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Elles Agissent

#93 Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice Le journalisme libre et engagé

#93 Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice Le journalisme libre et engagé

40min |08/05/2025
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#93 Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice Le journalisme libre et engagé

#93 Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice Le journalisme libre et engagé

40min |08/05/2025
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Description

Dans cet épisode, je reçois Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice.


Le sport, c’est ce qui l’a portée dès l’enfance. Et c’est encore ce qui l’anime aujourd’hui.
D’abord avec ses grands-parents, puis avec son équipe de hand, ce collectif qui lui a appris la force du lien.


Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire plus tard. Le journalisme, ce n’était pas une évidence. Et pourtant… dès son premier stage, elle a su : c’était là, sa place.
Depuis, elle n’a plus quitté cette passion.


Dans cet épisode, Laurie revient sur son parcours dans le journalisme de sport, sur les doutes qu’elle n’a pas eus, sur les combats qu’elle mène : pour les femmes, pour l’égalité, pour la transmission.


On parle aussi de ses documentaires engagés, de Laure Manaudou, de l’équipe de France féminine de football, de la maladie, du collectif qu’elle a cofondé, de la force qu’on puise dans l’action.


Et de cette idée, très forte chez elle : se sentir libre. Toujours.


Je vous invite donc à découvrir cet épisode incarné, lumineux, qui questionne autant qu’il inspire.


À écouter dès maintenant sur toutes les plateformes


#podcast #ellesagissent #lauriedelhostal #journalismesportif #sportfeminin #égalité #agir #impact #documentaire #santémentale #femmesdanslesmedias #liberté #lauremanoudou


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Laurie.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Elsa Gis.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Gratuit de t'accueillir. On va retracer ensemble à la fois ton parcours et ton engagement. Et bon, pour te présenter, tu es journaliste, tu as co-écrit le livre Championne, et qui met en avant des portraits de femmes, de sportives. Tu es aussi une figure du journaliste de sport, et maintenant aussi je trouve une voie pour une plus grande représentation du sport. et des femmes, notamment par le biais de tes documentaires, que ce soit Devenir Bleu, ES à la fin, et L'Or, L'Or, L'Or, documentaire sur l'Or Manodou. Et donc j'avais envie de commencer par une première question, d'où t'es venue, d'où vient cette passion pour le sport, qui je pense ne t'a jamais quittée depuis l'enfance, tu parles que tu pratiquais le handball aussi petite. Et puis récemment aussi, tu lui as laissé une place dans ton combat contre le cancer. J'ai lu que le sport avait été aussi une force et quelque chose sur lequel te tenir, t'accrocher. Donc je me demandais, voilà, ce sport dans ta vie, d'où vient-il ? Quelle est sa place et quelle est son importance pour toi ?

  • Speaker #1

    Waouh, c'est une grande importance, oui, effectivement, parce que j'en ai fait mon métier. Alors le sport, je crois que c'est comme pour tout. Tous les passionnés de sport, ça vient de l'enfance. Chez moi, c'est un lien familial, c'est mes parents qui faisaient du sport, c'est aussi beaucoup mes grands-parents, que j'ai toujours la chance d'avoir, qui sont toujours vivants et qui ont toujours mis le sport au centre de leur vie. Et mon grand-père, comme ma grand-mère, des amateurs de sport comme téléspectateurs et comme pratiquants. Donc ils font toujours du sport alors qu'ils ont plus de 90 ans. Donc j'ai pu voir à quel point ça les maintenait en forme, ça les maintenait...

  • Speaker #0

    L'impact, le sport au quotidien.

  • Speaker #1

    Ah ouais, donc ça vient de là. Et puis après, c'est le sport qui m'a permis de vivre plein de premiers moments chouettes dans mon adolescence, parce que ça a été le lien, ça a été mon équipe de hand, donc un lien féminin. C'est au RAND que j'ai fait mes premières conneries aussi.

  • Speaker #0

    Le côté collectif ?

  • Speaker #1

    Oui le côté collectif, le côté on se marre, on fait des trucs, on essaye d'être forte, d'être performante mais aussi on rigole. Donc voilà et puis après j'en ai fait mon métier. Et effectivement oui ça traverse ma vie, ça m'apporte un équilibre. Et voilà, comme tous ceux qui pratiquent du sport savent que ça peut le faire pour eux.

  • Speaker #0

    Tu en as fait ton métier, mais le journalisme n'était pas aussi une évidence que la place du sport, par exemple, dans ta vie. C'est venu après.

  • Speaker #1

    Non, oui, effectivement, je ne savais pas trop. Je suis épatée, moi, des jeunes gens qui savent très tôt ce qu'ils veulent faire. Moi, j'ai eu, comme plein de gens, je pense, plein d'inspiration. J'ai voulu être présidente de la République, j'ai voulu être avocate, j'ai voulu... faire plein de choses et puis le journalisme, je ne sais plus vraiment comment c'est arrivé dans ma tête, mais voilà, je n'étais pas très sûre et puis j'ai fait mon premier stage dans le sport et là, c'est devenu tout de suite une évidence. Je me suis dit, ça y est, c'est bon, je suis à ma place. Et du coup, je ne vais plus bouger de là, je vais rester là.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce truc de se dire, tu as un peu testé aussi, de trouver, comme tu viens de l'expliquer. de voir, finalement ça me plaît, par contre une fois que tu as su que ça te plaisait, tu as eu aussi une espèce de détermination, parce que tu le dis souvent ce mot-là, le bastion masculin, que ce soit dans le sport ou dans le métier de journaliste, surtout autour du sport, etc. Il a fallu aussi s'accrocher à cette place peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Quand on arrive très jeune dans ce milieu, et qu'on est une jeune femme, c'est vraiment pas évident, on questionne tout le temps notre légitimité. Toi ou notre place ? Les autres et du coup forcément soi. Alors c'est normal de questionner toujours sa légitimité. C'est bien de se poser des questions, de douter, mais il ne faut pas que ce soit trop déstabilisant. Et c'est vrai que j'avais ce truc en moi de ne pas trop douter quand même. Ça vient certainement là aussi de mon enfance et de l'amour qu'on m'a porté. Mais oui, non, c'était pas évident et c'est pour ça que j'en ai fait une forme de combat un peu plus tard, cette place des journalistes femmes dans le sport.

  • Speaker #0

    J'avais réécouté des épisodes, des articles et je voyais ce passage à la Formule 1, parce que tu as fait plusieurs sports, tu as présenté plusieurs sports, tu as commenté aussi des sports, etc. Il y a eu ce passage où tu expliquais qu'effectivement ça a été un énorme challenge. Et que, à la fois, c'est... En fait, j'ai l'impression que dans ton parcours, tu y vas, et après, on verra. Après, t'avais l'expérience derrière, etc. Mais le challenge, t'aimes ça, je pense, aussi.

  • Speaker #1

    Oui, sans doute. Après, c'est marrant parce que ça se fait pas de manière aussi... évidente que ça et aussi frontale que ça finalement. Moi, je me suis toujours laissée aussi un peu portée par les choses. Et quand ça me plaisait, comme je le disais, soit j'y restais, soit...

  • Speaker #0

    C'est une force aussi de se laisser porter par les choses. Ce n'est pas évident. Parfois, ça peut être soit angoissant, ou de ne pas avoir de schéma par exemple, et toi te laisser porter. Parce que tu disais que si je suis à ma place, j'y vais à fond. Mais je me laisse porter aussi cette partie-là.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un équilibre à trouver entre se laisser porter et ne pas se laisser imposer des choses qui ne nous correspondent pas. Dans le travail, c'est compliqué. Et moi, comme beaucoup, j'ai toujours un peu surfé sur cette limite-là parce que par moments, quand j'y repense, j'ai présenté des émissions où j'étais habillée très très fille. C'est des choses, par exemple, que... À l'époque, je n'ai pas forcément questionné. Est-ce que ça me correspondait vraiment ? Est-ce que ça me ressemblait ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. Mais voilà, on peut aussi faire des erreurs parfois. C'est une question que tu te poses maintenant,

  • Speaker #0

    avec le recul ?

  • Speaker #1

    Oui, je me suis pas mal posé de questions sur le début de mon parcours, effectivement, avec le recul. Et puis, quand j'ai confondu une association qui s'appelle Femmes Journalistes de Sport, où je me suis dit comment ça s'est passé pour moi. Voilà, qu'est-ce que j'aurais aimé changer ? Parce que c'est le genre de question qu'on se pose toujours aussi. Mais oui, effectivement, je suis une déterminée, mais quand même plutôt cool.

  • Speaker #0

    Il y a cette notion de liberté quand même qui est présente en toi, que ce soit pour le changement de chaîne, le changement de sport ou en tout cas de carrière. Il y a cette notion qui est forte pour toi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, c'est vrai. Oui, c'est vrai, me sentir libre. Alors, c'est à la fois assez facile quand on a les conditions de se sentir libre, quand on est quelqu'un dans la société qui peut se sentir libre. Et c'est mon cas. Je suis une femme blanche d'un milieu plutôt aisé, enfin, pas aisé, mais qui n'a pas de problèmes financiers. Donc, ça ne correspond pas forcément à la réalité de tout le monde. mais J'ai les moyens d'être libre et c'est vraiment important pour moi dans ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle, qu'on ne m'impose pas des choses. Autant j'ai envie de rester quand je suis contente, autant j'ai envie de pouvoir partir quand je ne suis pas contente.

  • Speaker #0

    Et ça c'est important aussi. Tu l'as évoqué là rapidement, la création du collectif, c'est important. Est-ce que c'était une manière pour toi de... de rentrer aussi dans l'action, comme tu viens de nous l'expliquer, avec le recul, ce que tu n'as pas forcément eu comme clé peut-être au départ, ou comme notion de est-ce que c'est normal, comment faire pour mettre plus de femmes en avant dans les médias, de manière générale, mais dans le sport je pense en particulier. Est-ce que c'était une façon de commencer à militer de l'intérieur ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. et c'était... C'était exactement se mettre à agir. C'était vraiment important pour moi. Et c'est quand j'ai commencé à le faire que je me suis rendu compte à quel point c'est quelque chose qui me manquait dans ma vie. J'avais un petit truc à ce moment-là qui me manquait, c'était d'agir, de militer. J'étais souvent en colère. Je suis très souvent en colère d'injustice. Le fait de militer et d'agir. Ça me permet un peu de calmer cette colère, d'avoir l'impression de servir parfois un tout petit peu à quelque chose, même si ce n'est pas facile, même si plein d'actions peuvent amener des tout petits résultats. Mais oui, ça a été ça. Ça a été ce ressenti que j'avais depuis des années, qu'il y avait des choses qui ne me plaisaient pas, qui n'étaient pas normales dans mon milieu.

  • Speaker #0

    Le côté présidente de la République,

  • Speaker #1

    la personne. C'est ça. ce petit côté j'avais un espèce de sentiment diffus de ça me plaît pas et alors j'ai pas agi seule mais on s'est retrouvé à un moment pour se dire oh là là on en a marre pour plein de raisons on a envie d'agir et ça m'a énormément apporté et j'espère qu'on a apporté aussi et qu'est-ce qui permet alors ce collectif ? il a permis dans un premier temps déjà de Merci. poser le sujet, ça c'est vraiment important, de dire en fait il y a... Il n'y a pas, il y a peu, quasiment pas de femmes dans le journalisme de sport et ça n'est pas normal. Ça peut paraître évident maintenant, ça n'était pas du tout à ce moment-là. On a lancé des travaux pour se compter justement, parce que les chiffres c'est vraiment important. Et voilà, après l'idée c'était aussi de juste se soutenir, d'être entre nous, et puis après d'essayer d'agir, de faire du lobbying auprès des... notamment des directeurs et des directrices de rédaction. Donc voilà, je crois que ce que je préfère, c'est le fait de s'unir et de se soutenir. Je pense que ça, c'est le plus fort dans l'expérience.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vois quand même une évolution entre le début de ta carrière et maintenant sur la représentation des femmes dans ce métier ?

  • Speaker #1

    Une évolution relative en fait.

  • Speaker #0

    Ça reste relatif, oui.

  • Speaker #1

    Vraiment parce que ça on s'en est rendu compte très rapidement en discutant avec une sociologue qui bossait sur le sujet depuis quelques années dans différents pays et qui nous a dit en fait l'évolution elle est pas on a un espèce de sentiment aux doigts mouillés qu'il y a une évolution notamment parce qu'on voit plus de femmes dans le sport à la télévision donc il y a quelques personnes très visibles qui donnent l'impression que ça a changé mais elle nous a dit regardez les chiffres en fait ça évolue assez peu et elle nous a dit à ce rythme là ... Peut-être que ça ira un tout petit peu mieux dans 200 ans. Et c'était pas complètement exagéré par rapport aux chiffres. Et donc voilà, quand on vous dit ça, vous vous dites donc moi je serai plus là dans 200 ans, et j'ai envie en fait que ça bouge maintenant. Moi j'ai même pas envie que ça bouge pour les générations à venir, j'ai envie que ça bouge dès à présent. Parce que c'est injuste, et donc voilà, donc l'évolution... Oui, mais vraiment très relative. On voit plus de... Il y a plus de femmes à l'antenne, oui. Mais il faut déjà questionner sur ce que ça veut dire et ce que ça représente. Et puis, moi, ce que je trouve plus important, c'est qu'il y ait plus de femmes qui soient chefs, qui soient derrière en coulisses, mais qui prennent les vraies décisions. Et ça, ça n'a quasiment pas évolué.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est vraiment... La représentation à la fois du combat, on en parle effectivement, mais dans les faits, il y a encore beaucoup de choses à faire et c'est pour ça qu'on dit que rien n'est acquis et qu'effectivement, il ne faut pas arrêter.

  • Speaker #1

    Ça bouge tout doucement parce que quand on essaye de faire bouger quelque chose, c'est partout de paré dans la vie, il y a de la résistance en face. Et puis, ça prend forcément du temps. Donc voilà, ça peut être frustrant. Mais bon, quand le mouvement est lancé, en revanche, je pense que c'est impossible de l'arrêter. Donc voilà, ça c'est positif.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pensais aussi sur ce sujet autour de Marie Portolanos, qu'elle a mis les pieds dans le plat, ou je ne sais pas comment dire, parce qu'elle a été à la fois sur le documentaire, sur son livre, par le biais de son livre. est-ce que tu t'es reconnue dans ce qu'elle a Décris, est-ce que tu as vécu la même chose ? Qu'est-ce que tu as vécu toi par rapport en tant que femme, le sexisme et le travail en fait tout simplement ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on avait même coordonné nos actions avec Marie parce que notre collectif a été lancé le jour du lancement de son documentaire.

  • Speaker #0

    Ah je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Dans lequel j'interviens.

  • Speaker #0

    C'était une volonté.

  • Speaker #1

    Oui, c'était vraiment des actions coordonnées. On avait lancé une tribune. écrit une tribune qui est parue dans le monde le lendemain de son documentaire parce que en fait c'est marrant parce que la première fois que Marie m'a parlé de son doc pour me proposer d'être dedans, je lui ai dit mais personne ne va s'intéresser à ce truc là on s'en fout quoi et voilà donc j'ai vraiment du pif et et j'ai réfléchi...

  • Speaker #0

    alors juste pour revenir là dessus qu'est ce qui te... qu'est ce que tu pensais que ça intéresserait pas les gens de savoir ça ?

  • Speaker #1

    Je me disais, j'avais ce truc quand même de se dire, nous les journalistes, on n'est pas là pour se mettre en avant. Et puis c'est notre petit sujet à nous. Et alors ça n'a pas été le cas parce que c'est... Voilà, moi je suis dans le doc et pendant des mois, et Marie c'est encore le cas aujourd'hui, on m'a dit, oh là là, j'ai pleuré en vous écoutant. J'ai mesuré la portée universelle. le message est qu'à quel point ça a touché les gens et Et voilà. Et ça, c'était plusieurs mois, évidemment, avant que le documentaire sorte, parce que le temps qu'elle le monte, tout ça. Et on a eu des discussions au fur et à mesure avec Marie. Et au fur et à mesure, après, on a commencé à lancer la préparation du collectif. Et je me disais, mais en fait, non, mais c'est un vrai sujet, parce que dès que j'appelais des consoeurs pour leur dire, est-ce que t'auras envie de nous rejoindre pour faire un truc ? Elles me disaient, mais oui, mais à fond. Et voilà. Et je vais répondre aussi à ta question de est-ce que ça m'est arrivé. C'est arrivé à tout le monde. Et quand j'appelais des consoeurs, parfois c'était le cas avec des consoeurs un peu plus âgés, qui me disaient non, non, mais moi ça va. Et j'avais trouvé le truc à chaque fois pour leur dire comment s'est passé ton congé maternité ? Et là,

  • Speaker #0

    par ce pied-là,

  • Speaker #1

    par le sens de réussite, il y a eu un problème. Donc, je crois que c'est le cas dans beaucoup de métiers. Donc oui, c'est arrivé à tout le monde, ne serait-ce que, en fait, et c'est parfois ça le plus terrible, questionner notre légitimité. Ça, c'est à la fois rampant, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à saisir parfois, mais c'est un ressenti qu'on a et c'est quelque chose qui existe vraiment.

  • Speaker #0

    Oui, pour confirmer et faire vraiment un petit aparté, mais elles agissent et plus de 100 interviews de femmes, et je ne pense pas qu'il y en ait une qui ne m'ait pas dit ça, en fait, dans son vécu. C'est pour dire l'ampleur, en fait. Peu importe la manière, il y a toujours eu quand même ce rapport de domination, de dominant-dominé, presque. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Il y a une autre accroche qui concerne toutes les femmes, et ça, on peut s'appuyer sur des chiffres, c'est les différences de salaire. Je crois qu'aujourd'hui, on est passé un petit peu en dessous des 20 %, mais il y a 20 % d'écart de salaire à poste égal. Et ça, c'est pareil. On s'est aperçus en discutant entre nous que de partout, il y avait des écarts de salaire qui étaient totalement injustes.

  • Speaker #0

    Tu disais là que tu avais envie d'agir maintenant, de ne pas attendre. Est-ce que cette volonté d'engagement est venue aussi avec ta maternité, avec la naissance de ta fille ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    je ne l'associe pas à ça.

  • Speaker #1

    Non, je ne l'associe pas à ça. Après... Non, je l'ai apporté en moi. Ça a commencé assez tôt dans mon adolescence par des lectures. Comme beaucoup de personnes, mon engagement est né de lectures féministes qui m'ont fait me poser des questions, qui m'ont fait réinterroger le monde dans lequel je vivais. On dit toujours, une fois qu'on a pris la petite pilule bleue du féminisme et qu'on se dit « mais c'est pas normal » , on ne peut plus jamais... On ne peut plus jamais revenir en arrière. Donc voilà, après, comme beaucoup, la maternité, ça m'a... Par exemple, dans le monde du travail, ça m'a permis de me dire... Je suis une daronne maintenant, déjà, arrêtez de m'emmerder. Et puis, j'ai sorti un enfant de mon corps. Non, mais ça m'a permis, je pense, d'être un peu plus... Ouais, quelque part, quand même, plus affirmée, plus décidée.

  • Speaker #0

    Ça donne de la force peut-être ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est ça. Exactement, oui, ça m'a donné de la force. Je n'aime pas l'idée que ça m'a transformée, parce que ce n'est pas vrai. En plus, j'ai eu mon enfant assez tard. Mais ça m'a donné, oui, une force supplémentaire de savoir ce que je voulais, de savoir ce que je ne voulais plus.

