- Speaker #0
Hélène a 40 ans, 2 enfants de 6 et 10 ans, un chat et un travail. Il y a 2 ans et demi, le père de ses enfants et elle se séparent. S'ensuit alors une médiation, une convention d'entente parentale et une garde alternée. Une forme de stabilité est alors trouvée, jusqu'à ce que le père déménage... à plusieurs centaines de kilomètres. Hélène devient alors chef de famille monoparentale et assure donc depuis la garde principale de ses enfants. Entre colère, sentiments d'injustice, épuisement, pression administrative et financière, elle nous raconte ce cheminement vers un équilibre pour ses enfants et pour elle en tant que femme. Vous écoutez Eclairci, le podcast de la CAF qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Famille à une jambe.
- Speaker #1
J'ai connu une séparation, donc la séparation avec le père de mes enfants, qui a eu lieu il y a maintenant deux ans et demi. Une séparation qui, au départ, a entraîné une garde partagée des enfants pendant une année. On a mis du temps à trouver un rythme. C'est pas évident parce qu'en fait, on était des débutants de la séparation. Donc, on a un petit peu tâtonné pour trouver un rythme. Surtout qu'au moment de la séparation, notre deuxième enfant avait à peine quatre ans. Et c'est vrai que pendant une année, on a dû changer au moins trois ou quatre fois. C'était difficile de trouver quelque chose d'un petit peu stable, j'ai envie de dire, et confortable pour tout le monde. Le père de mes enfants était resté dans la ville où on habitait, qui était à 15 kilomètres de l'endroit où les enfants étaient à l'école, etc. Et où les enfants ont leurs activités, donc il y avait un petit peu ça aussi à prendre en compte. On a réussi à s'entendre dans le cadre d'une médiation, pour pouvoir se mettre d'accord sur... Le mode de garde, on va dire, le plus adapté pour les enfants. On a fait une convention d'entente parentale. Donc il y a quand même cet effort-là de fait. On avait du mal à échanger quand même. C'est vrai que la communication après séparation n'est pas évidente. C'était même un petit peu bloqué. Les échanges se faisaient surtout par écrit. Donc ça peut être sujet à interprétation. Quand on échange beaucoup par écrit, sur WhatsApp, etc. Du mal des fois à trouver des terrains d'entente. Là, il y avait l'idée un peu de mettre les choses à plat. De voir vraiment quels pouvaient être les besoins de l'enfant, d'avoir aussi un regard d'une personne habituée. Habituée aussi à accompagner d'autres personnes qui se séparent pour voir comment on pouvait organiser les choses au mieux dans l'intérêt des enfants. C'est quand même ça l'idée, c'est dans l'intérêt des enfants. De ne pas perdre ça de vue et de pouvoir déminer certains conflits qu'on pouvait avoir nous en tant que parents après séparation. Et cette garde alternée s'est interrompue assez brutalement. puisque le père de mes enfants a choisi Oui, environ un an après la garde alternée de déménager, à deux heures et demie du lieu d'habitation. Ce départ-là a mis un terme à cette garde alternée. C'est un choix unilatéral de sa part, donc c'est vrai que je n'avais pas trop le choix, en fait. Et donc je me suis retrouvée en situation de garde principale avec mes enfants. Donc depuis, je suis toujours en garde principale. Là, ça fait un an et demi. On en est à quatre déménagements du côté du père de mes enfants. Donc c'est une série avec plusieurs épisodes, je dirais. Les enfants voient leur père aller un week-end complet par mois et un dimanche par mois. La séparation en soi, c'est déjà un deuil. Chaque séparation est différente, chaque histoire est différente. Et là, c'est aussi faire le deuil d'une garde idéale. Bon, il n'y a pas de garde idéale, parce qu'en fait, on se rend compte que même les gardes alternées posent souvent des questions. Mais là, c'est aussi faire le deuil d'une garde alternée. la présence que chaque parent peut avoir auprès des enfants. Parfois, j'arrive à me faire à cette idée, à me dire, bon, c'est comme ça maintenant. Au bout d'un an et demi, il y a quand même des choses qui, on va dire, bon gré, mal gré, se mettent en place. Mais c'est vrai que c'est retrouver à chaque fois quand même un équilibre. Surtout qu'à chaque fois, là, il y a quand même eu un déménagement, il y a eu plusieurs déménagements. Donc, il faut pouvoir aussi accompagner, expliquer auprès des enfants, votre père l'a déménagé à nouveau parce qu'il a peut-être un nouveau travail là-bas J'ai traversé beaucoup d'émotions, assez variées, assez fluctuantes. Il y a eu quand même beaucoup de colère, de la tristesse, de la colère, un fort sentiment d'injustice parce que je me suis dit, on est en 2024, 2025, 21e siècle et on est encore dans ce genre de situation. Je fais partie des 82% de femmes qui sont chefs de famille monoparentale en France. Donc je me dis, voilà, on en est encore là. J'ai des amis plus âgés qui ont une soixantaine ou soixante-dix ans qui ont connu ce type de situation il y a trente ans.
