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#85 Julie Martinez Directrice Générale France Positive "IA, fake news et démocratie" cover
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Elles Agissent

#85 Julie Martinez Directrice Générale France Positive "IA, fake news et démocratie"

#85 Julie Martinez Directrice Générale France Positive "IA, fake news et démocratie"

37min |20/03/2025
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Elles Agissent

#85 Julie Martinez Directrice Générale France Positive "IA, fake news et démocratie"

#85 Julie Martinez Directrice Générale France Positive "IA, fake news et démocratie"

37min |20/03/2025
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Description

Dans cet épisode d’Elles Agissent, je reçois Julie Martinez, avocate, directrice générale de France Positive et autrice du livre IA et Fake News : Sommes-nous condamnés à la désinformation ?.
Spécialiste du droit des nouvelles technologies et engagée dans le débat public, Julie analyse les dérives de l’intelligence artificielle et son impact sur l’accès à l’information.

Nous discutons de désinformation, éthique des algorithmes et responsabilité collective face aux fake news. Julie partage aussi son parcours inspirant, de son engagement auprès de Jacques Attali à son rôle chez Palantir Technologies, en passant par son enfance à Sarcelles et son expérience aux États-Unis qui a bouleversé sa vision du monde.


📌 À écouter si vous vous interrogez sur l’influence de l’IA sur notre perception du réel et si vous voulez comprendre comment agir face à ces nouveaux défis.

🔍 Au programme :
💡 Comment l’IA amplifie la désinformation
📊 Le rôle des médias et des algorithmes dans la fabrication de l’opinion
⚖️ L’importance de la régulation et de l’éthique dans les nouvelles technologies
💬 Son engagement pour un débat public plus éclairé
💪 Trouver sa place en tant que femme et jeune leader dans un monde en mutation

Un échange riche, accessible et engagé, qui pousse à la réflexion. Bonne écoute !


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Julie. Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent, je suis ravie.

  • Speaker #0

    Merci à toi, je suis ravie d'être ici avec toi en plus dans ce petit café cosy. Oui,

  • Speaker #1

    on est dans un café sympa sous la puille, enfin la puille est à côté, ça donne une ambiance agréable. Merci beaucoup. Alors Julie, tu es entre autres, parce que je pourrais lister pendant longtemps tout ce que tu fais, avocate, directrice générale de France Positive, auteur. Tu es aussi salariée dans une entreprise. Tu évolues en fait entre le droit, la technologie, la réflexion sociétale profonde. Tu questionnes, je trouve, avec franchise, les transformations de notre époque.

  • Speaker #0

    C'est gentil ça.

  • Speaker #1

    Et en 2024, tu publies aussi l'IA et Fake News, sommes-nous condamnés à la désinformation ? Où tu proposes un vrai travail, un ouvrage qui interroge l'impact des algorithmes. sur notre accès à l'information et à la vérité. Tu nous permets de nous questionner aussi tout simplement sur notre sens critique.

  • Speaker #0

    Exactement, j'essaye en tout cas d'alerter.

  • Speaker #1

    Oui, et d'alerter aussi, tout à fait. Et donc c'est des sujets à la fois, moi je trouve passionnants et aussi un petit peu vertigineux. D'ailleurs, on l'a légèrement évoqué sur deux, trois actus avant d'enregistrer. Mais avant de rentrer un petit peu plus dans ces problématiques, j'aimerais justement savoir quel était toi, un peu ton point de bascule, Au niveau de l'action, à quel moment tu t'es dit tiens, je vais agir et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors, merci encore une fois de me recevoir. Je suis vraiment ravie de passer ce moment avec toi. Le point de bascule, le premier point de bascule, ça a été ma rencontre avec Jacques Attali. Après un échange très fructueux où lui, il le fait d'ailleurs depuis de nombreuses années. On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on contribue au débat public. en proposant des idées du fond, des idées de réforme aux Français pour sortir d'un débat public qui était phagocyté par l'immédiateté, qui était pris dans un débat plus d'égo et de personnalité politique à un moment clé qui était l'élection présidentielle. Et en fait, on interrogeait moins les Français sur ce qu'ils voulaient pour le pays, pour l'Europe, et pour eux-mêmes, pour leur quotidien. Comment est-ce qu'on allait pouvoir répondre à leurs attentes et permettre de faire basculer le... pays, si tu veux, dans quelque chose de beaucoup plus positif que la situation dans laquelle on était en 2021. Donc, ça a été un premier moment de bascule, tout simplement de voir tous ces candidats à l'élection présidentielle qui se charcutaient sur des plateaux TV sans avoir encore de programme. Et je me suis dit que c'était vraiment pas à la hauteur des enjeux. Et donc, j'ai rejoint Jacques-Athéline dans cette aventure. Donc, ça a été vraiment le premier moment de bascule où je me suis dit, je vais essayer d'être utile et avec notre équipe de contribuer au fond. Donc, on a créé France Positive et on y reviendra. Et puis le second, la rédaction de cet essai, ça a été après l'épisode des punaises de lit. Je ne sais pas si vous vous souvenez, c'était en plein moment, on parlait des Jeux Olympiques, mais on parlait également de la loi sur l'immigration. Et ce lien qui avait été fait sur un plateau, c'est news entre l'arrivée des punaises de lit et l'hygiène des migrants. Et je me suis dit comment est-ce que collectivement on en arrive là, sachant qu'en fait, et je m'étais faite avoir moi-même, il s'agissait d'une fake news envoyée par les Russes pour tout simplement à des fins d'ingérence dans notre politique et pour justement faire basculer le débat, polariser notre société et tout simplement déstabiliser notre politique. Mais si tu le veux, moi en lisant les journaux, en lisant les tweets et compagnie, je m'étais faite avoir en me disant mon dieu il y a une crise de punaise de lits dans notre pays, c'est catastrophique. Et en fait, avec du recul, je m'étais rendue compte en cherchant bien qu'il s'agissait d'une fake news. Et puis par la suite, effectivement, on a eu de manière officielle le gouvernement qui a pris position en parlant carrément d'ingérence russe. Et je me suis dit, si moi, en lisant le journal vraiment régulièrement, en essayant de m'informer sur les sources, je me fais avoir, il y a vraiment un moment de bascule. Et je me suis dit, mais qu'est-ce qui se passe sur les réseaux ? Comment fonctionnent les algorithmes ? Pourquoi est-ce qu'on est enfermé dans ces bulles-là ? Et en fait, comment est-ce que l'intelligence artificielle amplifie tout ça ? Et comment est-ce qu'on peut lutter à notre échelle ? Est-ce que... Moi, depuis mon lit, sur mon téléphone, si je me rends compte de ça, je me sens bien toute seule dans les réponses à apporter à cette problématique-là. Je me suis dit que c'était le bon moment de creuser le sujet et d'essayer d'en parler à mes concitoyens pour que collectivement, on puisse essayer de lutter contre ce fléau. Il y en a tant d'autres, il y a tellement de choses à faire.

  • Speaker #1

    Une fois qu'on met le pied dans l'engagement, et dans « je ne peux plus me taire et je dois agir » , comment on se sent ? Il n'y a plus de limite ? Ou est-ce qu'il faut s'en donner justement pour rester sur son sujet ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce dont on parlait juste avant de démarrer ce podcast. Effectivement, c'est vertigineux parce qu'il y a tellement, tellement de sujets aujourd'hui sur lesquels on aimerait alerter avec notre équipe. Donc, heureusement, je ne suis pas toute seule. On a... Chez France Positive, si vraiment je segmente mon engagement, on a une centaine d'experts qui travaillent de manière bénévole avec nous pour établir des constats forts et proposer des solutions de politique publiques à faire émerger dans le débat pour tenter de résoudre ces constats-là. Donc au moins, je pense que ce vertige est partagé et on se sent aussi moins seul. Sur la question de savoir s'il faut aborder tous les sujets, j'essaie moi de les prioriser en regard des... Sujets sur lesquels je commence un petit peu à mon échelle à émerger qui sont l'intelligence artificielle, la démocratie, l'impact des réseaux sociaux. Mais effectivement, aujourd'hui, là, pour recaler un peu, dater en tout cas ce podcast-là, on est en mars 2025. Donald Trump est au pouvoir depuis deux mois et en deux mois, il a fait plus de mal à la démocratie américaine et à la nôtre qu'en quatre ans de mandat précédemment. Donc effectivement, je pense qu'il va falloir remonter un peu plus au front sur d'autres sujets qui sont la question de la place des femmes dans notre société, la démocratie, la montée de l'extrême droite là-bas, mais aussi sur notre territoire européen. Donc des sujets qui reviennent et qui sont tous liés parce que finalement, ils évoluent dans le même écosystème. Mais voilà, c'est très vertigineux et effectivement, on se sent très vite seul. Et en fait, moi, là où je trouve un peu d'apaisement, c'est en échangeant avec nos équipes et en me disant qu'on n'est pas si seul que ça. Il y a plein de collectifs en France. L'idée, c'est maintenant de savoir comment est-ce qu'on les fait briller à un moment où, en fait, on aimerait éteindre les lumières. Et ça, c'est ce qu'il y a, en tout cas, de plus angoissant chez moi en ce moment.

  • Speaker #1

    Tu es une femme aussi aux multiples talents. Je le disais au début, je ne savais même pas comment lister tout ce que tu fais. Tu parles aussi allemand, anglais, italien.

  • Speaker #0

    J'oublie. Oui.

  • Speaker #1

    Français. Et tu as aussi fait beaucoup d'études, tu as été plurielle dans tes études. Donc l'idée de ma question c'était déjà, est-ce que tu peux nous retracer justement ton parcours ? Comment tu as réussi à, enfin comment tu es arrivée jusqu'ici ? Et aussi justement, est-ce que cette notion de plurielle, ou en tout cas d'aller toucher un peu tout à tout en même temps, en tout cas d'être curieuse comme ça de tout, a toujours été en toi ? Ou c'est venu au fur et à mesure du temps, etc. ?

  • Speaker #0

    Je déteste l'entre-soi. Donc c'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien toucher à tout parce que toucher à tout c'est aussi parler à d'autres gens, parler à d'autres écosystèmes et je pense qu'il faut pouvoir aller voir autrui pour mieux se comprendre soi-même mais aussi aller voir d'autres écosystèmes pour mieux comprendre le sien. Et ça m'aide énormément dans mon quotidien que ce soit dans mon travail chez Palantir mais aussi dans... Ce think tank, ce mouvement qu'on a avec France positive, comme en politique, comme tout simplement dans mes discussions avec mes proches, mes amis, ce qui m'anime au quotidien. J'aime toucher à tout, oui. Alors moi j'ai grandi déjà dans un milieu très diversifié, avec beaucoup de cultures différentes. J'ai grandi à Sarcelles, il y a 98 ethnies différentes à Sarcelles, ou une centaine, je ne sais plus si ça a évolué depuis, mais on avait une pluralité des voix. couleurs, des sons, des goûts qui moi m'a énormément enrichie et avec du recul aujourd'hui je m'en rends d'autant plus compte que j'évolue à Paris là j'habite à Paris et cette diversité je la retrouve pas nécessairement typiquement quotidien dans mon quartier donc ça c'est une grande richesse j'ai cette vocation un peu plurielle, elle est venue que tardivement parce que, et comme beaucoup je pense d'autres profils en banlieue parisienne je m'auto-censurais beaucoup donc il a fallu que je parte Tu vois, aux États-Unis, je suis repérée par un programme du département d'État qui me fasse traverser l'Atlantique pour aller à la rencontre des Américains du community service des institutions, pour que je revienne, si tu veux, en France à 17 ans avec plus de confiance en moi et que j'ose rêver un peu plus grand. Donc j'ai fait une prépa, j'ai traversé le périph' et j'ai été prise en prépa à l'être classique à Louis-le-Grand, en Cagnes également, et ça ne m'a pas plus... plus que ça, donc j'ai traversé cette fois la rue, je ne sais plus si c'était la rue Soufflot ou...

  • Speaker #1

    Pardon, je ne me permets, mais c'est marrant aussi cette notion de justement d'avoir cette opportunité et de ne pas la considérer comme définitive et de se dire, en fait, si ça ne me plaît pas forcément, je vais aller voir autre chose et je me donne les moyens d'eux.

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose qui caractérise,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi rigolo parce que Jacques Attali m'a appris une chose, c'est qu'il faut accepter de décevoir pour être heureux. Et c'est pas facile de décevoir et surtout quand on a un entourage... Rétroçois aussi. Ouais voilà et puis quand on a... Moi par exemple mes parents étaient déjà extrêmement fiers que je sois prise en prépa, tout mon établissement, mon lycée à Sarcelles c'était vraiment waouh, elle arrive à Louis-le-Grand donc tu représentes pas que toi-même, tu représentes aussi... Oui tu portes un bagage. Tu portes un bagage et en fait accepter que ça ne me plaisait pas pour trouver ma voie c'était aussi potentiellement décevoir d'autres... d'autres personnes. Et là où j'ai eu de la chance, c'est qu'en fait, mes parents m'ont toujours soutenue dans tout. Donc, ils ont toujours cru en moi. Ils m'ont soutenue dans cette voie-là. Je pense qu'avoir un vrai ancrage, déjà familial, bienveillant, avec des parents et ma petite sœur qui t'inscrivent, ça m'a énormément portée. Donc, accepter de changer de voie, de faire du droit. Alors, tout en étant, encore une fois, je dirais, élitiste dans mes choix. Je n'aime pas ce terme, mais vraiment chercher à faire mieux et toujours essayer de chercher des cursus un peu d'excellence, ça m'a quand même accompagnée également. Donc, si tu veux, quand j'ai... J'ai quitté Louis-le-Grand, c'était pour intégrer un triple cursus en droit, où je faisais du droit anglais, du droit allemand et du droit français. Ce qui fait aussi que mes parents ont aussi accepté le même pas de prépa.

  • Speaker #1

    C'était peut-être plus facile à vendre comme thèse.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc je pars, je quitte cette prépa hippocane-cagne pour arriver en droit en triple cursus. On n'était que 10, et là aussi pluriel, c'est-à-dire que d'ailleurs que des femmes. franco-allemandes, franco-britanniques. Moi, j'étais une des seules Françaises françaises.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, je savais que j'allais partir, si tu veux, en master. En gros, en cinq ans, j'obtenais trois masters, dont deux étrangers, ce qui me permettait vraiment d'asseoir beaucoup de compétences, pas que françaises. Moi, le projet européen me partait.

  • Speaker #1

    Tu avais un projet en tête ?

  • Speaker #0

    Voilà, on savait qu'en fait, en cinq ans, on obtenait un master de droit des affaires d'Assas et puis un LLM, c'est-à-dire un... un master étranger d'une fac allemande à Berlin qui était la Humboldt Universität et la même chose du King's College à Londres. Donc il y avait la question du financement qui était pour moi très compliquée parce que je n'avais pas les moyens, mais je l'ai résolu grâce à des financements privés et publics. Mais je savais que je pouvais sortir avec ce bagage-là aussi, ce qui moi me rassurait beaucoup parce que je n'avais pas ce réseau-là, mais je me disais, bon, j'aurai trois masters en cinq ans. même si je n'ai pas ce réseau-là, je pourrais intégrer plus grand cabinet. C'est un peu débrouillé. Voilà, c'est assez concrétisé comme ça. Donc j'ai intégré par la suite un cabinet d'affaires américain qui m'avait soutenue dans le cadre de mes études, What&Case, et puis après un autre chez Baker McKenzie, c'est là où j'ai commencé à faire carrière. Et pour revenir à ta question, une des raisons pour lesquelles je suis partie assez rapidement finalement de l'avocature, c'est-à-dire au bout de quatre ans, c'est que je me retrouvais dans un entre-soi. qui, bien que ça m'avait épanouie, mais en même temps ça m'enfermait énormément, et je me disais que j'avais d'autres choses à voir, et qu'il fallait que je découvre d'autres choses, et donc au bout de 4 ans, ça s'est passé très bien, j'en suis très reconnaissante, je m'entends d'ailleurs, j'ai encore beaucoup de contacts avec mes anciens collègues, j'avais déjà besoin de partir et de ne pas voir que des avocats tous les jours sur des sujets que de droit.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de varier,

  • Speaker #0

    de diversité. Voilà, de diversité, même des sujets. Parce que pour moi, le droit, typiquement, ça évolue dans un écosystème économique très important que je ne côtoyais pas forcément au quotidien. Et j'avais besoin de voir autre chose et d'échanger avec d'autres acteurs. Et aussi de comprendre comment un projet fonctionnait de A à Z. C'est-à-dire intégrer une équipe, par exemple, dans ma boîte actuelle, qui travaille sur des enjeux en plus d'IA. Je suis un projet de A à Z. Alors là où, en tant qu'avocate, je n'avais qu'un point compliqué, mais précis, si tu veux, d'un dossier. Et ça me manquait, ça me déplaisait un petit peu au quotidien. Donc je ne te dis pas que je resterai des années et des années chez Palantir. Je pense que je vais y être encore un gros moment parce que ça me passionne et que je touche justement à des problématiques géopolitiques, sociales très fortes, industrielles.

  • Speaker #1

    Je vais d'ailleurs un peu plus précisément ce que tu fais parce que ça a l'air intéressant et passionnant. Oui,

  • Speaker #0

    alors moi je suis Global Data Protection Officer de Palantir Technologies. C'est-à-dire que mon rôle pour le groupe, c'est de m'assurer de la protection des données. et d'une partie de la stratégie IA pour Palantir Technologies, qui est une entreprise qui a été créée après les attentats de 2001 aux Etats-Unis et qui aujourd'hui est à la main d'entités privées, donc Airbus par exemple, la Société Générale, mais aussi et surtout de gouvernements et de services de renseignement dans le monde en fonction de leurs besoins. Donc c'est une plateforme, nous on n'a pas la main sur la donnée, mais on les aide au regard de leurs besoins, à répondre justement à leurs besoins là où l'homme... mettrait par exemple six mois, un an à faire des liens. Donc typiquement, ça nous sert par exemple dans la guerre contre la Russie auprès de Zelensky, ça nous a permis de localiser Ben Laden. Donc ça c'est un outil très très puissant qui traite beaucoup de données et moi mon but dans cette entreprise, ma mission, c'est de m'assurer que tout est fait en conformité avec les lois et les réglementations applicables en matière de protection des données mais aussi de manière éthique. Parce que quand tu as un logiciel aussi puissant, il faut pouvoir faire preuve d'éthique. Et ça, c'est quelque chose qui est au cœur du projet Palantir depuis sa création et qui, moi, me passionne véritablement parce qu'encore une fois, je ne suis pas que sur des missions juridiques ou protection des données, mais j'ai accès à des enjeux vraiment très géopolitiques, hyper importants, surtout aujourd'hui lorsque l'IA est militaire. Et donc voilà. Elle est de plus en plus. Elle est de plus en plus. Une des grandes courses entre les Américains et la Chine en matière d'intelligence artificielle, c'est une question militaire de conflit aujourd'hui dans le monde. Et je pense qu'on n'en a pas forcément conscience quand on utilise le GPT dans sa cuisine pour trouver une recette, mais vraiment l'IA aujourd'hui elle est utilisée majoritairement de manière militaire. Donc c'est faire preuve de responsabilité et d'éthique et je me passionne, c'est pour ça que je reste chez Palantir, j'adore ce que je fais et mes collègues. qui sont plus brillants les uns que les autres. C'est une entreprise très particulière. Pour ceux qui chercheront en ligne, elle est aussi décriée parce que justement, lorsqu'elle est très puissante, il y a un peu ce fantasme de « Big Brother is watching you » . On a localisé des terroristes, donc effectivement, la question du traitement des données se pose. Mais moi, mon rôle, c'est justement de veiller à ce que ce soit fait en conformité de manière éthique. Et c'est là où tout est... C'est tout l'enjeu. C'est la garante de notre intimité. Ce qui est fou, c'est que tous les salariés de Palantir sont recrutés aussi sur cette question-là, de l'éthique. C'est-à-dire qu'on a une dizaine d'entretiens avant de rejoindre cette boîte quand même. On a des ingénieurs qui, dès la conception du logiciel, intègrent vraiment cette question-là, parce qu'ils ont été formés, on les forme, on les sensibilise, et ils ont été recrutés aussi pour ça. Voilà, je dors tranquillement le soir malgré les articles qui grossissent un peu les traits de celles et celles qui...

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu sais, c'est au cœur du truc et justement ça rejoint un petit peu tout ce qu'on vient de dire entre une information prise comme ça avec juste une bride...

  • Speaker #0

    C'est dommage, mais c'est comme on y fait avec.

  • Speaker #1

    Alors comment tu organises ton temps ? Dis-nous, parce que là, on se dit, mais comment fait-elle ? Et tu es aussi une jeune maman qui a un rôle quand même... important aussi. Et justement, cet équilibre-là en tant que femme, en tant que professionnelle, en tant que mère d'épanouissement, etc. Comment tu arrives soit à jongler, soit à t'épanouir ? Comment tu as trouvé ton équilibre ou tu es encore en train de le chercher ?

  • Speaker #0

    Je suis encore en train de le chercher, je pense, comme toutes les femmes.

  • Speaker #1

    Je ne sais même pas si on le trouvera un jour.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si on le trouvera un jour, mais en tout cas, une des clés, je pense, en tout cas, à présent, ce que j'essaie de vraiment mettre en place, c'est qu'il faut s'entourer des meilleurs. Il faut s'entourer des meilleurs, que ce soit professionnellement, mais aussi dans sa vie privée. Moi, j'ai un conjoint exceptionnel qui me soutient énormément, qui fait autant que moi, voire plus, dans notre couple comme dans notre petite famille. C'est un relais exceptionnel. Je lui en suis vraiment extrêmement reconnaissante, qui va me soutenir dans toutes ces missions-là. Au travail, dans mon équipe, je m'entoure également des meilleurs. Chez France Positive, on a les meilleurs experts, j'ai la meilleure équipe, le meilleur bureau.