  • Speaker #0

    Et alors maintenant, un bilan un petit peu de la carrière que tu as déjà effectuée et celle que tu as envie de mener par rapport à tout ce qu'on vient d'évoquer. Est-ce que tu es bien là tout de suite ? Alors, on va l'aborder, cette notion de documentaire qui... qui prend de plus en plus de place, j'imagine, en tout cas j'en ai l'impression. Est-ce que c'est une évolution logique pour toi ? Est-ce que c'était quelque chose que tu avais longtemps en tête ? Ou c'est venu aussi, comme tu le disais, au fil de l'eau et tu te laisses porter par ce qui vient à toi peut-être aussi ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est quelque chose qui me faisait envie depuis longtemps. Pendant mes années de présentation, quand j'étais présentatrice à Canal+, je faisais toujours des sujets à côté, j'essayais toujours de trouver des choses pour enrichir mon quotidien parce que... La présentation, ça ne me nourrissait pas assez. Après, évidemment, je ne me suis pas sentie légitime, mais j'ai quand même fait mon premier documentaire chez Canal+, c'était sur la maternité des sportifs de haut niveau, championne de sa mère. Et ça, ça m'a permis de me dire, ok, c'est bon, là je suis alignée, c'est ça que je veux faire. C'était un 26 minutes. Et quand je l'ai eu terminé, avant même que quelqu'un l'ait vu, je me suis dit, moi je suis contente de moi. Je suis contente de ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    C'est fort ça. Et tu étais là à ta place. Oui,

  • Speaker #1

    et dans tout le procès, je me disais, je me sens bien, c'est ça que je veux faire. Donc voilà, à partir de là, ça a été une évidence. Après, c'est pas forcément, on ne devient pas réalisatrice comme ça. Il faut trouver des projets, il faut les vendre. C'est pas évident, mais oui, c'est ce que je veux faire. C'est ce que j'essaye même de faire à 100%, même si je fais encore un petit peu de... De présentation, j'aime bien varier les plaisirs aussi, rencontrer des gens. Je travaille un peu à France Télévisions depuis deux ans, mais je crois que j'y reste aussi en partie puisque j'aime le côté humain, j'aime les gens avec qui je travaille.

  • Speaker #0

    Ça te nourrit aussi peut-être d'idées, de rencontres ?

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et puis, moi, je me dis toujours que j'aime... En général, je ne fais rien plus longtemps que tout. trois ans. J'aime bien avoir des cycles comme ça tourner. Et je me suis rendue compte que ça correspondait à trois ans souvent dans ma vie. J'ai jamais fait les mêmes choses. Je suis restée dix ans à Canal+, mais j'ai jamais fait la même chose. J'aime bien... Découvrir aussi ? Découvrir, je sais pas, que ça change. Sinon, je commence à m'embêter en fait.

  • Speaker #0

    Te challenger aussi ?

  • Speaker #1

    Challenger, c'est peut-être un peu fort parce que je... On peut pas dire que je me challenge énormément. Franchement, je suis pas... Je n'ai pas l'impression de me challenger, mais oui, non, que les choses bougent. Et mon compagnon me dit toujours, au moins ça te permet de ne pas questionner ce que tu as envie de bouger dans ta vie privée.

  • Speaker #0

    En tout cas, tu vas bouger les choses ailleurs et l'action passe par là. Et justement, le documentaire, je te l'ai évoqué rapidement, celui de Laure. Avant de commencer, est-ce que tu peux nous raconter comment tu as eu envie aussi et comment ça s'est passé de mettre en avant le vrai parcours de cette championne ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment, j'ai eu envie d'aligner complètement et de manière évidente mes engagements pour l'égalité dans le sport et un peu plus précisément mon travail. Donc, ça a commencé avec des documentaires sur la maternité des sportifs de haut niveau, mais je ne m'étais pas encore dit... que je voulais faire que ça. Mais à partir de là, je me dis, OK, maintenant, je veux participer activement à travailler à cette égalité en mettant en valeur des profils de sportives. C'était un travail... C'est Guillaume Priou qui m'a produit sur mon premier documentaire. Et là, on l'a réalisé ensemble. Je dis ça parce que c'est aussi des échanges entre nous de se dire, on a envie de... de mettre en valeur des championnes et cette grande championne qu'on connaissait bien parce que c'était une époque qu'on avait vécu tous les deux à l'époque en tant que reporter. Laure, on la connaît et on avait envie de raconter sa carrière, de la mettre en valeur. À la fois, on sentait qu'il y avait des problématiques. Ça, c'est Guillaume très rapidement qui m'a dit 20 ans plus tard, tu vas voir, on va... On va voir les choses complètement différemment. Et post-MeToo, on va lire sa carrière de manière complètement différente. Et effectivement, dès qu'on a commencé à revoir les images, les interviews...

  • Speaker #0

    C'est choquant, même, maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, c'est...

  • Speaker #0

    C'est une claque, aussi, je trouve, ce documentaire, sur tout ça.

  • Speaker #1

    Même nous, ça nous a mis une claque. Vraiment, on s'est dit, waouh. En plus, on s'est dit, on a participé à ça, parce qu'en fait, on était là. Alors on a mis du temps à ce que Laure accepte, mais quand elle a accepté, après, la première interview qu'on a faite, c'était son frère, Florent. Et lui, tout de suite, parce qu'on se disait avec Guillaume qu'il ne fallait pas caler ce que l'on pensait sur les interviews immédiatement, c'est-à-dire que je n'avais pas envie de dire à Florent Madadou, mais vous ne pensez pas qu'elle a été traitée de manière sexiste ? On lui a juste remontré des images. C'est lui, spontanément, qui a dit, on n'aurait jamais traité un homme comme ça. Et c'est ça qui a donné cette couleur à ce documentaire. Voilà, on se rend compte effectivement qu'elle a été maltraitée parce qu'elle était une femme. Et ça a été le cas aussi de Marie-Josée Perrec, pour lequel on a fait... Enfin, Marc Sauvrel, mon confrère, a fait un documentaire aussi en même temps. Enfin, c'est fou.

  • Speaker #0

    On voit aussi des journalistes, notamment une journaliste, j'ai oublié le nom, mais qui même pleure dans le documentaire.

  • Speaker #1

    Isabelle Langer.

  • Speaker #0

    De se rendre compte, j'ai contribué, comme tu viens de le dire, j'ai contribué à ça parce que j'étais dans ce système-là et je ne m'en suis pas forcément rendue compte, etc. C'est toujours cette histoire de l'époque, comment on peut prendre du recul sur tout ça, etc. Et j'avais une question, est-ce que tu as eu d'autres retours, d'autres personnes qui ont vu le documentaire ? Journalistes, peut-être notamment hommes, qui se sont dit, peut-être s'excuser même auprès de l'or ? Enfin, j'en sais rien, est-ce que ça a été jusque-là ? Est-ce que tu vis cet impact, en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, en tout cas, on a eu beaucoup de retours, effectivement, de confrères, et on a eu juste un ou deux retours de confrères qui nous ont dit « Oh, c'est bon, mais vraiment, oui, bon » .

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose de prendre le temps de faire un retour en disant « Bof, ça va loin de faire ça » .

  • Speaker #1

    Oui, mais effectivement, on a eu surtout des retours qui nous disaient « Waouh, je ne réalisais pas et on a déconné » . Mais ce n'est pas juste se dire « ça s'est passé il y a 20 ans » . C'est de se dire, c'est de questionner nos pratiques encore aujourd'hui. Voilà, est-ce qu'on est complètement sûr, c'est la question qu'on m'a très souvent posée, est-ce que ça n'arriverait plus aujourd'hui ? Je ne suis pas sûre. Il y a des choses qui n'arriveraient plus aujourd'hui. Par exemple, les photos dans la presse féminine où on voit juste des photos de ses fesses, ces magazines qui ont publié les photos intimes à l'époque. Il faut se rendre compte qu'elles ont été violentes. Ça, ça n'arriverait plus. En revanche, la manière dont on traite les sportifs et les sportives... Et la réflexion qu'on peut avoir sur leur santé mentale, c'est un terme qui est tout frais. On en a presque marre maintenant d'entendre parler, mais parce que d'un coup, en fait, on a découvert qu'il se passait quelque chose dans leur tête, quoi. Et que c'était aussi notre responsabilité de prendre soin d'eux quand ils ont 17 ans, comme Laure Manodou à l'époque. C'était une enfant, quoi.

  • Speaker #0

    Et le documentaire sur les Bleus, comment c'est venu dans ta vie ? Qu'est-ce que tu avais envie de transmettre aussi comme message ? C'est encore engagé, c'est encore féminin.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est amusant parce qu'on est venu me chercher pour le faire. Au départ, c'était un insight sur cette équipe de France avant qu'elle dispute les Jeux Olympiques. C'était un peu raconter leur aventure. Et en fait, rapidement, ça a pris aussi une couleur qui parlait d'égalité, de tout ça. Parce que dans les échanges avec les filles, En fait, c'est toujours pareil, c'est pas forcer le discours, c'est-à-dire que quand elles racontent ce qu'elles ont pu vivre, tout ça, c'est teinté d'inégalités.

  • Speaker #0

    La précarité, c'est très violent.

  • Speaker #1

    De manière économique, puis après, en plus, on a remis le nez dans les archives, alors là, c'était extraordinaire. Et du coup, ça a pris cette coloration. Le football, c'est un sport... très particuliers en termes d'égalité. Mais ce que j'ai bien aimé, c'est que des championnes de cette équipe de France, comme la meilleure buteuse de l'histoire, Agénie Le Sommer, je trouve qu'elles ont un discours hyper intéressant. Elles ont un discours hyper structuré sur les questions d'inégalité. Et elle aussi, elle le dit. Moi, j'ai envie que ça bouge maintenant. C'était des très belles rencontres. C'était très chouette de les rencontrer, de pouvoir échanger avec elles sur ces thèmes.

  • Speaker #0

    Dans tout ce que tu nous proposes, que ce soit les documentaires, ton livre, il y a cette notion, je trouve, de transmettre aussi, de garder quelque chose. C'est aussi l'idée, quand j'écris ce podcast, c'est d'avoir un support qui peut rester, qu'on peut réécouter, qu'on peut re-regarder, qu'on peut lire. Est-ce que tu as aussi cette notion de transmission, peut-être aussi du côté maman, mais du côté femme aussi, de dire Je laisse en tout cas, mon action, elle se passe aussi par là, de laisser des outils à disposition.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est la force, effectivement, des choses qui restent comme ça. C'est de... Ce que je trouve fort, c'était une amie à moi qui m'avait dit... Quand je lui disais à un moment, je me cherche, je ne sais pas trop ce que je veux, elle m'a dit, je pense que tu as envie d'avoir un impact.

  • Speaker #0

    Ah !

  • Speaker #1

    Et en fait, c'est ça. Et ce que j'essaye de trouver dans mon travail, c'est le fait d'avoir un impact. Et en fait, c'est tellement...

  • Speaker #0

    C'est dingue quand on se rend compte de cet impact. Là, ça a été le cas sur l'or. Sur Devenir Bleu, j'ai eu des témoignages hyper forts. J'ai eu une ancienne joueuse de l'équipe de France qui a près de 70 ans qui m'a dit... J'ai été très émue. Ça m'a fait chrysan. C'était hyper puissant. Elle m'a dit, c'est chouette que tu aies raconté l'histoire de notre sport. Et je me souviens de mon premier documentaire Championne Samer, ça avait été incroyable les retours aussi de sportives. Et notamment avec Ikram Chikesh, ma JRI, à l'époque on avait vraiment fait ça toutes les deux. On avait été hyper émus puisque déjà ça avait fait bouger les choses parce que le ministère des Sports avait pris les choses en main à ce moment-là. Donc on était hyper fiers parce qu'on était allé interviewer la ministre. Ça avait fait véritablement bouger des choses. Et quelques mois après, il y avait une restitution du travail du ministère. Et j'y étais allée et il y avait une sportive qui était venue me voir et qui m'avait dit, alors là, vraiment incroyable, qui m'avait dit, grâce à vous, j'ai eu un enfant. Je dis, waouh ! Mais parce qu'en fait, elle s'était dit, non, mais c'est possible en fait. Et alors là, c'est vraiment le truc le plus puissant qu'on m'ait jamais dit sur un métier alimentaire, évidemment. Mais ouais, c'est ça. C'est des choses qui restent et qui ont un impact. parfois il est tout petit cet impact, peu importe mais c'est chouette en parlant d'impact,

  • Speaker #1

    j'avais envie de juste aborder rapidement ce qui s'est arrivé en 2022 quand tu as annoncé ton cancer je trouve que j'avais envie de parler des posts Instagram que tu avais fait notamment autour de la question du cheveu qui est pas rien, notamment pour une femme et de l'annonce comment tu avais vécu l'annonce et comment les gens peuvent réagir etc Est-ce que tu avais envie, pareil, d'en parler de cette manière-là ? Est-ce que tu avais conscience que tu suivis sur les réseaux, que tu pouvais avoir aussi cet impact ? Parce qu'on n'en parle pas beaucoup de la maladie, non plus encore. Le cancer du sein, on sait que c'est une vraie réalité. Mais rares sont encore les personnes qui parlent aussi de ces choses-là, même du cheveu. Enfin, je veux dire, ce poste, il est hyper puissant. Est-ce que tu avais envie de l'aborder comme ça, sur les réseaux ? Est-ce que c'était un choix ? C'était plus fort que toi ?

  • Speaker #0

    c'était pas réfléchie non il n'y avait pas une grosse réflexion ce qui est sûr c'est que mon premier post je l'ai fait pour moi c'était juste pour pas rester dans cette espèce de situation hyper bizarre où c'était un peu secret c'était très bizarre et c'était ça et puis c'était une femme que j'avais rencontrée du monde du sport qui m'avait dit je serais toi je le dirais parce que moi je ne l'ai pas dit et j'ai souffert d'une forme d'isolement et elle m'avait dit ...

  • Speaker #1

    Elle ajoute, j'imagine.

  • Speaker #0

    Exactement. Elle m'avait dit j'ai pas eu tout le soutien que j'aurais pu avoir et je pense que c'était une erreur. ça a été hyper fort qu'elle me dise ça. Et donc voilà, après j'ai écrit spontanément parce que c'était un moment où j'étais pas perdue, mais il se passait beaucoup de choses dans ma tête et donc j'ai écrit ça spontanément. Et après, j'ai eu envie d'écrire d'autres de petites choses, mais c'était assez décousu de toute façon. C'est partagé quand même.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que encore aujourd'hui, je reçois beaucoup de messages de femmes qui sont en traitement et je leur réponds. Après, mon impact sur cette maladie, je ne l'ai pas encore trouvé et je n'ai pas trouvé encore quoi en faire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as envie de faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu peux avoir vécu ça et pas forcément avoir envie d'avoir un impact. mais

  • Speaker #0

    non je trouve que c'est forcément un truc comme ça on a envie d'en faire quelque chose ne serait-ce que pour qu'il en reste quelque chose de positif voilà mais j'ai pas trouvé j'ai

  • Speaker #1

    pas trouvé entre le livre des documentaires que j'ai en tête ça viendra un jour justement là tu me tends la perche est-ce qu'il y a d'autres idées de documentaires qui ... Et tu peux nous parler ou en tout cas des idées ou des choses que tu aimerais faire ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le problème c'est que là je suis dans une période où j'ai beaucoup trop d'idées dans ma tête et qu'il faut que je les range. Les d'autres j'espère. Oui, bien sûr. Mais non, on travaille sur un projet avec Marie Portolano. Là j'ai commencé à travailler sur un projet sur une jeune sportive qui a envie de faire bouger les lignes dans son sport. Donc ça c'est très très chouette. J'espère qu'on va arriver à aller au bout de ce doc parce que c'est super et qu'elle est super et que j'ai envie de la mettre en valeur. Et voilà, et puis oui, un jour faire peut-être quelque chose autour de la maladie, du sport. Enfin voilà.

  • Speaker #1

    Ok, merci beaucoup. J'ai quelques questions avant de clôturer notre échange dans Elles Agissent. On parle d'action et j'aimerais connaître ta définition d'agir. Ça veut dire quoi pour toi ?

  • Speaker #0

    Waouh, elle est dure cette question.

  • Speaker #1

    Agir,

  • Speaker #0

    agir, agir, agir, agir, c'est se mettre en mouvement. Et c'est déjà beaucoup de se mettre en mouvement, parfois dans la vie. Je trouve que... Tout le monde n'a pas les moyens d'agir et quand on a les moyens d'agir, je pense qu'il faut le faire. Il faut agir pour soi, pour les autres. Agir pour les autres, je pense que c'est quelque chose qu'on ne fait pas assez et qui apporte beaucoup, beaucoup à soi quand on le fait. Donc quand on dit agir, je pense tout de suite à ça, à agir pour les autres. Oui, les aider, les faire rire. Quand on a les moyens de le faire, je crois qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? Alors, pas forcément un domaine qu'on a abordé, ou si, mais quelque chose qui peut tenir à cœur et où tu dis, là, ça ne bouge pas assez.

  • Speaker #0

    Alors, il y a vraiment beaucoup de choses. Puisque, comme je le disais, je suis souvent en colère. Si je devais en choisir, le sport santé, c'est quelque chose qui me met très en colère, que ce ne soit pas plus... mise en avant, privilégiée. Moi, je m'en suis rendue compte quand j'ai été malade d'un cancer. Ça peut vraiment faire la différence. Les études le prouvent et il faut vraiment investir là-dessus.

  • Speaker #1

    Les bienfaits du sport, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Les bienfaits du sport ou de l'activité physique. D'être en action, de se mettre en mouvement. Et ça, il y a encore beaucoup trop de médecins qui sont un peu frileux par rapport à ça. Il y a des associations formidables qui aident les femmes, notamment malades de cancer, à faire du sport et ça leur apporte énormément. Et ce n'est pas déremboursé pour l'instant, ce n'est pas remboursé. Et donc voilà, ça j'aimerais qu'on agisse beaucoup plus. J'ai l'impression que les gens qui décident de tout ça ne se rendent pas compte ou n'ont pas envie de se rendre compte. Et je crois que c'est quelque chose qu'il faudrait vraiment privilégier.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une femme dans ton quotidien ? qui est symbole d'action, qui te donne envie d'agir, qui est une femme elsagiste.

  • Speaker #0

    Ah waouh, il y a beaucoup de femmes qui m'inspirent et qui me donnent envie d'agir. Je ne sais pas où je choisisse. Déjà il y a ma fille, ma fille qui a 9 ans et qui voilà... qui me bousculent forcément. Non, il y a mes amis, mes amis consoeurs journalistes qui font des trucs super chouettes. Christelle Bonnet, Anne-Sophie Bourdet, qui sont des consoeurs de l'équipe, qui font bouger les lignes en faisant des articles sur les règles dans le sport. Voilà, c'est... Et on se stimule entre nous. pour essayer de faire bouger les choses dans notre milieu.

  • Speaker #1

    Et on revient sur le tout début de l'interview avec le collectif féminin.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et tu retrouves là...

