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#90 Brigitte Klinkert Députée • Questeure de l'Assemblée nationale "Femmes en politique : il faut oser, encore et toujours" cover
Elles Agissent

#90 Brigitte Klinkert Députée • Questeure de l'Assemblée nationale "Femmes en politique : il faut oser, encore et toujours"

#90 Brigitte Klinkert Députée • Questeure de l'Assemblée nationale "Femmes en politique : il faut oser, encore et toujours"

37min |10/04/2025
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Elles Agissent

#90 Brigitte Klinkert Députée • Questeure de l'Assemblée nationale "Femmes en politique : il faut oser, encore et toujours"

#90 Brigitte Klinkert Députée • Questeure de l'Assemblée nationale "Femmes en politique : il faut oser, encore et toujours"

37min |10/04/2025
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Description

Dans ce nouvel épisode d’Elles Agissent, je suis ravie d'accueillir Brigitte Klinkert Députée et Questeure de l'Assemblée nationale.

La 7ème Questeure de l'histoire et pour la première fois, ce sont désormais 3 femmes Questeures à l'assemblée nationale.


Elle nous ouvre la porte de son bureau… et de son parcours. De ses débuts inspirés par son grand-père, à son engagement qui se diffuse de manière de plus en plus puissante pour les droits des femmes ainsi que son intérêt depuis toujours pour l’insertion sociale, elle nous raconte comment elle a trouvé sa place dans un monde politique d’hommes, sans jamais perdre de vue l’essentiel : servir les autres.

Dans cet épisode, vous l'entendrez, elle revient sur son appétence née dès l’enfance pour la politique. Sur les défis des femmes en politique, sur le pouvoir pensé et exercé avec volonté d'intelligence émotionnelle.

Nous revenons aussi sur un moment très fort dans sa carrière, son rôle pendant la crise du Covid, quand elle a mobilisé l’Allemagne et la Suisse pour sauver des vie.


Nous parlons des femmes qu'elle admire, comme Simone Veil.

Et puis elle nous laisse avec ce podcast, un message fort celui "d'oser" même si pour elle encore, ce n'est pas toujours chose facile.


À écouter sur toutes les plateformes.

N’hésitez pas à partager si cet épisode vous touche.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


N'hésitez pas à laisser 5 étoiles et un commentaire pour rendre visible ce podcast !


Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Madame Klinkert, je suis ravie de vous recevoir au micro d'Alsagis.

  • Speaker #1

    Grand merci de m'avoir conviée, je suis ravie d'être avec vous.

  • Speaker #0

    Et je suis aussi ravie d'être accueillie dans votre bureau, c'est un vrai honneur pour Alsagis d'être là à l'Assemblée Nationale aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Écoutez, j'ai envie de dire, l'Assemblée Nationale c'est la maison, le cœur de la démocratie, et tout le monde est convié à venir visiter l'Assemblée Nationale, elle ouvre grand ses portes pour toutes les personnes qui souhaitent. venir visiter et qui s'intéresse à notre travail de début.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Donc vous êtes une femme politique fortement enracinée dans votre territoire l'Alsace, on va en reparler, et engagée en fait depuis de nombreuses années dans l'action publique. Et en 1994, cette fameuse date, vous avez été la première femme assiégée au conseil général du Haut-Rhin et vous avez été présidente aussi, alors je retrace rapidement au niveau de parcours, du département ministre déléguée à l'insertion. Et vous êtes aujourd'hui députée et costard à l'Assemblée nationale. Vous avez porté des politiques sociales fortes, notamment autour de l'insertion, de l'engagement des jeunes et de la structuration des territoires. Un sujet qui vous plaît particulièrement. Et vous êtes aussi l'une des femmes, l'une de ces femmes, qui ont dû ouvrir des portes dans un monde encore très, ou peut-être trop, masculin, avec une vision du pouvoir tourner vous vers le service, vers l'autre. Et aujourd'hui j'aimerais qu'on prenne le temps évidemment de revenir sur votre parcours, sur votre vision du pouvoir, sur vos combats, et ce que signifie aussi pour vous agir en politique notamment, et aussi en tant que femme. Et pour commencer, j'avais envie de revenir au tout début, notamment enfant. Vous disiez, j'ai entendu, vouloir assister à des meetings politiques dès l'enfance, et je me demandais, à votre avis, d'où vient ce désir d'engagement si précoce

  • Speaker #1

    Alors, il faut dire que mon grand-père était maire de la ville dans laquelle je suis née, Colmar, en Alsace. Il a été élu maire en 1947 et il est resté maire pendant 30 ans. Pour moi, c'était avant tout mon grand-père, mais je voyais que lorsqu'il sortait dans la rue, lorsqu'il allait à une cérémonie, une manifestation, tout le monde le remerciait pour ce qu'il faisait. Et lui allait très très volontiers vers les gens et je me rendais compte, ce qu'il faisait c'était important. C'était important pour lui et c'était important pour les autres. Mais lorsqu'on est la petite fille d'un homme politique, ou peut-être d'une femme politique aussi, on voit son grand-père et on ne voit pas en l'occurrence le maire de Colmar. Et ça n'est que par la suite. que je me suis rendu compte que ce qu'il faisait en tant que maire de Colmar, c'était d'être au service de ses concitoyens. Et je pense que vraiment c'était ce qui le poussait dans la mission qui était la sienne. Et j'ai eu envie de faire la même chose, d'être au service du public. Alors comment Déjà professionnellement, j'ai cherché, qu'est-ce que je peux faire pour être au service de mes concitoyens parce que je n'ai pas tout de suite pensé à la politique. Et ça a été d'entrer dans la fonction publique pour servir l'intérêt général. J'ai fait des études de droit pour cela, et puis ensuite l'Institut Régional d'Administration à Metz. Et puis j'ai envie d'aller plus loin, parce que j'étais engagée dans des associations. Mais dans les associations, je me suis assez vite rendue compte que... Au bout d'un moment, c'est le politique qui décide. Et voilà, et que donc, pour faire vraiment avancer des projets, j'ai envie de dire, pour changer le monde, eh bien, il fallait faire de la politique. Et à ce moment-là, je me suis dit, bon, voilà, il y a les idées de mon grand-père, qui était un centriste, démocrate chrétien, centre des démocrates sociaux à l'époque. Est-ce que les idées sont bien les miennes Donc voilà, j'ai beaucoup lu. J'ai attendu aussi d'intégrer l'université. Et là, confrontée aux collègues, je me suis rendue compte que ces idées-là étaient bien les miennes. Et je me suis engagée au centre des démocrates sociaux, donc parti centriste à Colmar. Je me suis retrouvée la plus jeune et quasiment, pas tout à fait, mais quasiment la seule femme. Nous étions peut-être deux ou trois, et à ce moment-là je me suis dit, bon, qu'est-ce que je fais Ou je m'en vais en courant, parce que c'était quand même compliqué d'être la plus jeune et parmi les seules femmes. Mais ce n'est pas vraiment dans mon tempérament. Et du coup, j'ai appelé mes copains, mes copines de lycée, de fac, et je leur ai dit, je vais créer une section de jeunes démocrates sociaux, est-ce que ça vous intéresse Et ça a été mes premiers pas en politique. Et arrive l'été, je dis à maman, cet été, je vais partir à l'université d'été des jeunes démocrates sociaux. Je me souviens de ma mère qui a... qui a mis ses bras vers le ciel en disant mais c'est pas possible qu'est ce qui arrive à ma fille et ça a été assez formidable parce qu'à ce moment là j'ai pu rencontrer des personnalités qui m'ont beaucoup marqué et peut-être que nous y reviendrons tout à l'heure comme si monne veille jean lecanuet et puis françois bayrou voilà que du coup je connais depuis que j'ai l'âge de 18 ans et je reviens juste sur le

  • Speaker #0

    La maman qui réagit, pourquoi Elle ne s'y attendait pas ou elle avait peur de quelque chose

  • Speaker #1

    En fait, c'était maman qui était la fille de mon grand-père. Et je pense qu'elle avait quelque peu souffert du fait que son père était très peu à la maison.

  • Speaker #0

    L'absence

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis en plus, c'était une période, je n'avais pas 20 ans, donc c'était début des années 70, 1974. où justement les femmes étaient très peu engagées encore en politique.

  • Speaker #0

    Et oui.

  • Speaker #1

    Et alors pour tout vous dire, j'hésitais à un moment donné parce que mon père lui était journaliste. Et j'avais envie de devenir journaliste. Je l'ai dit à mon père. Et pareil, mon père me dit, mais c'est beaucoup trop dur pour une femme.

  • Speaker #0

    Ah oui. Voilà.

  • Speaker #1

    Et du coup, comme j'aime bien les défis, je les aimais déjà à l'époque, je les aime toujours encore aujourd'hui, je me suis dit, on va faire encore plus dur. Et c'était la politique.

  • Speaker #0

    Et je reviens aussi sur ce que vous avez dit tout à l'heure, que vous aviez remarqué, vous étiez à la fois la plus jeune et l'une des seules femmes. Est-ce qu'on vous l'a fait remarquer aussi

  • Speaker #1

    Non, on ne me l'a pas fait remarquer. Mais par contre... Ce dont je me souviendrai longtemps et toujours, c'est en 1994, nous étions réunis, l'ensemble des membres du parti à Colmar, et puis on cherchait un candidat ou une candidate pour se présenter au Conseil Général. C'était a priori plutôt un candidat qu'on cherchait, puisque le député qui était le Conseil Général sortant ne se représentait pas. Et puis au bout d'un moment, tous les regards se sont tournés vers moi. Mais en même temps, j'entendais et puis je sentais qu'il se disait que je n'oserais pas y aller. Et puis voilà, j'ai un petit peu réfléchi, pas trop longtemps. Et j'ai répondu positivement. Pourquoi Parce que je me suis dit que, en plus c'était ma première élection sur mon nom, je me suis dit que j'ai tout à gagner. Si je perds cette campagne, ça n'est pas grave. Et nous nous sommes retrouvés, nous étions neuf candidats. J'étais la plus jeune, là aussi, et la seule femme. Et quand je dis la seule femme, parmi les hommes, il y avait quelques poids lourds. Locaux, bien sûr, mais poids lourds quand même. Et voilà, j'ai gagné. Certainement, soyons modestes, certainement que le fait que j'ai été... La petite fille de mon grand-père, même s'il était décédé quelques années auparavant, m'a sûrement aidée, mais peut-être pas que cela.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement il est là un petit peu quand vous vous réalisez dans votre profession, dans votre engagement Est-ce qu'il y a une part de lui aussi quelque part

  • Speaker #1

    Alors j'ai envie de dire directement non, parce que je suis quelqu'un de très terre-à-terre, qui suis là pour avancer. Mais voilà, souvent on me le fait remarquer. Et du coup, j'ai une petite pensée pour lui. Et je me dis, il ne m'a jamais poussée dans cet engagement politique. Et puis, à l'époque, on ne montrait pas trop ses sentiments, mais je sentais qu'il était fier et qu'il espérait que je poursuive dans ce sens.

  • Speaker #0

    Je reviens sur, je le disais plus tôt, et vous l'avez évoqué, vous avez été la première femme élue au Conseil départemental du Haut-Rhin. Est-ce que ça vous a aussi... Couter au-delà de ce que ça vous a permis Non,

  • Speaker #1

    coûter, coûter non. Surtout que je suis quelqu'un de très positif, de très optimiste et je vois toujours le bon côté des choses. Couter, non. Par contre, je peux vous donner un ou deux exemples significatifs. À l'époque, il était question de mettre en place dans mon département une campagne de dépistage du cancer du sein. que le conseil général, donc départemental de l'époque, pouvait co-financer avec l'État. Et arrivait l'heure de midi, donc l'heure de passer à table, et je voyais que pour mes collègues, ce n'était pas très important. Et le président de la commission des affaires sociales a dit Bon, ça, on en reparlera un autre jour Et là, j'ai levé la main et j'ai dit Non, non, on n'en reparle pas un autre jour Moi je vais prendre ce dossier en main et c'est moi qui vais m'en charger. J'étais la seule femme, la première. Alors la première femme et la seule femme au sein de l'Assemblée. Je n'allais pas laisser reporter une campagne de prévention du cancer du sein. Voilà, ça c'est un exemple. Un autre exemple qui me vient à l'esprit, qui est plus tardif. J'étais toujours et encore la seule femme parce que je suis restée en fait la seule femme. jusqu'à la loi sur la parité. Et cet autre exemple, c'était lors d'une réunion de commission. L'un des collègues masculins, évidemment, a tenu des propos sexistes vis-à-vis d'une ou de plusieurs personnes de l'administration, des femmes. Évidemment, ces personnes ne pouvaient pas répondre puisque c'était une réunion d'élus. Et du coup, j'ai pris la parole pour les défendre. Et oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que là, avec tout ce que vous avez vécu, le parcours, ce que vous nous évoquez, est-ce que c'est encore et est-ce que ça a été plus dur d'être une femme en politique Est-ce que c'est complexe Oui,

  • Speaker #1

    clairement. On dit souvent, et c'est exact, qu'il faut faire ses preuves beaucoup plus. J'ai envie de dire dix fois plus. Je remarquais que lorsque je prenais la parole pour... défendre une opinion ou un dossier, un projet. Voilà, on m'écoutait, on m'écoutait. Et je me rendais compte, vraiment, vraiment, que lorsqu'un collègue masculin prenait la parole, il pouvait parfois, parfois, pas toujours évidemment, il pouvait parfois raconter n'importe quoi, mais n'importe quoi, et il était beaucoup plus écouté.

  • Speaker #0

    Écouté, oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais je pense qu'aujourd'hui, la situation actuelle, quand même beaucoup beaucoup évolué même si je deviens plus le temps passe plus je suis féministe parce que je pense qu'il ne faut jamais jamais baisser les bras et oui et on a quelques actualités qui nous le prouve aussi est

  • Speaker #0

    ce que vous le ressentez justement un espèce de climat sans rentrée politique l'idée de podcasts et aussi de d'avoir votre oeil sur vous êtes dans la politique, vous êtes au cœur des choses. Est-ce que vous avez aussi une sensation d'un mouvement qui fait que justement, il ne faut vraiment pas lâcher

  • Speaker #1

    En tout cas, moi je dis à toutes les femmes et à toutes les filles avec lesquelles nous parlons de ces sujets-là, qu'il faut se battre, que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, nos mamans, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères se sont battues pour le droit de vote. pour les droits des femmes, pour l'IVG, etc., eh bien qu'il ne faut rien lâcher. Parce que je pense vraiment que si on lâchait, si on ne continuait pas à se battre, je pense qu'on risquerait de régresser dans les droits qui sont les nôtres. Nous avons une chance, là je fais un peu de politique, mais je le dis avec mon cœur parce que c'est la réalité. Nous avons la chance actuellement d'avoir un président de la République, Emmanuel Macron. qu'il veille vraiment dans toutes les décisions qu'il prend, dans toutes les nominations qu'il fait, à ce qu'il y ait vraiment une stricte parité. Et ça, c'est très très important. Vous savez, longtemps, longtemps, j'étais contre la parité.

  • Speaker #0

    Oui, je l'avais noté.

  • Speaker #1

    J'étais contre les quotas de femmes. Je trouve ça même atroce, même encore aujourd'hui. Mais avec le recul... Je me dis que si on n'était pas passé par là, je serais peut-être encore la seule femme au conseil départemental du Rhin, par exemple.

  • Speaker #0

    Et oui, et c'est vrai que ça peut être... On peut se dire que non, on n'en a pas besoin, mais c'est aussi, je trouve, le symbole d'une forme d'échec de la démocratie, de l'égalité, de choses comme ça, d'avoir besoin de mettre en place ce type de loi. Mais bon,

  • Speaker #1

    c'est clair. Moi, si ça me permet... En tout cas, de manière transitoire, parce que ce que je dois dire aussi, vraiment, vraiment, c'est que... Lorsque les femmes sont rentrées au conseil départemental, j'ai vécu ce moment-là, où nous avons eu autant de femmes que d'hommes dans l'Assemblée, les femmes se sont tout de suite mises au travail, ont tout fait pour prendre des responsabilités. Et quelquefois je dis, avec humour, mais je le crois vraiment, que la loi sur la parité va peut-être servir aux hommes dans les prochaines années. Un exemple, ici à l'Assemblée nationale, nous avons la chance d'avoir une femme présidente de l'Assemblée nationale. C'est la première femme présidente de l'Assemblée nationale de toute l'histoire. Au mois de février de l'année dernière, j'ai été élue par mes collègues caisseurs de l'Assemblée nationale. Caisseurs, c'est un peu comme maire de l'Assemblée nationale. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais vous demander de redéfinir.