  • Speaker #1

    C'est aussi savoir déléguer.

  • Speaker #0

    c'est savoir déléguer parce que souvent il y a un truc qui m'insupporte quand on dit que les femmes s'entraident pas surtout en ce moment il y a cette petite musique qui revient je pense que c'est faux et d'ailleurs on brille soi-même que si on est en tout cas de pleine de nombreuses lumières et je pense que ça c'est extrêmement important de le comprendre on va pas se faire dépasser on va pas se faire écraser par meilleur que soi dans son équipe justement on va d'autant plus briller et je pense que mon équilibre il vient de là il vient du fait que je peux avoir confiance dans mes équipes ... que je peux avoir confiance dans ces relais-là. Et c'est nécessaire. Alors après, je ne te cache pas que c'est dur, c'est beaucoup de travail, beaucoup d'organisation. C'est commencer très tôt le matin, finir très tard le soir, trouver des petits moments où la petite dort pour pouvoir aussi profiter d'elle. Et puis jongler entre les rendez-vous. Mais j'essaye d'avoir ma tout doux et mon équipe. Et je pense que oui, je ne suis pas parfaite. Et je pense que j'ai encore beaucoup... travail pour...

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a envie d'être parfaite ?

  • Speaker #0

    Mais voilà, j'ai pas envie d'être parfaite et c'est aussi renoncer, donc de te voir c'est commencer à renoncer aussi à des projets super enthousiasmants, là où en fait on aurait besoin de toi, parce que tu juges que t'es pas la meilleure sur le sujet ou parce que tu penses qu'il y aura meilleur que toi, donc là où j'essaye aussi de commencer à... ce que j'essaye aussi de commencer à faire c'est de mettre en relation d'autres femmes ou d'autres personnalités d'ailleurs. homme sur des sujets sur lesquels je suis sollicitée parce que je considère que je n'aurai pas la meilleure plus-value sur ces enjeux pour se libérer du temps. Mais je pense que comme beaucoup de femmes, c'est difficile de trouver un rythme. En plus, moi, j'ai 30 ans et c'est mon premier enfant et tu n'as pas envie de passer à côté de plein de choses. Donc, oui, ce n'est pas facile. C'est aussi faire comprendre à son entourage que je ne peux plus forcément assister à tous les verbes, à tous les dîners et s'est communiqué là-dessus. avoir des discussions un peu difficiles parce que faut pas aussi, voilà, c'est vrai que c'est dur. Je pense que comme beaucoup de femmes, on a une énorme force en nous qui fait qu'on pourrait, on peut déplacer des montagnes et j'essaye de le faire. Après, je te dis pas que je serai pas en burn-out dans 8 mois et je reviendrai sûrement sur ce podcast-là pour alerter dans ce cas-là mais pour l'instant, ça fonctionne bien. Et voilà, je suis fatiguée mais ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Pour compléter un petit peu ma question, je voudrais savoir justement sur France Positive, la place que ça a dans ta vie et la place que tu as envie de donner aussi. Est-ce que c'est voué à prendre un peu plus de place dans, enfin en fait je me posais la question politique pour toi, qu'est-ce que tu vois comme avenir dans ta carrière, dans ta vie, autour de ce projet en particulier ou peut-être d'autres ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on a grandi très vite parce qu'en 2021, quand on réunit tous ces experts-là autour de nous, et Jacques avait déjà fait cet exercice-là avec Angélique Delorme par exemple, mais il le fait aussi depuis de très très nombreuses années, l'idée c'était simplement de construire un programme, donc un programme présidentiel. Si tu veux, on n'avait pas la vocation qu'on s'est donnée là depuis un an, qui était d'aller vraiment plus proche des citoyens, peser beaucoup plus dans le débat public et politique, aller au plus proche du personnel politique également pour les forcer, les encourager à adopter nos mesures. Mais depuis un an, plus précisément depuis novembre 2023, donc un gros événement, une grosse journée qu'on avait organisée à l'Assemblée nationale, où on a vu tout cet enthousiasme citoyen autour de nous, on s'est dit, pourquoi pas se structurer pour en faire un vrai think tank, un vrai mouvement.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'on ne peut pas le laisser comme ça. C'est ça,

  • Speaker #0

    ce serait dommage. Donc là, je tiens à le dire, aujourd'hui, on est tous bénévoles. Tous, tous, tous bénévoles. Et en fait, effectivement, l'idée, c'est de rester transpartisan, en tout cas le plus apartisan possible, parce qu'en fait, on veut parler à tout le monde. Donc on ne peut pas avoir de couleur politique, on ne peut pas en faire un parti politique, parce que si on veut être crédible aujourd'hui auprès du personnel politique, également pour qu'ils adaptent nos réformes, on ne peut pas arriver avec une couleur trop de gauche ou trop de droite. Ce qui est un enjeu chez nous aussi, parce que ça nécessite au préalable, avant d'établir nos réformes, de dialoguer entre nous, d'avoir cet échange, ce débat. Mais je trouve qu'on arrive à sortir du coup des thématiques qui aujourd'hui seraient trop colorées à Ausha droite. Typiquement, nous on veut dire que... Non, l'immigration et la sécurité, ça ne doit pas être qu'à la droite ou à l'extrême droite. Et oui, l'enfance ou la protection sociale, ça doit être un enjeu qui touche tous les partis politiques et pas que la gauche. Et avec cette force-là, ce marqueur non politique, je pense qu'on peut toucher beaucoup plus de citoyens et remettre un peu de débat public là où aujourd'hui les partis politiques n'y arrivent plus. Donc oui, on a une volonté, c'est grandir. Donc là, on est en pleine levée de fonds typiquement. On va lancer une campagne d'appel aux dons pour pouvoir tout simplement structurer. et émerger là où on n'arrive pas à émerger, c'est-à-dire dans la com et les débats publics, parce qu'en fait ça ne sert à rien de faire si on ne fait pas savoir. Donc là on a une directrice de com qui est toute seule et qui charge de l'aide, et on va essayer de l'accompagner le mieux possible. On grandit, mais pour l'instant on va vraiment rester, je pense, sur cet aspect le plus transpartisan possible, tout en étant très politique, parce que tous ces sujets-là sont politiques, et de toute façon pour qu'on puisse voir nos réformes adoptées, il faut qu'on ait un relais politique. Donc on est obligé de les dialoguer avec le personnel politique, mais le plus fort on sera, je dirais... sur notre base et avec des citoyens derrière nous, le plus on aura de résultats, je pense, auprès du personnel politique. Donc il faut qu'on se fasse connaître. C'est tout l'enjeu maintenant. Prochaine étape. Prochaine étape, c'est ça. C'est beaucoup de travail.

  • Speaker #1

    Je profite de t'avoir sous la main, à mon micro, pour quand même aller creuser sur ce sujet de l'IA, et notamment par une vidéo que tu avais postée sur Instagram qui m'a un peu interpellée, et j'ai trouvé assez symbole de ce qu'est l'IA, peut-être pour nous, en tout cas. Actuellement, tu es allée interroger des Français dans la rue en leur demandant un micro-trottoir. Qu'est-ce qu'il y a ? Ils étaient tous réticents, quasiment 90%. Voire désintéressés. Désintéressés, voire je ne veux pas. C'est inquiet aussi parce qu'il y en a qui disaient que leur propre intelligence va être affectée, etc. Et justement, tu voulais aller vers cette réalité de comment est considéré... Il y a pour justement la rétablir quelque part ou donner tous les enjeux parce qu'en fait, c'est vraiment l'avenir.

  • Speaker #0

    C'est dommage de passer à côté.

  • Speaker #1

    C'est dommage de passer à côté et peut-être comme chaque chose novatrice, peut-être qu'il faudrait retourner sur d'autres exemples. Mais ça inquiète, ça fait peur et c'est rejeté au début.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est soit rejeté, soit vraiment il y a un désintérêt profond. Et c'est là où moi, je trouve ça vraiment dommage et j'encourage vraiment tous ceux qui nous écoutent à s'y intéresser un peu plus, même si ce n'est pas évident. Ce que je reproche aujourd'hui, c'est qu'on ait une stratégie nationale qui soit super, parce qu'on a eu quand même le sommet sur l'IA, on a réussi à avoir 109 milliards d'euros d'investissement, donc le Président de la République a porté ce projet-là. Il ruisselle néanmoins aujourd'hui qu'au sein de nos entreprises, ou en tout cas secteurs concernés, et puis tu vois, il va aller irriguer les data centers, etc. Mais il n'y a pas encore de grands projets, de grands récits nationals qui puissent embarquer tous les citoyens dans cette grande épopée. Je pense qu'on ne parle pas encore aujourd'hui aux citoyens en leur expliquant au quotidien, voilà ce qui va changer dans votre travail, chez vous, et voilà pourquoi vous devez vous engager aussi à votre échelle. Alors la question, c'est de savoir quel est l'accompagnement qu'on va aussi fournir aux citoyens, parce qu'effectivement, si on part du principe qu'on va juste former les nouvelles générations, il y a tous nos parents, nos frères et sœurs qui travaillent aujourd'hui dans des métiers déjà très complexes. Comment est-ce qu'on intègre l'IA dans leur travail ? Qui les accompagne ? Est-ce que c'est que le secteur privé ? Est-ce qu'on a une part politique, je pense en tout cas publique, à apporter aussi ? Je pense qu'il faut que collectivement, on comprenne en tout cas que... En avoir peur ou s'en désintéresser, ça ne va pas nous aider. Au contraire, il ne faut pas qu'on rate ce train-là, il faut qu'on devienne les pionniers, je pense, en France de cette intelligence artificielle, parce qu'on a un vrai récit à apporter qui est une IA humaine, une IA éthique, une IA qui aide au quotidien, que ce soit dans le service public, dans la gestion du trafic, enfin, il y a énormément de choses à faire, et je trouve qu'on laisse un petit peu les Français se dépatouiller tout seuls, et forcément... Quand on n'a pas ce grand projet-là et ce grand récit et qu'on n'explique pas comment est-ce qu'on va y arriver, tu as tout de suite peur. Tu as peur d'être remplacé, tu as peur que tes données soient hackées. Et je comprends, moi, cette inquiétude-là. Donc j'attends beaucoup, en tout cas, de nos politiques publiques. Et si ce n'est pas le cas, nous, on proposera quelque chose, de toute façon, avec France Positive, très bientôt sur le sujet. Il y a un vrai récit, en tout cas, à créer. Et je suis sûre que les Français peuvent vraiment s'en saisir. On ne peut pas passer une seconde fois à côté d'une grande révolution technologique comme celle-ci. On ne peut pas être laissé derrière.

  • Speaker #1

    J'entendais aussi, on parle de colonisation informatique, c'est-à-dire que là, on est tellement sous d'autres entités, d'autres pays, etc., qu'il y a aussi cet enjeu de trouver notre république, notre démocratie, je veux dire, et d'être...

  • Speaker #0

    Ce n'est pas nous-mêmes.

  • Speaker #1

    De ne pas le rejeter. Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce sera un récit qui sera imposé par d'autres. Est-ce qu'on a envie que ce soit un récit imposé par la Chine ou par les États-Unis ? Alors la Chine, on savait déjà depuis un moment qu'on n'en avait pas envie. Maintenant, les États-Unis, avec Elon Musk... Avec Donald Trump, est-ce qu'on a envie que ce soit ce récit-là qui nous soit imposé ? Parce qu'il faut qu'on comprenne également que dans la technologie même qu'on utilise au quotidien, si on entraîne des données qui excluent de facto une partie des femmes, qui excluent des événements historiques, on ne va pas avoir la même vision de la réalité et du monde que si on était en mesure de contrôler également cette IA européenne et de se servir de ces outils-là de manière souveraine. C'est vraiment une vision du monde qui va s'imposer à nous. ne peut pas être laissé derrière, encore une fois. Et pour ça, je pense vraiment qu'il faut impliquer les Français dans ce grand récit.

  • Speaker #1

    Donc, à suivre.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas ce que vous allez nous proposer. J'ai remarqué quelque chose. Je ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Tu vas me dire si tu l'avais remarqué aussi. Quand tu es interviewée, ou même, pareil, je reviens sur Instagram parce que tu l'avais publiée de manière assez rigolote, on parle de ta jeunesse, très souvent.

  • Speaker #0

    Tout le temps. Tout le temps.

  • Speaker #1

    On est d'accord. Ou la jeune, j'ai vu sur... La jeune femme. La jeune femme qui est intervenue, voilà, c'était sur TF1, etc. J'ai vu ça aussi. Et moi, ça m'interpelle. Alors, je ne sais pas si c'est négatif ou pas, parce qu'il y a une forme de jeunesse qu'on entend aussi et qui, du coup, est intéressante. Est-ce que c'est une jeunesse qui prend à corps un sujet qui est tout le reste en train d'être largué, c'est ce qu'on est en train de dire, ou est-ce que c'est Eitan, que tu sois jeune et déjà à ce poste, et en plus, femme, bon, je ne sais pas si c'est le nouveau... Voilà. Donc, comment tu le vis ? Déjà, tu es d'accord avec moi sur cette remarque. Et comment tu le vis ? Et qu'est-ce que ça veut dire, en fait ? Qu'est-ce qu'il y a à retenir là-dedans ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment je le vis parce que je vais dire qu'en fonction des situations, ça m'ennuie et ça m'arrange. Ça dépend de ton interlocuteur, ça dépend de qui tu t'adresses. Je pense qu'il y a une forme de panache dans le fait que je sois jeune et qui peut aussi être intéressant parce qu'en plus, tu vois, typiquement, pour France Positive, bon, ben, j'ai... À côté de moi, en tout cas, la séniorité, l'expérience de Jacques Attali qui fait que ça crédibilise tout de suite notre projet. Là où c'est plus embêtant, c'est effectivement lorsque ça te réduit à ton statut de jeune et en plus de jeune femme. Je suis tellement plus que ça. Et je pense que c'est du coup à moi de redoubler d'efforts et de montrer que je suis tellement plus que ça, là où c'est un peu injuste parce qu'en fait, t'aurais un jeune homme, ce serait pas forcément...

  • Speaker #1

    On l'introduirait pas comme ça.

  • Speaker #0

    C'est pour ça qu'on l'a remarqué,

  • Speaker #1

    c'est qu'on t'introduit alors que tu vois, tu viens de dire depuis...

  • Speaker #0

    Je sais, c'est de ne pas être dans l'agressivité et de faire comprendre en tout cas à mes interlocuteurs que justement, je suis tellement plus que ça tout en... Soit en en riant un petit peu, soit en me moquant légèrement de mon interlocuteur pour lui faire comprendre qu'aujourd'hui c'est un peu has-been, très clairement, de me présenter comme étant une jeune femme. Oui, je m'appelle Julie Martinez, je suis directrice générale d'un think tank. Je pense qu'il y a des titres que tu peux mettre au-delà de la catégorie. Mais je le fais toujours avec bienveillance parce que je pense que si tu entres dans l'agressivité ou en tout cas si tu es dans la confrontation tout de suite, t'as le... troisième qualificatif qui arrive très vite qui est jeune femme hystérique ce que je veux éviter il faut pouvoir mettre en avant son travail et je pense qu'au fur et à mesure j'ai gagné en crédibilité parce que justement je travaille dur et parce que je suis tellement plus que ça mais effectivement ça peut être relassant et je comprends qu'il y ait d'autres réactions en tout cas de consoeurs qui soient différentes de la mienne ma ligne c'est de voilà de tourner en dérision toujours l'interlocuteur pour lui faire comprendre que je ne suis pas qu'une jeune femme et surtout je commence à avoir des rides et des cheveux blancs voilà.

  • Speaker #1

    Non mais je veux dire en plus on dirait pas une vieille femme j'espère pas non.

  • Speaker #0

    Non mais en plus enfin je veux dire c'est pour ça que je me disais est-ce que c'est valorisant ou est-ce que pourquoi souligner pas ça dépend vraiment et c'est d'ailleurs injuste pour l'interlocuteur qui l'utilise parce que ça va dépendre vraiment de l'environnement typiquement si je m'adresse à une ... Une classe de terminale et qu'on me présente comme une jeune femme, peut-être que ce qualificatif-là va me rapprocher d'eux et va être bienveillant en ce sens. Effectivement, si c'est à table, entouré d'hommes, plutôt grisonnant, là c'est à moi de redoubler d'efforts pour montrer que je ne suis pas qu'une jeune femme. Et là, ça devient lassant et ça devient un peu énervant. Et c'est là où c'est injuste d'ailleurs pour l'interlocuteur parce que je ne vais pas forcément avoir la même réaction en fonction des situations. J'essaie toujours en tout cas de le faire avec légèreté et de montrer que, en tout cas, je suis beaucoup... plus que ça et que mon travail et nos propositions vont au-delà. Mais oui, c'est pas évident et puis peut-être que dans 20 ans je regretterai ce qualificatif, on sait pas. Mais c'est la simple.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ouais, ouais. Donc on est dans Elles agissent, j'ai quelques questions signatures à te poser pour aller doucement vers la fin de cet épisode. Déjà, cette question signature, pour toi, agir, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, c'est être crédible dans ses actes, au regard de ses propos. C'est-à-dire que je ne peux pas prôner X ou Y et ne pas le faire par la suite. Ça peut être vraiment dans n'importe quel sujet, mais typiquement, je ne peux pas promouvoir les femmes et ce qu'elles font et ne pas intervenir dans ton podcast, tu vois, prendre le temps. Et donc pour moi, agir, c'est vraiment avoir un impact qui soit cohérent avec ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une femme dans ton quotidien qui agit, qui t'inspire, qui pourrait éventuellement passer au micro d'Elzagis, mais en tout cas qui, toi, est ce symbole de la femme et de l'action ? Ça serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai pas réfléchi avant de venir et il y en a tellement, tellement, parce que choisir c'est effectivement renoncer également. Écoute, il y en a... énormément des femmes qui agissent dans mon entourage et qui mériterait vraiment d'être nommées maintenant. Mais j'ai envie de mettre en valeur Ariel Schwab, qui est DGA de Havas Paris et qui fait tellement plus que ça, qui s'implique dans Langage de Femmes, qui est une association qui réunit des femmes de cultures et de religions différentes pour justement faire avancer la société. qui s'implique également dans ce que vivent les femmes au quotidien, les femmes juives, parce qu'on a une vague d'antisémitisme en France et qui s'implique sur ce sujet-là. Elle est absolument passionnante, elle est bienveillante, c'est un mentor pour moi. Elle me soutient, elle répond à mes questions, elle m'accompagne. Je pense qu'elle a vécu aussi beaucoup de choses qui sont terriblement communes à ce qu'on vit nous en tant que femmes. C'est une mère exemplaire. Et elle tout le dit, je suis fatiguée, je galère aussi. Et je pense qu'elle aide aussi à déculpabiliser sur pas mal de sujets. Donc ouais, Ariège Fab, petite dédicace. Mais il y en aurait tellement d'autres.

  • Speaker #1

    Et on a besoin aussi de ces figures qui parlent comme ça, librement, naturellement, comme tu dis, du quotidien d'une femme aussi.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois, de la maternité. Exactement. Et en même temps, qui a une carrière absolument brillante, parce qu'elle est brillante et qui déplace des montagnes et qui organise plein de choses. Et en fait, qui accepte de dire fatiguée. Et moi, ça me fait un bien fou d'être à ses côtés. Encore une fois, c'est ces femmes qui n'ont pas de... Pas de soucis et pas de mal à faire émerger d'autres profils, à s'entourer de femmes. Vraiment, elle est top. Si tu arrives à la voir, je lui recommanderais le podcast en tout cas.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une action que tu as envie de nous partager, qui a été une action marquante dans ta vie, en tout cas qui t'a permis d'être là où tu es en ce moment, que ce soit personnel ou professionnel. Et ça peut être une action que tu nous as déjà évoquée, mais voilà, une action qui est peut-être celle qui est venue naturellement là en toi.

  • Speaker #0

    Là, sans y réfléchir de manière spontanée, je pense que l'action, en tout cas le programme qui a changé ma vie, c'est vraiment le programme Jeune Ambassadeur, dont j'ai bénéficié à 17 ans. J'étais en banlieue parisienne, Charles Rifkin, ancien ambassadeur américain en France, avait lancé ce programme-là pour faire émerger des talents de banlieue et leur faire découvrir autre chose, les sortir de leur territoire et carrément les emmener aux Etats-Unis à la rencontre du community service et des institutions américaines. La grande époque, en plus, Obama de la démocratie américaine, voilà, ce que je regrette un peu.

  • Speaker #1

    Ce qu'il faisait rêver à l'époque.