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça. Ce n'est finalement pas qu'une femme, c'est des groupes de femmes qui me permettent de bouger, sans parler du soutien et d'armes qu'on peut s'apporter entre nous. Mais c'est aussi le fait qu'on se stimule et qu'on fasse bouger les choses ensemble.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurie. Merci à toi. Merci pour cet échange.

Description

Dans cet épisode, je reçois Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice.


Le sport, c’est ce qui l’a portée dès l’enfance. Et c’est encore ce qui l’anime aujourd’hui.
D’abord avec ses grands-parents, puis avec son équipe de hand, ce collectif qui lui a appris la force du lien.


Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire plus tard. Le journalisme, ce n’était pas une évidence. Et pourtant… dès son premier stage, elle a su : c’était là, sa place.
Depuis, elle n’a plus quitté cette passion.


Dans cet épisode, Laurie revient sur son parcours dans le journalisme de sport, sur les doutes qu’elle n’a pas eus, sur les combats qu’elle mène : pour les femmes, pour l’égalité, pour la transmission.


On parle aussi de ses documentaires engagés, de Laure Manaudou, de l’équipe de France féminine de football, de la maladie, du collectif qu’elle a cofondé, de la force qu’on puise dans l’action.


Et de cette idée, très forte chez elle : se sentir libre. Toujours.


Je vous invite donc à découvrir cet épisode incarné, lumineux, qui questionne autant qu’il inspire.


À écouter dès maintenant sur toutes les plateformes


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Laurie.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Elsa Gis.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Gratuit de t'accueillir. On va retracer ensemble à la fois ton parcours et ton engagement. Et bon, pour te présenter, tu es journaliste, tu as co-écrit le livre Championne, et qui met en avant des portraits de femmes, de sportives. Tu es aussi une figure du journaliste de sport, et maintenant aussi je trouve une voie pour une plus grande représentation du sport. et des femmes, notamment par le biais de tes documentaires, que ce soit Devenir Bleu, ES à la fin, et L'Or, L'Or, L'Or, documentaire sur l'Or Manodou. Et donc j'avais envie de commencer par une première question, d'où t'es venue, d'où vient cette passion pour le sport, qui je pense ne t'a jamais quittée depuis l'enfance, tu parles que tu pratiquais le handball aussi petite. Et puis récemment aussi, tu lui as laissé une place dans ton combat contre le cancer. J'ai lu que le sport avait été aussi une force et quelque chose sur lequel te tenir, t'accrocher. Donc je me demandais, voilà, ce sport dans ta vie, d'où vient-il ? Quelle est sa place et quelle est son importance pour toi ?

  • Speaker #1

    Waouh, c'est une grande importance, oui, effectivement, parce que j'en ai fait mon métier. Alors le sport, je crois que c'est comme pour tout. Tous les passionnés de sport, ça vient de l'enfance. Chez moi, c'est un lien familial, c'est mes parents qui faisaient du sport, c'est aussi beaucoup mes grands-parents, que j'ai toujours la chance d'avoir, qui sont toujours vivants et qui ont toujours mis le sport au centre de leur vie. Et mon grand-père, comme ma grand-mère, des amateurs de sport comme téléspectateurs et comme pratiquants. Donc ils font toujours du sport alors qu'ils ont plus de 90 ans. Donc j'ai pu voir à quel point ça les maintenait en forme, ça les maintenait...

  • Speaker #0

    L'impact, le sport au quotidien.

  • Speaker #1

    Ah ouais, donc ça vient de là. Et puis après, c'est le sport qui m'a permis de vivre plein de premiers moments chouettes dans mon adolescence, parce que ça a été le lien, ça a été mon équipe de hand, donc un lien féminin. C'est au RAND que j'ai fait mes premières conneries aussi.

  • Speaker #0

    Le côté collectif ?

  • Speaker #1

    Oui le côté collectif, le côté on se marre, on fait des trucs, on essaye d'être forte, d'être performante mais aussi on rigole. Donc voilà et puis après j'en ai fait mon métier. Et effectivement oui ça traverse ma vie, ça m'apporte un équilibre. Et voilà, comme tous ceux qui pratiquent du sport savent que ça peut le faire pour eux.

  • Speaker #0

    Tu en as fait ton métier, mais le journalisme n'était pas aussi une évidence que la place du sport, par exemple, dans ta vie. C'est venu après.

  • Speaker #1

    Non, oui, effectivement, je ne savais pas trop. Je suis épatée, moi, des jeunes gens qui savent très tôt ce qu'ils veulent faire. Moi, j'ai eu, comme plein de gens, je pense, plein d'inspiration. J'ai voulu être présidente de la République, j'ai voulu être avocate, j'ai voulu... faire plein de choses et puis le journalisme, je ne sais plus vraiment comment c'est arrivé dans ma tête, mais voilà, je n'étais pas très sûre et puis j'ai fait mon premier stage dans le sport et là, c'est devenu tout de suite une évidence. Je me suis dit, ça y est, c'est bon, je suis à ma place. Et du coup, je ne vais plus bouger de là, je vais rester là.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce truc de se dire, tu as un peu testé aussi, de trouver, comme tu viens de l'expliquer. de voir, finalement ça me plaît, par contre une fois que tu as su que ça te plaisait, tu as eu aussi une espèce de détermination, parce que tu le dis souvent ce mot-là, le bastion masculin, que ce soit dans le sport ou dans le métier de journaliste, surtout autour du sport, etc. Il a fallu aussi s'accrocher à cette place peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Quand on arrive très jeune dans ce milieu, et qu'on est une jeune femme, c'est vraiment pas évident, on questionne tout le temps notre légitimité. Toi ou notre place ? Les autres et du coup forcément soi. Alors c'est normal de questionner toujours sa légitimité. C'est bien de se poser des questions, de douter, mais il ne faut pas que ce soit trop déstabilisant. Et c'est vrai que j'avais ce truc en moi de ne pas trop douter quand même. Ça vient certainement là aussi de mon enfance et de l'amour qu'on m'a porté. Mais oui, non, c'était pas évident et c'est pour ça que j'en ai fait une forme de combat un peu plus tard, cette place des journalistes femmes dans le sport.

  • Speaker #0

    J'avais réécouté des épisodes, des articles et je voyais ce passage à la Formule 1, parce que tu as fait plusieurs sports, tu as présenté plusieurs sports, tu as commenté aussi des sports, etc. Il y a eu ce passage où tu expliquais qu'effectivement ça a été un énorme challenge. Et que, à la fois, c'est... En fait, j'ai l'impression que dans ton parcours, tu y vas, et après, on verra. Après, t'avais l'expérience derrière, etc. Mais le challenge, t'aimes ça, je pense, aussi.

  • Speaker #1

    Oui, sans doute. Après, c'est marrant parce que ça se fait pas de manière aussi... évidente que ça et aussi frontale que ça finalement. Moi, je me suis toujours laissée aussi un peu portée par les choses. Et quand ça me plaisait, comme je le disais, soit j'y restais, soit...

  • Speaker #0

    C'est une force aussi de se laisser porter par les choses. Ce n'est pas évident. Parfois, ça peut être soit angoissant, ou de ne pas avoir de schéma par exemple, et toi te laisser porter. Parce que tu disais que si je suis à ma place, j'y vais à fond. Mais je me laisse porter aussi cette partie-là.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un équilibre à trouver entre se laisser porter et ne pas se laisser imposer des choses qui ne nous correspondent pas. Dans le travail, c'est compliqué. Et moi, comme beaucoup, j'ai toujours un peu surfé sur cette limite-là parce que par moments, quand j'y repense, j'ai présenté des émissions où j'étais habillée très très fille. C'est des choses, par exemple, que... À l'époque, je n'ai pas forcément questionné. Est-ce que ça me correspondait vraiment ? Est-ce que ça me ressemblait ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. Mais voilà, on peut aussi faire des erreurs parfois. C'est une question que tu te poses maintenant,

  • Speaker #0

    avec le recul ?

  • Speaker #1

    Oui, je me suis pas mal posé de questions sur le début de mon parcours, effectivement, avec le recul. Et puis, quand j'ai confondu une association qui s'appelle Femmes Journalistes de Sport, où je me suis dit comment ça s'est passé pour moi. Voilà, qu'est-ce que j'aurais aimé changer ? Parce que c'est le genre de question qu'on se pose toujours aussi. Mais oui, effectivement, je suis une déterminée, mais quand même plutôt cool.

  • Speaker #0

    Il y a cette notion de liberté quand même qui est présente en toi, que ce soit pour le changement de chaîne, le changement de sport ou en tout cas de carrière. Il y a cette notion qui est forte pour toi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, c'est vrai. Oui, c'est vrai, me sentir libre. Alors, c'est à la fois assez facile quand on a les conditions de se sentir libre, quand on est quelqu'un dans la société qui peut se sentir libre. Et c'est mon cas. Je suis une femme blanche d'un milieu plutôt aisé, enfin, pas aisé, mais qui n'a pas de problèmes financiers. Donc, ça ne correspond pas forcément à la réalité de tout le monde. mais J'ai les moyens d'être libre et c'est vraiment important pour moi dans ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle, qu'on ne m'impose pas des choses. Autant j'ai envie de rester quand je suis contente, autant j'ai envie de pouvoir partir quand je ne suis pas contente.

  • Speaker #0

    Et ça c'est important aussi. Tu l'as évoqué là rapidement, la création du collectif, c'est important. Est-ce que c'était une manière pour toi de... de rentrer aussi dans l'action, comme tu viens de nous l'expliquer, avec le recul, ce que tu n'as pas forcément eu comme clé peut-être au départ, ou comme notion de est-ce que c'est normal, comment faire pour mettre plus de femmes en avant dans les médias, de manière générale, mais dans le sport je pense en particulier. Est-ce que c'était une façon de commencer à militer de l'intérieur ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. et c'était... C'était exactement se mettre à agir. C'était vraiment important pour moi. Et c'est quand j'ai commencé à le faire que je me suis rendu compte à quel point c'est quelque chose qui me manquait dans ma vie. J'avais un petit truc à ce moment-là qui me manquait, c'était d'agir, de militer. J'étais souvent en colère. Je suis très souvent en colère d'injustice. Le fait de militer et d'agir. Ça me permet un peu de calmer cette colère, d'avoir l'impression de servir parfois un tout petit peu à quelque chose, même si ce n'est pas facile, même si plein d'actions peuvent amener des tout petits résultats. Mais oui, ça a été ça. Ça a été ce ressenti que j'avais depuis des années, qu'il y avait des choses qui ne me plaisaient pas, qui n'étaient pas normales dans mon milieu.

  • Speaker #0

    Le côté présidente de la République,

  • Speaker #1

    la personne. C'est ça. ce petit côté j'avais un espèce de sentiment diffus de ça me plaît pas et alors j'ai pas agi seule mais on s'est retrouvé à un moment pour se dire oh là là on en a marre pour plein de raisons on a envie d'agir et ça m'a énormément apporté et j'espère qu'on a apporté aussi et qu'est-ce qui permet alors ce collectif ? il a permis dans un premier temps déjà de Merci. poser le sujet, ça c'est vraiment important, de dire en fait il y a... Il n'y a pas, il y a peu, quasiment pas de femmes dans le journalisme de sport et ça n'est pas normal. Ça peut paraître évident maintenant, ça n'était pas du tout à ce moment-là. On a lancé des travaux pour se compter justement, parce que les chiffres c'est vraiment important. Et voilà, après l'idée c'était aussi de juste se soutenir, d'être entre nous, et puis après d'essayer d'agir, de faire du lobbying auprès des... notamment des directeurs et des directrices de rédaction. Donc voilà, je crois que ce que je préfère, c'est le fait de s'unir et de se soutenir. Je pense que ça, c'est le plus fort dans l'expérience.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vois quand même une évolution entre le début de ta carrière et maintenant sur la représentation des femmes dans ce métier ?

  • Speaker #1

    Une évolution relative en fait.

  • Speaker #0

    Ça reste relatif, oui.

  • Speaker #1

    Vraiment parce que ça on s'en est rendu compte très rapidement en discutant avec une sociologue qui bossait sur le sujet depuis quelques années dans différents pays et qui nous a dit en fait l'évolution elle est pas on a un espèce de sentiment aux doigts mouillés qu'il y a une évolution notamment parce qu'on voit plus de femmes dans le sport à la télévision donc il y a quelques personnes très visibles qui donnent l'impression que ça a changé mais elle nous a dit regardez les chiffres en fait ça évolue assez peu et elle nous a dit à ce rythme là ... Peut-être que ça ira un tout petit peu mieux dans 200 ans. Et c'était pas complètement exagéré par rapport aux chiffres. Et donc voilà, quand on vous dit ça, vous vous dites donc moi je serai plus là dans 200 ans, et j'ai envie en fait que ça bouge maintenant. Moi j'ai même pas envie que ça bouge pour les générations à venir, j'ai envie que ça bouge dès à présent. Parce que c'est injuste, et donc voilà, donc l'évolution... Oui, mais vraiment très relative. On voit plus de... Il y a plus de femmes à l'antenne, oui. Mais il faut déjà questionner sur ce que ça veut dire et ce que ça représente. Et puis, moi, ce que je trouve plus important, c'est qu'il y ait plus de femmes qui soient chefs, qui soient derrière en coulisses, mais qui prennent les vraies décisions. Et ça, ça n'a quasiment pas évolué.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est vraiment... La représentation à la fois du combat, on en parle effectivement, mais dans les faits, il y a encore beaucoup de choses à faire et c'est pour ça qu'on dit que rien n'est acquis et qu'effectivement, il ne faut pas arrêter.

  • Speaker #1

    Ça bouge tout doucement parce que quand on essaye de faire bouger quelque chose, c'est partout de paré dans la vie, il y a de la résistance en face. Et puis, ça prend forcément du temps. Donc voilà, ça peut être frustrant. Mais bon, quand le mouvement est lancé, en revanche, je pense que c'est impossible de l'arrêter. Donc voilà, ça c'est positif.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pensais aussi sur ce sujet autour de Marie Portolanos, qu'elle a mis les pieds dans le plat, ou je ne sais pas comment dire, parce qu'elle a été à la fois sur le documentaire, sur son livre, par le biais de son livre. est-ce que tu t'es reconnue dans ce qu'elle a Décris, est-ce que tu as vécu la même chose ? Qu'est-ce que tu as vécu toi par rapport en tant que femme, le sexisme et le travail en fait tout simplement ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on avait même coordonné nos actions avec Marie parce que notre collectif a été lancé le jour du lancement de son documentaire.

  • Speaker #0

    Ah je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Dans lequel j'interviens.

  • Speaker #0

    C'était une volonté.

  • Speaker #1

    Oui, c'était vraiment des actions coordonnées. On avait lancé une tribune. écrit une tribune qui est parue dans le monde le lendemain de son documentaire parce que en fait c'est marrant parce que la première fois que Marie m'a parlé de son doc pour me proposer d'être dedans, je lui ai dit mais personne ne va s'intéresser à ce truc là on s'en fout quoi et voilà donc j'ai vraiment du pif et et j'ai réfléchi...

  • Speaker #0

    alors juste pour revenir là dessus qu'est ce qui te... qu'est ce que tu pensais que ça intéresserait pas les gens de savoir ça ?

  • Speaker #1

    Je me disais, j'avais ce truc quand même de se dire, nous les journalistes, on n'est pas là pour se mettre en avant. Et puis c'est notre petit sujet à nous. Et alors ça n'a pas été le cas parce que c'est... Voilà, moi je suis dans le doc et pendant des mois, et Marie c'est encore le cas aujourd'hui, on m'a dit, oh là là, j'ai pleuré en vous écoutant. J'ai mesuré la portée universelle. le message est qu'à quel point ça a touché les gens et Et voilà. Et ça, c'était plusieurs mois, évidemment, avant que le documentaire sorte, parce que le temps qu'elle le monte, tout ça. Et on a eu des discussions au fur et à mesure avec Marie. Et au fur et à mesure, après, on a commencé à lancer la préparation du collectif. Et je me disais, mais en fait, non, mais c'est un vrai sujet, parce que dès que j'appelais des consoeurs pour leur dire, est-ce que t'auras envie de nous rejoindre pour faire un truc ? Elles me disaient, mais oui, mais à fond. Et voilà. Et je vais répondre aussi à ta question de est-ce que ça m'est arrivé. C'est arrivé à tout le monde. Et quand j'appelais des consoeurs, parfois c'était le cas avec des consoeurs un peu plus âgés, qui me disaient non, non, mais moi ça va. Et j'avais trouvé le truc à chaque fois pour leur dire comment s'est passé ton congé maternité ? Et là,

  • Speaker #0

    par ce pied-là,

  • Speaker #1

    par le sens de réussite, il y a eu un problème. Donc, je crois que c'est le cas dans beaucoup de métiers. Donc oui, c'est arrivé à tout le monde, ne serait-ce que, en fait, et c'est parfois ça le plus terrible, questionner notre légitimité. Ça, c'est à la fois rampant, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à saisir parfois, mais c'est un ressenti qu'on a et c'est quelque chose qui existe vraiment.

  • Speaker #0

    Oui, pour confirmer et faire vraiment un petit aparté, mais elles agissent et plus de 100 interviews de femmes, et je ne pense pas qu'il y en ait une qui ne m'ait pas dit ça, en fait, dans son vécu. C'est pour dire l'ampleur, en fait. Peu importe la manière, il y a toujours eu quand même ce rapport de domination, de dominant-dominé, presque. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Il y a une autre accroche qui concerne toutes les femmes, et ça, on peut s'appuyer sur des chiffres, c'est les différences de salaire. Je crois qu'aujourd'hui, on est passé un petit peu en dessous des 20 %, mais il y a 20 % d'écart de salaire à poste égal. Et ça, c'est pareil. On s'est aperçus en discutant entre nous que de partout, il y avait des écarts de salaire qui étaient totalement injustes.

  • Speaker #0

    Tu disais là que tu avais envie d'agir maintenant, de ne pas attendre. Est-ce que cette volonté d'engagement est venue aussi avec ta maternité, avec la naissance de ta fille ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    je ne l'associe pas à ça.

  • Speaker #1

    Non, je ne l'associe pas à ça. Après... Non, je l'ai apporté en moi. Ça a commencé assez tôt dans mon adolescence par des lectures. Comme beaucoup de personnes, mon engagement est né de lectures féministes qui m'ont fait me poser des questions, qui m'ont fait réinterroger le monde dans lequel je vivais. On dit toujours, une fois qu'on a pris la petite pilule bleue du féminisme et qu'on se dit « mais c'est pas normal » , on ne peut plus jamais... On ne peut plus jamais revenir en arrière. Donc voilà, après, comme beaucoup, la maternité, ça m'a... Par exemple, dans le monde du travail, ça m'a permis de me dire... Je suis une daronne maintenant, déjà, arrêtez de m'emmerder. Et puis, j'ai sorti un enfant de mon corps. Non, mais ça m'a permis, je pense, d'être un peu plus... Ouais, quelque part, quand même, plus affirmée, plus décidée.

  • Speaker #0

    Ça donne de la force peut-être ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est ça. Exactement, oui, ça m'a donné de la force. Je n'aime pas l'idée que ça m'a transformée, parce que ce n'est pas vrai. En plus, j'ai eu mon enfant assez tard. Mais ça m'a donné, oui, une force supplémentaire de savoir ce que je voulais, de savoir ce que je ne voulais plus.