  • Speaker #1

    C'est nous, on nous occupe. du budget de l'Assemblée nationale, des ressources humaines et puis du patrimoine immobilier. Nous sommes trois caisseurs, donc trois maires de l'Assemblée nationale. En février 2024, lorsque j'ai été élue caisseur, mon équipe est allée rechercher un petit peu et m'a dit vous êtes la septième caisseur femme de l'Assemblée nationale, de l'histoire de l'Assemblée nationale Et aujourd'hui, un an après... Eh bien, ce sont trois femmes qui sont caisseurs de l'Assemblée nationale. Là aussi, c'est une première que trois femmes soient caisseurs de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Et alors, ça se passe bien

  • Speaker #1

    Eh bien oui, ça se passe très bien. Oui, ça se passe vraiment très bien. Alors, et c'est très très bien comme ça, nous sommes issus de partis, de groupes politiques différents. Il y a Christine Pérez-Bonne qui est socialiste, Michel Tabarro qui est Les Républicains. et moi qui suis renaissance et ça se passe très bien. Nous ne sommes pas toujours forcément d'accord sur tout, mais nous en discutons et nous essayons de trouver une solution de consensus. Aussi,

  • Speaker #0

    parfois, il y a cette idée que les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir. En tout cas, il y a un souci avec la notion de pouvoir. Moi, je me demandais comment vous avez appris ou comment vous avez construit à l'exercer pleinement ce pouvoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que ce n'est pas évident. J'ai démarré comme conseillère municipale dans un conseil municipal. Je suis de nature très, très, très timide. Voilà, ça a été un défi pour moi que de prendre la parole, de s'affirmer. Je ne dis pas que j'étais bonne tout de suite. Voilà, mais j'ai envie de dire que ça vient avec le temps et ça vient peut-être surtout... Dans l'adversité. Lorsque vous êtes en campagne électorale, il faut se battre. On ne se bat pas, je ne me bats jamais, jamais, jamais contre des personnes, mais je me bats pour des idées, pour des convictions et pour des projets destinés à mes concitoyens. J'ai toujours conçu la politique comme cela. Mais il s'agit de se battre et donc de s'imposer. Ça c'est un premier élément. Et puis ensuite effectivement lorsque vous accédez à un poste de décision, et bien là aussi j'ai envie de dire il y a le moment du dialogue et de la concertation où vous écoutez les élus ou les représentants de l'administration qui sont là. Et puis à un moment donné c'est vous qui décidez. Et voilà c'est une grosse responsabilité. Il n'y a pas de raison qu'une femme ait plus de mal à assurer le pouvoir qu'un homme. Même si j'ai coutume de dire, parce que moi je le vis comme cela, que les femmes, il faut souvent les chercher pour prendre des postes de pouvoir. J'ai un exemple là aussi très précis. En 2008... J'étais candidate tête de liste à la mairie de Colmar. Vraiment, des hommes qui voulaient être candidats à mes côtés, sur ma liste, j'en avais énormément. Ils ne voulaient pas juste être sur ma liste, ils voulaient pour la plupart tout de suite devenir adjoints en maire. J'étais même pas, ils n'étaient même pas ancrés lus, voire même premier adjoint en maire. Et les femmes, j'ai dû aller les chercher parce que, et je suis dans le même cas, parce que nous n'osons pas forcément, nous nous posons beaucoup plus de questions, je crois, qu'un homme avant de se dire bon allez j'y vais.

  • Speaker #0

    Oui, il y a la question de légitimité aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que je vais savoir faire J'ai pas l'expérience, j'ai pas la formation. Est-ce que j'aurai le temps

  • Speaker #0

    Et c'est aussi important, et c'est pour ça aussi ce podcast et cet épisode, de vous entendre aussi sur ce sujet, sur ce parcours, pour que peut-être que ça évoque quelque chose à une des auditrices du podcast pour oser en fait. Il y a aussi cette notion d'oser, d'ambition.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    de se permettre.

  • Speaker #1

    Pour vous dire la vérité, je n'ai jamais cherché à faire carrière. Parce que quelquefois, il y a des jeunes qui viennent me voir Ah, vous avez fait une belle carrière, comment est-ce qu'il faut faire Moi, j'ai envie de dire, ma recette, c'est que je n'ai jamais rien cherché.

  • Speaker #0

    Mais vous n'avez rien lâché.

  • Speaker #1

    J'ai rien lâché. On m'a d'ailleurs parfois fait des propositions. Et j'ai dit non, et je me suis posé la question, est-ce que j'accepte ou j'accepte pas Mais voilà. En fait, il faut prendre la balle au bon. Aussi, lorsqu'on le sent, je suis devenue casteur, parce que je me suis dit que c'était un poste qui me correspondait. Parce que moi, je suis beaucoup dans le travail, le travail pour les autres, et moins dans la communication, en l'occurrence. Je suis là plus pour faire avancer les choses et je trouvais que ce poste me correspondait. Mais je peux vous dire que si je n'avais pas eu mes collaborateurs à mes côtés, ils sont venus deux, trois fois à la charge avant que je nise me présenter à ce poste.

  • Speaker #0

    Et donc vous l'avez aussi évoqué, cette envie d'exercer le pouvoir à votre manière. Et je trouvais qu'il y avait beaucoup d'intelligence émotionnelle qui manque. je trouve, dans la vie et qui est important aussi dans cette notion de pouvoir et d'exercer votre métier.

  • Speaker #1

    En fait, pour moi, l'humain est très important. Et j'exerce cette mission, j'ai envie de dire, avec beaucoup de cœur. Et pas pour moi, mais pour les autres. Et cela, en effet, mes concitoyens me disent souvent qu'ils le ressentent très fort. Et puis aussi qu'ils l'apprécient. Parce que j'ai effectivement été ministre. J'étais présidente de département, aujourd'hui je suis castor, mais bon avant tout je suis Brigitte Klinkert et quel que soit le poste, la mission qu'on peut avoir, je pense qu'il faut rester très humble et se dire aussi que cette mission, ce poste, c'est pour un temps et puis que demain on retombera entre guillemets dans l'anonymat et que c'est très bien comme ça aussi.

  • Speaker #0

    Oui, ça, ça vous aide du coup à voir les choses aussi en termes de ne pas toujours en vouloir plus. Là, votre discours est important parce que c'est pas d'être attachée à la fonction, c'est d'être vraiment au statut, mais à ce que vous exercez vraiment.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'aide beaucoup. Ça m'aide par exemple dans les campagnes électorales, parce que quand je fais une campagne électorale, je me dis, bon, ben voilà, je vais donner le meilleur de moi-même. Après, ce sont les électeurs qui vont décider. Et évidemment, je souhaiterais être élue pour mettre en œuvre les engagements que je prends. Mais à la limite, si je n'étais pas élue, ça ne serait pas un drame. Parce qu'il y a aussi autre chose dans la vie. Et ça, ça peut faire la différence. Et les gens le ressentent très fort.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Vous êtes, alors, de manière... Conscient tout doux, mais aussi une figure. Vous faites aussi la notion d'un passage de relais, un moment pour les autres femmes. Est-ce que vous avez aussi un message pour celles qui, on l'a un petit peu abordé dans l'épisode, mais qui n'osent pas s'engager, qui n'osent pas aller de l'avant Quel est votre message pour ces femmes Il n'y a qu'un mot,

  • Speaker #1

    c'est oser. Avoir confiance en soi et oser. Et je vais vous dire ce message-là, j'essaye encore aujourd'hui de me l'appliquer. Avec effectivement toute l'expérience qui est la mienne, avec tous les postes qui ont pu être les miens. J'évoquais tout à l'heure cette mission de castor qui est la mienne. Mais vraiment, vraiment, si mes collaborateurs ne m'avaient pas dit, mais Brigitte, c'est vraiment un poste qui est fait pour vous, je n'y serais jamais allée parce que je me disais, ah ben non, c'est hors de portée. C'est fou ça. Je vous assure. C'est hors de portée.

  • Speaker #0

    C'est important et important.

  • Speaker #1

    Et du coup, je me suis présentée. Nous étions dix candidateux, puisqu'il y a un an, c'était un poste qui était réservé par mon groupe politique aux femmes. Mais je me suis présentée et je me suis dit, j'ai aucune chance par rapport à d'autres collègues. Mais alors, quand je fais campagne, je fais campagne. Si j'y vais, j'y vais et je n'y vais pas à moitié. Et voilà. élu et je peux dire même plutôt bien élu.

  • Speaker #0

    Et ça c'est aussi une récompense et ça fait du bien aussi de se dire que nos idées sont suivies.

  • Speaker #1

    Voilà ça fait du bien et ce qui fait du bien surtout aussi c'est que j'ai été réélu par mes collègues parce qu'être réélu c'est une chose mais être réélu c'en est une autre et je pense que c'est parce que mes collègues ont bien senti que ce poste qui est effectivement un poste prestigieux et bien je ne le voulais pas pour moi. mais je le voulais pour être au service de mes collègues.

  • Speaker #0

    Et justement, à travers cette trajectoire, le récit que vous nous donnez, quel récit, justement, vous avez envie de laisser au-delà du mandat, des fonctions En parlant de vous, qu'est-ce que vous voulez qu'on évoque C'est dur, peut-être

  • Speaker #1

    Écoutez, si je voudrais évoquer, je le fais avec grande émotion, ce qui s'est passé il y a cinq ans dans mon département. J'étais présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Mulhouse, et ensuite tout le département, a été très très touché par le Covid. Le président d'Anne de la République parlait de guerre, mais chez nous c'était vraiment vraiment la guerre, avec des dizaines de morts chaque jour. Et puis le 20 mars, le 20 mars à midi, j'entendais les hélicoptères. qui transportaient des patients en réanimation vers des hôpitaux à des dizaines de kilomètres de là, des avions qui décollaient avec des patients en réanimation, des TGV qui partaient à l'autre bout de la France avec des patients en réanimation. Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible. Il y a des hôpitaux beaucoup plus proches, juste de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, à Fribourg qui a... une quarantaine de kilomètres, 40-50 kilomètres de Colmar, à Bâle en Suisse, qui est à 30-40 kilomètres de Mulhouse. Pourquoi est-ce qu'on ne transporte pas ces patients-là Et la présidente du conseil départemental que j'étais à ce moment-là s'est dit, je me suis dit, bon, les frontières sont fermées, puisque les frontières avaient été fermées pendant la crise Covid, mais tant pis, je tente le tout pour le tout. Et j'ai adressé un mail au président du Bas-de-Württemberg, qui est le Landalmont juste à côté de l'Alsace. Et j'ai adressé un mail aux trois présidents des cantons suisses voisins, Baleville, Bale-Campagne et du Jura, et je les ai appelés à l'aide. Je leur ai dit, on n'arrive plus à s'en sortir. Est-ce que vous seriez prêts à accepter des patients en réanimation chez vous, dans vos hôpitaux Je me suis dit, j'ai zéro chance de... d'obtenir une réponse positive. Et j'ai obtenu, dans les heures qui ont suivi, des réponses positives. Et dès le lendemain, des patients en réanimation ont été transférés dans des hôpitaux en Allemagne, par la suite en Suisse aussi. J'ose dire que c'était le début des transferts de patients français vers l'étranger. Et ce qui ne m'est jamais arrivé, dans ma vie d'élue, dans ma vie tout court, et qui ne m'arrivera plus jamais, c'est que, par la suite, deux... des personnes sont venues me voir, où j'en croise encore ces temps-ci, en me disant, si je suis en grand vie, c'est grâce à vous. Ou des femmes qui viennent me dire, mon mari, voilà, vous doit d'être en grand vie aujourd'hui. Ouais, ouais.

  • Speaker #0

    On prend la portée de nos décisions, de ce pouvoir, justement, qu'on a envie d'exercer. Et là, vous avez le retour puissance mille. C'est puissant, ouais.

  • Speaker #1

    C'est très, très fort. Et en fait, J'ai réussi à obtenir cette décision de nos voisins parce que j'avais une relation d'amitié dans la coopération transfrontalière avec eux qui était forte. Parce que pour eux, évidemment, ce n'était pas une décision facile non plus de dire on va mettre des lits à disposition des Français. Parce que certes, nous étions parmi les premiers en Alsace à être... dans cette pandémie du Covid, mais évidemment cette pandémie allait se répandre aussi en Allemagne et en Suisse, et ils ont pris sur eux de mettre des lits à notre disposition. Ce qui me fait dire que l'amitié franco-allemande, la coopération franco-allemande et l'amitié européenne a sauvé des vies.

  • Speaker #0

    Oui, et vous y tenez encore à ce lien entre les frontières, entre les échanges Vous savez,

  • Speaker #1

    je suis alsacienne. J'évoquais mon grand-père, maire de Colmar, mais avant d'être maire de Colmar, déjà comme les gens de sa génération, il était né allemand, devenu français en 1918. Et puis en 1939, il est entré dans la résistance. Il a été... condamnée par les allemands, mise en prison, condamnée à mort mais a réussi à s'en sortir. C'est une histoire qui aujourd'hui encore, même pour les jeunes générations, est très forte, et même, je peux le dire, douloureuse encore.

  • Speaker #0

    Vous aviez évoqué tout à l'heure les figures politiques féminines qui ont compté pour vous. Est-ce que vous pouvez nous en parler, peut-être notamment Simone Veil que vous avez évoquée tout à l'heure Oui,

  • Speaker #1

    s'il y en a une que je souhaite évoquer, c'est Simone Veil que j'ai d'ailleurs eue. J'ai eu l'occasion de croiser et j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec elle. Et alors, juste une petite anecdote. Il y a quelques jours, j'ai été invitée dans un lycée agricole, pas loin de chez moi, en Alsace, qui m'invitait à être la marraine d'un Dahlia que les jeunes lycéens ont créé, le Dahlia Simone Weil. Ça a été un moment aussi de... de grandes émotions et j'ai trouvé extraordinaire que de leur propre initiative, ces jeunes qui avaient eu l'occasion il y a deux ans de visiter Auschwitz, aient décidé de créer un Dalia du nom de Simone Weil. Alors Simone Weil, c'est effectivement une femme très inspirante, c'est effectivement la Shoah, c'est évidemment l'Europe aussi. Et puis Simone Veil, c'est son combat pour les droits des femmes. Donc une très très grande figure et très très souvent je pense à elle.

  • Speaker #0

    Ah oui, au quotidien, enfin régulièrement.

  • Speaker #1

    Je pense à elle parce que c'est vraiment une figure qui…

  • Speaker #0

    La puissance aussi de cette femme.

  • Speaker #1

    Comme vous dites, la puissance, parce que pour avoir eu l'occasion de la croiser, c'était une femme de fort caractère. Évidemment qu'elle était de fort caractère, sinon déjà je pense qu'elle ne serait jamais revenue d'Auschwitz, ça n'est pas possible. Elle n'aurait jamais pu à l'époque faire ce qu'elle a fait, elle a été présidente du Parlement européen. Et puis je me souviens surtout de ses combats aussi à l'Assemblée nationale pour le droit à l'avortement des femmes. C'était des combats.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'était un combat, parce qu'elle était seule contre beaucoup.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas la parité à l'époque.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc nous sommes dans Elsa G, j'ai quelques questions signatures pour clôturer notre échange. Déjà, j'aimerais connaître votre définition d'agir. Pour vous, ça veut dire quoi,

  • Speaker #1

    agir Agir, pour moi, c'est servir avant tout, servir nos concitoyens, d'abord.

  • Speaker #0

    Où est-ce que vous aimeriez voir plus d'action

  • Speaker #1

    Alors, je sais que... que les Français attendent une action résolue de l'État dans les domaines, j'ai envie de dire, qui comptent, c'est-à-dire l'éducation, la santé, la sécurité, l'écologie. Pour le reste, je pense aussi qu'il faut beaucoup plus décentraliser notre pays et donner plus de pouvoir. bien aux collectivités locales, c'est-à-dire aux communes, aux départements. Les Français attendent de l'État la protection avant tout, et je pense que les collectivités locales peuvent faire beaucoup, beaucoup d'autres choses.

  • Speaker #0

    Et enfin, est-ce que vous avez une figure féminine du quotidien qui vous inspire, qui représente pour vous l'action Ça serait qui et pourquoi

  • Speaker #1

    Là, la question est compliquée parce que... Femme qui m'inspire, comme déjà évoqué, c'est Simone Veil. Mais moi je suis admirative encore aujourd'hui, alors pas d'une femme en particulier, mais de femmes qui ont le courage d'être dans des métiers dont on dit encore aujourd'hui que ce sont des métiers d'hommes. Ou de jeunes femmes qui sont dans le domaine de l'apprentissage, dans des métiers qui aujourd'hui encore sont des métiers dits. des métiers d'homme. Eh bien, j'en ai vu au lycée... agricole et horticole dans lesquels j'étais la semaine dernière. Je pense à une jeune femme qui vient de remporter un prix dans une entreprise de ma circonscription, l'entreprise Liber, qui est une entreprise qui fabrique des pelles mécaniques. Voilà des femmes qui sont dans le bâtiment. Et je dois dire que pour moi ce sont aussi des modèles. Ce sont des femmes du quotidien, mais qui sont des modèles parce que comme j'ai essayé d'ouvrir la porte modestement à des femmes en politique, et bien elles aussi, elles ouvrent les portes à des métiers qui jusqu'à présent n'étaient pas pour nous, les femmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci pour cet échange et merci d'avoir retracé rapidement, en tout cas de nous avoir donné... votre parcours et votre vision aussi de la politique.