  • Speaker #0

    Voilà, et je pense que ces programmes-là, vraiment, ont vocation à changer des vies, parce qu'en fait, ils t'apportent une confiance en toi, que tu n'as pas à cet âge-là, en fonction d'où tu viens. Ils te crédibilisent aussi, ils t'apportent un réseau, quand tu n'en as pas, et ouais, ça a vraiment changé ma vie. bénévoles derrière ce programme-là, puis d'ailleurs le département d'État, l'ambassade des États-Unis en France, et à l'époque c'était le CGET, donc le Commissariat à l'égalité des chances et des territoires, bah écoute, par leur action, on vraiment changeait, je sais, des vies et des parcours de vie, et moi la première, donc j'en suis extrêmement reconnaissante, et si je pouvais moi créer un programme comme ça, tu vois, dans les années à venir, je le ferais avec grand cœur et beaucoup de volonté, de bonheur, de joie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Julie pour cette échange C'était super agréable Merci, à bientôt

Description

Dans cet épisode d’Elles Agissent, je reçois Julie Martinez, avocate, directrice générale de France Positive et autrice du livre IA et Fake News : Sommes-nous condamnés à la désinformation ?.
Spécialiste du droit des nouvelles technologies et engagée dans le débat public, Julie analyse les dérives de l’intelligence artificielle et son impact sur l’accès à l’information.

Nous discutons de désinformation, éthique des algorithmes et responsabilité collective face aux fake news. Julie partage aussi son parcours inspirant, de son engagement auprès de Jacques Attali à son rôle chez Palantir Technologies, en passant par son enfance à Sarcelles et son expérience aux États-Unis qui a bouleversé sa vision du monde.


📌 À écouter si vous vous interrogez sur l’influence de l’IA sur notre perception du réel et si vous voulez comprendre comment agir face à ces nouveaux défis.

🔍 Au programme :
💡 Comment l’IA amplifie la désinformation
📊 Le rôle des médias et des algorithmes dans la fabrication de l’opinion
⚖️ L’importance de la régulation et de l’éthique dans les nouvelles technologies
💬 Son engagement pour un débat public plus éclairé
💪 Trouver sa place en tant que femme et jeune leader dans un monde en mutation

Un échange riche, accessible et engagé, qui pousse à la réflexion. Bonne écoute !


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Julie. Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent, je suis ravie.

  • Speaker #0

    Merci à toi, je suis ravie d'être ici avec toi en plus dans ce petit café cosy. Oui,

  • Speaker #1

    on est dans un café sympa sous la puille, enfin la puille est à côté, ça donne une ambiance agréable. Merci beaucoup. Alors Julie, tu es entre autres, parce que je pourrais lister pendant longtemps tout ce que tu fais, avocate, directrice générale de France Positive, auteur. Tu es aussi salariée dans une entreprise. Tu évolues en fait entre le droit, la technologie, la réflexion sociétale profonde. Tu questionnes, je trouve, avec franchise, les transformations de notre époque.

  • Speaker #0

    C'est gentil ça.

  • Speaker #1

    Et en 2024, tu publies aussi l'IA et Fake News, sommes-nous condamnés à la désinformation ? Où tu proposes un vrai travail, un ouvrage qui interroge l'impact des algorithmes. sur notre accès à l'information et à la vérité. Tu nous permets de nous questionner aussi tout simplement sur notre sens critique.

  • Speaker #0

    Exactement, j'essaye en tout cas d'alerter.

  • Speaker #1

    Oui, et d'alerter aussi, tout à fait. Et donc c'est des sujets à la fois, moi je trouve passionnants et aussi un petit peu vertigineux. D'ailleurs, on l'a légèrement évoqué sur deux, trois actus avant d'enregistrer. Mais avant de rentrer un petit peu plus dans ces problématiques, j'aimerais justement savoir quel était toi, un peu ton point de bascule, Au niveau de l'action, à quel moment tu t'es dit tiens, je vais agir et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors, merci encore une fois de me recevoir. Je suis vraiment ravie de passer ce moment avec toi. Le point de bascule, le premier point de bascule, ça a été ma rencontre avec Jacques Attali. Après un échange très fructueux où lui, il le fait d'ailleurs depuis de nombreuses années. On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on contribue au débat public. en proposant des idées du fond, des idées de réforme aux Français pour sortir d'un débat public qui était phagocyté par l'immédiateté, qui était pris dans un débat plus d'égo et de personnalité politique à un moment clé qui était l'élection présidentielle. Et en fait, on interrogeait moins les Français sur ce qu'ils voulaient pour le pays, pour l'Europe, et pour eux-mêmes, pour leur quotidien. Comment est-ce qu'on allait pouvoir répondre à leurs attentes et permettre de faire basculer le... pays, si tu veux, dans quelque chose de beaucoup plus positif que la situation dans laquelle on était en 2021. Donc, ça a été un premier moment de bascule, tout simplement de voir tous ces candidats à l'élection présidentielle qui se charcutaient sur des plateaux TV sans avoir encore de programme. Et je me suis dit que c'était vraiment pas à la hauteur des enjeux. Et donc, j'ai rejoint Jacques-Athéline dans cette aventure. Donc, ça a été vraiment le premier moment de bascule où je me suis dit, je vais essayer d'être utile et avec notre équipe de contribuer au fond. Donc, on a créé France Positive et on y reviendra. Et puis le second, la rédaction de cet essai, ça a été après l'épisode des punaises de lit. Je ne sais pas si vous vous souvenez, c'était en plein moment, on parlait des Jeux Olympiques, mais on parlait également de la loi sur l'immigration. Et ce lien qui avait été fait sur un plateau, c'est news entre l'arrivée des punaises de lit et l'hygiène des migrants. Et je me suis dit comment est-ce que collectivement on en arrive là, sachant qu'en fait, et je m'étais faite avoir moi-même, il s'agissait d'une fake news envoyée par les Russes pour tout simplement à des fins d'ingérence dans notre politique et pour justement faire basculer le débat, polariser notre société et tout simplement déstabiliser notre politique. Mais si tu le veux, moi en lisant les journaux, en lisant les tweets et compagnie, je m'étais faite avoir en me disant mon dieu il y a une crise de punaise de lits dans notre pays, c'est catastrophique. Et en fait, avec du recul, je m'étais rendue compte en cherchant bien qu'il s'agissait d'une fake news. Et puis par la suite, effectivement, on a eu de manière officielle le gouvernement qui a pris position en parlant carrément d'ingérence russe. Et je me suis dit, si moi, en lisant le journal vraiment régulièrement, en essayant de m'informer sur les sources, je me fais avoir, il y a vraiment un moment de bascule. Et je me suis dit, mais qu'est-ce qui se passe sur les réseaux ? Comment fonctionnent les algorithmes ? Pourquoi est-ce qu'on est enfermé dans ces bulles-là ? Et en fait, comment est-ce que l'intelligence artificielle amplifie tout ça ? Et comment est-ce qu'on peut lutter à notre échelle ? Est-ce que... Moi, depuis mon lit, sur mon téléphone, si je me rends compte de ça, je me sens bien toute seule dans les réponses à apporter à cette problématique-là. Je me suis dit que c'était le bon moment de creuser le sujet et d'essayer d'en parler à mes concitoyens pour que collectivement, on puisse essayer de lutter contre ce fléau. Il y en a tant d'autres, il y a tellement de choses à faire.

  • Speaker #1

    Une fois qu'on met le pied dans l'engagement, et dans « je ne peux plus me taire et je dois agir » , comment on se sent ? Il n'y a plus de limite ? Ou est-ce qu'il faut s'en donner justement pour rester sur son sujet ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce dont on parlait juste avant de démarrer ce podcast. Effectivement, c'est vertigineux parce qu'il y a tellement, tellement de sujets aujourd'hui sur lesquels on aimerait alerter avec notre équipe. Donc, heureusement, je ne suis pas toute seule. On a... Chez France Positive, si vraiment je segmente mon engagement, on a une centaine d'experts qui travaillent de manière bénévole avec nous pour établir des constats forts et proposer des solutions de politique publiques à faire émerger dans le débat pour tenter de résoudre ces constats-là. Donc au moins, je pense que ce vertige est partagé et on se sent aussi moins seul. Sur la question de savoir s'il faut aborder tous les sujets, j'essaie moi de les prioriser en regard des... Sujets sur lesquels je commence un petit peu à mon échelle à émerger qui sont l'intelligence artificielle, la démocratie, l'impact des réseaux sociaux. Mais effectivement, aujourd'hui, là, pour recaler un peu, dater en tout cas ce podcast-là, on est en mars 2025. Donald Trump est au pouvoir depuis deux mois et en deux mois, il a fait plus de mal à la démocratie américaine et à la nôtre qu'en quatre ans de mandat précédemment. Donc effectivement, je pense qu'il va falloir remonter un peu plus au front sur d'autres sujets qui sont la question de la place des femmes dans notre société, la démocratie, la montée de l'extrême droite là-bas, mais aussi sur notre territoire européen. Donc des sujets qui reviennent et qui sont tous liés parce que finalement, ils évoluent dans le même écosystème. Mais voilà, c'est très vertigineux et effectivement, on se sent très vite seul. Et en fait, moi, là où je trouve un peu d'apaisement, c'est en échangeant avec nos équipes et en me disant qu'on n'est pas si seul que ça. Il y a plein de collectifs en France. L'idée, c'est maintenant de savoir comment est-ce qu'on les fait briller à un moment où, en fait, on aimerait éteindre les lumières. Et ça, c'est ce qu'il y a, en tout cas, de plus angoissant chez moi en ce moment.

  • Speaker #1

    Tu es une femme aussi aux multiples talents. Je le disais au début, je ne savais même pas comment lister tout ce que tu fais. Tu parles aussi allemand, anglais, italien.

  • Speaker #0

    J'oublie. Oui.

  • Speaker #1

    Français. Et tu as aussi fait beaucoup d'études, tu as été plurielle dans tes études. Donc l'idée de ma question c'était déjà, est-ce que tu peux nous retracer justement ton parcours ? Comment tu as réussi à, enfin comment tu es arrivée jusqu'ici ? Et aussi justement, est-ce que cette notion de plurielle, ou en tout cas d'aller toucher un peu tout à tout en même temps, en tout cas d'être curieuse comme ça de tout, a toujours été en toi ? Ou c'est venu au fur et à mesure du temps, etc. ?

  • Speaker #0

    Je déteste l'entre-soi. Donc c'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien toucher à tout parce que toucher à tout c'est aussi parler à d'autres gens, parler à d'autres écosystèmes et je pense qu'il faut pouvoir aller voir autrui pour mieux se comprendre soi-même mais aussi aller voir d'autres écosystèmes pour mieux comprendre le sien. Et ça m'aide énormément dans mon quotidien que ce soit dans mon travail chez Palantir mais aussi dans... Ce think tank, ce mouvement qu'on a avec France positive, comme en politique, comme tout simplement dans mes discussions avec mes proches, mes amis, ce qui m'anime au quotidien. J'aime toucher à tout, oui. Alors moi j'ai grandi déjà dans un milieu très diversifié, avec beaucoup de cultures différentes. J'ai grandi à Sarcelles, il y a 98 ethnies différentes à Sarcelles, ou une centaine, je ne sais plus si ça a évolué depuis, mais on avait une pluralité des voix. couleurs, des sons, des goûts qui moi m'a énormément enrichie et avec du recul aujourd'hui je m'en rends d'autant plus compte que j'évolue à Paris là j'habite à Paris et cette diversité je la retrouve pas nécessairement typiquement quotidien dans mon quartier donc ça c'est une grande richesse j'ai cette vocation un peu plurielle, elle est venue que tardivement parce que, et comme beaucoup je pense d'autres profils en banlieue parisienne je m'auto-censurais beaucoup donc il a fallu que je parte Tu vois, aux États-Unis, je suis repérée par un programme du département d'État qui me fasse traverser l'Atlantique pour aller à la rencontre des Américains du community service des institutions, pour que je revienne, si tu veux, en France à 17 ans avec plus de confiance en moi et que j'ose rêver un peu plus grand. Donc j'ai fait une prépa, j'ai traversé le périph' et j'ai été prise en prépa à l'être classique à Louis-le-Grand, en Cagnes également, et ça ne m'a pas plus... plus que ça, donc j'ai traversé cette fois la rue, je ne sais plus si c'était la rue Soufflot ou...

  • Speaker #1

    Pardon, je ne me permets, mais c'est marrant aussi cette notion de justement d'avoir cette opportunité et de ne pas la considérer comme définitive et de se dire, en fait, si ça ne me plaît pas forcément, je vais aller voir autre chose et je me donne les moyens d'eux.

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose qui caractérise,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi rigolo parce que Jacques Attali m'a appris une chose, c'est qu'il faut accepter de décevoir pour être heureux. Et c'est pas facile de décevoir et surtout quand on a un entourage... Rétroçois aussi. Ouais voilà et puis quand on a... Moi par exemple mes parents étaient déjà extrêmement fiers que je sois prise en prépa, tout mon établissement, mon lycée à Sarcelles c'était vraiment waouh, elle arrive à Louis-le-Grand donc tu représentes pas que toi-même, tu représentes aussi... Oui tu portes un bagage. Tu portes un bagage et en fait accepter que ça ne me plaisait pas pour trouver ma voie c'était aussi potentiellement décevoir d'autres... d'autres personnes. Et là où j'ai eu de la chance, c'est qu'en fait, mes parents m'ont toujours soutenue dans tout. Donc, ils ont toujours cru en moi. Ils m'ont soutenue dans cette voie-là. Je pense qu'avoir un vrai ancrage, déjà familial, bienveillant, avec des parents et ma petite sœur qui t'inscrivent, ça m'a énormément portée. Donc, accepter de changer de voie, de faire du droit. Alors, tout en étant, encore une fois, je dirais, élitiste dans mes choix. Je n'aime pas ce terme, mais vraiment chercher à faire mieux et toujours essayer de chercher des cursus un peu d'excellence, ça m'a quand même accompagnée également. Donc, si tu veux, quand j'ai... J'ai quitté Louis-le-Grand, c'était pour intégrer un triple cursus en droit, où je faisais du droit anglais, du droit allemand et du droit français. Ce qui fait aussi que mes parents ont aussi accepté le même pas de prépa.

  • Speaker #1

    C'était peut-être plus facile à vendre comme thèse.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc je pars, je quitte cette prépa hippocane-cagne pour arriver en droit en triple cursus. On n'était que 10, et là aussi pluriel, c'est-à-dire que d'ailleurs que des femmes. franco-allemandes, franco-britanniques. Moi, j'étais une des seules Françaises françaises.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, je savais que j'allais partir, si tu veux, en master. En gros, en cinq ans, j'obtenais trois masters, dont deux étrangers, ce qui me permettait vraiment d'asseoir beaucoup de compétences, pas que françaises. Moi, le projet européen me partait.

  • Speaker #1

    Tu avais un projet en tête ?

  • Speaker #0

    Voilà, on savait qu'en fait, en cinq ans, on obtenait un master de droit des affaires d'Assas et puis un LLM, c'est-à-dire un... un master étranger d'une fac allemande à Berlin qui était la Humboldt Universität et la même chose du King's College à Londres. Donc il y avait la question du financement qui était pour moi très compliquée parce que je n'avais pas les moyens, mais je l'ai résolu grâce à des financements privés et publics. Mais je savais que je pouvais sortir avec ce bagage-là aussi, ce qui moi me rassurait beaucoup parce que je n'avais pas ce réseau-là, mais je me disais, bon, j'aurai trois masters en cinq ans. même si je n'ai pas ce réseau-là, je pourrais intégrer plus grand cabinet. C'est un peu débrouillé. Voilà, c'est assez concrétisé comme ça. Donc j'ai intégré par la suite un cabinet d'affaires américain qui m'avait soutenue dans le cadre de mes études, What&Case, et puis après un autre chez Baker McKenzie, c'est là où j'ai commencé à faire carrière. Et pour revenir à ta question, une des raisons pour lesquelles je suis partie assez rapidement finalement de l'avocature, c'est-à-dire au bout de quatre ans, c'est que je me retrouvais dans un entre-soi. qui, bien que ça m'avait épanouie, mais en même temps ça m'enfermait énormément, et je me disais que j'avais d'autres choses à voir, et qu'il fallait que je découvre d'autres choses, et donc au bout de 4 ans, ça s'est passé très bien, j'en suis très reconnaissante, je m'entends d'ailleurs, j'ai encore beaucoup de contacts avec mes anciens collègues, j'avais déjà besoin de partir et de ne pas voir que des avocats tous les jours sur des sujets que de droit.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de varier,

  • Speaker #0

    de diversité. Voilà, de diversité, même des sujets. Parce que pour moi, le droit, typiquement, ça évolue dans un écosystème économique très important que je ne côtoyais pas forcément au quotidien. Et j'avais besoin de voir autre chose et d'échanger avec d'autres acteurs. Et aussi de comprendre comment un projet fonctionnait de A à Z. C'est-à-dire intégrer une équipe, par exemple, dans ma boîte actuelle, qui travaille sur des enjeux en plus d'IA. Je suis un projet de A à Z. Alors là où, en tant qu'avocate, je n'avais qu'un point compliqué, mais précis, si tu veux, d'un dossier. Et ça me manquait, ça me déplaisait un petit peu au quotidien. Donc je ne te dis pas que je resterai des années et des années chez Palantir. Je pense que je vais y être encore un gros moment parce que ça me passionne et que je touche justement à des problématiques géopolitiques, sociales très fortes, industrielles.

  • Speaker #1

    Je vais d'ailleurs un peu plus précisément ce que tu fais parce que ça a l'air intéressant et passionnant. Oui,

  • Speaker #0

    alors moi je suis Global Data Protection Officer de Palantir Technologies. C'est-à-dire que mon rôle pour le groupe, c'est de m'assurer de la protection des données. et d'une partie de la stratégie IA pour Palantir Technologies, qui est une entreprise qui a été créée après les attentats de 2001 aux Etats-Unis et qui aujourd'hui est à la main d'entités privées, donc Airbus par exemple, la Société Générale, mais aussi et surtout de gouvernements et de services de renseignement dans le monde en fonction de leurs besoins. Donc c'est une plateforme, nous on n'a pas la main sur la donnée, mais on les aide au regard de leurs besoins, à répondre justement à leurs besoins là où l'homme... mettrait par exemple six mois, un an à faire des liens. Donc typiquement, ça nous sert par exemple dans la guerre contre la Russie auprès de Zelensky, ça nous a permis de localiser Ben Laden. Donc ça c'est un outil très très puissant qui traite beaucoup de données et moi mon but dans cette entreprise, ma mission, c'est de m'assurer que tout est fait en conformité avec les lois et les réglementations applicables en matière de protection des données mais aussi de manière éthique. Parce que quand tu as un logiciel aussi puissant, il faut pouvoir faire preuve d'éthique. Et ça, c'est quelque chose qui est au cœur du projet Palantir depuis sa création et qui, moi, me passionne véritablement parce qu'encore une fois, je ne suis pas que sur des missions juridiques ou protection des données, mais j'ai accès à des enjeux vraiment très géopolitiques, hyper importants, surtout aujourd'hui lorsque l'IA est militaire. Et donc voilà. Elle est de plus en plus. Elle est de plus en plus. Une des grandes courses entre les Américains et la Chine en matière d'intelligence artificielle, c'est une question militaire de conflit aujourd'hui dans le monde. Et je pense qu'on n'en a pas forcément conscience quand on utilise le GPT dans sa cuisine pour trouver une recette, mais vraiment l'IA aujourd'hui elle est utilisée majoritairement de manière militaire. Donc c'est faire preuve de responsabilité et d'éthique et je me passionne, c'est pour ça que je reste chez Palantir, j'adore ce que je fais et mes collègues. qui sont plus brillants les uns que les autres. C'est une entreprise très particulière. Pour ceux qui chercheront en ligne, elle est aussi décriée parce que justement, lorsqu'elle est très puissante, il y a un peu ce fantasme de « Big Brother is watching you » . On a localisé des terroristes, donc effectivement, la question du traitement des données se pose. Mais moi, mon rôle, c'est justement de veiller à ce que ce soit fait en conformité de manière éthique. Et c'est là où tout est... C'est tout l'enjeu. C'est la garante de notre intimité. Ce qui est fou, c'est que tous les salariés de Palantir sont recrutés aussi sur cette question-là, de l'éthique. C'est-à-dire qu'on a une dizaine d'entretiens avant de rejoindre cette boîte quand même. On a des ingénieurs qui, dès la conception du logiciel, intègrent vraiment cette question-là, parce qu'ils ont été formés, on les forme, on les sensibilise, et ils ont été recrutés aussi pour ça. Voilà, je dors tranquillement le soir malgré les articles qui grossissent un peu les traits de celles et celles qui...

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu sais, c'est au cœur du truc et justement ça rejoint un petit peu tout ce qu'on vient de dire entre une information prise comme ça avec juste une bride...

  • Speaker #0

    C'est dommage, mais c'est comme on y fait avec.

  • Speaker #1

    Alors comment tu organises ton temps ? Dis-nous, parce que là, on se dit, mais comment fait-elle ? Et tu es aussi une jeune maman qui a un rôle quand même... important aussi. Et justement, cet équilibre-là en tant que femme, en tant que professionnelle, en tant que mère d'épanouissement, etc. Comment tu arrives soit à jongler, soit à t'épanouir ? Comment tu as trouvé ton équilibre ou tu es encore en train de le chercher ?

  • Speaker #0

    Je suis encore en train de le chercher, je pense, comme toutes les femmes.

  • Speaker #1

    Je ne sais même pas si on le trouvera un jour.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si on le trouvera un jour, mais en tout cas, une des clés, je pense, en tout cas, à présent, ce que j'essaie de vraiment mettre en place, c'est qu'il faut s'entourer des meilleurs. Il faut s'entourer des meilleurs, que ce soit professionnellement, mais aussi dans sa vie privée. Moi, j'ai un conjoint exceptionnel qui me soutient énormément, qui fait autant que moi, voire plus, dans notre couple comme dans notre petite famille. C'est un relais exceptionnel. Je lui en suis vraiment extrêmement reconnaissante, qui va me soutenir dans toutes ces missions-là. Au travail, dans mon équipe, je m'entoure également des meilleurs. Chez France Positive, on a les meilleurs experts, j'ai la meilleure équipe, le meilleur bureau.