  • Speaker #0

    Et alors maintenant, un bilan un petit peu de la carrière que tu as déjà effectuée et celle que tu as envie de mener par rapport à tout ce qu'on vient d'évoquer. Est-ce que tu es bien là tout de suite ? Alors, on va l'aborder, cette notion de documentaire qui... qui prend de plus en plus de place, j'imagine, en tout cas j'en ai l'impression. Est-ce que c'est une évolution logique pour toi ? Est-ce que c'était quelque chose que tu avais longtemps en tête ? Ou c'est venu aussi, comme tu le disais, au fil de l'eau et tu te laisses porter par ce qui vient à toi peut-être aussi ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est quelque chose qui me faisait envie depuis longtemps. Pendant mes années de présentation, quand j'étais présentatrice à Canal+, je faisais toujours des sujets à côté, j'essayais toujours de trouver des choses pour enrichir mon quotidien parce que... La présentation, ça ne me nourrissait pas assez. Après, évidemment, je ne me suis pas sentie légitime, mais j'ai quand même fait mon premier documentaire chez Canal+, c'était sur la maternité des sportifs de haut niveau, championne de sa mère. Et ça, ça m'a permis de me dire, ok, c'est bon, là je suis alignée, c'est ça que je veux faire. C'était un 26 minutes. Et quand je l'ai eu terminé, avant même que quelqu'un l'ait vu, je me suis dit, moi je suis contente de moi. Je suis contente de ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    C'est fort ça. Et tu étais là à ta place. Oui,

  • Speaker #1

    et dans tout le procès, je me disais, je me sens bien, c'est ça que je veux faire. Donc voilà, à partir de là, ça a été une évidence. Après, c'est pas forcément, on ne devient pas réalisatrice comme ça. Il faut trouver des projets, il faut les vendre. C'est pas évident, mais oui, c'est ce que je veux faire. C'est ce que j'essaye même de faire à 100%, même si je fais encore un petit peu de... De présentation, j'aime bien varier les plaisirs aussi, rencontrer des gens. Je travaille un peu à France Télévisions depuis deux ans, mais je crois que j'y reste aussi en partie puisque j'aime le côté humain, j'aime les gens avec qui je travaille.

  • Speaker #0

    Ça te nourrit aussi peut-être d'idées, de rencontres ?

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et puis, moi, je me dis toujours que j'aime... En général, je ne fais rien plus longtemps que tout. trois ans. J'aime bien avoir des cycles comme ça tourner. Et je me suis rendue compte que ça correspondait à trois ans souvent dans ma vie. J'ai jamais fait les mêmes choses. Je suis restée dix ans à Canal+, mais j'ai jamais fait la même chose. J'aime bien... Découvrir aussi ? Découvrir, je sais pas, que ça change. Sinon, je commence à m'embêter en fait.

  • Speaker #0

    Te challenger aussi ?

  • Speaker #1

    Challenger, c'est peut-être un peu fort parce que je... On peut pas dire que je me challenge énormément. Franchement, je suis pas... Je n'ai pas l'impression de me challenger, mais oui, non, que les choses bougent. Et mon compagnon me dit toujours, au moins ça te permet de ne pas questionner ce que tu as envie de bouger dans ta vie privée.

  • Speaker #0

    En tout cas, tu vas bouger les choses ailleurs et l'action passe par là. Et justement, le documentaire, je te l'ai évoqué rapidement, celui de Laure. Avant de commencer, est-ce que tu peux nous raconter comment tu as eu envie aussi et comment ça s'est passé de mettre en avant le vrai parcours de cette championne ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment, j'ai eu envie d'aligner complètement et de manière évidente mes engagements pour l'égalité dans le sport et un peu plus précisément mon travail. Donc, ça a commencé avec des documentaires sur la maternité des sportifs de haut niveau, mais je ne m'étais pas encore dit... que je voulais faire que ça. Mais à partir de là, je me dis, OK, maintenant, je veux participer activement à travailler à cette égalité en mettant en valeur des profils de sportives. C'était un travail... C'est Guillaume Priou qui m'a produit sur mon premier documentaire. Et là, on l'a réalisé ensemble. Je dis ça parce que c'est aussi des échanges entre nous de se dire, on a envie de... de mettre en valeur des championnes et cette grande championne qu'on connaissait bien parce que c'était une époque qu'on avait vécu tous les deux à l'époque en tant que reporter. Laure, on la connaît et on avait envie de raconter sa carrière, de la mettre en valeur. À la fois, on sentait qu'il y avait des problématiques. Ça, c'est Guillaume très rapidement qui m'a dit 20 ans plus tard, tu vas voir, on va... On va voir les choses complètement différemment. Et post-MeToo, on va lire sa carrière de manière complètement différente. Et effectivement, dès qu'on a commencé à revoir les images, les interviews...

  • Speaker #0

    C'est choquant, même, maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, c'est...

  • Speaker #0

    C'est une claque, aussi, je trouve, ce documentaire, sur tout ça.

  • Speaker #1

    Même nous, ça nous a mis une claque. Vraiment, on s'est dit, waouh. En plus, on s'est dit, on a participé à ça, parce qu'en fait, on était là. Alors on a mis du temps à ce que Laure accepte, mais quand elle a accepté, après, la première interview qu'on a faite, c'était son frère, Florent. Et lui, tout de suite, parce qu'on se disait avec Guillaume qu'il ne fallait pas caler ce que l'on pensait sur les interviews immédiatement, c'est-à-dire que je n'avais pas envie de dire à Florent Madadou, mais vous ne pensez pas qu'elle a été traitée de manière sexiste ? On lui a juste remontré des images. C'est lui, spontanément, qui a dit, on n'aurait jamais traité un homme comme ça. Et c'est ça qui a donné cette couleur à ce documentaire. Voilà, on se rend compte effectivement qu'elle a été maltraitée parce qu'elle était une femme. Et ça a été le cas aussi de Marie-Josée Perrec, pour lequel on a fait... Enfin, Marc Sauvrel, mon confrère, a fait un documentaire aussi en même temps. Enfin, c'est fou.

  • Speaker #0

    On voit aussi des journalistes, notamment une journaliste, j'ai oublié le nom, mais qui même pleure dans le documentaire.

  • Speaker #1

    Isabelle Langer.

  • Speaker #0

    De se rendre compte, j'ai contribué, comme tu viens de le dire, j'ai contribué à ça parce que j'étais dans ce système-là et je ne m'en suis pas forcément rendue compte, etc. C'est toujours cette histoire de l'époque, comment on peut prendre du recul sur tout ça, etc. Et j'avais une question, est-ce que tu as eu d'autres retours, d'autres personnes qui ont vu le documentaire ? Journalistes, peut-être notamment hommes, qui se sont dit, peut-être s'excuser même auprès de l'or ? Enfin, j'en sais rien, est-ce que ça a été jusque-là ? Est-ce que tu vis cet impact, en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, en tout cas, on a eu beaucoup de retours, effectivement, de confrères, et on a eu juste un ou deux retours de confrères qui nous ont dit « Oh, c'est bon, mais vraiment, oui, bon » .

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose de prendre le temps de faire un retour en disant « Bof, ça va loin de faire ça » .

  • Speaker #1

    Oui, mais effectivement, on a eu surtout des retours qui nous disaient « Waouh, je ne réalisais pas et on a déconné » . Mais ce n'est pas juste se dire « ça s'est passé il y a 20 ans » . C'est de se dire, c'est de questionner nos pratiques encore aujourd'hui. Voilà, est-ce qu'on est complètement sûr, c'est la question qu'on m'a très souvent posée, est-ce que ça n'arriverait plus aujourd'hui ? Je ne suis pas sûre. Il y a des choses qui n'arriveraient plus aujourd'hui. Par exemple, les photos dans la presse féminine où on voit juste des photos de ses fesses, ces magazines qui ont publié les photos intimes à l'époque. Il faut se rendre compte qu'elles ont été violentes. Ça, ça n'arriverait plus. En revanche, la manière dont on traite les sportifs et les sportives... Et la réflexion qu'on peut avoir sur leur santé mentale, c'est un terme qui est tout frais. On en a presque marre maintenant d'entendre parler, mais parce que d'un coup, en fait, on a découvert qu'il se passait quelque chose dans leur tête, quoi. Et que c'était aussi notre responsabilité de prendre soin d'eux quand ils ont 17 ans, comme Laure Manodou à l'époque. C'était une enfant, quoi.

  • Speaker #0

    Et le documentaire sur les Bleus, comment c'est venu dans ta vie ? Qu'est-ce que tu avais envie de transmettre aussi comme message ? C'est encore engagé, c'est encore féminin.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est amusant parce qu'on est venu me chercher pour le faire. Au départ, c'était un insight sur cette équipe de France avant qu'elle dispute les Jeux Olympiques. C'était un peu raconter leur aventure. Et en fait, rapidement, ça a pris aussi une couleur qui parlait d'égalité, de tout ça. Parce que dans les échanges avec les filles, En fait, c'est toujours pareil, c'est pas forcer le discours, c'est-à-dire que quand elles racontent ce qu'elles ont pu vivre, tout ça, c'est teinté d'inégalités.

  • Speaker #0

    La précarité, c'est très violent.

  • Speaker #1

    De manière économique, puis après, en plus, on a remis le nez dans les archives, alors là, c'était extraordinaire. Et du coup, ça a pris cette coloration. Le football, c'est un sport... très particuliers en termes d'égalité. Mais ce que j'ai bien aimé, c'est que des championnes de cette équipe de France, comme la meilleure buteuse de l'histoire, Agénie Le Sommer, je trouve qu'elles ont un discours hyper intéressant. Elles ont un discours hyper structuré sur les questions d'inégalité. Et elle aussi, elle le dit. Moi, j'ai envie que ça bouge maintenant. C'était des très belles rencontres. C'était très chouette de les rencontrer, de pouvoir échanger avec elles sur ces thèmes.

  • Speaker #0

    Dans tout ce que tu nous proposes, que ce soit les documentaires, ton livre, il y a cette notion, je trouve, de transmettre aussi, de garder quelque chose. C'est aussi l'idée, quand j'écris ce podcast, c'est d'avoir un support qui peut rester, qu'on peut réécouter, qu'on peut re-regarder, qu'on peut lire. Est-ce que tu as aussi cette notion de transmission, peut-être aussi du côté maman, mais du côté femme aussi, de dire Je laisse en tout cas, mon action, elle se passe aussi par là, de laisser des outils à disposition.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est la force, effectivement, des choses qui restent comme ça. C'est de... Ce que je trouve fort, c'était une amie à moi qui m'avait dit... Quand je lui disais à un moment, je me cherche, je ne sais pas trop ce que je veux, elle m'a dit, je pense que tu as envie d'avoir un impact.

  • Speaker #0

    Ah !

  • Speaker #1

    Et en fait, c'est ça. Et ce que j'essaye de trouver dans mon travail, c'est le fait d'avoir un impact. Et en fait, c'est tellement...

  • Speaker #0

    C'est dingue quand on se rend compte de cet impact. Là, ça a été le cas sur l'or. Sur Devenir Bleu, j'ai eu des témoignages hyper forts. J'ai eu une ancienne joueuse de l'équipe de France qui a près de 70 ans qui m'a dit... J'ai été très émue. Ça m'a fait chrysan. C'était hyper puissant. Elle m'a dit, c'est chouette que tu aies raconté l'histoire de notre sport. Et je me souviens de mon premier documentaire Championne Samer, ça avait été incroyable les retours aussi de sportives. Et notamment avec Ikram Chikesh, ma JRI, à l'époque on avait vraiment fait ça toutes les deux. On avait été hyper émus puisque déjà ça avait fait bouger les choses parce que le ministère des Sports avait pris les choses en main à ce moment-là. Donc on était hyper fiers parce qu'on était allé interviewer la ministre. Ça avait fait véritablement bouger des choses. Et quelques mois après, il y avait une restitution du travail du ministère. Et j'y étais allée et il y avait une sportive qui était venue me voir et qui m'avait dit, alors là, vraiment incroyable, qui m'avait dit, grâce à vous, j'ai eu un enfant. Je dis, waouh ! Mais parce qu'en fait, elle s'était dit, non, mais c'est possible en fait. Et alors là, c'est vraiment le truc le plus puissant qu'on m'ait jamais dit sur un métier alimentaire, évidemment. Mais ouais, c'est ça. C'est des choses qui restent et qui ont un impact. parfois il est tout petit cet impact, peu importe mais c'est chouette en parlant d'impact,

  • Speaker #1

    j'avais envie de juste aborder rapidement ce qui s'est arrivé en 2022 quand tu as annoncé ton cancer je trouve que j'avais envie de parler des posts Instagram que tu avais fait notamment autour de la question du cheveu qui est pas rien, notamment pour une femme et de l'annonce comment tu avais vécu l'annonce et comment les gens peuvent réagir etc Est-ce que tu avais envie, pareil, d'en parler de cette manière-là ? Est-ce que tu avais conscience que tu suivis sur les réseaux, que tu pouvais avoir aussi cet impact ? Parce qu'on n'en parle pas beaucoup de la maladie, non plus encore. Le cancer du sein, on sait que c'est une vraie réalité. Mais rares sont encore les personnes qui parlent aussi de ces choses-là, même du cheveu. Enfin, je veux dire, ce poste, il est hyper puissant. Est-ce que tu avais envie de l'aborder comme ça, sur les réseaux ? Est-ce que c'était un choix ? C'était plus fort que toi ?

  • Speaker #0

    c'était pas réfléchie non il n'y avait pas une grosse réflexion ce qui est sûr c'est que mon premier post je l'ai fait pour moi c'était juste pour pas rester dans cette espèce de situation hyper bizarre où c'était un peu secret c'était très bizarre et c'était ça et puis c'était une femme que j'avais rencontrée du monde du sport qui m'avait dit je serais toi je le dirais parce que moi je ne l'ai pas dit et j'ai souffert d'une forme d'isolement et elle m'avait dit ...

  • Speaker #1

    Elle ajoute, j'imagine.

  • Speaker #0

    Exactement. Elle m'avait dit j'ai pas eu tout le soutien que j'aurais pu avoir et je pense que c'était une erreur. ça a été hyper fort qu'elle me dise ça. Et donc voilà, après j'ai écrit spontanément parce que c'était un moment où j'étais pas perdue, mais il se passait beaucoup de choses dans ma tête et donc j'ai écrit ça spontanément. Et après, j'ai eu envie d'écrire d'autres de petites choses, mais c'était assez décousu de toute façon. C'est partagé quand même.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que encore aujourd'hui, je reçois beaucoup de messages de femmes qui sont en traitement et je leur réponds. Après, mon impact sur cette maladie, je ne l'ai pas encore trouvé et je n'ai pas trouvé encore quoi en faire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as envie de faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu peux avoir vécu ça et pas forcément avoir envie d'avoir un impact. mais

  • Speaker #0

    non je trouve que c'est forcément un truc comme ça on a envie d'en faire quelque chose ne serait-ce que pour qu'il en reste quelque chose de positif voilà mais j'ai pas trouvé j'ai

  • Speaker #1

    pas trouvé entre le livre des documentaires que j'ai en tête ça viendra un jour justement là tu me tends la perche est-ce qu'il y a d'autres idées de documentaires qui ... Et tu peux nous parler ou en tout cas des idées ou des choses que tu aimerais faire ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le problème c'est que là je suis dans une période où j'ai beaucoup trop d'idées dans ma tête et qu'il faut que je les range. Les d'autres j'espère. Oui, bien sûr. Mais non, on travaille sur un projet avec Marie Portolano. Là j'ai commencé à travailler sur un projet sur une jeune sportive qui a envie de faire bouger les lignes dans son sport. Donc ça c'est très très chouette. J'espère qu'on va arriver à aller au bout de ce doc parce que c'est super et qu'elle est super et que j'ai envie de la mettre en valeur. Et voilà, et puis oui, un jour faire peut-être quelque chose autour de la maladie, du sport. Enfin voilà.

  • Speaker #1

    Ok, merci beaucoup. J'ai quelques questions avant de clôturer notre échange dans Elles Agissent. On parle d'action et j'aimerais connaître ta définition d'agir. Ça veut dire quoi pour toi ?

  • Speaker #0

    Waouh, elle est dure cette question.

  • Speaker #1

    Agir,

  • Speaker #0

    agir, agir, agir, agir, c'est se mettre en mouvement. Et c'est déjà beaucoup de se mettre en mouvement, parfois dans la vie. Je trouve que... Tout le monde n'a pas les moyens d'agir et quand on a les moyens d'agir, je pense qu'il faut le faire. Il faut agir pour soi, pour les autres. Agir pour les autres, je pense que c'est quelque chose qu'on ne fait pas assez et qui apporte beaucoup, beaucoup à soi quand on le fait. Donc quand on dit agir, je pense tout de suite à ça, à agir pour les autres. Oui, les aider, les faire rire. Quand on a les moyens de le faire, je crois qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? Alors, pas forcément un domaine qu'on a abordé, ou si, mais quelque chose qui peut tenir à cœur et où tu dis, là, ça ne bouge pas assez.

  • Speaker #0

    Alors, il y a vraiment beaucoup de choses. Puisque, comme je le disais, je suis souvent en colère. Si je devais en choisir, le sport santé, c'est quelque chose qui me met très en colère, que ce ne soit pas plus... mise en avant, privilégiée. Moi, je m'en suis rendue compte quand j'ai été malade d'un cancer. Ça peut vraiment faire la différence. Les études le prouvent et il faut vraiment investir là-dessus.

  • Speaker #1

    Les bienfaits du sport, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Les bienfaits du sport ou de l'activité physique. D'être en action, de se mettre en mouvement. Et ça, il y a encore beaucoup trop de médecins qui sont un peu frileux par rapport à ça. Il y a des associations formidables qui aident les femmes, notamment malades de cancer, à faire du sport et ça leur apporte énormément. Et ce n'est pas déremboursé pour l'instant, ce n'est pas remboursé. Et donc voilà, ça j'aimerais qu'on agisse beaucoup plus. J'ai l'impression que les gens qui décident de tout ça ne se rendent pas compte ou n'ont pas envie de se rendre compte. Et je crois que c'est quelque chose qu'il faudrait vraiment privilégier.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une femme dans ton quotidien ? qui est symbole d'action, qui te donne envie d'agir, qui est une femme elsagiste.

  • Speaker #0

    Ah waouh, il y a beaucoup de femmes qui m'inspirent et qui me donnent envie d'agir. Je ne sais pas où je choisisse. Déjà il y a ma fille, ma fille qui a 9 ans et qui voilà... qui me bousculent forcément. Non, il y a mes amis, mes amis consoeurs journalistes qui font des trucs super chouettes. Christelle Bonnet, Anne-Sophie Bourdet, qui sont des consoeurs de l'équipe, qui font bouger les lignes en faisant des articles sur les règles dans le sport. Voilà, c'est... Et on se stimule entre nous. pour essayer de faire bouger les choses dans notre milieu.

  • Speaker #1

    Et on revient sur le tout début de l'interview avec le collectif féminin.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et tu retrouves là...

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça. Ce n'est finalement pas qu'une femme, c'est des groupes de femmes qui me permettent de bouger, sans parler du soutien et d'armes qu'on peut s'apporter entre nous. Mais c'est aussi le fait qu'on se stimule et qu'on fasse bouger les choses ensemble.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurie. Merci à toi. Merci pour cet échange.

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Description

Dans cet épisode, je reçois Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice.