  • Speaker #1

    Mille merci à vous et surtout bravo pour ce que vous faites et persévérez. Je crois que nous en avons tout besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

Description

Dans ce nouvel épisode d’Elles Agissent, je suis ravie d'accueillir Brigitte Klinkert Députée et Questeure de l'Assemblée nationale.

La 7ème Questeure de l'histoire et pour la première fois, ce sont désormais 3 femmes Questeures à l'assemblée nationale.


Elle nous ouvre la porte de son bureau… et de son parcours. De ses débuts inspirés par son grand-père, à son engagement qui se diffuse de manière de plus en plus puissante pour les droits des femmes ainsi que son intérêt depuis toujours pour l’insertion sociale, elle nous raconte comment elle a trouvé sa place dans un monde politique d’hommes, sans jamais perdre de vue l’essentiel : servir les autres.

Dans cet épisode, vous l'entendrez, elle revient sur son appétence née dès l’enfance pour la politique. Sur les défis des femmes en politique, sur le pouvoir pensé et exercé avec volonté d'intelligence émotionnelle.

Nous revenons aussi sur un moment très fort dans sa carrière, son rôle pendant la crise du Covid, quand elle a mobilisé l’Allemagne et la Suisse pour sauver des vie.


Nous parlons des femmes qu'elle admire, comme Simone Veil.

Et puis elle nous laisse avec ce podcast, un message fort celui "d'oser" même si pour elle encore, ce n'est pas toujours chose facile.


À écouter sur toutes les plateformes.

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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Madame Klinkert, je suis ravie de vous recevoir au micro d'Alsagis.

  • Speaker #1

    Grand merci de m'avoir conviée, je suis ravie d'être avec vous.

  • Speaker #0

    Et je suis aussi ravie d'être accueillie dans votre bureau, c'est un vrai honneur pour Alsagis d'être là à l'Assemblée Nationale aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Écoutez, j'ai envie de dire, l'Assemblée Nationale c'est la maison, le cœur de la démocratie, et tout le monde est convié à venir visiter l'Assemblée Nationale, elle ouvre grand ses portes pour toutes les personnes qui souhaitent. venir visiter et qui s'intéresse à notre travail de début.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Donc vous êtes une femme politique fortement enracinée dans votre territoire l'Alsace, on va en reparler, et engagée en fait depuis de nombreuses années dans l'action publique. Et en 1994, cette fameuse date, vous avez été la première femme assiégée au conseil général du Haut-Rhin et vous avez été présidente aussi, alors je retrace rapidement au niveau de parcours, du département ministre déléguée à l'insertion. Et vous êtes aujourd'hui députée et costard à l'Assemblée nationale. Vous avez porté des politiques sociales fortes, notamment autour de l'insertion, de l'engagement des jeunes et de la structuration des territoires. Un sujet qui vous plaît particulièrement. Et vous êtes aussi l'une des femmes, l'une de ces femmes, qui ont dû ouvrir des portes dans un monde encore très, ou peut-être trop, masculin, avec une vision du pouvoir tourner vous vers le service, vers l'autre. Et aujourd'hui j'aimerais qu'on prenne le temps évidemment de revenir sur votre parcours, sur votre vision du pouvoir, sur vos combats, et ce que signifie aussi pour vous agir en politique notamment, et aussi en tant que femme. Et pour commencer, j'avais envie de revenir au tout début, notamment enfant. Vous disiez, j'ai entendu, vouloir assister à des meetings politiques dès l'enfance, et je me demandais, à votre avis, d'où vient ce désir d'engagement si précoce

  • Speaker #1

    Alors, il faut dire que mon grand-père était maire de la ville dans laquelle je suis née, Colmar, en Alsace. Il a été élu maire en 1947 et il est resté maire pendant 30 ans. Pour moi, c'était avant tout mon grand-père, mais je voyais que lorsqu'il sortait dans la rue, lorsqu'il allait à une cérémonie, une manifestation, tout le monde le remerciait pour ce qu'il faisait. Et lui allait très très volontiers vers les gens et je me rendais compte, ce qu'il faisait c'était important. C'était important pour lui et c'était important pour les autres. Mais lorsqu'on est la petite fille d'un homme politique, ou peut-être d'une femme politique aussi, on voit son grand-père et on ne voit pas en l'occurrence le maire de Colmar. Et ça n'est que par la suite. que je me suis rendu compte que ce qu'il faisait en tant que maire de Colmar, c'était d'être au service de ses concitoyens. Et je pense que vraiment c'était ce qui le poussait dans la mission qui était la sienne. Et j'ai eu envie de faire la même chose, d'être au service du public. Alors comment Déjà professionnellement, j'ai cherché, qu'est-ce que je peux faire pour être au service de mes concitoyens parce que je n'ai pas tout de suite pensé à la politique. Et ça a été d'entrer dans la fonction publique pour servir l'intérêt général. J'ai fait des études de droit pour cela, et puis ensuite l'Institut Régional d'Administration à Metz. Et puis j'ai envie d'aller plus loin, parce que j'étais engagée dans des associations. Mais dans les associations, je me suis assez vite rendue compte que... Au bout d'un moment, c'est le politique qui décide. Et voilà, et que donc, pour faire vraiment avancer des projets, j'ai envie de dire, pour changer le monde, eh bien, il fallait faire de la politique. Et à ce moment-là, je me suis dit, bon, voilà, il y a les idées de mon grand-père, qui était un centriste, démocrate chrétien, centre des démocrates sociaux à l'époque. Est-ce que les idées sont bien les miennes Donc voilà, j'ai beaucoup lu. J'ai attendu aussi d'intégrer l'université. Et là, confrontée aux collègues, je me suis rendue compte que ces idées-là étaient bien les miennes. Et je me suis engagée au centre des démocrates sociaux, donc parti centriste à Colmar. Je me suis retrouvée la plus jeune et quasiment, pas tout à fait, mais quasiment la seule femme. Nous étions peut-être deux ou trois, et à ce moment-là je me suis dit, bon, qu'est-ce que je fais Ou je m'en vais en courant, parce que c'était quand même compliqué d'être la plus jeune et parmi les seules femmes. Mais ce n'est pas vraiment dans mon tempérament. Et du coup, j'ai appelé mes copains, mes copines de lycée, de fac, et je leur ai dit, je vais créer une section de jeunes démocrates sociaux, est-ce que ça vous intéresse Et ça a été mes premiers pas en politique. Et arrive l'été, je dis à maman, cet été, je vais partir à l'université d'été des jeunes démocrates sociaux. Je me souviens de ma mère qui a... qui a mis ses bras vers le ciel en disant mais c'est pas possible qu'est ce qui arrive à ma fille et ça a été assez formidable parce qu'à ce moment là j'ai pu rencontrer des personnalités qui m'ont beaucoup marqué et peut-être que nous y reviendrons tout à l'heure comme si monne veille jean lecanuet et puis françois bayrou voilà que du coup je connais depuis que j'ai l'âge de 18 ans et je reviens juste sur le

  • Speaker #0

    La maman qui réagit, pourquoi Elle ne s'y attendait pas ou elle avait peur de quelque chose

  • Speaker #1

    En fait, c'était maman qui était la fille de mon grand-père. Et je pense qu'elle avait quelque peu souffert du fait que son père était très peu à la maison.

  • Speaker #0

    L'absence

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis en plus, c'était une période, je n'avais pas 20 ans, donc c'était début des années 70, 1974. où justement les femmes étaient très peu engagées encore en politique.

  • Speaker #0

    Et oui.

  • Speaker #1

    Et alors pour tout vous dire, j'hésitais à un moment donné parce que mon père lui était journaliste. Et j'avais envie de devenir journaliste. Je l'ai dit à mon père. Et pareil, mon père me dit, mais c'est beaucoup trop dur pour une femme.

  • Speaker #0

    Ah oui. Voilà.

  • Speaker #1

    Et du coup, comme j'aime bien les défis, je les aimais déjà à l'époque, je les aime toujours encore aujourd'hui, je me suis dit, on va faire encore plus dur. Et c'était la politique.

  • Speaker #0

    Et je reviens aussi sur ce que vous avez dit tout à l'heure, que vous aviez remarqué, vous étiez à la fois la plus jeune et l'une des seules femmes. Est-ce qu'on vous l'a fait remarquer aussi

  • Speaker #1

    Non, on ne me l'a pas fait remarquer. Mais par contre... Ce dont je me souviendrai longtemps et toujours, c'est en 1994, nous étions réunis, l'ensemble des membres du parti à Colmar, et puis on cherchait un candidat ou une candidate pour se présenter au Conseil Général. C'était a priori plutôt un candidat qu'on cherchait, puisque le député qui était le Conseil Général sortant ne se représentait pas. Et puis au bout d'un moment, tous les regards se sont tournés vers moi. Mais en même temps, j'entendais et puis je sentais qu'il se disait que je n'oserais pas y aller. Et puis voilà, j'ai un petit peu réfléchi, pas trop longtemps. Et j'ai répondu positivement. Pourquoi Parce que je me suis dit que, en plus c'était ma première élection sur mon nom, je me suis dit que j'ai tout à gagner. Si je perds cette campagne, ça n'est pas grave. Et nous nous sommes retrouvés, nous étions neuf candidats. J'étais la plus jeune, là aussi, et la seule femme. Et quand je dis la seule femme, parmi les hommes, il y avait quelques poids lourds. Locaux, bien sûr, mais poids lourds quand même. Et voilà, j'ai gagné. Certainement, soyons modestes, certainement que le fait que j'ai été... La petite fille de mon grand-père, même s'il était décédé quelques années auparavant, m'a sûrement aidée, mais peut-être pas que cela.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement il est là un petit peu quand vous vous réalisez dans votre profession, dans votre engagement Est-ce qu'il y a une part de lui aussi quelque part

  • Speaker #1

    Alors j'ai envie de dire directement non, parce que je suis quelqu'un de très terre-à-terre, qui suis là pour avancer. Mais voilà, souvent on me le fait remarquer. Et du coup, j'ai une petite pensée pour lui. Et je me dis, il ne m'a jamais poussée dans cet engagement politique. Et puis, à l'époque, on ne montrait pas trop ses sentiments, mais je sentais qu'il était fier et qu'il espérait que je poursuive dans ce sens.

  • Speaker #0

    Je reviens sur, je le disais plus tôt, et vous l'avez évoqué, vous avez été la première femme élue au Conseil départemental du Haut-Rhin. Est-ce que ça vous a aussi... Couter au-delà de ce que ça vous a permis Non,

  • Speaker #1

    coûter, coûter non. Surtout que je suis quelqu'un de très positif, de très optimiste et je vois toujours le bon côté des choses. Couter, non. Par contre, je peux vous donner un ou deux exemples significatifs. À l'époque, il était question de mettre en place dans mon département une campagne de dépistage du cancer du sein. que le conseil général, donc départemental de l'époque, pouvait co-financer avec l'État. Et arrivait l'heure de midi, donc l'heure de passer à table, et je voyais que pour mes collègues, ce n'était pas très important. Et le président de la commission des affaires sociales a dit Bon, ça, on en reparlera un autre jour Et là, j'ai levé la main et j'ai dit Non, non, on n'en reparle pas un autre jour Moi je vais prendre ce dossier en main et c'est moi qui vais m'en charger. J'étais la seule femme, la première. Alors la première femme et la seule femme au sein de l'Assemblée. Je n'allais pas laisser reporter une campagne de prévention du cancer du sein. Voilà, ça c'est un exemple. Un autre exemple qui me vient à l'esprit, qui est plus tardif. J'étais toujours et encore la seule femme parce que je suis restée en fait la seule femme. jusqu'à la loi sur la parité. Et cet autre exemple, c'était lors d'une réunion de commission. L'un des collègues masculins, évidemment, a tenu des propos sexistes vis-à-vis d'une ou de plusieurs personnes de l'administration, des femmes. Évidemment, ces personnes ne pouvaient pas répondre puisque c'était une réunion d'élus. Et du coup, j'ai pris la parole pour les défendre. Et oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que là, avec tout ce que vous avez vécu, le parcours, ce que vous nous évoquez, est-ce que c'est encore et est-ce que ça a été plus dur d'être une femme en politique Est-ce que c'est complexe Oui,

  • Speaker #1

    clairement. On dit souvent, et c'est exact, qu'il faut faire ses preuves beaucoup plus. J'ai envie de dire dix fois plus. Je remarquais que lorsque je prenais la parole pour... défendre une opinion ou un dossier, un projet. Voilà, on m'écoutait, on m'écoutait. Et je me rendais compte, vraiment, vraiment, que lorsqu'un collègue masculin prenait la parole, il pouvait parfois, parfois, pas toujours évidemment, il pouvait parfois raconter n'importe quoi, mais n'importe quoi, et il était beaucoup plus écouté.

  • Speaker #0

    Écouté, oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais je pense qu'aujourd'hui, la situation actuelle, quand même beaucoup beaucoup évolué même si je deviens plus le temps passe plus je suis féministe parce que je pense qu'il ne faut jamais jamais baisser les bras et oui et on a quelques actualités qui nous le prouve aussi est

  • Speaker #0

    ce que vous le ressentez justement un espèce de climat sans rentrée politique l'idée de podcasts et aussi de d'avoir votre oeil sur vous êtes dans la politique, vous êtes au cœur des choses. Est-ce que vous avez aussi une sensation d'un mouvement qui fait que justement, il ne faut vraiment pas lâcher

  • Speaker #1

    En tout cas, moi je dis à toutes les femmes et à toutes les filles avec lesquelles nous parlons de ces sujets-là, qu'il faut se battre, que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, nos mamans, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères se sont battues pour le droit de vote. pour les droits des femmes, pour l'IVG, etc., eh bien qu'il ne faut rien lâcher. Parce que je pense vraiment que si on lâchait, si on ne continuait pas à se battre, je pense qu'on risquerait de régresser dans les droits qui sont les nôtres. Nous avons une chance, là je fais un peu de politique, mais je le dis avec mon cœur parce que c'est la réalité. Nous avons la chance actuellement d'avoir un président de la République, Emmanuel Macron. qu'il veille vraiment dans toutes les décisions qu'il prend, dans toutes les nominations qu'il fait, à ce qu'il y ait vraiment une stricte parité. Et ça, c'est très très important. Vous savez, longtemps, longtemps, j'étais contre la parité.

  • Speaker #0

    Oui, je l'avais noté.

  • Speaker #1

    J'étais contre les quotas de femmes. Je trouve ça même atroce, même encore aujourd'hui. Mais avec le recul... Je me dis que si on n'était pas passé par là, je serais peut-être encore la seule femme au conseil départemental du Rhin, par exemple.

  • Speaker #0

    Et oui, et c'est vrai que ça peut être... On peut se dire que non, on n'en a pas besoin, mais c'est aussi, je trouve, le symbole d'une forme d'échec de la démocratie, de l'égalité, de choses comme ça, d'avoir besoin de mettre en place ce type de loi. Mais bon,

  • Speaker #1

    c'est clair. Moi, si ça me permet... En tout cas, de manière transitoire, parce que ce que je dois dire aussi, vraiment, vraiment, c'est que... Lorsque les femmes sont rentrées au conseil départemental, j'ai vécu ce moment-là, où nous avons eu autant de femmes que d'hommes dans l'Assemblée, les femmes se sont tout de suite mises au travail, ont tout fait pour prendre des responsabilités. Et quelquefois je dis, avec humour, mais je le crois vraiment, que la loi sur la parité va peut-être servir aux hommes dans les prochaines années. Un exemple, ici à l'Assemblée nationale, nous avons la chance d'avoir une femme présidente de l'Assemblée nationale. C'est la première femme présidente de l'Assemblée nationale de toute l'histoire. Au mois de février de l'année dernière, j'ai été élue par mes collègues caisseurs de l'Assemblée nationale. Caisseurs, c'est un peu comme maire de l'Assemblée nationale. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais vous demander de redéfinir.