  • Speaker #1

    C'est aussi savoir déléguer.

  • Speaker #0

    c'est savoir déléguer parce que souvent il y a un truc qui m'insupporte quand on dit que les femmes s'entraident pas surtout en ce moment il y a cette petite musique qui revient je pense que c'est faux et d'ailleurs on brille soi-même que si on est en tout cas de pleine de nombreuses lumières et je pense que ça c'est extrêmement important de le comprendre on va pas se faire dépasser on va pas se faire écraser par meilleur que soi dans son équipe justement on va d'autant plus briller et je pense que mon équilibre il vient de là il vient du fait que je peux avoir confiance dans mes équipes ... que je peux avoir confiance dans ces relais-là. Et c'est nécessaire. Alors après, je ne te cache pas que c'est dur, c'est beaucoup de travail, beaucoup d'organisation. C'est commencer très tôt le matin, finir très tard le soir, trouver des petits moments où la petite dort pour pouvoir aussi profiter d'elle. Et puis jongler entre les rendez-vous. Mais j'essaye d'avoir ma tout doux et mon équipe. Et je pense que oui, je ne suis pas parfaite. Et je pense que j'ai encore beaucoup... travail pour...

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a envie d'être parfaite ?

  • Speaker #0

    Mais voilà, j'ai pas envie d'être parfaite et c'est aussi renoncer, donc de te voir c'est commencer à renoncer aussi à des projets super enthousiasmants, là où en fait on aurait besoin de toi, parce que tu juges que t'es pas la meilleure sur le sujet ou parce que tu penses qu'il y aura meilleur que toi, donc là où j'essaye aussi de commencer à... ce que j'essaye aussi de commencer à faire c'est de mettre en relation d'autres femmes ou d'autres personnalités d'ailleurs. homme sur des sujets sur lesquels je suis sollicitée parce que je considère que je n'aurai pas la meilleure plus-value sur ces enjeux pour se libérer du temps. Mais je pense que comme beaucoup de femmes, c'est difficile de trouver un rythme. En plus, moi, j'ai 30 ans et c'est mon premier enfant et tu n'as pas envie de passer à côté de plein de choses. Donc, oui, ce n'est pas facile. C'est aussi faire comprendre à son entourage que je ne peux plus forcément assister à tous les verbes, à tous les dîners et s'est communiqué là-dessus. avoir des discussions un peu difficiles parce que faut pas aussi, voilà, c'est vrai que c'est dur. Je pense que comme beaucoup de femmes, on a une énorme force en nous qui fait qu'on pourrait, on peut déplacer des montagnes et j'essaye de le faire. Après, je te dis pas que je serai pas en burn-out dans 8 mois et je reviendrai sûrement sur ce podcast-là pour alerter dans ce cas-là mais pour l'instant, ça fonctionne bien. Et voilà, je suis fatiguée mais ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Pour compléter un petit peu ma question, je voudrais savoir justement sur France Positive, la place que ça a dans ta vie et la place que tu as envie de donner aussi. Est-ce que c'est voué à prendre un peu plus de place dans, enfin en fait je me posais la question politique pour toi, qu'est-ce que tu vois comme avenir dans ta carrière, dans ta vie, autour de ce projet en particulier ou peut-être d'autres ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on a grandi très vite parce qu'en 2021, quand on réunit tous ces experts-là autour de nous, et Jacques avait déjà fait cet exercice-là avec Angélique Delorme par exemple, mais il le fait aussi depuis de très très nombreuses années, l'idée c'était simplement de construire un programme, donc un programme présidentiel. Si tu veux, on n'avait pas la vocation qu'on s'est donnée là depuis un an, qui était d'aller vraiment plus proche des citoyens, peser beaucoup plus dans le débat public et politique, aller au plus proche du personnel politique également pour les forcer, les encourager à adopter nos mesures. Mais depuis un an, plus précisément depuis novembre 2023, donc un gros événement, une grosse journée qu'on avait organisée à l'Assemblée nationale, où on a vu tout cet enthousiasme citoyen autour de nous, on s'est dit, pourquoi pas se structurer pour en faire un vrai think tank, un vrai mouvement.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'on ne peut pas le laisser comme ça. C'est ça,

  • Speaker #0

    ce serait dommage. Donc là, je tiens à le dire, aujourd'hui, on est tous bénévoles. Tous, tous, tous bénévoles. Et en fait, effectivement, l'idée, c'est de rester transpartisan, en tout cas le plus apartisan possible, parce qu'en fait, on veut parler à tout le monde. Donc on ne peut pas avoir de couleur politique, on ne peut pas en faire un parti politique, parce que si on veut être crédible aujourd'hui auprès du personnel politique, également pour qu'ils adaptent nos réformes, on ne peut pas arriver avec une couleur trop de gauche ou trop de droite. Ce qui est un enjeu chez nous aussi, parce que ça nécessite au préalable, avant d'établir nos réformes, de dialoguer entre nous, d'avoir cet échange, ce débat. Mais je trouve qu'on arrive à sortir du coup des thématiques qui aujourd'hui seraient trop colorées à Ausha droite. Typiquement, nous on veut dire que... Non, l'immigration et la sécurité, ça ne doit pas être qu'à la droite ou à l'extrême droite. Et oui, l'enfance ou la protection sociale, ça doit être un enjeu qui touche tous les partis politiques et pas que la gauche. Et avec cette force-là, ce marqueur non politique, je pense qu'on peut toucher beaucoup plus de citoyens et remettre un peu de débat public là où aujourd'hui les partis politiques n'y arrivent plus. Donc oui, on a une volonté, c'est grandir. Donc là, on est en pleine levée de fonds typiquement. On va lancer une campagne d'appel aux dons pour pouvoir tout simplement structurer. et émerger là où on n'arrive pas à émerger, c'est-à-dire dans la com et les débats publics, parce qu'en fait ça ne sert à rien de faire si on ne fait pas savoir. Donc là on a une directrice de com qui est toute seule et qui charge de l'aide, et on va essayer de l'accompagner le mieux possible. On grandit, mais pour l'instant on va vraiment rester, je pense, sur cet aspect le plus transpartisan possible, tout en étant très politique, parce que tous ces sujets-là sont politiques, et de toute façon pour qu'on puisse voir nos réformes adoptées, il faut qu'on ait un relais politique. Donc on est obligé de les dialoguer avec le personnel politique, mais le plus fort on sera, je dirais... sur notre base et avec des citoyens derrière nous, le plus on aura de résultats, je pense, auprès du personnel politique. Donc il faut qu'on se fasse connaître. C'est tout l'enjeu maintenant. Prochaine étape. Prochaine étape, c'est ça. C'est beaucoup de travail.

  • Speaker #1

    Je profite de t'avoir sous la main, à mon micro, pour quand même aller creuser sur ce sujet de l'IA, et notamment par une vidéo que tu avais postée sur Instagram qui m'a un peu interpellée, et j'ai trouvé assez symbole de ce qu'est l'IA, peut-être pour nous, en tout cas. Actuellement, tu es allée interroger des Français dans la rue en leur demandant un micro-trottoir. Qu'est-ce qu'il y a ? Ils étaient tous réticents, quasiment 90%. Voire désintéressés. Désintéressés, voire je ne veux pas. C'est inquiet aussi parce qu'il y en a qui disaient que leur propre intelligence va être affectée, etc. Et justement, tu voulais aller vers cette réalité de comment est considéré... Il y a pour justement la rétablir quelque part ou donner tous les enjeux parce qu'en fait, c'est vraiment l'avenir.

  • Speaker #0

    C'est dommage de passer à côté.

  • Speaker #1

    C'est dommage de passer à côté et peut-être comme chaque chose novatrice, peut-être qu'il faudrait retourner sur d'autres exemples. Mais ça inquiète, ça fait peur et c'est rejeté au début.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est soit rejeté, soit vraiment il y a un désintérêt profond. Et c'est là où moi, je trouve ça vraiment dommage et j'encourage vraiment tous ceux qui nous écoutent à s'y intéresser un peu plus, même si ce n'est pas évident. Ce que je reproche aujourd'hui, c'est qu'on ait une stratégie nationale qui soit super, parce qu'on a eu quand même le sommet sur l'IA, on a réussi à avoir 109 milliards d'euros d'investissement, donc le Président de la République a porté ce projet-là. Il ruisselle néanmoins aujourd'hui qu'au sein de nos entreprises, ou en tout cas secteurs concernés, et puis tu vois, il va aller irriguer les data centers, etc. Mais il n'y a pas encore de grands projets, de grands récits nationals qui puissent embarquer tous les citoyens dans cette grande épopée. Je pense qu'on ne parle pas encore aujourd'hui aux citoyens en leur expliquant au quotidien, voilà ce qui va changer dans votre travail, chez vous, et voilà pourquoi vous devez vous engager aussi à votre échelle. Alors la question, c'est de savoir quel est l'accompagnement qu'on va aussi fournir aux citoyens, parce qu'effectivement, si on part du principe qu'on va juste former les nouvelles générations, il y a tous nos parents, nos frères et sœurs qui travaillent aujourd'hui dans des métiers déjà très complexes. Comment est-ce qu'on intègre l'IA dans leur travail ? Qui les accompagne ? Est-ce que c'est que le secteur privé ? Est-ce qu'on a une part politique, je pense en tout cas publique, à apporter aussi ? Je pense qu'il faut que collectivement, on comprenne en tout cas que... En avoir peur ou s'en désintéresser, ça ne va pas nous aider. Au contraire, il ne faut pas qu'on rate ce train-là, il faut qu'on devienne les pionniers, je pense, en France de cette intelligence artificielle, parce qu'on a un vrai récit à apporter qui est une IA humaine, une IA éthique, une IA qui aide au quotidien, que ce soit dans le service public, dans la gestion du trafic, enfin, il y a énormément de choses à faire, et je trouve qu'on laisse un petit peu les Français se dépatouiller tout seuls, et forcément... Quand on n'a pas ce grand projet-là et ce grand récit et qu'on n'explique pas comment est-ce qu'on va y arriver, tu as tout de suite peur. Tu as peur d'être remplacé, tu as peur que tes données soient hackées. Et je comprends, moi, cette inquiétude-là. Donc j'attends beaucoup, en tout cas, de nos politiques publiques. Et si ce n'est pas le cas, nous, on proposera quelque chose, de toute façon, avec France Positive, très bientôt sur le sujet. Il y a un vrai récit, en tout cas, à créer. Et je suis sûre que les Français peuvent vraiment s'en saisir. On ne peut pas passer une seconde fois à côté d'une grande révolution technologique comme celle-ci. On ne peut pas être laissé derrière.

  • Speaker #1

    J'entendais aussi, on parle de colonisation informatique, c'est-à-dire que là, on est tellement sous d'autres entités, d'autres pays, etc., qu'il y a aussi cet enjeu de trouver notre république, notre démocratie, je veux dire, et d'être...

  • Speaker #0

    Ce n'est pas nous-mêmes.

  • Speaker #1

    De ne pas le rejeter. Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce sera un récit qui sera imposé par d'autres. Est-ce qu'on a envie que ce soit un récit imposé par la Chine ou par les États-Unis ? Alors la Chine, on savait déjà depuis un moment qu'on n'en avait pas envie. Maintenant, les États-Unis, avec Elon Musk... Avec Donald Trump, est-ce qu'on a envie que ce soit ce récit-là qui nous soit imposé ? Parce qu'il faut qu'on comprenne également que dans la technologie même qu'on utilise au quotidien, si on entraîne des données qui excluent de facto une partie des femmes, qui excluent des événements historiques, on ne va pas avoir la même vision de la réalité et du monde que si on était en mesure de contrôler également cette IA européenne et de se servir de ces outils-là de manière souveraine. C'est vraiment une vision du monde qui va s'imposer à nous. ne peut pas être laissé derrière, encore une fois. Et pour ça, je pense vraiment qu'il faut impliquer les Français dans ce grand récit.

  • Speaker #1

    Donc, à suivre.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas ce que vous allez nous proposer. J'ai remarqué quelque chose. Je ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Tu vas me dire si tu l'avais remarqué aussi. Quand tu es interviewée, ou même, pareil, je reviens sur Instagram parce que tu l'avais publiée de manière assez rigolote, on parle de ta jeunesse, très souvent.

  • Speaker #0

    Tout le temps. Tout le temps.

  • Speaker #1

    On est d'accord. Ou la jeune, j'ai vu sur... La jeune femme. La jeune femme qui est intervenue, voilà, c'était sur TF1, etc. J'ai vu ça aussi. Et moi, ça m'interpelle. Alors, je ne sais pas si c'est négatif ou pas, parce qu'il y a une forme de jeunesse qu'on entend aussi et qui, du coup, est intéressante. Est-ce que c'est une jeunesse qui prend à corps un sujet qui est tout le reste en train d'être largué, c'est ce qu'on est en train de dire, ou est-ce que c'est Eitan, que tu sois jeune et déjà à ce poste, et en plus, femme, bon, je ne sais pas si c'est le nouveau... Voilà. Donc, comment tu le vis ? Déjà, tu es d'accord avec moi sur cette remarque. Et comment tu le vis ? Et qu'est-ce que ça veut dire, en fait ? Qu'est-ce qu'il y a à retenir là-dedans ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment je le vis parce que je vais dire qu'en fonction des situations, ça m'ennuie et ça m'arrange. Ça dépend de ton interlocuteur, ça dépend de qui tu t'adresses. Je pense qu'il y a une forme de panache dans le fait que je sois jeune et qui peut aussi être intéressant parce qu'en plus, tu vois, typiquement, pour France Positive, bon, ben, j'ai... À côté de moi, en tout cas, la séniorité, l'expérience de Jacques Attali qui fait que ça crédibilise tout de suite notre projet. Là où c'est plus embêtant, c'est effectivement lorsque ça te réduit à ton statut de jeune et en plus de jeune femme. Je suis tellement plus que ça. Et je pense que c'est du coup à moi de redoubler d'efforts et de montrer que je suis tellement plus que ça, là où c'est un peu injuste parce qu'en fait, t'aurais un jeune homme, ce serait pas forcément...

  • Speaker #1

    On l'introduirait pas comme ça.

  • Speaker #0

    C'est pour ça qu'on l'a remarqué,

  • Speaker #1

    c'est qu'on t'introduit alors que tu vois, tu viens de dire depuis...

  • Speaker #0

    Je sais, c'est de ne pas être dans l'agressivité et de faire comprendre en tout cas à mes interlocuteurs que justement, je suis tellement plus que ça tout en... Soit en en riant un petit peu, soit en me moquant légèrement de mon interlocuteur pour lui faire comprendre qu'aujourd'hui c'est un peu has-been, très clairement, de me présenter comme étant une jeune femme. Oui, je m'appelle Julie Martinez, je suis directrice générale d'un think tank. Je pense qu'il y a des titres que tu peux mettre au-delà de la catégorie. Mais je le fais toujours avec bienveillance parce que je pense que si tu entres dans l'agressivité ou en tout cas si tu es dans la confrontation tout de suite, t'as le... troisième qualificatif qui arrive très vite qui est jeune femme hystérique ce que je veux éviter il faut pouvoir mettre en avant son travail et je pense qu'au fur et à mesure j'ai gagné en crédibilité parce que justement je travaille dur et parce que je suis tellement plus que ça mais effectivement ça peut être relassant et je comprends qu'il y ait d'autres réactions en tout cas de consoeurs qui soient différentes de la mienne ma ligne c'est de voilà de tourner en dérision toujours l'interlocuteur pour lui faire comprendre que je ne suis pas qu'une jeune femme et surtout je commence à avoir des rides et des cheveux blancs voilà.

  • Speaker #1

    Non mais je veux dire en plus on dirait pas une vieille femme j'espère pas non.

  • Speaker #0

    Non mais en plus enfin je veux dire c'est pour ça que je me disais est-ce que c'est valorisant ou est-ce que pourquoi souligner pas ça dépend vraiment et c'est d'ailleurs injuste pour l'interlocuteur qui l'utilise parce que ça va dépendre vraiment de l'environnement typiquement si je m'adresse à une ... Une classe de terminale et qu'on me présente comme une jeune femme, peut-être que ce qualificatif-là va me rapprocher d'eux et va être bienveillant en ce sens. Effectivement, si c'est à table, entouré d'hommes, plutôt grisonnant, là c'est à moi de redoubler d'efforts pour montrer que je ne suis pas qu'une jeune femme. Et là, ça devient lassant et ça devient un peu énervant. Et c'est là où c'est injuste d'ailleurs pour l'interlocuteur parce que je ne vais pas forcément avoir la même réaction en fonction des situations. J'essaie toujours en tout cas de le faire avec légèreté et de montrer que, en tout cas, je suis beaucoup... plus que ça et que mon travail et nos propositions vont au-delà. Mais oui, c'est pas évident et puis peut-être que dans 20 ans je regretterai ce qualificatif, on sait pas. Mais c'est la simple.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ouais, ouais. Donc on est dans Elles agissent, j'ai quelques questions signatures à te poser pour aller doucement vers la fin de cet épisode. Déjà, cette question signature, pour toi, agir, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, c'est être crédible dans ses actes, au regard de ses propos. C'est-à-dire que je ne peux pas prôner X ou Y et ne pas le faire par la suite. Ça peut être vraiment dans n'importe quel sujet, mais typiquement, je ne peux pas promouvoir les femmes et ce qu'elles font et ne pas intervenir dans ton podcast, tu vois, prendre le temps. Et donc pour moi, agir, c'est vraiment avoir un impact qui soit cohérent avec ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une femme dans ton quotidien qui agit, qui t'inspire, qui pourrait éventuellement passer au micro d'Elzagis, mais en tout cas qui, toi, est ce symbole de la femme et de l'action ? Ça serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai pas réfléchi avant de venir et il y en a tellement, tellement, parce que choisir c'est effectivement renoncer également. Écoute, il y en a... énormément des femmes qui agissent dans mon entourage et qui mériterait vraiment d'être nommées maintenant. Mais j'ai envie de mettre en valeur Ariel Schwab, qui est DGA de Havas Paris et qui fait tellement plus que ça, qui s'implique dans Langage de Femmes, qui est une association qui réunit des femmes de cultures et de religions différentes pour justement faire avancer la société. qui s'implique également dans ce que vivent les femmes au quotidien, les femmes juives, parce qu'on a une vague d'antisémitisme en France et qui s'implique sur ce sujet-là. Elle est absolument passionnante, elle est bienveillante, c'est un mentor pour moi. Elle me soutient, elle répond à mes questions, elle m'accompagne. Je pense qu'elle a vécu aussi beaucoup de choses qui sont terriblement communes à ce qu'on vit nous en tant que femmes. C'est une mère exemplaire. Et elle tout le dit, je suis fatiguée, je galère aussi. Et je pense qu'elle aide aussi à déculpabiliser sur pas mal de sujets. Donc ouais, Ariège Fab, petite dédicace. Mais il y en aurait tellement d'autres.

  • Speaker #1

    Et on a besoin aussi de ces figures qui parlent comme ça, librement, naturellement, comme tu dis, du quotidien d'une femme aussi.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois, de la maternité. Exactement. Et en même temps, qui a une carrière absolument brillante, parce qu'elle est brillante et qui déplace des montagnes et qui organise plein de choses. Et en fait, qui accepte de dire fatiguée. Et moi, ça me fait un bien fou d'être à ses côtés. Encore une fois, c'est ces femmes qui n'ont pas de... Pas de soucis et pas de mal à faire émerger d'autres profils, à s'entourer de femmes. Vraiment, elle est top. Si tu arrives à la voir, je lui recommanderais le podcast en tout cas.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une action que tu as envie de nous partager, qui a été une action marquante dans ta vie, en tout cas qui t'a permis d'être là où tu es en ce moment, que ce soit personnel ou professionnel. Et ça peut être une action que tu nous as déjà évoquée, mais voilà, une action qui est peut-être celle qui est venue naturellement là en toi.

  • Speaker #0

    Là, sans y réfléchir de manière spontanée, je pense que l'action, en tout cas le programme qui a changé ma vie, c'est vraiment le programme Jeune Ambassadeur, dont j'ai bénéficié à 17 ans. J'étais en banlieue parisienne, Charles Rifkin, ancien ambassadeur américain en France, avait lancé ce programme-là pour faire émerger des talents de banlieue et leur faire découvrir autre chose, les sortir de leur territoire et carrément les emmener aux Etats-Unis à la rencontre du community service et des institutions américaines. La grande époque, en plus, Obama de la démocratie américaine, voilà, ce que je regrette un peu.

  • Speaker #1

    Ce qu'il faisait rêver à l'époque.

  • Speaker #0

    Voilà, et je pense que ces programmes-là, vraiment, ont vocation à changer des vies, parce qu'en fait, ils t'apportent une confiance en toi, que tu n'as pas à cet âge-là, en fonction d'où tu viens. Ils te crédibilisent aussi, ils t'apportent un réseau, quand tu n'en as pas, et ouais, ça a vraiment changé ma vie. bénévoles derrière ce programme-là, puis d'ailleurs le département d'État, l'ambassade des États-Unis en France, et à l'époque c'était le CGET, donc le Commissariat à l'égalité des chances et des territoires, bah écoute, par leur action, on vraiment changeait, je sais, des vies et des parcours de vie, et moi la première, donc j'en suis extrêmement reconnaissante, et si je pouvais moi créer un programme comme ça, tu vois, dans les années à venir, je le ferais avec grand cœur et beaucoup de volonté, de bonheur, de joie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Julie pour cette échange C'était super agréable Merci, à bientôt

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Description

Dans cet épisode d’Elles Agissent, je reçois Julie Martinez, avocate, directrice générale de France Positive et autrice du livre IA et Fake News : Sommes-nous condamnés à la désinformation ?.
Spécialiste du droit des nouvelles technologies et engagée dans le débat public, Julie analyse les dérives de l’intelligence artificielle et son impact sur l’accès à l’information.