Le sport, c’est ce qui l’a portée dès l’enfance. Et c’est encore ce qui l’anime aujourd’hui.
D’abord avec ses grands-parents, puis avec son équipe de hand, ce collectif qui lui a appris la force du lien.


Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire plus tard. Le journalisme, ce n’était pas une évidence. Et pourtant… dès son premier stage, elle a su : c’était là, sa place.
Depuis, elle n’a plus quitté cette passion.


Dans cet épisode, Laurie revient sur son parcours dans le journalisme de sport, sur les doutes qu’elle n’a pas eus, sur les combats qu’elle mène : pour les femmes, pour l’égalité, pour la transmission.


On parle aussi de ses documentaires engagés, de Laure Manaudou, de l’équipe de France féminine de football, de la maladie, du collectif qu’elle a cofondé, de la force qu’on puise dans l’action.


Et de cette idée, très forte chez elle : se sentir libre. Toujours.


Je vous invite donc à découvrir cet épisode incarné, lumineux, qui questionne autant qu’il inspire.


À écouter dès maintenant sur toutes les plateformes


#podcast #ellesagissent #lauriedelhostal #journalismesportif #sportfeminin #égalité #agir #impact #documentaire #santémentale #femmesdanslesmedias #liberté #lauremanoudou


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Laurie.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Elsa Gis.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Gratuit de t'accueillir. On va retracer ensemble à la fois ton parcours et ton engagement. Et bon, pour te présenter, tu es journaliste, tu as co-écrit le livre Championne, et qui met en avant des portraits de femmes, de sportives. Tu es aussi une figure du journaliste de sport, et maintenant aussi je trouve une voie pour une plus grande représentation du sport. et des femmes, notamment par le biais de tes documentaires, que ce soit Devenir Bleu, ES à la fin, et L'Or, L'Or, L'Or, documentaire sur l'Or Manodou. Et donc j'avais envie de commencer par une première question, d'où t'es venue, d'où vient cette passion pour le sport, qui je pense ne t'a jamais quittée depuis l'enfance, tu parles que tu pratiquais le handball aussi petite. Et puis récemment aussi, tu lui as laissé une place dans ton combat contre le cancer. J'ai lu que le sport avait été aussi une force et quelque chose sur lequel te tenir, t'accrocher. Donc je me demandais, voilà, ce sport dans ta vie, d'où vient-il ? Quelle est sa place et quelle est son importance pour toi ?

  • Speaker #1

    Waouh, c'est une grande importance, oui, effectivement, parce que j'en ai fait mon métier. Alors le sport, je crois que c'est comme pour tout. Tous les passionnés de sport, ça vient de l'enfance. Chez moi, c'est un lien familial, c'est mes parents qui faisaient du sport, c'est aussi beaucoup mes grands-parents, que j'ai toujours la chance d'avoir, qui sont toujours vivants et qui ont toujours mis le sport au centre de leur vie. Et mon grand-père, comme ma grand-mère, des amateurs de sport comme téléspectateurs et comme pratiquants. Donc ils font toujours du sport alors qu'ils ont plus de 90 ans. Donc j'ai pu voir à quel point ça les maintenait en forme, ça les maintenait...

  • Speaker #0

    L'impact, le sport au quotidien.

  • Speaker #1

    Ah ouais, donc ça vient de là. Et puis après, c'est le sport qui m'a permis de vivre plein de premiers moments chouettes dans mon adolescence, parce que ça a été le lien, ça a été mon équipe de hand, donc un lien féminin. C'est au RAND que j'ai fait mes premières conneries aussi.

  • Speaker #0

    Le côté collectif ?

  • Speaker #1

    Oui le côté collectif, le côté on se marre, on fait des trucs, on essaye d'être forte, d'être performante mais aussi on rigole. Donc voilà et puis après j'en ai fait mon métier. Et effectivement oui ça traverse ma vie, ça m'apporte un équilibre. Et voilà, comme tous ceux qui pratiquent du sport savent que ça peut le faire pour eux.

  • Speaker #0

    Tu en as fait ton métier, mais le journalisme n'était pas aussi une évidence que la place du sport, par exemple, dans ta vie. C'est venu après.

  • Speaker #1

    Non, oui, effectivement, je ne savais pas trop. Je suis épatée, moi, des jeunes gens qui savent très tôt ce qu'ils veulent faire. Moi, j'ai eu, comme plein de gens, je pense, plein d'inspiration. J'ai voulu être présidente de la République, j'ai voulu être avocate, j'ai voulu... faire plein de choses et puis le journalisme, je ne sais plus vraiment comment c'est arrivé dans ma tête, mais voilà, je n'étais pas très sûre et puis j'ai fait mon premier stage dans le sport et là, c'est devenu tout de suite une évidence. Je me suis dit, ça y est, c'est bon, je suis à ma place. Et du coup, je ne vais plus bouger de là, je vais rester là.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce truc de se dire, tu as un peu testé aussi, de trouver, comme tu viens de l'expliquer. de voir, finalement ça me plaît, par contre une fois que tu as su que ça te plaisait, tu as eu aussi une espèce de détermination, parce que tu le dis souvent ce mot-là, le bastion masculin, que ce soit dans le sport ou dans le métier de journaliste, surtout autour du sport, etc. Il a fallu aussi s'accrocher à cette place peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Quand on arrive très jeune dans ce milieu, et qu'on est une jeune femme, c'est vraiment pas évident, on questionne tout le temps notre légitimité. Toi ou notre place ? Les autres et du coup forcément soi. Alors c'est normal de questionner toujours sa légitimité. C'est bien de se poser des questions, de douter, mais il ne faut pas que ce soit trop déstabilisant. Et c'est vrai que j'avais ce truc en moi de ne pas trop douter quand même. Ça vient certainement là aussi de mon enfance et de l'amour qu'on m'a porté. Mais oui, non, c'était pas évident et c'est pour ça que j'en ai fait une forme de combat un peu plus tard, cette place des journalistes femmes dans le sport.

  • Speaker #0

    J'avais réécouté des épisodes, des articles et je voyais ce passage à la Formule 1, parce que tu as fait plusieurs sports, tu as présenté plusieurs sports, tu as commenté aussi des sports, etc. Il y a eu ce passage où tu expliquais qu'effectivement ça a été un énorme challenge. Et que, à la fois, c'est... En fait, j'ai l'impression que dans ton parcours, tu y vas, et après, on verra. Après, t'avais l'expérience derrière, etc. Mais le challenge, t'aimes ça, je pense, aussi.

  • Speaker #1

    Oui, sans doute. Après, c'est marrant parce que ça se fait pas de manière aussi... évidente que ça et aussi frontale que ça finalement. Moi, je me suis toujours laissée aussi un peu portée par les choses. Et quand ça me plaisait, comme je le disais, soit j'y restais, soit...

  • Speaker #0

    C'est une force aussi de se laisser porter par les choses. Ce n'est pas évident. Parfois, ça peut être soit angoissant, ou de ne pas avoir de schéma par exemple, et toi te laisser porter. Parce que tu disais que si je suis à ma place, j'y vais à fond. Mais je me laisse porter aussi cette partie-là.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un équilibre à trouver entre se laisser porter et ne pas se laisser imposer des choses qui ne nous correspondent pas. Dans le travail, c'est compliqué. Et moi, comme beaucoup, j'ai toujours un peu surfé sur cette limite-là parce que par moments, quand j'y repense, j'ai présenté des émissions où j'étais habillée très très fille. C'est des choses, par exemple, que... À l'époque, je n'ai pas forcément questionné. Est-ce que ça me correspondait vraiment ? Est-ce que ça me ressemblait ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. Mais voilà, on peut aussi faire des erreurs parfois. C'est une question que tu te poses maintenant,

  • Speaker #0

    avec le recul ?

  • Speaker #1

    Oui, je me suis pas mal posé de questions sur le début de mon parcours, effectivement, avec le recul. Et puis, quand j'ai confondu une association qui s'appelle Femmes Journalistes de Sport, où je me suis dit comment ça s'est passé pour moi. Voilà, qu'est-ce que j'aurais aimé changer ? Parce que c'est le genre de question qu'on se pose toujours aussi. Mais oui, effectivement, je suis une déterminée, mais quand même plutôt cool.

  • Speaker #0

    Il y a cette notion de liberté quand même qui est présente en toi, que ce soit pour le changement de chaîne, le changement de sport ou en tout cas de carrière. Il y a cette notion qui est forte pour toi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, c'est vrai. Oui, c'est vrai, me sentir libre. Alors, c'est à la fois assez facile quand on a les conditions de se sentir libre, quand on est quelqu'un dans la société qui peut se sentir libre. Et c'est mon cas. Je suis une femme blanche d'un milieu plutôt aisé, enfin, pas aisé, mais qui n'a pas de problèmes financiers. Donc, ça ne correspond pas forcément à la réalité de tout le monde. mais J'ai les moyens d'être libre et c'est vraiment important pour moi dans ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle, qu'on ne m'impose pas des choses. Autant j'ai envie de rester quand je suis contente, autant j'ai envie de pouvoir partir quand je ne suis pas contente.

  • Speaker #0

    Et ça c'est important aussi. Tu l'as évoqué là rapidement, la création du collectif, c'est important. Est-ce que c'était une manière pour toi de... de rentrer aussi dans l'action, comme tu viens de nous l'expliquer, avec le recul, ce que tu n'as pas forcément eu comme clé peut-être au départ, ou comme notion de est-ce que c'est normal, comment faire pour mettre plus de femmes en avant dans les médias, de manière générale, mais dans le sport je pense en particulier. Est-ce que c'était une façon de commencer à militer de l'intérieur ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. et c'était... C'était exactement se mettre à agir. C'était vraiment important pour moi. Et c'est quand j'ai commencé à le faire que je me suis rendu compte à quel point c'est quelque chose qui me manquait dans ma vie. J'avais un petit truc à ce moment-là qui me manquait, c'était d'agir, de militer. J'étais souvent en colère. Je suis très souvent en colère d'injustice. Le fait de militer et d'agir. Ça me permet un peu de calmer cette colère, d'avoir l'impression de servir parfois un tout petit peu à quelque chose, même si ce n'est pas facile, même si plein d'actions peuvent amener des tout petits résultats. Mais oui, ça a été ça. Ça a été ce ressenti que j'avais depuis des années, qu'il y avait des choses qui ne me plaisaient pas, qui n'étaient pas normales dans mon milieu.

  • Speaker #0

    Le côté présidente de la République,

  • Speaker #1

    la personne. C'est ça. ce petit côté j'avais un espèce de sentiment diffus de ça me plaît pas et alors j'ai pas agi seule mais on s'est retrouvé à un moment pour se dire oh là là on en a marre pour plein de raisons on a envie d'agir et ça m'a énormément apporté et j'espère qu'on a apporté aussi et qu'est-ce qui permet alors ce collectif ? il a permis dans un premier temps déjà de Merci. poser le sujet, ça c'est vraiment important, de dire en fait il y a... Il n'y a pas, il y a peu, quasiment pas de femmes dans le journalisme de sport et ça n'est pas normal. Ça peut paraître évident maintenant, ça n'était pas du tout à ce moment-là. On a lancé des travaux pour se compter justement, parce que les chiffres c'est vraiment important. Et voilà, après l'idée c'était aussi de juste se soutenir, d'être entre nous, et puis après d'essayer d'agir, de faire du lobbying auprès des... notamment des directeurs et des directrices de rédaction. Donc voilà, je crois que ce que je préfère, c'est le fait de s'unir et de se soutenir. Je pense que ça, c'est le plus fort dans l'expérience.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vois quand même une évolution entre le début de ta carrière et maintenant sur la représentation des femmes dans ce métier ?

  • Speaker #1

    Une évolution relative en fait.

  • Speaker #0

    Ça reste relatif, oui.

  • Speaker #1

    Vraiment parce que ça on s'en est rendu compte très rapidement en discutant avec une sociologue qui bossait sur le sujet depuis quelques années dans différents pays et qui nous a dit en fait l'évolution elle est pas on a un espèce de sentiment aux doigts mouillés qu'il y a une évolution notamment parce qu'on voit plus de femmes dans le sport à la télévision donc il y a quelques personnes très visibles qui donnent l'impression que ça a changé mais elle nous a dit regardez les chiffres en fait ça évolue assez peu et elle nous a dit à ce rythme là ... Peut-être que ça ira un tout petit peu mieux dans 200 ans. Et c'était pas complètement exagéré par rapport aux chiffres. Et donc voilà, quand on vous dit ça, vous vous dites donc moi je serai plus là dans 200 ans, et j'ai envie en fait que ça bouge maintenant. Moi j'ai même pas envie que ça bouge pour les générations à venir, j'ai envie que ça bouge dès à présent. Parce que c'est injuste, et donc voilà, donc l'évolution... Oui, mais vraiment très relative. On voit plus de... Il y a plus de femmes à l'antenne, oui. Mais il faut déjà questionner sur ce que ça veut dire et ce que ça représente. Et puis, moi, ce que je trouve plus important, c'est qu'il y ait plus de femmes qui soient chefs, qui soient derrière en coulisses, mais qui prennent les vraies décisions. Et ça, ça n'a quasiment pas évolué.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est vraiment... La représentation à la fois du combat, on en parle effectivement, mais dans les faits, il y a encore beaucoup de choses à faire et c'est pour ça qu'on dit que rien n'est acquis et qu'effectivement, il ne faut pas arrêter.

  • Speaker #1

    Ça bouge tout doucement parce que quand on essaye de faire bouger quelque chose, c'est partout de paré dans la vie, il y a de la résistance en face. Et puis, ça prend forcément du temps. Donc voilà, ça peut être frustrant. Mais bon, quand le mouvement est lancé, en revanche, je pense que c'est impossible de l'arrêter. Donc voilà, ça c'est positif.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pensais aussi sur ce sujet autour de Marie Portolanos, qu'elle a mis les pieds dans le plat, ou je ne sais pas comment dire, parce qu'elle a été à la fois sur le documentaire, sur son livre, par le biais de son livre. est-ce que tu t'es reconnue dans ce qu'elle a Décris, est-ce que tu as vécu la même chose ? Qu'est-ce que tu as vécu toi par rapport en tant que femme, le sexisme et le travail en fait tout simplement ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on avait même coordonné nos actions avec Marie parce que notre collectif a été lancé le jour du lancement de son documentaire.

  • Speaker #0

    Ah je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Dans lequel j'interviens.

  • Speaker #0

    C'était une volonté.

  • Speaker #1

    Oui, c'était vraiment des actions coordonnées. On avait lancé une tribune. écrit une tribune qui est parue dans le monde le lendemain de son documentaire parce que en fait c'est marrant parce que la première fois que Marie m'a parlé de son doc pour me proposer d'être dedans, je lui ai dit mais personne ne va s'intéresser à ce truc là on s'en fout quoi et voilà donc j'ai vraiment du pif et et j'ai réfléchi...

  • Speaker #0

    alors juste pour revenir là dessus qu'est ce qui te... qu'est ce que tu pensais que ça intéresserait pas les gens de savoir ça ?

  • Speaker #1

    Je me disais, j'avais ce truc quand même de se dire, nous les journalistes, on n'est pas là pour se mettre en avant. Et puis c'est notre petit sujet à nous. Et alors ça n'a pas été le cas parce que c'est... Voilà, moi je suis dans le doc et pendant des mois, et Marie c'est encore le cas aujourd'hui, on m'a dit, oh là là, j'ai pleuré en vous écoutant. J'ai mesuré la portée universelle. le message est qu'à quel point ça a touché les gens et Et voilà. Et ça, c'était plusieurs mois, évidemment, avant que le documentaire sorte, parce que le temps qu'elle le monte, tout ça. Et on a eu des discussions au fur et à mesure avec Marie. Et au fur et à mesure, après, on a commencé à lancer la préparation du collectif. Et je me disais, mais en fait, non, mais c'est un vrai sujet, parce que dès que j'appelais des consoeurs pour leur dire, est-ce que t'auras envie de nous rejoindre pour faire un truc ? Elles me disaient, mais oui, mais à fond. Et voilà. Et je vais répondre aussi à ta question de est-ce que ça m'est arrivé. C'est arrivé à tout le monde. Et quand j'appelais des consoeurs, parfois c'était le cas avec des consoeurs un peu plus âgés, qui me disaient non, non, mais moi ça va. Et j'avais trouvé le truc à chaque fois pour leur dire comment s'est passé ton congé maternité ? Et là,

  • Speaker #0

    par ce pied-là,

  • Speaker #1

    par le sens de réussite, il y a eu un problème. Donc, je crois que c'est le cas dans beaucoup de métiers. Donc oui, c'est arrivé à tout le monde, ne serait-ce que, en fait, et c'est parfois ça le plus terrible, questionner notre légitimité. Ça, c'est à la fois rampant, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à saisir parfois, mais c'est un ressenti qu'on a et c'est quelque chose qui existe vraiment.

  • Speaker #0

    Oui, pour confirmer et faire vraiment un petit aparté, mais elles agissent et plus de 100 interviews de femmes, et je ne pense pas qu'il y en ait une qui ne m'ait pas dit ça, en fait, dans son vécu. C'est pour dire l'ampleur, en fait. Peu importe la manière, il y a toujours eu quand même ce rapport de domination, de dominant-dominé, presque. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Il y a une autre accroche qui concerne toutes les femmes, et ça, on peut s'appuyer sur des chiffres, c'est les différences de salaire. Je crois qu'aujourd'hui, on est passé un petit peu en dessous des 20 %, mais il y a 20 % d'écart de salaire à poste égal. Et ça, c'est pareil. On s'est aperçus en discutant entre nous que de partout, il y avait des écarts de salaire qui étaient totalement injustes.

  • Speaker #0

    Tu disais là que tu avais envie d'agir maintenant, de ne pas attendre. Est-ce que cette volonté d'engagement est venue aussi avec ta maternité, avec la naissance de ta fille ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    je ne l'associe pas à ça.

  • Speaker #1

    Non, je ne l'associe pas à ça. Après... Non, je l'ai apporté en moi. Ça a commencé assez tôt dans mon adolescence par des lectures. Comme beaucoup de personnes, mon engagement est né de lectures féministes qui m'ont fait me poser des questions, qui m'ont fait réinterroger le monde dans lequel je vivais. On dit toujours, une fois qu'on a pris la petite pilule bleue du féminisme et qu'on se dit « mais c'est pas normal » , on ne peut plus jamais... On ne peut plus jamais revenir en arrière. Donc voilà, après, comme beaucoup, la maternité, ça m'a... Par exemple, dans le monde du travail, ça m'a permis de me dire... Je suis une daronne maintenant, déjà, arrêtez de m'emmerder. Et puis, j'ai sorti un enfant de mon corps. Non, mais ça m'a permis, je pense, d'être un peu plus... Ouais, quelque part, quand même, plus affirmée, plus décidée.

  • Speaker #0

    Ça donne de la force peut-être ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est ça. Exactement, oui, ça m'a donné de la force. Je n'aime pas l'idée que ça m'a transformée, parce que ce n'est pas vrai. En plus, j'ai eu mon enfant assez tard. Mais ça m'a donné, oui, une force supplémentaire de savoir ce que je voulais, de savoir ce que je ne voulais plus.