  • Speaker #1

    C'est nous, on nous occupe. du budget de l'Assemblée nationale, des ressources humaines et puis du patrimoine immobilier. Nous sommes trois caisseurs, donc trois maires de l'Assemblée nationale. En février 2024, lorsque j'ai été élue caisseur, mon équipe est allée rechercher un petit peu et m'a dit vous êtes la septième caisseur femme de l'Assemblée nationale, de l'histoire de l'Assemblée nationale Et aujourd'hui, un an après... Eh bien, ce sont trois femmes qui sont caisseurs de l'Assemblée nationale. Là aussi, c'est une première que trois femmes soient caisseurs de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Et alors, ça se passe bien

  • Speaker #1

    Eh bien oui, ça se passe très bien. Oui, ça se passe vraiment très bien. Alors, et c'est très très bien comme ça, nous sommes issus de partis, de groupes politiques différents. Il y a Christine Pérez-Bonne qui est socialiste, Michel Tabarro qui est Les Républicains. et moi qui suis renaissance et ça se passe très bien. Nous ne sommes pas toujours forcément d'accord sur tout, mais nous en discutons et nous essayons de trouver une solution de consensus. Aussi,

  • Speaker #0

    parfois, il y a cette idée que les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir. En tout cas, il y a un souci avec la notion de pouvoir. Moi, je me demandais comment vous avez appris ou comment vous avez construit à l'exercer pleinement ce pouvoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que ce n'est pas évident. J'ai démarré comme conseillère municipale dans un conseil municipal. Je suis de nature très, très, très timide. Voilà, ça a été un défi pour moi que de prendre la parole, de s'affirmer. Je ne dis pas que j'étais bonne tout de suite. Voilà, mais j'ai envie de dire que ça vient avec le temps et ça vient peut-être surtout... Dans l'adversité. Lorsque vous êtes en campagne électorale, il faut se battre. On ne se bat pas, je ne me bats jamais, jamais, jamais contre des personnes, mais je me bats pour des idées, pour des convictions et pour des projets destinés à mes concitoyens. J'ai toujours conçu la politique comme cela. Mais il s'agit de se battre et donc de s'imposer. Ça c'est un premier élément. Et puis ensuite effectivement lorsque vous accédez à un poste de décision, et bien là aussi j'ai envie de dire il y a le moment du dialogue et de la concertation où vous écoutez les élus ou les représentants de l'administration qui sont là. Et puis à un moment donné c'est vous qui décidez. Et voilà c'est une grosse responsabilité. Il n'y a pas de raison qu'une femme ait plus de mal à assurer le pouvoir qu'un homme. Même si j'ai coutume de dire, parce que moi je le vis comme cela, que les femmes, il faut souvent les chercher pour prendre des postes de pouvoir. J'ai un exemple là aussi très précis. En 2008... J'étais candidate tête de liste à la mairie de Colmar. Vraiment, des hommes qui voulaient être candidats à mes côtés, sur ma liste, j'en avais énormément. Ils ne voulaient pas juste être sur ma liste, ils voulaient pour la plupart tout de suite devenir adjoints en maire. J'étais même pas, ils n'étaient même pas ancrés lus, voire même premier adjoint en maire. Et les femmes, j'ai dû aller les chercher parce que, et je suis dans le même cas, parce que nous n'osons pas forcément, nous nous posons beaucoup plus de questions, je crois, qu'un homme avant de se dire bon allez j'y vais.

  • Speaker #0

    Oui, il y a la question de légitimité aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que je vais savoir faire J'ai pas l'expérience, j'ai pas la formation. Est-ce que j'aurai le temps

  • Speaker #0

    Et c'est aussi important, et c'est pour ça aussi ce podcast et cet épisode, de vous entendre aussi sur ce sujet, sur ce parcours, pour que peut-être que ça évoque quelque chose à une des auditrices du podcast pour oser en fait. Il y a aussi cette notion d'oser, d'ambition.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    de se permettre.

  • Speaker #1

    Pour vous dire la vérité, je n'ai jamais cherché à faire carrière. Parce que quelquefois, il y a des jeunes qui viennent me voir Ah, vous avez fait une belle carrière, comment est-ce qu'il faut faire Moi, j'ai envie de dire, ma recette, c'est que je n'ai jamais rien cherché.

  • Speaker #0

    Mais vous n'avez rien lâché.

  • Speaker #1

    J'ai rien lâché. On m'a d'ailleurs parfois fait des propositions. Et j'ai dit non, et je me suis posé la question, est-ce que j'accepte ou j'accepte pas Mais voilà. En fait, il faut prendre la balle au bon. Aussi, lorsqu'on le sent, je suis devenue casteur, parce que je me suis dit que c'était un poste qui me correspondait. Parce que moi, je suis beaucoup dans le travail, le travail pour les autres, et moins dans la communication, en l'occurrence. Je suis là plus pour faire avancer les choses et je trouvais que ce poste me correspondait. Mais je peux vous dire que si je n'avais pas eu mes collaborateurs à mes côtés, ils sont venus deux, trois fois à la charge avant que je nise me présenter à ce poste.

  • Speaker #0

    Et donc vous l'avez aussi évoqué, cette envie d'exercer le pouvoir à votre manière. Et je trouvais qu'il y avait beaucoup d'intelligence émotionnelle qui manque. je trouve, dans la vie et qui est important aussi dans cette notion de pouvoir et d'exercer votre métier.

  • Speaker #1

    En fait, pour moi, l'humain est très important. Et j'exerce cette mission, j'ai envie de dire, avec beaucoup de cœur. Et pas pour moi, mais pour les autres. Et cela, en effet, mes concitoyens me disent souvent qu'ils le ressentent très fort. Et puis aussi qu'ils l'apprécient. Parce que j'ai effectivement été ministre. J'étais présidente de département, aujourd'hui je suis castor, mais bon avant tout je suis Brigitte Klinkert et quel que soit le poste, la mission qu'on peut avoir, je pense qu'il faut rester très humble et se dire aussi que cette mission, ce poste, c'est pour un temps et puis que demain on retombera entre guillemets dans l'anonymat et que c'est très bien comme ça aussi.

  • Speaker #0

    Oui, ça, ça vous aide du coup à voir les choses aussi en termes de ne pas toujours en vouloir plus. Là, votre discours est important parce que c'est pas d'être attachée à la fonction, c'est d'être vraiment au statut, mais à ce que vous exercez vraiment.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'aide beaucoup. Ça m'aide par exemple dans les campagnes électorales, parce que quand je fais une campagne électorale, je me dis, bon, ben voilà, je vais donner le meilleur de moi-même. Après, ce sont les électeurs qui vont décider. Et évidemment, je souhaiterais être élue pour mettre en œuvre les engagements que je prends. Mais à la limite, si je n'étais pas élue, ça ne serait pas un drame. Parce qu'il y a aussi autre chose dans la vie. Et ça, ça peut faire la différence. Et les gens le ressentent très fort.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Vous êtes, alors, de manière... Conscient tout doux, mais aussi une figure. Vous faites aussi la notion d'un passage de relais, un moment pour les autres femmes. Est-ce que vous avez aussi un message pour celles qui, on l'a un petit peu abordé dans l'épisode, mais qui n'osent pas s'engager, qui n'osent pas aller de l'avant Quel est votre message pour ces femmes Il n'y a qu'un mot,

  • Speaker #1

    c'est oser. Avoir confiance en soi et oser. Et je vais vous dire ce message-là, j'essaye encore aujourd'hui de me l'appliquer. Avec effectivement toute l'expérience qui est la mienne, avec tous les postes qui ont pu être les miens. J'évoquais tout à l'heure cette mission de castor qui est la mienne. Mais vraiment, vraiment, si mes collaborateurs ne m'avaient pas dit, mais Brigitte, c'est vraiment un poste qui est fait pour vous, je n'y serais jamais allée parce que je me disais, ah ben non, c'est hors de portée. C'est fou ça. Je vous assure. C'est hors de portée.

  • Speaker #0

    C'est important et important.

  • Speaker #1

    Et du coup, je me suis présentée. Nous étions dix candidateux, puisqu'il y a un an, c'était un poste qui était réservé par mon groupe politique aux femmes. Mais je me suis présentée et je me suis dit, j'ai aucune chance par rapport à d'autres collègues. Mais alors, quand je fais campagne, je fais campagne. Si j'y vais, j'y vais et je n'y vais pas à moitié. Et voilà. élu et je peux dire même plutôt bien élu.

  • Speaker #0

    Et ça c'est aussi une récompense et ça fait du bien aussi de se dire que nos idées sont suivies.

  • Speaker #1

    Voilà ça fait du bien et ce qui fait du bien surtout aussi c'est que j'ai été réélu par mes collègues parce qu'être réélu c'est une chose mais être réélu c'en est une autre et je pense que c'est parce que mes collègues ont bien senti que ce poste qui est effectivement un poste prestigieux et bien je ne le voulais pas pour moi. mais je le voulais pour être au service de mes collègues.

  • Speaker #0

    Et justement, à travers cette trajectoire, le récit que vous nous donnez, quel récit, justement, vous avez envie de laisser au-delà du mandat, des fonctions En parlant de vous, qu'est-ce que vous voulez qu'on évoque C'est dur, peut-être

  • Speaker #1

    Écoutez, si je voudrais évoquer, je le fais avec grande émotion, ce qui s'est passé il y a cinq ans dans mon département. J'étais présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Mulhouse, et ensuite tout le département, a été très très touché par le Covid. Le président d'Anne de la République parlait de guerre, mais chez nous c'était vraiment vraiment la guerre, avec des dizaines de morts chaque jour. Et puis le 20 mars, le 20 mars à midi, j'entendais les hélicoptères. qui transportaient des patients en réanimation vers des hôpitaux à des dizaines de kilomètres de là, des avions qui décollaient avec des patients en réanimation, des TGV qui partaient à l'autre bout de la France avec des patients en réanimation. Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible. Il y a des hôpitaux beaucoup plus proches, juste de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, à Fribourg qui a... une quarantaine de kilomètres, 40-50 kilomètres de Colmar, à Bâle en Suisse, qui est à 30-40 kilomètres de Mulhouse. Pourquoi est-ce qu'on ne transporte pas ces patients-là Et la présidente du conseil départemental que j'étais à ce moment-là s'est dit, je me suis dit, bon, les frontières sont fermées, puisque les frontières avaient été fermées pendant la crise Covid, mais tant pis, je tente le tout pour le tout. Et j'ai adressé un mail au président du Bas-de-Württemberg, qui est le Landalmont juste à côté de l'Alsace. Et j'ai adressé un mail aux trois présidents des cantons suisses voisins, Baleville, Bale-Campagne et du Jura, et je les ai appelés à l'aide. Je leur ai dit, on n'arrive plus à s'en sortir. Est-ce que vous seriez prêts à accepter des patients en réanimation chez vous, dans vos hôpitaux Je me suis dit, j'ai zéro chance de... d'obtenir une réponse positive. Et j'ai obtenu, dans les heures qui ont suivi, des réponses positives. Et dès le lendemain, des patients en réanimation ont été transférés dans des hôpitaux en Allemagne, par la suite en Suisse aussi. J'ose dire que c'était le début des transferts de patients français vers l'étranger. Et ce qui ne m'est jamais arrivé, dans ma vie d'élue, dans ma vie tout court, et qui ne m'arrivera plus jamais, c'est que, par la suite, deux... des personnes sont venues me voir, où j'en croise encore ces temps-ci, en me disant, si je suis en grand vie, c'est grâce à vous. Ou des femmes qui viennent me dire, mon mari, voilà, vous doit d'être en grand vie aujourd'hui. Ouais, ouais.

  • Speaker #0

    On prend la portée de nos décisions, de ce pouvoir, justement, qu'on a envie d'exercer. Et là, vous avez le retour puissance mille. C'est puissant, ouais.

  • Speaker #1

    C'est très, très fort. Et en fait, J'ai réussi à obtenir cette décision de nos voisins parce que j'avais une relation d'amitié dans la coopération transfrontalière avec eux qui était forte. Parce que pour eux, évidemment, ce n'était pas une décision facile non plus de dire on va mettre des lits à disposition des Français. Parce que certes, nous étions parmi les premiers en Alsace à être... dans cette pandémie du Covid, mais évidemment cette pandémie allait se répandre aussi en Allemagne et en Suisse, et ils ont pris sur eux de mettre des lits à notre disposition. Ce qui me fait dire que l'amitié franco-allemande, la coopération franco-allemande et l'amitié européenne a sauvé des vies.

  • Speaker #0

    Oui, et vous y tenez encore à ce lien entre les frontières, entre les échanges Vous savez,

  • Speaker #1

    je suis alsacienne. J'évoquais mon grand-père, maire de Colmar, mais avant d'être maire de Colmar, déjà comme les gens de sa génération, il était né allemand, devenu français en 1918. Et puis en 1939, il est entré dans la résistance. Il a été... condamnée par les allemands, mise en prison, condamnée à mort mais a réussi à s'en sortir. C'est une histoire qui aujourd'hui encore, même pour les jeunes générations, est très forte, et même, je peux le dire, douloureuse encore.

  • Speaker #0

    Vous aviez évoqué tout à l'heure les figures politiques féminines qui ont compté pour vous. Est-ce que vous pouvez nous en parler, peut-être notamment Simone Veil que vous avez évoquée tout à l'heure Oui,

  • Speaker #1

    s'il y en a une que je souhaite évoquer, c'est Simone Veil que j'ai d'ailleurs eue. J'ai eu l'occasion de croiser et j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec elle. Et alors, juste une petite anecdote. Il y a quelques jours, j'ai été invitée dans un lycée agricole, pas loin de chez moi, en Alsace, qui m'invitait à être la marraine d'un Dahlia que les jeunes lycéens ont créé, le Dahlia Simone Weil. Ça a été un moment aussi de... de grandes émotions et j'ai trouvé extraordinaire que de leur propre initiative, ces jeunes qui avaient eu l'occasion il y a deux ans de visiter Auschwitz, aient décidé de créer un Dalia du nom de Simone Weil. Alors Simone Weil, c'est effectivement une femme très inspirante, c'est effectivement la Shoah, c'est évidemment l'Europe aussi. Et puis Simone Veil, c'est son combat pour les droits des femmes. Donc une très très grande figure et très très souvent je pense à elle.

  • Speaker #0

    Ah oui, au quotidien, enfin régulièrement.

  • Speaker #1

    Je pense à elle parce que c'est vraiment une figure qui…

  • Speaker #0

    La puissance aussi de cette femme.

  • Speaker #1

    Comme vous dites, la puissance, parce que pour avoir eu l'occasion de la croiser, c'était une femme de fort caractère. Évidemment qu'elle était de fort caractère, sinon déjà je pense qu'elle ne serait jamais revenue d'Auschwitz, ça n'est pas possible. Elle n'aurait jamais pu à l'époque faire ce qu'elle a fait, elle a été présidente du Parlement européen. Et puis je me souviens surtout de ses combats aussi à l'Assemblée nationale pour le droit à l'avortement des femmes. C'était des combats.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'était un combat, parce qu'elle était seule contre beaucoup.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas la parité à l'époque.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc nous sommes dans Elsa G, j'ai quelques questions signatures pour clôturer notre échange. Déjà, j'aimerais connaître votre définition d'agir. Pour vous, ça veut dire quoi,

  • Speaker #1

    agir Agir, pour moi, c'est servir avant tout, servir nos concitoyens, d'abord.

  • Speaker #0

    Où est-ce que vous aimeriez voir plus d'action

  • Speaker #1

    Alors, je sais que... que les Français attendent une action résolue de l'État dans les domaines, j'ai envie de dire, qui comptent, c'est-à-dire l'éducation, la santé, la sécurité, l'écologie. Pour le reste, je pense aussi qu'il faut beaucoup plus décentraliser notre pays et donner plus de pouvoir. bien aux collectivités locales, c'est-à-dire aux communes, aux départements. Les Français attendent de l'État la protection avant tout, et je pense que les collectivités locales peuvent faire beaucoup, beaucoup d'autres choses.

  • Speaker #0

    Et enfin, est-ce que vous avez une figure féminine du quotidien qui vous inspire, qui représente pour vous l'action Ça serait qui et pourquoi

  • Speaker #1

    Là, la question est compliquée parce que... Femme qui m'inspire, comme déjà évoqué, c'est Simone Veil. Mais moi je suis admirative encore aujourd'hui, alors pas d'une femme en particulier, mais de femmes qui ont le courage d'être dans des métiers dont on dit encore aujourd'hui que ce sont des métiers d'hommes. Ou de jeunes femmes qui sont dans le domaine de l'apprentissage, dans des métiers qui aujourd'hui encore sont des métiers dits. des métiers d'homme. Eh bien, j'en ai vu au lycée... agricole et horticole dans lesquels j'étais la semaine dernière. Je pense à une jeune femme qui vient de remporter un prix dans une entreprise de ma circonscription, l'entreprise Liber, qui est une entreprise qui fabrique des pelles mécaniques. Voilà des femmes qui sont dans le bâtiment. Et je dois dire que pour moi ce sont aussi des modèles. Ce sont des femmes du quotidien, mais qui sont des modèles parce que comme j'ai essayé d'ouvrir la porte modestement à des femmes en politique, et bien elles aussi, elles ouvrent les portes à des métiers qui jusqu'à présent n'étaient pas pour nous, les femmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci pour cet échange et merci d'avoir retracé rapidement, en tout cas de nous avoir donné... votre parcours et votre vision aussi de la politique.