Nous discutons de désinformation, éthique des algorithmes et responsabilité collective face aux fake news. Julie partage aussi son parcours inspirant, de son engagement auprès de Jacques Attali à son rôle chez Palantir Technologies, en passant par son enfance à Sarcelles et son expérience aux États-Unis qui a bouleversé sa vision du monde.


📌 À écouter si vous vous interrogez sur l’influence de l’IA sur notre perception du réel et si vous voulez comprendre comment agir face à ces nouveaux défis.

🔍 Au programme :
💡 Comment l’IA amplifie la désinformation
📊 Le rôle des médias et des algorithmes dans la fabrication de l’opinion
⚖️ L’importance de la régulation et de l’éthique dans les nouvelles technologies
💬 Son engagement pour un débat public plus éclairé
💪 Trouver sa place en tant que femme et jeune leader dans un monde en mutation

Un échange riche, accessible et engagé, qui pousse à la réflexion. Bonne écoute !


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Julie. Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent, je suis ravie.

  • Speaker #0

    Merci à toi, je suis ravie d'être ici avec toi en plus dans ce petit café cosy. Oui,

  • Speaker #1

    on est dans un café sympa sous la puille, enfin la puille est à côté, ça donne une ambiance agréable. Merci beaucoup. Alors Julie, tu es entre autres, parce que je pourrais lister pendant longtemps tout ce que tu fais, avocate, directrice générale de France Positive, auteur. Tu es aussi salariée dans une entreprise. Tu évolues en fait entre le droit, la technologie, la réflexion sociétale profonde. Tu questionnes, je trouve, avec franchise, les transformations de notre époque.

  • Speaker #0

    C'est gentil ça.

  • Speaker #1

    Et en 2024, tu publies aussi l'IA et Fake News, sommes-nous condamnés à la désinformation ? Où tu proposes un vrai travail, un ouvrage qui interroge l'impact des algorithmes. sur notre accès à l'information et à la vérité. Tu nous permets de nous questionner aussi tout simplement sur notre sens critique.

  • Speaker #0

    Exactement, j'essaye en tout cas d'alerter.

  • Speaker #1

    Oui, et d'alerter aussi, tout à fait. Et donc c'est des sujets à la fois, moi je trouve passionnants et aussi un petit peu vertigineux. D'ailleurs, on l'a légèrement évoqué sur deux, trois actus avant d'enregistrer. Mais avant de rentrer un petit peu plus dans ces problématiques, j'aimerais justement savoir quel était toi, un peu ton point de bascule, Au niveau de l'action, à quel moment tu t'es dit tiens, je vais agir et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors, merci encore une fois de me recevoir. Je suis vraiment ravie de passer ce moment avec toi. Le point de bascule, le premier point de bascule, ça a été ma rencontre avec Jacques Attali. Après un échange très fructueux où lui, il le fait d'ailleurs depuis de nombreuses années. On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on contribue au débat public. en proposant des idées du fond, des idées de réforme aux Français pour sortir d'un débat public qui était phagocyté par l'immédiateté, qui était pris dans un débat plus d'égo et de personnalité politique à un moment clé qui était l'élection présidentielle. Et en fait, on interrogeait moins les Français sur ce qu'ils voulaient pour le pays, pour l'Europe, et pour eux-mêmes, pour leur quotidien. Comment est-ce qu'on allait pouvoir répondre à leurs attentes et permettre de faire basculer le... pays, si tu veux, dans quelque chose de beaucoup plus positif que la situation dans laquelle on était en 2021. Donc, ça a été un premier moment de bascule, tout simplement de voir tous ces candidats à l'élection présidentielle qui se charcutaient sur des plateaux TV sans avoir encore de programme. Et je me suis dit que c'était vraiment pas à la hauteur des enjeux. Et donc, j'ai rejoint Jacques-Athéline dans cette aventure. Donc, ça a été vraiment le premier moment de bascule où je me suis dit, je vais essayer d'être utile et avec notre équipe de contribuer au fond. Donc, on a créé France Positive et on y reviendra. Et puis le second, la rédaction de cet essai, ça a été après l'épisode des punaises de lit. Je ne sais pas si vous vous souvenez, c'était en plein moment, on parlait des Jeux Olympiques, mais on parlait également de la loi sur l'immigration. Et ce lien qui avait été fait sur un plateau, c'est news entre l'arrivée des punaises de lit et l'hygiène des migrants. Et je me suis dit comment est-ce que collectivement on en arrive là, sachant qu'en fait, et je m'étais faite avoir moi-même, il s'agissait d'une fake news envoyée par les Russes pour tout simplement à des fins d'ingérence dans notre politique et pour justement faire basculer le débat, polariser notre société et tout simplement déstabiliser notre politique. Mais si tu le veux, moi en lisant les journaux, en lisant les tweets et compagnie, je m'étais faite avoir en me disant mon dieu il y a une crise de punaise de lits dans notre pays, c'est catastrophique. Et en fait, avec du recul, je m'étais rendue compte en cherchant bien qu'il s'agissait d'une fake news. Et puis par la suite, effectivement, on a eu de manière officielle le gouvernement qui a pris position en parlant carrément d'ingérence russe. Et je me suis dit, si moi, en lisant le journal vraiment régulièrement, en essayant de m'informer sur les sources, je me fais avoir, il y a vraiment un moment de bascule. Et je me suis dit, mais qu'est-ce qui se passe sur les réseaux ? Comment fonctionnent les algorithmes ? Pourquoi est-ce qu'on est enfermé dans ces bulles-là ? Et en fait, comment est-ce que l'intelligence artificielle amplifie tout ça ? Et comment est-ce qu'on peut lutter à notre échelle ? Est-ce que... Moi, depuis mon lit, sur mon téléphone, si je me rends compte de ça, je me sens bien toute seule dans les réponses à apporter à cette problématique-là. Je me suis dit que c'était le bon moment de creuser le sujet et d'essayer d'en parler à mes concitoyens pour que collectivement, on puisse essayer de lutter contre ce fléau. Il y en a tant d'autres, il y a tellement de choses à faire.

  • Speaker #1

    Une fois qu'on met le pied dans l'engagement, et dans « je ne peux plus me taire et je dois agir » , comment on se sent ? Il n'y a plus de limite ? Ou est-ce qu'il faut s'en donner justement pour rester sur son sujet ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce dont on parlait juste avant de démarrer ce podcast. Effectivement, c'est vertigineux parce qu'il y a tellement, tellement de sujets aujourd'hui sur lesquels on aimerait alerter avec notre équipe. Donc, heureusement, je ne suis pas toute seule. On a... Chez France Positive, si vraiment je segmente mon engagement, on a une centaine d'experts qui travaillent de manière bénévole avec nous pour établir des constats forts et proposer des solutions de politique publiques à faire émerger dans le débat pour tenter de résoudre ces constats-là. Donc au moins, je pense que ce vertige est partagé et on se sent aussi moins seul. Sur la question de savoir s'il faut aborder tous les sujets, j'essaie moi de les prioriser en regard des... Sujets sur lesquels je commence un petit peu à mon échelle à émerger qui sont l'intelligence artificielle, la démocratie, l'impact des réseaux sociaux. Mais effectivement, aujourd'hui, là, pour recaler un peu, dater en tout cas ce podcast-là, on est en mars 2025. Donald Trump est au pouvoir depuis deux mois et en deux mois, il a fait plus de mal à la démocratie américaine et à la nôtre qu'en quatre ans de mandat précédemment. Donc effectivement, je pense qu'il va falloir remonter un peu plus au front sur d'autres sujets qui sont la question de la place des femmes dans notre société, la démocratie, la montée de l'extrême droite là-bas, mais aussi sur notre territoire européen. Donc des sujets qui reviennent et qui sont tous liés parce que finalement, ils évoluent dans le même écosystème. Mais voilà, c'est très vertigineux et effectivement, on se sent très vite seul. Et en fait, moi, là où je trouve un peu d'apaisement, c'est en échangeant avec nos équipes et en me disant qu'on n'est pas si seul que ça. Il y a plein de collectifs en France. L'idée, c'est maintenant de savoir comment est-ce qu'on les fait briller à un moment où, en fait, on aimerait éteindre les lumières. Et ça, c'est ce qu'il y a, en tout cas, de plus angoissant chez moi en ce moment.

  • Speaker #1

    Tu es une femme aussi aux multiples talents. Je le disais au début, je ne savais même pas comment lister tout ce que tu fais. Tu parles aussi allemand, anglais, italien.

  • Speaker #0

    J'oublie. Oui.

  • Speaker #1

    Français. Et tu as aussi fait beaucoup d'études, tu as été plurielle dans tes études. Donc l'idée de ma question c'était déjà, est-ce que tu peux nous retracer justement ton parcours ? Comment tu as réussi à, enfin comment tu es arrivée jusqu'ici ? Et aussi justement, est-ce que cette notion de plurielle, ou en tout cas d'aller toucher un peu tout à tout en même temps, en tout cas d'être curieuse comme ça de tout, a toujours été en toi ? Ou c'est venu au fur et à mesure du temps, etc. ?

  • Speaker #0

    Je déteste l'entre-soi. Donc c'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien toucher à tout parce que toucher à tout c'est aussi parler à d'autres gens, parler à d'autres écosystèmes et je pense qu'il faut pouvoir aller voir autrui pour mieux se comprendre soi-même mais aussi aller voir d'autres écosystèmes pour mieux comprendre le sien. Et ça m'aide énormément dans mon quotidien que ce soit dans mon travail chez Palantir mais aussi dans... Ce think tank, ce mouvement qu'on a avec France positive, comme en politique, comme tout simplement dans mes discussions avec mes proches, mes amis, ce qui m'anime au quotidien. J'aime toucher à tout, oui. Alors moi j'ai grandi déjà dans un milieu très diversifié, avec beaucoup de cultures différentes. J'ai grandi à Sarcelles, il y a 98 ethnies différentes à Sarcelles, ou une centaine, je ne sais plus si ça a évolué depuis, mais on avait une pluralité des voix. couleurs, des sons, des goûts qui moi m'a énormément enrichie et avec du recul aujourd'hui je m'en rends d'autant plus compte que j'évolue à Paris là j'habite à Paris et cette diversité je la retrouve pas nécessairement typiquement quotidien dans mon quartier donc ça c'est une grande richesse j'ai cette vocation un peu plurielle, elle est venue que tardivement parce que, et comme beaucoup je pense d'autres profils en banlieue parisienne je m'auto-censurais beaucoup donc il a fallu que je parte Tu vois, aux États-Unis, je suis repérée par un programme du département d'État qui me fasse traverser l'Atlantique pour aller à la rencontre des Américains du community service des institutions, pour que je revienne, si tu veux, en France à 17 ans avec plus de confiance en moi et que j'ose rêver un peu plus grand. Donc j'ai fait une prépa, j'ai traversé le périph' et j'ai été prise en prépa à l'être classique à Louis-le-Grand, en Cagnes également, et ça ne m'a pas plus... plus que ça, donc j'ai traversé cette fois la rue, je ne sais plus si c'était la rue Soufflot ou...

  • Speaker #1

    Pardon, je ne me permets, mais c'est marrant aussi cette notion de justement d'avoir cette opportunité et de ne pas la considérer comme définitive et de se dire, en fait, si ça ne me plaît pas forcément, je vais aller voir autre chose et je me donne les moyens d'eux.

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose qui caractérise,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi rigolo parce que Jacques Attali m'a appris une chose, c'est qu'il faut accepter de décevoir pour être heureux. Et c'est pas facile de décevoir et surtout quand on a un entourage... Rétroçois aussi. Ouais voilà et puis quand on a... Moi par exemple mes parents étaient déjà extrêmement fiers que je sois prise en prépa, tout mon établissement, mon lycée à Sarcelles c'était vraiment waouh, elle arrive à Louis-le-Grand donc tu représentes pas que toi-même, tu représentes aussi... Oui tu portes un bagage. Tu portes un bagage et en fait accepter que ça ne me plaisait pas pour trouver ma voie c'était aussi potentiellement décevoir d'autres... d'autres personnes. Et là où j'ai eu de la chance, c'est qu'en fait, mes parents m'ont toujours soutenue dans tout. Donc, ils ont toujours cru en moi. Ils m'ont soutenue dans cette voie-là. Je pense qu'avoir un vrai ancrage, déjà familial, bienveillant, avec des parents et ma petite sœur qui t'inscrivent, ça m'a énormément portée. Donc, accepter de changer de voie, de faire du droit. Alors, tout en étant, encore une fois, je dirais, élitiste dans mes choix. Je n'aime pas ce terme, mais vraiment chercher à faire mieux et toujours essayer de chercher des cursus un peu d'excellence, ça m'a quand même accompagnée également. Donc, si tu veux, quand j'ai... J'ai quitté Louis-le-Grand, c'était pour intégrer un triple cursus en droit, où je faisais du droit anglais, du droit allemand et du droit français. Ce qui fait aussi que mes parents ont aussi accepté le même pas de prépa.

  • Speaker #1

    C'était peut-être plus facile à vendre comme thèse.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc je pars, je quitte cette prépa hippocane-cagne pour arriver en droit en triple cursus. On n'était que 10, et là aussi pluriel, c'est-à-dire que d'ailleurs que des femmes. franco-allemandes, franco-britanniques. Moi, j'étais une des seules Françaises françaises.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, je savais que j'allais partir, si tu veux, en master. En gros, en cinq ans, j'obtenais trois masters, dont deux étrangers, ce qui me permettait vraiment d'asseoir beaucoup de compétences, pas que françaises. Moi, le projet européen me partait.

  • Speaker #1

    Tu avais un projet en tête ?

  • Speaker #0

    Voilà, on savait qu'en fait, en cinq ans, on obtenait un master de droit des affaires d'Assas et puis un LLM, c'est-à-dire un... un master étranger d'une fac allemande à Berlin qui était la Humboldt Universität et la même chose du King's College à Londres. Donc il y avait la question du financement qui était pour moi très compliquée parce que je n'avais pas les moyens, mais je l'ai résolu grâce à des financements privés et publics. Mais je savais que je pouvais sortir avec ce bagage-là aussi, ce qui moi me rassurait beaucoup parce que je n'avais pas ce réseau-là, mais je me disais, bon, j'aurai trois masters en cinq ans. même si je n'ai pas ce réseau-là, je pourrais intégrer plus grand cabinet. C'est un peu débrouillé. Voilà, c'est assez concrétisé comme ça. Donc j'ai intégré par la suite un cabinet d'affaires américain qui m'avait soutenue dans le cadre de mes études, What&Case, et puis après un autre chez Baker McKenzie, c'est là où j'ai commencé à faire carrière. Et pour revenir à ta question, une des raisons pour lesquelles je suis partie assez rapidement finalement de l'avocature, c'est-à-dire au bout de quatre ans, c'est que je me retrouvais dans un entre-soi. qui, bien que ça m'avait épanouie, mais en même temps ça m'enfermait énormément, et je me disais que j'avais d'autres choses à voir, et qu'il fallait que je découvre d'autres choses, et donc au bout de 4 ans, ça s'est passé très bien, j'en suis très reconnaissante, je m'entends d'ailleurs, j'ai encore beaucoup de contacts avec mes anciens collègues, j'avais déjà besoin de partir et de ne pas voir que des avocats tous les jours sur des sujets que de droit.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de varier,

  • Speaker #0

    de diversité. Voilà, de diversité, même des sujets. Parce que pour moi, le droit, typiquement, ça évolue dans un écosystème économique très important que je ne côtoyais pas forcément au quotidien. Et j'avais besoin de voir autre chose et d'échanger avec d'autres acteurs. Et aussi de comprendre comment un projet fonctionnait de A à Z. C'est-à-dire intégrer une équipe, par exemple, dans ma boîte actuelle, qui travaille sur des enjeux en plus d'IA. Je suis un projet de A à Z. Alors là où, en tant qu'avocate, je n'avais qu'un point compliqué, mais précis, si tu veux, d'un dossier. Et ça me manquait, ça me déplaisait un petit peu au quotidien. Donc je ne te dis pas que je resterai des années et des années chez Palantir. Je pense que je vais y être encore un gros moment parce que ça me passionne et que je touche justement à des problématiques géopolitiques, sociales très fortes, industrielles.

  • Speaker #1

    Je vais d'ailleurs un peu plus précisément ce que tu fais parce que ça a l'air intéressant et passionnant. Oui,

  • Speaker #0

    alors moi je suis Global Data Protection Officer de Palantir Technologies. C'est-à-dire que mon rôle pour le groupe, c'est de m'assurer de la protection des données. et d'une partie de la stratégie IA pour Palantir Technologies, qui est une entreprise qui a été créée après les attentats de 2001 aux Etats-Unis et qui aujourd'hui est à la main d'entités privées, donc Airbus par exemple, la Société Générale, mais aussi et surtout de gouvernements et de services de renseignement dans le monde en fonction de leurs besoins. Donc c'est une plateforme, nous on n'a pas la main sur la donnée, mais on les aide au regard de leurs besoins, à répondre justement à leurs besoins là où l'homme... mettrait par exemple six mois, un an à faire des liens. Donc typiquement, ça nous sert par exemple dans la guerre contre la Russie auprès de Zelensky, ça nous a permis de localiser Ben Laden. Donc ça c'est un outil très très puissant qui traite beaucoup de données et moi mon but dans cette entreprise, ma mission, c'est de m'assurer que tout est fait en conformité avec les lois et les réglementations applicables en matière de protection des données mais aussi de manière éthique. Parce que quand tu as un logiciel aussi puissant, il faut pouvoir faire preuve d'éthique. Et ça, c'est quelque chose qui est au cœur du projet Palantir depuis sa création et qui, moi, me passionne véritablement parce qu'encore une fois, je ne suis pas que sur des missions juridiques ou protection des données, mais j'ai accès à des enjeux vraiment très géopolitiques, hyper importants, surtout aujourd'hui lorsque l'IA est militaire. Et donc voilà. Elle est de plus en plus. Elle est de plus en plus. Une des grandes courses entre les Américains et la Chine en matière d'intelligence artificielle, c'est une question militaire de conflit aujourd'hui dans le monde. Et je pense qu'on n'en a pas forcément conscience quand on utilise le GPT dans sa cuisine pour trouver une recette, mais vraiment l'IA aujourd'hui elle est utilisée majoritairement de manière militaire. Donc c'est faire preuve de responsabilité et d'éthique et je me passionne, c'est pour ça que je reste chez Palantir, j'adore ce que je fais et mes collègues. qui sont plus brillants les uns que les autres. C'est une entreprise très particulière. Pour ceux qui chercheront en ligne, elle est aussi décriée parce que justement, lorsqu'elle est très puissante, il y a un peu ce fantasme de « Big Brother is watching you » . On a localisé des terroristes, donc effectivement, la question du traitement des données se pose. Mais moi, mon rôle, c'est justement de veiller à ce que ce soit fait en conformité de manière éthique. Et c'est là où tout est... C'est tout l'enjeu. C'est la garante de notre intimité. Ce qui est fou, c'est que tous les salariés de Palantir sont recrutés aussi sur cette question-là, de l'éthique. C'est-à-dire qu'on a une dizaine d'entretiens avant de rejoindre cette boîte quand même. On a des ingénieurs qui, dès la conception du logiciel, intègrent vraiment cette question-là, parce qu'ils ont été formés, on les forme, on les sensibilise, et ils ont été recrutés aussi pour ça. Voilà, je dors tranquillement le soir malgré les articles qui grossissent un peu les traits de celles et celles qui...

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu sais, c'est au cœur du truc et justement ça rejoint un petit peu tout ce qu'on vient de dire entre une information prise comme ça avec juste une bride...

  • Speaker #0

    C'est dommage, mais c'est comme on y fait avec.

  • Speaker #1

    Alors comment tu organises ton temps ? Dis-nous, parce que là, on se dit, mais comment fait-elle ? Et tu es aussi une jeune maman qui a un rôle quand même... important aussi. Et justement, cet équilibre-là en tant que femme, en tant que professionnelle, en tant que mère d'épanouissement, etc. Comment tu arrives soit à jongler, soit à t'épanouir ? Comment tu as trouvé ton équilibre ou tu es encore en train de le chercher ?

  • Speaker #0

    Je suis encore en train de le chercher, je pense, comme toutes les femmes.

  • Speaker #1

    Je ne sais même pas si on le trouvera un jour.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si on le trouvera un jour, mais en tout cas, une des clés, je pense, en tout cas, à présent, ce que j'essaie de vraiment mettre en place, c'est qu'il faut s'entourer des meilleurs. Il faut s'entourer des meilleurs, que ce soit professionnellement, mais aussi dans sa vie privée. Moi, j'ai un conjoint exceptionnel qui me soutient énormément, qui fait autant que moi, voire plus, dans notre couple comme dans notre petite famille. C'est un relais exceptionnel. Je lui en suis vraiment extrêmement reconnaissante, qui va me soutenir dans toutes ces missions-là. Au travail, dans mon équipe, je m'entoure également des meilleurs. Chez France Positive, on a les meilleurs experts, j'ai la meilleure équipe, le meilleur bureau.

