- Speaker #0
Ok, vous avez sûrement déjà vu ça. Ces tubes avec des petites granules à l'intérieur qu'on trouve dans à peu près toutes les pharmacies, ça, c'est l'homéopathie. Homéopathie. Homéopathie. Homéopathic remedies. L'homéopathie, c'est 70% des Français qui en ont déjà consommé au moins une fois dans leur vie et c'est un marché qui pèse environ 7 milliards de dollars américains. Une médecine alternative qui a ses détracteurs. On est en 2024, on sait modifier l'ADN, créer des vaccins, opérer le cerveau, mais pourquoi on utilise encore de l'homéopathie ? Et pour ça, il faut comprendre pourquoi l'homéopathie a été créée, comment elle est fabriquée, que dit la science et surtout, pourquoi ça fait débat. Nous laissons donc les droits de la nature et nous nous rendons au domaine des moustaches.
- Speaker #1
Les médecines homéopathiques sont maintenant prescribées.
- Speaker #0
L'homéopathie. Le déremboursement de l'homéopathie. Un déremboursement total. Ok, il faut qu'on revienne aux origines. Pour comprendre l'homéopathie, il faut remonter vers la fin des années 1700 et à cette époque, la médecine... elle était assez rudimentaire. Dans la médecine antique et médiévale, on pensait que les maladies étaient le résultat d'un déséquilibre entre les fluides du corps et les traitements comme les purges et les saignées étaient monnaie courante. Juste, les saignées, c'est littéralement retirer le sang du corps pour rétablir cet équilibre. Et ça se faisait généralement par une incision dans les veines et sans surprise, c'était pas très efficace. C'est là qu'un homme entre en scène, Samuel Hahnemann et Hahnemann, lui, était un peu frustré de ces méthodes et il était à la recherche de quelque chose de plus doux, de plus humain. Il va donc se mettre au travail et en 1810, il publiera l'Organon de l'art de guérir, la Bible de l'homopathie. Hahnemann va s'appuyer sur un principe évoqué pour la première fois par Hippocrate, le principe de similitude. Le principe de similitude, il dit qu'une substance qui provoque des symptômes peut, à faible dose, guérir ces mêmes symptômes. En gros, ce qui rend malade à forte dose peut guérir à faible dose. C'est un peu guérir le mal par le mal. Et pour réduire les doses dans les substances, il faut les diluer. Mais quand je dis diluer, C'est diluer. Voilà comment ça marche. On commence par diluer une substance dans un solvant, de l'eau ou de l'alcool. Et puis on prend une goutte de cette solution pour l'ajouter dans 99 gouttes de solvant. Il faut ensuite agiter et ça nous donne un CH, une centésimale allmanienne. Et puis on répète. On prend une goutte de la nouvelle solution obtenue pour la mettre dans 99 gouttes de solvant. On agite à nouveau et puis on recommence. Encore une goutte de cette solution dans 99 gouttes de solvant.
- Speaker #1
On peut aller jusqu'à 30 CH dans le cadre de l'homéopathie, donc 30 dilutions au centième. Pour donner un équivalent un peu plus parlant, 4 CH, c'est l'équivalent de 25 centilitres dans 10 piscines olympiques. Et à 13 CH, cela représente une goutte de solution dans l'ensemble de l'eau disponible sur Terre.
- Speaker #0
Dans les années 80, une hypothèse est mise par le chercheur et médecin Jacques Benveniste, la mémoire de l'eau. Cette découverte... permettrait pour la première fois de donner une explication scientifique à l'homéopathie. Et la mémoire de l'eau, c'est une hypothèse selon laquelle l'eau garderait une empreinte des substances avec lesquelles elle était en contact même après des dilutions extrêmes. Bon, je vous la fais courte, l'hypothèse a été invalidée par la revue Nature lors de la publication de sa contre-expertise en 88. Mais de manière générale, elle dit quoi la science sur l'homéopathie ? Ok, parlons science. L'homéopathie, ce qui lui est souvent reproché, c'est l'absence de preuves. Les médicaments conventionnels... Eux doivent subir une batterie de tests avant d'obtenir leur autorisation de mise sur le marché.
- Speaker #1
On a d'abord une phase de recherche préclinique, où les molécules d'intérêt vont être testées in vitro, avec des modèles informatiques, sur des cellules de culture. Ensuite, si c'est réduit de façon probante, les molécules seront testées sur des animaux. Ensuite, nous passons à la phase 1, donc c'est la phase où les molécules vont être testées chez un petit nombre de volontaires sains, afin d'évaluer la toxicité. si la toxicité d'une molécule est acceptée. de table, on la développe en phase 2. Cette même molécule sera administrée à un plus grand nombre de volontaires ou de malades. L'objectif est de déterminer la dose efficace. Et enfin, en phase 3, on va administrer la molécule à un grand nombre de malades en comparant cette nouvelle molécule au traitement standard et ainsi pouvoir déterminer l'efficacité et avoir une puissance statistique qui permette de déterminer son efficacité ou non.
- Speaker #0
Et surtout, ces médicaments, ils doivent faire leurs preuves face à un placebo. Et cette preuve face au placebo, l'homéopathie, elle ne l'a pas faite.