  • Speaker #1

    Mille merci à vous et surtout bravo pour ce que vous faites et persévérez. Je crois que nous en avons tout besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

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Description

Dans ce nouvel épisode d’Elles Agissent, je suis ravie d'accueillir Brigitte Klinkert Députée et Questeure de l'Assemblée nationale.

La 7ème Questeure de l'histoire et pour la première fois, ce sont désormais 3 femmes Questeures à l'assemblée nationale.


Elle nous ouvre la porte de son bureau… et de son parcours. De ses débuts inspirés par son grand-père, à son engagement qui se diffuse de manière de plus en plus puissante pour les droits des femmes ainsi que son intérêt depuis toujours pour l’insertion sociale, elle nous raconte comment elle a trouvé sa place dans un monde politique d’hommes, sans jamais perdre de vue l’essentiel : servir les autres.

Dans cet épisode, vous l'entendrez, elle revient sur son appétence née dès l’enfance pour la politique. Sur les défis des femmes en politique, sur le pouvoir pensé et exercé avec volonté d'intelligence émotionnelle.

Nous revenons aussi sur un moment très fort dans sa carrière, son rôle pendant la crise du Covid, quand elle a mobilisé l’Allemagne et la Suisse pour sauver des vie.


Nous parlons des femmes qu'elle admire, comme Simone Veil.

Et puis elle nous laisse avec ce podcast, un message fort celui "d'oser" même si pour elle encore, ce n'est pas toujours chose facile.


À écouter sur toutes les plateformes.

N’hésitez pas à partager si cet épisode vous touche.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Madame Klinkert, je suis ravie de vous recevoir au micro d'Alsagis.

  • Speaker #1

    Grand merci de m'avoir conviée, je suis ravie d'être avec vous.

  • Speaker #0

    Et je suis aussi ravie d'être accueillie dans votre bureau, c'est un vrai honneur pour Alsagis d'être là à l'Assemblée Nationale aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Écoutez, j'ai envie de dire, l'Assemblée Nationale c'est la maison, le cœur de la démocratie, et tout le monde est convié à venir visiter l'Assemblée Nationale, elle ouvre grand ses portes pour toutes les personnes qui souhaitent. venir visiter et qui s'intéresse à notre travail de début.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Donc vous êtes une femme politique fortement enracinée dans votre territoire l'Alsace, on va en reparler, et engagée en fait depuis de nombreuses années dans l'action publique. Et en 1994, cette fameuse date, vous avez été la première femme assiégée au conseil général du Haut-Rhin et vous avez été présidente aussi, alors je retrace rapidement au niveau de parcours, du département ministre déléguée à l'insertion. Et vous êtes aujourd'hui députée et costard à l'Assemblée nationale. Vous avez porté des politiques sociales fortes, notamment autour de l'insertion, de l'engagement des jeunes et de la structuration des territoires. Un sujet qui vous plaît particulièrement. Et vous êtes aussi l'une des femmes, l'une de ces femmes, qui ont dû ouvrir des portes dans un monde encore très, ou peut-être trop, masculin, avec une vision du pouvoir tourner vous vers le service, vers l'autre. Et aujourd'hui j'aimerais qu'on prenne le temps évidemment de revenir sur votre parcours, sur votre vision du pouvoir, sur vos combats, et ce que signifie aussi pour vous agir en politique notamment, et aussi en tant que femme. Et pour commencer, j'avais envie de revenir au tout début, notamment enfant. Vous disiez, j'ai entendu, vouloir assister à des meetings politiques dès l'enfance, et je me demandais, à votre avis, d'où vient ce désir d'engagement si précoce

  • Speaker #1

    Alors, il faut dire que mon grand-père était maire de la ville dans laquelle je suis née, Colmar, en Alsace. Il a été élu maire en 1947 et il est resté maire pendant 30 ans. Pour moi, c'était avant tout mon grand-père, mais je voyais que lorsqu'il sortait dans la rue, lorsqu'il allait à une cérémonie, une manifestation, tout le monde le remerciait pour ce qu'il faisait. Et lui allait très très volontiers vers les gens et je me rendais compte, ce qu'il faisait c'était important. C'était important pour lui et c'était important pour les autres. Mais lorsqu'on est la petite fille d'un homme politique, ou peut-être d'une femme politique aussi, on voit son grand-père et on ne voit pas en l'occurrence le maire de Colmar. Et ça n'est que par la suite. que je me suis rendu compte que ce qu'il faisait en tant que maire de Colmar, c'était d'être au service de ses concitoyens. Et je pense que vraiment c'était ce qui le poussait dans la mission qui était la sienne. Et j'ai eu envie de faire la même chose, d'être au service du public. Alors comment Déjà professionnellement, j'ai cherché, qu'est-ce que je peux faire pour être au service de mes concitoyens parce que je n'ai pas tout de suite pensé à la politique. Et ça a été d'entrer dans la fonction publique pour servir l'intérêt général. J'ai fait des études de droit pour cela, et puis ensuite l'Institut Régional d'Administration à Metz. Et puis j'ai envie d'aller plus loin, parce que j'étais engagée dans des associations. Mais dans les associations, je me suis assez vite rendue compte que... Au bout d'un moment, c'est le politique qui décide. Et voilà, et que donc, pour faire vraiment avancer des projets, j'ai envie de dire, pour changer le monde, eh bien, il fallait faire de la politique. Et à ce moment-là, je me suis dit, bon, voilà, il y a les idées de mon grand-père, qui était un centriste, démocrate chrétien, centre des démocrates sociaux à l'époque. Est-ce que les idées sont bien les miennes Donc voilà, j'ai beaucoup lu. J'ai attendu aussi d'intégrer l'université. Et là, confrontée aux collègues, je me suis rendue compte que ces idées-là étaient bien les miennes. Et je me suis engagée au centre des démocrates sociaux, donc parti centriste à Colmar. Je me suis retrouvée la plus jeune et quasiment, pas tout à fait, mais quasiment la seule femme. Nous étions peut-être deux ou trois, et à ce moment-là je me suis dit, bon, qu'est-ce que je fais Ou je m'en vais en courant, parce que c'était quand même compliqué d'être la plus jeune et parmi les seules femmes. Mais ce n'est pas vraiment dans mon tempérament. Et du coup, j'ai appelé mes copains, mes copines de lycée, de fac, et je leur ai dit, je vais créer une section de jeunes démocrates sociaux, est-ce que ça vous intéresse Et ça a été mes premiers pas en politique. Et arrive l'été, je dis à maman, cet été, je vais partir à l'université d'été des jeunes démocrates sociaux. Je me souviens de ma mère qui a... qui a mis ses bras vers le ciel en disant mais c'est pas possible qu'est ce qui arrive à ma fille et ça a été assez formidable parce qu'à ce moment là j'ai pu rencontrer des personnalités qui m'ont beaucoup marqué et peut-être que nous y reviendrons tout à l'heure comme si monne veille jean lecanuet et puis françois bayrou voilà que du coup je connais depuis que j'ai l'âge de 18 ans et je reviens juste sur le

  • Speaker #0

    La maman qui réagit, pourquoi Elle ne s'y attendait pas ou elle avait peur de quelque chose

  • Speaker #1

    En fait, c'était maman qui était la fille de mon grand-père. Et je pense qu'elle avait quelque peu souffert du fait que son père était très peu à la maison.

  • Speaker #0

    L'absence

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis en plus, c'était une période, je n'avais pas 20 ans, donc c'était début des années 70, 1974. où justement les femmes étaient très peu engagées encore en politique.

  • Speaker #0

    Et oui.

  • Speaker #1

    Et alors pour tout vous dire, j'hésitais à un moment donné parce que mon père lui était journaliste. Et j'avais envie de devenir journaliste. Je l'ai dit à mon père. Et pareil, mon père me dit, mais c'est beaucoup trop dur pour une femme.

  • Speaker #0

    Ah oui. Voilà.

  • Speaker #1

    Et du coup, comme j'aime bien les défis, je les aimais déjà à l'époque, je les aime toujours encore aujourd'hui, je me suis dit, on va faire encore plus dur. Et c'était la politique.

  • Speaker #0

    Et je reviens aussi sur ce que vous avez dit tout à l'heure, que vous aviez remarqué, vous étiez à la fois la plus jeune et l'une des seules femmes. Est-ce qu'on vous l'a fait remarquer aussi

  • Speaker #1

    Non, on ne me l'a pas fait remarquer. Mais par contre... Ce dont je me souviendrai longtemps et toujours, c'est en 1994, nous étions réunis, l'ensemble des membres du parti à Colmar, et puis on cherchait un candidat ou une candidate pour se présenter au Conseil Général. C'était a priori plutôt un candidat qu'on cherchait, puisque le député qui était le Conseil Général sortant ne se représentait pas. Et puis au bout d'un moment, tous les regards se sont tournés vers moi. Mais en même temps, j'entendais et puis je sentais qu'il se disait que je n'oserais pas y aller. Et puis voilà, j'ai un petit peu réfléchi, pas trop longtemps. Et j'ai répondu positivement. Pourquoi Parce que je me suis dit que, en plus c'était ma première élection sur mon nom, je me suis dit que j'ai tout à gagner. Si je perds cette campagne, ça n'est pas grave. Et nous nous sommes retrouvés, nous étions neuf candidats. J'étais la plus jeune, là aussi, et la seule femme. Et quand je dis la seule femme, parmi les hommes, il y avait quelques poids lourds. Locaux, bien sûr, mais poids lourds quand même. Et voilà, j'ai gagné. Certainement, soyons modestes, certainement que le fait que j'ai été... La petite fille de mon grand-père, même s'il était décédé quelques années auparavant, m'a sûrement aidée, mais peut-être pas que cela.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement il est là un petit peu quand vous vous réalisez dans votre profession, dans votre engagement Est-ce qu'il y a une part de lui aussi quelque part

  • Speaker #1

    Alors j'ai envie de dire directement non, parce que je suis quelqu'un de très terre-à-terre, qui suis là pour avancer. Mais voilà, souvent on me le fait remarquer. Et du coup, j'ai une petite pensée pour lui. Et je me dis, il ne m'a jamais poussée dans cet engagement politique. Et puis, à l'époque, on ne montrait pas trop ses sentiments, mais je sentais qu'il était fier et qu'il espérait que je poursuive dans ce sens.

  • Speaker #0

    Je reviens sur, je le disais plus tôt, et vous l'avez évoqué, vous avez été la première femme élue au Conseil départemental du Haut-Rhin. Est-ce que ça vous a aussi... Couter au-delà de ce que ça vous a permis Non,

  • Speaker #1

    coûter, coûter non. Surtout que je suis quelqu'un de très positif, de très optimiste et je vois toujours le bon côté des choses. Couter, non. Par contre, je peux vous donner un ou deux exemples significatifs. À l'époque, il était question de mettre en place dans mon département une campagne de dépistage du cancer du sein. que le conseil général, donc départemental de l'époque, pouvait co-financer avec l'État. Et arrivait l'heure de midi, donc l'heure de passer à table, et je voyais que pour mes collègues, ce n'était pas très important. Et le président de la commission des affaires sociales a dit Bon, ça, on en reparlera un autre jour Et là, j'ai levé la main et j'ai dit Non, non, on n'en reparle pas un autre jour Moi je vais prendre ce dossier en main et c'est moi qui vais m'en charger. J'étais la seule femme, la première. Alors la première femme et la seule femme au sein de l'Assemblée. Je n'allais pas laisser reporter une campagne de prévention du cancer du sein. Voilà, ça c'est un exemple. Un autre exemple qui me vient à l'esprit, qui est plus tardif. J'étais toujours et encore la seule femme parce que je suis restée en fait la seule femme. jusqu'à la loi sur la parité. Et cet autre exemple, c'était lors d'une réunion de commission. L'un des collègues masculins, évidemment, a tenu des propos sexistes vis-à-vis d'une ou de plusieurs personnes de l'administration, des femmes. Évidemment, ces personnes ne pouvaient pas répondre puisque c'était une réunion d'élus. Et du coup, j'ai pris la parole pour les défendre. Et oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que là, avec tout ce que vous avez vécu, le parcours, ce que vous nous évoquez, est-ce que c'est encore et est-ce que ça a été plus dur d'être une femme en politique Est-ce que c'est complexe Oui,

  • Speaker #1

    clairement. On dit souvent, et c'est exact, qu'il faut faire ses preuves beaucoup plus. J'ai envie de dire dix fois plus. Je remarquais que lorsque je prenais la parole pour... défendre une opinion ou un dossier, un projet. Voilà, on m'écoutait, on m'écoutait. Et je me rendais compte, vraiment, vraiment, que lorsqu'un collègue masculin prenait la parole, il pouvait parfois, parfois, pas toujours évidemment, il pouvait parfois raconter n'importe quoi, mais n'importe quoi, et il était beaucoup plus écouté.

  • Speaker #0

    Écouté, oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais je pense qu'aujourd'hui, la situation actuelle, quand même beaucoup beaucoup évolué même si je deviens plus le temps passe plus je suis féministe parce que je pense qu'il ne faut jamais jamais baisser les bras et oui et on a quelques actualités qui nous le prouve aussi est

  • Speaker #0

    ce que vous le ressentez justement un espèce de climat sans rentrée politique l'idée de podcasts et aussi de d'avoir votre oeil sur vous êtes dans la politique, vous êtes au cœur des choses. Est-ce que vous avez aussi une sensation d'un mouvement qui fait que justement, il ne faut vraiment pas lâcher

  • Speaker #1

    En tout cas, moi je dis à toutes les femmes et à toutes les filles avec lesquelles nous parlons de ces sujets-là, qu'il faut se battre, que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, nos mamans, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères se sont battues pour le droit de vote. pour les droits des femmes, pour l'IVG, etc., eh bien qu'il ne faut rien lâcher. Parce que je pense vraiment que si on lâchait, si on ne continuait pas à se battre, je pense qu'on risquerait de régresser dans les droits qui sont les nôtres. Nous avons une chance, là je fais un peu de politique, mais je le dis avec mon cœur parce que c'est la réalité. Nous avons la chance actuellement d'avoir un président de la République, Emmanuel Macron. qu'il veille vraiment dans toutes les décisions qu'il prend, dans toutes les nominations qu'il fait, à ce qu'il y ait vraiment une stricte parité. Et ça, c'est très très important. Vous savez, longtemps, longtemps, j'étais contre la parité.

  • Speaker #0

    Oui, je l'avais noté.

  • Speaker #1

    J'étais contre les quotas de femmes. Je trouve ça même atroce, même encore aujourd'hui. Mais avec le recul... Je me dis que si on n'était pas passé par là, je serais peut-être encore la seule femme au conseil départemental du Rhin, par exemple.

  • Speaker #0

    Et oui, et c'est vrai que ça peut être... On peut se dire que non, on n'en a pas besoin, mais c'est aussi, je trouve, le symbole d'une forme d'échec de la démocratie, de l'égalité, de choses comme ça, d'avoir besoin de mettre en place ce type de loi. Mais bon,

  • Speaker #1

    c'est clair. Moi, si ça me permet... En tout cas, de manière transitoire, parce que ce que je dois dire aussi, vraiment, vraiment, c'est que... Lorsque les femmes sont rentrées au conseil départemental, j'ai vécu ce moment-là, où nous avons eu autant de femmes que d'hommes dans l'Assemblée, les femmes se sont tout de suite mises au travail, ont tout fait pour prendre des responsabilités. Et quelquefois je dis, avec humour, mais je le crois vraiment, que la loi sur la parité va peut-être servir aux hommes dans les prochaines années. Un exemple, ici à l'Assemblée nationale, nous avons la chance d'avoir une femme présidente de l'Assemblée nationale. C'est la première femme présidente de l'Assemblée nationale de toute l'histoire. Au mois de février de l'année dernière, j'ai été élue par mes collègues caisseurs de l'Assemblée nationale. Caisseurs, c'est un peu comme maire de l'Assemblée nationale. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais vous demander de redéfinir.