  • Speaker #1

    C'est aussi savoir déléguer.

  • Speaker #0

    c'est savoir déléguer parce que souvent il y a un truc qui m'insupporte quand on dit que les femmes s'entraident pas surtout en ce moment il y a cette petite musique qui revient je pense que c'est faux et d'ailleurs on brille soi-même que si on est en tout cas de pleine de nombreuses lumières et je pense que ça c'est extrêmement important de le comprendre on va pas se faire dépasser on va pas se faire écraser par meilleur que soi dans son équipe justement on va d'autant plus briller et je pense que mon équilibre il vient de là il vient du fait que je peux avoir confiance dans mes équipes ... que je peux avoir confiance dans ces relais-là. Et c'est nécessaire. Alors après, je ne te cache pas que c'est dur, c'est beaucoup de travail, beaucoup d'organisation. C'est commencer très tôt le matin, finir très tard le soir, trouver des petits moments où la petite dort pour pouvoir aussi profiter d'elle. Et puis jongler entre les rendez-vous. Mais j'essaye d'avoir ma tout doux et mon équipe. Et je pense que oui, je ne suis pas parfaite. Et je pense que j'ai encore beaucoup... travail pour...

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a envie d'être parfaite ?

  • Speaker #0

    Mais voilà, j'ai pas envie d'être parfaite et c'est aussi renoncer, donc de te voir c'est commencer à renoncer aussi à des projets super enthousiasmants, là où en fait on aurait besoin de toi, parce que tu juges que t'es pas la meilleure sur le sujet ou parce que tu penses qu'il y aura meilleur que toi, donc là où j'essaye aussi de commencer à... ce que j'essaye aussi de commencer à faire c'est de mettre en relation d'autres femmes ou d'autres personnalités d'ailleurs. homme sur des sujets sur lesquels je suis sollicitée parce que je considère que je n'aurai pas la meilleure plus-value sur ces enjeux pour se libérer du temps. Mais je pense que comme beaucoup de femmes, c'est difficile de trouver un rythme. En plus, moi, j'ai 30 ans et c'est mon premier enfant et tu n'as pas envie de passer à côté de plein de choses. Donc, oui, ce n'est pas facile. C'est aussi faire comprendre à son entourage que je ne peux plus forcément assister à tous les verbes, à tous les dîners et s'est communiqué là-dessus. avoir des discussions un peu difficiles parce que faut pas aussi, voilà, c'est vrai que c'est dur. Je pense que comme beaucoup de femmes, on a une énorme force en nous qui fait qu'on pourrait, on peut déplacer des montagnes et j'essaye de le faire. Après, je te dis pas que je serai pas en burn-out dans 8 mois et je reviendrai sûrement sur ce podcast-là pour alerter dans ce cas-là mais pour l'instant, ça fonctionne bien. Et voilà, je suis fatiguée mais ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Pour compléter un petit peu ma question, je voudrais savoir justement sur France Positive, la place que ça a dans ta vie et la place que tu as envie de donner aussi. Est-ce que c'est voué à prendre un peu plus de place dans, enfin en fait je me posais la question politique pour toi, qu'est-ce que tu vois comme avenir dans ta carrière, dans ta vie, autour de ce projet en particulier ou peut-être d'autres ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on a grandi très vite parce qu'en 2021, quand on réunit tous ces experts-là autour de nous, et Jacques avait déjà fait cet exercice-là avec Angélique Delorme par exemple, mais il le fait aussi depuis de très très nombreuses années, l'idée c'était simplement de construire un programme, donc un programme présidentiel. Si tu veux, on n'avait pas la vocation qu'on s'est donnée là depuis un an, qui était d'aller vraiment plus proche des citoyens, peser beaucoup plus dans le débat public et politique, aller au plus proche du personnel politique également pour les forcer, les encourager à adopter nos mesures. Mais depuis un an, plus précisément depuis novembre 2023, donc un gros événement, une grosse journée qu'on avait organisée à l'Assemblée nationale, où on a vu tout cet enthousiasme citoyen autour de nous, on s'est dit, pourquoi pas se structurer pour en faire un vrai think tank, un vrai mouvement.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'on ne peut pas le laisser comme ça. C'est ça,

  • Speaker #0

    ce serait dommage. Donc là, je tiens à le dire, aujourd'hui, on est tous bénévoles. Tous, tous, tous bénévoles. Et en fait, effectivement, l'idée, c'est de rester transpartisan, en tout cas le plus apartisan possible, parce qu'en fait, on veut parler à tout le monde. Donc on ne peut pas avoir de couleur politique, on ne peut pas en faire un parti politique, parce que si on veut être crédible aujourd'hui auprès du personnel politique, également pour qu'ils adaptent nos réformes, on ne peut pas arriver avec une couleur trop de gauche ou trop de droite. Ce qui est un enjeu chez nous aussi, parce que ça nécessite au préalable, avant d'établir nos réformes, de dialoguer entre nous, d'avoir cet échange, ce débat. Mais je trouve qu'on arrive à sortir du coup des thématiques qui aujourd'hui seraient trop colorées à Ausha droite. Typiquement, nous on veut dire que... Non, l'immigration et la sécurité, ça ne doit pas être qu'à la droite ou à l'extrême droite. Et oui, l'enfance ou la protection sociale, ça doit être un enjeu qui touche tous les partis politiques et pas que la gauche. Et avec cette force-là, ce marqueur non politique, je pense qu'on peut toucher beaucoup plus de citoyens et remettre un peu de débat public là où aujourd'hui les partis politiques n'y arrivent plus. Donc oui, on a une volonté, c'est grandir. Donc là, on est en pleine levée de fonds typiquement. On va lancer une campagne d'appel aux dons pour pouvoir tout simplement structurer. et émerger là où on n'arrive pas à émerger, c'est-à-dire dans la com et les débats publics, parce qu'en fait ça ne sert à rien de faire si on ne fait pas savoir. Donc là on a une directrice de com qui est toute seule et qui charge de l'aide, et on va essayer de l'accompagner le mieux possible. On grandit, mais pour l'instant on va vraiment rester, je pense, sur cet aspect le plus transpartisan possible, tout en étant très politique, parce que tous ces sujets-là sont politiques, et de toute façon pour qu'on puisse voir nos réformes adoptées, il faut qu'on ait un relais politique. Donc on est obligé de les dialoguer avec le personnel politique, mais le plus fort on sera, je dirais... sur notre base et avec des citoyens derrière nous, le plus on aura de résultats, je pense, auprès du personnel politique. Donc il faut qu'on se fasse connaître. C'est tout l'enjeu maintenant. Prochaine étape. Prochaine étape, c'est ça. C'est beaucoup de travail.

  • Speaker #1

    Je profite de t'avoir sous la main, à mon micro, pour quand même aller creuser sur ce sujet de l'IA, et notamment par une vidéo que tu avais postée sur Instagram qui m'a un peu interpellée, et j'ai trouvé assez symbole de ce qu'est l'IA, peut-être pour nous, en tout cas. Actuellement, tu es allée interroger des Français dans la rue en leur demandant un micro-trottoir. Qu'est-ce qu'il y a ? Ils étaient tous réticents, quasiment 90%. Voire désintéressés. Désintéressés, voire je ne veux pas. C'est inquiet aussi parce qu'il y en a qui disaient que leur propre intelligence va être affectée, etc. Et justement, tu voulais aller vers cette réalité de comment est considéré... Il y a pour justement la rétablir quelque part ou donner tous les enjeux parce qu'en fait, c'est vraiment l'avenir.

  • Speaker #0

    C'est dommage de passer à côté.

  • Speaker #1

    C'est dommage de passer à côté et peut-être comme chaque chose novatrice, peut-être qu'il faudrait retourner sur d'autres exemples. Mais ça inquiète, ça fait peur et c'est rejeté au début.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est soit rejeté, soit vraiment il y a un désintérêt profond. Et c'est là où moi, je trouve ça vraiment dommage et j'encourage vraiment tous ceux qui nous écoutent à s'y intéresser un peu plus, même si ce n'est pas évident. Ce que je reproche aujourd'hui, c'est qu'on ait une stratégie nationale qui soit super, parce qu'on a eu quand même le sommet sur l'IA, on a réussi à avoir 109 milliards d'euros d'investissement, donc le Président de la République a porté ce projet-là. Il ruisselle néanmoins aujourd'hui qu'au sein de nos entreprises, ou en tout cas secteurs concernés, et puis tu vois, il va aller irriguer les data centers, etc. Mais il n'y a pas encore de grands projets, de grands récits nationals qui puissent embarquer tous les citoyens dans cette grande épopée. Je pense qu'on ne parle pas encore aujourd'hui aux citoyens en leur expliquant au quotidien, voilà ce qui va changer dans votre travail, chez vous, et voilà pourquoi vous devez vous engager aussi à votre échelle. Alors la question, c'est de savoir quel est l'accompagnement qu'on va aussi fournir aux citoyens, parce qu'effectivement, si on part du principe qu'on va juste former les nouvelles générations, il y a tous nos parents, nos frères et sœurs qui travaillent aujourd'hui dans des métiers déjà très complexes. Comment est-ce qu'on intègre l'IA dans leur travail ? Qui les accompagne ? Est-ce que c'est que le secteur privé ? Est-ce qu'on a une part politique, je pense en tout cas publique, à apporter aussi ? Je pense qu'il faut que collectivement, on comprenne en tout cas que... En avoir peur ou s'en désintéresser, ça ne va pas nous aider. Au contraire, il ne faut pas qu'on rate ce train-là, il faut qu'on devienne les pionniers, je pense, en France de cette intelligence artificielle, parce qu'on a un vrai récit à apporter qui est une IA humaine, une IA éthique, une IA qui aide au quotidien, que ce soit dans le service public, dans la gestion du trafic, enfin, il y a énormément de choses à faire, et je trouve qu'on laisse un petit peu les Français se dépatouiller tout seuls, et forcément... Quand on n'a pas ce grand projet-là et ce grand récit et qu'on n'explique pas comment est-ce qu'on va y arriver, tu as tout de suite peur. Tu as peur d'être remplacé, tu as peur que tes données soient hackées. Et je comprends, moi, cette inquiétude-là. Donc j'attends beaucoup, en tout cas, de nos politiques publiques. Et si ce n'est pas le cas, nous, on proposera quelque chose, de toute façon, avec France Positive, très bientôt sur le sujet. Il y a un vrai récit, en tout cas, à créer. Et je suis sûre que les Français peuvent vraiment s'en saisir. On ne peut pas passer une seconde fois à côté d'une grande révolution technologique comme celle-ci. On ne peut pas être laissé derrière.

  • Speaker #1

    J'entendais aussi, on parle de colonisation informatique, c'est-à-dire que là, on est tellement sous d'autres entités, d'autres pays, etc., qu'il y a aussi cet enjeu de trouver notre république, notre démocratie, je veux dire, et d'être...

  • Speaker #0

    Ce n'est pas nous-mêmes.

  • Speaker #1

    De ne pas le rejeter. Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce sera un récit qui sera imposé par d'autres. Est-ce qu'on a envie que ce soit un récit imposé par la Chine ou par les États-Unis ? Alors la Chine, on savait déjà depuis un moment qu'on n'en avait pas envie. Maintenant, les États-Unis, avec Elon Musk... Avec Donald Trump, est-ce qu'on a envie que ce soit ce récit-là qui nous soit imposé ? Parce qu'il faut qu'on comprenne également que dans la technologie même qu'on utilise au quotidien, si on entraîne des données qui excluent de facto une partie des femmes, qui excluent des événements historiques, on ne va pas avoir la même vision de la réalité et du monde que si on était en mesure de contrôler également cette IA européenne et de se servir de ces outils-là de manière souveraine. C'est vraiment une vision du monde qui va s'imposer à nous. ne peut pas être laissé derrière, encore une fois. Et pour ça, je pense vraiment qu'il faut impliquer les Français dans ce grand récit.

  • Speaker #1

    Donc, à suivre.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas ce que vous allez nous proposer. J'ai remarqué quelque chose. Je ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Tu vas me dire si tu l'avais remarqué aussi. Quand tu es interviewée, ou même, pareil, je reviens sur Instagram parce que tu l'avais publiée de manière assez rigolote, on parle de ta jeunesse, très souvent.

  • Speaker #0

    Tout le temps. Tout le temps.

  • Speaker #1

    On est d'accord. Ou la jeune, j'ai vu sur... La jeune femme. La jeune femme qui est intervenue, voilà, c'était sur TF1, etc. J'ai vu ça aussi. Et moi, ça m'interpelle. Alors, je ne sais pas si c'est négatif ou pas, parce qu'il y a une forme de jeunesse qu'on entend aussi et qui, du coup, est intéressante. Est-ce que c'est une jeunesse qui prend à corps un sujet qui est tout le reste en train d'être largué, c'est ce qu'on est en train de dire, ou est-ce que c'est Eitan, que tu sois jeune et déjà à ce poste, et en plus, femme, bon, je ne sais pas si c'est le nouveau... Voilà. Donc, comment tu le vis ? Déjà, tu es d'accord avec moi sur cette remarque. Et comment tu le vis ? Et qu'est-ce que ça veut dire, en fait ? Qu'est-ce qu'il y a à retenir là-dedans ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment je le vis parce que je vais dire qu'en fonction des situations, ça m'ennuie et ça m'arrange. Ça dépend de ton interlocuteur, ça dépend de qui tu t'adresses. Je pense qu'il y a une forme de panache dans le fait que je sois jeune et qui peut aussi être intéressant parce qu'en plus, tu vois, typiquement, pour France Positive, bon, ben, j'ai... À côté de moi, en tout cas, la séniorité, l'expérience de Jacques Attali qui fait que ça crédibilise tout de suite notre projet. Là où c'est plus embêtant, c'est effectivement lorsque ça te réduit à ton statut de jeune et en plus de jeune femme. Je suis tellement plus que ça. Et je pense que c'est du coup à moi de redoubler d'efforts et de montrer que je suis tellement plus que ça, là où c'est un peu injuste parce qu'en fait, t'aurais un jeune homme, ce serait pas forcément...

  • Speaker #1

    On l'introduirait pas comme ça.

  • Speaker #0

    C'est pour ça qu'on l'a remarqué,

  • Speaker #1

    c'est qu'on t'introduit alors que tu vois, tu viens de dire depuis...

  • Speaker #0

    Je sais, c'est de ne pas être dans l'agressivité et de faire comprendre en tout cas à mes interlocuteurs que justement, je suis tellement plus que ça tout en... Soit en en riant un petit peu, soit en me moquant légèrement de mon interlocuteur pour lui faire comprendre qu'aujourd'hui c'est un peu has-been, très clairement, de me présenter comme étant une jeune femme. Oui, je m'appelle Julie Martinez, je suis directrice générale d'un think tank. Je pense qu'il y a des titres que tu peux mettre au-delà de la catégorie. Mais je le fais toujours avec bienveillance parce que je pense que si tu entres dans l'agressivité ou en tout cas si tu es dans la confrontation tout de suite, t'as le... troisième qualificatif qui arrive très vite qui est jeune femme hystérique ce que je veux éviter il faut pouvoir mettre en avant son travail et je pense qu'au fur et à mesure j'ai gagné en crédibilité parce que justement je travaille dur et parce que je suis tellement plus que ça mais effectivement ça peut être relassant et je comprends qu'il y ait d'autres réactions en tout cas de consoeurs qui soient différentes de la mienne ma ligne c'est de voilà de tourner en dérision toujours l'interlocuteur pour lui faire comprendre que je ne suis pas qu'une jeune femme et surtout je commence à avoir des rides et des cheveux blancs voilà.

  • Speaker #1

    Non mais je veux dire en plus on dirait pas une vieille femme j'espère pas non.

  • Speaker #0

    Non mais en plus enfin je veux dire c'est pour ça que je me disais est-ce que c'est valorisant ou est-ce que pourquoi souligner pas ça dépend vraiment et c'est d'ailleurs injuste pour l'interlocuteur qui l'utilise parce que ça va dépendre vraiment de l'environnement typiquement si je m'adresse à une ... Une classe de terminale et qu'on me présente comme une jeune femme, peut-être que ce qualificatif-là va me rapprocher d'eux et va être bienveillant en ce sens. Effectivement, si c'est à table, entouré d'hommes, plutôt grisonnant, là c'est à moi de redoubler d'efforts pour montrer que je ne suis pas qu'une jeune femme. Et là, ça devient lassant et ça devient un peu énervant. Et c'est là où c'est injuste d'ailleurs pour l'interlocuteur parce que je ne vais pas forcément avoir la même réaction en fonction des situations. J'essaie toujours en tout cas de le faire avec légèreté et de montrer que, en tout cas, je suis beaucoup... plus que ça et que mon travail et nos propositions vont au-delà. Mais oui, c'est pas évident et puis peut-être que dans 20 ans je regretterai ce qualificatif, on sait pas. Mais c'est la simple.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ouais, ouais. Donc on est dans Elles agissent, j'ai quelques questions signatures à te poser pour aller doucement vers la fin de cet épisode. Déjà, cette question signature, pour toi, agir, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, c'est être crédible dans ses actes, au regard de ses propos. C'est-à-dire que je ne peux pas prôner X ou Y et ne pas le faire par la suite. Ça peut être vraiment dans n'importe quel sujet, mais typiquement, je ne peux pas promouvoir les femmes et ce qu'elles font et ne pas intervenir dans ton podcast, tu vois, prendre le temps. Et donc pour moi, agir, c'est vraiment avoir un impact qui soit cohérent avec ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une femme dans ton quotidien qui agit, qui t'inspire, qui pourrait éventuellement passer au micro d'Elzagis, mais en tout cas qui, toi, est ce symbole de la femme et de l'action ? Ça serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai pas réfléchi avant de venir et il y en a tellement, tellement, parce que choisir c'est effectivement renoncer également. Écoute, il y en a... énormément des femmes qui agissent dans mon entourage et qui mériterait vraiment d'être nommées maintenant. Mais j'ai envie de mettre en valeur Ariel Schwab, qui est DGA de Havas Paris et qui fait tellement plus que ça, qui s'implique dans Langage de Femmes, qui est une association qui réunit des femmes de cultures et de religions différentes pour justement faire avancer la société. qui s'implique également dans ce que vivent les femmes au quotidien, les femmes juives, parce qu'on a une vague d'antisémitisme en France et qui s'implique sur ce sujet-là. Elle est absolument passionnante, elle est bienveillante, c'est un mentor pour moi. Elle me soutient, elle répond à mes questions, elle m'accompagne. Je pense qu'elle a vécu aussi beaucoup de choses qui sont terriblement communes à ce qu'on vit nous en tant que femmes. C'est une mère exemplaire. Et elle tout le dit, je suis fatiguée, je galère aussi. Et je pense qu'elle aide aussi à déculpabiliser sur pas mal de sujets. Donc ouais, Ariège Fab, petite dédicace. Mais il y en aurait tellement d'autres.

  • Speaker #1

    Et on a besoin aussi de ces figures qui parlent comme ça, librement, naturellement, comme tu dis, du quotidien d'une femme aussi.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois, de la maternité. Exactement. Et en même temps, qui a une carrière absolument brillante, parce qu'elle est brillante et qui déplace des montagnes et qui organise plein de choses. Et en fait, qui accepte de dire fatiguée. Et moi, ça me fait un bien fou d'être à ses côtés. Encore une fois, c'est ces femmes qui n'ont pas de... Pas de soucis et pas de mal à faire émerger d'autres profils, à s'entourer de femmes. Vraiment, elle est top. Si tu arrives à la voir, je lui recommanderais le podcast en tout cas.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une action que tu as envie de nous partager, qui a été une action marquante dans ta vie, en tout cas qui t'a permis d'être là où tu es en ce moment, que ce soit personnel ou professionnel. Et ça peut être une action que tu nous as déjà évoquée, mais voilà, une action qui est peut-être celle qui est venue naturellement là en toi.

  • Speaker #0

    Là, sans y réfléchir de manière spontanée, je pense que l'action, en tout cas le programme qui a changé ma vie, c'est vraiment le programme Jeune Ambassadeur, dont j'ai bénéficié à 17 ans. J'étais en banlieue parisienne, Charles Rifkin, ancien ambassadeur américain en France, avait lancé ce programme-là pour faire émerger des talents de banlieue et leur faire découvrir autre chose, les sortir de leur territoire et carrément les emmener aux Etats-Unis à la rencontre du community service et des institutions américaines. La grande époque, en plus, Obama de la démocratie américaine, voilà, ce que je regrette un peu.

  • Speaker #1

    Ce qu'il faisait rêver à l'époque.

  • Speaker #0

    Voilà, et je pense que ces programmes-là, vraiment, ont vocation à changer des vies, parce qu'en fait, ils t'apportent une confiance en toi, que tu n'as pas à cet âge-là, en fonction d'où tu viens. Ils te crédibilisent aussi, ils t'apportent un réseau, quand tu n'en as pas, et ouais, ça a vraiment changé ma vie. bénévoles derrière ce programme-là, puis d'ailleurs le département d'État, l'ambassade des États-Unis en France, et à l'époque c'était le CGET, donc le Commissariat à l'égalité des chances et des territoires, bah écoute, par leur action, on vraiment changeait, je sais, des vies et des parcours de vie, et moi la première, donc j'en suis extrêmement reconnaissante, et si je pouvais moi créer un programme comme ça, tu vois, dans les années à venir, je le ferais avec grand cœur et beaucoup de volonté, de bonheur, de joie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Julie pour cette échange C'était super agréable Merci, à bientôt

Description

Dans cet épisode d’Elles Agissent, je reçois Julie Martinez, avocate, directrice générale de France Positive et autrice du livre IA et Fake News : Sommes-nous condamnés à la désinformation ?.
Spécialiste du droit des nouvelles technologies et engagée dans le débat public, Julie analyse les dérives de l’intelligence artificielle et son impact sur l’accès à l’information.