- Speaker #2
On en a encore là ?
- Speaker #1
Un père peut partir. Un autre parent, puisque ça peut arriver pour peut-être quelques pères, mais un père peut partir, peut faire ce choix-là, de quitter la ville où ses enfants habitent, où ses enfants sont scolarisés, et en même temps, moi je reste. Je reste, peut-être mis devant le fait accompli aussi. Moi j'ai un accompagnement psychologique, j'ai une psy que je vois tous les 15 jours, c'est régulier. Les enfants sont accompagnés aussi parce que mine de rien c'est des sacrés changements. J'étais en disponibilité de la fonction publique territoriale, je suis retournée dans la fonction publique territoriale pour avoir un emploi stable, cadré, sécurisant. Une bébisciteuse qui habite dans le quartier, le même quartier que celui où j'habite avec les enfants, qui vient depuis un an et demi. Puisque quand le père est parti, je me suis dit « wow » . où je trouve des relais et que j'ai au moins un soir pour moi par semaine. Alors j'ai eu cette chance-là. Il y a quand même beaucoup de femmes mamans solo qui sont quand même dans des situations de précarité et de détresse énormes. J'ai eu cette chance-là d'avoir un emploi stable et d'avoir cette possibilité-là de rémunérer une personne un soir par semaine pour pouvoir faire une activité. Je vais à la danse. Je vais à la danse une fois par semaine, danse contemporaine urbaine. Ça fait un petit sas de décompression. Mes parents, au départ, sont venus à peu près tous les mois et demi, un week-end. pour que je puisse avoir deux ou trois nuits pour souffler. J'avais un hébergement qui a été mis à disposition pour moi par le frère d'une amie. Je restais dans la ville où j'habite et je laissais mon appartement, mes parents et mes enfants ensemble. Et j'avais deux jours de nuit de répit, de respiration, qui ont vraiment été salvateurs, surtout au début, surtout les six premiers mois après le départ du père de mes enfants. J'ai aussi la chance d'avoir rencontré beaucoup d'amis. De personnes qui sont devenues des amies par une association de soutien aux parents, futurs parents, et avec qui on a constitué un réseau d'amitié, mais aussi d'entraide, de soutien, où on échange régulièrement par message quand on n'est pas ensemble, on a un groupe WhatsApp, où en fait on partage notre quotidien. Le fait d'être seule, c'est surtout le soir, où ce n'est pas toujours évident, le petit tunnel du soir, après avoir récupéré les enfants à l'école ou au pire scolaire, et jusqu'au coucher. Où là, la sensation de solitude peut être particulièrement prégnante, d'avoir deux, trois amis avec qui on peut échanger en disant « je ne sais pas quoi faire à manger » ou « j'en peux plus » ou pouvoir avoir ces petits sasses aussi. Donc moi, j'ai pu bénéficier d'aide. Après, c'est vrai que ça demande de s'informer, parce qu'il y a quand même des non-recours au droit, parce qu'il y a quand même beaucoup de personnes. qui n'ont pas connaissance des aides auxquelles elles peuvent prétendre. Moi, j'ai eu la chance d'assister, juste après la séparation, à une rencontre qui était organisée par la CAF de mon département, une association de médiation familiale, et je pense une autre association sur être parent après la séparation, qui faisait un petit état des lieux de différentes aides auxquelles on peut avoir droit, ou de l'organisation qu'on peut trouver, etc. J'ai une sœur qui est assistante sociale, qui a aussi pu me conseiller. Il faut pouvoir oser aller voir une assistante sociale ou savoir vers quel organisme se diriger, parce que ce n'est pas forcément intuitif de se dire « j'ai le droit à ça, j'ai le droit à ça » . Je bénéficiais encore pour le moment d'aide pour le logement, de