- Speaker #1
Les médicaments homéopathiques ont tenté eux aussi de prouver leur efficacité au niveau des essais cliniques. Malheureusement, aucune n'a prouvé de supériorité de l'homéopathie versus un placebo.
- Speaker #0
Ces infos sont résumées ici. Ça, c'est les 136 pages du rapport de la HAS rendu en 2019 dans le cadre du déremboursement de l'homéopathie par l'assurance maladie. Le coût prétend. Le taux de remboursement passe de 65... à 35% commande son déremboursement par la sécurité sociale. Et maintenant, c'est là que ça devient intéressant parce qu'il y a placebo et effet placebo.
- Speaker #2
Qu'est-ce que c'est un placebo ? C'est une substance où un... un objet ou une intervention qui sont dénués en fait de l'effet physiologique ou pharmacologique. Et qu'est-ce que l'effet placebo ? C'est en fait administrer cet objet, cette substance ou administrer l'intervention qui va en fait entraîner une modification de l'état du patient. Alors que normalement le placebo, comme je l'expliquais, est totalement inactif.
- Speaker #0
Regardez cette étude faite par le chercheur Ted Kapchuk à la Medica School de Harvard. Ils ont reçu 80 patients. atteints du syndrome de l'intestin irritable. Et ils les ont séparés en deux groupes. Un groupe n'a reçu aucun traitement et un autre groupe a reçu un placebo. Mais on leur a dit que c'était un placebo. Littéralement, on leur a dit « Tenez, ceci est un placebo » . Et ce qui est assez impressionnant, c'est que le groupe ayant reçu un placebo a montré une amélioration significative de leurs symptômes par rapport au groupe n'ayant reçu aucun traitement. L'étude, elle montre que pour générer l'effet placebo, c'est pas seulement la substance qui compte, mais c'est aussi le fait d'être Merci. pris en charge de recevoir des soins, en gros de faire une approche thérapeutique. Mais bon, grosso modo, la science, elle pense que l'homéopathie n'a pas fait ses preuves et en 2021, l'homéopathie est totalement déremboursée. Le déremboursement sera effectif à partir du 1er janvier 2021. Et ce qui est paradoxal, c'est que l'homéopathie, ça reste un marché qui est estimé à 620 millions d'euros en France en 2016 et estimé environ à 7 milliards de dollars américains à travers le monde. Alors, pourquoi c'est aussi populaire ? Au départ, quand Hahnemann propose une approche moins invasive, ça attire l'attention d'un tas de médecins et de patients qui étaient aussi à la recherche de pratiques moins douloureuses. Et cette médecine homéopathique, elle va très vite se propager en Europe et à travers le monde jusqu'en Inde, où aujourd'hui encore, elle reste un des systèmes de soins les plus populaires. L'Inde est aujourd'hui le plus gros consommateur d'homéopathie à travers le monde. Mais en France, comment est-ce qu'on pourrait expliquer cette popularité ?
- Speaker #1
Si l'homéopathie est si populaire, c'est parce que déjà on a une inocuité. Ja aucune toxicité prouvée de l'homéopathie. Je pense que c'est un point qui rassure les gens. L'homéopathie présente un effet placebo qui est certain. C'est pour ça qu'on peut se sentir mieux après avoir consommé de l'homéopathie. Et on a aussi un côté marketing et publicité des laboratoires. On connaît tous le slogan « aussitôt, aussi l'eau » ou ce genre de publicité.
- Speaker #0
Et est-ce que ça pourrait aussi s'expliquer par des consultations avec des médecins homéopathes qui durent généralement plus longtemps qu'avec des médecins généralistes non homéopathes ? Des consultations avec une approche holistique, donc qui cherche à comprendre le patient dans son ensemble ? Parce que finalement, c'est ça aussi le quatrième grand principe énoncé par Hahnemann, soigner les malades et pas la maladie. Alors du coup, oui, non, pouce ou quatre ? En fait, ce débat, il n'est pas nouveau, et à l'arrivée, c'est quasi toujours les patients qui ont le dernier mot. Et avec ça s'accompagne une responsabilité. une responsabilité de connaître les limites de l'homéopathie. Car le vrai danger de l'homéopathie, il est là quand les médicaments conventionnels sont abandonnés pour se tourner vers des solutions alternatives.
- Speaker #1
Il faut cependant ne pas tomber dans le piège de prendre l'homéopathie pour ce qu'elle n'est pas. C'est-à-dire que ce n'est pas un médicament qui a prouvé son efficacité. Elle peut s'inscrire dans une prise en charge globale pour un patient, mais avec d'autres thérapeutiques, d'autres médicaments.
- Speaker #0
Alors en fin de compte, l'homéopathie c'est un paradoxe entre d'un côté les scientifiques qui concluent à l'absence d'efficacité au-delà de l'effet placebo, et puis de l'autre côté ces millions de gens qui l'utilisent et qui disent en tirer des bénéfices. Alors où est la vérité ? Peut-être que ça dépend de ce que chacun y cherche, mais en tout cas ce qui est sûr, c'est que ce débat continuera à exister.
- Speaker #1
Et encore une fois,
- Speaker #0
comme nous savons qu'il ne s'agit pas d'une supercherie, ou bien il y a un doigt qui appuie sur le bouton et nous ne le voyons pas, ou bien c'est une manièvrée. Et, encore une fois, il y a une explication nouvelle à trouver.