Nous discutons de désinformation, éthique des algorithmes et responsabilité collective face aux fake news. Julie partage aussi son parcours inspirant, de son engagement auprès de Jacques Attali à son rôle chez Palantir Technologies, en passant par son enfance à Sarcelles et son expérience aux États-Unis qui a bouleversé sa vision du monde.


📌 À écouter si vous vous interrogez sur l’influence de l’IA sur notre perception du réel et si vous voulez comprendre comment agir face à ces nouveaux défis.

🔍 Au programme :
💡 Comment l’IA amplifie la désinformation
📊 Le rôle des médias et des algorithmes dans la fabrication de l’opinion
⚖️ L’importance de la régulation et de l’éthique dans les nouvelles technologies
💬 Son engagement pour un débat public plus éclairé
💪 Trouver sa place en tant que femme et jeune leader dans un monde en mutation

Un échange riche, accessible et engagé, qui pousse à la réflexion. Bonne écoute !


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Julie. Bonjour.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent, je suis ravie.

  • Speaker #0

    Merci à toi, je suis ravie d'être ici avec toi en plus dans ce petit café cosy. Oui,

  • Speaker #1

    on est dans un café sympa sous la puille, enfin la puille est à côté, ça donne une ambiance agréable. Merci beaucoup. Alors Julie, tu es entre autres, parce que je pourrais lister pendant longtemps tout ce que tu fais, avocate, directrice générale de France Positive, auteur. Tu es aussi salariée dans une entreprise. Tu évolues en fait entre le droit, la technologie, la réflexion sociétale profonde. Tu questionnes, je trouve, avec franchise, les transformations de notre époque.

  • Speaker #0

    C'est gentil ça.

  • Speaker #1

    Et en 2024, tu publies aussi l'IA et Fake News, sommes-nous condamnés à la désinformation ? Où tu proposes un vrai travail, un ouvrage qui interroge l'impact des algorithmes. sur notre accès à l'information et à la vérité. Tu nous permets de nous questionner aussi tout simplement sur notre sens critique.

  • Speaker #0

    Exactement, j'essaye en tout cas d'alerter.

  • Speaker #1

    Oui, et d'alerter aussi, tout à fait. Et donc c'est des sujets à la fois, moi je trouve passionnants et aussi un petit peu vertigineux. D'ailleurs, on l'a légèrement évoqué sur deux, trois actus avant d'enregistrer. Mais avant de rentrer un petit peu plus dans ces problématiques, j'aimerais justement savoir quel était toi, un peu ton point de bascule, Au niveau de l'action, à quel moment tu t'es dit tiens, je vais agir et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors, merci encore une fois de me recevoir. Je suis vraiment ravie de passer ce moment avec toi. Le point de bascule, le premier point de bascule, ça a été ma rencontre avec Jacques Attali. Après un échange très fructueux où lui, il le fait d'ailleurs depuis de nombreuses années. On s'est rendu compte qu'il fallait qu'on contribue au débat public. en proposant des idées du fond, des idées de réforme aux Français pour sortir d'un débat public qui était phagocyté par l'immédiateté, qui était pris dans un débat plus d'égo et de personnalité politique à un moment clé qui était l'élection présidentielle. Et en fait, on interrogeait moins les Français sur ce qu'ils voulaient pour le pays, pour l'Europe, et pour eux-mêmes, pour leur quotidien. Comment est-ce qu'on allait pouvoir répondre à leurs attentes et permettre de faire basculer le... pays, si tu veux, dans quelque chose de beaucoup plus positif que la situation dans laquelle on était en 2021. Donc, ça a été un premier moment de bascule, tout simplement de voir tous ces candidats à l'élection présidentielle qui se charcutaient sur des plateaux TV sans avoir encore de programme. Et je me suis dit que c'était vraiment pas à la hauteur des enjeux. Et donc, j'ai rejoint Jacques-Athéline dans cette aventure. Donc, ça a été vraiment le premier moment de bascule où je me suis dit, je vais essayer d'être utile et avec notre équipe de contribuer au fond. Donc, on a créé France Positive et on y reviendra. Et puis le second, la rédaction de cet essai, ça a été après l'épisode des punaises de lit. Je ne sais pas si vous vous souvenez, c'était en plein moment, on parlait des Jeux Olympiques, mais on parlait également de la loi sur l'immigration. Et ce lien qui avait été fait sur un plateau, c'est news entre l'arrivée des punaises de lit et l'hygiène des migrants. Et je me suis dit comment est-ce que collectivement on en arrive là, sachant qu'en fait, et je m'étais faite avoir moi-même, il s'agissait d'une fake news envoyée par les Russes pour tout simplement à des fins d'ingérence dans notre politique et pour justement faire basculer le débat, polariser notre société et tout simplement déstabiliser notre politique. Mais si tu le veux, moi en lisant les journaux, en lisant les tweets et compagnie, je m'étais faite avoir en me disant mon dieu il y a une crise de punaise de lits dans notre pays, c'est catastrophique. Et en fait, avec du recul, je m'étais rendue compte en cherchant bien qu'il s'agissait d'une fake news. Et puis par la suite, effectivement, on a eu de manière officielle le gouvernement qui a pris position en parlant carrément d'ingérence russe. Et je me suis dit, si moi, en lisant le journal vraiment régulièrement, en essayant de m'informer sur les sources, je me fais avoir, il y a vraiment un moment de bascule. Et je me suis dit, mais qu'est-ce qui se passe sur les réseaux ? Comment fonctionnent les algorithmes ? Pourquoi est-ce qu'on est enfermé dans ces bulles-là ? Et en fait, comment est-ce que l'intelligence artificielle amplifie tout ça ? Et comment est-ce qu'on peut lutter à notre échelle ? Est-ce que... Moi, depuis mon lit, sur mon téléphone, si je me rends compte de ça, je me sens bien toute seule dans les réponses à apporter à cette problématique-là. Je me suis dit que c'était le bon moment de creuser le sujet et d'essayer d'en parler à mes concitoyens pour que collectivement, on puisse essayer de lutter contre ce fléau. Il y en a tant d'autres, il y a tellement de choses à faire.

  • Speaker #1

    Une fois qu'on met le pied dans l'engagement, et dans « je ne peux plus me taire et je dois agir » , comment on se sent ? Il n'y a plus de limite ? Ou est-ce qu'il faut s'en donner justement pour rester sur son sujet ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ce dont on parlait juste avant de démarrer ce podcast. Effectivement, c'est vertigineux parce qu'il y a tellement, tellement de sujets aujourd'hui sur lesquels on aimerait alerter avec notre équipe. Donc, heureusement, je ne suis pas toute seule. On a... Chez France Positive, si vraiment je segmente mon engagement, on a une centaine d'experts qui travaillent de manière bénévole avec nous pour établir des constats forts et proposer des solutions de politique publiques à faire émerger dans le débat pour tenter de résoudre ces constats-là. Donc au moins, je pense que ce vertige est partagé et on se sent aussi moins seul. Sur la question de savoir s'il faut aborder tous les sujets, j'essaie moi de les prioriser en regard des... Sujets sur lesquels je commence un petit peu à mon échelle à émerger qui sont l'intelligence artificielle, la démocratie, l'impact des réseaux sociaux. Mais effectivement, aujourd'hui, là, pour recaler un peu, dater en tout cas ce podcast-là, on est en mars 2025. Donald Trump est au pouvoir depuis deux mois et en deux mois, il a fait plus de mal à la démocratie américaine et à la nôtre qu'en quatre ans de mandat précédemment. Donc effectivement, je pense qu'il va falloir remonter un peu plus au front sur d'autres sujets qui sont la question de la place des femmes dans notre société, la démocratie, la montée de l'extrême droite là-bas, mais aussi sur notre territoire européen. Donc des sujets qui reviennent et qui sont tous liés parce que finalement, ils évoluent dans le même écosystème. Mais voilà, c'est très vertigineux et effectivement, on se sent très vite seul. Et en fait, moi, là où je trouve un peu d'apaisement, c'est en échangeant avec nos équipes et en me disant qu'on n'est pas si seul que ça. Il y a plein de collectifs en France. L'idée, c'est maintenant de savoir comment est-ce qu'on les fait briller à un moment où, en fait, on aimerait éteindre les lumières. Et ça, c'est ce qu'il y a, en tout cas, de plus angoissant chez moi en ce moment.

  • Speaker #1

    Tu es une femme aussi aux multiples talents. Je le disais au début, je ne savais même pas comment lister tout ce que tu fais. Tu parles aussi allemand, anglais, italien.

  • Speaker #0

    J'oublie. Oui.

  • Speaker #1

    Français. Et tu as aussi fait beaucoup d'études, tu as été plurielle dans tes études. Donc l'idée de ma question c'était déjà, est-ce que tu peux nous retracer justement ton parcours ? Comment tu as réussi à, enfin comment tu es arrivée jusqu'ici ? Et aussi justement, est-ce que cette notion de plurielle, ou en tout cas d'aller toucher un peu tout à tout en même temps, en tout cas d'être curieuse comme ça de tout, a toujours été en toi ? Ou c'est venu au fur et à mesure du temps, etc. ?

  • Speaker #0

    Je déteste l'entre-soi. Donc c'est une des raisons pour lesquelles j'aime bien toucher à tout parce que toucher à tout c'est aussi parler à d'autres gens, parler à d'autres écosystèmes et je pense qu'il faut pouvoir aller voir autrui pour mieux se comprendre soi-même mais aussi aller voir d'autres écosystèmes pour mieux comprendre le sien. Et ça m'aide énormément dans mon quotidien que ce soit dans mon travail chez Palantir mais aussi dans... Ce think tank, ce mouvement qu'on a avec France positive, comme en politique, comme tout simplement dans mes discussions avec mes proches, mes amis, ce qui m'anime au quotidien. J'aime toucher à tout, oui. Alors moi j'ai grandi déjà dans un milieu très diversifié, avec beaucoup de cultures différentes. J'ai grandi à Sarcelles, il y a 98 ethnies différentes à Sarcelles, ou une centaine, je ne sais plus si ça a évolué depuis, mais on avait une pluralité des voix. couleurs, des sons, des goûts qui moi m'a énormément enrichie et avec du recul aujourd'hui je m'en rends d'autant plus compte que j'évolue à Paris là j'habite à Paris et cette diversité je la retrouve pas nécessairement typiquement quotidien dans mon quartier donc ça c'est une grande richesse j'ai cette vocation un peu plurielle, elle est venue que tardivement parce que, et comme beaucoup je pense d'autres profils en banlieue parisienne je m'auto-censurais beaucoup donc il a fallu que je parte Tu vois, aux États-Unis, je suis repérée par un programme du département d'État qui me fasse traverser l'Atlantique pour aller à la rencontre des Américains du community service des institutions, pour que je revienne, si tu veux, en France à 17 ans avec plus de confiance en moi et que j'ose rêver un peu plus grand. Donc j'ai fait une prépa, j'ai traversé le périph' et j'ai été prise en prépa à l'être classique à Louis-le-Grand, en Cagnes également, et ça ne m'a pas plus... plus que ça, donc j'ai traversé cette fois la rue, je ne sais plus si c'était la rue Soufflot ou...

  • Speaker #1

    Pardon, je ne me permets, mais c'est marrant aussi cette notion de justement d'avoir cette opportunité et de ne pas la considérer comme définitive et de se dire, en fait, si ça ne me plaît pas forcément, je vais aller voir autre chose et je me donne les moyens d'eux.

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose qui caractérise,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi rigolo parce que Jacques Attali m'a appris une chose, c'est qu'il faut accepter de décevoir pour être heureux. Et c'est pas facile de décevoir et surtout quand on a un entourage... Rétroçois aussi. Ouais voilà et puis quand on a... Moi par exemple mes parents étaient déjà extrêmement fiers que je sois prise en prépa, tout mon établissement, mon lycée à Sarcelles c'était vraiment waouh, elle arrive à Louis-le-Grand donc tu représentes pas que toi-même, tu représentes aussi... Oui tu portes un bagage. Tu portes un bagage et en fait accepter que ça ne me plaisait pas pour trouver ma voie c'était aussi potentiellement décevoir d'autres... d'autres personnes. Et là où j'ai eu de la chance, c'est qu'en fait, mes parents m'ont toujours soutenue dans tout. Donc, ils ont toujours cru en moi. Ils m'ont soutenue dans cette voie-là. Je pense qu'avoir un vrai ancrage, déjà familial, bienveillant, avec des parents et ma petite sœur qui t'inscrivent, ça m'a énormément portée. Donc, accepter de changer de voie, de faire du droit. Alors, tout en étant, encore une fois, je dirais, élitiste dans mes choix. Je n'aime pas ce terme, mais vraiment chercher à faire mieux et toujours essayer de chercher des cursus un peu d'excellence, ça m'a quand même accompagnée également. Donc, si tu veux, quand j'ai... J'ai quitté Louis-le-Grand, c'était pour intégrer un triple cursus en droit, où je faisais du droit anglais, du droit allemand et du droit français. Ce qui fait aussi que mes parents ont aussi accepté le même pas de prépa.

  • Speaker #1

    C'était peut-être plus facile à vendre comme thèse.

  • Speaker #0

    C'est ça, donc je pars, je quitte cette prépa hippocane-cagne pour arriver en droit en triple cursus. On n'était que 10, et là aussi pluriel, c'est-à-dire que d'ailleurs que des femmes. franco-allemandes, franco-britanniques. Moi, j'étais une des seules Françaises françaises.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, je savais que j'allais partir, si tu veux, en master. En gros, en cinq ans, j'obtenais trois masters, dont deux étrangers, ce qui me permettait vraiment d'asseoir beaucoup de compétences, pas que françaises. Moi, le projet européen me partait.

  • Speaker #1

    Tu avais un projet en tête ?

  • Speaker #0

    Voilà, on savait qu'en fait, en cinq ans, on obtenait un master de droit des affaires d'Assas et puis un LLM, c'est-à-dire un... un master étranger d'une fac allemande à Berlin qui était la Humboldt Universität et la même chose du King's College à Londres. Donc il y avait la question du financement qui était pour moi très compliquée parce que je n'avais pas les moyens, mais je l'ai résolu grâce à des financements privés et publics. Mais je savais que je pouvais sortir avec ce bagage-là aussi, ce qui moi me rassurait beaucoup parce que je n'avais pas ce réseau-là, mais je me disais, bon, j'aurai trois masters en cinq ans. même si je n'ai pas ce réseau-là, je pourrais intégrer plus grand cabinet. C'est un peu débrouillé. Voilà, c'est assez concrétisé comme ça. Donc j'ai intégré par la suite un cabinet d'affaires américain qui m'avait soutenue dans le cadre de mes études, What&Case, et puis après un autre chez Baker McKenzie, c'est là où j'ai commencé à faire carrière. Et pour revenir à ta question, une des raisons pour lesquelles je suis partie assez rapidement finalement de l'avocature, c'est-à-dire au bout de quatre ans, c'est que je me retrouvais dans un entre-soi. qui, bien que ça m'avait épanouie, mais en même temps ça m'enfermait énormément, et je me disais que j'avais d'autres choses à voir, et qu'il fallait que je découvre d'autres choses, et donc au bout de 4 ans, ça s'est passé très bien, j'en suis très reconnaissante, je m'entends d'ailleurs, j'ai encore beaucoup de contacts avec mes anciens collègues, j'avais déjà besoin de partir et de ne pas voir que des avocats tous les jours sur des sujets que de droit.

  • Speaker #1

    Tu as besoin de varier,

  • Speaker #0

    de diversité. Voilà, de diversité, même des sujets. Parce que pour moi, le droit, typiquement, ça évolue dans un écosystème économique très important que je ne côtoyais pas forcément au quotidien. Et j'avais besoin de voir autre chose et d'échanger avec d'autres acteurs. Et aussi de comprendre comment un projet fonctionnait de A à Z. C'est-à-dire intégrer une équipe, par exemple, dans ma boîte actuelle, qui travaille sur des enjeux en plus d'IA. Je suis un projet de A à Z. Alors là où, en tant qu'avocate, je n'avais qu'un point compliqué, mais précis, si tu veux, d'un dossier. Et ça me manquait, ça me déplaisait un petit peu au quotidien. Donc je ne te dis pas que je resterai des années et des années chez Palantir. Je pense que je vais y être encore un gros moment parce que ça me passionne et que je touche justement à des problématiques géopolitiques, sociales très fortes, industrielles.

  • Speaker #1

    Je vais d'ailleurs un peu plus précisément ce que tu fais parce que ça a l'air intéressant et passionnant. Oui,

  • Speaker #0

    alors moi je suis Global Data Protection Officer de Palantir Technologies. C'est-à-dire que mon rôle pour le groupe, c'est de m'assurer de la protection des données. et d'une partie de la stratégie IA pour Palantir Technologies, qui est une entreprise qui a été créée après les attentats de 2001 aux Etats-Unis et qui aujourd'hui est à la main d'entités privées, donc Airbus par exemple, la Société Générale, mais aussi et surtout de gouvernements et de services de renseignement dans le monde en fonction de leurs besoins. Donc c'est une plateforme, nous on n'a pas la main sur la donnée, mais on les aide au regard de leurs besoins, à répondre justement à leurs besoins là où l'homme... mettrait par exemple six mois, un an à faire des liens. Donc typiquement, ça nous sert par exemple dans la guerre contre la Russie auprès de Zelensky, ça nous a permis de localiser Ben Laden. Donc ça c'est un outil très très puissant qui traite beaucoup de données et moi mon but dans cette entreprise, ma mission, c'est de m'assurer que tout est fait en conformité avec les lois et les réglementations applicables en matière de protection des données mais aussi de manière éthique. Parce que quand tu as un logiciel aussi puissant, il faut pouvoir faire preuve d'éthique. Et ça, c'est quelque chose qui est au cœur du projet Palantir depuis sa création et qui, moi, me passionne véritablement parce qu'encore une fois, je ne suis pas que sur des missions juridiques ou protection des données, mais j'ai accès à des enjeux vraiment très géopolitiques, hyper importants, surtout aujourd'hui lorsque l'IA est militaire. Et donc voilà. Elle est de plus en plus. Elle est de plus en plus. Une des grandes courses entre les Américains et la Chine en matière d'intelligence artificielle, c'est une question militaire de conflit aujourd'hui dans le monde. Et je pense qu'on n'en a pas forcément conscience quand on utilise le GPT dans sa cuisine pour trouver une recette, mais vraiment l'IA aujourd'hui elle est utilisée majoritairement de manière militaire. Donc c'est faire preuve de responsabilité et d'éthique et je me passionne, c'est pour ça que je reste chez Palantir, j'adore ce que je fais et mes collègues. qui sont plus brillants les uns que les autres. C'est une entreprise très particulière. Pour ceux qui chercheront en ligne, elle est aussi décriée parce que justement, lorsqu'elle est très puissante, il y a un peu ce fantasme de « Big Brother is watching you » . On a localisé des terroristes, donc effectivement, la question du traitement des données se pose. Mais moi, mon rôle, c'est justement de veiller à ce que ce soit fait en conformité de manière éthique. Et c'est là où tout est... C'est tout l'enjeu. C'est la garante de notre intimité. Ce qui est fou, c'est que tous les salariés de Palantir sont recrutés aussi sur cette question-là, de l'éthique. C'est-à-dire qu'on a une dizaine d'entretiens avant de rejoindre cette boîte quand même. On a des ingénieurs qui, dès la conception du logiciel, intègrent vraiment cette question-là, parce qu'ils ont été formés, on les forme, on les sensibilise, et ils ont été recrutés aussi pour ça. Voilà, je dors tranquillement le soir malgré les articles qui grossissent un peu les traits de celles et celles qui...

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu sais, c'est au cœur du truc et justement ça rejoint un petit peu tout ce qu'on vient de dire entre une information prise comme ça avec juste une bride...

  • Speaker #0

    C'est dommage, mais c'est comme on y fait avec.

  • Speaker #1

    Alors comment tu organises ton temps ? Dis-nous, parce que là, on se dit, mais comment fait-elle ? Et tu es aussi une jeune maman qui a un rôle quand même... important aussi. Et justement, cet équilibre-là en tant que femme, en tant que professionnelle, en tant que mère d'épanouissement, etc. Comment tu arrives soit à jongler, soit à t'épanouir ? Comment tu as trouvé ton équilibre ou tu es encore en train de le chercher ?

  • Speaker #0

    Je suis encore en train de le chercher, je pense, comme toutes les femmes.

  • Speaker #1

    Je ne sais même pas si on le trouvera un jour.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si on le trouvera un jour, mais en tout cas, une des clés, je pense, en tout cas, à présent, ce que j'essaie de vraiment mettre en place, c'est qu'il faut s'entourer des meilleurs. Il faut s'entourer des meilleurs, que ce soit professionnellement, mais aussi dans sa vie privée. Moi, j'ai un conjoint exceptionnel qui me soutient énormément, qui fait autant que moi, voire plus, dans notre couple comme dans notre petite famille. C'est un relais exceptionnel. Je lui en suis vraiment extrêmement reconnaissante, qui va me soutenir dans toutes ces missions-là. Au travail, dans mon équipe, je m'entoure également des meilleurs. Chez France Positive, on a les meilleurs experts, j'ai la meilleure équipe, le meilleur bureau.

  • Speaker #1

    C'est aussi savoir déléguer.