  • Speaker #0

    Et alors maintenant, un bilan un petit peu de la carrière que tu as déjà effectuée et celle que tu as envie de mener par rapport à tout ce qu'on vient d'évoquer. Est-ce que tu es bien là tout de suite ? Alors, on va l'aborder, cette notion de documentaire qui... qui prend de plus en plus de place, j'imagine, en tout cas j'en ai l'impression. Est-ce que c'est une évolution logique pour toi ? Est-ce que c'était quelque chose que tu avais longtemps en tête ? Ou c'est venu aussi, comme tu le disais, au fil de l'eau et tu te laisses porter par ce qui vient à toi peut-être aussi ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est quelque chose qui me faisait envie depuis longtemps. Pendant mes années de présentation, quand j'étais présentatrice à Canal+, je faisais toujours des sujets à côté, j'essayais toujours de trouver des choses pour enrichir mon quotidien parce que... La présentation, ça ne me nourrissait pas assez. Après, évidemment, je ne me suis pas sentie légitime, mais j'ai quand même fait mon premier documentaire chez Canal+, c'était sur la maternité des sportifs de haut niveau, championne de sa mère. Et ça, ça m'a permis de me dire, ok, c'est bon, là je suis alignée, c'est ça que je veux faire. C'était un 26 minutes. Et quand je l'ai eu terminé, avant même que quelqu'un l'ait vu, je me suis dit, moi je suis contente de moi. Je suis contente de ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    C'est fort ça. Et tu étais là à ta place. Oui,

  • Speaker #1

    et dans tout le procès, je me disais, je me sens bien, c'est ça que je veux faire. Donc voilà, à partir de là, ça a été une évidence. Après, c'est pas forcément, on ne devient pas réalisatrice comme ça. Il faut trouver des projets, il faut les vendre. C'est pas évident, mais oui, c'est ce que je veux faire. C'est ce que j'essaye même de faire à 100%, même si je fais encore un petit peu de... De présentation, j'aime bien varier les plaisirs aussi, rencontrer des gens. Je travaille un peu à France Télévisions depuis deux ans, mais je crois que j'y reste aussi en partie puisque j'aime le côté humain, j'aime les gens avec qui je travaille.

  • Speaker #0

    Ça te nourrit aussi peut-être d'idées, de rencontres ?

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et puis, moi, je me dis toujours que j'aime... En général, je ne fais rien plus longtemps que tout. trois ans. J'aime bien avoir des cycles comme ça tourner. Et je me suis rendue compte que ça correspondait à trois ans souvent dans ma vie. J'ai jamais fait les mêmes choses. Je suis restée dix ans à Canal+, mais j'ai jamais fait la même chose. J'aime bien... Découvrir aussi ? Découvrir, je sais pas, que ça change. Sinon, je commence à m'embêter en fait.

  • Speaker #0

    Te challenger aussi ?

  • Speaker #1

    Challenger, c'est peut-être un peu fort parce que je... On peut pas dire que je me challenge énormément. Franchement, je suis pas... Je n'ai pas l'impression de me challenger, mais oui, non, que les choses bougent. Et mon compagnon me dit toujours, au moins ça te permet de ne pas questionner ce que tu as envie de bouger dans ta vie privée.

  • Speaker #0

    En tout cas, tu vas bouger les choses ailleurs et l'action passe par là. Et justement, le documentaire, je te l'ai évoqué rapidement, celui de Laure. Avant de commencer, est-ce que tu peux nous raconter comment tu as eu envie aussi et comment ça s'est passé de mettre en avant le vrai parcours de cette championne ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment, j'ai eu envie d'aligner complètement et de manière évidente mes engagements pour l'égalité dans le sport et un peu plus précisément mon travail. Donc, ça a commencé avec des documentaires sur la maternité des sportifs de haut niveau, mais je ne m'étais pas encore dit... que je voulais faire que ça. Mais à partir de là, je me dis, OK, maintenant, je veux participer activement à travailler à cette égalité en mettant en valeur des profils de sportives. C'était un travail... C'est Guillaume Priou qui m'a produit sur mon premier documentaire. Et là, on l'a réalisé ensemble. Je dis ça parce que c'est aussi des échanges entre nous de se dire, on a envie de... de mettre en valeur des championnes et cette grande championne qu'on connaissait bien parce que c'était une époque qu'on avait vécu tous les deux à l'époque en tant que reporter. Laure, on la connaît et on avait envie de raconter sa carrière, de la mettre en valeur. À la fois, on sentait qu'il y avait des problématiques. Ça, c'est Guillaume très rapidement qui m'a dit 20 ans plus tard, tu vas voir, on va... On va voir les choses complètement différemment. Et post-MeToo, on va lire sa carrière de manière complètement différente. Et effectivement, dès qu'on a commencé à revoir les images, les interviews...

  • Speaker #0

    C'est choquant, même, maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, c'est...

  • Speaker #0

    C'est une claque, aussi, je trouve, ce documentaire, sur tout ça.

  • Speaker #1

    Même nous, ça nous a mis une claque. Vraiment, on s'est dit, waouh. En plus, on s'est dit, on a participé à ça, parce qu'en fait, on était là. Alors on a mis du temps à ce que Laure accepte, mais quand elle a accepté, après, la première interview qu'on a faite, c'était son frère, Florent. Et lui, tout de suite, parce qu'on se disait avec Guillaume qu'il ne fallait pas caler ce que l'on pensait sur les interviews immédiatement, c'est-à-dire que je n'avais pas envie de dire à Florent Madadou, mais vous ne pensez pas qu'elle a été traitée de manière sexiste ? On lui a juste remontré des images. C'est lui, spontanément, qui a dit, on n'aurait jamais traité un homme comme ça. Et c'est ça qui a donné cette couleur à ce documentaire. Voilà, on se rend compte effectivement qu'elle a été maltraitée parce qu'elle était une femme. Et ça a été le cas aussi de Marie-Josée Perrec, pour lequel on a fait... Enfin, Marc Sauvrel, mon confrère, a fait un documentaire aussi en même temps. Enfin, c'est fou.

  • Speaker #0

    On voit aussi des journalistes, notamment une journaliste, j'ai oublié le nom, mais qui même pleure dans le documentaire.

  • Speaker #1

    Isabelle Langer.

  • Speaker #0

    De se rendre compte, j'ai contribué, comme tu viens de le dire, j'ai contribué à ça parce que j'étais dans ce système-là et je ne m'en suis pas forcément rendue compte, etc. C'est toujours cette histoire de l'époque, comment on peut prendre du recul sur tout ça, etc. Et j'avais une question, est-ce que tu as eu d'autres retours, d'autres personnes qui ont vu le documentaire ? Journalistes, peut-être notamment hommes, qui se sont dit, peut-être s'excuser même auprès de l'or ? Enfin, j'en sais rien, est-ce que ça a été jusque-là ? Est-ce que tu vis cet impact, en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, en tout cas, on a eu beaucoup de retours, effectivement, de confrères, et on a eu juste un ou deux retours de confrères qui nous ont dit « Oh, c'est bon, mais vraiment, oui, bon » .

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose de prendre le temps de faire un retour en disant « Bof, ça va loin de faire ça » .

  • Speaker #1

    Oui, mais effectivement, on a eu surtout des retours qui nous disaient « Waouh, je ne réalisais pas et on a déconné » . Mais ce n'est pas juste se dire « ça s'est passé il y a 20 ans » . C'est de se dire, c'est de questionner nos pratiques encore aujourd'hui. Voilà, est-ce qu'on est complètement sûr, c'est la question qu'on m'a très souvent posée, est-ce que ça n'arriverait plus aujourd'hui ? Je ne suis pas sûre. Il y a des choses qui n'arriveraient plus aujourd'hui. Par exemple, les photos dans la presse féminine où on voit juste des photos de ses fesses, ces magazines qui ont publié les photos intimes à l'époque. Il faut se rendre compte qu'elles ont été violentes. Ça, ça n'arriverait plus. En revanche, la manière dont on traite les sportifs et les sportives... Et la réflexion qu'on peut avoir sur leur santé mentale, c'est un terme qui est tout frais. On en a presque marre maintenant d'entendre parler, mais parce que d'un coup, en fait, on a découvert qu'il se passait quelque chose dans leur tête, quoi. Et que c'était aussi notre responsabilité de prendre soin d'eux quand ils ont 17 ans, comme Laure Manodou à l'époque. C'était une enfant, quoi.

  • Speaker #0

    Et le documentaire sur les Bleus, comment c'est venu dans ta vie ? Qu'est-ce que tu avais envie de transmettre aussi comme message ? C'est encore engagé, c'est encore féminin.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est amusant parce qu'on est venu me chercher pour le faire. Au départ, c'était un insight sur cette équipe de France avant qu'elle dispute les Jeux Olympiques. C'était un peu raconter leur aventure. Et en fait, rapidement, ça a pris aussi une couleur qui parlait d'égalité, de tout ça. Parce que dans les échanges avec les filles, En fait, c'est toujours pareil, c'est pas forcer le discours, c'est-à-dire que quand elles racontent ce qu'elles ont pu vivre, tout ça, c'est teinté d'inégalités.

  • Speaker #0

    La précarité, c'est très violent.

  • Speaker #1

    De manière économique, puis après, en plus, on a remis le nez dans les archives, alors là, c'était extraordinaire. Et du coup, ça a pris cette coloration. Le football, c'est un sport... très particuliers en termes d'égalité. Mais ce que j'ai bien aimé, c'est que des championnes de cette équipe de France, comme la meilleure buteuse de l'histoire, Agénie Le Sommer, je trouve qu'elles ont un discours hyper intéressant. Elles ont un discours hyper structuré sur les questions d'inégalité. Et elle aussi, elle le dit. Moi, j'ai envie que ça bouge maintenant. C'était des très belles rencontres. C'était très chouette de les rencontrer, de pouvoir échanger avec elles sur ces thèmes.

  • Speaker #0

    Dans tout ce que tu nous proposes, que ce soit les documentaires, ton livre, il y a cette notion, je trouve, de transmettre aussi, de garder quelque chose. C'est aussi l'idée, quand j'écris ce podcast, c'est d'avoir un support qui peut rester, qu'on peut réécouter, qu'on peut re-regarder, qu'on peut lire. Est-ce que tu as aussi cette notion de transmission, peut-être aussi du côté maman, mais du côté femme aussi, de dire Je laisse en tout cas, mon action, elle se passe aussi par là, de laisser des outils à disposition.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est la force, effectivement, des choses qui restent comme ça. C'est de... Ce que je trouve fort, c'était une amie à moi qui m'avait dit... Quand je lui disais à un moment, je me cherche, je ne sais pas trop ce que je veux, elle m'a dit, je pense que tu as envie d'avoir un impact.

  • Speaker #0

    Ah !

  • Speaker #1

    Et en fait, c'est ça. Et ce que j'essaye de trouver dans mon travail, c'est le fait d'avoir un impact. Et en fait, c'est tellement...

  • Speaker #0

    C'est dingue quand on se rend compte de cet impact. Là, ça a été le cas sur l'or. Sur Devenir Bleu, j'ai eu des témoignages hyper forts. J'ai eu une ancienne joueuse de l'équipe de France qui a près de 70 ans qui m'a dit... J'ai été très émue. Ça m'a fait chrysan. C'était hyper puissant. Elle m'a dit, c'est chouette que tu aies raconté l'histoire de notre sport. Et je me souviens de mon premier documentaire Championne Samer, ça avait été incroyable les retours aussi de sportives. Et notamment avec Ikram Chikesh, ma JRI, à l'époque on avait vraiment fait ça toutes les deux. On avait été hyper émus puisque déjà ça avait fait bouger les choses parce que le ministère des Sports avait pris les choses en main à ce moment-là. Donc on était hyper fiers parce qu'on était allé interviewer la ministre. Ça avait fait véritablement bouger des choses. Et quelques mois après, il y avait une restitution du travail du ministère. Et j'y étais allée et il y avait une sportive qui était venue me voir et qui m'avait dit, alors là, vraiment incroyable, qui m'avait dit, grâce à vous, j'ai eu un enfant. Je dis, waouh ! Mais parce qu'en fait, elle s'était dit, non, mais c'est possible en fait. Et alors là, c'est vraiment le truc le plus puissant qu'on m'ait jamais dit sur un métier alimentaire, évidemment. Mais ouais, c'est ça. C'est des choses qui restent et qui ont un impact. parfois il est tout petit cet impact, peu importe mais c'est chouette en parlant d'impact,

  • Speaker #1

    j'avais envie de juste aborder rapidement ce qui s'est arrivé en 2022 quand tu as annoncé ton cancer je trouve que j'avais envie de parler des posts Instagram que tu avais fait notamment autour de la question du cheveu qui est pas rien, notamment pour une femme et de l'annonce comment tu avais vécu l'annonce et comment les gens peuvent réagir etc Est-ce que tu avais envie, pareil, d'en parler de cette manière-là ? Est-ce que tu avais conscience que tu suivis sur les réseaux, que tu pouvais avoir aussi cet impact ? Parce qu'on n'en parle pas beaucoup de la maladie, non plus encore. Le cancer du sein, on sait que c'est une vraie réalité. Mais rares sont encore les personnes qui parlent aussi de ces choses-là, même du cheveu. Enfin, je veux dire, ce poste, il est hyper puissant. Est-ce que tu avais envie de l'aborder comme ça, sur les réseaux ? Est-ce que c'était un choix ? C'était plus fort que toi ?

  • Speaker #0

    c'était pas réfléchie non il n'y avait pas une grosse réflexion ce qui est sûr c'est que mon premier post je l'ai fait pour moi c'était juste pour pas rester dans cette espèce de situation hyper bizarre où c'était un peu secret c'était très bizarre et c'était ça et puis c'était une femme que j'avais rencontrée du monde du sport qui m'avait dit je serais toi je le dirais parce que moi je ne l'ai pas dit et j'ai souffert d'une forme d'isolement et elle m'avait dit ...

  • Speaker #1

    Elle ajoute, j'imagine.

  • Speaker #0

    Exactement. Elle m'avait dit j'ai pas eu tout le soutien que j'aurais pu avoir et je pense que c'était une erreur. ça a été hyper fort qu'elle me dise ça. Et donc voilà, après j'ai écrit spontanément parce que c'était un moment où j'étais pas perdue, mais il se passait beaucoup de choses dans ma tête et donc j'ai écrit ça spontanément. Et après, j'ai eu envie d'écrire d'autres de petites choses, mais c'était assez décousu de toute façon. C'est partagé quand même.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que encore aujourd'hui, je reçois beaucoup de messages de femmes qui sont en traitement et je leur réponds. Après, mon impact sur cette maladie, je ne l'ai pas encore trouvé et je n'ai pas trouvé encore quoi en faire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as envie de faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu peux avoir vécu ça et pas forcément avoir envie d'avoir un impact. mais

  • Speaker #0

    non je trouve que c'est forcément un truc comme ça on a envie d'en faire quelque chose ne serait-ce que pour qu'il en reste quelque chose de positif voilà mais j'ai pas trouvé j'ai

  • Speaker #1

    pas trouvé entre le livre des documentaires que j'ai en tête ça viendra un jour justement là tu me tends la perche est-ce qu'il y a d'autres idées de documentaires qui ... Et tu peux nous parler ou en tout cas des idées ou des choses que tu aimerais faire ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le problème c'est que là je suis dans une période où j'ai beaucoup trop d'idées dans ma tête et qu'il faut que je les range. Les d'autres j'espère. Oui, bien sûr. Mais non, on travaille sur un projet avec Marie Portolano. Là j'ai commencé à travailler sur un projet sur une jeune sportive qui a envie de faire bouger les lignes dans son sport. Donc ça c'est très très chouette. J'espère qu'on va arriver à aller au bout de ce doc parce que c'est super et qu'elle est super et que j'ai envie de la mettre en valeur. Et voilà, et puis oui, un jour faire peut-être quelque chose autour de la maladie, du sport. Enfin voilà.

  • Speaker #1

    Ok, merci beaucoup. J'ai quelques questions avant de clôturer notre échange dans Elles Agissent. On parle d'action et j'aimerais connaître ta définition d'agir. Ça veut dire quoi pour toi ?

  • Speaker #0

    Waouh, elle est dure cette question.

  • Speaker #1

    Agir,

  • Speaker #0

    agir, agir, agir, agir, c'est se mettre en mouvement. Et c'est déjà beaucoup de se mettre en mouvement, parfois dans la vie. Je trouve que... Tout le monde n'a pas les moyens d'agir et quand on a les moyens d'agir, je pense qu'il faut le faire. Il faut agir pour soi, pour les autres. Agir pour les autres, je pense que c'est quelque chose qu'on ne fait pas assez et qui apporte beaucoup, beaucoup à soi quand on le fait. Donc quand on dit agir, je pense tout de suite à ça, à agir pour les autres. Oui, les aider, les faire rire. Quand on a les moyens de le faire, je crois qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? Alors, pas forcément un domaine qu'on a abordé, ou si, mais quelque chose qui peut tenir à cœur et où tu dis, là, ça ne bouge pas assez.

  • Speaker #0

    Alors, il y a vraiment beaucoup de choses. Puisque, comme je le disais, je suis souvent en colère. Si je devais en choisir, le sport santé, c'est quelque chose qui me met très en colère, que ce ne soit pas plus... mise en avant, privilégiée. Moi, je m'en suis rendue compte quand j'ai été malade d'un cancer. Ça peut vraiment faire la différence. Les études le prouvent et il faut vraiment investir là-dessus.

  • Speaker #1

    Les bienfaits du sport, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Les bienfaits du sport ou de l'activité physique. D'être en action, de se mettre en mouvement. Et ça, il y a encore beaucoup trop de médecins qui sont un peu frileux par rapport à ça. Il y a des associations formidables qui aident les femmes, notamment malades de cancer, à faire du sport et ça leur apporte énormément. Et ce n'est pas déremboursé pour l'instant, ce n'est pas remboursé. Et donc voilà, ça j'aimerais qu'on agisse beaucoup plus. J'ai l'impression que les gens qui décident de tout ça ne se rendent pas compte ou n'ont pas envie de se rendre compte. Et je crois que c'est quelque chose qu'il faudrait vraiment privilégier.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une femme dans ton quotidien ? qui est symbole d'action, qui te donne envie d'agir, qui est une femme elsagiste.

  • Speaker #0

    Ah waouh, il y a beaucoup de femmes qui m'inspirent et qui me donnent envie d'agir. Je ne sais pas où je choisisse. Déjà il y a ma fille, ma fille qui a 9 ans et qui voilà... qui me bousculent forcément. Non, il y a mes amis, mes amis consoeurs journalistes qui font des trucs super chouettes. Christelle Bonnet, Anne-Sophie Bourdet, qui sont des consoeurs de l'équipe, qui font bouger les lignes en faisant des articles sur les règles dans le sport. Voilà, c'est... Et on se stimule entre nous. pour essayer de faire bouger les choses dans notre milieu.

  • Speaker #1

    Et on revient sur le tout début de l'interview avec le collectif féminin.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et tu retrouves là...

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça. Ce n'est finalement pas qu'une femme, c'est des groupes de femmes qui me permettent de bouger, sans parler du soutien et d'armes qu'on peut s'apporter entre nous. Mais c'est aussi le fait qu'on se stimule et qu'on fasse bouger les choses ensemble.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurie. Merci à toi. Merci pour cet échange.

Description

Dans cet épisode, je reçois Laurie Delhostal journaliste et réalisatrice.