  • Speaker #1

    C'est nous, on nous occupe. du budget de l'Assemblée nationale, des ressources humaines et puis du patrimoine immobilier. Nous sommes trois caisseurs, donc trois maires de l'Assemblée nationale. En février 2024, lorsque j'ai été élue caisseur, mon équipe est allée rechercher un petit peu et m'a dit vous êtes la septième caisseur femme de l'Assemblée nationale, de l'histoire de l'Assemblée nationale Et aujourd'hui, un an après... Eh bien, ce sont trois femmes qui sont caisseurs de l'Assemblée nationale. Là aussi, c'est une première que trois femmes soient caisseurs de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Et alors, ça se passe bien

  • Speaker #1

    Eh bien oui, ça se passe très bien. Oui, ça se passe vraiment très bien. Alors, et c'est très très bien comme ça, nous sommes issus de partis, de groupes politiques différents. Il y a Christine Pérez-Bonne qui est socialiste, Michel Tabarro qui est Les Républicains. et moi qui suis renaissance et ça se passe très bien. Nous ne sommes pas toujours forcément d'accord sur tout, mais nous en discutons et nous essayons de trouver une solution de consensus. Aussi,

  • Speaker #0

    parfois, il y a cette idée que les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir. En tout cas, il y a un souci avec la notion de pouvoir. Moi, je me demandais comment vous avez appris ou comment vous avez construit à l'exercer pleinement ce pouvoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que ce n'est pas évident. J'ai démarré comme conseillère municipale dans un conseil municipal. Je suis de nature très, très, très timide. Voilà, ça a été un défi pour moi que de prendre la parole, de s'affirmer. Je ne dis pas que j'étais bonne tout de suite. Voilà, mais j'ai envie de dire que ça vient avec le temps et ça vient peut-être surtout... Dans l'adversité. Lorsque vous êtes en campagne électorale, il faut se battre. On ne se bat pas, je ne me bats jamais, jamais, jamais contre des personnes, mais je me bats pour des idées, pour des convictions et pour des projets destinés à mes concitoyens. J'ai toujours conçu la politique comme cela. Mais il s'agit de se battre et donc de s'imposer. Ça c'est un premier élément. Et puis ensuite effectivement lorsque vous accédez à un poste de décision, et bien là aussi j'ai envie de dire il y a le moment du dialogue et de la concertation où vous écoutez les élus ou les représentants de l'administration qui sont là. Et puis à un moment donné c'est vous qui décidez. Et voilà c'est une grosse responsabilité. Il n'y a pas de raison qu'une femme ait plus de mal à assurer le pouvoir qu'un homme. Même si j'ai coutume de dire, parce que moi je le vis comme cela, que les femmes, il faut souvent les chercher pour prendre des postes de pouvoir. J'ai un exemple là aussi très précis. En 2008... J'étais candidate tête de liste à la mairie de Colmar. Vraiment, des hommes qui voulaient être candidats à mes côtés, sur ma liste, j'en avais énormément. Ils ne voulaient pas juste être sur ma liste, ils voulaient pour la plupart tout de suite devenir adjoints en maire. J'étais même pas, ils n'étaient même pas ancrés lus, voire même premier adjoint en maire. Et les femmes, j'ai dû aller les chercher parce que, et je suis dans le même cas, parce que nous n'osons pas forcément, nous nous posons beaucoup plus de questions, je crois, qu'un homme avant de se dire bon allez j'y vais.

  • Speaker #0

    Oui, il y a la question de légitimité aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que je vais savoir faire J'ai pas l'expérience, j'ai pas la formation. Est-ce que j'aurai le temps

  • Speaker #0

    Et c'est aussi important, et c'est pour ça aussi ce podcast et cet épisode, de vous entendre aussi sur ce sujet, sur ce parcours, pour que peut-être que ça évoque quelque chose à une des auditrices du podcast pour oser en fait. Il y a aussi cette notion d'oser, d'ambition.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    de se permettre.

  • Speaker #1

    Pour vous dire la vérité, je n'ai jamais cherché à faire carrière. Parce que quelquefois, il y a des jeunes qui viennent me voir Ah, vous avez fait une belle carrière, comment est-ce qu'il faut faire Moi, j'ai envie de dire, ma recette, c'est que je n'ai jamais rien cherché.

  • Speaker #0

    Mais vous n'avez rien lâché.

  • Speaker #1

    J'ai rien lâché. On m'a d'ailleurs parfois fait des propositions. Et j'ai dit non, et je me suis posé la question, est-ce que j'accepte ou j'accepte pas Mais voilà. En fait, il faut prendre la balle au bon. Aussi, lorsqu'on le sent, je suis devenue casteur, parce que je me suis dit que c'était un poste qui me correspondait. Parce que moi, je suis beaucoup dans le travail, le travail pour les autres, et moins dans la communication, en l'occurrence. Je suis là plus pour faire avancer les choses et je trouvais que ce poste me correspondait. Mais je peux vous dire que si je n'avais pas eu mes collaborateurs à mes côtés, ils sont venus deux, trois fois à la charge avant que je nise me présenter à ce poste.

  • Speaker #0

    Et donc vous l'avez aussi évoqué, cette envie d'exercer le pouvoir à votre manière. Et je trouvais qu'il y avait beaucoup d'intelligence émotionnelle qui manque. je trouve, dans la vie et qui est important aussi dans cette notion de pouvoir et d'exercer votre métier.

  • Speaker #1

    En fait, pour moi, l'humain est très important. Et j'exerce cette mission, j'ai envie de dire, avec beaucoup de cœur. Et pas pour moi, mais pour les autres. Et cela, en effet, mes concitoyens me disent souvent qu'ils le ressentent très fort. Et puis aussi qu'ils l'apprécient. Parce que j'ai effectivement été ministre. J'étais présidente de département, aujourd'hui je suis castor, mais bon avant tout je suis Brigitte Klinkert et quel que soit le poste, la mission qu'on peut avoir, je pense qu'il faut rester très humble et se dire aussi que cette mission, ce poste, c'est pour un temps et puis que demain on retombera entre guillemets dans l'anonymat et que c'est très bien comme ça aussi.

  • Speaker #0

    Oui, ça, ça vous aide du coup à voir les choses aussi en termes de ne pas toujours en vouloir plus. Là, votre discours est important parce que c'est pas d'être attachée à la fonction, c'est d'être vraiment au statut, mais à ce que vous exercez vraiment.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'aide beaucoup. Ça m'aide par exemple dans les campagnes électorales, parce que quand je fais une campagne électorale, je me dis, bon, ben voilà, je vais donner le meilleur de moi-même. Après, ce sont les électeurs qui vont décider. Et évidemment, je souhaiterais être élue pour mettre en œuvre les engagements que je prends. Mais à la limite, si je n'étais pas élue, ça ne serait pas un drame. Parce qu'il y a aussi autre chose dans la vie. Et ça, ça peut faire la différence. Et les gens le ressentent très fort.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Vous êtes, alors, de manière... Conscient tout doux, mais aussi une figure. Vous faites aussi la notion d'un passage de relais, un moment pour les autres femmes. Est-ce que vous avez aussi un message pour celles qui, on l'a un petit peu abordé dans l'épisode, mais qui n'osent pas s'engager, qui n'osent pas aller de l'avant Quel est votre message pour ces femmes Il n'y a qu'un mot,

  • Speaker #1

    c'est oser. Avoir confiance en soi et oser. Et je vais vous dire ce message-là, j'essaye encore aujourd'hui de me l'appliquer. Avec effectivement toute l'expérience qui est la mienne, avec tous les postes qui ont pu être les miens. J'évoquais tout à l'heure cette mission de castor qui est la mienne. Mais vraiment, vraiment, si mes collaborateurs ne m'avaient pas dit, mais Brigitte, c'est vraiment un poste qui est fait pour vous, je n'y serais jamais allée parce que je me disais, ah ben non, c'est hors de portée. C'est fou ça. Je vous assure. C'est hors de portée.

  • Speaker #0

    C'est important et important.

  • Speaker #1

    Et du coup, je me suis présentée. Nous étions dix candidateux, puisqu'il y a un an, c'était un poste qui était réservé par mon groupe politique aux femmes. Mais je me suis présentée et je me suis dit, j'ai aucune chance par rapport à d'autres collègues. Mais alors, quand je fais campagne, je fais campagne. Si j'y vais, j'y vais et je n'y vais pas à moitié. Et voilà. élu et je peux dire même plutôt bien élu.

  • Speaker #0

    Et ça c'est aussi une récompense et ça fait du bien aussi de se dire que nos idées sont suivies.

  • Speaker #1

    Voilà ça fait du bien et ce qui fait du bien surtout aussi c'est que j'ai été réélu par mes collègues parce qu'être réélu c'est une chose mais être réélu c'en est une autre et je pense que c'est parce que mes collègues ont bien senti que ce poste qui est effectivement un poste prestigieux et bien je ne le voulais pas pour moi. mais je le voulais pour être au service de mes collègues.

  • Speaker #0

    Et justement, à travers cette trajectoire, le récit que vous nous donnez, quel récit, justement, vous avez envie de laisser au-delà du mandat, des fonctions En parlant de vous, qu'est-ce que vous voulez qu'on évoque C'est dur, peut-être

  • Speaker #1

    Écoutez, si je voudrais évoquer, je le fais avec grande émotion, ce qui s'est passé il y a cinq ans dans mon département. J'étais présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Mulhouse, et ensuite tout le département, a été très très touché par le Covid. Le président d'Anne de la République parlait de guerre, mais chez nous c'était vraiment vraiment la guerre, avec des dizaines de morts chaque jour. Et puis le 20 mars, le 20 mars à midi, j'entendais les hélicoptères. qui transportaient des patients en réanimation vers des hôpitaux à des dizaines de kilomètres de là, des avions qui décollaient avec des patients en réanimation, des TGV qui partaient à l'autre bout de la France avec des patients en réanimation. Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible. Il y a des hôpitaux beaucoup plus proches, juste de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, à Fribourg qui a... une quarantaine de kilomètres, 40-50 kilomètres de Colmar, à Bâle en Suisse, qui est à 30-40 kilomètres de Mulhouse. Pourquoi est-ce qu'on ne transporte pas ces patients-là Et la présidente du conseil départemental que j'étais à ce moment-là s'est dit, je me suis dit, bon, les frontières sont fermées, puisque les frontières avaient été fermées pendant la crise Covid, mais tant pis, je tente le tout pour le tout. Et j'ai adressé un mail au président du Bas-de-Württemberg, qui est le Landalmont juste à côté de l'Alsace. Et j'ai adressé un mail aux trois présidents des cantons suisses voisins, Baleville, Bale-Campagne et du Jura, et je les ai appelés à l'aide. Je leur ai dit, on n'arrive plus à s'en sortir. Est-ce que vous seriez prêts à accepter des patients en réanimation chez vous, dans vos hôpitaux Je me suis dit, j'ai zéro chance de... d'obtenir une réponse positive. Et j'ai obtenu, dans les heures qui ont suivi, des réponses positives. Et dès le lendemain, des patients en réanimation ont été transférés dans des hôpitaux en Allemagne, par la suite en Suisse aussi. J'ose dire que c'était le début des transferts de patients français vers l'étranger. Et ce qui ne m'est jamais arrivé, dans ma vie d'élue, dans ma vie tout court, et qui ne m'arrivera plus jamais, c'est que, par la suite, deux... des personnes sont venues me voir, où j'en croise encore ces temps-ci, en me disant, si je suis en grand vie, c'est grâce à vous. Ou des femmes qui viennent me dire, mon mari, voilà, vous doit d'être en grand vie aujourd'hui. Ouais, ouais.

  • Speaker #0

    On prend la portée de nos décisions, de ce pouvoir, justement, qu'on a envie d'exercer. Et là, vous avez le retour puissance mille. C'est puissant, ouais.

  • Speaker #1

    C'est très, très fort. Et en fait, J'ai réussi à obtenir cette décision de nos voisins parce que j'avais une relation d'amitié dans la coopération transfrontalière avec eux qui était forte. Parce que pour eux, évidemment, ce n'était pas une décision facile non plus de dire on va mettre des lits à disposition des Français. Parce que certes, nous étions parmi les premiers en Alsace à être... dans cette pandémie du Covid, mais évidemment cette pandémie allait se répandre aussi en Allemagne et en Suisse, et ils ont pris sur eux de mettre des lits à notre disposition. Ce qui me fait dire que l'amitié franco-allemande, la coopération franco-allemande et l'amitié européenne a sauvé des vies.

  • Speaker #0

    Oui, et vous y tenez encore à ce lien entre les frontières, entre les échanges Vous savez,

  • Speaker #1

    je suis alsacienne. J'évoquais mon grand-père, maire de Colmar, mais avant d'être maire de Colmar, déjà comme les gens de sa génération, il était né allemand, devenu français en 1918. Et puis en 1939, il est entré dans la résistance. Il a été... condamnée par les allemands, mise en prison, condamnée à mort mais a réussi à s'en sortir. C'est une histoire qui aujourd'hui encore, même pour les jeunes générations, est très forte, et même, je peux le dire, douloureuse encore.

  • Speaker #0

    Vous aviez évoqué tout à l'heure les figures politiques féminines qui ont compté pour vous. Est-ce que vous pouvez nous en parler, peut-être notamment Simone Veil que vous avez évoquée tout à l'heure Oui,

  • Speaker #1

    s'il y en a une que je souhaite évoquer, c'est Simone Veil que j'ai d'ailleurs eue. J'ai eu l'occasion de croiser et j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec elle. Et alors, juste une petite anecdote. Il y a quelques jours, j'ai été invitée dans un lycée agricole, pas loin de chez moi, en Alsace, qui m'invitait à être la marraine d'un Dahlia que les jeunes lycéens ont créé, le Dahlia Simone Weil. Ça a été un moment aussi de... de grandes émotions et j'ai trouvé extraordinaire que de leur propre initiative, ces jeunes qui avaient eu l'occasion il y a deux ans de visiter Auschwitz, aient décidé de créer un Dalia du nom de Simone Weil. Alors Simone Weil, c'est effectivement une femme très inspirante, c'est effectivement la Shoah, c'est évidemment l'Europe aussi. Et puis Simone Veil, c'est son combat pour les droits des femmes. Donc une très très grande figure et très très souvent je pense à elle.

  • Speaker #0

    Ah oui, au quotidien, enfin régulièrement.

  • Speaker #1

    Je pense à elle parce que c'est vraiment une figure qui…

  • Speaker #0

    La puissance aussi de cette femme.

  • Speaker #1

    Comme vous dites, la puissance, parce que pour avoir eu l'occasion de la croiser, c'était une femme de fort caractère. Évidemment qu'elle était de fort caractère, sinon déjà je pense qu'elle ne serait jamais revenue d'Auschwitz, ça n'est pas possible. Elle n'aurait jamais pu à l'époque faire ce qu'elle a fait, elle a été présidente du Parlement européen. Et puis je me souviens surtout de ses combats aussi à l'Assemblée nationale pour le droit à l'avortement des femmes. C'était des combats.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'était un combat, parce qu'elle était seule contre beaucoup.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas la parité à l'époque.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc nous sommes dans Elsa G, j'ai quelques questions signatures pour clôturer notre échange. Déjà, j'aimerais connaître votre définition d'agir. Pour vous, ça veut dire quoi,

  • Speaker #1

    agir Agir, pour moi, c'est servir avant tout, servir nos concitoyens, d'abord.

  • Speaker #0

    Où est-ce que vous aimeriez voir plus d'action

  • Speaker #1

    Alors, je sais que... que les Français attendent une action résolue de l'État dans les domaines, j'ai envie de dire, qui comptent, c'est-à-dire l'éducation, la santé, la sécurité, l'écologie. Pour le reste, je pense aussi qu'il faut beaucoup plus décentraliser notre pays et donner plus de pouvoir. bien aux collectivités locales, c'est-à-dire aux communes, aux départements. Les Français attendent de l'État la protection avant tout, et je pense que les collectivités locales peuvent faire beaucoup, beaucoup d'autres choses.

  • Speaker #0

    Et enfin, est-ce que vous avez une figure féminine du quotidien qui vous inspire, qui représente pour vous l'action Ça serait qui et pourquoi

  • Speaker #1

    Là, la question est compliquée parce que... Femme qui m'inspire, comme déjà évoqué, c'est Simone Veil. Mais moi je suis admirative encore aujourd'hui, alors pas d'une femme en particulier, mais de femmes qui ont le courage d'être dans des métiers dont on dit encore aujourd'hui que ce sont des métiers d'hommes. Ou de jeunes femmes qui sont dans le domaine de l'apprentissage, dans des métiers qui aujourd'hui encore sont des métiers dits. des métiers d'homme. Eh bien, j'en ai vu au lycée... agricole et horticole dans lesquels j'étais la semaine dernière. Je pense à une jeune femme qui vient de remporter un prix dans une entreprise de ma circonscription, l'entreprise Liber, qui est une entreprise qui fabrique des pelles mécaniques. Voilà des femmes qui sont dans le bâtiment. Et je dois dire que pour moi ce sont aussi des modèles. Ce sont des femmes du quotidien, mais qui sont des modèles parce que comme j'ai essayé d'ouvrir la porte modestement à des femmes en politique, et bien elles aussi, elles ouvrent les portes à des métiers qui jusqu'à présent n'étaient pas pour nous, les femmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci pour cet échange et merci d'avoir retracé rapidement, en tout cas de nous avoir donné... votre parcours et votre vision aussi de la politique.