la prime d'activité, puisque j'avais un revenu irrégulier, comme j'étais en auto-entreprise jusque-là, et en temps partiel dans un emploi salarié en milieu associatif. J'ai pu bénéficier de l'allocation de soutien familial, comme le père de mes enfants était sans emploi. et donc ne verser pas de pension alimentaire. Et je bénéficie de l'allocation familiale sous condition de ressources. Pour bénéficier d'aide, il faut pouvoir justifier de différentes choses et c'est aussi de charge mentale quelque part. C'est une chance d'avoir des aides et en même temps, il ne faut pas se louper. Il ne faut pas se louper pour que les aides continuent. Il faut rester dans les clous, il faut être vigilante. Ça demande aussi de pouvoir connaître ses droits, de savoir comment remplir des déclarations, etc. Pour l'instant, il n'y a pas de pension alimentaire. J'ai envie de dire, j'attends un peu le prochain épisode, puisque là, je ne sais pas encore s'il va rester dans le dernier endroit où il a déménagé. Il y a des moments de joie avec mes enfants. J'ai une profonde satisfaction quand je vois la manière dont il s'épanouissait à l'école. C'est réconfortant. Je me dis, OK, ils sont dans la vie collective, ils s'ouvrent au monde, ça c'est OK. Les liens de complicité très forts qui existent avec leurs grands-parents. De voir la place que prend cette baby-siteuse qui vient s'occuper d'eux une fois par semaine et les liens qui se sont créés. Il y a quand même tous ces moments-là où je me dis, ils ont leur ancrage dans la ville où ils habitent, leur réseau d'amis, ils s'ouvrent au monde. Tout ça, c'est permis pour eux. Un des enseignements, on peut dire, c'est d'avoir appris à appeler à l'aide. C'est vrai que quelques mois après la séparation, je pense qu'il y avait encore la garde alternée. Je me suis retrouvée en situation de crise d'angoisse, ce que je n'avais jamais vécu auparavant, en panique complète, à me dire, mince, qu'est-ce qui se passe ? Si je meurs là dans la nuit, qu'est-ce qui va se passer pour mes enfants ? Donc, une bonne crise d'angoisse quand même. Je suis toujours vivante. Et j'ai appelé une amie. J'ai appelé une amie en disant, je ne sais pas ce qui m'arrive, là, je m'inquiète. comment je fais quoi s'il m'arrive quelque chose cette nuit avec les enfants tu es appelée à SOS médecin on va rester en ligne et je viens s'il y a besoin. Mais c'est vrai, c'est ça. C'est comment j'appelle à l'aide et comment j'ose dire j'y arrive plus ou j'y arrive pas ou je ne sais pas comment faire. On a créé ce groupe avec des amis où on échange régulièrement. Là, je me suis dit une chose. À chaque fois que j'ai un problème ou que je rencontre une difficulté, j'envoie un message à deux ou trois personnes. La batterie qui tombe en panne de la voiture, tac, un message. Et je me dis, dans les trois personnes, il y en a au moins une qui va répondre et je ne me sentirai pas seule avec ce que je vis. Je ne sais pas... un problème avec un enfant à l'école, hop, tout de suite, un message à deux ou trois personnes. Et voilà, il y a ce réflexe qui est là maintenant, d'entraide et de décompression, puis après ça peut enclencher d'autres choses, puisque après voilà, quelqu'un peut venir pour m'aider pour la batterie, ou l'ami d'une amie, enfin bon, c'est ça, c'est recréer des poches comme ça de soutien, de solidarité. J'ai rejoint le mouvement des mères isolées, la collectif des mères isolées, donc des collectifs qui portent la parole des mères isolées. Ça permet de se sentir moins seule dans cette situation de maman solo, de sentir la force du collectif. Je ne suis pas certaine que ces équilibres soient encore trouvés. Mais bon, c'est le projet de toute une vie.