Le sport, c’est ce qui l’a portée dès l’enfance. Et c’est encore ce qui l’anime aujourd’hui.
D’abord avec ses grands-parents, puis avec son équipe de hand, ce collectif qui lui a appris la force du lien.


Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire plus tard. Le journalisme, ce n’était pas une évidence. Et pourtant… dès son premier stage, elle a su : c’était là, sa place.
Depuis, elle n’a plus quitté cette passion.


Dans cet épisode, Laurie revient sur son parcours dans le journalisme de sport, sur les doutes qu’elle n’a pas eus, sur les combats qu’elle mène : pour les femmes, pour l’égalité, pour la transmission.


On parle aussi de ses documentaires engagés, de Laure Manaudou, de l’équipe de France féminine de football, de la maladie, du collectif qu’elle a cofondé, de la force qu’on puise dans l’action.


Et de cette idée, très forte chez elle : se sentir libre. Toujours.


Je vous invite donc à découvrir cet épisode incarné, lumineux, qui questionne autant qu’il inspire.


À écouter dès maintenant sur toutes les plateformes


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Laurie.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Elsa Gis.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Gratuit de t'accueillir. On va retracer ensemble à la fois ton parcours et ton engagement. Et bon, pour te présenter, tu es journaliste, tu as co-écrit le livre Championne, et qui met en avant des portraits de femmes, de sportives. Tu es aussi une figure du journaliste de sport, et maintenant aussi je trouve une voie pour une plus grande représentation du sport. et des femmes, notamment par le biais de tes documentaires, que ce soit Devenir Bleu, ES à la fin, et L'Or, L'Or, L'Or, documentaire sur l'Or Manodou. Et donc j'avais envie de commencer par une première question, d'où t'es venue, d'où vient cette passion pour le sport, qui je pense ne t'a jamais quittée depuis l'enfance, tu parles que tu pratiquais le handball aussi petite. Et puis récemment aussi, tu lui as laissé une place dans ton combat contre le cancer. J'ai lu que le sport avait été aussi une force et quelque chose sur lequel te tenir, t'accrocher. Donc je me demandais, voilà, ce sport dans ta vie, d'où vient-il ? Quelle est sa place et quelle est son importance pour toi ?

  • Speaker #1

    Waouh, c'est une grande importance, oui, effectivement, parce que j'en ai fait mon métier. Alors le sport, je crois que c'est comme pour tout. Tous les passionnés de sport, ça vient de l'enfance. Chez moi, c'est un lien familial, c'est mes parents qui faisaient du sport, c'est aussi beaucoup mes grands-parents, que j'ai toujours la chance d'avoir, qui sont toujours vivants et qui ont toujours mis le sport au centre de leur vie. Et mon grand-père, comme ma grand-mère, des amateurs de sport comme téléspectateurs et comme pratiquants. Donc ils font toujours du sport alors qu'ils ont plus de 90 ans. Donc j'ai pu voir à quel point ça les maintenait en forme, ça les maintenait...

  • Speaker #0

    L'impact, le sport au quotidien.

  • Speaker #1

    Ah ouais, donc ça vient de là. Et puis après, c'est le sport qui m'a permis de vivre plein de premiers moments chouettes dans mon adolescence, parce que ça a été le lien, ça a été mon équipe de hand, donc un lien féminin. C'est au RAND que j'ai fait mes premières conneries aussi.

  • Speaker #0

    Le côté collectif ?

  • Speaker #1

    Oui le côté collectif, le côté on se marre, on fait des trucs, on essaye d'être forte, d'être performante mais aussi on rigole. Donc voilà et puis après j'en ai fait mon métier. Et effectivement oui ça traverse ma vie, ça m'apporte un équilibre. Et voilà, comme tous ceux qui pratiquent du sport savent que ça peut le faire pour eux.

  • Speaker #0

    Tu en as fait ton métier, mais le journalisme n'était pas aussi une évidence que la place du sport, par exemple, dans ta vie. C'est venu après.

  • Speaker #1

    Non, oui, effectivement, je ne savais pas trop. Je suis épatée, moi, des jeunes gens qui savent très tôt ce qu'ils veulent faire. Moi, j'ai eu, comme plein de gens, je pense, plein d'inspiration. J'ai voulu être présidente de la République, j'ai voulu être avocate, j'ai voulu... faire plein de choses et puis le journalisme, je ne sais plus vraiment comment c'est arrivé dans ma tête, mais voilà, je n'étais pas très sûre et puis j'ai fait mon premier stage dans le sport et là, c'est devenu tout de suite une évidence. Je me suis dit, ça y est, c'est bon, je suis à ma place. Et du coup, je ne vais plus bouger de là, je vais rester là.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce truc de se dire, tu as un peu testé aussi, de trouver, comme tu viens de l'expliquer. de voir, finalement ça me plaît, par contre une fois que tu as su que ça te plaisait, tu as eu aussi une espèce de détermination, parce que tu le dis souvent ce mot-là, le bastion masculin, que ce soit dans le sport ou dans le métier de journaliste, surtout autour du sport, etc. Il a fallu aussi s'accrocher à cette place peut-être.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Quand on arrive très jeune dans ce milieu, et qu'on est une jeune femme, c'est vraiment pas évident, on questionne tout le temps notre légitimité. Toi ou notre place ? Les autres et du coup forcément soi. Alors c'est normal de questionner toujours sa légitimité. C'est bien de se poser des questions, de douter, mais il ne faut pas que ce soit trop déstabilisant. Et c'est vrai que j'avais ce truc en moi de ne pas trop douter quand même. Ça vient certainement là aussi de mon enfance et de l'amour qu'on m'a porté. Mais oui, non, c'était pas évident et c'est pour ça que j'en ai fait une forme de combat un peu plus tard, cette place des journalistes femmes dans le sport.

  • Speaker #0

    J'avais réécouté des épisodes, des articles et je voyais ce passage à la Formule 1, parce que tu as fait plusieurs sports, tu as présenté plusieurs sports, tu as commenté aussi des sports, etc. Il y a eu ce passage où tu expliquais qu'effectivement ça a été un énorme challenge. Et que, à la fois, c'est... En fait, j'ai l'impression que dans ton parcours, tu y vas, et après, on verra. Après, t'avais l'expérience derrière, etc. Mais le challenge, t'aimes ça, je pense, aussi.

  • Speaker #1

    Oui, sans doute. Après, c'est marrant parce que ça se fait pas de manière aussi... évidente que ça et aussi frontale que ça finalement. Moi, je me suis toujours laissée aussi un peu portée par les choses. Et quand ça me plaisait, comme je le disais, soit j'y restais, soit...

  • Speaker #0

    C'est une force aussi de se laisser porter par les choses. Ce n'est pas évident. Parfois, ça peut être soit angoissant, ou de ne pas avoir de schéma par exemple, et toi te laisser porter. Parce que tu disais que si je suis à ma place, j'y vais à fond. Mais je me laisse porter aussi cette partie-là.

  • Speaker #1

    Il y a toujours un équilibre à trouver entre se laisser porter et ne pas se laisser imposer des choses qui ne nous correspondent pas. Dans le travail, c'est compliqué. Et moi, comme beaucoup, j'ai toujours un peu surfé sur cette limite-là parce que par moments, quand j'y repense, j'ai présenté des émissions où j'étais habillée très très fille. C'est des choses, par exemple, que... À l'époque, je n'ai pas forcément questionné. Est-ce que ça me correspondait vraiment ? Est-ce que ça me ressemblait ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. Mais voilà, on peut aussi faire des erreurs parfois. C'est une question que tu te poses maintenant,

  • Speaker #0

    avec le recul ?

  • Speaker #1

    Oui, je me suis pas mal posé de questions sur le début de mon parcours, effectivement, avec le recul. Et puis, quand j'ai confondu une association qui s'appelle Femmes Journalistes de Sport, où je me suis dit comment ça s'est passé pour moi. Voilà, qu'est-ce que j'aurais aimé changer ? Parce que c'est le genre de question qu'on se pose toujours aussi. Mais oui, effectivement, je suis une déterminée, mais quand même plutôt cool.

  • Speaker #0

    Il y a cette notion de liberté quand même qui est présente en toi, que ce soit pour le changement de chaîne, le changement de sport ou en tout cas de carrière. Il y a cette notion qui est forte pour toi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, c'est vrai. Oui, c'est vrai, me sentir libre. Alors, c'est à la fois assez facile quand on a les conditions de se sentir libre, quand on est quelqu'un dans la société qui peut se sentir libre. Et c'est mon cas. Je suis une femme blanche d'un milieu plutôt aisé, enfin, pas aisé, mais qui n'a pas de problèmes financiers. Donc, ça ne correspond pas forcément à la réalité de tout le monde. mais J'ai les moyens d'être libre et c'est vraiment important pour moi dans ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle, qu'on ne m'impose pas des choses. Autant j'ai envie de rester quand je suis contente, autant j'ai envie de pouvoir partir quand je ne suis pas contente.

  • Speaker #0

    Et ça c'est important aussi. Tu l'as évoqué là rapidement, la création du collectif, c'est important. Est-ce que c'était une manière pour toi de... de rentrer aussi dans l'action, comme tu viens de nous l'expliquer, avec le recul, ce que tu n'as pas forcément eu comme clé peut-être au départ, ou comme notion de est-ce que c'est normal, comment faire pour mettre plus de femmes en avant dans les médias, de manière générale, mais dans le sport je pense en particulier. Est-ce que c'était une façon de commencer à militer de l'intérieur ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. et c'était... C'était exactement se mettre à agir. C'était vraiment important pour moi. Et c'est quand j'ai commencé à le faire que je me suis rendu compte à quel point c'est quelque chose qui me manquait dans ma vie. J'avais un petit truc à ce moment-là qui me manquait, c'était d'agir, de militer. J'étais souvent en colère. Je suis très souvent en colère d'injustice. Le fait de militer et d'agir. Ça me permet un peu de calmer cette colère, d'avoir l'impression de servir parfois un tout petit peu à quelque chose, même si ce n'est pas facile, même si plein d'actions peuvent amener des tout petits résultats. Mais oui, ça a été ça. Ça a été ce ressenti que j'avais depuis des années, qu'il y avait des choses qui ne me plaisaient pas, qui n'étaient pas normales dans mon milieu.

  • Speaker #0

    Le côté présidente de la République,

  • Speaker #1

    la personne. C'est ça. ce petit côté j'avais un espèce de sentiment diffus de ça me plaît pas et alors j'ai pas agi seule mais on s'est retrouvé à un moment pour se dire oh là là on en a marre pour plein de raisons on a envie d'agir et ça m'a énormément apporté et j'espère qu'on a apporté aussi et qu'est-ce qui permet alors ce collectif ? il a permis dans un premier temps déjà de Merci. poser le sujet, ça c'est vraiment important, de dire en fait il y a... Il n'y a pas, il y a peu, quasiment pas de femmes dans le journalisme de sport et ça n'est pas normal. Ça peut paraître évident maintenant, ça n'était pas du tout à ce moment-là. On a lancé des travaux pour se compter justement, parce que les chiffres c'est vraiment important. Et voilà, après l'idée c'était aussi de juste se soutenir, d'être entre nous, et puis après d'essayer d'agir, de faire du lobbying auprès des... notamment des directeurs et des directrices de rédaction. Donc voilà, je crois que ce que je préfère, c'est le fait de s'unir et de se soutenir. Je pense que ça, c'est le plus fort dans l'expérience.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu vois quand même une évolution entre le début de ta carrière et maintenant sur la représentation des femmes dans ce métier ?

  • Speaker #1

    Une évolution relative en fait.

  • Speaker #0

    Ça reste relatif, oui.

  • Speaker #1

    Vraiment parce que ça on s'en est rendu compte très rapidement en discutant avec une sociologue qui bossait sur le sujet depuis quelques années dans différents pays et qui nous a dit en fait l'évolution elle est pas on a un espèce de sentiment aux doigts mouillés qu'il y a une évolution notamment parce qu'on voit plus de femmes dans le sport à la télévision donc il y a quelques personnes très visibles qui donnent l'impression que ça a changé mais elle nous a dit regardez les chiffres en fait ça évolue assez peu et elle nous a dit à ce rythme là ... Peut-être que ça ira un tout petit peu mieux dans 200 ans. Et c'était pas complètement exagéré par rapport aux chiffres. Et donc voilà, quand on vous dit ça, vous vous dites donc moi je serai plus là dans 200 ans, et j'ai envie en fait que ça bouge maintenant. Moi j'ai même pas envie que ça bouge pour les générations à venir, j'ai envie que ça bouge dès à présent. Parce que c'est injuste, et donc voilà, donc l'évolution... Oui, mais vraiment très relative. On voit plus de... Il y a plus de femmes à l'antenne, oui. Mais il faut déjà questionner sur ce que ça veut dire et ce que ça représente. Et puis, moi, ce que je trouve plus important, c'est qu'il y ait plus de femmes qui soient chefs, qui soient derrière en coulisses, mais qui prennent les vraies décisions. Et ça, ça n'a quasiment pas évolué.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est vraiment... La représentation à la fois du combat, on en parle effectivement, mais dans les faits, il y a encore beaucoup de choses à faire et c'est pour ça qu'on dit que rien n'est acquis et qu'effectivement, il ne faut pas arrêter.

  • Speaker #1

    Ça bouge tout doucement parce que quand on essaye de faire bouger quelque chose, c'est partout de paré dans la vie, il y a de la résistance en face. Et puis, ça prend forcément du temps. Donc voilà, ça peut être frustrant. Mais bon, quand le mouvement est lancé, en revanche, je pense que c'est impossible de l'arrêter. Donc voilà, ça c'est positif.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pensais aussi sur ce sujet autour de Marie Portolanos, qu'elle a mis les pieds dans le plat, ou je ne sais pas comment dire, parce qu'elle a été à la fois sur le documentaire, sur son livre, par le biais de son livre. est-ce que tu t'es reconnue dans ce qu'elle a Décris, est-ce que tu as vécu la même chose ? Qu'est-ce que tu as vécu toi par rapport en tant que femme, le sexisme et le travail en fait tout simplement ?

  • Speaker #1

    Oui, alors on avait même coordonné nos actions avec Marie parce que notre collectif a été lancé le jour du lancement de son documentaire.

  • Speaker #0

    Ah je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Dans lequel j'interviens.

  • Speaker #0

    C'était une volonté.

  • Speaker #1

    Oui, c'était vraiment des actions coordonnées. On avait lancé une tribune. écrit une tribune qui est parue dans le monde le lendemain de son documentaire parce que en fait c'est marrant parce que la première fois que Marie m'a parlé de son doc pour me proposer d'être dedans, je lui ai dit mais personne ne va s'intéresser à ce truc là on s'en fout quoi et voilà donc j'ai vraiment du pif et et j'ai réfléchi...

  • Speaker #0

    alors juste pour revenir là dessus qu'est ce qui te... qu'est ce que tu pensais que ça intéresserait pas les gens de savoir ça ?

  • Speaker #1

    Je me disais, j'avais ce truc quand même de se dire, nous les journalistes, on n'est pas là pour se mettre en avant. Et puis c'est notre petit sujet à nous. Et alors ça n'a pas été le cas parce que c'est... Voilà, moi je suis dans le doc et pendant des mois, et Marie c'est encore le cas aujourd'hui, on m'a dit, oh là là, j'ai pleuré en vous écoutant. J'ai mesuré la portée universelle. le message est qu'à quel point ça a touché les gens et Et voilà. Et ça, c'était plusieurs mois, évidemment, avant que le documentaire sorte, parce que le temps qu'elle le monte, tout ça. Et on a eu des discussions au fur et à mesure avec Marie. Et au fur et à mesure, après, on a commencé à lancer la préparation du collectif. Et je me disais, mais en fait, non, mais c'est un vrai sujet, parce que dès que j'appelais des consoeurs pour leur dire, est-ce que t'auras envie de nous rejoindre pour faire un truc ? Elles me disaient, mais oui, mais à fond. Et voilà. Et je vais répondre aussi à ta question de est-ce que ça m'est arrivé. C'est arrivé à tout le monde. Et quand j'appelais des consoeurs, parfois c'était le cas avec des consoeurs un peu plus âgés, qui me disaient non, non, mais moi ça va. Et j'avais trouvé le truc à chaque fois pour leur dire comment s'est passé ton congé maternité ? Et là,

  • Speaker #0

    par ce pied-là,

  • Speaker #1

    par le sens de réussite, il y a eu un problème. Donc, je crois que c'est le cas dans beaucoup de métiers. Donc oui, c'est arrivé à tout le monde, ne serait-ce que, en fait, et c'est parfois ça le plus terrible, questionner notre légitimité. Ça, c'est à la fois rampant, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à saisir parfois, mais c'est un ressenti qu'on a et c'est quelque chose qui existe vraiment.

  • Speaker #0

    Oui, pour confirmer et faire vraiment un petit aparté, mais elles agissent et plus de 100 interviews de femmes, et je ne pense pas qu'il y en ait une qui ne m'ait pas dit ça, en fait, dans son vécu. C'est pour dire l'ampleur, en fait. Peu importe la manière, il y a toujours eu quand même ce rapport de domination, de dominant-dominé, presque. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Il y a une autre accroche qui concerne toutes les femmes, et ça, on peut s'appuyer sur des chiffres, c'est les différences de salaire. Je crois qu'aujourd'hui, on est passé un petit peu en dessous des 20 %, mais il y a 20 % d'écart de salaire à poste égal. Et ça, c'est pareil. On s'est aperçus en discutant entre nous que de partout, il y avait des écarts de salaire qui étaient totalement injustes.

  • Speaker #0

    Tu disais là que tu avais envie d'agir maintenant, de ne pas attendre. Est-ce que cette volonté d'engagement est venue aussi avec ta maternité, avec la naissance de ta fille ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    je ne l'associe pas à ça.

  • Speaker #1

    Non, je ne l'associe pas à ça. Après... Non, je l'ai apporté en moi. Ça a commencé assez tôt dans mon adolescence par des lectures. Comme beaucoup de personnes, mon engagement est né de lectures féministes qui m'ont fait me poser des questions, qui m'ont fait réinterroger le monde dans lequel je vivais. On dit toujours, une fois qu'on a pris la petite pilule bleue du féminisme et qu'on se dit « mais c'est pas normal » , on ne peut plus jamais... On ne peut plus jamais revenir en arrière. Donc voilà, après, comme beaucoup, la maternité, ça m'a... Par exemple, dans le monde du travail, ça m'a permis de me dire... Je suis une daronne maintenant, déjà, arrêtez de m'emmerder. Et puis, j'ai sorti un enfant de mon corps. Non, mais ça m'a permis, je pense, d'être un peu plus... Ouais, quelque part, quand même, plus affirmée, plus décidée.

  • Speaker #0

    Ça donne de la force peut-être ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, c'est ça. Exactement, oui, ça m'a donné de la force. Je n'aime pas l'idée que ça m'a transformée, parce que ce n'est pas vrai. En plus, j'ai eu mon enfant assez tard. Mais ça m'a donné, oui, une force supplémentaire de savoir ce que je voulais, de savoir ce que je ne voulais plus.

