une réalité lors de l'arrivée d'un premier enfant. Impact psychologique et financier, épuisement, peur de mal faire, la Caf met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents, comme nous l'explique Nina.

  • Speaker #2

    Ce témoignage de Laure, il montre bien à quel point l'arrivée d'un premier enfant peut être un bouleversement complet dans le quotidien d'une famille. À la Caf, on essaye de proposer un panel très large d'aides, on a plein de solutions pour répondre aux besoins très divers, mais aussi très concrets de ces familles. Il y a bien sûr les aides financières, mais pas que. La Caf, elle cofinance beaucoup d'équipements et d'associations qui peuvent proposer des choses aux jeunes parents. D'abord, il y a ce qu'on appelle l'aide et l'accompagnement à domicile. Donc là, ça passe concrètement par des associations qui emploient des intervenants spécialisés, qui vont faire de l'assistance aux activités de la vie quotidienne, comme par exemple l'entretien du logement, les courses, le ménage, les repas, etc. Mais qui sont aussi tout à fait formés pour accompagner les parents, leur donner des conseils, montrer comment faire, donner des conseils pour gérer l'organisation, par exemple. C'est vraiment une aide pour que les nouveaux parents puissent évoluer dans les complexités de la parentalité et du quotidien familial. D'autres types de structures que nous finançons et qui peuvent aider les parents, ce sont les lieux d'accueil enfants-parents, ce qu'on appelle les LAEP. Dans ces lieux, on peut faire plein de choses. Les parents peuvent y aller pour parler avec des professionnels qualifiés, pour rencontrer d'autres parents, ou tout simplement pour jouer avec leurs enfants dans un cadre qui est différent de leur domicile. On peut y trouver des activités d'éveil. des temps de lecture ou même des jeux. C'est vraiment un lieu qui est convivial et ludique. Pour les parents, ça permet à la fois un moment privilégié avec leurs enfants, mais aussi un temps privilégié avec des professionnels sur le quotidien, les bonnes pratiques et des conseils. Les parents peuvent venir quand ils veulent et ils peuvent rester le temps qu'ils veulent. Il faut savoir que c'est un lieu qui est gratuit, confidentiel, anonyme, sans inscription et qu'on peut en trouver partout en France. Il y a beaucoup d'autres lieux que les Caf Finance et qui sont très utiles pour les parents comme Laure, que l'on vient d'entendre. Ils sont organisés au sein de ce qu'on appelle le réseau départemental d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents. Ils organisent tout au long de l'année et là encore partout en France, des groupes de parents, des conférences, des débats sur différentes thématiques autour de la parentalité et aussi des espaces d'accueil enfants-parents. Fréquenter ces lieux, participer à ces soirées, ça permet de rencontrer des parents, d'échanger et aussi de se rassurer. On y parle éducation des enfants, certes, mais on partage aussi un vrai bon moment de découverte. Il y a un autre dispositif qu'il est utile de connaître quand on est jeune parent, ce sont les réunions d'information collective que les Caf organisent avec la Caisse primaire d'insurance maladie. Ces réunions, elles sont l'occasion d'échanger avec des professionnels de la santé et de l'enfance, mais aussi des professionnels des Caf et de la CPM. Il y en a presque partout sur le territoire, vous pouvez retrouver plus de détails sur le Facebook de votre Caf ou sur le site internet. Toujours pour avoir plus d'informations, il faut aussi penser à notre magazine Vie de Famille et à la newsletter à laquelle on peut s'inscrire. Vous pouvez aussi penser à notre compte Instagram, Caf Parents, où on peut trouver une multitude d'infos sur les thèmes liés à la parentalité, entre autres. Et pour finir, je peux vous parler d'une aide financière. très importante pour les jeunes parents, c'est la prestation d'accueil du jeune enfant. Cette aide, elle concerne les parents qui ont, attendent ou adoptent un enfant. Pour en savoir plus, vous pouvez jeter un coup d'œil à notre guide des prestations. Des aides financières de la Caf, il y en a d'autres. Elles ne sont pas forcément relatives au témoignage de l'or, mais elles sont super importantes à connaître pour autant. Pour découvrir toute l'offre de services que la Caf propose dans votre département, il faut aller sur caf.fr. C'est vraiment le site incontournable.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Éclairci, le podcast de la Caf, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Trouble Fait.

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