- Speaker #0
Parce que chaque séparation est unique, la CAF met à disposition plusieurs aides pour répondre aux besoins des parents. Et ce, à chaque étape, comme nous l'explique Cécilia, conseillère CAF.
- Speaker #2
Comme Hélène nous l'a si bien dit dans son témoignage, se séparer avec un ou plusieurs enfants à charge, c'est un changement de vie qui est important et qui est aussi accompagné de son lot de questionnements et de doutes. Et on va voir aujourd'hui ensemble comment la CAF justement peut intervenir dans cette situation. Dans un premier temps, ce qui est conseillé, suite à une séparation, c'est de prendre un rendez-vous, ou même avant la séparation, c'est de prendre un rendez-vous directement sur votre compte CAF. pour échanger avec un conseiller sur ce changement qui est déjà effectif ou qui va avoir lieu. Dans un premier temps, on va pouvoir étudier ensemble vos droits, donc les prestations vraiment financières. Si vous avez déjà un dossier en cours, on va pouvoir recalculer vos droits en fonction de cette nouvelle situation. Les droits seront toujours calculés aussi en fonction de votre situation aussi professionnelle. Donc par exemple, on va retrouver le revenu de solidarité active, le RSA, pour les personnes qui n'ont pas de revenu ou peu de revenu. et ou la prime d'activité quand il y a des revenus d'activité et l'aide au logement également si vous êtes locataire ou en accession depuis plusieurs années. Ces prestations suite isolement avec enfant à charge peuvent être ce qu'on appelle majorées, c'est-à-dire que le montant va être plus important pendant un certain laps de temps en fonction des prestations pour que vous puissiez faire face à cette nouvelle situation. Lorsque vous êtes parent isolé avec un ou plusieurs enfants à charge et que vous n'avez pas de pension alimentaire versée par l'autre parent, vous pouvez peut-être prétendre à l'allocation de soutien familial, l'ASF. Si vous avez une pension alimentaire qui a été fixée par un jugement, on va pouvoir également intervenir soit pour verser un complément si celle-ci est inférieure au montant de la prestation, mais on peut également intervenir aussi en intermédiaire. pour récupérer la pension alimentaire directement auprès de l'autre parent, pour éviter tout contact à ce sujet-là entre les parents. Ça permet également de garantir le versement de la pension alimentaire tous les mois. Chaque CAF propose des accompagnements différents. Lors de votre rendez-vous, on pourra évoquer avec vous tout ce qui peut vous être proposé pour vous aider au mieux. Par exemple, avec les médiations familiales ou les groupes de parole durant lesquels vous pouvez échanger. Lors de ce premier rendez-vous, on pourra vous orienter vers un travailleur social de la CAF pour qu'il puisse vous accompagner dans vos démarches et vous soutenir dans ce changement de vie. Pour tous ceux qui ne relèvent pas de notre compétence, on vous orientera au mieux vers le service concerné, un autre organisme ou les associations. Certains d'entre eux sont financés par la CAF. Enfin, comme l'a évoqué Hélène, ces démarches peuvent être vécues comme une charge mentale. C'est pourquoi nous sommes en train de faciliter ces déclarations. Vous pouvez d'ailleurs en retrouver certaines préremplies. Pour plus d'informations, vous pouvez prendre contact avec votre CAF ou vous rendre sur caf.fr.
- Speaker #0
Vous venez d'écouter Éclairci, le podcast de la CAF, qui met vos histoires à la lumière de nos solutions. Épisode Famille à une jambe.