  • Speaker #0

    Et alors maintenant, un bilan un petit peu de la carrière que tu as déjà effectuée et celle que tu as envie de mener par rapport à tout ce qu'on vient d'évoquer. Est-ce que tu es bien là tout de suite ? Alors, on va l'aborder, cette notion de documentaire qui... qui prend de plus en plus de place, j'imagine, en tout cas j'en ai l'impression. Est-ce que c'est une évolution logique pour toi ? Est-ce que c'était quelque chose que tu avais longtemps en tête ? Ou c'est venu aussi, comme tu le disais, au fil de l'eau et tu te laisses porter par ce qui vient à toi peut-être aussi ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est quelque chose qui me faisait envie depuis longtemps. Pendant mes années de présentation, quand j'étais présentatrice à Canal+, je faisais toujours des sujets à côté, j'essayais toujours de trouver des choses pour enrichir mon quotidien parce que... La présentation, ça ne me nourrissait pas assez. Après, évidemment, je ne me suis pas sentie légitime, mais j'ai quand même fait mon premier documentaire chez Canal+, c'était sur la maternité des sportifs de haut niveau, championne de sa mère. Et ça, ça m'a permis de me dire, ok, c'est bon, là je suis alignée, c'est ça que je veux faire. C'était un 26 minutes. Et quand je l'ai eu terminé, avant même que quelqu'un l'ait vu, je me suis dit, moi je suis contente de moi. Je suis contente de ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    C'est fort ça. Et tu étais là à ta place. Oui,

  • Speaker #1

    et dans tout le procès, je me disais, je me sens bien, c'est ça que je veux faire. Donc voilà, à partir de là, ça a été une évidence. Après, c'est pas forcément, on ne devient pas réalisatrice comme ça. Il faut trouver des projets, il faut les vendre. C'est pas évident, mais oui, c'est ce que je veux faire. C'est ce que j'essaye même de faire à 100%, même si je fais encore un petit peu de... De présentation, j'aime bien varier les plaisirs aussi, rencontrer des gens. Je travaille un peu à France Télévisions depuis deux ans, mais je crois que j'y reste aussi en partie puisque j'aime le côté humain, j'aime les gens avec qui je travaille.

  • Speaker #0

    Ça te nourrit aussi peut-être d'idées, de rencontres ?

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et puis, moi, je me dis toujours que j'aime... En général, je ne fais rien plus longtemps que tout. trois ans. J'aime bien avoir des cycles comme ça tourner. Et je me suis rendue compte que ça correspondait à trois ans souvent dans ma vie. J'ai jamais fait les mêmes choses. Je suis restée dix ans à Canal+, mais j'ai jamais fait la même chose. J'aime bien... Découvrir aussi ? Découvrir, je sais pas, que ça change. Sinon, je commence à m'embêter en fait.

  • Speaker #0

    Te challenger aussi ?

  • Speaker #1

    Challenger, c'est peut-être un peu fort parce que je... On peut pas dire que je me challenge énormément. Franchement, je suis pas... Je n'ai pas l'impression de me challenger, mais oui, non, que les choses bougent. Et mon compagnon me dit toujours, au moins ça te permet de ne pas questionner ce que tu as envie de bouger dans ta vie privée.

  • Speaker #0

    En tout cas, tu vas bouger les choses ailleurs et l'action passe par là. Et justement, le documentaire, je te l'ai évoqué rapidement, celui de Laure. Avant de commencer, est-ce que tu peux nous raconter comment tu as eu envie aussi et comment ça s'est passé de mettre en avant le vrai parcours de cette championne ?

  • Speaker #1

    En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment, j'ai eu envie d'aligner complètement et de manière évidente mes engagements pour l'égalité dans le sport et un peu plus précisément mon travail. Donc, ça a commencé avec des documentaires sur la maternité des sportifs de haut niveau, mais je ne m'étais pas encore dit... que je voulais faire que ça. Mais à partir de là, je me dis, OK, maintenant, je veux participer activement à travailler à cette égalité en mettant en valeur des profils de sportives. C'était un travail... C'est Guillaume Priou qui m'a produit sur mon premier documentaire. Et là, on l'a réalisé ensemble. Je dis ça parce que c'est aussi des échanges entre nous de se dire, on a envie de... de mettre en valeur des championnes et cette grande championne qu'on connaissait bien parce que c'était une époque qu'on avait vécu tous les deux à l'époque en tant que reporter. Laure, on la connaît et on avait envie de raconter sa carrière, de la mettre en valeur. À la fois, on sentait qu'il y avait des problématiques. Ça, c'est Guillaume très rapidement qui m'a dit 20 ans plus tard, tu vas voir, on va... On va voir les choses complètement différemment. Et post-MeToo, on va lire sa carrière de manière complètement différente. Et effectivement, dès qu'on a commencé à revoir les images, les interviews...

  • Speaker #0

    C'est choquant, même, maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, c'est...

  • Speaker #0

    C'est une claque, aussi, je trouve, ce documentaire, sur tout ça.

  • Speaker #1

    Même nous, ça nous a mis une claque. Vraiment, on s'est dit, waouh. En plus, on s'est dit, on a participé à ça, parce qu'en fait, on était là. Alors on a mis du temps à ce que Laure accepte, mais quand elle a accepté, après, la première interview qu'on a faite, c'était son frère, Florent. Et lui, tout de suite, parce qu'on se disait avec Guillaume qu'il ne fallait pas caler ce que l'on pensait sur les interviews immédiatement, c'est-à-dire que je n'avais pas envie de dire à Florent Madadou, mais vous ne pensez pas qu'elle a été traitée de manière sexiste ? On lui a juste remontré des images. C'est lui, spontanément, qui a dit, on n'aurait jamais traité un homme comme ça. Et c'est ça qui a donné cette couleur à ce documentaire. Voilà, on se rend compte effectivement qu'elle a été maltraitée parce qu'elle était une femme. Et ça a été le cas aussi de Marie-Josée Perrec, pour lequel on a fait... Enfin, Marc Sauvrel, mon confrère, a fait un documentaire aussi en même temps. Enfin, c'est fou.

  • Speaker #0

    On voit aussi des journalistes, notamment une journaliste, j'ai oublié le nom, mais qui même pleure dans le documentaire.

  • Speaker #1

    Isabelle Langer.

  • Speaker #0

    De se rendre compte, j'ai contribué, comme tu viens de le dire, j'ai contribué à ça parce que j'étais dans ce système-là et je ne m'en suis pas forcément rendue compte, etc. C'est toujours cette histoire de l'époque, comment on peut prendre du recul sur tout ça, etc. Et j'avais une question, est-ce que tu as eu d'autres retours, d'autres personnes qui ont vu le documentaire ? Journalistes, peut-être notamment hommes, qui se sont dit, peut-être s'excuser même auprès de l'or ? Enfin, j'en sais rien, est-ce que ça a été jusque-là ? Est-ce que tu vis cet impact, en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, enfin, en tout cas, on a eu beaucoup de retours, effectivement, de confrères, et on a eu juste un ou deux retours de confrères qui nous ont dit « Oh, c'est bon, mais vraiment, oui, bon » .

  • Speaker #0

    C'est aussi quelque chose de prendre le temps de faire un retour en disant « Bof, ça va loin de faire ça » .

  • Speaker #1

    Oui, mais effectivement, on a eu surtout des retours qui nous disaient « Waouh, je ne réalisais pas et on a déconné » . Mais ce n'est pas juste se dire « ça s'est passé il y a 20 ans » . C'est de se dire, c'est de questionner nos pratiques encore aujourd'hui. Voilà, est-ce qu'on est complètement sûr, c'est la question qu'on m'a très souvent posée, est-ce que ça n'arriverait plus aujourd'hui ? Je ne suis pas sûre. Il y a des choses qui n'arriveraient plus aujourd'hui. Par exemple, les photos dans la presse féminine où on voit juste des photos de ses fesses, ces magazines qui ont publié les photos intimes à l'époque. Il faut se rendre compte qu'elles ont été violentes. Ça, ça n'arriverait plus. En revanche, la manière dont on traite les sportifs et les sportives... Et la réflexion qu'on peut avoir sur leur santé mentale, c'est un terme qui est tout frais. On en a presque marre maintenant d'entendre parler, mais parce que d'un coup, en fait, on a découvert qu'il se passait quelque chose dans leur tête, quoi. Et que c'était aussi notre responsabilité de prendre soin d'eux quand ils ont 17 ans, comme Laure Manodou à l'époque. C'était une enfant, quoi.

  • Speaker #0

    Et le documentaire sur les Bleus, comment c'est venu dans ta vie ? Qu'est-ce que tu avais envie de transmettre aussi comme message ? C'est encore engagé, c'est encore féminin.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est amusant parce qu'on est venu me chercher pour le faire. Au départ, c'était un insight sur cette équipe de France avant qu'elle dispute les Jeux Olympiques. C'était un peu raconter leur aventure. Et en fait, rapidement, ça a pris aussi une couleur qui parlait d'égalité, de tout ça. Parce que dans les échanges avec les filles, En fait, c'est toujours pareil, c'est pas forcer le discours, c'est-à-dire que quand elles racontent ce qu'elles ont pu vivre, tout ça, c'est teinté d'inégalités.

  • Speaker #0

    La précarité, c'est très violent.

  • Speaker #1

    De manière économique, puis après, en plus, on a remis le nez dans les archives, alors là, c'était extraordinaire. Et du coup, ça a pris cette coloration. Le football, c'est un sport... très particuliers en termes d'égalité. Mais ce que j'ai bien aimé, c'est que des championnes de cette équipe de France, comme la meilleure buteuse de l'histoire, Agénie Le Sommer, je trouve qu'elles ont un discours hyper intéressant. Elles ont un discours hyper structuré sur les questions d'inégalité. Et elle aussi, elle le dit. Moi, j'ai envie que ça bouge maintenant. C'était des très belles rencontres. C'était très chouette de les rencontrer, de pouvoir échanger avec elles sur ces thèmes.

  • Speaker #0

    Dans tout ce que tu nous proposes, que ce soit les documentaires, ton livre, il y a cette notion, je trouve, de transmettre aussi, de garder quelque chose. C'est aussi l'idée, quand j'écris ce podcast, c'est d'avoir un support qui peut rester, qu'on peut réécouter, qu'on peut re-regarder, qu'on peut lire. Est-ce que tu as aussi cette notion de transmission, peut-être aussi du côté maman, mais du côté femme aussi, de dire Je laisse en tout cas, mon action, elle se passe aussi par là, de laisser des outils à disposition.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et c'est la force, effectivement, des choses qui restent comme ça. C'est de... Ce que je trouve fort, c'était une amie à moi qui m'avait dit... Quand je lui disais à un moment, je me cherche, je ne sais pas trop ce que je veux, elle m'a dit, je pense que tu as envie d'avoir un impact.

  • Speaker #0

    Ah !

  • Speaker #1

    Et en fait, c'est ça. Et ce que j'essaye de trouver dans mon travail, c'est le fait d'avoir un impact. Et en fait, c'est tellement...

  • Speaker #0

    C'est dingue quand on se rend compte de cet impact. Là, ça a été le cas sur l'or. Sur Devenir Bleu, j'ai eu des témoignages hyper forts. J'ai eu une ancienne joueuse de l'équipe de France qui a près de 70 ans qui m'a dit... J'ai été très émue. Ça m'a fait chrysan. C'était hyper puissant. Elle m'a dit, c'est chouette que tu aies raconté l'histoire de notre sport. Et je me souviens de mon premier documentaire Championne Samer, ça avait été incroyable les retours aussi de sportives. Et notamment avec Ikram Chikesh, ma JRI, à l'époque on avait vraiment fait ça toutes les deux. On avait été hyper émus puisque déjà ça avait fait bouger les choses parce que le ministère des Sports avait pris les choses en main à ce moment-là. Donc on était hyper fiers parce qu'on était allé interviewer la ministre. Ça avait fait véritablement bouger des choses. Et quelques mois après, il y avait une restitution du travail du ministère. Et j'y étais allée et il y avait une sportive qui était venue me voir et qui m'avait dit, alors là, vraiment incroyable, qui m'avait dit, grâce à vous, j'ai eu un enfant. Je dis, waouh ! Mais parce qu'en fait, elle s'était dit, non, mais c'est possible en fait. Et alors là, c'est vraiment le truc le plus puissant qu'on m'ait jamais dit sur un métier alimentaire, évidemment. Mais ouais, c'est ça. C'est des choses qui restent et qui ont un impact. parfois il est tout petit cet impact, peu importe mais c'est chouette en parlant d'impact,

  • Speaker #1

    j'avais envie de juste aborder rapidement ce qui s'est arrivé en 2022 quand tu as annoncé ton cancer je trouve que j'avais envie de parler des posts Instagram que tu avais fait notamment autour de la question du cheveu qui est pas rien, notamment pour une femme et de l'annonce comment tu avais vécu l'annonce et comment les gens peuvent réagir etc Est-ce que tu avais envie, pareil, d'en parler de cette manière-là ? Est-ce que tu avais conscience que tu suivis sur les réseaux, que tu pouvais avoir aussi cet impact ? Parce qu'on n'en parle pas beaucoup de la maladie, non plus encore. Le cancer du sein, on sait que c'est une vraie réalité. Mais rares sont encore les personnes qui parlent aussi de ces choses-là, même du cheveu. Enfin, je veux dire, ce poste, il est hyper puissant. Est-ce que tu avais envie de l'aborder comme ça, sur les réseaux ? Est-ce que c'était un choix ? C'était plus fort que toi ?

  • Speaker #0

    c'était pas réfléchie non il n'y avait pas une grosse réflexion ce qui est sûr c'est que mon premier post je l'ai fait pour moi c'était juste pour pas rester dans cette espèce de situation hyper bizarre où c'était un peu secret c'était très bizarre et c'était ça et puis c'était une femme que j'avais rencontrée du monde du sport qui m'avait dit je serais toi je le dirais parce que moi je ne l'ai pas dit et j'ai souffert d'une forme d'isolement et elle m'avait dit ...

  • Speaker #1

    Elle ajoute, j'imagine.

  • Speaker #0

    Exactement. Elle m'avait dit j'ai pas eu tout le soutien que j'aurais pu avoir et je pense que c'était une erreur. ça a été hyper fort qu'elle me dise ça. Et donc voilà, après j'ai écrit spontanément parce que c'était un moment où j'étais pas perdue, mais il se passait beaucoup de choses dans ma tête et donc j'ai écrit ça spontanément. Et après, j'ai eu envie d'écrire d'autres de petites choses, mais c'était assez décousu de toute façon. C'est partagé quand même.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai que encore aujourd'hui, je reçois beaucoup de messages de femmes qui sont en traitement et je leur réponds. Après, mon impact sur cette maladie, je ne l'ai pas encore trouvé et je n'ai pas trouvé encore quoi en faire.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as envie de faire quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que tu peux avoir vécu ça et pas forcément avoir envie d'avoir un impact. mais

  • Speaker #0

    non je trouve que c'est forcément un truc comme ça on a envie d'en faire quelque chose ne serait-ce que pour qu'il en reste quelque chose de positif voilà mais j'ai pas trouvé j'ai

  • Speaker #1

    pas trouvé entre le livre des documentaires que j'ai en tête ça viendra un jour justement là tu me tends la perche est-ce qu'il y a d'autres idées de documentaires qui ... Et tu peux nous parler ou en tout cas des idées ou des choses que tu aimerais faire ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le problème c'est que là je suis dans une période où j'ai beaucoup trop d'idées dans ma tête et qu'il faut que je les range. Les d'autres j'espère. Oui, bien sûr. Mais non, on travaille sur un projet avec Marie Portolano. Là j'ai commencé à travailler sur un projet sur une jeune sportive qui a envie de faire bouger les lignes dans son sport. Donc ça c'est très très chouette. J'espère qu'on va arriver à aller au bout de ce doc parce que c'est super et qu'elle est super et que j'ai envie de la mettre en valeur. Et voilà, et puis oui, un jour faire peut-être quelque chose autour de la maladie, du sport. Enfin voilà.

  • Speaker #1

    Ok, merci beaucoup. J'ai quelques questions avant de clôturer notre échange dans Elles Agissent. On parle d'action et j'aimerais connaître ta définition d'agir. Ça veut dire quoi pour toi ?

  • Speaker #0

    Waouh, elle est dure cette question.

  • Speaker #1

    Agir,

  • Speaker #0

    agir, agir, agir, agir, c'est se mettre en mouvement. Et c'est déjà beaucoup de se mettre en mouvement, parfois dans la vie. Je trouve que... Tout le monde n'a pas les moyens d'agir et quand on a les moyens d'agir, je pense qu'il faut le faire. Il faut agir pour soi, pour les autres. Agir pour les autres, je pense que c'est quelque chose qu'on ne fait pas assez et qui apporte beaucoup, beaucoup à soi quand on le fait. Donc quand on dit agir, je pense tout de suite à ça, à agir pour les autres. Oui, les aider, les faire rire. Quand on a les moyens de le faire, je crois qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? Alors, pas forcément un domaine qu'on a abordé, ou si, mais quelque chose qui peut tenir à cœur et où tu dis, là, ça ne bouge pas assez.

  • Speaker #0

    Alors, il y a vraiment beaucoup de choses. Puisque, comme je le disais, je suis souvent en colère. Si je devais en choisir, le sport santé, c'est quelque chose qui me met très en colère, que ce ne soit pas plus... mise en avant, privilégiée. Moi, je m'en suis rendue compte quand j'ai été malade d'un cancer. Ça peut vraiment faire la différence. Les études le prouvent et il faut vraiment investir là-dessus.

  • Speaker #1

    Les bienfaits du sport, tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Les bienfaits du sport ou de l'activité physique. D'être en action, de se mettre en mouvement. Et ça, il y a encore beaucoup trop de médecins qui sont un peu frileux par rapport à ça. Il y a des associations formidables qui aident les femmes, notamment malades de cancer, à faire du sport et ça leur apporte énormément. Et ce n'est pas déremboursé pour l'instant, ce n'est pas remboursé. Et donc voilà, ça j'aimerais qu'on agisse beaucoup plus. J'ai l'impression que les gens qui décident de tout ça ne se rendent pas compte ou n'ont pas envie de se rendre compte. Et je crois que c'est quelque chose qu'il faudrait vraiment privilégier.

  • Speaker #1

    Et enfin, est-ce que tu as une femme dans ton quotidien ? qui est symbole d'action, qui te donne envie d'agir, qui est une femme elsagiste.

  • Speaker #0

    Ah waouh, il y a beaucoup de femmes qui m'inspirent et qui me donnent envie d'agir. Je ne sais pas où je choisisse. Déjà il y a ma fille, ma fille qui a 9 ans et qui voilà... qui me bousculent forcément. Non, il y a mes amis, mes amis consoeurs journalistes qui font des trucs super chouettes. Christelle Bonnet, Anne-Sophie Bourdet, qui sont des consoeurs de l'équipe, qui font bouger les lignes en faisant des articles sur les règles dans le sport. Voilà, c'est... Et on se stimule entre nous. pour essayer de faire bouger les choses dans notre milieu.

  • Speaker #1

    Et on revient sur le tout début de l'interview avec le collectif féminin.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et tu retrouves là...

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça. Ce n'est finalement pas qu'une femme, c'est des groupes de femmes qui me permettent de bouger, sans parler du soutien et d'armes qu'on peut s'apporter entre nous. Mais c'est aussi le fait qu'on se stimule et qu'on fasse bouger les choses ensemble.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Laurie. Merci à toi. Merci pour cet échange.

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