  • Speaker #1

    Mille merci à vous et surtout bravo pour ce que vous faites et persévérez. Je crois que nous en avons tout besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

Description

Dans ce nouvel épisode d’Elles Agissent, je suis ravie d'accueillir Brigitte Klinkert Députée et Questeure de l'Assemblée nationale.

La 7ème Questeure de l'histoire et pour la première fois, ce sont désormais 3 femmes Questeures à l'assemblée nationale.


Elle nous ouvre la porte de son bureau… et de son parcours. De ses débuts inspirés par son grand-père, à son engagement qui se diffuse de manière de plus en plus puissante pour les droits des femmes ainsi que son intérêt depuis toujours pour l’insertion sociale, elle nous raconte comment elle a trouvé sa place dans un monde politique d’hommes, sans jamais perdre de vue l’essentiel : servir les autres.

Dans cet épisode, vous l'entendrez, elle revient sur son appétence née dès l’enfance pour la politique. Sur les défis des femmes en politique, sur le pouvoir pensé et exercé avec volonté d'intelligence émotionnelle.

Nous revenons aussi sur un moment très fort dans sa carrière, son rôle pendant la crise du Covid, quand elle a mobilisé l’Allemagne et la Suisse pour sauver des vie.


Nous parlons des femmes qu'elle admire, comme Simone Veil.

Et puis elle nous laisse avec ce podcast, un message fort celui "d'oser" même si pour elle encore, ce n'est pas toujours chose facile.


À écouter sur toutes les plateformes.

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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Madame Klinkert, je suis ravie de vous recevoir au micro d'Alsagis.

  • Speaker #1

    Grand merci de m'avoir conviée, je suis ravie d'être avec vous.

  • Speaker #0

    Et je suis aussi ravie d'être accueillie dans votre bureau, c'est un vrai honneur pour Alsagis d'être là à l'Assemblée Nationale aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Écoutez, j'ai envie de dire, l'Assemblée Nationale c'est la maison, le cœur de la démocratie, et tout le monde est convié à venir visiter l'Assemblée Nationale, elle ouvre grand ses portes pour toutes les personnes qui souhaitent. venir visiter et qui s'intéresse à notre travail de début.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Donc vous êtes une femme politique fortement enracinée dans votre territoire l'Alsace, on va en reparler, et engagée en fait depuis de nombreuses années dans l'action publique. Et en 1994, cette fameuse date, vous avez été la première femme assiégée au conseil général du Haut-Rhin et vous avez été présidente aussi, alors je retrace rapidement au niveau de parcours, du département ministre déléguée à l'insertion. Et vous êtes aujourd'hui députée et costard à l'Assemblée nationale. Vous avez porté des politiques sociales fortes, notamment autour de l'insertion, de l'engagement des jeunes et de la structuration des territoires. Un sujet qui vous plaît particulièrement. Et vous êtes aussi l'une des femmes, l'une de ces femmes, qui ont dû ouvrir des portes dans un monde encore très, ou peut-être trop, masculin, avec une vision du pouvoir tourner vous vers le service, vers l'autre. Et aujourd'hui j'aimerais qu'on prenne le temps évidemment de revenir sur votre parcours, sur votre vision du pouvoir, sur vos combats, et ce que signifie aussi pour vous agir en politique notamment, et aussi en tant que femme. Et pour commencer, j'avais envie de revenir au tout début, notamment enfant. Vous disiez, j'ai entendu, vouloir assister à des meetings politiques dès l'enfance, et je me demandais, à votre avis, d'où vient ce désir d'engagement si précoce

  • Speaker #1

    Alors, il faut dire que mon grand-père était maire de la ville dans laquelle je suis née, Colmar, en Alsace. Il a été élu maire en 1947 et il est resté maire pendant 30 ans. Pour moi, c'était avant tout mon grand-père, mais je voyais que lorsqu'il sortait dans la rue, lorsqu'il allait à une cérémonie, une manifestation, tout le monde le remerciait pour ce qu'il faisait. Et lui allait très très volontiers vers les gens et je me rendais compte, ce qu'il faisait c'était important. C'était important pour lui et c'était important pour les autres. Mais lorsqu'on est la petite fille d'un homme politique, ou peut-être d'une femme politique aussi, on voit son grand-père et on ne voit pas en l'occurrence le maire de Colmar. Et ça n'est que par la suite. que je me suis rendu compte que ce qu'il faisait en tant que maire de Colmar, c'était d'être au service de ses concitoyens. Et je pense que vraiment c'était ce qui le poussait dans la mission qui était la sienne. Et j'ai eu envie de faire la même chose, d'être au service du public. Alors comment Déjà professionnellement, j'ai cherché, qu'est-ce que je peux faire pour être au service de mes concitoyens parce que je n'ai pas tout de suite pensé à la politique. Et ça a été d'entrer dans la fonction publique pour servir l'intérêt général. J'ai fait des études de droit pour cela, et puis ensuite l'Institut Régional d'Administration à Metz. Et puis j'ai envie d'aller plus loin, parce que j'étais engagée dans des associations. Mais dans les associations, je me suis assez vite rendue compte que... Au bout d'un moment, c'est le politique qui décide. Et voilà, et que donc, pour faire vraiment avancer des projets, j'ai envie de dire, pour changer le monde, eh bien, il fallait faire de la politique. Et à ce moment-là, je me suis dit, bon, voilà, il y a les idées de mon grand-père, qui était un centriste, démocrate chrétien, centre des démocrates sociaux à l'époque. Est-ce que les idées sont bien les miennes Donc voilà, j'ai beaucoup lu. J'ai attendu aussi d'intégrer l'université. Et là, confrontée aux collègues, je me suis rendue compte que ces idées-là étaient bien les miennes. Et je me suis engagée au centre des démocrates sociaux, donc parti centriste à Colmar. Je me suis retrouvée la plus jeune et quasiment, pas tout à fait, mais quasiment la seule femme. Nous étions peut-être deux ou trois, et à ce moment-là je me suis dit, bon, qu'est-ce que je fais Ou je m'en vais en courant, parce que c'était quand même compliqué d'être la plus jeune et parmi les seules femmes. Mais ce n'est pas vraiment dans mon tempérament. Et du coup, j'ai appelé mes copains, mes copines de lycée, de fac, et je leur ai dit, je vais créer une section de jeunes démocrates sociaux, est-ce que ça vous intéresse Et ça a été mes premiers pas en politique. Et arrive l'été, je dis à maman, cet été, je vais partir à l'université d'été des jeunes démocrates sociaux. Je me souviens de ma mère qui a... qui a mis ses bras vers le ciel en disant mais c'est pas possible qu'est ce qui arrive à ma fille et ça a été assez formidable parce qu'à ce moment là j'ai pu rencontrer des personnalités qui m'ont beaucoup marqué et peut-être que nous y reviendrons tout à l'heure comme si monne veille jean lecanuet et puis françois bayrou voilà que du coup je connais depuis que j'ai l'âge de 18 ans et je reviens juste sur le

  • Speaker #0

    La maman qui réagit, pourquoi Elle ne s'y attendait pas ou elle avait peur de quelque chose

  • Speaker #1

    En fait, c'était maman qui était la fille de mon grand-père. Et je pense qu'elle avait quelque peu souffert du fait que son père était très peu à la maison.

  • Speaker #0

    L'absence

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis en plus, c'était une période, je n'avais pas 20 ans, donc c'était début des années 70, 1974. où justement les femmes étaient très peu engagées encore en politique.

  • Speaker #0

    Et oui.

  • Speaker #1

    Et alors pour tout vous dire, j'hésitais à un moment donné parce que mon père lui était journaliste. Et j'avais envie de devenir journaliste. Je l'ai dit à mon père. Et pareil, mon père me dit, mais c'est beaucoup trop dur pour une femme.

  • Speaker #0

    Ah oui. Voilà.

  • Speaker #1

    Et du coup, comme j'aime bien les défis, je les aimais déjà à l'époque, je les aime toujours encore aujourd'hui, je me suis dit, on va faire encore plus dur. Et c'était la politique.

  • Speaker #0

    Et je reviens aussi sur ce que vous avez dit tout à l'heure, que vous aviez remarqué, vous étiez à la fois la plus jeune et l'une des seules femmes. Est-ce qu'on vous l'a fait remarquer aussi

  • Speaker #1

    Non, on ne me l'a pas fait remarquer. Mais par contre... Ce dont je me souviendrai longtemps et toujours, c'est en 1994, nous étions réunis, l'ensemble des membres du parti à Colmar, et puis on cherchait un candidat ou une candidate pour se présenter au Conseil Général. C'était a priori plutôt un candidat qu'on cherchait, puisque le député qui était le Conseil Général sortant ne se représentait pas. Et puis au bout d'un moment, tous les regards se sont tournés vers moi. Mais en même temps, j'entendais et puis je sentais qu'il se disait que je n'oserais pas y aller. Et puis voilà, j'ai un petit peu réfléchi, pas trop longtemps. Et j'ai répondu positivement. Pourquoi Parce que je me suis dit que, en plus c'était ma première élection sur mon nom, je me suis dit que j'ai tout à gagner. Si je perds cette campagne, ça n'est pas grave. Et nous nous sommes retrouvés, nous étions neuf candidats. J'étais la plus jeune, là aussi, et la seule femme. Et quand je dis la seule femme, parmi les hommes, il y avait quelques poids lourds. Locaux, bien sûr, mais poids lourds quand même. Et voilà, j'ai gagné. Certainement, soyons modestes, certainement que le fait que j'ai été... La petite fille de mon grand-père, même s'il était décédé quelques années auparavant, m'a sûrement aidée, mais peut-être pas que cela.

  • Speaker #0

    Est-ce que justement il est là un petit peu quand vous vous réalisez dans votre profession, dans votre engagement Est-ce qu'il y a une part de lui aussi quelque part

  • Speaker #1

    Alors j'ai envie de dire directement non, parce que je suis quelqu'un de très terre-à-terre, qui suis là pour avancer. Mais voilà, souvent on me le fait remarquer. Et du coup, j'ai une petite pensée pour lui. Et je me dis, il ne m'a jamais poussée dans cet engagement politique. Et puis, à l'époque, on ne montrait pas trop ses sentiments, mais je sentais qu'il était fier et qu'il espérait que je poursuive dans ce sens.

  • Speaker #0

    Je reviens sur, je le disais plus tôt, et vous l'avez évoqué, vous avez été la première femme élue au Conseil départemental du Haut-Rhin. Est-ce que ça vous a aussi... Couter au-delà de ce que ça vous a permis Non,

  • Speaker #1

    coûter, coûter non. Surtout que je suis quelqu'un de très positif, de très optimiste et je vois toujours le bon côté des choses. Couter, non. Par contre, je peux vous donner un ou deux exemples significatifs. À l'époque, il était question de mettre en place dans mon département une campagne de dépistage du cancer du sein. que le conseil général, donc départemental de l'époque, pouvait co-financer avec l'État. Et arrivait l'heure de midi, donc l'heure de passer à table, et je voyais que pour mes collègues, ce n'était pas très important. Et le président de la commission des affaires sociales a dit Bon, ça, on en reparlera un autre jour Et là, j'ai levé la main et j'ai dit Non, non, on n'en reparle pas un autre jour Moi je vais prendre ce dossier en main et c'est moi qui vais m'en charger. J'étais la seule femme, la première. Alors la première femme et la seule femme au sein de l'Assemblée. Je n'allais pas laisser reporter une campagne de prévention du cancer du sein. Voilà, ça c'est un exemple. Un autre exemple qui me vient à l'esprit, qui est plus tardif. J'étais toujours et encore la seule femme parce que je suis restée en fait la seule femme. jusqu'à la loi sur la parité. Et cet autre exemple, c'était lors d'une réunion de commission. L'un des collègues masculins, évidemment, a tenu des propos sexistes vis-à-vis d'une ou de plusieurs personnes de l'administration, des femmes. Évidemment, ces personnes ne pouvaient pas répondre puisque c'était une réunion d'élus. Et du coup, j'ai pris la parole pour les défendre. Et oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que là, avec tout ce que vous avez vécu, le parcours, ce que vous nous évoquez, est-ce que c'est encore et est-ce que ça a été plus dur d'être une femme en politique Est-ce que c'est complexe Oui,

  • Speaker #1

    clairement. On dit souvent, et c'est exact, qu'il faut faire ses preuves beaucoup plus. J'ai envie de dire dix fois plus. Je remarquais que lorsque je prenais la parole pour... défendre une opinion ou un dossier, un projet. Voilà, on m'écoutait, on m'écoutait. Et je me rendais compte, vraiment, vraiment, que lorsqu'un collègue masculin prenait la parole, il pouvait parfois, parfois, pas toujours évidemment, il pouvait parfois raconter n'importe quoi, mais n'importe quoi, et il était beaucoup plus écouté.

  • Speaker #0

    Écouté, oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais je pense qu'aujourd'hui, la situation actuelle, quand même beaucoup beaucoup évolué même si je deviens plus le temps passe plus je suis féministe parce que je pense qu'il ne faut jamais jamais baisser les bras et oui et on a quelques actualités qui nous le prouve aussi est

  • Speaker #0

    ce que vous le ressentez justement un espèce de climat sans rentrée politique l'idée de podcasts et aussi de d'avoir votre oeil sur vous êtes dans la politique, vous êtes au cœur des choses. Est-ce que vous avez aussi une sensation d'un mouvement qui fait que justement, il ne faut vraiment pas lâcher

  • Speaker #1

    En tout cas, moi je dis à toutes les femmes et à toutes les filles avec lesquelles nous parlons de ces sujets-là, qu'il faut se battre, que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, nos mamans, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères se sont battues pour le droit de vote. pour les droits des femmes, pour l'IVG, etc., eh bien qu'il ne faut rien lâcher. Parce que je pense vraiment que si on lâchait, si on ne continuait pas à se battre, je pense qu'on risquerait de régresser dans les droits qui sont les nôtres. Nous avons une chance, là je fais un peu de politique, mais je le dis avec mon cœur parce que c'est la réalité. Nous avons la chance actuellement d'avoir un président de la République, Emmanuel Macron. qu'il veille vraiment dans toutes les décisions qu'il prend, dans toutes les nominations qu'il fait, à ce qu'il y ait vraiment une stricte parité. Et ça, c'est très très important. Vous savez, longtemps, longtemps, j'étais contre la parité.

  • Speaker #0

    Oui, je l'avais noté.

  • Speaker #1

    J'étais contre les quotas de femmes. Je trouve ça même atroce, même encore aujourd'hui. Mais avec le recul... Je me dis que si on n'était pas passé par là, je serais peut-être encore la seule femme au conseil départemental du Rhin, par exemple.

  • Speaker #0

    Et oui, et c'est vrai que ça peut être... On peut se dire que non, on n'en a pas besoin, mais c'est aussi, je trouve, le symbole d'une forme d'échec de la démocratie, de l'égalité, de choses comme ça, d'avoir besoin de mettre en place ce type de loi. Mais bon,

  • Speaker #1

    c'est clair. Moi, si ça me permet... En tout cas, de manière transitoire, parce que ce que je dois dire aussi, vraiment, vraiment, c'est que... Lorsque les femmes sont rentrées au conseil départemental, j'ai vécu ce moment-là, où nous avons eu autant de femmes que d'hommes dans l'Assemblée, les femmes se sont tout de suite mises au travail, ont tout fait pour prendre des responsabilités. Et quelquefois je dis, avec humour, mais je le crois vraiment, que la loi sur la parité va peut-être servir aux hommes dans les prochaines années. Un exemple, ici à l'Assemblée nationale, nous avons la chance d'avoir une femme présidente de l'Assemblée nationale. C'est la première femme présidente de l'Assemblée nationale de toute l'histoire. Au mois de février de l'année dernière, j'ai été élue par mes collègues caisseurs de l'Assemblée nationale. Caisseurs, c'est un peu comme maire de l'Assemblée nationale. Oui,

  • Speaker #0

    j'allais vous demander de redéfinir.