  • Speaker #0

    c'est savoir déléguer parce que souvent il y a un truc qui m'insupporte quand on dit que les femmes s'entraident pas surtout en ce moment il y a cette petite musique qui revient je pense que c'est faux et d'ailleurs on brille soi-même que si on est en tout cas de pleine de nombreuses lumières et je pense que ça c'est extrêmement important de le comprendre on va pas se faire dépasser on va pas se faire écraser par meilleur que soi dans son équipe justement on va d'autant plus briller et je pense que mon équilibre il vient de là il vient du fait que je peux avoir confiance dans mes équipes ... que je peux avoir confiance dans ces relais-là. Et c'est nécessaire. Alors après, je ne te cache pas que c'est dur, c'est beaucoup de travail, beaucoup d'organisation. C'est commencer très tôt le matin, finir très tard le soir, trouver des petits moments où la petite dort pour pouvoir aussi profiter d'elle. Et puis jongler entre les rendez-vous. Mais j'essaye d'avoir ma tout doux et mon équipe. Et je pense que oui, je ne suis pas parfaite. Et je pense que j'ai encore beaucoup... travail pour...

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on a envie d'être parfaite ?

  • Speaker #0

    Mais voilà, j'ai pas envie d'être parfaite et c'est aussi renoncer, donc de te voir c'est commencer à renoncer aussi à des projets super enthousiasmants, là où en fait on aurait besoin de toi, parce que tu juges que t'es pas la meilleure sur le sujet ou parce que tu penses qu'il y aura meilleur que toi, donc là où j'essaye aussi de commencer à... ce que j'essaye aussi de commencer à faire c'est de mettre en relation d'autres femmes ou d'autres personnalités d'ailleurs. homme sur des sujets sur lesquels je suis sollicitée parce que je considère que je n'aurai pas la meilleure plus-value sur ces enjeux pour se libérer du temps. Mais je pense que comme beaucoup de femmes, c'est difficile de trouver un rythme. En plus, moi, j'ai 30 ans et c'est mon premier enfant et tu n'as pas envie de passer à côté de plein de choses. Donc, oui, ce n'est pas facile. C'est aussi faire comprendre à son entourage que je ne peux plus forcément assister à tous les verbes, à tous les dîners et s'est communiqué là-dessus. avoir des discussions un peu difficiles parce que faut pas aussi, voilà, c'est vrai que c'est dur. Je pense que comme beaucoup de femmes, on a une énorme force en nous qui fait qu'on pourrait, on peut déplacer des montagnes et j'essaye de le faire. Après, je te dis pas que je serai pas en burn-out dans 8 mois et je reviendrai sûrement sur ce podcast-là pour alerter dans ce cas-là mais pour l'instant, ça fonctionne bien. Et voilà, je suis fatiguée mais ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Pour compléter un petit peu ma question, je voudrais savoir justement sur France Positive, la place que ça a dans ta vie et la place que tu as envie de donner aussi. Est-ce que c'est voué à prendre un peu plus de place dans, enfin en fait je me posais la question politique pour toi, qu'est-ce que tu vois comme avenir dans ta carrière, dans ta vie, autour de ce projet en particulier ou peut-être d'autres ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on a grandi très vite parce qu'en 2021, quand on réunit tous ces experts-là autour de nous, et Jacques avait déjà fait cet exercice-là avec Angélique Delorme par exemple, mais il le fait aussi depuis de très très nombreuses années, l'idée c'était simplement de construire un programme, donc un programme présidentiel. Si tu veux, on n'avait pas la vocation qu'on s'est donnée là depuis un an, qui était d'aller vraiment plus proche des citoyens, peser beaucoup plus dans le débat public et politique, aller au plus proche du personnel politique également pour les forcer, les encourager à adopter nos mesures. Mais depuis un an, plus précisément depuis novembre 2023, donc un gros événement, une grosse journée qu'on avait organisée à l'Assemblée nationale, où on a vu tout cet enthousiasme citoyen autour de nous, on s'est dit, pourquoi pas se structurer pour en faire un vrai think tank, un vrai mouvement.

  • Speaker #1

    Peut-être qu'on ne peut pas le laisser comme ça. C'est ça,

  • Speaker #0

    ce serait dommage. Donc là, je tiens à le dire, aujourd'hui, on est tous bénévoles. Tous, tous, tous bénévoles. Et en fait, effectivement, l'idée, c'est de rester transpartisan, en tout cas le plus apartisan possible, parce qu'en fait, on veut parler à tout le monde. Donc on ne peut pas avoir de couleur politique, on ne peut pas en faire un parti politique, parce que si on veut être crédible aujourd'hui auprès du personnel politique, également pour qu'ils adaptent nos réformes, on ne peut pas arriver avec une couleur trop de gauche ou trop de droite. Ce qui est un enjeu chez nous aussi, parce que ça nécessite au préalable, avant d'établir nos réformes, de dialoguer entre nous, d'avoir cet échange, ce débat. Mais je trouve qu'on arrive à sortir du coup des thématiques qui aujourd'hui seraient trop colorées à Ausha droite. Typiquement, nous on veut dire que... Non, l'immigration et la sécurité, ça ne doit pas être qu'à la droite ou à l'extrême droite. Et oui, l'enfance ou la protection sociale, ça doit être un enjeu qui touche tous les partis politiques et pas que la gauche. Et avec cette force-là, ce marqueur non politique, je pense qu'on peut toucher beaucoup plus de citoyens et remettre un peu de débat public là où aujourd'hui les partis politiques n'y arrivent plus. Donc oui, on a une volonté, c'est grandir. Donc là, on est en pleine levée de fonds typiquement. On va lancer une campagne d'appel aux dons pour pouvoir tout simplement structurer. et émerger là où on n'arrive pas à émerger, c'est-à-dire dans la com et les débats publics, parce qu'en fait ça ne sert à rien de faire si on ne fait pas savoir. Donc là on a une directrice de com qui est toute seule et qui charge de l'aide, et on va essayer de l'accompagner le mieux possible. On grandit, mais pour l'instant on va vraiment rester, je pense, sur cet aspect le plus transpartisan possible, tout en étant très politique, parce que tous ces sujets-là sont politiques, et de toute façon pour qu'on puisse voir nos réformes adoptées, il faut qu'on ait un relais politique. Donc on est obligé de les dialoguer avec le personnel politique, mais le plus fort on sera, je dirais... sur notre base et avec des citoyens derrière nous, le plus on aura de résultats, je pense, auprès du personnel politique. Donc il faut qu'on se fasse connaître. C'est tout l'enjeu maintenant. Prochaine étape. Prochaine étape, c'est ça. C'est beaucoup de travail.

  • Speaker #1

    Je profite de t'avoir sous la main, à mon micro, pour quand même aller creuser sur ce sujet de l'IA, et notamment par une vidéo que tu avais postée sur Instagram qui m'a un peu interpellée, et j'ai trouvé assez symbole de ce qu'est l'IA, peut-être pour nous, en tout cas. Actuellement, tu es allée interroger des Français dans la rue en leur demandant un micro-trottoir. Qu'est-ce qu'il y a ? Ils étaient tous réticents, quasiment 90%. Voire désintéressés. Désintéressés, voire je ne veux pas. C'est inquiet aussi parce qu'il y en a qui disaient que leur propre intelligence va être affectée, etc. Et justement, tu voulais aller vers cette réalité de comment est considéré... Il y a pour justement la rétablir quelque part ou donner tous les enjeux parce qu'en fait, c'est vraiment l'avenir.

  • Speaker #0

    C'est dommage de passer à côté.

  • Speaker #1

    C'est dommage de passer à côté et peut-être comme chaque chose novatrice, peut-être qu'il faudrait retourner sur d'autres exemples. Mais ça inquiète, ça fait peur et c'est rejeté au début.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est soit rejeté, soit vraiment il y a un désintérêt profond. Et c'est là où moi, je trouve ça vraiment dommage et j'encourage vraiment tous ceux qui nous écoutent à s'y intéresser un peu plus, même si ce n'est pas évident. Ce que je reproche aujourd'hui, c'est qu'on ait une stratégie nationale qui soit super, parce qu'on a eu quand même le sommet sur l'IA, on a réussi à avoir 109 milliards d'euros d'investissement, donc le Président de la République a porté ce projet-là. Il ruisselle néanmoins aujourd'hui qu'au sein de nos entreprises, ou en tout cas secteurs concernés, et puis tu vois, il va aller irriguer les data centers, etc. Mais il n'y a pas encore de grands projets, de grands récits nationals qui puissent embarquer tous les citoyens dans cette grande épopée. Je pense qu'on ne parle pas encore aujourd'hui aux citoyens en leur expliquant au quotidien, voilà ce qui va changer dans votre travail, chez vous, et voilà pourquoi vous devez vous engager aussi à votre échelle. Alors la question, c'est de savoir quel est l'accompagnement qu'on va aussi fournir aux citoyens, parce qu'effectivement, si on part du principe qu'on va juste former les nouvelles générations, il y a tous nos parents, nos frères et sœurs qui travaillent aujourd'hui dans des métiers déjà très complexes. Comment est-ce qu'on intègre l'IA dans leur travail ? Qui les accompagne ? Est-ce que c'est que le secteur privé ? Est-ce qu'on a une part politique, je pense en tout cas publique, à apporter aussi ? Je pense qu'il faut que collectivement, on comprenne en tout cas que... En avoir peur ou s'en désintéresser, ça ne va pas nous aider. Au contraire, il ne faut pas qu'on rate ce train-là, il faut qu'on devienne les pionniers, je pense, en France de cette intelligence artificielle, parce qu'on a un vrai récit à apporter qui est une IA humaine, une IA éthique, une IA qui aide au quotidien, que ce soit dans le service public, dans la gestion du trafic, enfin, il y a énormément de choses à faire, et je trouve qu'on laisse un petit peu les Français se dépatouiller tout seuls, et forcément... Quand on n'a pas ce grand projet-là et ce grand récit et qu'on n'explique pas comment est-ce qu'on va y arriver, tu as tout de suite peur. Tu as peur d'être remplacé, tu as peur que tes données soient hackées. Et je comprends, moi, cette inquiétude-là. Donc j'attends beaucoup, en tout cas, de nos politiques publiques. Et si ce n'est pas le cas, nous, on proposera quelque chose, de toute façon, avec France Positive, très bientôt sur le sujet. Il y a un vrai récit, en tout cas, à créer. Et je suis sûre que les Français peuvent vraiment s'en saisir. On ne peut pas passer une seconde fois à côté d'une grande révolution technologique comme celle-ci. On ne peut pas être laissé derrière.

  • Speaker #1

    J'entendais aussi, on parle de colonisation informatique, c'est-à-dire que là, on est tellement sous d'autres entités, d'autres pays, etc., qu'il y a aussi cet enjeu de trouver notre république, notre démocratie, je veux dire, et d'être...

  • Speaker #0

    Ce n'est pas nous-mêmes.

  • Speaker #1

    De ne pas le rejeter. Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce sera un récit qui sera imposé par d'autres. Est-ce qu'on a envie que ce soit un récit imposé par la Chine ou par les États-Unis ? Alors la Chine, on savait déjà depuis un moment qu'on n'en avait pas envie. Maintenant, les États-Unis, avec Elon Musk... Avec Donald Trump, est-ce qu'on a envie que ce soit ce récit-là qui nous soit imposé ? Parce qu'il faut qu'on comprenne également que dans la technologie même qu'on utilise au quotidien, si on entraîne des données qui excluent de facto une partie des femmes, qui excluent des événements historiques, on ne va pas avoir la même vision de la réalité et du monde que si on était en mesure de contrôler également cette IA européenne et de se servir de ces outils-là de manière souveraine. C'est vraiment une vision du monde qui va s'imposer à nous. ne peut pas être laissé derrière, encore une fois. Et pour ça, je pense vraiment qu'il faut impliquer les Français dans ce grand récit.

  • Speaker #1

    Donc, à suivre.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas ce que vous allez nous proposer. J'ai remarqué quelque chose. Je ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Tu vas me dire si tu l'avais remarqué aussi. Quand tu es interviewée, ou même, pareil, je reviens sur Instagram parce que tu l'avais publiée de manière assez rigolote, on parle de ta jeunesse, très souvent.

  • Speaker #0

    Tout le temps. Tout le temps.

  • Speaker #1

    On est d'accord. Ou la jeune, j'ai vu sur... La jeune femme. La jeune femme qui est intervenue, voilà, c'était sur TF1, etc. J'ai vu ça aussi. Et moi, ça m'interpelle. Alors, je ne sais pas si c'est négatif ou pas, parce qu'il y a une forme de jeunesse qu'on entend aussi et qui, du coup, est intéressante. Est-ce que c'est une jeunesse qui prend à corps un sujet qui est tout le reste en train d'être largué, c'est ce qu'on est en train de dire, ou est-ce que c'est Eitan, que tu sois jeune et déjà à ce poste, et en plus, femme, bon, je ne sais pas si c'est le nouveau... Voilà. Donc, comment tu le vis ? Déjà, tu es d'accord avec moi sur cette remarque. Et comment tu le vis ? Et qu'est-ce que ça veut dire, en fait ? Qu'est-ce qu'il y a à retenir là-dedans ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment je le vis parce que je vais dire qu'en fonction des situations, ça m'ennuie et ça m'arrange. Ça dépend de ton interlocuteur, ça dépend de qui tu t'adresses. Je pense qu'il y a une forme de panache dans le fait que je sois jeune et qui peut aussi être intéressant parce qu'en plus, tu vois, typiquement, pour France Positive, bon, ben, j'ai... À côté de moi, en tout cas, la séniorité, l'expérience de Jacques Attali qui fait que ça crédibilise tout de suite notre projet. Là où c'est plus embêtant, c'est effectivement lorsque ça te réduit à ton statut de jeune et en plus de jeune femme. Je suis tellement plus que ça. Et je pense que c'est du coup à moi de redoubler d'efforts et de montrer que je suis tellement plus que ça, là où c'est un peu injuste parce qu'en fait, t'aurais un jeune homme, ce serait pas forcément...

  • Speaker #1

    On l'introduirait pas comme ça.

  • Speaker #0

    C'est pour ça qu'on l'a remarqué,

  • Speaker #1

    c'est qu'on t'introduit alors que tu vois, tu viens de dire depuis...

  • Speaker #0

    Je sais, c'est de ne pas être dans l'agressivité et de faire comprendre en tout cas à mes interlocuteurs que justement, je suis tellement plus que ça tout en... Soit en en riant un petit peu, soit en me moquant légèrement de mon interlocuteur pour lui faire comprendre qu'aujourd'hui c'est un peu has-been, très clairement, de me présenter comme étant une jeune femme. Oui, je m'appelle Julie Martinez, je suis directrice générale d'un think tank. Je pense qu'il y a des titres que tu peux mettre au-delà de la catégorie. Mais je le fais toujours avec bienveillance parce que je pense que si tu entres dans l'agressivité ou en tout cas si tu es dans la confrontation tout de suite, t'as le... troisième qualificatif qui arrive très vite qui est jeune femme hystérique ce que je veux éviter il faut pouvoir mettre en avant son travail et je pense qu'au fur et à mesure j'ai gagné en crédibilité parce que justement je travaille dur et parce que je suis tellement plus que ça mais effectivement ça peut être relassant et je comprends qu'il y ait d'autres réactions en tout cas de consoeurs qui soient différentes de la mienne ma ligne c'est de voilà de tourner en dérision toujours l'interlocuteur pour lui faire comprendre que je ne suis pas qu'une jeune femme et surtout je commence à avoir des rides et des cheveux blancs voilà.

  • Speaker #1

    Non mais je veux dire en plus on dirait pas une vieille femme j'espère pas non.

  • Speaker #0

    Non mais en plus enfin je veux dire c'est pour ça que je me disais est-ce que c'est valorisant ou est-ce que pourquoi souligner pas ça dépend vraiment et c'est d'ailleurs injuste pour l'interlocuteur qui l'utilise parce que ça va dépendre vraiment de l'environnement typiquement si je m'adresse à une ... Une classe de terminale et qu'on me présente comme une jeune femme, peut-être que ce qualificatif-là va me rapprocher d'eux et va être bienveillant en ce sens. Effectivement, si c'est à table, entouré d'hommes, plutôt grisonnant, là c'est à moi de redoubler d'efforts pour montrer que je ne suis pas qu'une jeune femme. Et là, ça devient lassant et ça devient un peu énervant. Et c'est là où c'est injuste d'ailleurs pour l'interlocuteur parce que je ne vais pas forcément avoir la même réaction en fonction des situations. J'essaie toujours en tout cas de le faire avec légèreté et de montrer que, en tout cas, je suis beaucoup... plus que ça et que mon travail et nos propositions vont au-delà. Mais oui, c'est pas évident et puis peut-être que dans 20 ans je regretterai ce qualificatif, on sait pas. Mais c'est la simple.

  • Speaker #1

    Ah ouais, ouais, ouais. Donc on est dans Elles agissent, j'ai quelques questions signatures à te poser pour aller doucement vers la fin de cet épisode. Déjà, cette question signature, pour toi, agir, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Agir, c'est être crédible dans ses actes, au regard de ses propos. C'est-à-dire que je ne peux pas prôner X ou Y et ne pas le faire par la suite. Ça peut être vraiment dans n'importe quel sujet, mais typiquement, je ne peux pas promouvoir les femmes et ce qu'elles font et ne pas intervenir dans ton podcast, tu vois, prendre le temps. Et donc pour moi, agir, c'est vraiment avoir un impact qui soit cohérent avec ce que tu dis.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une femme dans ton quotidien qui agit, qui t'inspire, qui pourrait éventuellement passer au micro d'Elzagis, mais en tout cas qui, toi, est ce symbole de la femme et de l'action ? Ça serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai pas réfléchi avant de venir et il y en a tellement, tellement, parce que choisir c'est effectivement renoncer également. Écoute, il y en a... énormément des femmes qui agissent dans mon entourage et qui mériterait vraiment d'être nommées maintenant. Mais j'ai envie de mettre en valeur Ariel Schwab, qui est DGA de Havas Paris et qui fait tellement plus que ça, qui s'implique dans Langage de Femmes, qui est une association qui réunit des femmes de cultures et de religions différentes pour justement faire avancer la société. qui s'implique également dans ce que vivent les femmes au quotidien, les femmes juives, parce qu'on a une vague d'antisémitisme en France et qui s'implique sur ce sujet-là. Elle est absolument passionnante, elle est bienveillante, c'est un mentor pour moi. Elle me soutient, elle répond à mes questions, elle m'accompagne. Je pense qu'elle a vécu aussi beaucoup de choses qui sont terriblement communes à ce qu'on vit nous en tant que femmes. C'est une mère exemplaire. Et elle tout le dit, je suis fatiguée, je galère aussi. Et je pense qu'elle aide aussi à déculpabiliser sur pas mal de sujets. Donc ouais, Ariège Fab, petite dédicace. Mais il y en aurait tellement d'autres.

  • Speaker #1

    Et on a besoin aussi de ces figures qui parlent comme ça, librement, naturellement, comme tu dis, du quotidien d'une femme aussi.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois, de la maternité. Exactement. Et en même temps, qui a une carrière absolument brillante, parce qu'elle est brillante et qui déplace des montagnes et qui organise plein de choses. Et en fait, qui accepte de dire fatiguée. Et moi, ça me fait un bien fou d'être à ses côtés. Encore une fois, c'est ces femmes qui n'ont pas de... Pas de soucis et pas de mal à faire émerger d'autres profils, à s'entourer de femmes. Vraiment, elle est top. Si tu arrives à la voir, je lui recommanderais le podcast en tout cas.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une action que tu as envie de nous partager, qui a été une action marquante dans ta vie, en tout cas qui t'a permis d'être là où tu es en ce moment, que ce soit personnel ou professionnel. Et ça peut être une action que tu nous as déjà évoquée, mais voilà, une action qui est peut-être celle qui est venue naturellement là en toi.

  • Speaker #0

    Là, sans y réfléchir de manière spontanée, je pense que l'action, en tout cas le programme qui a changé ma vie, c'est vraiment le programme Jeune Ambassadeur, dont j'ai bénéficié à 17 ans. J'étais en banlieue parisienne, Charles Rifkin, ancien ambassadeur américain en France, avait lancé ce programme-là pour faire émerger des talents de banlieue et leur faire découvrir autre chose, les sortir de leur territoire et carrément les emmener aux Etats-Unis à la rencontre du community service et des institutions américaines. La grande époque, en plus, Obama de la démocratie américaine, voilà, ce que je regrette un peu.

  • Speaker #1

    Ce qu'il faisait rêver à l'époque.

  • Speaker #0

    Voilà, et je pense que ces programmes-là, vraiment, ont vocation à changer des vies, parce qu'en fait, ils t'apportent une confiance en toi, que tu n'as pas à cet âge-là, en fonction d'où tu viens. Ils te crédibilisent aussi, ils t'apportent un réseau, quand tu n'en as pas, et ouais, ça a vraiment changé ma vie. bénévoles derrière ce programme-là, puis d'ailleurs le département d'État, l'ambassade des États-Unis en France, et à l'époque c'était le CGET, donc le Commissariat à l'égalité des chances et des territoires, bah écoute, par leur action, on vraiment changeait, je sais, des vies et des parcours de vie, et moi la première, donc j'en suis extrêmement reconnaissante, et si je pouvais moi créer un programme comme ça, tu vois, dans les années à venir, je le ferais avec grand cœur et beaucoup de volonté, de bonheur, de joie.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Julie pour cette échange C'était super agréable Merci, à bientôt

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