  • Speaker #1

    C'est nous, on nous occupe. du budget de l'Assemblée nationale, des ressources humaines et puis du patrimoine immobilier. Nous sommes trois caisseurs, donc trois maires de l'Assemblée nationale. En février 2024, lorsque j'ai été élue caisseur, mon équipe est allée rechercher un petit peu et m'a dit vous êtes la septième caisseur femme de l'Assemblée nationale, de l'histoire de l'Assemblée nationale Et aujourd'hui, un an après... Eh bien, ce sont trois femmes qui sont caisseurs de l'Assemblée nationale. Là aussi, c'est une première que trois femmes soient caisseurs de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Et alors, ça se passe bien

  • Speaker #1

    Eh bien oui, ça se passe très bien. Oui, ça se passe vraiment très bien. Alors, et c'est très très bien comme ça, nous sommes issus de partis, de groupes politiques différents. Il y a Christine Pérez-Bonne qui est socialiste, Michel Tabarro qui est Les Républicains. et moi qui suis renaissance et ça se passe très bien. Nous ne sommes pas toujours forcément d'accord sur tout, mais nous en discutons et nous essayons de trouver une solution de consensus. Aussi,

  • Speaker #0

    parfois, il y a cette idée que les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir. En tout cas, il y a un souci avec la notion de pouvoir. Moi, je me demandais comment vous avez appris ou comment vous avez construit à l'exercer pleinement ce pouvoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que ce n'est pas évident. J'ai démarré comme conseillère municipale dans un conseil municipal. Je suis de nature très, très, très timide. Voilà, ça a été un défi pour moi que de prendre la parole, de s'affirmer. Je ne dis pas que j'étais bonne tout de suite. Voilà, mais j'ai envie de dire que ça vient avec le temps et ça vient peut-être surtout... Dans l'adversité. Lorsque vous êtes en campagne électorale, il faut se battre. On ne se bat pas, je ne me bats jamais, jamais, jamais contre des personnes, mais je me bats pour des idées, pour des convictions et pour des projets destinés à mes concitoyens. J'ai toujours conçu la politique comme cela. Mais il s'agit de se battre et donc de s'imposer. Ça c'est un premier élément. Et puis ensuite effectivement lorsque vous accédez à un poste de décision, et bien là aussi j'ai envie de dire il y a le moment du dialogue et de la concertation où vous écoutez les élus ou les représentants de l'administration qui sont là. Et puis à un moment donné c'est vous qui décidez. Et voilà c'est une grosse responsabilité. Il n'y a pas de raison qu'une femme ait plus de mal à assurer le pouvoir qu'un homme. Même si j'ai coutume de dire, parce que moi je le vis comme cela, que les femmes, il faut souvent les chercher pour prendre des postes de pouvoir. J'ai un exemple là aussi très précis. En 2008... J'étais candidate tête de liste à la mairie de Colmar. Vraiment, des hommes qui voulaient être candidats à mes côtés, sur ma liste, j'en avais énormément. Ils ne voulaient pas juste être sur ma liste, ils voulaient pour la plupart tout de suite devenir adjoints en maire. J'étais même pas, ils n'étaient même pas ancrés lus, voire même premier adjoint en maire. Et les femmes, j'ai dû aller les chercher parce que, et je suis dans le même cas, parce que nous n'osons pas forcément, nous nous posons beaucoup plus de questions, je crois, qu'un homme avant de se dire bon allez j'y vais.

  • Speaker #0

    Oui, il y a la question de légitimité aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que je vais savoir faire J'ai pas l'expérience, j'ai pas la formation. Est-ce que j'aurai le temps

  • Speaker #0

    Et c'est aussi important, et c'est pour ça aussi ce podcast et cet épisode, de vous entendre aussi sur ce sujet, sur ce parcours, pour que peut-être que ça évoque quelque chose à une des auditrices du podcast pour oser en fait. Il y a aussi cette notion d'oser, d'ambition.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    de se permettre.

  • Speaker #1

    Pour vous dire la vérité, je n'ai jamais cherché à faire carrière. Parce que quelquefois, il y a des jeunes qui viennent me voir Ah, vous avez fait une belle carrière, comment est-ce qu'il faut faire Moi, j'ai envie de dire, ma recette, c'est que je n'ai jamais rien cherché.

  • Speaker #0

    Mais vous n'avez rien lâché.

  • Speaker #1

    J'ai rien lâché. On m'a d'ailleurs parfois fait des propositions. Et j'ai dit non, et je me suis posé la question, est-ce que j'accepte ou j'accepte pas Mais voilà. En fait, il faut prendre la balle au bon. Aussi, lorsqu'on le sent, je suis devenue casteur, parce que je me suis dit que c'était un poste qui me correspondait. Parce que moi, je suis beaucoup dans le travail, le travail pour les autres, et moins dans la communication, en l'occurrence. Je suis là plus pour faire avancer les choses et je trouvais que ce poste me correspondait. Mais je peux vous dire que si je n'avais pas eu mes collaborateurs à mes côtés, ils sont venus deux, trois fois à la charge avant que je nise me présenter à ce poste.

  • Speaker #0

    Et donc vous l'avez aussi évoqué, cette envie d'exercer le pouvoir à votre manière. Et je trouvais qu'il y avait beaucoup d'intelligence émotionnelle qui manque. je trouve, dans la vie et qui est important aussi dans cette notion de pouvoir et d'exercer votre métier.

  • Speaker #1

    En fait, pour moi, l'humain est très important. Et j'exerce cette mission, j'ai envie de dire, avec beaucoup de cœur. Et pas pour moi, mais pour les autres. Et cela, en effet, mes concitoyens me disent souvent qu'ils le ressentent très fort. Et puis aussi qu'ils l'apprécient. Parce que j'ai effectivement été ministre. J'étais présidente de département, aujourd'hui je suis castor, mais bon avant tout je suis Brigitte Klinkert et quel que soit le poste, la mission qu'on peut avoir, je pense qu'il faut rester très humble et se dire aussi que cette mission, ce poste, c'est pour un temps et puis que demain on retombera entre guillemets dans l'anonymat et que c'est très bien comme ça aussi.

  • Speaker #0

    Oui, ça, ça vous aide du coup à voir les choses aussi en termes de ne pas toujours en vouloir plus. Là, votre discours est important parce que c'est pas d'être attachée à la fonction, c'est d'être vraiment au statut, mais à ce que vous exercez vraiment.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'aide beaucoup. Ça m'aide par exemple dans les campagnes électorales, parce que quand je fais une campagne électorale, je me dis, bon, ben voilà, je vais donner le meilleur de moi-même. Après, ce sont les électeurs qui vont décider. Et évidemment, je souhaiterais être élue pour mettre en œuvre les engagements que je prends. Mais à la limite, si je n'étais pas élue, ça ne serait pas un drame. Parce qu'il y a aussi autre chose dans la vie. Et ça, ça peut faire la différence. Et les gens le ressentent très fort.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Vous êtes, alors, de manière... Conscient tout doux, mais aussi une figure. Vous faites aussi la notion d'un passage de relais, un moment pour les autres femmes. Est-ce que vous avez aussi un message pour celles qui, on l'a un petit peu abordé dans l'épisode, mais qui n'osent pas s'engager, qui n'osent pas aller de l'avant Quel est votre message pour ces femmes Il n'y a qu'un mot,

  • Speaker #1

    c'est oser. Avoir confiance en soi et oser. Et je vais vous dire ce message-là, j'essaye encore aujourd'hui de me l'appliquer. Avec effectivement toute l'expérience qui est la mienne, avec tous les postes qui ont pu être les miens. J'évoquais tout à l'heure cette mission de castor qui est la mienne. Mais vraiment, vraiment, si mes collaborateurs ne m'avaient pas dit, mais Brigitte, c'est vraiment un poste qui est fait pour vous, je n'y serais jamais allée parce que je me disais, ah ben non, c'est hors de portée. C'est fou ça. Je vous assure. C'est hors de portée.

  • Speaker #0

    C'est important et important.

  • Speaker #1

    Et du coup, je me suis présentée. Nous étions dix candidateux, puisqu'il y a un an, c'était un poste qui était réservé par mon groupe politique aux femmes. Mais je me suis présentée et je me suis dit, j'ai aucune chance par rapport à d'autres collègues. Mais alors, quand je fais campagne, je fais campagne. Si j'y vais, j'y vais et je n'y vais pas à moitié. Et voilà. élu et je peux dire même plutôt bien élu.

  • Speaker #0

    Et ça c'est aussi une récompense et ça fait du bien aussi de se dire que nos idées sont suivies.

  • Speaker #1

    Voilà ça fait du bien et ce qui fait du bien surtout aussi c'est que j'ai été réélu par mes collègues parce qu'être réélu c'est une chose mais être réélu c'en est une autre et je pense que c'est parce que mes collègues ont bien senti que ce poste qui est effectivement un poste prestigieux et bien je ne le voulais pas pour moi. mais je le voulais pour être au service de mes collègues.

  • Speaker #0

    Et justement, à travers cette trajectoire, le récit que vous nous donnez, quel récit, justement, vous avez envie de laisser au-delà du mandat, des fonctions En parlant de vous, qu'est-ce que vous voulez qu'on évoque C'est dur, peut-être

  • Speaker #1

    Écoutez, si je voudrais évoquer, je le fais avec grande émotion, ce qui s'est passé il y a cinq ans dans mon département. J'étais présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Mulhouse, et ensuite tout le département, a été très très touché par le Covid. Le président d'Anne de la République parlait de guerre, mais chez nous c'était vraiment vraiment la guerre, avec des dizaines de morts chaque jour. Et puis le 20 mars, le 20 mars à midi, j'entendais les hélicoptères. qui transportaient des patients en réanimation vers des hôpitaux à des dizaines de kilomètres de là, des avions qui décollaient avec des patients en réanimation, des TGV qui partaient à l'autre bout de la France avec des patients en réanimation. Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible. Il y a des hôpitaux beaucoup plus proches, juste de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, à Fribourg qui a... une quarantaine de kilomètres, 40-50 kilomètres de Colmar, à Bâle en Suisse, qui est à 30-40 kilomètres de Mulhouse. Pourquoi est-ce qu'on ne transporte pas ces patients-là Et la présidente du conseil départemental que j'étais à ce moment-là s'est dit, je me suis dit, bon, les frontières sont fermées, puisque les frontières avaient été fermées pendant la crise Covid, mais tant pis, je tente le tout pour le tout. Et j'ai adressé un mail au président du Bas-de-Württemberg, qui est le Landalmont juste à côté de l'Alsace. Et j'ai adressé un mail aux trois présidents des cantons suisses voisins, Baleville, Bale-Campagne et du Jura, et je les ai appelés à l'aide. Je leur ai dit, on n'arrive plus à s'en sortir. Est-ce que vous seriez prêts à accepter des patients en réanimation chez vous, dans vos hôpitaux Je me suis dit, j'ai zéro chance de... d'obtenir une réponse positive. Et j'ai obtenu, dans les heures qui ont suivi, des réponses positives. Et dès le lendemain, des patients en réanimation ont été transférés dans des hôpitaux en Allemagne, par la suite en Suisse aussi. J'ose dire que c'était le début des transferts de patients français vers l'étranger. Et ce qui ne m'est jamais arrivé, dans ma vie d'élue, dans ma vie tout court, et qui ne m'arrivera plus jamais, c'est que, par la suite, deux... des personnes sont venues me voir, où j'en croise encore ces temps-ci, en me disant, si je suis en grand vie, c'est grâce à vous. Ou des femmes qui viennent me dire, mon mari, voilà, vous doit d'être en grand vie aujourd'hui. Ouais, ouais.

  • Speaker #0

    On prend la portée de nos décisions, de ce pouvoir, justement, qu'on a envie d'exercer. Et là, vous avez le retour puissance mille. C'est puissant, ouais.

  • Speaker #1

    C'est très, très fort. Et en fait, J'ai réussi à obtenir cette décision de nos voisins parce que j'avais une relation d'amitié dans la coopération transfrontalière avec eux qui était forte. Parce que pour eux, évidemment, ce n'était pas une décision facile non plus de dire on va mettre des lits à disposition des Français. Parce que certes, nous étions parmi les premiers en Alsace à être... dans cette pandémie du Covid, mais évidemment cette pandémie allait se répandre aussi en Allemagne et en Suisse, et ils ont pris sur eux de mettre des lits à notre disposition. Ce qui me fait dire que l'amitié franco-allemande, la coopération franco-allemande et l'amitié européenne a sauvé des vies.

  • Speaker #0

    Oui, et vous y tenez encore à ce lien entre les frontières, entre les échanges Vous savez,

  • Speaker #1

    je suis alsacienne. J'évoquais mon grand-père, maire de Colmar, mais avant d'être maire de Colmar, déjà comme les gens de sa génération, il était né allemand, devenu français en 1918. Et puis en 1939, il est entré dans la résistance. Il a été... condamnée par les allemands, mise en prison, condamnée à mort mais a réussi à s'en sortir. C'est une histoire qui aujourd'hui encore, même pour les jeunes générations, est très forte, et même, je peux le dire, douloureuse encore.

  • Speaker #0

    Vous aviez évoqué tout à l'heure les figures politiques féminines qui ont compté pour vous. Est-ce que vous pouvez nous en parler, peut-être notamment Simone Veil que vous avez évoquée tout à l'heure Oui,

  • Speaker #1

    s'il y en a une que je souhaite évoquer, c'est Simone Veil que j'ai d'ailleurs eue. J'ai eu l'occasion de croiser et j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec elle. Et alors, juste une petite anecdote. Il y a quelques jours, j'ai été invitée dans un lycée agricole, pas loin de chez moi, en Alsace, qui m'invitait à être la marraine d'un Dahlia que les jeunes lycéens ont créé, le Dahlia Simone Weil. Ça a été un moment aussi de... de grandes émotions et j'ai trouvé extraordinaire que de leur propre initiative, ces jeunes qui avaient eu l'occasion il y a deux ans de visiter Auschwitz, aient décidé de créer un Dalia du nom de Simone Weil. Alors Simone Weil, c'est effectivement une femme très inspirante, c'est effectivement la Shoah, c'est évidemment l'Europe aussi. Et puis Simone Veil, c'est son combat pour les droits des femmes. Donc une très très grande figure et très très souvent je pense à elle.

  • Speaker #0

    Ah oui, au quotidien, enfin régulièrement.

  • Speaker #1

    Je pense à elle parce que c'est vraiment une figure qui…

  • Speaker #0

    La puissance aussi de cette femme.

  • Speaker #1

    Comme vous dites, la puissance, parce que pour avoir eu l'occasion de la croiser, c'était une femme de fort caractère. Évidemment qu'elle était de fort caractère, sinon déjà je pense qu'elle ne serait jamais revenue d'Auschwitz, ça n'est pas possible. Elle n'aurait jamais pu à l'époque faire ce qu'elle a fait, elle a été présidente du Parlement européen. Et puis je me souviens surtout de ses combats aussi à l'Assemblée nationale pour le droit à l'avortement des femmes. C'était des combats.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'était un combat, parce qu'elle était seule contre beaucoup.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas la parité à l'époque.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc nous sommes dans Elsa G, j'ai quelques questions signatures pour clôturer notre échange. Déjà, j'aimerais connaître votre définition d'agir. Pour vous, ça veut dire quoi,

  • Speaker #1

    agir Agir, pour moi, c'est servir avant tout, servir nos concitoyens, d'abord.

  • Speaker #0

    Où est-ce que vous aimeriez voir plus d'action

  • Speaker #1

    Alors, je sais que... que les Français attendent une action résolue de l'État dans les domaines, j'ai envie de dire, qui comptent, c'est-à-dire l'éducation, la santé, la sécurité, l'écologie. Pour le reste, je pense aussi qu'il faut beaucoup plus décentraliser notre pays et donner plus de pouvoir. bien aux collectivités locales, c'est-à-dire aux communes, aux départements. Les Français attendent de l'État la protection avant tout, et je pense que les collectivités locales peuvent faire beaucoup, beaucoup d'autres choses.

  • Speaker #0

    Et enfin, est-ce que vous avez une figure féminine du quotidien qui vous inspire, qui représente pour vous l'action Ça serait qui et pourquoi

  • Speaker #1

    Là, la question est compliquée parce que... Femme qui m'inspire, comme déjà évoqué, c'est Simone Veil. Mais moi je suis admirative encore aujourd'hui, alors pas d'une femme en particulier, mais de femmes qui ont le courage d'être dans des métiers dont on dit encore aujourd'hui que ce sont des métiers d'hommes. Ou de jeunes femmes qui sont dans le domaine de l'apprentissage, dans des métiers qui aujourd'hui encore sont des métiers dits. des métiers d'homme. Eh bien, j'en ai vu au lycée... agricole et horticole dans lesquels j'étais la semaine dernière. Je pense à une jeune femme qui vient de remporter un prix dans une entreprise de ma circonscription, l'entreprise Liber, qui est une entreprise qui fabrique des pelles mécaniques. Voilà des femmes qui sont dans le bâtiment. Et je dois dire que pour moi ce sont aussi des modèles. Ce sont des femmes du quotidien, mais qui sont des modèles parce que comme j'ai essayé d'ouvrir la porte modestement à des femmes en politique, et bien elles aussi, elles ouvrent les portes à des métiers qui jusqu'à présent n'étaient pas pour nous, les femmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Merci pour cet échange et merci d'avoir retracé rapidement, en tout cas de nous avoir donné... votre parcours et votre vision aussi de la politique.

  • Speaker #1

    Mille merci à vous et surtout bravo pour ce que vous faites et persévérez. Je crois que nous en avons tout besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

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